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Ici, on refait le monde
Urbanisme, sécurité alimentaire, corruption... Dans ce parlement.
populaire, les citoyens sont priés de présenter des propositions
concrétes. Toutes les bonnes idées sont les bienvenues.
on jecroisquenousallons
« pouvoircommencer»La
voix fluette de Catherine
Boudetpeineasimposer
danslavaste alle des fétes du centre social
Marie-Reine-de-la-Paix, en plein cceur de
Port-Louis. La qualité exécrable delasono
nfarrangerien. Heureusement, lemessage
estclair pourlasoixantaine de participants,
toutes communautés confondues, qui
ont fait le déplacement. « Lavwa lepep »,
revendique la grande banderole rouge
qui cache le mur. « La voix au peuple »,
meéme a titre purement consultatif, est
Vobjectif que sest fixé Catherine Boudet
en mars lorsqu’elle a lancé avec ses amis
syndicalistesle parlement populaire, pre-
mier du genre & Maurice.
«La démocratie est en panne et notre
initiative, encore en phase expérimentale,
doit justement permettre de sortir du
nnépotisme caractéristique du systeme poli-
‘que mauricien depuisplusde quarante
ansetqui,entre corruption etcommunau-
tarisme, gangréne Etat », explique cette
Réunionnaise qui a débarqué a Maurice
en.2009.
Diplomée de l'Institut d’études poli
tiques de Bordeaux (France), fancienne
joumaliste sait de quoi elle parle. Apres
avoir mis en cause Iex-Premier ministre
Navin Ramgoolam dans diverseshistoires
demalversations financiéres dés2010, elle
a fail se faire expulser du pays, avant de
godter auxméthodes musclées dela police
politique, qui ne cessera sa surveillance
rapprochée qu‘aulendemain dela défaite
de ancien chef de gouvernement, en
décembre 2014.
Crest durant cette période trouble que
Catherine Boudetrencontre les membres
de la Confédération des travailleurs du
secteur privé (CTSP), qui réfléchissent
depuis longtemps a la création d'une
assemblée « susceptible de redonner au
Mauricien sonréledecitoyen . Is confient
ainsi @ la politologue la lourde tiche de
conceptualiser le futur organe délibératif
etouvert’ tous. Aelle de trouver le cadre
qui permettraa cette assemblée dexister.
ATELIERS DE TRAVAIL. « Nos participants
doivent apprendre a établir un ordre du
jour, a débattre en sécoutant et en res-
pectant Ie temps de parole de chacun,
a analyser de maniére critique pour étre
capable de rédiger un rapport argumenté
avec des propositions, qui sera ensuite
envoyé aux services ministérielsintéres-
s€5 »,insiste celle qui fait pour instant
office de président det'instance hébergée
dans les locaux de la CTSP, & Rose-Hil,
Le ministére de 'Agro-industrie a ainsi
646 le premier & recevoir un document
de Yorganisation, correspondance qui a
contraint le ministre, Mahen Seeruttun,
& accueillir une « délégation parlemen-
tare», en juillet, pour parler dela sécurité
alimentaire du pays.
«Le chef du gouvernement est pour
instant trés bienveillant & notre égard,
‘quand les autres partis se contententdob-
server »,confirme Catherine Boudet. Elle
soubhaite aujourd hui élargirles consulta-
tionsal'ensemble du terrtoire et créerdes
ateliers de travail «a butpédagogique pour
Japopulation », autour de themes précis,
~comme ce fut le cas, le8 aot, & propos
du trés polémique projet de smart cities
(«villes intelligentes », lire p. 85). « Aux
Mauriciens de voir ce qu’ils voudront
faire de cette assemblée, précise-t-lle.
Elle ne perdurera que sils le souhaitent
vraiment. » ‘OuMIER CASUN