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1. INTRODUCTION
Le problème est celui d’enseigner la prononciation d’une langue nouvelle à des personnes
qui disposent déjà d’un outil de communication orale : leur langue maternelle.
2. PERCEPTION ET (RE)PRODUCTION
Les procédés basés sur l’audition de modèles (patterns) à partir de machines se sont
développés dès l’invention du phonographe.
Ces méthodes reconnaissent la primauté de l’audio-oral et par là même forcent les
élèves à l’écoute attentive. Elles présentent des modèles valables de voix authentiques de
native speakers.
Cependant, l’apprentissage en cabine rend difficile l’évocation du contexte
situationnel.
Les zones fréquentielles les plus intenses – les formants dans le cas des voyelles - ne
sont pas nécessairement déterminantes pour l’identification du son.
Au moyen de filtres électroniques, Guberina a cherché pour chaque son isolé la bande
d’octave optimale, c’est-à-dire quand il apparaît à l’oreille normale comme le moins déformé.
Si nous filtrons un [i] ou un [u] dans l’octave optimal de [ ], nous percevons [ ].
Autrement dit, si les sons et les mots sont transmis par des octaves non optimales, ils sont
perçus déformés : l’oreille les entend comme des sons différents.
La détermination des optimales chez un individu donné dépend de sa culture
linguistique. L’optimale de [i] ou de [u], deux sons universels, est différente selon qu’on la
cherche chez un Anglais, un Français, un Russe ou un Chinois. Chacun se constitue
graduellement et inconsciemment un « crible », un système structurant qui est fonction du
système phonologique de sa langue maternelle. Ceci explique l’existence d’un système
d’erreurs conditionné par la langue maternelle des apprenants. Le crible conditionne le
processus audio-phonatoire. Ce dernier peut se modifier ultérieurement en fonction de
l’apprentissage éventuel de celui ou de ceux d’une ou d’autres langues. L’apprentissage d’une
langue nouvelle constitue une gymnastique d’assouplissement de l’audition.
Une personne qui apprend une nouvelle langue n’entend pas ou plutôt ce qu’il perçoit
est bruit au lieu de langage. Il est possible par un conditionnement adéquat de doter ces bruits
d’une valeur fonctionnelle.
Une série de facteurs ainsi que le « crible » (dû au système phonologique de la langue
maternelle) se fondent sur des éléments extra-acoustiques tels que le contexte, l’intelligibilité,
l’attente, la reproductibilité, l’information, et qui appartiennent à la culture et à la personnalité
de celui qui écoute. Il s’agit donc de faire sauter le crible, de l’assouplir et de le modeler par
un conditionnement adéquat.
Il n’est pas si paradoxal d’initier les professeurs de langue aux techniques de travail
avec les malentendants. Il faut « faire entendre ». On utilise la stimulation basse pour corriger
rythme et intonation. Mais pour ce faire, comment inspirer confiance, susciter une
collaboration active ? L’éducateur doit être patient, compréhensif. L’ambiance amical et
sereine entre le rééducateur et le patient est indispensable.
Il faut rechercher un conditionnement du processus audio-phonatoire qui se
caractérisera par une action portant non pas sur la production (expression orale), qui est
cependant son but essentiel et final, mais sur l’émission (stimulus, structure modèle). Le
travail portera sur l’émission et sera guidé et contrôlé par la production.
Le système verbo-tonal d’intégration phonétique met en œuvre une batterie de
procédés servant à réaliser ce conditionnement.
Le professeur recherchera toujours les stimulations les plus favorables du point de vue
de la perception auditive, parmi lesquelles la stimulation psychologique : la motivation.
La perception de l’adolescent ou de l’adulte se fonde sur des facteurs socio-culturels
extra-acoustiques tels que le contexte, la compréhension ou l’attente.
On peut à la rigueur et pour les besoins de l’apprentissage ne pas comprendre (d’une
manière analytique) ce que l’on répète (fait fréquent chez les enfants), cependant une fois que
l’on parle il faut savoir ce que l’on dit.
La correction phonétique opèrera mieux en liaison naturelle avec des stimulations
telles que l’intonation, le geste, le rythme, la mimique, l’affectivité. Guberina parle de
stimulations biologiques ou bio-physiologiques.
Il existe dans la méthodologie audio-visuelle une phase privilégiée, celle de la
répétition.
En français, l’accent vocalique se réalise par une variation de durée, d’intensité et/ou
de hauteur. L’accentuation permet une meilleure identification du timbre, plutôt qu’une
clarification de celui-ci. Par rapport aux voyelles toniques (plus tendues), les voyelles atones
(plus relâchées) tendent à se rapprocher du centre du trapèze vocalique, siège du schwa. Pour
les consonnes, un allongement, c’est-à-dire un ralentissement du rythme ou du temps favorise
le relâchement.
« Elle a ri ? »
« C’est ici ? »
Le recours à la prosodie est utile seulement pour la correction des sons vocaliques. Du
point de vue de la tension, il s’avère efficace de localiser à un sommet/creux mélodique ou
d’intensité les sons mal timbrés.
Le recours à la phonétique combinatoire : on localisera à l’initiale les consonnes
apparaissant comme trop relâchées, on les accompagnera d’une voyelle fermée antérieure ou
postérieure selon qu’il s’agit d’une palatale ou d’une vélaire.
Le recours à la prononciation nuancée est utile si l’élève a tendance à « relâcher » un
son. Dans ce cas il faudra lui présenter ce modèle avec un maximum de tension et
réciproquement.
La phonétique combinatoire nous apprend que les sons s’influencent les uns les autres
et que les effets séquentiels ne peuvent être sous-estimés. On mettra plus facilement en relief
le caractère sombre ou claire du timbre d’une voyelle en l’associant à une consonne
relativement grave ou aiguë. En d’autres termes, on vélarisera ou palatalisera selon qu’on
l’associera à une consonne vélaire ou palatale. La classification des voyelles et des consonnes
sur l’axe clair-sombre permet de déduire la règle générale de la phonétique combinatoire : il
faut associer ce qui se ressemble.
Influence des voyelles sur les consonnes :
Voyelles antérieures (i, y, e) palatalisation
Voyelles postérieures (u, o) vélarisation
Voyelles labiales (y, u) labialisation
Influence des consonnes sur les voyelles :
Labiales, vélaires, laryngées, R assombrissement du timbre
Nasales, sonores assombrissement du timbre
Alvéolaires, post-alvéolaires éclaircissement du timbre
Constrictives sourdes fermeture
Occlusives sourdes ouverture
j fermeture
arrondissement
Influence des consonnes entre elles :
Sonore précédant sourde assombrissement de la sonore
Sourde précédant sonore sonorisation de la sourde
5.3. Récapitulatif