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LES LETTRES D’OCTAVE ET ALICE MIRBEAU

À GEORGES CHARPENTIER :

DEUX AUTEURS, UN ÉDITEUR, UNE AMITIÉ

Force est de constater qu’Octave Mirbeau ne porte pas les éditeurs dans son cœur.
Pour lui, la condition de l’auteur n’est guère plus envieuse que celle du journaliste : tout
comme « le journaliste se vend à qui le paie », les librairies sont devenues « d’immenses
maison de tolérance et de proxénétisme1 ». Dans la lignée d’un Balzac qui dénonçait
l’ignorance des libraires, Mirbeau leur dénie le droit d’être autre chose que des commerçants.
Ne rétorque-t-il pas sèchement à celui qui souhaiterait supprimer des passages du Calvaire :
« Mon cher Ollendorff, occupez-vous de ce qui vous regarde, c'est-à-dire d’imprimer mon
volume, de le tirer et de le faire vendre le plus possible. Le reste, ce n’est pas votre affaire. Et
je perdrais mon temps à vous expliquer des choses que vous ne pouvez comprendre2. »
Ses mots ne sont pas beaucoup plus tendres pour l’éditeur Georges Charpentier. Leur
collaboration débute pourtant sous les meilleurs auspices : en 1888, l’éditeur publie le second
roman d’Alice Mirbeau, puis signe avec Octave un contrat pour cinq romans. Moins de deux
ans plus tard, celui-ci se plaint pourtant de « la maison la plus désolante [qu’il] connaisse3. »
Georges Charpentier reprend la maison d’édition de son père Gervais en 1871. Il
rassemble très vite autour de lui Émile Zola, Gustave Flaubert et Edmond de Goncourt, puis
certains de leurs disciples, ce qui lui vaut la réputation « d’éditeur du Naturalisme ». En même
temps, il reste fidèle à la vocation universaliste de la Bibliothèque Charpentier, collection
lancée par son père avec l’ambition de former la bibliothèque de l’honnête homme du XIX e
siècle4. Ce fragile équilibre éditorial est d’autant plus difficile à préserver que l’éditeur pèche
souvent par excès de nonchalance dans la conduite de ses affaires. Son associé Eugène
Fasquelle reprendra la maison en 1896, c’est donc lui qui publiera les plus grands succès de
Mirbeau à partir de 1898.
Les lettres inédites présentées ici sont conservées aux éditions Grasset-Fasquelle5.
Elles mettent en lumière les étapes de la publication de deux romans d’Alice et Octave
Mirbeau, La Famille Carmettes et Sébastien Roch, entre 1887 et 1890.
La légende dorée forgée par ses auteurs fait de Georges Charpentier « un ami pour les
écrivains plutôt qu’un éditeur ordinaire6 ». Toutefois, en dépit du ton affectueux de la plupart
1
« L’Ordure », Le Gaulois, 13 avril 1883.
2
Lettre à Paul Hervieu du 17 ou 18 novembre 1886 (Arsenal, Ms 15060, f. 57).
3
O. Mirbeau, Correspondance générale, éd. P. Michel, Lausanne, Paris, L’Age d’homme, t. 2, 2005, p.
223 (3 mai 1890).
4
Virginie Serrepuy, Georges Charpentier (1846-1905) : éditeur de romans, roman d’un éditeur, thèse
pour le diplôme d’archiviste paléographe, soutenue en 2005.
5
Georges Charpentier s’associe avec Eugène Fasquelle en 1890, puis lui cède sa maison en 1896. La
maison Fasquelle est rachetée par Hachette et fusionnée en 1967 avec la maison Bernard Grasset, elle-même
rachetée en 1954. Ma gratitude s’adresse à M. Denis Lepeu pour m’avoir autorisée à consulter cette
correspondance entre 2001 et 2005. Je remercie également M. Charles Dantzig qui a très gentiment répondu à
mes questions.
6
P. Alexis, Emile Zola, notes d’un ami, éd. R.-P. Colin, 2001, p. 90.
des lettres, les interlocuteurs sortent rarement du cadre de la relation d’affaires. Que nous
enseigne cette correspondance ? Sans doute l’impuissance des auteurs, désormais, à imposer
leurs vues, dans le domaine de la « mise en livre », aux éditeurs devenus médiateurs
incontournables entre l’œuvre et le public
En outre, ce que ces lettres ne font qu’esquisser, c’est la force de l’amitié qui unit les
deux hommes. Ces deux passionnés d’art auraient d’ailleurs pu dialoguer d’égal à égal à
propos de la peinture nouvelle de Monet et Renoir. En effet, le chef d’entreprise se double
d’un amateur d’art éclairé et généreux, collectionneur et mécène. On pourrait regretter que
leurs échanges se bornent à des considérations techniques. Si cette amitié est largement
méconnue, Mirbeau n’en pourrait pas moins affirmer comme Zola, au moment où Charpentier
se retire des affaires en 1896, « je suis l’ami tendre et inébranlable de mon éditeur7 ».
Virginie MEYER

* * *

OCTAVE ET ALICE MIRBEAU : LETTRES À GEORGES CHARPENTIER

1. Octave Mirbeau à Georges Charpentier

[fin 1875 – début 1876]8


Paris9
Monsieur,
Vous seriez bien aimable de m’envoyer Manette Salomon et Renée Mauperin des
frères Goncourt.
Je mets les colonnes du journal à votre disposition pour toutes réclames qu’il vous
plaira. J’ai d’ailleurs l’intention de faire un travail de longue haleine sur les frères Goncourt
qui paraîtra dans une dizaine de jours.
Veuillez agréer, Monsieur, avec tous mes remerciements, l’assurance de mes
sentiments bien distingués.
Octave Mirbeau
Critique dramatique de L’Ordre10

7
E. Zola, « Auteurs et éditeurs », Le Figaro, 13 juin 1896.
8
Les 7, 12 et 13 janvier 1876, Mirbeau publie trois articles intitulés « Edmond et Jules de Goncourt »
dans L’Ordre. Il y salue les plus modernes des romanciers. Depuis l’été 1875, l’éditeur Georges Charpentier fait
feu de tout bois pour faire entrer Edmond de Goncourt dans son « écurie ». Il commence par faire réimprimer
deux titres présents dans le catalogue de son père, Germinie Lacerteux le 11 décembre 1875 et René Mauperin le
27 janvier 1876. Puis il entreprend de rééditer la série des romans publiés par Lacroix à la fin des années 1860 :
ainsi, la nouvelle édition de Manette Salomon paraît le 6 avril 1876. Il est tentant de dater cette lettre de la fin
décembre 1875 ou du tout début janvier 1876, le « travail de longue haleine » annonçant l’article du 7 janvier.
Mais dans ce cas, ce n’est pas à l’éditeur que Mirbeau s’adresse, mais plutôt au libraire, puisque les éditions
Charpentier sont postérieures à cette période. Mirbeau rencontre Edmond de Goncourt pour la première fois lors
du fameux dîner Trapp du 16 avril 1877, auquel l’éditeur est également convié.
9
En-tête de la lettre : L’Ordre, journal politique quotidien, 16 rue du Croissant, Direction politique.
10
D’octobre 1875 à juillet 1876, Mirbeau tient la Revue dramatique de L’Ordre de Paris.
2. Octave Mirbeau à Georges Charpentier

[été 1887]
Kerisper par Auray (Morbihan)

Mon cher ami,


Ma femme vient de terminer un roman, La Famille Carmettes. Il y a des choses très
jolies, je vous assure, d’une observation très fine, et très intéressant. Voudriez-vous l’éditer
maintenant ? Elle signerait Jacques Simple11.
Vous seriez bien gentil de m’envoyer un mot.
Octave Mirbeau

P.S. : Je termine [chez Ollendorff] par L’Abbé Jules12, qui va bientôt paraître. À mon
retour ou mon passage à Paris, nous causerons n’est-ce pas13 ?

3. Alice Mirbeau à Georges Charpentier

23 septembre [1887]
Kerisper par Auray

Cher Monsieur,
Je suis très contente de la réponse que vous avez faite à mon mari, et je vous enverrai
le manuscrit de La Famille Carmettes au commencement d’octobre, ainsi que vous le
demandez. Notre prochain voyage à Paris doit concorder avec l’apparition de mon livre, vous
seriez donc très aimable de me dire quand il paraîtra. Si cela ne gêne pas vos combinaisons,
j’aimerais que ce fût le mois prochain. Octave me charge de vous transmettre toutes ses
amitiés.
Veuillez agréer, Monsieur, nos meilleurs sentiments.
Alice Mirbeau

4. Alice Mirbeau à Georges Charpentier

8 novembre [1887]
Kerisper

11
La compagne de Mirbeau a déjà publié un premier roman chez Ollendorff, Mademoiselle Pomme, qui a
paru le 1er juin 1886 sous son nom de théâtre Alice Regnault.
12
Octave Mirbeau et Paul Ollendorff signent un contrat pour la publication de L’Abbé Jules le 3 juin
1887.
13
Mirbeau ne semble pas satisfait de ses relations professionnelles avec Paul Ollendorff, comme en
témoignent ses tentatives auprès d’autres éditeurs, comme Georges Decaux en octobre 1887.
Cher Monsieur,
Mon grand désir était que mon roman parût cette année, et j’avais l’espoir que vous le
publieriez ce mois-ci. Mais je ne veux pas vous sembler trop exigeante. Cela ne rentre pas
dans vos combinaisons, si vous trouvez qu’il est trop tard14, malgré mon impatience,
j’attendrai le mois de février.
Dès que ma santé le permettra15, nous irons à Paris. Vers la fin du mois je pense16.
Nous y reviendrons le 25 janvier, époque à laquelle paraîtra L’Abbé Jules17. S’il ne vous est
pas possible de publier mon livre avant, j’aimerais beaucoup qu’il vît la lumière à cette date.
Tout cela à votre appréciation.
Ayez la bonté de me faire répondre par un de vos employés, car je comprends que
vous n’ayez pas toujours le loisir d’écrire18 ; mais nous voudrions bien être fixés
immédiatement afin d’organiser nos déplacements en France, comme disent les Bretons.
Mon mari vous serre bien cordialement la main et moi, cher Monsieur, je vous envoie
mes meilleurs sentiments.
Alice Mirbeau

5. Alice Mirbeau à Georges Charpentier

13 décembre [1887]

Cher Monsieur,
Me voici de retour à Kerisper et je serais bien contente de recevoir les 1ères épreuves de
mon roman, car je dois faire une nouvelle absence (pas à Paris), et j’aimerais que toutes les
épreuves fussent corrigées dès maintenant afin que le volume parût fin janvier ainsi que vous
me l’aviez aimablement promis.
Nous n’avons pas du tout parlé des conditions ; vous plaît-il de me donner le même
prix qu’Ollendorff, soit, 0, 50 les 2 premiers mille et 0,60 les autres19 ?
14
La période de décembre-janvier est celle des livres d’étrennes, ce qui conduit souvent l’éditeur à
repousser la publication des romans pour se concentrer sur des ouvrages illustrés. Ainsi, le 4 novembre 1879,
Paul Alexis craint de « trébucher dans les livres d’étrennes » si Charpentier ne fait pas paraître sa Fin de Lucie
Pellegrin avant le 15 novembre. De fait, la publication est repoussée au début de l’année suivante.
15
Au mois d’octobre 1887, Alice est victime d’une péritonite, suivie d’une fièvre muqueuse. Le 5
novembre, elle peut à nouveau marcher.
16
Mirbeau doit passer deux jours à Paris début décembre, où il assistera au dîner des Bons Cosaques le 2
décembre
17
L’Abbé Jules commence à paraître le 24 décembre dans le Gil Blas.
18
Formule élégante pour réclamer une réponse de l’éditeur. A en croire les nombreuses plaintes de ses
auteurs, Charpentier oubliait fréquemment de répondre à ses interlocuteurs.
19
Ces conditions semblent être celles des débutants chez Ollendorff. En effet, dans le traité du 14 avril
1886 portant sur le Calvaire, l’éditeur offrait la même rémunération à Octave. À moins qu’Alice n’exagère la
générosité d’Ollendorff, pour mieux négocier avec Charpentier ? Grâce au succès du Calvaire, Ollendorff se
montre plus généreux pour L’Abbé Jules. Dans le traité signé avec Charpentier le 22 octobre 1888, la
rémunération prévue est de 60 centimes par exemplaire sur les trois premiers mille, puis de 75 centimes sur les
exemplaires supplémentaires. Cette rémunération semble assez généreuse, si on la compare à celle des grands
auteurs de la maison. En 1884, Edmond de Goncourt reçoit 60 centimes par exemplaire pour son roman Chérie,
avec main de passe double. Émile Zola lui-même ne touche que 60 centimes et cette somme ne sera portée à 75
centimes qu’en 1892 ! Ceci explique sans doute que Mirbeau ait accepté de s’engager pour une longue durée.
Faites vous un petit traité et devez vous me l’envoyer à signer ?
Je voudrais bien que mon roman ne soit pas perdu dans la botte de livres qui passe
chaque mois et le nom inconnu de Jacques Simple20 pourrait bien me résumer le mauvais
sort ! Ne serait-il pas utile, un peu avant la mise en vente, qu’avec votre tact délicat, vous
présentassiez l’auteur au public ? Ma lettre est une collection de points interrogatifs soumise à
votre appréciation. Vous me ferez grand plaisir lorsque vous y répondrez.
Mon mari vous envoie toutes ses amitiés auxquelles je joins mes meilleurs et très
sympathiques sentiments.
Alice Mirbeau

6. Alice Mirbeau à Georges Charpentier

12 janvier [1888]

Cher Monsieur,
Malgré l’ennui que j’éprouve à vous tourmenter ainsi, je ne puis m’empêcher de vous
réclamer à nouveau les épreuves de mon roman que, m’aviez-vous dit, je devais recevoir fin
décembre.
Nous [sommes le] 12 janvier, il faut du temps pour les faire aller de Paris à Kerisper.
Veuillez donc je vous en prie donner sérieusement des ordres afin qu’elles me soient envoyées
tout de suite.
Mes meilleurs sentiments.
Alice Mirbeau.

7. Octave Mirbeau à Georges Charpentier

[fin 1887 – début 1888]


Kerisper par Auray, Morbihan

Mon cher ami,


Pourriez vous me dire à peu près quand vous ferez paraître La Famille Carmettes ?
Cela nous obligerait fort car nous ferions coïncider notre voyage à Paris avec la publication de
ce petit volume. À part ce voyage à Paris, j’ai l’intention de rester ici tout l’hiver. Je peux,
dans le calme absolu où je suis, écrire Rédemption21, que je vous donnerai22. C’est un
admirable et grand sujet que j’ai là, mais le traiter…

20
Le roman paraît finalement sous la signature de Mme Octave Mirbeau.
21
Rédemption est la suite qu’il compte donner au Calvaire. La Nouvelle Revue ne va cesser de l’annoncer
à ses lecteurs, mais le projet est abandonné pendant l’hiver 1887.
22
Le traité entre les deux hommes n’est signé que le 22 octobre 1888.
Je suis très ennuyé d’Ollendorff, et si je pouvais trouver un moyen de lui enlever
L’Abbé Jules23, je serais enchanté. Je pense que L’Abbé Jules va déchaîner toute la fureur des
journaux catholiques et il faut que je m’apprête à recevoir un tombereau d’injures. S’il vous
venait une idée pour me sauver d’Ollendorff, communiquez-la moi.
Je vous serre bien affectueusement la main.
Octave Mirbeau

8. Alice Mirbeau à Georges Charpentier

3 février [1888]
Kerisper

Cher Monsieur,
Je n’ai pas encore reçu la fin des épreuves en 1ère et nous venons mardi à Paris pour
n’y rester que très peu de jours24. Mon livre ne sera donc pas prêt, j’en suis très contrariée, car
il ne me sera pas possible de rester à Paris pour l’attendre. Vous seriez fort aimable si vous
vouliez presser l’imprimeur et me faire envoyer le reste tout de suite.
Mon mari vous serre la main. Veuillez agréer, cher monsieur, mes meilleurs
sentiments.
Alice Mirbeau

9. Alice Mirbeau à Georges Charpentier

9 février [1888]
Rémalard Orne25
Je suis tout à fait impatiente, cher monsieur, de recevoir enfin le reste des épreuves de
mon livre.
Nous demeurons ici pour attendre qu’il soit prêt et nous voudrions bien que cela ne fût
pas trop long encore. Mon mari n’a pas l’intention de rester à Paris jusqu’à l’apparition de
L’Abbé en librairie26. Je vous en prie donc, ne retardez pas trop mon départ en Bretagne où il
faudrait que [je] fusse dans ce moment.
Vous m’empêchez de dormir !
Mes meilleurs sentiments.
Alice Mirbeau
Et la couverture, quand la verrai-je ?

23
L’Abbé Jules paraît chez Ollendorff le 13 mars 1888.
24
Octave Mirbeau est à Paris le 27 février au moment où s’achève la publication du feuilleton.
25
Octave Mirbeau est malade depuis la fin janvier. Il s’installe chez son père, à Rémalard, pour se
remettre.
26
Pourtant, Octave retourne à Paris vers le 7 mars et y reste une vingtaine de jours. La sortie en librairie a
lieu le 13 mars. Alice déforme donc un peu la réalité pour presser l’éditeur.
10. Alice Mirbeau à Georges Charpentier

21 mars [1888]27
2 place Madeleine

Je réclame, cher monsieur, on ne m’a apporté que 600 frs et nos conventions verbales
me donnent droit à 750 frs28. Je vous l’avais répété hier, et l’autre jour, j’en avais instruit M.
Fasquelle. Soyez très aimable en me faisant parvenir la différence demain avant 11 h. Vous
me rendrez service.
Mes meilleures amitiés.
Alice Mirbeau

11. Alice Mirbeau à Georges Charpentier

1er avril [1888]


Kerisper

Cher Monsieur,
Je voudrais bien avoir des nouvelles de mon livre, et savoir si vous allez bientôt faire
un nouveau tirage29. Je n’ai pas la prétention de vous demander un article de P. Gille 30, mais
j’espère cependant que vous ne laissez pas mourir La Famille Carmettes en pleine jeunesse et
au printemps. J’en serais désolée, car il me semble qu’elle pourrait vivre tout cet été si vous la
souteniez un peu. Il est toujours impossible de se procurer un exemplaire dans les villes de
province ni dans les gares.
Vous me feriez grand plaisir si vous demandiez à M. Decaux de publier mon roman
dans La Lecture. Je suis certaine, si vous vous en occupiez, que cela réussirait.
Nous continuons à grelotter la fièvre paludéenne, et nous allons sans doute être encore
obligés de changer d’air. Je crois que nous irons chercher du vrai soleil soit à Arcachon, soit à
Antibes31.
Mon mari vous serre cordialement la main.
Mille amitiés, cher monsieur.
Alice Mirbeau

27
La Famille Carmettes paraît le 20 mars 1888.
28
À 50 centimes le volume, cela nous donne 1 500 exemplaires, ce qui semble cohérent avec la notoriété
de l’auteur et les pratiques de l’éditeur. Il semble qu’aucun traité n’ait été signé, puisque Alice parle de
« conventions verbales ».
29
Il n’existe aucune mention d’une deuxième édition de La Famille Carmettes.
30
Philippe Gille est critique littéraire au Figaro.
31
Le 27 avril, les Mirbeau partent pour un séjour dans le Midi (Cannes, Menton, Bordighera). Ils sont de
retour à Kerisper le 25 mai.
12. Alice Mirbeau à Georges Charpentier

14 juin 1888
Kerisper
Cher monsieur,
C’est la dernière fois que je vous tourmente ! Je voudrais bien que vous fissiez passer
un écho dans les journaux du matin et, comme je comprends que mon bouquin n’en vaut
guère la peine, voici une combinaison qui me ferait participer aux frais. J’ai terminé une
nouvelle que mon mari trouve bien (et il est sévère). Voudriez vous demander à M. Bonnetain
de la faire passer dans un prochain supplément du Figaro, et pourriez-vous obtenir qu’il la
présente en bonne place, par une note aimable, ainsi qu’on a fait pour M. H. Malot ?
Demandant cette amabilité, je ne serai pas exigeante pour le prix et le peu qu’on donnerait
paierait bien quelques lignes au Figaro. Vous mettriez un écho au Gaulois, au Gil Blas, au
Matin32, et j’espère que vous seriez obligé de tirer à nouveau dès maintenant. M. Catulle
Mendès m’a fait la gracieuseté de me demander mon roman pour La Vie Populaire.
Je vous ai promis de ne plus vous tourmenter, alors soyez extrêmement gentil en vous
occupant vraiment et tout de suite de ce que je vous demande là, car, le mois de juin passé, il
serait trop tard pour que ce fût utile.
Dites-moi s’il faut vous envoyer la nouvelle.
Agréez, cher monsieur, mes amitiés bien sincères.
Alice Mirbeau
Mon mari vous serre la main. Il a reçu une lettre de Raffaëlli qui lui dit que vous
n’auriez besoin des dessins pour le petit volume des contes que l’année prochaine33.
Alice Mirbeau

13. Octave Mirbeau à Georges Charpentier

[Nice34 – 8 mars 1890]

32
Le Supplément du Figaro, le Gaulois et le Matin ne contiennent aucune trace d’une nouvelle publiée
par Alice Mirbeau durant cette période. Cependant, Pierre Michel parle d’une « honorable couverture de
presse ». Ainsi, Gustave Geffroy publie un article sur La Famille Carmettes le 19 mars dans La Justice. Le
roman ne rencontre certainement pas le succès qui aurait conduit le prudent Charpentier à renouveler l’opération,
puisqu’elle ne trouvera pas à placer sa pièce La Cadette.
33
Il s’agit du projet des Contes de la chaumière, illustrés de deux eaux-fortes de Rafaëlli, dans la Petite
Bibliothèque Charpentier. Fin mars 1888, Octave Mirbeau demande à son ami le peintre Jean-François Raffaëlli
de prendre contact avec l’éditeur pour la réalisation de deux illustrations. Ce n’est pas la première fois que
Mirbeau tente d’associer Raffaëlli à son œuvre : en 1886, les éditeurs Boussod et Valadon avaient jugé ses
dessins trop choquants pour orner un ouvrage de Mirbeau et Hervieu. Le projet est retardé à plusieurs reprises et
l’ouvrage ne paraît qu’en 1894.
34
Il s’agit d’un télégramme, de même que la lettre suivante ; les dates sont celles du cachet de la Poste.
Les Mirbeau sont partis pour Nice le 11 janvier 1890.
Quand épreuves feuilleton fini vingt35. Amitiés = Mirbeau

14. Octave Mirbeau à Georges Charpentier

[Nice –17 mars 1890]

Réduisez à trente nombre lignes des pages36. Amitiés = Mirbeau

15. Octave Mirbeau à Georges Charpentier

[entre le 23 mars et le 1er avril 1890]37

Cher ami,
Je pense que vous avez retrouvé la partie supprimée38. Je vous en prie encore : ne
faites les pages que de 32 lignes. Et puis envoyez-moi les épreuves que j’ai déjà corrigées. Je
vous ai télégraphié de m’envoyer les épreuves à Menton, Hôtel des Anglais.
Je serai à Paris le 4 avril.
Et j’irai vous voir, au saut du train, vers 10 h. […]
Donc, à partir du 1er avril, ne m’envoyez plus rien. Je prendrai à la librairie les
épreuves prêtes39.
Mes amitiés.
Octave Mirbeau

16. Octave Mirbeau à Eugène Fasquelle

[non daté]40

Mon cher Fasquelle,

35
Sébastien Roch paraît dans L’Écho de Paris du 15 janvier au 2 avril 1890.
36
Ce télégramme correspond à la lettre n° 731 de : O. Mirbeau, Correspondance générale, éd. P. Michel,
Lausanne, Paris, L’Age d’homme, t. 2, 2005. Malgré les demandes répétées de l’auteur, Charpentier s’en tient à
une justification de 34 lignes à la page.
37
Le 23 mars, Mirbeau termine l’écriture de Sébastien Roch, dix jours seulement avant la dernière
livraison. Il passe la semaine suivante à l’Hôtel des Anglais de Menton pour se reposer.
38
S’agit-il du passage supprimé par Valentin Simond, le directeur de l’Echo de Paris ? Il n’a pas été
rétabli dans l’édition Charpentier, pas plus que n’apparaît la scène du viol qui avait fait craindre aux deux
hommes « l’attention particulière avec laquelle le Parquet suivait la publication de cette œuvre ».
39
Sébastien Roch paraît en volume chez Charpentier le 26 avril 1890.
40
Aucun élément ne permet de dater précisément cette lettre : on peut simplement dire qu’elle est
postérieure à 1890, date de l’association entre Fasquelle et Charpentier. Elle est surtout intéressante pour ce
qu’elle montre des habitudes de l’éditeur : les auteurs préfèrent souvent passer par son associé lorsqu’il tarde à
donner une réponse.
Charpentier vous a sans doute communiqué deux lettres que je lui ai écrites, la
première il y a plus de 15 jours, la seconde il y a six ou sept jours. Ces lettres, je les écrivais
aussi bien pour vous que pour lui. Je lui demandais une réponse pressante et lui en fournissais
les raisons qui sont graves. Naturellement, cette réponse, je l’attends encore. Et il est probable
que je l’attendrais toujours, si connaissant votre ponctualité, je ne vous priais de vouloir bien
me répondre et me dire si je puis espérer quelque chose pour mon petit neveu, ou non. Je vous
serais infiniment reconnaissant de me fixer là-dessus.
Bien cordialement, mon cher ami,
Octave Mirbeau

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