Les Trois Surs, deux monologues

I. Je veux me confesser vous, mes surs chries. Cest trop lourd. Je me

confesserai, et puis, plus un mot, jamais, personne Je vais tout de suite
vous dire (Baissant la voix :) Cest mon secret, mais vous devez tout
savoir Je ne peux plus me taire (Un temps.) Jaime, jaime Jaime cet
homme Quy faire ? Il ma dabord paru trange, puis je lai plaint puis
je me suis mise laimer, laimer, pour sa voix, ses paroles, ses
malheurs, ses deux petites filles. Je laime, tel est donc mon destin Tel
est mon sort Et lui, il maime aussi. a fait peur, oui ? Ce nest pas bien ?
(Elle prend la main dIrina et lattire vers elle.) Oh ! ma chrie Comment
allons-nous vivre, que va-t-on devenir ? Quand on lit un roman, tout parat
si simple, connu davance, mais lorsquon aime soi-mme, on saperoit
que personne ne sait rien, que chacun doit dcider pour soi Mes chries,
mes petites surs Je me suis confesse, et maintenant je ne dirai plus
rien. Je serai comme le fou de Gogol Silence Silence
II. La musique est si gaie, si encourageante, et on a envie de vivre ! Oh !
mon Dieu ! Le temps passera, et nous quitterons cette terre pour toujours,
on nous oubliera, on oubliera nos visages, nos voix, on ne saura plus
combien nous tions, mais nos souffrances se changeront en joie pour
ceux qui viendront aprs nous ; le bonheur, la paix rgneront sur la terre,
et on dira du bien de ceux qui vivent maintenant, on les bnira. Oh, mes
surs chries, notre vie nest pas encore termine. Il faut vivre ! La
musique est si gaie, si joyeuse ! Un peu de temps encore, et nous saurons
pourquoi cette vie, pourquoi ces souffrances Si lon savait ! Si lon
savait !