Sunteți pe pagina 1din 71
OUATRIEME TTN TERNATIONALE SOF Me Myris Ree JE ® Editorial : Les récentes grandes luties en Eu- rope occidentale. © E. GERMAIN : La conférence socia- liste internationale d’Anvers. © P, FRANK: L’échec de la gréve géné- rale en France. © James P. CANNON: Nouvelle situa- tion dans les syndicats aux Etats-Unis. L. Trotsky : Les Etats-Unis socialistes d’Europe (fin). ® Des articles sur les Indes, l’Amérique latine, etc. © Les livres. ® Documents de |’Internationale. ® Nouvelles du mouvement ouvrier. Victor Serge Se NOVEMBRE-DECEMBRE 1947 PUBLICATIONS DU SECRETARIAT INTERNATIONAL L’ASSASSINAT DE LEON TROTSKY Une brochure de 64 pages : 30 fr. © Jacqueline ROUSSEL et ANH-VAN MOUVEMENTS NATIONAUX ET LUTTE DE CLASSES AU VIET-NAM Une brochure de 90 pages : 50 fr. e EN LIBRAIRIE LEON TROTSKY Les crimes de Staline Lénine (Ed. Libr, du Travail) La révolution trahie VICTOR SERGE Portrait de Staline,. Destin d'une révolution S'il est minuit dans le siécle 2 NOVEMBRE-DECEMBRE 1947 Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! IVF INTERNATIONALE Organe du Comité Exécutif International de la IV" Internationale éditorial Les récentes grandes luttes en France et en Italie lutte des masses en Europe inaugurée par les grandes gréves qui ont éclaté entre avril et juin de cette année un peu partout dans les pays de Europe ogcidentale, et plus ‘spécialement en France et en Italie, se confirme par la nou- velle vague de luttes, de loin plus étendues et plus sérieuses, qui.ont secoué au seuil de cet hiver des mémes pays. La détérioration accélérée de 1a situation économique,-qui, s'exprime par une amplification de Vinflation ‘et des restrictions aggravées du ravitaillement en France et par I'augmentation du ‘chdmage en Italie, est & la base du mécontente. ment grandissant des masses laborieuses. Pour défendre leur niveau de vie cons- tamment abaissé par la hausse générale des prix et par la sévérité des restric- tions alimentaires, de larges couches ouvrigres ont entamé, lors du dernier prin- temps, pour la premiére fois depuis la « libération », de grandes luttes, souvent malgré opposition déclarée de la bureaucratic réformiste et stalinienne des syn. dicats jet des partis ouvriers traditionnels. Tel fut, en particulier, le cas de la gréve [Renault en avril dernier, dont nous avons souligné, en son temps, la signification et qui était A Vorigine du puis. sant mouvement gréviste qu’a connu la France entre avril et juin de cette année, Entre temps, un facteur important est intervenu pour acéélérer le déclenche- ment des nouvelles luttes ouvriates et pour les élargir considérablement. Tandis qu’au printemps de cette année Ja bureaucratie stalinienne, qui con- tréle essentiellement le mouvernient ouvrier en France et en Italie, s’opposait encore aux mouvements grévistes, elle ne le fit plus aprés la conférence de Polo- gne, len septembre dernier, et la formation du bureau d'information de Belgrade, Tirant les conclusions du raidissement accru de l'impérialisme américain et des bourgeolsies indigénes & son égard, de son éviction des gouvernements, et pratiquement de la faillite ee toute sa politique depuis la « libération » (Thorez dira de sa politique depuis le « Front populaire >), la bureaucratie stalinienne mit l'accent sur la mobilisation effective des masses en tant que seul moyen de L A nouvelle étape que nous avons annoncée dans le développement de la QUATRIEME INTERNATIONALE contrecarrer I'application du plan Marshall et Vorientation antisoviétique et pro- américaine de la bourgeoisie européenne. II s’agissait, len ouvrant les barrages qui contenaient la volonté de lutte des masses ouvriéres de démontrer a la fois A Vimpérialisme américain, spécialement a la veille de la conférlence de ‘Londres, et des discussions pour Vapplication du plan Marshall, et aux bourgeoisies indi- genes, que le relévement économique du capitalism européen ne saurait se faire Indépendamment de I'attitude que prendraient les staliniens. Ces derniers ont vu avant tout, dans les luttes dont ils ont favorisé dernigrement l’éclatement en France et en Italie, unje manifestation de force a l'adresse de Washington et de ses satellites présumés en Europe, Mais si la nouvelle politique de la bureaucra- tie stalinienne a incontestablement favorisé, cette fois, le déclenchement des luttes ouvriéres, elle ne fut pourtant pas leur facteur déterminant. Ces luttes auraient éclaté quand méme, débordant s'il était nécessaire lappa- reil syndical et politique réformiste et stalinjen, comme cela fut clairement démontré dans l'exemple de Vitalie, Dans ce pays, les événements qui ont cu lieu durant les trois deniers mois de cette année (gréves des ouvriers industriels et agricoles, insurrections populaires dans plusicurs villes, attaques massives et violentes contre les groupements politiques réactionnaires) ont ievétu un carac- tere en trés grande partie spontané et débordant largement les initiatives, tes buts et les limites fixés par les bureaucraties alliées de Togliatti iet de Nenni, Nous retrouvons les mémes caractéristiques en France dans Je soulévement Populaire puissant de Marseille qui a inauguré le récent cycle de lutte dans ce Pays, En France, de novembre a décembre, plus d2 3,000,000 douvriers et d’em- ployés ont pris part a la lutte. A Marseille, 4 Lyon, A Saint-Etienne, la gréve fut générale ist la combativité du prolétariat particuliérement remarquable. Les mineurs, les marins, les dockers, ainsi que la trés grande majorité des ouvriers métallurgistes ont magnifiquement tenu, pendant plusieurs jours, contre toutes les intimidations, les manceuvres et les pressions que la bourgecisie, aidée par Ses agents directs, les réformistes de Jouhaux et du parti sociaiiste, a employées pour briser le mouvement, En ‘Italie, Ie mouverient ouvrier, moins coordonné qu'en France, a revétu cependant des formes plus politiques et plus violentes. Pendant plus d'un mois, d'un bout @ Vautre de la péninsule, ainsi. qu’en Sicile jt en Sardaigne, les ouvriers industriels et agricoles, ainsi que les paysans pauvres se sont livrés a de puissantes manifestations de force 4 égard de [a bourgeoisie et de Ses grou- pements politiques les plus réactionnaires, de I’ « Uomo Qualunque », du « Mou- vement social » néo-fasciste, des monarchistes. i Dans ces deux pays, les militants communistes, cadres moyens et membres de bacle, qui ont interprété le tournant du bureau de Belgrade comme une réelle reprise de la politique de classe, ont joué un rdle prépondérant dans le déclenche- ment, organisation et la direction de ces luttes, Par contre, la diection stalienne des syndicats et du parti communiste se trouva’ rapidement débordée’ par Vampleur que prenait fe mouvement et par les conséquences qui s’ensuivaient. Ayant engagé cette lutte non pas pour la faire réellement aboutir, mais seulement en tant que manifestation de force et moyen de pression sur la bourgeoisie, Ia bureaucratic stalinienne Vorienta dés le début dans une impasse et la mena dans Un esprit constant d’hésitation et de compromis, Cela fut particuliérjzment clair en France, Sans programme des revendications capables d'entrainer les larges masses ouvrigres, sans perspectives claires, la bureaucratie stalinienne fut la Premiére a étre effrayée par la tendance d'un mouvement qui se généralisait et qui déclenchait nécessairement toute I'énergie réactionnaire dont la bourgeoisie menacée était capable. Les stratéges tardifs & la Frachon, qui, aprés plus de deux ans d'efforts pour déconsidérer aux yeux des ouvriers la gréve, « arm des trusts », et pour leur extorquer le plus possible de plus-values pour la reconstitution de lécono- mie délabrés.du capitalisme francais, ont enfourché enfin leur cheval de bataille. Brandissant la menace de la gréve générale, ils se sont démontrés, em réalité, dans le cadre de cette lutte ardente qui mettait aux prises classe contre classe, piteusement inférieurs a leur tache. Une des legons capitaties des événements récents de France est, sans doute, 1a confirmation, encore une fois éclatante, que LA MOBILISATION EFFECTIVE DE LA CLASSE OUVRIERE NE PEUT ETRE LE RESULTAT D'UN TOUR. NANT BUREAUCRATIQUE, mais SEULEMENT DE TOUTE LA PREPARATION 2 INTERNATIONALE CONSEQUENTE ANTERIEURE, De larges couches ouvrigres n’ont pas participé a la lutte en France, ou Vont abandonnée prématurément, parce que toute la politique antérieure de la direction stalinienne depuis la « Libération » avait ébranlé leur confiance en cette direction et rendu suspects les motifs réels qui Vont définitivement poussée a Iaction. “ Une autre lecon de ces mémes événements concerne le programme et la tactique d’un mouvement général de la classe ouvriére, qui prend Pallure d'une greve générale, Une lutte généralisée se prépare longtemps a \’avance, sur la base d'un programme qui comporte les revendications économiques et politiques essentielles de la c ase ouvrigre, et non pas des objectifs économiques limités avant-garde ouvrigre, armée dun tel programme, IJexplique patiemment, long. temps avant Iaction, aux ouvriers des usines et des syndicats, elle-méme ayant clairement compris qu’UNE LUTTE GENERALISEE, INEVITABLEMENT, SE POLITISERA RAPIDEMENT ET POSERA INELUCTABLEMENT, ENTRE AUTRES, LA QUESTION DE L'ETAT ET DU GOUVERNEMENT. Sur le plan de la tactique, une pareille lutte doit viser a un déploiement rapide des forces ouvriéres, @ une attaque concentrée et massiv. contre l’ennsmi Toute perte de temps, tout fractionnement des combats, toute carence routiniére, toute entrave bureaucratique de Vorganisation démocratique des masses en lutte essouflent et stoprlent le mouvement et profitent directement a l'ennemi, En réalité, programme et tactique des luttes généralisées et de la gréve géné tale se résument, en définitive, a l'existence d'une direction révolutionnaire liée effectivement aux masses, dans les usines et les syndicats. Sans la formation d'une te ion, il serait vain dlattendre que les futures luttes inévitables du prolétariat européen puissent connajtre la préparation et la cohésion nécessaire a leur aboutissement victorieux. Cependant la différence essentielle entre aujourd'hui et ce qui était Ia situa- tion avant la récente guerre, est que les conditions sont a présent réellement favorables pour qu’au travers de cles luttes et de lexpérience acquise par les masses, une telle direction émerge et se forme peu a peu. Cette dillection se recrute dans les combats parmi les éléments d’avant-garde prolétarienne qui entrent en contact avec les militants ouvriers de la IV’ Internationale, Persévérer dans cette voie,pénétrer encore plus profondément dans le mouvement des masses, participer, organiser et diriger leurs luttes, comprendre les voies diverses par lesqutelles se réalise actuellement la désaffection de larges couches ouvrigres de lemprise stalinienne, saisir clairement le rapport entre le recruth- ment individuel et I'attraction de courants entiers par notre programme, c'est: dire la dynamique concréte du renforcement du parti révolutionnaite dans la période présente, telle- est la tachje principale des directions et des militants de la Iv" Internationale. Gertes ces possibilités ne doivent pas nous empécher dle voir les aspects défa- vorables de la situation. Gelle-ci évolue rapidement, tandis que la formation de la nouvelle direction révolutionnaire, nécessaire pour briser es menaces réac- tionnaires, suit encore un rythme lent. 1 est difficile de tracer une perspective claire quant a I’évolution future de la situation en France et en Italie, pays clés de l'Europe occidentale, qui influen- cera, pour une période, Hensemble de la perspective de la révolution européenne et mondiale. Cependant certaines considérations peuvent servir 4 lorientation, Crest en France, incontestablement, que la bourgeoisie a marqué, jusqu’ici, les avantages politiques les plus sensibles depuis la « Libération >, tenant en de Gaulle et son « Rassemblement du Peuple francais » réactionnaife Varme la plus redoutable contre le mouvement ouvrier, En Italie, par contre, la bourgeoisie ne dispose pas encore de telles réserves, les mouvements néo-fascistes étant, pour Je moment d’une importance secondaire. En France, d’autre part, le dernier grand mouvement ouvrier parti em direc- tion de la gréve générale, se termine par un échec. Certes la faiblesse de la pourgeoisie 'empeche determiner cette bataille en défaite brutale du proléta. riat, et cette m&me faiblesse jointe a l’aggravation de Ia situation éoonominiie du pays (la gréve seule ayant fait perdre @ l'économie francaise plus de 12,000.000 de journées de travail pour le seul mois de novembre et cotté, parait-il 250 mil liards de francs aux finances publiques) diminuera encore les marges d’exploita- tion possible de sa victoire, 11 n’en reste pas moins vrai que les ouvriers fran- gais seront probablement, dans V’avenir immédiat, beaucoup plus sceptiques quant. A la possibilité et a la réussite d'un mouvement général, et auront besoin de réflé. chir sur l'expérience de la lutte passée et d'en dégager des perspectives nouvelle: En Italie, par contre, le prolétariat plus spontané, plus frais, peut engager plus facilement et rapidement de nouvelles luttes d'envergure, De toute facon, pour longtemps encore, tant en France qu’en Italie, 1a bour- geoisie malgré tous les avantages acquis ne eera pas capable de mener jusqu’au bout l’offensive, d’écraser le prolétariat et instaurer un régime fort et stable sans passer par la guerre civile. Le prolétariat conserve, les événements Wont démontré, un dynamisme encore redoutable qu'il faut d’abord épuiser dans une série de luttes partiellles et de défaites sucessives. Des événement ont démontré aussi que la bureaucratic sta- linienne, dans le cadre de sa politique générale de collaboration de classes et de compromis aveo la bourgevisie, est capable d'oscillations d'une ampleur allant Jusqu’a la préparation d’une lutte générale et méme, le oas échéant, jusqu’a la lutte armée suivant l'exemple grec, La bourgeoisie affaiblie de Europe, qui vit essentiellement de aide améri caine, est consciente de ces perspectives et n’avance que prudemment dans son offensive. L’exemple de ia tactique de Gaulle en France en est une preuve. Le pire danger pour le prolétariat gerait de se laisser endormir par la politi que capitularde de ses directions traditionnelles et de ne se réveiller qu’au der- nier moment. Sur ce plan aussi, le seul espoir reste 1a formation rapide d’une puissante nouvelle direction révolutionnaire, celle des grands partis de masse de Ia IVe Internationale. LE PARTAGE DE LA PALESTINE Grands, le partage de la [Palestine était virtuellement un fait accompli. Ainsi, Vimpérialisme britannique ‘se retire, dans (le \Proche-Orient, sur une seconde ligne de retranchement semblable & celle établie lors du partage des Indes. (Dans les ‘deux (Etats, juif et arabe, la Grande-Bretagne conserve Ien- semble de ses positions économiques ‘et financigres, Autant la Légion arabe ide Vhypothétique Etat arabe que la Haganah opéreront en accord étroit vavec ile War Office, comme c'est le cas pour f'armée hindoue et ’armée musulmane. Et. comme aux Indes, le partage s'est avéré étre le moyen le plus efficace pour détourner a Ja fois la lutte des masses arabes et le mécontentement de lla popu- lation Jaborieuse juive q’une explosion antiimpérialiste vers une lutte fratricide. I E vote A V’0. IN. U. n'a été qu'une formalité } aprés l'accord des Trois Le repli de Wimpérialisme (britannique, rendu nécessaire par la diminution ‘des ressources impériales — qui oblige la bourgeoisie a diminuer ses « engage- ments internationaux » pour épargner a la fois ses dollars, sa main.d'ccuvre et Ses tanks — se 'présente sous un aspect encore plus favorable dans le cas spéci- 'fique de la Palestine. La constitution d’un Etat arabe indépendant de 1a Palestine est, en effet, fort invraisemblable. ‘De ce fait, le roi Abdullah de Transjordanie, le pion nv 1 de la City dans le monde arabe, pourrait fort bien réussir 4 unir la'Pallestine orientale @ son royaume actuel et réaliser ila premiére tape vers la constitution de Empire de la Grande Syrie, objectif final des ambitions de sa dynastic et de ila bourgeoisie britannique dans le Proche-Orient, Londres continuera & régner sans que cela cote un sou au contribuable jbritannique, Les sells A en souffrir seront, bien entendu, les masses de ‘Palestine ellesmémes. ; : Q@QuATRIEME INTERNATIONALE Pour \impérialisme américain comme pour Ja bureaucratic soviétique, l'accep- tation du partage signifie avant ttout ila liquidation du martdat britannique et le début d’une lutte pour Phéritage de cette position abandonnée, “Le sCremlin ‘voit dun ibon teil ouverture d’une période de troubles dans le Proche-Orient, au travers de laquelle ill s'efforcera d’affaiblir davantage les positions bbritanniques et de préparer sa ipropre pénétration, ftce sous le couvert d'une « commission mixte de I'0. N. U, 2 ou d’un « ¢rusteeship des Trois Grands » sur Jérusalem. Liimpérialisme américain se trouve placé en Palestine, comme auparavant en (Gréce, devant le probléme de chercher une « reléve p pour occuper les positions ‘sur le front impérialiste, positions que Vallié foritannique ise voit iobligé d’aban- donner. Aprés |’évacuation des troupes britanniques, la Haganah sera 4a seule force militaire disposant d'un équipement moderne, force istrangére au monde arabe et qui servirait, le cas Kchéant, @ combattre une insurrection indigene ou une poussée russe menacant les sources pétroliféres. I] ne faudrait pas s’étonner, és lors, si Wimpérialisme jméricain ‘s'efforcait, soit par vole de financement, soit par constitution qune « Jégion Juive », de devenir "influence prédominante auprés de la direction de la \Hagarah et d’en faire un instrument de sa lpropre (politique impérialiste dans Je Proche-0 Diautre part, ill reste €vident que te minuscule Etat juif, comme iauparavant le mouvement sioniste, n'est considéré par les grandes puissances que comme un atout ‘dans leur jeu de puissance envers le monde arabe. Cet Etat, Join de recevoir une « protection » ouverte et permanente d'une quelconque de ces puissances, ne cessera Jamais de se trouver dans une situation précaire et douteuse, et pour sa population s'ouvre dorénavant une ipériode ide privations, de terreur et de terrible tension, qui ne fera que s’accentuer & mesure que s’am- ‘plifieront les forces d’émancipation du monde arabe. Le partage de 1a Palestine et le renversement éclair des positions sionistes — y compris de celles de la plupart des extrémistes — face a l'impérialisme britannique, ont porté un coup morte! @ toutes les théories impressionnistes qui s’épanouirent & la lueur des bombes de WIrgoun. La solidarité fondamentale du ‘mouvement sioniste, de la Haganah, et méme de VIrgoun, avec limpérialisme ‘contre les masses arabes, s'est manifestée de ila facon ila plus éclatante, Tout le xcrime du sionisme apparait clairement en ceci que, grace a sa fonction réaction. naire, les (premiers mouvements de masses arabes, kn faveur id’une Palestine unie et indépendante, se wretournent contre 1a population fulve, et non directe- ment contre ‘Vimpérialisme. ‘Les leaders féodaux lles plus réactionnaires du ‘Comité arabe pour la ‘Palestine auront ainsi Voccasion de vredorer leur blason en versant le sang des matheureux Juifs, wictimes de I'aveuglement sioniste. Les ‘leaders siohistes de (par le monde ifétent I’établissement We lEtat-minia- ture comme une grande victoire, Quelle misérable aberration! La trappe que a Palestine a constituée ‘pour les Juifs, d’aprés les paroles He Trotsky, vient ‘tout simplement de se refermer aujourd'hui. Sans un renversement radical de la situation mondiale et ide la tendance sioniste du mouvement ‘ouvrien juif en Palestine, I’extermination compléte des Juifs, lors de W’éclatement de la révolution ‘arabe, sera lle prix payé\par le peuple Juif pour ‘la triste wictoire iremportée & Lake Success. Et, ironie amére de I’histoire!, |'établissement d’un Etat indépen- Mdant juif, qui, d’aprés les profonds théoriciens sionistes, devait miner définiti vement l’antisémitisme dans le monde, a été le début dune farouche explosion pogromiste @ Aden et d'une nouvelle imontée antisémite dans lle monde entier. La position ‘de fa 1V* Jnternationale face au probléme jpalestinien reste claire et wnette comme auparavant. Elle sera A lavantgarde de la lutte contre le ‘partage, (pour une Palestine unie et ind@pendante, dans laquelke ites masses, détermineront souverainement leur sort. par élection d'une Assemblée consti- ‘tuan’e. Contre les effendis et les agents impérialistes, contre iles manoeuvres de la bourgeoisie égyptienne et syrienne, qui s'efforce de détourner la lutte émancipatrice des masses en une lutte contre les Juifs, elle lancera des appels & la révolution agraire, & la lutte anticapitaliste et antiimpérialiste, moteurs essentiels de la révolution arabe. Mais elle ne pourra mener cette lutte avec 5 QUATRIEME INTERNATIONALE des chances de succés qu’A condition de prendre \position, sans €quivoque, contre le partage du pays et contre 17stablissement de ’Etat juif. Plus que jamais, ii est en méme temps nécessaire dappeler tes prolétariats américainsy, anglais, canadien, australien, les proiétariats ae tous les pays, a utter our Wouverture des portes de leur pays, sans discrimination aucune, aux réfugiés, aux D. P., & tous ‘les Juifs qui veulent émigrer. C'est seulement & condition de mener cette lutte, effectivement et avec succés, qu'on pourra expli- quer aux Juifs les raisons pour fesquelies ils n¢ doivent pas se rendre dans fe iguet.apens palestinien. La terrib'e expérience qui attend les masses juives, dans I « Etatminiature », eréera en méme temps les prémices pour une rupture de couches plus ilarges avec le sionisme criminel. Si cette rupture ne se fait pas & temps, I'« Etat juif » sombrera dans le sang, WECHEC DE LA CONFERENCE DE LONDRES us sixnifie Paiournoment indéfini de Ja « Conférence des Quatre » & Londres ? Ni les Busses, ni les Américains n’étaient disnosés & arriver & un accord sur la question allemande, qui aurait signifié en réalité 1a possibilité d’un accord plus général sur Yensemble des rapports U.R.8.S. - Etats-Unis, Actucliement, aucun des deux adversaires n'est disposé & céder & la. pression de Vautre, car lés rapports de forces ne sont pas encore clatrement définis, i est incontestab'e que Vimpérialismb américain possséde potenticllement une supériorité imposante sur PU.R.S.S Mais pour oue cette supériorité puisse peser effectivement sur la balance des relations internationales, elle doit se manifester en Europe par la réalisation du plan Marshall qui ted & stabiliser économique- ment et politiquement le capitalisme européen occidental, y compris TANemagne, sous Je controle américain, -s difficultés que rencon- Diautre part, la bureaucratie sovistique spéculo sur frera Papolication du plan Marshall, difficultés conséentives 4 la profonde disloca- tion Economique des pays curopéens, & leur instabilité politique et sociale, aux Umites restreintes de Yaide économique de Wall Street, ef, dans un proche avenir, A Ia arise. probable de l'économie américaine. Le Kremlin pense que ces difficultés réclles, ot qui toutes découlent de Vaggra- vation du déséauilibre fondamental du systéme capitaliste 4 Pépoque impérialiste, déséquilibre particulierement xecéiéré depuis cette guerre, Iui permettront di gagner du temps et d’organiser sa propre zone d’influence en Europe, 35n réalité, un accord peut intervenir en tant qu’expression d'un rapport de force 4 un moment donné. Acturliement, ni les Etats-Unis, ni 'U-RSS. ne considerent comme consolidées ot définitives les spheres d’influence établies par chacune de ces deux puissances 4 Vaide de Vavance de leurs armées pendant Ia guerre, Des deux c6tés, Néoreuve de force est encore en plein développement. A Vabri u_« statu quo > établi a Ia liquidation de Ja guerre, Wall Street et te Kremlin préparent leurs atouts pour la prochaine reprise. ‘Les Etats-Unis sont engagés dans application du plan Marshall dont Ie pivot est la reconstruction économique do I’Allemagne, Un accord avec V'U.R.SS. signi fieralt. 1 Pétape actuelle, 'abandon ou une modification essenticile de ce plan. Il est douteux d’autre part que la bureaueratle soviétique, malgré Jes derniéres concessions faites par Molotov a la Conférence de Londres’ au sujet des préléve- ments des réparations sur la produetion allemande (Molotov a Iaissé entendre que ces prélévements pourraient ne commencer que lorsque la production alle- mande re,oindralt 76 % du niveau de 1988), soit réellement disposée & modifier, A Pétape actuelle, les plans relatifs & sa propre zone dinfluence. Dans ces conditions, aourner la Conférence signifie rechercher un compromis mais seulement aprés toute une période de tentatives de Ia part des deux puis- sances pour consolider davantage leur proprs zone d’inf-uence, et rendre ainsi Te rapport de force plus net en leur faveur. C'est Yopinion que Marshall a exprimé 6 INTERNATIONALE clairement dans son discours du 20 décembre 1947. Dans Vavenir, un compromis entre TU.RSS. et les Etats-Unis reste toujours possible, aussi longtemps que la promiére reste dans ies limites du « statu quo » actuel, et dans la mesure oi1 les seconds reconnaitront, par V'éclatemerit de Ia crise, Vimpasse économique, En tous cas, l'échee de la Conférence de Londres signific Ia prolongation de Voccupation de T'Allemagne, et de sa division en deux parties exploitées et oppri- mées par les impérialistes anglo-saxons et francais d’une part, et par la bureau- cratic soviétique de l'autre, Lavenir de VAliemagne et de I'Europe tout entire est 16 au sort de la révo- lution prolétarienne et des Etats-Unis Socialistes d’Europe, LES MOUVEMENTS DE MASSE EN ITALIE E vendredi 28 novembre, Ja population de Milan apprit que le gouvernement avait démis de ses fonctions le préfet Troilo, le dernier des préfets dits poli- faques, ancien commandant d'une formation de partisans. Considérant, cette mesure comme te provocation réactionnaire, ies masses se dressérent unanime- tment contre elle, Une gréve générale de dimension inconnue depuis avril 1945 éclata. Tandis que les ouvriers et les employés quittérent les usines et Jes bureaux, Jes trams et les autobus s’arrotérent, la police de la circulation se oignit au mou- ‘vement, des délégations massives se rendirent a la préfecture puis occupérent cclle- el ot Ia flrent garder par des ouvriers armés portant le brassard des formations partisanes, Quand le ministre, effrayé, tééphona de Rome pour savoir ce qui se Passait, il ne put pas communiquer avee les « autorités légales », la prefecture so liowvant gccupée et le maire ayant démissionne, Sa réaction fut ‘caractéristique de Yorientation actuelle du régime italien : il ordonna surle-champ au comman- dant de la division « Legnano > de I'armée de prendre en main provisoirement les pouvoirs civils dans la région de Milan, Heureusement pour la bourgeoisie italienne, ce commandant tit preuve d’un sens politique plus profond ; toute action militaire contre Ia préfecture, ou pis encore Ia proclamation de Tétat de slége, auralt sans aucun doute provoqué la guerre civile, Un Comité de Citoyons se constitua, composé des représentants de tous les partis dits de gauche, Se perdant dans de vaines tractations, dabord avec le général, ensuite avec un sous-secrétaire d’Etat venu sur place, ce Comité accepta une transaction coneiliatrice, présentée d'ailleurs comme telle par le gouvernement & Vopinion publique. Puls il appela & la reprise du travail et se dissout, La fin de « Vaffaire de Milan » prit sans aucun doute un aspect dopérette. Mais il serait profondément erroné de sous-estimer Vimportance de jes 6véne ments ou de les considérer comme la manifestation de « I'impétuosité » méridio- nale, La bourgeoisie a eu chaud, et fort chaud, pendant vingt-quatre heures. Tout son appareil s’était éeroulé en quelques heures de temps face A Ia poussée popu- lnire, Ce n'est pas a tort que beaucoup d’observateurs bourgeois parlérent « d'insur- reetion milanaise », Certes, avec des matamores aussi grandiloquents |yue pol- trons comme chefs, tels ces membres du Comité de Citoyens, une véritable insur- rection auralt peu de chances de succ’s, D’ailleurs, que pour ces chefs il so solt agi uniquement d’un simulacre de mouvement devient évident des quo Yon consi- déro la fagon grotesque dont i se termina, Mais que tout cela indique un état @esprit déterminé de la part des masses qu'on ne peut caractériser autrement que comme un éiat insurrectionnel latent, voit ce qui fait profondément réfléchir Jes politiciens bourgeois les plus responsables, et voila ce qui ne doit pas laisser indifférente Vavant-garde du prolétariat italien et les révolutionnaires de toute VEurope. Du 12 novembre au 12 décembre, [Italie a traversé un mois d’agitation sociale et de mouvements de masses sans pareils depuis insurrection du Nord. Venant aprés V'agitation Croissante contre la hausse du coat de la vie et aprés les greves générales des « bracelanti », des métallurgistes et des ouvriers du textile, cette nouvelle vague de luttes dépassa clairement le stade comporatif et; prenant un caractére politique de plus en plus prononeé, mit la gréve générale’ a Tordre du jour. Des gréves générales a I'échelle régionale furent proclamées en différents endroits (trois fois 4 Milan, deux fois & Rome, une fois & Palerme, i Venise, en 7 @UATRIB ME UN Te RN AT TON AEE Sardaigne et dans les Pouilles). Et la situation est a tel point chargée d’électricité qu’ll a suffi, le 15 novembre, du licenciement d’un traminot, par suite des incidents de rue, pour que les sirénes partent et qu'un arrét général du travail paralysit pendant une demi-journée la capitale italienne. Cette nouvelle vague de luttes part sur le fond d'une situation économique qui s'est profondément modifiée depuis un mois. Les mesures déflationnistes d’Einaudi, eombinées & une importation massive de vivres des Etats-Unis ot & la suite de la dévaluation de la lire, ont réussi & arréter Ja montée des prix, & provoquer des baisses substanticlles sur les prix du marché noir, & causer un effondrement des fonds & In Bourse de Milan et & aceentuer la tendance aux licenciements dans Vindustrie brusquement privée de crédits. Le salaire réel des ouvriers n’est_nulle- ment amélioré, Par contre, le chomage s'est étendu et les attaques contre les salaires nominaux ont commencé, Cela a déterminé une nouvelle série de mouve- ments revendicatifs, dont le plus puissant fut la gréve générale des 11 et 12 decem- bre & Rome et dans la province de Rome, amenant la cessation du travail par pres d= 600.000 ouvriers et employés. Malis le stimulant essentiel de la nouvelle vague de luttes a été, sans aucun doute,.laccentuation de Vactivité néo-fasciste ot le renforeement de Vappareil de répression bourgeois qui use dune brutalité extreme face aux ouvriers et JUX paysans pauvres, Les: mouvements qui se déclenchérent vers le 10 novembre & Milan, furent causés par une série d’attentats contre des ouvriers et des locaux -communistes. En Sicile, un. des dirigeants régionaux de la Confederterra (organi- sation syndicale paysanne, & direction stalinienne) fut assassiné, A Naples, dans les Pouilles, en Calabro, la police se battit, contre les manifestants a Vaide gle bombes Iactymogénes. Des ouvriers furent tués en divers endroits, Tout cela @ cré6 une atmosphere tendue au point que des incidents, insignifiants par eux- memes, déclenchent des mouvements de grande envergure. Ainsi Ia classe onvriére italienne a confirmé, une fois de plus, son indéniable volonté de combat. Elle dispose d’un immense potenticl d’énergie révolutionnaire, On ne pourrait commettre plus grande erreur que Westimer que ¢@s mouvements furent « déclenchés » par les staliniens en conséquence des « directives du Komin- form », En réaliié, la spontanéité, la rapidité extréme ot Télan admirable de Ja plupart de ces mouvements, témoignent clairement du fait qu’ls correspondent aux aspirations profondes du prolétariat. Une série initiatives spontanées de la rt des travailleurs — comme le refus des typographes de Rome dimprimer un journal fasciste, comme initiative des ouvriers dune usine métallurgique de ronvrir sous leur propre gestion 'entreprise fermée par le patron, comme Voceu- pation d'une série de postes de police par des manifestants dans les Pouilles — démontrent les ressources profondes de Vénergie combattive du prolétariat. Le devoir de Vavant-garde révolutionnaire est de reprendre ces exemples, de les popu- Jariser, de les répandre jusque dans les régions les plus arriérées et de devenir ainsi & son tour la force stimulante et coordinatrice de Vinitiative des massos. Cos événements viennent de confirmer la, conclusion 4 laquelle arrivait Yanalyse de la situation italienne publiée dans le numéro précédent : quoi qu'il arrive, le proléturiat italien ne tolérera pas Vinstauration & froid d'un régime dictatorial, ét se défendra en tous cas les armes la main, C'est en fonction de cette perspec tive quil faut élaborer toute stratégie A longue échéance. La, direction stalinienne s'est trouvée en Italie, plus encore qu’en France, devant Je dilemme ; ou bien freiner Vactivité des masses — et alors risquer des coups accentués de la part de la bourgeoisie — ou bien favoriser cette activité, et alors risquer un débordement-qui mettrait 4 ordre du jour non la « conquéte de T'Htat bourgeois > par les staliniens, mais Ie début de Ja révolution prolétarienne. Le contréle des mouvements de masses se révéle dailleurs beaucoup plus difficile en Halie qu’ailleurs. De ce fait, les dirigeants staliniens y ont plus qu’en Prance démoniré le caractére mancuvrier et traitre de leur « tactique >. La. liquidation do « Vaffaire de Milan » sombrant dans le ridicule, le brusque sabordage de la gréve générale & Rome aprés quarante-huit heures et sans aucun résultat, le cri- minel échelonnement des actions de région en région qui constituait un sabotage tout A fait évident de la grdve générale, tout cela facilite grandement la compré- hension, du moins par des couches avancées, du caractére véritable de la direction stalinienne, Anssi Popposition qui apparait aujourd’hui dans te Parti communiste italien est-elle la plus sérieuse qu'on ait rencontré jusqu'ici dans un P.C, d'Europe. ‘Et Togliatti a di prendre partie ceux qui réclamaient un retour & la vole révo- lutionnaire au Congrés fédéral de Milan (23 novembre), Le facteur décisif de la situation reste Ie facteur subjectif. Face a Vetfort de de Gasperi de briser Vunité @action des masses en isolant les ouvriers commu- nistes, doit se dresser V'effort de Vavant-garde révolutionnaire pour ressouder cette unité ‘action par des objectifs précis, capables de contrecarrer les tendanees i Ja démoralisation, résultats de la politique stalinienne, C'est seulement a, cette condition que I’élan des masses ne se brisera pas en définitive et que le prolétariat s’engagera sur la vole de Ia révolution, 8 QUATRIE ™M E INTERNATIONALE Les élections municipales, premier recul du Labour Party PRES les succés remportés par les gaullistes en France en octobre, les élections municipales qui ont eu lieu, au début de novembre, en An. gieterre, ont également révélé un glis- sement marqué vers la droite. Un tiers des représentants locaux du pays a été renouvelé & ces élections, ‘Le Labour Party présenta environ 2,600 candidats, dont 824 seulement furent élus. Le Par. ti Conservateur en présenta 1.737 dont 1,270 furent élus, Le Labour Party per- dit en tout 687 sigaes. Les Tories en gagneérent 636 en tout et les Indépen- dants le reste. Ce résultat donne ainsi une indication significative d'un retour A la politique de bascule tout a fait conforme @ Ia tradition de 1a politique angiaise, pour la premiére fois depuis le succés travailliste de 1945. Tout glorieux de 1a victoire de son parti, M. Churchill déclara que les élec- tions « privaient le gouvernement so- cialiste (travailliste) des mandats obte- nus aux élections générales». Naturelle. ment, le chef tory exagére beaucoup pour des raisons de propagande et aus- si pour intimider les leaders timorés du Labour Party. En réalité, le Labour Party conserva et méme améliora ses votes populaires, Les gains des torries furent le résultat dune bien: plus gran- de participation de votants a ces élec- tions municipales qu’aux_précédentes élections, On estime que 15.000.000, soit 60 p, 100 des 6lecteursiinscrits — pour. centage record — se sont présentés aux urnes. De plus la distribution des siéges, selon le systéme employé dans ce pays, est faite de telle sorte que méme une trés légére marge de voix obtenues peut donner une majorité Substantielle aux élections locales. Et, c'est effectivement ce qui arriva. Néanmoins, Je fait que les tories ob- tinrent cette marge, et, par la, un tres grand nombre de siéges au détriment des travaillistes, est hautement signi- ficatif. Car ce succts a dépendu de V'appui de couches habituellement pas- sives de la petite bourgecisie et d’ou- vriers arriérés, Le parti de Churchill a pu mobiliser tous ces éléments en sa fa- veur le 1% novembre, contrairement la situation qui a prévalu en 1945 et par la suite. Crest en cela que consiste le danger pour le mouvement ouvrier en Grande-Bretagne. Les pertes les plus notables du Par travailliste sont @ signaler dans les jes industrielles de Manchester et de Birmingham. Ces villes avaient été des forteresses traditionnelles des tories Jusqu’aux derniéres élections générales, Le Labour Party a eu la la majorité, pour la premiére fois en 1945. Aux élec- tions municipales de cette année le Parti travailliste, bien qu’ll ait conservé ses positions traditionnelles dans d’au- tres régions industrielles, a de nouveau perdu la majorité au profit des tories. Une juste appréciation des résultats des éléctions révéle ainsi Ja’ tendance suivante : Le Labour Party perd son: emprise sur ces parties flottantes de la population dont le déplacement @ gauche a rendu possible la victoire lec- torale du Labour Party, en 1945, et sa forte majorite parlementaire, Les bas- tions traditionnels du parti travailliste sont restés intacts et ont été méme ren- roreés. II est intéressant de noter ict que le ‘Parti stalinien, qui a présenté 194 candidats, n’a pas pu en faire élire un seul, perdant ainsi les 9 sieges qu'il détenait auparavant au profit du Labour Party. En d’autres termes, les staliniens ne semblent pas, en Angleterre, étre ca- pables de présenter une autre solution que le parti travailliste-Au contraire, la oii ils existaient auparavant en tant que force politique sur laréne électorale, leurs votes ont été absorbés par le La- bour Party, D’autre part les Libéraux ne peuvent mener la méme existence effacée a laquelle Ils sont condamnés depuis des années. La bourgeoisie et les claeses moyennes conscientes se sont tournées, comme par le passé, vers le parti conservateur. II n’'y a pas de place pour tout autre formation politi- que importante en dehors du parti tra Vailliste et des tories, qui ont monopo- lisé, & eux seuls, les suffrages des deux classes. antagonistes de la société an- glaise. Sous une forme traditionnelle spéci- quement britannique, les dernigres Glections municipales ont présenté le méme phénoméne de polarisation so- ciale qui a pu étre observé récemment en France, en Italie et dans toute VEu- rope occidentale. Les causes en sont essentieliement | semblables. Tandis quien France et en Italie la petite bour- gevisie suivait la classe ouvriére dans son élan puissant vers les partis sta- liniens, a-la fin de la guerre, en Angle- terre il en a été de méme vers le La- bour Party. Cependant, alors que dans le premier cas tous les espoirs d'une so- lution radicale des problémes de la vie quotidienne ont été décus par la politi- que de coalition des’ staliniens qui les a livrés aux mains de la bourgeoisie, en Grande-Bretagne ces mémes espolrs ‘ont été trahis par la politique collabo- * QUATRIEME IN rationniste des leaders travaillistes au pouvoir. Ici et la, la crise économique persiste sans qu’aucune perspective im- médiate d/amélioration puisse étre en- visagée. Sur le continent, c'est surtout Vinflation qui: oblige a serrer les cein- tures. En Angieterre Jes restrictions croissantes du rationnement produisent le _méme effet. La petite bourgeoisie, classe sociale éminemment instable, slest tournée dans les deux cas vers les organisations représentant les travail- leurs, car, & ses yeux, elles représen- talent la puissance, c'esta.dire, avant tout la puissance ‘capable d'apporter une certaine stabilité et un certain sou- lagement aux difficultés grandissantes. Les années écoulées depuis la guerre ‘ont montré toute Vimpuissance des or- ganisations traditionnelles, dans le gou- Vernement comme hors du gouverne- ment, des organisations réformistes en Grande-Bretagne, De la le nouveau re- cul vers la droite ge toutes ces couches de la population en, quéte d'un autre pole de stabilité. Ceperidant, en général, en Europe cccidentale aussi bien qu'en Angle- terre, la grande majorité de la classe ouvriére reste fidéle & ses organisa. tions traditionnelies. Son désir est de mener la lutte sur une ligne de classe. La polarisation autour du Labour Party dans les récentes élections municipales est aussi révélatrice de cet état d'es- prit que {est la polarisation autour du P. C. en France. Le seul obstacle C'est la politique de trahison des chefs. Le glissement de la petite bourgeoisie et des couches arriérées de ila popula- tion vers la droite est instinctivement considéré par la classe ouvrire comme un signe alarmant, I! montre qu’en au- cun cas les demi-mesures réformistes ne peuvent offrir une colution des pro- blémes posés et que des mesures révo- lutionnaires décisives sont nécessaires, Crest bien cela, de toute évidence, qui a cdusé la poussée des masses labo. rieuses vers le Labour Party en Angle- terre, ainsi que vers les staliniens ail. leurs, au premier abord. Le sentiment que, si on sfarréte 4 mi-chemin, on fait le jeu de ennemi de classe préparant ainsi une nouvelle et écrasante défaite, gagne du terrain, Sur le continent, il a suscité un grand élan de combativité TERNATIONAL ® sensible maintenant grace a la pui sante vague de graves en France et en Italie. En Angleterre, o¥ Ja crise, pour toute une série de raisons, n'est pas aussi algué, la meme réaction se fera trés probablement sentir, mais a un rythme plus lent, Cependant, elle est inévitable, Avant tout, le signal d’alarme que constituent les élections municipales doit forcément avoir ses répercussions, Provoquant une fermentation accrue dans les rangs du Labour Party. L’an- ‘tagonisme latent entre Ia base ouvrigre du parti — qui donna libre cours a ses aspirations socialistes d'une si écla- tante facon en 1945 et depuis — et les chefs siégeant au gouvernement, doit nécessairement, et de plus en plus. apparaitre au grand jour. La aussi le terrain est prét pour une polarisation entre l’aile gauche et I'aile droite. Les leaders timorés du — gouvernement, effrayés par le résultat des élections municipales, espérent récupérer les votes des petits bourgeois en mettant un frein a leurs timides mesures réfor- mistes et particuligrement a leur pro- gramme de nationalisations. Ils inter- prétent le vote comme un signe que ila petite bourgeoisie est effrayée par leur audace. D’autre ipart, ils se proposent de pousser plus loin leurs plans anti- ouvriers de rationnement et de blocage des salaires. C'est ce que signifie, essentieNement, le remplacement du « doux » D* Dalton par de « dur » sir Stafford Cripps. comme chancelier de PEchiquier. Par ailleurs, on peut s'attendre a ce que les ouvriers anglais, non seulement résistent avec force a ces plans de leur gouvernement, mais aussi exigent des mesures plus radicalement anticapita- listes — la suppression des indemnités de rachat des industries nationalisées, fe contréle ouvrier, a confiscation des profits et, surtout, un plan économique sous la surveillance des syndicats, La polarisation inévitable au sein du La- bour Party ouvre ainsi de grandes pers- pectives & une participation active de Vavantgarde révolutionnaire, qui orga- nisera V’aile gauche du parti en vole de cristallisation et ui procurera une direction. 40 E. GERMAIN LA CONFERENCE SOCIALISTE INTERNATIONALE D’ANVERS ES représentants des 22 partis so- cialistes qui se rassemblérent fin novembre a Anvers ont di se de mander, & la fin des débats, pour quelles raisons ils s’étalent rendus dang la mé- tropole flamande. Comme Yont noté Vensemble des observateurs, y compris la plupart des chefs réformistes eux- mémes, rarement une conférence inter- nationale s’est terminée par un si pie- tre résultat que celui de la conférence d’Anvers, Le < chef epirituel > de la conférence, le leader social-démocrate belge Victor Larock, a eorrectement ré- Dans le reyaume La conférence vota une motion de protestation contre le fait que la dé gation grecque ne put venir en Belgi- que, le gouvernement monarcho-fasciste nyant refusé de Iul accorder les papiers nécessaires, Elle demanda I'instauration Wun « véritable gouvernement démo- cratique en dehors de toute ingérence étrangére > pour ce malheureux pays. Mais en méme temps, elle réfuta les accusations lancées contre Bevin et Spaak, qui, tous I's deux, devant V'0.N. U,, comme devant le Parlement de leurs pays respectifs, ont pris ouvertement. Ja défense du régime actuel en tant que < régime démocratiqne > et qui prirent la responsabilité de soutenir Vintervention américaine dans ea pays. La conférence s¢ prononca en faveur @une collaboration des pays européens, en dehors de toute pression économi- que, sociale ou politique étrangére (1i- ez : américaine), L’attitude du Con- grés américain quant & l’octroi éventuel une aide & des pays oi les staliniens Participent aux gouvernements est de notoriété publique, Néanmoins, dans la méme phrase of la résolution rejette toute pression, elle salue Vaide améri- sumé la situation en déclarant que < VInternationale sans nom et sans sta tut qui s'est reformée @ Anvers laisse @ chacun de ses adhérents Ventiore li- verté de régler ses affaires comme bon lui semble » (Le Peuple, 412-47). Crest. cela, en effet, que s'est réduit le tra- vail de la conférence et il n’est pas sans intérét d’indiquer quelques-unes des, grosses contradictions qui en ressortent, dans le cadre d’une tentative désespérée, 4a'< unir > (sans organisation ni pro- gramme communs !) des partis et des tendances centrifuges. de Ponce-Pilate caine, en fermant pudiquement les yeux sur des faits trop choquants, De méme, pour satistaire la demande de courants déterminés pour une re- constitution d'une organisation socia- liste internationale, la conférence adop- ta une résolution dans laquelle « des rapports organiaues » entre les partis socialistes sont définis et od ’on affirme solennellement que « la question (de Ia constitution d'une Internationale socia: liste) reste posée devant lopinion (!) socialiste internationale >. Mais en mé me temps, on constate que « les cir constances du moment (!) ne sont pas fayorables < & la constitution de cette Internationale et qu’ll faut, pour cette raison, se contenter de constituer un « Comité des Conférences socialistes internationales >, au cin duquel sera nommé un « Bureau de Liaison ». Contenter tout le monde, alors que tout Ie monde veut quelque chose de différent, voilé ce qui n’était possible du’avee une altitude de Ponce-Pilate, se lavant soigneusement les mains devant tous les problémes dramatiques de Pac- fualité Internationale et devant toutes les questions en lilige au sein des orga- nisations social-démocrates, un ; ase INTERNATIONALE Les tendances a la Conférence Profondément symbolique de Vétat actuel de cette social-démocratie inte nationale fut la ligne de démarcation entre Jes tendances & la conférenee, Les seules questions en litige, sur les- quelles Tunanimité ne fut pas réalisée, furent, dans 1a bonne vieille tradition réformiste, des questions de procédure et des questions statutaires. Mais la fagon dont les votes s¢ départagérent indique la rupture fondamentale entre « doux bloos > de partis socialistes, re- fiétant comme par “hasard les limites géographiques des deux blocs de pui sances qui s'opposent sur Var’ne mon- diale, Ce fut le plus clair lors du vote pour ou contre I'admiesion du parti so- cial-démocrate allemand a la commis- sion, quand au bloc compact des pays < occidentaux > s’opposa le bloe com- pact des délégations qui, pour ne pas « em- barrasser > outre mesure les représen- tants des partis du < glacis > s’abste- naient soigneusement de formuler dans les résolutions des attagucs ouvertes confre le stalinisme. Gest une honte supplémentaire pour cette conférence, awelle refusa méme de prendve en con- sidération Yappel en faveur des socia. listes polonais emprisonnés et des vie- times de Cracovie, Mais osla reflate 1a tendance 1a plus profonde de la social- démocratie dans tous les pays.et sous tous les régimes, qui est celle du repli passif devant 1a pression gouvernemen- tale/ @oit quelle vienne. La ” Troisigme force ” La théorie de la < Troisiéme Force > n’a pas non plus trouvé sa place dans une résolution de la conférence. Mais la. plus grande partie des discours, te- nus durant le meeting international qui devait constituer le point culmi- nant de la conférence, Ini était con- saerée, et au cours de la préparation idéologique de 1a conférence, cette théo- tie a ocetipé saus doute une place d’hon- neur dans les articles et polémiques de Ja_presse socialdémocrate internatio- nale. Worigine fointaine de cette thébrie se trouve dans la tentative des propa- gandistes du gouvernement travailliste anglais de définir leur position interna- tlonale face & Vimpérialisme américain et 2 1a bureaueratique soviétique. La for- mule— caraetéristique!—qui fut ‘élabo- rée était celle @une « troisiéme force >, garante de la paix parce que conciliant les intéréts dis deux blocs internatic- naux, Actuellement, le caractire pro- fondément utopique de cette position est devenu trop évident. pour étre pré- cisé davantage. La bourgeoisie britan- nique, dont les travaillistes traduiseut fidélement les préoceupations politi- ques, a elle-méme compris que tout es- 2 poir de pouvoir mener une politique de baseule est vain, et s'est alignée a fond sur la politique de Vimpérialisme américain, Cette origine de la théorie de la < troisitme force > en indique fort exaetement les parties constituan- tes : 'éternelle illusion coneiliatriee dn réformisme et sa brutalité fonction réelle agent des forces dominantes. Reprise ensuite, surtout par Blum en France, ot par Saragat en Italie, iz © troisiéme foree > et la < troisiéme voles» se sont transportées du plan international vers le plan national, E1 tre de Gaulle et Thorez, entre le néo- fascisme et Ie stalinisme italien, le ré formisme veut dresser Vécran protec: teur de la < troisiéme foree 2, qui doit empécher V’éclatement d’une guerre el vile, Les Inttes politiques sont cependant en dernitre analyse des manifestations: de Ia lutte de classes, Ce n'est pas par hasard que les leaders soeiaux-aémo- erates avaneent leur théorie de Ie « troisiéme force » au moment ot ils sont le plus effrayés de la violence que prend Ja lutte de classes de leur pays. En ce sens, la < troisiéme force » entre ‘ QuATRIEME INT HRN ATION ALE le prolétariat et 1a bourgeoisie posside sa physionomie sociale propre : celta de la petite bourgeoisie. Fautil insister une fois de plus sur le caractére profondément illusoire de cette politique qui pense pouvoir évit-r Ja guerre civile en défondant < le bon sens > du < juste milicu » ? Aprés ies derniers attentats nédfascistes en Ita- lie, un député réformiste du P.S.LL, plein d'inguiétude, interpella le gouver- nement pour lui demander ce qu'il en- tend entreprendre pour < arréter ces violences >, Le vieux de Brouckére donne de pénibies legons ax staliniens francais en leur expliquant qu'avee teur violence gréviste ils ne peuvent qu> faire le jeu du gaullisme, < vers tequel Je peuple se tourne par réaction ins tinctive >. De tels lieux communs fades consti. tuent aujourd’hui tout le bagage intel- lectuel de la social-démoeratie interna- tionale | Trente années de Iuttes de classes violentes, vingt cous d’Etat fas- eistes ot dix révolutions prolétariennes ayortées fante d'une direction adéauate wont rien appris A ces messieurs qui 2 continnent & vivre dans leur monde imaginaire of tout évolue progressive: ment d'aprés Ja lettre de 1a Gonstitu- tion, Et dire que ce sont eux aui re- prochérent jadis aux révolutionnaires leur « manque de réalisme > 1 Tl est enfin néeossaire de dénoncer te caractére trompenr de cette politique de < troisiéme force > dans Ja. mesure ou, dans ws faits, la social-démocrs tie ne joue nullement un role « conei- liateuy > ou < indépendant >, mais se dresse, dans les deux blocs, du cbt des gouvernements contre les massen. Que Jules Moch svit le bras droit 4a Schuman pour briser la gréve et le superrecruteur des faumes; au, tee Mine, Hochfeld et Cierankewitsch sofent “ayee les staliniens consre Io grévistes: de Lotz, ela précise davan- tage que toutes les < théories > la nro- fonde déxénérescence de 1a gocial-démo- eratio internationale devenue partout ot elle reste tolérée par los mattres de Vheure, du moins dans ses couches dirigeantes, ayocat de oppression et de Yexploitation des masses. Les courants dans la sociale-démocratie internationale Dans les pays de 1’Burope occidentale les nartis sociaux-démocrates, au point de disparattre 4 1a yeille de la < Iihé- ration >, wont pu reprendre une cer- tain vizueur qu’en fonetion de la poli- tique mancuvriére et trative de la di- rection stalinienne qui faisait lente ment refluer des couches ouvriéres dé terminées en dehors de influence sta- linienne, D’autre part, en Hurope orlentale, tes mouvements ‘sociaux-démoerates ont sans aucun doute commences A exercer une attraction nouvelle sur de larges couches ouvriares et paysannes décues par les malgres résultats de la « démo- cratic économique > et dégofitées dw terrorisme stalinien, En ce sens, la social-démocratio européenne, qui est un vivant anachronisme, ne se main- tient que grace au stalinisme, les ¢ mes de Yun atiénuant le caractire ori minel de la politique de Yautre ait youx des masses, ela eependant ne suffit pas pour ex- pliqner la place prépondérante qu’oc- coupe aujourd'hui la social-démocratie européenne, dirigeant une demi-dou- zaine de gouvernements et n’étant ab- sente du gouvernement gu’en Gréce, en Espagne et en Yougoslayie (en Italic, les Saragatiens viennent d’y rentrer). Gette place n'est pas tellement I'expres- sion de la foree du mouvenient social- démocrate lui-méme que Texpression d'un certain rapport de forces entre les, classes qui empéche la bourgeoisie en deca, ef Jes staliniens au deli du « rideau de fer » de gouverner sang Yaide des réformistes. Hssenticllement, il s’agit d'une part pour Vimpérialisme américain d’éyiter, dans les conditions actuelles, un éerasement du mouvement ouvrier par la force, pouvant déclen- cher wie longue et douloureuse guerre civile. Diviser d’abord les masses labo- rieuses; isoler le prolétariat des clas Ses moyennes radicalisées ; isoler . en- suite les couches avaneées du proléta- riat de l'ensemble de la classe, telle est Ja stratégie politique de Vimpéria~ lisme américain en Europe oceidentale, stratégie dans laquelle Tes chefs réfor mistes doivent jouer un role d'avant~ plan, Dautre part les staliniens doivent s'efforcer également de diviser Yopposi- tion de plus en plus générale face a leur régime et de maintenfr un moyen de « contréle Iégal » sur de larges cou- ches mécontenies, afin d’éviter eux aussi Yocrasement de Yopposition pac la voie d'une longue et cofiteuse guerre civile. La place prépondérante de la 2 QuATRIEME INTERNATION «aL SE social-démocratie dans la plupart des gouvernements d'Europe _ n’exprime done pas, comme cela fut Ie eas pour Jes années aprés 1923, une certaine sta— Dilisation des rapports sociaux et une reprise des illusions réformistes de 1a part des masses, mais au contraire elle exprime précisément (état d’équilibre instable qui caractérise actucllement Je stade auquel a abouti Ia erise sociale en Europe, et dans lequel ni la bour- gevisie ni le prolétariat ne sont encore Suffisamment forts, sur le plan objec tif comme sur fe plan subjectif, pour remporter des victoires rapides et déci- aives, Dans ces conditions, Yapogée de ta puissance « officielle > de la social émocratie coincide avec une période de crise interne profonde du mowve- ment soclai-démocrate. Cette crise in- tere est 4 la fois lexpression dey pressions contradictoires qui se font sentir dans le mouvement (pression im- périaliste, pression stalinienne, pres- sion de la base ouvriére dans les pays ot celle-ei subsiste), et de sa composi- tion sociale de plus en plus hétéroclite, Alors que dans la plupart des pays (a Yexception de la France et de Vitalie pour Je parti saragatien), la masse sui- vant la social-démoeratie reste une masse mécontente (ouvricrs ct petits ‘Dourgeois appauvris), le parti lyaméme a recruté dans ¢2s pays de plus en plus de couches de la petite bourgeoisie aisée et méme de la bourgeoisie libs rale. Le fait gu’en Ialie (Corsi) ct qu’en Belgique (Van Acker), des diri- geants sociaux-démocrates ont pu ou- vertement se déclarer monarchistes est Wune profonde signitication pour 1s eommréhension de ce processus de transformation des partis sociaux-d& mocrates, tendant & occuper sur le spectre politique la place des anciens partis radicanx bourgeois. Les intéréts sociaux de ces couches nouvellement « socialisantes > étant loin de coinci- der avee les intéréts mémes de Varisto- eratie ouvritre, des choes de tendances de plus en plus violentes se produisent foreément dans ces partis. On assiste méme au spectacle de Ia lutte de classe so transportant A Vintérieur du part réformiste, comme en Sardaigne, oi des militants de gauche du P.S.L.1 at- rigérent une gréve @ouvriers agricoles contre un propriétaire foncier, membre du méme parti, Ging tendances se lais- sent ainsi discerner dans la social- démocratie européenne d’aujourd’hui + 4) La tendance ultra-droitiere et néo- socialiste se pronongant ouvertement contre le marxisme et pour un < ¥¢- 14 groupement > de toutes les forces € €prises de justice et de liberté > dans une sorte de parti travailliste réalisé Par une fusion de la droite rétormtsto avec Ja gauche des partis bourgeois ra- dicaux ou catholiques. Cette opération a été menée & Dien, avee peu de suc- cés d'ailleurs, par la direction droitiére de la social-déthocratie hollandaise, Bile apparait 1a droite de la S.F.LO., personnifiée par un Ramadier ou un Le Trocquer, & Ja droite du P. 8. L. I. avec Saragat et V’équipe de < Critica Sociale », & la droite de certains par- tis soclaux-démocrates des pays du « glacis > qui ont trouvé leur salut dans une collusion compléte avec des partis bourgeois (Peyer en Hongrie) ; b) La droife réformiste tradition nelle, représentée par un Blum en Franee,,un Spaak en Belgique, un Shaert en Autriche, par la direction des partis suédois, danois, suisse, ete., qui sefforce de sauver < V'unité du parti >, tout en étant absorbée entire- ment par ses ealculs électoralistes et en défendant avec acharnement < son > appareil dans les syndicats, les coop ratives, mutualités, et d'une < intransigeance idéolo- gique », tend & couvrir systématique- ment Ja collaboration de classe perpé trée dans les faits par la direction ré- formiste de leurs partis ; ©) La tendance centriste de gauche (A. S. R. en Franee, Jeunesses Socialis tes en Italie, en Autriche et dans quel- ques pays du ¢ glacis »), qui s'efforee aincérement de définir une ligne de classe, mais qui n’arriye que trés len- tement A se dégager de l'influence po- litique et organisationnelle paraly- sante de ses conceptions de départ cen- tristes ; QUATRIEME INTERNATIONAL ® De Bialystok 4 Anvers En 1914, le vieux Kautsky découvrait que 'nterdationale, définie un demi- siécle auparavant comme T’expression organisationnelle nécessaire de 1a solt- darité mondiale dintéréts du proléty- riat, n’était qu'un instrument de paix et quielle ne pouvait survivre a Ia guerre. Lénime, auméme moment, ran- pela & tous les sccptiques et hésitants que, du moment aue la Il* Internatio- nale etait morte, il fallait construire sur le champ, immédiatement, 1a° III* Internationale. Aujourd’hui, Staline déclare que VIn- ternationale ¢ est une forme orzanisx tionnelle dépassée > et les profonds: penseurs qui dirigent les vartis stali- niens francais et italien renchérissent en déclarant que sa reconstitution «:- rait < un pas en arriére » (sic) pour Ye mouvement quvrier. En méme temps, les dirigeants réformistes réussisseni tout au plus & constituer une organi sation « sans nom ni statut > et aver si peu de politique commune qu’elle doit Jaisser & chaque parti le soin de défi: nir sa propre ligne, Tl siagit, dans un cas comme dans Yautre, de quelque chose de plus pro- fond que d’un < tournant conjoncturel » ou de « circonstances du moment > im- pliquant une tactiqua déterminée. Tl s'agit d'une réyolution logique du ré- formisme et du néo-réformisme stali- nien, évolution qui Jes a amenés & un point o& une politique commune dans tous Jes pays est dorénavant imprati- cable, Crest pourquoi Bialystok et Anvere ont, dé ce point de vue également, une importance symbolique de premier or- dre pour le prolétariat international. Ces deux conférences constituent un bilan de faillite pour le stalinisme comme pour la social-démocratie en tant que courants du mouvement ou- yrier. Biles démontrent & quel point la logique méme de la trahison de classe peut amener ses auteurs 4 s’éloizner 4¢ leurs points de départ. Wiles démontrent de fagon Gclatante quil n’existe eujour- a’hui qu'une seule force internationale dans le mouvement ouvrier, celle de lz, IVe Internationale. Elle ‘est encore Jeune et au début de sa croissance. Mais au moment oft les chefs statiniens et réformistes ont besoin d’années de trahison pour démolir Yemvre des g6- néraifons prolétariennes révolutionnat- ves passées, elle prépare son propre Congrés Mondial qui ouvrira Ia voie du socialisme & la génération acturlle et aux générations futures. 10 dééembre 1947, = AUX « EDITIONS PIONNIERS » Une ceuvre marxiste classique _ Conception matérialiste de la question juive par A. LEON sossessoss : 90 FRANCS . UN VOLUME l'échec de la gréve générale en France ER SSE CRC IRON Le proléiariat a la recherche @une nouvelle direction culminant en une crise révolu- tionnaire yiennent de s'écouler. Une étape vient d’étre franchie; une autre commence, Des lecons s'en déza- gent dans de multiples domaines. Nous allons donner une analyse sommaire des mouvements et nous insisterons sur co quia trait au fait Ie plus important pour Vavenir, la construction du parti réyolutionnaite, D: semaines de luttes ouvrigres ‘Les Inttes ouvritres de novembre et de décembre 1947 sont le point eulmi- nant d'un mouvement commeneé avec Ja gréve Renault le 25 avril dernier. Depuis cette date, en dehors d'une 1é- gére accalmie, pendant quelques semai. nes, en juillet et en aofit, le mouvement Les «forces » de la bourgeoisie Son Btat s'est! montré a’une faiblesse extraordinaire. Ses forces armées dis- “persées en Afrique du Nord, 4 Madagasa car, en Indochine, en Atlemagne et en Autriche, i! ne disposait que de quelaues dizaines de milliers de soldats, pas sins du tout, qu'il a pu ici et 18 utiliser pour des taches de boueux ou de gardes-voies, mais pas pour la répressidn. Chaque fois que la troupe s'est trouvée en face de manifestations ouvridres, elle a cédé, A Saint-Etienne, quatre automitraillew ses disparurent. La bourgeoisie ne fut pas beaucoup plus heureuse avec ses forces de coer cition professionnelles ou gemi-profes sionnellés, A Marseille, les Compagnies Républieaines de Sécurité combattirent avec les manifestants. Par décret et par Joi, Ie gouvernement licencia une dizaine de ces compagnies qu'il n’avait pas en mains, La garde mobile et la police seules servirent fidélement le gouvernement. Mais, & cdté de nombreux actes de bru- talité, on a pu constater aussi des cas fréquents de défense plutot faible. Les mineurs, Jes cheminois en plus d’un en: droit reprirent assez aisément leur puits on deur dépot. Quant des forces extra-légales de ‘type fasciste ou pro-fasciste, il n'en fut jamais question, bien que les élections %6 par Pierre FRANK de graves @est développé ave une force incomparabie, englobant des millions de travailleurs de toutes les corporations. Cela a commencé au printemps, sous le soleil, de facon pacifique, dans une bonne humeur presque générale ; et ca s'est achevé, en hiver, sous la pluie et Ta neige, dans des villes sombres, plei- nes dordures non ramassées, par des combats avec la police et ia garde mo- bile, Cette bataitle se termine par un sus- cés de la bourgeoisie et par un échee des ouyriers quant & leurs revendica- tions. Mais la bourgeoisie ne le doit nullement & ses forees propres et tres peu a ses instincts de classe dirigeante capable de s’adapter au mieux dans une situation extrémement eritique. munieipales du 18 octobre alent donné une victoire électorale 4 de Gaullé, bien que le « Rassemblement du veuple Frangais > eflt a sa disposition des di zainés de municipslités de grandes vil- les, Apres celle grande bataille ouvri’- re, on peut apprécier plus exactement la signification et la valeur des élections municipales du 18 octobre, La victoire du R.P.F. s'est effectuée aux dépens du MRP. qui ayait 616 eréé au moment de la < libération » pour canaliser la poussée & gaucue ues mas- ses petites bourgeoises. La victoire du RPP. est Lexpression incontestable dun glissement A droite de la petite bourgeoisie et. indice d'un danger trés sérieux. Ce glissement exprime que la petite bourgeoisie continue 4 chercher des solutions radicales et que les vienx partis ouyriers quelle assimile a la classe ouvriére V’ont décue par leur in- capacité, par Jes mouvements ouyriers qui entrainent des ennuis de toute sorte (manque de pain, de transports, de jour- naux, ete.) dont elle ne. s’élait pas plainte, mais qui n’aboutissent 4 aucun résultat sérieux, Au cours des gréves, la presse bour- geoise, quia um sens trés averti des ré- actions du public petit bourgeois, s'est bien gardée d'attaquer les travailleurs en lutte. Bile reconnut ce qu'elle appelle QUATRIEME INTERNATIONALE ja ¢ légitimité > des revendications ou- vriéres, et dénonca l'exploitation politi- que qu’en font les staliniens. ‘De Gaulle a récolté les voix de la pe- tite bourgeoisie mais il n’a pas encore pu utiliser celleei sur le plan extra- parlementaire, il n’a pas encore pu mo- biliser les masses petites bourgeoises dans des actions antiouvriéres, il n’ose Das se livrer & une attaque frontale, i1 reeule dés qu'il sent passer le. soufile deg luttes ouvriéres (1), il s‘efforee de wavoir 4 employer que des moyens 16- gaux pour parvenir au pouvoir. Tout ela montre que la petite bourgeoisie est loin d’étre définitivement orfentée & droite, tout cela montre que Ia petite bourgeoisie n'a pas cessé d'oscilier et que son éyolution future dépend entid- rement de Vévolution du prolétariat. Les hésitations dans la bourgeoisie Du _cOté du grami capital, rien n'a manifesté plus clairement un désarrol que ses hésitations depuis les élections municipales du 18 octobre sur la ques- tion gouvernementale. Ramadier, Blum, Reynaud, Schuman, les appels 4 Blum et @ de Gaulle pour qw'ils trouvent un terrain d'entente, etc, chaque jour de nouvelles suggestions apparaissaient dans Le Monde. La bourgeoisie voudrait bien de Gaulle, mais, en méme temps, elle craint que son arrivée au pouvoir ne déclenche une guerre civile dont l'is- sue est incertaine. Au cours des gréves, elle brandit des menaces, manifesta des yelléités de répression, mais se montra impuissante & faire un usage systéma- tique d'une force dont elle sait mieux que quiconque les limites, Bile ne visa qu’ gagner du temps, qu’a dissocier 1a classe ouvriére, en exploitant les réfor- mistes et — comme nous le verrons plus Join — la politique des staliniens. A vrai dire, dans la bataille qui s’eu- gagea vers la mi-novembre sous la pres- sioh des contradictions sociales, le gou- yernemént bourgevis d'une part et les staliniens d’autre part agirent & la ma- nidre de joueurs de poker, se relancant suecessivement pour se trouver finale- ment au bord d’une guerre civile dont Jes uns et les autres étaient effrayés. Vers le plus haut point du mouvement le gouvernement, hésita pendant 48 heu- res environ : négocier ou ne pas mégo- cier ? Schuman, président du Conseil, apparemment se raidissait, mais Daniel Mayer, ministre du Travail, avait entre- pris des pourparlers dans la coulisse. entrée en grave des centrales éleetri- ques avait entrainé Varrét du métro de Paris, Mais le gouvernement fit réoc- cuper les centrales, fit rétablir le cou. rant électrique. La direction. syndicale (stalinienne) n’élargit pas le mouve- ment, Le métro se remit 2 rouler. Le gouvernement eut le sentiment qu'il ve- nait de franchir un passage difficile, il exploita son avantage, refusa dés lors de négocier, consotida ses positions au Parlement, marqua des positions sur Tes chemins de fer et dang les postes. A présent, le gouvernement affecte de jouer les magnanimes, Dénongant les staliniens, il prétend s'intéresser aux revendications ouyrigres, Mais les tra- yailleurs savent bien que les Versaillais nont pas Phabitude d’étre cléments dans la vietoire. En fait le gouvernement na ancunement Ia force de poursuivre trés loin ses succ’s. Apras la gréve des cheminots de 1920 le gouvernement Mil- Terand procéda 2 plus de 20.000 révoea- tions de travailleurs du rail. Au lende main de la gréve générale du 30 no- yembre 1988, le patronat de la métal- lurgie parisienne put se permettre de renvoyer plus de la moifié des ouvriers de cette indusirie. Aujourd’hui te nom- bre des réyocations, licenciements, ct autres sanctions, sans étre négligeablo, est incomparablement moins élevé qué ceux mentionnés plus haut, La classe ouvriére a subi un lourd échec, mais elle n'a pas du tout été écrasée, Blle est retournée au travail avec sa capacité de combat peu profon- démant entamée. Elle na pas été battue, elle a été trahie, La bourgeoisie doit son succés, une fois de plus, avant tout, aux vieilles directions ouyriéres, ° Les réformistes traditionnels Leg socialistes au gouvernement et Jeur presse ont joué le réle le plus in- fect, Peu de joummaux tombérent si bas que < Le Populaire » dont les coups étaient uniquement dirigés contre le parti communiste et qui n'eut pas un mot pour les revendications ouvrigres, Mayer, Moch, Naegelen, de piétres per- @) 1 renonga 2 tenfr & Paris une gon- férence au moment od le mouvement ¢'éle- valt vers la gréve générale, iT QUATRIEME INTERNATIONALS sonnages qui jourent un bien méchant role. Liintervention des bureauerates syn- dicaux réformistes, de Jouhaux et de sa clique rassemblée dans Ja tendance < Force Ouvrieve > fut tout aussi on- yertement celle de briseurs de grave, de jaunes. Mais leur intervention de cet ordre se combina 2 des manuvres sa- yantes au sein de la direction de ta C.G.7. oi ils se trouvaient en minorité, Tis commencérent. quelques jours avant le mouvement, dans une Conférence Nationale de < Foree Ouvritre », puis au Comité National Confédéral de la CG.T. par se délimiter des staliniens, tant cur te plan de la politique inté- rieure que de la politique extérieure, Quand les luttes commencérent & se dé velopper, ils se prononcérent nettement contre celles-el, ce qui entraina une di- vision dans le Bureau Confédéral. Mais Jouhaux, se trouvant en minorité, ge gar- da bien de procéder a la scission, mal- gré les appels qui lui étaient advessés par divers syndicats autonomes qui avaient été créés dans les mois précé: dents, Il resta toujours en négociation une part avec le gouvernement, d’au- tre part avec Frachon et Vaile stali- nienne du Bureau Confédéral ; condam- nant les gréves et condamnant aussi les projets de lots scélérates déposés par Schuman, mais torpillant cellesla et temporisant sur ceuxel. I] comprit que la tactique stalinfenne de vagues successives était vouée & ’échee (il I. vait enseignée & Frachon ,Monmou: seau, efe., en 1920) et que le gouvernc- ment ne pourrait pas, comme a cette épogue, rompre avee la C.G-T., et fut certain qu’en jouant Ie role dentremet- teur, il renforeerait sa position dans la CGT. au détriment de celle des staliniens. Un imeident _symptoma- tique révéla la position des staliniens visa-vis de Jouhaux, Au moment ot < VHumanité > et le Comité National Central de gréve, bureancratiquement cré6 par les staliniens, dénongaient vio- Iemment les jaunes de « Force Ouvrié. re >, non seulement ils se gardérent de mentionner Jouhaux qui était le dirl- geant de ces briseurs de grave, mais, a Ja suite Wune intervention contre Jon. haux faite au cours d’un meeting syndi- cal par un deader stalinien, le Bureau Confédéral wnanime rendit hommage.. au _patriotisme de Jowhaux dans Pat- faire de Munich (2). Les staliniens Les dirigeants staliniens ayaient der- rigre eux la majorité de la classe ou yrigre, Hs pouvaient tout faire avec Yénergie que celle-ci dépensa ‘au cours des dernigres luttes seulement. Ils sont Jes principaux responsables de l’éehee de Ig elusse ouvritre. Ul faut disséquer ee que fut, & chaque instant, leur tactique, pour comprendre & quel degré de raffinement ils ont poussé l'art de mener la classe ouvriére A des échecs et A des défaites. Le parti stalinien a été accusé d’avoir fomenté les mouvemenis qui se sont produits sur les ordres du Kominform pour ies besoins de la diplomatic sovié. tique. Ce n’est pas vrai. Ces mouve- ments ont leur origine dans les condi- tions de vie intolérables imposées 4 la classe ouvriére. Tz étaient inévitables et avaient é&é prévus, été dernier, quand furent exposées les premiéres justifications d’un plan Marshall. 11 fal- lait les dollars américains pour préve- nir ou amoindrir des révoltes de masse, inévitables au cours de Vhiver qui ve- nait, S'il est vrai que le parti stalinien a cherché A exploiter ces mouvements au profit des intéréts de la diplomatia du Kremlin, il ne faut pas oublier 1°) qu'il a diftéré et combattu pendant de longs mois Véclatement de ces mow. vements ; 2°) que sa Haison avec Mos- cou Yoblige & rester dans le cadre de la société capitaliste et A s'y livrer & une politique de pression dans le ré- gime qui deviont inopérante et catas- trophique la ot if faut une politique de renversement de régime, 3 Les tournants staliniens, la conduite des gréves et la question gouvernementale Quand éclata Ia gréve Renault en avril 1947, il y avait encore des stali- niens au gouvernement et, pendant une semaine, le parti stalinien dénonca Ja gréve, comme il avait fait de tout mou vement revendicatif pendant plus de deux ans, depuis la < libération >, Mais ayant compris que cette gréve pouvait étre le début dun vaste mouvement qui risquait de le déborder sur la gauche, 18 le parti stalinien fit un premier tou nant au commencement de mai 1947 (2) Depuis que cet article fut Gerit, Tes gens de < Force ouvridre > ont décidé la Scission de la C.G.T. Jouhaux était contre cette politique pour Vimmédiat, mais il ne Se sépare pas des siens. Nous traiterons de cetto question dans un article ultérieur: sur les perspectives du mouvement ouvrier en France aprés Téchee de la grove géné- rale, QUATRIEME INTERNATIONAL il laissa faire ou, pour employer lex pression de son dirigeamt syndieal le plus expérimenté, Benoit Frachon, il s'abstint de < maintenir le couvercle sur la marmite >, A Pendant environ trois mois, jusqu’s la premiere gréve des mineurs de T'été 1947, le parti stalinien conserva. cette politique expectative. Ses militants dans 1es usines avalent regu Vondre de s‘abs- tenir de prendre position pour ou contre ja gréve, mais de veiller — dans les cas oft celle-ci était décidée — a étre de toute facon A sa direction. C'est ai que Yon vit au mois de juillet se pro- duire Ja gréve des cheminots, une gréve qui fut totale pendant plus due se- maine, avee des comités de gréve locaus Glus, Sans direction centrale, sans que la, Fédération des "Cheminots ait, & ma inoment doriné, laneé Yordve de ‘gxéve, {f0t-ce aprés coup), une gréve qui cessa lorsque la Wédération eut signé un ac cord sur les salaires avec Ie ministre. Avec fa gréve des mineurs, un nou- veau tournant du parti stalinien, se fit jour. Il commence sonteniy et a en- courager les gréves, ses militants pren. nent en général l'initiative de leur dé Glenchement et en assument la direction, La seule exception importante est celle du métro de Paris, < L’Humanité » con- damna la gréve pendant 48 heures. Mais le développement de eette greve a mon- tré que cela était dQ an fait qu'elle avait t6 déclenchée par un syndicat au- tonome hostile 2 la direction stali- nienne du syndicat adhérent & la C.G.7. et que les staliniens ont cherché par toutes sories de maneuvres & reprendre Ja direction de Ia lutte, Quels objectifs les staliniens ont-ils dans ces mouvements qu’ils stimulent désormais ? Tantot il semble awils veu- lent retrouver des places dans le gou- vernement. Ne proposent-ils pas soit un « gouvernement démocratique > of 1s PCF. aura la place prépondérante, soit un gouvernement « jeune et vigoureux > sans autre precision ? Tanidt il semble quwils yeulent seulement (A titre de li- ne ultime de repli) obliger Je gouver- nement francais (quel qu'il soit) & etre phis prés de Moscou que de Washing- ton ou de Londres dans les négocia- tions qui se poursuivent. Bn tout cas, & aucun moment, les staliniens ne se po- sent en candidats résolus et décidés au pouvoir et & aucun moment ne yont-ils donner comme objectif primordial aux luttes ouvriéres le seul mot d’ordre qui awraic pu les galvaniser, celui du gou- rernement ouvrier et paysan, Les staliniens et les mots d’ordre revendicatifs Dans leur emploi de mots d’ordre re- vendicatifs, comme dans tous les autres aspecis de Teur politique, les staliniens ont fait le maximum pour freiner Jes luttes, A auciin moment ils n’ont abandonné leur politique de production. Bien au contraire, au cours des derniers débats parlementaires,, ils ont défendu le fond théorique de leur politique du < pro duire d’abord » de 1945 et 1946, une politique ouvertement et franchement de collaboration de classes, ls ont re. nouyelé leur défense de Ia politique de production dans Vappel du Comité na- tional de gréve qui donna Vordre de In reprise du travail. Quand Renault démarva en avril, sui vi par plusieurs usines métallurgiques, pour une augmentation horaire au sa Imire de base de 10 francs, & titre > premigre mesure pow établissement @un minimum vital, les sialiniens se prononcérent d’abord pour 3 franes, puis pour 10 francs & titre de prime de pro- duction, et affectérent d'ignorer a ce moment la question du minimum vital. Puis sous ia poussée des événements, its parlévent d'un relévement général des salaires, Finalement, le Comité Natio nal Confédéral de la 0.6.7. en novem. bre et les dirigeants staliniens au cours des gréves rustrent avec les deux mots Wordre prineipauxdu minimum vital ot de Véchelte modite en proposant un minimum vital manifestement insuffi. sant et en revendiquant une < révision trimestrielle des’ salaires > pour le eas ott le cofit de Ia vie continuerait a s'éle- ver, Ajoutons qu’au cours des gréves, ils se livrerent a toutes sortes de ca” brioles A ce sujet, insistant tantot sur whe augmentation de 25 9%, tantét sur une prime mensudlle de 2.000 francs, tantot sur une prime mensuelle de 1.500 francs... et abandonnérent, pratique. ment Ja vevendieation du minimum vi ‘tal savanti par l’échelle mobile. Ce nes pas par hasard’que les sta- linens se livrérent cette substitution. Une augmentation de 25 9%, une prime mensuelle, une révision trimestrielle, co ‘ont des revendications qui ne réglen mien, qui, méme accordées, laisseront tous Ies problémes non résolits et qui Poseront & nouveau un peu plus tard avec plus d'acuité les mémes questions 19 dane Q@uATRIEME Biles nfont rien qui puisse stimuler les onvriers A se lancer dans une sréve &¢ nérale, qui est une bataille quien ne yenouvelie pas tous les trois mols. Quant au mot ordre de coutrote ou- TN DER N AT LON A fo rier, il ne fu2 jamais soulevé par les (lirigeants staliniens, ear il ne fallatt bas powr eux approcher, par quelaue yoie que ce soit, de la question de la dualité du pouvoir. Le mot d’ordre de- gréve générale Une fut Jamais lancé et, dans ¢ Hu! manité » du 7 décémbre, Frachon, dans un article préparant la retraite, écrit + < Jamais, Ia CGP. n’a Taneé Vordre de grove générale. > Crest une justification qu'il voudry employer désormais contre les gens de « Force Ouvritre >. Mais c'est pré cisément un des plus forts arguments qne Vaile révolutionnaire pourra diri- ger contre la majorité stalinienne. Le Bureau confédéral, malgré son droit statutaire, s'est dérobé & ses vesponsa- Dilités, Pour pouvoir le faire, il fut constitué, trés buveaueratiquement, un Comité central national de Greve, com- posé de représentants de 20 tédérations. Ce Comité national de Gréve a publié des communiqués de victoire, a prodi- gué des encovtragements verbaus, a en gensé son leader Frachon, mais n'a ja- mais donné une directive bien précise, sanf Vordre de reprise du travail. Liorganisation et la direction dq la gréve sont trés symptomatiques de contradictions dans lesquelles se tron- vaient les stalitiiens. Lors de la premigre gréve Renault, tout. conmne au moment de la gréve dex postiers d’aotit 1946, les travailleurs éli- rent démocratiquement par atelier ow par bureau des Comités de gréve et powr Tusine ou la corporation un Comité cen, tral de Greve, CcS comiids élus se trow xrent en opposition avec la diréetior ayndicale (3), Le danger de ta forma- tion’ de dixections ouyriéres indépen- dantes — et, en fait, opposées & eux — ineita les staliniens ‘k reprendre & leur compte ly, eréation de comités de greve. Diautre part, extension du mouvement non seulement me se prétait pas facile. ment 2 Yemploi de méthodes bureau- retiques, mais nécessitait au contraire de faire appel A 'initiative ouvriere. On vit done Jes staliniens reprendre 4 leur compte [élection vraiment démo- cratique des comités de greve a ta base, y acceptant la participation de militants révolutionnaires, de trotskystes connus de tous, qui y défendivent ouvertement len programme ; mais on les vit en. méme temps substituer & I’élection dé moeratique de comités la nominatio: bureancratique de comités an fur et a mesure que Ion se dirigeait de la base vers le commet. C’étalt le moyen de con- server le controle sur Pensemble du mouvement, Jusqwaux tout derniers jours of la aréve générale dirigeants staliniens s’opposérent A la tenue d'assemblées générales des con tés de gréve par localités. Quand cer- faines usines parvinrent 2 obtentr loca lement ses décistons en faveur d'une telle mesure ,Vapparei] syndical en sa- bola lapplication. ait encore possible, les La combativité et les hésitations dans le camp ouvrier Ce mouvement permii de constater @extraordinaires manifestations de combativité onvriere. Ges manifesta: tions furent visibles dans des combat. avec les forces. armées de la bourgeo! sie, Ces manifestations furent moins éclatantes mais non moins profondes en endurance, en volonté résolue de te- ni & tout prix, avec Apeine de quoi manger, La métallurgie paristenne, & tne majorité écrasante, fut surprise de Yordre de renirée (qui fut donné ba- reaneratiqnement) alors qu'elle pouva tenir encore avec confiance, sans au- cun danger deffilochement, comme ¢’é- tait déi2 le eas dans d'autres corpora- tions, Les minéurs du Nord et du Pas 20 de-Calais ont continué la lutte, apzea avoir recu Vordte de rentrée, pare> quills ne youlaient pas travailler sous la surveillance de la police et de Yar mée — et le gouvernement’ dut eéde: immédiatement devant ces ouvriers qui, loin d’avoir été corrompus par le trai (8) Nous n'oublions pas la aistdronee en- tre le Comité central de grive des postiers dans le développement des événements, insfrument de réformistes et des Sclssionnistes qui constituerent Ia ¢ Fédé- ration syndiceliste des P.T.T. >, et la Co- mité central de gréve de chez Rennult dont Ts membres, malgré laventure imbéeile du = Syndicat démocratigue de chez Renault », resterent, dans leur grande majorité, ar sein de fa C.G-T. QuATRIEME tement spécial qui leur est accoraé, (meilleures rations, meilieures_payes), ont montré ume force remarguable dans la Tutte contre Pitat bourgeois, leur patron, Mais ce mouvement connut aussi do signes d’hésitation et, vers la fin, de lagsitude, Is sont das & 1a conjonetion des actions dos vieilles directions, mé- me lorsque cellesci se dressaient l'une contre Vauire, Les brisewrs de gréve de « Force Ox- wrigre » ont erié A la « gréve politi- que > qu'lls ont opposée aux groves éev nomiques parfaitement légitimes. Us ont 6t6 aidés par le gouvernement. Le ml nistre du Travail, le socfaliste Danic? Mayer explliqua dans une réunion da son parti que pour aider < Foree On- vrigre » contre les staliniens dans 95 syndicats, le gouvernement avait accor: Aé des avantages A ln F6d6ration di Employés, dirigée par le plus fiefié des fripons réformistes, Capoce), qui, apree ‘avoir brandi la menace de garda de participer au mouvemeni, et ue if gouvernement s'était avee Union Générale des’ Pédérations de Fonctionnaires non seulement sur Jes augmentations de iraitements mais sur le mouvement de gré dews jours qui servit de soupape de stireté, Mais les briseurs de gréve de-< Force ouvrigre » furent singulierement aidés par Jes staliniens. N’oublion’ pas que, pendant plus de deux ans, ccuxci avalent dénoneé ia sréve comme Y « arme des trusts », ils avaient tout fait pour assoupir la combativité ou vriére. Ce n’est pas en quelques semai- nes qu'ils pouvaient impunément ren: verser la vapeur. Bn outre, ils ont, au cours de ces gréves, agi d'une facon qui devait entyaver les Gans et encou- rager les hésitations, Le mouvement s'étendit sur pres de quatre semaines. L'usure et la lassi- tude s'introduisirent, en méme temps: que les difficultés matériclles grandis saient dans Its foyers ouvriers. Concen- tré sur quelques jours, ce mouvement efit’ été irrésistible, Le sentiment d’étre manmuvré par des intéréts différents: de leurs inté INTERNATIONAL #® réts propres pénétra chez bien des tra- vailleurs & la suite des manenyres sta- liniennes. Te cas le plus typique est celui des travailleurs du métro. En oe. tobre, ils firenit grave, espérant 1a gréve générale pour les alder vainore, et ils durent rentrer avee une augmen- tation de 1.800 franes par mois, vite engloutie. Moins de six semaines apres, on leur demande de sortir 2 nouveau., pour ume augmentation de 1.500 francs par mois. Tis se demandérent ce qui Gtait derrigre tout cela et ne répondi- rent pas 4 Vappel de grave. ‘Les sialiniens, par crainte des consé- quences dune gréve vraiment générale, cloisonnérent le mouvement. Chaque ou- vrier avait son horizon limité aux murs de son usine. Un exemple frappant de cetie tactique détensive se réfleta égale ment dans Vattitude dopposition des dépuiés staliniens aux lois scéléra- tes, Is flrent wne obstruction parlemen tare, systématique, mais il ne fut ja mais question de lier Jes luttes on cours & cette bataille parlementaire, ne fut. pas question d'une manifestation ou- vuiére coordonnée % obstruction des aéputés au yote de ces lois, Et pour cause : le mouvement eft 66 amené & attaguer Je gouvernement bourgeois, celuéci eat été balays, ‘Toutes ces conditions devaient entrat- ner des conséquences, plus particuliere- ment sur les cheminots ct les postiers, ott le mouvement finit par s'effranger dangeretsement. On dit que c'est la Fé dération des cheminots qui pesa de tout son poids pour faire prendre, d'une ma- nidre absolument bureaueratique, av Comité national de gréve une décision de reprise dn travail, sans consultation des grévistes, par um ordre transmis par la radio et par téléphone, quelques heures aprés avoir appelé A la résis- tance & outrance, Malgré tout cela, les ouvriers, en tate son de la foree de leur mouvement et de Ja faiblesse des forees intrinseques de la bourgeoiste, n'ont, maleré leur échee, nullement été écrasés. Clest Ie parti stalinien quia subi des coups trés rudes, ct c'est 1a une démonstration de plus qu'il n’est pas possible d'assi- mailer la classe ouvrire aux vieilles di- reetions qui la trahissent, Vers une nouvelle direction révolutionnaire Pour assurer le maximum de chances de succés 4 un mouvement réyolution- naire, i faut essentiellement d'une part une direction politique ferme, un parii véritablement révolutionnaire, et. d'au tre part une forme large d’organisation des masses qui permetie 4 cellesci de déployer toute leur combativité, toute leur énergie. Le mouvement qui vient de se produire en France ne bénéficia ni de Vune_ni de l’autre. Mais cela ne veut nullement dire qu’aucun pas n’ait t a QUATRIEM E été accompli dans ces domaines. Nous avons déjA mentionné Vexistence des comités de grave, élus démoeratique- ment & Ja base dans les usines et le fait qu’ils essayérent dans quelques cas non seulement de remplir, sur la base de Yusine, les fonctions de direction en ce qui concerne la sécurité et le ravi- taillement, mais aussi de se lier Jes uns “aux autres, indépendamment des bar- veres bureaucratiques dresses par les vieilles directions. Ges tentatives échouérent notamment par Ie fait que le nombre des militants révolutionnaires, animateurs des luttes et politiquement orlentés, était, bien que supérieur A tout ce qu’on avait déja vu, encore inférieur anx exigences de Ja situation. Le probleme de la divection réyolu- tionnaire — qui se trouve souligné dés le début et A la tin du Programme de transition comme le probléme-clef d2 notre époque — svest, une fois de plus. montré dans toute son ampleur. Mais jes éyénements ont également montré aux militants du P.CT, combien les données de ce probléme sont loin d’étre statiques et comment elles se transfor- ment rapidement et considérablement au cours de grands éyénements, Sur Je plan des vieillcs organisations otivrigres, c'est dans la social-démocra- te que se produlsirent les premldres ruptures. Au début de la gréve Renault, en mai, celle de la Jeuncsse socialiste dans son ensemble. Au point culminant de la grave de décembre, celle de « I’Ac- tion socialiste et révolutionnaire >, di- rigée par Dech:zelles, qui était seevé- taive adjoint du parti socialiste jusqu’a son réeent congrés de Lyon, Le déve- loppement politique des Jeunesses socta- Hastes les a amenées trés prés du pro- gramme de la IVs Internationale. De son cOté, < I'Action socialiste et révo. lutionnaire >, qui vient seulement de naftre, se prononce pour un regroupe: ment révolutionnaire, Une clarifieatioon politique y est inévitable ct nous avons tout lieu d’espérer ane les tendances qui, en son sein, ont des sympathies pour la IV* Internationale se fortifie- vont. “Les ruptures dans Ja socialdémocra- tie ont avant tout une signification po- litique; par suite de Vétai actuel du parti sdvialiste en France, de sa compo- sition sociale et de ses rapports avec la class? ouvridre, il west guére pos: sible d’escompter, de ce cbtéa, autre chose qu'un apport quantitatif, frés ap. préciable sans doute, & la force du parti vévolutionnaire. Un changement qualita. tif de celui-ci dans ses rapports avec 1a classe ouvriere ne peut étre attendu que du e0t6 du parti stalinien, car c'est lui qui non seulement foulssait de la con- 22 jance de la majorité des travailleurs, mais qui dispose auss! dans ses rangs du gros de V'avant-garde ouvriere révo- lutionnaire de ce pays. Il ne faut pas, en effet, oublier que le parti stalinien en France n’a pas conn, maleré les pertes subies au cours des années d’oc- cupation, une hécatombe de ses cadres moyens ¢t de ses cadres de base com: parable & celle qu'ont subie par exem- * ple les partis staliniens en Allemagne et en Italie, Le parti de Togliatti a des effectifs plus nombreux que celui de Thorez, Mais il n’a pas ce qui relie Je C.C. de Thorez A la classe ouvriere frangaise, des cadres moyens, et sur tout, a la base des cadres dans Tes us nes (weerétaires de cellule, secrétaires de section syndicale), aui ont acquis une grande autorité auprés de la mass» des travailleurs au cours de longues années de lutte, qui sont les dirigeamts des luttes ouvritres, qui — dans leur ensemble — ont conservé leur foi révo- lutionnaire"et dont la confiance envers Ia direction du parti stalinien était res téa inébranlable, én dépit de tous Jes tournants. Sans enx. le parti stalinien serait impuissant. Crest parmi eux que se irouvent i¢ éléments d'un véritabie parti révolutionnaire de masses. Leur autorité dans Tes usines (qui. fa salt bien souvent gecepter ou tolérer pendant longtemps leurs procédés bu- veaueratiques ou de violence contre les opposants _révolutionnaires) avait per- mis d= dominer le mouvement syndical et de comprimer le mécontentement ou- vrier dang les anné-s qui suivirent la « libération ». Ce ne furent pas ces élé- ments Gui jouérent le réle d’avant-garde, au cours des pr=miéres Inttes, celles qui précédérent la gréve Renault. Dis le début d= Vannée 1947, on vit se for- mer, dans quelques usines, des comités de lutie, C’étaiont des groupements de militants davant-garde — trotslys tes, anarchistes, sovialistes de gauche, ex-staliniens, des eyndiqués de la C.G.T., de la C.N.T, ou des non-syndiqués — qui, ne voyant pas le moyen de faire triompher dans organisation syndicale de la C.G-T. la nécessité de faire gréve pour arracher une augmentation de sa laire, un minimum vital, se rassemblé rent pour préparer le combat. e’ dire fixer les revendications principales. mener T'agitation en Jeur fayenr et or- ganiser Ip débrayage de Yusine et Télection de comités de gréve. C'est lo comité de lutte de Iusine Unie qui établit Ia revendication de Vaugmen- tation de 10 franes sur le salaire de base, comme acompte sur le minimum vital, revendication qui sera reprise yar Renault, et popmlarisée ainsi dans toute la classe owy: ca QUA TR fom Les comités de lutte se heurtérent aux cellules du parti stalinien et aux diree- tions des sections syndicales d’usine. Tis eurent le dessus en ce sens que les travailleurs entrérent en gréve, Mats on assista aussi & ce fait que les comi- tés de lutte ne jouérent plus de réle et disparurent dés que la gréve était engagée et, enfin, on put constater aue, ds que les luttes attinrent une vaste ampleur (apres la premire gréve des cheminots) il ne fut plus possible aux militants du P.C.L de créer des comités de lutte, soit 4 I'échelle de Y'usine, soit & Véchelle locale ou régionale, bien qwon leur ait fixé pour objectif 1a gréve générale. A quol cela étalt-il da ? Les comités de lutte avaient été en fait un front unique de militants d'une cer- taine avantgarde, front unique aux ob- Jectifs bien précis : raire débrayer pour les dix francs, Dés que cet objecti? fut atteint, dés que les ouvriers usérent @ nouveau de Varme de la gréve, ce front unique se rompit de luiméme ear de nouvelles taches se posaient, aux- quelles les comités de lutte ne répon- daient pas. La téche essentielle : le développement vers la gréve générale, nécessitait une agitation pour l'objectif du gouvernement ouvrier et paysan et le démarrage non par usines isolées, mais pay industrie ou par corporation. Tl est compréhensible que les nécessités politiques de Ia gréve générale (agita- tion pour un objectif gouvernemental) devaient éloigner les éléments anarchis- tes. I] est galement compréhensible qu'il ne suftisait plus d’une avant-garde restreinte (parfois limitée a cing ou dix travailleurs dans une usine em- ployant plusieurs milliers d’ouvriers), pour déclencher la grave générale. II fallait que cette avantgarde soit numé- riquement beaucoup plus nombreuse — mais elle n’existail pas en force suf: fisante hors de ces éléments de base du parti stalinien dont nous avons parlé plus haut. ‘Au cours du développement des grd- ves, nous avons assisté & deux phéno- ménes : la décomposition de la pre miére avant-garde numériquement fai~ ble et politiquement hétéroclite, et une tendance relativement récente a la for- mation encore bien lente d'une avant- garde. La décomposition de la pre- migre avantgarde s'est surtout mani- festée aprés les premieres sréves dans la formation d’organismes autonomes stintitulant syndicat. La C.N.T. prit un essor assez grand, elle prétendait avoir plus de 160,000 membres. L'ab- sence de perspectives politiques clai- res et d'un programme précis, d’une part, et Yabsence d'une compréhension juste des rapports entre une avant-garde INTERNATIONAL E et Ia classe, clestadire entre le parti réyolutionnaire et les syndicats, a’autre part, ont contribué & ce que, parmi les militants qui ne suivaient pas Je P.C.I. ou la tendance révolutionnaire dans la ©.G-1, < Front ouvrier », une grande partie s'est isolée de sa classe par suite d'une stalinophobie vulgaire, a perdu le-contact avec le gros de la classe, n’en a plus compris les réactions, a attribué la derniére phase importante du mou- ment — les gréves de novembre-décem- bre — a une machination stalinienn el sest opposée aux gréves, faisant ainsi, sous prétexte de ne pas servir la politique stalinienne, le jeu de ia bourgeoisie. Dans le parti stalinien, les cadres de base resterent au début toujours fide- Jes dans leur écrasante majorité & Ja direction, au C. C. et A ses < chefs bien- aimés >. La crise se traduisit tout qabord par des manifestations avec les pieds de la base du parti stalinien, les réunions étaient moins bien fréquen- tées, etc, Puls, on sut que cd et 12 des critiques se faisant jour dans les cel- lules d’usine, dans les commissions exécutives des sections syndicales. Certains ‘militants du P.C.F. repre naient, & Pintérieur de leur parti, mais 1 seulement, les critiques & usage de “leur direction que les _trotskystes adressaient & leur parti. On vit aussi se, produire des modifications de rap- ports entre militants du parti stalinien et militants trotskystes a la base : pas de manifestations spectaculaires, mais des signes qui ne trompent guére : la participation dans le travail syndical aceeptée sinon recherchée, des conver- sations privées plus nombreuses, plus attentives... Le discours de Thorez au C. C, tenu en octobre étonna un certain” nom: bre de militants de base par sa recon- naissance Werreurs commises depuis douze ans, dans le < Front populaire > et dans la < résistance ». ‘Thorez les voyant dans la forme de cette col bovation de classes, alors que ces mi tants les sentaient plus ou moins clai- rement dans la collaboration elle-méme. Ml serait erroné doublier que la po- litique du parti stalinien est avant tout dietée par le Kremlin, mais fl serait aussi erroné oublier qu’elle ne peut pas ne pas tenir compte de la masse A la téte de laquclle se trouve ce parti, Ce serait non seulement erroné, mais également dangereux car ce cerait se priver de toute possibi- lité de comprendre le mouvement et intervenir efficacement dans celui-ci, La gréve des transports paristens, en octobre, donna une secousse & tout le prolétariat de la capitale. L'Union des 28 QUATRIEM F ENT BOR NAT 1 ON Aye syndicats, pour gagner une semaine, fit procéder dans Tes usines & un vote sur la grave générale. Comme dans un ouyerture, on y entendit tous les airs qui devaient étre joués moins de semaines plus tard : les réformistes dénoncérent la gréve politique, des. ré- volutionnaires manifestévent par un. vote négatit leur défiance dans la di- rection stalinienne. Les votes pour la gréve furent acquis & ume grande ma- Jorité. Dans une réunion d’an Comité général des gyndicats parisiens, srou- Pant 3.000 & 4.000 représentants des en- treprises (essenticliemeni ces cadres de base staliniens), Hénaff, dirigeant des syndicats paristens, et ia bureaucratic de cos mémes syndicuts versérent le chaud et Ie frofd sans antre arrét qu’une interruption pour le repas du soir, & par. tif de 2 heures de Vaprés-midi jusqw’a 10 heures du soir, pour finir par don- ner leur décision de ne pas faire la gréve. En pleine réunion, la premiere faille apparut entre ces cadres de base et la direction de leur parti, couxei manifestant leur mécontentement, qui par des interfuptions, qui par un brus- que départ. Quand le mouvement démarra en no- vembre, puis & plusieurs reprises au cours de celui-cl, beaucoup dentre eux crurent que, cette foisci, c’était pour de don. Ils avaient conscience de se batire non pour une simple augmentation de salaires mais pour la conquéte dn pou voir. Les mots d'ordre du PCL. ren- eontrérent un écho trés grand, Dans de nombreuses usines il y eut, & la base, entre staliniens ei frotskystes une col- laboration étroit2 dans Yaction, en mé- me temps que dans les comiiéa de grave des diseussions se poursuivaient, des. vues étaient échangées trés fra ternellement. Ge ne fut pas évidemment le cas général, mais ce phénomene se produisit trés fréquemment. Il ne faut PAs Non plus oublier Ja situation pa ticuliére des militants du parti stali- nien. qui, pendant des années, avaient été hubitués & entrainer tout le monde derrigre eux, 4 pouvoir A leur guise isoler tel ou tel individu ‘ou courant et. qui, soudain, par suite de la poli que de leur patti, se voyaient attaqués — comme dirigeants de la gréyve — par - tont lemonde, sauf par ces trotskystes qu'ils avaient tant pourchassés dans le passé et qui étaient stuls avec eux a la direction de Ia Intte. Au cours de ces trois A quatre semaines de gréve, la discipline stalinienne fut rompue 2n plus dun comité de gréve. Les rapports des militants du P.G.P. avec les milt- tants du P.C.I. qui ont acquis leur place Ala téte’de milliers douvriers en lutte se sont profondément modifiés. La tr Et ~ ternits de combat a ouvert aux mill. tants du PC. te chemin des cadres de base du parti stalinien. Un pas considé- rable a été franchi sur Ja voie de la construction d'un parti réyolutionnaire Né aux masses et capable de diriger leurs-luttes (4), Nous remettons & un autre article un examen de la situation nouvellement créée, des perspectives quelle offre et des ifches qui se posent aux ttotskys- ~ tes en France. Nous nous borneyons ici faire le point en quelques bréves vemargues. Les problémes. gui ont été 4 Vorigine de ces luties, les revendi- cations essentielles restent posées, La hourgeoisie n’a pas la force d’éeraser Ta classe ouvrigre et ne semble pas pon- voir exploiter trés ‘considérablement Véchee subi par cvlleci. Le -désastre Goonomique tésultant de la gréve com- mence seulement a étre chilfré, d’autres conséquences (faillites, _ fermotures d'usines..) ne se feront sentir wan bout d'un c-vtain temps. La bourgeoisie va devoir, fixer une nouvelle politique économigue. Les besoing de Ia classe ouvrigre vont se manifester dans des conditions nouvelles, Personne ne peut se permettre de prophétisor, surtout quant aux rythmes. Mais de Vextréme droite & Yexiréme gauche, chacun s’at- tend t6t ou tard & de nouvelles batail- les. de classe, Le prolétariat de France vient de subir’ une grande épreuve avec deux directions, I'mme le trahis- sant ouvertemeni, et Vautre, celle en qui il avait une grande conflance, se montrant aux yeux de ses plus fidéles soutiens comme n'ayant pas. d'objectif et comme étant incapable de diriger uno grande lutte, Sur le plan des re- yendications matérielles, Véchee est patent et se fera sentir dans bien das foyors ouyricrs. Male cette grande ba taille a fortiNé chez des milliers et des dizaines: de milliers de combattants le sentiment de la force de leur classe et celui qu’il lut fallait une autre direc- tion pour triompher & Vavenir. Lex périence du prolétariat francais se tra- duit. déja dans une progression de la section francaise de la IV* Internatio- nale, Celleci pourra joner un réle consi- dérable dans tes prochaines batatlles des travailleurs de France. ‘Le 12 décembre 1947. (8) La politique stalinienne on France mériterait détre examinée aussi pour fclairer Jes discussions dens MInterna- lionale sur la question de VU. R. 8. S. ef du stalinisme. Les événements de France ne laissent spas grand’chose de- bout des théories qui font du stali- nisme une troisiéme force autonome, La réaction impérialisie en Amérique latine LE PLAN TRUMAN ~ Le plan Truman,, présenté au Con grés le 8 mai 1946, est remis & now- vean sur le tapi Bien qu'il soit alternativement mis en vedette ow en veilleuse par les jou naux, personne ne peut se tromper sur sa véritable portée ni sur sa_véritable figure, ‘qui est: celle de la colonisation yankee de Amérique latine. Le plan Trmman — nous Vavons dit d&s son apparition Yannée dernitre — est simplement une manifestation sup- plémentaire et Vaboutissement du pro- cesss Pabsorption de notre économie par les Blats Unis, Les points les plis importants sont connus de tous : coopération militaire et navale pour Ta réalisation d’une ar mée unique s’étendant de Alaska A la ¥égion antaretique ; un ayst’me unique @instruction et d’organisation ; mate riel de guerre standardisé et fourni par’ Tes tats-Unis ; construction de "bases militaires, Ge plan fut approuvé, avee laecord des délégués latino-américains an mois de féyrior 1947, par Ia Junta interamé- vicaine de défense, qui, entre autres choses, recommanda Ta constitution Wun organisme militaire, formé de dé- légations des divers états-majors pour développer une étroite collaboration mi- litaire en vue de Ia défense de 'hemi- sphére; des Schanges d’officiers des trols armes pour les familiariser res- peetivement avec les formations et les opérations des différentes armées ; Yadoption du principe de ta défense & longue portée ; des accords pour Yem- ploi de bases ‘militaires ; des mesures doe sécurité intérieure adoptées en ac cord avec les états-majors, ete, Ce plan vient a’étre mis définitive- “ment au point dans la réunion aui a ew lieu dernigrement 2 Rio de Janeiro. Isoler le plan Truman de Ja réalité économique de VAmériaue Tatine — comme le font les idéologues petits: bourgeois de Y< égalité juridique > —, ignorer la brutale prédominance yan Kee, ne peut que faire le jeu des prédi- cateurs hypocrites de Vimpérialisme devant les masses, LES ETATS-UNIS ET LES PROBLEMES ECONOMIQUES LATINO-AMERICAINS Le début d’industrialisation de plu- sieurs républiques _latino-américaines ent comme conséquence une modifica: tion de leurs relations avee Vimpéria- lisme, La guerre absorba les ressources: de Vindustrie des pays Impérialistes, et ‘obligea Amérique latina & fournir en grande partie par elleméme ses pro- pres marchés, Déja. de petites industries fabriquant des produits de consomma- ton immédiaic s’étaient développées depuis la fin de la précédente guerre. Ce éléré apres Ja crise de 1930 et surtout depuis le dé but de la guerre. Cette solution fut adoptée par les hourgeoisies nationales pour essay trouver de metlleures possibilités @ex ploitation des masses indigenes, Mais, aprés la fin de 1a guerre, lmpérialisme yankee revient & nouveau pour recon- quérir ses marehés et hériter des res- ies des impérialismes vaineus et de Vimpérialisme anglais < victor Les bourgeoisies nationales, qui avaient amélioré leur situation, ne se résignent pas A perdre leurs avantages, Ouvrh les marehés signifie perdre une situa- tion pprivilégiée dans le marehé inté- rieur, en face de la concurrence de ’in- dustrie yankee. Plusiewrs pays, latno-américains re ferment la porte de leur économie et se retranchent derrigre um nationalisme QUATRIEME IN préjudiciable aux intéréis des Etats: Unis. Ces contradictions ont déterminé les relations entre les Yankee et PAmé rique Jatine au cours des cing derni¢- ves années. Les intéréts des Wtats-Unis sont clairs. Us ne s'opposent pas & la petite industrialisation de Amérique latine : industrialisation pour les besoins im- médiats de consommation, industries légdres.. « si elles sadaptent aux con- ditions locales et tiennent compte, en- tre autres, des facteurs suivants : Jaci lites dovtention des matiéres premic- res, des capitauw nécessaires, nationaus ou étrangers, et dw personnel technique andispensable ; nécessité @élever te ni- veaw de vie des travailleurs du fait que ces industries puissent vivre sans ta nécessité d'une protection douaniére élevée qui nuirait aux intérets des con- sommateurs. Dans la création des in- dustries, les républiques américaines Dencheront pour Vinitiative privée, évi- tant dans toute 14 mesure du possible que les gouvernements fassent concur- rence aux industries privées, sauf quand cela serait indispensable pour Vintérét public. » (Conférence de Chapultepec, résolution sur te développement indus- triel,) Les Etats-Unis ont intéré: & créer une industrie complémentaire et non concurrente de leur grande indusirie. Ms constituent ainsi une clientéle sire Pour leur industrie lourde. C’est-A-dire que, dépendant de la fourniture des ma- chines yankee, il s® constitue une in- dustrie légére 14 of le marché et tes matiéres premiéres rendent Ia produe- tion meilleur marché, Mais Jes Wtats-Unis aspirent A domi- ner cette méme industrialisation Igove au moyen de leurs investissements, « Les républiques américaines stem. ploieront a donner de lurges facilites & la Tire circulation et aux anvestisse. ‘ments des capitaux, en accordant te méme traitement aur capitaue étran- gers et nationaur, sauf quand Vinves- lissement de ces derniers est contraire @ des principes fondamentaua Wintérét public. » (Proces-rerbal de Chapulte- nec.) Bn face du fait coneret de industria. lisation, les Etats-Unis entendent domi ner célle-ci. « Cette phase de Pindus- trialisation nationale est accaparée par les entreprises impérialistes étrangeres qui transférent dans nos pays leurs équipes, leurs techniciens, icurs affai- res et leur politique éconumique, et con- trélent ainsi cette étape du développe- ment économique national. » (Caste- Jano, revue Nuestra economia, >.) 26 TERNATIONAL E «< Lorientation présente du capital nord-américain est dengloutir Vindus- trie légére naissante au moyen winves- tissements associés aux capitaue indi- genes, ow de Vachat @actions a travers les < holdings > (R. Arismendi, « Para un prontuario del dolar ».) « La participation commune du capi- tal étranger et national est la pierre de touche de ta plupart des études de plans pour Vapres-guerre en Amérique la tine. » (Feuierlein y Haman. « Dolai in Amérique latine >.) 4 Les investissements de capitaur étrangers dans des entreprises privées des républiques américaines devront de préférence se réaliser de facon & assu- rer au capital national une juste ct aléquate participation, non seulement dans ta constitution des entreprises, mais aussi dans leur direction ; et comme regle générale ces investiss ments ne devratent pas déplacer 16s ea pilaue nationaus des industries, affai- res ow activités qui existent déja. » (Conférence de Chapultepee.) Des couches des bourgeoisies niatio: nales latino-américaines, qui ont vu leur. situation s'améliorer pendant 1a guerre, eaquissent dans quelques pays Mais leur faiblesse devant un ennemi qui, dans le meilleur des cas, domine 50 % de Vindustrie nationale ct le marché mondial, qui est le maitre des dollars, des devises et aussi de i'in- dustrle lourde qui conditionne Vindue- irie légére latino-amérieaine, souligne leur Impuissanee aller plus loin, D'un autre cOié, les masses latino-américaines engagent des Juttes pour Pamélioration de leurs conditions de vie, & travers les partis réformistes et | staliniens, comme au Chili, au Brésil, en Uruguay, ete; ou bien, en appuyani la petite bourgeoisie ou la bourgeoisie dans leurs —_yelléités * _anti-impérialistes, comme dans Ie cas du Parti Authenti- que de Grau San-Martin & Cuba, di PRM. au Mexique, de J'Action démo- cratique de R. Bentaneourt au Vene- zuela, du M.N.R. en Bolivie, du péro. nisme en Argentine, ete, Les bourgeoisies nationales, places entre I'impérialisme et les masses, soni ineapables de par leur faiblesse de dé. velopper une politique indépendante et conséquente. Wiles ne peuvent faire face a Vimpérialisme qu’en ’appuyant sur les masses. Mais cet appui implique, & son tour, le fait de se retrouyer avec leur faiblesse devant les masses popit QUATRIEME IN TERNATIONALE laires. Ht la bourgeoisie nationale sait que ei ses intéréts peuvent étre conc: és avec ceux de Vimpérialisme, ils ne peuvent jamais V’étre avee ceux des masses exploitées. Ces contradictions ont été exploitées par Vimpérialisme pour vainere les unes aprés les autres les diverses ré sistances qu'il a trouyées au sud des Rio Bravo. Tandis que les gouvernements Jatino-américains sentent échapper a leur controle les mouvemenis des masses qui les soutinnent et qui po- seni les termes d'une politique. révolu- tionnaire face & Vimpériatisme, celui. ci, & son tour, accentue sa pression économique, Tela été le cas de la Boil- vie, La méme chose s'est produite pout VAtgentine. La bourgeoisie yankee sa- yait son aide indispensable pour la réa- lisation du plan quinquennal, Bille a méme envoyé des représentants pour y collaborer : le lieutenant royal générat B. Lord, Pamiral Flammingan. Et ceus- ci ont déclaré récemment que le plan quinguennal ne pourra se réaliser que sur In base de 30 % et encore sur la base d'un grand apport de machines yankee, La bourgeoisie argentine, en face de cette situation, essaye de décharger sur Je dos du prolétariat le poids de si aventures économiques et financiéres. « Produire, produire, produire », tel est son mot dondre. Un journal officiewx parle déjA des dix heures, Mais le pro Iéariat qui a soutenu Peron, croyant défendre ses intéréis, nvaccepte pas qu’on-décharge sur son dos Ie poids de Yimpuissance de Ja bourgeoisie. Les choses se trouvant posées de cette fa- con, T’Argentine, a la Conférence de Rio-de-Janeiro, s'intégra dans la poli- tique de Vimpérialisme yankee. La “pourgeoisie argentine qui n'a pu obte- nir une position avantageuse par Yex- pleitation de son prolétariat, rentra dans le sillage < démocratique » dac- ceptation des < majorités > obéissantes. Le plan Truman, sous cet aspect, vient de consacrer Vunification de la puissance militaire des bourgeoisies sud-amérieaines sous la direction des Etats-Unis, De cette facon, la dépen- dance et la subordination deviendront totales. Par 1 méme aussi ¢ s'éloigne la possibilité quavec des buts défen- sifs soicnt jetées les bases d'une indus ie lourde, de vitale importance aans la voie d'une économie indépendante ». (Avismendi.) LES MATIERES PREMIERES Mais a la base du plan Truman se trouvent aussi d’autres intéréts fonda mentaux, étroitement liés aux préc dents. En particulier la protection des vingt et une matidres premiéres que les Blats-Unis ne posstdent pas dans lour territoire, et que le ministére de ja Guerre considére comme < straté- giques > — c'est-A-dire indispensables pour la guerre — et aussi la protection des autres matitres premiéres considé- réer. comme « critiques » — c'cst dire produites en quantité insuffisante aux Btats-Unis. Ces matigres premiéres sont entre autres : étain, le caou: choue, le manganése, de la Bolivie; le café du Brésil et de la Colombie ; Je suere de Cuba et de Saint-Domingue ; la laine de Argentine et de Uruguay; les nitrates du Chili; Yargent du Mexi- que; le pétrole du Mexique, du Vene- zuela et du Pérou; et beaucoup d’au- tres encore. LiAmérigue ‘latine ne doit done pas étve vulnérable, Wile doit étre fortifiée contre les dangers extérieurs et inté rieurs, « Les matitres premitres 82 ront, par Te moyen du plan Tr ganisées et mises 4 Ja disposi qtissants monopoles directeurs de la feree guerriére du continent, et cela en éliminant les obstacles génants des gréves ct des nationalisations éeonomi- ques > LA LUTTE ANTICOMMUNISTE La couverture « idéologique > de ce eynique expansionisme _ économique, politique et militaire est la lutte con: tre LU, R. 8, S, contre le stalinisme et contre le prolétariat, Tutte prépondé- yante actuellement sur la scene mon- diale, Les Btats-Unis — et concrétement le plan Truman — yeulent renforcer Ja position des bourgeoisies sud-américai- nes en face des masses exploité=s qui se présentent au premier plan de la lutte politique avec leurs intéréts propres ; en face du stalinisme qui dirige les couches les plus combatives du prolé tariat dans différents pays : Chili, Uru- 7 eens QUATRIEME guay, Brésil, et veulent aussi préparer Tes arriéres postes, consolider les posi- tions en vue de la prochaine grande Pataille contre VURSS. © Voll pourquoi lel gouvernement du Brésil, leader de Ja politique yankee au sud du Rio-DBravo, a essayé de liqui- der « légalement > le parti communiste et le mouvement ouvrier. Méme expli- cation pour Ia législation répressive amoreée par le pouvernement urw- guayen. Actuellement au Chili, Juan A. Rios méne le combat contre le deuxiéme grand parti stalinien d’Amé- INTERNATIONALE rique. Le P.LR. bolivien a 6t6 exclu du gouvernement, Rio-de-Janciro, non de tacon officielle, mais dans des réunions extra-officielles, a certainement ratifié eette politiqus. Bien qu’officlellement le point se rap- portant a 1’ < agression politique > ait 66 retiré de Vordre du jour, les décla- rations de Connaly, & Washington, * qu’ « Rio-de-Janeiro serait coordonnée Ja lutie continentale contre le commu- nisme >, de méme que les déclarations de plusieurs diplomates et gouverne- ments, ne laissent aucun doute & ce su- det. LA POLITIQUE DU STALINISME FACE A CETTE SITUATION Le stalinisme, dont le jeu est fone- tion de la bureauctatie stalinienne, est towlours proposé de défendre la bureaucratic comme -telle et non 125 conquétes révolutionnaires d’octobre. Pourtant ses intéréts’ sont opposés a ceux de V'impérialisme, mais ils le sont encoreshien davantaze & ceux de la ré& volution prolétarienne. A cause de cela, au lien dappeler Je prolétariat & la défense révolutionnatre de 'U.R.S.S. par les masses opprimées du monde entier, i utilise son prestize Darmi ‘elles — prestige qui découle du fait que les masses croient encore & YU.R.S.S, — pour marchander avec les différen:s courants de la bourgeoisle, Traditionnellement, Je stalinisme a utilisé Ia politique qui conciste a ex- ploiter' les contradictions de Vimpéria- lisme. Conerétsmont dans Jes pays semi coloniaux, en Amérique latine, il a pré- tendu exploiter les contradictions entre les bourgeoisies et les petites bourgeoi- sies nationales et I'impérialisme. Et 11 a donné une valeur absoliie & ces contradictions, prétendant que les bour- geoisies nationales prostituées des pays semi-coloniaux pouvaient jouer un role indépendant antiimpérialiste, leur assi- gnant en conséquence la tache de faire aboutir a révolution démoeratique bourgeoise. 28 Comme nous layons yu, la bourgeoi- sie nationale est incapable de conduire une lutte réelle contre l'impérialisme, et, actuellement, aprés de faibles ten- tatives, elle s'est alignée derrigre ce- luel dans sa Iutte contre le mouve- ment ouvrier, le stalinisme et V'U.R.S.S. Nier le role indépendant des masses exploitées dans les pays sud-américains, subordomner leur politique a celle des hourgeoisies nationales, cela équivaut, en derniére analyse et en tenant compte de la dépendance de celles-cl, & jouer Ia carte de Vimpérialisme dans la grande lutte mondiale entre Vimpérialisme et le prolétariat. Comme partout ailleurs dans le mon- do, les masses exploitées sud-améri- caines, sous la direction du prolétariat, sont les scules & pouvoir faire avancer les tAches progrissives, qui n’ont pas encore été réalisées, de la révolution démocratique bourgeoise, en liaison di- recte avee celles de la révolution socialiste, de 1a méme fagon que sont liées entre elles Yéconomie semi-téo- dale et économie bourgecise. . (Bztrait du journal Contra Ja Cor- riente, Seplembre.octobre 1947. Organe de ta Ligue Owvriére Révolutionnaire, section wruguayenne de la IV* Inter- nationale.) Les élections de cette année aux Etats-Unis soulignent le besoin d’un Labour Party (ST ES Slectiors de 1947 n'ont donné qu'une image partielle des ten- ~ dances politiques sur le plan na- tional, étant essenticliement consacrées a des problémes locaux et parce qu’el- les n’ont pas eu lieu dans tous les Etats ‘et que dans p-usieurs endroits le mou- vement ouvrier n'y a pas attaché une grande attention, Certaines conclusions peuvent étre néanmoins tirées: le tournant vers le Parti républicain, qui commenca Van- née demiére, semble avoir subi un échee momentané, il y a eu le début @un léger retour vers les démocrates de la part des classes moyennes, En méme temps, la politique de sou- tien des politiciens —_capitalistes < amis »; menée par les organisations CLO-P.A.C, ct AVP.L, a subi une nou- velle épreuve ct, & nbuveau, siest avé- rée éire un complet échee dans plu- sieurs communes importantes, Les ten- tatives dlaction politique indépendante furent rares et ont, été affaiblics de deux fagons: 1) par la politique géné- rale du P.A.C., quia confondu les ou- vriens dans les régions ot il y cut des candidats indépendants ; 2) par Pab- sence d’un parti travailliste sur le plan national qui pourrait imspirer des cam- Pagnes locales indépendantes, et leur donner confiance. Malgré cela, il y eut queiques surprises dang ce domaine. U n'y eut que deux importantes élec- tions dang des Etats: dans lo Kentu- chy, les démocrates chassérent les ré- publicains Ge ladmin‘stration de Etat. Dans le Mississipi, Ie siége au Sénat des Etats-Unis de Bilbo, fut conquis par John C. Stennis, le seul des quatre eandidats démocratiques qui ne souli- gna pas < la suprématie blanche > malgré qu’ll en soit également parti- san. ‘Les démocrates ont balayé les répu- Dlicains de Buffalo, Erie et Me Kees- port furent victorieux & Pitisburgh, Gary et Warren curent une victoire fa- cile & Cleveland, Paterson et dans les dowze plus grandes villes d’Irdiana et & Reading ont battu le maire socia- liste dans sa quatriéme campagne. Les vépublicains ont gardé le contréle de San Francisco, Akron et Philadsi phia, malgré le fait que dans cette der- nitre ville, leur pourcentage tomba de 60 @ 56. Tis ont conguis la mairie de Youngstown, ceci fut partiellement le résullat de la volonté des démocrates de Se concentrer sur le quatriéme sec- teur et d’empécher I’élection d'un can- didat ouvrier indépendant. A San Francisco, les organisations CLO, et AF.L. ont soutemi le députe Hayenner, un mercenaire du parti dé moeratique, avec une. réputation de liv béral. Mais, son adversaire républicain fut élu. A Detroit, les stalimens firent adop- ter & la derniére minute par le CLO. la proposition @appuyer le maire Jef- fries, politie'en papitaliste traditionnel- lement anti-ouvrier et anti-ndgre, et auquel le C.LO. sétait opposé piusieurs fois dans le passé. Jeffries fut vaineu, A New-York, le parti américain tras yailliste et le parti libéral, ont soutenu des candidats démocrates et républi- cains, partout od ils Yont pu, ne pré sentant des candidats indépendants que 14 of les partis cap'talistes refustrent leur accord. La politique de coalition sest soldée par Péchee du systéme de représentation proportionnelle dans Ué-ection du Conseil municipal, ce qui tentera a’éliminer les partis minorital- teg de cet organisme, ‘Malgré le sabotage des dirigeants syndicaux qui continuérent & appuyer deg politiciens capitalistes méme apres Vadoption du décret Taft-Hartley et gui ont déja déc-aré vouloir agir de mémo l'année prochaine, quelques cam- pagnes électorales de Vannée 1947 ont. tmontré des progrés dans Iaction pol tique indépendante du mouvement ou- vrier, Tl est significatiz quo 18 oft les orga~ nisations ALP. et LP, ont eu leur propre candidat & New-York City is obtinrent un plus haut poureentage que jamais auparavant. En commum, ils ont obienu dans cette ville 25% de la totalité des euffrages, c’est“a-dire pus que Yanné: derniére, A Dayton, O,, les deux candidate dé- signés par le P.A.C. au Conseil muni cipal, quoique ayant été battus la se- maine derniére aprés de bons résultats au premier tour, avaient obtenu pres- que 80% deg suffrages, La grande surprise eut lieu lors de Vélection des Juges, & Chicago, ot les démocrates firent liste commune. Tei, le < Independent Progressif Party > (parti progressif indépendant), une nouvelle organisation. avec une petite * base et sans beaucoup de publicité, ob- tint 110.000 votes directs ou 16% des suffrages exprimés; il connut des vio~ toires décisives dans plusieurs quar- tiers et son principal candidat manqua Yélection de peu. . atrait du < Militant », du 17 no- ‘vembre 1947.) 29 James P. CANNON LA NOUVELLE SITUATION DANS LES SYNDICATS AUX ETATS -UNIS Nous publions le discours prononcé par le secrétatre général du Socialist Workers Party devant une assemblée des membres du parti @ New-York, le 30 novembre dernie tuation aun Btats-Unis et de: de Ta Je mouvement syndical. syndicale révéla aux Btats-Unis son role comme agence du gouverne- ment bourgeois dans’ le mouvement ouvrier. Sa tAche consista & discipliner Jes ouvriers et & les maintenir dans la camisole de force de la « paix S0- clale > et du Dlocage des salaires. 1! faut reconnaitre que la bureaucratic accomplit cette tache avec la plus grande efficacité dans tous les secteurs. Les stalinions, qui sont une partie de ia bureaucra‘ie syndicale, accomplirent méme davantage que cette sale beso- gne. ‘En échange de ses services en tant que police disciplinaire du mouvement ouvrien, Tappareil d’Etat protégea et aida méme jusqu’a un certain point, la Dureaweratie, en maintenant et en éten- dant 1a force numérique des syndicats au moyen des accords dits d’ ¢ union shop » @). et daw'res formules du méme genre. Une partie des capitallstes monopoleurs voulait écraser les syndi- cats, ou essayer de le faire, méme pen- dant la guerre. Mais ils furent foroés de se retenir ot d’attendre leur heure en raison des intéréts dominants de leur classe comme telle, intéréts qui ex pac la guerre, la bureaucratic Ce discours donne un aperou luttes qui sy produisent dans geaient une production ininterrompue pour la guerre, La foree numérique des Syndicats augmenta et doubla presque durant la guerre et 1a période qui sui- vit immédiatement larmistice — elle séleva 4 environ 9 millions d’inserits en 1940, 8 quelque 15 millions de syn- diqués & Vheure actuetle. ‘Tout le mécontentement et toutes les plaintes non satisfaites des ouvriers Comprimés durant la guerre par la bu- reaueratie, au moyen de Vengagement Ge ne pas cesser le travail, éclata en tine vague puissante de mouvements grévistes en 1945 et 1946. “Le secteur dominant des capitalistes monopoleurs sembla saluer ees gréves comme une épreuve de force. Il joua avec V'idée de se trouver en présence de syndicats gonfiés foreément par la guerre et de los écraser dans une lutte directe. Les profi'eurs comptérent sur un courant réactionnaire d'aprés guerre dans le pays et firent de leur mieux pour te déclencher. Tis comptérent_uti- fiser contre les grévistes les soldats re- tournant du front, comme ils Vavaient deja fait avec un succés considerable Gurant la période qui suivit immédia- tement la premiére guerre mondiale. Les syndicats ont tenu Ces calculs des monopoleurs slavé- réront. prématurés. Les syndicats, y compris le grand syndicat de Vacier qui Wavait en réalité jamais été éprouvé auparavant, tinrent bon durant les gré- ves ; et la'masse des anciens combat- tants, ainsi que des éléments des classes moyennes dans les centres ur- bains sympathiserent avec les gré- vistes, “Dune facon générale, les travailleurs et les syndicats sortirent victorieux de ce premier conflit d’aprés guerre. Les syndicats conservérent leur force | in- tacte ; leurs rangs se soudérent & tra~ vers la lutte ; coriains avantages en Salaires furent méme gagnés, n’ayant cependan’ qu'une valeur passagére. ‘Ala suite de cet Sohec initial de leurs caleuls; les monopoleurs changérent de @ Accords suivant lesquels une usine Stengage A n'embaucher que des ouyriers: syndiqués (notre du traducteur), 30 tactique et commencdrent & organiser ot & orehestrer une véritable campagne réactionnaire dans le pays. Quand la vague gréviste recula, Ia presse ot la radio furent mobilisées pour empoison- ner Je peuple par une propagande anti- ouvriére. Le gouvernement fut forcé @abandonner sa pseudo-neutralité et @apparaitre ouvertement comme bri- seur de gréve. ‘En faisant briser la gréye des che- minots par le président Truman au printemps 1946, et en déclenchant une Action juridique contre les mineurs en utomne, les capitalistes indiquérent quils élaient préts pour une nouvelle Grande offensive, Ces actions furent destinges & restreindre dans une cer- taine mesure Pesprit combatif des tra vallleurs. Ceux-ci se virent foreés de reculer, de prendre une attitude plus prudente, d’attendre ce qui pourrait se produire avant d’entreprendre une nou- Yelle action de leur propre initiative. @OUATRIEME IN fH RNA TIONAL E En méme temps, ces coups effraye- rent totalement les Dureaudrates synd caus et les intimidérent méme plus par rapport aut patrons et ak gowverne- ment, tout en accentuant leur résis- tance contre toutes les tendances réel- Tement combattives et progressives dans le mouvement syndical, Le début de la campagne. Mais briser les gréves des cheminots et des mineurs par action gouverne- mentale n’était que le début de ce qui était destiné a devenir une longue cam- pagne de la part des capitalistes dom! nant ce pays pour terroriser le mou- vement ouvrier, Cette campagne avait pour but de mater les syndicats et de les placer plus fermement que jamais sous la discipline de la bureaucratic toujours plus servile et plus conserva- tlee ; de diminuer le niveau de vie des travailleurs et de préparer Topi- nion publique & une nouvelle guerre, cette fols-c)\contre J'Union soviétique. Ayant gofité du sang durant les deux premiéres collisions de la seconde étape du développement daprés guerre — la grave des cheminots et la gréve des mineurs — les monopoleurs déclenché- rent une campagne de réac‘ion illimi- tée, qui n’est essenticllement autre chose que la préparation simultango de la_guerre ei d’un mouvement fascisie aux Btats-Unis, , Loffensive antiouvriére, destinée a mater les syndicats et a diminuer Te ni- veau de vie des travailleurs ; la pre- Paration de la guerre ; Ia campagne anticommuniste, et la mobilisation pré- fasciste — tous ces’ phénoménes n'ont. pas seulement des tapports récipro- ques ; ils sont, en réalité, coordonnés comme des phases et des aspects aifré rents d'une méme et seule campagne, Voila co qui est graphiquement illustré par la suite des événements, Za liquidation de ta gréve des che- minots fut suivie par la capitula‘ion du gouvernement devant Ia « gréve sur Te tas » du trust de la viande et Vabo- lition de tout contrdle sur les prix. En- suite vint Y'action juridique contre la gréve des mineurs. Puis, le bruit con- fre Union soviétique prépara opinion publique 4 une formula’ion de la doc- trine Truman, qui n’était ni plus ni moins que l'annonce du programme im périaliste américain pour dominer 16 monde au moyen de la pression écono- mique et d2 Ia force militaire. La doc- trine Truman fut suivie a breve échéance par la loi Taft-Hartley. Apres cela, tous les freins furent dé- bloqués dans 1a campagne anticommu- niste, Et cette campagne anticommu- niste, se dirigeant en apparence seule- ment contre le parti communiste, est en réalité la formule générale et fon- damentale qui relie tous les aspects de la campagne réactionnaire de prepara~ tion & la guerre et au fascisme en un tout cohérent, Sewls ceux qui compren- nent clairement ce fait essentiel, et prennent wne position sans équivoque face i la campagne anticommuniste sont capables de rendre Wutiles services a Ta classe ouvriére américaine dans Ta condition actuelle. Les Cents Noirs de la réaction, unis sous le mot dordre général de Vanti- communisme, s'introdulsent aujourd'hui agressivement dans chaque sphére de la vie américaine, Nous pouvons suivre ce'te offensive dans la presse, la ra- dio, le cinéma, lenseignement, les mi- Heux littéraires, culturels et’ scienti- flques. Ce'te offensive devrait étre analysée dans chacune de ces sphéres. Mais cela prendrait plus de temps et couvrirait un champ plus large que ne le permet cette occasion, Nous devons nous limi- ter ici & une analyse de la pénétration iactionnaire dans la sphere la plus importante ot la plus décisive de toutes le_mouvement syndical américain. La réaction doit @tre comba'tue sur tous les fronts, mais d’abord et avant tout sur Je front le plus important qui doit éire dressé contre elle. Ce front, Cest celui de Ia classe ouvriére améri- caine. C’est de ce point de vue que nous devons examiner et analyser les nou- veaux développemen’s dans le mouye- ment, syndical, spécialement, tels qu'ils ont été refiistés dans les récents con- grés des principaux syndicats. Le dérowlement de ces congrés: peut nous donner des indications intéressan- tes et utiles si nous les examinons ob- Jectivemen: de plus prés, sans nous laisser avengler par des préjugés ou des phobies ; si nous les analysons dans Je seul but a’établir quel nouvel élé- ment aide ou freine la In‘te de classes des travailleurs contre la bourgeoisie. A Le critére de classe. Crest te critere, le eritere de la tutte do classe, grace auquel nous jugeons. tout Ces congres ont réyélé, en général, netioment la ligne principale des now veaux développements dans le mouve- ment syndical depuis que reflua la pre~ miére vague de radicalisa‘ion ouvriére daprés guerre, représentée par le mou~ vomont gréviste de 1948, et depuls que ge déclencha la contreoffensive des grands capitalistes et de leurs agents politiques ‘Ces congrés montrent que la réac- tion anticommuniste a pénétré dang le mouvement syndical A travers la bu- reaucratie, aussi bien celle du O10. que celle de TAF.L, Svadaptant & Ia formidable pression des forces réaction- naires antiouvrires combinées d'une part, et profitant de la passivité des travailleurs d'autre part, la bureauera- at QUATRIEME INTHRNATIONALE tie du CLO, a fait un violent tournant vers la droite. Liélément principal de cette politique droitiére et bureaucratique du C. T. 0, c'est sa tendunce a lier plus intime- ment les syndicats aw gouvernement capitaliste et a les subordonner a celui ci. Et comme B suit A, il sensuit sa poussée pour éirangler Ia démocratie Ansérioure, quia été a ta fois Ia fierté et la force des meilleurs syndicats du C10. Son but est détablir une domi- nation bureauoratique monotithique sur Tes syndioats, afin @enlever ance mili- tants de base ius moyens normauz de Sopposer a ce programme réaction- naire de trahiso ouverte de classe On pourrait doaner d’amples détails pour prouver et iMlustrer cette tendance, Mais quelques fais saisissants nous procurent une démonstration graphique de cette orientation, Observez cecil : le général Marshall, Je représentant et le. symbole du mili tarisme impérisliste, fut Invité a par- Jer davan* le congrés du CLO. et y re- gut une réception. chaleureuse, A la suite de cet'e soumission an gé. néra] Marshall, le eongrés du C. I. 0. ¢ laissa la porte ouverte », comme il Je dit, & Yaccoptation de 12 loi Taft- Hartléy par les eyndicats aifliés, Et quelques semaines plus tard, Reu- ther, qui avait é$ un des di de Ta claque du général Marshall au eongrés de Boston du CIO, conduisit majorité du congrés des ouvriers de Vinduztrie de Yau omobile (U. A. W.) Par cette porte de capitulation hon- teuse : aussi, il est triste de le dire, Par acclamation, comprenant également Jes acclamations «de ces quelques ma- Uns qui nous assuvent solennellementi que la décision du congrés de !U.A.W. est « progressive », 31 vous plait, et dans la tradi'ion de YU-A.W. ». La démocratié de VU.A.W., qui. dans Te passé, avait été assurée dans une grande mesure grace a Péquilibre entre ‘Les choses commencérent & changer: dans PUA W. apres le congrés de 1946. La fraction Thomas-Addes, qui compre- nait les staliniens, s’arréta ot n’entre- prit rien du tou: ; mais du moment ot il prit en charge la présidence du syn- dicat, Reuther commenca & évoluer vers la droite de facon de plus en plus agressive Ce dirigeant gréviste s’épanouit en tun « homme @Htat travailtiste », sou- cieua de toutes sortes de « plans» hy- permalins, de conférences entre om ployeurs et employes, de conseils indus- iniels et autres succédanés de Paction de classe résolue, qui est In seule chose » dont les owvriers peuvent réellement tt- Ter profit. En méme temps, Reuther se placa 0 la téte de la campagne réac- tionnaire contre « le danger rouge >, transmettant Vessentiel de la « True ‘man-Marshall doctrine » directement @ Pintérieur de PU.A.W. et du 0.1.0. les fractions dirigeantes — ce qui don- nait aux militants dy base le moyen Wintervenir comme force indépen- dante — reeut un coup tres lourd a Atlantic City par Pexigence qui triom- pha, de donner tout le pouvoir dang le Syndicat @ une fraction, et a Ia frac~ ton qui est en faveur de « s'incliner » devant ta loi Taft-Hortiey. Au congrés de 1946 de YU-A.W., Mur- rey, ce bureauera'e juzqu’a la moelle des os, dut se contenter de quelques ré- férences, sous la forme de plaisanteries, aux < flactions » qui ont été un fait dominant dans la vie de I'U.A.W. depuis Sa naiscance. Tl y a quelques semaines, au_congrés de 1947, ce méme Murray, encouragé par le tommant conserva- teur, a demandé < qu’on en finisse avec toute ue et toute puissance de fraction dans YU.AW. > Le tournant & droite ot Yattaque con- tre la démocra'ie syndicale vont la in dans Ja main. Nulle part cet'e vé- rilé n'a été phis clairement démontrée que dans le syndicat de Pautomobile. Tous avons été plus jents que cer- tains autres a, avoir une vue claire de Yorlentation réelle des aéveloppements dans la Iuite fractionnolle & I'm érieur de 1U.A.W. Pendant des années, il n'y avai‘. pas de différence de nature pro- grammatique entre les deux fractions dominantes A la direction de PU.AW. Les ouvriers trotskystes dans Vindus- trie de Tautomobile et les militants de base qui fravaillaient avec eux, ne yovatent aucune raison pour prendre position de facon décidée de I'un ou de Yautre cOté de ce te lutte de cliques. Au congrés de 1946, tls ont soutenu 1a candidature de Reuther & la prés dence, surtont parce qu’A ce moment 14 il symbolisait la grave des ouvriers de General Motors. Mais, au méme mo- ment, ils ont soutenn la candida'ure de ‘Thomas comme président adjoint, parce quills sontaient déia le danger d'une domination bureaucra‘ique du syndicat par une seule fraction. « Vhomme d’Etat travailliste » La. presse capifaliste, qui avait vio- lemment pris & partie Reuther comme dirigeant de la gréve chez General Mo- tors, se rendit comp'e de ce qui se pas- sait, et changea son langage. Begler qui est contre les dirigeants ouvriers, méme les plus conservateurs, admit, dans un article récen’, que Reuther re~ goit actuellement une « réception cha- Jeureuse dans la presse >, « Réception chaleureuse » est bien le terme correct, Rew her profita d’une campagne de presse de vastes proportions et d'une uniformité remarquable. La presse Hearst, Time, Life, For- tune, Newsweek, le New ‘York’ Daily News, les quotidiens de Detroit, le To- ledo Binde, ‘ous abandonnérent toute neutralité dans la lutte fractionnelle dans T'U.A.W. et commencérent & en- censer Rew'her. Le New York Daily News, ce quoti- dien « progressif » bien conu, portait QUATRIEME Ja mamchette suivante @ son éditorial eonsaeré A la lutte pour Vélection de délegués au congrés : ¢ Here's luck, Mr. Reuther » (Bonne chance, Mr. Rew er). Bt le Toledo Blade précisait expli- citement sa position pour que les ou- vriers de Yautomobile A Toledo me se frompent d’aucune fagon : < vomme Tes syndicats locaun a Toledo vont élire Tes délégués qui iront te mois prochain au congrés pour décider quel genre de Syndicat sera 1U.A.W., nous espérons qwils sulvront ta direction de Richard Gosser et quils enverront une forte dé- Tegation qui marchera droit derrtére Walter P. Routher. » Notre décision de nous opposer au bloc de Reuther et de PA. C. T. U, 2) siest avérée correcte du moment oii la victoire de Reuther dans I’élection des déiégués devenait éyidente, Le premier La pol , eet apdire du conservatisme a Vintérleur du CLO, qui prend son Orientation direc‘ement au Départe- qhent d’Eiat, fut new-re dans ja lutte engagée au congrés de 1946 entre Tho- mas et Reuther pour la présidence de TUAW, bien qu'il penchat légerement en favelr de Thomas. Mais, au congrés de 1947, il soutint ouvertement la can- didature de-Reuther. témoignant ainsi de la solidarité de Valle la plus conser- vatrice de la bureaucratic du C. I .O. avec la tendance bureaucratique la plus conservatrice de PU.A.W. ‘Le tournant @ droite de ta bureaucras tie dominant lo O..0. est réel, profond. et incontestable. Les indices ne pewvent pas étre interprétés d'une autre facon. Mais it serait absurde de conclure que cela constitue wn reflet précis du senti- ment qui prévaut @ ta Base du syndicat. Hn réalite, un processus compliqué $y produit. Tl n'y a pas de doute que certains ou vrlers ont été attoints et influencés Plus nombreux sont ceux qui ont 66 intimidés par la fureur de 1a campagne anticommiuniste qui les bombarde de tous cdtes, de la presse, de la chaire et de la radio, et gui a é'é in'roduite di- rectement dans les cyndicats par la bu- reauctatie dominanie. Mais le rézultat Je plus important de la substitution d'une campagne anticommuniste au programme d'agressivité et d'esprit mi Titant ouvrier, exigé par In si'uation, fut d'encourager et de rendre actifs les élé. ments les plus arricrés des eyndicats jes hommes du patronat, ceux qui re- cherchent des privileges individuels, les froussards qui ont 66 foreés de se syn- diquer, les éléments conservateurs qui preféraient se tenir cols et rester pas Sifs dans les questions syndicales quand Yaction. de classe était & Yordre. du jour et quand la consigne était de se montrer militant. : (@) L'Assoclation syndicale catholique (note du traducteur). INTERNATIONALE résultat_de cette vietoire « progres: sive » fut le téiégramme envoyé par Reuther a Washingion annongant sa décision de se « conformer » & la lol ‘Taft-Hartley. Ceite action perfide, qui fut saluée dans une nouvelle de premiére page du New York Times, en tan: que < capi- tulation » devant la loi Taft-Hartley, rompit les rangs des syndicats du Cl. ©, e: fut le debut dune foule de ca- pitulations pareilies. R, J. Thomas, Wautre pant, répudia " sur-le-champ Yopinion de Reuther ; et les deux au- tres dirigeants, Addes et Leonard, res- ferent avec Iui dans une bataille dans Ja demaiere :ranchée au congres, autour de cette question cruciale ‘Routher a remporté ta victoire, porté par une vague de fond soutentic par fine influence, non seulement étrangere a 'ru.A.W., mais étrangere a Ia classe owvriere, ? que du Département d’Etat. Cette < troisi8me fraction », qui est présente dans tous les syndicats de hase — parfois active et parfois soule- ment & Y’éta. latent — cette troisiéme fraction qui. peut étre appelée plus cor- rectement la fraction du patronat, a répondu avec enthousiasme & la campa- gne anticommuniste. Bile a joué un Fole beaucoup plus grand qv’aupara- vant ct on determinant les résultats des Glections de I'U.A.W., elle en était sans aucun dow'e le facteur décisif. ‘Mais, de facon généraie, nous wavons aucune raison de supposer que Ia masse des militants qui a construit te magnifique mouvement du C10. dans la iutie contre les oapitalistes et contre le gouvernement, ait changé fondamen- talement attitude. Cela est indiqué par les congrés des ouvriers du caout- Chouo, des ouvriers de Pélectricité et des ouoriers maritimes. Partout oi tes ou- wriers recurent un soutien ot une ex- pression adéquate de la part de Ia dt- Tection. ils se prononberen* clairement contre soute acceptation de la Toi Taft- Hartley ou toute soumission a celle-ci, cette question étant Ia pierre de tow che de la politique owvriére en ce mo- ment. Cleat indiqué également par le succés qué recut Joha L. Lewis & trayers tout Je mouvemen- ouvrier pour son rejet couragsux de la loi Taft-Hartley au dernier congrés de VAFL. C'est dé- montré également par 1a position prise par le syndicat des typographes, qui, aujourd'hui, défie la loi Taft-Hartley par con action gréviste contre le bloc Ge la presse capitaliste & Chicago. Méme dans 1'U.A.W., ot toutes les res- sourees de la presse capitalis'e, de la yadio et de la hiérarchie ca holique — ‘opérant a travers Association syndi- eale catholique — étaient mob/li-é6es pour alder les capitulards reuthériens, un bon tiers du syndical et des dé! gués au congrés se dressérent contre cette soumission. ‘Une grande partie de la direction du B QUATRIEME IN On BONA fT ON ACL w GLO. a sans aucun doute déorit de Ia fagon la plus consciente un vaste ot profond tournant & droite. Bt sa puis- sance dans les syndicats est énorme- ment renforeée par le soutien qu'elle re- goit et qu'elle continue a recevoir de la pant du gouvemement et de toutes les ressources de la coercition et de la pro- pagande de la classe dominante, dans chaque conflit qu’elle aura avec les mi- jitants de base, Mais les militants de base n'ont pas L’ennemi principal des travailleurs. encore dit leur dernier mot. La déci sion sera déterminée par le développe- ment ultérieur des événements. En der- niére analyse, cellerei dépendra dans la plus grande mesure de la capacité des révolutionnaires dans les syndicats — les hommes de Yavenir — a analyser correctement Ja situation et & appli- quer une politique juste. Voila ce qui caractérise avant tout la situation actuelle dans le mouve- ment syzdical amérieain. L’ennemi principal des travailleurs + syndical d’aujourd’hui est 1a poussée américains se trouve dans leur propre Pays, et le nom de cet ennemi, cest la Classe capitaliste ot le gouvernement ca- pitalisic. La seule politique qui peut servir les intéréts fondamentaux des travaillours est celle qui fait progresser la lutte de classe du prolétariat contre la bourgeoisie, Voila_notre critére dans toutes les circonstances — en temps de paiv et on temps de guerre ; que tes owvriers goient dans Poffensive, comme ce fut le cas pendant Ia vague gréviste @aprés guerre, ow qwids soient sur ta défensive Ou recilent partteNement devant Patia- que réactionnaire, comme c'est le cus aujourd'hui. La lwtte de classe déter- mine notre ligne de condutte dans tou- tes Tes questions concernant la vie du syndicat. Dans la gréve, dans les cam- pagnes politiques, dans la tutte conire des lois antiouvrieres du genre Taft Hartley, et dans tes elections syndica les, notre tactique, toujours et partout, est subordonnée a cette Ngne générale ef ser! a Vappliquer. Le fond du probléme du mouvement Une lutte La vague grévisie de Ia période @aprés guerre fui au fond un effort héroique, bien que seulement en partie conscient, de la part des militanis de base pour briser Ia camisole de force gouvernementale et reconquérir leur indépendance. La bureaucratie n'ins- plra pas et ne dirigea pas ces luttes. Hille les toléra, parce qu’elle ne pouvait rien faire d’autre. Liindépendance des syndicats, par rapport au gouvernement, a alteint son point culminant durant la vague gré- viste. La mainmise de la bureaucratic fut affaiblie et la démocratie A la base sépanouit. Tl en est toujours ainsi quand les masses se metteni en mouve- ment. Maintenant le pendule se-dirige dang la direction opposée. L’ < intervention étrangére >» du gouvernement s'intro- duit 4 nouveau de facon agressive dans les syndicats et la tendance a ré- tablir et A renforcer la mainmise bu- reaucratique sur les syndicats s'est considérablement accentuce. Mais, comme auparavant, la tache des révohetionnaires dans lés syndicats “4 constante pour attacher les syndicat. au char de l'Htat bourgeois et pour lew: enlever leur indépendance, C'est une tendance inévitable sous le capitalisme monopoleur, Nous avons mené 1a lutte contre cette fendance de toutes nos forces, méme durant la guerre. Nous avons centre alors notre campagne autour de la question sur laquelle se concentrait tout Te probléme qui se posait & ce moment == Vengagement que la bureaucratic avait pris envers le gouvernement de ne pas déclencher des gvéves, on échange d'un plat de lentilles qui était désigne par dérision: < Végalité des sacri tices ». La lulte que nous avons menée en- semble avee les meilleurs militants syn- dicaux contre la « paix sociale > durant la guerre ne remporta pas de succés, mais elle s'en approcha an congrés de VU.AW, de 1944. La grande lutte menée -lisbas par les militants combaitifs de base était indubitablement le facteur principal de préparation du terrain a Ja vague gréviste qui suivit immédiate- ment la fin des hostiliiés militaires. héroique reste aujourd'hui ta méine: 1° latter pour libérer les syndicats, pour établir leur indépendance, par rapport au con- trdle gouvernementat, et 2" butter. pour la démocratie syndicate, condition né- cessaire pour un libre jeu des idées et pour une libre intervention des miti- tants de base dans la détermination de leurs propres affaires, Ei, tout comme cette lutte se concen- tra, ‘durant la guerre, dans un combat contre lengagement de « paix sociale > pris par la bureaucratic, elie se eoncen- tra, aux élections et congrés syndicaux vécents, dans un combat contre « Tac: ceptation » de la loi Taft-Hartley, et contre toutes les parties de la bureat- cratie, qui proposent en encouragent cette « acceptation » capitularde, Au cours des élections et des congrés syndicaux, nous nous en sommes tenus avec acharnement A cette formule de Ia lutte de classe, et nous avons rejeté avec mépris toutes les abstractions vi des de sens, comme « forces progtessi- ves contre ‘forces réactionnaires » eb général. Cur il neiste pas cette chose qui Sappette un « progressiste » qui QUATRIEM E INTERNATIONALE Sincline devant ia loi Taft-Hartley, et il wewiste pas cette chose qui s‘appelle un « démocrate » qui désire « éliminer Tes fractions >» dans les syndicats, a Pewcoption, bien entendu, de sa propre fraction, Pappareil bureaucratique. Noire critére, c'est Ia lutte ae classe, et nous n’acceptons pas de suceédané. C'est sculement en luttant sans relche sur cele base de prineipes que nous pouvons remplir notre mission de révo- futionnaires, Mais un seul énoncé de ptineipes, ume simple réitération de for- Mules imypeceables ne peut pas nous faire avancer beaucoup dans la lutte pour Vémancipation des syndicats du contréle gouvernemental et de la domi- nation bureauera.ique. Alors que les militants révolutionnaires sont encore faibles en nombre, ce gui est Te cas présent, ils sont foreés de tenir compte chaque fois de la situation concrete qui existe dans chaque syndicat, Ils doivent prendre tne attitude pratique & Végard Ges couranis qui se croisont et des lut- tes fractionnelles entre les différentes parties de la bureaucratie syndicale. Tis doivent s'efforeer d’intervenir dans ces luttes de fagon telle qu’ils servent leurs prinicipes fondamentaux et fassent pro- gresser leur cause. Une formule fausse- On nous a offert, pour remplacer notre formule qui prend la lutte de classe des travailleurs contre la bour- geoisle comme son critére essentiel dans chaque cas particulier, & nouveau ces derniers jours le mot d’ordre passe- partout du < front unique de tout le monde contre le parti communiste >, Autour de cette panacée universelle a 6 déclenchée une vaste campagne pu- blicitaire, la représentant comme un reméde contre tous les maux dont sout- frent la société et le mouvement ou- vrier. Bile est méme proposée comme un reméde contre le rhumatisme et le Tumbago. Mais nous ne Vaimons tout de meme pas. Voila le mot dordre du Département @Rtat, du comité Thomas Rankin, de VAmerican Legion, de ia hiérarchie catholique et d’dutres groupements © progressifs » du meme genre. Nous connaissons parfaitement ce mot d'ordre parce que nows le lisons tous les jours dans la presse et parco que nous Ventendons & toute heure & la redic. Tl ne devient pas plus attrayant pour nous quand il est importé dans le mouvement ouvrier par des démagogues du genre de Reuther; et il ne devient pas meilleur quand dantres essayent de Ii donner un man- teau teinté de rouge. Le noir continue & percer A travers le camouflage, rose Nous avons combattu les staliniens durant dicneuf ans comme des trat tres A la classe ouvrigre ; et ce n'est pas par hasard que toujours et dans toutes les circonstances les sta- liniens nous considérent comme leurs ennomis les plus implacables, Mais ‘nous les combattons non du point de vue du « capitalisme ‘démocratique > en formant wn bloc avec les capitalistes et leurs laguais, mais bien du point de ‘vue de la luttede classe et de la démo- cratie ouvriére. Nous avons combattu tes staliniens de ce point devue quand ils étaient forts, et quand ils fortifiaient eur post ion ‘par lew alliance de guerre aveo les Direaucrates anticommunistes @au- jour@hui ; et nous ne diminuons en rien notre antagonisme ni ne modérons mullement notre haine Jace a ces trat tres au moment actuel quand ils sont affaiblis, pourchassés et s’enfuient et se dissimulent pour se protéger. Nous combattons ‘les staliniens par tout et dans toutes les circonstances. Et nous ne leur avons jamais porté des coups plus rudes que dans la période récente, quand les événemen's nous ont amenés A des positions plus proches des leurs dans Yopposition générale contre Vanticommunisme dans le syndicat de Yantomobile, Les militants sans parti, influencés auparavant par ‘les staliniens ont eu Yoccasion de nous comparer de plus prés avec coux-ci ; et ils ne “sont pas pen nombreux, ceux de ces militants qui nous on: réconnus comme les repré- sentants authentiques d’une politique de Tutte de classe. qui est tout aussi libre et indépendante des directives du Kremlin — qui détermine la pseudo- combativité courante des staliniens — qu'elle est libre et indépendante de Ja diplomatic de Pimpérialisme américain, qui détermine le conservatisme et ia tendance & la capitulation des autres Dureauerates syndicaux . Nous combattons les staliniens. La lutte générale d’opposition contre nticommunisme ; contre la. capitula- tion devant la loi Taft-Hartley ; et contre la domination monolithique de YU, A. W. par une seule fraction favo- rable & estte capitulation, nous a momentanément amenés dans un méme camp avec les staliniens. Mais cela w’¢li- mine mudlement la lutte irréconcitiable entre les stalinlens et nous pour influencer les militants sans parti qui constituent Ta masse de ce camp oppositionnel. Ht dans cette lutte, con- sidérée de plus pres, les staliniens sor- tent vainous 4 chaque engagement. Les sociaux-démocrates peuvent con- tinuer A s'enrouer au sujet de notre soldisant « alliance » avec les sta- Iniens, et du soldisant « soutien » que nous aurions donné aux staliniens. a5 QUATRIEME INTERNATIONALE Bi tes petits cousins des sociaux-démo- eraies, les shachtmanistes, peuvent ajouter leurs eris hystériques & ce chozuy, ils ne pourront pas convainere les staliniens qu'il y a un profit quel- congue pour eux dans cette « alliance ». Pour le prouver, il suffit de lire la presse_stalinionne, Le Daily Worker (3) a réussi Ia per- formance remarquable de publier un rapport_sur la lutte au congrés de TU. A. W., et de décrire en long et en large la composition des fractions, sans dire un mot de la position des’ delé- gués trotskystes. Labor Action (4) réus- Si: la performance non moins remar- quable de publier un numéro spécial consacré au congrés de I'U. A. W., qui traita en long et en large de la com- Position des fractions en lutte, sans men‘ionner d’un seul mot la bande de Gosser et Vazsociation syndicale catho- fique, qui faisaient partie de la fraction de Reuther. Tis se sont apparemment tous les deux inspinés de la méme pensée illu- soire - « Si nous no les mentionnons pas, ils disparaitiont peu-tire, » Les sociaux-démocrates e: tous leurs cousins et parents pauvres ne peuvent Pas convainere les militants combatlifs de base que nous «< aidons les stali- niens %, car ces ouvriers ne sont pas aussi stupides qu'on ose les con: dérer, Tis se sont bien rendus compte des premiers résultats de la participa- tion active et énergique des trotskys- tes & opposition générale contre Reu- ther, Les stalinions ont commencé immé- diatement & calmer et & diminuer leur enthousiasme en faveur du bloc d’oppo- sition, ils ont saboté sa lutie on pré- sentant des listes indépendantes de can- didats 4 I'élec'fon de délégués et de fonctionnaires au congrés lui-méme. En présentant leurs propres candidats contre ceux de ia trndance Thomas- Addes-Leonard. tes staliniens ont dé ‘masqué leur faiblesse miimérique 1a- ‘meniable. Ils ont en méme temps révéle Pabsurdité des affirmations répandues @ cor et a cri par les stalinophobes, selon lesquols tes’ staliniens « conird- lent » Ia fraction oppositionnetie. Tl est vrai que les staliniens étaient autrefois une grande force dans YU, A. W., et avancaient la main pour prendre le contréle du svndicat, mais e'étalt vrai hier, Aujourd’hui, comme Ye démontre leur attitude pitoyable au fongrés, lls sont une puiscance faible et sur le déclin, méprisée ot hate par Ja grande masse des mili’ants opposi- tlonnels. La bureaueratisa‘ion, Vopportunisme et Ja trahison des stalinfens, répstes & plusieurs reprises: durant des annecs, ont imposé un tribut effrayan* aux cadres autrefols Imposants a lintérieur de 'U. A W. Les opportunis‘es et car- rigristes avec lesquels les staliniens flir- () Organe stalinfen. (Note du traduetour.) ait, Organ’ shachunaniste, (Note du trax jucteur,) taient, quand ils calommiaient et persé- cutaient les véritables révolutionnaires de leur fureur sauvage, les ont cynique- ment désertés au moment de leur affai- blissement et de leur défaite. Entre temps, beaucoup parmi les meilleurs de leurs viewx militants — et fis avaient jadis des militants splendides — ont appris leur dure lecon, et ont rejoint un meilleur parti avec un drapeau plus propre. Et beaucoup des autres qui communiste, dégus et décomagés par appartenaient aux vieux cadres du parti leurs expériences malhoureuses, sont retombés dans une passivité compléte. Les sialiniens ont encore quelques bons militants qui méritent un meilleur parti, ef nous espérons les gagner ; mais la force principale de la fraction Stalinienne dans YU. A. W. consiste au- jourd’hui en bureaucra‘es & gages, cor- rompus et complétement usés, qui ont fini Jeur jeu avec les ouvriers d’anto- mobile, et qui ne pourront plus jamais @tre élus 4 des fonc'ions syndicales ou méme comme délégués au congres. Leg bureaucrates staliniens savent comment se battre seulement dans le cas oli ils tlennent la puissance de l'ap- pareil dans leurs mains, et ils le dirigent contre des ennemis plus faibles, Dans des, syndicate comme celui de Mélectri- cité, of les staliniens, contrélent lappa- rel, ils pogsédent une puissance cor rompue, méchante, et Vexercent avec agressivité. Mais dans les autres eyndi- cats, o& ils ont perdu Pappareil ou ont perdu définitivement la lutte pour s'en emparer, ils ont également perdu la vo- lonté, Ja’eapacité de lutter de fagon effi- cace Tl leur manque la conviction et Yesprit de classe révoltitionnaire qui sculs sont capables d’insplrer et d'aider Jes ouvriers a lutte: et A so sacrifier comme une petite minorité face & des difficuités et des défaites innombrables. Tl resto trés peu d'esprit combattif parmi les bureaucrates staliniens, amol- lis, flasques et poltrons quand ils sont Jetés hors de Yapparefl et quand le cou- rant se re-ourne contre eux. Sous la pression de Ia Intte dans YU, A. W., la majorité du bloc opposition nel commencait & reconnaitre la nudité de la lutte de cliques sordide qui se ter- mina de fagon si désastzeuse. Des ques- tions concernant le programme, expr mant les intéréts vitaux des travailleurs, furent avaneées et constitudrent pro gressivement le centre des débats, Ces Nouveaux courants étaient deja claire- ment apparents au congrés de I'U.A.W. et ils sont salués par une approbation particuliére d'une grande pariie | des meilleurs militants, Ces militants veu- lent combattre Ia tendance a In capitu: lavion de la burcaucratie vrnthérienne sans se mettre & la merel des mancu- vres et des zigzags traiires des stali- niens ; et ils veulent combattre la clique stalini“nne détesiée, sans tomber dans les bras de Yanticommunisme, Jose dire que ce développement est méme plus important pour l'avenir de YU, A.W, que les résultats immédiats des élections au congres, QUATRIEME INTERNATIONALS Une tactique conséquente. A premidve vue, notre tactique dans fa lutte & Vintérieur_des differents syadi cats peut appsraitre comme irration- nelle et contradictoire, puisqu’elle varie @un syndicat & Yautré en fonction des circonstances conerdies. Mais en réalité notre tactique est partout completement conséquente, car elle est destinge & ser vir partout la méme politique : la lutte pour Vindépendarce des, syndicats et pour la démocratie a Vintérieur des syn- dicats. Et par indépendance des syndicats nous n’entendons pas seulement Tindé- pendance par rapport & Washington, mais également l'indépendance pa> 12} port au Kremlin. Au moment meme ot hous combaitons la domination bureau- cratique de 1'U. A. W. par Vappareil de Reuther et des catholiques, qui est un instrument de Washington, nous com- bations avec une energie pareille la do- mination bureaucratique @u_ syndicat des marins par l'appareil stalinien qui est un instrument du Kremlin, Nous partons d'une position de prine!pe sans nous laisser influencer par le fait que telle ou telle fraction bureaucratique Pulse S'aligner momentanément dans le méme camp que le ndtre pour ses pro- pres motifs Au cours du congrés des ouvriers du caoutchouc, des délégués sympathisants avee nous ont dirigé la lutte contre le proposition du président Buckmaster de capitulor devant la loi Tafi-Haruey, T's ne se sont pag retirés de la iutte parce gue les délégués staliniens so trouvaient dans le méme camp. Dans le syndicat de V’électricité, par contre, nous agissons comme l'opposition irréductible face @ la bande stalinienne qui domine ce syndicat de fagon bureau- cratique. Nous y défendons les droits dé- mocratiques de opposition Carey-Block, Dien que nous soyons loin d’avoir une sympathie queleonque pour son pro- gramme. Nous luttons pour la démocratie dans les syndicats dans toutes les cireonsian- ces, et pour Ie droit de chaque tendance dese grouper librement et de lutter pour ses opinions, Car sans cette démo- cratie les syndicats ne peuvent pas vi- ‘yre en tant quorganes indépendants des ouvriers, capables de servir leurs inté- Téts de classe. La lutte dans !'U, A. W. présente Yexemple le plus clair, ’épreuve Ja meil- Jeure pour une politigte revolutionnaive LU. A. W. n'est pag seulement Je plus grand syndicat, c'est aussi le syndicat jo yflus fort, le plus dynamique et le plsu * directe de pri démocratique. Le « Wage Harmen », Vor gane syndical catholique, considére 1'U. A, W. comme le syndicat-clef du C.LO. Gest juste et il_y a une cause évidente A cela. LU. A. W. a 6.6 construit dés le premier moment dans des luttes qui pré- cédérent toutes les auires. Kt la lutte pour préserver sa démocratie interne et pour s‘opposer & sa domination bureau- Je plus fort, le plus dynamique et le plus luttes de pionniers. La lutte intérieure déterminant le ca- ractére ct Vavenir de YU, A. W. ne est pas terminge au dernier congrés. Hle a plutot commencé, sur un plan plus ée- Yé, & A'lantic City, car pour la premiére fois elie a commencé & prendre une for- me programmatique. La vieille Iutte de cliques, concernant des combinaisons et des maquignonnages dans la distribu- tion des fonctions en tant qu’é.ément do- minant des débats, a commencé 4 étre remplacée & Atlantic City par une lutte incipe autour de Ia ques- tion la plus brilente pour le mouvement ouvrier ; la capitulation devant 1a lol ‘Taft-Hartley. A notre avis, c'est ce dé- veloppement dang Je congrés de 1U.A.W. qui était réellement progressif. ‘Les shachimanistes ont combiné leur atiaque violente contre notre, politique syndicale avec un brusque désaveu de Yaccord sur unification qu’ils signrent aveo nous en février dernier. Tl y a peut-ire une logique dans cette eoinci- Genee. Ny a d i ‘principes de c'asse a la base de estte dispute syndicale, et nous pouyons tomber daccord aveo Shacnt man quand ii déclare-dans le’ numéro du 24 novembre de « Labor Action » : « Voici une divergence irréconciliaole. > Caz, pour noire part, nops sommes fiers Wétre une minovité dans une lutte comme celle qui a eu lieu dans le sy Gieat de Peutomobile autour d'une capi {ulation devant la loi Taft-Hartley, Bt notls sommes fiers d’étre. en minorité dans la lutte contre Vanticommunisme vulgaire et réactionnaire, qui tend Templacer la démociatic traditionnelle de 1'U. A, W. par une domination mono- lithigue dune seule fraction bureauera- tigue. ‘Nos amis n'étaient pas engagés dans une queleonqu> lutte de cliques pour Ges poses, mais ils combattaient au su- Jet de propositions vitales pour Vavenir dy mouvement et quand les onvriers restent passifs, constituera In plus grande fore dat traction du parti quand les masses, im- pulsées par la détérioration de leurs con- ditions de vie, reprendront 1a vole. de Yaction et chereheront une direction ré- solue. Le destin a placé une grande respon- sabllité sus les épaules de ceux qui cons- tituent aujourd'hui notre parti et de ceux qui rejoindront demain ses rangs Se conformer A cette responsabilité, si gnifio regarder plus loin que les ‘épi- Sodes conjoncturels du moment, signifie tegarder vers les tendances profondes ui indiquent Ja réatité future. ‘Une condition du succ’s de notre lutte, clest de ne jamais cublie: l'impor- tance transcendante de notre mission comme les hérauts et les orgamisateurs @un monde nouveau ; c'est de ne ja- mais perdre conflance dams les forces historiques qui travaillent pour ce mon- de nouveau et qui s'avéreront on défini- tive plus puissantes que les forces rétro- grades travaillant A faire tourner en ar- Here Ja roue de T'histoire vers une nou- volle Spoque sombre de fascisme et de guerres d’extermination, Notre tiche dans la situation présente consiste sim- plement a rester fid8les a nous-mémes et & notre tradition. Tout ce qui est né- cessaire suivra de cela. Nous devons pénétrer plus profondé- ment dans les syndicats, en amenant avee nous notre programme et notre tra- dition, en travaillant pour la fusion du parti trotskyste avec 1a masse des ou- wiers amérieains. Cest la formule qui signifie la transformation révolution- naire de In société James P. CANNON LA NOUVELLE SITUATION DANS LES SYNDICATS AUX ETATS -UNIS Nous publions le discours prononcé par le secrétatre général du Socialist Workers Party devant une assemblée des membres du parti @ New-York, Te 30 novembre dernier. Ce discours donne un apercu de la situation qux Biats-Unis et des luttes qui s’y produisent dans le mouvement syndicat, syndicale révéla aux Etats-Unis son role comme agence du gouverne- ment_ bourgeois dans’ le mouvement ouvrier, Sa tAche consista a discipliner les ouvriers et A les maintenir dans la camisole de force de la « paix 50- ciale » et du blocage des salaires. I! faut reconnaitre que la bureaucratic accomplit. cette t&che avec la plus grande efficacité dans tous les secteurs, Les stalinions, qui sont une partie de Ja bureaucratie syndicale, accomplirent méme davantage que cette sale beso- gne. Eh échange de ses services en tant que police disciplinaire du mouvement ouvrier, Yapparell d’Etat protégea ct aida méme jusau’a un certain point, la ibureaucratié, en maintenant et en dant la force numérique des syndicats au moyen des accords dits d’ « union shop > (1). et d’au'res formules du méme genre. Une partie des capitalistes monopoleurs voulait écraser les syndi- cats, ou essayer de le faire, méme pen- dant la guerre. Mais ils furent foreés de se retenir ot d’attendre leur heure en raison des intéréts dominants de leur classe comme telle, intéréts qui exi- pest la guerre, la bureaueratie geaient une production ininterrompue pour la guerre. La force numérique des syndicais augmenta et doubla presque durant Ja guerre et 1a période qui sui- vit immédiatement Vatmistice — elle s’leva & environ 9 millions d’inscrits en 1940, & quelque 15 millions de syn- digués & Pheure actuelle. ‘Tout le mécontentement et toutes les plaintes non satisfaites des ouvriers comprimés durant la guerre par la bu- reaucratie, au moyen de lengagement de ne pas cesser le travail, éclata en ine vague puissante de mouvements grévistes en 1945 et 1946. “Le secteur dominant des capitalistes monopoleurs’sembla saluer ces gréves comme une épreuye de force. I joua avec Yidée de se trouver en présence de syndicats gonflés foreément par la guerre et de les Geraser dans une lutte directe. Les profi‘eurs comptérent sur un courant réactionnaire d’apres guerre dans le pays et firent de leur micux pour le déclencher. Ils comptérent uti- liser contre les grévistes les soldats re- tournant du front, comme ils Vavaient déja fait avec un succés considérable durant la période gui suivit immédia- toment la premiére guerre mondiale. Les syndicats ont tenu Ces caleuls des monopolours- s'avé- rérent prématurés. Les syndicats, y compris le grand syndicat de J'acier qui wavait en réalité jamais été éprouvé auparavant, tinrent bon durant les gre- ves ; et la masse des anciens combat- fants, ainsi que des éléments des classés moyemnes dans les centres ur- bains sympathisérent avee les gré vistes, ~D'une facon générale, les travailleurs et les syndicats sortirent victorieux de ce premier conflit d’aprés guerre. Les syndicats conservérent leur force in- tacte ; leurs rangs se soudérent & tra- vers la lutte ; certains avantages en salaires furent méme gagnés, n’ayant cependant qu'tine valeur passagére, ‘Ala suite de cet échec initial de leurs ealculs; les monopoleurs changérent de (@) Accords suivant lesquels une usine Stengage A n'embaucher que des ouvriers syndiqués (notre du traducteur), 30 tactique et commencirent & organiser et & orchestrer une veritable campagne réactionnaire dans le pays. Quand la vague gréviste recula, la presse et la radio furent mobilisées pour empoison- ner Je peuple par une propagande anti ouvriére. Le gouvernement fut fore d'abandonner sa psendo-neutralité et @apparaitre ouvertement comme bri- seur de gréve. Hn faisant briser la_gréve des che- minots par le président ‘Truman au printemps 1946, et en déclenchant une action juridique contre les mineurs en automne, les capitalists indiquérent quis étaient préts pour une nouvelle grande offensive. Ces actions furent destinées a restreindre dans une cer- taine mesure esprit combatit des tra- vailleurs. Ceux-ci se virent foreés de reculer, de prendre une attitude plus prudente, d’aitendre ce qui pourrait se produire avant dentreprendre une nou- velie action de leur propre initiative.

S-ar putea să vă placă și