X.

Poste frontière Gaillard-Foissard, Haute Savoie

13 septembre 1999

Excusez-moi monsieur excusez-moi on peut passer par là

même à pied excusez-moi il y a des douaniers monsieur parce que
moi vous comprenez j’ai le cancer monsieur ils vont me couper
les organes c’est sûr mon mari n’a pas d’argent pour me payer
de nouveaux organes ils voulaient me foutre du liquide dans les
veines alors moi qu’est-ce que vous voulez monsieur je me suis
échappée de l’hôpital je suis bougnoule vous comprenez et les
bougnoules on ne leur donne pas à manger ils ont des organes
vides faits pour ça pour le jeûne le ramadan tous les jours mon
mari est un pauvre ouvrier il n’a pas d’argent il n’a pas à manger
juste pour lui pas pour moi mais moi je n’en ai pas besoin je
ne mange rien monsieur de la journée rien de rien ils voulaient
me faire une piqûre vous comprenez monsieur dans ces cas-là

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qu’est-ce qu’il faut faire il faut partir partir moi je m’en fous de
ce gars-là mon mari il n’a pas d’argent il n’y a pas d’homme
riche ça n’existe pas alors moi qu’est-ce que vous voulez moi que
je fasse je m’en vais monsieur je m’en vais pour aller où chez un
vieux monsieur très riche il faut vous réveiller monsieur ce sont
les légumes qui vous font ça vous avez raison vous avez raison
c’est dégueulasse rien que du vide là-dedans vous avez raison
rien que du vide je suis bougnoule vous comprenez ils n’ont pas
voulu me soigner mon cancer vous savez ce que j’ai fait monsieur
j’ai frappé mes organes ils vont me poursuivre c’est sûr je suis
bougnoule vous comprenez j’ai volé mon mari je l’ai envoyé à
l’hôpital et j’ai battu des enfants monsieur mes propres enfants et
ça ils ne l’oublient pas ils ne l’oublient pas ils vont me poursuivre
alors qu’est-ce que vous voulez moi que je fasse je m’en vais
monsieur je m’en vais de l’hôpital je n’y retourne plus dans ce
pays vide avec ses organes vides et les gens vides et les têtes vides
et les rues vides qui me montrent du doigt monsieur alors qu’est-
ce que vous voulez moi que je fasse ils m’ont arrêtée ils m’ont
prise par la main d’abord gentiment puis moins gentiment ils
m’ont prise par les épaules et ils m’ont forcée à boire un liquide
monsieur au début ils paraissent gentils ils vous apportent à

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manger mais si vous ne voulez pas manger ils deviendront moins
gentils ils vous foutront du liquide vide dans les veines que vous
le vouliez ou non monsieur mon mari il n’a pas d’argent pour
me payer mon cancer mes organes les vieux là tout pourris tout
bouffés alors vous savez ce que j’ai fait monsieur j’ai frappé mes
organes et le cancer à l’intérieur il n’y a pas d’argent ça n’existe
pas alors qu’est-ce que vous voulez moi que je fasse je m’en vais
monsieur je m’en vais je m’en vais vous n’êtes pas très réveillé
monsieur ce sont les légumes qui vous font ça ?

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 Salah Kaler

Digne-les-Bains
12 décembre 2002

Extérieurement Salah Kaler est un homme Salah Kaler

extérieurement est un homme extérieur Salah Kaler est un
homme ressemble à extérieurement un homme ressemble à un
homme normal vu de l’extérieur Salah Kaler est un homme
normalement humain vu de la normalité Salah Kaler est un
homme extérieurement humain vu de l’extérieur l’homme Salah
Kaler est normalement humain comparé à l’extérieur moyen de
l’humanité extérieure moyenne normale vu de l’extérieur Salah
Kaler porte un petit bonnet extérieur porte une petite barbiche
extérieure porte un petit air extérieur de lutin normal porte un
petit œil extérieur vif moyen normal vu de l’extérieur Salah
Kaler porte une petite plaisanterie extérieure moyenne petite
normale porte un petit appétit normal extérieur grand moyen

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normal porte un petit cerveau moyen normal intérieur extérieur
normal le grand petit cerveau moyen normal de Salah Kaler
est en état de fonctionner normalement à l’intérieur du corps
petit moyen grand normal normal de Salah Kaler fonctionne
moyennement bien à l’intérieur du quotidien moyennement
normalement quotidien du corps extérieurement quotidien de
Salah Kaler mais Salah Kaler n’est pas Salah Kaler n’est pas
un homme n’est pas Salah Kaler n’est pas un homme normal
n’est pas l’homme Salah Kaler n’est pas un homme est un
homme expulsé Salah Kaler est un homme expulsé hors de lui-
même hors de Salah Kaler hors de la norme Salah Kaler est
un homme hors norme un homme sans extérieur fixe expulsé
de lui-même par jets de ses pulsions aberrantes normées sur des
pulsions aberrantes sans hormones fixes Salah Kaler ne peut
que se normer hors des zones d’expulsions errantes ne peut
nommer ce qui l’hors-norme par jets depuis ses pulsions errantes
extériorisées en homme à l’intérieur de la chambre d’hôtel de
Salah Kaler il y a un autre Salah Kaler à la place de Salah
Kaler il y a un autre homme qui intériorise l’espace intérieur
de la chambre d’hôtel d’un autre Salah Kaler assigné ailleurs à
résider d’urgence dans un autre hôtel à la place de son autre il y

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a une autre urgence extérieure ailleurs dans un autre hôtel il y a
l’urgence intérieure de Salah Kaler de désirer son hôte intérieur
il y a à l’intérieur de son autre l’urgence d’assigner d’urgence
son intérieur à l’extérieur de son autre intérieur il y a un Salah
Kaler en urgence intérieure d’expulser son autre intérieur en
résidence à Ouessant à Brest en Haute-Saône à Digne-les-Bains
il y a Salah Kaler en homme d’intérieur à Ouessant à Brest en
Haute-Saône à Digne-les-Bains il y a un Salah Kaler ailleurs
depuis 3327 jours Salah Kaler est un homme résidentiel digne
attend depuis 3327 jours dignement que l’extérieur l’expulse de
sa dignité intérieure l’assigne à expulser de l’intérieur les signes
de sa dignité extérieure sur les murs de sa chambre résiduelle
digne depuis 3327 jours la dignité de Salah Kaler sèche sur les
murs de sa chambre d’hôtel à Ouessant à Brest en Haute-Saône
à Digne-les-Bains attend à l’extérieur des murs de sa chambre
d’hôtel attend que ses intérieurs sèchent les signes de ses pulsions
dignement intérieures à l’extérieur des murs de sa chambre
intérieure depuis 3327 jours dans sa chambre intérieure Salah
Kaler fait passer le temps en scansions régulières homogènes
divisibles mesurables fait passer le temps à l’intérieur de son petit
cerveau mesurable en comptant les motifs du papier peint sur

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les murs de sa chambre d’hôtel fait passer l’homme intérieur de
sa petite conscience digne dans les motifs du papier peint de sa
chambre d’hôtel les motifs en scansions arbitraires irrépétables
incommensurables incomplètes illisibles de façon à faire passer
le temps dignement à sa petite conscience en papier peint il est
digne de faire passer 3327 scansions irrépétables extérieures
homogènes dans la petite scansion intérieure homogène digne
appelée Salah Kaler fait passer l’arbitraire de son cerveau à
compter intérieurement les hommes qu’il a été dignement dans
ces hôtels de Ouessant de Brest de Haute-Saône de Digne-les-
Bains où il a résidé dans les intérieurs au papier peint homogène
qui passent normalement arbitraires dans son cerveau résiduel
qui attend que le temps illisible l’expulse hors de son papier peint
résiduel illisible expulse Salah Kaler attend Salah Kaler expulse
Salah Kaler attend Salah Kaler.

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