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Histoires de Vide
Celui qui croyait au Vide
et celui qui n'y croyait pas
Simon Diner
si.diner@wanadoo.fr
Dans ce texte les mots marqués d’un * renvoient aux entrées correspondantes du
Lexique de Philosophie Naturelle
http://www.peiresc.org/DINER/Lexique.pdf
1 Pour une histoire du Vide qui s'arrête à Pascal, le lecteur peut lire le passionnant récit de Michèle Porte:
Le Vide et l'Un (Ouvrage hors collection des Cahiers de Fontenay.1988. E.N.S. 81 avenue Lombart. BP
81. 82266 Fontenay aux Roses. Cedex).
2
Elle s'appuie sans cesse sur le monument du XXème siècle que constitue le livre de Pierre Duhem: Le
système du monde. Histoire des doctrines cosmologiques de Platon à Copernic. 10 volumes. Hermann.
Paris 1959.
Toutes les histoires de l'Atomisme, devraient pouvoir être lues parallèlement comme des
histoires du Vide. C'est le cas de :
A. Pyle. Atomism and its critics. Problem areas associated with the development of the atomic theory of
matter from Democritus to Newton. Thoemmes Press. 1995.
Une bonne introduction se trouve dans: Les atomes. Une anthologie historique. Agora. Presses-Pocket.
1991.
Un lecteur averti peut aussi lire avec profit:
F. Balibar. Einstein 1905. De l'éther aux quanta. PUF . 1991.
Plus savants sont:
E. Grant. Much ado about nothing. Theories of space and vacuum from the middle ages to the Scientific
Revolution. Cambridge University Press. 1981.
G.N. Cantor and M.J.S. Hodge, eds. Conceptions of ether. Cambridge University Press. 1981.
On peut recommander des livres de grande vulgarisation :
Henning Genz: Die Entdeckung des Nichts. Leere und Fülle in Universum. (La découverte du rien. Le
vide et le plein dans l'univers). Carl Hansen Verlag. München. 1994. Traduction anglaise : Nothingness.
The science of empty space. Perseus Books. 1999.
A. Le Noxaïc. Les métamorphoses du vide. Belin. Pour la Science. 2004.
3
Aristote. Métaphysique.
les formes intelligibles ( les idées), qui sont les modèles immuables
des choses sensibles qui sont les images des formes intelligibles projetées
5
C'est bien le même type de discours qu'on doit tenir quand on parle de ce
qui reçoit tous les corps. Il faut toujours lui donner le même nom; car elle
ne perd absolument aucune des propriétés qui sont les siennes. Toujours en
effet elle reçoit toutes les choses, et jamais en aucune manière sous aucun
rapport elle ne prend une forme qui ressemble en rien de ce qui peut entrer
en elle. Par nature, en effet elle se présente comme le porte-empreinte de
toutes choses. Modifiée et découpée en figures par les choses qui entrent
en elle, elle apparaît par suite tantôt sous un aspect tantôt sous un autre. Les
choses qui entrent en elle et qui en sortent sont des imitations de réalités
éternelles, des empreintes qui proviennent de ces réalités éternelles d'une
manière qu'il n'est pas facile de décrire et qui suscite l'étonnement, sujet sur
lequel nous reviendrons plus tard.
Voilà bien pourquoi nous disons que la mère de ce qui est venu à l'être,
de ce qui est visible ou du moins perceptible par un sens, c'est à dire le
réceptacle, n'est ni terre, ni air, ni feu, ni eau, ni rien de tout ce qui
vient de ces éléments et de tout ce dont ils dérivent. Mais si nous disons
qu'il s'agit d'une espèce invisible et dépourvue de forme, qui reçoit
tout, qui participe de l'intelligible d'une façon particulièrement
déconcertante et qui se laisse très difficilement saisir, nous ne
mentirons point.
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......ces Formes (intelligibles) que nous pouvons percevoir non par nos
sens, mais par notre intellect seul.....;
.......il faut convenir qu'il y a une première espèce; la forme intelligible qui
reste la même, qui est inengendrée et indestructible, qui ne reçoit pas autre
chose venant d'ailleurs en elle même et qui elle même n'entre en aucuen
autre chose où que ce soit, qui est invisible et ne peut être perçue par un
autre sens, voilà ce qui a été attribué comme objet de contemplation à
l'intellection. il y a une seconde espèce qui porte le même nom que la
première et qui lui ressemble, qui est perceptible par les sens, qui est
engendrée , qui est toujours en mouvement, qui vient à l'être en un lieu
quelconque pour en disparaître ensuite..... Par ailleurs, il y a une
troisième espèce, celle du genre qui est toujours, celui du matériau qui
est éternel, qui n'admet pas la destruction, qui fournit un emplacement
à tout ce qui naît, une réalité qu'on ne peut saisir qu'au terme d'un
raisonnement bâtard qui ne s'appuie pas sur la sensation; c'est à peine
si on peut y croire. Dès là que vers lui nous dirigeons notre attention,
nous rêvons les yeux ouverts.........
Disciple de Platon.
Celui qui prouvait que l'on ne pouvait pas y croire. Et qui fût crû.....
Toute la pensée d'Aristote est liée à l'analyse du mouvement et du
changement.
Il faut expliquer une fois de plus que le vide séparé des choses que
prônent certaines théories n'existe pas. En effet s'il y a un transport propre à
chacun des corps simples et cela par nature, par exemple pour le feu vers le
haut, pour la terre vers le bas et le centre, il est clair que le vide ne peut être
la cause du transport..........
En outre , si avec le vide l'on a comme un lieu privé de corps, où sera
transporté le corps qu'on y a introduit? Car il ne peut pas l'être dans toutes
les directions......
Il n'y a rien en effet, vers quoi le mouvement puisse de préférence se
produire: car le vide comme tel ne comporte aucune différence....
Maintenant comment y'aura -t-il un mouvement naturel quand il n'y a
aucune différence: c'est le vide et l'infini? Car dans l'infini il n'y a ni haut ni
bas ni milieu ; dans le vide le haut ne diffère en rien du bas; car du rien il
n'y a aucune différence, de même du non être; et le vide semble un non-être
et une privation, or le transport naturel comporte des différences et les
choses naturelles comportent des différences par nature2.
Physique. Livre IV. 214 b.
S'il n'y a donc pas de vide séparant les corps, il faut que d'une
certaine façon les corps occupent tout l'espace. Mais à la différence de
Platon qui identifie la matière et l'étendue dans une théorie de l'apparition
des formes sensibles à partir des formes intelligibles préexistantes, Aristote
développe une théorie de la matière comme substrat du changement.
De la Génération et de la Corruption.
2 On peut rêver devant la puissance prémonitoire d'Aristote, qui expose ni plus ni moins la nécessité
pour le mouvement de différences de potentiel dans des champs de forces et considère l'existence de lieux
privilégiés comme une brisure de symétrie. Et de plus Aristote joue sur les mots: Pas de phora (transport)
sans diaphora ( différence).
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Physique
Quand je dis la matière, j'entends cette partie des êtres, qui n'étant
pas en acte une chose déterminée, l'est cependant en puissance;
Métaphysique 1042a.
Les STOÏCIENS (IV ème siècle av. J.C. - II ème siècle après J.C.)
Hors du cosmos il y'a le vide, s'étendant de tous côtés à l'infini. Ce qui est
occupé par un corps est appelé place, ce qui n'est pas occupé est vide. Tout
corps doit nécessairement se trouver dans quelque chose. Ce dans quoi il se
trouve doit être distinct du corps qui occupe et qui remplit, et donc est
incorporel, pour ainsi dire insipide. Nous appelons vide cette realité qui
peut recevoir le corps et être occupée par lui.
Il n'y a pas de vide dans le cosmos ce qui se voit d'après les phénomènes.
Car si tout le monde matériel n'était pas compact, le cosmos ne serait pas
cohérent et ordonné par nature, aucune interaction mutuelle entre ses
parties ne pourrait exister, et nous ne pourrions, sans une tension de
cohésion et sans le pneuma partout présent, ni entendre ni voir. La
perception par les sens serait empêchée par les espaces vides
intermédiaires.
qu'il n'existera jamais. Car tous les membres du monde sont parfaitement
pleins, comme le monde lui même est parfait.....
On ne peut donc pas dire, ô Asclépios, que rien soit vide, à moins
qu'on ne dise de quoi telle ou telle chose est vide; par exemple, vide de
feu, d'eau, ou autre chose semblable. S'il arrive même que ceci ou cela,
petit ou grand soit vide d'objets de ce genre, rien ne peut être vide de
souffle ou d'air. On en peut dire autant du lieu, ce mot seul ne peut se
comprendre si on ne l'applique pas à quelque chose....Comme ,on ne peut
comprendre un lieu seul. Si on suppose un lieu sans ce qu'il contient, ce
doit être un lieu vide, ce qui selon moi n'existe pas dans le monde.
Asclépios
PLOTIN (205-270)
SAINT-AUGUSTIN ( 354-430)
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... je portai mon attention vers les corps mêmes, et considérai de plus
près cette mutabilité qui les fait cesser d'être ce qu'ils étaient, et commencer
d'être ce qu'ils n'étaient pas. alors je commençai à entrevoir que ce passage
d'une forme à une autre se faisait par je ne sais quoi d'informe qui n'était
pas un pur néant.......
Il est donc vrai que la mutabilité de toutes les choses muables est capable
de toutes les formes que ces choses sujettes à changement peuvent
recevoir. Mais qu'est ce que cette mutabilité? Est-ce un esprit? Est-ce un
corps? Ou quelque espèce de l'un et de l'autre? Certes je dirais s'il était
permis, que c'est un néant, qui tout ensemble est et n'est pas: et toutefois
il fallait qu'elle (la matière première) fût en quelque sorte pour être capable
de recevoir ces formes visibles et si agréables.
C'est ce corps noble réservé au Ciel que les Alchimistes vont essayer
d'introduire sur la Terre. La Quintessence c'est la substance du Ciel
utilisée comme médiateur universel entre les éléments.
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Il faut chercher quelque chose qui soit comme le Ciel par rapport aux
éléments.
Jean de la Roquetaillade. La vertu et propriété de
la quintessence de toutes choses. 1581
Que le vide ne puisse être cela paraît. En effet, s'il existait il serait
une substance ou un accident. Mais le vide n'est pas une substance
incorporelle, car il serait âme ou intelligence. Il n'est pas non plus une
substance qui soit corps car il occuperait un lieu. Enfin il n'est pas un
accident, car aucun accident ne peut exister séparé d'une substance, et le
vide est une dimension séparée. Il n'est donc rien du tout, ce que
j'accorde avec Aristote...
Mais qu'est ce qu'il est, mais qu'est ce qu'il est, mais qu'est ce qu'il
est donc? se demande le philosophe comme un comique troupier célèbre.
Et le voilà qui examine néanmoins la question du mouvement dans le vide.
Dans une cinquième façon, le vide est décrit comme une certaine
nature ou racine et fondement qui se trouve en puissance de réception de
diverses formes..... de cette manière, la matière première en tant que
telle et d'après son essence est appelée vide, de cette façon le vide n'est
pas supposée impossible, mais bien au contraire nécessaire.
ETIENNE TEMPIER.
LA COMDAMNATION D'ARISTOTE DE 1277.
Thèse 140. Il est impossible pour une propriété (accidens) d'exister sans un
support (subjectum) car cela serait une contradiction.
Ce n'est pas parce que l'on peut définir le vide qu'il existe!
DU BARTAS (1544-1590)
GALILEE (1564-1642)
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Galilée!
DESCARTES (1596-1650)
3Descartes quant à lui, pressent, et c'est naturel de son point de vue, une conception non-matérielle du
vide. Le vide n'est pas une substance mais un état, disent aujourd'hui les physiciens....C'est ce que disait
déjà la gnose hermétique
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Mais afin que je puisse mieux vous faire entendre ma pensée sur ce
sujet, et que vous ne pensiez pas que je veuille vous obliger à croire tout ce
que les philosophes nous disent des éléments, il faut que je vous les décrive
à ma mode.
Je conçois le premier, qu'on peut nommer l'élément du Feu, comme
une liqueur, la plus subtile et la plus pénétrante qui soit au Monde. Et
ensuite de ce qui a été dit ci-dessus touchant la nature des corps liquides, je
m'imagine que ses parties sont beaucoup plus petites, et se remuent
beaucoup plus vite qu'aucune de celle des autres corps. Ou plutôt, afin de
n'être pas contraint d'admettre aucun vide en la Nature, je ne lui attribue
point de parties qui ait aucune grosseur ni figure déterminée, mais je me
persuade que l'impétuosité de son mouvement est suffisante pour faire qu'il
soit divisé, en toutes façons et en tout sens, par la rencontre des autres
corps, et que ses parties changent de figure à tous moments, pour
s'accomoder à celle des lieux où elles entrent; en sorte qu'il n'y a jamais de
passage si étroit ni d'angle si petit, entre les parties des autres corps, où
celles de cet élément ne pénètrent sans aucune difficulté, et qu'elles ne
remplissent exactement.
Pour le second, qu'on peut prendre pour l'élément de l'Air, je le
conçois bien aussi comme une liqueur très subtile, en le comparant avec le
troisième; mais pour le comparer avec le premier, il est besoin d'attribuer
quelque grosseur et quelque figure à chacune de ses parties, et de les
imaginer à peu près toutes rondes et jointes ensemble, ainsi que des grains
de sable et de poussière........
Et ainsi je me persuade que ce second élément ne peut être si pur
en aucun endroit du Monde, qu'il n'y ait toujours avec lui quelque peu
de la matière du premier.
Le Monde. Publié en 1664
Emile NOËL
PASCAL (1623-1662)
que la pesanteur de la masse de l'air est la véritable cause de tous les effets
qu'on avait jusqu'ici attribués à cette cause imaginaire.
SPINOZA (1632-1677)
LEIBNIZ (1646-1716)
Si l'on suppose alors qu'il y a des atomes, c'est à dire des corps de
dureté maximum et donc inflexible, le changement se produirait par un saut
instantanné, car le mouvement direct devient rétrograde au moment même
de la collision.....
NEWTON (1643-1727)
manière dont l'air est composé du phlegmatic body de l'air, mélangé à des
vapeurs et des émanations; car les effluves électriques et magnétiques et le
principe de la gravitation semblent imposer une telle variété. Il est possible
que le cadre entier de la nature ne soit autre chose que les contextures
variées d'esprits ou de vapeurs éthérés, condensés comme par précipitation,
à la manière dont les vapeurs se condensent en eau ou les exhalaisons en
substances grossières, quoique non aisément condensables; et englobés
après condensation dans des formes variées, initialement par la main même
du Créateur et depuis par le pouvoir de la nature, lesquelles par la vertu du
commandement croissent et multiplient........
Ainsi il est possible que toutes choses aient été engendrées par
l'éther.
grandeurs variées, émis à grande distance les uns des autres par la surface
des corps brillants, mais ceci à des intervalles de temps insensibles.......
Je suppose que l'éther plus raréfié à l'intérieur des corps et celui qui est plus
dense à l'extérieur ne peuvent pas être séparés par une surface
mathématique, mais qu'ils se transforment de proche en proche l'un dans
l'autre; ce faisant l'éther extérieur doit se raréfier, tandis que l'éther
intérieur doit devenir plus dense, sur une surface très petite, près de la
surface du corps, tous les stades intermédiaires étant parcourus dans cet
espace de transition. Et cela peut être la raison pour laquelle la lumière,
dans les expériences de Grimaldi, en passant près du tranchant d'une lame
ou près
d'un autre corps opaque, se trouve déviée comme si elle était réfractée,
plusieurs couleurs apparaissant lors de la réfraction......4
Je ne fais point attention ici au milieu qui passe librement entre les
parties des corps, supposé qu'un tel milieu existe.
4 Même si cen'est pas là l''explication retenue aujourd'hui pour la diffraction de la lumière, il y a là une
idée géniale selon laquelle un phénomène peut apparaître par suite de la modification locale de l'éther dûe
à la présence de la matière. Deux cent cinquante ans plus tard l'effet Casimir* et les phénomènes
électrodynamiques dans des cavités ne raconteront pas autre chose! Sans parler bien sûr de la courbure de
l'espace par la matière en Relativité Générale*.
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Les planètes, les comètes, et tous les corps massifs ne se meuvent ils
pas plus librement dans ce milieu éthéré, que dans un fluide qui remplirait
exactement tout l'espace sans laisser d'interstices; fluide qui serait par
conséquent plus dense que le mercure ou l'or? et la résistance de ce milieu
ne peut -elle pas être si petite qu'elle devienne de nulle considération? Par
exemple si cet éther (car c'est ainsi que je le nomme) était 700.000 fois plus
élastique, et au delà de 700.000 fois plus rare que l'air; sa résistance serait
plus de 600.000.000, de fois moindre que celle de l'eau. A peine une
pareille résistance causerait-elle, au bout de mille ans, quelque altération
sensible au mouvement des planètes. Si quelqu'un me demandait comment
ce milieu pourrait être aussi rare: je lui demanderais à mon tour comment
au haut de l'atmosphère l'air peut être 100.000 fois plus rare que l'or: je lui
demanderais comment l'attrition peut faire émaner d'un corps électrique
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Clarke répond:
L'espace vide n'est pas un attribut sans sujet; parce que nous
n'avons jamais pensé qu'un espace vide est un espace vide de tout, mais
que c'est un espace vide seulement de corps. Dans tout espace vide Dieu
est certainement présent, ainsi peut-être que de nombreuses autres
substances qui ne sont pas de la matière; n'étant ni tangibles, ni
perceptibles par aucun de nos sens.
EULER (1707-1783)
Cette matière subtile qui remplit tous les espaces entre les corps
célestes est nommée l'éther, dont l'extrême subtilité ne saurait être
révoquée en doute......
..... L'éther est donc aussi une matière fluide comme l'air, mais
incomparablement plus subtile et plus déliée, puisque nous savons que les
corps célestes le traversent librement sans y rencontrer quelque résistance
sensible. Il a sans doute aussi une élasticité par laquelle il tend à se
répandre en tout sens et à pénétrer dans les espaces qui pourraient être
vides.......
la physique, qu'il n'est presque plus permis à personne d'en ignorer les
effets.....
......Il n'y a aucun doute qu'il ne faille chercher la source de tous
les phénomènes de l'électricité dans une certaine matière fluide et
subtile; mais nous n'avons pas besoin d'en feindre une dans notre
imagination. Cette même matière subtile qu'on nomme l'éther, et dont
j'ai déjà eu l'honneur de prouver la réalité à Votre Altesse, est suffisante
pour expliquer très naturellement tous les effets étranges que nous
observons dans l'électricité.
........ j'ose avancer que tous les phénomènes de l'électricité sont une
suite naturelle du défaut de l'équilibre dans l'éther, de sorte que, partout où
l'équilibre de l'éther est troublé, les phénomènes de l'électricité en doivent
résulter; ou bien, je dis que l'électricité n'est autre chose qu'un
dérangement dans l'équilibre de l'éther.
Pour développer tous les effets de l'électricité, il faut avoir égard à la
manière dont l'éther est mêlé et enveloppé avec tous les corps qui nous
environnent........;
...... Considérons d'abord un corps électrique en moins, comme un
bâton de cire d'Espagne, qui, par le frottement, ait été dépouillé d'une partie
de l'éther qui était contenu dans ses pores....... ( l'éther au voisinage du
bâton de cire va venir compenser cette perte à l'intérieur).....l'air autour du
bâton de cire d'Espagne jusqu'à une certaine distance sera dépouillé de son
éther et deviendra électrique lui même.
Cette portion de l'air qui participe de cette sorte à l'électricité du
bâton de cire est nommée l'atmosphère électrique...... tout corps
électrique doit être entouré d'une atmosphère.
KANT (1724-1804)
Le vide ne peut être qu'une chose en soi (noumène*), qui nous est
innaccessible.
Mais cette chose en soi devient tout de même chez Kant une chose
tout court. Car entre la chose en soi et la matière première d'Aristote, la
distance est faible. Et Kant, parce qu'il fonde tout son système de la Nature
sur les forces d'attraction et de répulsion, a besoin d'un véritable support
pour ces forces, sinon même d'une origine de ces forces.
Un principe d'unité de la Nature.
Opus postumum
Opus postumum
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Opus postumum
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Le calorique est réel, parce que son concept (avec les attributs que
nous lui conférons) rend possible l'ensemble de l'expérience, non comme
hypothèse pour les objets perçus pour en expliquer les phénomènes, mais il
est immédiatement donné par la raison pour fonder la possibilité de
l'expérience même.
Opus postumum
Si nous avons longuement cité Kant, ce n'est pas pas tant pour le
contenu de ses conceptions sur le vide et l'éther. Kant n'est pas un
physicien, comme l'était Leibniz. Mais la qualité de la discussion qu'il
mène nous introduit directement dans la problématique de la Science
Physique Contemporaine. Le Vide Quantique va se débattre entre
noumène* et phénomène*, chose ou objet, un comme çà ou un comme
si.....Toute la physique quantique peut être historiquement à juste titre
considérée comme une héritière de la tradition kantienne.
FRESNEL (1788-1827)
MAXWELL (1831-1879)
MENDELEEV (1834-1907)
façon lors de la réunion d'atomes pour former les particules dans la matière
réelle il est nécessaire de supposer l'intervention non seulement de l'inertie,
mais aussi de ce milieu universel transparent pour la lumière et si peu
pesant qu'il pénètre partout; ainsi l'air non pesant dans l'atmosphère ne
manifeste une réelle pesanteur que lorsque l'on réussit à le chasser, alors
que l'on ne peut chasser le milieu universel, c'est à dire on ne peut
obtenir le vide absolu, privé de ce milieu universel.
Encyclopédie de Brockhaus et Efron
Article "Matière". 1892-1893
J'ai supposé que l'éther est la somme de gaz raréfiés dans un état
limite.....
Il me semble concevable, que l'éther cosmique n'est pas un gaz tout à
fait homogène, mais le mélange de quelques gaz proches de l'état limite,
c'est à dire constitué tout comme notre atmosphère terrestre du mélange de
quelques gaz.
BOUSSINESQ (1842-1929)
POINCARE (1854-1912)
Celui qui ne croît pas à l'éther, car en cette fin du XIX ème siècle
l'éther a perdu bien de ses atours, mais qui persiste à le considérer comme
une hypothèse commode. C'est bien là le fameux conventionnalisme* de
Poincaré.
Peu nous importe que l'éther existe réellement, c'est l'affaire des
métaphysiciens; l'essentiel pour nous c'est que tout se passe comme s'il
existait et que cette hypothèse est commode pour l'explication des
phénomènes. Après tout, avons nous d'autres raisons de croire à l'existence
des objets matériels? Ce n'est là aussi qu'une hypothèse commode;
seulement elle ne cessera jamais de l'être, tandis qu'un jour viendra sans
doute où l'éther sera rejeté comme inutile.
MICHELSON (1860-1927)
Celui qui par ses expériences a donné des raisons de ne pas croire à
l'éther, mais qui ne peut se résoudre à ne pas y croire
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LORENTZ ( 1853-1928)
CASSIRER (1874-1945)
Celui qui croît à l'éther et au vide non pas comme objets mais
comme concepts théoriques. Philosophe allemand et historien des idées.
Héritier de la tradition kantienne et auteur d'une conception systématique
de la connaissance à travers des "formes symboliques". Fortement
influencé par les idées du physicien H. Hertz*.
PLANCK (1858-1947)
EINSTEIN (1879-1955)
Celui qui semble avoir empêché les autres de croire à l'éther mais
qui continue à y croire lui même.
EDDINGTON (1882-1944)
densité; on allait même parfois jusqu'à lui assigner une place dans le
tableau des éléments. Un coup fatal fut porté à cette conception matérialiste
quand on essaya d'expliquer la matière comme quelque état particulier de
l'éther, car si la matière est représentée par un mouvement tourbillonaire ou
une condensation de l'éther, celui ci ne peut pas lui même être matériel......
D'ailleurs, l'éther a cessé de jouer un rôle prépondérant dans les
théories physiques; on l'a en quelque sorte mis de côté, en réserve. Un
auteur moderne d'une théorie électromagnétique partira en général de
l'hypothèse d'un éther remplissant l'espace entier; il montrera ensuite qu'il y
a en chacun de ses points un vecteur électromagnétique dont on peut
mesurer l'intensité; à partir de là il ne raisonnera plus que sur ce vecteur et
probablement n'entendra-t-on plus parler de l'éther lui même. On suppose
de manière vague que ce vecteur représente quelque état de l'éther pour
rendre intelligible la signification du vecteur; l'essentiel c'est que l'éther
maintenant, n'est plus qu'à l'arrière plan; il ne joue plus un rôle principal
dans la théorie.
Il n'y a, par conséquent, aucune raison d'attribuer à ce fond de
tableau vague que constitue l'éther, les propriétés d'un océan matériel.
Ses propriétés doivent être déterminées par l'expérience et non par
l'analogie.
SARTRE (1905-1980)
L'être et le néant
Pour Hegel, par contre, le néant peut être pensé non comme
manque d'être, mais comme lié à l'être par une relation dialectique.
L'identité de l'être et du non-être est le ressort de tout mouvement
dialectique. L'attitude de Sartre est celle de la mécanique quantique, alors
que celle de Hegel est celle de Barut attribuant les effets du vide à la
reconnaissance des effets de la matière sur elle même.
DIRAC (1902-1984)
5 Invoquer des relations d'incertitude signifie en fait que l'on introduit ici un caractère aléatoire pour
l'éther. Si l'éther est un milieu turbulent ou chaotique, il ne peut en effet servir de repère et la relativité
n'est pas contredite.
C'est là le tournant majeur dans la conception de l'éther du point de vue de la mécanique quantique.
51
WHITTAKER
BLOKHINTSEV (1908-1979)
Physicien russe.
Les particules sont des excitations du vide et ne coupent jamais leur
cordon ombilical. Le vide est un milieu, matrice de la matière.
....... les particules ne sont que des excitations du vide, qui continue à
vivre même lorsqu'il n'y a aucune particule; en son sein fluctuent le champ
électromagnétique et la polarisation électrique. Ce n'est pas le repos, mais
un mouvement perpétuel, comme la houle à la surface de la mer.......
Il est aussi évident de ce point de vue qu'il n'existe aucune particule isolée,
abandonnée à elle même ("libre" comme on dit). Des particules mêmes très
éloignées les unes des autres continuent à appartenir au milieu qui les a
engendrées et qui se trouve en état de mouvement continu. Il est possible
que c'est dans ce lien entre les particules et ce milieu que se cache la nature
de cette impossibilité d'isoler les particules qui se manifeste dans l'appareil
formel de la mécanique quantique.
Gravitation . 1970
DE BROGLIE (1892-1988)
Il faudrait être bien naïf pour penser que toutes ces petites jongleries
avec des symboles "démontrent" l'existence des corpuscules ou encore
qu'elles nous apprennent ce qu'est un corpuscule dans la réalité physique.
Elles nous montrent simplement que le formalisme de la seconde
quantification des bosons est compatible avec l'existence des particules.
C'est là une condition qui est nécessaire pour que cette théorie soit
acceptable, mais qui à mon avis n'est pas suffisante pour en faire une
théorie des bosons vraiment complète et satisfaisante du point de vue
physique.
Chaque particule emporte son vide propre. Il n'y aurait pas de Vide
unique, mais des phénomènes particulaires que l'on représente comme
particule et vide associé. Il y'a gros à parier que la réalité est très proche
d'une telle conception......
Et de plus il y'a un phénomène ondulatoire!!!!!!!!! C'est bien là à
nouveau le type de défi à l'imagination que présentait l'éther.
55
MATTUCK
GRIGORIEV et EFREMOV
L’état de vide.
AITCHISON
MUNITZ
6 Un état de quoi dirait Descartes, pour qui le vide dans une cruche était un état de la cruche. Toute la
question est là..............
57
PAGELS
BARROW et TIPLER.
A.O. Barut, J.P. Dowling and J.F. Van Huele. Physical Review A, 38, 4405,
1988. Quantum electrodynamics based on self-fields, without second quantization.
VOLOVIK
Physicien russe.
Celui qui voit l'éther à la fois chaotique et ordonné, comme un
superfluide.
Remarquons que les "modèles " contemporains du Vide, font appel
tour à tour à tous les types connus de milieux condensés: cristal, semi-
conducteur, supraconducteur, superfluide...........
SAUNDERS et BROWN
VON BAEYER.
MADDOX
SHIPOV
Physicien russe.
CAO et SCHWEBER.
MILONNI
Le vide supraconducteur
Selon Maurice Jacob, du CERN, on pourrait également croire que
nous savons tout, aujourd'hui, mais la nature du vide nous échappe,
notamment: pourquoi se comporte-t-il comme un milieu ? Des
bouleversements aussi importants que ceux qui sont survenus au cours du
XX ème siècle nous attendent peut-être......
Le vide se comporte comme un supraconducteur vis à vis de la
chromodynamique: il est opaque à la couleur, comme un matériau
supraconducteur est opaque aux champs magnétiques; la température
critique serait alors de l'ordre de 200 millions d'électrons-volts. D'autre
part, le vide se comporte comme un supraconducteur vis à vis de
l'interaction électrofaible: les bosons W et Z y gagnent une masse, comme
les photons semblent devenir massif à l'intérieur des supraconducteurs; la
température critique, dans ce cas, est de l'ordre de 200 milliards
d'électrons-volts.
Comprendre la dynamique qui est derrière cette structure du vide est
l'un des grands problèmes de la physique moderne. Il faut expérimenter à
des énergies au delà de l'énergie équivalente à la température critique. Le
LHC (Grand Collisionneur de Hadrons en projet au CERN à Genève)
devrait atteindre les énergies nécessaires.
Pour la Science. Avril 1994. Encart dans
l'article de John HORGAN: Accélérateurs et Unification.
RUSS.
TELLER.
Un physicien-philosophe.
BOHR. fils
A. Bohr and O. Ulfbeck. Reviews of Modern Physics. Vol. 67, p 1-35, Janvier
1995. Primary manifestation of symmetry. Origin of quantal indeterminacy.
MATTHEWS.
SCULLY et ZUBAIRY
LAMBRECHT
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BAEZ
Un physicien théoricien.
Il est bien connu que l’on perd l’unicité du vide lorsque l’on travaille dans
le cadre de la théorie quantique des champs dans un espace temps général
courbe ou dans des repères non inertiels. En particulier l’emploi d’une
transformation générale de coordonnées dans la théorie quantique des
champs dans un espace temps plat conduit à un nombre infini de
représentations unitaires non équivalentes des relations de
commutation*. Ces différentes représentations donnent en général
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2003
LE NOXAÏC
Nous avons vu que les fluctuations quantiques des champs font apparaître
des énergies de point zéro, ce qui a pour conséquence de conférer au vide
une énergie infinie. Les fluctuations quantiques ont bien d’autres
conséquences. L’une d’elle est parfois appelée la polarisation du vide. Il
s’agit de la possibilité qu’apparaissent spontanément puis disparaissent,
dans le vide, des paires particule-antiparticule ( des paires électron-positron
si l’on parle d’électrodynamique quantique). En fait il ne s’agit pas de
particules réelles, observables. On les qualifie de virtuelles car ce sont, à
proprement parler, des images qui représentent de façon commode certains
éléments mathématiques intervenant dans les calculs ( de perturbation ) de
la théorie des champs. Ces éléments reflètent certaines propriétés des
quanta des champs, mais pas toutes : par exemple une particule virtuelle
n’a pas nécessairement la même masse que la particule réelle
correspondante, et cette masse est même variable. Néanmoins, les
particules virtuelles sont d’utilisation tellement commode, et leur
ressemblance mathématique avec les particules réelles si grande, que
la plupart des physiciens oublient qu’il s’agit d’artifices
mathématiques et se les imaginent-sans d’ailleurs que cela engendre de
contradictions- comme si c’étaient de véritables objets physiques……
La création et l’annihilation d’une paire positron-électron virtuelle modifie
l’interaction électromagnétique véhiculée par un photon entre le proton et
l’électron de l’atome. Cette « polarisation du vide » est l’un des effets
intervenant dans le déplacement de Lamb (des niveaux de l’atome
d’hydrogène).
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HARREMOES et TOPSOE
WIKIPEDIA
Tout en précisant bien que les particules virtuelles dont on peuple le vide
sont des constructions mathématiques utiles liées aux diagrammes de
Feynmann mais non pas des phénomènes observables, les rédacteurs des
articles de Wikipédia s’emploient parfois à justifier le statut des particules
virtuelles.
GUNZIG
Physicien et cosmologiste.
Il introduit un vide quantique dans un scénario de cosmogénèse semi-
classique où un champ universel de substance à l’état vide interagit avec la
courbure de l’espace temps* dont l’expansion* fournit l’énergie nécessaire
à la formation primordiale de trous noirs*.
L’univers a toujours existé mais il a changé d’état*.