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105, ARISTOTE PENSEUR DE LA DIFFERENCE ENTRE L’HOMME ET L’ANIMAL Jean-Louis LABARRIERE* Résumé Tout le monde sais qu‘Aristote soutien que homme est te seul animal doué de logos et nombrews sont ceus gui pensent ‘quil est pour ceteraison-méme le seul animal politique digne de ce nom. Lauteur s‘insurge contre cette évidence car, du fait que Thomme est certes le seul animal a dive doud de logos, il ne s‘ensuit pas qu'il soit un animal politique, et encore moins le seul @ éere un auithentique animal politique Mais, accorder aux animaux auires que Uhonume ce qui leur revient,nimpligue pas de faire d'Aristote le pore de la socio Biologie. Summary Ariat inking eference Between man and anima repay noes et Ane held ar man th alone nina ch ts tcowed wth gos But oo any ace think tha for his roan mani te oy oe pelea cna Te author eres agers laser} Clee Wan tiv the nly one ental wih is endoved wt ogee tbs nor ivove at hea plied anal, Wore a en isthe only one to bean autho polite anal Ba ging tothe others animals tc de pot dos no vole tha re Te was the fer ef he acolo Mots clés Arisiote, Animal, Homme, Politique, Sociobiologie. Key Words Aristotle, Animals, Man, Politics, Sociobiology I n’est pas sO, pour dire le moins, qu'en qualifiant homme d’étre ou d’animal rationnel, Thomas d Aquin ait rendu a Aristote le meilleur des services qu'il powvait Iui rendre. Si es, en effet, bien connu que “seul l'homme a le logos” (Politiques, VII, 13, 1332 b 5), done qu'il est bien un “animal rationne!”, il faut cependant remarquer que l'un des arguments par lequel le Docteur Angélique établit ce point est loin d'etre fidele a esprit du Stagirite, tant cet argument est, de fait, bien plus proche des arguments stoi= ciens, lesquels ont tant servi Descartes. Dans sa Somme ‘Théologique (2°-2", q. 47, at. 15), Thomas d’ Aquin insiste sur l'automaticité des conduites animales afin de mieux soutenir que les animaux sont des étres irrationnels, Inea- ables d'apprendre et de modifier éventuellement leurs cconduites, mais seulement capables de répéter, les animaux seraient inintelligents et n'agiraient que par instinct. Pour les stoiviens, les choses sont d’ailleurs bien mieux ainsi car, ce faisant, nous voild plus proches des astres et des dieux que de ces viles créatures qui ne peuvent au mieux que ‘magnifier la Création et Homme, pourvu du moins qu'on ait pris bien soin de les destiner a ce dernier et de n’accor- der T'intlligence et la raison qu’’a homme, ce que Des- cartes radicalisera en les privant tout bonnement dame. Mauvais service rendu a Aristot, ear si & partir de 18 on fait remonter 1a paterité de notre moderne conception de la différence entre "homme et l'animal & Aristote, on risque fort de manquer ce que fut le réel apport & cette question de celui qui jamais n’opposa T'intelligence & I'ins- tinct et n’hésitait pas & doter 4’intelligence, phronesis ow sunesis, bon nombre d’animaux, comme en témoigne ailleurs la premigre page de la Métaphysique. it les ani rmaux dovés de mémoire sont qualifiésd'intelligents (phro- rnima). De plus, en procédant de Ia sorte, on risquerait bien de ne plus voir en Descartes que celui qui, malgré son ire contre I'Ecole, n’aurait jamais que radicalisé cette diffé- rence en ne se bornant pius & priver les animaux de raison, ‘mais tout simplement d’éme puisqu'il n'y aurait d°ame que rationnelle, * Centre Louis Gernet, CNRS/EHESS, UMR 8567, 10, rue Monsiew-le-Prince, 75006 Paris, France, (ye ignore pas, bin entend, que le resort de argumentation carésenne consist souteir qu'il et faux de penser que les bites ont “moins de raison que nous”, andi q’elesn’en ont en ral pint du out. Mais si cette equ peut certess'adesser a une cetaine ta dltion aistontcienne du fit qu bien que privé de logos, cenains animaux y ont néanmoins considérés comme ineligents, elle semble ‘adresser bien plus la tradition sceptigue tlle qu'elle est incarée, par exemple, par Montagne dans I Apwologe de Raymond Sebon, lle ‘mme tribute dela longue polfmique qui opposa les néoscadémicions aux sticiens ct dont on etouve la ace & traverses éeits de Pl ‘argue, Philon Alexandre, Sextus Empiricus et Porpyre. Je me permels de reavoyer sure point Labarite (1997) 106 ‘A tout prendre, Bergson avait peu-ere mieux peng les choses en écrivamt: “L'erreur capital, celle gu, $e transmettant depuis Aristo, avcié a plupart des piloso- pies dela nature, est de voir dan fa vie vgdatve, dans fa vie instinctive et dans ta vie raisonnable tos degrés successifs d'une méme tendance qui se développe, alors Give ce sont toi directions vergentes dune cctv qui Feat sind en grandssant. La diflence ent elles next pas une difference d'ntensit, ni plus généralement de dept, mais de nature.” Si le jugement est rade et sans oute injuste aussi bien vise-vis "Arse, pour qu le topos nest ps issu dela sensation, que de Descartes, qu sip Hl raicalemeot les hommes ds bts, jl ft nae tins se demander si Bergson nareit pas mis edit sor tn pint sensible de Ta pensée aritotelicienne. En effet bien qu'il we voit vrai die pus question de vc istntve chez Aristo, mais deve sensitiv, ce qui est out diferent puis avi sensitive, qu dfinitpropement animal Tenet nllement Tinteligence, i ext pour cette akon mfme pas nécessirement faux de penser qu'il n'y a jamais en ce qui concerme M'ntelligence qu'une difference de dege cote Tome ct animal chez Arse. En nie rant de Bergson, ne pourait-on dire que puisque pour Ars- tole homme est e'abord animal par opposition au végétal du fat ql est dou de sensation, dan expression mal rationel e serait peo-te plus le terme “animal Gui primerait que le terme “rationnel” ? N'en irait-il GFaileus pas de méme pou la quali “animal potiqus”, ave nombre <'inerrtes voudrent nserver 3 homme en ta déivant de son exclusive possession du logos? Autre- inet cit "rationne” et "poliique” ne serient que les dit ferences propres & home gui le singulariseraent des auires animaux et non pas des earactées qui marueraent tne diffrence denature, la chose étnt encore pire en ce Aqui eonceme la qualité poitique pulse Arisot nts ‘pas a qualifier certains autres animaux de politika. Fina- lement, Descartes et les stoiciens n'avaientpeu-te pas si mal vu les choses: en incluant "homme dans le résne ani- mal eten rapportant les comportements des autres animaux ‘que "homme a des formes variges d'intelligenee, Aristote ne menaceraiti pas srieusement la dfférence que certains estiment essentielle entre "homme et animal? Voyez en ce sens ees mots de Philon d’Alexandrie (Terian, 1988 197); Ceux qui étudient Phistoire des animaux font bien [des affirmations relatives aux vertus et aux vices qu'ils trouvent chez eux. Je songe ici ceux qui ont coutume de parler abondamment sans principes et d'une fagon insup- Portable. Il existe assez de preuves pour qui veut entre- prendre de réfuter leurs prémisses. Les animaux ne font rien ave préméditaion comme Meffet d'un choix délibér. Bien que certains de leurs actes ressemblent & ceux de Phomme, isles accomplissent sans penser.” Le savant et les différences Aristote avait, cn effet, congu un vaste programme études, qu'il appelle “enguéte sur la nature” et qu'il a a ‘peu prés mené 2 bien avec ses collaborateurs, au premier rang desquels Théophraste, qui lui succéda a la téte du Lycée. La premitre page des Météorologiques rappelle que ce plan comportit aussi bien I’6tude des astres, cometes ou méiéores, que de la tere, des vents et des tremblements de terre, ou bien encore des animaux et des plantes en général ten particulier. En termes moderne, i sagissait aussi bien «astronomie (et non pas d’astrologie!), que de physique et de chimic, ou bien encore de biologie, de zoologic et de ‘botanique. II n'est done pas étonnant qu'une tres grande partie de ce que nous avons conservé d’Aristote soit consa- cerée A ces sujets, et nous en avons perdu beaucoup! Pour en venir plus directement aux animaux, cing de ces traités, inégale longueur, nous sont parvenus: Histoire des ani- ‘mau, Parties des animaux, Génération des animaux, Mou- vement des animaux, Marche des animaux, mais il faut y ajouter aussi le fameux traits De I'dme et les petits traités de psycho-physiologie rassemblés sous le ttre de Parva natu- Cf, L'Evoluion eréatrice, 1361609 (la premine numérotation corespond a celle toujours reproduite de la demitce Edition du vivant de autour, c'est dre PUF, Paris, 1930-1941, tandis que la seconde corespond i 'étion dite du centensre, PUP, Pars, 1959; c'est Bergson qui soulign). 1CE, Histoire des animaus, I, 1,488 27-10, C'est le cas des abeilles, des fourmis, des euépes et des grues. Ls animaux politiques se Aisinguent des animaux grégaires (ageaia) parce qu’ la dilférence de ces deme, is ne se contentent pas de vive ensemble les uns & ‘Ot des autres, mais ont encore tous ensemble une ceuvre en commun (koinon ergon) On ne peut que regreterqu’avee une belle uns- rmité tous Tes taducteus, notamment de langue franaise,répagnent traduire politika en ce passage par “politiques. Si les raisons en sont évidents, voire comprchensibles: seal "homme doit éte un “animal politique il est cependant regrettable que le lecteur innocent (of Greek puisse tte ainsi aissé dans ignorance de ete dieu Cf, Alexander (De Animalibus) § 97, tad. A. Terian, CERF, Paris, 1988, 197. Iles difficile de ne pas voir Aristote dans V'autcur de cote histoire des animaux et peut-e pas impossible de le voir aussi angé parm ceux qui parlnt sans fondement et de fagon insuppor- {able, Mais ceux a sont sans doute plus sOrement les Néoacadémiciens qui menéreat la pokkmique contre ls stoiiens au sujet dela pos- session du Zogos par es animaux. ralia et qui comprennent les traités De la sensation et des sensibles, De la mémoire et de a réminiscence, Du sommeit et de la veile, Des réves, De la divination dans te sommell De la longévité et de la brigveté de la vie, De la jeunesse et de ta vieillesse, De la vie et de la mort, Dela respiration. Aristote peut ainsi tre considéré comme le fondateur de la zoologie, de l'anatomie comparée, de Membryologie, de la psyeho: physiologic, de Péthologe et, plus largement, de la biologie. Priver les autres animaux de logos ne signifie done nul- Jement que Ion se dsintéesse de leu sort, du moins s "on entend par i qu'il y a lieu de les étudier de ts pres, ne seral-ee que pour mieux comprendre en quoi homme se différencie d’eux. I suffit pour s'en convaincre de lire les Parties des animaux, 1, 5, oi Aristote valorise fortement étude des animaux par rapport & celle des étres divins, car si ces demiers sont certes plus nobles que les premiers, nous rhe pouvons malheureusement pas en savoir grand-chose, tandis que nous pouvons parvenir & quelque certitude au sujet des animaux, lesquels sont dailleurs conformés comme nous autres étres humains. Afin d'inviter& cette ude, Adstote cite ce mot Héraclite, qui aurait done dit des visiteurs ayant trouvé dans sa cuisine: “Entrez, ily a des dicux aussi dans la cuisine” (P.A., 1, 5, 645 a 20-21), Aristote nous invite done aller voir de prés comment s'y prend la nature, comment elle “machine” (méchand, P. A II, 14, 675 b 12) et c'est aussi ce qu'il nous faut faire si ‘nous voulons pouvoir apprécier plus finement sa démarche. Le vocabulaire méme dAristote doit tout dabord rete~ nir notre attention. Si en grec le terme zéom (pluriel zba), dui a donné zoologie en francais, et qui provient du verbe zén, vivre, signifie avant toute chose “vivant”, che? Aris- tote cependant, sa désigne presque toujours les animaux par opposition aux végétaux. Quand done Aristote veut parler des vivants en général, il utilise le plus souvent une Pétiphrase, “ls des qui possédent la vie", ou le paticipe présent du vetbe zén, zdnia, que l'on ne peut que traduire par “vivants”. Enfin, quand Aristote veut désigner ceux que rnous autres modernes appelons animaux (en les distinguant des tres humains), il utilise tr fréquemment expression “les autres animaux ((a alla zéa)”, expression of il faut bien entendu sous-entendre “que homme” et qui montre bien qu'il considere Mhomme, anuhrépos, comme faisant partie de ce que nous appelons le regne animal Du reste qu’ Aristote désigne ceux que nous appetons les “animaux” 107 par expression “les autres animaux" devrait sufire & rontrer que le probleme de la diffrence nest pas simple sion dt “es autres animaux” pour désigner ceux que nous avons fini par appeler simplement es “animaux” Gq serait plus juste de nommer les “hétes, est bien Parce que dans la physique aristotdlicienne homme est animal par opposition au végétal avant que d par opposition & la ete. 1 importe done de bien situer homme dans le “régne animal” pour comprendte ce gu'en nodernes nous appclons Ia différence entre TThomme et animal. Toute a fficulté de la doctrine de échelle des tres, la fameuse seaa nature, tent en effet au fait que homme est un animal, done que, comme les ues animaux, il se distingve dv végétal parce qu'il pos- side la sensation, mais qu sa diférence propre, la posses sion du logos, lui permet opéer quelque chose comme mn “saut qualita?” & partir de ce & quoi parviennent aqelgue pet les animaus les plus évolués ‘Aussi, quand on invogue la eéltbre “parole dArstote” suivant laquelle “seul homme possede le logos” et qu'on sen srt pour opposer la aison de homme &'insinet tot naturel des animes, on serit bien avisé de lie Ia phrase fn son enter “les animatix autres < que "homme > vient. vant tout en suivant leur nature, quclqucs-uns pew aom- beux suivent aussi leurs habitudes, mais "homme suit aussi le logos. Car soul ile logos. i bien qu'il faut ha. tmoniser ces < facteurs > entre eux” Pottigues, Vil 13, 1332 b 3.5, 1990). Si ne fait gubre de doutequ'en ce lew logos ne pet eure se traduire autrement que pa “raison”, i faut cependan remarquer que homme vit ausien fone tion de sa nature et de ses habitudes. Mais, pont bien plus difficile & comprendre, il faut surtout remarqoer qu'il ext aussi quelques animaux qui vivent en fonction de leurs habitudes, comme sis n'étient pas que “pure nature” CCenains anima posséderaientis done aussi des capaci- 16s d'apprentissage? Quelle est alors la nature de leurs capaciés cognitves? A ces question, i faut bien pouvoir répondre si nous voulons respecer la lettre du texte et ne pas nous contenter d'incantaions rituelles. Il le faut {Fautant plus que ds la premige page de la Métaphosiqu, Arisioce soutent que certains animaux sont non seulement telligents” (phronima), mais sont encore capables

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