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Deux nouvelles espèces de Cyclocephalini de Guyane française

(Coleoptera Dynastidae)

Yannig PONCHEL

11 rue Auguste-Renoir, F-97310 Kourou (Guyane)


dynastids@yahoo.fr

Résumé. – Description, discussion et illustration d’Augoderia giuglarisi n. sp. et de Cyclocephala dalensi n. sp. de
Guyane.
Summary. – Description, discussion and illustration of Augoderia giuglarisi n. sp. and Cyclocephala dalensi n. sp.
from French Guiana.
Mots-clés. – Coleoptera, Dynastidae, Cyclocephalini, Augoderia, Cyclocephala, nouvelles espèces, Guyane.

Des collectes récentes par piégeage lumineux en Description


Guyane française, notamment dans le cadre d’une Corps court, élargi vers l’arrière, jaune paille
étude écologique de la structuration spatiale et brillant, pronotum à reflets métalliques, tête
saisonnière des communautés de Dynastidae, ont brune, quelques courtes soies sur le rebord et l’apex
permis de découvrir deux nouvelles espèces de des élytres. Une tache brune juxtascutellaire et un
Cyclocephalini. Ces deux taxons ont été trouvés point brun juxtasutural plus ou moins marqués
dans des localités peu accessibles et donc peu sur chaque élytre. Pattes jaunes excepté les tibias
prospectées, dans l’Est de la Guyane et sur le antérieurs brun foncé, face sternale noire et très
Haut Maroni. pileuse.
Clypéus court, semi-circulaire à rebord
finement relevé. Suture clypéo-frontale bien
Augoderia giuglarisi n. sp. marquée et rectiligne. Ponctuation forte et dense
(Figures 1 à 3) sur le clypéus, un peu plus espacée sur le front.
Antennes de 0 articles, à massue courte.
Holotype (Figure 1) : un mâle (2 mm), inselberg Pronotum finement et entièrement rebordé,
du mont Armontabo, Guyane, 22-III-2009, P.-H. ponctuation fine et éparse.
Dalens, in coll. Y. Ponchel. Élytres à ponctuation forte et irrégulière.
Pygidium finement granuleux avec de courtes
Paratype (Figure 2) : une femelle (2 mm), route soies jaunes.
de Saint-George pk 25, Guyane, 29-XII-2008, Tibias antérieurs tridentés, la dent basale plus
J.L. Giuglaris, in coll. Y. Ponchel. petite et située nettement en arrière.

Figures 1, 2 et 3. – Augoderia giuglarisi n. sp. : 1) Holotype ; 2) Paratype femelle ; 3) Paramères de l’édéage, vue
frontale et vue latérale.

L’Entomologiste, tome 65, 2009, n° 4 : 183 – 185


Yannig PONCHEL

Mâle
Tarses antérieurs courts et peu épais, l’avant
dernier article élargi, la griffe interne large,
recourbée, finement fendue à l’apex. Tibias
antérieurs brun foncé uniquement sur leurs
marges externes. Paramères de l’édéage (Figure 3)
courts et triangulaires, rétrécis avant l’apex.

Femelle
Élargissement élytral faiblement développé
en son milieu. Tibias antérieurs totalement brun
foncé.

Étymologie
Cette espèce est dédiée amicalement à Jean-
Louis Giuglaris, collecteur du premier exemplaire
et grand prospecteur de l’entomofaune guyanaise.

Par sa petite taille et son isolement


géographique, cette espèce ne peut être confondue
avec aucune autre espèce du genre [ENDRÖDI
1966, 1985]. Elle représente la quatrième espèce
connue. Les espèces et sous espèces du genre
Augoderia se répartissent ainsi : Figure 4. – Holotype de Cyclocephala dalensi n. sp.
– A. boliviana Endrödi, 98 de Bolivie ;
– A. freyi Endrödi, 967 de Bolivie et du Pérou ; Pygidium à ponctuation sétigère fine et
– A. giuglarisi n. sp. de Guyane française ; éparse.
– A. nitidula nitidula Burmeister, 847 du Brésil Tibias antérieurs tridentés.
et du Vénézuela où elle est rare d’après Luis
Joly ; Mâle
– A. nitidula youngana Martinez, 966 de Tarses antérieurs peu épais, la griffe interne
Bolivie. longue, large, recourbée et finement fendue à
l’apex. Paramères de l’édéage (Figure 5) allongés
et régulièrement rétrécis de la base à l’apex. La
Cyclocephala dalensi n. sp. face ventrale avec une petite dent peu visible en
(Figures 4 et 5) vue frontale.

Holotype : un mâle (23 mm) (Figure 4), Antecume Femelle inconnue.


Pata, Guyane, 8-II-2009, P.-H. Dalens, in coll.
Y. Ponchel.

Description
Corps en ovale allongé, assez large, brun
rougeâtre brillant, glabre, tête forte à gros yeux.
Clypéus large et rectangulaire, la marge
antérieure faiblement incurvée, finement rebordée.
Suture clypéo-frontale rectiligne. Ponctuation du
clypéus fine, un peu plus espacée et forte sur le
front. Antennes de 0 articles à massue courte.
Pronotum rebordé seulement sur ses marges
antérieures et latérales. Ponctuation fine et
éparse.
Élytres à ponctuation moyenne et assez
dense. Les points irrégulièrement alignés mais ne Figure 5. – Cyclocephala dalensi n. sp. : paramères de
formant pas de stries nettes. l’édéage, vue frontale et vue latérale.

184 L’Entomologiste, tome 65, n° 4


Deux nouvelles espèces de Cyclocephalini de Guyane française
(Coleoptera Dynastidae)

Étymologie bourse Germaine Cousin de la Société entomologique


Cette espèce est dédiée amicalement à Pierre- de France pour le soutien financier au projet d’étude sur
Henri Dalens, collecteur du type et fondateur de la biodiversité des Dynastidae de Guyane.
la Société entomologique Antilles-Guyane.

Cyclocephala dalensi n. sp. est proche de Références bibliographiques


C. ligyrina Bates, 888 et de C. carinatipennis
Martinez & Moron, 984 [MARTINEZ & MORON, ENDRÖDI S., 1966. – Monographie der Dynastinae
1984]. Chez ces deux espèces, les paramères sont (Coleoptera, Lamellicornia) I. Teil. Entomologische
plus courts et dilatés à l’apex et les tarses antérieurs Abhandlungen aus dem Museum für Tierkunde in
sont plus épais. Dresden, 33 : -460.
ENDRÖDI S., 1985. – The Dynastinae of the World. La
Remerciements. – Nous remercions vivement Jean- Haye, W. Junk, 800 p.
Louis Giuglaris, Pierre-Henri Dalens et la Société MARTINEZ A. & MORON M.A. 1984. – Una nuevo
entomologique Antilles-Guyane (SEAG) pour la especie de Cyclocephala Latreille de Venezuela
communication de ces intéressantes collectes, Julien (Coleoptera: Melolonthidae, Dynastinae). Folia
Touroult pour la relecture de l’article et ses conseils et la Entomologica Mexicana, 62 : 47-57. •

Parmi les livres

Laurent KELLER & Élisabeth GORDON. – The Lives of Ants. Oxford, Oxford University Press, 2009, 252 pages.
ISBN 979-0-19-954186-7. Prix : 18 €. Pour en savoir plus : http://ukcatalogue.oup.com/

Une excellente revue de la vie des Fourmis, très


originale quant à sa présentation, très savante et
très bien illustrée. Le premier auteur, professeur
à l’université de Lausanne, est particulièrement
connu par ses belles recherches sur la sexualité
des Fourmis tropicales. Les Fourmis représentent
peut-être un des plus beaux résultats de l’évolution,
mais leur succès est conditionné par une lutte
pour la vie impitoyable. Elles représentent une
société amorale, telle que Le Meilleur des Mondes
d’Aldous Huxley et la série de science-fiction
Logan Run nous l’a représentée, chez nous les
humains, avec une vie mécanisée à l’extrême
et le self-sacrifice (altruisme) à la clé. C’est une
société socialiste et anarchique pour Wheeler,
qui cependant s’organise et qui est présente
partout, sauf dans l’Antarctique, en Islande et
au Groenland. Il semble donc que quelquefois le
socialisme fonctionne mais Karl Marx semble avoir
seulement choisi la mauvaise espèce. Ingénieurs Dans ce superorganisme, une fiction
de l’écosystème, les Fourmis déplacent autant montrant que cet organisme, la fourmilière, ne
de terre que les vers de terre. 2 467 espèces ont serait pas formé de cellules et de tissus mais bien
été décrites mais il en reste encore probablement d’êtres vivants coopérant étroitement. Il y a une
deux ou trois fois plus à découvrir et à décrire. flexibilité entre le rôle des ouvrières : le travail le
Un remarquable chapitre nous dépeint leur plus dangereux est généralement confié aux plus
évolution, depuis le Crétacé, avec le Sphecomyrma vieux individus mais, comme dans la cycloalexie,
d’E. O. Wilson et le Gerontoformica d’André Nel. il y a des individus privilégiés, si l’on peut dire,
Un chapitre est dédié à l’esclavagisme qui reste et affectés aux postes périlleux. L’arrangement
infiniment complexe chez les Fourmis de nos du travail dépend non d’un commandement
latitudes, mais qui a été très bien étudié. central mais bien d’initiatives individuelles, que

L’Entomologiste, tome 65, n° 4 185

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