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De

« Comment faites-vous ? »
à
‘How do you do ? ’

Cependant Amazan était déjà sur le chemin de la capitale d’Albion, dans son carrosse à six licornes, et
rêvait à sa princesse. Il aperçut un équipage versé dans un fossé ; les domestiques s’étaient écartés
pour aller chercher du secours ; le maître de l’équipage restait tranquillement dans sa voiture, ne
témoignant pas la plus légère impatience, et s’amusant à fumer (car on fumait alors). Il se nommait
milord What-then, ce qui signifie à peu près milord Qu’importe en la langue dans laquelle je traduis ces
mémoires.

Amazan se précipita pour lui rendre service ; il releva tout seul la voiture, tant sa force était supé-
rieure à celle des autres hommes. Milord Qu’importe se contenta de dire : « Voilà un homme bien
vigoureux. »

Des rustres du village, étant accourus, se mirent en colère de ce qu’on les avait fait venir inutilement,
et s’en prirent à l’étranger ; ils le menacèrent, en l’appelant chien d’étranger, et ils voulurent le battre.

Amazan en saisit deux de chaque main, et les jeta à vingt pas ; les autres le respectèrent, le saluèrent,
lui demandèrent pour boire : il leur donna plus d’argent qu’ils n’en avaient jamais vu. Milord Qu’im-
porte lui dit : « Je vous estime ; venez dîner avec moi dans ma maison de campagne, qui n’est qu’à trois
milles. » Il monta dans la voiture d’Amazan, parce que la sienne était dérangée par la secousse.

Après un quart d’heure de silence, il regarda un moment Amazan, et lui dit : « How d’ye do ? » à la
lettre, comment faites-vous faire ? et, dans la langue du traducteur, comment vous portez-vous ? ce qui ne
veut rien dire du tout en aucune langue ; puis il ajouta : « Vous avez là six jolies licornes ; » et il se
remit à fumer.

Le voyageur lui dit que ses licornes étaient à son service ; qu’il venait avec elles du pays des Ganga-
rides ; et il en prit occasion de lui parler de la princesse de Babylone et du fatal baiser qu’elle avait
donné au roi d’Égypte, à quoi l’autre ne répliqua rien du tout, se souciant très peu qu’il y eût dans le
monde un roi d’Égypte et une princesse de Babylone. Il fut encore un quart d’heure sans parler ; après
quoi il redemanda à son compagnon comment il faisait faire, et si on mangeait du bon roast-beef dans le
pays des Gangarides. Le voyageur lui répondit avec sa politesse ordinaire qu’on ne mangeait point ses
frères sur les bords du Gange. Il lui expliqua le système qui fut, après tant de siècles, celui de Pytha-
gore, de Porphyre, de Jamblique. Sur quoi milord s’endormit, et ne fit qu’un somme jusqu’à ce qu’on
fût arrivé à la maison.

Voltaire, La Princesse de Babylone (1768)

(Sans oublier my Lady Howd’ye, dans The Beaux’ Stratagem.)


I

Dans la vie de tous les jours, la formule ordinaire pour demander en ancien français à
quelqu’un comment il se portait, était « coment faites vous ? » ou bien « que faites vous ? ».

● Dialogue tiré de Berte aus grans piés (XIIIe siècle):


Dame, que fait mes peres, que Diex puist beneïr ?
— Fille, il le faisoit bien quant de lui dus partir.
Madame, comment va mon père, que Dieu puisse le bénir ?
— Ma fille, il se portait bien quand il a fallu que je m’éloigne de lui.

● Autre exemple, chez Froissart (dans l’édition de Buchon), où Isabelle de Valois


(fille de Charles VI et d’Isabeau de Bavière, épouse de Richard II d’Angleterre au moment
de l’épisode, en 1399) reçoit à Havering at the Bower deux émissaires de France :
Et demanda de son seigneur de père et de sa dame de mère comment ils le faisoient. Ils
répondirent : « Bien. »

II

Le calque de cette formule : ‘How do ye ?’ s’imposa en anglo-normand et en moyen anglais,


subsistant jusqu’en anglais de la Renaissance.

● Dans un mistère du XVe siècle, The Birth of Mary, Joachim s’adresse aux bergers qui
gardent ses troupeaux :
‘Ha how do ye, felas — how far ye & my bestys ?’
et ils lui répondent:
‘They be lusty & fayr, & grettly multiply — how do ye, mayster ?’

● De même, dans Two Noble Kinsmen, V, 2 (Fletcher et Shakespeare, 1634) :

Iaylor. [‘gaoler, jailer’]


Make curtsie, here your love comes.
Wooer.
Pretty soule
How doe ye ? that’s a fine maide, ther’s a curtsie.
Daughter.
Yours to command i’th’ way of honestie…
● Cette tournure s’est maintenue plus longtemps en Écosse ; voici un extrait de ballade
(John Anderson my jo, dont la version célèbre est l’œuvre de Robert Burns, mais il s’agit ici
d’une adaptation ancienne, brûlot dans les controverses religieuses) :
Man And how do ye, Cummer ? [‘cummer’ vient de « commère »]
And how hae ye thriven ?
And how many bairns hae ye ?
Woman Cummer, I hae seven.
Man Are they to your ain guidman ?
Woman Na, Cummer, na ;
For five of them were gotten
When he was awa.

III

En ancien français encore et couramment jusqu’à l’époque classique, le verbe faire connaît
un emploi que Littré (71o) définit ainsi : « Faire servant à remplacer un verbe qu’il faudrait
répéter, et prenant alors la signification de ce verbe » ; on parle de verbe suppléant, substitut
ou vicaire, ou encore de pro-verbe et de faire anaphorique (et j’en oublie).

« Nous ne commettons pas un si grand crime en tirant la barbe aux Olympiens, comme font
les petits enfants aux vieux grands-pères » Jules Lemaître, Impressions de théâtre, 1890

Exemple chez Commines, 1465 :


Tant fut demenée cette pratique [intrigue] de paix, que le roy [Louis XI] vint un matin par eau, jusque vis-
à-vis de notre ost, ayant largement de chevaux sur le bord de la rivière [la Seine]. En son bateau n’estoient
que quatre ou cinq personnes, sauf ceux qui tiroient […]. Les comtes de Charolois [Charles le Téméraire] et
de Saint-Pol estoient sur le bord de la rivière de leur costé, attendans ledit seigneur. Le roy demanda à
monseigneur de Charolois ces mots : « Mon frère [beau-frère], m’asseurez-vous ? [me garantissez-vous
ma sauvegarde ?] » car autresfois ledit comte avoit espousé sa sœur. Ledit comte luy respondit : « Mon-
seigneur, ouy, comme frère. » Je l’ouÿ ; aussy feirent assez [beaucoup] d’autres.

Introduit en anglais à l’imitation du français (voir le portrait du Squire par Chaucer : He


sleep namoore than dooth a nyghtyngale, il ne dormait pas plus que ne fait un rossignol →
pas plus qu’un rossignol), cet emploi y a été peu à peu systématisé :

● à côté de Know ye him ? sans do, Malory écrit sith ye know in certain, wherefore do ye
ask it me ? et aligne les deux constructions dans la même phrase :
Why say ye so ? said the queen, do you forthink yourself of your good deeds ? [avec tantôt
ye tantôt you en fonction de sujet]
● Malory encore fournit des exemples de do dans un énoncé négatif :
Fair knight, why smote ye down my shield ? For I will just with you, said Griflet. It is better
ye do not, said the knight…
Ah, Sir Bors, gentle knight, have mercy on us all, and suffer my lady to have her will : and if
ye do not, we must suffer death with our lady, for to fall down off this high tower.

IV

La formule ritualisée How do you do ?, qui a fini par prendre le sens correspondant à
l’usage français « enchanté (de faire votre connaissance) », cumule ainsi deux procédés
où les francophones ont bien du mal à reconnaître des emprunts anciens faits à leur
langue.

Moy, je suis cependant réduite à me deffendre


Des importunitez du fascheux Tisimandre
Qui tout le long du jour, malgré tous mes efforts,
Ne me quitte non plus que l’ombre fait le corps.

Ydalie, dans les Bergeries de Racan

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