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ktpace espdgnol
ArarN MussEr

pRopRE\,IENT l'Amérique du début du xr'r" siècle


PARLnR, ment prisespour éviter les déconvenuesd'un site ma1choisi' Théo-
étaitpour lesEspagnolsune utopie,c'est-à-direun non- ries et pratiquesde la ville se mélangèrentdonc pour façonrrerdes
,lieu,un espacequi n'existepas- et qui n'aurait pas dû paysagesurbains communs à tous les territoires sournisà la couroille
exister,s'il fallait en croire toutes ies cosmographiesde l'époque'Il espagnole.En moins d'un siècle,plus de deuxcentsvillesfurent fon-
était donc d'autant plus facile d'y bâtir des villes nouvelles,sans déesdansle Nouveau Monde, comme autantde jalonssur les routes
passé(si ce n'est celui de leurs fondateurs)et sansconûainte (on les de la conquête.Nombre d'entre ellesn'ont passurvécuauxrêvesde
découwirait à l'usage),même si desprécautionsétaientthéorique- leurs fondateurs,mais cellesqui ont résistéar.lxIndiens, au-rpirates

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Fig l. Plan d.eMeica-Tènachtitltîn, attriltué à H

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LEs v I LLES F R A N Ç A I s E s D U N O U V E A U M O N D E

ou âux catasffophesnaturelles forment encore la trame d'un réseau de nouveau.x


centresurbainsliés à la Reconquêteont été fondés:on
urbain en grande partie hérité de l'époque coloniale. a alors choisi, selon une tradition militaire bien établie,une orga-
Il ne faut cepeudantpas oublier que les Espagnolsn'ont pas nisation orthogonale.
inventé la ville américaine:il existait,avânt leur arrivée,de nom- Parmi ies précurseursde l'expériencehispanoaméricaine, i1
breusescités, dont certainespouvaient rivaliser avecles plus grandes faut citer le franciscainEiximenic,qui écrivit en 1380 un uaité d'ar-
métropoles du monde connu. Ainsi, à l'époque de la conquête, chitectureet d'urbanisme.D'aprèslui, la cité idéaleavaitune forme
Cuzco, capitale des Incas, comptait en'riron 100000 habitants et carréeet une placecenurle, E]le était d.ivisée
en quatrequarders
Mexico-Tenochtitlânsansdoute plus de 200 000 (fig. 1). Pourtant, qui disposaientchacund'une placepluspedte (c'estun plan qui sera
considéréescorûne descentresde cuitesdémoniaques, lesvillespré- souvent répété en Amérique). Cette forme urbaine géométrique
hispaniques ont été victimes de destructions systémâtiques,tandis s'estdéveloppéeen Espagneau xv" siècie,à la veille du premier voyage
que leurspopuiationsétaientdéciméespar desmaladiesinfectieùses de Christophe Colomb, avecla fondationde plusieurscitésau tracé
importées d'Europe. En outre, ceslieux traditionnels de marché ont régulier,comme Puerto Real(i483) et SantaFe de Granada(1492).
été concurrencéspar I'apparition et 1edéveloppementde nouveaux Ces expériencesnovatrices ont pourtânt été occultéespar les écrits
centresde consommationet de commandement:les'ç'illesfondées des grandsthéoriciensde la Renaissance italienne,qui ont proposé
par les Espagnolsafin de contrôler les territoires qu'ils venaientà différena modèles de cité idéale; Leon BactistaAlberti (i407 -1492),
peine de conquérir. Antonio Averltno Il Filarete(1432-1502)ou Giorgio Marrini (1439-
1502). Leurs idées, largement diffuséesen Espagne,ont inspiré
architecteset urbanistes,mais aussihommes de cabinet et de pou-
LArraÉnlqu E, TABu I-A RasA DES URBAN IsrES voir qui ont joué un rôle central dansles processusde la colonisa-
ESPAGNOLS ? tion espagnole.On a ainsi pu découvrirun exemplaire du Tiaité d'ar-
chitectured'Alberti annoté par don Antonio de Mendoza, premier
et les fonctions des princi-
En quelquesannées,les pa.vsages vice-roi de Nouvelle-Espagne(entre 1535 et 1550).
pauxcentresurbains du Nouveau Monde ont donc été complètement La ville hispano-américaine,malgré tout ce qu'elle doit au-x
bouleversés.LAmérique estdevenueun véritableterrain de manæuwe théories urbanistiquesde la Renaissance,apparaîtcependantcomme
pour I'urbanisme européen,tout imprégné desidéauxgéométriques, une exception. En effet, contrairement aux modèles proposés par
hygiénisteset moralisateurshéritésde ia Renaissance italienne.D'une les architectesitaliens, elie est complètement ouverte sur 1'extérieur.
certaine manière, la ville hispanique en Amérique était la concréti- Les cités fortifiées n'apparaissentque tardivement, dansia deuxième
sation d'une utopie urbaine et sociale: on devait créer desvil1esfonc- moitié du xt'te siècle,sur des côtesmenacéespar les pirates et les
tionnellesobéissantà des principesclairementétablis,imposer des corsaires(fi1. 2).Les techniques de combat utilisées contre les
techniques architecturalesincomues et des paysâgesurbains nou- Indiens expliquent en grande partie cette absencede murailles: face
veauxà despopuiationsmal préparéesà cette révolution, séparerpour à desadversairesarmésd'arcs,de massues,d'épéeset de lances,des
mieux les contrôler des groupes etlniques aux intérêts divergents. rues larges et rectilignes favorisaientles chargesde cavalerieet 1'ac-
Sans revenir sur des points essentiels,mais qui ont déjà été tion des armes à feu. En revanche,contre des ennemis venus d'Eu-
traités en détail par de nombreu-xhistoriens de I'urbanisme hispano- rope, équipésde canonset de fusils,les enceintestraditionnelles
américain1,il apparaîtnécessairede rappelerque la ville espagnole offraient une protection pius efficace.En Nouvelle-Espagne, Vera-
d'A.nérique obéit à un idéa1de géométrie.Seulesles villes siruées cruz, Campeche,Cherumal s'abritèrentbientôt derrière leurs for-
dans des régions au relief accidenté(souvent des cités minières) tifications (qui se révélèrent parfois inutiles) tandis que les formi-
dérogentau schémaimposé,câractérisépar le mêmeplan en damier, dabiesrempartsde SanJuan,hérissésde redouteset de bâstions,sont
des rues larges qui se croisent à angle droit, une place centraleQa encoreun sujet de fierté pour les Portoricains.
place d'armes)où l'on recrouvel'église (ou la cathédrale),le palais
du représentantdu roi et la maison de la municipalité. Or, cetteimpo-
sition d'un espacegéométriques'inspirede théoriesanciennes.C'est DBs vllr,BS DE PAPTER
un héritagede l'Andquité2,maisausside traditionsd'origine médié-
vale(tellesles bastidesdu sud-ouestde la France).Par ailleurs,I'Es- Dans ce contexte,laville espagnoled'Amérique peut apparaître
pagnea connu I'occupationromaine et ia pratique de tracésortho- à bien des égards comme la réalisationd'une utopie: c'est, pour
gonâ1rx.Des villes comme Ledn, Saragosse ou Zamora ont un plan 1'époque,une ville parfaite (géométrie,servicesurbains, organisetion
hippodamienhérité de cetteépoque.En outre, à partir du >c"siècle, d'ensemble,division fonctionnelle desquartiers).Pour aboutir à cette

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L A F RANCE, L È NouvE A U MoN D E E T LE s vi LLE S

perfection, ou à cette (créationd'une poiice, é1ec-


uniformité (ce qui ne tion des échevins et des
signifie pasmonotonie), magistrats)et sur les pers-
les fondateursde villcs p e c t i v e sé c o n o r n i qu e sq u i
devaientobéir à un cer- s'offrent à elle (commerce
tain nombre de règles, avecles voisins,producLion
inspirées des théories agricole.rechcrchedes nri-
urbaines en vigrreul au neraisprécieux).En fait, si le
moment de Ia conquête. cadre administratif du
À plusieurs occasions, monde urbain est bien mrs
la couronne a indiqué en n
.-.. l a c e . I e r c x t e d e I ;5 9
r.--'t

comment il fallait choi- semblene pas s'ir-rtéresser à


sir un siteet orgâniserlâ la morphologie ou à la struc-
future ville. Dès 1513, rure de la cité. Pourtant,
des instructions étaient depuis 1492, les Espagnols
donnéesen ce sens à ont déjà fondé des dizaines
PedrariasDâvila, le fon- de villes dont le plan régu-
dateur de Panama. En lier semblesouventsorti du
1526eren1529,Charles môme moule.
Quint édicte de nou- Mais le paradoxene
velles ordonnancesqui s'arrêtepaslà, puisqu'i1faut
connaîtront une faible encore attendre 1573 pour
diffusion. En re."'anche, que de nouvelles ordon-
en 1559, un nouveau nancesroyales rassemblent
texte, plus complet, est et slnthétisent despratiques
proposé aux aventuriers urbaines déjà largement
décidés à tenter leur répanduessur l'ensembledu
chancedansIe Nouveau continent américain.Malgré
Monde, pour la plus leur date tardive, les Noz-
grandegloire de Dieu et aellesordannances
d.edticouaetæ
de la couronne espâ- etdepeuplemelxLédictéessous
gnolel. le règne de Philippe II en
Même si les ter- 1J,J J a, 2pparaissentcomme
mesdc I'ordonnancede un véritabledocument d'u-r-
1559 restentvag"ues,
ses banisme utilisable pâr tous
âuteurs précisent que, les conquérants,même s'i1s
pour bâtir une cité, il Fig.2. Plan de Pono Belo (xtn, sièch). BnF, Canes et Plans, Ge SH Pon. 143, d.|6, p. 13. n 'a v a i e n ta u c u n e c o nn a i s-
vaut mieux choisir un sanceparticulièreen archi-
site..élevé et commode>>.Le terrain idéal doit être sain et fertile, tecfure ou err géométrie- ce qui était généralement1ecas!
riche en eau,en bois et en pâturages,afin de faciliterla vie desfururs Suivant en celales auteursgrecset latins relayéspar saint Tho-
hatritants.Les impératifs de défenseprér'alentsur tout le restecar, mas d'Aquin d anssonDe regimineprincipum,lesNouae/les ordonnances
dans un monde mal comu, les Espagnolsdoivent se méfier des de 1573recommandentd'abord de choisir desparagessains,à I'air
Indiens, a priori hostiles,qui les entourent. Les autresrecomman- pur et au climat tempéré.A partir du paragraphei 10, les Nozruelle,ç
dationssont destinéesà organiserla r,'iede la communautéet à poser ordonnances de Philippe II s'intéressenten détail à la forme et à Ia
les basesd'une collaboration(dont les conquérantsseront les pre- structure de la ville. Au cceurdu dispositifurbanistique,on trouve
miers bénéficiaires)avecles groupesindigènes.Les dernièresins- 10,pla.zarnayo4 forntée d'une parcelle centrale non bâtie. Si la vi1le
tructions de 1559 portent sur l'organisation politique de la ville est fondée sur ie limoral, ia place doit être décaléevers le port afin

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Lt s v t r lBs FR A N Ç A I s E s D U N O U VEAU MONDE

de faciliter les flu-xde marchandiseset le trâvâii des commerçants.


Elle doit être adaptéeaux fêtesà cheval,au nombre d'habitants(en
tenant compte de 1acroissancefurure de la ville) et quâtrevoiesPrin-
cipalesdoiventy aboutir.Dans un souci d'hygièneet deproph,vlaxie,
les rues serontadaptéesau climat: on les fera largcssi les tempéra-
nrresmoyennessont froides,étroitess'il fait chaud,pour empècher
les rayonsdu soleil de frapper directementles murs desmaisons.Si
les habitantspossèdentdes chevaux,il faut rendre leur circulation
plus facile en élargissantles principalesârtèresde la ville.
En outre, pour faciliter la croissanceultérieure desquartiers
périphériques,toutesles rues doivent prolonger les perspecrives de
laplaza mayoret s'ouwir vers I'extérieur. Des placessecondaires,des-
tinées à aérer le tissu urbain (comme dansla cité idéale d'Eixime-
nic) compléteront ie dispositifstructurant des voies de communi-
cadon et de la place centrale. Dans ces No'uaelles ordonnances,Ia
géométried'A,iberti,qui reposeavanttout sur une hiérarchiesociale, Fig. 1. Père Pedro Nolsvo Mere. PIan rcénagt'aphiquede la uille de Lima, 1687. Ettait
de Maria Antonia Duran Montera, Fundacion de ciudades en el Peru durante el
est cornplétéepar l'approcheplus fonctionnalistede ÀIartini, pour siglo X\4, Séoille, EEIIA-CSK, 1978.
qui la ville est comparableà un corps hurnain dont il faut organiser
le fonctionnement, en évitant d'en mélanger les fonctions. Ainsi doi- concrétiséavecla fondation de Puebla,consdruéede pâtésrectan-
vent être éloignéesdu centre les activitéspolluantes @oucheries,tan- gulairesde 180 mètres sur 90 séparéspar desrues largesde 13 mètres.
neries, pêcheries),qui peuvent gêner la quiétude des habitants er À Litn", en 1535, le rectanglese changeaen carré, la maille allon-
menacerleur santé. gée se ransforma en quadrillage,forme simple qui s'étendit bien-
tôt à tout le continent américain(fig. 3). Au xul" siècle,le mêrne
plan était toujours utiiisé, puisquela nouvelle Guatemala,transfé-
L r s r r un Es D 'uN MoDÈ LE rée aprèsIe violent séismede 1773,fut bâtie selon des principes
idenriques.
Le problème central est de savoir comment les théories Il apparaîtdonc tout à fait nécessaire
de relativiserf influence
urbanistiquesqui ont inspiré les législateursont été appliquéessur des textes<<fondateurs>> et des grandesthéories urbanistiquesqui
le terrain et, à f inverse, comment les différentes pratiques de la ont présidéà la formation desvilies hispano-américaines.
En effet,
ville ont favoriséla définition d'une norme considéréecomme uni- les Noztuelles
ordonnancesdedécouaerte et depeuplement
de 1573 dres-
verselle.En effet, les Espagnolsn'ont mis que progressivementà sent le câdreformel d'une ville idéalequi a déjàpris corps,souvent
exécution les idées qui ont été ensuite compilées dansles ordon- avecdifficulté, dansdesterritoires conquisparfois depuisplus d'un
nancespour le peuplementdesIndes. Dans lesAntilles, le plan des demi-siècle.En fait, pour le législateur,il s'agissaitplus de consoli-
prernièresvilles manque de clarté et de régularité, même si Santo der un modèle qui avaitfait sespreuvesque d'en fabriquer un nou-
Domingo et Sântiâgo de Cuba s'organisent autour d'une place veau, en fixant sur le papier des normes urbanistiquesdéjà solide-
centrale,avecdesrues à angledroit, à la manièredescampsmili- rnent inscritesdansla pierre.
taires de l'époque romaine. Non sanssatisfâction,Gonzalo Fer-
nandezde Oviedo pouvait d'ailleurssignalerque les rues de saville Notes
(Santo f)oningo) avaient été tracéesà la corde et âu compas,ce 1. Vbir en partirulier les travau essentiels de Jorge Flellov, Manuel ToussLt:r: L
qui leur gârantissaitun caractèrercctiligne et géomitrique haute- ou Francisco de Solr,'ço.
2. Pour fonder les villes et organiserl'espaceurbain, on s'inspire en grurde parde
ment civilisateur. des ourrages de Vtrmnc @e l'architemtre), de G.crtlN ou d'HppocRATE,
Avec la fondation de Panamâet de Veracruz,en 15 19,l'idée notâmment son fanew Tiaité desairs, deseaw et desliew, Mais saint Tgoltq.s
D'AaLlr.{ (1228-1274) est aussimis à contribution. Dans son De regirutneprinci-
d'un treillis régulier s'imposa ar:-xsoldats qui suivaientPedrarias pum @u gouuemementdesprin.c€r, il clome des indicarions précises, directement
inspirées par sa lecnrre des auteurs antiques, pour choisir les sites à urbaniser.
Dàntl et Hernaneone.. A Mexico,A-lonso Brlvo raça.surlestrincs
3. Ynsmrccifnpara nueuostlescubrimientos BN Ma Mss 3 017.
1 ltoblaciones.
de Tènochtitlân, un plan de ville orthogonal avec, au centre, lâ 4. Copie conseméc à JaBibliodrèque nationale de Madrid sous Ia cote Mss 3 017,
f"'285 w à 298 r". Uorrginal appartient l'Archivo general de Indias de Séville,
placed'armes.Ce schémaidéal,perturbépar la présencedesnom- mais il a été plusieurs fois édité. Un fac-similé a nême été publié en 1973 par le
breux canaux qui sillonnaient I'ancienne capitale indigène, s'est Ministerio de la Vivienda de Madrid.

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