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Dossier N° 336

19 JUIN
2 0 0 7

Education à l’environnement
La ferme, nouveaux champs
pédagogiques
L’arrivée du milieu agricole dans le champ de
l’éducation à l’environnement n’est pas
nouvelle. Dès le début des années 1970, des
lycées agricoles innovent avec l’approche
interdisciplinaire et territoriale de «l’étude de
milieu» (p. VII). Plus récemment, des
agriculteurs professionnalisent leur accueil
éducatif à la ferme, appuyés par des
associations de développement agricole (p. VI).
Face à une demande montante pour
l’éducation à l’environnement et à l’alimentation, ils Dans une dimension moins utilitariste, l’éducation à
deviennent des partenaires pédagogiques reconnus par l’environnement est souvent associée au
l’Éducation nationale et les associations développement d’une pensée critique par la
environnementalistes (p. V). complexité des milieux et du vivant qu’elle laisse à
D’aucuns pourraient y voir une contribution gentille à voir. Face aux enjeux écologiques du XXIe siècle, les
l’imaginaire des enfants, dans l’univers ludique de la démarches investies par différents acteurs participent
ferme. Ferme qui est souvent loin des réalités agro- au renouvellement de l’idéologie du développement,
industrielles de la production alimentaire. Pourtant, telles que les expérimentations du Centre
l’enjeu est ailleurs. L’éducation à l’environnement pédagogique de Florac (p. VII) ou l’accompagnement à
relève de préoccupations différentes mais toutes une relocalisation des filières alimentaires par l’IFREE
cruellement d’actualité. La sensibilisation aux (p. VIII).
équilibres naturels, à la production des aliments Pour des enfants élevés dans une société de l’image, la
doivent contribuer à la responsabilité vie sur la ferme fait aussi exister le monde, dans sa
environnementale mais aussi sanitaire des enfants diversité et ses résistances (p. IV).
alors que l’obésité est le premier problème de santé Faisant suite aux rencontres nationales du réseau des
publique chez les jeunes (p. III et IV). Introduire les CIVAM au printemps 2007 et en complément du
personnels concernés (gérants de restauration dossier sur l’accueil social à la ferme déjà paru
collective, cuisiniers, assistantes sociales...) au monde (n°321), ce dossier explore ainsi la contribution
de la production agricole est également très formateur agricole au champ de l’éducation à l’environnement et
(p. VIII). à l’alimentation.
Dossier réalisé en partenariat avec les CIVAM (Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural).
TRANSRURAL Initiatives • 19 JUIN 2007 • II
Dossier

Histoires et facettes de l’éducation à l’environnement


L’éducation à l’environnement trouve durable inscrite dans les programmes l’environnement développe le contact
ses racines dans les mouvements de jeu- scolaires ; c’est articuler l’animation sensible et la relation directe avec «les
nesse et d’éducation populaire, le scou- nature à l’éco-citoyenneté dans l’éduca- choses et les gens» ; c’est un moteur
tisme et la pleine nature, l’avènement tion informelle proposée par les centres essentiel à l’éveil de la sensibilité. Enfin,
du tourisme social et les auberges de de loisirs par exemple. l’éducation pour l’environnement privi-
jeunesse… Parmi les acteurs de l’éducation à l’envi- légie l’action de citoyens éco-respon-
Les années 1960-1970 voient apparaître ronnement, il y a ceux dont c’est le sables, acteurs conscients des problèmes
de multiples acteurs, tant dans les métier comme les animateurs nature ou environnementaux.
domaines de l’animation nature que environnement, les directeurs de centre Dans ces trois types d’approches, on voit
patrimoniale : les parcs nationaux et de découverte, les pédagogues spéciali- bien quelles actions peuvent se dévelop-
régionaux, les Centres permanents d’ini- sés… Une filière professionnelle diplô- per en milieu rural autour des activités
tiatives pour l’environnement (CPIE), les mante se structure d’ailleurs progressi- agricoles, de la production et de l’ali-
musées de plein air ; des associations vement (cf. réseau École et nature). Mais mentation, du paysage… Mais attention
spécialisées se créent (société d’étude et il y a aussi ceux qui font de l’éducation à aux projets éducatifs «hors sol !» De
de protection, cercles naturalistes, ani- l’environnement dans leur métier, tels nombreux projets éducatifs et pédago-
mations scientifiques). L’enseignement que les enseignants ou animateurs giques montrent des finalités com-
est aussi concerné avec le tiers temps «généralistes», les agriculteurs munes, trop souvent sans lien avec «la
pédagogique, les activités d’éveil et les accueillants ou les techniciens des col- géographie des lieux». On y parle de
classes «transplantées» de toutes les cou- lectivités spécialisés dans le domaine des relation à l’animal, de fabrication de pro-
1. Collectif
leurs (verte, rousse, bleu, blanche…). déchets ou de l’eau. duits, de mieux consommer, de déve- interassociatif
pour la réalisa-
N’oublions pas l’enseignement agricole lopper l’autonomie des enfants, etc. tion d’activités
avec ses premiers stages «étude de POUR UNE ÉDUCATION Mais rien n’indique s’il s’agit d’une scientifiques
milieu», ses établissements spécialisés et AUX TERRITOIRES structure en «rural profond» ou en péri- techniques
internationales
l’expérience «neuvicoise» du BTS «pro- Trois types d’approche concernant urbain! Accompagnateur de tels projets, et Association
tection et animation nature»… l’éducation à l’environnement sont je ne perçois donc pas toujours dans les des musées et
Les années 1980-1990 marquent une admises, dont la synthèse, difficile à objectifs les problématiques des diffé- centres de cul-
ture scienti-
étape de mise en réseaux et d’ouverture faire, représente une éducation à l’envi- rents espaces ruraux : mixité des popula-fique, tech-
à de nouvelles problématiques d’anima- ronnement «idéal» ! Une éducation au tions et bassin de vie, tourisme et amé- nique et indus-
tion (eau, air, déchets, consommation, sujet de l’environnement (complexité nagement, urbanisme et pression fon- trielle.
2. Réseau
biodiversité, environnement urbain…). des milieux, interactions des êtres cière… Une éducation aux territoires d’information
Des rencontres de professionnels et de vivants...) permet un accès à la connais- reste donc à développer. spécialisé sur
bénévoles seront à l’origine de la créa- sance et au développement de l’esprit la solidarité
Henri Labbe, conseiller pédagogique, internationale
tion de réseaux nationaux ou régionaux critique, conditions d’exercice de la Direction régionale Jeunesse et Sports et le développe-
comme «École et nature» et les GRAINE citoyenneté. Une éducation par et dans de Bretagne, relai 35 École et nature ment
(lire p.5), le CIRASTI ou l’AMCSTI1 dans
le domaine des sciences et de la média-
tion culturelle, le RITIMO2 concernant le L’accueil éducatif dans le réseau Civam
développement international…
Depuis quelques années, conduit par le Civam bio du largement, d’éducation à la
DE L’ANIMATION NATURE l’accueil éducatif à la ferme est Gard. Cette première étape citoyenneté.
À L’ÉCO-CITOYENNETÉ un axe fort du mouvement d’une sensibilisation des enfants Aujourd’hui, plusieurs réseaux
CIVAM. Cet intérêt remonte au à leur alimentation et à leur se sont construits. Chaque
En milieu rural, après quelques actions
début des années 1990, avec la environnement fait découvrir groupe travaille selon une
pionnières dans les années 1970, on naissance de deux réseaux, les aux agriculteurs et enseignants charte élaborée et adaptée à sa
observe un développement de projets et fermes écoles de impliqués la néces- situation, dans une démarche
de mouvements autour du tourisme, des Cornouailles et le Ces initiatives sité d’un travail col- générale de durabilité.
loisirs et des initiatives liées à l’accueil, réseau Racines du ont rencontré lectif. Racines s’étend La diversification que repré-
aux services et à la «diversification des Gard. Les fermes une demande à l’Hérault, à l’Aude sente cette activité permet le
écoles, structurées puis à la Lozère. Élar- maintien ou la création de nou-
agricultures», portés par les multiples
en partenariat étroit croissante git, le réseau propose velles réalisations en milieu
réseaux de fermes pédagogiques (enca-
avec l’éducation nationale, ins- une variété de producteurs et rural. Elle enrichit également les
dré ci-contre), ou encore l’action de crivent leur accueil dans le pro- d’acteurs ruraux permettant liens sociaux sur des territoires
nombreux établissements d’enseigne- jet pédagogique des ensei- d’enrichir le projet pédago- souvent à faible densité de
ment agricole, sans oublier les Familles gnants partenaires, sur les gique. population. Le réseau national
rurales, les Foyers ruraux, etc. thèmes de l’environnement et Ces initiatives ont rencontré CIVAM permet une mise en
Aujourd’hui, parler d’éducation à l’envi- de l’alimentation. L’expérience une demande croissante d’édu- cohérence des réseaux locaux,
ronnement, c’est observer la dynamique s’est depuis étendue au Finis- cation à l’environnement, de chacun gardant sa spécificité
tère. Racines naît du projet volonté de transmission de territoriale.
d’un paysage et passer de l’étude du
«Manger bio à la cantine» savoir-faire des métiers, et plus Lisette Teulières, FNCIVAM
milieu à l’éducation au développement
III• TRANSRURAL Initiatives • 19 JUIN 2007

Dossier
De l’accueil à la ferme à la découverte
de l’environnement
Des agriculteurs bretons proposent une éducation à l’alimentation, à l’écologie, au territoire...
L’éducation à l’environnement est trans- l’accueil social, de la vente directe. tat. Chauffage au bois, récupération d’eau
versale à toutes les activités présentes sur Nombre d’adhérents ont fait depuis long- de pluie, isolation «chanvre et chaux», etc.
la ferme. Les accueils pédagogiques pro- temps le constat qu’on ne peut pas tri- Ils en font un parcours pédagogique, avec
posent, par exemple, des parcours «de la cher durablement si l’on veut accueillir des recommandations sur l’utilisation de
terre à l’assiette» montrant les produits et chez soi. La haie de thuya ne peut pas l’eau, de l’électricité. Au delà de former
les procédés de production, y indéfiniment cacher le pou- des éco-citoyens, une éducation au terri-
compris en faisant percevoir la
L’accueil lailler industriel, surtout si toire se traduit par des sentiers d’interpré-
saisonnalité des produits : pas transforme personne à la ferme ne mange tation, où des parcours guidés autour de
de tomates à Noël. C’est aussi la manière de voir de ces poulets. Une étude l’exploitation permettent de découvrir des
l’occasion de faire découvrir la avait d’ailleurs conforté ces paysages remarquables, retracent une his-
vie du sol, ou dans une haie.
des paysans évolutions en montrant que toire des activités locales. Ce peut être
Les produits vendus en circuits courts l’accueillant transforme progressivement aussi la découverte d’une végétation,
(magasins ou marchés fermiers, abonne- sa manière de voir les choses en recher- d’une faune particulière, etc.
ments panier, etc.) suivent la même chant le plus de transparence possible Pour conforter ces dynamiques, Accueil
démarche, avec dans beaucoup de cas, dans sa relation aux personnes paysan anime des groupes d’échanges,
des fêtes, des animations, qui donnent accueillies: plus question de ne pas tout voire organise des formations techniques,
l’occasion aux acheteurs de participer à dire sur les manières de produire ; et comme l’an dernier en Ille-et-Vilaine sur
des temps formateurs sur l’environne- alors, si un produit ne paraît plus accep- les «toilettes sèches». Divers fiches tech-
ment. Les produits consommés sur place table au regard des critères environne- niques, utiles aux nouveaux constructeurs
dans le cas d’accueil touristique (tables mentaux ou sociaux, il faut progressive- comme anciens accueillants, ont été rédi-
paysannes, auberges) s’inscrivent dans ment l’arrêter. gées : «analyse de paysage», «la haie cham-
des cahiers des charges semblables. pêtre», «l’agriculture au cœur du bocage»,
En Bretagne, les agriculteurs d’Accueil L’ÉCO-HABITAT À LA FERME «l’habitat écologique, matériaux et éner-
paysan tendent ainsi à mettre en cohé- Une nouveauté du réseau est la concep- gie», «l’habitat écologique, l’eau dans la
rence leurs différents choix. Ce réseau tion des habitats destinés à l’accueil. De maison», «préservation des ressources,
régional compte 70 adhérents, en majo- plus en plus d’accueillants, souvent à des gestes au quotidien», «un jardin éco-
rité agriculteurs, pratiquant de l’accueil l’occasion de rénovation, construisent et logique, la plante, la terre et l’eau», «un
touristique, de l’accueil pédagogique, de s’équipent selon des critères de l’éco-habi- jardin écologique, fragile équilibre».
M. C.

Près de 1400 fermes pédagogiques en France


L’activité éducative agricole la plus forma- des 3/4 du public accueilli. Cependant, ferme.com). Les CIVAM représentent
lisée est la ferme pédagogique, définie par on observe une demande de plus en plus plus d’une centaine d’exploitations,
la circulaire interministérielle des fermes importante des publics handicapés ou en réparties en 12 réseaux locaux
pédagogiques de 2001 comme «toute difficulté sociale, aussi bien enfants, (www.civam.org), et Accueil paysan en
structure qui par la présentation d’ani- jeunes qu’adultes. regroupe une cinquantaine
maux d’élevage et/ou de cultures, se met (www.accueil-paysan.com ).
au service de l’éducation du public». En CINQ RÉSEAUX NATIONAUX Le réseau «Graines de Savoirs» de l’ensei-
France, environ 1400 structures Dans tous les cas, le public reste très sen- gnement agricole public réalise un
accueillent près de 3,3 millions de visi- sible à la notion de «vraie ferme» ratta- accueil éducatif dans les exploitations et
teurs par an, dont la moitié sont des chée à une image d’Épinal de la ruralité. les ateliers technologiques d’une tren-
enfants. Cela peut être contradictoire avec la taine de lycées agricoles. Enfin, le GIFAE,
Une distinction s’impose rapidement motivation d’approcher les réalités de Groupement international des fermes
entre les exploitations agricoles ouvertes l’activité de production agricole. d’animation éducatives, compte une qua-
au public - dont la vocation principale est Plus de 120 réseaux de fermes pédago- rantaine d’adhérents (www.gifae.com).
la production - et les fermes d’animation giques ont pu être recensés en France.
qui ont une vocation essentiellement Au niveau national, cinq réseaux regrou-
éducative. Chez les premières, l’accueil pent la majorité des fermes pédago- Pour en savoir plus : Bergerie Nationale
éducatif est une activité de diversification giques. Le plus important, «Bienvenue à Centre de ressources des fermes pédagogiques
prise en charge par l’agriculteur ou sa Parc du château - 78120 Rambouillet - tél. 01 61 08 68 11
la ferme», regroupe plus 600 exploita- www.bergerie-nationale.educagri.fr/site_FP/index.html
conjointe. Les enfants représentent plus tions agricoles (www.bienvenue-a-la- ae.fermepeda.bn@educagri.fr
TRANSRURAL Initiatives • 19 JUIN 2007 • IV
Dossier
D’où vient ce que tu manges ? Pourquoi les
Diversification économique, reco
C’est la fibre pédagogique qui a poussé Anne- concrète compréhensible de tous. Tous les
Marie Cottineau à s’installer en agriculture. sens sont sollicités, toucher, odorat, vue, de bonnes raisons de se lancer d
Sa ferme pédagogique «La Ribière de bord» goût et ouie. La poule chante quand elle
combine élevages et maraîchages bio. En édu- vient de pondre, on peut reconnaître des Le monde agricole a toujours eu une
quant à l’alimentation, elle fait exister la plantes à leur odeur… tradition d’accueil. Les familles d’agri-
nourriture autrement que par la rhétorique Pour les plus grands, on peut, à partir d’un culteurs ont en effet fait partie des
publicitaire des emballages. Témoignage. menu qu’ils ont élaboré, concevoir un jeu nombreuses familles d’accueil
de piste pour retrouver les ingrédients d’enfants ou jeunes placés par l’Assis-

« L’accueil et la visite de la ferme permet- nécessaires à la confection du repas.


tent de parler de l’alimentation. En effet si On voit alors que les tomates ne sont pas
tance publique, aujourd’hui appelée
Aide sociale à l’enfance. Il n’était de
plus pas rare autrefois de trouver des
chacun de nous mange chaque jour, c’est mûres en plein champ en avril que l’on peut
bien parce que des paysans cultivent des trouver des œufs toute l’année, que de nom- personnes handicapées travaillant sur
plantes et élèvent des ani- breux fruits et légumes peu- une exploitation. Enfin, il est encore
maux. La base de notre ali-
Concevoir un jeu vent se conserver l’hiver de fréquent aujourd’hui qu’un agricul-
mentation ce sont les pro- de piste dans la ferme façon simple... Ces expé- teur reçoive dans sa ferme la classe du
duits de la terre même s’ils pour retrouver les riences, sous forme de jeux, village voisin.
Avec le développement du tourisme
sont parfois transformés de ingrédients nécessaires illustrent les notions de vert et face à un contexte agricole
façon importante.
Tout être humain éprouve le
à la confection du repas temps, de saison, de conser-
vation et de transformation plus difficile, de nombreux agricul-
besoin de comprendre le monde dans lequel des produits. teurs ont ouvert leurs portes à partir
il vit. A la ferme, on peut constater le lien à On finit la journée par une dégustation de de la fin des années 1980. À la
la nature, les interactions entre les différents confitures variées préparées à la ferme. Les recherche d’une diversification de
êtres vivants et leur milieu, leur interdépen- enfants sont sollicités pour essayer de trou- leurs activités ou tout simplement de
dance. Ce besoin éducatif nous parait de ver avec quels fruits elles sont faites, voire contact avec l’extérieur, certains se
plus en plus fort, alors que de nombreux tenter de retrouver l’arbre correspondant au sont tournés vers l’agrotourisme,
enfants sont totalement déconnectés du fruit dans le verger. d’autres, de façon plus spécifique,
vivant, du milieu naturel, de la campagne. Les enfants seront les adultes de demain et vers un accueil éducatif de type ferme
Des enfants de maternelle accueillis, décou- si l’on veut qu’une prise de conscience se pédagogique.
vrent qu’on fait des frites avec des pommes fasse quant à la nécessité de consommer

en avril en limousin !
«
de terre, que les cerises ne sont pas mûres autrement pour garantir la durabilité de la
planète, il faut les éduquer.
Ils vivent entre béton et bitume ; alors
Anne-Marie Cottineau,
quand il s’agit de caresser une poule ou
du réseau Idées fermes
traire la chèvre, c’est soit la joie extrême,
soit l’appréhension devant l’inconnu.

LA COMPRÉHENSION NAIT DE L’ACTION


Donner du grain aux poules, c’est com-
prendre ce qu’elle mange la poule, com-
ment elle picore… Si près des parcs des
volailles on peut observer le champ de blé,
le lien se fait entre le végétal et l’animal.
La chèvre qui broute l’herbe dans le pré avec
la vache permet de parler des herbivores.
Traire la chèvre après avoir vu le petit che-
vreau qui tête sa mère, c’est constater que
pour que la chèvre ait du lait il faut qu’elle
ait eu un petit… Ensuite on ira mettre la
présure dans le lait. Quelques heures plus
tard on pourra observer le caillé et le faire
égoutter dans une faisselle.
Participer à la vie de la ferme, aux soins aux
animaux, cueillir des fruits ou ramasser des
légumes, faire du beurre après avoir écrémé
© Cottineau
le lait de la vache, permet une approche
V• TRANSRURAL Initiatives • 19 JUIN 2007

Dossier
paysans se lancent-ils dans l’accueil ?
onnaissance de l’activité agricole, engagement militant dans une éducation populaire, les agriculteurs ont plein
dans l’accueil éducatif.
Communiquer, faire connaître son métier, S’ils se sont dès le départ ouvert au public
sensibiliser le public au monde agricole et enfant (scolaire, péri et extrascolaire), ils
rural, telles sont les motivations des agri- ont aussi su très rapidement répondre à
culteurs qui font le choix de l’éducatif. de nouveaux publics tels que les adultes
Conscients du déficit de communication en recherche d’informations, les familles
entre le monde agricole et la société, ces et les touristes à la recherche d’activités de
derniers souhaitent être considérés non loisirs ludiques, mais aussi instructifs, les
pas uniquement comme de simples pro- publics handicapés ou en difficulté sociale
ducteurs de matières premières, mais éga- pour lesquels le contact avec la nature et
lement comme des acteurs à part entière le monde vivant a des effets bénéfiques
de la société, détenteurs d’un savoir-faire et reconnus.
d’un patrimoine culturel, jardiniers du pay- Plus qu’une ouverture vers l’extérieur et
sage, aménageurs des espaces ruraux et une reconnaissance, cet accueil est aussi
périurbains, entrepreneurs d’activités inno- un échange entre le public et l’agriculteur,
vantes et surtout acteurs du développe- ainsi qu’une source de valorisation et
ment des territoires. d’épanouissement personnel. Les mul-
hommes, choix de consommation, choix tiples questions posées, les réactions sus-
FORMER DES CITOYENS politiques, etc.). Avec l’expérience et la citées chez le visiteur le réinterrogent
Souvent très militants, certains mènent professionnalisation de ce secteur d’acti- dans ses pratiques et lui permettent de
une véritable réflexion sur leur rôle de vité, certains agriculteurs sont devenus de mieux connaître les besoins du «consom-
médiateur/éducateur. L’idée n’est pas sim- véritables éducateurs à l’environnement. mateur» et de la société en général. Ainsi
plement de «promouvoir» l’agriculture, Développant une pédagogie originale du cette interaction peut être moteur de
mais aussi de former des citoyens et futurs vivant, ils sont aujourd’hui reconnus par changement aussi bien chez l’accueillant
citoyens, responsables de leurs choix et de leurs publics, mais aussi par les autres que chez l’accueilli.
leurs actes (respect du vivant et des acteurs de l’éducation à l’environnement. Mylène Thou, de la Bergerie nationale

Des partenaires éducatifs progressivement reconnus


Réseau d’éducation à l’environnement, le GRAINE de la région Centre travaille depuis quelques années avec
des agriculteurs.
Faire travailler ensemble les acteurs de par conviction», explique Eric Samson, ani- lées lors des débats en table ronde. Les
l’environnement, c’est l’un des objectifs mateur du GRAINE Centre, «les pratiques fermes pédagogiques donnent-elles le
des associations d’éducation à l’environne- agricoles interpellent les animateurs car reflet réel de l’agriculture ? Pour présenter
ment GRAINE, Groupements régionaux elles ont des répercussions directes sur notre l’agriculture à un enfant peut-on commen-
d’animation et d’information sur la nature environnement, notre alimentation et notre cer par l’agriculture intensive ? Qu’est-ce
et l’environnement. Dans cette optique, consommation.» Des animations sur les qu’une ferme ?
l’association présente en région Centre exploitations agricoles permettaient aux Les agriculteurs ont répondu qu’ils enten-
proposait en 2004 des Rencontres régio- participants de découvrir la ferme à travers daient présenter la réalité de leurs fermes
nales sur le thème «A l’école de la ferme». les cinq sens (de la graine au lait), le cycle et faire prendre conscience aux enfants de
Animateurs, enseignants, étudiants, agricul- des saisons (de l’épi au pain) ou encore ce qu’ils mangent.
teurs étaient réunis pour partager leurs l’histoire et l’utilisation du Percheron, che- Aujourd’hui participants, éducateurs et
expériences, leurs savoir-faire, leurs val de trait. agriculteurs ont gardé le lien en créant une
réflexions sur les pratiques d’éducation à «Mais le lien entre les éducateurs à l’envi- liste de diffusion et d’échange d’informa-
l’environnement dans des fermes pédago- ronnement et le monde agricole se met en tions.
giques. place progressivement», précise Eric Sam- M.-S. R.
«Nous travaillons avec des agriculteurs bio son. D’où les nombreuses questions formu- Contact : www.grainecentre.org - tel : 02 54 94 62 80.
TRANSRURAL Initiatives • 19 JUIN 2007 • VI
Dossier
Des agriculteurs pédagogues
Au sein du réseau AKENE, les CIVAM accompagnent la professionnalisation des agriculteurs-accueillants.
Entre 2003 et 2005, les CIVAM du en place une formation initiale leur
Massif Central ont accompagné un permettant de construire une véri- L’accueil
groupe de 90 agriculteurs dans la table démarche pédagogique autour éducatif,
création d’un réseau d’accueil éducatif des attentes de l’enfant, de l’adapta- une activité
«AKENE». Ces paysans sont engagés tion aux programmes scolaires et en à part entière
dans une activité d’accueil en prolon- partenariat avec l’enseignant.
gement de leur activité de production Avec le nombre croissant
agricole. Le réseau AKENE les définit DIAGNOSTIC D’EXPLOITATION d’exploitations agricoles
comme des hommes et des femmes, Un premier volet s’attache à la décou- s’ouvrant au public est apparue la
«conscients des enjeux sociaux et envi- verte de l’enfant afin d’aider l’agricul- nécessité pour les agriculteurs
ronnementaux, acteurs de leurs terri- teur à connaître les attentes et les accueillants de se professionnali-
toires ruraux, formés à réactions de ce dernier. Les ser, et en particulier de se former
l’accueil et à la pédago- Un projet ressources de l’exploitation à l’accueil éducatif. Mais savoir
accueillir n’est pas tout. Il faut
gie, qui proposent à tout
public un accueil préparé
pédagogique agricole sont explorées au
aussi donner envie au public de
regard des centres d’intérêt
et réfléchi en fonction de est réalisé de l’enfant. La formation venir chez soi. Et au-delà, savoir
gérer son activité, démarcher des
la demande».
Le travail d’accompagne-
par chaque aide l’agriculteur à conce-
partenaires, développer des activi-
voir l’accueil pédagogique
ment proposé à ces por- agriculteur sur son exploitation. Dia- tés adaptées à la demande, et
teurs de projets repose gnostic d’exploitation et savoir aussi innover. Cela est
sur des formations adressées à la fois projet pédagogique sont réalisés par d’autant plus important dans le
aux agriculteurs adhérents des chacun des stagiaires. Les méthodes cas d’une diversification où l’on
groupes CIVAM et aux animateurs des d’animation d’une visite pédagogique souhaite faire de l’accueil une
réseaux. Les CIVAM ont largement permettant également à l’accueillant véritable activité complémentaire
réfléchi à l’idée de professionnalisa- d’organiser sa visite autour d’activités au revenu agricole.
tion de leurs agriculteurs. Les de groupes, de jeux. Ainsi l’agriculteur, qui veut se
accueillants restent agriculteurs et Enfin, pour permettre un partenariat professionnaliser, devra présenter
ruraux avant tout. Ils ne se substituent avec les enseignants, les agriculteurs une triple compétence et cumuler
ni aux enseignants dans le cadre de sont outillés sur le contexte scolaire trois fonctions différentes : celles
l’accueil éducatif, ni aux éducateurs (contraintes logistiques, conditions de producteur, d’animateur, mais
dans le cadre de l’accueil social. Ils d’accueil, …) et sur les programmes aussi de gestionnaire d’activités.
sont leurs partenaires. La profession- d’enseignement. M. T.
nalisation est avant tout l’élargisse- Une fois que l’accueillant a construit
ment des compétences de façon à son projet pédagogique, il éprouve complémentaires sont proposées,
mieux répondre aux besoins des souvent le besoin d’approfondir cer- autour de thèmes non exhaustifs, en
accueillis. Le réseau CIVAM a ainsi mis taines thématiques. Des formations lien avec les demandes des groupes.
La formation des animateurs de
réseaux porte, quant à elle, surtout
«Les larges épaules de l’école» sur des compétences générales en
accompagnement collectif (concevoir
L’éducation à l’environnement et à l’alimentation pratiquée sur les fermes une charte, communiquer, connaître
relève, dans les programmes scolaires, à la fois de l’éducation au dévelop- les partenaires de l’éducation à l’envi-
pement durable et de l’éducation à la santé. Mme Barand, inspectrice acadé- ronnement...), et individuel (réaliser
mique de Limoges, souligne l’enjeu de croiser ces deux champs : «Concer- un diagnostic pédagogique, monter
nant le développement durable, ce sont les notions de biodiversité, de gestion un projet pédagogique...).
des paysages, de comportements individuels et collectifs à adopter pour pré- Quel que soit le public, la formation
Source : "Se
server l’environnement qu’il faut investir. L’éducation à la nutrition et au utilisée est une pédagogie active. Elle
former pour
goût relève plus de la santé». Ce dernier point est un enjeu pédagogique est le plus possible organisée sur les
mieux
majeur face au problème d’obésité chez les jeunes. Mais, «il ne faut pas accueillir",
lieux d’accueil. Elle fait intervenir les
Hélène Rouf-
croire que les enfants peuvent assumer seuls ces responsabilités», pointe Mme partenaires de l’éducation à l’environ-
faud, FRCIVAM
Barand, «Il faut d’abord former les personnels concernés avant d’aller vers les nement - le CPIE1 du Velay en particu-
Midi-Pyrénées
enfants». Au delà, l’éducation à l’environnement ne peut reposer que sur lier - et de l’Éducation nationale. 1- Centre per-
manent d'ini-
«les seules larges épaules de l’école», remarque l’intéressée. tiatives pour
Corinne Mellet-Esnouf, l'environne-
animatrice FRCIVAM Limousin ment
VII• TRANSRURAL Initiatives • 19 JUIN 2007

Dossier
D’une critique de la pédagogie
à l’éducation à l’environnement
L’éducation à l’environnement se place en droite ligne des innovations pédagogiques nées dans les années 1970.
Démonstration au Centre d’expérimentation pédagogique de Florac.
Le Centre d’expérimentation pédago- ses approches éducationnelles: certains L’éducation au développement durable
gique (CEP) de Florac1 a été créé en sont relatifs au développement de la n’est donc pas seulement l’acquisition
1970 pour promouvoir, au sein de personne (citoyenneté, responsabilisa- de nouveaux savoirs ; elle vise plus à
l’enseignement agricole, une approche tion, plaisir, coopération, créativité) ; avoir une approche critique du savoir,
éducative innovante désignée sous d’autres relèvent des approches systé- à le positionner dans une approche
l’appellation «étude du milieu2». Les miques et de la complexité, les autres épistémologique, à développer des
finalités pédagogiques étaient de relier de l’éducation (pédagogie de projet, capacités d’apprendre tout au long de
l’apprentissage à la réalité du territoire, apprendre à apprendre, éco-formation). la vie, et de prendre position avec un
d’appréhender la complexité au travers Depuis le sommet de Rio (1992), avec «doute moteur».
d’une démarche nécessairement inter- la naissance du concept de développe- Le développement de cette motivation,
disciplinaire, de redonner du sens aux ment durable, le monde de l’éducation de cette volonté d’évoluer, de ce plai-
disciplines et de positionner l’appre- s’interroge sur la notion d’éducation au sir d’être toujours un être en devenir, 1. www.cep.edu-
cagri.fr
nant dans une dynamique de projet. développement durable ; l’enseigne- dans une position de recherche perma- 2. «Circulaire du
En cherchant à prendre en compte un ment agricole s’y penche notamment au nente, nécessite la mise en œuvre de 17 mai 1973.
développement global de l’individu, travers d’un programme ambitieux sur nouvelles pratiques pédagogiques, Objet : pédago-
gie fondée sur
l’étude de milieu avait aussi la mise en œuvre du développe- auxquelles le CEP réfléchit à l’heure
l’ambition de permettre de Doute ment durable dans les lycées actuelle : l’auto-formation, l’hétéro-for-
l’étude du
milieu», dans Le
remotiver des élèves en diffi- moteur agricoles (le Programme national mation et l’éco-formation qui s’inscri- projet d’établis-
sement du CEP,
culté qui, exclus de l’éducation agriculture durable et dévelop- vaient déjà dans l’étude de milieu, sont septembre 2004,
générale, tentaient leur chance dans pement durable). Le CEP réinterroge actuellement revisitées. ministère de
l’enseignement agricole. En s’opposant donc ses activités. Qu’y a-t-il de nou- Christophe Probst et Michel Vidal, l’Agriculture.
3. Plaquette de
à certaines approches éducatives domi- veau par rapport à l’éducation à l’envi- formateurs au CEP de Florac, présentation du
nantes (pédagogie déductive, cloison- ronnement, l’éducation à la paix, l’édu- extrait de Territoires n°466, mars 2006. CEP, 1974.
nement disciplinaire, sur-valorisation cation à la citoyenneté, etc.? D’ailleurs,
du savoir, positionnement d’expert de est-il possible éthiquement de poser le Parades
l’enseignant, ainsi que toute pédagogie développement durable comme fonde- aux idées reçues
privilégiant l’individualisme et la com- ment éducationnel, puisque ce terme L’association de développement agricole Parades
pétition) et en valorisant le milieu nous amène à des absurdités telles que du Finistère, membre du réseau CIVAM, intervient
comme support à de nouvelles pra- la «croissance durable», les «autoroutes dans les lycées agricoles. La demande vient des
tiques (lecture de paysage, activités de durables»… ? enseignants, à la recherche d’appuis pédagogiques
pleine nature, etc.), l’équipe du CEP Les préoccupations du développement sur le développement durable, appliqué notam-
prit rapidement conscience du lien durable demandent qu’on réinterroge ment à l’agriculture. La présentation d’outils opéra-
intime existant entre développement de globalement l’éducation pour simple- tionnels comme le diagnostic de durabilité com-
plète une présentation plus théorique. «Dans les
la personne et la préservation de l’envi- ment rendre le développement
lycées agricoles, plus de la moitié des élèves ne sont
ronnement. Car, «ayant une formation durable possible. Aujourd’hui, plus
pas issus du milieu agricole. Le débat s’organise sou-
plus équilibrée et une meilleure que jamais, devant la situation socio- vent entre ce public et les fils d’agriculteurs,
connaissance du monde extérieur, il écologique planétaire, il apparaît néces- témoigne Jean-Pierre Quéré, animateur de l’associa-
(l’apprenant) lui sera alors possible de saire de mettre le développement de la tion. Les premiers sont souvent plus ouverts, plus
prendre des décisions qui tiennent personne au centre des préoccupations tolérants à ces questions». Aux interventions dans
compte de l’extrême inter-dépendance éducatives. Pourquoi ? les établissements sont associées des visites sur des
de l’homme et de son milieu.3 » Bien que nous admettions générale- exploitations. Thierry, éleveur de moutons,
ment que l’homme est à l’origine de la remarque que si l’apprentissage des gestes tech-
DE L’ENVIRONNEMENT crise environnementale, nous conti- niques passe bien chez les lycéens, le volet théo-
AU DÉVELOPPEMENT DURABLE nuons de chercher des solutions tech- rique proposé aux filières de BTS est reçu avec
beaucoup plus de scepticisme : «On passe vraiment
Le CEP s’interroge aujourd’hui aussi niques, scientifiques, rationnelles à nos
pour des pervertisseurs de systèmes. Mais je suis opti-
bien sur le développement des terri- problèmes. Albert Einstein disait que
miste car la mixité grandissante du public de ces
toires, la préservation de l’environne- nous ne résoudrons pas un problème formations facilite la prise de conscience des étu-
ment ou les développements profes- avec la même logique que celle qui a diants».
sionnel et personnel de l’individu. Il créé le problème. Alors, il est peut-être
PARADES - Paysans autonomes vers une agriculture durable et soli-
mobilise divers concepts et valeurs dans temps de changer de logique! daire - Email : parades@wanadoo.fr - place de Ruthin - 29510 Briec
TRANSRURAL Initiatives • 19 JUIN 2007 • VIII
Dossier
Entre four, fourche et fourchette
L'Ifree propose des stages sur l'alimentation afin que les personnels concernés par la restauration collective
s'interrogent sur les choix alimentaires, prennent conscience de leurs incidences, repèrent des pistes
alternatives.
Depuis 4 ans, l’Institut de formation et de Soyons vigilants en parlant des difficultés vont à la poubelle. Il est possible de
recherche en éducation à l’environne- sans tomber dans la sinistrose. Des mesurer cela pendant les repas du stage
ment (Ifrée)1 et le Jardin d’Aventures pro- démarches, modestes ou majeures, doi- et de proposer aux participants à faire de
posent des stages courts sur l’alimenta- vent être signalées aux stagiaires. L’appro- même dans leur structure en y associant
tion. Organisée dans le cadre d’un parte- visionnement des cantines par le CIVAM leurs collègues.
nariat avec le Rectorat de Poitiers, la du Gard, les repas «bio» dans les restau- Les rencontres entre professionnels de la
Direction régionale de l’agriculture, le rants universitaires de Lorient, les contrats restauration collective et des producteurs
CNFPT 2 et l’AFIPaR 3 , cette formation passés avec les agriculteurs du bassin ver- sont assez rares. Elles permettent pour-
s’adressent à des stagiaires d’horizons sant de Munich pour maintenir la potabi- tant à chacun de présenter son métier, ses
divers. On compte des intendants, cuisi- lité de l’eau et assurer l’approvisionne- motivations et ses contraintes. Voire de
niers en restauration collective, anima- ment des cuisines alentours sont autant repérer ce qui peut être fait ensemble.
teurs de collectivités territoriales et d’initiatives que le formateur doit valori- Pour visualiser la diversité des formes pro-
d’associations, parents d’élèves, profes- ser. ductives agricoles, nous essayons
seurs, infirmières scolaires, assistantes d’emmener les stagiaires dans trois types
sociales, etc. Les stages sont conçus et AVOIR LES YEUX BANDÉS POUR MIEUX d’exploitations : intensive, en «agriculture
animés par différents acteurs, animateurs- LES OUVRIR raisonnée» et en agriculture biologique. Il
relais formés par l’Ifrée. Inspiré par un restaurant parisien ne s’agit pas de montrer du doigt tel ou
Pourquoi proposer un stage d’éducation à accueillant des clients dans le noir, un tel, mais d’amener les stagiaires à com-
l’alimentation ? Globalement pour amélio- repas à l’aveugle est organisé à chaque prendre pourquoi chaque agriculteur s’est
rer la cohérence des choix individuels et stage. Les stagiaires découvrent ainsi orienté vers telle formule, de voir ce qui
collectifs, en prenant en compte les toutes les dimensions sensorielles des ali- entre et sort d’une ferme. Ces visites
logiques socio-culturelles, les influences ments. Ce repas particulier a un autre nourrissent aussi les réflexions sur les cor-
économiques et les incidences environne- intérêt : savons-nous ce qu’il y a dans rélations entre la considération de l’envi-
mentales. En tant qu’animateur-forma- notre assiette ? Dans quelles ronnement, la production
teur, notre rôle n’est pas de donner LA
pseudo-solution, mais de susciter les
conditions ont été produits,
transformés, préparés les ali-
30 % de déchets agricole, l’aliment. Elles
interrogent sur la viabilité
questionnements, élargir le champ de ments ? Que deviennent les sur 2€ par repas, économique, les conditions
vision, souligner les enjeux et les initia-
tives prometteuses.
6000 tonnes d’antibiotiques
utilisés annuellement en
c’est 0,60€ de travail, la marge de
liberté ou de dépendance de
Europe pour l’élevage ? Où de perdu ! l’agriculteur.
LE BONHEUR EST DANS LE PRIX ? se dispersent les 70 à Plus qu’une connaissance de
Par exemple, en 2003-2004, une étude 100 000 tonnes de produits phytosani- l’autre, la reconnaissance de ce qu’est et
révéla que seulement 5 % des produits taires épandus en France chaque année ? fait l’autre nous semble importante. C’est
agro-alimentaires issus du Poitou-Cha- Comment réagit notre corps à l’ingestion par l’écoute, l’échange de points de vue et
rentes étaient consommés en restauration moyenne, par an, de 2,8 kilos de produits d’idées entre l’ensemble des acteurs que
collective dans la région. Les stagiaires peu- de synthèse ? peuvent se bâtir des filières agro-alimen-
vent alors plancher sur les étapes à mettre Au fil des stages, j’ai constaté que des taires plus locales, équitables et transpa-
en œuvre pour organiser des filières plus intendants et cuisiniers ont perdu la rentes.
locales: repérage des agriculteurs, transfor- notion de saisonnalité des productions.
mateurs, transporteurs ; élaboration La visite chez des agriculteurs leur permet Benoît Laurent, Au Jardin d’Aventures
conjointe de cahiers des charges, etc. de «remettre les pieds sur terre». Ils
1- www.ifree.asso.fr.
Certains disent que «le bonheur est dans savent quel budget est consacré à l’achat 2- Centre national de la fonction publique territoriale.
le prix». Mais avec quels coûts sociaux et des ingrédients mais méconnaissent sou- 3- Association de formation et d’information des paysans
et ruraux en Poitou-Charentes.
environnementaux ? Acheter, est-ce être vent la quantité jetée après le repas. Nous
complice de telle politique ou encourager proposons alors d’autres manières de cal-
telle autre ? Pourquoi la production fran- culer. 30 % de déchets (moyenne natio- Ce dossier est téléchargeable sur notre site :
çaise de tomates a-t-elle chuté au cours de nale en restauration hors domicile) sur www.transrural-initiatives.org
ces dernières années ? L’observation des 2 € par repas, c’est 0,60 € de perdu. Des TRANSRURAL Initiatives
prix d’achat au producteur local, à l’horti- grammages un peu moindres, avec des www.ruralinfos.org
culteur d’Andalousie, au grossiste, au produits de qualité un peu plus chers, Mail : transrural@globenet.org
2, rue Paul Escudier - 75009 Paris
supermarché permet aux stagiaires de reviennent au même prix. Et quand le plat
Tel : 01 48 74 52 88
mieux comprendre... est bien présenté, seulement 5 à 10 %

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