LA PSYCHIATRIE JUDICIAIRE,

BRANCHE OUBLIEE PAR LA PSYCHIATRIE SOCIALE

Ulrich Kobbe

ABREGE DU DEVELOPPEMENT DES «MESURES D'INTERNEMENT, DE

TRAITEMENT ET DE SECURITE DANS UN HOPITAL PS YCHIATRIQUE» (ART.
63 DU CODE PENAL) EN RFA
«Nous ne savons plus dire le Mal. Nous ne savons plus que proferer
le discours des droits de l'homme, valeur pieuse, faible, inutile, hypo-
crite, qui repose sur une croyance illuminee en l'attraction naturelle du
Bien, sur une idealite des rapports humains (alors qu'il n'existe evidem-
ment de traitement du mal que par le mal). De plus, ce Bien, cette valeur
ideale, est toujours con9u de facon protectionniste, miserabiliste, nega-
tive, reactionnelle. C'est la minimalisation du Mal, prophylactique de la
violence, securite... II n'y a de "droit ä la parole" que si la parole est
con£ue cornme l'expression "libre" d'un individu... Y a-t-il un droit au
desir, un droit ä l'inconscient, un droit ä la jouissance ? Absurde... Le
"droit de vivre" fait vibrer toutes les ämes pieuses, jusqu'ä ce qu'il de-
bouche sur le droit de mourir, oü eclate l'absurdite de tout cela»
(Baudrillard, 1990, pp. 92-93).

Je tenterai l'esquisse d'un element marginal de la psychiatrie

(ouest-)allemande qui n'a subi des reformes que pendant ces dix der-
nieres annees.
C'etait dejä dans les conceptions de Kraepelin, par exemple, en
1899/1900, que Ton favorisait la Separation des criminels deranges et
dangereux qui se trouvaient dans des höpitaux psychiatriques des autres
malades mentaux. C'est-ä-dire que l'on choisissait un chemin ä deux
voies des systemes judiciaires et psychiatriques dans le champ de
l'exclusion de ces individus (von Liszt, 1904-1905 a, b). Dans la psychia-
trie elle-meme, nous trouvons depuis lors une critique fondamentale de
cette double punition, notamment par Bleuler (1904-1905) — cette dis-
cussion n'a toujours pas cesse.
Ce developpement presente aussi un autre aspect: Foucault (1975)
nous montrait d'une fa9on convaincante que les nouveaux systemes de
punition, c'est-ä-dire rinternement ou remprisonnement, visent l'äme de
l'individu et representent une punition beaucoup plus subtile que les

Ulrich Kobbe est psychologue clinicienlpsychotherapeule.

146 PSYCHIATRIE SOCIALE A L'HEURE EUROPEENNE
mesures precedentes. Les delinquants qui souffreut d'une maladie men-
tale, les malfaiteurs malades-malignes, sont soumis ä une collaboration :
du pouvoir, de la raison, du mythe et de la morale (Strasser, 1984), Ces
forces, specialement dans le champ de la psychiatrie judiciaire, essaient
de detourner le delinquant de ses relations symboliques avec l'empire du
desordre, du chaos, du Mal et de la nuit. II s'agit d'une nianoeuvre sociale
qui cherche ä mettre au ban Parchai'sme du Mal par la science, ä le dorni-
ner ä l'aide de rationalisations (Kobbe, 1991/b). La science judiciaire ela-
bore inaintenant une conception du danger qui resulte d'une experience ä
penser cette conception sans rarchai'sme du Mal, ä l'aide d'une patholo-
gisation du delinquant, et ä le decrire cornme malade chaste.
Dans Phistoire, ce n'est qu'en 1933 que le gouvernement du Reich
vota une loi — dejä preparee par les gouvernements antecedents de la
Republique de Weimar — qui donnait une base legale ä l'internement des
delinquants qui avaient commis leurs delits ä cause d'une maladie men-
tale. Le 24 novembre 1933 sera votee la «Loi contre les delinquants
chroniques dangereux et concernant les mesures de securite et de traite-
ment» ; cette loi va etre detoumee par les nazis, par exemple pour sterili-
ser ces delinquants chroniques ou pour les eliminer. Ce fut autour de ces
annees-Iä qu'une partie du grand Höpital d'Eickelborn en Nordrhin-
Westphalie fut reservee ä cette clientele ; c'est l'institution oü je travaille.
A partir de 1949, nous rencontrons, en Allemagne, deux systemes
extremement differents et compleinentaires ä la fois. En RFA, nous re-
trouvons cette loi de 1933 sous forme de l'article 42 du Code penal, mais
bien evidemment avec les memes structures et institutions dans les sys-
temes psychiatriques qu'auparavant. Ce n'est qu'en 1979 qu'une com-
mission de PAssemblee föderale a enquet6 sur la Situation de la psychia-
trie en RFA. Cette fameuse enquete modifiait le Systeme psyclüatrique
ouest-allemand, introduisait de nouveaux dispositifs psychosociaux dans
une psychiatrie sectorisee, etc. Ce fut le ternps d'une reforme des grands
höpitaux ä la campagne, ainsi que d'un mouvement qui s'organisait dans
une «societe de psychiatrie sociale».
Mais cette reforme ne touche pratiquement pas les institutions de la
psychiatrie judiciaire : Penquete sur la Situation de la psychiatrie les
mentionne comme «feu arriere absolu» de la psychiatrie, mais ne prend
pas l'initiative de changer les circonstances de repression, de segregation
ou les traitements inhumains et antitherapeutiques dans ces institutions.
L'esprit de Pepoque donne initiative au secteur de la legislation penale :
la deuxieme reforme du droit penal, en 1975, supprime l'article 42
(ancienne version) et precise, dans l'article 63 du Code penal, qu'il s'agit
maintenant de «mesures de traitement et de securite», et non l'inverse
qui, jusque-lä, faisait de la securite le but de rinternement.
Ce n'est que dans les annees 80 que des röformes, souvent modestes,
prennent naissance dans les institutions de la psychiatrie judiciaire. Une
des premieres discussions porta sur Peventualitö d'une decentralisation
de ces cliniques. Aujourd'hui, dans la plupart des Länder de l'ancienne
LES MODALITES DE LUTTE CONTRE LES MALADIES MENTALES 147
RFA, ces institutions sont decentralisees, quelques grands centres prati-
quent encore un internement centralise. En Nordrhin-Westphalie, oü je
vis et travaille, nous avons une solution intermediaire mais föderale : le
territoire de Rhenanie a decentralise sä psychiatrie judiciaire sur quatre
villes, le territoire de Westphalie, par contre, dispose d'un seul höpital
specialise ä Eickelborn.
Le developpement tardif commenca, comme dans la psychiatrie ge-
nerale, par la remise ä neuf des bätiments vieillis et panoptiques. Cette
action donne d'ailleurs ä penser aux «bätimensonges» ou «monumen-
songes» (Baillon, 1988). En effet, de nouveaux bätiments sont souvent
trompeurs parce qu'ils ne deternünem absolument pas de nouvelles
conceptions, attitudes ou objectifs de traitement dans rinternement
(Kobbe, 1988a ; Kammeier, 1990).
Ces reformes ne sont plus du tout inspirees par un mouvement pour
une psychiatrie sociale : celui-ci a presque oublie l'existence de cette
brauche de la psychiatrie qui ne s'occupe que d'une minorite stigmatisee,
d'une population tabou qui risque de contaminer ceux qui s'en occupent
(Freud, 1913 ; Sartre, 1943, pp. 671-672). On ne trouve que de rares in-
terventions, comme un colloque tres local, sur la reintegration de ces pa-
tients dans la commune (WGSP, 1989).
Quelques chiffres demographiques:
nombre de patieras internes dans l'ancienne RFA
annee/date 31.01.67 31.03.84
art. § 42 § 63
n 4.493 2.362
nombre de patients internes ä Eickelborn
annee/date 1965 31.03.82 31.01.86 01.10.87
n 780 271 303 263
TABLEAU l.
Concretement, en ce qui concerne PHöpital psychiatrique
d'Eickelborn, c'est le Professeur Wilfried Rasch, directeur de P Institut de
psychiatrie judiciaire ä PUniversite de Berlin, qui mit au point, en 1983,
une expertise dans le Service de Phöpital Rottland qui hebergeait les de"-
linquants presentant des maladies mentales (Rasch, 1983).
A la suite de cette expertise, on separa ce Service de PHöpital. C'est
ainsi que, depuis le ler avril 1984, deux institutions autonomes fonction-
nent ä Eickelborn : un höpital psychiatrique et un centre de psychiatrie
judiciaire. Ce centre est Charge de Pexecution centralisee de toutes les
mesures de traitement et de securite dans la circonscription Westphalie du
Land Nordrhin-Westphalie. 11 s'agit ainsi de la plus grande unite de
 148 PSYCHIATRIE SOCIALE A L'HEURE EUROPEENNE LES MODALITES DE LUTTE CONTRE LES MALADIES MENTALES 149

psychiatrie judiciaire en RFA, avec environ 360 paüents qui doivent etre L'independance du centre a necessite la creation d'emplois surtout
soignes, resocialises et pris en Charge. chez les medecins, psychoiogues et travailleurs sociaux, ainsi que les
infirmiers et educateurs specialises. Les chiffres suivants concernent tou-
Les paüents § 63 ancRFA 1988' Eickelborn 19792 Eickelborn 1987-1 jours le meine nombre de 360 malades environ.
Diagnostic n % n % n %
Le personnel en!984 en 1991
Psychose endogene 719 36,5 90 28,8 43 14,8
ICD 295. 296, 297 Medecins 3 14
Desordre cerebral 131 6,6 53 17,0 22 7,6 Infirmiers/educateurs «111 269
ICD 290-294, 310 Psychoiogues 7 22
Deviation sexuelle 144 7,3 15 4,8 30 10,3 Pedagogues - 1
ICD 302 Sociologues - 1
Toxicomanie 85 4,3 9 2,9 39 13,4 9 12
Travailleurs sociaux
ICD 3Ü3, 304
Educateurs specialises 7 3
Derangement de 325 16,5 145 46,5 92 31,6
personnalite, ne- Institute urs - 4
vro.se Therapeules d'education physique 1 3
ICD 300, 301,309, Ergotheiapeutes - 3
312 Employes dans l'ergotherapie 7 15
Arrieration mentale 569 28,8 (219) —_ 4 65 22,3
ICD 317-319
TABLEAU 4.
Paüents en etude 1973 100,0 312 100,0 2024 100,0
Population totale 2362 .
326 263 .... Cette augmentation du nombre des employes mit fin aux mesures
1. Leygraf, 1988. d'urgence qui engendraient un climat antitherapeuüque et conduisaient ä
2. Schumami, 19X7. la segregaüon des paüents. Elle nous permit de developper des idees dans
3. Westf. Arbeitskreis «Maßregelvollzug». 1991 ; Kobbe, 199W.
4. multiple denombreinenl. un but therapeuüque, de les discuter et d'en realiser une certaine part
TABLEAU 2. (Kobbe, 19880, c, 1989). Bien sür, il existe encore des structures sclero-
sees dans l'Institution, et je m'indigne assez souvent contre des attitudes
de desinteret ou contre des mesures de discipline. Par ailleurs, nous
Les paüents § 63 anc. RFA 1988' Eickelborn 19792 Eickelborn 19873
sommes contraints, par une «loi concernant les mesures privatives de li-
berte dans un höpital psychiatrique», de 1984, et un decret sur l'applica-
Delits n % n % n % tion de cette loi, de 1986, de garantir aux paüents internes leurs droits et
Actes de violence 767 38,9 100 32,1 64 31,7 de respecter leur individualite, leur refus de cooperer, etc. Ces garanties
Delits sexuels 528 26,7 89 28,5 70 34,6 legales sont, ä mon avis, tres importantes pour les paüents et pour les
Delils contre la 412 20,9 90 28,8 38 18,8 membres d'equipes ; en effet, une transgression est immediatement punie
proprieU: par une commission des reclamaüons consütuee par le parlement du land.
Incendies 213 10,8 29 9,3 29 14,4 Ce developpement de structures plus therapeuüques se concentre :
volontaires — sur l'introduction de plans de traitement et de reinserüon, de forma-
Autres delits 53 2,7 4 1,3 1 0,5 tions scolaires qui contiennent aussi un programme d'alphab^üsaüon, des
Patients en etude 19734 100,0 312 100,0 202 100,0 therapies par le travail plus professionnalistes ;
Population totale 2362 —- 326 .._ 263 .... — sur la creation d'unites de soins plus petites que les Services tradition-
1. Leygraf, 1988.
nels et parallelement d'une atmosphere therapeutique ;
2. Schumann, 1987. — sur le developpement de sociotherapies et de psychotherapies indivi-
3. Westf. Arbeitskreis «Maßregelvollzug», 1991 ; Kobbe, 199U. duelles adaptees aux besoins de notre clientele tres particuliere (Kobbe,
4. multiple denombrement.
1991a).
TABLEAU 3.
150 PSYCHIATRIE SOCIALE A L'HEURE EUROPEENNE
Cette enumeration ne contient, i! est vrai, rien d'extraordinaire ou
d'exceptionnel ; mais s'il est facile de faire des projets ou de construire
une nouvelie Institution, il est cependant beaucoup plus difficile de
vouloir transformer les routines, les attitudes, les structures sclerosees et
les prejuges de toute une Institution. En 1984, j'ai travaill^ dans une
-Institution modele pour de jeunes toxicomaries en placement judiciaire
(art. 64 du Code penal). La nous avons essaye de realiser l'idee d'une
Psychotherapie institutionneiie et d'un travail qtii donnait !a primaute ä la
Psychotherapie, justement dans cette psychiatrie judiciaire. Par
experience, je sais combien de courage et d'energie coütent ces efforts-lä,
et comment peut ou doit echouer un tel modele d'avant-garde (Kobbe,
1989a),
Tout progres et toute orientation psychotherapeutiques dans ces insti-
tutions total(itair)es imposent des autocritiques quant ä notre contröle
psychotherapeutique et ä la conversion du Mal dans l'autre, interne et qui
risque d'etre «soigne» chez lui suppleant ä notre place (Kobbe, 19910).
Dans quel sens nos impulsions destructrices sont-elles proportion-
neiles aux siennes ? Comment peut-on se confronter et se rapprocher de
telles quantites primitives de destructivite, haine, fureur et perversion ?
Quelles sont les tentations narcissiques qui risquent de nous envahir ?
Quels soins et. quelle preparation subissent ces malfaiteurs malades-ma-
lignes de ia pait de nos dispositifs psychiatriques specialises constitues
par la societe exclusivement pour eux ? Quelle fascinätion ses malades et
malfaiteurs exercent-ils pour les «archeologues de l'äme» (therapeutes
psychanalytiques), ainsi que pour les «psychotechniciens behavioristes»
qui modifient le comportement ? D'oü vient la motivation pour ces thera-
peutes ? Quelles autres abnegation et/ou Süffisance deformee, sadomaso-
chiste, ont des psychologues ou psychiatres qui s'engagent de cette ma-
niere pour une minorite diffamee dans et par la psychiatrie generale ?
Quand l'effet repressif de l'institution cesse-t-il sous l'effet d'une
therapie totale ? Par ailleurs, quand va-t-elle involontairement elever son
caractere totalitaire au rang de puissance en devenant elle-rnerne une ter-
reur en forme de «psycho-terreur-pie» (Duncker, 1988 ; Kobbe, 1989a ;
199 Iß)?
Pour en revenir ä Ia pratique concrete dans le centre de psychiatrie
judiciaire d'Eickelborn : nous avons pu realiser un travail de recherche,
avec l'Universite de Bielefeld, sur nos criteres de decision dans les me-
sures d'assouplissement de l'internement. Nous etions partis de l'expe-
rience et du doute que les anciens criteres de bonne conduite ou
d'adaptation des clients aux attentes institutionrielles determinaient en-
core inconsciemment les pratiques. Le programme de recherche interdis-
ciplinaire se concentrait sur ces mesures d'assouplissement relatives ä
l'internement, et permettait de constater que ces decisions dependent
d'une consideration de caractere individuel et therapeutique et non plus
de la satisfaction que l'on avait autrefois pour le comportement discipline
LES MÜDALITES DE LUTTE CONTRE LES MALADIES MENTALES 151
ou bien eleve du patient (Westf. Arbeitskreis «Maßregelvollzug», 1991 :
Kobbe, 1989ö, 1990«, b ; 199 W).
Cette recherche nous a egalement montre — et prouve — qu'il y
avait en effet un changement dans les attitudes et le Schema de jugement
des therapeutes de notre Institution (Kobbe, \99ld) : nous trouvons, de
1985 ä 1987, un remarquable echange de paradigme dans les criteres pour
le jugement:
— du danger represente par les patients ;
— de la gravite de leur maladie ou trouble psychique ;
— de leur comportement generai;
autant de questions oü n'existent pas des criteres obligatoires d'analyse et
pour lesqueis un changement d'opinion se manifeste plus tot.
Toutefois, ce resultat n'est certainernent pas repr6sentatif de toute la
psychiatrie judiciaire dans l'ancienne RFA : on trouve e~galement des
conceptions pretendues «modernes», qui se veulent «progressives», rnais
qui soulignent la discipline et l'adaptation du patient comme moyen et
objectif d'un «traitement de criminalite» (Müller-Isberner, 1990(7, b), soit
qui presentent un Schema mental rappelant les methodes martyrisantes du
traitement moral d'autrefois. Cependant, il faut bien avouer que des
conceptions d'education et des procedures disciplinaires persistent dans
d'autres institutions semblables en Allemagne, et que ce caractöre anti-
therapeutique d'internement avec une longue privation de liberte prevaut
evidemment plus ou moins dans toute Institution totalitaire.
Jusqu'ici il n'etait question que des «mesures de traitement et de se-
curite» en vigueur dans l'ancienne RFA. En ce qui concerne l'autre Al-
lemagne, l'ancienne RDA, eile avait egalement, a partir de 1949, une loi
qui suivait la legislation ante'cedente du Reich. En 1969, les «mesures de
securite et de traitement» est-allemandes, n'ötant plus prevues dans le
Code penal de la RDA, etaient substituees par un internernent sur la base
d'un placement d'office. En depit de ce truquage id6ologique, nous avons
du nous rendre compte, apres l'/iAwc/j/M/Jd'affiliation) de la RDA, qu'il
existait dans l'autre Allemagne une psychiatrie judiciaire affreuse, inhu-
maine, arbitraire et dont le «Stasi» — le Service de la sürete interieure de
l'Etat est-allemand — abusait largement. Tout recernment, quatre mdde-
cins-chefs ouest-allemands (Beine et al., 1991) ont fait l'effort de publier
et de denoncer ce scandale : ils fönt part, ä la stupefaction generale, de
leucotomies, d'operations stereo-taxiques chez des patients psychotiques,
ainsi que de castrations radiologiques chez des femmes arrierees men-
tales ! C'est donc rnaintenant que nous nous trouvons confrontes ä
l'ombre refoulee ou dissociee (Kobbe, 1991c) de notre propre pratique en
psychiatrie judiciaire.
Nous nous trouvons au seuil d'une discussion sur l'avenir, sur les
chances et les dangers de ces placements judiciaires dans des unites ou
Services psychiatriques specialises — discussion qui fut vive et apre ä la
fin du siecle dernier (Amon, 1896 ; Sander, 1886, 1904-1905 ; Flügge,
 152 PSYCHIATRIE SOCIALE A L'HEURE EUROPEENNE
1904-1905 ; Aschaffenburg, 1912) et qui ne fut que rarement reprise ces
derniers temps par quelques critiques (Moser, 1971). Ce n'est que depuis
peil que des psychologues, psychiatres, parfois aussi des infirmiers, ont
ouvert une discussion controverse"e sur le sens, la realite concrete et
l'6thique de ces mesures specialisees et speciales (Kobbe, 1991«, b).
Mais nous ne cornptons plus sur les partisans d'une psychiatrie sociale :
Finzen constatait dejä, en 1987, que le consentement des groupes sociaux
qui luttent pour une reforme de la psychiatrie s'est d6compose, et que
nous vivons dans une societe postmoderne qui compte — il est vrai — un
courant ecologique dans le monde «psy», mais cette «niche verte» risque
de devenir une sortie partielle en forme de «nouvelle bonhomie». Cette
societe postmoderne est de moins en moins disposee ä se charger des
provocations du moderne, et favorise des Solutions de Simulation. C'est
un trait que nous observons actuellement dans l'etude des problemes in-
terallemands, et nous sommes sürement suffisamment avertis pour ne pas
nous laisser masquer la vue par le simulacre de Solutions que nous offre
la pensee postmoderne. Le temps des reformes est passe. Pas seulement
pour le groupe des malades chroniques de la psychiatrie generale mais
aussi pour celui de Ja psychiatrie judiciaire.
BIBLIOGRAPHIE
AMON. 1986. «Die Geisteskranken im Zuchthaus Kaisheim». Friedreich's Blätter f. ge-
richtl. Med. 47, pp. 220-448.
ASCHAFFENBURG, G. 1912. Die Sicherung der Gesellschaft gegen gemeingefährliche
Geisteskranke. Guttenberg Verlag, Berlin.
BAILLON, G. 1988. «Monumensonge». VST. 34, 2, pp 18-20.
BAUDRILLARD, J. 1990. La transparente du mal. Essai sur les phinomenes extremes.
Editions Galilee, Paris.
BEINE, K. ; SCHMITZ, F. ; SCHUMANN, V.; TRENCKMANN, U. 1991. «Waldheim —
Der schwierige Versuch der Aufarbeitung». Psychiat. Prax. 18, pp. 41-47.
BLEULER, E. 1904-1905. «Zur Behandlung Gemeingefährlicher». Mschrkrim. l, pp 92-
99.
DUNCKER, H, 1988. «Die totale Institution zwischen Therapie und Terror». Fragmente.
26, pp 70-81.
DURCHFÜHRUNGSVERORDNUNG ZUM MAßREGEL VOLLZUGSGESETZ (DV-MRVG)
[Decret sur l'application de la loi concernant les mesures privatives de Hbert6 dans un
höpital psychiatrique ou dans un dtablissement de dösintoxication]. Düsseldorf, le 4
octobre 1986.
FINZEN, A. 1987. «Von der Psychiatrie-Enquete zur postmodernen Psychiatrie». Psy-
chiat. Prax. 14, pp. 35-40.
LES MODALITES DE LUTTE CONTRE LES MALADffiS MENTALES 153
FLÜGGE. 1904-1905. «Einiges aus der Abteilung für irre Verbrecher in Düren». Mschr-
krim. l, pp. 349-357.
FOUCAULT, M. 1975. Surveiller et punir. La naissance de laprison. Gallimard, Paris.
FREUD, S. 1913. «Das Tabu und die Ambivalenz der Gefühlsregung», in : FREUD, S.
Totem und Tabu. Einige Übereinstimmungen im Seelenleben der Wilden und der Neu-
rotiker. Fischer Taschenbuch Verlag, Frankfurt, 1974, pp. 26-80.
GESETZ ÜBER DEN VOLLZUG FREIHE1TSENTZ1EHENDER MAßNAHMEN IN EINEM
PSYCHIATRISCHEN KRANKENHAUS UND EINER ENTZIEHUNGSANSTALT
(MAßREGEL V OLLZUGSGESETZ - MRVG) [loi concernant les mesures privatives de li-
berte dans un höpital psychiatrique ou dans un etablissement de dösintoxication]. Düs-
seldorf, le 18 decembre 1984.
KAMMEIER, H. 1990. «Schöner Sichern = sicherer Bessern ? Einige Anmerkungen zürn
Maßregelvollzug anläßlich der Neubauten in Düren, Berlin und Hamburg»./? & P. 8, l,
pp. 2-14.
KOBBE, U. I988a. «Critique de la revue "Bauwelt" 78/22 (juin 1987) avec le titre : ""wie
wir mit den Schwächsten umgehen"». Psychiat. Prax. 15, p. 36.
KOBBE, U. 1988£. «Milieugestaltung als therapeutisches Prinzip im Maßregelvollzug.
Eine programmatische Utopie '?». MMG. 13, pp. 198-205.
KOBBE, U. 1988c. «Milieugestaltung : über den Alltag mit psychisch kranken Rechts-
brechen)». WzM. 40, 8, pp. 484-490.
KOBBE, U. 1989 a. «Alltag in der Zwangsunterbringung. Der totalen Institution mit to-
taler Milieutherapie begenen...». DKZ. 42, 4, pp. 212-220.
KOBBE, U. 1989/7. «Gefährlichkeitsprognose als klinisches Urteil. Teiler-gebnisse einer
Evaluationsstudie des Beurteilungsbogens im Westf. Zentrum für Forensische Psychia-
trie Lippstadt». Communication pendant la 4e Forensische Herbsttagung der psychiat.
Klinik der Ludwig-Maximilians-Universitat München. Universite de Munich, 10-11 no-
vembre.
KOBBE, U. 1990a. «Lockerungen im Maßregelvollzug am Beispiel des Westf. Zentrums
für Forensische Psychiatrie Lippstadt. Ergebnisse eines Forschungsprojekts aus
therapeutischer Sicht». Communication pendant un Symposium specialise :
«Lockerungen im Maßregelvollzug (§ 63 StGB) — ein "kalkuliertes Risiko" ? Centre
d'etudes interdisciplinaires, Bielefeld, 12 octobre.
KOBBE, U. 19900. «Prognostix — ein blind würfelnder Seher, wissenschaftlich wahr-
sagender Druide im Maßregelvollzug ? Zur EnLscheidungs-matrix von Vollzugslocke-
rungen». Communication pendant la 5e Forensische Herbsttagung der Psychiat. Klinik
derLudwig-Maximiliaiis-Universitäl München. Universit6 de Munich, 26-27 octobre.
KOBBE, U. 1991a. «... lege artis ? Zur Meta-ethik von Psychotherapie im Maßregel-
Vollzug». Communication pendant la 6e Eickelborner Fachtagung zu Fragen der Foren-
sischen Psychiaü'ie: «Ethische Fragen im Maßregelvollzug». Westf. Zentrum für Foren-
sische Psychiatrie Lippstadt, 7-8 mars.
KOBBE, U. \99\b. «Maligne Erfahrungen — der Straftäter, sein Therapeut und das
Böse». Seminaire pendant la 6e Arbeitstagung des Wildunger Arbeitskreises für
Psychotherapie : «Selbstzerstörung — Weltzerstörung — Vom Umgang mit dem
Bösen». Bad Wildlingen, 16-20 mars.
154 PSYCHIATRIE SOCIALE A L'HEURE EUROPEENNE

KOBBE, U. 199 le. «Messonges allemand-allernandes». VST, dossier : «Les pays de

l'Est» (sous presse).
KOBBE, U. 199W. «Gefährliches Irresein, prognostischer Irrtum und forensisches Ir-
renwesen. Über den Stellenwert klinischer Kriterien bei der Lockerungsentscheidung im
Maßregelvollzug». These de doctorat encore inachevee, Ulüversite de Bielefeld.
KRAEPELIN, E. 1899. Die psychiatrischen Aufgaben des Staates. Verlag von Gustav
Fischer, Jena, 1900.
LEYGRAF, N. 1988. Psychisch kranke Straf toter. Epidemiologie und aktuelle Praxis des
psychiatrischen Maßregelvollzugs. Springer-Verlag, Berlin/Heidelberg/New York.
LISZT, F. VON. 1904-1905«. «Schutz der Gesellschaft gegen gemeingefährliche Geis-
teskranke und vermindert Zurechnungsfähige». Mschrkrim. l, pp. 8-15.
LISZT, F. VON. 1904-1905A. «Die Verwahrung gemeingefährlicher Geisteskranker und
vermindert Zurechnungsfähiger». Mschrkrim. l, pp. 242-244.
MOSER, T. 1971. Repressive Kriminalpsychiatrie. Vom Elend einer Wissenschaft. Eine
Streitschrift. Suhrkamp Verlag, Frankfurt.
MÜLLER-ISBERNER, R. 1990a. «Maßregelvollzug zwischen Psychiatrie und Strafvoll-
zug». Communication pendant le Symposium : Maßregelvollzug im Psychiatrischen
Krankenhaus». HP Emmendingen, 26 avril.
MÜLLER-ISBERNER, R. 19905. «Problems in the Treatmenl of Insane Aggressive
Oftenders». Communication au XVIe International Congress on Law and Mental Health.
Toronto, 20-24 mai.
RASCH, W. 1984. «Gutachten zur Situation und zu Entwicklungsmöglichkeiten in der
Durchführung des Maßregel Vollzugs nach den §§ 63 und 64 StGB im forensischen Be-
reich des Westfälischen Landeskrankenhauses Eickelborn». in : Landschaftsverband
Westfalen-Lippe (dir. publ.). Krank und/oder kriminell ? Maßregelvollzug in Westfalen-
Lippe. Munster, pp. 7-74.
SANDER, W. 1886. «Sind besondere Anstalten für geisteskranke Verbrecher notwen-
dig ?». in : SANDER, W.; RICHTER, A. (dir. publ.). Die Beziehungen zwischen Geis-
tesstörung und Verbrechen. Nach Beobachtungen in der Irrenanstalt Dalldorf. Fischer
Verlag, Berlin, pp. 327-404.
SARTRE, J.P. 1943. L'etre et le neant. Essai d'ontologie phenomenologique. Gallilnard,
Paris,
SCHUMANN, V. 1987. Psychisch kranke Rechtsbrecher. Eine Querschnitts-untersu-
chung im Maßregelvollzug. Ferd. Enke Verlag, Stuttgart.
STRASSER.P. 1984. Verbrechermenschen. Zur kriminalwissenschafllichen Erzeugung
des Bösen. Campus Verlag, Frankfurt.
WESTF. ARBEITSKREIS «MAßREGELVOLLZUG». 1991. Lockerungen im Maßre-
gelvollzug (§ 63 StGB) — ein «kalkuliertes Risiko» ? NStZ. 11,2, pp. 64-70.
WESTF. GESELLSCHAFT FÜR SOZIALE PSYCHIATRIE (WGSP) 1989. Fachtagung
«"Verrückt -i- gefährlich" — Wie lassen sich Hilfen in der Gemeinde für forensische Pa-
tienten verwirklichen ?». Westf. Zentrum für Psychiatrie Bochum, 08 novembre.