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de poésie, est une association à but non-
clameur du poème. La vraie clameur, celle de glace, de ta voix, l’inconscient 5 MARS : Thierry Metz, lecture préparée par Benjamin Alexandre et Matthieu Marie- lucratif régie par la loi du 1er juillet 1901.
sans filiation.
enfantant, de la fragilité de ta force, elle aimerait te citer indéfiniment. Céline - Librairie Terra Nova - 19h30 président : anthony clément / vice-président :
benjamin alexandre / secrétaire : matthieu
marie-céline - © dixit tous droits
réservés aux auteurs - toulouse - février 2009
libre-paroles Mathias Trives Pierre Hunout
6.
osier du désir s’adosse à la feuille,
depuis longtemps là haut déchire une poignée de mots
les rares arcs sont détendus
Benjamin Alexandre et les ciels ont déteint
1. 7.
ne rivalise avec ton silence lampe et table comme feu et soif,
on attend plus de lui que la pluie qu’en cas d’extrême pénurie de soleil ou la maison sans mur ni toit
les cloches sont brisées 2. 8.
et la voix que certains prétendaient entendre quand d’une prison faire un pays, va vers la chambre à part,
entre le monde et moi, il y a comme un grincement de porte, un méchant est définitivement impénétrable
goût de camphre à vous faire dresser les cheveux sur la langue. entre le la main se délivre y tresser seuil et folie, va vers l’au-bord
monde et moi, les fenêtres sont borgnes et les murs n’ont d’oreilles que dans seul 3. 9.
les gencives des angles. entre le monde et moi palpite un autre moi, miroir le vieux banc de chaque secret, une chaise et une fenêtre, te manque le sens, l’échappée et la manoeuvre,
à sens unique au bord duquel je vais jusqu’à pencher mon nombre et son oublié des armes solitaires avec qui défier un pont complices, tous, de ta colère
chiffre adjacent. entre le monde et moi il y’a comme un barrage, un verrou au fond du parc
dans la gorge, un zodiaque dont le thème n’aurait plus rien d’astral. entre le murmure 4. 10.
monde et moi resiste un revolver ; reste maintenant à savoir de quel côté à l’oreille midi permanent du poème : drapeau sans terre, orage de la raison
de ma peau se situe la gachette. de la saison des noeuds qui entravent la gorge où creuser son alcôve
5. 11.
son attente
d’un passant quelque prière qui se garde, soit la bouche assassinée,
pour lui donner sens l’inattendu est à la porte l’arc du soupirail l’entr’ouvre
et étaient tressés, le matin. Évidemment, on n’a pas su qui les lui avait
extraits :
la page de tunis tressés et on a arrêté de les lui raser. Ses longs cheveux sombres et tressés.
Thierry Metz C’est dans cette optique, que Benjamin Parfois je ne sais plus qui est là, par ismaël
Dans ce pays voyez-vous, les rues sont poussiéreuses. On raconte que le sable n’a
jamais fait une mer renversée dans l’œil de quelqu’un. Ça peut sembler étrange, c’est
par Benjamin Alexandre Alexandre et Matthieu Marie-Céline qui parle, comment il s’arrange pourtant ce qu’on dit.
essaieront le 5 Mars dès 19h30 à avec ce qui nous entoure. La prison dans laquelle on a jeté cet homme était un ancien phare. Il n’a jamais
Terra Nova, de partager au travers regardé à travers les barreaux. Il a mis beaucoup de terre dans ses oreilles. Du temps
Je reste où c’est le moins pofond, je On a jeté un homme en prison. Un homme sans nom. Un homme avec un avait passé ainsi, jusqu’à ce qu’il se transforme petit à petit en boue.
Il faut ôter son costume de lecteur pour lire la poésie de Thierry Metz, de la lecture intitulée « Thierry Metz: bivouaque sous un mot que quelqu’un visage. D’homme. Cet homme était connu pour sa ressemblance avec l’eau. De Du temps avait passé ainsi. Quand il est sorti de prison. Il a serré la main d’un gardien
redevenir manoeuvre dans le bruissement de sa propre langue, désapprendre un homme qui penche » (basée autour aurait dit, de loin, sans savoir de quoi tout temps, il nageait. Il avait passé plus de temps dans l’océan que sur terre. La et craché par terre devant un autre gardien. Il a détressé ses cheveux et est rentré en
d’un choix d’extraits tirés de « Lettres il s’agit. dernière fois, une barque passait au large, très loin, si loin, qu’elle était noire. Il avait
le rythme et se confondre au silex que l’on veut dégrossir ou à l’arbre que mer, celle-là même en bas de la montagne. Il n’est pas revenu. Il a sans doute vécu le
l’on veut émonder. Il faut une paire de mains solides pour lover la parole à la bien-aimée », « L’homme qui Il y’a quelque chose d’incertain. cru que c’était une fourmi qui portait l’horizon à partager avec les autres fourmis. Il reste de sa vie dans l’eau. Il était tout à fait capable de manger le poisson cru et de faire
penche » et « Journal d’un manoeuvre »), D’indicible. avait passé plus de temps dans l’océan que sur la terre ferme. On aurait dit une vague l’amour avec le reflet d’un nuage sur l’eau. Quand il est sorti de prison. On a jeté un
de Thierry Metz, des mains carrelées, sculptées à même le sol, des mains incarnée. Une vague qui ne quitte la mer que pour s’écumer au contact d’un autre
la luminosité de l’oeuvre, hélas, trop Qui ne s’éteint jamais. autre homme en prison. Mais cet autre homme, c’est aussi une autre histoire.
suffisamment enfouies dans le réel pour pouvoir soutenir le poids qu’abrite la corps. Il transpirait alors beaucoup. Mais sa sueur était douce. Il en arrosait les arbres
moindre virgule suspendue aux nombreux carrefours de sa langue. Il faut une méconnue de Thierry Metz.
Lettres à la bien-aimée, Gallimard, 1990.
et c’était la langue qu’il parlait avec eux, cette eau qui coulait de sa peau.
voix de cordonnier pour chausser l’aube qui résonne dans chacun des mots On a jeté cet homme en prison. Ses cheveux étaient tressés. Ses cheveux étaient très Un dimanche à treize heures.
de Thierry Metz, une voix de coordonnier sans bottes ou bien de serrurier 51 longs, et très sombres. Presque aussi sombres que la couleur de ses yeux. Tressés, ils
sans clef. Il faut savoir se pencher un peu pour dire le poème de celui dont ressemblaient à un vol d’oiseau noir dans une nuit sans étoiles. Personne ne savait qui lui
les silences creusent encore des alcôves au sommet de nos gorges, ne serait-ce
principales œuvres : L’homme qui penche se penche pour tressait ses cheveux. Mais on savait que ce n’était pas lui qui les tressait. C’était une autre
écrire, pour retenir, peut-être, ce qui personne. Mais personne ne savait qui c’était, cette autre personne. Ses longs cheveux
que pour épouser la diagonale de ce refrain sans cesse tourné vers le fonds Le Journal d’un manoeuvre, Gallimard, 1990 les lieux de notre lutte où désigner des zones de liberté, où éclaircir la poésie
était plus penché que lui. Il y a les bruits sombres et tressés. On lui a rasé ses longs cheveux tressés le premier soir. Ils avaient
de son puits sans jamais verser dans l’habile sensiblerie des menestrels. Il faut Lettres à la bien-aimée, Gallimard, 1995 que fait quelqu’un dans mon oreille. Et repoussé et étaient tressés, le matin. On n’a pas su non plus qui les lui avait tressés. contemporaine sont multiples. Retrouvez [sic] et toute l’actualité de dixit
enfin, Thierry, ne jamais renoncer à habiter cette cible que d’autres ont déjà Le Drap déplié, L’Arrière-Pays, 1995 quelque chose qu’on a laissé tomber. On lui a rasé encore ses longs cheveux tressés le deuxième soir. Ils avaient repoussé et sur le blog de l’association :
traversée, oubliant au passage qu’aller au-delà des choses, c’est déjà les avoir Terre, Opales/ Pleine Page, 1997
L’homme qui penche, Opales/ Pleine Page, 1997.
étaient tressés, le matin suivant. On n’a pas su qui les lui avait tressés, comme tous les http://dominusdixit.blogspot.com
oubliées. L’homme qui penche, Opales/Pleine Page, 1997. jours. On lui a rasé ses longs cheveux tressés pour la dernière fois. Ils avaient repoussé