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Collection Mathématiques appliquées pour la maitrise Sous la direction de P. G. CIARLET et J. L. LIONS Haim BREZIS Université Pierre et Marie Curie et Ecole Polytechnique ANALYSE FONCTIONNELLE Théorie et applications 2° tirage MASSON Paris New York Barcelone Milan Mexico Sao Paulo 1987 Traductions — en espagnol, Alianza, Madrid (1984) — en italien, Liguori, Naples (en préparation) — en anglais, Springer, Berlin-Heidelberg-New York (en préparati — en japonais, Sangyo Tosho, Tokyo (en préparation) — en grec, Société Mathématique de Gréce (en préparation), Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. La loi du I mars 1957 n’autorisant aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les «copies » ou « reproductions strictement réservées 4 l'usage privé du co} ‘autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et utilisation collective » et, te et non destinées 4 une d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de lauteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1® de l'article 40) Cette représentation ou reproduction par quelque procédé que ce soit, constituerait done une contrefagon sanctionnée par les arti les 425 et suivants du Code Péna © Masson, Paris, 1983 ISBN : 2-225-77198-7 ISSN : 0754-4405 Masson A. Masson S.A. MASSON ITALIA EprTort S.p.A. MASSON EDITORES EDITORA MASSON Do BrasiL Ltda 120 Bd Saint-Germain, 75280 Paris Cedex 06 Balmes 151, 08008 Barcelona Via Giovanni Pascoli 55, 20133 Milano Dakota 383, Colonia Napoles, 03810 Mexico DF Rua Borges Lagoa 1044, CEP/ 4038 Sao Paulo S.P. PRESENTATION DE LA COLLECTION « MATHEMATIQUES APPLIQUEES POUR LA MAITRISE » La Collection Mathématiques appliquées pour la maitrise a pour but de présenter les principales théories mathématiques générales directement orientées vers les applications, de les développer de maniére rigoureuse, et d’indiquer explicitement et avec précision la trés grande variété de leurs applications. Des théories mathématiques générales orientées vers les applications sont, notamment, les fondements de I'analyse des équations différentielles et aux dérivées partielles, linéaires ‘ou non, qui « gouvernent » tellement de situations en Physique, en Mécanique, en Chimie, etc,, et jusqu’en Econométrie! Ce sont aussi les outils principaux de l'Analyse Numérique, préalables obligés au traitement sur ordinateur : analyse numérique matricielle, méthodes de loptimisation, méthodes de différences finies ou d’éléments finis pour approximation des solutions d’équations aux dérivées partielles; c’est aussi la Statistique, dont les applications sont universelles, et ot l’ordinateur a apporté, 1a encore, une impulsion nouvelle considérable; c'est aussi la Mécanique des Solides et la Mécanique des Fluides dont une connaissance déja sérieuse est indispensable tout mathématicien appliqué. Ces théories générales sont, dans la Collection, développées de maniére rigoureuse, par le biais des solutions les plus synthétiques, les plus élégantes et les plus « confirmées » ; elle fournissent ainsi tous les outils nécessaires pour aborder la grande majorité des problémes posés quotidiennement par les applications. Les théories générales présentées dans cette Collection ont d’ailleurs été élaborées pour faire face précisément aux applications, c'est-a-dire 4 des problémes posés dans des disciplines parfois trés éloignées des mathématiques mais néanmoins susceptibles d’étre formalisés de fagon mathématique. Ces mémes théories devraient également servir de point de départ pour l’étude des nouveaux problémes posés par les applications; il est en effet essentiel de savoir que ces nouveaux problémes, d'importance fondamentale, se présentent sous la forme de questions complétement « ouvertes ». Aprés le préalable d'une modélisation mathématique souvent déja imparfaite, la seule fagon de les aborder réside alors dans un traitement « massif » sur ordinateur, a I’aide précisément des méthodes et des outils fondamentaux présentés dans cette Collection. Cest pourquoi cette Collection, qui s’adresse tous les étudiants du Deuxiéme Cycle de Mathématiques dites « appliquées », mais aussi (au moins pour certains de ses volumes) aux étudiants du Deuxiéme Cycle de Mathématiques dites « pures », de Mécanique, de Physique, aux éléves des Grandes Ecoles d’Ingénieurs, ..., devrait non seulement initier ses lecteurs & des théories rigoureuses et élégantes, tout en leur fournissant un outil deja utilisable dans de trés nombreuses applications, mais aussi, nous l'espérons, leur donner le désir d’aller bien au-dela. Pour I'accueil compréhensif qu'elle a bien voulu réserver a cette Collection, il nous est particuligrement agréable de remercier la maison Masson, en la personne notamment de M. J. F. Le Grand. Nous tenons également a remercier bien vivement M. A. Warusfel, dont I’activité et le dévouement ont beaucoup contribué a la conception et 4 l’élaboration de cette Collection. P. G. CIARLET J. L. LIONS TABLE DES MATIERES coshamansimth CO es eee ee 1. — Les théorémes de Hahn-Banach. Introduction a la théorie des fonctions convexes Til. conjuguées 1.1. Forme analytique du théoréme de Hahn-Banach : prolongement des formes linéaires 1.2. Formes géométriques du théoréme de Hahn-Banach : séparation des ensembles convexes . . 1.3. Introduction & la théorie des fonctions convexes conjuguées ......... Commentaites ices ité. Opérateurs non-bornés. Notion d'adjoint. Caractérisation des opérateurs surjectifs ILL. Rappel du lemme de Baite.......00.. 00002. 0ceeeeeeeeeeeee eee es 11.2. Le théoréme de Banach-Steinhaus ©0022... 20002. 000eesseeee eee 11.3. Théoréme de l'application ouverte et théoréme du graphe fermé..... 114, Supplémentaire topologique. Opérateurs inversibles 4 droite (resp. & gauche) ILS. Relations d’orthogonalité . . IL6. Introduction aux opérateurs linéaires non-bornés. Définition de l’adjoint. IL7. Caractérisation des opérateurs A image fermée. Opérateurs surjectifs. Opsratcurs bors ee ee — Topologies faibles. Espaces réflexifs. Espaces séparables. Espaces uniformément convexes IIL1. Rappel sur la topologie la moins fine rendant continues une famille d’applications.... IIL2. Définition et propriétés éémentaires de la topologie faible o(E, E)-- IIL3. Topologie faible, ensembles convexes et opérateurs linéaires ........ IIL4. La topologie faiblex o(E’, E) xu 15 16 18 21 23 26 29 eee 33 33 35 38 39 vit Iv. v. Vi. — Les espaces de Hilbert... TABLE DES MATIERES TIS Especes teeter TIL6. Espaces séparables ........ 00002. .00ceeceeeeeeeeeceeeeeeteen sees IIL7. Espaces uniformément convexes .........0002:000eeeeeeeeeeu sees ieee LT ea ge ee ra Steep IV.1. Quelques résultats d’intégration qu'il faut absolument connaitre IV.2, Définition et propriétés élémentaires des espaces L? ..........0000 IV.3, Réflexivite. Séparabilité, Dual de L? .........eccccceceeeeeeeeeeee IV.4. Convolution et régularisation.......... 6.6.0 cece ee ence eee eee ee IV.5. Critére de compacité forte dans L’ Re V.1. Définitions. Propriétés élémentaires. Projection sur un convexe fermé. ee ee V.3. Théorémes de Stampacchia et Lax-Milgram V.4. Somme Hilbertienne. Base Hilbertienne. (COMMECNtAifes eee — Opérateurs compacts. Décomposition spectrale des opérateurs autoadjoints compacts VL.1. Définition. Propriétés élémentaires. Adjoint .......0.....00..00008s VIL2. La théorie de Riesz-Fredholm......... 0000.0 000cceeeeeeeeeeeees VL.3. Spectre d'un opérateur compact 2.22.0... .000ce.ceeeeeeeeee eens V1.4. Décomposition spectrale des opérateurs autoadjoints compacts Commentaires ..........cscccsessees eres enseeecesesresetenssneeeees VII. — Le théoréme de Hille-Yosida ............... 0. cc eceee eee e eee e eens VIL1. Définition et propriétés élémentaires des opérateurs maximaux du VII.2. Résolution du probléme d’évolution di + Au = 0, u(0) = up; existence et unicité . B 47 1 52 54 54 aa 59 yp 75 B 8 81 82 85 87 89 89 m1 94 96 98 101 101 104 TABLE DES MATIERES VIL3. Régularité . ee ee Oe (Commentaires 60 VIII. — Espaces de Sobolev et formulation variationnelle de problémes aux limites en I VIILI. Motivation .............2ccccccesesessesrcceserstessrersecete VIIL.2. L'espace de Sobolev W'?(I)....... 26.660 c eee e cece eee eens Villa Vepee Wi VIIL4. Quelques exemples de problémes aux limites ................. 005 VIILS. Principe du maximum . VIIL6. Fonctions propres et décomposition spectrale............... ee ee eee ee eee Espaces de Sobolev et formulation variationnelle de problémes aux limites en cgimensh00 Ne IX.1. Definition et propriétés élémentaires des espaces de Sobolev W':7(Q) IX.2. Opérateurs de prolongement 0.2.00... 060.c00ceeeeeeeeeeeeeeenes IX3 Inegalites de Soboley IX.4, L'espace W}?(Q). IX.5. Formulation variationnelle de quelques problémes aux limites elliptiques IX.6. Régularité des solutions faibles .......000.. 00.0. 00cceeeeeee eee IX.7. Principe du maximum .... IX.8. Fonctions propres et décomposition spectrale .......... 066... 00eee (COMMentaites ee X. — Problémes d’évolution : léquation de la chaleur et 'équation des ondes X.1. L’équation de la chaleur : existence, unicité et régularit M2 Procipe du maximum X.3. L’équation des ondes ee er ee Références bibliographiques . Index . 19 ae 120 132 135 143 145 146 149 149 159 162 waa 175 181 189 192 193 204 204 211 213 218 at 229 NOTATIONS Notations générales E espace dual de E <.> produit scalaire dans la dualité B’, E Uf = 0] = (x; f@) = a} B(Xo, r) = {x; llx — xoll ~—>...~—] = gradu Ox," Oxy)” Oxy, : Du =a, lol = ¥ oy xt xP... Oxy a N au du = Yo = Laplacien de w 3B & {x = (x, xn) RN“! x R, xy > 0} XII NOTATIONS Q = [x = (x xn) RN-! x R; [x] < 1 et ben < If Q = QnRt Qo = [xEQ: xn = 0} I (Dyu)(x) = in (u(x + h) — u(x) dérivée normale extérieure PP Espaces fonctionnels Qe RN ouvert, Q = = frontiére de Q, L%(Q) = {u mesurable sur Q et | [ul dx < o}, 1

0) c*(Q) = NCQ) k30 CHQ) = CQ) 9 C(O) CEQ) = C*@Q) 0 CQ) = FQ) ci) fonctions continues sur Cc) fonctions w de C'(Q) telles que pour chaque multi-indice « al < k. lapplication x €Q ++ Dtu(x) se prolonge continiment sur & cr) = NC k cma) = frecins ry ae) wea |x — yf CHO) = {ue CQ); Dive C7) Vj, Ui < kK} Ww, Wi, We", H', Hi, H™ espaces de Sobolev. < of avec 0 R une application vérifiant a PQx)=Ap(x) VreE et YA>0, (2) Pie +y)< px) +p) Vx, yeE. Soit d’autre part, G < E un sous-espace vectoriel et soit g : G > R une application linéaire telle que 8) 8x) < p(t) -VxeG. Alors il existe une forme linéaire f définie sur Equi prolonge g, ie. a(x) = f(x) YxeG et telle que 4) f(x) < p(x) Wee E La démonstration du théoréme 1.1 fait appel au lemme de Zorn dont nous rappelons l’énoneé. Commengons par préciser quelques notions de la théorie des ensembles ordonnés. Soit P un ensemble muni d'une relation d’ordre (partiel) notée <. On dit qu’un sous- ensemble Q < P est totalement ordonné si pour tout couple a, b de Q on a (au moins) une des relations a | = Max [| < [bl see Wiis Dvautre part (corollaire 1.3) on sait qu'il existe fgeE’ tel que |lfll = lIxll et fos x> = |Ix|?. On pose f, = [xl "fo de sorte que ||f,l| = 1 et = Ilxll. Remargue 3. — Il convient de distinguer la formule (5) qui est une définition et la formule (6) quiest un résultat. En général, le « Sup » qui apparait dans (5) n'est pas un « Max » ie. il n'est pas atteint (voir un cxemple dans [EX]). Toutefois ce « Sup » est atteint si E est un espace de Banach réflexif (voir chapitre III); un théoréme difficile di a R.C. James affirme la réciproque : si E est un espace de Banach tel que pour tout fe E’ le « Sup » en (5) est atteint, alors E est réflexif (voir par exemple Diestel [1], chapitre I ou Holmes [1]). 1.2. Formes géométriques du théoréme de Hahn-Banach : séparation des ensembles convexes Commengons par quelques préliminaires sur les hyperplans. Dans toute la suite E désigne un ev.n. Définition. — Un hyperplan (affine) est un ensemble de la forme H = {xeE; fix) =a} ott f est une forme linéaire (?) sur E, non identiquement nulle et «€R. On dit que H est Phyperplan d’équation [f = a]. Proposition 1.5. — L'hyperplan d'équation [f = a] est fermé si et seulement si f est continue. Demonstration. — Il est clair que si f est continue alors H est fermé. Réciproquement, supposons que H est fermé. Le complémentaire §H de H est ouvert et non vide (puisque (*) Pas nécessairement continue (lorsque E est de dimension infinie il existe toujours des formes linéaires non continues; voir [EX]). FORMES GEOMETRIQUES DU THEOREME 5 JS # 0). Soit xo € GH et supposons (pour fixer les idées) que f(xq) < a. Soit r > 0 tel que B(xo,7) GH ot B(xo,r) = {xe E; ||x — xoll pour un certain x, € B(xo,r). Le segment {x, = (1 — xo + tx,; te [0, 1]} est contenu dans B(xo,r) et donc f(x) #a Vte[0, i]; par ailleurs f(x, fe) = & A ; : : = +. ce qui est absurde et donc (7) est démontré. Il résulte de (7) que © $05) = £00) = 0 pour flXo +12) 4 VxeB. On dit que H sépare A et B au sens strict s'il existe ¢ > 0 tel que f)ate VeeB. Géométriquement la séparation exprime que A et B se situent « de part et d’autre de H ». H Rappelons enfin qu'un ensemble A c E est convexe si tet (l-dyeA VYxyeA, Wee [0,1]. © Théoréme 1.6 (Hahn-Banach, premiére forme géométrique). — Soient A < EetB < Edeux ensembles convexes, non vides et disjoints. On suppose que A est ouvert. Alors il existe un hyperplan fermé qui sépare A et B au sens large. La démonstration du théoréme I.6 est basée sur les deux lemmes suivants Lemme 1.2 (Jauge d'un convexe). — Soit C < Eun convexe ouvert avec 0 € C. Pour tout x € E on pose: 8) pix) = Inf {x > 0; a !xeC} (on dit que p est la jauge de C). 6 THEOREMES DE HAHN-BANACH Alors p vérifie (1), (2) et 0) il existe M tel que 0 < p(x) 0 tel que B(0,r) ¢ C; il est clair que pix) O.assez petit. Done p(x) < > < I. Inversement si px) < 1 ilexiste 0 0. D’aprés (1) et (10) on sait que —-——e C p(x) te ao cp py) +e px) +e pO) +e ce ee on ee deduce 4) 0), P(x) + p(y) + 2€ P(x) + p(y) + 2€ que pix + 9) < p(x) + ply) + 2e Ve > 0. D’od (2) €C pour tout r€[0, 1]. En particulier pour Lemme 1.3. — Soit C < E un convexe ouvert non vide et soit xo ¢E avec xo ¢C. Alors il existe f eR tel que f(x) < f(xo) Vx €C. En particulier 'hyperplan d'équation Lf =Slxo)] sépare {xo} et C au sens large. Demonstration Du LEMME 1.3. — Par translation on peut toujours supposer que 0€ C et introduire la jauge de C (lemme 1.2) notée p. On considére G = Rx et la forme linéaire g définie sur G par gtx) = teR. Il est clair que g(x) < p(x) VxEG (prendre x = txo et distinguer les cas t > 0 et t < 0). Grace au théoréme 1.1, il existe une forme linéaire f sur E, qui prolonge g, et telle que SX) 0 on pose A, = A + B(0,£)et B, = B + B(0, e) de sorte que A, et B, sont convexes, ouverts et non vides. De plus, pour ¢ > 0 assez petit, A, et B, sont disjoints (sinon on pourrait trouver des suites ¢,>0, x,€A et y,€B telles que [Ix, — Yall < 2€,3 on pourrait ensuite extraire une sous-suite y, > y€A 7B). D'apras le théoréme 1.6, il existe un hyperplan fermé d’équation [f = a] qui spare A, et B, au sens large. On a donc eset Pete eea case cece aces Oc se Il en résulte que SOs) + elif 0 il existe un voisinage V de x tel que : OW) 20X)—e YyeV; et réciproquement. Hen résulte en particulier que si @ est s.ci. et si x, + x, alors : lim inf 9(%,) > 9). | (c) Si @ et 2 sont sci, alors @, + @2 est sci. (4) Si (@);e1 est une famille de fonctions s.ci. alors envelope supérieure des (¢,) est sci, Cest-d-dire la fonction @ définie par (x) = Sup (x) est s.c.i. (e) Si E est compact et si @ est sci. alors @ atteint sa borne inférieure sur E. On suppose maintenant que E est un espace vectoriel. Rappelons la Définition. — Une fonction @: E+] — 0, + c] est dite convexe si (tx + (1 = dy) < tox) + — DE) Vx, yeE, Wee ]0, If Nous utiliserons quelques propriétés élémentaires des fonctions convexes : (a) Sig est une fonction convexe, alors epi @ est un ensemble convexe dans E x R; et réciproquement. (b) Si @ est une fonction convexe, alors pour tout X€ R ensemble [p < 2] est convexe; mais la réciproque n’est pas vraie. (!) Insistons sur le fait que ® = 0, + of et donc ici 2 ne prend pas la valeur + 0 INTRODUCTION A LA THEORIE DES FONCTIONS CONJUGUEES 9 (6) Si, et @2 sont des fonctions convexes, alors @, + 2 est convexe. (d) Si (—),¢1 €st une famille de fonctions convexes alors 'enveloppe supérieure des (,) est convexe. On suppose dans toute la suite que E est un ev.n. Défmnition. Etant donnée une fonction @ : E+] — 00, + ] telle que @ # + 0 (ie. D(9) # @) on définit la fonction g* : E’ > ] — oo, + co], conjuguée de @ par 9°) = Sup ( & sur A et ® <« sur B on obtient: (ko tkh>a, Vx dAleepie et Kf. x0) + kho a xe D(o) et donc Kf.x0> + kP(Xo) > & > Kio) + kho- 10 THEOREMES DE HAHN-BANACH D’oti k > 0. On déduit de (11) que _ 6-tf-0@<-2 veeDQ@) k k et par suite o(-ts) < +o. On définit maintenant, lorsque @* # + 00, la fonction @** : E+] — «0, + 0] par @*F (x) = | {Kh — oN} © Théoréme 1.10 (Fenchel-Moreau). — On suppose que « est convexe, s.ci. et 9 # + ©. Alors o** = Demonstration. — On procéde en deux étapes : 1 étape. On suppose, de plus, que @ > 0. Dabord, il est clair que @** < @; en effet @aprés la définition de @* ona Kf) a, Vix. Meepi e (13) Kh X0> + kp**(xo) < a. Men résulte que k > 0 (choisir dans (12), x € D(g) et A = n> &). [Ici, on ne peut pas conclure comme dans la démonstration de la proposition 1.9 que k > 0; on pourrait éventuellement avoir k = 0, ce qui correspondrait 4 un hyperplan H « vertical » dans E x R}. Soit ¢ > 0; comme @ > 0 on a grace a (12): LO+k+ oe) 2a YreD(Q). @aprés la définition de @**(xo), il vient y+ ee +X) + ——— kte " kte f 9**(X0) 2 — pe = e(- a) ie Par suite Lixo) + (k + )O**(X9) FA Ve> 0, ce qui contredit (13). 2° étape : Le cas général. Soit fy € D(@*) (D(g*) # @ d’aprés la proposition 1.9). Pour se ramener au cas précédent on introduit la fonction (x) = (x) — Cfo x) + 9*(fo) INTRODUCTION A LA THEORIE DES FONCTIONS CONJUGUEES 11 de sorte que @ est convexe sci, @ # + 00 et @ > 0. Grice a la 1 étape on sait que (9)** = @. Calculons maintenant (@)* et (9)**. Ona (O)*D) = OFF + fo) — O*(fo) et (O)**(X) = @**(X) — (for x) + O*(fo)- Doi o** =. UN ExeMPLe, — Prenons (x) = ||x||. On vérifie aisément que Oo si Ifl<1 +o si [fil >1. ewe{ Done o**(x) = Sup ¢f x). fee wit Ecrivant l'égalité @** = @ on retrouve (partiellement) le corollaire 1.4. Terminons ce chapitre avec une autre propriété des fonctions conjuguées. Théoréme 1.11 (Fenchel-Rockafellar). — Soient @ et deux fonctions convexes. On suppose qu'il existe x. tel que (Xo) < + 00, W(Xo) < + et @ est continue en x. Alors = {o(e) + WX} = os {- 9*(-)- Wi} = we {-— o%(- A) - VA}. La démonstration du théoréme 1.11 utilise le Lemme 1.4. — Soit C c E un ensemble convexe; alors Int C est convexe ('). Si de plus Int C # @, alors on a C= Inc. Pour la démonstration du lemme 1.4 voir par exemple L. Schwartz [2], Bourbaki [1] ou bien [EX]. Demonstration bu THEOREME I.I1. — On pose a= Inf {9(x) + Yoo} nee Sup {— o*(-f) — WD} fer On vérifie aisément que b < a. D’autre part, on a ou bien ae R, ou bien a = — oo. Si a= — la conclusion du théoréme II] est évidente. Supposons done que aR. On note C=cpig. Ilest clair que Int C # @ (puisque @ est continue en xo). On va maintenant appliquer le (*) Int C désigne Tintérieur de C. 12 THEOREMES DE HAHN-BANACH théoréme de Hahn-Banach, premiére forme géométrique, avec A = Int C et B={[xA]eExR; 2 O(x) > a — W(x) (@aprés la définition de a) et donc [x,4]¢B. Par conséquent il existe un hyperplan fermé H qui sépare A et B au sens large. Done H sépare aussi A et B au sens large. Or A = Cdaprés le lemme 1.4. Par suite il existe fe E’, ke Ret ae R tels que ’hyperplan H @équation [® = a] dans E x R ot (Lx, A]) = <6 x> + kh sépare C et B au sens large. On a donc (14) GLx+kk >a V[ExA]ec (15) Gxo+tkhk 0. Montrons que (16) k>0. Rappelons d’abord que © ¥ 0 ce qui s‘écrit ||f|| + |k| # 0. Raisonnons par Pabsurde et supposons que k = 0. On aurait (d’aprés (14) et (15) «hx, 2a YxeD(g) Khx> 0 assez petit et donc 2% vzEBO,1). Ten résulte que o + eollf|l. Par ailleurs: ona <% — puisque x9 € Diy). Donec f= 0 — ce qui est absurde (car k = 0). On a done prouvé (16). On déduit de (14) et (15) que et par suite -o-D-o()>s Comme par ailleurs on a (d’aprés la définition de b) vfs On conclut que COMMENTAIRES SUR LE CHAPITRE 1 13 Un exempte. — Soit K c E un convexe fermé non vide. On pose Ix) Le er x) = ' +o si x¢K. Ix est appelée la fonction indicatrice de K. Noter que Ix est convexe, s.c.i. et Ix # + 00. La fonction conjuguée If est appelée fonction d'appui de K. Montrons que pour tout xp € E ona (17) dist (xo, K) = Inf |]x — xoll = Max {Cf x0> — Te} eek c iflsd En effet on a Inf |Ix — xgl| = Inf {9(x) + y(x)} avec xek xeE (x) = [x = Xoll et WX) = Iq(x). On applique le théoréme I.11. Remargue 6. — L’égalité (17) peut apporter des renseignements intéressants dans les situations ot Inf |x — xoll n'est pas atteint; voir un exemple dans [EX] xeK La théorie des surfaces minima fournit un cadre trés instructif of le probléme primal n’admet (en général) pas de solution (i. Inf {¢@(x) + (x)} n’est pas atteint) alors que le xeE o*(—f) — w*(f)}) admet une solution; voir Ekeland- probleme dual (ie. Max fee Temam [1]. Commentaires sur le chapitre I 1) Généralisations et variantes des théorémes de Hahn-Banach. La premiére forme géométrique du théoréme de Hahn-Banach s‘étend aux espaces vectoriels topologiques généraux. La deuxiéme forme géométrique s’étend aux espaces localement convexes — espaces qui jouent un réle important, entre autres en théorie des distributions (voir L. Schwartz [11). Le lecteur intéressé pourra consulter N. Bourbaki [1], Kelley-Namioka [1], G. Choquet [2] (Volume 2) et Taylor-Lay [1]. 2) Applications des théorémes de Hahn-Banach. Elles sont nombreuses et variées. Nous en signalons quelques-unes : a) Le théoréme de Krein-Milman Rappelons d’abord quelques definitions. Soit E un e.v.n. et soit A c E. L’enveloppe convexe fermée de A ~ notée conv A — est le plus petit ensemble convexe fermé contenant A. Soit K c E un ensemble convexe. On dit qu'un point x eK est extrémal si (»-0 — xo + 1x, avec re]0, If et 01K) = ( =x -s) © Théoréme 1.12 (Krein-Milman). — Soit K < E un ensemble convexe compact. Alors K coincide avec Venveloppe convexe fermée de ses points extrémaux. 14 THEOREMES DE HAHN-BANACH Le théorme de Krein-Milman a lui-méme beaucoup d’applications et de prolongements (théoréme de représentation intégrale de Choquet, théoréme de Bochner, théoréme de Bernstein, etc.). Sur ce sujet, consulter Bourbaki [1], Choquet [2] (Volume 2), Phelps [1], Dunford-Schwartz [1] (Volume 1), Rudin [1], Larsen [1], Kelley- Namioka [1], Edwards [1], Dellacherie-Meyer [1] (Chapitre X), Taylor-Lay [1], Diestel [2] et [EX]. b) En théorie des équations aux dérivées partielles. Citons en particulier, Pexistence d'une solution élémentaire pour tout opérateur différentiel P(D) a coefficients constants, non identiquement nul (théoréme de Malgrange- Ehrenpreis); voir par exemple Hérmander [1], Yosida [1], Rudin [1], Treves [2], Reed- Simon [1] (Volume 2). Dans le méme esprit, citons la démonstration de 'existence d'une fonction de Green pour le Laplacien par la méthode de Garabedian et Lax; voir Garabedian [1]. 3) Fonetions convexes. La théorie des fonctions convexes et des problémes en dualité s'est considérablement développée depuis une trentaine d’années; voir Moreau [I], Rockafellar [1] Ekeland- Temam [1]. Parmi les applications citons entre autres : a) La théorie des jeux, l'économie, l'optimisation, la programmation convexe; voir Aubin [1], [2], Karlin [1], Balakrishnan [1], Barbu-Precupanu [1], Moulin-Fogelman [1], Stoer-Witzgall [1]. b) La mécanique; voir Moreau [2], Duvaut-Lions [I], Germain [1], l'article de Temam-Strang [1] et les commentaires de Germain qui font suite a cet article. Noter aussi utilisation de la dualité dans un probléme intervenant en théorie des plasmas (voir Damlamian [I] et les références citées). c) La théorie des opérateurs monotones et des semi-groupes non linéaires, voir Brezis [1]. d) Les problémes variationnels liés a la recherche de solutions périodiques pour les systémes hamiltoniens et les equations non linéaires de cordes vibrantes, voir les travaux récents de Clarke, Ekeland, Lasry, Brezis, Coron, Nirenberg (citons par exemple Clarke- Ekeland [1], Brezis-Coron-Nirenberg [I] et les références de ces articles). 4) Prolongement d’opérateurs linéaires continus. — Soient E et F deux espaces de Banach. Soit G < E un sous-espace vectoriel fermé et soit g : G + F un opérateur linéaire continu. On peut se poser la question de savoir s'il existe f: E + F opérateur linéaire continu qui prolonge g. Noter que le corollaire I.2 résout le probléme seulement si F = R. La réponse est affirmative dans certains cas : 4) Si dim F < co, on peut choisir une base dans F et appliquer le corollaire 1.2 & chaque composante de g. b) Si G admet un supplémentaire topologique (voir chapitre II); ceci est le cas par exemple si dim G < o ou bien si codim G < o, ou bien si E est un espace de Hilbert. La réponse est négative dans le cas général, méme si E et F sont des espaces réflexif's (voir [EX]. Bien entendu on peut aussi se poser la question de savoir quand il existe un prolongement f de g tel que [Ifllie,r = ligllaic.r- Ce probléme est difficile. II LES THEOREMES DE BANACH-STEINHAUS ET DU GRAPHE FERME. RELATIONS D’ORTHOGONALITE. OPERATEURS NON-BORNES. NOTION D’ADJOINT. _ _ CARACTERISATION DES OPERATEURS SURJECTIFS IL1. Rappel du lemme de Baire Le lemme suivant est un résultat classique qui joue un réle essentiel dans les démonstrations du chapitre I. Lemme IL.1 (Baire). — Soit X un espace métrique complet. Soit (X,)q>1 une suite de fermés. On suppose que IntX, = @ pour chaque n> 1. Alors tn( U x,) =f nt Remargue 1. — Le lemme de Baire est en général utilisé sous la forme suivante. Soit X un espace métrique complet non vide. Soit (X,),>1 une suite de fermés telle que U X, = X. Alors il existe ny tel que Int X,, # @. Demonstration. — On pose O, = QX, de sorte que O, est un ouvert dense. II s’agit de montrer que G = f) O, est dense dans X. nt Soit @ un ouvert non vide de X; on va prouver que @ NG ¥ Z. On note B(x,r) = {yeX; d(y,x) 0 arbitraires tels que B(%p, 70) € 0. On choisit ensuite x, € B(xo, ro) 7 O, et r, > 0 tels que B(x,,71) < B(x, 79) 0; n O 0 Tn O |. Comme x,,, € B(x,,7,) pour tout n> 0 et tout p > 0, on obtient a la limite (quand p — 0): 1eB(xpr,) Vn > 0. En particulier Jeo 0G. II.2. Le théoréme de Banach-Steinhaus Notation. — Soient E et F deux e.v.n. On désigne par (E, F) espace des opérateurs lingaires et continus de E dans F muni de la norme IITllee.r = Sup TxIl Mail <1 On pose ¥(E) = £(E,E). © Théoréme II.1 (Banach-Steinhaus). — Soient E et F deux espaces de Banach. Soit (T)jc1 une famille (non nécessairement denombrable) d’opérateurs lineaires et continus de E dans F. On suppose que a Sup [[Tjxl| <0 Vee. et Alors Q) Sup ITilleen < 2%. Autrement dit, il existe une constante c telle que Tl] < eljx|) VxeE, Viel. Remargue 2. — Dans la littérature américaine le théoréme II.1 est souvent désigné sous le nom de Principle of Uniform Boundedness — ce qui exprime bien le contenu du résultat : on déduit une estimation uniforme a partir d’estimations ponctuelles. THEOREME DE BANACH-STEINHAUS. 17, Demonstration. — Pour chaque entier n > 1 on pose X, = {xeE; Viel [ITxll 0. Soient xo € E et > 0 tels que B(x,r) ¢ X,,. Ona IT: + r2)l, feE=G Sup|T,(Jl< 0 Wek. bee de sorte que Grace au théoréme II.1 il existe une constante c telle que K£b>| «fortement borné » (voir chapitre III). On a un énoncé «dual» du corollaire 11.3 : Corollaire 11.4. — Soit G un espace de Banach et soit B' un sous-ensemble de G'. On suppose que (5) pour tout x = UJ (xeG = E) et on conclut qu'il existe une constante c telle que Kb, x>| 0 telle que 7) T(B(0, 1)) > By(0, ¢). THEOREME DE L'APPLICATION OUVERTE, 19 Remargue 4. — La propriété (7) entraine que T transforme tout ouvert de E en un ouvert de F (d’oti le nom de ce théoréme !). En effet soit U un ouvert de E; montrons que T(U) est ouvert. Soit yp € T(U), de sorte que yo = Txo avec Xp € U. Soit r > 0 tel que B(xo, 7) ¢ U ie. Xp + B(0,r) c U. On a alors Yo + T(B(O, r)) < T(U). Or, d’aprés (7) on a T(BQ, 7) > BOO, re) et par conséquent B(yo, re) < T(U). On déduit immédiatement du théoréme ILS le ¢ Corollaire 11.6. — Soient E et F deux espaces de Banach et soit T un opérateur linéaire continu et bijectif de E sur F. Alors T~' est continu de F dans E. DEMONSTRATION DU COROLLAIRE II.6, — La relation (7) exprime que pour tout x ¢ E tel que [ITx|| 0 telle que Ixllz < Cixi], V¥xeE. Alors il existe une constante c > 0 telle que IIx 0 tel que (8) T(B(O, 1) > B(O, 2c). Demonstration. — On pose X, = nT(B(0, 1)); comme T est surjectif on a UJ X, = F et grice au lemme de Baire on sait quiil existe ny tel que Int X,, # . Il en résulte que Int (TBO, 1)] 4 . Soient c > 0 et yoeF tels que 2) B(y, 4c) < T(BO, 1). En particulier yy € T(B(0, 1)), et par symétrie ona (10) — ype TBO, I). H. Brezis. — Analyse Fonctionnelle 2 20 THEOREMES DE BANACH-STEINHAUS ET DU GRAPHE FERME. Par addition de (9) et (10) on obtient B(O, 4c) < T(BO, 1)) + T(BO, 1). Enfin, comme T(B(0, 1)) est convexe on a T(BO, D) + TBO, 1) = 2TBO,1). D'oui (8). Deuxiéme étape. — Soit T un opérateur linéaire et continu de E dans F qui vérifie (8). Alors ona (11) T(B(O, 1)) > B(O, ¢). Demonstration. — Fixons y¢F avec |lyl] 0O JzeE avec |lz|| < 3 et lly — TzI|<&. c On choisit ¢ = 5 et on obtient un z, €E avec 1 c ile Appliquant le méme procédé avec y— Tz, (au lieu de y) et avec © = ¢. on obtient un 2,€E tel que 1 c Nee 6 Ot) tal Ainsi de suite, on construit par récurrence une suite (z,) telle que c p 1 zal < = lly — Te, +22 + -7° +2) < Vn. Done la suite x, = 2, + 2, + °** +2, est de Cauchy. Soit x, + x; on a j[x|| <1 et y = Tx puisque T est continue. ¢ Théoréme 11.7. — (Théoréme du graphe fermé). — Soient E et F deux espaces de Banach. Soit T un opérateur linéaire de E dans F. On suppose que le graphe de T, G(T), est fermé dans E x F. Alors T est continu. Remargue 6. — Bien entendu la réciproque est vraie puisque toute application continue (linéaire ow non linéaire) a un graphe fermé. DéMmonstrarion bu THEOREME II.7. — On applique la remarque 5. On considére sur E les deux normes Uelly = Walle + NTxlleC) et all, = Ills - () Cette norme est appelée la norme du graphe. SUPPLEMENTAIRE TOPOLOGIQUE 21 Comme G(T) est fermé, E muni de la norme |j ||, est un espace de Banach. D’autre part lixllz < llxlly. Par conséquent ces deux normes sont équivalentes : il existe une constante > 0 telle que [Ixll, 0 telle que (3) tout z€G + L admet une décomposition de la forme zaxty avec xeG, yeL, [xl] < C llzll et Ibil < CIlcll. Demonstration. — On considére espace produit G x L muni de la norme IDs yIIl = Ill + lly et espace G + L muni de la norme de E. L’application T: G x L + G + L définie par TLx, y] = x + y est linéaire continue et surjective. D'aprés le théoréme de I’application ouverte il existe une constante c > 0 telle que tout z¢G +L avec ||z|| < ¢ s‘écrive z=x+yavec xeG, yeL et ||x|| + |lyl| < 1. Par homogénéité tout ze G + L s’écrit 1 x+y avec xeG, yeL et [xi] + llyll <—llzll. c Corollaire 11.9. — Mémes hypotheses qu’au théoréme 11.8. Alors il existe une constante C telle que (14) dist (x, G OL) < C[dist (x, G) + dist (x, LJ] Ve E. Demonstration. — Soient x €E et ¢ > 0. Il existe aeG et beL tels que |lx — all < dist(x,G) +6 [lx — bl < dist(x,L) + & La propriété (13) appliquée 4 z = a — b montre qu'il existe a’ eG, b’eL tels que a-b=a+b, lal] (i) Soit L un supplémentaire topologique de N(T). On désigne par P la projection de E sur L (P est opérateur linéaire continu). Etant donné fe F, on désigne par x Pune des solutions de équation Tx = fet on pose $f = Px; on notera que Sest indépendant du choix de x. On vérifie aisément que S est un opérateur linéaire continu tel que T oS = Idp. Remargue 9. — On peut construire des exemples d’espaces E et F réflexifs et d’opérateurs surjectifs qui ne possédent pas d’inverse d droite. Considérer par exemple G cE sous-espace fermé sans supplémenitaire topologique (remarque 8), F = E/G et T 1a projection canoni- que de E sur F (pour la définition et les propriétés de l’espace quotient E/G voir par exemple [Ex]). De maniére analogue on dit que S est un inverse a gauche de T si S est un opérateur linéaire continu de F sur E tel que S oT = Ide. Théoréme IL.11, — Soit T un opérateur linéaire, continu et injectif de E dans F. Les propriétés suivantes sont équivalentes : () T admet un inverse & gauche. (i) R(T) = T(E) est fermé et admet un supplémentaire topologique dans F. Demonstration. @ + Gi) Mest facile de vérifier que R(T) est fermé et que N(S) est un supplémentaire topologique de R(T). (i) = @ Soit P un projecteur continu de F sur R(T). Soit fe F; comme Pfe R(T), il existe x € E unique tel que Pf = Tx. On définit Sf = x. Ilest clair que S oT = Idg; d’autre part $ est continu grace au corollaire II.6. ILS. Relations d’orthogonalité Notations. — Soit X un espace de Banach. Si M c X est un sous-espace vectoriel on pose M! = {feXs (fx) =0 VxeM}. SiN c X' est un sous-espace vectoriel on pose Ni = {xeX; Gixy=0 VEN). 24 THEOREMES DE BANACH-STEINHAUS ET DU GRAPHE FERME. On dit que M! (resp N4) est orthogonal de M (resp N). Remarquons que M! (resp N+) est un sous-espace vectoriel fermé de X’ (resp X). Commencons par un résultat simple : © Proposition 11.12. — Soit M < X un sous-espace vectoriel. Alors ona (M4)! =M Soit N < X’ un sous-espace vectoriel. Alors on a (NYA SN. Remargue 10. — Il peut se produire que (N+)! # N; voir un exemple dans [EX]. On verra au chapitre III que si X est réflexif alors (N+)! = N. Plus généralement on verra que si X est un espace de Banach queleonque alors (N+)! coincide avec la fermeture de N pour la topologie o(X', X). Demonstration DE LA proposition II.12. — Il est clair que M < (M+)+ et comme (M+)¢ est fermé, on a M c (M+)+. Inversement montrons que (M+)+ c M. Raisonnons par l'absurde et supposons qu'il existe xp € (M+)! tel que xo ¢ M. On sépare alors {xo} et M au sens strict par un hyperplan fermé. Donc il existe fe X’ et ae R tels que (1s) Gx = 0 — ce qui contredit (15). De méme il est clair que N < (N+)! et donc N ¢ (N+)+. Remargue II. — I est instructif d'essayer de poursuivre la démonstration pour tenter de prouver que (N+)! = N. Supposons, par labsurde, qu'il existe fy € (N“)* tel quefy ¢ N. On sépare alors { fo} et N au sens strict par un hyperplan fermé dans X’. Donc il existe g € X"et ae R tels que @(f) < % < (fo) VfeN. Ona encore @(f) = 0 WfeN, mais on ne peut pas poursuivre — sauf si « par hasard » il existe xo € X tel que ON) = = 0. Inversement on a Gt < Gt + Lt et donc (Gt +L} Gt (19) (GE nb =G4L Demonstration. — Appliquer les propositions II.12 et 11.13. Voici maintenant un résultat plus profond : ‘* Théoréme 11.15. — Soient G et L deux sous-espaces fermés de X. Les propriétés suivantes sont équivalentes : (a) G+ L est fermé dans X (6) G+ + L+ est fermé dans X' (G+ (Gt o L*)* (@) Gt + Lt =(G nL). DEMonsTRATION. (a) = (0) résulte de (17). (@) => (6) est trivial. Reste donc 4 montrer que (a) => (d) et (b) > (a). (@) > (@). Grace a (16) il suffit de prouver que (Gn L)! c Gt + Lt. Soit done fe(GL). On définit une application @:G + L +R de la maniére suivante. Soit xeG + L, de sorte que x = a + b avec ae Get be L. On pose @(x) = Vfex’ xeG+L tlle (grace a (17). 26 THEOREMES DE BANACH-STEINHAUS ET DU GRAPHE FERME Combinant (20) (21) (22) et (23) on obtient (24) Sup + Sup (fx) VfeX’. xeG+L xeG xeL Iblis Iie Ixiiet Il résulte de (24) que — (25) Bo, 1) + BLO, > & Basi(0. ) En effet, supposons — par l'absurde — qu'il existe xo¢G + L avec 1 — Ixoll < c et Xo ¢ Bg (0, 1) + BL@, 1). On pourrait alors séparer strictement {xo} et Bg(0, 1) + B.(0, 1) par un hyperplan fermé dans X: il existerait fe X’ et ae R tels que Kh xX) Yx € Bg(0, 1) + B,(0, 1). Par conséquent on obtiendrait Sup Br{ 0, < }. On conclut [voir la démonstration du théoréme ILS (théoréme de application ouverte), 2¢ étape] que 1 T(B,(0, 1)) > Bio x): En particulier T est surjective de E sur F ie. G+L=G IL.6. Introduction aux opérateurs linéaires non-bornés. Définition de l’adjoint Définitions. — Soient E et F deux espaces de Banach. On appelle opérateur linéaire non-borné de E dans F toute application linéaire A: D(A) c E+ F définie sur un sous-espace vectoriel D(A) ¢ E, a valeurs dans F. D(A) est le domaine de A. On dit que A est borné s'il existe une constante c > 0 telle que Aull < cllull Vue D(A). INTRODUCTION AUX OPERATEURS LINEAIRES NON BORNES. 27 Remarque 12. — Il peut done arriver qu'un opérateur non-borné soit borné. La terminologie n'est pas trés heureuse, mais elle est communément répandue et elle nengendre pas de confusions ! Précisons quelques notations et définitions importantes Graphe de A= G(A) = U [u Au] cE x F ueDiay Image de A=R(A)= Uo AucF weD(A) Noyau de A = N(A) = {ue D(A); Au = 0} cE. Définition. — On dit qu'un opérateur A est fermé si G(A) est fermé dans E x F. © Remargue 13. — Pour prouver qu'un opérateur A est fermé on procéde en général de la maniére suivante. On prend une suite (u,) dans D(A) telle que u, + u dans E et Au, + f dans F. Il s'agit ensuite de vérifier que (@ we D(A) (0) f = Au. Remargue 14. — Si A est fermé, alors N(A) est fermé. Remargue 15. — En pratique, la plupart des opérateurs non-bornés que l'on rencontrera sont fermés et a domaine D(A) dense dans E. Définition de Padjoint A*. — Soit A: D(A) < E > F un opérateur non-borné a domaine dense. On va définir un opérateur non-borné A* : D(A*) c F’ > E’ comme suit. On pose D(A*) = {ve F'; 3c > 0 tel que |v, Au>| < cllul] Yue D(A)}. Hest clair que D(A*) est un sous-espace vectoriel de F’. On va maintenant définir A*v pour ve D(A*). Etant donné v ¢ D(A*) on considére lapplication g : D(A) + R définie par gu) = R telle que If) < cllul| Vue EL Par suite fe E’. On remarquera que le prolongement de g est unique puisque fest continue sur E et que D(A) est dense. On pose Ato =f. Ilest clair que A* est linéaire. L’opérateur A* : D(A*) < F’ — E’ est appelé l'adjoint de A. On a par conséquent la relation fondamentale suivante qui lie A et A*: dv, Audpp = Atv, pe Yue D(A), Vue D(A*) Remarque 16. — Il nest pas nicessaire de faire appel au théoréme de Hahn-Banach pour prolonger g. Il suffit d'utiliser le prolongement « par continuité » de g (puisque g est défini 28 THEOREMES DE BANACH-STEINHAUS ET DU GRAPHE FERME sur D(A) dense, g est uniformément continue et R est complet); voir par exemple Choquet [1], théoréme 20-14 du chapitre V. x Remarque 17. — Il peut se produire que D(A*) n'est pas dense dans F’, méme si A est fermé ; voir un exemple dans [EX]. Toutefois on montre que si A est fermé, alors D(A*) est dense dans F’ pour la topologie o(F’, F) déinie au chapitre III; voir [EX]. En particulier si F est réflexif, alors D(A*) est dense dans F’ pour la topologie usuelle associée a la norme; voir § ILS. Proposition 11.16. — Soit A: D(A) c E — F un opérateur non-borné a domaine dense. Alors A* est fermé, ie. G(A*) est fermé dans F’ x E’. Demonstration. — Soit v, € D(A*) tel que v, + v dans F’ et A*v, + f dans E’. Il s'agit de prouver que (a) v< D(A) et (b) Atv =f. Or on a Xb,, Au) = [-f, ve Gay. Il est commode d’introduire espace X = E x F de sorte que X’ = E’ x F’ et de considérer les sous-espaces G = G(A) et L = E x {0} dans X. On peut décrire N(A), N(A*), R(A) et R(A*) en termes de G et L. On vérifie trés facilement que (26) N(A) x (0} =G aL (27) Ex R(A)=G4L (28) {0} x N(A*) = GE n Lt (29) R(A*) x F=Gt+Lt. © Corollaire 1.17. — Soit A: D(A) c E-+F un opérateur non-borné, fermé, avec D(A) = E. Alors ona @) N(A) = R(A*)* (ii) N(A*) = R(A)* N(A)! > R(A*) (iv) N(A*)! = R(A). CARACTERISATION DES OPERATEURS A IMAGE FERMEE 29 Demonstration. — Preuve de (i). — D'aprés (29) on a R(A*} x {0} = (Gt + L+}! = G OL (grace a (16) = N(A) x {0} (grace a (26)). Preuve de (ii). — D’aprés (27) on a {0} x R(AY = (G + L} = Gt o Lt (grace a (17) = {0} x N(A*) (grace a (28). Preuve de (iii) et (iv). — Utiliser (ji) (resp (ii), passer 4 orthogonal et appliquer la proposition 11.12. Remargue 18. — A titre d’exercice on cherchera une démonstration directe de (i) et (ii) sans introduire G et L; voir [EX]. * Remarque 19. — Il peut se produire, méme si A est un opérateur linéaire et continu de E dans F que N(A}! # R(A*); voir un exemple dans [EX]. Toutefois (cf. remarque 10) on peut montrer que N(A)! coincide toujours avec la fermeture de R(A*) pour la topologie o(E’, E); en particulier si E est réflexif on a toujours N(A}' = R(A*). II.7. Caractérisation des opérateurs a image fermée. Opérateurs surjectifs. Opérateurs bornés % Théoréme IL18. — Soit A:D(A) c E> F un opérateur non-borné, fermé, avec D(A) = E. Les propriétés suivantes sont équivalentes : (i) R(A) est fermé (ii) R(A*) est fermé (iii) R(A) = N(A*)* (iv) R(A*) = N(A)+. Démonsrration. — On reprend les notations introduites au § 11.6. De sorte que @ <= G+L est fermé dans X (cf. (27) (ii) <=> G4 + L+ est fermé dans X’ (cf. (29) oe G+L=(G@ ol Ef. 27) et (28) (iv) <> (G AL} = Gt + Lt Gf. (26) et (29). On conelut grace au théoréme (II.15). Remarque 20. — Soit A: D(A) c E — F un opérateur non-borne, fermé. Alors R(A) est fermé si et seulement s’il existe une constante C telle que : dist(u, N(A)) < Cl|Aul| Yue D(A); voir [EX]. Le résultat qui suit est une caractérisation utile des opérateurs surjectifs. % Théoréme I.19. — Soit A: D(A) CE—F un opérateur non-borné, fermé, avec D(A) = E. Les propriétés suivantes sont équivalentes : (a) A est surjectif ie. R(A) = 30 THEOREMES DE BANACH-STEINHAUS ET DU GRAPHE FERME (b) il existe une constante C > 0 telle que ||| < CA*¥| Yee D(A*) (c) N(A*) = {0} et R(A*) est fermé. Remarue 21. — En pratique si l'on cherche a établir qu'un opérateur A est surjectif, on utilise implication (6) = (a) de la maniére suivante. On considére l’équation A*v = favec fe E’ et on montre que |jul] < Cll/l| avec C indépendante de f. Cette technique s’appelle la méthode des estimations a on ne se préoccupe pas de savoir si 'équation Atv = f posséde ou non une solution; on se donne a priori une solution de cette équation, et on cherche & estimer sa norme. Déwonstration. (@ = (0). Cest une conséquence directe du corollaire II.17 et du théoréme II.18. (5) = (© est évident (raisonner par les suites de Cauchy) (c) + (b)Grace A (28) et (29) on sait que Gt - L+ = {0} et que Gt + L* est fermé. On peut appliquer le théoréme IL.8 : il existe une constante C telle que tout ze G + L* se décompose de maniére unique (puisque G' 7 L+ = {0}) en z=atb avec aeG belt, lial < Cel] et BI < Ch Soit v¢D(A*), alors z = [A*v, 0] s’écrit z = a + b avec a=[At, —v]eGt et b= [0, oJe Lt. On a done [lbll = Ilell < Cllzll = CIlA*ell. Remarque 22. — A titre d’exercice on établira implication (a) = (b) par une autre démonstration. On montrera que — sous 'hypothése (a) — ensemble {v€ D(A*); |A*b]] < 1} est borné dans F’ a l'aide du théoréme de Banach-Steinhaus. « Symétriquement » on a le: Théoréme 11.20. — Soit A:D(A) Cc E—F un opérateur non-borné, fermé, avec D(A) = E. Les propriétés suivantes sont équivalentes : (a) A* est surjectif ie. R(A*) = E’ (6) il existe une constante C telle que \lal| < Ci|Aul| Yue D(A) (©) N(A) = {0} et R(A) est fermé. Déwonsreation. — Elle est en tous points semblable a celle du théoréme II.19. Le lecteur pourra rédiger les détails a titre d’exercice. Remarque 23. — Si l'on suppose que dim E < 00 ou bien que dim F < o alors on a les équivalences : A surjectif <> A* injectif A® surjectif <> A injectif CARACTERISATION DES OPERATEURS A IMAGE FERMEE 31 En effet R(A) et R(A*) sont alors de dimension finie et donc fermés. Dans le cas général on a seulement les implications A. surjectif > A* injectif A* surjectif > A injectif. La réciproque est fausse comme le montre l'exemple suivant : : ‘ 1 E= F =P; a tout xeP, x = (x,),5; on associe Ax = (: ) de sorte que A = A*. n n> A* (resp A) est injectif mais A (resp A*) n'est pas surjectif’; A (resp A*) est d’image dense, non fermée. Indiquons enfin une caractérisation des opérateurs bornés : Théoréme II.21. — Soit A: D(A) < E — F un opérateur non-borné, fermé, avec D(A) = E. Les propriétés suivantes sont équivalentes : @ D@)=E ii) A est borné i) D(A*) = F’ (iv) A* est borné. Dans ces conditions on a Allee. r) = WAL ey- Demonstration. — (i) = (ii) Appliquer le théoréme du graphe fermé. Gi) > (ii) Appliquer la définition de D(A*). (iii) > (iv) Appliquer la proposition II.16 et le théoréme du graphe fermé. * (iv) > (est plus délicat. Notons d’abord que D(A*) est fermé. En effet soit v, € D(A*) avec v, > v dans F’. Ona IA*(O, = Op) < ClO = Upll 5 par conséquent (A*v,) converge vers une limite f- Comme A* est fermé, v€ D(A*) et Atv =f. Dans Tespace X = E x F, on considére les sous-espaces G = G(A) et L = {0} x F de sorte que G+L=DA)xF ec G4L x D(A*). Par conséquent G+ + L+ est fermé dans X’. Le théoréme II.15 permet de conclure que G + L est fermé; donc D(A) est fermé. Comme D(A) = E on en déduit que D(A) = E. Prouvons maintenant que IIA|lv@,r) = IIA*ll vee). Ona Wek, WweF. Donec Kv, Au>| < |IA*l [lel ul) et [|Aul] = Sup || = Sup |v, Au>| < [All lle. Iulect Hult Par conséquent ||A*|| < |All. Commentaires sur le chapitre II 1) On peut décrire explicitement certains sous-espaces fermés qui ne possédent aucun supplémentaire topologique. Par exemple, cy ne posséde aucun supplémentaire topologique dans |” (voir De Vito [1]); rappelons que |” désigne espace des suites = (x,) bornées de R muni de la norme |[x|| = Sup |x,| et co est le sous-espace fermé des suites telles que lim x, = 0. On trouvera d’autres exemples dans Rudin [1] (un sous- espace de L') ou dans Kéthe [1] et Beauzamy [1] (un sous-espace de /?, p # 2). 2) La plupart des résultats du chapitre II s’étendent aux espaces de Fréchet (espaces localement convexes, métrisables, complets). De nombreuses généralisations sont possibles; voir par exemple Schaefer [1], Horvath [1], Edwards [1], Treves [1], [3], Kothe [1]. Ces extensions sont motivées par la théorie des distributions (voir L. Schwartz [1]) ou beaucoup d’espaces importants ne sont pas des espaces de Banach. Pour les applications a la théorie des équations aux dérivées partielles on pourra consulter Hormander [1], Treves (1 [21 [3]. 3) On trouvera dans Kato [1] quelques prolongements des résultats du § ILS. Ill TOPOLOGIES FAIBLES. ESPACES REFLEXIFS. ESPACES SEPARABLES. ESPACES UNIFORMEMENT CONVEXES III.1. Rappel sur la topologie la moins fine rendant continues une famille d’applications Commencons par un rappel de topologie générale, Soit X un ensemble et soit (Yer une famille d'espaces topologiques. Pour chaque i¢I on se donne une application OX >Y,. Probléme 1. — Munir X d'une topologie qui rende continues toutes les applications (<1 Si possible, construire la topologie @ la moins fine ic. avec le minimum douverts [autrement dit la topologie la plus « économique »] qui rende continue toutes les ())je1- Notons que si X est muni de la topologie discréte [i.e. tout sous-ensemble de X est ouvert], alors chaque @; est continue; bien entendu cette topologie est loin d’étre «économique» — c'est méme la moins économique! Soit w; ¢ Y, un ouvert, alors ©, '(@) est nécessairement un ouvert pour la topologie @ . Lorsque ; décrit la famille des ouverts de Y, et que i décrit I, les g; '(@,) constituent une famille de sous-ensembles de X qui sont nécessairement des ouverts de la topologie & ; désignons cette famille par (U,),¢a- La topologie @ est la topologie la moins fine telle que les (U,), <4 soient des ouverts. On est donc ramené au probléme suivant : Probléme 2. — Construire la famille ¥ de sous-ensembles de X, la plus économique possible, qui soit stable par (Jet (J et telle que U, € ¥ pour tout 4 € A. La réponse fine quelconque au probléme 2 est donnée par la construction suivante : On considére d’abord les intersections finies ie. (] U,, F< A, T fini. On obtient her ainsi une famille @ de sous-ensembles de X, stable par (). On considére ensuite la famille fine F obtenue a l'aide des réunions quelconques d’éléments de ©. Il est clair que la famille ¥ 34 TOPOLOGIES FAIBLES. ESPACES REFLEXIFS est stable par réunion quelconque; par contre, il n’est pas évident que la famille F soit stable par f). C'est Pobjet du finie Lemme IIL1. — La famille ¥ est stable par (). finie La démonstration du lemme III.1 est laissée au lecteur. Elle constitue un agréable (!) divertissement en théorie des ensembles. Remarque 1. — On ne peut pas inverser ordre des opérations dans la construction de ¥. Il efit été tout aussi naturel de commencer par envisager les (J d’ensembles (U,) et ensuite de prendre les (). ueleonque finie La famille ainsi obtenue est bien entendu stable par (), mais elle n’est pas stable par fie U_ . Il faudrait prendre encore une fois des réunions quelconques. audloongue Récapitulons : les ouverts de la topologie @ s'obtiennent en considérant d’abord des intersections finies d’ensembles de la forme @; !(@,), w; ouvert de Y, et ensuite des réunions quelconques. Etant donné un point x € X on obtient donc une base de voisinages de x pour la topologie & en considérant les ensembles de la forme () 9; !(V,) 08 V; est un voisinage de ox) dans Y,. Dans la suite on munit X de la topologie @; rappelons quelques propriétés élémentaires de cette topologie. © Proposition IIL1. — Soit (x,) une suite de X. Alors x, +x si et seulement si o,(x,) + 0,(x) pour tout icl. Demonstration. — Si x, -» x, alors @,(x,) + (x) pour tout i€1 puisque chaque 9, est continue. Réciproquement, soit U un voisinage de x. D'aprés ce qui précéde on peut toujours supposer que U est de la forme U = (9; (V), J ¢ I fini. Pour chaque ic J il existe un ied entier N, tel que 9,(x,)€ V, pour n > N,. Soit N = Max N,. On a donc x,¢U pour ied n>N. © Proposition 111.2. — Soit Z un espace topologique et soit y une application de Z dans X. Alors ¥y est continue si et seulement si 9,0 est continue de Z dans Y, pour chaque i€ I. Demonstration. — Si est continue, alors @;,o1 est aussi continue pour chaque jel. Inversement, soit U un ouvert de X; montrons que y~ '(U) est un ouvert de Z. On sait que U est de la forme U= U 1 @;"(@) avec @, ouvert de Y,. Par conséquent queleongue fnie WIOM= U NV'wie@l)= U Neoew'@): queleonque nie queleongue finie ceci est un ouvert de Z puisque chaque application @,0 W est continue. DEFINITION ET PROPRIETES ELEMENTAIRES 35 IIl.2. Définition et propriétés élémentaires de la topologie faible o(E, E’) Soit E un espace de Banach et soit fe E’. On désigne par @, : E + R application définie par p(x) = J, x). Lorsque f décrit E’ on obtient une famille (¢,);< p d’applications de E dans R. Définition. — La topologie faible o(E, E’) sur E est la topologie la moins fine sur E rendant continues toutes les applications (p,),_ ¢-(au sens du§ III.!avecX = E, Y; = RetI = E’). Proposition I — La topologie faible o(E, E') est séparée. Demonstration. — Soient x,, x, €E avec x, # x). On cherche a construire O, et O, ouverts pour la topologie faible o(E, E’) tels que x, €O,, x.€O, et O; NO, = Z. Diaprés le théoréme de Hahn-Banach (deuxiéme forme géométrique) il existe un hyperplan fermé séparant {x,} et {x} au sens strict. Donc il existe fe E’ et ae R tels que Ch x1 a} On pose 970-0, af 0; '(e, + oof). O, et O, sont des ouverts pour o(E, E’) qui vérifient x, €O,, x, €O, et O, AO, = Proposition II1.4. — Soit xo ¢ E; on obtient une base de voisinages de x. pour la topologie o(E, E’) em considérant tous les ensembles de la forme KEE; [(fi,x— XxX] 0. Demonstration. — Il est clair que V = 1) 97! (Ja; — €, a; + e[) avec a, = Cf, xo) est un fet“ ouvert pour la topologie o(E, E’) et contient xo. Inversement soit U un voisinage de xo pour o(E, E’), On sait (cf. § HII-1) qu'il existe un voisinage W de x9, W c U de la forme W =f o;'(@), I fini, et @, voisinage (dans R) de 0 ta “t tel que Ja, — &, a, + e[ @, pour chaque iel. Par suite xxeV CW CU. Notation. — Etant donnée une suite (x,) de E, on désigne par x, — x la convergence de x, vers x pour la topologie faible o(E, E’). Afin d’éviter les confusions on précisera souvent «x, — x faiblement pour o(E, E’)». En cas d’ambiguité on insistera en disant « x, + x fortement » pour signifier que ||x, — xl] + 0. © Proposition 111.5. — Soit (x,) une suite de E. Ona @ (x, + pour o(E, E)] = (fx) > fx» WfeE] (i) Si x, + x fortement, alors x, — x faiblement pour o(E, E') ) Six, — x faiblement pour o(E, E:), alors ||x,|| est bornée et ||x\| < lim inf |\x,||. (iv) Six, — x faiblement pour o(E, E’) et si f, + f fortement dans E’ (i.e. ||f, — file >), alors < fy X,> > + 36 TOPOLOGIES FAIBLES. ESPACES REFLEXIFS DEMONSTRATION. (i résulte de la proposition III.1 et de la définition de la topologie faible o(E, E’). (ii) résulte de (i) puisque || < IIfllllx, — xl Preuve de (ii). — On applique le corollaire 11.3 — qui est une conséquence du théoréme de Banach-Steinhaus. II suffit donc de vérifier que pour chaque fe E’ l'ensemble (] < III lim inf Ix. Par conséquent (corollaire 1.4) [xl] = Sup [Kf x>| < lim inf |[x,]|. ist Preuve de (iv). — On a Kav Xn — LOU S MK In SX + 1G Xn = D1 < MWe = FIIPSall + KK Xn = DE On conclut grace a (i) et (ii). Proposition 111.6. — Lorsque E est de dimension finie, la topologie faible o(E, E’) et la topologie usuelle coincident. En particulier une suite (x,) converge faiblement si et seulement si elle converge fortement. Déwonstration. — La topologie faible a toujours moins d’ouverts que la topologie forte. Inversement nous devons vérifier qu’un ouvert fort est un ouvert faible. Soit xo € E et soit U un voisinage de xq pour la topologie forte. I] faut construire un voisinage V de xp pour la topologie faible o(E, E’) tel que V c U. Autrement dit, il faut trouver une partie finie (fier de E’ et ¢ > 0 tels que V = {xeE; (fj, x — xol <6, Viel} CU. Supposons que B(xo, r) © U. On choisit une base €1, €2, ++ & de E avec lel = 1, Vi. Pour tout x € E, on a une décomposition x = 2 x,e;; les applications x ++» x; définissent formes linéaires continues sur E notées fj. On a alors Ix = xoll < DL Mf, x — X0>| < ne im ‘i r . pour x V. Choisissant ¢ = —> on obtient Vc U. n Remarque 2. — Les ouverts (resp. les fermés) de la topologie faible o(E, E’) sont aussi ouverts (resp. fermés) pour la topologie forte. Lorsque E est de dimension infinie la topologie faible o(E, E’) est strictement moins fine que la topologie forte i.e. il existe des ouverts (resp. des fermés) pour la topologie forte qui ne sont pas ouverts (resp. fermés) pour la topologie faible. Voici deux exemples : DEFINITION ET PROPRIETES ELEMENTAIRES 37 Exemple 1. — L’ensemble S = {x € E; [|x|] = 1} n'est jamais fermé pour la topologie faible o(E, E’). Plus précisément montrons que an gee) motk.e) (5° designe la fermeture de S pour la topologie o(E, E’]. xB; [Ixll < }} a fat! Stee) . wos Soit xq € E avec ||xol] < 1; vérifions que xo €S° . Soit done V un voisinage de x» pour o(E, E’); on va prouver que V > S # Z. On peut toujours supposer que V est de la forme V={xeE; Kf, x-—xol 0 tel que ||xo + foyoll = 1. Par conséquent xp + foy¥9€V OS (*). On vient de vérifier que Sc {xeE; Ix <1} 5" On en déduit (1) si l'on sait que {x € E; ||x|] < 1} est fermé pour la topologie o(E, E’) — ceci résulte du théoréme III.7. Exemple 2. — L'ensemble U = {x €E; [|x|] < 1} n'est jamais ouvert pour la topologie faible o(E, E’). Plus précisément on va vérifier que lintérieur de U pour o(E, E’) est vide. En effet supposons — par 'absurde — qu'il existe xp € U et un voisinage V de x9 pour O(E, E’) tel que V U. D’aprés ce qui précéde on sait que V contient une droite passant par xo — ce qui contredit Vc U. Remarque 3. — Lorsque E est de dimension infinie la topologie faible o(E, E’) n'est pas métrisable, i.e. il n’existe pas de métrique (et a fortiori pas de norme) définie sur E et qui induise sur E la topologie faible; voir [EX]. Toutefois on verra que si E’ est séparable on peut construire une métrique définie sur B = {x € E; |[xi| < 1} et qui induit sur B la méme topologie que la topologie faible o(E, E’); voir théoréme II1.25’. # Remargue 4. — Lorsque E est de dimension infinie il existe en général des suites qui convergent faiblement mais qui ne convergent pas fortement. Par exemple si E’ est séparable (cf. § 111.6) — ou bien si E est réflexif (cf. § II1.5) — on peut toujours construire une suite (x,) dans E telle que |[x,|| = 1 et x, + 0 pour la topologie o(E, E’); voir [EX]. Néanmoins il existe des espaces de Banach de dimension infinie ot toute suite faiblement (‘) Linterprétation géométrique de cette construction est la suivante. En dimension infinie tout voisinage V de x. pour la topoiogie o(E, E’) contient une droite passant par x) — et méme un «énorme » espace affine passant par x9. 38 TOPOLOGIES FAIBLES. ESPACES REFLEXIFS convergente est fortement convergente. Par exemple E = /' posséde cette propriété « choquante » ; voir [EX]. Toutefois ces espaces sont plutét rares et « pathologiques ». Bien entendu ceci ne contredit pas le fait qu’en dimension infinie la topologie faible et la topologie forte sont toujours distinctes (cf. remarque 2). [Rappelons que deux espaces métriques qui possédent les mémes suites convergentes, ont la méme topologie. Toutefois deux espaces topologiques qui possédent les mémes suites convergentes n’ont pas nécessairement la méme topologie]. III.3. Topologie faible, ensembles convexes, et opérateurs linéaires Tout ensemble fermé pour la topologie faible o(E, E’) est fermé pour la topologie forte. On a vu (remarque 2) que la réciproque est fausse en dimension infinie. Toutefois on va montrer que pour les ensembles convexes ces deux notions coincident. © Théoréme III.7. — Soit C < E convexe. Alors C est faiblement fermé pour 6(E, E’) si et seulement s'il est fortement fermé. Demonstration. ~ Supposons que C est fortement fermé et montrons qu’il est faiblement fermé. Vérifions que QC est ouvert pour la topologie o(E, E’). Soit donc xo ¢ C. D'aprés le théoréme de Hahn-Banach il existe un hyperplan fermé séparant au sens strict {xo} et C. Done il existe fe E’ et ae R tels que Lx wee. V={xeE; (fx) )) et soit E” son bidual, ie. le dual de E’, muni de la norme xeE tet Ill = Sup KE, A> Ser inst On a une injection canonique J: E + E” définie comme suit: soit x €E fixé, application f + (fx) de E’ dans R constitue une forme linéaire continue sur E’ ie. un élément de E” noté Jx('), On a done, xe Dee =f Oe Wek, Wek. Ilest clair que J est linéaire et que J est une isométrie ice. ||Jx\|p- = ||xl|p pour tout x ¢ E;en effet [JxI| = Sup [Ix f>| = Sup KKf x>| = Il fist Wist (grdce au corollaire 1.4). Il peut arriver que J ne soit pas surjective (*); voir par exemple [EX]. A Vaide de J on peut toujours identifier E a un sous-espace de E". Sur Tespace E’ sont déja définies deux topologies : a) la topologie forte (associée 4 la norme de E’), b) la topologie faible o(E’, E") (introduite au § 111.3). (') Surtout ne pas confondre avec l'application de dualité, F:E > E’, introduite a la remarque 1.2, qui est en général non linéaire (sauf cas Hilbertien). (2) Lorsque J est surjective on dit que E est réflexif; voir § IIL. 40 TOPOLOGIES FAIBLES. ESPACES REFLEXIFS On va définir maintenant une troisiéme topologie sur E’ : la topologie faible * que Yon note o(E’, E)(). Pour chaque x € E on considére l'application @, : E’ + R définie par Sf @,(f) = (fx). Lorsque x parcourt E on obtient une famille d'applications (9,), # (fe) (ici on n’utilise pas le théoréme de Hahn-Banach, mais la définition de Sy # J). Supposons, pour fixer les idées, que ;on introduit a tel que Sis <4 < Chay XD. On pose O, = {feEs (Lx) a} = F(a, + oof). O, et O, sont des ouverts — pour o(E’, E) — qui vérifient/, €O, ,f, €O,etO, nO, = J. Proposition III.11. — On obtient une base de voisinages d'un point f, € E’ pour la topologie o(E', E) en considérant tous les ensembles de la forme V={feEs Kf-fo. | 0. Demonstration. — Copier la démonstration de la proposition IIL4. Notation. — Etant donnée une suite (f,) de E’ on désigne par f, * fla convergence de f, vers f pour la topologie faible * o(E’, E). Afin d’éviter les confusions on précisera souvent «f, £f pour o(E’, E)», «f, =f pour o(E’,E”)» et «f, +f fortement ». © Proposition 111.12. — Soit (f,) une suite de E'. Ona @) Cf * Sf pour o(F', EY] > [Xf,,> + (fx) Vx €E] (ii) Sif, +f fortement, alors f, + f pour o(E', E’). Si f, -f pour o(E',E"), alors f, * f pour o(E', E). (*) La terminologie faible * est une traduction de l'anglais weak + ; l’étoile rappelle que l'on travaille sur le dual désigné par E* dans la littérature américaine. TOPOLOGIE FAIBLE * o(E’,E) 41 (ii) Sif, * F pour o(E’,E) alors ||f,|| est bornée et || f\| < lim inf ||f,\) (iv) Sif, * f pour o(E’,E) et si x, > x fortement dans E, alors (f,,x,) > (fx). Demonstration. — Calquer la démonstration de la proposition IIIS. Remarque 9. — Sif, *fpour o(E’, E) (ou méme si f, — f pour o(E’, E”)) et si x, — x pour G(E, E’) on ne peut pas conclure que + (chercher & construire un exemple dans un espace de Hilbert). Remarque 10. — Lorsque E est de dimension finie les trois topologies (forte, o(E’, E”) et G(E',E)) coincident; en effet J est alors surjective de E sur E’ puisque dim E = dim E’ = dim E” et par conséquent o(E’, E) = o(E’, E’). Proposition 111.13. — Soit @ :E’ +R une application linéaire et continue pour la topologie o(E',E). Alors il existe x cE tel que ON =f Wher. La démonstration fait appel 4 un lemme algébrique trés utile. Lemme III.2. — Soit X un espace vectoriel et soient , 1,025.» Oy des formes lingaires sur X telles que Q) (ofr) =0 Vi=1,2,... n] = [90) = 0). Alors il existe hy, hz. - 2, ER tels que p = YA. im Demonstration pu LEMME IIJ.2. — On considére l'application F :X + R"*? définie par Fu) = Le), 91(4), G2), --- Oa(u)]- Il résulte de ’hypothése (2) que a = [1, 0, 0, ... 0] n’appartient pas 4 R(F). On peut donc séparer strictement {a} et R(F) par un hyperplan dans R"* ie. il existe 4, 21, day. AER et DER tels que h 0. En particulier si (fx) =0 Vi=1,2,...m, alors @(f) = 0. Appliquant le lemme III.2 on voit que ON =F MLD = GE had Wek * Corollaire IIL.14, — Soit H un hyperplan de E' fermé pour la topologie o(E’, E). Alors H est de la forme H={feE; (fx) =a} pour un certain x cE, x £0 et un certain we R. Demonstration. — L’ensemble H est de la forme H={feE; of) =a} 8 @ est une application linéaire de E’ dans R, @ # 0. Soit fy ¢ H et soit V un voisinage de fo pour la topologie o(E’,E) tel que V < CH. On peut supposer que V={feEs Kf-fo xla Vfev. On déduit de (3) que 99) <%- Of) WewW=V—fo, et comme — W = W on obtient (4) 109) VfeE. Remargue 11. — Lorsque J n'est pas surjective de E sur E” (ie. E # E”) alors la topologie o(E’, E) est strictement moins fine que la topologie o(E’, E"). Il existe méme des convexes fermés pour o(E’,E") qui ne sont pas fermés pour o(E’,E). Par exemple si § €E” et &¢J(B), alors H = {(feE’; <& f> = 0} est un hyperplan fermé pour o(E’,E"), mais il n'est pas fermé pour o(E’, E) (voir corollaire 111.14). Retenons qu'il existe deux types de convexes fermés dans E’ : a) les convexes fortement fermés [ou fermés pour o(E’, E”) — ce qui revient au méme aprés le théoréme III.7], b) les convexes fermés pour o(E’, E). © Théoréme II1.15 (Banach-Alaoglu-Bourbaki). — L’ensemble B,. = {f¢E’; |Ifll < 1} est compact pour la topologie faible x 6(E', E). ESPACES REFLEXIFS 43 Remarque 12. — On verra dans la suite (théoréme VI.5) que la boule unité fermée d'un espace normé de dimension infinie n'est jamais compacte pour la topologie forte. On comprend alors importance fondamentale de la topologie o(E’, E) et du théoréme IIL.15. Demonstration. — On considére l'espace produit Y = RE; on désigne les éléments de Y par © = (0,),cp avec @, € R. L’espace Y est muni de la topologie produit (voir par exemple Dixmier [1] ou L. Schwartz [2]) ie. la topologie la moins fine sur Y rendant continues toutes les applications @ ++ @, (lorsque x varie dans E). Dans la suite on munit systématiquement E’ de la topologie o(E’, E). On considére application ® : E’ + Y définie par ®(f) = (Cf, x>),cg- Il est clair que © est continue de E’ dans Y (noter que pour chaque x € E fixé, application f ++ ((f), = ¢f x) est continue et utiliser la proposition II].2). Montrons que ® est un homéomorphisme de E’ sur ®(E’). Il est clair que ® est injective; vérifions que ®~! est continue. Il suffit (grace 4 la proposition III.2) de prouver que pour tout x € E fixé, l’'application @ ++ <®~'(@), x) est continue sur (E’); ce qui est évident puisque (®-"(@), x) = @,. Dvautre part il est clair que ®(By) = K oa K = {oe Y; |o,| < bx, 4, = 0, + @,, @, = 20, VAER, Vx, yeE}. Il suffit alors de montrer que K est un compact de Y pour conclure que By: est un compact de E’. Or K = K, 1K; avec K, = {oe Y; lo! < [lx] Vx eB} K, = {o€Y; o,,,=0, +0, eto, = 20, VAER, Vx, yeE}. L'ensemble K, = [] [— [lx|} + [Ix[[] est compact (comme produit d'intervalles compacts sek — rappelons que le produit d’espaces compacts est compact, voir par exemple Dixmier (1), L. Schwartz (2]). Enfin K, est fermé; en effet, pour chaque 2 R, x, ye E fixés les ensembles A, = {@€Y; @4, — @, — @, = 0} B,, = {@€Y; @, — do, = 0} sont fermés (puisque les applications @ ++ @,,, — ©, — @, et © ++ Oy — ho, sont continues) et K -( n Aus) a(n &.,) ayeE. xeE Ker IIL5. Espaces réflexifs Défmnition. — Soit E un espace de Banach et soit J Vinjection canonique de E dans E” (voir § 1114), On dit que E est réflexif si J(E) = E’. Lorsque E est réflexif on identifie implicitement E et E” (a l'aide de l'isomorphisme J). * Remargue 13. — Il est essentiel d'utiliser J dans la définition précédente. On peut construire (voir James [1]) un exemple surprenant d’espace non réflexif E pour lequel il existe une isométrie surjective de E sur E’, Le résultat suivant énonce une caractérisation importante des espaces réflexifs. 44 TOPOLOGIES FAIBLES. ESPACES REFLEXIFS Théoréme III.16 (Kakutani). — Soit E un espace de Banach. Alors E est réflexif si et seulement si B, = {xeE; ||xll < 1} est compact pour la topologie o(E, E'). Demonstration. — Supposons d’abord que E est réflexif. Alors J(Bg) = By-. D’autre part (théoréme IIL.15) B,- est compact pour la topologie o(E”, E’). II suffit donc de vérifier que J‘ est continu de E” muni de o(E”, E’) 4 valeurs dans E muni de o(E, E’). Il reste & prouver (cf. proposition III.2) que pour tout fe E’ fixe application & H+ (fJ~1E> est continue sur E” muni de o(E”, E’). Or ¢f,J7'&) = ¢é,f) et lapplication & ++ <é,f) est bien continue sur E” muni de o(E", E’). Pour établir la réciproque nous aurons besoin de deux lemmes : Lemme III.3 (Helly). — Soient E un espace de Banach, f,, fr,...f,€E' et 04 ,02,-..0,ER _fixés. Les propriétés suivantes sont équivalentes : (i) Ye > 0 3x,€E tel que ||x,|| <1 et Kf, tO -al 0. D’ adi. Gi) + ().Posons @ = (a, 02, ... o) € R" et considérons application @ :E > R" définie par @ (x) = (fix). (fa XD «++ Gas x). La propriété () exprime que @ € @(B,). Raisonnons par I'absurde et supposons que & ¢ @(B). On peut alors séparer strictement dans R", { } et o(Bp) ie. il existe B = (B,,B, ... B,) € Ret il existe ye R tels que 9W).B —<& Dl (F réflexif). Ceci n'est pas en contradiction avec la remarque 13! ESPACES SEPARABLES 47 que ge F et que (6) =0 Wwe D(A*). Si @ # 0, alors [0, @] ¢ G(A) dans E x F. On sépare alors strictement [0, @] et G(A) par un hyperplan fermé dans E x F, ie. il existe [fv] €E’ x F’ tel que Wu € D(A). Tl en résulte, en particulier, que + 3 Wal On désigne par Lo l’espace vectoriel sur Q engendré par les (x,),>1 ie. Ly est ensemble des combinaisons linéaires finies A coefficients dans Q d’éléments de (x,),51. On notera que Lo est dénombrable; en effet, pour chaque n, A, = espace vectoriel sur @ engendré par [x,,%2,--.X,] est en correspondance bijective avec un sous-ensemble de Q" et Lo = UA,- nt Soit L espace vectoriel sur R engendré par les (x,),>1- Il est clair que Ly est un sous- ensemble dense de L. Vérifions que L est dense dans E (d’ou il résultera que L, est dense dans E et donc que E est séparable). Soit fe E’ tel que 0 il existe n tel que IIf — fl < e; ona 1 3 Ws = 0). Done |Ifll < ILf — fill + IIfill < 3e. Par conséquent f = 0. Corollaire 111.24. — Soit E un espace de Banach. Alors (E réflexif et séparable) <> (E’ réflexif et séparable). Demonstration. — On sait déja (corollaire 111.18 et théoréme I11.23) que (E’ réflexif et séparable) = (E réflexif et séparable). Inversement, si E est réflexif et séparable, alors EB’ = J(E) est réflexif et séparable; donc E’ est réflexif et séparable. Les propriétés de séparabilité sont étroitement liées 4 la métrisabilité des topologies faibles. Théoréme II1.25. — Soit E un espace de Banach séparable. Alors B,, est métrisable pour la topologie o(E’, E) ('). Réciproquement si By, est métrisable pour o(E’,E) alors E est séparable. Remargue 19. — L'espace entier E’ n'est jamais métrisable pour o(E’,E) — sauf en dimension finie. Voir [EX]. Demonstration. — Soit (x,),51 Un sous-ensemble dénombrable dense dans Bg (prendre D dénombrable dense dans E et considérer D - Bg). Pour f, g€ Bp on définit 1 dg= ¥ pe Kf xl. ih lest clair que d est une métrique. Montrons que la topologie associée a d coincide sur By avec o(E’, E). a) Soit fo € By et soit V un voisinage de fy pour o(E’, E). Montrons qu'il existe r > 0 tel que U = (feBe; df) 0 tel que 2"r < 3 pour tout i = I, 2, ... k; et montrons que UcV. En effet, si d(f, fo) < r, ona x Kf-foXpi 0 et montrons qu'il existe V voisinage de f, pour o(E’, E) dans By tel que VcU= {feBes df fo) < r}- On prendra V de la forme V = (feBes Kf-fo, I<& Vie 1,2... k} On détermine maintenant k et € pour que V c U. Si fe V, ona k 1 a WE fo) = Dap KS So Xl + Doe KS Sor =e 2" a =0 VxeD) = (f= 0). net Il en résulte que 'espace vectoriel engendré par D est dense dans E; d’oi E est séparable. 50 TOPOLOGIES FAIBLES. ESPACES REFLEXIFS « Symétriquement » on a le % Théoréme IIL.25’. — Soit E un espace de Banach tel que E’ soit séparable. Alors By est métrisable pour la topologie o(E, E’). Et réciproquement. Pour prouver T'implication (E’ séparable) = (By est métrisable pour la topologie o(E,E’) on peut reprendre mot pour mot la démonstration du théoréme III.25 en échangeant les réles de E et E’. La réciproque est plus délicate ; voir par exemple Dunford- Schwartz [1] ou [EX]. © Corollaire 111.26. — Soit E un espace de Banach séparable et soit (f,) une suite bornée dans E', Alors il existe une sous-suite extraite (f,,) qui converge pour la topologie o(E’, E). Demonstration. — Supposons, pour fixer les idées, que |||] < 1 pour tout n, L’ensemble Be est compact et métrisable pour la topologie o(E’, E) (théorémes III.15 et 111.25). D’ou la conclusion. © Théoréme III.27. — Soit E un espace de Banach réflexif et soit (x,) une suite bornée dans E. Alors il existe une sous-suite extraite (x,,) qui converge pour la topologie o(E, E’). Demonstration. — Soit Mo l'espace vectoriel engendré par les (x,) et soit M = My. M est un espace séparable (voir la démonstration du théoréme III.23). De plus M est réflexif (d’aprés la proposition I1].17). Il en résulte que By est un ensemble métrisable et compact pour la topologie o(M, M’). En effet, M’ est séparable (corollaire III.24) et par suite By(= By) est métrisable pour o(M”, M’)(= o(M, M’)) grdce au théoréme III.25. On peut alors extraire une sous-suite (x,,) qui converge pour la topologie o(M, M’). On en déduit que (x,,) converge aussi pour la topologie o(E, E’) (par restriction & M des formes linéaires continues sur E). Remargue 20. — La réciproque du théoréme III.27 est aussi vraie. Plus précisément on a le % Théoréme I11.28 (Eberlein-Smulian). — Soit E un espace de Banach tel que toute suite bornée (x,) posséde une sous-suite extraite (x,,) convergente pour la topologie o(E, E'). Alors E est réflexif. La démonstration est délicate; voir par exemple Holmes [1], Yosida [1], Dunford- Schwartz [1], Diestel [2] ou [EX]. Afin de bien préciser l'intérét du théoréme III.28 rappelons que : i) un espace topologique (général) dans lequel toute suite posséde une sous-suite convergente n’est pas nécessairement compact, ii) dans un espace topologique compact il peut exister des suites qui ne possédent aucune sous-suite convergente. iii) dans un espace métrique (compact) <> (toute suite posséde une sous-suite convergente). Il existe effectivement des exemples d’espaces de Banach E et de suites bornées (/,) dans E’ qui ne possédent aucune sous-suite convergente pour la topologie o(E’, E); voir [EX]. Bien entendu un tel E n'est ni réflexif ni séparable; dans ce cas ensemble Bp muni de la topologie o(E’, E) est compact non-métrisable. ESPACES UNIFORMEMENT CONVEXES 51 III.7. Espaces uniformément convexes Définition. — On dit qu'un espace de Banach E est uniformément convexe si Ve > 0,38 > 0 tel que (nye E, [lxll <1 liyll <1 et Ibe — yll > :) = (Fey <1- 8). On notera que cette définition fait intervenir une propriété géométrique de la boule unité (qui doit ére «bien ronde») et qu’elle n'est pas stable par passage A une norme équivalente. 1 Exemple 1. — On prend E = R%. La norme ||xlp = (Ix,[? + |x2I)? est uniformément convexe tandis que la norme ||x||, = |x,| + [x2] n’est pas uniformément convexe. On peut s’en convaincre en «regardant » les images des boules unité (") : oo > Boule unité de E pour || Iz Boule unité de E pour [I {lk Exemple 2. — On verra par la suite (cf. chapitres IV et V) que les espaces de Hilbert sont uniformément convexes, de méme que les espaces L°(Q) pour 1 < p < oo. Par contre L'(Q), L2(Q) et C(K) (K compact) ne sont pas uniformément convexes. © Théoréme 111.29 (Milman-Pettis). — Tout espace de Banach uniformément convexe est réflexif. Remargue 21. — Il est surprenant qu'une propriété de nature géométrique (uniforme convexité) entraine une propriété de nature topologique (réflexivité). L’uniforme convexité est souvent un outil commode pour prouver qu'un espace est réflexif [mais cette méthode ne marche pas toujours : il existe des espaces réflexifs qui ne possédent aucune norme équivalente uniformement convexe] Demonstration. — Soit & € E” avec ||é|| = 1. On cherche 4 montrer que & € J(B,). Comme J(B,) est fermé fortement dans E", il suffit de prouver que Ve >0 ax € Be tel que IE — JX) < «. Soit donc ¢ > 0 fixé et soit 5 > 0 correspondani a la définition de l'uniforme convexité. On choisit fe E’ avec |[f| = 1 tel que 3 (6) GNr1-> (ce qui est possible puisque ||| = 1) On pose 8 v {nee Kn -& S> <3 (}) A titre d'exercice faire aussi le raisonnement avec des ¢ et 8! H. Brezis. — Analyse Fonctionnelle 3 52 TOPOLOGIES FAIBLES. ESPACES REFLEXIFS de sorte que V est un voisinage de & pour la topologie o(E”, E’). D’aprés le lemme IIL.4 on sait que Vo J(B,) # @. Fixons xe Be tel que J(x)e V. Montrons que & € J(x) + €Bg- — ce qui achévera la démonstration. Raisonnons par Vabsurde et supposons que & € (U(x) + eB,) = W. Notons que W est aussi un voisinage de & pour la topologie o(E’, E’) (puisque Bp. est fermé pour la topologie o(E’, E’)). Appliquant & nouveau le lemme IIL4 on a (Vn W) 1 J(Bp) # © ie. il existe ¢ € Bg tel que J(%)€V 9 W. On obtient alors (puisque J(x), J(%) eV) Kh >= &DI<$ Kf % — <& YI <3 Done, par addition 2h ISL xX+BD +5 < |x t+ M45 et dapres (6), > 1 — 6 Par conséquent (uniforme convexité) ||x — I] < «. Enfin F +23 2 llx — 2] > © puisque J(%)eW — ceci est absurde. Terminons par une propriété utile des espaces uniformément convexes. Proposition 111.30. — Soit E un espace de Banach uniformément convexe. Soit (x,) une suite dans E telle que x, x pour la topologie faible o(E, E’) et lim sup [[x,l| < |Ix|l. Alors x, —> x fortement. Demonstration. — On peut supposer que x # 0 (sinon la conclusion est évidente). Soit ey = Max {Ibxall lll} de sorte que 2, — |x|. On pose n= Ay %q ety = [ell (cf. a Alors y,—y pour o(E, E), On en déduit que |jpil # Oet Vy # 0, 3x tel que # 0). On peut définir sur X (resp. sur Y) une multitude de topologies localement convexes. Parmi les plus courantes on retiendra, outre la topologie faible o(X, Y), la topologie de Mackey t(X, Y), la topologie forte B(X, Y) etc. Ces topologies jouent un réle intéressant quand on travaille sur des espaces non normés, par exemple les espaces qui interviennent en théorie des distributions. Sur la théorie des espaces vectoriels en dualité on pourra consulter Bourbaki [1], Schaefer [1], Kéthe [1], Treves [1], Kelley-Namioka [1], Edwards [1]. 4) Les propriétés de séparabilité, de réflexivité et d’uniforme convexité sont aussi étroite- ment liges aux propriétés de différentiabilité de la fonction x ++ |[xl] (voir Diestel [1], Beauzamy [1] et [EX]). L’existence d'une norme équivalente qui posséde de bonnes propriétés géométriques est un sujet trés étuc par exemple, comment caractériser les espaces de Banach qui possédent une norme équivalente uniformément convexe ? ('). La géométrie des espaces de Banach a connu un développement spectaculaire depuis une vingtaine d’années, grace entre autres aux travaux de James, Dvoretsky, Grothendieck, Lindenstrauss, Pelczynski, Enflo, Johnson, Rosenthal, L. Schwartz et ses éléves (Pisier, Maurey, Beauzamy..), etc. A ce propos on pourra consulter Beauzamy [1], Diestel [1] et [2], Lindenstrauss-Tzafriri [2] et L. Schwartz [4] (') Ces espaces sont appelés super-réflexif’, voir Diestel [1] et Beauzamy (1]. IV LES ESPACES L’” Dans toute la suite Q désigne un ouvert de RN muni de la mesure de Lebesgue dx. On suppose le lecteur familiarisé avec les notions de fonction intégrable, de fonction mesurable et d’ensemble négligeable; voir par exemple Marle [1], Malliavin [1], Neveu [1], Rudin [2], Guichardet [1], Dieudonné [2], Kolmogorov-Fomin [1], Chae [1], Hewitt-Stromberg [1], Wheeden-Zygmund [1] etc. On désigne par L'(Q) espace des fonctions intégrables sur Q 4 valeurs dans R. On pose Wh -/ [£09] dx. la Quand il n'y aura pas d’ambiguité on écrira souvent L’ au lieu de L'(Q) et fre lieu de f(x) dx. Comme d’habitude on identifie deux fonctions de L' qui coincident PP. = presque partout (= sauf sur un ensemble négligeable). A toutes fins utiles, rappelons. IV.1. Quelques résultats d’intégration qu’il faut absolument connaitre © Théoréme IV.1 (Théoréme de convergence monotone de Beppo Levi). — Soit (f,) une suite croissante de fonctions de L* telle que Sup | f, < 0. Alors f,(x) converge p.p. sur Q vers une limite finie notée f(x); de plus feL' et Ifa — Fils > 0. © Théoréme IV.2 (Théoréme de convergence dominée de Lebesgue). — Soit (f,) une suite de fonctions de L'. On suppose que a) f(x) > f(x) p.p. sur Q, 5) il existe une fonction g¢ L' telle que pour chaque n, |f,(x)| < g(x) pp. sur 2('). Alors fe L(Q) et IIf, — fil: > 0. Lemme IV.1. (Lemme de Fatou). — Soit (f,) une suite de fonctions de L' telle que (1) pour chaque n, f,(x) > 0 pp. sur Q Q) san [f <0. (*) On dit que g est une majorante intégrable des fontions (,). DEFINITION ET PROPRIETES ELEMENTAIRES 55 Pour chaque x €Q on pose f(x) = inf f,(x). Alors fe L\(Q) et [rote me fe . — On désigne par C,() espace des fonctions continues sur © & support compact, re C(O) = {fe C(); f(x) = 0 YxeQ\K of K 0, 3f,EC(Q) tel que If fill R; f mesurable et [f\? € L'(Q)}. up Illi = [| lfcor ax| : ja On vérifiera ultérieurement que || ||,» est une norme. On note 56 LES ESPACES L” Défmition. — On pose L*(Q) = {f: Q— R; fmesurable et 3 une constante C telle que |f(x)| < C p.p. sur Q.} On note Wil» = Inf {C; [f(s < C pp. sur 2} On vérifiera ultérieurement que || || est une norme. Remargue 1. — Si feL® ona L/fG0] < IIfllus pep. sur 2 En effet il existe une suite C, telle que C, = ||flt- et pour chaque n, |f(x)] < C, pp. sur Q. Done [f(x)| < C, pour tout x € Q\E, avec E, négligeable. On pose E = UE, de sorte que E est négligeable et l'on a [f(x)| < C, pour tout n et pour tout x€ aE Par conséquent Lf@)| < |fllLe pour tout x € Q\E. 11 Notation. — Soit 1 < p < 00; on designe par p' lexposant conjugué de p ie. - + — ee © Théordme IV.6 (Inégalité de Holder). — Soient fe L? et geL’ avec 1

0, Wb20('); Pp P la démonstration de (4) est évidente : la fonction log étant concave sur ]0, co[ ona 1 1 1 woe (2 ate ») 2 — loga? + — log b” = log ab. P Pp P Donc LACM laGOL < Foor | = * geo pp. xeQ. Il en résulte que fgeL' et que 1 : y 6) va <= iifllte + = llality P Pp Remplacant dans (5) f par Af (4 > a il vient (6) fua<* a * wits ue py late (') Que l'on utilisera aussi parfois sous la forme ab < ea” + Cb” avec C, = 6 ?-!. DEFINITION ET PROPRIETES ELEMENTAIRES 37 On choisit 2 = |lfllur ligt (de maniére A minimiser le membre de droite dans (6)). On obtient alors (3). Remarque 2. — Il convient de retenir une conséquence trés utile de l'inégalité de Hélder : soient f,, fy ...f des fonctions telles que 11 1 1 Helm i 1 il existe N, tel que Wm — Salli» < 1 q Pour om n> Ny. Done il existe E, négligeable tel que (7) ValX) — fi <= VxEQ\E, Vm, n> Ny. 1 k Enfin, posant E = UJ E, (E est négligeable), on voit que pour tout x € Q\E la suite f,(x) est z 58 LES ESPACES L” de Cauchy (dans R). Soit f,(x) + f(x) pour x € Q\E. Passant a la limite dans (7) quand m— © on obtient YxeQ\E, Yn > Nj. Ufo) S00 < f 1 Done feL* et IIf — full» < ; Ya > Ny. Par conséquent [If — full.» - 0. 2) Supposons maintenant que 1 < p < ov. Soit (f,) une suite de Cauchy dans L?. Pour conclure il suffit de montrer qu'une sous-suite extraite converge dans L’. On extrait une sous-suite (f,) telle que 1 Woes ~Inllae < 3p WR BD : 1 [on procéde comme suit : il existe n, tel que ||f,, — fille < 3 pour m,n > n, ; on prend 1 ensuite mz > my tel que If — fallur S 53 Pour m, n > nz, ete.]. On va montrer que J, converge dans L’. Pour simplifier les notations on écrit f, au lieu de f,,, de sorte que lon a 7 8) Wher Sie Posant GD) = YD esd — KOO! 1 il vient Ulgnllie <1. On déduit du théoréme de convergence monotone que p.p. sur, g,(x) converge vers une limite finie notée g(x) avec g € L’. D’autre part, on a pour m > n> 2 Mul) = SPOS Vin = Sm 1 CD) + + Une) = COL < GO) = gn 109). Hen résulteque p.p. surQ, (f,(x)) est de Cauchy et converge vers une limite notée f(x). Ona pp. sur 9) Ife) — fi) < g(x) pour an > 2. Tl en résulte que fe L’. Enfin |If, —fllup > 0; en effet on a |f,(x) — f(x)? > Opp. et \f,(0) — FON? < g?(x) majorante intégrable. On conclut grace au théoréme de Lebesgue. Théoréme IV.9. — Soient (f,) une suite de L? et feL?, tels que |lf, — fly > 0. Alors il existe une sous-suite extraite (f,) telle que @) ful2) + fle) pp. sur O 8) (1 < h(x) Vk et p.p. sur , avec he L?. Demonstration. — Le résultat est évident pour p = 00. Supposons donc que 1 < p < «0. Comme la suite (f,) est de Cauchy on peut reprendre la démonstration du théo- rémeIV.8 et extraire une sous-suite (f,,) vérifiant (8). Poursuivant, comme dans la démonstration du théoréme IV.8, on voit que J, (x) converge p.p. vers une limite notée REFLEXIVITE. SEPARABILITE. DUAL DE L” 59 S*(x) ()). De plus, on a grace 49) Uf) —f,001 <9) Vk, pep. sur Q, avec geL?. Ten résulte que f* € L”, et que f, + f* dans L? (d’aprés le théoréme de Lebesgue). Par conséquent f = f* p.p. et 'on en déduit (a). Pour obtenir (b) il suffit de choisir h = f* + 9. IV.3. Réflexivité. Séparabilité. Dual de L? Nous allons distinguer l'étude des trois cas : (A) lO (se ramener au cas ol B = 1 et noter que la fonction (x? + 1)?? — x? — 1 est croissante il vient A eb 11 =(54—) < ar + =r. J (5 +5) 5a + 5b [cette derniére inégalité résulte de la convexité de la fonction x +» |x|"? car p > 2]. 2 étape : L? est uniformément convexe, et donc réflexif pour 2 < p < o. En effet, soit ¢ > 0 fixe. On suppose que Wile <1, lglke <1 et Wf —glhe > (‘) A prior il faut distinguer fet f* : on sait que f, +f dans L? et que f,,(x) + f*(x) p.p. sur Q. 60 LES ESPACES L” > > Si (oy eden peel is LP 2, 2 I aa ee Par conséquent L? est uniformément convexe, et donc réflexif grace au théoréme III.29. On déduit de (10) que f+ 9 2 6 3 tape : L? est réflexif pour | < p <2. Demonstration. — Soit 1 < p < 2. On considére lopérateur T : L? + (LY défini comme suit : Soit we L? fixé; Vapplication fe LY + J uf est une forme linéaire et continue sur L? notée Tu de sorte que Tu, f) = fu vfeL?. On a (d’aprés Pinégalité de Hélder) KTu, $1 < Ielleall flue" et par suite ay [Tully < [lull Diautre part, posons fol) = WOOP 7uQ) (Fox) = 0 si u(x) = 0). On a foe L?, [fol = llull?>* et (Tu, fo = llulle,- Done (2) Tallusy > ial = lull. Comparant (11) et (12) on obtient ||Tulliry = |lullyr. Hen résulte que T est une isométrie de L? sur un sous-espace fermé (puisque L” est complet) de (L’)’. Or L” est réflexif (2° étape) et donc (corollaire I1I.18) (L”y est réflexif. Il s’en suit (proposition III.17) que T(L”) est réflexif et donc aussi L?. Remargue 3. — On montre que l'espace L” est aussi uniformément convexe pour 1

(L”)' par = fu vfeL? et l'on a [Tullery = Well vue L? (procéder comme dans la démonstration du théoréme IV.10, 3¢ étape). II nous faut prouver que T est surjectif. On pose E = T(L”). Comme E est un sous-espace fermé, il reste & montrer que E est dense dans (L*). Soit he (L’)’ [= L” puisque L” est réflexif] tel que 0 il existe f, € C.(Q) tel que IIf — fill: < €. D’aprés (13) ona i (*) Etant donné A 0 on conclut que f= 0 pp. sur. 2) Considérons maintenant le cas général. On écrit Q = UQ, avec Q, ouvert, 2, = 1 : compact, 2, < 0 [Prendre par exemple , = {x €; dist (x, G9) >| et Ix| < n}]- Appli- quant ce qui précéde avec Q, et fig, on voit que f=0 p.p. sur Q, et on conclut que f=0 pp. surQ. DeMonstrATION DU THEOREME IV.12. — On sait déja que C.(Q) est dense dans L'(Q). Supposons done que | < p < o0. Pour prouver que C.(Q) est dense dans L?(Q) il suffit de verifier que si he L?(Q) satisfait | hu = 0 pour tout we C,(Q), alors h = 0. Or he Li_(Q) puisque i lh! < [lhllyeIK1” < co et on peut donc appliquer le lemme IV.2 pour conclure que h = O p.p. Théoréme 1V.13. — L*(Q) est séparable pour 1 < p < «0. REFLEXIVITE. SEPARABILITE, DUAL DE L? 63 Dewonsraation. — On désigne par (Rj). la famille (Aénombrable) des pavés R de la forme = Ta. BL avec q, be Q ct RED On désigne par E espace vectoriel sur Q engendré par les fonctions Ip, (ie. les combinaisons linéaires finies a coefficients rationnels des fonctions 19,); de sorte que E est dénombrable. Montrons que E est dense dans L?(Q). Soit f¢ L"(Q) et soit > 0 fixés. Soit S,EC(A) tel que [if —fillr» < © (théoréme IV.12). Soit Q un ouvert borné tel que Supp f, ¢ ® ex > 0 pp. sur K [Il est clair qu'une telle fonction existe : prendre par exemple w(x) = a, pour x€Q, n < |x| 0 pour que w € L?(Q)]. L’application fe L? ><, wf est une forme linéaire et continue sur L?. D’aprés le théoréme IV.11 (appliqué avec p = 2) il existe une fonction v€ L? telle que (15) Ko wh> = fy vfeL?. Posons u(x) = *, ce quia un sens puisque w(x) > 0 pour tout x €Q et west mesurable. Montrons que we L® et que |lully« < ll@llusy- Daprés (15) ona (16) I i ofl < llollaylwflly = fe L?. Soit C > |lplluy. Montrons que ensemble A= {xeQ; u(x > Ch est négligeable (il en résultera que we L® et que |[ull,x < |l¢llc1)). Raisonnons par l'absurde. 64 LES ESPACES L” Si A n'est pas négligeable il existe A < A mesurable tel que 0 < |A| < 00. On reporte dans (16) la fonction +1 si xeA et u(x >0 -1 si xeA et ux) <0 0 si xeQ\A. I(x) = 0 ven [ lulw < tof w, et parconéquent¢ { we Hots | w, ce qui est absurde ‘K A A LS puisque | w > 0. K Récapitulons : on a construit u¢L®(Q) avec |lull,- < llgllasy tel que a7 @ wf> = ows vfeL? Il en résulte que (18) <® D = fo Vg €C(Q). En effet si g € C(O), alors f = 2 ¢ L? (puisque w > € > 0 sur Supp g) et on peut reporter f w dans (17). Comme C.(Q) est dense dans L! on déduit de (18) que <® > = fo VgeL'. Enfin, on a Ke OI < fw C(Q\{0}). REFLEXIVITE. SEPARABILITE. DUAL DE L? 65 Appliquant le lemme IV.2 dans ouvert \{0} a la fonction f (restreinte 4 9\{0}) on obtient que f = 0 pp. sur Q\{0}. Done en fait f = 0 pp. sur ©. Par ailleurs si on prend @ = dans (19), il vient [f= 1 — ce qui est absurde. C. ETUDE DE L”. On a vu (théoréme IV.14) que L® = (LY, De ce fait, 'espace L” posséde quelques propriétés « agréables », Entre autres, ona : © (i) La boule unité fermée B,. est compacte pour la topologie faible * o(L®, L') (théoréme IIL.15). © (ii) Si (f,) est une suite bornée dans L® on peut en extraire une sous-suite qui converge dans L® pour la topologie faible * o(L®, L') (théorémes III.25 et 1V.13). Toutefois L® n’est pas réflexif (sinon L' le serait d’aprés le corollaire [11.18 et on sait que L" n'est pas réflexif). Le dual de L® contient L! (puisque (L')’ = L®) et il est strictement plus grand que L!: il existe des formes @ linéaires et continues sur L® qui ne sont pas du type n= fu VfeL* avec ueL Fabriquons un exemple « concret ». Supposons que 0€ Q et soit @» : C.(Q) > R définie par @o(f) = f(0) pour fe C.(Q). De sorte que @o est une forme linéaire et continue sur C,(Q) pour la norme ||. ||L=. D’aprés le théoréme de Hahn-Banach, @o se prolonge en une forme linéaire et continue sur L® notée @. Ona (20) <@ f> =fO) — WfeC(Q). Montrons qu'il m'existe pas de fonction we L! telle que OD = fu vfeL®. En effet si une telle fonction u existait on aurait fur =0 VfeC,(A\{0}). Grace au lemme IV.2 (appliqué sur 2\{0}) on obtiendrait u = 0 p.p. sur Q\{0}, et donc u=0 pp. sur Q. Par conséquent <@,f>=0 VfeL® — ce qui est contraire & (20). Remarque 8 — Si le dual de L® ne coincide pas avec L' on peut néanmoins se demander & quoi « ressemble » (LY. A cet effet considérons L”(Q; C) comme une C* algébre de Banach commutative (voir par exemple Rudin [1]). D’aprés le théoréme de Gelfand, L®(Q;C) est isomorphe et isométrique 4 C(K;C) (ol K est un espace topologique compact, plus précisément le spectre de lalgébre L®). Par conséquent L*(Q; C)' s‘identifie A espace des mesures (de Radon) sur K (a valeurs dans €) [et L*(Q; Ry’ s’identifie a l'espace des mesures (de Radon) sur K a valeurs dans RJ. Pour plus de détails, voir Rudin [1] ou Yosida [1], p. 118. 66 LES ESPACES L? Remarque 9. — Liespace L® n'est pas séparable. Pour établir ce fait il est commode utiliser le Lemme IV.3. — Soit E un espace de Banach. On suppose qu'il existe une famille (O,), telle que (i) Pour tout i€1, O, est un ouvert non vide de E. ) 0, NO,= B sii xi. i) I n'est pas dénombrable. Alors E n’est pas séparable. Demonstration pu Lemme IV.3. — Raisonnons par l'absurde et supposons que E est séparable. Soit (u,),ex une Suite dense dans E. Pour chaque i€ I, O, 9 (unex # Det on choisit n(i) tel que u,q)€O;. L’application i ++ n(i) est injective; en effet si n(i) = n(j) alors yi) = Uy €O; © O; et done i =j. Par suite I est dénombrable — ce qui est contraire a (ii). Montrons maintenant que L® n'est pas séparable. Pour tout aeQ on fixe 1, < dist (a, (Q); on pose u, = 1g,,,) et °. {re L®; Wf alls < On vérifie aisément que la famille (O,),cq satisfait (i), (ii) et (ii). Le tableau suivant récapitule les principales propriétés des espaces L” rencontrées au §1v.3. Réflexif Séparable Espace dual v OUI our Lr l f(x — y)g(y) est integrable sur RN. On pose (F * a(x) = [ Sx — yigy) dy. aN Alors f * g © L?(RN) et Wf * agile < Wfllusligllie- CONVOLUTION ET REGULARISATION 67 Demonstration. — La conclusion est évidente si p = oo. Supposons d’abord que p = | et soit F(x, y) =f — yg). Pour presque tout ye RN on a fire. idx = won ise — yidx = [Hf lhslgOI < 2 et Jor free y)ldx = ILflluliglls < 2. Appliquant le théoréme de Tonelli (théoréme IV.4) on voit que Fe L1(RN x RY). Grace au théoréme de Fubini (théoréme IV.5) on obtient fire. y)ldy < 00 pp. xe RN et fe [ire Widy < Wfllullglins. Ceci correspond exactement a la conclusion du théoréme IV.15. Supposons maintenant que | < p < 00. D'’aprés ce qui précéde, on sait que pour presque tout xe RN fixé, la fonction y + [f(x — y)IIg(y)I? est integrable sur RY, i.e. UG = sI"? lg) L5(R'). Comme |f(x — y)|/”" € Lf’, on déduit de l'inégalité de Hélder que [fe = lg ODL = LG — yO LAG — ye Ly et Up ire — Yb vdy < ( i Ife = yla? a) Wn? ie. IF & DOD < (LL Lgl?C-ISIRY Appliquant le résultat du cas p = | on voit que fx gel? et [If * gle < MfllllallAlL/l? ie. If * alle < Ufllullalle. Notation. — Etant donnée une fonction f on pose /(x) = f (— x). Proposition IV.16. — Soient fe L'(RN), g € L’(RN) et he L?(RY). Alors on a Juwoa- fave fh). Demonstration. — La fonction F(x, y) = f(x — y)g(y)h(x) appartient a L'(RN x RN) puisque [rea (fue = Tr) dx < 00 grace au théoréme IV.15 et a l’inégalité de Hédlder. 68 LES ESPACES L” Par conséquent fo % g)(xph(x) dx = fex[ros y) dy = for fees y)dx = Jeow * ‘hyy) dy. Supports dans la convolution La notion de support d’une fonction continue est bien connue : c'est le complémentaire du plus grand ouvert sur lequel f est nulle (ou, ce qui revient au méme, 'adhérence de Fensemble {x;f(x) # 0}. Quand on travaille avec des fonctions mesurables il faut étre plus prudent — puisque ces fonctions sont seulement définies presque partout — et la définition précédente ne convient plus [on pourra s’en convaincre en considérant Ig]. La définition appropriée est la suivante : Proposition IV.17 et définition du support. — Soit Q < RN un ouvert et soit f une fonction définie sur Q a valeurs dans R. On considére la famille de tous les ouverts ((),<\, ©; < Q tels que pour chaque ie, f = 0 p.p. sur 0, On pose © = Ua. Alors f = 0 p.p. sur ©. : Par définition, Supp f = Q\o. Remaraue 10. a) Sif; et f; sont deux fonctions telles que f, = fz p-p. sur Q, alors Supp f, = Supp fy. On peut done parler du support d’une fonction f ¢ L” (sans préciser quel représentant on choisit dans la classe d’équivalence). b) Si f est continue sur Q on vérifie aisément que cette définition coincide avec la définition usuelle. Demonstration. — II n'est pas clair que f = 0 p.p. sur @ puisque la famille I n'est pas dénombrable. Toutefois on peut se ramener au cas dénombrable par le procédé suivant. Soit (K,) une suite de compacts tels que o = UK, 1 {prendre par exemple K, = {x €@; dist (x, R\o) > — et |x| < n}]. n Ensuite, pour chaque n, K, est recouvert par un nombre fini des w,, soit K, < UJ @, avec ‘el, 1, < I fini. Posant J = UI, (J est dénombrable) on ao = U @,. Commef = 0 pp. sur @,, : ied on conclut que f = 0 p.p. suro. © Proposition IV.18. — Soient fe L'(RN) et ge L*(R%). Alors Supp (f * g) ¢ Supp f + Supp g Demonstration. — Soit x € RN fixé tel que la fonction y ++ f(x — y)g(y) soit intégrable (voir théoréme IV.15). On a (f * gx) = fre — yal») dy = [ f(x — y)g(y) dy. f (x—Supp/) oSupp9 CONVOLUTION ET REGULARISATION 69 Si x ¢ Supp/f + Supp g, alors (x — Supp f) 7 Suppg = @ et (f * g)(x) = 0. Done (Uf * g)(x) = 0 pp. sur (Supp f + Supp g) et en particulier (f * g)(x) = 0 pp. sur Int (Supp f + Supp g). Par conséquent Supp (f * g) < Supp/+ Supp g. e Remargue I. — Bien entendu si fet g sont tous deux a supports compacts, alorsf * gest 4 support compact. En général, si l'un des supports seulement est compact, alorsf * g n'est pas 4 support compact. Proposition IV.19, — Soient fe C(R™) et g Li (RY). Alors Sf * gE C(R). Demonstration. — Notons d’abord que pour tout x € RN la fonction y > f(x — yig(y) est intégrable sur RN et donc (f * g)(x) a un sens pour tout xe RN. Soit x, + x et posons FQ) =f, — yg) Fy) =flx — yg) de sorte que F,(y) > F(y) pp. sur RN, D'autre part, soit K un compact fixe tel que (x, — Suppf) < K pour tout n. Done f(x,—y)=0 pour y¢K et par suite IF.) < I/I.1x(y) 9 (y). majorante intégrable. On déduit du théoréme de Lebesgue que SF * W(X) = fron dy> fro dy =(f * g(x). Notations C*(Q) désigne l'espace des fonctions k fois continiiment différentiables sur Q C*(Q) = n fos)) CQ) = CQ) ACA) Ca(Q) = C*(Q) 4 CLQ) (certains auteurs utilisent la notation 9() ou bien C¥(@) au lieu de C*(Q). © Proposition IV.20. — Soient fe CX(RN) et ge L} (RN) (k entier). Alors fe geC(RY) et Dif * g) = (Dif) * g(’). En particulier si fe C2(RN) et ge L}(R), alors f * ge C*(R). (*) Ici D* désigne l'une quelconque des dérivées partielles am om aaN Ox2N N D'f= f avec ola, tap tu tay sk xp OxP 70 LES ESPACES L? Demonstration. — Par récurrence on se raméne immédiatement au cas k = 1. Soit x € RN fixé; montrons que f * g est différentiable en x et que VF g(x) = (VF * g(x) (1) Soit he RN avec |h| <1 (h destiné a tendre vers 0). Ona Ife + h = y) — fle — y) — AVS — y)] 1 [ [AVf(x + sh — y) — hVf(x — y)] ds} < jh| e(jh)) vyeRN 0 avec e(|h|) + 0 quand |h| + 0 (puisque Vf est uniformément continu sur R'). Soit K un compact fixé assez grand pour que x + B(0, 1) — Suppfc K. Ona Six +h = y)—foe—y) — hfe — y)=0 YE K, Ve BO,1) et donc [fle + h = y) — fix — y) — Vf = y 1 de fonctions telle que 1 preCe(R®), Supp p, < BO, | fo. =1, p, > Osur RN. Dorénavant on utilisera systématiquement la notation (p,) pour désigner une suite régularisante. Remarquons qu’ll existe des suites régularisantes. En effet, il suffit de fixer une fonction peC2(R%) avec Supp p< BQO, 1), p > 0 sur RN et i > 0; prendre par exemple la fonction 1 eb —" si ixj<] 0 si Ix} > 1. p(x) = - On considére ensuite p,(x) = CnNp(nx) avec C = ({>) . Proposition IV.21. — Soit fe (RN); alors p, * f + funiformément sur tout compact de RN. o CONVOLUTION ET REGULARISATION mt Demonstration. — Soit K c RN un compact fixé. Pour tout ¢ > 0 il existe 5 >0 (dépendant de K et ¢) tel que Ux -y)-fl0 et soit f,eC.(RN) fixé tel que IIf— fille < © (voir théoréme IV.12). D'aprés la proposition IV.21 on sait que p, * f, +f, uniformément sur tout compact. D’autre part, on a (voir proposition IV.18) 1 Supp (P, * fa) < B(O,-) + Supp/f, < K, K compact fixe. Par conséquent, on en déduit que lien * Sy — Sills > 0. Enfin on écrit Pn *S—S= [Pn * F—- fll + (Pn * A —fl +h - S13 dou il résulte que IP, * f— Sl < 21 — fille + lpn * Si — alle (grace au théoréme IV.15), On a done lim sup lp, * f—Slhe<2e Ve>0 ie. im lp, * f— file = 0. © Corollaire 1V.23. — Soit Q < RN un ouvert quelconque. Alors C=(Q) est dense dans L?(Q) pour 1 < p < «0. Demonstration ('). — Soient feL*(Q), ¢ > 0 et f, €C,(Q) tels que If — fillura < & On considére 1a fonction f, définie par =, fh@) si xeQ Ae) = {i si xeRNQ (*) La technique de régularisation par convolution a été introduite par Leray et Friedrichs. 72 LES ESPACES L” de sorte que f, € L®(RN) et (théoréme IV.22) {Ip, * fi —Silluja®) 0. D’autre part Supp (p, * fi) < BOO, 5 + Supp f, < Q pour n assez grand. Soit u, = (Pa * iia. Alors, pour n assez grand, u, € C.(Q) et de plus [lun — Silurian — 0 Done, pour n assez grand, |lu, — flluna) < 2€. IV.5S. Critére de compacité forte dans L? Il est important de savoir reconnaitre quand une famille de fonctions de L(Q) est relativement compacte dans L¥(Q) pour la topologie forte. Rappelons d’abord le théoréme @’Ascoli qui répond a la méme question dans C(K) oil K est un espace métrique compact. © Théoréme 1V.24 (Ascoli). — Soit K un espace métrique compact et soit # un sous- ensemble borné de C(K). On suppose que 3 est uniformément équicontinu i. QI) Ve>0 35>0 tel que d(xy, x,) <8 > [f(xy — fle 0 35>0, 5 = En effet on a Kx * FV) — FOI < i Ife = y) — Fp.) dy R . : tn < ([ If = y) — FON en(y) 4) aN et par suite Mn * DC) — FOI < UF — y) — FDP py(y) dy 0,4) Done f Men * PV) = FOP dx < I - 1 BOO,*) Pa(Y) wf Uf — y) — FO0P dx < e 1 pour n > = (@aprés (22). b) La famille # =(p, * F)jg vérifie, pour chaque n, les hypothéses du théoréme @Ascoli. En effet on a d’abord UP» * Filn@) < lPulhi7hs 0 on fixe n > 3 de sorte que We, # I) - Slim <8 VfeF. Comme .# est relativement compact dans L?(w) on peut recouvrir ## par un nombre fini IPal2s) — Pa(ZaM, €) Hal = Su en 14 LES ESPACES L” de boules de rayon ¢ (dans L’(a)). Les boules correspondantes de rayon 2¢ recouvrent alors F,,. Par conséquent F;, est relativement compact dans L?(o). © Corollaire 1V.26. — Soit 2 < RN un ouvert et soit F un sous-ensemble borné de L?() avec 1< p< . On suppose que Ye>0 YoocQ, 3 >0, 8 0 30cCQ tel que Ifllinaw) <& Vfe F~ Alors F est relativement compact dans L’(Q). Demonstration. — Etant donné ¢ > 0 on fixe oc Q tel que Illa <& VfeF. Draprés le théoréme IV.25 on sait que F,, est relativement compact dans L?(«). On peut alors recouvrir F,, par un nombre fini de boules de rayon ¢ dans L"(o). Soit i Fe UB) avec ge Lo) (ces boules sont entendues dans L’()). On pose - a xeo De a, ‘ On vérifie aisément que ¥ < U BG, 2s) (ces boules sont entendues dans L?(Q)). int Remargue 12. — La réciproque du corollaire 1V.26 est vraie (voir par exemple [EX]). Remarque 13. — Soit ¥ un sous-ensemble borné de L¥(RN) avec 1 < p < oo vérifiant Ye>0 3>0 telque [Iyf—fllkmar 0 donné et soit G,eC (RN) tel que IG — Gilly < Ona UitsG — Gila < ItxG — Gills + UtGi — Galle + IG, — Gls < 2€ + |It4Gi — Gilley. Dautre part, il est évident que lim ||t,G, — Gylle = 0 et done 0 lim sup [|G — Gla < 2¢. 0 Commentaires sur le chapitre IV 1) Nous avons rappelé au §1V.1 quelques principes de base de la théorie de I'Intégration. Parmi les résultats utiles qui n'ont pas été mentionnés citons, entre autres, le & Théoréme 1V.28 (Egorov). — On suppose que |Q| < co. Soit (f,) une suite de fonctions mesurables de Q dans R telle que SLA) > flx) pp. sur 2 (avec |f(x)| < co pp). Alors Ye>0 3A cQ mesurable tel que ID\Al 0 35>0 tel que [nce VfeF et WACQ avec Al 0 Vue H et (u,u) > Osi u # OJ. Rappelons qu'un produit scalaire vérifie V'inégalité de Cauchy-Schwarz : (uo <(, u)!7(r, 9? Yu, ve HL [Remarquons que pour établir I’inégalité de Cauchy-Schwarz on n'utilise pas 'hypothése (u, u) > 0 siu #0). Rappelons aussi que |u| = (u, u)"/? est une norme ('). {En effet ju + v|? = |ul? + fol? + 2(u, v) < [ul? + lol? + 2lullol). Rappelons enfin «V'identité du parallélogramme » : 2 2 la -b| = la +b i (1) - = (lal? + |b/?) Va, beH. Définition. — Un espace de Hilbert est un espace vectoriel H muni d’un produit scalaire (u,v) et qui est complet pour la norme (u, u)!. Dans toute la suite H désigne un espace de Hilbert. Exemple fondamental : L?() muni du produit scalaire = [ u(xpo(x) dx a est un espace de Hilbert; l'espace de Sobolev H! que nous rencontrerons aux chapitres VIII et IX est un espace de Hilbert « modelé » sur L?. © Proposition V. 1. — H est uniformément convexe et donc réflexif. (*) On notera souvent | | (au lieu de || |)) 1a norme associée 4 un produit scalaire. DEFINITIONS. PROPRIETES ELEMENTAIRES 79 Demonstration. — Soient ¢ > 0, u, v € H tels que |u| < 1, |v] < 1 et |u — v| > &. Grace a Videntité du parallélogramme on a 2 2 lu + 0| ef <1 7 et done 2 lu +o e2\2 <1=8 ae 5=1-(1-") > 0. © Théoréme V.2 (Projection sur un convexe fermé). — Soit K < H un convexe fermé non vide. Alors pour tout fH, il existe ueK unique tel que (2) if — al = Min If- vb De plus u est caractérisé par la propriété : ucK . (f-uy-u <0 Wek On note u = Px f = Projection de f sur K. Démonstration. a) Existence. — Nous indiquerons deux démonstrations 1) La fonction @(v) = |f — v| est convexe, continue et lim g(v) = + 0. Done Ibi (corollaire 111.20) @ atteint son minimum sur K puisque H est réflexif. 2) La deuxiéme démonstration ne fait pas appel a la théorie des espaces réflexifs. Soit (2,) une suite minimisante pour (2) ie. v, € K et d, = |f—v,| +d = Inf |f — 0} veK Montrons que (v,) est de Cauchy. Appliquant T'identité du parallélogramme avec a=f—0,, b =f dy il vient v, +2, 1 a neal a aay L 2 3 (de + dn) m ’n + Pn ‘ Or 2+" eK et donc a7 tel Sg. Par conséquent pol < 3 (2 +d2)-d? et lim |v, — Done », + weK et lon a d= (ful b) Equivalence de (2) et (3) Soit we K vérifiant (2) et soit we K. On a v=(l—tu+tweK pour te ]0, 1) et donc ful < If (1 - du + ow] = If - u) - tw - wh. 80 LES ESPACES DE HILBERT Par suite If uP <[f— uP? = 20f — uw —u) + Plw — uP. ie. 2(f — u w — u) < tw — ul’. Quand t +0 on obtient (3). Inversement, soit u vérifiant (3). Alors on a lu—fP — bb -fP =2f-uv-w—lu-v? <0 WweK; ‘od (2). ©) Unicité Soient u, et u, vérifiant (3). On a (4) Frm, 0- uy (5) (f= ug, v = uy) Reportant v = u, dans (4) et » = u, dans (5), on obtient aprés addition, |, — u,l? < 0(*). <0 VoeK <0 VWeK. ) ) Proposition V.3. — Sous les hypothéses du théoréme V.2 on a IPkfi-PeAl = (fF, ») Wel. De plus on a IA = loli Demonstration. — Nous présenterons & nouveau deux démonstrations : 1) La premiére ressemble 4 la démonstration du théoréme IV.11. On considére Vapplication T:H +H’ construite comme suit: étant donné fe H, lapplication v ++ (f,0) est une forme linéaire continue sur H; donc elle définit un élément de H’ noté Tf ie. M vient alors 0 = (@,) = (g,0— 4g) ie @0)=2= ~~ On conclut que P, 0,2) = (f,v) Woe H of f est défini par f = <9, 9g. @ Remarque 1. — H et H’: identifier ou ne pas identifier ? — Le triplet Vc Hc V’. Le théoréme V.5 montre que toute forme linéaire continue sur H peut se représenter a Taide du produit scalaire. L’application @ ++ f est un isomorphisme isométrique qui permet d’identifier H et H’. On fera trés souvent cette identification mais pas toujours. Décrivons une situation typique ou il n'y a pas lieu de faire cette identification. Soit H un espace de Hilbert muni du produit scalaire (,) et de la norme associée | |. Soit V un sous- espace vectoriel, dense dans H. On suppose que V est muni d’une norme || _ || qui en fait un espace de Banach réflexif. On suppose que linjection canonique de V dans Hest continue, i.e. lo] < Coll Woe V. 82 LES ESPACES DE HILBERT On identife H’et H. On peut alors plonger H dans V’ grice au procédé suivant : étant donné SH, Vapplication p € V ++ (fv) est une forme linéaire continue sur H et a fortiori sur V; on la note Te V’ de sorte que ThoOvy=(6 0) VWfeH, Wwev. On vérifie aistment que T : H + V’ posséde les propriétés suivantes : (i) IITSilv < CIfl Wfe H, (ii) T est injective, (iii) T(H) est dense dans V' (*), A Vaide de T on plonge H dans V’ et on a le schéma (9) VcH=HcV 08 les injections canoniques sont continues ct denses. On notera qu’avec cette identification (@, v)y., y coincide avec (@, v) dés que pe Het ve V. On dit que H est l’espace « pivot ». Supposons maintenant que V, au lieu d’étre un espace de Banach général est un espace de Hilbert, avec son propre produit scalaire ((,)) associé 4 la norme |_|]. On pourrait alors identifier V’ et V via le produit scalaire ((,)). Toutefois (9) devient absurde. Ceci montre qu’on ne peut pas faire simultanément les deux identifications : il faut choisir. On a pris Vhabitude — c’est un choix arbitraire — de préférer l'identification H’ = H, avec (9) comme conséquence et de ne pas identifier V’ et V. A ce sujet nous recommandons au lecteur de méditer l’exemple suivant : H =P = {u=(u,); Yu2 < co} muni du produit scalaire (u,v) = Zu,0,, V = {u =(u,); Zn?u2 < co} muni du produit scalaire ((u, v)) = In? u,v,- Remarque 2. — En utilisant l'isomorphisme de Riesz-Fréchet (et la deuxiéme démonstration du théoréme V.5) on pourrait établir directement que H est réflexif sans passer par la théorie des espaces uniformément convexes. Remaraue 3. — Sil’on fait l'identification H’ = H, alors l'orthogonal M+ d’un sous-espace M CH est considéré comme un sous-espace de H et M! = {weH; (u,v) =0 WoeM}. Dans un espace de Hilbert tout sous-espace fermé admet un supplémentaire topologique (voir chapitre 1.4), En effet il est clair (grace au corollaire V.4) que si M est un sous-espace fermé ona MoM+={0} et M+M+=H. V.3. Théorémes de Stampacchia et Lax-Milgram Définition. — On dit qu’une forme bilinéaire a(u, v): H x H > R est (i) continue s'il existe une constante C telle que la(u, o)| < Clullo| = Yu, ve H, (*) En général T n'est pas surjective de H sur V’. THEOREMES DE STAMPACCHIA ET LAX-MILGRAM 83 (ii) coercive s'il existe une constante % > 0 telle que a(v, v) > ap|? VWoeH. Théoréme V.6 (Stampacchia). — Soit a(u, v) une forme bilinéaire continue et coercive. Soit K un convexe, fermé et non vide. Etant donné @ ¢H' il existe ueK unique tel que (10) atu,y—u)> ,v—uy Wek. De plus, si a est symétrique, alors u est caractérisé par la propriété uceK (uy) 1 2 a(u, u) — <@, 4) = Min { alr, ») — <@, » 2 rek 2 Pour démontrer le théoréme V.6 on utilisera le résultat classique suivant : © Théoréme V.7 (Théoréme de point fixe de Banach - méthode des approximations successives de Picard). Soit X un espace métriaue complet et soit S : X -> X une application telle que d(Sv,, Svz) < kd(v,, v2) Wy, P2EX aveck <1, Alors S admet un point fixe unique, u = Su (voir par exemple Choquet [1] ou L. Schwartz (2). DEMoNsTRATION DU THEOREME V.6. — D'aprés le théoréme de représentation de Riesz- Fréchet (théoréme V.5) il existe fe H unique tel que <@, > =U) WweH. D’autre part, pour tout we H fixé, application v + a(u,») est une forme linéaire continue sur H, et grace au théoréme de représentation de Riesz-Fréchet il existe un élément de H, noté Au, tel que a(u, v) = (Au, v) Yo € H. Hest clair que A est un opérateur linéaire de H dans H et que (12) [aul < Clu) YueH (13) (Au, u) > alu? Yue H. Le probléme (10) revient 4 trouver ue K tel que (14) (Au, v — u) >(f, v — u) Wek. Soit p > 0 une constante qui sera fixée ultérieurement. L’inégalité (14) équivaut a (15) (pf-pAutu-wv—u<0 Wek ie. u = Px(pf — pAu + w. Pour tout veK, on pose Sv = Px(pf— pAv +). Montrons que si p>0 est convenablement choisi alors S est une contraction stricte, ie. il existe k < 1 tel que [Sv, — Sv,| < klvy — v2] Woy, 02 © K. En effet, d’aprés la proposition V.3 on a [Sv — Sv < (vx, — ¥2) — p(Av, — Av,)| H. Brezis. — Analyse Fonctionnelle 4 84 LES ESPACES DE HILBERT et donc [Sv, — Sv9l? < |v, — v9|? — 2p(Av, — Av, vy — v2) + p?|Av, — Av,/? < |v, — v,/(1 = 2pa + p?C?), . 20 Fixant p > 0 tel que k? = 1 — 2pa + p?C? < I (prendre 0 < p < 2) on voit que S admet un point fixe unique (*). Supposons maintenant que la forme a(u, v) est symétrique. Alors a(u, v) définit un nouveau produit scalaire sur H et la norme associée a(u,u)'? est équivalente la norme |_| Done H est aussi un espace de Hilbert pour ce produit scalaire. Appliquant le théoréme de représentation de Riesz-Fréchet on obtient ge H tel que <9, ») = alg, ») |= We. Alors (10) devient (16) agg-uv-u<0 Wek ie. u = Pxg, projection au sens du produit scalaire défini par a. D’aprés le théoréme V.2 (16) équivaut & trouver we K qui réalise Min ag — v, g - v)!?. veK Ceci revient & minimiser sur K, a(g — v, g — v) ow encore 1 a(v, ») ~ 2alg, vou encore 5 al, ») ~ <@, »>. Remarque 4. — On vérifie aisément que si a(u, v) est une forme bilinéaire telle que a(v, »)>0 WweH alors la fonction v ++ a(v, v) est convexe. © Corollaire V.8 (Lax-Milgram). — Soit a(u, v) une forme bilinéaire, continue et coercive. Alors pour tout @ €H' il existe wc H unique tel que (17) alu, ») = (9, ») We. De plus, si a est symétrique, alors u est caractérisé par la propriété 1 1 (18) weH et 5 alu w) ~ (9, u) = Min { avy, ») — <@, oo. vel Demonstration. — Appliquer le théoréme V.6 et raisonner comme au corollaire V.4. Remargue 5. — Le théoréme de Lax-Milgram est un outil simple et efficace pour la résolution d’équations aux dérivées partielles linéaires elliptiques (cf. chapitres VIII et IX). I] est intéressant de noter le lien entre 'équation (17) et le probléme de minimisation (18). Cette relation a souvent une interprétation en mécanique ou en physique (principe de moindre action, minimisation d'une énergie, etc.). Dans la terminologie du calcul des () Si Yon cherche a caleuler le point fixe par une méthode itérative on a intérét a choisir p = a/C? (qui minimise k) pour accélérer la convergence des itérations. SOMME HILBERTIENNE. BASE HILBERTIENNE 85 variations l’équation (17) est P’équation d’Euler du probléme de minimisation (18). On notera aussi, a ce propos, que ’équation (17) apparait lorsque l'on écrit « F'(u) = 0» ot FQ) = Fate,» — (oe) Remarque 6. — On peut donner une démonstration directe et élémentaire du fait que Péquation (17) admet une solution unique. En effet, résoudre (17) revient 4 montrer que VfeH, 3weH unique tel que Au=/, autrement dit, que A est bijectif. Or (@) R(A) est fermé puisque alo < [Av] Yoe H, (b) R(A) est dense puisque (Au, v)=0 WweH entraine v = 0. V.4. Somme Hilbertienne. Base Hilbertienne Définition. — Soit (E,),51 une suite de sous-espaces fermés de H On dit que H est somme Hilbertienne des (E,) et on note H = @ E, si: (i) Les E, sont deux 4 deux orthogonaux ie. (u,v) =0 WweE,, Wek, mn (ii) L’espace vectoriel engendré par les (E,) est dense dans H ('). © Théoréme V.9. — On suppose que H est somme Hilbertienne des (E,),»\. Soit uc H et soit u, = Pru. Alors on a @ w=Du4, ie cin (6) w= ¥ lui? (égalité de Bessel-Parseval) Réciproquement, étant donnée une suite (u,) de H telle queu,€E, Vn et Y |u|? < co, alors at a série ¥- u, est convergente et u = Y. u, vérifie u, = Py u. 5 1 ‘ Demonstration. — Soit S, = > Pg, ;S, est un opérateur linéaire et continu de H dans H. Pour we H ona a ‘ (19) Sw? = Dla? nt (*) I1s‘agit de espace vectoriel engendré au sens algébrique i.e. les combinaisons linéaires finies éléments des (E,). 86 LES ESPACES DE HILBERT Drautre part (corollaire V.4) on a (uy u,) = tel? et par sommation (u, Su) = [Syul?. Dot (20) [Sul < |ul Vue H. On désigne par F lespace vectoriel engendré par les (E,). Soit ¢ > 0 et soit i F tel que lu ~ ul ab. u=Y (wee, avec ul? = @ Théoréme V.10. — Tout espace de Hilbert séparable admet une base Hilbertienne. Demonstration. — Soit (v,) un sous-ensemble dénombrable dense de H. Soit F, espace vectoriel engendré par [v, , v2, . .. v4). Les (F,) forment une suite croissante de sous-espaces de dimension finie telle que (J F, est dense dans H. On choisit une base orthonormale de F, , kat que I’on complete en base orthonormale de F;, etc. On obtient alors une base Hilbertienne de H. Remargue 8. — Si H n’est pas séparable, on peut encore établir (a l'aide du lemme de Zorn) Vexistence d'une base Hilbertienne (¢,),., non dénombrable. Le théoréme V.9 reste valable si (*) Surtout ne pas confondre avec une base algébrique ie. une famille (e)) de H telle que tout élément de H s%crive de maniére unique comme combinaison linéaire finie des (¢,). COMMENTAIRES SUR LE CHAPITRE V 87 Yon remplace les séries convergentes par des familles sommables (voir Choquet [1] ou L. Schwartz [2)). Remarque 9. — Le théoréme V.10 montre que tous les espaces de Hilbert séparables sont isomorphes et isométriques a l'espace [?. Bien entendu ce résultat (d’apparence spectacu- laire!) ne réduit pas limportance de Pétude de L(Q) (ou de l’espace de Sobolev H’). Remargue 10. — On verra au chapitre VI comment construire une base Hilbertienne formée de vecteurs propres d’opérateurs autoadjoints compacts. Dans L?(Q) on utilise trés fréquemment des bases spéciales formées de fonctions propres d’un opérateur différentiel (cf. § VIIL6 et §1X.8). Par exemple dans L7(0, n) la base formée des fonctions De : 2 = sinnx) , ou bien = cosnx) 1 et m n30 débouche sur les développements en série de Fourier et Analyse harmonique; voir par exemple Katznelson [1]. En ce qui concerne les bases associées aux fonctions de Bessel, Legendre, Hermite, Laguerre, Tchebichev, Jacobi, etc. le lecteur pourra consulter Courant Hilbert (1], volume 1. Commentaires sur le chapitre V %* 1) Caractérisation des espaces de Hilbert Hest intéressant de savoir reconnaitre si une norme||_ || donnée sur un espace vectoriel E est une norme Hilbertienne, i.e. s'il existe un produit scalaire (,) sur E tel que (u, u)!? = lull = Yue E. Divers critéres sont connus : a) Théoréme V.11 (Fréchet-Von Neumann-Jordan). — On suppose que la norme || || vérifie Videntité du parallélogramme (1), alors || || est une norme Hilbertienne. Pour la démonstration, voir Yosida [1] ou [EX]. 5) Théoréme V.12 (Kakutani [1]). — Soit E un espace normé avec dim E > 3. On suppose que tout sous-espace F de dimension 2 admet un projecteur de norme \ (ie. il existe P:E-— F opérateur linéaire continu avec Pu = u pour tout ue F et ||Pl| < 1). Alors la norme || || est Hilbertienne ('). c) Théoréme V.13 (de Figueiredo-Karlovitz [1]). — Soit E un espace normé avec dim E > 3. On pose ust ull <1 Tu = si lll > 1 tt wl >. ital (*) On remarquera a ce propos qu'un sous-espace F de dimension 1 admet toujours un projecteur de norme 1 (grace au théoréme de Hahn-Banach). 88 LES ESPACES DE HILBERT On suppose que (Tu = Trl < lw — |) Vay ve. Alors la norme || || est Hilbertienne ('). Rappelons aussi, a ce sujet un résultat déja _mentionné (cf. remarque I1.8). Théoréme V.14 (Lindenstrauss- Tzafriri [1]). — Un espace de Banach est Hilbertisable (ie. il existe une norme Hilbertienne équivalente 4 fa norme initiale) si tout sous-espace fermé posséde un supplémentaire topologique (*). 2) Inéquations variationnelles Le théoréme de Stampacchia est le point de départ de la théorie des inéquations variationnelles (voir Kinderlehrer-Stampacchia [1]); cette théorie a de nombreuses applications en mécanique, en physique (voir Duvaut-Lions [1]), en contrdle optimal (voir Lions [2]), en contréle stochastique (voir Bensoussan-Lions [1]), etc. * 3) Equations non linéaires associées 4 des opérateurs monotones. Les théorémes de Stampacchia et Lax-Milgram s’étendent a certaines classes d’opérateurs non linéaires. Citons par exemple le Théoréme V.15 (Minty-Browder). — Soit E un espace de Banach réflexif. Soit A: E + E' une application (non linéaire) continue telle que (Av, — Av), ¥) — 92) >0 Wy, EE, 9 # HD . SAM > lim ——— = tit > oo Uv Alors, pour tout fe E' il existe ue E unique solution de (équation Au = f. 4) Bases dans les espaces de Banach. La notion de base s’étend aux espaces de Banach. On dit que (¢,),>; est une base de Schauder de espace de Banach E si pour tout u € E, il existe une suite (2,),, de R, unique, telle que u = Y. a,e,. Les bases jouent un réle important en géométrie des espaces de amt Banach (voir par exemple Lindenstrauss- Tzafriri [2]). Tous les espaces usuels (séparables) de Analyse possédent une base de Schauder (voir par exemple I. Singer [1]). Ce fait avait conduit Banach a la question suivante : est-ce que tout espace de Banach séparable admet une base de Schauder? La réponse est négative (Enflo [1]). On peut méme construire des sous-espaces fermés de I? avec 1 < p < 0, p # 2, sans base (voir Lindenstrauss-Tzafriri [2)). Szankowski a démontré récemment que -(H) n’admet pas de base (H est un Hilbert separable de dimension infinie). On rencontrera au chapitre VI une question voisine pour les opérateurs compacts qui a aussi été résolue négativement. (©) On démontre que dans tout espace normé on a |ITu = Toll < 2 - of) Yu, vEE et que, en général, la constante 2 ne peut pas étre améliorée. ) Il revient au méme de dire que tout sous-espace fermé admet un projecteur continu P. Noter que, ici, on ne suppose pas ||Pi| < 1, contrairement aux hypothéses du théoréme V.12. VI , OPERATEURS COMPACTS. DECOMPOSITION SPECTRALE DES OPERATEURS AUTOADJOINTS COMPACTS VI.1. Définitions. Propriétés élémentaires. Adjoint Soient E et F deux espaces de Banach. Défmition. — On dit qu'un opérateur T ¢ ¥(E, F) est compact si T(B,) est relativement compact pour la topologie forte. On désigne par #(E,F) l'ensemble des opérateurs compacts et on pose #(E) = (E, E). Théoréme V1.1. — L’ensemble (E, F) est un sous-espace vectoriel fermé de £(E, F) (pour fa norme || \\ye,F)- Demonstration. — Il est clair que la somme de deux opérateurs compacts est un opérateur compact. Supposant que (T,) € #(E, F), Te L(E, F) et |IT, — Tllye,r) > 0. Montrons que T(E, F). Comme F est complet il suffit de vérifier que, pour tout ¢ > 0, T(Be) peut @tre recouvert par un nombre fini de boules B(/;,e) dans F. On fixe n tel que e it tpn 7 Comme T, (Bz) est relativement compact, T,(Be) ¢ U (4.4) avec ra 2, I fini. Done T(Bg) ¢ UJ BUF. €). fel Défmition. — On dit qu'un opérateur Te ¥(E, F) est de rang fini si dim R(T) < . Il est clair qu'un opérateur continu de rang fini est compact. Corollaire V1.2. — Soit (T,) une suite d'opérateurs continus de rangs finis de E dans F et soit Te L(E, F) tels que \\T, — The.) 0. Alors Te X(E, F). Remarque 1. — Le célébre « probléme de lapproximation » (Banach, Grothendieck) concerne la réciproque du corollaire VI.2. Etant donné un opérateur compact, existe-t-il une suite (T,) d’opérateurs de rangs finis telle que IT, — Tllye,r > 0? En général, la réponse est négative (Enflo [1]) — méme pour certains sous-espaces fermés del’(1 < p < 0,p # 2); voir par exemple Lindenstrauss-Tzafriri [2]. Toutefois la reponse est affirmative dans de nombreux cas; par exemple si F est un espace de Hilbert. En effet soit 90 OPERATEURS COMPACTS K = T(B,). Etant donnée > Oonrecouvre K par (J B(/;, €)s1 fini. Soit G l'espace vectoriel ie engendré par les f; et soit T,=PgoT (T, est de rang fini). Vérifions que IT, — Tae.) < 2€. Si xe Be, il existe ip eI tel que (1) IITx — fill < Done Ig oTx — Po fill < € ie. 2) IPgoTx — fl 0, il existe une application T, : X -> F continue, de rang fini telle que @) IT.) —TQdl| (yy, x; n= 1,2...) Les hypothéses du théoréme d’Ascoli (théoréme IV.24) sont satisfaites et on peut donc extraire une sous-suite notée @,, qui converge, dans C(K) vers une fonction @ € C(K). En particulier Supl(v,, Tw) ~ o(Tu)—> 0. weBy a Donc Sup || —+> 0, veBe kine ic. |[T*v, — T*r,ll» —~ 0. Par conséquent T*v, converge dans E’. kina Réciproquement, supposons que T* « #(F’, E’). D'aprés ce qui précéde T** € ¥(E", F”) et en particulier T**(Bg) est relativement compact dans E”. Or T(B,) = T**(B,) et E est fermé dans E”. Par conséquent T(B,) est relativement compact dans E. Remargue 2. — Soient E et F deux espaces de Banach et soit T € X(E, F). Pour toute suite (u,) de E qui converge faiblement vers u, alors (Tu,) converge fortement vers Tu; voir [EX]. La réciproque est aussi vraie si E est réflexif; voir [EX]. VI.2. La théorie de Riesz-Fredholm Commengons par quelques résultats préliminaires. Lemme V1.1 (Lemme de Riesz). — Soit E un e..n. et soit M < E un sous-espace fermé tel que M # E. Alors Ve>0 3weE tel que |i =1 et — dist («, M) > 1—e Demonstration. — Soit v€ E, avec v ¢ M. Comme M est fermé, alors d = dist (v, M) > 0. On choisit my eM tel que d < |v — moll < oe Alors a. Ile — moll répond a la question. En effet si me M ona oo lu — mij = J" — ml > 1 lle — moll puisque mg + |lv — mollm eM. Remarque 3. — Si dim M < (ou plus généralement si M est réflexif) on peut choisir ¢ = 0 au lemme VI.1; mais pas dans le cas général (voir [EX]).

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