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CONN OISSANCE fe PRATIQUE DES MEDICAMENS “LES PLUS SALUTAIRES, Simples & compofés , officinaux & extepsparanés “ou, magiftraux , internes & externgs / .ovU eee Ss NOUVEAU DISPENSATRE ’ QUI CONTIENT 1°. La Chymie Pharmaceutique. 2°, Les noms, la defcription, les qualités, propriétés , vertus, dofes & ufages des médicamens fimples. 3°. Les préparations & compofitions des Pharmacopées de Londres, d’Edimbourg, &c. 4°. Les formules ou recettes choifies des hopitaux Anglois , celles des Médecins les plus célebres. “ PAR M LEWIS. OUTRAGE TRADUIT DEL ANGLOIS, Avec des augmentations de [ Editeur, : TOME SECOND. Ren? A PARIS, Chez fa Veuve DESAINT , rue du Foin S. Jacques , M. DCC. LXXYV. AVEC APPROBATION, ET PRIVILEGE DU Rot. Sa OO CS AY a VSO | Y ) RS IDO | DES MEDICAMENS. QUATRIEME PARTIE, Préparations Pharmaceutiques. = =SS=SEEE EE we CHAPITRE PREMIER. Des Préparations les plus fimples. Maniere de préparer les fubflances terreufes, & @ancres corps qui nefe difolvent pas dans Peau, eeaea) Es diverfes fubfances terrenfes ou d’un autre : fm| genre, dont on trouve ]’énumération dans cet article doivent recevoir les préparations fui- vantes , pour devenir des médicamens utiles. =" On pile ces corps {€pasément dans un mor- tier, jafqu’d ce quiils foient réduits en poudre trés-fine ; gnfuite on Jes humecte légérement avec un peu d'eau » & 7 re fuc' un marbre dur & liffe, ou porphyre, ome Li, 2° Matiere Médicale. jufqu’s ce quiils foient en poudre impalpable : enfuite on met cette poudre fecher fur une pierre; aprés quoi elle fe garde pendant quelques jours dans un endroit chaud ou du moins trés-fec. Pharmacopée de Londres. “Ceft fuivant ce procédé que doivent étre préparées les fubftances fuivantes. . Le VERD-DE-GRIS , Erugo, _ LANTIMOINE , Antimonium. e ' LeEs PaTTEs D’ECREVISSES DE MER ou Ho- MARTS , Chele cancrorum.: anni LE COoRAIL, Corallium, La CRAIE y Creta. . LE BEZOARD , Lapis Beyoarde - - --= Tandis qu'on byoie cette fubftancé fur Je porphyre » on doit I'humecter avec de Ilefprit-de-vin au lieu déau. PA. de Londres. 5 . La PIERRE CALAMINAIRE y Lapis calaminaris. On prend ou Ia pierre calaminaire qui a été calcinée pour ~ Vufage de ¢eux qui font du cuivre jaune’, ou lorfqu’on ne peut pas avoir la calamine dans cer état , on calcine le minéral , en le faifant réugir.au feu jufqu’a trois fois » & en I'éteignant autant de fois dans de I’eau. * > La PrERRE HEMATITE y Lapis hamatitls. La PIERRE D'Azur, Lapis lazuli. .. LEs PERLES , Margarita. Les YEuX D’EcREVISSES , Oculi cancrorum. LEs EcaILLes DHUITRE , Oftreorum tefta. Elles doiveiit étre bien lavées & nettoyées dé toute Jaterre qui s’y attache. PA, de, Londres, an - On peutencore les préparer comme il fuit. Expofez les écailles d’huitre quelque tems au foleil : ‘pilez-les dans un mortier de marbre , jufqu’é ce qu’elles forment une ef- pece de pate; faites {Scher cette pate au foleil , enfuite royéz-les de manieré qu’elles foient ¢n poudre impal- pable : on préférera les écailles ou battans inférieurs. PA. d@’Edimbourg, . ® Le médicament fe trouve , proportion gardée, en plus grande quantité dans 1’écaille inférieure , qui eft plus ‘€paiffe & plus remplie d’inégalités , que dans les écailles. oinces & moins raboteules. Préparations fimples. .% ~ Ls CoQUILLES D'@UFS , Ovorum tela, — “On fait bouillic les coquilles d’ceufs dang l'eau, pour que la pellicule qui les tapiffe intérieurement , s'en dé- tache. PA. de Londres. LE SUCCIN, L’AMBRE_ JAUNE , Succinum. La TuTHie y Juha . En préparant l'antimoine y la pierre calaminaire &. Ja tuthie , il faut avoir un foin particulier de les réduire en une poudre auffi fubtile qu'il eft poffible. PA, de‘Lond. - Lorfqu’on prépare un grande quantité des poudres précédentes, on eft dans l’ulage de les broyer dans des- moulins faits pour cela , & compofés de deux pierres. plattes & circulaires , dont la fupérieure tourne horifon-. talement fur l'inférieure, 8 a une ouverture pratiquée dans fon milieu pour fournir au moulin de nouvelle ma- tiere a broyer ou reverfer celle qui a déja paffé fous les meules , ce qu’on fait jufqu’a ce qu’elle foit au degréde fineffe que l’on defire. On a fubftitué avec avantage cette machine 4 une table de pierre dure , fur laquelle on pro= menoit une autre pierre faite en pain de fucre. Quand ona des fabftances trés-dures 4 réduire en pous dre fine, on doit avoir grand foin que les inftrumens » quels qu’ils foient , ayent affez de dureté pour n’ttre point: agate fans quoi ce qui fe détacheroit de ceux-ci fe trouveroit male avec les poudres. Pour la pierre hématite, ui eft une mine de fer dur, on fe fert avec plus de ccés de deux plaques de fer ; car fi on fe fert des pierces qui font d’ufage pour les porphirifations , la pou dre contiendra prefque.autant de cette matiere étrangere, que de la pierre hématite méme. 0 On eft dans l'ulage d’humecter plufieurs poudres , tandis qu’on les porphirife, ou avec l'eau de rofe , oa . avec l’eau de méliffle , ou avec d'autres eaux ini 3 ces eaux n’ont cependant en pareils cas aucun avantage fur l'eau ordinaire, puifqu’elles fe diffipent néceffaire- ment dans la déficcation des poudres , & qu'elles laiffent le médicament pulvérifé avec les feules vertus qu’on au- roit pu également en attendre y fi on l'eit préparé foi- goeufement & & moins de frais avec de leau. « Ifetrouve a la vérité quelques a qu'on réutig y z Matiere Médicale mieux broyer » quand on les humecte avec Pefbrit-de! vin , que lorfqu’on y emploie de Feau, C’eft ainfi que 1a coulear verte du bézoard , qu’on s'attend a trouver &» cette préparation couteufe , devient beaucoup plus belle . par ce moyen. I! eft 4-propos d’ajouter un peu d’efprit- de-vin aux autres fubftances*animales , quand il fait fort chaud, & qu’on en prépare en méme tems une grande icé ; on prévient par-la , ou du moins on retarde leur putréfation ; altération qu’elles éprouvent quelque-; fois, en pareilles circonftances, lorfqu’on les humeéte avec de l'eau fimple. Les yeux d’écreviffes, qui.contiennent eu abondance une matiere animale gélatineufe , font {pé- cialement fajettes A cette altération. : Le confeil ges Von a donné ci-deffus de réduire l’anti- moine , la calamine & la tuthie en poudre de la plus finefle poflible , demande une attention particu- liere. La délicateffe des parties fur lefquelles les deux: dernieres s‘appliquent ordinairement , exige qu’elles foient abfolument exemptes de toutes particules groffie~ res irritantes. * Siles particules d’antimoine ne font pas exactement réduites on re impalpable , non.feulement elles peu-. vent bleffer !'eftomac par {es pointes en forme d’aiguilles, maais elles n'auront aucun eflet comme médicament,, ow elles deviendront un fardeau incommode pour I'ettomac » oa, ce qui fera le moins nuifible , elles fortiront du corps, fans aucun autre effet fenfible que celui d’avoir augmenté les évacuations des excrémens ; au lieu que fion réduit ce minéral en une poudre de la Pas grande fineffe , il de- vient un médicament d'une efficacité trés-marquée. La metlleure méthode & fuivre pour avoir ces poudres @ane finefle ou ténuité convenable, c’eft de laver les parties les plus fines avec de |’eau ( voyez Partie I.) , 8 de continoer a broyer le reftant » jufqu’a ce que le tout devienne affez fin pour demeurer quelque tems fufpenda dans un fluide. C’eft am procédé inféré ‘dans la Pharma d'Edimboarg. Voici comment il y eft décrit. lettez dans un grand vaiffeau la poudre porphirifée verfez deffus une quantité d'eau, fecouez plufieurs fois te vaiffeau, ou du-moins agitez ce qu'il comient, aio , ‘Préparasions fimples, ¥ que les Lee les plus fines de la poudre puiffent fe ré- pandre dans Je fluide ; faiffez le tout en| repos quelques minutes , enfuite décamer la iqueur, & laiffez.la tran quille jufqu’a ce que la poudre fe foit précipitée. Les ae ‘ened srottieres qui eeseed pas Paes Meas foes, fai ues dans l'eau , feront porphyri non veau , & enfuite traitées dela méme maniere. | Ceften fuivant ce procédé que Pon prépare Vantimoine, fa pierre calaminaire , 1a tuthie, fa pierre hématite , la eraie , le lapis lazuli. PA. d’Edinsbourg. Cette méthode , que fon fuit ordinatrement quand on prépare les couleurs pour ia peintare , eft le-mea- ‘feur moyen d’avoir des poudres'auffi fines ou fabtiles qu'on le fowhate , & fans te momdre mélange de ces parties grofiieres qui fe trouvent fouvent dans tes pou- dres que Yona porphyrifées plofieurs fois ; qaoiqu’on Faic fait avec te plus grand foin; toares tes matieres ‘un peu groffieres fe précipitent promprement apréste mélange » -au dieu que la pondre 1a plus fine fe tient fulpendue dans Yeau d’autant plus long-tems qu'elle eft phus fibtile. Ce procédé peut semployer également.avec avanta: pour avoir en poudre trés-fine les autres corps durs du regne minéral qui peuvent fe réduire en poudre , ou : rEparations artificielles , pourvu quiils ne foient spas ni folubles dans l'eau , ni {pécifiqaement plus iégers qu'elle. On ne doit pas traiter de cette maniere les poa- ‘dres abforbantes & animales, telles que les pattesd’é- creviffes de mer, ‘les écailles d'huitres , les coquilles d’ceufs , la ‘craic, tes perles, Je corail & le bézoard 5 au refte elles n’en ont pas befoin pour ‘tre mifesion pou- dre. Ces fabftances fe.diffolvent facilement dans ‘les fues acides , fans qu'il {oitnéceffaire de les beaucoup broyer. Si les premieres voies ne-contiennent aucun-acide , ces res font fajettes’ former, avecla matiere muqueufe gui s'y trouve ordinairement , des.ma(fes.dures-8z indif- folubles ; plus elles (ont fines, plus elles font propres & former de femblables concrétions , & capablesd’obftruer Ies orifices des petits’ vaiffeaux. Voyez Partie IL. | Ait 6 Matiere Médicale. ‘Purification du Sain-doux & du Suif, wt Ph. de Londres. an -Coupez.en petits morceanx le lard de porc & le . fuif de mouton , faites-les fondre 4 une douce chaleur y - eny mélant un peud’eau , & {€parez-les d’avec les mem- _ branes & leg fibres. PA. de Londres. On y mélede l’eau pour empécher la graiffe de briler & de noircir ; ce que l'eau fait effeivement , quoiqu’ele -rende, en quelque facon, le procédé plus long , & que la graiffe en imbibe une partie. . o. La Pharmacopée d’Edimbourg confeille de féparer d’a< bord la graiffe d’avec les peaux , les vaifleaux fanguins ‘& les fibses, de la laver pour lors.dans l'eau fraiche 8& dans plufieurs eaux, jufqu’a ce qu’elle ne teigne plus ‘Peau en rouge ; aprés quoi on y prefcrit de la faire .fondre, de la paffer & de la tenir 4 I'abri des injures de Yair. Les Apothicaires font ordinairement fournis de graifles toutes préparées. Purification de la Graiffe de Vipere. Ph. de Londres. Prenez la graiffe détachée des inteftins de Ja viperey faites-la fondre & une douce chaleur, enfuite paffez-la pag une toile. Ph, de Londres. .- La quantité de graiffe qu’on purifie pour lordinaire & la fois, elt fi petite , qu’on peut facilement régler la cha- leur de maniere a éviter qu'elle foit brilée, méme fans méler d’eau. Il n’eft pas néceffaire de ne chercher 4 en- que la graiffe de la vipere,, il fuffit de rejetter.le coeur y le foie & les autres parties qui contiennent du fang: ce qui refte , & qui-n’eft point graiffe, fe ramaffe pendant que la graiffe fond, & -peut s’en. féparer facile~ ment en la paffant par un linge ferré. : Depuration du Miel, h. de Londres, Faites fondre Je miel'au bain-marie , c’eft a-dire dans un vaiffeau qui foit plongé dans un plus grand vaiffeau ou Preparations fimples. 7 rempi-d’eau chaude ; enlevez & rejettez l'écume qui séleve a la furface du miel fondu. Le but de cette opération eft de purifier le miel de la Gre & des autres matieres groffieres , qui peuveng s'y étre mélées , tandis qu’on exprimoit fortement fous la pete les gateaux de miel pour en faire fortir cette fub- nce. Cette dépuration eft encore néceffaire pour par- ger Je miel , de la farine & des autres matieres avec le% quelles les mal-honnétes gens le fophiftiquent. Lorique fa chaleur a fondu le miel & I'a rendu trés-liquide , ce quil contient de plus léger s’éleve 4 la furface de la li- queur. ‘ Cuiffon de fOignon de Scille. Ph. dé ‘Londres. Enlevez & Voignon de {cille fa pellicute extérieure , Se fa partie dure a laquelle fes racines fibreufes font atta- chées ; renfermez cet oignon nettoyé dans une pate faite avec de la farine & de l'eau, & mettez cuire dans un four , jufqu’a ce que la pate foit devenue feche, & ta {cille molle & tendre par-tout. Cette préparation de fcille eft auffi ancienne que celle de la thériaque , 8¢ on continue a la mettre dans nos Dif- penfaires » uniquement parce que la ‘cille ain préparée ef Vingrédient principal ou la bale des trochifques dé {cille. La Pharmacopée d’Edimbourg n’ayant pas confer- vé la thériaque , a auffi rejetté la {cille cuite & festrochif ques ; dés auparavant elle ne les avoit confervés que par déférence pour la coutume , & elle donnoit Ja préférence ala fcille elle-méme defféchée légérement. Le but que Yon fe propofe en faifant cuire la {cille, c'eft de dimi- nuer fon acrimonie. Deffication de la Scillee bh. de Londres. Otez A Foignon de {cille fa pellicule extérieure feche & le talon du chevelu , coupez tranfverfalement Ia {cille €0 petites rouelles minces, & faites-la deffécher 4 une chaleur fort douce. At a oe : A iz. » ‘Matiere Médicale. i, La fcille fe defleche bien plus vite par cette méthode } que lorfqu’on ne fait que féparer fes différentes taniques, comme 0n le confeille ordinairement, la fubftance interme tant alors mife a découverte , ce qui n’atrive pas quand on ne fait qa’écailler ou effeuiller loignon, chaque écaille étant enveloppée dans une membrane patticuliere qui em- @che la partie charnue ou fucculente qu'elle contient de deffécher promptement. La {cille perd dans cé protédé quatre cinquiemes de‘fon poids haturel’; les patties qui s’exhalent paroiffent étre fimplement aqueufes'; Ceft pour= quoi fix grains de la racine defféchée ont autant de force ou d'action qu'un demi-gros de Ia racine fraiche, circon- ftance a laquelle on’ doit avoir beaucodp d’attention, quand on prefcrit l'afage de ce médicament. Dans les récédentes éditions de notre Difpenfairey on a recom- mandé d’avoir la précaution de he pas couper loignon de {cille avec un coutéau de fer, mais de fe fervir d'un couteau de bois , d'ivoire on de quelque autre efpece dos ; deux motifs doivent'engager 4 prendre cette pré- caution : l’un, ceft que la fcille pourroit étre altérée pae jes parties métalliques que fon fuc Acre détacheroit du couteau de fer ; fautre motif plus puiffant eft, qu’ane bleffure faite avec tn inftrument chargé du fuc acrimo- nieux de Ia {cille , devient extrémement doulourcufe, & méme dangerette, Torréfattion de la Rhubarbe & de la Noix-mufcades Ph, de Londres. Faites griller ou rdtir ces médicamens 4 une chaleur modérée , jufqu’a ce quills foient friables ‘ou aifés & réduire en pouffiere par la preffion des doigts. Les mufcades font fi. huileufes & fi on@ueufes dans leur état naturel’, qui’on ne peut pas parfaitement les ré- duire en poudre , forme fotslaguelte elles font quelque- fois néceflaires. On a’ €galement beaucoup de peine & avoir en poudre la rhubarbe, 4 moins qu'elle ne foir parfaitement feche. La torréfaction rend ces deux fnb- flances faciles 4 pulvérifer, & auffi-tdt qu'on a obtenu ce point, on doit aufi-tét la cefler, autrement ces médi- Préparations fimples, eamens feroient contidérablement altérés, 8¢ dés-lore moins efficaces. Quelques-uns prétendent que Ta torré- faGion augmentela vertu aftringente de ces médicamens; mais peut étre cela n’eft-il pas {utfifamment pronvé ; elle rend certainement la rhubarbe moins purgative, & les mufcades moins aromatiques. On peut avoir ces médica~ mens en partiés aufii fines quil eft befoin pour Ia plipart de leurs ufages en Médecine , & fans qu’elles fe trouvent altérées en aucune maniere ; il foffit pour cela de les grater ou raper Iégérement. Calcination de f Eponge, Ph. de Ponce Faites briiler !'€ponge dans un vaiffeau de terre exac- Tement fermé, jufqu’a ce qu'elle foit devenue noire “&c friable ; alors ‘pulvérifez-la dans un mortier de verre toa de marbre, ‘Ce médicament auduel on a récemment donné place ‘dans la Pharmacepée de Londres, eft d’ufage depuis un tems conlidérable , & a été employé avec fuccés contre Tes affections écrouelleufes & les maladies chronique’ ‘de la peau, a la dofe d’un fcrupule. Ses vertus femblent dépendred’un fel volatil formé fur le champ » 8& combi- né avec fa propre huile. Sion foumet I’éponge & Ia diftil- Tation , en lui'faifant éprouver urie chaleur un peu forte » elle donne une affez grande quantité de ce fel volatil fous Ja forme ordinaire , & ce moyen eft fi propre 4 dégager Ye fel volatil ‘contenu dans cette fubftance, que fi enfuite Téponge brilée du calcinée fe pile dans un mortier de ‘cuivre , le fel corrode ce méral , de maniere a en con- ‘tra@er un goit défagréable, & quelquefois une qualité émétique- . Quelques Autears recommandent , comme des reme= ‘desutiles dans plufieurs maladies différentes, lesabeilles, les vers de terre, & d’autres fubftances animales , calci~ ‘néesde la mémemaniere que ’éponge ; mais ces diver- ‘fes matieres contenant une beaucoup moindre quantité de ce fel volatil , qui eft le produit du feu, que n'ena Téponge , ily a-grande apparence qu’elles lui font infé- 10 Matiere Médicale, rieures en vertu médicinale. De toutes les fubftances animales qui ont été foumifes aux mémes épreuves ; les cocons de {foie cruds font la feule qui produife autant de fel que de I’gponge , quelquefois méme on en retire da= vantage & pfSportion , que de celle-ci. Il taut beaucoup d’expérience pour conduire ce pro- cédéa fa perfetioa. L’éponge doit étre coupée en petits morcedux y & enfuite pile dans un mortier durant quel- que tems, pour en {éparer toutes les matieres pierreules, . qui s'y trouvent pour l’ordjnaire en telle quantité, que comparées avec le poids de I’éponge , quand elle eft préparée, elles forment fouvent une partie confidérable du poids qu’elle avoit précédemment ; il faut difconti- nuer de briler , auffi-tét que la matiere eft devenve tout- a-fait noire. Si on en prépare a la fois une grande quan- tité, les parties extérieures , c'eft-a-dire celles qui tou- chent les parois du vaiffeau , feront aflez brilées , avant que l'intérieur , ou ce qui eft dans le milieu de la maffe , foit attaqué par le feu, & le fel volatil de l'éponge cal- cinée fera diffipé en partie, avant que celui de I'éponge far laquelle le feu n’a pas encore agi, foit formé. La meilleure maniere d’éviter cet inconvénient , eft de re- amuer continuellement I’éponge , dans une machine pas reille 4 celle dont on fe fert pour griller le café. Calcination de la Corne de Cerf. Ph. de Londres, Faites briler des morceaux de corne de cerf dans le fourneau d’un potier de terre , jufqu’ece quiils devien- nent parfaitement blancs, aprés quoi vous les ferez broyer & porphyrifer de la méme maniere que les autres corps terreux, : Dans cette calcination de la corne de cerf, ona pour but de priver, a l'aide du feu, cette fubftance animale de I’huile , du fel, & des autres parties volatiles qu'elle contient , de maniere qu'il ne refte qu'une terre animale blanche & infipide. Pour réuffir, il faut un feu violent , & une communication avec lair libre. C’eft pour plus grande commodité qu'on fe fert fimplement d'un four- ; Preparations fonples. 1x neau de potier de terre ; lorfqu’on n’en a pas 4-fa portée, ‘on peut fe fervir d’un fourneau ordinaire ou d'un podle ; il fane étendre du charbon allumé fur la grille du four- neau, & par-deffus on place une rangée de cornes, puison metan lit de charbon nonallumé , & ainfialternativement dans toute la hauteur du fourneau y jufqu’a ce qu'il foie rempli- Le tout brile avec violence , le charbon fe ré- duit en-cendres , & les cornes fe calcinent jufqu’a de venir blanches, fans perdre Jeur forme naturelle , par Yaquelle on peut les diftinguer Facilement d’avec le char- bon; on doit les enlever aufli-tdt qu’elles refroidiffent y pour les empécher de s'imprégner d’aucun fel fixe des cendres végétales que l'air a humectées. Les cornes ont ona tiré par la diftillation leur fel volatil ou leur huile volatile , font également propres a cet ufage qu’aucunes autres cornes , la diftillation n’enlevant que les princi- pes qui dans ce procédé-ci fe diffipent dans lair. La corne de cerf calcinge eft la plus pure des poudres abforbantes animales ; car elle eft exactement privée de toute matiere muqueufe & on@ueule, dont la plipart des autres font remplies. Néanmoins il paroit que cette pou- dre eft un plus foible abforbant que les autres, ou du moins qu'elle fe diffout plus difficilement dans les li- queurs acides, Extratlion des Pulpes. Ph. de Londres. On doit faire bouillir les fruits pulpeux fecs » ceux qui font mars, comme ceux qui ne le font pas, dans une petite quantité d’eau , jufqu’a ce quiils fe trouvent am@lis ; pour lors il faut preffer la pulpe, & la faire affer par un fin tamis de crin; aprés quoi on la met Pouillic jufqu’a ce qu'elle foit d'une confiftance convena- dle, ce qui fe Fait dans un vaiffeau de terre fur un feu modéré ,: &. en ayant foin de Ja remuer continuellement pour I'empécher de briler. On fera bouillir de la méme maniere les batons de caffe, jufqu’a ce que la pulpe fe fépare facilement d’avec fon enveloppe & fes noyaux ; aprés quoi on Ja réduira & une confiftance convenable en faifant évaporer l'eau, n 2 _ Matiere Médicale; Les pulpes des fruits qui font mars & récens , doivent etre paffés par un tamis, fans avoir été foumiles prée zédemment 4 aucune ébullition. Purification du Storax: Ph, de Londres. Tenez le ftorax calamite dans de l'eau chaude , juf- qu’a ce quil foit devenu mou; preffez-le pour lors entre deux plaques de fer chaudes , & féparez de l'eau. le ftorax qui fe trouve dés-lors purifié, Le ftorax ordinaire a trés-grand befoin de purification il contient une quantité confidérable d'une matiere tignea- fe gu’on lui dte parce procédé & qui d'ailleurs eft fujetre & certains inconvéniens. La fubftance ligneufe garantit, en quelque facon , le ftorax de l’a@ion de la prefle, & en retient une partie : en méme tems il fe diffipe une partie contidérable de fes. principes volatils dans lefquels réfi- dent Yodeur & les principales vertus du ftorax. Pour aides ce dernier inconvénient , autant qu'il eft poffible,. 'opérateur doit éviter avec foin d’employer dans ce pro- cédé un degré de chaleur plus grand que celui dont il a abfolument befoin , & fe hater de paffer au tamis de crin le ftorax dés qu'il eft fufhfamment liquéfé. On a demandé fi cette réfine ne communique aucun de fes principes 4 l'eau dans laquelle on la fait bouillir, & fi, de méme que le benjoin , auquel le ftorax reffemble par- les autées caracteres pharmaceutiques , celui-ci ne com= munique pas a l'eau une matiere faline femblable aux fleurs que le benjoin donne dansla fublimation. Les -— que l’on a faits pour réfoudre ce doute, n’ont fait obt nir aucune matiere qui fe fat {éparée du ftorax dans l'eau bouillante , quoique cette eau fae confidérablement im- prégnée de fon odeur. Le ftorax peut fe purifier parfaitement par le moyen deVelprit-de-vin , dans lequel cette réfine fe diffout de facon a paffer par le filtre , en ne laiffant deffus que les impuretés ou corps étrangers qu'elle contient. Si on a befoin de donner le ftorax fous une forme folide , on peut le retirer d’avecle menftrue en faifant diftiller doucement Priparations fimples. 17 Pefprit-de-vin qui n’enleve qu'un peu de fodeur du me- dicament , ou en y verfant une certaine quantité d’eau. Voyez chapitre vj. fet. 3. L'’Opium purifid, Vextrait d Opium, Textrait Thébaique ; Opium colatum vel extra@um Thebaicam., Ph. de Londres. Prenez une livre d’opium coupé en petits morceaux » faites-le bouillir dans une chopine d'eau ju(qu’a ce qu'il ait acquis la confiftance d'une pulpe » remuez ce mé- lange pour empécher lopium de briller ; 8 pendant que Ja déco@ion eft chaude , paffez-la dans un blanchet en rimant fortement le réfidu ; la colature s’expofe fur le feu, ou au bain-marie , mais une chaleur dauce , ju qu’2 ce qu'elle ait acquis la confiftance ordinaire a !’o- pium. L’opium ainfi amolli par une petite quantité d'eau , paffe enentier par le filtre ; il ne reffe deftus que lesimpu- retés & les corps étrangers. Si on l’avoit diffout dans une grande quantité d'eau , fes parties réfineufes (¢ feroieng féparées des parties gommeufes. Lorfqu’on purifie une grande quantité d'opium 4la fois, il ef plas commode de le faire épaiffir au bain-marie moais fi on en prépare peu, il fuffira, pour lui donner la confiftance convenable ; de placer le vaiffeau fur un feu doux , en ayant attention de remuer lopium avec une fpatule, & déloigner le vafe du feu toutes les fois que Ton croira que le médicament eft trop échauffé. Les parties impures que contient ordinairement I’o- Ppium, font trés-différentes de celles qui font dans le fto- rax: elles confiftent principalement en matieres farineu- fes ou pouffieres , qui font fi fines , qu’elles paflent avec opium par le blanchet , lorfque la forte expreffion écarta les fils de fon tiffu; on le voit clairement quand on fait bouillir !opium purifié & fileeé d’abord dans de l’eau , & enfaite dans de I’efprit-de-vin ; pour lors il refte une quantité confidérable de matiere qui n’eft foluble dans dun ni dans l'autre de ces menftrues. oe Les autres gommes, telles que la gomme ammoniaguey 14 _ -Matiere Médicale, le galbanum , Vaffa fetida, & autres femblables, fe puri- fient de la méme maniere , mais avec cette petite diffS~ rence , qu’on peut fans inconvénient y employer une plus grande quantité d’eau que dans la purification de fopium. S'il arrive que la partie réfineufe fe précipite au. fond duvafe, dtez-la, & la réfervez pour la remettre avec le refte vers la fin de I’évaporation , atin que les par= ties rélineufes & gommeufes fe.mélent , & forment une maffe ou elles foient également répandues. : Toute gomme qui fe fond facilement , comme le gal- banum, peut auffi fe purifier en la renfermant dans une veffie , & en tenant la veffie dans l'eau bouillante, jul qu'a ce que la gomme foit devenue aflez molle pour pou-: voir étre fEpacée de fes’ parties impures en la faifane paffer a travers une groffe toile. : Durant les opérations précédentes far l'opium & les: gommes, il faut avoir foin que la chaleur ne foit ni trop: grande ni continuée trop long-tems , parce qualors if s‘éleveroit & fe diffiperoit une quantité confidérable des: principes volatils les plus a&tifs , inconvénient que l’on he peut Eviter entierement ; c’eft pourquoi il faut , com- me le confeille la Faculté de Médecine de Paris dans. fon Codex, préférer pour lufage interne les larmes ou maffes les plus pures de ces gommes dans leur état natu- rel, aux gommes purifiées. 2 La feconde méthode que nous avons propofée , celle d@amollir les gommes dans une veffie que l'on plonge dans . Je bain-marie , fans y ajouter d'eau , nous paroit étre préférable pour les gommes , que l'on peut liquéfier de cette maniere , au point de les faire paffer a-travers une toile. Par ce moyen il ne fe diffipe aucun principe du médicament pendant qu'il fe liquéfie ; & le refroidiffe+ ment feul fait reprendre a la gomme {a confiftance natu- relle , fans quiil foit befoin de lui faire éprouver la cha- leur affez conlidérable qui, dans la premiere méthode y eft néceflaire pour faire évaporer Peau qu'on a ajoutée. L’opium perd peut-étre moins que les autres gommes.y par cette premiere facon de le liquéfier , fes vertus pa- roiffant réfider dans (es parties fixes plutS: que dans fes Principes volatils ; il feroit cependant a-propos qu'on Préparations fimples: ry. confervat & l’opium fon odeur , autant que cela eft pofli- ble, puifqu’une marque de fa bonté, elt l'odeur , qui fe perd totalement par une longue évaporation y celle qu'elle devient néceffaire lorfqu’on a employé une grande quan- tité d'eau. . Dans la Pharmacopée d’Edimbourg, on ordonne de diffoudre opium, l'aloés, & les autres gommes-réfinés qui ont beloin d’étre purifiées ; on ordonne, dis-je » de les faire fondre dans une quantité d’eau fuffifante , 8 en les expofant & une chaleur douce , de paffer les diffo- lutions , & de lés faire évaporer jufqu’a ce qu’elles aient acquis la confiftance du miel; & on dit qu'il n'eft pas néceffaire de purifier les autres gommes. TL auroit ae a défirer que lon edt déterminé avec plus, de précifion , quel degré de confiftance il faut donner & ces diffolutions , principalement pour l'opium , afin qu'il y ett le moins d’incertitude qu'il eft poffible , dans la dofe de ces médicamens , & {pécialement de l’opium. Préparation des Cloportes. Ph. de Londres. Les cloportes doivent étre renfermés dans une toile claire, & fufpendus au deffus de I’efprit-de-vin chaud dans un vaiffeau bien fermé, jufqu’a ce que la vapeur les ait fait mourrir , & rendues feches & friables. : Ph. d’Edimbourg. On renfermera les cloportes dans un vaiffeau conve- nable, qu’on expoferaa une chalear fort modérée , ju qu’a ce que ces infectes foient fecs. Dans ces deux procédés, les cloportes deviennent également propres & mettre én poudre , fans quill y ait @ craindre qu’ils perdent rien de leurs vertus, als. Ca? 16 Maticre Médicale, CF CHAPITRE IL Subflances extraites des Végéaux par expreffion. SECTION L Les Sucs des Plantes, L® fucs des végétaux fe tirent deleurs patties fucculen- tes, Ces parties des plantes étant nettoyées des corps étrangers, & lavées , On les coupe groflierement , puis on les pile dans un mortier ; enfuite on les renferme dang un fac de crin que l’on met entre deux planches de bois » fous une preffe que'l’on fait agir tant qu'il fort un peu de fuc de la plante. Quand on fe propofe de retirer le fac de fruits durs » il faut qu’ils aient étt réalablement concaffés ou moulus; pour les herbes , il fuftit qu’elles foient modérément écra- {Ges ; car fi elles étoient en bouillie , 'action de la prefle feroit fortir une grande quantité de la matiere herbacée. avec le fuc. Les (acs de laine & de chanvre font fujets & communiquer une mauvaife odeur aux fucs ; leurs les fils de ces facs s’enflent 4 mefure quills s'imbiBtnt de Vhumidité des fucs , ju(qu’a empécher le libre écoule- ment des fucs qu’ils renferment. Les fucs fluides que l'on retire, par expreffion, des plantes Iégérement acides des plantes Acres , comme le cochléaria & le creffon de fontaine, des plantes trés-aci« des, telles que l'ofeille, des plantes laiteufes, comme la lai- tue, & de plufieurs autres végétaux fucculens ; ces fiics dis-je , contiennent la plus grande partie du gofit, de Vodeur & des vertus qui appartiennent 4 ces diverfes fubftances ; au lieu que les fs que I’on extrait de la plapart des herbes aromatiques , telles que la menthe i: Sxucs exprimés. 17 fa méliffe de Moldavie , appellée baume de Gilead, ¢ fervent 4 peine une foible odeur des plantes , & font peu diffé&entes des décudctions de ces plantes taitesavec leauy & gae Yora fait bouillir jutqu’a ce que Icurs parties vo= lailes odorantes fulTent diffipées. I] y a pluweurs fleurs odoriférantes , telles que le lys , Ja violecte, la jacinte , dont le fuc tiré par expreffion n’a pas leur odeur , celle-ct fe diflapant entierement 4 mefure qu'on les broie. Faute davoir fait attention 4 ces phénomenes particuliers, des Praticiens ont été trounpés fur les effets qu’ils attendoient des préparations de ce genre; par exemple, ona fou- vent drefcrit des fucs de menthe comme ftomachiques 5 quoiqu'ils n’euffent aucune des qualités qui donnent cette’ verta a la menthe & a {es préparations. . - Les fucs que l'on oblige aint & ‘ortir des plantes par ane preffion forte, different un peu de ceux qui en dé& eoulent naturellement ow par les incilions qu'on leur a faites , ces derniers fucs étant principalement des fluides travaillés par la nature dans des vaitfeaux différers des autres, ou qu'elle a dépofés dans des réfervoirs qui leur font deftings , & non pas ces fucs aqueux répandus dans toute la fubftance du végétal & communs tous les vé- gétaux ; parexemple , fi on fait des incilions a dessétes de pavots, il'en fort une liqueur laiteufe, épaiffe, qui €prouvant ane chaleur modérée , fe feche & forme ]’o- ps 3au lieu que le fuc que rendent ces tétes mifes fous preffe eft d'un verd noir, & n'a les vertus de Yopium gou’a un foible degré. os Les fucs des plantes font ordinairement épais ,- vif= queux , & fort impurs, quand ils font nouvellement exprimés ; la filtration en tépare beaucoup de matiere groffiere , ce qui les rend moins épais, plus limpides , 8 lus propres aux ufages de la Médecine , fans qu’ils foient encore parfaitement purs ; car fi on les laifle en repos, ils deviennent troubles , & font fujets 4 entrer en fermentation ou en putréfaction. La clarification faite avec des blancs d’ceufs rend les facs plus légers , plus limpides , plus purs; mais il y ena fort peu qui puiffent fapporter cette opération fans perdre beaucoup de leur edeur , de leur got & de leur vertu. 2 Tome Il, ; 7 183 Matiere Médicak. La meilleure méchorle de purifier & de conferver cee’ Hqueurs » Celt de mettre Jes Augs filtrés dans un endroit rais » & de les y laiffer fans las remuer , jufqu’a ce qu’ils ajent dépofé leurs fécules ; enfuite on les paffere par un filtre fp & 4 plufjeurs reprifes , jfqu’d ce qu’ils loiear peicuest clacifiés ; pour lors on peut y ajouter de ‘efprit-de.vin , days la proportion d'un quarantieme du poids des fucs , & on laifle repofer le tout comme ‘auparavant ; la liqueur dépolera dg pouveain, & alors on Ja (éparera de 1a _matiere dépolée, puis on la paffera encore : & pour Ja copferver en bon état, on la meura ge deg bonteilles qu’on agra précédemment lavées avec de I'efprit-de-vin, & bien féchées, On doit yerfer un peg d'buile fur la furface de ces fucs en bouteille , de facon que calles » pas plus pale que le vin blanc de France, ni plus fon- » Cée que le vin blanc d’Efpagne , & elle doit étre tout » aufli claire. Si vous ne vous appercevez pas en la bus » vant, d’une vapeur fubtile, & comme fpiritueufe , » vous pouvez juger qu’elle’n’eft pas bonne. On peut la » boire froide ou chaude ; je crois qu'il vaut mieux la » prendre chaude dans les coliques. Quant a la quantité, » il faffic d’en prendre une chopine par jour dans les » maladies chroniques ordinaires ; il faut la boire ayane » l'eftomac vuide , en deux ou quatre fois, le matin & » le foir , environ deux heures aprés le déjedner & le » diner ; les perfonnes qui ont un eftomac fort, en peu- » vent prendre davantage ; mais celles qui font attaquées » de maladies dangereufes & invétérées, doivent en » boire une plus grande quantité , une pinte pour le 30. . Matiere Médicak, >» moins toutes les vingt-quatre heures. Tous les malades » qui font dans pareils cas , doivent continuer long-tems » Yufage de ce médtcament, ainfi que de tousles autres . 9 remedes ; car quoiqu’ils foient efficaces, il eft naturel » gue a guérifon des maladies chroniques invétérées ne os fe faffe que lentement. Dats les maladies aigués, par » exemple dans toutes les fievres , il faudroit boire » cette infufion de goudron chaude y au lit, & en grande » quantité , jufqu’d une chopine par heure. On [gait que » ceux qui ont la fievre peavent boire béaucoup , & j’ai » va l'eau de goudron opérer des effets furprenans ge » cette fagon. Quelquefois auffi elle opere fi vite, 8% » fortifie tellement , que des malades f€ croyent guérisy >» avant que fa fievre les ait entierement quittés. Eau de Chaux frets: fire Calcis fimplex. |. ae Londres, Prenez de chaux une livre : : d’eau cotnmune doze livres. Verfez eau peu-4-peu fur la chaux; & tant quill fera de I'ébullition, taiffez le mélange tranquille ; énfulte faites filtrer ‘la liqueur par le papier. d’Edimbourg. * Prenez de chaux nouvellement faite une livre : d'eau commune feize livres. Verfez l’eau peu-a-peu fur a chaux , & lotfque I'é= bullition fera ceflée, agitez fortement le vaiffeau ; en- fuite laiffez le mélange en tepos, afin que la chaux fe pté- cipite au forid du vaiffeau , & au bout de deux jours fil- trez_la liqueur, vous confetvetez fa colature dans dés vaiffeaux bien fermés. . On prépare de la méme maniere l'eau de chaux pour laquelle on emploie des coquilles d’huittes calcinées , au lieu dela chaux de pierre. La raifon pour laquelle on verfe eau peu-4-peu fur la chaux, eft que quand on Ia verfe toute 4 Ia fois, la partie extérieure ou fupérieute de Ja chaux forme'‘une fub- ftance ou uhe pate molle, qui ertipéche l'eau de pénétrer my : Infuftons a froid, 3a. & d'agir fur les pasties de chaux qui font fous les pre-- thieres. H ne paroit pas que les diverles quantivés d'eau quon emploie en fuivant ces deux procédés pour pré- parer l'eau de chaux, occationnent une difkérence fen entre les deux remedes qui en tont le produis. II s’en faut beaucoup que dans toutes les deux l'eau fe charge de toutes les parties folubles de la chaux : ce que la chaux qui refte en contient encore , fufht pour faire platieure autres eaux de chaux, en employant de nouvelle eau & opé- rant comme la premiere fois ; mais il eft vrai que ces nouvelles eaux de chaux n'ont pas tant de vertus que la Premiere. H faut avois grand foin de garder Jean de chaux dans des vaiffeaux bien bowchés ; car quand elle @ communication avec I’air libre’, la matiere calcaire , que la liqueur tenoit en diffolution , s’en {pare bien tOt & forme a fafurface une crofite blanche : cette crate n'eft pas doe matiere faline , comme quelques-uns fe le font imaging , mais une terce inlipide qui ne le méle plus avec les Jiqueurs aqueufes. On a éprouvé que l'eau de chayg eft trés-falutaire dang les affections écrouelleufes 8 fcorbutiques, contre quel- ques elpeces de flax de ventre , & I’état de languenr fi Ordinaire aux femmes, ainfi que dans d'autres maladies qui ont pour caufe le relachement & la foibleffe des fo- lides. Ce remede eft (pécialement ufisé aux tempéramens phlegmatiques , pituiteux , & aux gens qui ont un em- bonpoint exceflif. Hy a lieude croire que l'eau de chaux poffede Ja vertu lithontriptique ; du moins elle a procuré un foulagement confidérable & plufieurs perfonnes atta- quées de la pierre ; & dans ce deroier cas , l'eau de chaux préparée avec des coquilles d’hyitres calcinges , a pary sins efficace que celle quon fait avec la chaux de pierre. dofe de J'eau de chanx, en général , eft d’environ aatee onces » 8 fe répete trois Ou quatre fois par jonr. lle s‘emploie aufli , comme médicament externe , pour nettoyer, décerger les ulceres dont le pus eft de mau- vaile qualité. : * 32 Matitre Médicale: So Eau de Chaux compofée ,. Aqua Caldis cothpofita. . Ph. d’Edimbourg. * Prenez racine & écorcede faffafras , deux onces. de noix mufcade concatlée , trois gros. de racine de régliffe coupée, une once. de l'eau de chaux nouvelle , huit livres. - Mélez: laiffez le cout en digeftion pendant deux jours, dans un vaiffeau exactement termé; eufuite paffez la li- queur. L'Eau de Chaux moins compofée, Aqua Calcis minis compoiita. ~ Ph. de Londres. * Prenez de racine de régliffe , une once = d’écorce de faflafras, une demi-once : d’eau de chaux fimple , fix livres. Mélez : faites macérer & froid pendant deux jours; enfuite paffez la liqueur. ; 2’ Eau de Chaux plus compofee, AquaCalcis magis compofita: 'h. de Londres. Prenez du bois de guaiac rapé, une demi-livre : de racine de régliffe , une once : décorce de fatlafras ) une demi once : des graines de coriandre , trois gros : de l'eau de chaux fimple , fix livres. . - Mélez : faites macérer a froid pendant deux jours 5 enfuite paffez la liqueur. Ona fait ufage de cette eau dans les hopitaux Anglois Gepuis quelque tems y fous le titre d’ Aqua hberans. Le guaiac communique difficilement fes vertus a l’eaufroide, ce quiadéterminé quelques Auteurs a con‘iller de faire bouillir ce bois dans de l’eau de chaux, ayant d’ajouter les autres ipgrédiens : il eft vrai qu’a l'aide d¢ ce fecond pro~ cédé l'eau fe charge d'une plus gragde quantité des prin- ipes médicinaux du guaiac ; mais Ja chaleur eee le ty ot Lnfufions chaudes, 7 de chaux , !"ébullition occafionnant la féparation de la plus grande partie des principes de la chaux d’avec l'eau, Ces parties calcaires s'élevent & la furface de l'eau oule précipi- tent au fond du vaiffeau. I} treft nullement befoin d’avoie tecours 4 des moyens de ce genre afin que l'infufion pré- cédeate foit efficace , la quantité de bois qu’on y faie enrer étant affez confidérable pour que la liqueur foit dargée fuffifamment des principes adifs du végétal par fa feule macération dans l'eau froide. Si ce dans cette préparation ou dans toute autre faite par le moyen de I’ébullition, il paroiffoit néceflaire d’augmenter Jadtion diffolvante de¥eau de chaux, on pent le faire fans rifquer daltérer cette ean, en fuivant le procédé que prefcrit fa Pharmacopée de Londres poar obtenir une diffolution de foufre dans de l'eau de chaux , c'eft-’ dire qu'aprés qu'une partie de la chaux de ka premiere diffo- lation aura écé (éparée du diffolvant par l'ébulliion , oo y tmettra de nouveau an peu de chaux en fab{tance , qui continuera 4 communiquer A !’eau (es principes falutaires. Les médicamens que l'on fait entrer dans les eaux de chaux compofées , y font mis pour empécher que l'on ne fente la faveur & lodeur délagréables de l'eau de chaux , & que l’eftomac les fupporte mieux ; un fecond avagage , c'eft que ces médicamens ajoutés contribwent coup & augimenter les vertus médicinales de la chaux, fpécialement quand en en fait ufage pour guérir les ma- ladies de peau , & purifier le fang & les autres hameurs ju corps. . p Ces eaux de chaux compofées fe prennent a la méme dofe que l'eau de chaux fimple, & leur ufage peut fe continuerauffi long-tems. Il fant que ceux qui en pren- ent aient foin de fe tetir toujours dans un degré de cha- lear modéré, : . ARTIc%s II. Infufions dans Peau bouillances Infusion amere , Yofafam amarum. ; Ph, d’Edimbourg. Prenez de racine de gentiane, deax gros: | : de fommités de petite centaurée,une demii-once; Tome Il. Cra 33 Matiere Médicale: d'eau bouillante , une livre. . Mélez : laiffez infufer pendant quatre heures’, enfuite filtrez la liqueur; ajoutez dans la colature une once d'eau aromatique ou d’eau de canelle fpiritueule. Infufion amere fimple, Infafam amarum fimplex. a Ph. de Londres. P Prenez de racine de gentiane , aécoree jaune fratche de citron , ( dechacme aprés en avoir dté avec foin la oneal partie blanche intérieure , ° de I'écorce jaune feche d'orange de Portu- p » de laquelle on aura enlevé également . Ja partie blanche , un gros & demi. d'eau bonillante , douze onces. : - Mélez: laiffez macérer pendant une heure ou deux; enfuite. filtrez la liqueur a-travers le papier , ou paffez-la par une chauffe, fins expreffion. . Les deux infufions précédentes font des amers trés- adtifs & trés-falutaires ; !a derniere fur-tout eft un des semedes amers les plus agréables que l’on puiffe compo- fer ; les. écorces communiquent une faveus & une odeur gracieufes , qui font les feules correcti lont Ja gentiane ait befoin. Le Comité des Médecifi'de Londres obferve & ce fujet quaprés avoir préparé fépa- xément des infufions de 1a plipart des fabftances qui en- trent ordinairement dans la compofition des infufions ame- res , la gentiane paroit , parmi les amers les plus forts » celui qui donne a I’infufion la, plus belle couleur, mais ° qu'il faut employer dans cette infufion quelqye matiere -qui puiffe lui communiquer une odeur &- une fayenr agréables. La pltipart des amers aromatiques, tels que fa zedoaire, le calamus*aromaticus & d'autres , n'ont pas un gofit gracieuxy fi-on en excepte !'écorce d’ora~ ge, Its ‘graines de cardamome ; mais les graines de car- damome fort mucilagineufes , & elles rendent la liqueur _ trouble : I'écorce d’orange contient une huile trés-chau- | de, qui demande qu’on ne l’emploie qu’en petite quantité. Quoique I’écorce extérieure jaune de limon (citron ft.) 4 Jnfufions chaudes; iY veal ef Ya feule pane uc i’ecurce qui ait de lodear vz de fs faveur, ne foit pas un amer, cependant rien nef plus propre a Ster a la gentiane fon godt défagiéabie 3 tn ajoutane une petite quantité d’écorce d’orange & cece ompolition , celle-ci devient encore plus parfaite, Infufion amere purgative, Infufum amarum purgans, Ph. de Londres. Prenex de féné, if % de chaque d’écoice jaune nouvelle de citron, ; trois gross de racine de gentianey d de I’écorce jaune feched’ora ge, (°* chaque de graines de petit cardamome , en mondées de leurs écorces y : de l'eau bouillante , cing onces. Mélez : laiflez macérer , enfuite paffez la liqueur lorfqu'elle fera troide. Jafufion am@gpres Sént, Infufum amarum cum Seni. «Ph. d’kdimbouig. Prenez de féné, un gros : 4 ; de graines de tenouil doux 3 de chaque un de racine de gentiane y demi-gros. d'eau bouillante , huit onces. Milez: laiffez infuler pendant quatre heures ; faites Giltrer alors fa liqueur. Cette infufion amere fe prépare de la méme maniere , avec deux ou trois fois autant de féné, & méme avec une plus forte dofe. Ces deux infutions ameres font des trés-bons purgatifs. Les quantités qu'on en preferit ici peuvent fervir pour une feule dofe ; dans la premiere infution le féné eft & fa plus forte dofe ot on le prefcrive pour lordinaire, & dans Ja feconde, il eft a la plus petite dofe ufirée. Infufion ordinaire de Sénd , Infufum. Sent communte Ph. de Londres. Prenez: du féné , une once & demie ie 35... ‘Matiere Médicale, os . ‘de tryftaux de tartre, trois gros + * “de graines de petit cardamome mondées de . fears écorces , deux gros; | . d'eau commune, une livre.” : Faites bouillir les cry ftaux de tartre dans eau jufqu’s ce quils foient diffous ; pour lors verfez l’eau encore bouillante fur les autres médicamens ;: torfque le mélan- ge fera refroidigapaffez la liqueittr. ; Dans les p¥inieres ¢ditions de la Pharmacopée de Londres, on avoit prefcrit un fel alkali, au lieu de Vacide.qu’on emploie ici. Le premier fel contribuoit 5 difoit-on , 4: aider Yopération du médicament , en y ajoutant le degré de vertu purgative qui lui étoit pro- pre ,.& en rendant l'eau capable d’extraire plus de parties purgatives du féné, qu'elle n’en extrait quand elle. agit toute feule ; on croyoit en outre que les aci- des produifent un effet oppofé; ‘cependant l'expérience a fait voir affez clairement ( comme nogg l'affure le Co- mité des Médetins de Londres ) « ette infufion » » & la fuivante, faite avec le jus de linton (citron desFr ), » produifent toujours les effets qu’on enattend ; & quand » on prépare un médicament pour lequel bien des gens 8 ont de la répugnance , il eft important de le faire de %» maniere que fes partles les plus légeres & les moins dé- » fagréables foient extraites‘». Les fels alkalis augmen- “terit cohfidérablement le mauvais golit du {éné, au lien que-les cryftaux de tartre rendent la couleur de linfufion plus belle , & fon goat moins défagréable. Il femble que le tartre fotuble devroit étre un bon ingrédient dans ces fortes de compofitions , parce que non-feulement il eo rend fe goit plus fupportable , mais il augmente la vertu purgative de ce médicament ; dailleurs cette addi- tiof rend Pinfufion moins fujette 4 cauler des tranchées & des vents. sos Infufion de Séné avec Limon , \nfyfum Senz limonatum. oe Ph. de Londres. Prenez de féné, une once & demie. . -- @écorce jaune fraiche de limon , ( citron des fr. ).une once, , e Befufons ~chaudese vw. ..- « @ejasdelimon, oneqncen 9 -. 2. = + d'eau bouillante , uné livre. . Mélez: faites macérer enfemble ; & quand \’ipfafion’ fra froide , paffez la. a Ceft un Purgatif fort agréable & affez efficace, Le Comité des’ Médecins .de Londres nous apprend’ que Ceftla forme la plus agréable' qu’on a pu trouver pour fiire prendre le féné & ceux qui y ont une répugnance plus qu’ordinaire, La dofe eftde deux onces jufqu’2 quatree . . Quate conces d’In, ufion de Séné, Infufi Senne upcize quatuor: Ree Sah @Edimbourg. Prenez de fEné , trois gras. » » 9 de gingembre, un {crupule. ~____ «d'eau bouillante , quatre onces. ase laiffez infufer pendant quatre heures, & paffez OE Cette infufion eft fupportable , la mauvaife odéur du féné étant couverte en grande partie par celle du gin- pee: dont on a mis le double de ce qui étoit dans les _précédentes éditions:dé Ja Phaemacopge d’'Edim- “bourg. Autrefois on ajoutoit;a cette infulion purgative deux gros. de Wa {crophulaire aquatique’, parce qu’on avoit découvert que. ceft Ja plante nommiée Iquetaia au Bréfil.,:quiécoit vantée comme un fpécifique propre & somes, faveur & Vodeur, fi défagréables du (éné 5, mais 'expérience a fait yoir qu'elle n’a pas en pareil cas Veffet-qu’on dui a attribué....° | , ; ‘Tafufon ‘de Ries », Infafum Rhabarbarl. 'h. ide Londres. = Prenezde rhubarbe coupée ef tranches minces,une onces or» Ge; cochenille,.un ferupule. . -; d'eau bouillante., une livre. : . Mélez z sees infufer durant une nuit, paffez la liqueur, & ajoutez 41 colature une, once d'eau de. canelle fpiri- tue Bow |S y 410 | catigiessg 225! PG Sig 3 ‘Matters midisin™ _ Cette infafion patoit étre une aes theilledtes prépa- gations de.la rhubarbe » quand on donne ce médics jour purger. L’eau fe charge d'un plus grand bre de les principes purgatits que les menftrues vinedx & fpici- tueax, & en cela la rhubarbe differe de la plipait des autres purgatifs du regne végétal,’ = Teinture’ de at ', Tin@ora Rofarum. ' de Londres. . Prenez de rofes rotiges mondées de leur onglet,une once, @efprit de vitriol concentré , appellé huile de" vitriol , un {crupulé:' d'eau bouillante , deux livres & demie- - de facre blanc, une once & demic: * : Mélez d’abord Phuile de vitriol avec l'eau dans un yaiffeau dle verte ou de thire verniffée : mettez les. ro- fls en-rfiacération dans ¢e mélange’, & lorique Ja liqueur fra retzoidie ,, paffez-la ;.ajoutez le fucre 4 la-colatures -_ “ Phe@Edimbourg., : Prpnez de rofes ronges mondées & feches, une once : d'efprit de vitriol , un gros: oe Wau bouillante, deux Jivres® / ~~" 4de fagre blanc, quatre onces. ; Métez!efprit'de vitriol avec l'eau: mettezinfufer dans: ce mélatige les roles darant quatre heures ; filtrez ta tein~ ture , djoutez te fucte alatdlarire. vigats Quelques Auteurs confeillent’de faire tomber 1 huile: de vitriol goutte-a-goutte fur les roles » avant d'y, ajou- ter l'eau: thaiscette méthod¢ eft certainement tiiauvaile ; car les rofes, far lefquelles cette liqueur cauftique tombe fans qu'elle foit délayée, en font brikkes» #& Jeur tiffa eft détrgit: D’aucres font d'abord infuler Tes rofes‘ dans Teau , aprés quoi il ajourent Vacide y parce qui ‘¢raignent que fi Go plone cet acide X Peat 5 il p’a ibliffe lq pro- { mais ,;comme Ig Comité deg i ce-que"Facite-emnpée~ ehera lcay dextraire fera précipisé, G on Fajqutedpree Infafions chaudés. 38 Dvaillears la proportion de I’huile de vitriol comparée & Yeau , eft fi petite, quill n’y a pas lieu de craindre cet effet. On doit faire l’infufion' dans un vaifleau de verre, plucdt que dans un vaiffeau de terre verniffé ou de pierre, parce que l’acide peut attaquer ceux-ci. Cette teinture eft d'un beau rouge: c’eft un médica ment gracieux qu'on peut ajouter avec fuccés aux juleps qui fe prefcrivent contre les hémorrhagies, & dans tous les cas oi il faut des rafraichiffans & des aftringens 1é- gers. On en fait boire aaffi immédiatement aprés avoir pris des bols ou des éleCtuaires de quinquina : ceft en- - core un bon gargarifme. Infufion de Graines de Lia , Yofufum Lini. Prenez de graines de lin , deux cuillerées : de racine de régliffe effilée , une demi-once = d'eau bouillante , quatre livres. Mélez : laiffez infufer auprés du feu pendant quelques heures, enfuite paffez l'infufion. ; On ajoute quelquefois une once des feuilles de tuffi+ lage aux médicantens précédens : cette addition fait don- ner a la préparation le titre d'infufion pectorale, infu- fum pettorale, Ces deux infafions font émollientes & mu- cilagineufes ; on Jes ordonne comme telles dans les fluxions , les cathatres & rhumes caufés par des hu- meurs acres & !'érofion des vaiffeaux. On prefcrit d’en boire yne livre par jour. Infifion antifcorbutique , Tnfafam antifeorbuticum,” Prenez de feuilles de trefle d'eau , deux onces = pulpe d’orange , une demi once: d'eau de raifort compofée , quatre onces : > d’eau commune , quatre livres. * Verfez l'eau commune toute bouillante fur le trefle d'eau & orange, laiffez le mélange en repos dans un vaiffeau bien fermé,pendant une nuit ; enfuite faites filtrer laliqueur , 8 ajoutez a la colature l'eau de raifort. -Cette infufion eft un antifcorbutique ne ? iv 40 Matiére Médtcate. & affez gracieux. L’expérience fait voir que-le trefle d'eau eft un des plug elficaces gntifcorbutiques. Les fybftances aromatiques quon ‘ajoute ici diminuent le mauyais gout de l'infufion, & augmentent en méme tems fa vertue On peut prendre quatre 4 cing onces de cette infufion trois ou quatre fois par jour. Infusion Cephalique , Tofafura Cephalicum. Prenez de racine de valériane fauvage , deux onces de feuilles de romarin , ou de fauge, une de- mi-once : d’eau aromatique, quatre onces : ~ d’eau commune’, -quatre livres. Verfez feau commune bouillante fur I’herbe & Ia ra- cine ; laiffez le mélange en repos pendant une nuit dans un -vaiffeau bien fermé ; paffez enfuite l'infufion, & ajou- tez 4 la colature l'eau aromatique- : Cette infafion eft trés-falutaire dans les maladies épi- leptiques & autres affedtions femblables du fyftéme nerveux. La dofe eft d’environ quatre onces, & fe répete deux fois par-jour. . ‘“Infufien Alkaline, Yofafum Alkalinum, Pregez de fel de tartre , une demi-once 2 .. de fafran , un demi-gros': de racine de régliffe , deux oncess. ..g d’eau bouillante , trois livres. _ Mélez le tout » & laiffez le mélange ep repos dans un lieu chaud durant huit ou dix heures ; enfuite paffez la liqueug, -. * , s Cette infufion elt falutaire dans les cas ot: le fang les autres humeurs du corps font vifqueufes , ce qui dé- pend fouvent. de la fuppreffion de la tranfpiration, 8 etcafiorine ‘des maladies inflammatoires. Cette :prépae yation ateémue les humeurs. épaiffies , & favorite les té- sxétions naturelles. On la boira chaude en petitedaley que Leg. r¢itérera fouvent,:: ; : Infuftons chaudes, 43 Infufion diurétique , Infafum diureticom, Prenez des feuilles d’abfynthe féches , une demi-once: de fel de tartre , deux fcrupules : d’eau de genievre compofée , deux onces ; d’eau commune , douze onces. Verfez Peau commune bouillante fur l’abfynthe & le fel de tartre ; lorfque la liqueur fera refroidie , paflez- » & ajoutez a la colature l'eau de genievre. Cette infulion eft de méme nature que la précédente onla prefcrit pour détruire les obftruations des vifceres, Produites par les fievres bilieufes de longue durée & faire ceffer les fréquens retours de ces fievres » qui en géné- ral fe terminent par la jauniffe , I’hydropifie , ou par des fievres intermittentes irrégulieres. La quantité qu'on én Pre(crit ici doit fe prendre tous les jours & trois différen- tes reprifes , & on donne un purgatif quand il en eft be- foin. Si les fievres intermittentes reviennent aprés que les autres maladies font guéries , on les traite alors avec ‘aucoup de fuccés par le quinquina, Les préparations de ce genre font encore trés-utiles. contre les affections maniaques y dans le traitement def quelles , comme l'obferve octeur Mead , les éva- uations par les reins font d’MMe bien plus grande impor- tance qu’on ne le croit communément , fur-tout fi l'on. traite une manie accompagnée de fureur & de chaleur fébrile. Les fels alkalis » donnés en grande dofe » font , en pareils cas, les diarétiques les plus efficaces, Infufion contre la Paralyfie , Infafum Paralyticum. . Prenez de racine de raifort couffe par’) de chacune tranches minces quatre de graine de moutardeconcaffée,) onces. d'eau bouillante , quatre livres. : Mélez : laiffez le mélange infufer pendant vingt-quatre heures dans un vaiffeau_bien.fermé, : Cette infafion ‘eft fort chargée des principes irri~ tans ‘de la moutarde & du raifort, qui communiquent By ' az Matiere Médicale, coute leur vertu par ce fimple procédé. Quoique le mé- dicament foit principalemeniggn ftimulant faie Poy les eas de paralyfies ( ainli que |'@Mhonce fon titre) , Ny. a beaucoup d'autres maladies dans le(quelles on pourroit Te donner avec beaucoup de fuccés ; il y a lieu de le croite un remelle efficace dans les cas {corbutiques. Il favorife en général la fécrétion 8 I’écoulement des urines, ainG que la tranfpiration , file malade fe tient chaude- ment ; la dofe eft de huit onces , qu'on doit prendre deux fois par jour ; quelquefois on en prend quatre a cing on- ces trois ou quatre fois le jour. . Thé Antiphthifique , Thea Antiphtifica. Prenez de racing de benoite, deux onces: de véronique male, une once & de lierre terreftre , demie. de racine de régliffe , une once. ; de graines de tenouil, trois gros. ~ Ces médicamens doivent étre coupés ou concaffés 5 fuivant leur nature , & bien mélés. On prend une demi- dnce de ce mélange , & on la met infufer durant quel- ques minutes dans cing ou {jgtaffes d’eau bouillante. Les perfonnes qui font attaqué: confomption oude quelque ' thaladie de poitrine, peuvent boire avec fuccés, toutes les heures ou toutes les deux heures, une taffe d’infufion faite avec cethé, & untiersde cuillerée de miel. On peut préparer , de laméme maniere, des thés médicinaux avec d'autres fubftances végétales , telles que les fleurs de camomille, la graine de lin, 'écorce d’orange , la fumeterre, &c. : “Tnfofion ae Adbette , Yofatam Cinmamomis ” Prenez de canelle en poudre , deux onces ¢ d'eau bouillante , deux livres. : - Mélez : laiffez infu(er dans un vaiffeau fermé, & une chaleur modérée , durant une demi-heure ; enfuite filtrez ° i liqueur. ~ Cette infufion acquiert & l’odeur & Ja faveur chaude - - Décodtions, 43 de Ia canelle & un degré qui eft agréable, & ellepeut » dans bien des cas , fe fubftituer a l'eau de canelle fople ARTICLE III . : Des Décottions. Les effets de l'eau bouillante different de ceux de Vinfufion en plofieurs point importans , & qui intéreffent les qualités , & par conféquent 'ufage des médicamens. Une des différences les plus frappantes, c’eft que les huiles effentielles des végétaux dans lefquelles réude leur odeur (péeifique , étant volatiles au degré de chaleurde lean bouillante , elles fe diffipent durant !’ébullition avec ka vapeur aqueufe; ainfi ce principe de la plante né fe trouve plus avec ceux que contient la décoétion ; aulieu que les infufions faites dans l'eau froide & dans |’eau chaude , confervent tous tes principes. On doit donc juger qu'il ne faut pas foumettre a I'ébullition, ou pre- {erire en décogtion les fubftances odorantes , & toutes ceiles dont en général les vertus dépendent de leurs Bt ties tiles. Cependant il eft un moyen d’avoir y fous fa foMMe de déeodion , les parties folubles de ces li- queurs > en les uniffant avec des principes qui {cient plus xes par. leur nature, en faifant bouillir les derniers juf- qa’a ce qué Peau foit fuftifamment chargée de lears par- ties médicinales.; & en mettant pour lors infufer dang a déco€ion les plantes: dont les principes font.vola-. tils. a Pour Pordinaire eau, dont I'adtion eft favorifée par le degré de chaleur de Fébullition , enleve plus pramptes iment 4 la planté fes parties aGtives , .&.en plus grande quantité ; mais cette regle. eft moins générale-qu’on ne le prétend communément. Nous avons déja obfervé que. le quinquina cornmunique fes vertus 4 l’eau plus parfai« tement quand ot?l’y faic infufer a froid , que par |’ébule lition. IF y_ a des cas ot I’ébullition occafionne. la défa- tion manifefte des principes du fajet qu'on y foumers Par exémple , quand on verfe. de l'eau froide fur deg tmandes que I'on'pile, leur-huile qui fe crouve mike 44 Matiere Médicale. avec us mucilagé ou une autre matiere foluble des aman- des, s'unit avec l'eau, forme une liqueur laitenfe que Yon nomme émulfion ; mais fil’on fait bouillir dans feaa ces amandes pilées , I’huile fe {€pare, & s‘éleve a la fur- face de l'eau. Il arrive une femblable défunion de l’eau i de ’huile , quand on fait bouillir 'émulfion la mieux tee 7 : La Décoétion blanche $ DecoSum album. Ph. de Londres. Prenez de corne de cerf préparée ,, detrx onces + de la gomme arabique:, deux gros ; d’eau commune , trois livres. . a8 Mélez : faites bouillir le mélange jufqu’a ce qu'il ne refte que deux livres de liqueur; paflez-la. par une Ph. d'Edimbourg. - Prenez de corne de cerf préparée une once : . de gomme:arabique , deux gros ; @ d'eau commune, trois livres: ide canelle concaffée , un gros; , +... ude facre blanc y deux gross. «++ .j- : +1 Faites bouillir la come de cerf & la.gomme.dans l'eau, fafqn’a ce qu'il ne refte que. deux livres de. liqueur ; ajoutez.la canelle a la fin de la. décoction , puis. faites-y fondre le fuc fans la filtrer. Ces’ décoctions s'employent pour boiffon- ordinaire dans. les. maladies aigués qui font accompagnées de dé- voyement , & ou les premieres voies font remplies d’hu+ mears acrimonieufes. On-ajoute Ja gomme dans .ces dé- cottions , afin de rendre la liqueur légérement vifqueufes pour que l'eau fontienne une plus grande quantité de eome de cerf, qui eft la fubflance dont dépend la couleur du médicament , mais non fa vertu , felon toute apparen- eg. La core de cerf calcinée ne poffede aucune quali pat laquelle elle paroifle. capable. foit-de reflerrer_les waifleaux écde les fortifier’, foit de donner une, confiftan- oon 3 Déottions. 43 ce plus confidérable aux fluides, & d’émonffer Iacri-. moniedes humeurs. Cette déco@ion ablorbe auth les fucs acides ; mais Pacrimonie & !’acidxeé font extrémement dif- férentes. I] y a fort peu de maladies des adultes qui {Liene accompagnées d’acidité , peut-atre méme n'y a-t-il point de maladies aigués; & on troave fort peu de maladies denfans dans lefquelles les acides ne jouent unrdle. Quel- ques Médecins ont confeillé de mettre de I'amidon dans ces fortes de décottions , & il paroit qu’une petite quan- tité de cette fubftance douce , farineufe , gélatineafe y feroit préférable a la corne de cerf calcinée. Hl eft & pro pos d'obferver que l'eau, méme bouillante, ne diffout aucune partie de la chaux, & que dans les décodtions » cette chaux n’eft qu’éparfe dans }’eau , comme elle le fe- roit momentanément par la feule agitation. : _ Décottion blanche compofte » Decoéum album compofitum. / h. d’Edimbourg. _ Prenez de racine de grande confoude , de tormentille , dechaque decorne de cerf calcinge; > une de- craie, - mi-once. de fucre blanc y de canelle concaffée, un gros. - d'eau commune , trois livres. _ Faites bouiltie tes racines dans !’eau, jufqu’a ce que fa liqueur foit affez réduite pour quiil ne refte qu'une li« vre de colature ; ajoutez , vers la fin de I’ébullition, la canelle : paffez la décoétion : ajoutez a la colature la corne de cerf, la craie & le fucre, & mélez le tout. Cette décoction eft fort bien compofée pour les cas ot Ton a befoin d’un remede qui foit aftringent 8 épaif fiffant 2 un degré modéré. Dans les cas ou elle eft nécef- faire , on peut chaque fois en prendre quatre onces oa pss ow moins , fuivant que le demandent les fymptomes. come de cerf & lacraie nous paroiffent étre les moing utiles des médisamens qui entrent dang cette décottion, 46 Maitre Médicale. ; DécoBion crétacte, Decoctum cretaceums Ph, d’Edimbourg. Prenez de craie blanche préparée, uneonce. de noix mufcade concaffée , un gros. de gomme arabique , deux gros. de fucre blanc, une demi-once, d'eau commune, trois livres. Mettez bouillir la craic & la gomme avec eau, jufqu’s ee que |’eau foit réduite 4 douze onces; vers la fin de la déco&ion ajoutez la noix mufcade, & faites fondre le fucre dans la décoétion encore trouble. . Dans cette déco&tion , comme dans la précédente, la terre abforbante eft fimplement mélée avec I’eau, & on y fait entrer de la gomme, afin qu’elle empéche la terre de fe précipiter. La craie , confidérée comme médica- «ment, eft plus propre que la corne de cerf calcinge, 4 remplir les diverfes indications qui font employer ces fubftances terreufes. Décotlion J aponoife ou de Cachou , Deco&tum Japonicum. . Ph.d’Edimbourg, . Prenez de confection de cachou( décrite ci-aprés par- miles éleGuaires) , une once. d’eau.commune, une livre & demie. d'eau de canelle fpiritueufe , ; de chaque . de firop diacode une once. Faites bouillir la confection dans feau commune ju qu’a ce qu'elle foit réduite au point qu'il n'y ait qu'une chopine de colature ; la décoGtion étant encore trouble» -ajoutez l'eau de canelle & le firop Gette décostion s’emploie également & en boiffon & en lavemens , comme remede aftringent , utile dans Jes évacuations trop abondantes. La quantité qu'on a de décodtion de cachou , en fuivant cette formule , coptieat acux grains & demi d’opium y fans Ie firop. . Dtcodions, ry] Déco&ion pour aa Taériques, Decactum ad l&ericos. b. d’Edimbourg. Prenez des racices & des feuilles de cheli- 7 ge cha. doine , : que ue de fafran des Indes y once. de garance, ° de cloportes , deux cents. : d'eau commune , trois livres. Faites bouillir la chelidoine , le fafran des Indes & fa garance dans]’eau , jufqu’a ce qu'elle foit réduite an poins que la colature ne taffe que douze onces de liqueur ; ex- primez alors le jus des cloportes » & mélez-le dans la - ‘décoétion lorfqu’elle fera refroidie. Ona remnie pendant long-tems les médicamens dont cette décocion eft compofée , comme des fpécifiques contre la jauniffe & les maux dont elle eft un fymptome, tels que les obftructions & engorgemens au foie. Ce re- mede , que J’on peut dire trés-défagréable au godt, eft néanmoins fort-bien compofé pour remplir plufieurs indi- cations importantes , quand on l'adminiftre comme il faut, & qu'on favorife fes effets par d'autres médicamens ap- propriés. Onen peut prendre quatre ou cing onces deux fois le jour , oa plus fouvent. Décodtion des Bois, Deco&um Lignorams Ph, d'Edimbourg. Prenez de bois de guaiac, trois onces. “ de raifins de Damas fecs, deux onces. © de racine de faffafras, une once. de racine de régliffe, une demi-once. d‘eau commune, huit livres. Faites bouillir les raifins & le guaiac avec l'eau far un feu modéré, jufqu’a ce que l'eau foit réduite A moitié & vers la fin de la décostion ajoutez le faffafras & laré- gliffe ; paffez la liqueur , & aprés Favoir laiffé repofer pendant quelque tems , décantez pour {éparer celle qui oft, aire d'avec le marc. . : Matitre Médicale, Cette decoction eft fort bien compofée y 8 lorfquort la: prefcrit comme it convient , elle elt trés:efficace dans le traitement de quelques maladies cutanées lorfque leg” fang & les humeurs font viti¢s , de méme que dans cer- taines maladies de la poitrine , fur tout chez les perfon- nes d'un tempérament froid & phlegmatique. La décoc- tion des bois fe prend feule, a Ig dofe de quatte ou cing. onces , deux ou trois fois par jour ; ou on la donne com- me remede auxiliaire , lorfque le malade fair ufage de remedes altérans , mercuriaux ou antimoniaux ; dans les deux cas il faut que le malade fe tienne ehaudement , afin de favorifer l'opération du médicament. ' ‘Dicottion contre la Nephrétique, Decoccumiad Nephriticos. Ph. d'Edimbourg. an Prenez de racine de guimauve , de chaque . de régliffe , une demi- de grairre de lin, once. de pariétaire , une once. des raifinsde Damas, deux orices. deau commune , fix livres, Faites bouillir 'eau avec Ja racine de guimauve & les raifins, jufqu’a ce qu'il n’en refte que quatre livres ; & vers Ja finde la déco@ion ajoutez les autres médicamens, en- fuite paffez la liqueur, & laiffez-la repofer jufqu’a ce quelle foitdeverme claire. Cette décoaion eft employée principalement comme remede émollient , & on en doit boire abondamment dans les accés néphrétiques ; en pareils cas efle diminue trés-fréquemment les douleurs, en relachant & en lubré- fiant les parties , & elle procure un paflage aifé 4 la gra- velle pour fortir des reins & de la veffie. Dékedion Nitreufe, Deco&um Nitrofum. Ph. dEdimbourg. — Prenez de nitre ‘veka » une demi-once. de fucre blanc, deux onces. de cochenille , un fcrupule. | d'eau commune, deux livres &demie. - -- Mélez <. _ DhoBions! ” Milez : faites bouillir ju(qu’a ce qu'il ne refte que deux Iresde liqueur ; laiffez repofer le tout pendant quelque tems , 8 fEparez , en décantang , la partie de la décodion qi cit claire de deffus le marc. Cette décodétion eft un excellent moyen de déguifer le titre, & de le rendre agréable au malade ; ces deux ob jets cant fort bien remplis par la cochenille & par le fucre. Tine me femble nallement néceffaire de faire bouillie long-tems ces médicamens ; car l'eau diffout , fans le fe- coarsde Ja chaleur , une bien plus grande quantité de ni- te & de fucre qu’on n’en emploie ici, & elle extrait fa- cilement une belle couleur de 1a cochenille. On a déja expofé les vertus du nitre dans la Partie précédente de cet Ouvrage. Cette forme, ou quelqu’autre femblable , eft la plas commode pour Padminiftrer ; car lorfqu’on en fait ufage fous une forme folide , il caufe trés-fouvent des angoiffes, des fenfations défagréables a la région de l’ef- tomac.On peut prendre deux ou trois onces de cette dé codion pour une dofe. Décottion Peltsrale, Decotum Peéorale Ph, de Londres. Prenez d’orge ordinaire , des raifins fecs, de chaque deux oncess de figues, de racine de régliffe, une demi-once» d'eaugcommune , quatre livres. Faites d’abord bouillir Peau avec lorge , enfuite ajou- tez les raifins , & un peu avant d’éloigner du feu la dé- cotion , mettez-y les figues & la régliffe ; on doit conti- fuer de faire durer I'ébullition jufqu’a ce que la liqueye foit réduite au point que Ja colature ne fafle que deux livres. Ph, d’Edimbourg. Prenez de raifins féchés au foleil , 3 de chaque * dorge eommune , une once.’ des figues graffes au nombre de quatre, Tome Il, gues graft : D Ho Matiere Médicale. @eracine d'itis de Florence, ) de chaque de racine de régliffe , une demi-! de fleurs de tuffilage , once. d'eau commune, fix livres, Faites bouillir l'eau avec les railins , 'orge & les figues, jufqu’a ce qu'il ne refte que quatre livres de liqueur 5 ajoutez les autres médicamens , un peu avant d’éloigner du feu Ia décoétion , enfuite filtrez-la. Ces deux décoétions font des remedes adouciffans 8 -trés-bons pour Ia poitrine : elles affetent agréablement Je gott, fur-tout la premiere. Elles favorifent beaucoup action des autres médicamens dans le traitement des maladies caufées par des humeurs Acres & féreufes qui fe jettent fur les poumons ou Ia capacité de la poitrine ; .quelquefois méme elles ont été falutaires étant employées ‘Gales. On peut boire 8 difcrétion de cette déco@iom Décoftion de Serpentaire compofée , Decoctum Serpentariz compofirum. Ph. d’Edimbourg. Prenez de ferpentaire de Virginie, fix gros. de thériaque d’Edimbourg (2), une demi- once. de cochenille , un fcrupule. d’eau commune, deux livres. Faites bouillir la racine de ferpentaire dans l’eau, jufqu’a ce que celle-ci foit réduite & la moitié ; ajoutezla Petes & la cochenille vers la fin He la décoction ; affez. ; P Cette préparation eft un trés-bon remede fudorifique ” & alexipharmaque : elle poffede prefque toutes les ver- tus de la ferpentaire , & une grande partie de celles de fa thériaque. La quantité de cPériaque qu'on prefcrit ici contient environ trois grains & demi d’opium , de ma- niere que dans une once de cette décottion il y a environ un cinquieme de grain d’opium ou un peu davantage. (4) Voyex come thériaque patmi’ les éleGuaices. . DkoHions, - 58 Decotion de Tamarins avec le Séné, Decodom Tame rindorum cum Senn’, Ph, d'Edimbourg. Prenez de tamarins, fix gros. de cryftaux de tartre, deax gros. de firop de violette, une once. d'eau de cannelle fimple , une demi-once, d’eau commune ,y une livre & demie. Faites bouillir l’eau commune avec les tamarins & leg tryftaux de tartte , ju(qu’d ce que la décoGtion foit rédui. te au point qu'il ne refte que de quoi faire une livre de colature ; & tandis que la décodtion fera chaude , vous mettrez le féné, & le laifferez infule durant quatre heures: enfuite paffex la liqueur 5 & ajoutez 4 la co le firop de violetre & l'eau de canelle. Onpeut préparer également cette décodion avec deux, Wolgpu quatre fois davantage de (éné, felon le befoin. © fe décofion eft un purgatif aflez aif, qui n'efe pas fort défagréable, & qui rafraichit modérément, La guantité qu’on a, en fuivant cette formule » eft pour une dofe , dont. on peut faire tro's ou quatre coups, en ne laiffant entre chacun que de courts intervalles ; Par ce moyeal'eftomac fupportera mieux le remede. Eau fOrge, Aqua Hordeata. Ph. de Londres, Prenezdorge perlé, deux onces, 'eau commune , quatre livres, Lavez lorge avec un peu d'eau froide pour en détaz let la matiere farinenfe qui s'y attache ; enfuice faites-le illir dans environ fix onges de nouvelle €au y qui s’en trouvera fort colorée ; rejeMez cette eau + mettez l'orge dans la quantité d'eau preferite » lorfqu’elle fera bouillan- - te; continuez de Ja ire. bouillir jufqu’A ce quelle foie Teduite 4 moitié, 8 peut boire cette décoction en abondance , conime bo déayant , dans les fevres & autres maladies ; ceft , : ij ae aa Mauete Médicale, arquoi on doit prendfefisin de la préparer auffi agréas bie & aufii belle qu'il eft poffible : Pelt ce qui a déter= miné a l’inférer dans la Pharmacopée de Londres, avec fes différentes circon{tances qui peuvent contribuer A la bien faire ; fi on omet quelqu’une des précautions , elle fera moins gracieufe. Quelques triviaux que les médica- mens de cette claffe puiffent paroitre, ils font d’une plus grande importance dans la guérifon de plufieurs maladies aigués » que ne le font beaucoup de préparations plus compolées & plus recherchées. Mucilage des graines de coings Mucilago feminum Cydoniorum. Ph. de Londres. Prenez de Rives de coings y un gros. d'eau , fix onces. . Mélez : faites bouillir 4 un feu doux , jufqu’a ce que eau devienne prefque auffi vifqueule que le blanc qgeuf; paflez-la alors par une toile. Ce mucilage eft vifqaeux , doux au toucher, a un gott dougatre , & une odeur kégere & agréable. Ceft ces propriétés , & par fa facilicé a fe diffoudre dans Feaa » quil differe da mucilage dela gomme tragacanthe a laqgelle quelques Auteurs prétendent qu'il reffemble fort. Il y a entre ces mucilages une autre différence qui elt au défavantage de la graine de coings , c’eft que le Gen eft fajet & fe moifir quand on le garde. * * Geléé de Corne de Cerf, Gelatina Cornu Cervie . Ph, d’Edimbourg. Oo .. Prenez de corhe de cerf rapée , une demi-livre. d'eau commune , J livres. de fucre blanc, fi¥ onces. ‘de vin blanc d’Efpagne , quatre onces. de fac d'orange ou de limon (citron des Fr. } une once. Faites bouillir la corne de cerf avec l'eau , A une douce chaleuc y dang un vaifleau de terre verniffé , jufqu’a ce ’ Dkcoftions. ‘52 que Tew foie réduite & moitié : paffez la déco@ions ajoutez a la colature les autres médicamens, & faites Bouillir le rout fur an fea doux , jufawa ceque le mélange ait acquis la confiftance d'une gelée. Cente gelée eft agréable & nourriffante : elle oe tuutes les vertus générales des fubftances animales ; on enfit ufage en différens cas, dans les fievres , &ece Bouillon de Vipere, Jas Viperioum Ph. de Londres, Prenez une vipere de moyenne groffeur, étez-en 8 rejettez la téte, la peau & les inteftins; prenez deux livres eau: mélez : faites bouillir jufqu’a ce qu'il ne rete qu'un quart de l'eau; alors éloignez du feu le vaif- feau ; lorfque la liqueur fera froide , Stez la graiffe qui Samaffe 4 fa furface lorfque Ja vipere eft fraiche : met- tezdans ce bouillon , pendant qu'il eft chaud , un poulee dune groffeur ordinaire , & entier , & l'exception des inteftins, de la graiffe 8 de la peau que vous rejetterez mettez le vaiffean fur le feu de nouvean , afin que la lie queur.bouille ; enfuite éloignez-le du fea ; Stez le pous let& le coupez en petits morceaux , que vous remettrez le bouillon ; rapprochez de nouveau le vaiffeau du eu; aprés quelques momens d’ébullition, & aprésavoir €cumé, verfez le bouillon en le paffant. On eft entré ici dans tous les détails qui peuvent con- tribuer 4 rendre Te bouillon parfait ; le fimple bouillon de ponlet devroit fe faire de fk méme facon 5 tosiqu‘on ke dettine pour les malades. Le bouillon de vipere paroit étre une des meifleures Manieres de faire ufage de ceremede, & eft propre a Produire les meilleurs effets qu'on puiffe attendre de la Vipere. C’eft un aliment trés-nourriffant && fortifiant ; fom vlage continué long-tems a fai été fort utile ans la lepre & dans-d’antres maladies cutanéesopiniatres. La chair de vipere qui aéré defféchée, eft beaucoup infé- Heure a la chair fraiche; la premiere nfa que fort peu de Wertu , fi toutefois elle ena; il y a aufliapparence que leg Ving & les teinturesde vipere n’en ont pas besneong ple 4 Matiere Médicale: ; fel volatil, que quelques Auteurs recommandent tris fort » ne poe pas différer de celui que produit toutes @utre fubitance animale. Voyez chap. viij. fea. 2. a Décodtion anti-heflique » Decogtum anti-hecicum, “ey, Ph. d’Edimbourg. Prenez, de racine de grande confoude, 3 de chaque une de‘racine de chardon volant , demi-once. de conferve de rofes , deux onces. d'efprit de vitriol dulcifié , quarante gouttes. . d'eau commune ; trois livres. Faites bouillir l'eau avec les racines & la conferve » qua ce qu'elle foit réduite & une livre ; enfuite pafles : L écostion , & ajoutez a la colature l'efprit dulcifié. Cette décodtion eft trés- falutaire dans les fievres he@i- % ques ou lentes; lorfqu’il y'a. beaucoup d’humeurs Acres » le méme que dans les phthifies ou confomptions com~+ mengantes. La dofe eft de quatre onces , & doit fe prene dre deux ou trois fois par jour. Décoftion vutnéraire, Decogétum Vulnerariam. Ph. d’Edimbaurg. Prenez de lierre terreftre , de chaque des feuilles de plantain, une demix du fucre blanc , once. d'eau commune , trois livres. . Faites bouillir les herbes dans Peau y & réduire celle< ei & deux livres : paffez, faites fondre leTucre dans la colature. Les herbes qui communiquent leurs vertus a cette dé- cottion , font vantées depuis long-tems comme des re- medes (pécifiques pour guérir les contufions hes ulcéra-y tonsinternes , les toux & les phthilies qui proviennene de fuppurations ou d’humeurs acres dépolées fur les vifceres ; quoique ces plantes n’aient pas » 2 beaucou prés, autant Ceticacité qu’on leur en attribue, l'expé- rience néanmoins a fait voir qu’elles font plus falutaires que plufieurs autres qu’on recommande comme trés-utiv les en pareils cas. ° Dkcoitions, ts Décoftion anti-febrile, Deco&um anti febrile. Prenez de racine de ferpentaire de Vir-Q de chafue ginie ¢c ee, trois gr de quinquina en poudre , .. fF me *. d’ean commune, unelivre. Sok Mélez : faites bouillir jufqu’a ce qu’il ne refte qu‘ane demilivre de décodion: alles & mélez a la colature , d’eau de canelle {piritueufe, une once & demfe. de firop d’ceilet, deux gros. Cette décodion s’emploie avec des fuccés tiég-may- qués dans les fievres putrides, malignes qui provien- nent du mauvais air des hépitaux ou des prifons. Dans le période de cette fevre dangereufe ow les malades font. trés-foibles , lorfque le pouls , qui étoit auparavane fré- quent , devient petit & lent , que l’abattement augmente » & que les petechies ou taches commencent 4 pasoitre , eft un des remedes les plus efficaces pour augmenter les forces vitales , procurer une fueur critique, & core riger Jes humeurs putrides. On prendra quatre cuillerées deta décodion toutes les quatre ou toutes les fix heuresy & dans lintervalle. une quantité de vin modérée, ©u des bols cordiaux avec des fels volatils , que l'on ré- Pétera plus ou moins y felon le befoin, Décottion febrifuge, Decorum Febrifugum. , Prenez des feuilles de camomille féches, dewx onces. : : de fel de tartre , deux gros. d’eau commune , trois livres. : Faites bouillir l'eau avec:-tes fleurs jufqu’a. ce qu'il ne- tefte que deux livres de décodtion : paffez-la, & faites diffoudre dans la colature le fel de tartre. Cette décogtion a quelquefois gotsi des fievres iater- “mittentes , caufées par la vifcofité du fang ou des autres humeurs , & par les obftructions des vifceres du bas- ventre; & aprés méme que le quinquina avoit été employé inutilement , le malade & prenoit trois ou quatre fois par jour, 4 ladofe de quatre onces. Di : : iv ‘56 ‘Maticre Médicale: Cette compofition reflemble beaucoup par fes pro= priétés 4 V'infafion diurétique & a linfufion alkaline dé- crites ci-deffus. Apoxeme apéritif, Apozema apériens. Prenez de rhubarbe , 3 de chaque trois gros: de ee du fel detartre , deux gros. dean commune , trois livres, Mélez : faites bouillie pendant une heure : paffez fa ae » & ajoutez-y trois onces de firop de gingem- re. Cet apozeme eft un trés-puiffant remede apéritif 8 atténuant , fort efficace dans les hydropifies & Ia jauniffe. * La dofe eft de trois onces, qu’on répete trois fois par jour. Décottion aftringente , Decoétum aftringens. Prenez de racine de tormentille , une once. d'écorce de grenade, ; de chaque une de feuilles de plantain , demi-once. de firop de rofes feches , une once. d’eau commune trois livres. Faites bouillir avec l'eau Ja racine de tormentille , Pé& . eorce de grenade & les-feuilles de plantain , jufqu’a ce que l'eau foit réduite & deux livres ; alors paffez la d& cogtion, & mélez le firop avec la colature. Le titre de ce médicament exprime affez fes vertuss, La dofe eft de quatre onces, qu’on prend deux ou trois fois par jour, dansles fluxde ventre ou autres, lorfqu’on 2 déja évacué la matiere morbifique, & que la {feule _ indication eft de refferrer. « Déco&tion de Bardenne » Deco&am Bardanz. Ph. d’Edimbourg. Prenez de racine de bardanne , deux onces. de tartre vitriolé , un . ; d'eau commune » trois livres, . Dkcodions. $7 Faites bouilfir la bardanne avec l'eau jufqu’a ce qu’ilne refte de celle-ci que ce qu'il faut pour avoir douze onces de colature : paffez la déco@ion: ajoutez le tartre vi- tiolé a la colature. On boit en un jour cette décoction, qui eft un remede apéritif, diurétique & adouciffany, falutaire dans les affections {corbutiques & rhumatifmales. ‘Décoftion de bois de Campéche , Decofcam Campechenle. Prenez de bois de campéche , trois onces. de canelle , deux gros. d'eau commune , quatre livres. Faites bouillir le bois de campéche dans l'eau, jufqu’a ce que celle-ci_ foit réduite 4 moitié : ajoutez-y la ca- nelle vers la fin de V’ébullition ; enfuite paffez la décoc- don. _Cette décodion eft un aftringent doux & agréabte. On Ie donne dans les diarrhés & les autres flux de ven- tre, o1 de plus forts aftringeng ne conviendroient pas. Elle fe prefcrit dans les hOpitaux 4 la dofe de quatre on- ees, trois ou quatre fois par jour. Ordinairement elle colore les felles en rouge ; ce quia allarmé plufieurs per- , fonnes qui croyoient avoir rendu du fang; on doit par conféquent en prévenir le malade. : Décokion diurétique, Decoc&um diureticum. de Prenez de racine de perfil ou de fenouil, une once. de graines de carotte fauvage , trois gros. de feuilles de pari¢taire, une demi-once. de raifins, deux onces. de nitre , un gros. d'eau commune , trois livres. Faites bouillir dansl’eau tous les médicamens prefcrits, excepté le nitre y & jufqn’a ce quill ne refte que deux livres d’eau : faites diffoudre le nitre dans la-colature : Paflez la décodtion, 5? _ Matiere Médicale; ‘ 2 Prenez de racines de chiendent , deux onces. de feuilles d’ofeille ou d’alleluia , une poignée. de tamarins , une once & demie. . de nitre , ¢leux gros. d'eau d’orge , trois livres. Faites bouillir les racines dans eau d’orge , ju{qu’a ce qu'il ne refte que deux livres de déco@ion:; vers la fin de l’ébullition , ajoutez Vofeille , les tamarins & le nitce = paflez. e. 3 . Prenez de racines fraiches de guimauve , une livre. de fenouil, une demi-livre, . ; de nitre , une demi-once. d'eau commune , buit livres. Faites bouillir l’eau avec Tes racinesy jufqu’h ce que feau foit réduite a fix livres ; enfuite paffez la décoc- tion , & faites fondre le nitre dans la colature. . ’ On prefcrit ces décoctions apéritives & rafratchiffan- tes pour boiffon ordinaire , afin de procurer Pévacuation des urines dans les maladies néphrétiques. On pourroie les prendre avec féeurité , & trés-fouvent avec fuccés » dans les maladies inflammatoires ou les diurétiques chauds: & ftimulans paroitroient devoir nuyire. Décofion de Quinquina , Decoctum Peravianum. Prenez d'écorce du Perrou en poudre , deix-oncess d'eau commune , trois livres. Mélez : faites bouillir & réduire l'eau & deux livres paffez la décofion. F On devroit paffer cette décodtion par un filtre qui ne fiat pas trés-fin, & li boire encore trouble. Si on la Jaiffe en repos jufqu’a ce qu'elle foit clarifiée , les parties les plus efficaces de I’écorce tomberont au fond. Nous - avons déja obfervé que les vertus de ce médicament confiftent. principalement dans: fa fubftance réfineufe = Quoique l'eau bouillante puiffe la fondre entierement Deécottions. 59 cependant cette réline ne refte fufpendue qn'en parue dans eau, comme on I’'a expliqué ci deflus. Décodion de Sencka » Decoctum Senekz. Ph. d'Edimbourg. Prenez de racine de feneka , une once. d’eau commune, une livre & demie. Mélez : faites bouillic & réduire l'eau a une livre ; en- fuite paflez la décostion, On apprendra facilement les vertus de cette décotion en lifant celles de la racine de feneka. Voyex page 423. La dofe eft de deux onces , & fe prend trois ou quatre fois par jour, fuivant fon effet. Elle convient dans les bydropifies y les rhumatifmes & Ia goutte. Décottion de Cachou, Decodtum Terre Japonicz. Prenez de cachou, deux gros. 7 d’eau de canelle fpiritueufe , 3 de chaque de firop de coings, ~ deux onces. _d'eau commmne , une livre. . Faites bouillir le cachou avec l'eau jufqu’a ce qu'il ne relte quenviron douze onges d’eau : laiflez repofer la décoftion : prene@Mfpartiela plus clgire en inclinant le wvaiffeau, & ajautez-y l’eau de canelle fpiritueufe & le firop. Cette décoétion eft un remede gracieux & efficace , qui fe prefcrit dans les évacuations qui ne font ni critiq@s ni fymptamatiques + & dans V’état de foibleffe & de re- lachement des inteftins ; on en peut donner une ou deux cuillergées toutes les heures ou plus fouvent ; lor{qu’on adminiftre ainfi ce remede , il produit de meilleurs effets que fj on en donnoit une plus forte dofe dans moins de tems, Fomentation commune 5 Fotus communis. Phgde Londres. Prenez de feuilles d’aurone feches y unie once. 60 Matiere, Médicale, de fommités d abfynthe marine © feches, de fleurs de camomille feches , de feuilles de laurier feches , une demi-once, d'eau commune , fix livres. Mélez: faites bouillir légérement, & paffez la dé& codtion : employez la colature. On laiffe au choix de I’Apothicaire de fe fervir del'au- rone male ou dela femelle ; quoiqu’elles different 4 cer- tains égards, on peut les regarder comme femblables par rapport aux effets qu'on attend de cette compofitiony 8c peut-étre que ni l'une ni l'autre de ces aurones n’ajou- tent rien aux vertus que la décoction regoit de Ia ca- momille & de l'abfynthe. Le titre de cette décoction en exprime l'ufage. La quantité de l’eau-de-vie qu’od fais entrer fort fouvent dans les fomentations , doit étre pre- ferite par le Médecin, fuivant l’exigence des cas. de chaque une once. Décoétion commune pour un Clyflere , Decodum commune pro Clyftere. Ph. de Londres. Prenez de feuilles de guimauve feches , une once: de leurs de camomille feches, 34s chaque une de graines du fegguil dopx , § demi-once. d'eau commune, une | Mélez : faites bouillir , & paffe ployez lacolature. Le titre de cette décoction indique fafhfamment qu'elle eemployée comme fervant de bafe aux lavemens. Ine faut A ces médicamens qu'une légete ébullition, ou du- moins fi on fait bouillir un peu long-tems la’ guimauve » on ne doit mettre les fleurs de camomille & les graines -de fenouil que vers la fin de la décoGtion, parce que le degré de chaleur de Fébullition détruit bientée une partie de la vertu de ces dernieres fubftances. ja décogtion : em= Décofion commune , Decostum communes Ph. @Edingbourg. Prenez de fleurs de camomille , une once. - Détottions: : 61 de flearsde fureau , ‘de chaque une de graines de fenouil A demi-once. dean commune, une i-livre. Melez : faites bouillir : paffez la liqueur. Si l’on fe contente de mettre ces médicamens infufer pendant quelques heures dans l'eau bouillante, celle-ci fe charge fu:fifamment de leurs vertus. Cette décoétion peut s'employer dans les mémes cas que la précédente : elle contient moins de médicamens y mais peut-étre n’eft-elle pas moins falutaire. Fomentation Anodyne y Fotus Anodynusa Prenez de tétes de pavot, une once. de fleurs de fureau , une demi-once. d’eau commune, trois livres. Mélez : faites bouillir jufqu’a ce quill ne refte que deux livres de décodion : paffez-la, & employez la colature. Cette fomentation s'emploie fur les parties tuméfi¢es & enflammées , pour diminuer inflammation & la dou- leur. On pourroit mettre en doute fi le fuc contenu dans les tétes de pavot , 8& qui eft une efpece d’opium , con- ‘tribue beaucoup & produire I’effet qu’onattend de ce mé= dicament , ou fi on ne doit pas plutét attribuer la dimi- nation des accidens par fulage de ce remede a l'eau chaude , qui amollit & relache Ja peau , qu’aux qualités Particulieres des matieres dont l'eau fe trouve chargée. Fomentation aromatique Fotus aromaticus. Prenez de clous de gérofle, de macis , devin rouge une livre. Mélez: faites bouillir un peu: paffez la déco&ions employez la colature. Cette compofition fe prefcrit non-feulement entopique ME les maux externes , mais encore comme remede interne pour fortifier des parties intérieures. Cette fomen- tation appliquée chaudement fur le bas-ventre & la ré~ > 3 de chaque un gros, 62 Matiere Médiéale. gion de l'eftomac, afguvent fait ceffer les coliques ow tranchées qui acco: ent les dyffenteries , les diar- rhées , ainfi que les COfiques venteufes , les maux d'efto- mac, les envies de vomir. . Fomentation fortifiante, Fotus roborans. Prenez d’écorce de chéne, une once. d'écorce de grenade , une demi-once. dalun, deux gros. , trois livres d'eau de forge, Ceft-a-dire de cette eau dans laquelle les ouvriers en fer ont trempé plutieurs fois des fers rougis aw feu. Faites bouillirl'eau avec I’écorce de chéne & cellé de grenade, jufqu’a ce qu'll ne refte que deux livres d® décodtion: paffez,& mettez l'alun fondre dans la colature. Cette décodtion eft une liqueur trés aftringente ; of peut Yemployer, & comme fomentation pour fortifier les parties relachées , & en injection pour guérir les fleurs blanches. : SECTION IL Petits Laits, Petit Lait laxatif, Serum folutivum. Prenez de rofe de Damas ou de Provins fraiches y “une once. de petit lait, deux livres. Mélez , & laiffez infufer pendant une nuit : pour lors paflez , & employez la colature. . Le petit lait ainli chargé des vertus de la rofe opere aflez doucement par les felles : ce qui le fait employer par bien de gens pour produire cet effet. On peut au- gmenter fon action & rendre fon gotr plus agréable, en y ajoutant une quantité cenvenable de cryftaux de tartre. : . Petits Laits. 63 Petite Lait de Moutarde » Serum Sitapinam, Prenez de graines de moutarde concaffées , trois cuil- jerees. de laitde vache , deux livres. Mettez bouillir le lait ;1’ébullirion érant commencée , ajoutez y la moutarde pour le faire tourner : dtez le coagulum en filtrant: employez la colature. C’eft une forme affez commode pour faire ufage de la gtaine de moutarde ; fes vertus irritantes & ici~ aales fe communiquent en grande partie au petit lait: Petis Lait al’ Alun, Serum Aluminofum. Ph. de Londres. Prenez de lait de vache, une livre. : dalun en poudre , deux gros. Mélez : faites bouillir jufqu’a ce que le lait foit tourné, pour lors féparez le petit lait du caillé en filtrant. Ce médicament eft un puiffant aftringent, mais défa- gréable ; on le prefcrit dans les pertes utérines exceffi- ves , & quelquefois dansle diabéte ; M. Mead larecom- mande dans ce dernier cas. La dofe eft de quatre onces » trois ou quatre fois le jour. Ona aufii recommandé , pour guérirlesfievres intermittentes , d’en prendre la quantité ci-deffus en plufieurs dofes avant le retour de I'accés ; mais ce -n’eft qu’avec beaucoup de prudence qu’on peat ce un fi violent a(tringent dans une femblable ie. Petit Lait Scorbutique , Seram Scorbuticum: Ph. de Londres. Prenez de lait de vache, une livre. de fues anti-fcorbutiques , quatre onces. Mélez : faites bouillir le mélange juiqu’a ce que le lait foit tourné, & alors féparez avec atrention le petit ‘ait pour l’employer. ; petit lait peut fervir de boiffon ordinaire dans les 4 Matiere Médicale: atteGions fcorbutiques ; pour qu'il produife un effet mar= qué , il faut en prendre chaque jour , au moins, la quan- tité qué Fon obtient en fuivant la formule précédente. SECTION IIL Vinaigres. Le vinaigre extrait paffablement les principes a@ifs & médicinaux de diverfes fubftances mifes au nombre de: edes, mais en méme tems fa qualité acide pro- dui®une altération confidérable dans ces fubftances 5 ou elle y ajoute une vertu d'un genre différent de celles qui leur étoient naturelles; c’eft pourquei on foie plus rarement le vinaigre comme diffotvant, que les autres menftrues , foit aqueux , foit (piritueux. Il y a cependant certains médicamens avec le(quels le vinaigre s'accorde bien, & dont i] augmente les vertus , tels que la (cille, Tail , la gomme ammoniaque & quelques autres. En ou- tre dans des cas ou cet acide eft lui-méme indiqué com- me remede, il devient utile de Jui faire prendre l'odeur de certains végétaux. La plipart des fleurs odoriférantes ~ Jui communiquent leur odeur & une couleur pourpre ou rouge , par exemple, fi on met infufer dans Je vinai- re froid des fleurs de violettes fraiches , & qu’on les y aiffe un peu de tems, elles communiquent & fa liquear une odeur agréable & une couleur pourpre foncée. Si dans des infufions ou décoétions faites avec l’eau on em- ploie du vinaigre ou d'autres acides en général , ils font précipiter une partie de ce que l'eau a diffous. Vinaigre Rofat » Acetum Rofeceum. h. d’Edimbourg. Prenez des pétales fecs de rofes rouges, donton aur8 | 6té longlet , une livre. de fort vinaigre, huit livres. Mélez : expofez le mélange au foleil dans un vaiffeaa bien fermé pendant quarante jours, aprés lefquels vous — spafferez {a liqueur. ° | oo: ° Vinaigréd, oy On n’emploie guere ce remede que pour faire des embrocations fur la téte & les tempes , cOntre certaines efpeces de maux de téte , &c. dans lefquels il fait quele quefois du bien. Pina, Sail, e, Acetum Scilliticum: * Phe « de Londres. Prenez de {cille feche, une livre. de vinaigre, fix livres. Faites macérer la fcille dans le vinaigre en !'expofant ®une douce chaleur :enfuiteexprimez la fcille, & laiffez repofer la liqueur jufqu’é ce que le marc foit dépofé + Verfez alors le vinaigre par inclination, & ajoutez-y en- viron un douzieme de fa quantité d’eau-de-vie, afin qu'il ‘puiffle fe garder plus long tems fans fe gater. Hl paroit qu'il feroit fort & propos d’ajouter l’eau-de- vie avant que le vinaigre fit décanté; par ce moyen la dépuration eft plus prompte & plus parfaite ; & on em- péche que la liqueur ne fe trouble une feconile fois , ce qui lui arrive affez fouvent quand on y verlel’eau-de-vie, quelque bien qu'on V’ait dépuré auparavant. Ph. d’Edimbourg. Prenez de {cille coupée par tranches minces y une livres de fort virmigre , fix livres. Expofez le mélange au foleil. de la méme maniere jn'on fa prefcrit pour faire le vinaigre rofat : exprimez la fille, & paffez la liqueur. . Comme on demande dans cette derniere formule que la {cille foit fraiche , le vinaigre n’en eft pas fi fortement imprégné que dans la premiere, une livre de {cille nou- velle étant a peine I'€quivalent de trois onces de {cille fe- che. On a prétendu que le vinaigre diminue’ la vertu de la {cille , mais cela ne.paroit pas démontré par l'expé- rience ; Vacidité du vinaigre he fait que rendre moins feniible l'amertume piquante de cet oignon. . Le vinaigre de {cille eft un médicament compofé, fort ancien. Nous trouyons , dans un Traité qu’on croit éwe Tome II, : E- ‘“ . ” e ___. Matlere Mitheale. . de Gallien , Péxpofition de fa préparation, 8& des vertu particulieres qu’do lui attcibuoit alors. Ceft un puiffane remede ftimulart » apéritif & trés-propre & atténuer lee humeurs Gi eae 3 auffi s'en fert-on avec beaucoup de faccés dans les maladies dela poitrine caufées par des amas de pituite épaiffe & vifqueule, ainfi que pour pro- curer des évacuations par les urines , dans les hydropi- fies » Voyex la Sedtion des médicamens acres. La dole de ce médicament eft dépuis un Bros ufqu’a une demi-once. LLorlque les premieres voies font furchargées de crudités, on peut commencer le trairement en le donnant a phe grande dofe, poucles évacuer par Ie vomiffement. Ik eft S propos del'adminiftrer avee Peau de canelle,ou quelque autre eau aromatique agréable , qui empéche les aatees, wil eft fujet 4 produire, méme étant donné en petites dofes. Qn prefcrit environ une demi-once de cette com- pofition., Vinaigre Prophylaflique ou des quatre Voleurs 5 Acetum Prophylacticum. "Ph. de Paris, Prenez des fopmitts fraiches , le Pabfynhte commune, de l'abfynthe romaine € de cha- “ du romarin , pe une de la fauges emi- de la menthe, once. de la rue, oo dc Se de lavande feches, deux ounces. . Wail, de calamys. aromaticus » de chaque : a oo 2 aécofla deux . de cloux ro! gros. de noix mufcade , ’ o de fort vinaigce , huit livres. F ‘Mettez fe tout, dans up grand matras.: laiffez macérer -lemé pendant douze jonrs au foleit ouau bain de fa- able : ex; timez fortement ces médicamens : paffez la ke guetr, & ajoutez A la colaturé_une demi-once de eam- phre diffoute dans l’efprit-de-vin. ; ; Praigies, On regarde cette compotition comtne tin des meilleurs exvatifs contre la Relte » ainli que fon titre l'exprime. dit que durant la derniere pelte de Mazsleille quatre, _perfornes affifterent une multitude de peltiférés, fang Ne eux-mémes atteints de la maladie, & que lous pré. texte de rendre fervice, ils voloient les alees & lea, morts ; enfin que l'un d’eux ayant été pris , obrint fa gras ée en découvrant ce remede , qui par cette raifon a ét& Wepuis appellé le vinaigre des quatre voleurs ; il n'y 4 pas lieu de douter que ce vinaigre , gui contient une quan riré confidérable de végéeaux anti {ceptigues , ne con- tribue beaucobp & empécher les effets d'un air putride ‘econtagieux. Vinoigre Theriacal, Acetum Theriacale. . Ph d'Edimbourg. Prenez de 1a thériaque d’Edimbourg (décrite parmi tes ¢tectuaires ) , une livre. _ de fort vinaigre , quatre livres. Milez : laiffez en digeftion pendant trois jourt , 4 und thaleur fort douce : enfuite paffez la liqueur. Ona beaucoup vanté ce médicament pour te traites nent des maladies aigués & contagieufes, comme re= medeé fudorifique & alexipharmaque. Quelques-uns oné mieux aimé employer le vinaigre comme véhicule 5 qué comme menftrue de Ja thériaque ; dans les deux procé- dés , c’eft- une excellente addition qui rend le vinaigrd ropre 4 remuplit différentes indications. Ily a un peu plug ‘an grain. d’opium dans chaque demi-once de la compo- fition faite faivantla maniere qu’on prefcrit ici; cepen- dant it ne paroit pas que cétte préparation ait tout l’effet qu'on pourroit attendre d'une telle addition. Vinaigre de Litharge , Acétum Lithargyrites, Be Ph, aRdimbourg. * Prenez de litharge , quatre onces. s de:fort vinaigre , une livre, Mélez : laiffez en digeftion au bain de fable pendane y é&e ‘Matiere Médicale: ‘ quatre jours » ayant foin de fecouer fouvent la bouteite¥ trez alors la liqueur. * On peut regarder cette liqueur comme une diffolutian de facre de Saturne de la méme nature que celles dont nous parlerons ci-aprés : celle ci s‘emploie feulement & Pextérieur » comme cofmétique, contre les éruptions cutanées , la rougeury les inflammations &c- mais elle n’eft pas fans danger , méme dans ces cas 1a; ily a des exemples de différens accidens occafionnés par fon ufage continué quelque tems. SECTION IV,: Des Vins. On a introduit l'ufage desvins médicinaux, pour qué des médicamens qu’on devoit garder lofig-tems , puffent fe donner fous une forme qui fit commode & gracieufe y par ce moyen ona pu faire prendre certains remedes malgré la répugnance fi commune & fi forte pour tout ce qui vient de chez ’Apothicaire : on a aufli préparé des Dierres médicinales pour le peuple. Comme les liqueurs vineufes font trés-propres a extraire les vertus de plufieurs médicamens fimples , & a les conferver , le vina été mis au nombre des menftrues officinaux , dans lefquels on a fait infufer des fubftances de la plus grande efficacité. Les vins érant compofés d’eau & d’efprit , ils agiffent fur les divers principes des végétaux & des animaux qui font fo- tubles dans ces liqueurs, quoique les vins contiennent tne grande quantité d’une fubftance mucilagineufe ou vifqueufe , qui rend ces menftrues moins actifs que les mélanges deau & defprit qui font plus purs. Les ving contiennent encore un acide fubtil , qui diminue quelque- fois leur action fur certaines matieres animales & végé- tales ; mais cet acide les rend capables , en proportion de fa quantité , de diffoudre quelques corps métalliques 3 ceft par cette propriété que les vins fe chargent des principes fortitians du fer, des principes altécans & émés peak de l’antimoine , & prend les qualités nuifibles de Pins: 63 "Nota. Dans tous les vins médicinaux fl eft & propos -@ajouter , aprés qu’ils ont été filtrés, environ un dou- zieme de leur _quantité de bonne eau-de-vie , pour les empécher de fermenter ; on peut les garder dans les fémes bouteilles qui fervent pour les vins de table, & on aura foin de les boucher avec autant d’exadtitude, Ph. de Londres, Vin Alogique Alkalin , Vioum Alocticum Afkalinum: Ph. de Londres. Prenez de quelque fet alkali fixe, bmit onces.. daloés foccotrin de fafran 5, de chaque une once. ' de myrrhe, de fel ammoniaque purifié, fix gros. de bon vin blanc , deux livres. Mélez:: laiffez en macération a froid- pendant une fe- maine ou plus long-tems , enfuite filtrez le vin par le pa pier. Cette compofition eft ce qu’on nomme I’élixir de pro~ priété de- Vanhelmont ; il y a feulement ici quelques pe- tites différences qui regardent plutét fApothicaire que * fa compofition. Il eft 4 remarquer que: le fel ammo- niac fe décompofe par ce procédé de-la méme mae niere que dans la diftillation de l'efprit de {el ammoniac Gon Chap. VHI.Se& 2.) , I'acide-de ce fel étant-ab- rbé & en partie neutralifé par-te- fel alkali fixe, & fes fels alkalis volatils fe trouvane par-l4 mis en liberté: & diffipés ; ainfi ona, aprés ce procédé, la.méme chofe que fion ett employé pour cette compofition beaucoup le fel volatil pur, tel que le fet ammoniac eft capable. den fournir, c’eft-a-dire. prés d'une demi-once , avec environ fix gros de fel marin. L’élixir de Vanhelmont , tel qu'il fe trouvoit dans no« tre Phacmacopée précédente, fe-prépare-de la maniere faivante- Prenez fe sire, rouge > 3 de chaque douze once. de vin blanc , deux livres, E ij Matiere Médicals, : daloés., ; de chaque.ume once & de fafran, demie. , Réduifez le nitre:& Je tartre en poudre: mélez-les+ verfez peu-A-peu ce mélange dans un creufet chaud 5 quand ces fels feront fuffifamment calcings , yerfez cette matiere dans un .moxtier de verre , & ajoutez-y le vin: _ce qui fera un menttrue avec lequel vous extraitrez une teinture de l’alogs & du fafran. Prengz auffi de fel ammoniac, ‘huit ances, deau commune trés-pure, vingt onces du vin blanc, une livre. fs myrrhe , une once & demie. Faites diffoudre le fel ammoniac dans I’eau : paffez 4 diffolution , 8 évaporez la colature jufqu’a ficcité, . Vous feraz diffoudre une once de ce fel dans le vin & employsrez ce mélange pour tirer lateinture de 1 myrthe avec cette folution. Mélez les-deux teintures enfemble dans un vaiffeau dien fermé , de maniere 4 en faire un élixir. t La préparation qu’on fait par ce long procédé n’eft pas différente de la.précédente, Le nitre & le tartre calcinés enfemble forment un fel alkali, femblable a celui qu'on trouve 4 meilleur marché dans le commerce. Vanhelmont & d'autres Chymiftes ont eu la plus gran- de idée de ce médicament : ils l’ont appellé un .baume vivifiant & prélervatif', capable de conferver la fanté, & de protonger la vie jufqu’ou celle de l'homme peut s'étendre. Au refte ce médicament eft efficace, & pror prea remplir plufieurs indications : on pourrait le don- ner de maniere qu'il atténuat les humeurs vifqueufes » détruisit les obftru@ions dans les parties du corps les plus. éloignées du centre & procurat des évacuations par prefque. tous les émunctoires. Ce remede donné a la dofe d'un » de deux, ou de trois gros, augmente la fécrétion des urines, & il devient communément diaphorétique ou. fudorifique , fi on tient le malade chaudement ; quand on Vaminiftre & plus grande dofe, il [ache doucemenk, Ie ventrg. . ’ ] Vins, ge Vin amer, Vinum amaram, Ph. de Londres, Prenez de racine de gentiane, chaque d’écorce jaune & fraiche delimon > une once. (citron des Fr. ) , de poivre long, deux gros. : de bon vin blanc, deux livres. . Mélez : faites macérer a froid, & paffez. Ce vin eft un amer fort gracieux , que addition dp Poirre long rend beaucoup plus échauffant que l'infulion amere aqueufe. La gentiane & 1écorce de limon (citron les Fr, ) forment un amer d'un gofit trés-agréable. L'é- Fice qu’on ajoute icia été préférée, aprés avoir eflay$ Plafeurs autres fubftances. . ‘ Vin aatimonial , Vinum antimoniale. Ph. de Londres. Prenez de fafran d'antimoine lavé, une once. _ devin blanc , une livre & demie. ; Milez:; laiffez en digeftion & fraid , & filtrez & travers Papier Vin émésigne, Vinum emeticum Ph. d’Edimbourg. _ Prenez de fafian des métaux, une once. de vin blanc , une livre. i * Mélez ; remuez bien Je tout enfemble : laiffez repofer ; enfuite verfez le vin par inclination. . _Quelque attention qu’on ait prife de ne pas agiter le Vin julqu’a ce qu'il ait dépofé ; & en te décanrant , il pa- Foit que la filtration a travers le papier eft toujours né& Ceffaire , pour qu’il n’y refte aucune des parties les plus Petites du fafran d’antimoine ; il n’en eft pas ici de méme Que dans la ‘plipart des autres vins & des teintures » OY 4 matiere qui refte fans étre diffoute , eftde peu decon- aequence ; en effet be fafran d'antimaine cn a éprouvg . iv ak _ Matiere Médicale. e Fraion du vin, continue d’étre aufli virulent que jamais; & communique fes principes a de nouvelles quantités de vin auffi fortement qu’a la premiere; cet effet eft, pour ainfi dire , fans fin; & malgré cela, 4 peine: le trouve- ~t0n fenfiblement diminué de fon poids. * [ - Le vin antimonial poffede toutes les vertus de ce mi- néral ; & on pourroit le dofer & I'adminiftrer de fagon & produire tout ce qui peut étre opéré par toute autre pré- paration antimoniale ; il y a encore cet avantage , que comme la partie ative de l’antimoine eft déja difloute & rendue milcible avec les fluides animaux , fon opératioa » eft plus certaine. Quand on donne ce vin depuis cin- | ante jufqu’a foixante gouttes, il agit comme altérant ' diaphorétique ; mais fi on le prend a plus forte dofe , "$l devient diurétique & cathartique ; deux , trois ou quatre gros font un émétique violent ; on I’a employé y principalement pour produire ces derniers effets , dans des cas de manie & d’apoplexie , & c’eft pour cela quioa lui a donné Ie nom de vin émétique. Vin Chalibé ou Martial, Vinum Chalybeatura: ” Ph.de Londres. Prenez de limaille de fer , quatre onces. he a a $ de chaque unedemi-once: du vin da Rhin, quatre livres, Métez : laiffez macérer 4.froid pendant un mois, & durant ce tems fecouez fouvent le vaiffeau : pafféz le ving employez la colature. ve Ph. d'Edimbourg. Prenex de limailfe de fer, trois onces: . de cochenille , un demi- gros. du vin du Rhin , deux livres. Mélez : laiffez en digeftion pendant: dix jours au bais de fable : aprés ce tems paffez le vin par un filtre. : Ces vins font d’affez bons remedes ; le vin du Rhio ef un excellent menftrue pour fe fer; i en diffout une 4 . Vins. . "13 ité confidérable ; la cochenille qui entre dans la le préparation » lui communique une belle couleur; lacanelle & le macis donnent Ala premiere un gott agréa- ble , font que l’eftomac la fupporte mieux , & aogmen- tent fon efficacité.. Quelques-uns ont objecté , au fujet de la. chaleur qu’on emploie » qu’en faifant diffoudre plus de fer au vin, elle eft caufe que celui-ci devient plus défagréable au gout; mais fi ce procédé n'a pas d’autre inconvénient , on y remédie en employant plus de vin. Ce vin chalibé eft ane trés-bonne préparation du fer, & que l’on ordonne fouvent dans les maladies chlorotie ques & les autres affections ov les préparations martiales 4 conviennent. Boerhaave I'a recommandé comme ug_des lus excellens remedesqu'il connit, pour augment ces des organes de la fanguification, loriqu’ils affoiblis par un trop grand relachement des folides & par des humeurs froides, aqueufes, & qui circulent trop lentement ; en pareil cas, iln’y a, dit-il, avcune fabftance animale ou végétale , il n'y a point d’alimene nide régime qui foit capable de produire les bons effets du fer; mais ce remede devient nuifible , lorfque les forces vitales font déja trop confidérables , & que cet ‘Gat dépend des fluides ou des folides. La dofe da vin chalibé eft depuis un gros jufqu’a une demi-once, quon pourra répéter deux ou trois fois par jour. Les diffolutions de fer faites dans du vin ou dans d’au- tres acides végétaux s’évaporent. A la confiftance d’un extrait, que l'on nomme extrait de Mars , extradum Maris. Ces préparations n'@nt aucune {upériorité, quant a leur Vertu, fur les préparations de fer plus ufitées ; elles ont ,favantage de s'adminiftrer fous certaines formes, & Particulierement fous celle de pilules, plus commodé- ment que fa plipart des autres préparations de cette ef- Pece qui font d’une égale efficacité. On pourroit em- ployer ces extraits en.pilules & feuls ; on peut méme ven fervir pour mettre d'autres fubftances fous cette 34 Matiere Médicale, Vin de Safran , Vioum Croceum. Ph. de Londres. _ Prenez de fafran , une once» , de vin des Canaries, une livre. . * Mitez : laiffez macérer a froid : enfuite paffez le vin, Ona obje&té contre cette préparation , que le vindeg ‘anaries n‘eft pas un bon menftrue des médicamens dis regne végétal, parce qu'il contient une grande quantité de matiere on@ueufe , qui 'empéche d’agir fur Jes plan- tes ; une chopine de ce vin a laiflé, apres l'évaporationg deux onces d’une fubftance graffe , affez femblable a du miel qui a durci a force de bouillir. Le vin eft cepen- dant un menftrue fort convenable pour le fafran ; car non- lence Je premier fe charge fuftifamment des principes falutaires de l’autre, mais en outre ils s‘accordent pour produire le méme effet cordial. La préparation faite avec du vin des Canaries fe garde mieux que celles pour lefe quelles on emploie des vins fujets 4 devenir trop acides 5 les teintures de faftan oii entrent ces derniers vins, perdeng bientét lear couleur , au lieu que celles gu’on fait avec Ie yin des Canaries la gardent long-tems. La dofe de cette teinture eft depuis un gros ju(qu’a trois , ou davantage. Vin d'Ipecacuanha, Vinum Ipecagoanhe. Ph. de Londres, Prenez @'ipecacuanha , deux onces. Z decorce jaune&feche patens demi-once. de vin des Canaries , denx livres. ; Mélez : laiffez macerer a froid ; enfuite paffez le vin. Teinture 2 Ipecacuanha , Tingtura Ipecacuanha. Ph, d’Edimbourg. ’ Prenez d'ipecacuanha en poudre , une once. du vin blanc, une livre. . . Mélez : hiffez en digeftion pendant deux jours: en« faite filtrez la teinture. taht i rave eet Vins, - %s €es deux vins font des oe fort doux & farts danger : ils s’employent dans les dy{lenteries avec autant de fuccés que Pipecacuanha en fabftance ; car cette racine communique prefque toutes fes vertus au vin blanc & avin des Canaries pre(crits ici; il en communigue-mé- me une bonne partie aux liqueurs aqueufes. La dofe or- finaire eft d'une once ; on la diminue ou on Taugmente | Yelon Vage & ‘les forces du matade. Le College de Mé @ecine 7’ Edimbourg y ajoutoit précédemment un fcru- pute de cochenille , qui donnoit 4 ae une coulcir rouge agréable, mais on I'a retranché , parce que les tnalades qui ‘voyoient fort rouge ce qu’ls rendoient S’en allarmoient , croyant que ces matieres éoient ainks colorées par leur fang. L’écorce d’orange dans la pre- gniere de ces prefcriptions , communique un goiit agréa- Ble a la liqueur ; & Ia cochenille , dans Bteconde, Yui donne un beau rouge. : Vin de Vipere Vinum Vipesioum h. de Londres, Prenez de viperes feches, deux onces, du vin blanc, trois livres. . Mélez : laiffez en macération pendant une femaine , & 4 une douce chaieur : aprés ce toms paffez la liqueurs On a beanconp difputé pour feavoir fi dans la prépara- tion de ce vin il falloit préférer les viperes feches aux vivantes ; il y a apparence que celles qui font légérement & nouvellement {échées, font ‘préferables 3 car ine paroit pas qu’elles perdent autre chofe parla deffication gue lears parties aqueufes. On peut douter trés fort fi s viperes , foit vivantes, foit feches 5 communiquent autant de vertu qu’on le prétend. On a beaucoup célé- hré certaines compofitions ot il en entre, comme des re- medes fortifians , efficaces dans la foibleffe, le dépériffe- ment ; mais les effets falutaires opérés en pareils cag Provenoient principdlement d’aytees fubflances aux- guellgs on Jes affocioig. . t ve _'Matiere Médicale, . Loon Win de Cloportes » Vinum Millepedatunst. Ph. d'Edimbourg,. _ . “Prenez de cloportes vivans , deux onces. . = du vin du Rhin, une livre. +4," + Ecrafez les cloportes : mélez : laiffez infufer pendant ‘une nuit: enfuite paffez la liqueur par une étamine 5 & exprimez. < On a beaucoup vanté ce médicament comme un reme< ‘de des phus efficaces pour nettoyer les vifceres , guérir Ja jauniffe , ditiper les obftruétions des voies urinaires 5 comme falutaire dans prefque toutes les maladies chro- niques , fans en excepter méme les tumeurs fcrophu- Teufes ; enfin dans les cas ou fluxions of des matieres Acres fe jettent fur les yeux; mais ceux qui fe font atten- dus 4 des vertus fi extraordinaires dela part de ce médi- cament, ont été fort fouvent trompés ; & a préfentily a ~ trés-peu de perfonnes qui y aient une grande confiances On en prefcrit depuis une demi-once jufqu’a deux. Teinture Céphalique» TinSura Cephalicas Ph, d Edimboarg. Prenez de racine de la valériane fanvage, quatre onces de ferpentaire de Virginie , une once. : de fommités de romarin, une demi-once. du vin blanc, fix livres. uo . Mélez : faiffez en digeftion pendant quatre jours » 8& aprés ce tems filtrez la teinture. Ily a lieu de croire que cette préparation eft un re- mede trés-efficace, comme céphalique , principalement contre les maladies du genre nerveux dans le{quelles les membranes du cerveau fe trouvent fouvent plus affe&ées que toutes les autres parties; ces maladies font les vertir ges, lépilepfie, les paralyfies. Cette teinture differe de celle qui pottoit le méme titre dans les précédentes Editions ; ona rejetté de celle-ci des médicamens fuper flus , tels que le cafumunar , les racines de di@amne blanc, de pivoine , le gui de chéne & la fiente de Pao Vinsi 7. ‘A la vérité le cafamunar n’eft pas fans vertu, mais il en abeaucoup moins que les médicamens que Jona confer- vés : & dont on a augmenté la dofe. Tl peut étre & propos de remarquer ici que , quoique dans aan quelques-unes des eaux diftillées, dont nous rapporterons les compofitions , il entte plufieurs fubftan- ces fuperflues, fans que ces éaux en deviennent moins falutaires, il n’en eft pas de méme dans les médicamens qu’on prépare par infufion ; car ce quine donne aucune vertu aux eaux ne diminue pas celle des fubftances a@i- ves ; mais toutes les fubftances qu’on cimploie d‘ordi- fajce-dans Jes infufions communiquent quelque cho au menftrue ; de facon que fi on y admet des chofes fuper- flues , elles chargent la liqueur d’une matiere inutile , 8 ©ccupent la place que des principes plus efficaces de- ‘vrojent avoir. Teinture Céphalique Purgative, TinScura Cephalica Purgans. eee phe d'EGimbourg.” Cette teinture fe fait en ajoutant 4 la précédente, de féné, deux dhees. de racine d’hellebore noir , une once. du vin blanc, deux livres, Theft fouvent trés-néceflaire de joindre des purgatifa aux médicamens céphaliques ; ceux qu'on a réunis dang cette teinture-conviennent en pareils cas y & la quantité ai en entre fait que depxonces de la teinture purgative font un doux laxatif. Trinture Vineufe de Rinbarie Tinrura Rhabarbar inola. Ph. de Londres. Prenez de rhubarbe , deux onces. des graines de petit cardamome mondéea, une demi-once. de fafran, deux gros. . du vin blanc , deux livres. Miez: lajflez macérer a froid : enfuite paflezla teintureg : Matiere Médicdles Cette teintare eff un remede échanffant’, cordial d@ porgatif; on Femploie principatement dans la foibteffe de l'eftomac & des entrailtes, & dans certains dévoye: mens, pour évacuer les matieres irritantes , & former fes vifceres. On peut donner de cette reinture:depuis une’ cuillerée jufqu’a trois ou quatre , ou davantage, feton' Its forces du matade , & Tes effets qu'on etr attend Teinture Saerée 5 Tindrera Sacra. Ph. de Londres. Prenez dalods foccetritt , huit onces. de canefle blanche , deux onces: ; da vin blanc, dix fivres. Pulvérifez féparément aloes & la canelle blanche = mélez-les : verfez le vin deffus : laiffez macérer & froid pendant une femaine ou plus, en fecouant de tems en . tems te vaiffeau ; aprés gol paffez la teinture. Il (era & propos de méler avec ces poudres un peude fable blanc bien lavé , pour empécher les molécules de l'alo&s de faire eorps en fe sponiffane » ce qui fii arrive fouvent lorfqu’il eft bumeae. . Ph. d Edimboarg. Prenez d’alots foccotrin en poudre, une once, de gingembre, ; de chaque de ferpentaire de Virginie , un gross de cochenille , un fcrupule. duvin blanc, une livre & demie. - Mélez : aiffez en digeftion a une chaleur fort douce pendant deux jours : enfuite paffez la teinture. On a pendant long-tems fait beatcoup de cas de c¢ remede y non-feulement comme cathartique , mais com- me tonique & ftimulant ; le vin fe chargeant de toutes les parties de falots o& ces qualités réfident, il ne refte qu'une portion de la matiere active réfineufe. On ajoute des fabttances aromatiques » afin dé rendre le médica- ment échauffant,8& dé diminner en partie le mauvais. goat de Palos ; aprés avoir fait l'effai de plufiears fubftances pone parvenir & siete ble, ila po rendre l'aloés plus fapportable, ita paru ue fa canelle blanche étoit celle qui y réuffiffoit le mieux. Ya ferpentaire nous fembleavoir été mife dans la feconde dé ces formales , afin d’'augmenter Ia vertu ftimulante de Palos. C’eft probablemént dans la méme intention qu'on faifoic entrer l'azarum dans les précédentes éditions des Pharmacopées d’ Angleterre. Voici quelle étoit la recette de la teinture facrée , dans lédition qui a_précédé im- médiatement celle-ci qu'on fuit aujourd'hui. + Prenez d'atoés, huit onces. ar 5 le canelle de zédoaire , de chaque quatre de graines de cardamome , °° fafran , de cochenille , un fcrypule. . du vin blanc , dix livres. Verfez le vin far les autres fubftances réduftes ea poudre : laiffez en digeftion : enfuite paffez la teintare + employez fa colature. Une longue expérience a fait voir que lateinture facrée eft un excellent remede pour les perfonnes d’une confti- tation langujffante & phlegmatique , non-feulemert pout nettoyer les premieres voies, mais auffi pour atténuet x diffondre les fucs vifqueux arrétés dans les parties fed plus éloignées du centre de la circulation, pour irriter les folides » échanffer tout le corps , favorifer & déterminer les regles & le flux hémorrhoidal, Quand on prefcrit la teintare facrée pour purger , [a dofe eft deputs une once jufqu’s quatre » ou davantage ; ‘on pourroit [a faire pénétrer dans les plus petits vaiffeaux ‘@ea corps , & lui faire produire d’excellens effets , com me remede altérant, en la donnant APetites dofes, && a des interyalles convenables; quand on l'adminiftre de cette facon , elle nopere pas beaucoup ni long-tems par les felles, mais aprés quelques jours d’ufage elle devient purgative , & entretient le ventre libre plus long-tems qu’aucun autre eathartique. Ya Maticre Médicale. Teinture Stomachique , Tinétura ad Stomachicos} Ph. d'Edimbourg. Prenez de calamus aromaticus , 3 de chaque une de racine de gentianes once & demic. de quinquira en poudre 5 deux onces. ; d'orange féchée avant la maturité,) de cha des fommités de petite centaurée-y > que une de graines de chardon-bénit, - Once. de limaille de fer enfermée dans un nouet; trois onces. de vip blanc, huit livres. : Mélez : laiffez en digeftion pendant trois jours : en faite filtrez la teinture : employez la colature. On pourroit faire une teinture peu différente en n’em- ployant pas le fer. Cette teinture ftomachique eft un remede fort effi- cace dans les cas de foibleffe de I'eftomac & des organes qui fervent a la digeftion, & en général lorfque les vif- ceres font dans un état de relachement. Elle eft mieux entendue & plus agréable que dans les précédentes édi- tioas de la Pharmacopée d’Edimbourg, parce que dans celle-ci ona rejetté quelques fubftances inutiles , telles que l'abfynthe , le galanga , la zédoaire ; on pourroit en- core , fans lui faire tort , retrancher les fleurs de camo mile & les femences du chardon-bénit , qui ne paroiffent avoir de vertus que celles qui fe trouvent 4.un plus haut degré dans la racine de gentiane. On a auffi fubftitud & L’écagce d’orange de Seville prefcrite dans les premieres Editions, orange feche, quia été cueillie avant fa ma- turité. Cette fubftance paroit fort appropriée & des com pofitions du genre de celle-ci , parce qu'elle eft un aro- matique amer y @une faveur trés-agréable, Teinture Thebaigque ou f Opium, Tindcara Thebaica. © Ph. de Londres. Prenez d’opium purifié , deux onces. de canelle, de cloux de gérofle , $ de chaque un gros. de vin blanc , tine livre. Mélezs : Vins, - Sr Mélez : laiffez macérer a froid pencant une femaine : enfuite fittrez la teinture &- travers le papier: employez la colature. oe - . < Cette compofition eft le laudanum liquide de Syde- nham , /audanum liguidum Sydenhami, avec ces {eules dif. férences , qu’on fubftitue de bon vin blanc au vin des Ca- naries , & qu'on retranehe une once de fafran. Les aro- matiques font en fi petite quantité dans certe teinture y que le Médecin ne doit pas craindre un effet confidéra- ble de leur part; la proportion de chacan eft d’environ la \eizieme partie d’uo grain fur un grain d’opium ; néan- imoins ces petites quantités de divers aromatiques fufhlent pour diminugr le mauvais goft de l'opium ; il paroit aufi que c’eft-la la feule irtention dans laquelle on les lui a affociés. Be «Les principaux avantages qu'il y aA adminiftrer I'o- phuar fous la forme précédente , font que cette fabftance étant déa diffoute , agit plus promptement dans le corpsy & que certaines perfonnes prennent les médicamens fous une forme liquide plas‘facilément qu’en bols on en pi- lules. Les dofes ordiraites de cette teinture font depuis dix gouttes jufqu’é quarante , cinquante ou davantage » felon que ies cas exigent. ; aa : I feroit' fouligiter que 1a dofe tit prefcrite plus exac- Zethent pat poids on par mefure , différentes circon- ‘ances faifant-varier beaticoup lz quantité des gouttes, “GGdique lear nombre for le mémeé ; & perfonne n'ignore que les erreurs fur la quaritité de ce m¢dicament peu- vent avoirles plus fachepfés conféquences. ¥ingt gouttes de cette'teintute “cofitienhent prés d'un grajn d’opium, gui eft la quantité que vingt gouttes. & vin peuyent Satfaite Pun grain opium ; car ce _menftrue ne diffout spas toute’ ld fabftance di opine » & par conféquent fa ‘diffolation n'a pas des effets €quivalens ‘a toute fa uantité d’opium qu'on a employé. 0% - -. On‘ -tdavera , parmi tes teintures fpirituenfes , Sec- - tion fizierne de ce Chapitre , une préparation Hiquide opium qui-n'a pas les inconvéniens dont nous venons ‘de parler. ‘ : “Tome Ii F as ‘Maticre Médicale. Via “Aromatique » Vinum Aromaticum; Prenez de cloux de gérofie 3 de chaque une demi# de gingembre, once. de canelle, . 3 de noix matcade , de chaque une once. de vin des Canaries, fix livres. Réduifez les épices en poudre groffiere : mettez-les macérer durant quelques jours dans le vin; enfuite faites filtrer l’infuGon. Ce vin eft un excellent cordial fort recommandé pour échauffer tout le corps, & fortitier le genre,nerveux ; il eft tellement chargé des principes aromatiques, qu’on ne doit le prendre que délayé, & en petite quantité & hafois: méléavec un peu de jus. de limon (citron des Fr.), & beaucoup de lait, il fait un petit lait agréable & fa- futaire dans les fievres lentes, : Vin Anti-fcorbutique » Vinam Anti-{corbuticum. Ph. de Paris. , oon y Prenez de feuilles de trefle d’eau, , . de gee de fontaine, le DEccAbunga ». “e de creffon de jardin, $e chaque : de cochloaria,... rune ONCE. . dialligire., : _ de racine de raifpge 1 : mo diris de. Florence, deux gros. : .de.vin blanc, quatre livres, . “‘Ayez les feuilles & racines fraiches : hacheztes gro “fierement : mettez le tout dans. un vaiffeau bien fermés (& laiffez macérer durant vingt-quatre heures: enfuite paffez , & employez la colature. 4A : Cettecompofition eft un aflez bon remede.anti-feor- butique ; cependant il y a quelques ingrédieps qui pro» duifent peu d’effet ; par exeimple , une once de beccas bunga ne donne pas fufhiiamment de principes adtifs dans quatre livres d’une infafion ot il fe trouve des médica- , . . Vins.- : mens auf puiffans que la plipart des autres ; il y a encore lieu de douter que Ia racine fraiche d'iris communique fes vertus au vin, les principes purgatifs des plantes de ce genre étant fi peu difpolés a fe diffoudre dans des menftrues aqueux , quiils fe {éparent des fucs qu’on en retire par expreffion , & fe précipitent ; mais cette ra- cine change beaucoup en féchant , & dans ce dernier état” elle devient un ingrédient utile au vin anti-fcorbutique pour lai communiquer une odeur agréable, & qui ap- proche fort de celle des framboifes. Vin Scorbutique , Vinum Scorbuticum. Prenez de coeblearia de jardin, une poignée. de racine de raifort ratiffée , une demi-once. d’écorce de winter , deux gros. .,_ devin blanc, deux livres. Mélez : Jaiffez infufer a froid pendant trois jours, Ce vin fe trouve tellement chargé des principes actifs de fes médicamens , qu'il eft trés-etficace dans les confti- tutions fcorbutiques, On l’emploie principalement dans le Printems, a la dofe de quatre onces , & celle-ci fe répete deux ou trois fois par jour. Quoique plus fimple que le vin précédent , il n’'en eft pas moins efticace. Vin Scorbutique de Muntingius » Vioum Scorbuticum Muntingii. . Prenez de racine de patience fauvage » fix onces. de racine de gentiane , ~ de régliffe , de canelle , de chaque de poivre noir, trois onces. de macis , de fafran, deux onces. ide vin blanc, feize livres. de fort vinaigre, quatre livres. le jaune de trois ceufs frais. Réduifez les racines & les épices en une pomlre grof- fiere: verfez deflus, le vin, le vinaigre = les jaunes : : i x x $2, Matiere Médicak. ‘d’ceufs ; mettéz le tout en digeftion dans un vaiffeau bier fermé, ane douce chaleur, pendant trois jours , apréw quoi paffez ce vin, & employez ja colature. L’Auteur de cette compofition la recommande comme “un remede infaillible contre le fcorbut invétéré, & dans toutes fortes d’affecions fcorbutiques , fpécialement Jor(qu’elles ne font pas accompagnées de fievre ni d’in- flammation: il dit méme qu'elle a guéri des paralyfies 8 Ya vérole. La dofe eft dépuis trois onces jufqu’a fix 5 w'il faut prendre le matin 4 jeun, & continuer pen— dant quinze & vingt jours, ou plus long-tems; on doit en méler auffi avec la boiffon du malade ; pour la- quelle il confeille de bon vin du Rhin, ou de la bierre bien faite, mais qui ne foit pas houvelle. Sile malade fe plaintde chaleur , ou de féchereffe de poitrine , de toux violente , ou de quelque autre fimptome de pthtifie , if avertit de ne pas mettre le poiyre noi, & d’augmenter la régliffe jufqu’a fix onces. : On vante , contre la goutte , ure compofition qui dif- fere de celle-ci en ce qu'il n’y entre pas de vinaigre» _& que Vefprit-de-vin fert de, menftrae. Vin Feébrifuge, Vioum Febrifugum- Ph. de Paris. * Prenez de quinquina en poudre, deux onces. de bon vin rouge, deux livres. Mélez : laiffez en digeftion dans un vaiffeau de verre bien fermé, & 4 une douce chaleur, pendant quatante- huit heures : fecouez le vaiffeau de tems-en-tems ; aprés quoi laiffez refroidir le tout: paffez le vin.au moment ot il faudra employer. . C’eft la_ préparation du quinquina dont fe fervoit le Chevalier Robert Tabor ou Talbot ( Anglois réfidant en France) qu’on croit un des premiers de ceux qui ont re- nouvellé r'ufage du quihquina , aprés que Pemploi impru- dent de ce médicament leit fait abandonner. II fit un -fecret de cette préparation , jufqu’au tems ot Louis XIV. Tacheta une fomme confidérable , & la rendit publique. ‘Cenfelt pag tant dela préparation du remede que dépend \ Kins, 5 & fon fuects, que de fon adminiftration. Voyez , dans la Partie precedente » le mot Quinquina, L’expérience fait voir encore que ce vin eft moins efficace pour lagué. rifon des fievres intermittentes que le quinquina pris en fubftance. On ne peut pas regarder ce vin comme propre & remplir autant d'indications que I'infufion aqueufe de quinquina décrite ci-deffus ; le vin qui fert de menftrue empéche qu’on n’en puiffe prendre beaucoup dans bien des cas ott le quinquina paroit indiqué ; néanmoins on emploie ce vin fébrifuge dans les fievres intermittentes ou il n’y a pas befoin de prendre une quantité confidéra- ble de quinquina ; 8 il eft. fpécialement utile dans les cas de relachement 8 de foibleffe de l'eftomac & des inteftins. Vin de Gaiac , Vinum guaiacinum.. Prenez de bois de gaiac , . 3 de chaque de fantal jaune , deux onces, . Aécorce feche d’orange , pa chaque * de graines de petit cardamome,$ une once. de vin blanc, huit livres. Mélez ¢ laiffez infufer pendant une femaine , enfuite paffez le vin, & employez Ia colature. Ce vin eft modérément échauffant & fortifiant: il s’em- ploie dans le relachement du genre nerveux , & pourles conftitutions dont la foiblefle dépend_d'humeurs pitui- teufes, froides. C’eft.un excellent préfervatif contre les douleurs de rhumatifme & de goutte. On ert pourra prendre deux ou quatre onces, deux ou trois fois pat jour , & continuer pendant un mois ou deux. ‘ Vin de Gaiac avec PHellébore, Vinum Guaiacinum cum Helleboro, : Prenez de bois de gaiac, 3 de chaque dé racine d’heli’borenoir, § deux onces.- décorce feche d’orange, une once .de graines de petit cardamome »pde chaque de vin blanc , quatre livres. . F ij - Matiere Médicale. : Mélez: Jaiffez infufer pendant une femaine ou davan- tage : enfuite paffez le vin: employezia colature. Ce vineft chaud, ftimulant & défobfruant ; on pour- roit l'employer avec fuccés pour les perfonnes d'une con- Ritution froide & phlegmatique , chez qui les humeurs croupiffent dans les vaiffeaux éloignés du centre de la circulation ; poor celles qui ont une difpolition 4 la goutte, 4 l'hydropifie & aux rhumatifmes. On doit Ie rendre principalement le foir & en petites dofes, de ‘on qu'il ne paffe pas par les felles. _ SECTION V. Bieres. “On prépare des biéres médicinales pour fervir de boiffons ordinaires dans les maladies chroniques. Hl y a deux moyens de faire paffer dans la biére lesvertus des fabfances médicamenteufes , ceft en laiffant macérer les médicamens dans la biére lorfque fa fermentation eft entierement cefiée, ou en les mettant fermenter avec elle, ou du moins en les y ajoutant vers la fin de la fermentation , afin que l'action de la liqueur qui fermente détruife le tiffa du médicament , & qu'elle fe charge d’une plus grande quantité de {es parties médicinales. Neumann @ remarqué que Ja fermentation, non-feulement fait qu'une os extrait une plus grande quantité des principes ad@ifs d’un médicament , mais augmente, pour ainfi dire , leur vertu ; par exemple, une petite quantité de mufcade ep poudre communique fa faveur & une grande quantité de biére en fermentation , au lieu que fi on ne net la mufcade que quand la fermentation eft ceflée, Ia quantité de biére 4 laquelle ce peu de mufcade com- munique du goit, eft infiniment plus petite. Bitre Amere y Cerevifia, Amara. d’écorce fraiche de limon quatre . Prenez de racine de gentiane y de chaque (citron desk r.) , onces. Bitres. 87 de poivre long, une once. de biére , huit livres. Milez : laiffez infufer a froid. : Cette biére eft un remede ftomachique , agréable & bien fapérieure & la biére d'abfynthe , & a routes les een de ce genre qui fe trouvent dans les divers - - Auteurs. Bizre Apéritive, Cerevifia Aperiens. Prenez de graines de moutarde entieres , dix onces. de racines d’ariftoloche longue , fix onces. de fommités de petite centaurée, deux onces. de fommités de fabine , une once. de petite biére nouvelle , quatre-vingt livres. Cette bigre eft une boiffon apéritive, trés-falutaire dans divers états de cachexie & pour les perfonnes atta- quée de jauniffe ou pales couleurs , enfin toutes les fois qu'il commence & fe former des obftructions dans les vif= ‘ceres. Il en faut prendre deux fois par jour jufqa’a huie ences chaque fois. Bitre de Butler , Cerevifia Butleri. Prenez de betoine , de fauge daigremgine , de cochlearia , d’abfynthe romaine » de racine d’aulnée » : de chaque de raifort , quatre onces. de chaque trois poignées. Z de bidre nouvelle , trente-deux livres. Mettez les herbes & lés racines dans un fac , & tenez plongé dans la biére , tandis qu'elle fermente encore. Cette biére a été fi fort & fa mode en Angleterre e qv’on ‘en prenoit beaucoup dans les fieux ob Ie peuple Saffemble ; on en fait encore ufage au printems pour pu+ tifier le fang, & fe préferver des affe&tions fcorbutiquess F iv 38 Matiere Médicales Bitre Céphalique , Cerevifia Cephalica. “8 Prenez de racine de valeriane fauvage, dix onces: de femence de moutarde entiere, fix onces; de ferpentaire de Virginie, deux onces. de romarin ou de fauge , trois onces. ‘ . ot de petite biére nouvelle , quatre-vingt livres. Toutes les fubftances qui entrent dans cette compo- fition font échauffantes & ftimulantes, & par conféquent elles teadent 4 fortifier le fyftéme nerveux , & 4 entre- tenir la circulation des fluides ; dans les paralyfies , épi- lepfies & vertiges on peut attendre des effets falutaires ‘de cette bidre employée pour boiffon ordinaire, Biére Diurétique , Cerevifia Diuretica. . 1 . Prenez de femence de moutarde entiere , $ de chaque : de baies de genievre, buit onces. de graines de carotte fauvage , trois onces- d'abfynthe commune , deux onces- de petite biére nouvelle , quatre-vingt livres. Prenez de fommités.de genet , 3 de chaque de graine de moutarde ,$ feize onces. de racine d’iris commune , 3 de chaque de patience fauvage, $ douze onces. d’écorce de winter, d'écorce de fureau y de chaque de femence de carotte fauvage, ( deux livreg. de baies de genievre, de biére nouvelle , quatre-vingt-feize livres. Il eff trés-utile de faire prendre pour boiffon ordinaire une de ces, bigres apéritives & diurétiques aux perfon- nes hydrapiques ; on peut en boire deux ou trois fois par jour , huit onces chaque fois. Bitres,. -- 8&9 Bir e pour les Scorbutiques , Cerevifia ad Scorbuticos. Prenez de racine fraiche de raifort, one livre. de racine fraiche de patience fauvage, une demi-livre. de canclle blanche , deux onces. de feuilles de trefle d'eau fraiches , huit onces. ou de feuilles de trefle d’eau feches, trois onces. de petite biére nouvelle , quatre-vingt livres. Cette biére employée pour boiffon ordinaire eft en énéral trés-falutaire dans les affections fcorbutiques » & pour purifier le fang & Jes humeurs- Tous les médi- camens qui y entrent font fort propres 4 produire ces effets , & a fe prendre fous cette forme ; fi on fubftituoie a la patience fauvage la grande patience aquatique , cette ¢ompofition feroit encore plus active. ' SECTION VIL Teintures Spiritueufes. Liefprit-de-vin re@ifié eft le diffolvant propre des réfines & des huiles effentielles des végétaux : il ex- trait en entier les principes adtifs de diverfes matieres végétales qui ne laiffent rien paffer de ces principes dar eau ni dans d’autres menftrues ; l’efprit-de-vin diffout également la fubftance douce & fucrée des végétaux , 8 en général les prineipes des parties animales dans lefquel- les réfident Yodeur & le gout particulier de ces parties. L'eau & I'efprit-de-vin enlevent prefque également bien les principes adtifs de la pltipart des végétaux ; Mais il y a cette différence entre les teintures aqueufes & fpiritueufes, que quand on a employé l’eau, les parties actives font mélées avec une grande quantité d’une ma« tiere gommeule , fans a@ion , & de laquelle dépend en grande partie la folubilité des principes actifs par l’eau , au lieu que Pefprit-de-vin fe charge de principes a&tifs , taais dégagés prefque en entier de la partie gommeufe. 90 Matiere Médicale. C’eft pourquoi quand on méle des teiutares fpirituenfes avec des liqueurs aqueufes , une portion des principes dont l’efprit-de-vin s’étoit chargé , s'en (épare pour l'ordi- naire, & fe précipite, parce que ceux-ci fe trouvent privés de cette matiere mucilagineufe avec laquelle ils étoient unis dans le végétal , & qui Jes rendoit folubles par l’eau. Ceci n’eft cependant pas une regle générale ; car il ya quelques végétaux dont les parties actives que l'efprit- de-vina enlevées ne fe précipitent pas quand on y ajoute de l'eau, parce qu'elles font prefque également diffolu- bles dans les deux menftrues. L’efprit-de-vin peut étre teint en toute couleur des végétaux , excepté en bleu; en général les feuilles des plantes qui ne communiquent point du tout de leur couleur naturelle aux liqueurs aqueufes, donnent a l’ef- prit-de-vin toute leur couleur verte, qui le plus fouvent eft belle, quoiqu’elle ne foit pas durable. . Les fels alkalis fixes rendent la couleur des teintures fpiritueufes plus foncée : ce qui'a fait. croire quiils augmentoient la force diffolvante du menflrue , quoique cela ne foit pas confirmé par I’expérience ; dansles effais qu'on a faits pour réfoudre cette difficulté , on a trouvé que les teintures d’une couleur foncée ne tenoient pas plus le matiere colorante en diffolution que celles qui éroient plus pales , quelquefois méme il y en avoit moins. Si on ajoute l'alkali aprés que le diffolvant a fait fon effet , il rendra la couleur auffi foncée que fi on Yavoit mélé dés auparavant avec les ingrédiens; 8 l'addition de ces fels eft non-feulement fuperflue , mais méme eft préjudicia- ble; car en général ils alterent la favenr & l’odeur aro- matiques , &.ils ajoutent quelquefois une qualité-qui eft contraire & celle qui faifoit employer le médicament. Les fels alkalis volatils augmentent fort fouvent l'ac- tion de I'efprit-de vin; les acides l’affoibliffent prefque toujours, 4 moins que l'acide n’ait été préalablement uni a l’efprit-de- vin pour en former un compofé qui a de nou- velles qualités , & qu'on nomme efprit dulcitié, ) ge chaque une ucus , demi-once. de canelle, de graine de petit cardamome , pac chaque de femence d'angéliqte , trois gros. de poivre long, un gros. d’eau-de-vie , deux livres. Mélez : laiffez en macération durant trois jours: en- fuite filtrez la teinture. . Ona perfe@ionné cette préparation dans la derniere Edition de la Pharmacopée d’Edimbourg , en retranchant plofieurs fubftances fuperflues , ou qui ne concouroient asa produire le méme effet que les autres ; telles étoient Te galanya , la gentiane, la zédoaire, les baies de lau- rier. La compofition nouvelle ou reformée eft un affez bon remede aromatique échauffant. Teinture Balfamigue, Tinétura Balfamica. Ph. d’Edimbourg. ‘Prenez de baume de Copahu , une once & demie. du Pérou, une demi-once. Teintures, 95 de fafran , un gros. d'efprit-de-vin reGtifié, une livre. Mélez ; laiffez en digeftion au bain de fable pen- dant trois jours : enfuite Altrez la teinture. Cette teinture eft un excellent. remede balfamique, tant pour l'ufage interne que pour l’externe. On l'admi- vniftre eet a la dofe de dix , de vingt, oude trente gouttes , dans les fleurs blanches, les écoulemens qui fuivent quelquefois les gonorrhées, les cachexies y certaines efpeces d’afthmes & de coliques néphrétiquesy pour fortifier les vifceres & le fyftéme nerveux en gé- néral. Il faut agir avec prudence dans |’adminiftration de ces médicamens chauds & réfineux ; ils produifent com- munément d’affez bons effets dans les conftitutions froi- des , languiffantes & phlegmatiques ; mais dans les confti- tations pléthoriques & bilieufes chez lefquelles il y a quelque di(pofition a l'inflammation , ou une chaleur ment avant que les principes falutaires des médicamens ayent été (éparés des autres , ainfi que le prefcrit la for- mule de Myniicht, il ne fe fait aucune extra@ion de ces Principes des médicamens qui ont été précipités en fuivant' le premier procédé; mais quand on come mence a unir acide & Fefprit-de vin par le moyen de la digeftion ;: comme le -recommande la Pharmacopée p Teintures: 6 W@Edimbourg , Minconvénient eft un peu moins grand, Ces trois compofitions font de bons remedes contre la foibleffe & l'état’ de relachement de l’eftomac , dans le dérangement total de la fanté , speciale quand it a pour caufe l'intempérance, & qu’il eft accompagné des mptOmes d'une fievre lente, ou lorfqu’il paroit étre ‘effet d'une fievre ihtermittente , qu’onaarrétée avant d’a- voir fufifamment évacué ou d’avoir diflipé les obftructions. Ona fréquemment employé ces remedes avec fuccts , aprés avoir adminiftré inutilement les amers & les aro~ matiques {éparément , & feuls, Une grande partie de la vertu de ces élixirs dépend tellement de I'acide vitrioli+ que, que cet acide étant pris fimplement délayé avec de Peau, a eules plus falutaires effets dans des cas fem- blables of I’eftomac pouvoit fupporter I’acidité. Fuller rapporte , dans fon ouvrage qui a pour titre Medicina Gymnaftica, qu'il s’eft guéri, avee I'élixir de Mynfi&, d'une exceffive foiblefle de tempérament , & d'une envie continuelle de vomir. On peut prefcrire de Ces élixirs depuis dix gouttes jufqu’a trente ou quarante & méme davantage, fuivant la quantité d’acide qu’on a employée ; & cette dofe fe répete deux ou trois fois par jour, dans les tems ou I’eftomac eft vuide. Elixir doux de Vitriol, Elixir Vitrioli dulce. Ph. de Londres. Prenez de teinture aromatique une livre. @efprit de vitriol dulcifié, huie onces. * Mélez. . ’ Cette préparation eft deftinée aux perfonnes dont Yeftomac eft trop foible pour fupporter lacidité de la ars 3 le godt en eft agréable , fans aucune acidité fenfible. Quand on ajoute a Ia teinture l'efprit de vitriol + dulcifié qui eft prefcrit ici, ilne caufe pre(que point de precipitation des principes des médicamens que contient teinture. L’avant-derniere édition de la Pharmacopée d’Edim- bourg prefcrivoit l'efprit de vitriol dulcifié pour fervirde meniirve “dane cet élixir. Voici la formule ; ot 3a Maticre Médicale, ‘ Ph. d'Edimbourg. ! Prenez defprit de vitriol dulcifié , deux livres. . d‘huile effentielle de menthe , une demi- once. d'écorce de limon ( citr.) de chaque des Fr.), deux de celle de noix-mufcade,J gros. ~ Verfez peu-a-pen les huiles dans l'efprit de vitriol: enfuite-mélez bien le tout. Si les huiles effentielles font bonnes, 8 que lefprit dulcifié foit bien fait » comme il le doit étre ». ( car fans cela il ne diffoudroit pas les builes ) , Wélixir de- vient un ftomachique excellent & gvracieux , fem- blable a I'élixir doux précédent. “La dofe eft d’nne fuilleséo a thé, & fe prend deux ou trois fois par jour. . On vantoit autrefois beaucoup un médicament de ce re, qui portoit le nom d’élixir volatil de vitriol de igani. Cette compotition a été publige, pour Ia pre- miere fois, dans Ponvrage intitulé , Pharmacopaia refit maja. On prefcrivoit de fe préparer en tenant en digel- tion un peu-d'efprit volatil de vitriol avec une petite quantité de feuilles de menthe bien feches, jufqu’a ce | gue la fiqueur fatdevenue d’un beau verd. Si lefprit de vitriol qu'on emploie contient trop d’acide , comme cela arrive fouyent , cette couleur verte ne paroit pas ; en pareil cas, il faut re@ifier cet efprit-de-vin avec un peu de fel-atkals fixe , comme onIa dit ci-devant, cha- pitre viij. Se€tion 5. I] vayt encore mieux fufpendre les uilles de-menthe dans un tinge fin au milieu de Ia [i- eur , que de les méler. Cette précaution exempte de tres , opération pendant laquelle fe diftipent les parties kes plus volatiles. Bibizir de Myrche compofé , Elixic Myrrh compofitum Ph. de Londres. *Prenez d'extrait de fabine , une once. “* de teinture de cattoreum , une livre. id teinture dé myrrhe , huit oncese Teimtures: 335 Mélez : tenez Je intlange en digeftion un tems ne ffant : enfuite paffez. ~ On trouve dans les anciennes Pharmacopées , fousle titre d' Elixir uterinum , une compofition qui ne differe de celle-ci que par des changemens qu’vn y a faits pour la rendre plus parfaite ; ceft un remede des plus puiffang dans les obftruétions de fa matrice & les affetions hy- pochondriaques. On peut donner de cet élixir depuig Cing gouttes jufqu’é vingt & trente ou davantage , dang Yau de pouliot, ou dans quelque autre véhicule ap- proprié, Elixir Sacré, Elixir Sacrum. Ph. d'Edimbourg. Prenéz d’aloés foccotrin en poudre, fix gros. de rhubarbe coupée en petits morceaux, dix gros. an de femences de petit cardamome , une demi- once., : . d'eau-de vie, deux livres. Métlez : tenez le mélange en digeftion pendant deux jours : enfuite paffez. Ejprit-de-vin Camphré , Spiritus vinofus Camphoratus. Ph. de Londres & d’Edimbourg. _ Prenez de camphre, deux onces. . d'efprit-de-vin rectifié, deux livres. Mélez de facon que le camphre foit parfaitement dif tus. : Cette diffolution dé camphre s’emploie principale= ment pour I'ufage externe , dans les cas de dquleurs de rhumatifinés,, de paralyfies', d'inflammations , pour ré- foudre les tumeurs , prévenir la gangrene ou arréter fes progrés. Cette liqueur’ éft trop vive & irritante pour fe prendre intérieurement, méme étant mélée avec quelque véhicule’, fe mélange ne fe faifant pas parfaicement; - car lorfqu’on Ia joint & quelque liqueur aqueufe, peu-a- peu le camphre s’en (pare, & fe réunie en petites ‘mffess SO no Li ay $34 - ‘Matiere Medicale. a Hoffman, Rothen & d’autres parlent d’efprit-de-vi camphré qui n’eft point fujet 4 cet inconvénient. Po fe préparer , il faut broyer le camphre avec un peu plug de la moitié de fon poids de fel alkali fixe , ajouter une quantité convenable d'eau-de-vie , & enlever enfuite ‘ane moitié de cette liqueur par le moyen de la diftilla- tion. On avoit ore de faire entrer cette préparation dans fa derniere édition de la Pharmacopée, fous le titre defprit de camphre tartarifé ; mais quand on eo vint aux effais , elle ne répondit pas a Tidée qu'on avoit. Une Bs du camphre , ainfi que le Comité des: Médecins de ondres I'a remarqué, s‘éleve avec I'efprit-de-vin dans ha diftillation , mais ce n'eft qu’en petite quantité ; car en le mélant avec une quantité d'eau affez confidérable » Celle-ci ne devient point trouble; & fi on ne le mule ‘qu’avec autant d*eau qa'il convient , il préfente les mémes phénomenes que I'efprit-de vin camphré le plus com- mun ; ainfi il y a lieu de croire que l’efprit de-vin cam- phré , foit qu’on y ait ajouté du fel de tartre , foit qu'on n'y enait point ajouté , ne differe nullement 4 cet égard de tout autre efprit-de-vin camphré. : La méthode qui femble référable pour unirle camphre avec les liqueurs aqueufes pour l’ufage interne, celt | d'employer les amat ou une autre fubftancé mucilagi- | neufe ; lorfqu’on te broie avec ces fubftances, il s’unit | parfaitement a l'eau, avec laquelle il forme une émulfion, & fa qualité ircitante fe trauve en méme tems beaucoup diminuée. On le fait prendre encore fort commodément fous la forme d’une potion huileufe, les huiles par exr prefion le diffolvant entierement. Teinture de Benjoin, Tinttura Benzoini, | Prenez de benjoin , quatre onces. . | defprit-de-vin rectifié , une livre. | “ Mélez: tenezle mélange en digeftion au bain de fable pendant trois au quatre jours : enfuite décantez. . L’ufage de cette teinture eft recommandé contre | Vafthme & quelques autres maladies-des poumons. On Teintures, bg wr prefcrit de vingt & foixante ou foixante dix gouttes. Cependant ce remede a ee deftiné pour Fulage externe. C'eft un colmétique ofité pour nettoyer & adoucir la pews 3 lorfqu’on l'emploie dans cette inten- tion , anle méle avec une affez grande quantité d'eau, & ur lors il forme une liqueur bla qu'on romme lait virginal , lait de vierge, Jac virginis. Sion laiffe re- pofer ce lait pendant quelque tems, le benjoin fe pré- cipite fous la forme de magiftere blanc , d'une odeug fort gracieufe , & d'un gott qui n’eft pas défagréable. On le préfere, dans la Pharmacopée de Brandebourg, aux fleurs de benjoin , parce qu'il n’a pas le gout em- pyreumatique qui pour l’ordinaire accompagne celles-ci; néanmoins on-ne peut douter que ce médicament ne foit Gune nature différente de celle des fleurs ; le magiftere €tant le benjoin méme tout entier & en fubftance, au lieu que les fleurs ne fort qu'une partie du benjoin , qui nett pas rélineufe comme le rélidu du benjoin aprés la fublimation des fleurs, mais qui eft d’une nature faline. La Pharmacopée de Brandebourg prefcrit d’employer Feau-rofe pour Mire précipiter ce magiftere. t Gouttes de Vie, Gutte Vite, . Rrenez d’opium , quatre onces. de fafran , une onee. de ferpentaire de Virginie, 3 de chaque a Gremeits Z ine demi-onte. le noix mufcade , de zédoaire , g de chaque deux onces. de camphre , une once. de, teinture d’antimoine diaphorétique., une Avre. . ‘d'eau commune, deux livres. Mettez l’opium en digeftion avec l’eau 4 fa chaleur de Peau bouillante , jufqu’a ce on yen ait de diffous av- tant qu'il eft poffible, & paflez la diffolution : tenez Tes autres médicamens en digeftion dans la teinture d’anti- moine pendant trois ou quatre jours : mélez les.deux, Jiqueurs enfemble : laiffez-les en digaition’ Seat deux. iy b3é Matiere Médicale: L : autres ee 3° & aprés que la liqueur aura fait for-dée pot, décantez la partie qui fera claire. On a recommandé ce médicament, comme préféra- ble aux autres préparations o8 it entre de lopium, 8 moins fujet 4 foutever l’eftomac, La dofe eft depuis dix gourtes jafqu’A quarante ou cinquante. , Teintare on Effence a Ambre-gris, Tingtora fou Effentia : Ambre. : Ph. de Paris. Prenez d’ambre- gris , un gros. Mefprit-de-vin tartarifé , 3 de chaque defprit de rofes, une once & demie. Métez : tenez le mélange en digeftion an bain-marie. Sil'ambre-gris que l'on emploie eft pur , il fe diffout entierement , & forme une liqueur rougedtre ; mais if faut que la chaleur que le mélange éprouve , foit affez forte pour le faire bouillir ,ou du moins frémir. Lorfque Jo fea eft trop foible , ou que I’efprit-de-vin n’eft pas affez rectilié, la diffotation ne fe fait pas bien. Cette teinture eft un puiffant cordial ; on en peut prendre huit ou dix gouttes avec da facta - Teinture on Effence Royale » Tin@ara feu Effentia Regla. . de Paris, Prenez d’'ambre-gris , deux ferupules. le mufc, un fcrupule. de civette, dix grains. @huile de canelle, fix. gouttes. ‘ Ghuile de bois de roles , quatre gouttes. de fel de tartre, un demi-gros. pee eee recifié , de chaque d’efprie de rofes, une : defprit de fleurs d’orange , &demie. ‘ : Broyez le fel de tartre avec l'ambre » te mafc, la ct vette & les huiles effentielles , jufqu’a ce que le mélané ge foit bien fait; aprés.quoi ajoutez les efprits-de-virs' tofes & Ue fleurs d'orange ; tenez le tout on digefigos Teintures. — 237 endaat quelques jours dans un lieu chand, en pyane a de fetouee fréquemment le vaiffeau : entfaite Jaiffez Ja liqueur dépofer ; & lor(qu’elle fera éclaircie, enlevez, en décantant, ce qu'il y en aura de timpide. Cette teinture eft un parfum trés-fort , 8c ceax qui peuvent fupporter les fubflances de cette clafe, peu- vent en ufer comme d'un cordial , ainfi que des précé- dentes. Quelques gduttes de cette compolition donnent tne odeur gracienfe A une aflez grande quantité des au- tres liqueurs. Dans cette teinture I'ambre-gris n'a_pas befoin, pour fe diffoudre, d’une auffi grande chaleur que dans les préparations précédentes ; les builes effen- tielles favorifent {a diffolution. Teinture Odontalgique de Mynjicht , TinScura Odontalgica Myntichti. Ph. de Strasbourg. . . Prenez eel deux onces. aflafras , . de falfepareille, é de chaque une once. de pyrethre, . dalun, de chaque un demi-oncee de fel de prunelle, . de femences de flaphifaigre, 2 de chaque de femence de jufquiame » deux gros, opium » de chaque de ferpollet , Worigan, de chaque un gros. -de fafran, defprit-de-vin reaifié , 3 de chaque — de vinaigre , une livre & demies Réduifez en poudre les fabftarices feches , & retirez- en une teinture avec le vinaigre & l'efprit-de-vin mélés, On prend & on eonferve dans fa bouche une petite quantité de cette teinture , aprés qu’on I'a chaufiée ; ce qui fe répete plofieurs fois , felon le befoin. I! eft dex. périente qu'elle diminue ou diffipe les plus violens maux de dents , foit en empéchant qu'il ne fe porte des hue de cloux de ie ’ $ un gros & demi. 38 1 Maticre Médicale, meurs Acres far ces parties, foit er: éboignant trés-promp> tement celles qui s’y trouvent déja fixées. La douleur femble augmenter au premier moment de I’application de semede ; mais bientét aprés elle diminue, & méme fe Giffipe entierement. Cette compoiition , & ce qu'on a dit —— vertus , font tirés de la Pharmacopée de Stral- ge Effince Alexipharmaque ae Sahl, Effenia Alexipharmaca 6 tahlii. Ph. de Skrasbourg. Prenez de racine d'impératoire ; dangeligee fangélique , de pimprenelle blanche , de racine d'afclepias , daunée, de didamne blanc , de chaque une once. de contrayerva » de valériane fauvage:, Préparez une effence ou teinture de ces médicamens avec une fuffifante qeancieeé defprit-de- vin trés-re@ifié. Cette teinture , dont on a fait un fecret pendant long- tems, 8& qui a é&é rendue publique pour la premiere fois par Juncker, eft regardée par beaucoup de Méde- cins Allemands comme un excellent remede diaphoréti- qs, & a anon propre & atténuer ou rendre uides les humeurs vilqueufes, ainfiqu’s favorifer la fécré- tion & Iécoulement des urines. Les Praticiens Allemands prefcrivent ce remede dans les fievres lentes , & plus fouvent encore dans les fievres exanthémateules , lorf- que les éraptions font rentrées , enfin dans plufieurs ma- ladies chroniques. La dofe eft de vingt ou trente gouttes, ou mme davantage. On ne peut pas douter que cette teimture ne foit un puiffant remede ; mais on Toit » fans diminuer ni le nombre de {es vertus, ni. fom efficas ep retrancher quelques unes des fubftances quion ¥ it entrer. : Teintures; $33 ‘Effence des Bois, Effentia Lignoram. Ph. de Serasbourg. Prenez de faffafras, deux onces, de gaiac , trois onces. de {quine , de falfepareille , de fantal rouge y de fantal jaune , @efprit-de-vin, une telle quantité qu'il y en ait quatre pouces par-deffus les fubftances employées. ‘Tenezce mélange en digeftion pendant buit jours , 8 entuite filtrez. Cette effence ou teinture s‘emploie dans les maux vénériens , les affe@ions catarrhales , & en général lorf- qn’on fe propofe de purifier les humeurs. Flle fe prefcrit depuis un fcrypule jufqu’a un gros ou plus. Si l'on fait évaporer doucement la moitié de l'efprit-de-vin de cette teinture, ce qui refte de liqueur devient proportionné- ment plus fort, & fe nomme effence des beis concen: trée , Effentia lignorum concentrata. . Baume de Vie , Balfamum Vita. Ph. de Brandebourg. Prenez d'buile effentielle de lavandey de noix mulcade , de chaque de cloux de gérofle un demi- de bois de rofes, gros. de ferpollet, de canelle, décorcedelimon,(| de chaque (citron des Fr.) 7 deux {crupules. de bergamotte, de baume du Pérou, tin gros. . d'efprit de lavande trés-re@ifé , quinze onces. Faites. diffoudre Je baume dans lefprit de lavande ¢ de chaque une once. Hg Matiere Médicale, fite ajoutez les iuiles effentielles, & laiffez le tout en digeftion jufqu’a ce que la diffolution. foit bien faire. Ce baniie , de trés-bonne odeur , ne differe de celud dont Hoffman a domé Ia compofition dans fes notes fur Poterius, qu'en ce que celui de Brandebourg eft per fectionné. Il eft , felon toute apparence, oule méme » ou prefque le méme , que celui dont Hoffmana fi fore vanté 'ufage interne pour diffiper la langueur , les fré- quentes fyncopes , la foibleffe du fyftéme nerveux , la colique , &c. On en preferit depuis dix jufqu’a vingtou trente gouttes ; il s’emploie auf a l’extérieur , & s‘ap= plique fur le nombril , les tempes, Sc. dans les cas de vertiges y de léthargie & autres affections nerveufes de ces deux genres. Il y a lieu de croire daprés les eu- vrages d’Hoffman , que !e baume qu'il ordonnoit dans fa, Pravique & recommandoit dans fes ouvrages, étoit com- pofé d’huiles effentielles odorantes diffoutes dans l’efprit- de-vin rectifié. SECTION VIL . Hailes par Infufion & par Décoétion. Les huiles par expreffion peuvent bien extraire les parties réfineufes & huileufes des végétaux , mais elles nagiffene pas fur les parties mucilagineufes ni gommeu- fes, & ne suniffent point avec clles 3 Ceft pourquoi Vhuile tirée des mucilages , oleum 2 mucilaginibus , quion trouve chez les Apothicaires , ne contient rien du muti- lage qui eft en fi grande ‘quantité dans les fubftances em- ployées. Ces huilés peuvent étre teintes-de prefque tou- tes les couleurs par des fubftances végétales ; les feuilles de la plapart des plantes les colorent en verd ; les fleurs jaunes les rendent d’un jaune clair ; il y a des rofes rou- ges qui leur donnent un rouge léger , & les racines d’or- canette les teignent d’un trés-beau rouge foncé, Lor(qu’on retire des huiles officinales des feuilles des Plantes, il faut apporter beaucoup d’attention pour leur ire prendre cette belle couleur verte qu’on, s‘attend & leur voir. Si on ne continue pas de faire bouillir les feuilles - ey Hailes! tage @ans Mhuife jufqu’a ce que les parties aquenfes de la plante foient a ( moment que J'on recoonoit lor gue la plante ridée ), V’huile aura une teinture & tne couleur jaunatre ; quand on continue I’ébullition plus long-tems qu’il ne taut, Vhuile devient noire & empyreumatique. Ainfi la meilleure fagon de conduire cette opération paroit érre de paffer hu'le , loriqu'elle eft fuffifamment chargée des vertus de la plante, de la laiffer epfaire- dans un vaiffean propre fur un feu lent » jafqu’a ce que, par des effais répétés ( en verfant des gouttes de cette huile fur un corps blanc) , on trouve qu'elle a uné couleur verte foncée, : Huile de Camomille y Oleum Chamzmeli. Ph. dEdimbonrg. Prenez de camomille , avec les fleurs, récemment cueillie & écrafée , une liyre. Ghuile d’olive , teois livres. Faites bouillir le tout enfemble jufqu’a ce que les feuilles de camomille foient prefque frilées : enfqite paflez & exprimez I’huile. Les huiles de plufieurs autres plantes fe préparent de maniere. Huile de Miltepertuis , Oleama Hyperici. ; Phe de Londres, Prenez de fleurs de millepertuis bien épanouies., fraf- . chement cueillies & mondées avec foin de leurs calices , quatre onces, : dhuiles d’olive » deux livres. Verfez Vhuile fur les fleurs , 8¢ kaiffez le tout enfem- ble jufqu’a ce que Phuile {cit fuftifamment teinte. Huile des Macilages , Qleum & Mucilaginibus. Ph. de Londres. _ Prenez de racines fraiches de guimauve , une demix a. .. livre. . : . de graine de lin, trois onces, £42 ; Maticre Médicale. 7" de graine de fnt'gret , trois onces. ¢ d'eau commune, deux livres. Whuile d’olive , quatre livres. Concaffez les racines & les graines, & faites-leg bouillicdoucement dans l'eau pendant une demi-heure ¢ aprés quoi ajoutez-y I'huile, & continuez lébullition jufqu’a ce que l’eau foit diffpée: enfin décantez 'huile avec attention. . Hiuile de Sureauy Oleum Sambucinum.' Ph. de Londres. Prenez de fleurs de fureau, une livre. huile dolive , deux livres. Faites bouillir les leurs dans Phuile jufqu’s ce qu’elles foient prefque frifées : exprimez V'huile : enfuite laiffezla Jiqueur en repos jufqu'a ce quelle ait dépofé. Huile Verte , Oleum Viride. Ph, de Londres. * Prenez de feuilles . de laurier , . de rue , nouvel- de marjolaine , \ fement \ de chaque d’abfynthe mari-{ cueil- trois oncegs ne, lies. ; de camomille , i @huile d’olive, deux livres. . . Ecrafez les feuilles, & faites les bouillir légérement dans I'huile jufqu’a ce qu'elles foient prefque frifées: exprimez Phuile : enfuite laiffez la dépofer , & (éparez ce qui eft clair de deffus le marc en décantant. » Toutes les huiles précédentes font deftinées pour les ufages externes. On prétend, qu’outre la vertu émol- liente qui appartient 4 Phuile méme , celles-ci acquierent Jes vertus particulieres aux plantes qu'on a employéese Lihuile de fleurs de camomille paffe pour échauffante, réfolutive & di‘cuffive , celle des fleurs de millepertuis, pour affecter agréablement les nerfs, & procures beav- Hailes. 343 oup de foulagement dans toutes fortes de douleurs dz dans la fatigue , pour réioudre les cameurs, les plaies 8 les ulceres ; on regarde auffi I’huile des mucilages com- se plus adouciffante & plus émolliente que I’huile ordi- taire. L’buile d'ablynthe , qui fe prépare de la méme maniere que les précédentes , étant appliquée fur l’efto- mac & la région ombicale, excite, dit-on, l'appétit , fortifie les vilceres , & fait périr les vers. On vante celle decue, comme étast d'une efficacité finguliere contre les vers, les douleurs de colique & les enflures. Il y a cependant lieu de penfer que peu de Praticiens modernes croyent beaucoup plus de vertu a ces préparations qu’’ Thuile commune feule , qui a d’ailleure l'avantage d’écre moins ircitante. Les fubftances mucilagineufes , telles que la racine de guimauve & la graine de lin qui entrent dans I'huile de ' shucilages, n'ajoutent rien 2 la vertu de I'buile , les mu- cilages n’étant point folubles dans les huiles, ce qué mousavons déja fait obferver. L’expérience n'a démon- $eéancune qualité particuliere dans les fleurs de mille- “pestuis, & qui y foit a un tel degré que quatre onces de ces fleurs fuffifent pour communiquer une vertu conti- dérable a deux livres d’huile. Les parties les plus acti- ves des autres plantes fe diffipent quand elles éprouvent le degré de chaleur de I’ébullition; & quoique ce qui refte de la plante ne fit pas abfolument fans action, & on le prenvit intérieurement ou feul, ou diffous dans des liqueurs aqueufes ou {piritueufes , on fe perfuadera dif- Gicilement que quand ces mémes fubftances font unies & une grande quantité d'huile , elles puiffent avoir aucun effet fenlible fi on les applique a l'extérieur ; c'eft donc avec grande raifon qu’ona retranché , lors de la der- niere révifion de la Pharmacopée , plufieurs de ces huiles. Les cing efpeces que l'on a confervées, ne font pas la “dixieme partie de ce qui s’en trouveit autrefois chez les Apothicaires, Le moyen le plus far de remplir les indi- cations pour lefquelles on prefcrivoit ces compofitions , nous paroit étre de méler aux huiles par expreffion une quantité convenable , (oit des rélines naturelles des vé- gétaux, foic des huiles effentielles & des. extraits rgfi- “peux que l'art en {Cait retirer. w44 Matiere Médicale, Buile Camphrée, Oleam Camphoratum. Ph. d’Edimbourg. ‘ + aay Prenez dhuile récemment faite, foit d’amandes, foit de graine de lin, deux onces. de camphre, une orice. Faites diffoudre le camphre dans I’huile. Cette huile eft deftinée, comme les précédentes pour des ufages externes ; elle a été employée durant quelque tems 4 I’hdpital d'Edimbourg , dans les cas de braluresy rhumatifmes , douleurs, &c. C’eit ce qui l'a fait metre dans la Pharmacopée de cette ville. Haile Odoriférante , Qleam Odoriferum. Prenez un peu de coton fin , cardé : imbibez-le d’hui- le d’olive ou d’huile de ber : entuite preffez-le légére- ment , & feulement de maniere qu'il n'y refte pas affez @huile pour qu'elle en forte d’elle-méme ; mettez un lit de ce coton au fond d'vn vaiffeau de porcelaine ou d’é- tain: étendez deffas légérement un lit peu épais de fleurs odoriférantes fraichement cueillies , telles que des fleurs de jafmin, de violette , de muguet , &c.: mettez ut fecond lit de coton, & par-deffus un fecond lit de flenres. & ainfi alternativement da coton & des fleurs, jufquw' ce que le vaiffeau foit rempli : couvrez ce vale exa@e- ment , & tenez-le pendant vingt-quatre heares & une chaleur douce. Une grande partie de Yodeur des fleure fe communiquera & I'huile imbibée dans le coton. On ré- pétera ce procédé avec le méme coton & de nouvelles leurs, jofqu’a ce que celui-ci foir fufifamment imprégné de leur odeur , & aloss on fera fostir Phuile do coton en Vexprimant fortement au moyen d'une prefle. Ce procédé paroit étre le meilleur moyen que nous ayons pour faire paffer dans Jes hniles par expreffion la amatiere odoriférante de ces fleurs dé:icates » qui ne dor- nent que trés-peu, ou méme point d'lvile effentielle. C’et saufli de cette maniere que fe préparent les parfums & e& fences de ces mémes fleurs qui viennent d'Jtalie. On peat . ,cncare Hailes; 145 encore enfever x Thuile précédente fes principes odori- férans , & les faire paffer dans l'eau ou les liqueurs {pi- mene » en fa diftitfant avec l'eau ou les liqueurs {pi- rituenfes. —————— ay CHAPITRE IV. De la Confervation des Végdéraux récens & de leurs Infufions, &c. par le moyen du fucre Suma? CORO Emer et SECTION PREMIERE, Conferves, LE conferves font des compofitions de fubftances végétales récentes & de fucre, qui ne forment » par leur combimaifon , qu’une feule nraffe uniforme. Cette préparation a été introduite pour conferver cer- tains médicamens fous une forme qui puiffe plaire , fang les faire fécher , & de maniere qu’ils ne recoivent que ¥e moins d'aitération qu'il eft poffible dans feurs vertue naturelles, d’ailleursil y a plufieurs fabftances auxquelles cette préparation devient trés-avantageufe-Lesvégétaux, dont fes vertus font ou détruites ou altérées par la défice cation, peuvent fe garder fous cette forme pendant un tems contidérable, fans perdre les qualités qui les fone rechercher ; car en fermant exactement le vaiffean qui les contient, on Gil ped en général que leurs vertusne fe perdent ou ne s’alterent, 8 le fucre les préferve de fa_ corraption, qui fans lui s'engendreroit dans les fucs végétanx. v3} 2 a, a la vérité , plufieurs végéraux, qui étane trattés de cette maniere , perdent leurs qualités. Les fubftances mucilagineufes qui reftent long-tems unies avec le facre, deviennent moins vilqueufes, & les fub- Zome II, K 146 Matiere Médicale. ftances aftringentes acquierent Jeniiblement ume faveut plus douce. Beaucoup de fleurs odorantes ont une tex~ ture fi tendre, fi délicate, que la plipart perdent entie= remetit leurs qualités particulieres lorfqu’on les écrafe. , On {gait en général que Ja quantité confidérablé de facre avec laquelle les végétaux fe trouvent unis fous la formede conferve, fait que les fubftances fimples qui fone trés.adives , peuvent fe prendre avec avantage , comme médicamens. En effet on regardeé aujoutd’hui les con= ferves principalement comme propres 4 favorifer l'ufage oul'action des médicamens plusactifs qu’elles, ou comme. des intermedes ou moyens pour joindre enfemble plu- fieurs médicamens. Elles font trés-propres pour admi- niftrer en bols ou en pilules, des poudres pefantes y telles que le mercure doux, plufieurs martiaux, & d'autres xéparations minérales , qui ne s‘uniroient point avec des Rib ances liquides ouqui auroient peu de confiftance » telles que les firops. Les Apothicaires préparoient autrefois quantité de conferves totalement inutiles; le peu qu’on en fait encore , a une odeur ou une faveur gracieule qui les fait employer , ou bien fe trouve utile dans certains cas» comme médicament. Leur dofe ordinaire eft}a groffeur dune mufcade, ou bien autant qu’on en peut prendre enune ou deux fois fur la pointe d'un couteau. Mais ea général c’eft fans un grand rifque que l’on en prend uné plus forte dofe. ' Méthode générale de préparer les Conferves. On Ste les queues des feuilles & les calicesdes leurs, . enfuite on écrafe les feuilles & lesfleurs dans un mortier. de marbre avec un pilon de bois jufqu’a ce qu'on en ait formé une maffe molle ; aprés quoi on ajoute peu-a-peu Acette pate trois fois fon poids de fucre trés.fin, & on continue a piler jufqu’a ce que le tout {oit parfaitemene mélé ; on aura foin que le fucre ait été préalablement mis enpoudre & paffé au tamisavant dele méler avec la pate végétale ; iln’y a pas d’autre moyen dele réduire en par- tigs affez fines pour qu'il s'incorpore » comme il faut » Conferves. 47 Qvec la plante. ya Toes végétaux que fon ne peut fas divifer, en les pilant, en portions aufi petites qu'il feroit néceffaire ; telle eft la pelure ou écorce d’orange; alors le meilleur moyen & employer eft de raper ou grat- ter le fruit ; enfuite on le méle bien avec le fucre , & le mélange fe confervé quelques femaines dans un vaiffeau fermé ; aprés quoi on les pile & réduit en pate molle beaucoup plus facilement qu’on auroit fait auparavante Lécorce d’orange & les boutons de fleurs de rofes rou- ges fe broyent pour l’ordinaire avec un biftortier , ma- chine deftingée 4 des ufages de ce genre. Conferve de fenilles de Cochlearia , Conferva folioram Cochleariz Hortenfis. Ph. de Londres & d’Edimbourg. Celt la fcule forme fous laquelle le cochlearia puiffe’ fe conferver en fubftance , fans perdre entierement fes vertus. La conferve retient tout le godt & les vertus de Ja plante pendant affez long-tems , un an & méme deux, pourvy que le vaiffeau qui Ja contient , foit exatement fermé , & tenu dans un lieu frais. On peut en faire pren- dre dans les affections {corbutiques, trois ou quatre fois par jour ou davantage ; il eft plus ordinaire de la donner pour aider l’action d’autres médicamens antifcorbutiques 5 que d’attendre la guérifon de fon feul ufage. . ~ Ti devient trés-utile de prefcrire cette conferve avecla racine d’arum dans les affections rhumatifmales. La racine d’arum peut méme fe prendre fous cette forme » fans avoir été gardée ni féchée, & il n'y a alors rien & craindre de la grande Acreté qu'elle fait éprouver a fa lan- gue quand on la met feule dans labouche. Une once de racine fraiche d’arum , écrafée & réduite en pulpe , avec guste onces ou méme moins de conferve de cochlearia,’ cane bien mélés enfemble, forment un compofé dans Jequel l’acreté de I’arum fe fait peu fentir, 8 que j'ai fait prendre avec fuccés, ¢n en donnant gros comme une mufcade, deux ou trois fois le jour. Pour envelopper encore davantage les principes acres de l’arunt, & em- -pécher leur a@ion, on peut méler cette racine avec de ra ij s 148 ‘Matiere Médicale: fa gomme arabique réduite en poudre 8 & poids égal 2 aprés quoi on réunira la conferve & ce mélange. ‘Conferve de feuilles d’ Alleluia, Conferva foliorum Lujule: Ph. de Londres & d'Edimbourg. C’eft une conferve fort belle & trés-agréable : elle eft fégérement acidule , & a une odeur particuliere que welques-uns comparent a celle du thé verd. On la pre= crit dans les cas ot il faut diminuer fa foif fans faire beaucoup boire ,& pour rafraichir la bouche & la gorge les maladies accompagnées d'une grande chaleur. Ce feroit avec fuccés qu'on méleroit cette conferve avec la précédente , dont elle augmente en quelque fagon les vertus , en méme tems qu'elle en rend le goat moins défagréable. ‘Conferve de feuilles de mene » Conferva folioram Menthze vulgaris. Ph de Londres. La conferve de menthe retient le goit & les vertus de cette plante. Elie fe donne dans l'état de foiblefle de Peftamac , & les envies de vomic ; & on l'avu réufie affez fouvent dans des cas de cette efpece, oi les pré- Barations de la menthe ,. qui font plus chaudes & plas tives » aurOient moins convenu. Conferve de feuilles de Ruey Conferva foliorum Rutz. : Ph. de Londres & d’Edimbourg. __ Cette conferve fe prefcrit depuis un gros jufqu’a une demi-ance , lorfqu’il y a des crudités dans les premieres yoies , pour favorifer la digeftion , & dans les maladies byftériques ; elle produit une légere & utile irritation far les folides , atténue les humeurs vifqueufes , & excite les (écrétions naturelles, Quelgues perfonnes ont pris durant les épidémies & les maladies contagieufes, une certaine quantité de cette conferve , avec la confiance. que cela feul pouvoit les préferver de I'épidémie & ds ta contagion, Conferves; 449 Conferve de fommités d Abfynthe de mer, Conferva fammitatum Abfynthii maritimi, Ph. de Londres, ; _ La conferve d’abfynthe a été fort vantée contre les hydropifies. Mathiole rapporte que plufieurs hydropiqoes ont ee guéris par ce feul remede. wfacrane femblable maladie dépend du relachement des folides, ce médi- cament peut étre de quelque utilité , parce qu'il eft affez propre a fortifier les folides. On confeille d’en faire prendre une demi-once, environ trois heures avant le Tepas. Conferve de fleurs de Lavande, Conlerva floram Lavendulz. Ph. de Londres & d'Edimbourg. -Cette conferve n’eft pas, & beaucoup prés, auffi odo- riférante que les flears mémes ; elle paroit cependantaflez gracieufe , & s'adminiltre quelquefois comme un cordial modéré dans fon action, & pour remédier & Iétat de foiblefle du fyftéme nerveux. Conferve de flaws de Mauve, Conferva forum Malvz. “Ph, de Londres. On regarde cette conferve comme un médicament émollient , elle s'emploie quelquefois dans tes maladies de la poitrine & des voies urinaires. Cette conferve eft Ja plus inutile de toutes, les fleurs dont elle fe faig ayant feules que trés-peu de vertu. Conferve de Rofes rouges, . Conferva floram Rofarum rubraram immaturarum, Ph. de Londres & dEdimbourg. Cette conferve eft trés-gracieufe & fort utile. On en donne fouvent un gros ou deux fondus dans du lait chaud, comme un léger aftringent, pour fortifier leftoe sac, pour calmer la toux , && foulager les phthifiques. iij 156 Maticre Médicale, Il y 2, dans lee Ephémerides nat, cur. , des exemples de phthifies trés-dangereufes guéries par l'ufage long- tems continué de ce médicament ; dans un de -cescas le maladea pris vingt livres de conferve durant l’efpace d’un mois , & un autre en a pris trente. Riviere rapporte plu-. “fieurs exemples de ce genre. Conferve de fleurs de Romarin » Conferva florunr’ Rorifmarini. : Ph. de Londres & d’Edimbourg. Les fleurs de romarin perdent en grande partie lear odeur particuliere quand on les pile, ce qui fait que la conferve n’en a pas beaucoup ; ceft pourquoi plu- fieurs perfonnes ont coutume de faire prendre uné conferve préparée avec les feuilles de la plante( celles- ci ne perdant pas leurs vertus étant pilées ) ou du mains On ajoute aux fleurs une quantité convenable de feuilles. ‘La conferve de romarin fe prefcrit pour fortifier les nerfs, & comme un cordial dont l’aétion eft modérée. Conferve de Pécorce jaune des Oranges de Séville y Conferva flavedinis corticum Aurantiorunt Hifpalenfiums Ph. de Londres & d’Edimbourg. Cette conferve, qui eft trés-belle, poffede toutes les ‘vertus de!’écorce , fous une forme ‘affez convenable , & ‘pour la dofe, & pour Ia facilité de la prendre. Ceft un amer gracieux, échauffant , ftomachique , que l’on pre- {crit affez fouvent , lorfque de pareils remedes font né- C8. Conferve de Kinorrhodon, Conferva fraétus Cynosbati, Ph, de Londres & d’Edimbourg. Pour faire une conferve de ces fruits il faut moins de fucre que pour préparer lesconferves précédentes. Pour © douze onces de la pulpe de ces fruits mirs , il ne fape que vingt onces de fucre. La conferve de Kinorrhodon eft affez eftimée , comme Conferves. 45% un aftringent doux & rafraichiffant- On en donne ala fois trois ou quatre gros ou davantage , dans les dévoie- mens biliewx , lacreté des urines & les maux d’eftomac, ‘accompagnés de chaleur. Jt faut apporter beaucoup d’attention dans la prépa- ration de cette conferve ; la pulpe eft fujette & contenir uelques-unes des petites lames pointues qui fe trouvent dans le fruit ; fielles paffent dans la conferve, elles ir- sitent Feftomac, jufqua exciter des vomiffemens. Conferve de Prunes ou Prunelles fauvages , Conferva Prunorum fylveftrium, Ph. de Londres. Faites mettre les pranelles dans de l'eau, & tenem les fur le feu jufqu’a ce qu'elles foient amollies, en pre- nant garde qu’elles ne crevent : retirez-les de l'eau: ex- ee en la pulpe, & mélez la avec troisfois fon poids fucre fin. Cette préparation eft un léger aftringent , & peut fe donner comme tel , a la dofe de.quatre ou cing gros. Ce smédicament eft plus ou moins aftringent , felon le degré de maturité des prunelles employées , & le tems que la conferve a été gardée, SECTION IL Subftances confites enticres. On confit des pasties entieres de végéfaux en [es mettane tremper , ou les faifant bouillir, tandis qu’elles font encore récentes , d’abord dans l'eau , & enfuite dans un mélange d'eau & de fucre ou firop ; aprés quoi on conferve dans le firop ces fubftances confites, ou bieh on Tes en retire , & on les fait {écher » afin que le fucre puiffe fe candir & les couvrir; cette derniere méthode ~ eft la plus ufitée. . : Dans ce procédé, quelques-unes des parties actives dix fujet en font enlevées par l'eau , & fe trouvent. par con- féquent perdues pour la préparation 3 mae rechere iv 152 Matiere Médicale. che plus, dans ces préparations , ce qui peut flatter Te gout, que des vertus médicales, la plipare érant confi- dérées plutét comme des mets agréables , que comme des médicamens, & comme appastenant A I’art du Coa- fifeur, plutdt qu’a celui de 1’Apothicaire. Ainfi il n’eft pas befvin d’indiquer la dofe de chacun de ces végétaux confits , ni de faire des remarques particulieres {ur la maniere de les préparer. Racine de Chardon roland confite , Radix Eryngii condita, - Ph. de Londres, Faites bouillir les racines de chardon roland dans de Feau, jufqu’a ce que I'écorce puiffe en étre (éparée fa- cilement ; quand elles feront_pelées » coypez les en long par le milieu; dtez-en fa motile , & favez-les, trois on quatre fois , dans de l'eau froide. Pour chaque livre des racines ainfi préparées, prenez deux livres de facre fin: faites-le fondre fur te feu dans une quantité convenable d'eau : auffi-tét que la liqueur commencera 4 bonillir mettez-y les racines , 8¢ laiffez bouillir jufqu’a ce qu’elles foient devenues molles. Ceft en fuivant le procédé indiqué ci-deffus que l’on confit les Tiges ou cdtes ¢ Angélique , Angelic Caules, Ecorce d’Orange confite, Cortex Aurantiorum conditus. : lh. de Londres. Mettez tremper des pelures d’orange récentes dans - de eau pure : renouvellez-la fouvent, jufqu’s ce que ces écorces aient perdu leur amertume : faites fondre dans de l'eau une quantité fuffifante de fucre fin ; enfuite faites bouillic les écorces dans cette higueut jufqua ce quelles foient devenues moles & tranfparentes, Ceft en fuivant ce méme procédé, que l'on confit les Ecorces de limons » Limonum Cortices.. Ph. de Londres. : On traite auffi de la méme facon, ou d'une manitre peu différente les Subftances confites; : 155 Raiices ¢ Angélique, Radices Angelice, “ Pe didinbome Racines d’ Aulnée y Radices Helenii, Ph. d’Edimbourg. On pent auffi conferver toutes fortes de fruits, de fleurs & de graines foit en les gardant dans du firop, foit en les recouvrant de facre ; mais ces fortes de pré- parations fe demandent peu chez les Apothicaires. & Les mufcades 8 le gingembre nous viennent tout des Indes Orientales. Mars candi ou fucré, Mars faccharatas. Ph. d'Edimbourg. Mettez telle quantité que vous voudrez de limaille de fer dans une bafkne de cuivre , fulpendue fur un fea mo- déré : ajoutez-y , peu-d-peu, deux fois fon poids de facre blanc , avec lequel vous aurez mélé de l’amidon en dans la proportion d'un gros par livre de facre: ites bouillir jufqu’'a la confiftance du fucre candi ; il faut remuer fags ceffe la baffine , afin que 1a limaille foie e nt erte. de fiucre ; & prendre grand foinde Vempécher de former des maffes. , Cette préparation de mars eft fort agréablea prendre; juquici elle a été faite par les fifeurs. On la trouve décrite dans la derniere éditionde la Pharmaco- pée d’Edimbourg ; mais telle qu'elle y eft, il étoit pref- que _impoffible d’empécher la limaille de former des anaffes plus ou moins groffes ;_on n'avoit pas encore dé-' couyert l'intermede qui prévient cet inconvénient , 8 dont tes Confifeurs: Buifolent un fecret , je veux parler de lamidon qu’on ajoute au facre. Cette préparation peut fe prefcrire 4 la dofe d'un demi-gros dans les cas ov les préparations de fer font indiquées. Voyez tome I. Pag. 292, — 156 Matiere Médicale. SECTION IIL Gelées. Les gelées de végéraux font compofées des jus des fruits, & de fucre que l'on a fait bouillir, juiqu’a ce quiils aient ae la confiftance qui eft requife pour ces réparations. Indépendamment du mélange du fucrey J'ébullition femble occafionner’ quelque altération dans les qualités des jus mémes de ces végétaux. Les jus récens des fruits d'’été font difpofés 4 la fermentation; mais aprés qu’ils ont bouilli , ils ont moins de difpofition a fermenter, 8 en outre ils font beaucoup moins fujets & produire dans le corps humain les flatuofités , coliquesy devoiemens ; néanmoins ils confervent encore en grande partie , leur qualité antifeptique primitive, & leur vertu anti-inflammatoire , apérjtive & légérement aftringente. Gelée de Coings, Gelatina five Miva Cydoniorum.- Ph. d'Edimbourg. - ‘ Preneztrois livres de jus de coings dépuré & une livre de facre blanc : mélez: faites bouillir le mélange jufqu’a ‘ce qu'il foie fuffifamment épaifi. .Cette gelée eft un médicament aftringilie Srafraichié- fant , affez efficace ; onla donne pour fortifier dans les foi- ‘blefles d’eftomac , dans les envies de vomir, les diar- rhées & les dyflenteries qui ont pour caufe un tempéra- ment échauté, » ou des humeurs Acres’ & bilieufes. La meilleure méthode eft de la prendre de tems en tems Par petites doles , comme d’une ou deux cuillerées a ‘thé, foit feule , foit délayée dans quelque liqueur appropriée. Gelée d' Epine-vinette , Gelatina Berberorum. Ph. d’Edimbourg. Prenez une livre de fruits eee queues & la méme quantité de fucre blanc: Mélez : faites bouil- lir le mélange fur un feu doux , & une confiftance conves nable : enfuite paffezla gelée par une flannelie. Geldes, gy) 5 Gelde de Grofeilles , Gelatina Ribefiorum: : Ph, d’Edimbourg. - Cette gelée fe prépare de laméme maniere que la pré- eédente. * I neft pas befoin d’exprimer fortement !’épine-vinette ni les grofeilles pour faire fortir leur jus: ces fruits mous Je donnent fort aifément , & il s'incorpore avec le fucre pendantla cuiffon. Ces deux gelées ont unefaveur acide, gracieufe , font rafraichiflantes , qualités qui les font eme ployer pour hymedter & saftaichir la bouche & la gorge dans les maladies fiévreufes ou inflammatoires. Ces ge- lées étant fondues dans de l'eau, forment une bonne boiffon ddayante d'une nature favoneufe, qui fe méle avec Je fang oulalymphe, lors méme qu’ils font épaiffisy comme il arrive dans plufieurs efpeces de fievre ; au lieu que Feau pure femble couler avec le fang & lalymphe épaif- fie , fans s'y méler , & fortir pre{que dans le méme état ou onl’a pris. Par ces mémes qualités , les gelées d’é- pine-vinette & de grofeille deviennent également falu- taires dans les maladies chroniques, qui ont_pour caule des obftrudions dans les vifceres , ou qui font accome pagnées d'une chaleur trop confidérable. Leur ufage abondant, & continué quelque tems, a encore eu d’heu- reux fuccés dans les dévoiemens bilieux & les fcorbuts trides. Boerhaave recommande trés-fort ces efpeces ae préparations y pour difiiper les affections (corbuti+ ques, auxquelles les gens de mer font {pécialement fujets, SECTION IV. Sirops, « Les firops font des diffolutions faturées de fucre fai-- tes dans l'eau ou dans des infufions d'eau ou de vin, ow dans des fucs végétaux. Ces préparations étoient autre- fois regardées comme des médicamens d’une trés. grande importance ; mais i] s‘en faut bien qu’aujourd’hui on penfe auffi favorablement fur leur compte. On a fait safage pendant quelques fiecles des firops & des eaux 356 Matitre Médicale. diftillées , comme de puiffans remedes altérans ; & pour lors on‘n’entreprenoit’ janrais d’évacuer aucune humeur vitiée y avant de Yavoir préparée d'une maniere conve- sable par rufage de ces médicamens. Dela vient lex- ceffive quantité de ces deux préparations,que nous troue vons dans les Pharmacopées. On eft combé dans laméme erreur au fujet de l'une & de l'autre : de méme qu’ona compofé une multitude d’eaux diftillées avec des fub- ftances incapables de communiquer aucun principe a@tif dans la diftillation ; on a auffi préparé quantité de firops avec des fubftances qui ne peuvent fe prendre fous cette forme en affez grande dofe pour produireé I'effet_qu’on enattend. Le fucre feul forme les deux tiers des firops, & la plus grande partie de l'autre tiers eft un fluide aqueux. Adjourd’hui on regarde les firops principalement cont+ me des véhicules pour des médicamens plus efficaces ; on s’en fert aufli pour rendre plus adouciffans les juleps & les potions , pour réduire les poudres légeres en bolsy en ri lules , en éleCtuaires , ou pour d’autres befoins fem blables. Il y a encore des ficops qu’on peut avec’ raifon mettre aunombre des médicamens par eux-mémes ; tels font ceux de fafran & de nerprun. Regles générales pour préparer les Siropse Toutes les regles qu'on a prefcrites pour faire les dé eottions médicinales, doivent auffi s‘obferver dans les décostions deftinées pour les firops. Les végétaux dont on fe propofe de faire des décoétions & des infufions pour des firops, doivent étre fecs, 4 moins qu’on ne prefcrive expreflémentle contraire. Ph. ¢ Edimbourgs IL Dans la Pharmacopée de Londres , on preferit de gremployer pour les firops que du fucre fin. La Pharma- copée d’Edimbourg n’exige pas le méme ; car pour les firops qui fe font fans le fecours du feu, elle permet dé prendre ou du fucre fin, ou du fucre blanc commun 3 mais elle recommande de purifier le fucre deftiné aux Girops qui fe font fans feu, en le faifant fondre préalable- Sirops. 157 ment dans de eau, de clarifier fa diffolution avec du blanc d’ceuf, enfuite de la faire bouillir jufqu’au degré de confiftance convenable , en ayant foin d’écumer pendant Pébullition. Pour les firops qu'on prépare par I’ébullition , ila &é long-tems d’ufage de _ faire la clarification avec le blanc dceuf, aprés que le fucre a é&é diffous dans la décoa&ion du végétal. Cetre méthode paroit étre nuifible a la pré- Paration y puifque par la dépuration , on rejette non- feulement les impuretés contenues dans le fucre, mais en méme tems une partie confidérable des principes adtifs ou médicinaux , que Peau a enlevés précédemment aux fubftances qu'on y a mifes. D’ailleurs la purification da fucre par la claritication & par la dépuration, n’eft auffi parfaite qu’on pourroit l’efpérer ; car aprés avoir Boi ces procédés , les Rafineurs en féparent encore une quanticé de matiere huileufe qui affeGe défagréablement eftomacs foibles. Voyez page 401. Ces inconyéniens font des raifons faffifantes de préfé- rer le fucre fin pour faire tous les firops , & méme pour les firops purgatifs qui fe préparent communément_ & 2 deffein avec du fucre groffier , parce que chez quelques fujets, ce fucre contribue un peu A évacuer. Mais les médicamens qui purgent , affectant en général I’eftomac d'une maniere défagréable, c’eft certainement une mau- vaife pratique que d’employer du fucre qui augmente Ieur défagrément. IIL Lorfqu’on n’exprime pas le poids du fucre, il fant en prendre vingt-neuf onces pour chaque livre de liqueur. ¢ fucre doit étre en poudre, & fera fondu dans la li- queur ala chaleur du bain-marie, 4 moins que le con= traire ne foit ordonné. Ph. de Londres, Quoique dans les formules des firops on prefcrive une quantité de fucre qui pete deux fois autant que la li- ueur , néanmoins il n’en faut pas tant pour Vordinaire. ‘ontmencez par faire diffoudre le méme poids en fucre * quill y a en liqueur: enfuite ajoutez-en peu-A-peu da- vantage , & toujours en poudre, jufqu’a ce que vous 158 Matiere Medicale. voyiez au fond du vaiffeau un peu de ce fucre. quinefe _ fonde pas : incorporez le tout en metrant le firop au bain- marie. Ph. d’Edimbourg. . Iidoit y avoir dans ces firops autant de fucre que la liqueur en peut tenir en diffolution quand elle eft froide; s‘il y ena davantage , une partie fe {éparera, & formera des cryftaux , ou fe candira ; s’il y en a moins, le firop eft fujet & fermenter , fur-tout quand il fait chaud , & & fe changer en une fiqueur vineufe ou aigre. Si le fucre fuperflu fe fépare feul , il n’'y a aucurrinconvénient a cela;. mais lorfqu'une partie néceflaire du fucre fe candit , le firep n’en contenant plus ce qui lui faut, il eft fujet 4 fer- | menter , comme fi onn’avoit pas employé affez de fucres IV. On ne doit pas fe fervir de vaiffeaux de evivre, 2 | moins quiils ne foient bien étamés , lorfqu’on prépare | des firops acides » ou des firops compofés de fucs dé | fruits. Ph. d’Edimbourg, , Les Confifturs qui font les artiftes les plus expéri- mentés dansce genre de travail , éyitent la dépenfe de Yeétamage de leurs vaiffeaux ; ils ne fe fervent le plus fouvent que de vaiffeaux de cuivre qui ne font pas éta- més, méme pour faire les firops les plus acides , tels °| que ceux d’oranges , de limons , & autres femblables., | Néanmoins en ayant I'attention néceffaire pour que les vaifieaux foient bien nettoyés & fort propres , & que les firops n’y reftent pas plus leceteaa qu'il ne faut abfolu- ment , ils empéchent que ces firops ne prennent aucun mauvais goat , ni aucune qualité nuifible du métal. Ce- pendant les Apothicaires ne doivent pas fé conformer & un ufage auf dangereux , qui n’a nul avantage. Vv. Quand le firop eft fait, il faut le laiffer repofer jut | qu’au lendemain ; s'il paroit quelque crotte de facre2 fa farface , on doit I'entever. Ph. de Londres. Strops: 859 Sirop @Ail, Sicapus ex Allion aad Ph. de Londres. Prenez d'ail coupé par tranches, une livre. d'eau bouillante , deux livres. ‘Méléz : cenez le mélange en macération dans an vaif-. feau bien fermé pendant douze heures : paffez, & faites fondre dans la colature la quantité de fucre néceffaire pour en compofer un firop. Ce firop s‘emploie dans différens cas pour atténuer a pituite épaiffie , vifqueule , pour exciter , favorifer l’ex- pe@oration dans |’afthme humoral & les oppreffions de poitrine ; il eft alors un remede affez_puiffant , quoique trés-défagréable ; ila le gotit & une forte odeur d’ail. Ona fait entrer ce firop dans la Pharmacopée , afin que Yon edt un moyen facile de changer de forme de mé- dicament ceux qu'on veut tenir 4 l'ufage de I’ail , & qui ne peuvent prendre du miel long-tems. Sirop de Guimauve, Sirupus ex Althea, Ph. de Londres. Prenez de racines fraiches de guimauve , une livre; - de fucre fin , quatre livres. d'eau commune , huit livres. Mélez : faites bouillir ju(qu’a ce que l'eau foit réduite & moitié : retirez du feu: laiffez refroidir : verfez & ex- primez la décogtion : laiffez-la repofer pendant une nuit ¢ le lendemain décantez la liqueur qui.fera claire ; ajou- tez-y le fucre, & faites bouillir le mélange jufqu’a ce quil ne refte plus que fix livres pefant. Ph. d'Edimbourg. Prenez de racine de guimauve y trois oncegi de régliffe , une once. de politric, une once 8 demie, de fucre blanc , fix livres. wae ‘d'eau commune , fix livres. 160 Matiere Médicale, Faites bouillir l'eau avec laracine de guimauve jafqu’X réduétion d'un tiers: ajoutez vers la fin la régliffe & le Nitric : paffez ce quirefte de décodtion: laiffez repo- Pela colature quelque tems : décantez ce qui eft clair: faites-le bouillir fur ua feu doux avec le fucce, en re- muant continuellement ya ce quill fe foit formé un firop. Celai-ci peut fe fubftituer au firop pectoral. Ce firop paroit avoir été fort eftimé des Auteurs qui ont écrit (ur la Pharmacie ; car ils fe font donné beau- coup de peine pour le changer & le perfedtionner ; mais ils ont évité bien foigneufement d’en rien retrancher. Dans les deux formules précédentes, on lui.a 6té tout ce quill avoit de fuperflu, fans rien diminuer de fes vertus. On s’en fert principalement dans les coliques né- phrétiques , pour rendre plus adouciffantes & les décoc- tions émollientes , & d'autres remedes ; par lui-méme » ce firop n’eft pas fort utile, malgré la grande opinion que quelques perfonnes en ont eu; en effet que peut-on attendre de deux ou trois cuillerées de ficop , tandis que deux ou trois livres de la décottion dont ileft fait, pea- vent fe prendre en autant d’heures , oufméme moins ? Le College d’Edimbourg. a trés-judicieufement agi en ne faifant du firop peGtoral & de celui-ci qu'une feule formule ; car jufqn’a laderniere édition de la Pharmaco- ée , le firop de guimauve a contenu les principales fabftances qui entrent dans le frop pe@toral , & ces mé- dicamens concourent 4 produire les mémes effets. Sirop décorce d’ Oranges, Si écorticibus Aurantiorams Ph, de res, Prenez d’écorce jaune & fraiche d’oranges, huit onces. d'eau bouillante. , cing livres. Mélez : faites macérer pendant une nuit dans un vail- feau couvert.: le lendemain matin paffez la liqueur : fai- tes-y fondre la quantité convenable de fucre pour en faire un firop. “ Ph, ‘Sirops.§ 168 Ph. d'Edimbourg. Prenez d'écorce jaune & fraiche d'orange , fix onces, d'eau bouillante , trois livres, Mélez : laiffez_infufer pendant une nuit dans un vaif- feau couvert: enfuite paffez la liqueur : laiffez-la repofer: décantez ce qui eft clair : faites y fondre deux fois fon poids de fucre blanc, de maniere & en faire on firop, mais fans ébullition. En faifant ce tirop , il eft trés-néceffaire de fe fervir du fucre en poudre » & de n’employer pour le faire foadre dans l'infufion , que le moins de chaleur qu'on peut, afin d’empécher les parties volati‘es de I’écorce de fe difiper; en prenant ces précautions, le firop devient fort beau & fort agréable, & il a une grande partie de l’odeur de ¥écorce d'orange. . Sirop Balfamique , Sirupus Balfanticas, *h. de Londres, _ Prenez de baume de Told, huit onces. _ *d'eaucommune, trois livres. -_ Mélez : faites bouillir pendant deux ou trois heures ; dans un vaiffeau circulatoire , ou du moins dans un tatras & long col, dont vous aurez bouché louverture , mais de maniere que Yair ait une petite iffue. Lovfque la dé- codtion fera refroidie, paffez-la, & mélez-y ute quaa- tité_de facre convenable paar en faire un tivaps On peut faire bouillir l'eau & le baume:de Toly dans une retorte, a laquelle on adapte un récipient, parce que fa liqueur s’éleve durant l’ébullitions & fort quelquefois du vaiffeau qui 1a ¢ontient. On peut aufi laiffer diftiller.cette. eau en entier, &, faige fondre le facre dans la fiqueur diffilléé. ee Ph, d’Edimbourg. Prenez dé firop de.fucre » aa moment o& on Féte de deffus le fea , deux livres. - a : de la teinture de baume de Tolu ,: uae once, Tome Li, ; . eee ee 6b ‘Matieré’ Medicale. Lorfque le firop eft prefque refroidi , mélez-y la tein-. ture peu-a-peu, en les remuant bien jufqu’a ce que le mélange foit parfait : emfuite tenez ce firop a la chaleur du bain marie, jufqu’a ce que l'efprit-de-vin de Ja tein- ture foit diffipé. Cette méthode de faire le firop balfamique avoit été omife-dans I'édition précédente de la Pharmacopée d’E- dimbourg , parce qu’on s‘étoit plaint que l’efprit-de-vin altéroit le gout du firop : c’eftauffi ce quiarrive en grande artie » lorfque la teinture fe prépare avec des liqueurs piritueufes qu’on a extraites de la dréche ; quand Ja artie fpirituenfe la plus pure s'eft auepens il refte dans E firop une fubftance huileufe , défagréable , quife trouve dans toutes ces liqueurs fpiritueufes tirées du grain; il faut par conféquent avoir attention que Pefprit qu’on emploie pour cette teinture , foit bien recifié & nait aucun mauvais gout. : Liintention de ceux qui ont compofé les deux prépay rations précédentes , paroit avoir été un peu différente. Dans la premiere , les parties les plus fubtiles & les plus odorantes du baume font extraites de la matiere réfineu- fe groffiere , & elles font les feules qui entreat dans le firop. L’autre firop contient la fubftance entiere du ban- me en plus grande quantité ; ils ont tous deux une faveur dece baume légere & agréable. Dans quelques Pharmacopées on apprend & préparer un beau firop de cette efpece avec une teinture de baume duPérou, del’eau de rofes, & une quantité convenable de fucte. © Sirop ¢Gillets rouges , Sirupus Caryophillorum rubrorum. ve Ph de Vance Prenez @® fleurs d’ceillets mondées de leur talon ou onglet, & nouvellement cueillies , trois livres. _ d'eau bouillante , cing livres. Mélez : faites macérér le mélange pendant une muit dans un vaiffeau de verre ou de terre verniffée : enfuite paffez fa liqaeur : puis faites-y fondre ce qu'il faut de lucre pour-en faire un firop. un Sirops, 63 Ph, d’Edimbourg. Faites infufer ane livre de fleurs d’ceillets dans trois livres d'eau, & préparez le frop comme ci-deffas, mais fans ébullition. Ce firop eft d’an gout agréable & d'un bean rouge : ce font-14 les qualités qui le font eftimer. Quelques uns lui ont fubftitué le firop fuivant , qu'on peut préparer faci- lement , lorfqu’on n’eft pas dans la faifon des fleurs @acillets. Faites infufer une once de clous de gérofles pendant quelques jours dans douze onces de vin blanc: paffez Vinfution ; ajoutez-y vingt onces de fucre , & faites bouil- dir jufqu’d ce que le mélange ait acquis une confiftance convenable. Quand ony méle un peu de cochenille, ello rend la couleur de ce firop exa@ement femblable a celle du firop qu’on prépare avec les fleurs d’ceillets rouges » * & fon odeur eft trés-reffemblante , mais moins agréable. Si l'on veut reconnoitre le vrai firep deeillet, de celut co lai fubfticue , il fuffic de méler avec le firop & prouver un peu de fel alkali ou de leffive alkaline, ce qui changera en verd le vrai firop d’ceillet, au lieu que ce mélange ne fera qu’altérer la couleur rouge de celu qui eft contrefait , ainfi qu’on I'a indiqué ci-deffus, Sirop de Safran , Sirupus Croci- ? one Londres. Prenez de vin de fafran, une livre. . de fucre fin, vingt-cing onces. Faites fondre le fucre dans le vin, de maniere 4 en faire un firop. Le fafran eft fort propre pour faire un firop ; car fous cette forme il y a une quantiré fuffifante da médicament dans un volume médiocre. Aujourd’hui ce firop fe preferit plus fouvent que le vin dont on le fait. C’eft un cordial agréable, & il donne une belle couleur aux jules. os L jj 384 Matiere Médicale, Sirop de Coings, Sirupus Cydoniorumy ' Ph, de Londres. Prenez de jus de coings purifié , trois livres. de canelle , un gros. : de gérofle , un demi-gros. de gingembre , un deti-gros. de vin rouge , une livre. de fucre fia , neuf livres. . Mettez le jus de coings en digeftion fur les cendres chaudes pendant’ fix‘ heures avec les épices ; enfaite ajoutez le ‘vin : paflez : faites fondre le fucre dans la cé- lature pour en faire un firop. Si on garde les coings pendant. quelque tensa lair 5 ant d’en exprimer le jus, le firop devient phis beau 8 plus chargé des principes du fruit, que quand ils fone ré cemment cueillis. Dans les deux cas, cette préparation eft un aftringent-agréable, doux & cordial , qui con- vient danf‘certains dévoiemens & maux d’eftomac. On peut la prendre coure feule , a-la dofe dune cuifleréé ow deux a la fois ; ele semploie aufli pour faire -prendre des médicamens défagréables au goit, &-que Peftomac fapporteroit difficilement fans. cela. : Sirop de Kermis , Sicupus Kermefinns, g Ph. d’Edimbourg. On apporte ce firop en Angleterre ; il vient des p vinces méridionales de la France-y dans tefquelles itfe prépare » & ow fe trouve l'intecte qui lui donne fon nom, patce quil en elt la bafe. . Ce firop eft d'un gott agréable, & d’un beau rouge. On le dit ‘cordial , fortifiant , & particulierement efficace contre les pamoifons & les autres accidens ou indifpoi tions des femmes enceintes, : Sirop de Limons , Sirupus é facco Limonum. Ph. de ‘Londres. wa _Preneg, dy jus de limons ; laiffez-le repofer , afin quit i ' Sirops. 36 dépole ce qu'il contient de plus groffier : enfuite vee fez-le: . Prenez-en deux livres, & de fucre fin, trois livres deux onces. . . Faites fondre le facre dans.le jus,de maniere a en faire an firep. - Ph. d’Edimbourg. Prenez du:-jus de limons purifié , deux livres. de fucre blanc , quatre livres. Faices-en un firop , felon les regles de l'art , mais fans €bullition. Ceft de la méme maniere que fe préparent les firops . fuivans. Sirop de Meures Sirupus & fucco Morornm. Ph. de Londres. Sirop: de Fremboifes, Sirupus & fucco fructus. Rubi Idzi. Ph, de Londres. Tous ces firops font trés-agréables & rafraichisfans ; on les donne comme tels, felon le befoin, dans les po- - tions & Jes juleps, pour diminuer ou faire ceffer la foif,, dimiauer la chaleur, &c. dans le traitement des mala- dies bilieufes & inflammatoires. Ils s'emploient quel- quefois auffi dans les gargarifmes , pour les inflamma- tions de la bouche & des gencives. ‘Sirop de Meconium ou Diacode y Sirypus é Meconio , five Diacodion. Ph. de Londres. ‘Prenez des tétes de pavots feches & fans leurs. grai- nes, trois livres & demie. d'eau commune , quarante-huit livres. Coupez les téres: faites-les bouillir dans l'eau en fes femuant fouvent , pour qu'elles né brélent pas, & juf- qu’a ce quill ne refte qu’environ an tiers. de lean, qui fera chargée des principes.des. pavats: Soignez du feus iy 166 Matiere Médicale. exprimez fortement : enfuite faites bouillir jufqu’a ce que la décog&tion foit réduite & enviren quatre livres, & paffez au tamis pendant qu'elle eft chaude, enfuite par une étamine fine : laiffez repofer pendant la nuit , afin que le dépdt fe faffe : le lendemain matin décantez la liqueur qui fera claire , & mettez-la bouillir avec fix livres de {ucre fin jufqu’a ce que le tout foit réduit 4 neuf livres ou un peu plus, de fagon & faire un firop d'une confiftance convenable, Ce firop, qui contient Ja matiere des tétes de pavot qi forme l’opium , fe donne aux enfans, a la dofe de eux ou trois gros, & aux adultes depuis une demi- once jufqu’a une once, & davantage, pour émouffer , adoucir les humeurs Acres , calmer les douleurs , procue rer le fommeil , & remplir toutes les indications qui de= mandent de doux opiatiques. I] faut apporter une atten- -tion particuliere dans la maniere de préparer ce firop y afin qu’il fe trouve , autant qu'il eft pofiible , avoir tou- jours le méme degré de force; c’eft pourquoi les Mé- oan du Comité ont décrit le procédé avec autant de tall. ‘Sirop de Pavot blanc on de Meconium y appellé communé= ment frop Diacode , Sirapus Papaveris albi feu de Meconio , vu/gd Diacodion. : . Ph. d’'Edimbourg. . Prenez de tétes de pavots blancs , dés qu’elles font parvenues 4 leur maturité , & légérement féchées, quatorze onces. d'eau bouillante , huit livres. Mélez : faites infuler ce mélange pendant une nuit ¥ enftite faites-le bouillir jufqu’a réduéion dela moitié di liquide : paffez en exprimant fortement le réfidu : ajou- tez quatre livres de fucre blanc, & faites bouillir juf- qu’a ce que le tout ait acquis la confiftance d'un firop. Ce procédé differe confidérablement du précédent ; dans le dernier , on ne fait pas. bouillir les tétes de pavoe aufii long-tems, & il en entre 4 proportion beaucoup moins. Je nentreprendrai point de décider combien ces Sirops. ; 167. différences peuvent influer tur la vertu & le degré d’ac-. tion de cette préparation. 7 Sirop de Coquelicot , Sirupus Papaveris erratici. Pw STS de Londres. Prenez de fleurs récentes de coquelicot , quatre livres. , d'eau bouillante , quatre livres huit onces. Verfez l'eau fur les fleurs : mettez le mélange far le: feu: remuez le fouvent , jufqu’a ce que les fleurs foient. bien humettées : aufii-t6t qu’elles feront tombées au fond de l'eau, laiffez en digeftion & en repos pendant une nuit : le lenden#fiin verfez l'infufion : exprimez le réfidu: laiffez repofer ta liqueur encore une nuit : enfuite. ajous. — la quantité de -fucre fin, néceffaire pour faire un. ‘Op. L’objet qu’on fe propofe en mettant les fleurs fur fe feu, eft, comme l’obferve le Do&teur Pemberton, de les €chauder , de facon qurelles fe contraéent affez pour. tomber au fond de l'eau; fans cela on aura bien la, peine a les faire précipiter toutes ; mais on doit les Otec du feu auffi tt qu’elles font’ précipitées, de peur que. la liqueur ne devienne trop épaiffe , & le firopvifqueux. Ce firop a été recommandé, comme un remede émol- Vient & narcotique ou calmant, dans Jes maladies de la poitrine , les toux , les crachemens de fang, les pleure- fies 8 autres maladies. C’eft un des plus doux opiati-, ques ; il eft mame fi foible & cet égard, que quelques perfonnes ont douté qu’il fit anodyn. . Sirop Peforal , Sicapus Peoralis. “4 Ph. de Londres. i Prenez de politric fché , cinq onces. de régliffe, quatre onces. , . d'eau bouillante, cinq livres. Mélez: laiffez macérer pendant quelques heures: en- faite paffez la liqueur, & mettez dans la colature une quantité convenable de fucre fin pour faire un firop. Le titre de cette compofition exprime aa la vertu mS . iv ‘168 | Matiere Médicale. médicinale qion lui attribue On la croft propre & adorn cir les humeurs acrimonieufes , & faire cefler , ou dae moins diminuer les toux occafonnées par des humeurs - Acres qui tombent fur la poitrine , & pour faciliter l'ex- oration des humeurs vifqueufes. Le capillaire de ontpellier eft le feul qu’on prefcrive communément dans ces compofitiors ; !'ulage du politric eft permis en Angleterre avec raifon, non-feulement parce qu'il s'y trouve plus facilement , mais auffi parce qu'il ne paroit pas-qu'il y ait aucune différence entre ces deux plantes _ quanta leurs vertus médicinales. Fuller blame beaucoup Tufage de ces deux ingrédiens, parce gp'il croyoit que toutes leurs vertus s'évaporoient dans™& defficca'ion 5 ceft en quoi il s’eft certainement trompé ; car les vertus de ces capillaires réfident dans une fabftance mucilagi- neufe, quine s’altere pas par la defficcation. On connoit ala vérité un capillaire de Canada, qui a une odeur & une faveur agréables & fortes, jointes 4 fon mucilage s mais ils’en trouve peu dans le commerce en Angleterre » quoiqu’ll y foit me commun dans les jardins. Sirop de fleurs de Primevere fauvage , Sirupus ¢ floribus Paralyfis. Ph. de Londres. Ce-firop fe fait de la méme maniere que celui de fleurs derillets: ‘ . On prétend que ce firop eft trés-efficace contre les maladies nerveules ; fon gout gracieux le fait prendre avec plaifir par les malades ; mais avjourd’hui peu de gens croyent qu'il poffede aucune vertu particuliere & marquée. : a Sirop folutif' de--Rofes y Sirapus Rofaruni folutivus.’ Ph. de" Londres, ' : Prenez {a liqueur qui refte ‘aprés la diftillation de. fix livres de rofes de Damas. sO . -de.facre fin, cing livres. . . - Exprimezia liqueur des tofes; faites'Ja bouillir jufqu’a Sirops. 169 ee qu'il r'en refte que trois livres : tenez-la en’ repos endant une nuit, afin que les Farties groffieres fe pré- -eipitent : le lendemain matin décantez ce qui eft clair: faites en un firop a l'aide d'une chaleur douce, & eny ajoutant cing livres de fucre : faites bouillir le mélange jafqn’a ce qu'il foie réduiea fept livres & demie. Sirop de Rofes péles , Sirupus Rofarum pallidarum, a Ph. d’'Edimbourg. Prenez de rofes pales fraichement cueillies , une livre. d'eau bouillante , trais livres. de fucre blanc, deux livres, Faites macérer les rofes dans l'eau pendant une nuit : paffez la liqueur : ajoutezle fucre : faites bouillir jufqu’a confiftance de firop. Ce firop peut fe faire , ainfi que le précédent , avec ce qui refte aprés la diftillation de l’'eau-rofe , & lorfquon ena féparé les parties groffieres. Le firop de rofes pales fe prépare’indifféremment avec une infufion de rofes faite 4 deffein, ou avec le ré- fidu de l'eau rofe diftillée dans un alembic propre. En effet la diftillation n’enleve aux rofes que leurs principes les plus volatils , qui s’évaporent lorfqu’on en fait bouillir Finfafion jufqu’a la confiftance d'un firop. Ce firop eft un purgatif doux & agréable,, propre pour pour les enfans ; on leur en donne une demi-cuillerée ow _ une cuillerée. C’eft un laxatif pour les adultes, & il fait du bien aux perfonnes naturellement fujettes 4 la confti- ation; il s'emploie principalement dans les clyfteres atifs. Sirop de Rofes feches » Sirupus de Rofis ficcis. Ph. @Edimbourg. Prenez de rofes rouges feches, une demi-livre. de fucre blanc , fix livres. 3 deau bouillante , quatre livres, t Mettez ces rofes infufer dans l’eau pendant une nuit enfuite faitee-les bouillir un peu : paffez la liqueur : ajou- 170 Maticre Médicale. teza la colature le fucre , & faites bouillir Je tout jufqu’s la confiftance d’un firop. : Ce firop paffe pour étre légérement aftringent ; mais onl'eftime principalement 4 caufe de fa couleur rouge. Le College des Médecins de Londres I'a retranché de fa Pharmacopée ; mais il en a confervé d'autres qui valent bien celui-ci quant 4 la couleur, s‘ils ne lui font pas préférables. . Sirop de Scille , Sirupus Scilliticus. Ph, de Londres. Prenez de vinaigre de fcille, une livre & demie. pe a eeeice, $ de chaque une once. de fucre fin, trois livres & demie. : Mettez la canelle & le gingembre en infufion dans le vinaigre pendant trois jours: aprés quoi paffezla liqueur, & ajoutez-y te fucre pour en faire un firop. Ph. d’Edimbourg. Prenez de vinaigre de {cille , deux livres. de fucre blanc, quatre livres. Préparez-en un firop fans le faire bouillir. Dans la premiere de ces compofitions , les fubftances aromatiques diminuent un peu le mauvais goat de la {cille, mais non pas de fagon 4 empécher le médicament d'étre défagréable. Il s'emploie d’ordinaire 4 la dofe. d'une cuillerée ou deux , pour atténuer les humeurs vif- queufes de la poitrine, 8 faciliter Y'expectoration ce, quill fait avec force & fuccés. Sirop de Siné & de Rhubarbe , Sirupus de Senna & Rheo. Ph. d’'Edimbourg. . Prenez de féné , deux onces. de rhubarbe coupée » une once. de gingembre concaffé , deux gros. de fuere blanc y trois livres & demie. . Sirops. 17k de raifins de Corinthe, deux onces. . d’eau , quatre livres. Faites bouillir l’eau avec les raifins jufqu’a ce quiil y ait un quart de l’eau d’évaporé : mettez dans la décoc- dion encore chaude le féné , la rhubarbe & Je gingem- bre, qui y infuferont pendant une nuit : enfuite paffez la liqueur : laiflez repofer Ja colature, 8 décantez ce qui eft trés-clair_ : mélez-y le fucre , & faites bouillir 4 un feu _doux jufqu’a [a confiftance d'un firop. Ce firop eft deftiné principalement a fervir de purgatif pour les enfans ; mais il n’eft pas agréable, ni beaucoup employé en Angleterre. Il y avoit, dans la précédente Pharmacopée une compofition de cette e{pece y qui con- tenoit quelques fubltances fuperflues ; le Comité les avoit retranchées. On avoit omis auffi le (éné , comme étant pour Je moins inutile , & il n’étoit refté que la rhubarbe pour purgatif. Enfin le College a rejetté toute la compofi- tion, & avec-raifon; car , aini qu’onl’a remarqué , la rhu- __ barbe peut fe donner facilement aux enfans, foiten pou< “dre, foit en infufion, & on ne peut leur en rendre le gout agréable par le moyen des fubftances douces, Sirop Simple Sirapus Simplex. ? Ph. de Londres. - Faites fondre dans de l’eau commune autant de fucre fin qu'il faudra pour en faire un firop. Sirop.de Sucre , Sirapus Sacchari, Ph. d’Edimbourg. Prenez de facre blanc, 3 de chaque d'eau commune , poids égal. Mélez: faites bouillic jufqu’a conliftance de firop. Ces préparations font des liqueurs trés-douces, mais auxquelles on ne trouve ni odeur,ni couleur particulieres; elles peuvent s'employer dans plufienrs cas ou ces der- nieces qualités ne font pas néceffaires , ow feroient de top. . 473 ‘Matiere Médicale. Sirop de Nerprun, Sicapus & Spina Cervina: Ph. de Londres. p - Prenez de jus de baies de nerpran mires & nouvelless huit livres. u de canelle , : de gingembre , de chaque une once, de noix mulcade, de fucre fin , fept livres. . « Laiffez le jus de nerprun en repos pendant quelques jours , afin qu'il dépofe : aprés quoi paffez-le : mettez kes fubftances aromatiques macérer dans une partie de cette liqueur : faites bouillir le refte du jus en y ajoutant vers la fin celui ou les aromates ont été en macération , && aprés favoir paflé: il faut tellement conduire cette partie du procédé, que toute la liqueur foit réduite & quatre livres : enfin.mettez le fucre , 8 faites da tout un. firop. . Ph. dEdimbourg. Prenez bos jus clarifié de baies de nerprun mites, fix livres. __de facre blanc, quatre livres. + Faites bouillir te cout enfemble jufqu’a la confiftance d'un firop. Les préparations précédentes,, prifes 4 la dofede deux ou trois cuillerées ,agiffent comme des purgatifs violens. Les principaux inconvéniens de leur ufage font d’étre trés-défagréables au gout, de caufer de la foif avec fé- chéreffe & la bouche & ala gorge » & quelquefois des | tranchées fort vives. On prévient ces mauvais effets eo buvant ,aprés qu’on a pris du firop de merprun , une gran- dequantité d'eau de gruau ou d’autre liqueur délayante, chaude. Dans la premiere de ces préparations y ona ta é de cortiger te gott difgracieux du nerprun par le mélan- se-des-fubftances aromatiques ; mais cet-expédient eft infuthfant. C’eft dans le méme deffein qu’onfaifoit entrer précédemment dans la feconde formule un gros d’huile Sirops, 173 effentielle de gérofle » comme fubftance aromatique 3 mais fon inutilité reconnue I’a fait retrancher.. Sirop de Violettes , Sirupus Violarum, : Ph. de Londres. Prenez de violettes fratches & d'une belle couleur , deux livres. d'eau bouillante , cing livres. : Mélez , & laiffez en macération pendant toute une journée dans un vaiffeau de verre , ou du moins dans un vaiffeau de terre vernifiée : enfuite décantez la li- qaeur : paffez-la par une toile fine , évitant avec foin de preffer le marc: faites de cette colature uo firop , en y ajoutant la quantité de fucre fin qui fera néceffaire. Ph. d’Edimbourg, Prenez de violettes de Mars fraiches , une livre. d'eau bouillante, trois livres. - Mélez: faites infufer pendant une nuit dans un vaiffeau de terre verniflée bien couvert : paflez la liqueur, &. diffolvez dans la colature deux fois fon poids de fucre blanc, de fagon & en faire un firop fans ébullition. Ce firop eft d'un goat fort agréable , il purge douce~ ment Jes enfans qui en. prennent une ou deux cuillerses. Quand on le garde, il eft fajet & perdre cette belle cou- leur bleue qui le fait principalement rechercher. Ce dé- faut du fimple firop de violettes:a donné lieu d’employer des moyens dele contrefaire avec des matieres dont la couleur fe conferve plus long-tems. On peut découvric cette fraudeen ajoutant au firopfulped une liqueur acide Ou alkaline. Si le firop eft fait avec la violette feule , I’a- etde changera en rouge fa coulear bleue, & lalkali fa changera en verd; mais fi le firop eft contrefait , ces changemens n’aurent pas liew. On-connoit les altérations qu’éprouve Ia couleur de la violette dans les mélanges » & on fait qu'il né faut pas employer un firop bleu pour colorer en bleu les juleps, potions ou mixtures qu’on a cendues acides ou alkalines. 174 Maticre Médicale, Sirop de Gingembre , Sirupus Zingiberise — Ph. de Londres. Prenezde gingembre coupé par tranches, quatre onces. d'eau bouillante, trois livres. Mélez :laiffez macérer pendant quelques heures : paffez fa liqueur : faites un firop avec la colature & une quan- tité convenable de fucre fin. Ph. dEdimbourg. Prenez de: gingembre coupé & concaflé , trois onces. de fucre blanc, quatre livres. d'eau bouillante, trois livres. Mettez le gingembre en macération dans l'eau & dans un vaiffeau fermé , durant une nuit : aprés quoi faites bouillir un peu ce mélange : paffez la décoion : laiffez- fa repofer: enfuite décantez ce qui eft clair ¢ ajontez-y le fucre , & faites-en un firop. Ces firops font agréables au gott , légérement aroma- ques , un peu imprégnés du gout & des vertus du gin- gembre. Confection Alkermés » Confectio Alkermes. Ph. de Londres. a Prenez de fuc de graines de kermés tiede & paflé 5 trois livres. d'eau de rofes de Damas , fix onces, mefure des liquides. dhuile de canelfe , un demi-fcrupule. de fucre fin, unelivre. Faites fondre le fucre dansl’eau de rofes, au bain-marie¢, eomme pour un firop : mélez y enfuite le fuc de graines décarlate ; & lorfque le mélange fera refroidi, ajoutez V'huile de canelle. Ph. d’Edimbourg. " Prenez de firop de kermés, trois livres. Sirops. 175 de fantal jaune, de canelle , bade chaque fix gros. de cochenille, trois gros. de fafran, un gros & demi. Faites évaporer le firop & une chaleur douce jafqu’e ce qu'il ait acquis la confiftance du miel : mélez-le alors avec les autres fubftances réduites en poudre trés-fine. _Ces deux compofitions font des cordiaux agréables & Javue, & gracieux au gotr; lorfqu’on les piend feules, leur dofe eft depuis un fcrupule jufqu’a un gros ou plus. La premiere cqnfe@ion a l'avantage de fe méler partaite- ment avec lesjuleps, fans alcérer leur tranfparence , com- me le font toujours les poudres de Ia feconde confection. Tl faudcoit apporter un foin particulier dans le choix de Phuile effentielle de canelle , parce que la plus grande partie de celle qui fe vend eft altérée , fallifée. Il eft & propos d’agiter I'huile avec un peu de fucre , avant que de la méler aux autres fubftances ; par ce moyen elle s'y unit plus intimement , & n’eft pas fi fujette a fe {éparer, lorfqu’on garde la compofition. SECTION VV: Mies & Oxymels. Les parties les plus fixes des végétaux , diffoutes dans des liqueurs aqueufes , peuvent étre tranfportées de ces liqueurs dans le miel , en mélant le miel avec une décoc- tion aqueufe ou le fuc exprimé de Ja plante’, & les fai- fant bouillir enfemble jufqu’a ce que les parties aqueufes fe foient évaporées, & que le miel ait repris 4b ‘con- fiftance naturelle & primitive. Micl de Velvote , Mel Elatines. Ph. de Londres. Prenez de fuc de velvote clarifié , ; de chaque de miel clarifié ; quatre livres. Mélez : faites bouillir le mélange jufqu’au degré de . sonfiftance convenable. ’ 176 Matiere Médicale. Cette formule a paru pour la premiere fois dans 1a précédente édition de la Pharmacopée de Londres. Elle s'emploie rarement ; onne la trouve méme pas fouvent dans les boutiques. : Miel 2 Hellébore , Mel Helleboratum: Ph. de Londres. Prenez de racine d'hellébore blanc , féchée & coupég” par tranches, une livre. de miel clarifié , trois livres. deau commune , quatre livres. . Faites macérer la racine d’hellébore dans I’eau pendant. trois jours : enfuite faites bouillir un peu : exprimez la liqueur : paffez-la , & faites bouillir de nouveau avec miel jufqu’au degré de confiftance.convenable. : Il faut avoir foin de domner , le plus qu'il eft poffible, 4 cette préparation , la confiftance de miel.y afin que fon degré de force ou d'action foit moins incertain. Ce miel , gu agit comme un purgatif. draftique, ow comme un métique, eft trop violent pour étre employé dans la pratique ordinaire. On I'aquelquefois donhé dans des cas le folie ou manie, a la dofe d'un ou deux gros ow davantage ; mais il s‘emploie plus fouvent en clyfteres. Onne s‘en fert prefque point dans la pratique moderne. Miel Mercurial , Mel Mercuriale. ‘Prenez de fuc de mercuriale , de chaque de miel, trois livres. Mélez : faites bouillir ce mélange jufqu’a ce qu'il foie réduit 4 la confiftance du miel: enlevez I’écunze qui s’é- leve a la furface de Ia liqueur. Ce miel eft deftiné principalement pout les clyfteres. Onlemploie trés-rarement en Angleterre ; c’eft pourquoi il ne fe trouve pas dans les.Pharmacopées de Londres & @Edimbourg. — a a Miel Rofat, Mel Rofaceum. * Ph. de Londres. . Prenez de boutons de rofes rouges, mondées de leurs onglets » Miels, 7 . te onglets , & féchées promptement , we tre onces. d'eau bouillante, trois livres, . de miel clarifié cing livres. Faites infufer les rofes durant quelques heures dang Peau : paffez enfuite la liqueur : mélez-la ayec le miel, & réduifez-la, par l’ébullition , 4 une confiftance con- venable. Ph. d'Edimbourg. Prenez de rofes rouges féchées , une demi livres - d'eau bouillante , quatre livres. de miel clarifié , fix livres. Faites infufer les rofes dans l'eau pendant une nuit = paffez la liqueur : mettez le miel dans la colature , & fai- tes bouillir le mélange jufqu’a ce qu'il ait acquis la con= fiftance du miel. Cette préparation s'emploie affez foavent comme un remede déterfif, rafraichiffant , dont I'action eft douce s il fe prefcrit particulierement dans les gargarifmes, pour Jes inflammations & les ulcérations de la bouche & dea amygdales. Dans la premiere de ces formules on ordonne de fécher les rofes promptement , afin qu’elles confer= vent mieux leur qualité aftringente. Voyez tom. 1. p. 397¢ Miel Solutif, Mel Solutivam. Ph. de Londres. Prenez la liqueur qui refte aprés fa diftiflation de Gx . livres de‘rofes de Damas. . de graines: de‘ cumin légérement concaflées 5 une once. ' : de caffonade » quatre livres. de miel deux livres. : ‘Ayant exprimé l'eau des rofes, faites-la bouillir juf= qu’a ce qu'il n’en refte que trois livres: ajoutez-y , vers la fin, les graines de cumin, dont vous aurez fait un nouet : mettez-y alors lefucre & Je miel , & faites bouil~ lir le mélange jufqu’A ce qu'il ait Ja conliffance du. miel. Ce miel folutif eft fort bien compofé, pour pro- Tome Il. M 278, Matiere Medicale. duire l’effet évacuant qu’exprime le titre qu'il porte. On ’emploie principalement dans les clyfteres laxatifs ; c’eft pourquoi on fe fert de caffonade: au lieu que ‘le miel qu’on deftine & d'autres ufages internes , fe doit préparer qvec du fucre fin. Oxymel d’ Ail, Oximel ex Allio. “~~ Ph, de Londres. “ Prenez d'ail coupé par tranches , une once & demie. de graine de carvi, de chaque de fenouil doux,$ deux gros. de miel purifié, dix onces, . de vinaigre , une demi-livre. ; * Mélez: faites bouillir dans un vaiffeau de terre ver- niffé, & durant un peu de tems y le vinaigre avec les graines concaffées : ajoutez enfuite l'ail, 8 couvrez bien le vaiffeau ; quand la liqueur fera refroidie , paflez- la avec expreffion , & diffolvez le miel dans la colaturey en tenant le mélange a la chaleur du bain-marie. Cet oxymel eft recommandé comme propre a atténuer fes humeurs vifqueufes, a faciliter ’expectoration, & les fEcrétions fluides en général. C’eft certainement un médicament trés-efficace , .quoique défagréable ; car le gott de l’ail domine , malgré les graines aromatiques. Oxymel Peétoral ,» Oxymel Pettorale. Ph. d’Edimbourg. “. Prenez de racine d’aulnée , une once. - diris de Florence , une demi-once. de. gomme ammoniaque , une once. de vinaigre, une demi-livre. de miel purifié, une livre. d'eau commune ,. trois livres. Coupez, écrafez les racines.: faites-les bouillir dans eau iulqu'a ce quill ne refte que deux livres de décoc- tion : paflez : laiflez repofer lacolature : enlevez la partie - qui eft claire, de deffus fon marc : ajoutez- yle miel , & Ja gomme ammoniaque , que vous aurez préalablement fait diffoudre dans le vinaigre , & faites bouillir le tout » Oxymels, 179 encore un petty afin que le mélange ‘foit mieux fair. Le titre de cette compolition exprime affez {es vertus médicales : elle eft deftinée principalement pout les ma~ ladies de la poitrine, produites par un amas de pituite vifqueule (ce médicament l’atténue & en procure l’ex- pectoration ) , & pour les cas d’obftruction des vaifleaux pulmonaires. On en peut prendre deux ou trois cuille- rées matin & foir, & en continuer l'ufage pendang quelque tems. 7 Oxymel Scillitique, Oxyme! Scilliticum. Ph. de Londres. Prenez de miel purifié , trois livres, de vinaigre de {cille , deux livres. ‘ Mélez : faites bouillir dans un vaiffeau de terre vers, nif—é , & a un feu doux, jufqu’a confiftance de firop, Ph. d'Edimbourg. Prenez de miel purifié , quatre livres. de vinaigre de {cille , deux livres. . Mélez : faites bouillir jufqu’a la confiftance d’un firop; Le miel s’employoit autrefois pour cette préparation» fans qu'il fae purifié , & on fe contentoit d’enlever fécume , qui pour lors fe formoit durant l’ébullition. Parce moyen les impuretés du miel ne reftoient poi dans la compofition ; mais on emportoit en méme tems quelques principes médicinaux de la {cille , dont le vi- naigre s’étoit chargé ; eft pourquoi les Médecins de Londres & d’Edimbourg ont prefcrit avec raifon d’em- ployer , pour toutes ces préparations , du miel qui ait été préalablement purifié feu. . : L’oxymel (cillitique eft un remede efficace » comme apéritif, déterfif & expectorant ; il devient trés-utile, dans l'afthme humoral, plufieurs toux, & diverfes af fections caufées par un amas de phlegme épais. On le . donne a la dofe de deux ou trois gros , avec quelque eau aromatique y telle que celle de canelle , pour em- pécher les naufées qu'il eft fajet & produire. L’oxymely donné en plus grandes dofes, devient un CenGriqne. J] Ro. Matiere Médicale. ‘ “Oxymel Simple , Oxymel Simplexs Ph. de Londres & d’Edimbourg. + Pretez,de miel clarifié , deux livres. * "de vinaigre, une livre. : * Mélez ;, faites bouillir jufqu’a ce que le mélange ait cquis ‘un degré de confiftance convenable.. Cette préparation fimple n’eft pas inférieure en effica= cité, & plufieurs compofitions plus travaillées. Ceft un médicament agréable, deux, rafraichiffant , favoneux » déterfif & atténuant. On s’en fert fouvent dans les gar- garifmes déterfifs & rafraichiflans, & affez fréquem- ment comme expectorant. Iln‘eft pas fans danger de faire bouillir les oxymels dans des vaiffeaux de terre verniffés ; cet enduit étant du plomb vitrifié , le vinaigre peut , durant I’ébullition , atta- quer , ronger le plomb au point d’en contraXter des qua< lités nuifibles. Voyez tome 1 pag. 99. ee eerie eneneeee} CC ae CHAPITRE V. Procédés pour obtenir les principes des fubd flances végétales & animales, qui font vola- tils: au degré de chaleur de l'eau bouillante, ‘i y aun grand nombre de végétaux & quelques fub- & {tances animales dont les vertus réfident ou en entiery ou en partig,, dans une matiere qui a la propriété de fe diffiper en vapeurs , quand elle éprouve le degré de cha- Teur de l'eau bouillante. Dans 1a plipart des procédés « qu’enfeignent les chapitres précédens ,.on a pour ob- . jet de conferver, autant quil ef poifible , cette matiere volatile avec des partics is fixes, lorfque ces parties fixes font elles-mémes méMicinales , ou du moins quand elles fervent a unir la matiere volatile avec les fluides Subflances végttales & animales. 18 que Ton emploie, L’objet qu’on fe propole dans ce cha- pitre, eft de féparer entierement ce principe fubtil vo- latil, & de fe le procurer exempt de toute partie grof- fiere , foit dans l'état de concentration , foit érendu dans de Yeau ou de l’efprit-de- vin. Quand ce principe volatil eft concentré, il refemble pour Vordinaire & une huile que l'on nomme effentielle , parce qu'elle contient cou- jours Yodeur particuliere du fujet qui la fournit, & _fréquemment fes autres vertus médicinales, SECTION PREMIERE Huiles Effentieltes. Les huiles effentielles (e retirent par la diftillation qui ’ fe fait dans un alembic, avec un grand réfrigérant. On ajoute au fujet 2 diftiller une quantité d'eau futhifante pour l'empécher de briler , & ona foin que ce fajet ait macéré un peu de tems dans l'eau avant de le foumettre a la diftillation, L’huile s’leve & paffe avec l'eau, & elle nage 4 fa turface, ou bien elle tombe au fond, fe- fon qu'elle eft plus-ou moins pefante que ce fluide. Pie de Londres. La Pharmacopée d’Edimbourg prefcrit @ajouter!& Peau une quantité de fet marin futtifante pour Iui donner -une favear-légérement falée. Le tems que le fujet doit refter en macération fe regle fur la texture & le degré de denfité du fujet ; 4 peine eft-elle néceflaire pour les fabflances les plus tendres ; celles dont le tiffu eft mou 8 Jacke , feront tenues'en macération durant deux ou trois jours , & celles qui font trés-vifqueufes » doivent macé- rer plus long tems. Plus le tems de la macération doit étrelong, plus il fauc ajouter de fel marin pour Ia fa- vorifer. {1 eft pofible d’obtenir I'huile des fubltances vif- queufes , fans attendre une longue macération ; pour cela - ilfathc de feur faire éprouver une fermentation légere , * 8 qui ne foit pas continuée trop long-tems, en pareil cas J’'addition du fel marin devient inutile. Les graines 8& les écorces doivent étre concallées, & er rapés y ij 182 Matiere’ Médicale. avant de les foumetire 4 la macération Ou 4 Ja fermen- tation. PA. a’ Edimbourg. On ne retire des huiles effentielles que des fubftances odoriférantes ; mais toutes les fubftances de cette clafTe n’en donnent point une égale quantité, ni_une quantité proportionnée a leur degréd’odeur , & telles fub{tances que l’on jugeroit par analogie étre trés-propres 4 conte- nic de I'huile effentielle , n’en donnent que trés-peu , ow méme point du tout. Les rofes & les fleurs de camo- mille , qui par leur odeur forte & durable promettent béaucoup d'buile effentielle, n'en contiennent qu'une trés-petite quantité , comme le démontre l’expérience. Les fleurs de violette & de jafmin , qui parfument l’air de leur odeur , la perdent en entier , pour peu qu’elles éprouvent l'action du feu, &,ne donnent pas dans la diftillation le plus léger figne qu’elles contiennent de Vhuile eflentielle » & moins.qu’on n’en foumette tout a la fois a cette opération une prodigieufe quantité ; au lieu que la fabine, dont l’odeur défagréable ne s’étend pas a une diftance confidérable , donne plus d’huile effentielle qu’aucune autre des plantes connues. Les mémes plantes ne font pas également propres 4 donner de I’huile effentielle par la diftillation , lorfqu’elles font recueillies dans différens terreins , en diverfes fai- fons, & aux différens momens de leur vie. Quefques- unes rendent beaucoup plus d’huile , quand on les re- cueille lorfque les leurs commencent & tomber , que fi on les cueille dans tout autre tems$ Ia lavande & la rue font de ce nombre ; d’autres , comme la fauge, en ren- dent une plus grande quantité , quand elles font jeunes » avant qu'elles aient pouflé des fleurs; il y ena qui, comme le thym , n’en fourniffent beaucoup qu’au mo- ment ov les fleurs commencent 4 paroitre. Toutes les herbes odoriférantes rendent une plus grande quantité dhuile , quand elles font dans des terreins fecs , & quand les étés font chauds, que lor{qu’elles fe trouvent dans - des circonftances oppofées. D'un autre cété , quelques plantes qui ont une mauvaife odeur , comme I'ab- lynthe » contiennenc, dit-on , davantage d’huile dans ‘ Hailes Effentielles. 183 Tes faifons pluvieufes, & dans les terreins humides. . Plufieurs Chimiftes ont cru que les herbes & les feurs modérément féchées d@hnent une plus grande quantité Ahuile effentielle que quand elles font diftillées encore fraiches. On prétend que I'buile étant dés-lors mélée dans la plante fraiche avec un fluide aqueux , il y a dans Yeau, qui eft le réfidu de la diftillation , une grande partie @huile effentielle qui y eft divifée en particules trop peti- tes poor fe réunir & étre recueillies ; au lieu que dans les cas of ona fait fécher la plante , les parties huileufesne fe trouvant plus divilées & difperfées , parce que I’hu- midité qui Goit interpofée entr’elles, a été dit ec, fe raffemblent & forment par leur réunion des globules qui ont peu de difpofition 4 fe méler avec des fluides aqueux , & fe féparent aifément de l'eau qu’on a em- ployée dans la diftillation. . Cette théorie ne nous paroit pas abfolament fatisfai- {ante ; car quoique I’huile fe trouve dans le fujet en glo- bules diftints, elle ne s’€leve pas fous cette forme; mais elle fe réfout en vapeurs , & elle eft agitée & me- lée par la chaleur avec la vapeur de l'eau ; fi dans une plante feche I’huile étoit moins difpofée a s'unic avec les parties aqueufes que dans une plante fraiche, la plante feche devroit fournir une infufion plus foible ou moins chargée de principes que la plante fraiche ; cepen- dant on voit en général arriver le contraire. L’huile des plantes feches po:wvant s’extraire facilement de ces plan- tes , & étant tenue en diffolution par l’eau avant la dif- tillation, js he vois. pas pourquoi cette huile auroit une plus grande difpofition ou facilité 4 fe fEparér de l’eau aprés la defficcation de la plante. L’opinion que les plantes feches donnent plus d’huile effentielle , me femble avoir été occafionnée par une obfervation d’Hoffinan qui, 4 ce que je crois , a été mal entendue. Une livre de leurs de lavande feche donne, dit- il,une once d’huile effentielle ; mais fi on diftille cesfleuts fraichement cueillies,‘ elfes en donneront 4 peine une demi once ; la m&me chofe arrive dans !a diflitlacion de Ja fauge , de la mélifle, &c. La raifon de cette diffé- ‘rence , ¢’eft que Phumidité aqaeufe’ de la aes fe didipe iv 184 . Matiere Médicale, ar la defficcation ; & comme deux livres d’une plante’ Pate ne font qu’environ une livre de cette plante fe- che, & quill sevapore un pegd’huile fubtile durant Ja defficcation, il s'enfuit qu’une plante feche doit fournir plus d’huile effentielle qu'une plante fraiche. Il me femble que cela ne fignifie autre chofe finon que fi deux livres d'une plante fraiche font réduites 4 une livre par la deftic- cation , fans qu'il fe perde rien de I'huile effentielle , une livre de la plante feche équivaut 4 deux livres de la mé- me ; lante fraiche. Un Auteur moderne cite une expé- rience de Neumann , qui paroit avoir été mal entendue, comme la précédente; car Neumann dit feulement dans Yendroit dont il s'agit, que 'abfynthe feche donne beau- coup plus d'huile qu'un poids égal de la plante fraiche. ‘Je ne connais aucune expérience dans laquelle on ait fait “ane jufte comparaifon des mémes plantes fraiches & {é- ches , en divifant une certaine quantité de ces plantes en - deux parties de poids égal, & en diftillant une portion tandis qu'elle étoit encore fraiche , & Tautre enfuite , ‘aprés lavoir fait fécher avec foin & modérément. Mais quel que foit l'effet d’une defficcation modérée, il n'y a pas de doute que fi le defféchement eft fore long- tems & fe faire , le produit en huile effentielle fera moins abondant , la couleur de celle-ci feraaltérée & fon odeur _diminuée. . " Quant a la proportion de l'eau qui doit s’employer dans ‘Ja diftillation, fion fe fert de plantes entieres légérement _defféchées , ou de coupeaux de bois , on peut en mettre dans le vaiffeau , des unes ou des autres , ce qu'il en faut “pour qu’étant prefiés légérement , ils occupent la moitié de fa cavité ; & on -peut ajonter autant d’eaa qu'il en faudra pour qu'elle séleve jufqu’aux deux tiers de fa hau- teur. L'eau, & les ingrédiens pris enfemble ne doivent jamais occuper plus des trois quarts de I'alembic; il doit y avoir affez de liqueur pour empécher qu'elle ne prenne une odeur empyreumatiqué , mais pas affez pour ire craindre qu'elle ne paffe dans le récipient , fi elle vient & bouillir. . La macération doit fe continuer jufqu’a ce que l'eau "ait po pénétrer énticrement les’ pores du fujet. Pour faci Huiles Effenticiles: 185 liter cet effet , les bois doivent étre rapés, les racines coupées tranfverfalement par tranches minces , les écor- ces réduites en poudre groffiere , & les graines pilées Iégérement. Les fubttances fort compactes & vifqueufes demandent a étre tenues en macération pendant une ou deux femaines , ou méme davantage ; deux ou trois jours fuftifent pour celles dont la texture eft lache & -molle ; certaines herbes tendres & pluficurs fleurs non- feulement n'ont pas befoin de macération, mais méme elle leur eft toujours nuifible. Ilya trés-fort lieu de douter fi l'addition du fel marin eft effeivement aufi utile qu’on le dit dans cette opé- ration. Les ufages généraux qu’on attribue au fel en pa- reil cas, fontde pénétrer & de détruire le tiffu du fujec avec plus de force que n’en auroit I’eau fimple, d’empécher quil narrive de putréfadtion & de fermentation , altéra- tion que les matieres végétales font fujettes 4 éprouver Jorfque la macération dure anffi long-tems qu'elle eft quelquefois néceffaire. Mais le fel marin. me femble plus ropre a durcir & A condenfer, qu’a amollir & 4 défunic es fubftances , foir animales , foit végétales ; & s'il em- péche la putrefaction , il doit, d'aprés cette théorie y étre plutét nuifible qu'utile dans le procédé dont il s'agit Aci. La réfolution que l'on cherche ici, approche beaucoup d'une putréfa&tion commencée ; & les fubftances falines, en retardant celle-ci, prolongent la macération beaucoup _au-dela du tems qui feroit néceffaire fans l’addition du fel. L’opérateur a la facilité d’arréter la putréfaaion , quand it le veut, en faifant fa diftillation dés qu'il s'ap- pergoit que le mélange approche de ce degré ; parce moyen, toute l’opération fera finie en trés-peu de tems, & 4 tout autre égard avec au moins autant d’avantage » urvu toutefois que les opératians méchaniques & préa- ables de piler , de raper , ou autres qui font également néceffaires dans les deux cas, aient été exécutées comme il convient. Lescorps d'une texturetrés-compacte ou fort vifqueux doivent, Faivant la Pharmacopée d’Edimbourg , avoir _fermenté pendant quelques jours avec un peu de levain 186 Matiere Médicale. de bierre; fa moitié de leur quantité en eau com#dbarie fuffit pour exciter la fermentation ; aprés quoi on eh ajoutera , lors de Ia diftillation , autant qu'il fera nécef- faire. Ce procédé favorife certainement la réfolution du fujet, & la fortie de I'huile ; cependant il arrive raremerit que des fecours de cette efpece foient néceffaires. En fui- vant ce dernier procédé , on doit bien prendre garde que la fermentation ne foit continuée trop long-tems ; de ne pas donner une mauvaife odeur a I'huile en émployant un mauvais levain, & den’en pas faire entrer une trop grande quantité. Quelques Chimiftes prétendent que par l’'addition dés fels & des efprits acides, ils ont obtenu une plus grande quantité d’huile , qu'il n’eft poffible d’en avoir fi on ne les employe pas. Des expériences faites 4 deffein d’éclair- cir cet objet de conteftation , paroiffent prouver le con- traire; du moins a-t-on éprouvé conftamment que s'il y a quelque raifon de croire que la quantité de I’huile foit plus grande qu’a l’ordinaire, fa qualité eft altérée dans Ia_méme proportion. La quantité de la vraie huile effentielle des végétaux ne peut étre augmentée par au- cun moyen , & ce qu’ils en contiennent réellement peat en étre extrait, mais non augmenté. Tout ce que lés fubftances falines peuvent faire dans ce cas, c'eft de zendre l'eau fufcéptible d'un plus grand degré de chaleur que celui qu'elle recevroit fi elle étoit feule, & par-l& de la mettre en état d’élever dans la diftillation une ma- tiere groffiere, onctueufe, trop peu volatile pour s’éle- ver avec l’eau feule. Cette fubftance groffiere fe mélant avec l’huile pure , en augmente la quanticé, mais en méme tems elle altere néceffairement fa qualité; & en effet , lorfqu’on fe fert de l’eau feule , 'huile qui fe (pare vers la fin de l'opération, eft beaucoup moins odorifé- rante & plus épaiffe que celle qui s‘éleve dés le com- mencement ; fi on fa diftille une feconde fois 4 une cha- leur douce , il refte dans la cucurbite une grande quan- tité d'une matiere groffiere , réfineufe , prefque infipide. Le choix des inftrumens convenables dans cette diftil- lation eft d'une grande conféquence pour que le procédé foit exécuté avec fuccés. Il y a des huiles légeres qui ; Huiles Effentieltes, 187 paffent facilement par le col du chapiteau d’un alembic ordinaire ; d'autres moins volatiles ne peuvent aifémens s'élever auffi haut : pour obtenir celles-ci , nous recom- manderions un chapiteau large court , ayant un bord ou canal creux autour ; I'huile eft retenue par ce canal , dés qu'elle commence a monter , & de 1a elle eft conduite dans le récipient. On voit clairement les avantages de cet appareil. Quanta Ja maniere de conduire le feu , ’opérateur doit T’augmenter fort vite dans le commencement, & I'entre- tenir pendant tout le procédé au degré néceffaire pour que la diftillation fe faffe abondamment ; finon I’huile eroit expofée fans néceflité a éprouver une chaleur trop forte , circonftance qu'on doit éviter avec tout le foin poffible. Le feu produit dans toutes ces huiles des effets nuifibles, & lesaltere , ce qui eft évident, ence qu’elles font beaucoup moins Seeles » houvellement diftil- Iges , qu'aprés qu’elles ont refté pendant quelque tems dans un endroit frais ; & elles font d’autant plus altérées, qu'elles ont éprouvé plus long-tems une chaleur con- fidérable. Pour diftiller le plus grand nombre des huiles , il faut employer le degré de chaleur de l'eau qui bout avec violence ; mais il y a auffi plufieurs huiles effentielles qui s’élevent 4 un degré de chaleur moins confidérable , telles font celles d’écorces de limon , de citron , celles de fleurs de Javande, de. romarin & de prefque toutes les fleurs les plus odoriférantes. Nous avons déja obfervé que l’o- deur de ces fleurs délicates fe trouve ttés-diminuée ou méme détruite , quand elles ont été pilées ou écrafées ; elles perdent auffi une partie de leur odeur , lorfqu’elles ont été plongées dans l'eau, comme il arrive dans l'opé- ration dont il s'agit ici, & elles font altérées en propor- tiondu tems qu’elles ont été dans l’eau , & de lachaleur qu’elles y ont éprouvée ; Celt pourquoices huiles diftil- Iées felonla méthode ordinaire, ont une odeur beaucoup moins agréable que les fabftances dont on les retire. J’ai inventé une méthode pour diftiller les fubftances de cette claffe , fans les inconvéniens précédens ; an lieu de les ‘enfoncer dans I’eau , jene fais que les expofer & fa vapeurs 188 Matiere Médicale, voici mon procédé. Aprés avoir mis dans la cucurbiee Ja quantité d’eau néceflaire , j’étends légérement les her= bes ou les fleurs odoriférantes dans un panier de telle grandeur qu’il puiffe entrer dans la_cucurbite , & étre retenu par fa circonférence précifément au-deflus de Teau ; enfuite le chapiteau étant adapté , & le feu poufté comme il convient, la vapeur de l'eau traverfe le tujet & diftiller, fe charge de fonhuile fans en altérerle parfumy & la porte dans le récipient. Les huiles effentielles ob- tenues de cette maniere ont toute l'odeur du fujet aw plus haut degré , & on ne leur trouve rien de cette odeur défagréable qui fe fait fentir dans les huiles qu’on obtient lor{qu’on diftille 4 la maniere ordiraire,, en faifant bouil- lir le fujet dans l’eau. Il eft propos d’obferver que les huiles qui s‘élevent a un degré de chaleur inférieur 4 celuide l'eau bouillantes font appellées huiles légeres , dans les livres de Chimie & de Pharmacie , & que celles qui demandent le degré de chaleur de l’eau qui bout avec violence, font nommées parles Auteurs huiles pefantes. J'ai évité d’employer ces eran » parce qu’elles peuvent donner de fauffes idées fur la pefanteur {pécifique des huiles, quoique ce phénomene n’ait aucune connexion avec leur volatilité 8 leur fixité réelles. L’huile d’olive eft plus légere que Ia plipart des huiles effentielles ; cependant il y a moins de diftance de la chaleur de eau bouillante au froid de la glace , qu'il ne s’en trouve entre le degré de chaleur né- ceflaive pour dittiller les huiles effentielles les plus Ié- geves & le degré fupérieur quill faut employer pour diftiller 'huile Colives L’eau dont on fe fert dans la diftillation des huiles ef- fentielles, enleve toujours une certaine portion de I'huile, ce qui eft démontré parle gott, fodeur & la couleur qu'elle acquiert ; mais elle ne peut en retenir qu'une cer- taine quantité ; c'eft pourquoi l'eau quia déja fervi 4 des diftillations , & qui s‘eft , pour ainfi dire , faturée d’huile, peut s’employer avec avantage , & doit étre préférée & eau commune pour diftiller une nouvelle quantité du méme fujet. Quelques Chimiftes modernes recommandent de fe : Huiles Effentielles: 189 fervit , non pas dé l'eau quis’eft élevée, mais de celle qui eft reftée dans l’'alembic ; cependant il ne paroit pas que celle-ci puiffe étre de quelque utilité , attendu qu'elle ne contient que celles des parties du végétal qui ne font pas de nature a s’Slever dans la diftillation , & qui ne font qu’empécher l'action de l'eau, comme menftrue , & aug- menter le rifque de l'odeur empyreumatique. ° Aprés la difillation d'une efpece d'huile, il faudroit avoir grand foin de nettoyer I'alembic , avant de l’em- ployer a la diftillation d’une plante différente. Certaines hbuiles, par exemple celles d’abfynthe & d'anis , s'y atta- chent fi fortement, qu’on ne peut pas les faire couler px lachaleur , ni les emporter en les lavantavec del’eau; ja meilleure fagon d’en nettoyer l'alembic eft d’y paffer un peu d'efprit-de-vin. ; Les huiles effentielles qu’on vient de diftiller , doivent &tre tenues en repos pendant quelques jours dans des vafes légérement couverts de papier , ju(qu’a ce qu’elles aient perdu leur odeur de feu qui eft défagréable , 8 qu'elles foient devenues limpides : mettez-les pour lors dans de petites bouteilles exa&ement remplies, bien fermées, & tenez-les dans un endroit frais ; avec ces précautions les huiles. effentielles confervent parfaite- ment leurs vertus durant plufieurs années. Quand on ne garde pas les huiles effentielles , comme nous venons de le confeiller, elles perdent peu-a-peu, en vieilliffant , une partie de Jeur odeur , elles devien- nent épaiffes & groffieres. Il y a des gens qui rétabliffene ces builes altérées : pour cela ils les agitent dans un mor- tier avec environ trois fois leur poids de fel commun ; eafuite ils ajoutent une grande quantité d’eau , & pour lors ilsles diftillent de nouveau. La partie la plus pure qui s’éleve, eft trés fluide & limpide: elle poffede en grande partie fon gott & fon odeur primitive, mais & un degré inférieur. Cette rectification , comme on I’'ap- pelle , réuffic également fans le fel. Les huiles qui ont été ainfialtérées , font 4-peu prés dans le méme état que le font Ja térébentine, & autres fucs végéraux huileuxs €pais , qui donnent promptement leur huile la plus pure dans Ia diftillation avec l'eau feule. 199 Matiere Médicale. Lorfque des huiles eflentielles ont entierement perda leur odeur on recommande encore pour les rétablir’ de les rejetter far une nouvelle quantité de la méme fub- ftance , & de diftiller Je tout enfemble ; parce moyenelles fé chargent , dit-on, d'une nouvelle portion de prin- cipes odorans, & fe renouvellent prefque entierement. Mais cette pratique doit certainement étre condamnée » n’étant dans le fond qu'une fophiftication ; car ce procédé: partage , entre l'ancienne & Ja nouvelle huile , la matiere adive , ou l'efprit reteur , qui n'appartient qu’a la nou- velle. : Les huiles effentielles , confidérées comme médica- mens, font toutes irritantes &¢ échaufantes ; mais elles ont des vertus particulieres qui dépendent de la fubftance qui les a fournies , 'huile étant le principe dans lequel réfident les vertus, Ou du moins une partie des vertus des diverfes fubftances dont on les retire. Ainfi la verta carminative des femences chaudes y la vertu diurétique des baies de genievre , la vertu emménagogue de la fa- bine, la vertu nervine du romarin, la vertu ftomachique de la menthe , la vertu anti-fcorbutique du cochlearia , Ia vertu cordiale des aromatiques , &c. font concentrées dans les huiles de ces végétaux. Tl ya une autre différence remarquable dans les huiles effentielles dont on ne yoit pas aufii-bien la caufe, c'eft le degré de chaleur & d'irritation qu’elles produifenty qui n’eft nullement en proportion , quoiqu'il femble na- tarel de le juger , avec ces mémes qualités dans les fub- ftances dont ces huiles fe tirent. L’huile de canelle , par exemple , eft exceflivement vive, irritante & prefque cauftique , quand elle ne fe trouve pas étendue dans quel que liquide ; au lieu que les cloux de gérofle, qui font beaucoup plus irritans que la canelle , quand ils font en fubftance , donnent une huile moins irritante que celle de canelle. Cette différence femble dépendre en partie de Ja quantité d’huile que contient le végétal qui la fournit. La canelle en donne beaucoup moins que le cloux de gé- rofle , & ellea par conféquent fa matiere active concen- trée dans un plus petit volume: une autre caufe de la différence qu’on remarque ici, eft la différence dans la nae Huiles Effentiettes, 19% ture des parties adtives eiles-mémes ; car quoigue ‘es- huiles effentielles contiennent toujours l'odeur {pécitique & Ja faveur des fubftances qui les ont fournies » toit qu'elles paffent pour agréables, foit qu’on les regarde comme difgracieufes , elles ne_contiennent pas tou- jours les principes irritans du végétal’, ceux ci réfidage fréquemment dans une matiere réGneule plus fixe, & qui ne s'éleve pas avec lhuile. Aprés qu’on a reti- ré, par la diftillation , huile effentielle du gérofle, da poivre & de quelques autres fubftances aromatiquesy Ob remarque qu’une partie de leurs principes irritans eft reitée dans le rélidu, & une fimple teinture de ces réfe dus faite avec l’efprit-de vin rectifié eft méme plus irri- tante que leurs huiles effentielles pures. On emploie fouvent les huiles les plus gracieufes pour faire fapporter a l’eltomac des médicamens trés-défagréa- bles par eux-mémes , & qui feuls te feroient foulever. On oie dans l'ufage autrefois d’employer ces huiles pour corriger les purgatifs réfineux ; mais il ne paroit Pas qu’elles foient fort ‘propres A cela. Tout le bien qvelles font capables de faire en pareil cas, c’eft d’em- pécher que la réfine ne foit dans le premier moment auffi défagréable a l’eftomac qu'elle le feroit fans cette pré- ution ; loin de dimjnuer la qualité irritante de laquelle ‘dépend Ia violence des réfines purgatives , elles y ajou- tent un nouveau flimulus, V oyez l'article des cathartiques, tom, 4. page 169. es huiles eflentielles ne fe donnent point feules , 2 caule de leur irritation & de leur chaleur extremes , qualités qui chez quelques-unes font telles, qu’une feale “goutte tombée fur la langue fuffit pour y exciter un efchare gangrenenx. Le fucre fec imbibe promptement ces huiles 5 qui fe donnent trés-commodément fous cette forme. Si on les pile avec huit ou dix fois leur poids de facre , elles devienoent folubles dans les liqueurs aqueufes , 8& peuvent étre étendues par ce moyen autant qu'on veut, Les mucilages les rendent auth mifcibles avec l'eau foug une forme laiteufe ; elles fe diffolvent encore dans de.l'efprit-de- vin : les plus odoriférantes dans un poids égal-d’elprit-de-vin , & prefque toutes dans 792 Matiere Medicale. | ‘moins que quatre fois leur quantité; ces diffolutions | peuvent étre prifes avec du fucre , ou bien mélées avec des firops ou autres fubftances femblables ; quand onles | méle avec de l'eau, la liqueur devient laiteufe, & Thuile | fe {épare. : ales huiles les plus irritantes s'employent 4 l'extérieur contre les paralyfies , les engourdiffemens , les douleursy | les tumeurs froides, & dans d’autres cas ou certaines parties demandent 4 étre échauffées & irritées. Le mal de dents eft quelquefois foulagé par une goutte des huiles les plus vives, mife fur du coton, qu'on introduit avec adreffe dans le tru de la dent. Huile effentieyfM@’ Abfynthe Oleum Abfynthii effentiale, . de Londres & d’Edimbourg. C’eft une des huiles effentielles les plus défagréables; elle a l'odeur forte de labfynthe, ainfi que fa favear difgracieufe , mais fort peu ou méme point d’amertunie: celle-ci fe trouve toute entiere dans la décodion qui refte apras la diftillation ; la couleur de cette huile , lorf qu'elle eft tirée de l'herbe fraiche, eft d'un verd foncé; & d'un jaune brunatre y quand on Ia tire del'herbe feche. Hoffman recommande cette huile, comme un anodyn modéré, contre les contractions fpaimodiques ; en pareil cas il en faifoit diffoudre un gros dans une once d’efprit- de-vin re@tifié, & prefcrivoit, pour une dofe , fept ou huit gouttes de ce mélange dans un véhicule convenable. Boerhaave vante beaucoup , contre les fievres tierces, une liqueur compofée d’environ fept grains de I’huile mé- iés d’abord avec un gros de fucre, en agitant dans ua mortier, enfuite avec deux gros de fel d'abfynthe, & enfin diffous dans fix onces d’eau diftillée de la méme plante ; deux heures avant le moment ordinaire.de Tac- cés, le malade doit mettre fes pieds & fes jambes dans de l'eau chaude , & boire deux onces de la liqueur tous les quarts d’heure , jufqu’a ce que les deux heures foient -paffées ; par.ce traitement , dit-il , on guérit en général les fievres de cette nature, pourvu quill ny ait ni quirchofité, ni fuppuration. En Angles , Phuile Hailes Effensieltes, 193 Shuile d'abfynthe s‘employe principalement comme veo- mifuge ; on la fait prendre intérieurement , & elle s'ap- plique extérieurement & ceux qui ont des vers. Une autre maniere wés-commode de l'adminiftrer , c’eft en piluless & on lui donne cette farme 4 pea de frais en la mélane avec de la mie de pain. Haile cfenuelle dAnch, Oleum femioum Anethi effentiale. Ph. de Londres. Ceft une huile tras-chaude , d'une odeur qui n’eft pas fort agréable, & eft plus foible que celle des graines dont onla retire ; elle s'emploie quelquefois, comme carmina- tive , dans les flatuolités , coliques , hoquets , & autreg eas femblables. La dofe eft depuis une goutte jufqu’é trois ou quatre. Hluile effentielle d’ Anis , Oleum feminum Anifi effentiale. Ph. de Londres & d’Edimbourg. Cette huile poffede parfaitement la faveur & l’odeus des graines d’anis. C’eft une des plus douces de tou- tes les builes diftillées ; on pourreit en prendre fang danger quinze ou vingt gouttes pour une dofe , quoique dans la pratique commune on en prefcrive rarement la moitié. Son odeur fe conferve trés-longtems, & fe xépand au loin ; le lait tiré du fein , aprés qu’on a pris de cette huile, fe trouve imprégné de fon odeur, & peut étre eft-cela en partie ce qui fait attribuer & Vanis la erty pectorale ou bechique. On prétend que I'huile d’a- nis eft moins efficace dans les flatuofités & les coliques que les graines elles-mémes. - Jl eft 4 remarquer que cette huile fe congele & prend Ja confiftance du beurre, lors méme que lair n’eft pas fentiblement froid ; ainfi quand on diftille cette haile , l’o- pérateur ne doit pas s‘occuper de tenir l'eau trés- fraiche dans le réfrigérant; il convient plutét de la tenir un peu chaude, particulierement vers la fin du procédé ; fans quoi I'huile, en fe congelant , bouchera tellemeatle Tome Il. N 194 Matiere Médicale, ferpentin, qu'il fera & craindre que le chapiteau de fas lembic ne faute , oud moins il y reftera beaucoup d’huiles Huilecffentielle de graines de Carvi ,Oleum feminum Carvi effentiale. Ph. de Londres & d’Edimbourg. Liodeur de cette buile reffemble exactement 4 celle des graines de carvi; elle eft trés-chaude & trés-irritan- te; une feule goutte eft une dofe modérée , & cing ou fix gouttes font une trés-grande dofe. Elle s'emploie affez fouvent-comme carminative ; quelques perfonnes préten- dent qu'elle eft bonne particulierement pour procurerla . fécrétion de urine, & laquelle elle communique use partie de fon odeur. Huile effentielle de gérofle , Oleam Caryophyl!loram aromaticorum effentiale, Ph. de Londres & d’Edimbourg. Cette huile eft fi pefante, qu'elle fe précipite au fond ~ deTeau; elle nes'éleve pas facilement dans la diftillation. Si on remet une feconde fois de l'eau fur le gérofle déja foumis a a diftillation , & qu’on répete cette opération, on retire en général un peu plus d'huile ; mais celle-cieft inférieure en qualité a la premiere. On dit ordinairement que 'huile de gérofle eft d’un jaune d’or, & a une faveur exceffivement Acre & briilante ( Boerhaave , procef, 27. ); telle eft en effet la compofition que nous recevons de Hollande, fous le nom d’huile de gérofle ; mais la véritable huile de gérofle eft une des huiles les plus douces , & peut fe prendre fans danger , & fuffifamment étendue dans un liquide, a la dofe de dix ou douze ‘gouttes ou plus. Quant a fa couleur , elle n’eft nulle ment jaune , 4 moins qu’on ne lait gardée long-tems & fans foin, ou diftillée 4 un feu trop violent; lorfqu’elle eft parfaite, elle eft limpide & fans couleur , d’une faveut agréable , modérement chaude & irritante y qui reffemble ‘beaucoup a celle des gérofles mémes. L’huile de gérofle les Hollandois contient beaucoup d’huile exprimée Hailes Effentieltes.. 195 fomme le prouve fon examen par la diftillation. Ce nett pourtant pas de cette addition qu'elle peut tenir fon acri- monie. C'eft une petite quantité d'un extrait rétineux da gérofle qui com:nunique a une grande quzntité dhuile une couleur foncée, & un degré comidérable d'acreté. Hluile effentielle des fleurs de Camomille , Oleum florum Chamezmeli effentiale. Ph. de Londres. Cette huile eft trés irritante ; elle a une odeur quin’eft pas délagréable , & qui reflemble a celle des fleurs ; f@ couleur eit jaune , avec une légere teinte de verd ou de brun. On en donne quelquefois , mais feulement quel- ques. gouttes, comme un remede carminatif, dans les maladies hyftériques , & comme vermifuge. ll eft affez commode d’en former des pilules avec de la mie de pain. L’huile qu'on vient de décrire eft celle qu’on tire de la camomille commune des jardins , & la feule qui foit ordonnée dans les Difpenfaires d’ Angleterre. (Voyez tome I. page 264 ) Il y a une autre forte de camomille plus commune dans les champs que dans nos jarding ‘(Chamelum vulgare Ger. Rasi [ynopf. ed. iij. 228. ), qui rend une trés- belle huile bleue. Cette couleur fe conferve pendant plufieurs années , fi on garde I’huile avec loin 5 mais fi on ne la garantit pas parfaitement du conta& de Yair libre, elle dégénere bientét en une huile jaune feme blable a la précédente. Huile de Canelle , Oleam Cinnamomi. Ph. de Londres & d’Edimbourg. Cette huile excellente eft extrémement chaude 8& irritante, d'une odeur fort agréable, femblable a celle de Ja canelle méme. C’eft un des cordiaux & des reftaue rans les plus etficaces dans I’état de langueur accompagné de froid , & contre la foibleffe du fyftéme nerveux. La dofe eft une , deux ou trois gouttes, qui doivent tou- jours étre étendues avec {oin par le moyen du fucrey &c. parce que lacreté de cette huile eft grande » que fion y 196 Matiere Médicale, en laiffe tomber fur la langue une feule goutte pure, elfe produit, ainfi que lobferve Boerhaave, un efchare gan- grenenx. Quand on diftille cette huile , il faut employer un feu vif, & un chapiteau bas avec un large canal autour , tel que celui qu'on a recommandé pour diftiller les huiles les moins volatiles , celle-ci érant une de celles ai ont le moins de volatilicé, & dont on tire le moins de Ja fubftance qui la fournit. L’eau diftillée de canelle conferve une affez grande portion de I'huile , mais com- me I’buile eft trés-pefante, il s'en dépofe une partie con- fidérable au fond du vaiffeau qui contient cette eau , lorf- qu’on Ia laiffe ea repos dans un lieu frais durant deux ou trois femaines. : Huile effentielle de graines de Cumin, Oleum feminum symini effentiale. Ph. de Londres. Ceft une des huiles les plus chaudes & des moins agréables ; elle s'employe principalement dans les affec- tions froides , hyftériques & venteufes, 4 la dole de deux ou trois gouttes. Elle donne vne odeur forte aux urines, & on prétend qu'elle eft fpécialement utile pour ea procurer l’évacuation. Huile effeatielle de graines de Fenouil , Qleum femioum Feeniculi_effentiale. Ph. d' Edimbourg. Lhuile qu’on tire des graines du fenouil. doux eft beaucoup plus belle & plus agréable que celle des graines du fenouil commun. Voyez tome I. page 295. C'eft une des huiles effentietles les plus douces ; elle a 4-peu-prés le méme degré de chaleur que celle d’anis; elle lui reflemble auffi par l’odeur, qui cependant eft moins agréable dans celle-ci. On eaemet eran deux ou trois gouttes jufqu’a dix ou douze, comme remedo carminatif , dans les indifpofitions froides de V'eftomacs & dans certaines toux , pour procurer l’expeoration. Hailes Effentielles, 197 Haile effentielle des fine a Byfope » Oleum foliorum L'buile dhyfope eft modérément Acre , d’yne odeur forte & déiagréable , qui reffemble exa&tement 4 celle de fa plante méme; fa couleur eft jaunatre avec une légere teinte de verd, qui fe change en une couleur brune quand on la garde, On !a recommande dans !'afthme humoral pour procurer l’expedoration , 8c. Sadofe eft depuis une goutte jufqu’a deux ou trois ; mais on s'enfere rarement ; elle ne fe trouve pas fréquemment chez les apothicaires ; ceft pourquoi elle a été retranchée des Pharmacopées de Londres & d’Edimbourg. Fiuile effentielle des baies de Genievre » Oleum baccarum Juniperi effentiale. Ph. de Londres & d’Edimbourg. Cette huile eft fort chaude 8 trés-irritante; elle a une odeur forte, femblable a celle des baies de genievre. Elle eft-un carminatif & un ftomachique efficace , étant donnée a la dofe d’une goutte ou deux ; fi on en prend fix ou huit gouttes & davantage , elle eft irritante , dé- terfive , diurétique & emménagogue ; elle paroit parti- ciper de Ja nature des térébentines & de leurs eflences ou huiles diftillées ; elle communique , comme elles , une odeur de violettes 4 l'urine. ; Lhuile de ces baies réfide en partie dans des véficules répandues par toute la fubftance de la pulpe , & en partie dans de petites cellules des graines Bae la pulpe eft feche , & que I’huile ett épaiffie en une fubftance réfi- neufe , celle-ci devient vifible ; quand on écrafe les grai- nes, elle paroit fous la forme de petites gouttes tranf- parentes. Afin donc de tirer cette huile avec plus de fuccés , il fandroit , préalablement a la diftillation , piler fes fruits, de maniere & mettre les réceptacles huileux entierement & découyert. N ij ‘198 Matiere Médicale,. Huile effenticlle de fleurs de Lavande, Oleum floram Lavendulz effentiale. Ph. de Londres & d'Edimbourg. Lorfque cette huile eft parfaite , elle eft fort fimpide, d’un jaune trés-agréable , extrémement odoriférante ,& poflede, dans un dégré éminent, l'odeur particuliere quions’accorde en général 4 trouver dans les fleurs. Celt un médicameot d’un ufage fréquent , qui s’empioie tant intérieurement qu’extérieurement, dans les affec- tions léthargiques & paralytiques, les douleurs de rhu- matifme, & la foibleffe du fyftéme nerveux. La dole eft depuis une goutte jufqu’a cing ou fix. Les fleurs de lavande rendent une huile trés-odorifé- rante , & en bien plus grande quantité , lorfqu’ellesfone prétes 4 tomber d’elles mémes , & que les graines com- mencent 4 paroitre ; Jes feuilles n’en rendent que fort peu. Les fleurs peuvent fe féparer du refte dela plante, en la frappant légérement aprés qu’on I’a un peu deffé- chée. II faut, auffi tot aprés cette préparation, les fou- mettre a la diftillation, & lonération doit étre conduite avec une chaleur douce & bien réglée ; une trop grande chaleur ron feulement changeroit Ja couleur de Phuiles mais en outre elle produiroit dans fon odeur une altéra- tion défagréable. Huile effentielle des baies de Laurier , Oleum baccarum Lauri effentiale. L'huile des baies de laurier eft tenue & limpide , mo- dérément piquante, d'une odeur forte, affez agréable. On la donne dans les coliques venteufes , les affe&ions hyftériques, & pour calmer les douleurs qui farviennent aprés l’'accouchement. La dofe eft depuis deux gouttes jofqu’a cing ou fix. Cette huile entre auffi dans les clyf teres carminatifs ; & il y a des affections hyftériques pour lefquelles on l'applique extérieurement. Huiles Effencieltes, 199 Effence de Limons ou Huile effentielle de Limons y Effentia Limonum. Ph. de Londres. Effence ou Huile d'écorce de Limens , Oleum corticum Limonum. Ph. d'Edimbourg. C’eft une huile fort agréable, d’une odeur fine & qui approche beaucoup de celle de l'écorce récente de li- mon; elle paroit une de nos huiles effentielles les plus 16 geres & les plus volatiles ; elle eft parfaitement limpide & prefque fans couleur. Onla prend a la dofe de deux ou trois gouttes ,comme cordial, pour fortifier l’eftomac y &c. mais elle s‘emploie plus fouvent comme parfum. Elle donne une odeur fine a l'efprit volatil aromatique & elle rend les pilutes favoneufes fupportables & Vel tomac. ‘Huile effentielle de Macis , Oleum Macis effentiale. Vhuile effentielle de macis eft modérémert piquante » trés-fubtile & volatile , d’une odeur forte & aromatique, femblable 4 celle du macis lui-méme ; elle eft tenue & limpide , d’un jaune pale, & contient une portion d'une huile plus épaiffe & plus foncée , qui fe précipite au fond. On vante I’huile de macis dans les vomiffemens , les hoquets , les coliques , 8c. tant appliquée extérieu- rement & |’eftomac & A la région ombilicale » que prife intérieurement depuis une goutte jufqu’a quatre ; cepen- dant elle s’emploie rarement , & on ne la trouve pas communément chez les Apothicaires. Haile effeniiclle de Marjolaine , Oleum Majorane effentiale. Ph. de Londres. Cette huile eft trés chaude & fort piquante : elle n’a s odeur auffi agréable que la marjolaine méme ; 'huile de marjotaine parfaite eft d'un jaune pale ; elle de- vient rougeatre, lorfqu’on la garde long tems :fionla iv 268 Matiere Médicale. diftille 4 une trop grande chaleur, elle paroit rougeatre dés Ge moment. On Ia croit fpécialement utile dans Jes obftructions & les écoulemens muqueux de la matrice. La dofe eft d'une ou deux gouttes. Hiuile effentielle de Menthe commune » Oleum Menthe effentiale. Ph. de Londres & d’Edimbourg. : Cette huile'a beaucoup'de lodeur & du goit deh menthe ; mais ces qualités font moins agréables dans Phuile. C’eft un trés-bon médicament flomachique , qui fe prefcrit affez fouvent dans le défaut d’appétit , la foie bleffe de I'eftomac , les envies de vomir , & dan d'autres maladies femblables, quand elles ne font pas accompagnées de chaleur ni d’inflammations ; deux 08 trois gouttes ou un peu davantage font une dofe fuffifante. | Elle s'applique auffi 4 l’extérieur pour les maux précé dens, & eft un excellent ingrédient de l'emplatre ftoma- chique des boutiques. . Huile effentielle. de Menthe poivrée, Oleum Menthe Piperitidis effentiale. Ph. de Londres. Cette huile poffede Podeur , le goit, & lesvertus de ‘Ia plante ; fa couleur eft un jaune-pale verdatre. C’eft un médicament fort irritant & trés-fubtil , qui répand, pref- que auffi-tdt qu'il eft pris, de-la chaleur par toute I'ha- bitade du corps. Ila d’excellens effets dans les coliques “qui font accompagnées d'un grand froid , 8 dans certai- nes douleurs hyftériques. Une goutte ou deux en font pour l’ordinaire une dofe faffifante. Huile effentielle de Noix mufeade , Oleum Nucis Mofchatz effentiale. Ph. de Londres & d'Edimbourg. Lohuile effentielle de mufcade poffede & un haut de- gré Podeur & les vertus aromatiques de ce fruit: elle reffemble par fes qualités 4 ’huile de macis, mais celle de -mu(cade eft un peu moins agréable. . Huiles Effentielles, 201 "-Hhuile effentielle d Origan , Oleum Origani_ effentiale. Ph. de Londres & d’Edimbourg. Cette huile a une faveur Acre, fort piquante , & une édeur pénétrante. On I’a employée principalement & fextérieur comme fternutatoire , ou pour diminuer le mal de dents. . Huile effentielle'du Poivre de la Jamaique , Oleum effentiale Piperitidis Jamaicenfis. . Ph, d'Edimbourg. Cette huile eft trés-belle, & peut fe fubftituer aux huiles de plutieurs des plus chers aromatiqugs ; elle a une couleur pile claire ; fon odeur eft plus agréable que celle de I'huile de gérofle, & fe conferve auffilong-tems ae celle de l'huile de mufcade; elle fe précipite au fond de Yeau, ainfi que les huiles de quelques-uns des aro* mates du Levant. Hluile effentielle de Pouliot y Oleum Pulegii effentiale. Ph, de Londres & d’Edimbourg. * Cette huile reffemble par fa faveur & fon odeur ala plante elle méme ; elle en poffede auffi les vertus. Gn en donne dans les maladies hyftériques , depuis une goutte julqu’a quatre ou cing. Huile effentielle de Romarin ,Oleum Rorifmarini effentiale. Ph. de Londres & d’Edimbourg. L’huile de romarin fe retire des fleurs de la plante ; cette huile effertielle parfaite eft fort légere , tenue, pale, prefque fans couleur, & fort odoriférante, quoiqu’elle ne le foit pas autant que le romarin lui-méme. On en refcrit quelques gouttes dans les affe@ions qui attaquent es nerfs , & dans desmaladies nerveufes & hyftériques. Boerhaave la vante beaucoup contre l'épilepfie & contre ‘Tes fappreffions de regles , occafionnées par Ia foibleffe & par inaction. 202 ‘Matiere Médicale. ‘Huile_effentielle du bois de Rofes, Oleum ligni Rhodit effentiale. Ph. de Londres & d’Edimbourg. Cette huile eft extrémement odorjférante ; elle fert principalement comme parfum dans des pomma- des de fenteurs & d’autres compofitions femblables. On na encore employe, pour l'ufage interne , aucune préparation de cette fubftance aromatique. Huile effentielle de Rue, Oleum Rutz effentiale. Ph. de Londres & d'Edimbourg. Lhuile degue aun gotit trés-Acre, & une odeur pé- nétrante ,emblable 2 celle de la plante, mais un pea plus déiagréable.-On s'en fert quelquefois dans les mala- dies hy(tériques, & comme d'un remede vermifuge » de méme que dans les épileplies dépendantes du rela~ chement des nerfs. La rue rend peu d’huile ; c'eft lorfque les fleurs font prétes a-tomber , & que les graines commencent 4 pa~ roitre , qu'elle en fournit davantage ; un tems convenable de macération eft trés-néceflaire avant la diftillation de cette plante. . Huile effentielle de Sabine y Oleum Sabinz effentiale. Ph, de Londres & d'Edimbourg. La fabine eft une de ces plantes que les précédentes ditions de la Pharmacopée d’Edimbourg recomman- dent de faire fermenter légérement avant la diftillation 5 cela melt cependant pas fort néceflaire ; car la fabine rend, fansaucune fermentation, & méme fans beaucoup de macération , une trés-grande quantité d’huile ; Ja plante précédente a bien plus befoin d'une pareille pré- paration. L’huile de fabine eft un remede emménagogue, célebre & vanté dans les maladies de la matrice. Ceft un médicament trés-utile dans les conftitutions froides & phleginatiques ; cependant il n’eft pas capable d’opérer Huiles Effentielles. 203 les effets qu'on lui attribue généralement. La dofe eit de deux ou trois gouttes, & méme davantage. Haile effentielle de Saffafras , Oleum Safiafras effentiale. Ph. de Londres & d’Edimbourg. Cette huile eft la plus pefante de toutes les huiles ef- fentielles connues ; mais elle s’éleve affez facilement dans la diftillation. Elle eft limpide comme l'eau : ellea une faveur modérément piquante , & une odeur trés- g.acicate, exadement femblable a celle du faffafras. in la recommande fort comme fudorifique , & pour purifier le fang & les autres humeurs : elle eft également efficace , 4 ce qu’on prétend, dans lafthme humoral & les toux. La dofe eft depuis une goutte jufqu’a huit ou dix , quoique M. Geoffroy la porte jufqu’a vingt. Lorfqu’on fait épaiffir la déco@tion qui refte dans la cucurbite aprés la diftillation de I’huile, on obtient un extrait falutaire qui a une faveur douce , mélée d'un peu damertume & d'aftridion. Hoffman dit qu'il l’a fait prendre avec grand fuccés 4 la dofed’un {crupule , com- me remede fortifiant , dans les affections cachedtiques » far !a fin des fievres intermittentes , & pour faire ceffer les fpafmes hypochondriaques ou vaporeux. Haile de Térebenthine, Oleum Terebenthinz. Ph. de Londres & d'Edimbourg. Cette huile fe diftille de la méme maniere que les pré- eédentes » elle eft vraiment une huile effentielle , quoi- quelle ne foit pas rangée ordinairement dans cette claffes & , comme le remarque le College, on la nomme com= munément , mais improprement , efprit de térébenthine. Lihuile de térébenthine s’emploie en grande quantité dans quelques arts méchaniques : c’eft ce qui fait quil y a des gens dont le métier eft de la diftiller. Cette huile eft un médicament ftimulant , trés-chaud (voyez tome I. pag. 433.); on I'a fait prendre quelque- fois comme fudorifique & diurétique , 4 la dofe de deux Ou trois gouttes ; fi onla donned plus forte dofe, elle eft 204 Matiere Médicale, nee 4 trop échauffer, 4 caufer des maux de téte , & écoulement de la femence & de la liqueur des glandes proftrates. On I’a cependant prefcrite depuis peu a des dofes confidérables ( avec du mie! ou quelque autre véhi- cule convenable) contre la fciatique , & ¢’a été, dit-on, avec beaucoup de fuccés. Quelques peas Vont re- commandée pour faire ceffer les écoulemens vénériens s mais en pareils cas elle a produit de mauvais effets , en enflammant les parties malades, & en aggravant le mal. Elle eft affez fouvent employée extérieurement contre les rhumatifmes, les douleurs, les entorfes , pour ré- foudre les tumeurs froides , & arréter les hémorrhagies. Aprés la diftillation de la térébenthine , il refte dans Ja cucurbite une fubftance réfineufe , fragile, d'une couleur jaune , qui fe nomme réfine jaune , refina flava, Ph, d’Edimbourg. Cette fabftance ne s'emploie qu’a 'ex- sérieur : elle fert pour donner de 1a confiftance aux em- platres, & pour d'autres ufages femblables. La plipart des huiles précédentes font diftillées par fes Chimiftes , & on peut fe les procurer facilement dans un degré de perfection affez confidérable; il faut enex- cepter feulement celles de canelle , de gérofle, de mufcade & de macis. Celles-ci nous font apportées de chez l’étranger ordinairement , & font pour la plipart fi frelatées, qu'il eft difficile d’en trouver qui convienne pour l’afage de la Médecine. Il n’eft pas toujours facile de découvrir celles de ces huiles qui {cnt frelatées, falfi- fiées : on ne reconnoit que les abus groffiers. Si une huile -effentielle , par exemple , eft melee avec del'efprit-de- vin, elle deviendra laiteufe en y ajoutant de l'eau; fi ceft avec des huiles exprimées, l'efprit-de-vin reaifié diffoudra V’huile effentielle , & laiffera voir Phuile graffe précipitée; fiion a employé I'huile de térébenthine , il n’y a qu’ tremper un morceau de papier dans le mélange, le fécher 4 une chaleur légere, la térébenthine fe décou- vrira par fon odeur. Mais les artiftes les plus adroits ont Huiles Effentiettes, 205 imaging d'autres méthodes de falfifier les huiles qui échap- pent a tous les eflais de cette efpece. Quelques Chimittes ont donné la gravité {pécifique des huiles comme une regle certaine pour juger fi elles font naturelles & Pures. ou fallifiges ; & nous avons ea conféquence donné une table de la pefanteur {pécifique de plutieurs , a la page 109 de la premiere partie ; il ne faut Pourtant pas s'y fier entierement ; car les huiles pures ti rées du mime fujet, différent fort fouvent en Petanteurs autant que celles qui font tirées de différentes (ubftances. La canelle & le gérofle , dont les huiles tombent come munément au fond de l'eau, rendent, fi on les diftille len- tement & avec foin, une huile trés-odoriférante , qui elt néanmoins {pécifiquement plus légere que le fluide aqueux employé pour la diflillation; d’un autre coté, Fhuile qui paffe a la fin de la diftillation des huiles les plus Kgeres , eft quelquefois fi pefante, qu'elle tombe au fond de l'eau. Comune toutes les huiles effentielles fe reffemblent par leurs propriétés générales de fe diffoudre dans fel= prit-de-vin , de ne te pas diffoudre dans l'eau, de fe méler avec l'eau , au moyen de certains intermedes, par leur volatilité au degré de chaleur de l'eau bouillante , &c. , il eft Evident qu’on peut former divers mélanges des unes avec les autres, & falfifier les plus cheres avec celles qui:le font moins, fans qu'il foit poffible de découvrir l’abus par aucune des épreuves dont nous avons parlé; d’ailleurs il ne feroit pas fort utile 4 l'ache- teur d’avoir des moyens infaillibles de juger dela pureré de chaque huile en particulier ; car il eft d’une aufi grande importance que ces huiles foient bonnes , qu'il eft néceffaire qu’elles ne foient pas frelatées; en effet , Yai fouvent vu des huiles pures ou non falfifiées, dont Podeur & la faveur étoient plus foibles que dans les hui- les communes frelatées. Liodeur & la faveur femblent étre les feuls moyens certains de s'affurer de fa nature de ces huiles. Suppofez qu'une écorce Sit, 4 tous égards , ’apparence d'une bonne canelle, & qu'on puiffe prouver fansreplique qu'elle eftla veaie écosce de l'arbre de ka canelle , néanmoins fi cette 206 Matiere Médicale. écorce h’a pas Vodleur de la canelle, ou ne f'a qa’ un | foible degré, nous la rejettons ; il en eft de méme des huiles. Cen’eft que par l'ufage , 'habitude ou la compa- raifon avec des dchantillons reconnus pour étre de bonne ualité, que nous pouvons juger de la bonté, foit des fub{tances-dont on tire les huiles, foit des huiles elles- mémmes. La plapart des huiles effentielles font trop chaudes , trop irritantes, pour qu’on pale en gotter fans dangery & lodeur du fujet qui les fournit , fe trouve tellement concentrée dans ces huiles , qu’on ne diftingue pas facile. ment les légeres altérations de cette qualité ; mais il eft facile de les étendre ou délayer 4 un certain degré déter- miné. Une goutte d’huile peut fe diffoudre dans l’efprit- de-vin ; on peut auffi ja mettre fur un morceau de fucre & Ja diffoudre dans I’eau avec le fecours de cet intermede. La quantité de liqueur qui fe trouve par ce moyen im- prégnée de l’odeur de I'huile , & le degré d’odeur quelle communique a une certaine quantité déterminée de liqueur, eft une maniere de mefurer, de juger le degré de bonté de I’huile ainfi éprouvée. Je joins ici le réfultat de quelques expériences fas fa qualité des huiles effentielles qu’on retire de différens vé- gétaux. La premiere colonne de cette table contient Jes noms de diverfes fubftances végétales ; Ja feconde co- lonne indique quelle quantité de ces fub{tancesa été fou- mife ala diftillation ; & la troifieme colonne Ja quantité q@huile qu’on a obtenue. Dans toutes les autres parties de ce Livre of ona parlé de la livre pefant , on a entendula livre de Troy de douze onces pour les médicamens, & Ja livre marchande de feize onces pour l'eau , le vin, le vinaigre ; mais les expériences fur les huiles ayane toutes été faites avec la livre de feize onces, ona cru convenable de rapporter le, poids original , fur-tout parce que les diverfes fubftances qu'il faut employer dordinaire en affez grande quantité pour en retirer les huiles effentielles, s'achetent au méme poids mare chand de feize onces; mais pour qu'il tle reffe fur ce fujet aucune incertitude, & mettre le le&etr en état de juger plus facilement de la quantité de I'huile effen= . Huiles Effentieltes, 207 > tielfe obtenue par fa diftillation, il y a une colonne o les poids fe trouvent réduits au poids de Troy : ce qui fait voir le nombre des parties de chacune des fubitan- ces de laquelle ona obtenu une partie d’huile. Chaque article fe trouve terminé par le nom de l’Auteur quia faic Vexpérience. Les diverfes diftillations d’une méme fubftance, & il y ena plufieurs exemples dans la table fuivante , font voir que la quantité d’huile qu’elle fournit, varie beaucoup ; & que les fubftances étrangeres , auffi- bien que les plantes de notre pays, ne contiennent pas toujours la méme proportion de ce principe actif; mais i] faut avffi obferver qu'une partie de ces différences peut venir de l’opération tlle meme » lorfqu'elle a été faite avec plus ou moins de foin. Table de la quantité d’huile effentielle qw’on a obtenue de différens Végéraux. Absathe' 4 liv. 1 once 64, Lewis. Abfyathe \ feuilles 18 liy. 1 once £ 192 | Lewis. Abtynthe J © | as liv. 3 one. t 114 | Lewis, ; z Ache, femence ; liv, aferup.t} S| 54] Neumane | Agallochum, bois, } 10 liv.| | 4gros [2] 320] Hefman. ae Sra fraiches 2 ne » 1° grains 2 256 peara > ence 4liv. [3 fz onces | 7 32} Lewis. Angélique , racine, tliv, |-8 fx gros | +B] 128 | Carch. pou pence fi 1 liv, | & | 4 gtos Ee 32 | Neumane is » femence 3 div, |S Tr once 48 | Lewis. Anis, femence, 4 liv. ofr once 2 64 | Lewis. Affa fortida , 4onc, |*5 {1 gros | we 32 | Neumans Aulnée, racine; 2 liv. 5 3 fcrup.. |“ | 245 | Neuman. Bois de rofes, sliy, 13] gros “1 S| 422 | Neuman, Bois de rofes, rlin 131, geos |S] 64] sal Bois de rofes , r liv. | 215 gros a 425 | Sala. Bois de rofes ; tliv. | ©] gros | 8 | 422 | Carch, Bois de rofes, 1 liy, ages | 8] 32] C em Calamus aromaticus, | 50 liv. zonces, | 2 | 185 i Hoffman, Ga amas aromaticus, 1 liv, 2 ferup. 3 We Neuman, »fleurs, | 1 livce 30 grains 5 | Carth, Camomille commu- ne, fleurs , 6 livre § gros "53 | Lewis, 208 Camomille fauvage » fleurs » Camomille fauvage fleurs 5 Canelle, Canelle, Canelle, Canelle, Canelle» Cardamome » fem. Carline , racine > Garrotre » fem. Carvi, femence » Carvi, fem. Carvi, fem, Calcatille , Cedre, bois » Cerfeuille, feuilles fraiches » Copahu , baume» Copahu, baume» Cumin, femence> DiQamne de Crete» Elemi, Fenouil com. fem. Fenouil doux, fem. Galanga , tacine » Genievre, baies, Genievre, baies, Gérofie , Gérofle » Gérofle , Gingembre 5 Hormin , femence, Hormin en fleur, frais » Hyffope, feuilles » Hyffope, feuilles » Hyffope» feuilles , Hyflope § feuilles i Hyflope > % fratches. Me * Masiere Medicale, x livre 1 livre x livre 1 livre 4 livres 1 livre 1 livre Tr once 1 livre 2 livres 4 liv. zliv. 100 liy. 4x livre 1 livre 9 livres Y livre 1 livre 164 liv, 1 livre 1 livre 2 onces 164 liv. 1 livre 8 livres 1 livre I livre 1 livre 2 livres 1 liyce 4 livres 130 liy, 2 livres 1 livre 1 livre 200 liv, 10 liyees ont donné d‘huile effentielle , 80 grains I, ros p> ers ix gros tr onces 50 grains ronce 1 ferup. 18 onces T gtos 3 onces 3 gros 2 gros = © gros 2 gros 8 fcrup. 1 ferup ’ 2 fcrup. 2 r fcrup. 3 2 onces 9 gros 83 onces 1 gros 2 gros jo gtains 6 onces 8 onces de maniere qu’on a retiré uue partie d’huile de 128 au $97 Carth, Lewis, Sala. Neuman, Lemery, Carth, Carth. Neuman, Neuman, Lewis, Lewis, Lewis. Lewis, Carth. Marcgte Neuman. Hoffman Lewis, Lewis. Lewis, Neuman, Neumaae Lewis. Neumas, Hoffman. Carthcus, Tefcha. Carth Hoffman, Newnan Lewis. Lewis, Neuman. Careheus. Carth, Lewis. Lewis. Hyffope Byffope, Feuilles fraich?s, Ampéracoire, racine, Lavande | Lavande ( en fleurs Lavande { fraiches. Lavande Lavande . en fleurs Lavande ¢ féchces. Lavande, Lavande a feuilles Larges , $ leurs {eches , Liveche , racine, > Macis, Marjolaine’ fl en . : curs Marjolaine feai- Marjolaine/ ches. “Marjolaine, Meurs fraiches , Marjolaine , feuilles -feches 5 : Menthe en fleurs , Menthe, feuilles fe- ches 5 . Menthe poivré efcai- 1e > Millefeuilles, fleurs - fechéés , Mufcade , Mutcade, Mofcade, -Mufcade,' “Mutcade; yrche , ytrhe, Panais, femence; Perfil, fem. Perfil , fleurs . Kraiches , Tome I, * Huiles Efferetielles, 30 livres 9 gros t livre 3° gtains 48 livres 32 onces 30 livees 6 onces 3. a 4 see live 60 onces 2 livres 4 gros livres eta ences 2 livres 1 once 4 livres 3 onces 4 livres i once 1 livre 2 gros a 1 livre 1 gros 7 1 livre § gros 3 1 livre i Ogros - a | S'il fe trouve quelques gouttes d'huile fur fa furface de’ l'eau , il faut Ics en duer avec foin. Ph. PEdimbourg. Eaux diftiliées fimples, a9 VIL Pour mieux garder les eaux diftillées fimples, on y ajoute environ un vingtieme de leur poids d’eau-de- vie , aprés qu’on les a diftillées. Ph. de Londres, On trouvoit autrefois chez les Apothicaires un grand nombre d’eaux diftillées , 8 il y en a encore beaucoup dans les Pharmacopées étrangeres. Dans la derniere édi- tion de la Pharmacopée de la Faculté de Paris, on compte encore cent vingtecing différentes eaux diftillées, & centtrente médicamens divers dans.une feule de ces eaux; il y a prefque une moitié de ces préparations qui ra ni lavertu, ni l'odeur du fujet que l’on a employé » & beaucoup des autres eaux font fans effet. . Les Colleges de Médecine de Londres & d’'Edime bourg ont rejetté ces fuperfluités d’oftentation, & ne prefcrivent qu’un petit nombre d’eaux etticaces & peu compofées , qui futfilent pour les divers befoins que l'on en a dans la pratique. Les eaux diftillées s'emploient principalement comme des délayans gracieux, comme des véhicules convenables pour des médicamens plus effica- ces, ou pour rendre certains médicamens plus agréables au goit, ou les faire fupporter par l’eftomac ; il n'y en a que trés-peu qu’on prefcrive feules pour remplis des indications importantes. Eau Alexitere fmple, Aqua Alexitera fimplex. Ph. de Londres. Prenez de feuilles fraiches de menthe , une livre & demie. de fommités fraiches d’abfynthe ) de chaque marine, une de feuilles fraiches d’angélique livre. de Peau autant qu'il faut pour empécher les plantes de briler, & de donner a la liqueur une odeur empyreurhatique. a” etirez vingt-quatre livres de liqueur par la diftilla~ De aan . tio esd . (Matiere Médicale, - Ph. d’Ed mbourg- Prenez de oe de fureau modérément féchées, deax : ivres. : | de feuilles d’angélique fraichement cueillies, | une livre. . d'eau commune une quantité faftifante. Retirez vingt-quatre livres-d'eau diftillée. Ces eaux font aflez agréables au gotit & & lodorat ; gais il n’y a quetrés peu de perlonnes qui en attendent les vertus qui font indiquées par le titre. On les em- ploie, felon le befoin , comme des véhicules pour les médicamens alexipharmaques, ou dans des juleps qui fe boivent immédiatement aprés ces remedes , comme | contribuant aux mémes effets ; mais on ne les croit pas trés-efficaces par elles- memes. Eau de graines ¢ Aneth, Aqua feminum Anethi. | . Ph. de Londres. Prenez de graines d’aneth, une livre. | i d'eau commune ce qr'il en faut pour que fa , liqueur ne prenne pas une Odeur empyrea- | matique. aoa ” Retirez huit livres d’eau diftillée. Cette eau qui répand une affez forte odeur d’aneth, | stemploie quelquefois pour bale des iuleps carminatifs; | fon odeur approche de celle. de l'eau de graines de car- vi, mais elle eft moins agréable. i . Eau d’ Angelique, Aqua Angelica. | Prenez de feuilies fraiches d’angélique, la quantité que vous voudrez. | d’eau commune trois fois autant. Diftillez tane que !’eau qui fortira aura le gout & I’o- deur de la plante. .. | - Cette eau eft rarement employée en Angleterre; f faveur & fon odenr, aoprochent beaucoup de celles de | Fangélique nme ;-mais elles ne font pas aufi agréables qu'on auroit jieu de le croire, ~ . Laux diftillees fimples: gay Eau d Armoife, Aqua Artemifiz, — Prenez de feuilles fraiches d’armoife , la quantité que vous voudrez. une quantité d'eau fuffifante. un peu de levain. Laiffez le mélange en repos dans un endroit chaud 5 jufqu’a ce qu'il ait commencé a fermenter : enfuite dittil- jez felon les regles de art. L’eau d’armoife a été fort vantée pour les maladies de la matrice, & comme emménagogue ; mais r'herbe elle-méme a peu de droit a ces vertus, & l’eau en a encore moins. On ne la demande prefque jamais 4 pré- fent , & elle ne fe trouve méme que trés-rarement dans Je commerce. Eau d’écorces d Orange (imple, Aqua corticum Aurantio- : rum fimplex. Ph. de Londres. Prenez d’écorce jaune d’orange de Séville, quatre onces. d’eau commune ce qu'il en faut pour empécher que l'écorce ne brile. Retlrez huit livres d’eau diftillée. . . Cette ean a trés-peu de lodeur & de la faveur de Pécorce d’orange. Elle eft deftinge pour fervir de dé- layant dans les fievres , & autres maladies o& l'eftomac & le palais font fajets a fe dégoater promptement des autres boiffons ; & , comme le Comité des Médecins de Londres I’'a remarqué , les eaux cordiales , fur-tout celles dont l'ufage médicinal doit étre continué long tems intérieurement , ne doivent avoir qu’une odeur légere y quelqu’agréable qu’elle puiffe étre. Eau de Chardon benit, Aqua Cardui benedi@i. ~ Cette eau fe prépare avec les feuilles du chardon be¢q nit, de-la méme maniere que celle d’armoife, . ao ‘222 Matiere Médicale. On a regardé cette eau comme fudorifique & alexi- harmaque ; ces vertus la font encore ordonner affez Eégaemrect par les Médecins de quelques pays, dans les juleps & les potions. Il y a long-tems qu'elle nett plus d’ufage en Angleterre 3 on Ya regarde méme comme tout-a-fait inutile ; en effet cette plante, lors méme qu'elle eft préparée par la fermentation , ne rend néanmoins rien d’utile. La décoStion qui refte aprés la diftillation, étant dépurée & épaiffie felon les reglesde Tart , devient un médicament de quelque utilité : c'eft un amer modérément actif, femblable & l'extraic du © chardon, dont nous avons déja parlé. En gardant cette eau diftillée, il sen fépare quelquefois une quantité con- fidérable d'huile effentielle. . Eau de Caftoreum, Aqua Caftorei- ‘Ph. de Londres. Prenez de caftoreum de Ruffie , une once. d'eau commune ce qu'il en faut pour empé- cher le caftoreum de briler. Retirez deux livres d'eau diftillée. Le caftoreum communique prefque tout fon goita l'eau dans la diftillation ; mais diftillé avec de l’efprit-de- vin, il ne donne aucun de fes principes. L’efprit de caf- toreum , que vendoient autrefois les Apothicaires, ne poffédoit ni l'odeur, ni les vertus du caftoreum ; au fea me l'eau qu'on décrit ici, lorfqwelle eft nouvellement Fititlee » les poffede & un affez haut degré. _ Il eft 4 remarquer que les vertus de cette fubftance animale réfident dans une huile volatile, analogue aux huiles effentielles des végétaux. Quelques perfonnes ont dit qu’en diltillantune grande quantité de caftoreum, elles avoient tiré une petite portion d’huile , qui fentoit tras-fort le caftoreum , & qui répandoit fon odeur défa- gréable a une grande diftanee. Cette eau eft employée dans les maladies hy{tériques & dans certaines affections nerveufes, quoiqu’elle n’ait pas répondu aux efpérances qu’n en avoit données: elle perd beaugoup de fon odeur quand on Ia garde, ine Eaux diftilices fimples, 223 Eau de Cerifes noires ou Merifes, Aqua Ceraforum nigrorum. Pilez telle quantité que vous voudrez de cerifes noi- res ou merifes , de maniere que les noyaux foient caflés : enfuite diftillez , felon les regles de l'art, avec une pe- tite quantité d'eau. Cette eau eft fort gracieufe , & il y a long-tems qu’on Ta trouve chez les Apothicaires. Les Médecins l’ont employée fort fouvent comme vé- hicule, préférablement aux autres eaux diftillées ; eft le principal remede dont les nourrices & les autres per- fonnes chargées du foin des enfans fe fervent contre les maladies convulfives auxquelles ils font fujets. Cette eau a néanmoins beaucoup perdu de fa réputa- tion depuis peu: elle a méme été regardée par quelques- uns comme un poifon. On obferve que l'eau de cerifes Noires recoit fon odeur principalement de leurs amandes, & que celles-ci, de méme gue plufieurs autres aman- des , refferablent un peu par I’odeur aux feuilles du lau- rier-cerife ; or depuis quelque tems on a découvert que cesfeuilles rendent par l'infufion ou la diftillation le poifon le plus prompt qu’on connoiffe : plufieurs Médecins de ‘Worchefter en Angleterre ont trouvé par des expérien= ces faites 4 deffein , qu’une eau diftillée , fortement im- prégnée de l’odeur des amandes de cerifes noires (on navoit retiré que trente-deux onces d'eau diftillée de guaxorze livres de ces noyaux de cerifes noires concaffés) levient également un poifon pour les animaux. ‘Le Comité des Médecins de Londres a répété les mémes expériences , & a trouvé les effets conformes au rap- port des Médecins de Worchefter. Ces expériences ne prouvent point que l'eau de cerifes noires , lorfqu'elle n’eft pas ne forte qu’on a coutume de la faire chez les Apothicaires , foit nuifible, d’ailleurs l'ufage ancien & fréquent de cette eau ne permet pas de le croire. Ces amandes , ainfi que le Comité l'obferve, reffem- blene abfolument 4 opium, 8 & quelques autres fub- ftances qui n’empoifonnent que lorfqu’on les donne en 224 Matiere Médicale. trop grande quantité ; teau des femles de laurier-cerife elle-méme ne nuit pas quand elle eft tuthfamment éten- due , & l'elprit de vin devient un poifon peu différent » Jor!qu onle prend en trop grande quantité.Oo ne peut mé- me conciure des eflais qu’una faits fur les chiens, 3c. avec . une trés forte eau de cerifes qu'elle produiroit les mé- mes effets dass le corps de l'homme; car les amandes de pluiieurs efpeces de fruits , prifesen ‘ubftance, empoifon- nent les animaux , quoiqu’elles ne produifent aucun mau- vais effet fur ’homme ; il fe peut pourrant que cette eau prife 4 une doie un peu trop forte, ne foit pas fansdan- ger pour les petits enfans, chez qui les nerfs fone fi fen- fibles, & leurs fonctions. fi nouvelles , par contéquent faciles & altérer : elle a bien pu produire de mauvais effets dans ces circonftances , fans qu'on en ait reconnu Ja caufe ; les fymptémes que cette eau produiroit , fi elle naifoit , étant a-peu piés les mémes que ceux qui accompagnent Ordinairement les maladies dans lefquelles on la donne. Ces conlidéritions ont déterminé les Col- leges des Médecins de Londres & d'Edimbourg A la retrancher de leurs Difpenfaires , d’autant plus qu’onne Ya que trop fouvent contr faite avec leau diftiliée d’a- mandes ameres’, qui eft , comme I’on fcait , une efpece de poifon. Eau de Canelle fimple» Aqua Cinnamomi fimplex. Ph. de Londres. : Prenez de canelle, une livre. d'eau commune ce qu'il en faut pour empécher que !a canelle ne brale. Retirez huit livres d'eau diftillée. . Eau de Canelle fans vin, Aqua Cinnamomi fine vino, Ph. d’hdimbourg. . Prenez de canelle, une livre. d’eau commune , douze livres. Mélez: laiffez le mélange infufer pendant deux jours: ‘diftilez jufqu’é ce que l'eau cefle de fortir aoe cau ‘Eanx dipthiices Jimpls. = 345 t. L’ean de canelle eft trés-gracieufe & utile; elle pofte- ‘de a un haut degré Vodeur & les vertus cordiales-aro- ‘matiques de la canelle. On devroit avoir grande atten: tion , en choififfant la canelle , de n’étre pas !a dupe d'une . fraude trés-commune , qui confilte & fubitituer a la vraie eanellel’écorce appellée caffia lignea, Cette derniere four- nit une eau beaucoup moins agréable que celle de la ca- nelle , & dont.le gout eft fenliblement empyreumatique. On pourra diftinguer facilement ces deux tubftances par Jes marques qu'on en a données a leur article dans la pre- miere Partie de cet Ouvrage. Voyey Tome I. pag. 271. La vertu de toutes ces eaux dépend de ce qu’elles eontiennent une portion de I‘huile de la fubftance fou- mife a la diftillation. L’huile de canelle eft. extréme- ment pefante , & s’éleve bien plus diflicilement que les huiles des autres matieres végétales dcnt on diftille des eaux fimples. Gette obfervation nous fait voic que, dans Ia diflillation de cette eau, il faut fe fervir d’un feu vif & d'un vaiffeau bas. Par la méme raifon, Veau dif- tillSe de canelle ne fe garde pas {i bien qu’onle voudroit, Vhuile pefante s’en (Eparant affez vite & tombant au,fond du vaiffeau ; alors la liqueur perd fa couleur laiteule, fa bonne odeur & fon gott aromatique. Quelques Auteurs recommandent d’ajouter une petite portion de fucre s afin de tenir Ihuile unie avec Peau. Eau de Camomille, Aqua Chamzmeli. Ph. d’Edimbourg. . Prenez telle quantité de leurs de camomille que vous voudrez, & ce qu’il faut d’eau pour empécher la camo mille de briler. ; - Mélez: diftillez tant que l'eau aura une affez forte odeur des fleurs. . On prefcrivoit , dans les précédentes éditions, dé faire fermenter les fleurs de camomille, avant de les foumettre & la diftillation ; mais elles n’ont pas befoin de cetté préparation , car elles donnent , fans la fermenta- tion, tout ce que la diftillation eft capable d’en tirerk - Dans les deux cas yodear & le godt particuliers.a cette Tome Il, rR - 'aa6 ‘Matiors Médicale, fleur, s€levent fans fon amertume , & cellevef refte dane h décottion ; fi on dépure & fion épaiffit cette décow tion, elle rend un extrait fembjable 4 celui qu’on tire des fleurs par la maniere ordinaire. L’eau diftillée a été dulage dans des coliques venteufes, & d’autres maux feroblables ; mais aujourd'hui on n’en fait pas grand cat Bau de Fenouil, Aqua Feeniculi. Ph. de Londres, Prenez de graines de fenouil, une livre. ce quil faut d’eau commune pour que l’eae diltillég n’ait pas une odeur empyreumatie jue. . Retisez pan la diftillation huit livres de liqueurs Ph. d'Edimbourg. Prenez de feuilles de fenouil fraiches , la qnantité que vous voudrez, d'eau commune trois fois autant. DiRiillez tant que l’eau aura l'odeur du fenouil. La premiere de ces eaux eft aflez gracieufe , & I’ans tre n’elt pas délagscable. On devroi employer les feuilles, avant que la plante commengat a fleurir ; cas aprés ce tems les feuilles ont moins d’odeur , & celle cé eft moins agréable. Quelques perfonnes ont obfervé que les feuilles du hae de la tige & les fommités rendent une eau plus agréable & une huile effentielle beaucoup plus belle que ne le font les teuilles qui font plus bales , & que I'huile qu’on tire des premieres nage furPeau au liew que celle des autres tombe au fond ; maisiln y a. aucune partie de la plante dont l’odear dgale celle de: la graine. Eau a2’ Byfope, Aqua Hy Hopi Ph. d’kdimbourg. On diflille cette ean des feuilles fraiches de I'hyffope de la méme maniere que l'eau des feuilles da fenouile A gaa-d’bydope a. éé fort. vaptée, pas quelques Aue Eaux diftiildes fimples: aig “teiirs 5 comme un remede pour les maladiés de fa poi- trine & de ta matrice. Elle eft-prefcrite dans l’avant- derniere édition de la Pharmacopée d’Edimbourg pour faire les trochifques bechiques noirs; mais la derniere Edition Ini_fubftitue ead commune. Fort peu de per- fonnes en font cas préfentement : elle ne s’emploie que rarement, & on ne la trouve méme pas fouvent chez és Apothicaires. : Eau de Méliff2, Aqua Meliffz. : Ph. d’Edimbonrg. L’ean de méliffe fe prépare en diftillant les feuilles vertes de méliffe , comme dans les procédés précédens - Dats tes précédentes éditions de la Pharmacopée d'Edimbourg on prefcrivoit de cohober cette eau de miéliffe, c’eft-4-dire de la diftillér une feconde fois fur une nouvelle quanticé de la méme plante fraiche. Cette pratique paroit avoir été prife de Boerhaave, qui fai- foit grand cas de Peau de méliffe ainfi préparée : il die en avoir éprouvé fur lui-méme des effets extraordinai- res, erila prenant a jeun; qu’a peine trouve-t-on un aufft Bon remiede dans tnaladies hypochondriaques 8 hy ftériques, les pales couleurs & les palpitations de cceury toutes les fois que ces maladies proviennent plutdt d’ut défordre dans le cours des efprits animaux que d'un amas de matiere morbifique. : Pour moi, j'ai déja expofé mon fentiment fur la coho- bation de cés liqueurs ; j’obferverai feulement ici que quelles que foient les vertus de la méliffe, on peut les extraire plus parfaitement , & avec plus d’avantage, par une infafion 4 froid dans des menftrues aqueux ou piri- tueux; dans ce procédé, la liqueur -ne fouffre aucund altération : fi on renouvelle la planté , en remettant ainfi de la méliffe ae fois dans Ia méme eau , l’infufion fe chargera davantage des vertus du fujet. Vovex Tome Il. pag: 27; & cela fera prefque fans bornes 5 mais if sen fant beaucoup quill en foit de méme dans la dif tillations ’ . P i e28 ~ Matiers Médicalee © . * ‘Eau de Menthe, Aqua Menthe: Ph. d’Edimbourg. , Prenez de feuilles de menthe récentes la quantité que vous voudrez. . ' d'eau commune , trois fois autant. Continuez la diftillation tant que la liqueur ale gott ou l’odeur de la menthe. Ean finple de Menthe commune , Aqua Menthe vulgaris fimplex. . Ph. de Londres. Prenez de feuilles de menthe féchées, une fivre 8 demie. d’eau commune ce qu'il faut pour empécher la . menthe de briler. Retirez par la diftillation huit livres de liqueur. Ces eaux de menthe ont beaucoup du gout & de Yodeur de la menthe; elles deviennent dans bien des circonftances des ftomachiques utiles. Boerhaave recom- mande ces eaux cohebées , comme un remede qui agit dés gu’on I'a pris , 8 fupérieur 4 tous les autres pour fortifier un eftomac foible , & guérir le vomiffement qui provient d’une pituite vifqueufe & froide ; elles fone encore efficaces dans les lienteries. Eau finple de Menthe poivrée, Aqua Menthe piperitidis : fimplex. Ph. de Londres & d’Edimbourg. . + Prenez de feuilles de menthe poivrée feches , une livre & demie. 7 d'eau commune ce quill en faut pour empécher que la liqueur né prenne un goat empyreu- _., Matique. Retirez par la diftillation huit livres de liqueur. Cetig eau eft fort belle & trés-utile ; elle a une favens “aus difillees fimples! Soy ‘cre, chaude & ircitante , qui reflemble exa@ement a celle de la plante méme. Une cuillerée ou deux de cette eau, prfes a la fois , échauffent I'eftomac , & foulagent beaucoup dans les coliques froides & venteufes. Quel- wes Praticiens lui ont fubftitué une fimple infufion de Eailles feches de la plante, & ce remede ne differe pas beaucoup de l'eau diftillée quant aux vertus. Eau de Perfil, Aqua Petrofelini, Cette eau fe retire des feuilles de perfil fratches ; & fe diftille de la méme maniere que I’eau de menthes Il eft rare qu’on demande I’eau de perfil; auffi ne la trouve-t-on prefque jamais chez les Apothicaires. Le periil ne donne pas beaucoup de principes aétifs dans la diftillation , & les feuilles ne font pas la partie qui en ,contient davantage. Les graines communiquent 4 |'eas une odeur & une faveur fortes qui ne font pas défagréas bles. Eau de Poivre de la Jamaique, Ada Piperis Jamatcenfise Ph. de Londres. Prenez de poivre de fa Jamaique, une demi-livre.: d'eau commune ce qu'il en faut pour l’empé- cher de briler. Diftillez huit livres de liqueur. L'eau diftillée de poivre de la Jat-aique eft une tras- agréable préparation ; ons’en fert beaucoup depuis peu. Elle s’emploie dans les hdpitaux a la place d’autres eaux qui fe font avec des aromatiques plus chers. Cependant cette eau eft moins gracieu'e que l'eau fpiritueule faite avec le méme poivre, & dont nous ayons expofé cia deflus la préparation, Eau de Pouliot fimple , Aqua Pulegii fimplex. Ph. de Londres. Prenez de feuilles de pouliot fchées, une livre && demic, P il iij ag 3 Matiere Médicale, : feau commune ce qu'il en faut empta cher les feuilles de briler. pour i Retirez par la diftillation huit livres de liqueur. Eau de Pouliot ordinaire, Aqua Polegii vulgaris. ” Ph, dEdimbourg. Prenez de feuilles de pouliot fraiches la quantité que yous voudrez. d'eau commune trois fois autant que de pouliot. y faites diftiller tant que l'eau a une forte odeur de la plante. . Ces eaux poffedent , 4 un degré confidérable , l'odeur, Je got & les vertus da pouliot. On les prend fouvent dans les affections hyftériques , & avec aflez de faccés, Fau de Rofes mufcates ou de Damas, Aqua Rofarum Damafcenarum. Ph, de Londres. Prenez Oi de Damas nouyellement eueillies , fix AWVTeS. deau commune ce qu'il en faut pour emp . cher que les rofes ne brtilent. Rietirez par la-diftillation huit livres de liqueur. Ph. d'Edimbourg. Prenez trois parties d'eau pour une partie de rofes fraiches. Diftillez tant que la liqueur aura lodeur des fleurs. Cette eau eff eftimée principalement a caufe de & bonne odeur ; en général, celle-ci approche de celle qui plait tant dans la rofe fraiche de bonne efpece. La liqueur poffede toute Ia vertu purgative des rofes: c’ett ce.qui fait qu'on l'emploie communément pour faire le miel & le firop folutif, au lieu de préparer pour cela une déco- tion ou une infulion de nouvelles rofes; le College des Médecins d’Edimbourg ufe maintenant de cette écono- mie. On a quelquefois demand¢ ung eau diftillés de Baux diftiiices firnples; 238 gofes rouges , & on lui a {ubftitué l'eau de rofes de Da- mas, délayée avec de l'eau comarane. L’eau qu’on tire des rofes rouges, n’a aucune qualité que l'eau de rofes de Damas ne poffede a un haut degré ; ni la vertu pur- gative de Tune, ni l'altri@ion de l’autre n¢ fe trouvens daas l'eau élevée par la diftillation, Eau de Rue, Aqua Rutz. Cette eau fe retire des feuilles de rue fraiches, par fg diftillation , 8 il faut la cohober , comme l’eau de mé- liffe , far de nouvelles quantités de la plante. J La rue donne toute fon odeur dang ce, procédé, & une grande partie de fa faveur piquante. L’eau diftillée fe recommande dans les épilepfies , les affections hyit4y riques, pour favarifer la tran{piration & les autres {& exétions naturelles. Voyey Tome 1. pags 399 Eau de Sabine ; Aqua Sabine. Cette eau fe retire des fouilles fraiches de fabine par la diftillation , & on fuit le méme procédé que pour l’eaw dangélique. Quelques Médecins vantent: cette eau comme pro# pre a remplir les mémes indications que lhuile: dif- tillée de fabine. Boerhaave rapporte avoir vu l'eau de fabine cohobée donner un mouvement furprenant a tout le fyfiéme nerveux, & que aygnd on la prefcrit 4 pro~ » elle eft de la plus grande utilicé pour procures ‘écoulement des regles & le flux hémorrhoidal. Eau de Sureau, Aqua Sambuci. . Cette eau fe retire des fleurs de fureau fraiches par fa diftillation , & en fuivant le méme procédé que’ pour Tear dangélique. ; - L’ean de fureau a beaucoup del'odeur deg fleurs ;, mais elle employe sarement- —, Piv RX + “Matlere: Médicates™. ° SECTION IIL ‘Raux fpiricueufes diftillées & Efprits: Nous avons déja_obfervé dans le Chapitre précédenty que l'odeur , la faveur & tes vertus des eaux diftillées dépendent de ce qu’elles contiennent une portion de thuile effentielle des végétaux dont on retire ces eaux. -? L'efprit-de-vin, confidéré comme le véhicule de ces huiles, a cet avantage fur Peau fimple, qu'il eft leur vrai rhenftrue’ ou diffolvant, & qu'il retient toute I'huile qui selt'élevée-avec lui-dans la diftillation : qu’il la retient, dis-je , Gatis-une diffolution parfaite , & fous la forme @uneliquetr Himpide homogéne. Il y a néanmoins plu- fieurs fubftances qui, état diftillées avec de l'eau, lui communiquent leurs vertus en grande perfection ; aulieu qu'elles ne commaniquent: ni léur faveur, ni leur odeur, fion les diftille avec lefprit-de-vin. Il paroit que cette différence vient de ce que l’efprit-de vin n'eft’ pas faf-, teptible d’un degré de chaleur -auffi confidérable que eau. En général , lorfque les liquides bouitlent , ils ont recu le degré dé chaleur le: plus confidérable dont ils font fafceptibles ; pour Idrs- fifa latitude de la chaleur entre’ la glace’ & T’ehu bouillantée , comme elle e trouve divifée fur les thermometres, eft prife pour mefure 5 en verra que T'efprit-de-yin bout 4 un degré de chaleur moindre que les quatre cinquiemes de la chaleur nécef- faire pour ‘faire bouillir’ eau, ceft-a-dire & environ ur cinquieme de chaleur de moins que n’en doit avoir l’eau pour bouillir. Il eft done évident que des fubftances euvent étre affez volatiles pour. s’élever a la chaleur de Peau bouillante , miais non pas affez pour s’élever a lq ¢baleur de lefprit-de-vin quibont.:- - - . Si I’on met de la canelle en diftillation avec un mélan- ge d’elpric de-vin & d'eau, ou avec de bonne eau de- vie, qui n'eft autre chofe qu’un’ mélange-de. parties Ega- les de ces deux liqueurs, Pefprit qui s’élevera avcam- Mencemept af lg diftilfation , fera clair, fans couleur & Eaux fpiritueufes diftillées. 23 tranfparent , & n'aura prefque aucun goit de fa carelle ; mais auffi-t6t que le fluide aqueux qui eft plus pefant » commence A monter y I’huile paffe en abondance avec lui, lui donne beaucoup de faveur, une couleur laiteufe, & rend la liqueur fort odorante. Les eaux-de-vie qu’on trouve communément dans le ecommerce , ont un mauvais goitt, qui fe fait fentir dans la diftillation, malgré le-foin qu'on prend de le cacher en y ajoutant diverfes fubftances. Ce gotit n’eft fenfible ~ qu’aprés que Ja partie la plus fpirirueute eft paffée , && cet précifément 14 le tems ot les vertus des {ubftances qu'on diltille commencent 4 paffer en plus grande abon- dance ; pour lors la liqueur prend un mauvais godt. On doit regarder cela comme la principale raifon pour la- quelle les cordiaux des Apothicaires font en général moins agréables que ceux de la méme efpece préparés par les Diftillateurs ; car ceux ci font extrémement at- tentifsa dter aux efprits toute odeur & toute faveur dé- fagréables , quand ils doivent étre vendus pour ce quils appellent de fines marchandifes. Epprit-de-vin reGtifie, Spiritus Vini reStificatus. Ph. d’Edimbourg. Prenez telle quantité que vous voulez d’eau-de-vie de France , & en diftillant 4 une trés-douce chaleur , reti- rez la moitié de la liqueur employée. Si on met cet efprit redid en digeftion pendant deux jours , avec un quatrieme de fon poids de fel de tartre fec en poudre , & qu’on le diftiile alors dans une cucur- bite de verre, 4 une chaleur fort douce , on aura ce quion appelle I'alcohol , Yefprit de-vin alcoholifé. ; Aprés que les liqueurs fpiritueufes que Iona retirées par la diftillation , foir du grain , foit d’autres fabftances qui ont fermenté, ont été re@tifiges felon la méthode précédente, elles ont encore befoin d’étre purifiges , ce qui fe fait en les diftillant plufieurs fois , & en les mélant chaque fois avec une égale quantité d’eau commune. Lieau-de-vie de France eft une liqueur trop: chere dans ce pays-ci pour qu'on la diftille ; d'ailleurs l'e(prit 234. Matiere Médicale, de-vin qu'on en retire n’eft en aucune maniere préféras ble 4 celui qu’on retire des liqueurs qui codtent moins. La méthode fuivanie purifie pa:faitement les efprits ine flammables les plus grofliers » & les rend propres aux mlages, qui exigent que ces elprits foient de la plus fine qualité. Si Fefprit de grain eft extrémement impur , mélez-le avec environ autant d’eau : diftillez le & un feu lent: difcontiauez l'opération auffi-tdt que la liqueur com- mence 4 devenir laiteufe , & fait connoitre par fon gobt dé{agréable que la partie impure & phlegmatique s’éle- ye; en fuivant ce procédé, l'elprit de grain laiffe une partie confidérable de la matiere huileufe impure quill contenoit , dans l'eau de la cucurbite ; 8 cette eau pa- soit alors laiteufe , trouble, & acquiert un goat trés- délagréable. Si l’elprit de grain n’eft pas impur , ce lae wage n'eft pas néceffaire , & s'il contient beaucoup de fubftances étrangeres , on fe trouve obligé de répéter Ia diftillation, une, deux & trois fois, ou méme plus fouvent. Lrefprit ardent s‘élevant 4 un degré de chaleur moins confidérable que celui qui eftnéceffaire pour faire élever les liqueurs aqueules, nous fommes conduits par-la & employer dans leur diftillation une chaleur plus foible que celle dans laquelle l'eau bout ; & fi on al’égard que Yon doit & cette circonftance , les e(prits ardens foi- bles peuvent étre puriti¢s , autant qu'il convient , de leur Plegmie aqueux par une ou deux diftillations bien ména- s , fpécialement quand les vaiffeaux qui fervent a la diftillation , font d'une telle hauteur, que la chaleur du bain marie futhe pour faire pasvenir lefprit ardent juf- quan chapiteau ; en pareil cas , les vapeurs aqueufes qui gélevent jutqu’a une petite hauteur avec lefprit , fe con- denfent & retombent avant qu’elles aient atteint le chae piteau. On a inventé, pour cette opération, un appa- reil particulier avec un canal de la fo:me d'une [pirale eu d'un ferpent tortillé de fagon & former une longueur extraordinaire. L'efprit qui monte dans cet appareil y haiffe dans fon paffage toutes les parties aqueules qo’il eontenoit » & fort parfaicement pur & exempt de phiegs _ Eaux fpiritueufes diffilices; 338 me ; mais ces inftrumens fout conftruits fur de faux prine cipes , leur trop grande hauteur faifant qu’ils ne produi+ fent pas l'effet qu'on en attend. Si on fait bouillir la li- ur y il séleve avec J'e(prit une quantité confidérable je phlegme pur , && fila chaleur ne va pas jufqu’a ce de- gré, ni le phlegme, ni l'efprit ne diftillent. L’appareil diftillatoire le plus convenable eft l'alembic commun 3 fientre le chapiteau & la cucurbite on peut fixer un tube gu canal de cuivre. : Lorfqu’on a enleyé par l'efpece de lavage décrit ci- deffus , l'huile groffiere qui étoit unie a l’efprit, & qu'on ¥a privé de la plus grande partie de fon phlegme par une diftillation lente, & la chaleur du bain marie , on ajoute pour huit livres de liqueur ane livre ou deux de felalkali fixe pur & fec, En laiffant ce mélange en digeftion pendant quelque tems, alkali , dont on fait qu'une des propriétés eft d’attirer eau & les builes, s'imbibe du phlegme qui refte , & de cette matiere ondtuenle , défagréable , quife trouve encore dans l’efprit , ils tombent enfemble au fond du vaiffeau, Si pour lors on difti!le de nouveau cet efprit, il séleve entierement exempt de fon phlegme & de fon odeur défagréable ; mais il arrive fouvent quiil s'‘éleve avec lui quelques particules du fel aikali , qui donne & liqueur une faveur que les Artiftes nomment urineufe:, @0 peut prévenir ce défaut en ajoutant dans la derniere iftillation une petite quantité de vitriol calciné, d’alun qu de fel cathartique amer. L’acide de ces fels s'unira avec l’alkali, & formera un fel neutre ce qui empéchera que J'alkali ne s’éleve dans la diftillation ; d’ailleurs il ne fe développe de ges acides que celui que l'alkali peut ab- forber. Ye Lrefprit que l'on obtient par ce moyer, eft extréme< ment pur, limpide , d’une bonne odeur, & propre & employer dans les cas ob cette liquevr doit étre parfaite. On réduira cet efprit ardent au degré de force que Ton entend communément quand on demande de lefprit & Vépreuve ou de bonne eau-de-vie, en en mélant environ vingt onces, poids des folides , avec dix-fept onceg d’eau. Les liqueurs cardiales diftillées , faites avec ces efprits fant beaucoup plus belles & plus agréables que. 236 Matiere Médicale. a quand on a employé de lef-rit-de-vin commun, ou de Feau de vie des boutiques. Si lefprit re@itié eft diftillé de nouveau, far du fel alkali fec , 4 un feu vif, il monte une quantité confidéra- ble de ce fel, & l'efprit qui ett dans cet état , paffe pour étre un _menftrue plus puiffant pour certaines fubftances que ne left l'e‘prit pur. Cet efprit alkalifé s'appelle e/prit- de-vin tartarifé. On a déja expliqué dans la premjere Partie les vertus générales des efprits ardens ou vineux ; ces efprits im- prégnés des huiles volatiles des végétaux, dont on a traité dans ce Chapitre, contiennent, outre les vertas des elprits , les vertus aromatiques , cordiales & autres qui rélident dans les huiless ARTICLE L Ejprits diftillés, au de Méliffe compofte, appellée communément Eau des Carmes, Prenez de méliffe citronée en fleurs , récemment ' cueillie , & fans tigesni branches, deux li vres. d'écorce jaune de citrons frais, levée fur les fruits au moment del'employer,quatre onces. de femences de coriandre , huit onces. de noix mufcade , de chaque de gérofles , deux onces concaffées. de capelle, : de racine d’angélique feche & concaflée , une once, defprit de-vin trés-rectifié , dix livres. Mélez : laiffez infufer ces diverfes fubftances dans I'ef> prit de-vin durant quatre ou cing jours : enfuite diftillez- en dix livres , en employant le degré de chaleur du.bain- marie: redtifiez la liqueur diftillge par une feconde diftillation au bain-marie, & alors n'en retirez qué huit livres douze onces, 7 Ejprits diftillés: 237 > Ce procédé eft exirait des élemens de Pharmacie de. M. Baumé, qui remarque que tous les elprits aromati- ques doivent fe préparer cate méme maniere que le pré- eédent. Lorfqu’on frotte dans fes mains des liqueurs (pi- ritueules de cette efpece, telles qu’elles fe trouvent dans Je commerce, elles laiffent, aprés que leurs parties les plus volatiles fe {ont diffipées , elles laiffent, dis-je, une odeur empyreumatique’ défagréable ; & fion les étend dans de I’eau pour les prendre comme médicament, elles lhiffent auffi dans la bouche un godt qui fouleve I'efto- mac. L’Apothicaire que j'ai cité, a fait plufieurs ex+ périences pour trouver les moyens de prévenir ou de corriger ces défauts , & elles ont appris que pour avoir ces liqueurs fpiritueufes dans l'état de perfection, ou avec les qualités que l'on delire , non-feulement il faut employer , dés la premiere fois , de l'efprit-de-vin par- faitement pur , mais on doit encore rectifer ces liqueurs aprés leur diftillation. I] ne monte dans cette rectification que l’e!prit-de-vin chargé de tous les principes les plus vo- latils, les plus tenus & les plusaromatiques des ingrédienss il refte dans la cucurbite une livre de liqueur blanche, un peu odorante , Acre, amer, chargée feulement de Phuile groffiere , & privée de toute l’odeur & de l'efpria recteur des fubftances employ ées. Cette feconde diftilla- tion eft le remede aux défauts dont on fe plaint. On voia dans cette expérience que l’efprit contient une matiere agréable & une délagréable : la premiere s’éleve en va- peurs, & l’autre refte au fond de lacucurbite. Le méme Auteur dit que quand on prépare l'eau de méliffe avec Jes précautions indiquées ci-deffus , elle a quelque chiofe de plus parfait que toutes ces eaux fpiritueufes , dont on vante beaucoup I'excellence, & qui ont la réputation d’étre les meilleures. Les eaux fpiritueufes aromatiques ont en général moina d’odeur lorfqu'elles font nouvellement faites , que quand elles ont ee gardées fix mois ou environ. M. Baumé prétend que les préparations de ce genre les plus recher- chées font celles qui ont acquis de la qualité en les gac- dant , & il croit que lon peut en peu de tems, & par de moyen du refroidiffement., ‘leur donner les bonnes 1 239 Minitte Médiedhe qualités qu’elles regoivent du tems. Ila plingé des boa- teilles de chopine pleines d'eau de méliffe dans on nif lange de glace pilée é de fel marin ; l'eau de méliffe, aprés avoir éprouvé ce froid pendant fix ou huit heares, éoit auifi agréable que celle qui étoic diftillée depuis plutieurs ances. Les eaux diftillées fimples ou aqueufes & aromatiques deviennent également , aprés dvoir été ainfi rafraichies , beaucoup pins réables qu’elles ne Pétoientauparavant , quoiquelles letoient toujours moins we celles qui font faites avec l'eiprit de-vin, & qui dnt prouvé un femblable froid. M. Geoffroy avoit remar~ qué dés 1713, que le froid rendoit plas parfaites les eaux diltillées. Ejprit de Romarin , Spiritus Roris marini. Ph. de Londres. Prenez de fommités de romarin nouvellement cueil lies , une livse & demie. deau.de vie, huit livres. . Diftillez au bain-marie, & retirez cinq livres de li- queur. Eau de la Reine de Hongrie, ou Efprit de Romarin, Spiritus Roritmarini , vulgo, Aqua Regine Hungariz. : Ph. d'Edimbourg. ; - Prenez de fleurs de romarin récemment épanouies 5 deux livres. delprit-de-vin recifié, huit livres. Mettez-les enfemble, & diftillez fur le champ aw in- marie. Cet elprit eft fort odoriférant , ce qui le fait employer tras-fréquemment comme parfum. Celui que l'on appor- teen Angleterre eft‘en général meilleur que celui qui s'y prépare. Pour le faire parfait , on doit employer de Pefpric. de vin trés-pur ; il faut recueillic les fommités de romarin lorf{que fes fleurs (ont. tout-a-fait épanouies » & tes foumertre tout de fuite 2 la diftillation,en prenant bie foin de ne les pas écrafer ni. prefler.. Le meilleare mé- Efprics diftittds. 239 thode de conduire ceite opération eft celle qui a &é re- eommandeée ci deflus puur dittiller les huiles effentielles les plus volatiles , & les eaux dattillkes fimples : mettez dabord letprit-de-vin dans l'alembic : enfuite arrangez au-deffus de Ia liqueur , ou un cerceau de fer couvert d'une toile de crin, fur laquelle vous étendrez kégérement les fleurs, ou plutdt un panier porté fur trois preds qui at~ teignent le tond de la cucurbite : employezalors une cha- , leur douce, qui n’ait quele degré de force néceffaire pour €lever I’efprit: cette liqueur réfoute en vapeurs , traver- fera doucement les fleurs de romarin, fe chargera de Jeurs principes les plus volatils , fans produire tar elles cette alération délagréable y qui eft l'effet ordinaire dea ligueurs , lorfqu’elles agiffent , fous lear forme gro& fiere , fur des fub{tances auf délicates. Il y a liew de croire que la fupériorité de l'eau de fa Reine de Hongrie , faite en France, fur celle qui fe fais en Angleterre, vient de quelque manipulation adroite de cette forte , ou de ce qu’onemploie dans la premiere de l’efprit de-vin parfaitement pur. Dans la Pharmacopée de Wirtemberg on ajoute un peu de fauge & de gingembre , dans la proportion d'une demi-livre de la premiere, & de deux onces du der= Dier pour quatre livres de romarin. Efprit de Lavande fimple, Spiritus Lavendulz fimplex. Ph. de Londres. Prenez de fleurs de lavande nouvellement cueilliesy une livre & demie. d’eau-de-vie , huit livres. Diftillez au bain-marie: retirez cinq livresde liqueurs On doit obferver ici les mémes précautions que dans la diftillation de l’efprit précédent. Tous les deux font fort odoriférans & agréables quand ils font bien faits. On en frotte affez fouvent les tempes, &c. dans l'idée de rafraichir & de fortifier les nerfs; ils fe prennent anf intérieurement , a la dofe d’une cuillerée & thé , comme vemedes cordiaux échauffans, 24a Maticte Médicale, Ejprit de Lavande comppfé, Spiritus Lavendule compofitus Phe Londres. _ Prenez de l'efprit de lavande fimple , trois livres. d'efprit de romarin, une livre. de canelle , de chaque de noix mufcade, une demi- once. : de fantal rouge, trois gros. Mélez : tenez le mélange en digeftion un tems conve> nable ; enfuite paffez la liqueur. Voici la formule de T’efprit de lavande compofés prefcrit dans l'ancienne Pharmacopée de Londres. Prenez de fleurs de lavande , huit livres. . de fauge s de romarin , 7 de chaque une poignée. de bétoine, de bourrarche y de bugloffe , de chaque de muguet y deux poignéess de primevere, de feuilles de méliffe, de matricaire , dorange , de chaque de fleurs de ftechas, une once. . dorange, de baies de laurier , d'eau de vie de France, trente-deux livres. _ Verfez Veau-ae-vie fur les autres fabftances nouvelle- ment cueillies : laiffez en digeftion untems convenable: retirez par la diftillation, au bain-marie , vingt_livres q’efprit de lavande ; mettez enfuite dans cet efprit les eee *écorce de citron R de fantal jaune s $ de cliaque fix gros. de canelle , de-mufcade » de chaque de macis, une de graines de petit cardamome »\ demi onces de cubebes , de bois d’aloés , yo.gros, Laiffez Lfprits dipiiliéss f Laiffez le mélange en digettion pendant vingt eat Heures: enfuite filtrez ; aprés quoi, fi on le juge a pro- pos , fufpendez dans la liqueur les fubftan ces fuivantes , dont vous formerez un nouet ; {cavoir y de mufc , : d’ambre-gris 5 ¢ de chaque un demi-fcrupule: de fafran , de rofes rouges feches , d de chaque de fantal rouge 5 une demi-once. Dans V’édition précédente de la Pharmacopée d'E= dimbourg , on prefcrit de préparer Vefprit de lavande de la maniere fuivanre. . Prenez des huiles diftillées de lavande , une once & demie. de romarin , une once. de marjolaine, fix gros, d’écorce de citron, une demi-onces de mufcade , trois gros, de gérofles , deux gros, de canelle, un gros. Verfez péu-d-peu ces huiles dans vingt-quatre livres @eau-de-vie de France : remuez le mélange de tems en tems : diftillez-le au bain-marie : retirez-en les deux tiers: fufpendez dans cette liqueur les ingrédiens fui- vans dans ur nouet ; fcavoir, ° de fantal rouge, deux onces. de fafran, de chaque de cochenille , $ tne demi once. A quoi on ajoute , fi l'on veut que lefprit (vit odorant, dambre-gris, deux fcrupules. de mufc, un fcrupule. Voici la formule de fefprit de lavanide compofé, telle qu'elle fe trouve dans la nouvelle édition de la Pharma- copée d’Edimbourg. Prenéz de fleurs de lavande fiaichement eueillies 5 * deux livres, ; . de fleurs de romarist nouvellement cueillies _ Une livre, oe Pome te a 43 Matiere Médiéale. d’écorce jaune de limon (citron des Fr. } trois onces. Welprit-de-vin reaisi¢é, douze livres. Piftillez a la chaleur du bain-marie jufqu’a fiecité ¢ mettez enfuite en macération durant trois joars dans l’ef | prit diftillé tes fabftances fuivartes ; (cavoir, a carelle, trois onces, le gérofte, . , de Bi hebes de chaque uné once. de fancal rouge rapé , deux orices, Paffez : réfervez la colature pour l'ufage. Le fantal rouge ne fert ici que pour colorer. Si on ai- moit mieux que la liqueur fat jaune, le fantal jaune feroié un ingrédient excellent ; car non-feulement it communi- que une belle couleur, mais encore ane portion confid rable de vertu médicinale. Les efprits diftillés de leurs de lavande & de fauge , mélés dans une jufte propor- tion, & mis en digeftion & froid pendant quelque tems avec un peu de canelle , de mafcade & de fantal jaune» forment une liqueur trés belle & fort agréable. It faut rendre un foin tout particulier , lorfqu’on fe fert des foites effentiefles , comme on fait dans la troifieme de ces formules, pour les bien choifir ; car eft de Ia bon des huiles que dépend celle du médicament. La digel tion de le{prit- de- vinavec les fubftances aromatiques doit fe faire a froid , fans quoi leur odeur feroit trés-altérée. Tous ces efprits font des cordiaux adtifs trés-agréa- bles; le premier , quoique beaucoup plus finiple queles autres, ne leur eft pas inférieur en icacité, en vertu. Ce genre de remede compofé a été trés-long-tems fort vanté , fous le nom de gouttes contre la paralyfie, & recommandé dans toutes les foibleffes de tierfs, érats de langueurs & [a vieilleffe ; c’eft pourquoi nous avons sapporté les diverfes manieres de le préparer en diffé- rens tems. On peut prendre de ce remede depuis diz ju(qu’d quatre-vingt ou cent gouttes fur du fucre. Eau Odoriférante » Eau Aromatique de Midd y A ” “ Odorifera, 0 7 Aq Prenez de mief, | 3 ‘de chaque de grainesde coriandre, $ gnc Hiveey Efpries dipiltis! bab ae géroffe , une once & demie> de mufcade ; de benjoin ; ¢ de chaque une once. de ftorax, des vanilles au nombre de quatre. de l’écorce jaune de trois limons ( citrotis dé@ rt.) Fr. _ _ . Weau de vie de France, huit livres. Metiez ces ingrédiens en digeftion enfemble pendané uarante-huit heures : enfuite diftillez au bain-marie: Sur chaque pinte de liqueur diftillée ajoutez , de l'eau de fleurs d’orange , oe chaque une de l'eau de rofes, livre & demie. dambre-gris 3 de chaque . .. ‘de mufc ;, cing grainss Broyez d'abord J'ambre-gris & le mufc avec un peu d'eau: mettez le tout enfemble dans un grand tnatras : fecouez-le bien , & laiffez le en circulation pendant trois jours & trois nuits 4 une douce chaleur: aprés quoi laiffez refroidir: enfuite filtrez la fiqueur 5 8 gardez la colature dans un vaiffeau bien fermé. Autre Eau Odoriferante, Prenez dé graine de coriandre, une livre de Pécorce' fraiche de limon t de chaque (citron des Fr.) quatre - de mufcade, . onces. d'ambre-gris,2, de chaque de mu‘c; cing grains, 7 deau-de-vie, feize livres. Broyez les mufcades & la graine de coriandre : met tez-les avec I’écorce de limon & 1'efprit-de-vin dans ud alembic au bain marie: attachez une toile mince fur l'ou- verture : répandez fur cette toile fambre gris & le mufc,, tous deux réduits en poudre fine : lutez Je chapiteau 3 haiffez le tout en digeftion pendant douzé heures : dif tillez alors au bainemarie avec le degré de chaleur dé Feau bouillante : ajontez cette eau fpiritueale 3 deleau de rofes, uvelivres. =, dg lean de fears d’oratige 5 an dem-livigy X44 Matiere Médicale, “Ces compoGtions font deftinées plutét pour des part fums que pour des médicamens ; cependant rien n'em- péche que.lonen faffe prendre intérieurement comme remedes internes aux gens qui peuvent fupporter la force de leur odeur. Le mutc & I’ambre-gris ne communiquent pas la quantité d’odeur qu’on croiroit ; ils fervent princi- paleinent & augmenter celle des autres ingrédiens : ce que ces parfums font a merveille , étant employés en trés- petite quantité dans les eaux odorantes , Ens pour= tant communiquer leur propre odeur d'une maniere fen= fible. Les deux efprits ou eaux fpiritueules précédentes font fort agréables ; quelques gouttes de l'une ou l'autre donnent une odeur gracieufe 4 une grande quantité de toute autre liqueur. M. Wilfon, dont on a tiré Japremiere formule (Chem. Praft. pag. 354.) » dit avoir fouvent préparé cette eau odoriférane pour le Roi Jacques 11, & ajoute qu'elle aumne odeur des plus agréables qu’on puiffe tentir. L’au- tre formule eft faite fur le méme plan ; on en a feule- ment retranché des fubftances qui ont paru inutiles. Ejprit de Cochlearia , Spiritus Cochleariz. Ph. d'Edimbourg. Prenez de feuilles de cochlearia écrafées, dix livres: d'efprit-de-vin reatifié, cing livres. Mélez : Jaiffez infufer pendant douze heures : diftillez au bain-marie , & retirez cing livres de liqueur. Cet efprit de cochlearia eft fortement imprégné des principes du cochlearia » & on peut le donner dans les - cas ou cette plante eft atile ; la dofe fera depuis vingt . jufqu’a cent gouttes. Les vertus du cochlearia rélident dans une buile fort fabtile & volatile, qui s’éleve dans Ja diftillation avec Yeau & avec I’efprit-de-vin pur 5 mais cette huile te diflipe bientdt, fi on expofe a lair ces deux liqueurs. L’etprit de cochlearia nouvellement diftillé eft extreémement piquant ; mais il le devient bien moins , fi on le garde long-tems, méime dans les vaif= feaux les mieux bouchés. Les Diftillaceurs d’efprit de cochlearia ‘ajoutent trési bogee ; kK ‘Ejprits diftiliés, 249 fouvent au cochlearia une certamie quantité de racine ue «aifort ; ils lui fubftituent méme quelquetois un e'yrit retiré du raifort feul, lodeur & la faveur de ces deux plantes étant fi femblables, qu'on a de lapeine a diflin- poet leurs efprits ’'un de Pautre. L’arum & le dracuncu- lus ont été mis quelquefvis dans la méme claile que les deux plantes précédentes,& méme cnlesa regardés com- me femblables; mais la diftillation découvre entr'eux une trés-grande différence ; dans cette opération , leco- chlearia & le raifort communiquent toute leur qualité piquante a l'eau & a Vefprit-de-vin, au lieu que 'arum & le dracunculus qu’on diftille dans l'une ou l'autre de ces liqueurs , ne leur communiquent rien de leurs qua- lités fenfibles ; cependant leurs vertus fe trouvent dé truites par cette opération, . Efprit d’or ou purgatif de Cochlearia, Spiritus Cochlearie aureus. Prenez de I'efprit de cochlearia précédent , une livre: de gomme-gutte , une once. Faites diffoudre la rétine dans Vetprit de cochlearia, & s'il fe précipite quelque (diment , décantez avec ate | tention l'efprit qui a pris la teinture. On emploie encore pour faire cet efprit , ou la réfine de jalap, ou la fcammonée , au lieu de la gomme- gutte. Cette compofition a été trés en vogue parmi le peu- ple, & fortement recommand¢ée par ceux qui la vendenty dans toutes les efpeces d’affections fcorbutiques ; cepen- dant cen’eft pas unremede trés-efficace , & il mérite fort peu le titre pompeux qu’on lui a donné. On peut en prendre depuis vingt gouttes jufqu’a foixante , fur du fucre, ou mélées avec du firop. _ Eau d’ Anhalt ou Anhaltine, Aqua Anbaltina. Prenez de térébenthine , fix onces. d’oliban , une once. de bois d’aloés , trois onces. oe erens: *h de. chaque fix gros. Q ii 446 ‘Matiere Médicate, 4 de-cubebes , de fleurs de romarin, de galanga, * de chaque fix gross" de mattic , . de mufcade » ° de faftan, deux gros & demi. de baies de laurier , de chaque de graines de fenouil, $ une demi-once, d’efprit.de-vin » cing livres. Pulvérifez ceux de ces ingrédiens qui en ont befoins gettez le tout en digeftion avec l'efprit-de-vin pen- fax’ fix jours : diftillez alors au baia-marie, & une cha- leur trés-dauce : féparez la liqueur qui eft claire de celle qui eft trouble , & gardez la premiere pour l'ufage. " Lorfqu'ill eft néceffaire d'ajouter du mufc, onen meg . quinze grains dans un nouet qui fe fufpend dans le cha- piteaa de Yalembic. . Nous avons inféré cette compofition de la Pharma- ¢opée de Brandebourg , parce qu'elle eft trés-eltimée dans certains pays. On en fratte tes membres foibles ou aralytiques , les parties attaquées de catarrhes & de Joulears ; elle fe donne auffi intérieurement a la dofe d'une demi-once , pour fortifier I’eftomac, diffiper leg vents » diminuer les coliques , & procurer !’écoulement des regles & des vuidanges. Elie eft fort défagréable au lais ; les aromatiques , quoiqu’en affez grand nombre, & en forte dofe, ne communiquent pas affez de leurs principes pour diffiper l'odeur forte de la térébenthine 5 Hy a méme plofieurs de ces fubftances qui n’ont au- une odeur, On peut préparer une eau du méme genre , mais plug: agréable , avec Ja térébenthine , le romarin, la lavande ~ & les fleurs de fauge, ou en diftillant d’abord l’efprit- de-vin feul avec la térébenthine, & enfuite en diffolvant dans la liqueur diftillée une faffifante quantité de quelque hile effenticlle approprife. © Eaux fpiriineufes dipittlees; nae ARTICLE IL Eaux fpiritueufes diftilltes. On entend par e/prits difiillés les Siqueurs qu’on retire @’un efprit-de-vin qui a préalablement été recdifié, og bien qui a acquis A-peu-prés ce degré de force par Vopé~ ration. On appelle eaux fpiritueufes celles qu’on diftille avec l'eau-de-vie feulement , ou un efprit-de-vin qui cons tient environ une moitié d’eau. Ces dernieres liqueurs f@ nommentle plus fouvent eaux ore slors méme qu’elles ne font diflijlées que d’une feule fubftance. L’on appelle eaux fimples les liqueurs diftiiées avec l'eau , quand méme _ il feroit entré plufieurs ingrédiens dans ces eaux, la déno- mination de /imple ne fe rapportant pas ici & la fimplicité eu égard & la compofition, mais au véhicule, qui eft Feau fimple. La Pharmacopée d’Edimbourg appelle eaux fimples les eaux quon retire d'une feule fub- fiance » que le véhicule foit de Yeau commune ou une eau fpirituenfe ; & elle nomme eaux compofées celles qu'on diftille de plus d'une fabftance. : Regles générales pour la diftillation des eaux Jpir ritwenfes ; ces regles fons tirées de la Pharma-, copte d’Edimbourg. L Les plantes & leurs parties doivent dtre modérément & nouwvellement féchées , excepté celles qu’on prefcrit demployer récemment cueillies. Il. Lerfque les fubftances prefcrites ont iofufé dans ef prit-de-vin durant le tems prefcrit , aioutez autant deau quil en faut pour empécher que la liqueur ne preooe woe odeur empyreumatique. Qi iv s are . ‘Matiere Médicale, - <4e * ILL La liqueur qui_paffe la premiere dans Ia diftillation; fe garde quelquefois féparément fous le nom d’efprit 5 quant 4 celle qui coule enfuite , & qui eft laiteufe, on Jui dte cette blancheur par des procédés connus ; mais il yaut mieux méler enfemble toutes les liqueurs diftillées, fans employer cette purification , afin que les eaux pof= fedent en entier les vertus de la plante » circonftance & Jaquelle on devroit faire plus d’attention qu’a les rendre limpides & belles & l’ceil. Si la diftillation eft bien conduite , la chaleur égale & douce pendant tout le tems, & qu’on ne faffe pas durer Yopération trop fong-tems pour avoir plus d'eau dif- tillée qu'on ne le permet dans la formule, Ia plipart des eaux paroitront fuffifamment belles : quelques unes de ces eaux qui paroiffoient troubles immédiatement aprés qu'on les a diftillées , deviennent claires, lorfqu'on lesa - lai fé repofer quelques jours. La pratique qu'on défend ici, ce'le de garder {éparément les liqueurs qui coulent en diffgcens tems , eft certainement fort nuifible 4 ces compolitions ; non-feulement l'eau eft privée par-Ia de quelques-unes des parties les plus volatiles des ingr& liens ; mais elle refte. toujours laiteufe, parce qu'elle eft privée de fefprit qui-rend-Ja liqueur tranfparente , en tenant en diffolution I’huile des diyerfes fubftances diftil- Iges , laquelle donne !a couleur Iaitenfe. La méthode de purifier Jes eaux troubles.avec l'alun, &c. n’eft pas moins préjudiciable : car ces additions ne produifent leurs effets qu’en fnarant de-la liqueur les principes des des fubftances diftillées , defquels elle s'étoit chargée. ta . ‘TY. Pour la diftillation de ces eaux on prefcrit l'ufage de l'eau-de-vie tirge du vin; lorfqu’on ne peut: pas fe procurer .de bonne d’eau-de-vie, il faut prendre la moitié:de. fa quantité d'efprit bien re@ifié , retiré de quelque liqueur fermentée autre que le vin. Mette Me Eaux fpirituenfes difiillécs, 249 dans cét efprit rectiad les fubttances a diftiller : puis ajoutez de l'eau commune ce qu'il en faut pour faire la quantité de fluide prefcrit, & pour empécher ces fubitances de briler. : En luivant ce procédé , on peut avoir des eaux fpiri- tueufes plus belles, plus agréables y qu’en fe fervant des eaux-de-vie ordinaires, méme de V'eau-de-vie de vin. Tous les efprits vineux recoivent quelque odeur de la matiere qui les foutnit , & on ne peut leur dter cette odeur , qui s’attache principalement a la partie aqueufe ou phlegmatique , fans féparer le phlegme & rectifier la liqueur. Eau 2 Abfynthe compoféé, Aqua Abfynthii compofita. d’écorce fraiche d’orange, ? quatre de canelle, onces. d'abfynthe romaine, une demi-livre. de menthe , trois onces. : de petit cardamome , 3 de chaque de macis y une once. d’eau-de-vie de France » feize livres. Pilez les graines & les épices : coupez les autres fub- ftances : mélez: verfez Peau-de-vie fur'le mélange : laif= fez infufer pendant quatre jours : retirez, par la diftilla- tion, feize livres de liqueur. On prefcrivoit autrefois cette eau comme un remede ftornachique avec des infufions ameres ; elie eft plus pro- pre 4 cet ufage que beaucoup d'autres , parce que de toutes les eaux d’ab‘ynthe qu'on trouve dans le com- merce , iln’y en a pas de plus belles 4 l'oeil , & de moins défagréables au gout. Cette compofition eft .néanmoins encore trop difgracieufe pour qu’on I'affocie aux belles préparations ameres de nos nouvelles Pharmacopées 5 & on ne peut pas dire qu'elle puiffe rien ajourer a leurs vertus y.que des eaux fpiritucufes bien plus agréables ne Te faffent également. Quelques perfonnes ont cru que l'eau diftillée d’abfynthe éroit une liqueur amere ; mais il nya que Podeur & Ia faveur. de l'abfynthe qui fe. communi- Prenez de calamus aromaticus , t de chaque 56 Matiere Médicale. quent & ean dans la diftillation; les principes dans lef= guels réfide fon amertume , reftent dans [a cucurbite. Dans les éditions précédentes de la Pharmacopée de Londres il y avoit deux eaux d'abfynthe , qui font encore eftimées par quelques perfonnes: elles fe trouvent icis avec des corrections que le Comité des Medecins char- de la derniere dition, ayojt propofé de faire pour y conferver, Eau a’ Abfynthe moins compofée, Aqua Abfynthii mints compofita. Prenez Se d'abfynthe ordinaire , feches , deux livres. de graines de petit cardamome , deux onces. de graines de coriandre , une demi-livre. d’eau-de-vie de France, trente-deux livres. Mélez : laiffez infufer le mélange pendant quelque tems : enfuite retirez par ta diftillation environ trente- deux livres de liqueur. ‘Eau dAbfyathe plus compofte, Aqua Abfynthii magis compofita. Prenez d'abfynthe commune feche » 2, de chaque dabtyathe marine feche , $ une livre. de fange feche, de menthe feche, pde chaque deux poignées. de méliffe feche , de galanga , de gingembre , de calamus aromaticus » de chaque de racine d’aulnée , trois gros, de graine de fenouil doux, de graine de coriandre y de canelle , de gérofle, 7 de chaque deux gros, de mufcade, de graine de petit cardamome, un gros; de cubebes, un gros, : Eaux fpirituenfes difilless, aye d'eav-de vie de France , douze livres. Pilez ou coupez ces diverfes fubitances : faites-les ine fafer pendant quelque tems dans l'eau-de-vie : enfuite retirez par la diftillation douze livres de liqueur, Eau Alexitere fpiritueufe, Aqua Alexeteria {pirituols, Ph. de Londres. ? Prenez de ; feuilles de menthe commune, use demis livre. de feuilles fraiches d’angélique,2, de chaque de fommitésd’abfynthe marine, § quatre onces d’eau-de-vie , huit livres. Autant d'eau qu'il en faut Pour empécher que les fubftances employées ne prennent l’or deur empyreumatique. Retirez par la diftillation huit livres de liqueur. Cette eau eft affez agréable : on la regarde comme un remede alexipharmaque & ftomachique, & elle seme loie affez fouvent dans les juleps » 8c. lorfqu’on a be- foin de médicamens qui aient ces vertus- Eau Alexitere fpirituenfe avec le vinaigre y Aqua Alexeteria {pirituofa cum aceto, Ph. de Londres. Prenez de feuilles de menthe com-*) de chaque mune, ure de feuilles d’angélique » demi-livre. de fommirés d’abfynthe marine , quatre oncese fier de-vie » buit ee Ps ot eau commune ce qu'il en faut pour em) cher les plantés de braler, pa _ de vinaigre , une livre. Diftillez les herbes fraiches avec l'eau-de vie & Yeau commune ; retirez huit livres de liqueur ; ajoutez* yle vinaigre, Aprés plufieurs effhis faits avec diverfes fubftances g ena trouvé que langélique étoit la plus efficace pour emporter Ig godt délagreable que le vinaigre communts ‘asd ‘Matiere Medicale; queroit , fans elle , & la compotion; voild pourquoft elle fe trouve prefcrite ici en plus grande quantité que dans les autres eaux alexiteres. Il feroit peut-étre plus & propos de ne méler fe vinaigre qu’au moment du be- foin ; car lorfqu’on le méle plutdt avec la liqueur, & qu’on la garde un peu de tems, il et fajet a aire pré- cipiter quelques-unes des parties les plus actives que Veau avoit recues des plantes. Cette eau fe prefcrita la place del’eau thériacale, aqua sheriacalis , compolition qui n’eft pas fans mérite , & que ¥on trouve dans la Pharmacopée d'Edimbourg , prefcrite de la maniere fuivante. Prenez de racine de pétafites., une livre. danzélique, de chaque dimperatoire , une demi livre. de zédoaire, quatre onces. de feuilles de fcordium 3 de chaque de rue, fix onces. de thériaque , une livre. -d’eau-de-vie, vingt livres. de vinaigre diftillé, quatre livres. _, Faites intufer les racines, les feuilles & Ja thériaque dans Teau de-vie pendant quatre jours: retirez alors vingt livres par la diftillation : enfuite ajoutez le vinaigre. On ne prefcrit pas de pouffer fa diftillation de cette eau auffi loin que celle des autres eaux diftillées, je veux dire de retirer une auffi grande quantité d'eau diftillée ,- 8 Celt avec beaucoup de raifon ; car le vinaigre I’afoiblit . confidérablement ; & fi la diftillation dure long tems , Feau diftillge eft trés-défagréable & Feil. On laiffe aa choix de lartifte d’employer la thériaque d’Andromach ou celle d’Edimbourg ; 1a derniere eft la meilleure des deux; mais ni lune ni l’autre ne font propres pour la diftillation ; car oatre que far quatre parties il y ena trois qui ne font que du miei , lequel ne donne rien dans eette diftillation, elles contiennent diverfes autres fub- ftances qui communiquent auffi peu de principes. ioe leau thériacale de Vancienne Pharmacopée de res, . Eaux fpiritueufes difilldes: a5F Prenez du jus de noix vertes, quatre livres. de rue; trois livres, de chardon bénit , 3 de chaque de méliffe , trois livres. de racine fraiche de pésafites , une livre & demie. de bardane , une livre. de racine d’angélique , $ de chaque dimpératoire ,$ une demi-livre. de fcordium fiais , quatre poignées, de thériaque de Venife , Ree chaque de mithridate , un peu vieux, —§ huit onces. de jus de limon (citron des Fr. ) , deux li- vres. d’eau de-vie , douze livres. Retirez vingt-huit livres par la diftillation, aprés quod ajoutez quatre livres de vinaigre diftillé. L’odeur dominante de cet:e eau eft celle de la rue & de langélique ; le refte ne fait que contribuer & rendre le tout plus défagréable. Quant aux qualités que cette eau recoit du nombre des tubitances qui entrent dans la compotition de la thériaque , dont on vante fi fort les ver- tus, On peut en juger iur ce que dans la dofe ordinaire que Yondonne de l'eau dont il s'agit , qui eft d'une demi- once , la quantité de la thériaque ne monte pas tout-d-fait & un grain. Le mithridate, que notre Pharmacopée a ajouté a l'eau thériacale par le conleil de Théodore Mayerne » ne lui eft pas d'une plus grande utilité. Le College d’Edimbourga fubftitué a l'eau thériacale la compofition fuivante . Eau ¢Epidémie ou de Pefte, Aqua Epidemia; Ph, d’Edimbourg. Prenez de racine d'impératoire , une livre & demie. de femence d’angélique 3 de chaque de fleurs de fureau , une demi-livre. d’eau-de-vie , vingt-quatre livres. Mélez ; laiffez en digeftion pendant deux jours ; ea; a4 Mariere Médicale;: ; fuite diftiffez vingt livres de liqueur , 2auxqueffes vous ajouterez quatre livres de vinaigre diftillé. Les quatre compofitions précédentes font les feiles €aux diftillées ott la force de Fefprit- de-vin foit tempérée pac le vinaigre , addition qui les rend utiles dans plufieurs circonftances oY les liqueurs fpirituenfes toutes feules fe ‘convierdroient pas. L’eau thériacale a écé fort efti- méa trés-long-tems, comme fadorifique & alexiphar- maque : I’eau que les Colleges de Londres & d'Edim- bourg lui ont fubftitaée depuis peu, eft auffi efficace , quoique beaucoup plus fimple ,- & plus agréable au golit. Eau dé graints d’ Adis conipofée; Aqua fernitiim Anif compofita. Ph. de Londres. Prenez dé graines d’anis 5 de chaque dangélique 3 une demi-livre. d'eau de-vie , huit livres. deat commune ce qu’il en faut pour e1 ‘e que les fubftances employées ne brilent 8 ne communiquent 4 l'eau une odeur empy- _ teumatique. Retires huit livres de liqueur par ta diftillation. Cette compofition eft une trés-belle eau d’anis ; les graines d’angélique rendent lodeur de-T'anis plus gra- cieufe. Cette eau eft fujette 4 devenir hiteule , fion en detire par fa diftillation plus qu’on nie le eonfeille dans la formule. 7 Eau’ fpltiusnfe d'écoreés d’Oranges 5 Aqua éorticum Aurantioram fpirituof. Ph. de Londres. Prenez diécorce extérieure & feche d’oranges dé Séville , une demi-livre. d'eau-de-vie , huit livres. d'eau commune,ce qu'il en faut pour empéches Eaux fpirieuenfes diftilides, 255 Ia liqueur de prendre une odeur empyree- matique. : Retirez par ta diftil'ation hciglivres de liquear. Cette eau eft beaucoup plus cliargée des principes de corce d’oranges que l'eau fimple. On Iemploie comme temede cordial, ftomachique & carminatif. Hau de Bryone compofée y Aqua Bryoniz compofita. Prenez de racines de bryone , ane livre. de valériane fauvaze , quatre oncese de pouliot, ; de chaque ra re Aan os demi-livre. le feuilles de pétajites y de fleurs de matricaire , de chaque de fommités de fabine , * d'écorce fraiche d'orange , 3 de chaque de graines de liveche , deux onces, d'eau-de-vie , vingt livres. Broyez ou coupez les fubftances qui en ont befoin: tmettez-les infufer dans l'eau-de-vie pendant quatre jours: tegirez par la diftitlation vingt livres de liqueur. Cette compoiition deftince 4 fervir de remede anti- hyftérique , a divers inconvéniens , non-feulement quant aux fubftances particalieres qui y entrent , mais quant & Veffet qu'on attend de la compofition. Nombre de gens , en faifant ufage de cette eau & d'autres eaux femblables, gomme médicamens , ont pris la perni- cieufe habitude de boire des liqueurs fortes. Quel que foit le foulagement que les perfonnes hyftériques & lea hypochondriaques recoivent pour le moment par l'ufage des liquears fpirituenfes , il n’'y 2 perfonne qui reffente plutét les mauvais effets de leur ufage continué un peude tems. La mauvaife odeur de cette eaa empéche qu'elle ne puiffe fervir de véhicule a d’autres médicamens: anti- hyftériques , lefquels en général font trés-difyracieux pae eux-mémes. Une petite augmentation dans la dofe de ces médicamens fuffiroit (comme I’a remarqué le Cos aité ) pour leur faire produire le biew qu'on peut ates 256 ‘Matiere Médicale, die de cette eau; & elle feroit’remplacée, par un véhi« cule plus agréable. : Le -Coilege des M@gecins de Londres n’a point fait entrer cette eau de bryone dans la derniere édition de fa Pharmacopée, & il-ne lui ena fubftitué aucune autres Elle fe retrouve encore dans fa Pharmacopée d’Edim- bourg, mais perfectionnée & rendue plus fimple; car on.en a retranché les fubftances les moins adtives; la racine de bryone de laquelle l'eau regoit fon nom , eft la plus inutile des fubftances de cette compofition ; & comme cette raifon I’a fait exclure , l'eau fe diftingue par le nom d’un autre des médicamens qu'on emploie, & on la preterit de la maniere fuivante. ‘Eau de Valriane compofte, Aqua Valeriane compofita. Ph. d’kdimbourg. - Prenez de racine de valériane fauvage » une livre 8 demie, de graine de liveche, une demi-livre. de feuilles de pouliot , quatre onces, de fommités de fabine , deux onces- « d'eau-de vie , feize livres. Mélez : laiffez en digeftion pendant deux jours, & retirez par la diftillation feize livres de liqueur. ‘Eau de graines de Cardamome, Aqua feminum Cardamomi. Ph. de Londres. . Prenez de graines de petit cardamome , mondées de leur enveloppe , quatre onces. d'eau de-vie , huit livres. d@eay commune ce qu'il en faut pour empécher le cardamome.de briler., & fa liqueur de prendre une odeur empyreumatique. RRetirez huit livres de liqueur par la diftillation. Cette eau eft un carminatif 8 un cordial fort agréables fes graines de cardamome donnant toute leur odeur dans ce procédé. LI n’eft peut-étre pas fort néceffaire d'oter . Yenveloppe . . Eaux Spirituenfes diftiliées: — . 287 Fenveloppe des graines , attendu que cette partie ne communique rien de délagréable 4 la liqueur. Si on emploie les graines tans qu’elles foient mondées, il faus en prendre une plus grande quantité, ; Eau de graines de Carviy Aqua feminum Carvii Ph: de Londres. Prenez de graines de carvi, une demi-livre- d’eau-de-vie, huit livres. d'eau commune,ce qu'il en faut pour empécher les graines de briler. Retirez par la diftillation huit livres de liqueur. Cette eau eft un cordial d'un ufage corhmun: elle a toute l’odeur des graines de carvi. Eau de Canelle Spirituenfe » Aqua Cinnamami fpirituofas Ph. de Londres, Prenez de canelle , une livre. d@eau-de-vie, huit livres. . d'eau commune,ce qu'il en faut pour emrécher Ta canelle de briler ; & Ja liqueur de pren- : dre une odeur empyreumatique. Retirez par la diftillation huit livres de liqueur. Eau de Canelle avec le vin; Aqua Cinnamomi cum vinos Ph. d’Edimbourg. Prenez de canelle , une livre: d'eau-de-vie, huit livres. Mélez : laiffez infufer pendant deux jours 5 & enfuite retirez par la diftillation huit livres de liqueur. Cette eau eft un cordial aif & trés-agréable ; mais elle n'eft pas fi fortement imprégnége des pringipes de ta canelle qu’on pourroit le croire ; en effet i n'y aque fSrt peu des principes de cette fubftance aromatique » qui s‘élevent aprés que la partie {piritucufe eft diftillée. Ceit pourquoi dans les précédentes editions de_la Pharmacopée de Londres on preicrivoit de Tome Lh : R &58 ‘Matiere Médicale, dittiller deux livres de liqueur de plus que nous ne@ Je confeillons ici. Par 1a Yopération étoit plus écono= mique que bien entendue ; car lodeur défagréable des eaux-de-vie & des liqueurs acidules qui s’élevent de la canelle auffi-bien que des autres végétaux durant la diftillation , lorfque celle-ci ef continuge long-tems donne a l'enfemble un mauvais goat , & en méme tems Facide précipite lhuile effentielle que donne la canelle. L’ Auteur de la Pharmacopée réformée propofe une méthode de faire cette eau, en mélant l'eau de canelle fimple avec un peu moins d’une quantité égale d’efprit- de-vin rectifié: en les fecouant enfemble , la liqueur perd fa couleur laiteufe, & devient bientdt plus claire & plus belle’ que l'eau diftillée précédente. Cette com- polition corrigée a également I’odeur de la canelley fans le mauvais goat qu’on trouve aux eaux-de-vie or- dinaires. Eau de Genievre compofée » Aqua Juniperi compofitas Ph. de Londres. Prenez de baies de genievre, une livre. de graines de fenouil doux, ¢ de chaque une de graines de carvi , 3 once & demie. d’eau-de-vie , huit livres. autant d’eau qu'il en faut pour empécher leg fubftances employées de briler. Retirez par la diftillacion huit livres de liqueur. Cette cau mélée avec environ une égale ‘quantité de rob de baies de gemevre, forme un médicament utile dans les catarrhes , la foibleffe de I’eftomac & des in- teltins , la dithculté d’uriner. L’eau de genievre feule eft uv bon remede carminatif & cordial; le bon effet que cette eau & fes autres eaux fpiritueufes produifent dans de pareils cas , eit trés connu ; mais on fait trop pew d’attention aux mauvaifes faites de leur long ulage. Eau fpiritueufe de Menthe poivréee, Aqua Mentha piperitidis fpirituofa, Ph. de Londres. Prenez de feuilles feches de menthe poiveée , une livre & demic, Eaux Jpiritueufes diftilitess ag @’cau de-vie , buit hivres. d'eau commune, ce qu'il en faut pour que la liqueur ne prenne pas une odeur enipyreu- matique. Retirez par la dittillation huit livres de liqueur. Cette eau s’empluie dans les coliques venteules & autres maladies emblables ; elle foulage quelquetoisles malades fur-le-champ. On lui trouve une odeur & une faveur trés-fortes de la menthe poivrée. Eau fpiriuenfe de Menthe commune » Aqua Mentha - vulgaris fpirituofa. Ph. de Londres. Prenez de feuilles feches de menthe commune, une livre & demie. d’eau-de-vie , huit livres, d'eau commune,ce qu’il en faut pour empécher que V'eau de menthe ne prenne une odeur empyreumatique. : Retirez par la diftillation buit livres de’ liqueur. Si ona employé de bon efprit-de-vin, cette eau {pi- ritueufe eft une des plus agréables , & elle eft plus fal 7 taire contre Ja foibleffe de l’eftomac , les envies de vo- mir & autres maux femblables, que la plipare des pré- parations plus travaillées. Lorfque ces affections ne font point accompagnées de chaleur ou d’inflammation, on peut faire prendre une demi-once d'eau de menthe {pi- ritueule , étendue dans quelque liqueur aqueufe qui {oit gracieufe. Eau Admirable ; Aqua Mirabilis, Prenez de canelle , deux onces. d'écorce de limon ( citron des Fr.) une Once. de graines d’angélique, le chaque de petit cardamome, $ une demi-oncé; de macis , une deimi- once, de cubebes , deux gros. . R ij 160 ‘Matieré Médicale: de feuilles de;mélifle, fix oncesy d’eau-de-vie , huit livres. Broyez ces diverles fubftances folides : enfuite verfexs Yeau-de vie deflus : laiffez ce mélange en digeftion du- fare quatre jours ; retirez par la diftillation huit livresde iqueur. : om vient de voir l'ancienne compofition de l’eau ad= mirable, fi fort vantée autrefois ; mais elle a été beau- coup perfedtionnée dans la derniere réformation de la Pharmacopée. On en a retranché les cardamomes , les cubcbes, la menthe commune , & ony a fait entrer la menthe poivrée. : Voici la formule que l'on fuit aujourd’hui : Eau Aromatique appellée communément Eau Admirablez Aqua Aromatica vu/gd Mirabilis. Ph, d’Edimbourg. Prenez de canelle , deux onces. d'écorce jaune & fraiche de li-) de chaqué mon ( citron des Fr.), une de graine d’angélique , onces de macis , une demi-once. de menthe poivrée, trois onces. d@eau-de-vie, huit livres. Mélez ; laiffez en digeftion pendant deux jours, & fetirez par la diftillation huit livres de liqueur. Cette eau contient beaucoup de principes aromatiques, eft un remede agréable , échauffant , cordial & car- minatif. Dans les cas de foibleffe , d’affections venteu- fes, de doulears , de coliques & d'autres maux de ce genre; elle procure un foulagement trés-prompt aux perfonnes , qui par un ufage trop continuel de ces efpe- ces de liqueurs y ne fe font pas privées du bien qu’elles _ peuvent produire. “\ _Les fabftances aromatiques qui entrent dans ces deux compofitions , étant trop cheres pour des eaux cordiales d'un ufage commun, on leur fubftitue communément une fubftance aromatique moins chere qui croit dans nos co- Eaux fpirituenfes diftiliees Yr fonies , le poivre de la Jamaique. Il (e prépare encore ane trés-belle eau fpiritueufe avec le feul poivre de la SJamaique : en voici la formule. Eau fpiritueufe de Poivre dela Jamaique, Aqua Piperis Jamatcenfis {pirituofa. Prenez de poivre de la Jamaique , une demi-livre. d'eau-de-vie , vingt-quatre livres. d'eau commune,une quantité fuffifante pour que Teau diftillée ne prenne pas une odeur em- pyreumatique. Retirez par la diftillation vingt-quatre livres de lit queur. Cette eau fpiritueufe eft beaucoup plus gracieufe que Yeau diftille fimple qu’on retire du méme aromatique , & elle a eu long-tems place parmi les boiffons cordia- Jes des Dittillateurs & des Apothicaires , quoiqu’elle m/ait pas encore été inférée dans le Difpenfaire d’aucun College de Médecine. Eau de Mufcade, Aqua Nucis Mofchata, Ph. de Londres, _ Prenez de mufcade, deux onces. d'eau-de-vie , huit livres. d’eau commune,ce qu'il en faut pour empécher que l'eau diftillée n’ait une odeur empyreu- matique. Retirez par la diftillation huit livres de liqueur. Cette eau, a laquelle on ajoutoit feulement des fleurs daube-épine (ce qui étoit de trés-peu d’importance) avoit -autrefois une grande célébrité dans la guérifon des co- Fiques néphrétiques , 8 elle portoit le nom d’eaunéphré- tique , aqua nephritica. On ne la regarde préfentement que comme une liqueur fpiritueufe , agréable » légére- a imprégnée de l’odeur & de la faveur de la mut Ce Ri 65 Matiere Médicale, Eau de Piyoine compojée, Aqua Peoniz compofitas . Prenez de racine de pivoine , deux onces. de valériane fauvage, une once & demie. de dictame blanc, une once. de graines de pivoine, fix gros. de fleurs de muguet récentes , quatre onces: de fleurs de lavande, ¢ de chaque , de romarin, deux onces. de fommitésde bétoine, , de marjolaine ,€ de chaque de rue, une once. de fauge , Peau-de vie, douze livres. Coupez ou broyez les fubftances felon leur nature.s mettez.les infu‘er pendant quatre jours dans l'eau-de-vieg & diftillez douze livres de liqueur. : Ona donné autrefois 4 cette eay le nom d'eau antie pileptique , aqua anti-epileptica , & on \'a recammandée dans le traitement de toutes fortes d'épilepties & de maux nerveux. La pratique moderne o’en fait pas grand cas: elle ne la prefcrit que comme un véhicule , & méme rae rement. Les fubftances dont elle regoit fon nom , les ra- ¢ines & les graines de pivaine ne communiquent rien, ou prefque rien, a l'eau; quelles que {vient les vertus que ces ingrédiens poffedent , elles reftent dans la dé- cation. Ceux-la ne font pas les feuls articles inutiles ; le di&ame , Ia bétoine , & quelques autres plantes y quoiqu’aromatiques , communiquent fi peu de chofe & cette eau, qu’elles ne méritent pas d’avoir une place parmi des ingrédiens d’une plus grande efficacité. *" La formule ci-deffus eft prife de P'édition de la Phar- macanée d’Edimbourg , qni a précédé celle que l'on fuit aujourd’hui ; on I'a in'érée ici pour fatisfaire ceux qui tiennent aux campofitions anciennes ; la méme raifon nous a auffi fait ajouter l'eau de pivoine de la derniere Pharmacopée de Londres. "Le Comité qui a été chargé de la réformation de la nouvelle edition, a effayé de Eaux Jpiritueufes diftillees: 264 ¥a corriger, en retesant feulement les tubftances aux~ quelles on trouvera jointe une étoile. Prenez de fleurs récentes de muguet * , une livre. detilleul * , une demi livre: fleurs de pivoine *, quatre onces. . de racine de pivoine male *, deux onces & demie. 7 de diStamne blanc, de chaque dariftoloche lon une gue, demi once. de gui de chéne, 3 de chaque de rue *, deux poignées. de graines de pivoine mondées , dix gros. de rue , trois gros & demi. de caftoreum de Ruffie ,{ de chaque ‘ de cubebes *, t deux de macis, gros, de canelle , une once & demie. de feurs de romarin, fix pincées. de ftoechas,2 de,chaque de lavande, $ quatre pincées. de leurs de bétoine , de chaque de gérofle, t huit de primevere ,J _ pincées. de jus de cerifes noires , quatre livres. d’eau-de-vie , vingt livres. Mélez : laiffez en macération un tems convenable : enfuite retirez par Ja diftillation trente-deux livres de liqueur. Eau fpirituenfe de Pouliot, Aqua Pulegii fpirituofa. h. de Londres. Prenez de feuilles de pouliot féchées, une livre && demie. d’eau-de-vie, huit livres. . d’eau commune, ce qu'il en faut pour prévenir Yodeur empyreumatique. . Retirez par la diftillation huit livres de liqueur. . Cette cau a beaucoup de lodeur du ae » & on Ww 264 ‘Matlere Médicale, . sen fert affez fouvent comme d’un remede carminati¥ & anti-hyftérique. Eau de Raifort compofée, Aqua Raphani compofita; ; Ph. de Londres. Prenez de feuilles de cochléaria nouvellement cueil- lies , quatre livres. de racine de raifort fraiche 3 de chaque d’écorce d’orange nouvelle, $ deux livres, de mufcade , neuf onces. deau-de-vie, feize livres. d’eau commune, ce qu'il en faut pour prévenig. Yodeur empyreumatique. Retirez par la diftillation feize livres de liqueur. Ph. d’Edimbourg. Prenez de racine de raifort % de chaque de cochléaria , trois livres. d’éorce fraiche d’orange 1 de chaque de baies de genievre, quatre de canelle blanche , onces. d'eau de vie, vingt-quatre livres. Faites infufer pendant deux jours dans l’eau-de-vle les baies de genievre & la canelle blanche : enfuite ajou- tez les autres fubftances, & retirez par Ja diftillation yingt quatre livres de liqueur. Ces deux eaux fpiritueufes font trés-agréables, & aufli bien compofées , pour faire un remede anti-{cor- butique’, qu’aucune autre femblable préparation qu'on pourroit imaginer. Le Comité des Médecins de Lon- dres a remarqu¢, par rapport 4 la premiere prépara- tion, que le raifort & Je cochléaria s‘uniffent fort bien enfemble ; qu’ils ont 4-peu-prés la méme odeur & la méme faveur qui font défagréables ; que la mufcade fait difparoitre ce gotit avec beaucoup de fuccés , fans co= pendant y ajouter fon propre goit. L’écorce d’orange » - qui contribue & augmenter Ieffet qu’on attend du médie gament, lui donne un godt fort agréable. La racine d’as ‘ Eaux fpiritueufes diftillees: - 26y yam a ju(quici eu une place dans cette eau ; mais on I'a retranché ici avec raifon ; car elle ne communique rien du tout de fa qualité acre, irritante, quoiqu’on allure le contraire dans plufieurs Difpenlaires. Les graines de moutrarde n’ont pas encore été mifes , 4 ce qu'il nous pa- roit , dans ces fortes de compofitions ; cependant il y a lieu de croire qu’elles y fervient tré:sutiles : elles com- muniquent en entier leurs principes irritans , qui ne per= dent pas leur action en aulli peu de tems que la plapart des autres fubftances de cette claffe ; ces graines n’ont befoin d’aucune addition, {i ce n’eft de quelque matiere aromatique, pour communiquer une odeur & un gott agréables. Eau @’ Arquebuzade y Eau Vulnéraire, Aqua Vulnerariay feu Aqua Catapultarum, Ph. de Strasbourg. Prenez de racines & de feuilles de grande confoude, de chaque de fauge , quatre . d’armoife, . poignées, de bugloffe, de bétoine , de fanicle , de marguerite , de paquerette , de grande fcrophulaire de chaque de plantain, deux poignées, d’aigremoine , de verveine, d’abfynthe , de fenouil , de millepertuis , : Ghali longue, ° ‘orpin » de véronique , oe one de petite centaurée, Polgnee. de millefeuille, de tabac, 266 ‘Matiere Médicale. de pilotelle , V de cha de menthe ook aque | dhiffope, ? § une poignée. ' de vin, vingt-quatre livres. Broyez & coupez les herbes : puis verfez le vin def- fus : mettez le mélange en digeftion 4 une chaleur égale & celle du fumier de cheval : laiffez-le pendant trois jours: enfuice diftillez dans un alembic & une chaleur modérée. Cette eau célebre eft trés-eftimée depuis quelque tems , comme fort utile dans les cas ott Ie fang eft coa- gulé & extravalé, & pour réfoudre les tumeurs qui s’é- Tevent fur les fractures & fur les luxations , pour empé- cher le progrés des gangrenes, déterger & cicatrifer les plaies, particulierement celles des armes 4 feu. M. Lemery s’eft donné la peine de faire un traité fur Teau d’arquebu‘’ade ; il examine les vertus de chaque plante en particulier ; & il prétend que cette eau les réunit toutes ; mais cet habile Chimifte s'eft trompé ; ear la vertu de Ja plipart de ces ingrédiens fuppofé qu'elle fit aufi grande qu'il le dit , rélide dans des pare ties qui ne s’élevent pas dans la diftillation. . —_——— CHAPITRE VI. ‘Concentration des principes médicinaux des fucs, & des infufions des plantes par le moyen de Pévaporation. Loran tient expofés 4 une chalerr_ continue lee fucs végStaux & Jes décodions ou infufions aqueu- fes ou fpiritueufes , le fluide s’évapore par degrés, em- porte avec lui les matieres volatiles dont il eftimprégné, & laiffe les parties ies plus fixes réunies en une maffe. On a expofé dans le chapitre précédent les moyens de recueillir les principes volatils qui s'‘exhalent avec ls Congentration des parties médicinales, &c. 267 Aiaide. Oo trouveca dans celur-ci les procédés qu'il faut fuivre pour réunir & concentrer les matieres fixes. La maffe qui refte aprés I'évaporation du fac exprimé d'une ante, s'appelle fuc épaifi. Lorfqu’on a employ¢ pour la diflolution du végétal des décodtions ou intutions aqneufes , la maffe qui refte aprés I’évaporation , fe nomme un extrait ; fi cette maffe eft le produit dune teinture fpiritueufe, on lui donne le nom de refine ou . extrait effentiel, Le terme extrait s'emploie encore fré= quemment comme un nom générique , pour détigner lee trois efpeces de fucs conceutrés. Les fucs épaifhs & les Sco Xtions aqueules, mais principalement les premieres, recoivent les noms de rvb ou fapa , lovique par I'évapo- ration on ne leur a fait prendre que la conliftance dhuile ou de miel; & on appelle baume les teintures [piritucue fes réduites 4 une contiftance femblable. SECTION PREMIERE, Sucs ou Jus epaiffis. Nous avons déja expofé, dans le chapitre fecond, les epératioas relatives 4 l’expreffion des fucs de plantes , ainfi que les meilleurs moyens pour Jes conterver dans leur état liquide ; 8& nous y avons traité en général des fubftances dont les principes actifs ou les vertus reftent ou ne reftent pas dans leurs fucs. Dans les procédés pour l’épainiffement des fucs , il faut confidérer encore Ja volatilicé ou la fixité de leurs principes actifs & mé- dicinaux. Si une plante perd fa vertu ou une partie de fa vertu par le defféchement , il eft évident que le fuc ex- rimé doit auffi perdre beaucoup , fi on le fait épaiflie jufqu’a la déliccation, quelque douce que foit Ja cha- Teur que l'on emploie pour procurer I’épaifliffement. Il faut encore obferver qu'il y a des facs dont les parties médicinales fe cigirent fi parfaitement dans les fluides aqueax , quelles HP trouvent méme aprés qu’ona éclair- ci ces liqueurs, foit en les filtrant , foit en les laiffans dépofer. Les parties médicinales de plofieurs autres + Plantes ne font pas proprement diffoutes dans les men= 268 Matiere, Médicate, : firues aqueux : elles n’y font que répandues , foutenues; de Ja méme maniere que les parties féculentes , & elles fe (Eparent en fe précipitant ous’élevant a la furface , dés gue la liqueur eff en repos. Rob de baies de Sureau, Rob baccarum Sambucie Ph. de, Londres. Prenez du fuc de baies de fureau dépuré comme convient : enfuite faites-le épaiffir en Texpofant & une chaleur douce, Ph. d’Edimbourg. Prenez quatre livres de fuc de baies de fureau mires, | & une demiclivre de fucre blanc: mélez: mettez le mé- lange en évaporation 4 une chaleur douce ou au bain- marie, & qu'il y relte jufqu’a ce quil ait acquis la con- fiftance de miel. Cette préparation, foit qu’on Ia faffe avec du fucre, ou fans fucre , fe garde bien, & devient un médicament trés employé & utile, comme apéritif, qui en général excite & favorife les {écrétions naturelles par les felles, les urines & les fueurs. Sa dofe eft depuis un gros jul- qua deux, ou méme une once ou plus. Une cuillerée le ce rob délayée dans de l'eau, eft un bon remede con- ig les rhumes ordinaires , étant prife Yheure du cou- cher. Suc de Prunes fauvages , ou Suc d’Acacia f Allemagne y Succus Prunorum filveftrium five Acacia Germanica, Ph. d’Edimbourg. Prenez telle quantité que vous fouhaiterez de fuc de prunes fauvages ou prunelles, qui ne foient pas mires : faives le épaiffir en l’expofant 4 un fey doux. Ce fuc doit s'épaiffir prefque ju(qWe éere fec ; mais il faut prendre garde qu'il ne brule , ainfi qu'on l’a ree commandé dans la feétion fuivante , en expofant la ma- nicre de faire les extraits avec l’eay. Cette fubftance a Sucs ou Jus épaiffis: 269 ‘ane aftriction modérément forte , femblable 4 laftri@ion de I'acacia d’Egypyg , auquel on le fubftitue trés fouvent dans le commerce. Voyez tome I. page 175. On donne ce fuc de prunelles dans les flux de ventre & autres ma- fadies qui demandent des remedes aftringens. La dofe eft depuis un fcrupule jufqu’a un gros. Extrait de Plantain, Extraum Plantaginis: Ph. d’Edimbourg. Prenez telfe quantité que vous fouhaiterez de fac de’ feuilles de plantain qui aura été dépuré, ou en Ie laiflang dépofer & décantant enfuite la liqueur qui eft clatre, ou en le filtrant , ou en Je clarifiant avec du blanc d’ceuf : . enfuite faites évaporer ce fuc a la chaleur du bain de fable, jufqu’a ce qu'il ait acquis la confiftance de miel. On fuivra le méme procédé pour préparer les extraita de taus les fucs végétaux acides , rafraichiffans , & ftyp- tiques ou aftringens. Cette méthode particuliere de traiter les végétaux pour en avoir le fuc épaiffi: eft peu ulitée ; cependant fi on Ia fuivoit comme il convient , elle donneroit des mé- dicamens trés-adifs. On connoit nombre de végéraux communs & négligés , tels que le plantain, le mouron y le cerfeuil, 8c. dont la fubftance entiere & les fucs 5 Jor{qu’ils font dans I’état de fluidité , femblent étre tout- 2-fait inutiles ; cependant Iorfque leur fuc eft bien privé de fa matiere féculente , & concentré par l'évaporation du fluide, il donne un extrait, auquel le gott dé- couvre une action marquée. Si ces extraits , de méme que ceux qui fe préparent avec les fucs de la plipart des fruits d’été, ont été Epaiffis jufqu’a la defficcation s ils perdent leur fécherefle en prenant Thumidité de Vatmofphere. . : Extrait de Cigué, Extractum Cicutz. Prenez des feuilles fratches de cigué recueillies ims médiatement avant que la plante commence a fleurir, ce qui arrive pour Vordinaire en Juillet ou vers la fin diy 170 Matiere Médicalé, 7 mois de Juin : exprimez le jus; enfuite, & 5 fans fa¥ donner le tems de dépofer , mettezgfe dans un vaiffeaa de terre verniffée fur un feu trés-doax; & pour empé- cher que ce fuc ne brile , remuez-le continuellement 5 julqu’a ce qu'il fe foit form& une mafle épaiffe & d'un brun verdatre. On forme des pilules de cet extrait de cigué en le mélant avec une fuffifante quantité de la poudie des feuilles feches de la méme plante. . Telle eft la préparation de cigué publiée depuis quel- ques années 4 Vienne par M. Storck, qui la recom- mande comme un réfolutif, un fondant trés puiflant, & qui réuffit dans plulieurs maladies opiniatres ot les re- ‘medes ufités font fans fuccés ; il avertit qu'il faut tou- jours commencer l’ufage de ce remede par de petites dofes ; il con‘eille d’en prendre deux fois le jour 5 deux grains en une pilule, d’augmenter enfuite la dofe pat “degrés , juiqu’a en donner deux, trois , ou méme qua- tre gros par jour, & de continuer cette quantité pen- dant plutieurs temaines. Cé Praticien aflure que loft eut uler avec fécurité de I'extrait de cigué dans l'en- Eance, dans la vieillefle & dans l'état de groffeffe ; qué ce médicament n’accélere ni ne trouble la circulation s ‘n’échauffe ni ne rafraichic fenliblement , n'affecte nulle- ment les fonétions animales ; qu'il augmente les fécré- tions & entretient la bouche humide ; qu'il purge rares ment ; quil arrive trés-peu qu'il fafle vomir ; quill augmente quelquefois la tranfpiration ; qu'il produit fou- vent un écoulement abondant d’une yrine vilqueufe, mais que chez beaucoup de malades il n’augmente pas les Evacuations (enlibles ; qu'il diffipe les obftrudtions & leurs effets ; qu'il foulage les douleurs de rhumatife 5 quoique tiés anciennes; quil réfout les tumeurs fquir- rheufes, foit internes {cit externes ; qu'il guérit des hydropifies & des confomptions dépendantes de (quir- rofités; qu'il détruit fouvent les catara&es ou arréte leurs progrés; qu'il a quelquefois guéri la goutte {e- reine ; que les éruptions cutanées invétérées y les galles ala téte, les ulceres malins, les cancers » les fleurs blanches malignes » la gonorrhée ancienne , les reftes Ppinidtres & rébelles des maladies vénériennes, & los Sucs ou Jus epaiffis, 27% ‘earies des os cedent en général a l'ulage de ce remede ; que prefque toujours il eft néceffaire de continuer ce meédicament pendant un tems confidérable avant que la eure foit faite, ou du moins qu’on en ait reffenti de grands avantages ; que dans quelques cas il ne procare aucun foulagement, & méme qu'il y a quelques per- fonnes qui ne peuvent fupporter fes effets, par con{é- quent qu'il doit y avoir dans les tempéramens quelque différence cachée , dont on ne connoit pas encore de fignes diagnoftics; & que, quoiqu’il ne foit pas plus infaillible que les autres médicamens dans Jeurs vertus Particulieres , cependant le grand nombre de cas fa- * cheux que ce remede a guéris trés heurenfement , eft bien {utfifant pour qu’on toit en droit de recommander d’en faire de nouveaux effais. L’efficacité de ce remede eft confirmée par beaucoup de Médecins , quoiqu’il y en ait d'autres auxquels ces épreuves n’aient pas anffi- bien réuffi. Peut-étre le fuccés dépend-il du tems ou les plantes ont été cueillies, & dela maniere dont l’extrait aété préparé. M. Storck lui-méme a rapporté quelques fautes commifes a cet égard: les uns ont laiffé la plante en tas pendant plutieurs jours, & durant ce tems une artie de la plante a féché , une autre partie a pourri, le fuc eft devenu vilqueux & mucilagineux ; d’autres ont pris a la fois une trés-grande quantité de fuc, & l’ont fait bouillir 4 grand feu dans des vaiffeaux de cuivre ; par ce procédé il s’eft répandu une odeur fétide confi- dérable, 4 une grande diltance : ce qui prouve qu’une partie des principes, fans doute efficaces, fe font diffi- pés ; d'autres ont pris un foin particulier de clarifier le jus de cigué, & ont, par ce moyen, obtenu un extrait noir, épais, tenace , qui n’avoit qu'une petite portion de lodeur (pécifique de la plante ; au lieu que I'extrait préparé fuivant la formule ci-deffus, elt d'un bran ver- datre & d’une odeur trés-délagréable , approchant de Yodeur de fouris. Mais quoiqu'il y ait lieu de croire que beaucoup de lextrait qu’on a employé, a été mal pré- paré , nous ne pouvons nullement dire que c’eft cette eaufe qui a toujours empéché fes fuccés ; car dans les @as mémes ou ces exrraits n'ont pas réufli, il y ena plu- 272 ‘Maticre Médicale. fieurs qai prouvent qu’ils avoient affez d'ativité, mémea en petite dofe , pour produire des fymptémes effrayanss Suc ou Extrait de Concombre fauvage, Elaterium. Ph. de Londres. Faites des incifions fur des concombres fauvages mirs: exprimez-les trés-légérement : paflez ce fuc par un trés- fin tamis de crin : recevez la colature dans un vaiffeau de terre vernitiée : laiffez-le en repos pendant quelques heures ; jufqu’a ce que les parties les plus groflieres {¢ foient précipitées : decantez le fuc qui s’eft éclairci, & filtrez ce qui refte de fluide : couvrez d'une toile la par- tie la plus grofiere » & expofez-la au foleil ou a quel- que autre chaleur modérée , jufqu’a ce qu'elle foit par- faitement defféchée. . On a dans cette préparation d’élaterium un exemple de la (éparation {pontange complette des principes adifs ou médicinanx du fuc d'une plante par le feul repos de da liqueur pendant quelque tems , {éparation que l'on a vo ne fe faire qu’en partie dans le procédé précédent. La méthode qu'on a fuivie pour le fuc de concombre » eft celle qu'il convient d’employer pour la préparation des fucs de divers autres végétaux , tels que ceux de racine d’arum ; de racine d'iris & de racine de bryone. Ces fortes de médicamens préparés fe nomment pour Vordinaire fécules, fecule. La filtration confeillée ci- deflus pour avoir les parties fluides qu’on ne peut pas setirer en décantant la liqueur, n’eft pas celle qui fe fait avec le papier ; car elle ne réuffiroit pas ici; les parties roffieres de ce fue exprimé fe précipitant prompte- ment, forment fur le papier un lit épais, vifqueux y que fe refte de la liqueur ne peut traverfer. Cette {éparation doit fe faire d'une autre maniere , & de facon que cé foit Ia partie fupérieure du fluide qui s’écoule : ce qui fe fait en mettant tremper dans ce fuc une des extré- mités d'une bande de drap de laine, un écheveau dé coton ou de fil, & laiffant l'autre bout renverfé & pen- dant fur le bord du vaiffeau , de maniere qu'il defcende plus bas que la furface de Ja liqueur; par 14 on réuffit trés- Sucs ou Jus épaiffis. 273 tr&s-bien A faire la (éparation de la partie la plus fuide du fuc des plantes. . Ph. d’'Edimbourg. Prenez des concombres fauvages , avant qu’ils foient parfaitement mirs : faites-y des incifions : recevez le fac qui en fort naturellement : laiffez _dépofer ce fuc : decantez la partie la plus fluide : & fans aucune autre ‘préparation, expofez le réfidu A la chaleur du foleil, jafqu’a ce quill foit fufffamment féché. , Le fuc des concombres fauvages qui ne font pas en- core mirs y opere y dit-on , avec plus de force que celui des fruits murs. L’elaterium préparé fuivant les formules précédentes, ne differe peut-étre pas autant par le de- gré de maturité du fac, que par la maniere de l’expri- mer. Pour l'une & l'autre, il faut prendre le fruit ime médiatement avant qu'il foit & un tel degré de maturité, quill s’ouvre en le touchant & répande fon jus. Si on exprimoit les fruits , le fuc feroit exceffivement doux y parce qu'il fortiroit avec lui une fubftance pulpeufe & fans _adtion, ce qui rendroit les vertus de !'elaserium trés-inconftantes , parce qu’elles dépendroient de la pro- portion dans laquelle le fuc a@if & les parties mucilagi- neufes feroient mélés , ce qui forme un inconvénient qu'il eft important d’éviter dans un médicament qui agit auffi vivement, & que I’on n’ordonne qu’a petite dofe. L’ela-- terium eft un cathartique puiffant & irritant : il opere auf affez fouvent comme émétique. On ne doit jamais le prefcire qu’aux conftitutions phlegmatiques, pituiteufes, peu fenfibles , comme dans les hydropifies » pour fa cure defquelles plufieurs Praticiens l’ont recommandé fpécia- Jement. En général, deux ou trois grains d’élatetiugy font une dofe fuffifante. ° % oe is Tome It, $s 274 . Matiere Médicale, SECTION IL Extraits faits avec Cean. Pour faire ces extraits , on met bouillir le fujet dans feau ; on paffe la décoction , & on fait évaporer la co- lature , jufqu’a ce qu'elle ait acquis le degré de confiftan- ce qui fe donne a ces préparations. En fuivant ce procédé , on aune portion des principes les plus actifs des plantes, & cette portion eft débar- raffée des matieres inutiles , indiffolubles, terreufes , qui font la plus grande partie de leur volume. Toutes les plantes ne font pas également propres a étre traitées de cette maniere, les unes donnant dans l’eau tous leurs prin- cipes adifs , lesautres n’en donnant que fort peu, ou mé- me point du tout. Les parties dans lefquelles réfident la faveur douce, l’amertume, l’aftriGion, les qualités émol- lientes, vifqueufes , rafraichiffantes', font prefque toutes extraites en entier par l'eau bouillante , & I'évaporation nien giffipe prefque aucune, au liew que les principes qui contiennent l’odeur particuliere , le goat & la qualité aromatique , ou ne font point du tout extraits par l'eau feule , ou ils s’évaporent avec le menftrue , par exem- ple la racine de gentiane , qui n'a prefque que de l'amer- tume, donne un extrait qui, fous un petit volume, poffede tout le gotit & les vertus de cette racine. L’ab- fynthe , quia des principes échauffans, irritans , & une odeur forte , jointe 4 une amertume confidérable , perd fa qualité échauffante & fon odeur dans I’évaporation & donne un extrait qui ne differe pas beaucoup du pré cédent. La qualité aromatique de la canelle fe difipe, ‘fi orrtraite cette écorce felon la méthode dont il s'agit iciy & il ne refte & fon extraiggue l'aftriGtion. Si on fait l’ex- trait des fleurs de lavand&& de romarin par l'eau , il n’a tien ni du gott, ni de lodeur, ni des vertus des fleurs, Extraits faits avec Peau; 295 Regles générales pour faire les extraits avec Veau, I. Tl eft égal pour Ja vertu du médicament que le fujet dont on prépare extrait, foit frais ou fec, puifqu’on ne veut rien conferver dans ce procédé de ce qui fe perd par la defficcation. Quant & Ia facilité de faire l'extraity ily a une différence trés confidérable entre ces deux €tats ; en général les végétaux donnent leurs principes actifs plus facilement lorfqu'ils font modérément fecs » que quand ils font frais... Il Les fubftances végétales feches, qui font trés-coms pactes ou dures , doivent étre réduites en parties extré+ ee petites , avant que l'on verfe le menftrue fur . elles. “IIL Tine faut pas employer une quantité d'eau plus confi- dérable que celle qui eft néceflaire pour extraire les principes actifs des plantes. Si l’on fetrompe 4 cet égard » cette erreur occafionnera fouvent des différences dans la qualité du produit. En effet plus il y ade liqueur, & plus il faudra la tenir long-tems fur le feu pour l’évaporer » par conféquent plus il y aura de parties volatiles de diffi- pées. La chaleur de longue durée caufe également une altération confidérable dans les matieres qui ne font pas volatiles. Les fubftances douces foulevent I’eftomac » lorfqu’elles ont bouilli long-tems avec de l'eau, & les purgatifs violens perdent une partie de leur action, quoiqu’on ne remarque pas dans ces différens cas qu'il fe foit difipé une portion fenfible de leurs parties. Tv. Tl faut faire la dépuration des decodtiong en paffant : ij 296 ‘Matieré Médicale. ces liqueurs au blanchet, mais feulement aprés qu’onles a laiffées un’ ou deux jours en repos, & qu'elles ont dépofé , comme il arrive pour Yordinaire , leurs parties les plus groffieres. Si l'on fait bouillir un peu la liqueur qui étoit claire lorfqu’on I'a décantée, & qu'on la laiffe refroidir , elle donnera un nouveau {édiment, dont on pourra la {éparer par la décantation y avant que de pro- céder a finir "Evaporation. Les décoétions des fubftances fort rétineufes ne doivent pas étre traitées de cette ma- niere, qui leur feroit nuifible ; car la réfine fe précipite- roit avec les parties inutiles. V.. L’évaporation fe fait plus commodément dans des vaiffeaux larges qui ont trés-peu de profondeur ; plus Ja liqueur préfente de furface , & plutét les parties aqueufes s’évaporent. L’agitation de la liqueur favorife auffi fon évaporation, VI Lorfque la matiere commence 4 devenir épaiffe, il faut bien prendre garde qu'elle ne brile. Cet accident eft prefque thévitable quand il y a beaucoup de liqueur, & que le feu eft appliqué, comme a Vordinaire , fous le vaiffeau 4 évaporer ; mais on peut prévenir cet accident, n ne continuant pas I’évaporation 4 la maniere ordinai- te, dés que fa liqueur a la confiftance d'un firop ; pour lors on doit verfer cette matiere dans un vafe d’é- tain qui foit plat , ou dans des vaiffeaux de terre plats, que l'on met dans un four ouvert & modérément chaud; cette chaleur agiflant également fur chaque partie du liquide , le réduira bien-tét au degré de confiftance oi on le fouhaite. On peut faire la méme évaporation , & avec encore moins de rifque de briler l’extrait, au moyen du bain-marie, en mettant le vaiffeau 4 évaporer dans de l'eau bouillante ; mais de cette maniere l'évapora- tion eft extrémement lente & ennuyeufe. Extraits faits avec Peavs 477, VIL ‘On arrofera les extraits avec un peu d’efprit-de-vin pour les empécher de moifir. PA. de Londres. Il faut les conferver dans des veffies humectées d’huile douce. PA, @ Edimbourg. Extrait ¢ Abfynthe » Extra&tum Abfynthii. h. d’Edimbourg. Prenez des feuilles feches d’abfynthe commune : fai- tes-les bouillir dans de l’eau : remettez de nouvelle eau , s'il eft néceffaire , jufqu’a ce que tous les principes actifs de la plante foient paffés dans l'eau: filtrez la Cécodtion par un blanchet , & mettez la colature évaporer au bain de fable, jufqu’a ce qu'elle ait acquis la confiftance du miel. Cet extrait ne conferve des qualités de l’abfynthe que Yamertume,, l’odeur particuliere de la plante fe diffipant dans I'évaporation. Pour l’ordinaire , on prépate I’extrait dabfynthe avec la décodtion qui refte dans la cucurbite aprés qu’dn a retiré Phuile effentielle d’abfynthe par la diftillation , pourvu cependant que l’alembic ait été par- faitement nettoyé , & que la liqueur n'y foit pas reftée fong-tems aprésla diftillation. Cette économie n’eft point a méprifer; dailleurs, foir que Yon recueille la vapeur qui s‘éleve , foitqu’on Ja laiffe fe dif iper dans l’aim, l’ex- ‘trait que on a eft de la méme nature. Extrait de petite Centaurée , Extractam Centaurii minoris. Ph. d'Edimbourg. On doit fe conduire , dans fa préparation de cet ex- trait , de la méme maniere que pour faire l’extrait pré- cédent. L’extrait de petite centaurée eft le plus ancien que nous connoiffions. Sa préparation eft décrite avec beaucoup d’exactitude & de détail dans un livre qu'on attribue communément a Galien, & qui eft intitulé , de la vertu de la centaurée, L’ Auteur du traité ae iij 278 Matiere Médicale, Yextrait de cette plante comme un médicament extrémes ment utile dans bien des cas ; il parle de la centaurée comme d'un [pécifique contre la morfure des chiens en ragés & autres animaux venimeux. Cet extrait eft cer- tainement un amer falutaire, qui a les vertus générales des fubftances de cette clafle ; mais on ne doit pas pré- tendre qu'il en ait d'autres. Extrait de Camomilley Extradum Chamemeli. Ph. d’Edimbourg. Eet extrait fe prépare-avec les fleurs de camomille , de la méme mamiere qu’on. prépare les deux extraits précédens avec les feuilles de leurs plantes. Celui-ci ne differe pas beaucoup des précédens en qualité, !odeur. fpécifique de lacamomille fe diffipant dans !’évaporation. On prépare pour Vordinaire cet extrait de camomille comme celui d'abfynthe , avec Ja décodtion qui refte aprés la diftillation de I’huile-effentielle de camomille. Extiait @ Aulace, Extractum Enule Campane, Ph. de Londres, * Faites bouillir dans de l'eau les-racines d’'aulnée : ex- primez & paffez la décoétion : laiflez la colature en re- pos un tems futhfant pour qu'elle dépofe : décantez la fiqueur qui elt claire 5 & faites-la bouillir jufqu’a ce qu’qlle ait acquis la confiftance d’une maffe de pilules, en prenant bien garde , vers la fin de Yopération , que- Textrait ne foit bralé par les parois du vaiffeau. Cet extrait retient une partie confidérable des vertus dela racine d’aulnée ; fa faveur eft un peu chaude, Acre, 8 aune amertume qui n’elt pas défagréable. On en donne depuis un (crupule jufqu’a un gros, dans l'état de rela- chement des fibres de l’eftomac , & dans quelques ma- ladies de la poitrine. Extrait de Gentiane , Extratam Gentian. Ph, de Londres & d’Edimbourg. Cet extrait fe prépare avec les racines de gentiane s Exraits faits avec Ueau, 279 en fuivant le méme procédé que pour avoir les extraits précédens. Il eft d'un brun rougedtre, &.a une crés- vive amertume , cette fubftance étant un des plus forts amers du regne végétal, : Extrait de Reégliffe , Extratum Glycyrrhize. hh. de Londres. Faites bouillir 1égérement , dans de l'eau , des racines de régliffe récente : paflez la décoction, & exprimez: laifTez la colature en repos ; & aprés que les parties groftieres feront précipitées, faites la évaporer julqu’a ce qu'elle ne s'attache plus aux doigts, ayant foin, vers la fin de l’opération, de l’empécher de briler & de prendre une odeur empyreumatique. Il ef a-propos de couper la racine tranfverfalement en petits morceaux , avant de la faire bouillir, afin quwelle communique fes vertus plus facilement par une légere cottion. Si on la fait bouillir pendant long- tems , la faveur douce & agréable qui fait eftimer cette prépa- ration, fe perd en partie. Par la méme raifon, il ne faut pas employer plus d’eau qu'il n’e(t abfolument néceffaize pour extraire Jes vertus de la racine ; deux livres, ou tout au plus trois livres , fusiront pour une livre de ré- gliife. Il (eroit trés-avantageux pour la préparation , & probablement ( lorfqu’on en fait une quantité ) moins difpendieux pour I’artifte d’employer , au lieu de la dé- coLtion, le jus de régliffe méme exprimé entre des ci- lindres de fer, de la méme maniere qu’on le pratique dans I’Amérique pour tirer le jus des cannes & fucre. L’Angleterre étoit fournie autrefois d’extrait de ré- gliffe , foit par I'Efpagne, foit par d'autres pays étrane gers; mais aujourd'hui on le trouve rarement parfait dans le commerce. Ceux qui font cette drogue tant en Angleterre que chez \'étranger , font extrémement mal-adroits 4 la préparer, ou bien ils y mélent exprés du fable & d’autres corps hétérogenes. L’extrait fait avec foin eft extrémement doux, fans amertume , ni rien de dégotitant. Il eft plus agréable que Ja racine elle-m3- me; ilaune odeur gracleule: ii eft d’un oo rougedtres : iv 280 ‘Matiere Medicale. & d'une couleur d'or brillante , quand on I’étend en for3 me de fil; il fe diffout totalement dans l'eau fans rien dépofer. Cette préparation feroit d’un ufage plus fréquent en Médecine, fi on la gardoit d’une confiftance un peu plus molle que celle d’un extrait. Le feul inconvénient a !’a- voir molle , c’eft quelle eft fujette & moifir au bout de peu de tems. On pourroit 4 la vérité prévenir cet incon- vénient, en y mélant une petite quantité d'efprie-de-vin. Extrait P Hellebore noir, Extractum Hellebori nigri. Ph, de Londres & d’Edimbourg. Cet extrait fe prépare avec les racines de l'hellebore noir de la méme maniere que!’extrait de racine d’aulnée décrit ci-deffus; il purge avec beaucoup moins de vio- lence que I'hellebore en fubftance , & il paroit une des meilleures préparations de cette racine, lorfqu’on ne veut l’employer que comme purgatif. La dofe eft de huit ou dix grains ju(qu’a quinze ou davantage. Extrait de bois de Campéche, Extrattum ligni Campe- E chenfis. - Ph. de Londres. Prenez du bois de campéche réduit en poudre, une livre. Faites-le bouillir dans huit livres d’eau, jufqu’a ce que la moitié de la liqueur foit confommée , faites bouillir le méme bois avec de nouvelle eau jufqu’a quatre fois ou davantage ; les différentes décoctions doivent étre mélées enfemble, paffées par un blanchet » & éva- porées & une conliftance convenable. Ce bois ne Jaiffe paffer que fort difficilement fes principes a@ifs dans les menftrues aqueux : c’eft ce qui oblige 4 le mettre en poudre extrémement fine. Le Dif- penfaire d’Edimbourg prefcrit d’employer l’efpric-de-vin or faciliter cette opération. Voyex la fection fuivante. Lrextrait de bois de campéche a été employé pendant un tems confidérable dans les hépitaux Anglois ; mais il eft introduit nouvellement dans le Difpenfaire du . . Extraits faits avec l'eau. 285 College des Medecins de Londres. Il a une faveur douce & agréable , avec un peu d’aftriction: e’eft ce qui le rend falutaire dans les diarrhées , pour émouffer facrimonie des humeurs, & refferrer légérement les in- teftins & les orifices des petits vaiffeaux ; on peut en donner depuis un fcrupule jufqu’a un demi- gros, & le réitérer cing ou fix fois par jour avec avantage. Durant Yufage de ce médicament il arrive fouvent que les felles * font teintes en rouge , ce qui a épouvanté quelques ma- lades, qui croyoient que cette couleur venoit du fang; c’eft pourquoi quand on prefcrit cet extrait , il faut aver- tir le malade de fon effet. Extrait mou de Quinquina y Extrait dur' de Quinquinay Extra@um corticis Peruviani moile & durum. Ph. de Londres. Faites bouillir une livre de quinquina pulvérifé dans cing.ou fix pintes d’eau , pendant une heure ou deux: décantez la liqueur : elle eft rouge & tranfparente pen- dant qu’elle eft chaude, mais en refroidiffant elle de- vient jaune & trouble. On met I’écorce qui refte , bouil- fir de nouveau dans la méme quantité d’eau qu’aupara- vant » & ce procédé doit étre répété jufqu’a ce que la décodion foit tranfparente quand elle eft froide. Toutes les décoétions étant paffées & mélées enfemble , doi- vent étre évaporées fur un feu trés-doux, jufqu’a une confiftance convenable , en prenant toujours foin que Vextrait ne brile pas. Les Apothicaires font obligés d’a- voir cet extrait fous une forme molle , & fous une for- me dure; la premiere a la confiftance convenable pour = des pilules, & l'autre eft propre 4 étre réduite en poudre. Le quinquina eft une fubftance réfineufe ; Ia réfine fe fond par Ja chaleur; mais elle ne fe diffout pas parfaite- ment dans l’eau ; d’ow il arrive que quand celle-ci fe tefroidit, la réfine rend la liqueur trouble, & fe pré- cipite en partie , ce que l’on voit évidemment quand on met de ce fédiment dans l’efprit-de-vin. Voyez ce qui eft dit far ce fujet y tom. I. pag. 376. 282 Matiere Médicale. Cet extrait peut fe préparer plus avantageufement en employant de I'efprit-de vin , & fuivant le procédé coneillé pour faire l’extrait de jalap ; c'eft cette méthode que prefcrit le College des Médecins d’Edimbourg; mais, comme le Comité des Médecins de Londres I’a obfervé, les liqueurs fpiritueufes qu’on emploie commu- nément parmi nous dans cette préparation, ont un pea de mauvaife odeur. Celle-ci eft fortement unie a la partie phlegmatique de l’efprit-de-vin; & ce phlegme étant la derniere partie qui s’évapore communique fa mauvaife odeur a l’extrait , circonftance fort importante» puifque ce médicament eft deftiné pour les perfonnes dont l’efto- mac fe trouve fi foible, qu’il ne fcauroit fupporter une quantité convenable de quinquina en fubftance. Dix ou douze grains de l’extrait dur de quinquina font, pout les effets , équivalans & environ un demi-gros de quin- quina en fubftance. Extrait mou de bois de Gayac, Extrait dur de bois de Gayac, Extratum ligni Guaiaci molle & durum. Ph, de Londres. Faites bouillir une livre de coupeaux de gayac dans huit livres d’ean , ju(qu’a ce que la Mnoitié de la liqueur foit évaporée : répétez la mame opération quatre fois ou davantage , avec de pareilles quantités de nouvelle eau. Toutes les différentes décoStions étant paffées par ua blanchet , doivent étre mélées & épaiffies enfemble ; lorfque les parties aqueufes font prefque toutes évapo- rées, on doit ajouter un peu d’efprit-de-vin rectifié , afin de réduire le tout en une maffe uniforme & ténace. Cet extrait doit étre préparé , comme le précédent » fous une forme dure, & fous une forme molle. Les parties réfineufes du bois , defquelles eau s‘et chargée dans l’ébullition , font fujettes a s'en féparer vers la fin de l'épaiffiffement : ce qui rend néceffaire d’a- jouter del'efprit-de-vin pour les conferver unies avec le refte de la matiere. Cet extrait a les mémes vertus qué le bois. Voyez tome I. page 304 Extraits faits avec Teau, 283 Extrait de Rue, Extratum Rute. Ph. de Londies. Cet extrait fe prépare avec les feuilles de rue de la méme maniere que l'on fait l'extrait de racine d’aulnée. Voyez le procédé ci-deffus. L’extrait de rue retient une artie conlidérable des pfincipes écl-auffans & irritans de ja rue ; car quoique les vertus principales de cette plante réfident dans l’huile eflentielle , cependant cette huile , comme on I’'a obfervé ci-deffus dans le chapitre de ces préparations, voyez tome If , melt pas d'une efpece trés-volatile. Extrait de Sabine, Extraétum Sabine. Ph.de Londres. " Cet extrait fe prépare avec les feuilles de fabine, en fuivant le méme procédé que pour faire, l'extrait précé- dent. Il.ne retient pas , autant que l’extrait de rue, des vertus de la fabine, Phuile de cette derniere plante étane plus volatile que celle de rue. Gomme & Réfine de P Alois, Gummi & Relina Alods, Ph. de Londres. Faites bouillir quatre onces de l'alo#s foccotrin dans deux livres d'eau, jufqu’a ce qu'il fe foit diflous aurant dialogs quil eft poffible. Si on laiffe repofer la diffolu- tion pendant une nuit , la réfine fe précipitera au fond du vaiffeau ; enluite la liqueur qui relle étant paffée , s'il eft néceflaire; elle fera évaporée , pour avoir la gomme quelle contient. La gomme de l'alods eft un peu moins purgative » & beaucoup moins délagréable que ne Veft le fuc naturel ou cra. Cette altération n’eft pas produite » comme on pourroit le croire , parla féparation de la réiine ; car la pure réline d’aloés eft encore moins défagréable & moins purgative que la gomme méme; quelques Auteurs vont jufqu’a lui refufer la vertu purgative, & d'autres. luk

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