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La dualité de juridiction :
Normalement les actes des agents publics sont de la compétence des juges
administratifs. Mais lorsque la faute est privée, le juge judiciaire devient
compétent. Egalement le juge administratif est compétent pour connaître des
actes adoptés par des personnes privées. Le juge administratif est compétent
pour juger des affaires qui concernent une fonction administrative ; tout ce qui
est fonction législative, parlementaire ou gouvernementale échappe à sa
compétence. Les actes de gouvernement lui échappent également.
Le préfet de police avait fait saisir le journal L’Action française chez tous
les dépositaires de ce périodique à Paris et dans le département de la Seine. La
société du journal ayant engagé une instance devant les tribunaux judiciaires
contre le préfet de police, le conflit avait été élevé. Le Tribunal des conflits
considéra que la mesure incriminée constituait une voie de fait et que les
tribunaux judiciaires étaient donc seuls compétents pour statuer sur cette
affaire. Une voie de fait correspond à une mesure ou une action
gravement illégale de l'administration, qui porte atteinte à une liberté
individuelle ou au droit de propriété et qui de ce fait perd son
caractère administrastif.
Une personne lésée par un acte des collectivités locales soumis au contrôle de
légalité peut demander au préfet de déférer le dit acte au tribunal
administratif.
Cependant dans cette décision, le CE nous indique que le refus opposé par le
préfet à une demande de déféré n'est pas susceptible de faire l'objet d'un
recours pour excès de pouvoir.
Cet arrêt, qui annule un décret relatif aux lacs de montagne, a été
l’occasion pour le CE de faire application de la loi constitutionnelle du 1er mars
2005 relative à l’ajout de la Charte de l’environnement de 2004 dans le
préambule de la Constitution et de préciser sa jurisprudence sur la portée du
préambule de la Constitution.
La commune a soutenu que le ce décret méconnaissait le principe de
participation énoncé par la Charte dans son article 7 (« Toute personne a le
droit, dans les conditions et les limites définies par la loi, d'accéder aux
informations relatives à l'environnement détenues par les autorités publiques
et de participer à l'élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur
l'environnement »). Elle fait valoir également que le gouvernement avait
empiété sur la compétence réservée au législateur tant par l’article 34 de la
Constitution que par l’article 7 de la Charte. Le CE a fait droit au moyen tiré de
l’incompétence du pouvoir réglementaire.
La décision affirme que les dispositions de l’article 7, comme l’ensemble des
droits et devoirs définis dans la Charte et à l’instar de toutes celles qui
procèdent du Préambule de la Constitution, ont valeur constitutionnelle et
s’imposent aux pouvoirs publics et aux autorités administratives dans leurs
domaines de compétence respectives.
La possibilité reconnue à la commune d’Annecy de se prévaloir de l’article 7
devait normalement conduire le juge administratif à vérifier si le principe de
participation du public avait été méconnu par le décret. MAIS ce n’est pas sur
ce terrain que le Conseil d’Etat s’est placé. Il a annulé le décret pour violation
des règles de répartition des compétences entre la loi et le règlement posées
par l’article 7.
L’écran législatif :
En effet dans cette hypothèse la loi ne contient aucune règle de fond de nature
à s’interposer entre le règlement et la Constitution.
Par l’arrêt Canal , le Conseil d’État a annulé une ordonnance prise par
le Président de la République sur le fondement d’une loi référendaire qui
instituait une cour militaire de justice au motif que la procédure prévue devant
cette cour et l’absence de tout recours contre ses décisions portaient atteinte
aux principes généraux du droit pénal. Cette décision fut la cause d’une très
vive tension entre le général de Gaulle et le Conseil d’État, qui sembla un
instant menacé, si ce n’est dans son existence même, du moins dans son rôle
et dans ses attributions.
Par le référendum du 8 avril 1962, le peuple souverain approuva massivement
les accords d’Evian qui mettaient fin à la guerre d’Algérie. La loi soumise à
référendum autorisait également le Président de la République à prendre par
ordonnance ou par décret en conseil des ministres "toutes mesures législatives
ou réglementaires relatives à l’application" de ces accords. Sur le fondement
de cette habilitation, le général de Gaulle avait institué, par une ordonnance du
1er juin 1962 une juridiction spéciale, la Cour militaire de justice, chargée de
juger, suivant une procédure spéciale et sans recours possible, les auteurs et
complices de certaines infractions en relation avec les événements algériens.
Condamnés à mort par cette cour, M. Canal, Robin et Godot saisirent le Conseil
d’État d’un recours en annulation dirigé contre l’ordonnance l’ayant instituée.
Le Conseil d’État leur donna raison et prononça l’annulation de
l’ordonnance en considérant que "eu égard à l’importance et à la
gravité des atteintes que l’ordonnance attaquée apporte aux
principes généraux du droit pénal, en ce qui concerne, notamment, la
procédure qui y est prévue et l’exclusion de toute voie de recours", la
création d’une telle juridiction d’exception ne pouvait pas être
décidée sur le fondement de l’habilitation donnée au Président de la
République pour la mise en application des accords d’Evian par la loi
référendaire.
Pour parvenir à cette solution, qui suscita une vive réaction du général de
Gaulle, le Conseil d’État avait dû franchir un premier obstacle, qui tenait à la
recevabilité d’un recours dirigé contre une ordonnance prise sur le fondement
d’une habilitation accordée directement par le peuple souverain, et qui
présentait une valeur législative. Un tel acte pouvait-il être déféré pour
excès de pouvoir devant le juge administratif ? Le Conseil d’État
répondit de façon positive en jugeant que la loi référendaire "a eu
pour objet, non d’habiliter le Président de la République à exercer le
pouvoir législatif lui-même, mais seulement de l’autoriser à user
exceptionnellement, dans le cadre et dans les limites qui y sont
précisées, de son pouvoir réglementaire, pour prendre, par
ordonnance, des mesures qui normalement relèvent de la loi". Le
Conseil d’État a donc considéré que l’habilitation n’était pas une
attribution d’une portion du pouvoir législatif mais une simple
autorisation accordée au pouvoir réglementaire d’intervenir, dans les
strictes limites de l’habilitation, dans le domaine de la loi. Bien que
pouvant modifier des textes législatifs, l’ordonnance conservait donc
la nature réglementaire que lui confère son auteur.
La Cass revient sur la décision du CE, 1968, Syndicat général des fabricants de
Semoule, qui faisait prévaloir un traité sur une loi postérieure.