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I. Biographie
III. L’oeuvre
Document 5 :
Puisque nous avons affaire à un processus dont chaque élément ne révèle ses véritables
caractéristiques et ses effets déterminants qu’à long terme, il est vain d’essayer d’apprécier
le rendement de ce système à un moment donné, mais on doit juger son rendement à travers
le temps, tel qu’il se déroule sur des dizaines ou des centaines d’années. (..)
Cependant, une telle hypothèse est précisément adoptée par les économistes qui (..)
acceptent les données d'une situation temporaire comme si elle n'était reliée ni à un passé,
ni à un avenir et ils s'imaginent avoir été au fond des choses dès lors qu'ils ont interprété le
comportement des firmes en appliquant, sur la base des données observées, le principe de la
maximisation du profit.
En d'autres termes, le problème généralement pris en considération est celui d'établir
comment le capitalisme gère les structures existantes, alors que le problème qui importe est
celui de découvrir comment il crée, puis détruit ces structures.
Source : Schumpeter op cité.
Questions :
- Quelle horizon les économistes néo-classiques prennent-ils en compte, quelles
conséquences cela a t’il sur la détermination des variables et sur la gestion de
l’entreprise ?
- Quel doit-être en réalité l’horizon à prendre en compte selon Schumpeter, pour quelles
raisons ?
Document 6 :
1° Fabrication d'un bien nouveau, c'est-à-dire encore non familier au cercle des
consommateurs ou d'une qualité nouvelle d'un bien.
2° Introduction d'une méthode de production nouvelle, c'est-à-dire pratiquement inconnue de
la branche intéressée de l'industrie; il n'est nullement nécessaire qu'elle repose sur une
découverte scientifiquement nouvelle et elle peut aussi résider dans de nouveaux procédés
commerciaux pour une marchandise.
3° Ouverture d'un débouché nouveau, c'est-à-dire d'un marché où jusqu'à présent la branche
intéressée de l'industrie du pays intéressé n'a pas encore été introduite, que ce marché ait
existé avant ou non.
4° Conquête d'une source nouvelle de matières premières ou de produits semi ouvrés; à
nouveau, peu importe qu'il faille créer cette source ou qu'elle ait existé antérieurement, qu'on
ne l'ait pas prise en considération ou qu'elle ait été tenue pour inaccessible.
5° Réalisation d'une nouvelle organisation, comme la création d'une situation de monopole
(par exemple la trustification) ou l'apparition brusque d'un monopole. »
Source J. Schumpeter, Théorie de l'évolution économique ( 1911), Traduction française, 1935
Questions :
- Définir et donner un exemple pour chaque forme d’innovation
Document 8 : 4 p 430 et
Le mouvement cyclique fondamental comprend deux phases : la prospérité et la récession.
· Pendant la première phase, l'économie s'écarte progressivement d'une position d'équilibre
initial qui correspond à l'équilibre stationnaire walrasien. Cette situation d'équilibre est
favorable aux innovations. En effet, alors que les inventions tiennent au progrès général des
connaissances et peuvent donc se développer de façon continue, les innovations ont
tendance à naître surtout. dans des conjonctures stables qui limitent "les risques d'échec. Au
fur et à mesure qu'elles se diffusent, par contre, il devient de plus en plus difficile de prévoir
l'évolution des coûts car les firmes se font concurrence pour acquérir les facteurs de
production ainsi que l'évolution des recettes (car l'augmentation de l'offre rend plus difficile
l'écoulement des produits). L'introduction des innovations devient donc de plus en plus
risquée et leur rythme se ralentira naturellement. Il en, résulte donc que les innovations ont
tendance à apparaître de façon cyclique, à se concentrer au voisinage de l'équilibre
économique, et ainsi à se constituer, comme dit Schumpeter. « en grappes ». Lorsqu'elles
aboutissent à des succès, les innovations suscitent des imitations. Les méthodes nouvelles
sont plagiées, éventuellement améliorées, et ce processus est d’autant plus rapide qu'il est
relativement aisé. Le marché du produit nouveau a été créé par l'entrepreneur innovateur; les
techniques nouvelles de production ou de gestion ont fait leur preuve. En somme, les
principales difficultés ont déjà été surmontées. Durant cette période de diffusion des
innovations se déroule la phase de prospérité du cycle. Celle-ci s'accompagne du
bouleversement des structures économiques. L'entrepreneur innovateur conquiert d'abord
des nouveaux marchés et encaisse des profits de monopole. Ces avantages initiaux risquent
d’être rapidement laminés par la concurrence des imitateurs. Par ailleurs les entreprises
innovantes se procurent les ressources nouvelles dont elles ont besoin en faisant monter leur
prix. Les firmes qui ne participent pas à ce mouvement général subiront à la fois cette hausse
des coûts et la chute de la demande induite par la nouvelle répartition des marchés. Des
gains apparaîtront donc ici ; des pertes se produiront ailleurs. Toute l'économie sera soumise
à un processus de « destruction créatrice » constitutif de cette phase d'expansion.
Cependant. insensiblement. l'économie passera dans la phase de récession. Les innovations
se sont maintenant généralisées e! la concurrence exerce pleinement ses effets. Les
avantages relatifs des entrepreneurs innovateurs complètement Disparu. Les techniques
nouvelles totalement maîtrisées, les équipements installés et rodés permettent d'alimenter
abondamment les nouveaux marchés, sur lesquels les prix auront tendance à baisser. Par
ailleurs.. les profits permettent de rembourser les crédits anciens tandis que la rareté des
innovations nouvelles limite la demande de crédits nouveaux. La masse monétaire a donc
tendance à se contracter, ce qui accentue la baisse des prix. Les faillites d'entreprises
marginales se multiplient : elles subissent à la fois la diminution de leur part de marché et la
déflation.
Quand ce processus aura atteint son terme, un nouvel équilibre macro-économique aura été
trouvé. Il diffère sans doute Quantitativement du précédent : le produit par tête a augmenté.
Mais surtout, que de changements structurels ! Les produits ne sont plus les mêmes, la
structure des prix relatifs a été bouleversée, des entreprises nouvelles ont prospéré, d'autres
ont disparu, les capitaux ont changé d'affectation. Les hommes ont changé d'emploi. Nu!
doute que. pour Schumpeter. ce sont l'ensemble de ces phénomènes qualitatifs qui constitue
l'essentiel
Source : D Martina, op. cité.
Questions :
- De quelle situation part Schumpeter ?
- Caractérisez chacune des deux phases du cycle.
- Pourquoi doit-on selon Schumpeter différencier l’invention de l’innovation, explicitez le
terme grappe d’innovations.
- Explicitez le dernier paragraphe du texte B.
Document 11 :
A:
Les caractéristiques de la fonction de chef sont : une manière spéciale de voir les choses, et
ce, non-pas tant grâce à l'intellect [...] que grâce à une volonté, à la capacité de saisir les
choses tout à fait précise et de les voir dans leur réalité, la capacité d'aller seul et de l'avant,
de ne pas sentir l'insécurité et la résistance comme des arguments contraires, enfin la faculté
d'agir sur autrui ....
La fonction d'inventeur ou de technicien en général, et celle de l'entrepreneur ne coïncident
pas (...). La tâche de chef est très spéciale : celui qui peut la résoudre n'a pas besoin d'être
sous d'autres rapports ni intelligent, ni intéressant, ni cultivé, ni d'occuper en aucun sens une
situation élevée » ; il peut même sembler ridicule dans les positions sociales où son succès
l'amène par la suite. Par son essence, mais aussi par son histoire (...), il est hors de son
bureau typiquement un parvenu, il est sans tradition, aussi est-il souvent incertain, il
s'adapte, anxieux, bref, il est tout sauf un chef. Il est le révolutionnaire de l'économie.
Source : JA Schumpeter, op. cité.
B:
Quelqu'un n'est, en principe, entrepreneur que s'il exécute de nouvelles combinaisons - aussi
perd-il ce caractère s'il continue ensuite d'exploiter selon un circuit l'entreprise créée - par
conséquent, il sera aussi rare de voir rester quelqu'un toujours un entrepreneur pendant des
dizaines d'années où il est dans sa pleine force que de trouver un homme d'affaires qui n'aura
jamais été un entrepreneur, ne serait-ce que très modestement : de même il arrive rarement
qu'un chercheur aille seulement d'exploit intellectuel en exploit intellectuel. ( … )
Être entrepreneur n'est pas une profession ni surtout, en règle générale, un état durable :
aussi les entrepreneurs sont-ils bien une classe au sens d'un groupe que le chercheur
constitue dans ses classifications, ils sont des agents économiques d'une espèce particulière
quoiqu'elle n'appartienne pas toujours aux mêmes individus, mais ils ne sont pas une classe
au sens du phénomène social que l'on a en vue quand on se reporte aux expressions «
formation des classes », « lutte des classes », etc. L'accomplissement de la fonction de
l'entrepreneur ne crée pas les éléments d'une classe pour l'entrepreneur heureux et les siens,
elle peut marquer une époque de son existence, former un style de vie, un système moral et
esthétique de valeurs.
Source : J.A.Schumpeter , La théorie de l’évolution économique ( 1912) , Dalloz , 1999
Questions :
- Présentez les caractéristiques de l’entrepreneur.
- Explicitez la dernière phrase du texte A
- Les entrepreneurs constituent-ils une classe ?
Document 12 :
Des gains impressionnants, beaucoup plus élevés qu'il n'aurait été nécessaire pour provoquer
tel ou tel effort spécifique, sont jetés en pâture à une faible minorité de gagnants, et, du
même coup, impriment une impulsion beaucoup plus puissante que ne l'aurait fait une
répartition plus égalitaire et plus « juste » à l'activité de la grande majorité des hommes
d'affaire qui, en retour de leurs initiatives, ne reçoivent qu'une rémunération très modeste,
sinon rien ou moins que rien, mais qui , néanmoins, s’évertuent au maximum parce qu’ils ont
les yeux constamment fixés sur les gros lots et surestiment leur chance de réussir aussi bien
que les gros gagnants. De même que les sanctions du système sont dirigées contre
l’incompétence. Mais, bien que les hommes non qualifiés et les méthodes désuètes soient
effectivement éliminées, parfois très rapidement, parfois après un sursis , la faillite menace
également ou même engloutit plus d'un homme capable et, par suite, ce risque immanent
tient en haleine tous les entrepreneurs et agit, à son tour, beaucoup plus efficacement que ne
le ferait un système de pénalités plus égalitaire et plus juste. Enfin le succès et l'échec en
affaires sont tous les deux idéalement objectifs. Ni l'un ni l'autre ne peuvent être contestés
Source : JA Schumpeter, op. cité.
Questions :
- Quelles sont les règles du jeu du capitalisme ?
- Montrez que ces règles sont les plus favorables à l’apparition d’entrepreneurs
dynamiques
- Comment pourriez vous caractérisez la conception de la réussite de Schumpeter ?
- Quels effets auraient pour lui l’introduction d’une politique plus égalitariste ?
Document 13 :2 p 329
Questions :
- A qui profitent surtout les innovations selon Schumpeter ?
Document 14 : 5 p 330
Questions :
- Pourquoi Schumpeter contexte-t-il l’hypothèse de concurrence parfaite ?
- Quelles sont les autres formes que prend la concurrence selon lui ?
- Comment al concurrence peut-elle être défavorable à l’innovation ?
Document 15 :
A:
Marx s’est trompé dans son pronostic des modalités d’effondrement de la société
capitaliste, mais il n’a pas eu tort de prédire qu’elle s’effondrerait finalement.
Source : Schumpeter, op cité.
B : 9 et 10 p 332
Questions :
- Schumpeter s’oppose-t-il à Marx sur l’avenir du capitalisme ?
- Comment Schumpeter explique-t-il l’effondrement de la société capitaliste ?
Document 16 : 1 p 333
Questions :
- En quoi les NTIC sont-elles à l’origine d’une nouvelle Révolution industrielle conformément à l’analyse de
Schumpeter ?
Document 18 : 4 p 334
Questions :
- Définissez précisément ce que l’auteur entend par cycle.
- Ces caractéristiques sont-elles vérifiées ?
- Quels arguments donne l’auteur pour justifier la première phrase du texte ?
Document 19 : 5 p 334
Questions :
- Quelles sont les caractéristiques des grandes entreprises défavorables à l’innovation ?
- Quelles sont les caractéristiques des petites entreprises favorables à l’innovation ?
Document 20 : 6 p 334
Questions :
- Quelles sont les caractéristiques des petites entreprises défavorables à l’innovation ?
- Quelles sont les caractéristiques des grandes entreprises favorables à l’innovation ?
Document 21 :
J.A. Schumpeter intègre les conditions d'apparition et de diffusion du progrès technique ;
toutefois, son orientation et sa nature sont déterminées de manière autonome. Il reste que le
caractère autonome du progrès technique peut être contesté. L'économiste suédois ].
Akerman a été un des premiers à le contester. Pour lui, le progrès technique est bien une des
forces motrices de l'évolution économique et sociale, mais "les inventions ne jaillissent pas
spontanément... Elles sont soumises à maintes conditions, dont les plus générales sont les
mobiles humains, l'ordre institutionnel régnant et l'état d'avancement des sciences de la
nature..." (...)
Le conflit social peut amener à une substitution massive du capital au travail, quels que
soient, par ailleurs, le prix du travail et le prix du capital. L'évolution des techniques et des
sciences n'est ainsi jamais parfaitement autonome ou parfaitement déterminée par, des choix
économiques rationnels. À chaque moment, les pistes que la science peut explorer, les
solutions techniques potentielles sont multiples et variées. Ce sont les rapports de force, les
emprises idéologiques, les conflits sociaux, les évolutions culturelles et idéologiques, qui
amènent un tri dans tous les possibles.
Source : Jm Albertini Et A Silem, comprendre les théories économiques, le seuil, 1991.
Questions :
- Comment Schumpeter explique-t-il l’apparition du progrès technique ?
- Quelle critique J Akerman émet-il à l’encontre de Schumpeter, cette critique vous parait-elle
justifiée ?
Document 22 :7 p 335 et
Si l'on arrêtait l'analyse à ce stade on pourrait conclure que la course aux brevets, en
multipliant les dépenses de R&D peut pousser les firmes à surinvestir dans la recherche par
rapport à optimum social. Cependant, le passage de l'innovation aux performances
économiques fait aussi apparaître des externalités positives. D'une part, le dépôt d'un brevet
dévoile aux concurrents la découverte de la firme et leur permet donc d'utiliser les acquis
correspondants pour développer leur propre politique d'innovation. L'externalité est donc
positive et c'est celle que privilégient, dans leur majorité, les spécialistes du changement
technique. D'autre part, lorsqu'une firme met sur le marché une innovation radicale (lorsque
Sony par exemple invente le walkman), cette percée ouvre un marché à toutes les firmes
imitatrices qui vont décliner cette innovation dans autant de produits. L'externalité est alors
clairement positive. Baisse des prix, croissance du marché de la productivité et de l’emploi
s’enchaînent pour définir un cercle vertueux de l’innovation. Pourquoi les gouvernements
interviennent-ils en règle générale pour peser sur les décisions de recherche et
développement et d'innovation des firmes? Précisément parce que le rendement social est
très généralement supérieur au rendement privé. (... ] II est clair que toutes les firmes n'ont
pas un égal accès au financement de l'innovation, les grandes étant privilégiées par rapport
aux PMI. [...] L'aversion au risque des agents privés, préjudiciable au dynamisme de
l'innovation, doit être compensée par la collectivité publique afin d'assurer une meilleure
décision pour l'ensemble de l'économie. De fait, dans la quasi-totalité des pays, les pouvoirs
publics ont des politiques d'encouragement à la recherche et à l'innovation.
Source :Robert BOYER et Michel Didier, Innovation et croissance,Conseil d'analyse
économique,La Documentation française, 1998.
Questions :
- Quel acteur de l’évolution économique Schumpeter a t’il sous-estimé ?
Document 23 :
Le progrès technique apparaît comme un bien public cumulatif. C’est un bien cumulatif dans
la mesure où chaque découverte s'appuie sur d'autres découvertes faites dans le passé. Selon
les mots de Newton : « Nous sommes des nains montés sur les épaules de géants » ;
autrement dit, il suffit d'apporter une amélioration même très mineure à un résultat important
pour obtenir un résultat plus fort encore. Les inventions les plus « simples » a priori, semblant
se résumer à une idée, certes géniale, nécessitent la mobilisation de connaissances étendues
et diversifiées. Ainsi Gutenberg, pour réaliser le premier système d'imprimerie avec des
caractères mobiles, a utilisé sa maîtrise de la métallurgie (la réalisation des fontes est
difficile), de la mécanique (construction de la presse). Aucune invention ne sort du vide... La
réalisation des grandes innovations modernes, tels l'automobile ou l'avion, a nécessité le
rassemblement de connaissances de la plus grande diversité. Cela est tout aussi évident dans
la science, par exemple en mathématique, où chaque chercheur est amené à utiliser les
théorèmes établis par ses collègues pour en établir de nouveaux. Et il contribue par là même
à augmenter le stock des connaissances disponibles pour les générations suivantes de
chercheurs.
La technologie est non seulement un bien cumulatif, mais elle présente aussi nombre de traits
de ce que les économistes appellent des «biens publics» [Arrow, 1962]. Le plan d’un bien la
formule d'un produit chimique ou la description d un procédé nouveau sont de l'information. A
ce titre, ils sont communicables à un coût qui est largement inférieur a leur coût de
production (à la limite, le coût sera celui d'une simple photocopie !), et ils peuvent être
utilisés simultanément par un nombre quelconque d'agents. En ce sens, la connaissance est
dite « non rivale » (il n'y a pas de rivalité physique entre les usagers : voir Cornes et Sandier
[1986] pour une analyse générale des biens publics). De la même façon, on peut remarquer
que la connaissance ne s'use pas, physiquement, à l'usage : on utilise aujourd'hui encore le
théorème de Thalès. Bien au contraire, c'est le non-usage d'une connaissance qui menace son
existence, la faisant sombrer dans l'oubli.
Cumulativité et rivalité font de la connaissance un bien particulier. En effet, non seulement un
innovateur peut utiliser les découvertes passées, mais il peut (a priori) les utiliser en totalité
et cela simultanément à tous les autres chercheurs. Chacun peut mobiliser l'ensemble du
stock, ce qui n'est bien sûr pas le cas pour le stock de capital physique dont l'usage est rival
(une même machine ne peut servir simultanément à un nombre quelconque d'utilisateurs). Si
chaque chercheur peut utiliser les résultats de tous ses collègues et prédécesseurs, la
réciproque est également vraie : les découvertes de chacun sont disponibles pour ses
collègues et successeurs, car elles vont à leur tour s'ajouter au stock des connaissances. Cela
traduit une externalité, qui est au cœur du processus de croissance. Chaque chercheur
contribue à accroître la productivité de ses collègues, et l'externalité est même
intertemporelle puisque parmi les collègues figurent ceux des générations suivantes.
La non-rivalité permet la diffusion large et à bas coût de la connaissance, contribuant ainsi à
la croissance. La contre-partie de cette facilité de circulation est la difficulté d'assurer la
rémunération de l'inventeur. En effet, un concurrent peut mettre sur le marché un produit
identique, imité de l'invention initiale, et il peut même le vendre à un prix inférieur puisqu'il
n'a pas à amortir les frais de recherche. L'innovateur peut ainsi se faire expulser du marché
qu'il a créé. Si les choses suivent régulièrement ce cours, les innovateurs potentiels hésiteront
à se lancer, et le rythme de l'innovation en sera réduit d'autant. Cependant, les choses ne
suivent pas systématiquement ce cours.
La connaissance n'est pas seulement non rivale, elle est aussi partiellement exclusive. Un
bien est dit exclusif lorsqu'un agent, le propriétaire, peut en contrôler l'usage. Elle va de soi
pour la plupart des biens courants sur lesquels des droits de propriété clairs sont établis, et
leur respect est contrôlable dans le cadre de la loi. Cela est beaucoup plus difficile pour la
connaissance du fait de son caractère non rival. En effet, l'usage de l'innovation par
l'inventeur n'exclut pas physiquement son usage par un autre agent (ce qui serait le cas pour
un bien matériel : en règle générale, deux agents ne peuvent utiliser simultanément un
même objet, ou au moins l'accès au bien peut être contrôle et donc tarifé). Le droit de
propriété sur une invention est donc beaucoup moins évident à mettre en place que sur les
biens matériels. Le système des brevets d'invention en est la forme généralement adoptée. Il
assure à son propriétaire un monopole temporaire d'exploitation de son invention, qu'il peut
mettre lui-même en fabrication ou dont il peut vendre des licences.
Le droit de propriété ne s'étend pas jusque-là, on ne peut interdire l'usage d'une idée, d'une
invention, pour produire une autre invention. On peut donner deux raisons à cela. D'une part,
le coût de mise en œuvre d'une telle interdiction serait rédhibitoire (il faudrait un policier
derrière chaque chercheur !). D'autre part,cela n'est pas souhaitable socialement puisque des
droits de propriété très stricts ralentiraient la circulation de l'information. accroissant ainsi le
coût du progrès technique.
Cette limite au droit de propriété engendre des externalités qui sont inhérentes à l'innovation.
Une innovation aboutit,d'une part, à un bien, qui est vendu sur le marché et rémunère son
inventeur ; et, d'autre part, à un accroissement du stock des connaissances, qui lui n'est pas
rémunéré. Ainsi chaque innovateur non seulement accroît son propre revenu, mais en plus
permet une augmentation des connaissances et donc de la productivité de ses collègues et
successeurs. Et pour cela il n'est pas rémunéré. Le rendement social de l'innovation est
supérieur à son rendement privé.
Source : D Guellec et P Ralle, les nouvelles théories de la croissance, la découverte, 1995.
Questions :
En quoi peut-on dire que la technologie est un bien cumulatif, un bien non rival ?
- En quoi les deux caractéristiques précédentes conduisent-elles à dire que la technologie est
un bien public ?
- Pourquoi est-il nécessaire qu’il existe de limites à la libre circulation de l’information, quelles
formes prennent-elles ?
- Expliquez la dernière phrase du texte .
Document 24:
Il est possible de relier ici l'approche de P. Romer à celle de J. Schumpeter. Dans les deux
analyses, la technique n'est plus définie comme un état mais comme un processus, c'est-à-
dire quelque chose de dynamique et non de statique. Avec l'apprentissage et l'expérience, il y
a une trajectoire technologique, donc on raisonne en terme d'évolution (principe de base de J.
Schumpeter).
Comme chaque entreprise a intérêt à investir afin d'améliorer ses performances, maximiser
l'investissement devient donc l'objectif prioritaire.
Il faut noter ici que P. Romer réagit à l'inverse de R. Solow pour qui au contraire trop investir
ne servait à rien (puisque la baisse de la productivité marginale du capital investi rendrait
l'investissement supplémentaire de moins en moins intéressant). Ici, P. Romer se rapproche
au contraire de J. Schumpeter qui, lui aussi, avait vu le rôle essentiel de l'investissement pour
l'évolution économique et les possibilités d'innovation.
D'autre part, pour P. Romer, investir nécessite une épargne préalable en surplus. L'épargne
doit précéder l'investissement sinon le financement de ce dernier est impossible. P. Romer
rejoint sur ce point les économistes classiques en pensant qu'il est nécessaire de stimuler
l'épargne afin d'accélérer la croissance. Il faut noter que cette conception est l'inverse de
celle des keynésiens pour qui l'épargne n'est pas le point de départ de l'investissement mais
au contraire la conséquence de l'activité économique. Contrairement à P. Romer,
l'augmentation de l'épargne était pour Keynes un frein à l'activité.
Source : A Bruno, sciences économiques et sociales, ellipses ;
Questions :
- En quoi Romer se rapproche t’il de Schumpeter ?
- Pourquoi peut-on dire que l’analyse de Romer n’est ni néo-classique ni keynésienne au sens
traditionnel ?
Ressources complémentaires
Sur le web
Des cours :
• Des QCM :
- sur le cybermanuel de Bordeaux : http://ses.ac-
bordeaux.fr/Archives/2001/Cyberma/EDS/index.htm
- sur le site de l’académie de Paris : http://ses-paris.scola.ac-
paris.fr/spip.php?article611