Laboratoire Santé Travail Environnement
Wz, Varversts Victor Segaien Bordeaux? =,
eeieGS= INSTITUT Dx SaNTE PUBLIQUE, D'EPIDEMIOLOGIE ET DE
DEVELOPPEMENT
Etude géographique du risque sanitaire
autour du site industriel de Lacq
Résumé
Laurent FILLEUL, Anne CANTAGREL, Isabelle BALDI, Patrick BROCHARD
lex particulier pour les causes cancérensex
|* Impossible de conclure d ce stade au rbte causol des émiesions industriolies
Contexte
‘La loi sur Pair ot Putilisation rationnelle de Ténergie du 30 décembre 1996 (Ast. L 220-1 et enivants du
code de Nenvironnement) a insert le principe dune surveillance de Ia qualité de air ot do ses effets eur
Ja santé. « Améliorer Ia connaissance de Nimpact de la pollution atmosphérique sur Ia santé » est une
orientation inscrito dans lo P-R.Q.A. (Plan Régional de la Qualité de 'Ait) pour 'Aquitsine, Dans ce
contexte, le groupe de travail air/santé du PIR.QA. a initié diverses études concemant lee poles
1wains of les principaux pbles industrels, Le ete industriel de Laog a été retemu de per l'encienneté do
‘on activité, génératrice par le passé démissions de grande qumtité de dioxyde de soutte dans
V’atmosphére et en raison de la population importante résidant & proximité.Objectif
Lrobjectif de cette étude était de comparer la mortalité d’une population résidant & proximité du site
industriel & celle de populations résidant dans des communes plus éloignées en considérant l'ensemble
des causes de décés mais aussi certaines causes spécifiques (cancers, pathologies respiratoires et
cardiovasculeires).
Méthode
Ta 616 décidé de réaliser une étude exploratoire basée sur des eomparsisons géographiques. La méthode
consiste & comparer la mortalité d’une zone dite exposte (c’est-d-dire située directement & proximité de
sine) & celle de zones plus distantes, tout en prenant en compte les différences de structure per Ages et
sexes des zones étudiées. La zone considérée comme exposée a été définie autour du site industriel par la
Direction Régionsle de "Industrie, de In Recherche et de 1’Environnement (DRIRE) dans le cadre d'une
réflexion sur Ia mise en place d’un Secrétariat Permanent de Prévention des Pollutions Industrielles et dea
risques (S3P1). Deux zones non exposées (zones témoine) ont été retenes, la promiére réunissant des
‘communes sitnées en moyenne, & 7 km autour de Pusine, et lz seconde constituée de communes situées en
‘moyenne & 12 kam de I'usine. Les données de mortalitS pour les zones considérées ont été recucillies
‘auprés de "INSERM (Institut Netional de ta sunté et de Ia Recherche Médicale) pour Ia période 1968-98
(seules données disponibles a c¢ jour).
La méthode statistique employéo est dite de « standardisation indirecte », A partir de la mortalité de ia
population Aquitaine sur ia période 1968-98, la méthode permet de calculer un nombre de décés attendus
selon ic sexe et T'Age en 2 classes, les moins de 65 ans et les 65 ans et plus, ccls dans checune des zones
’émmdes, Le rapport du nombre de décds observés dans chaque zone sur le nombre de décts attendus
donne un «indice comparatif de mortalité » ou « ICM », Le risque de mortalité est évalué par le rapport
entre 'ICM dans Ia zone exposée et ICM de chaque zone non exposée. Il est dénommé Risque relatif,
«RR». Si ce RR est supérieur & 1, cela signifie que les personnes exposées ont un risque plus important
de décéder que les personnes non exposées, on peut dire alors que exposition présente un effet délétéze,
A T'inverse, si ce risque est inférieur & un, les personnes exposées ont um risque plus faible, l'exposition
présente alors un effet « protecteur ».
Co RR estimé est encadré d'un intervalle de confiance qui permet de dire si le résultat est sighificatif om
non. Statistiquement, Ia valeur réelle du RR. « 95% de chance de se trouver dans cet intervalle. Si cot
‘ntervalle contient la valeur 1, on dit que le résultat n'est pas significatif. Dans ce cas, les résultats doivent
alors éire pris avec pradence ct les conchusions mesures.Résultats
‘La mortalité dans Js région d°étude (la zone expose et les 2 zones témoine) reste inférieare a la
‘mortalité en Aquitaine pour toutes Jes causes de mortalité explorées, excepts pour In moctalité par
‘maladies de l'appareil respiratoire. Pour toutes causes confondues, pour tous les cancers et pour ist
pathologies cardiovascalnires une tendance a Ia sous-mortalité dans 1a région d°éinde est retrouvée
pour chacune des périodes considérées.
A V'intéricur de la région d’étude, Ia comparaicon de la mortalité dans Ia zone définie comme exposée
‘avec la mortalité dens los zones non exposées donne :
Mortalité toutes causes hors causes accidentelles
Sur le période totale (1968-98) et pour l'ensemble de la population, le risque de déoéder de causes non
accidentelles dans la zone oxposée n'est pas différent du risque de décéder dans les zones non
exposées, Loraqu’on s'intéresse eux personnes agées de moins de 65 ans, on observe une surmortalité
dans Ia zone exposée de 14 % par rapport & la zone témoin la pins éloignée (zone témoin n°2), soit
environ 136 décts supplémentaires parmi les 1124 décts recensés var une période de 31 ans, Dea
résultats similaires mais moins marqués sont observés avec ta zone témoin n°l (5 % d'excds) mais oe
résultat n’est pas significatif: Loraqu'cn considére I'évolution de Ja mortalitS an cous da tenaps, il
appara une tendanee de plus en plus marquée A fa surmortalité dans la zone industrielle (gare 1),
cela quelle que soit la zone témoin considénée. Les résultats sont du m&me ordre de grandeur quel que
soit le sexe chez les moins de 65 ans,
Mortalité par cancers
Pour ensemble des cancers, il n’apparait aucune différence de mortalité entre los zones au sein de In
Population totale sur le période 1968-98. Chez les personnes figées de moins de 65 ans, une
‘surmortalité significative eat observée dans la zone exposée de 15 % par rapport a la zone témoin Ia
pins éloignée (zone témoin n°2), soit environ 67 décés parmi les 504 décés recensés sur une période de
31 ans et une surmortalité non significative de 7 % par repport & is zone témoins n°1. Au dela de cet
‘age, la mortalité dans la zone exposée n’apparat pas différente de celle des zones témoins. Lorsqu’on
sintéresse & l’évolution, on observe une surmortalité de plus en plus marquée quelle que soit la zone
‘témoin considérée (figure 2). Ainsi, on observe chez les persomes agées de moins de 65 eas une
‘surmortalité par cancer de 33 % (34 déeds) par rapport la zone témoin n° et de 39% (38 décts) par
‘rapport Ia zone témoin n°2 sur Ia période In plus récente (1991-98),
Mortalité par cancers respiratoires
‘Ba ce qui concome les décts par cancers respirstoires, une surmortalité non significative de l'ordre de
16% par rapport & Ia zone non exposée 1°1 et de 34% par rapport & la zane non exposée n°2 est
observée chez les hommes de moins de 65 ans sur "ensemble de la période (1968-98). Néanmoins, le
‘nombre de déobs pour ces causes tant trés faible sur la période d’étude, il est famposnible de concture
sur ces résultats,Mortalité par causes cardiovasculaires et respiratoires .
Aucune surmortalité par causes cardiovasculaires ou respiratoires n'est mise en évidence dans la zone
exposée sur la période considérée.
Interprétation
Rappel des principaux résultats
‘Les résultats observés diffirent en fonction de 1a classe d°Age considérée. Chez les personnes fgées de
moins de 65 ans, on observe une surmortalité dans ta zone autour du site industriel par rapport aux deux
zones témoins. Cotte surmortalité est cbscrvée pour la mortalité toutes causes (hors exuses accidentelles),
ct pour la mortalité par cancer.
Méthode
La méthode ayant permis de mettre en évidence ces résultats est celle couramment utilisée dans te cagge
études géographiques. La prise en compte des taux de mortalité d'une population de référence élimine
los erreurs pouvant étre dues mux différences de structure par Age et sexo dans les zones étudiées. Dans
notre ces, le choix de la population Aquitaine n’influence en cucun cas lea résultats car les mémes tajix
‘ont &é appliqués aux deux zones que l'on cherche & comparer. :
Causalité
Cette méthodologie ne permet en aucun eas de dire que Tes émissions industrielles sont responsables de la
surmortaité observée dans In zone exposée, Il s'agit seulement d'une éinde descriptive qui permet
simplement de suggérer des hypotheses. En effet divers facteurs (individuels, environnermentaux) peuvent
tre & Porigine des différences observées entre les zones.
Facteurs pouvant influencer les résultats
Le choix des zones témoins sitaées autour de la zone exposée a permis de limiter les biais liés A des ticrs
facteurs (perticularités régionales, caractéristiques socio-démographiques...). Néanmoins, il se peut que
es différences existent sclon les zones concemant I'exposition professionnelle. Ainsi, les personnes
résidant dans le 2one exposée ont peut-Aire plas fréquemmenttravaillé davantage sur le site industriel. La
surmortalité observée pourrait alons étre due & cette exposition professionnelle et non & une exposition
cnvironnementale, Néanmoins, le fait de trouver des risques txts proches chez. les hommes et chez, les
femmes ne va pas dans le sens de cette interprétation puisque la population travailtant sur'le site est
-majoritairement masculine, De plus, il a'existe pas d’éléments suggérant que certains facteurs lids & 1a
‘mortalits tls que le tabagisme ou la consommation d'alcool, différent dans les 3 zones considérées.Evolution de ta pollution .
‘Historiquement c'est le dioxyde de soufre qui caractérisait les émissions du site industriel de Lacq avec
des millicrs de tonnes émis par jour dans I’stmosphére. Les mesures réglementaires ot les initiatives des
industricls pour réduire ces émissions ont participé A In baisse significative des tencars en dioxyde de
soufre dans J’atmosphére, pour atteindre aujourd’hui des émissions presque 100 fois inférieures A celles
mesures dans les années 60. Néanmoins, la surmortalité observée peut résulter d’une exposition plus
ancienne, notamment lorsque 1’on s’intéresse & 1a mortalité par cancer dont Ia Iatence peut étre de
plusiours dboennies.
“De plus, si les niveaux de dioxyde de soufre ont considérablement diminué ces demitres années,
apparition de nouveaux poiluents a accompagné Ie développement de nouveaux procédés industriels.
Ainsi, los Composés Organiques Volatis (COV), les Hydrocarbures Aromstiques Polycycliques (HAP)
appartiennent maintenant au mélange complexe constitns de centaines de polluants atmosphériques, IL
s'est dono pea possible attribuer aujourd'hui un effet doné un pollvant donné,
Population cible
La surmortalité notée dans notre étude.n'est observée que chez tes personnes agées do moins de 65 ens.
Celn semble contradictoire si on admet une fimgilité particuliére des sujets Agés do fhit de pathologies
associées (hypertension, handicaps, problémes respiratoires....). Cependant, il est également démontxé
qu’au-elA d'un cermin Age, on a affaire & une population « sélectionnée », ayant réaisté aux causes de
décds prémamnés et pouvant so distinguer notamment par une meilleure hygitne de vie. On peut
également argumenter en considérant que les sujets les plus 4gés n'ont probablement pas été exposts Ala
pollution du site industriel dans leur jonne Age, période considésée pour certsing comme déterminants
dans in susceptibilité nx facteurs eavironnementaux,
Conclusion
Gicbelement sur ia période d’étude (1968-98), Ia mortalité observée sur chacune des 3 zones étude (Ia
zone exposée et les 2 zones témoins) est signficativementinféricure & a moralité observée en Aquitaine,
‘Antour du site industriel de Lacq cette étude exploratoire met en 6videnco une surmortalité dans la zone &
proximité du complexe industriel vis & vis des 2ones témoins plus distantes, chez les personnes Sigées de
moins de 65 ans pour toutes ceuses confondues ot de fagon encore plus marquée, une surmorialité par
cancer dans ce méme groupe d'ége.
Ces résultats ne permettent pas de conclure en terme de causalité par rapport aux émissions de polluants,
Is constituent une hypothése que sous-tendent des arguments toxicologiques et épidémiologiques. Us
évoquent hypothtse d'un possible impact de Mactivité industrielle développés dans Ia zone de Lecq sur
Jn population résidant & proximité du site. Cependant pour conffrmer ou infimmer cette hypothése des
‘travaux ou des études complémentaires seraient nécossaires.Figure 1: Evolution du risque de mortalité toutes cxnses selon PAge entre In zone exposée ot les
zones témoins
Mortalté toutes causes ors causes accldentelles
cement teers =
Fe Sel ea wae vam2 Comparsison Zone E=Zome Nery
Figure 2 : Evolution du rlaque de mortalité par cancer selou PAge entre la zone exposée et Ios zoites
témoins
‘Mortallié par eancers
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San Gmer os tne
(Comparaison Zone E- Zone NEU?
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