Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
Psychologie et Education
Semestre automne 2009
1. Introduction
Le déni de grossesse reste, encore aujourd’hui, une énigme dans notre société qui
garde une image de la femme enceinte relativement utopique. Comment envisager
qu’une femme ne soit pas consciente d’être enceinte ? Comment comprendre qu’une
mère rejette son enfant ou finisse par mettre un terme à sa vie ? Et comment s’y
prendre pour juger pénalement ces femmes ? Les femmes qui victimes d’un déni de
grossesse sont souvent mal comprises et pas suffisamment prises en charge par le
corps médical. Elles peuvent également faire l’objet de poursuites pénales lors du
décès du bébé. Le déni de grossesse peut toucher tout autant de jeunes femmes,
comme il peut toucher des femmes ayant déjà vécu l’expérience de l’accouchement.
Elles sont souvent déjà mères de deux ou trois enfants. Le déni de grossesse a
aussi des conséquences sur l’entourage qui culpabilise souvent de n’avoir rien
remarqué. Il représente donc un réel problème de santé publique. Par conséquent, il
est primordial de parvenir à une meilleure compréhension de ce phénomène, afin
d’agir au mieux et d’aider ces femmes le plus efficacement possible. On peut aussi
espérer par là, une meilleure prévention de l’infanticide.
La structure utilisée dans ce document reflète une structure de base la plus souvent
retrouvée dans les articles que j’ai pu lire. Les points abordés représentent ainsi les
points les plus fréquemment détaillés dans les travaux qui traitent de ce sujet.
2
Approfondissement bibliographique dans une autre langue Marion Bassin
Psychologie et éducation Décembre 09
3
Approfondissement bibliographique dans une autre langue Marion Bassin
Psychologie et éducation Décembre 09
4. Facteurs de risques
De nombreuses recherches ont essayé d’exposer les facteurs de risques les plus
fréquents ainsi que les caractéristiques les plus courantes apparues chez les
femmes ayant été victimes d’un déni de grossesse.
Ainsi, Wessel, Endrikat & Buscher (2002) ont construit la première étude prenant en
compte une région démographique large (Berlin). Ils ont recensé, durant une année,
tous les cas de dénis de grossesse dans dix-neuf hôpitaux et cinq autres institutions.
Ainsi, sur les 29'462 accouchements, 62 dénis de grossesse sont observés, ce qui
représente un taux de 1 déni pour environ 475 accouchements. Cette étude prouve
tout d’abord que le déni de grossesse n’est plus un phénomène rare dans nos
sociétés. Elle montre également que sur 62 dénis, 36 femmes avaient déjà eu un ou
plusieurs enfants (58%). Le fait d’être déjà mère ne peut donc pas exclure le risque
d’être victime d’un déni de grossesse. Finalement, sur 62 cas de dénis de grossesse,
trois femmes ont eu un diagnostic de schizophrénie, deux montrent des désordres de
la personnalité, trois une intelligence en dessous de la moyenne et cinq consomment
des substances illicites ou des drogues.
Puis, Hatters Friedmann, Heneghan & Rosenthal (2007), ont recensé 31'475
accouchements entre 1997 et 2003 dans un centre médical. Sur ces 31'475
accouchements, 61 correspondaient à leurs critères pour qualifier un cas de déni de
grossesse. Leur hypothèse est la suivante : « les femmes qui dénient ou dissimulent
leur grossesse sont très probablement jeunes, peu diplômées, habitent avec leurs
parents et ont une éducation très pauvre » (p.118).
Les résultats de l’étude montrent que la majorité des femmes qui dénient une
grossesse (59%) sont âgées de 18 à 29 ans. La plupart d’entre elles vivent avec leur
mère (46%), ont fini leur formation dans une haute école (66%) et possèdent un
emploi (42%). Contrairement à leur hypothèse de départ, ces femmes ont
majoritairement plus de 18 ans et ont obtenu des diplômes de hautes écoles.
4
Approfondissement bibliographique dans une autre langue Marion Bassin
Psychologie et éducation Décembre 09
5. Conséquences et complications
Parmi les conséquences et les complications, les plus abordées sont d’ordre
obstétriques et psychiatriques.
En premier lieu, lors de déni de grossesse, les femmes ne procèdent généralement
pas à des soins au bébé ainsi qu’à elles-mêmes avant l’accouchement. Leur
comportement est semblable à une femme qui n’est pas enceinte. Il peut en découler
de graves conséquences sur la santé du bébé. Les bébés nés après déni de
grossesse sont plus souvent prématurés, et un nombre plus important décède juste
après la naissance, que lors de grossesses normales (Miller, 2003). De plus, ces
bébés montrent plus souvent un faible poids à la naissance (Del Guidice, 2006).
En outre, le néonaticide est un phénomène qui accompagne souvent un déni de
grossesse (Lee, Li, Kwong & So, 2006). Il est décrit comme « un infanticide dans les
premières vingt-quatre heures de vie d’un enfant » (Margaret & Spinelli, 2001,
p.811). Deux cas de figures sont souvent décrits. Une mère qui vient d’accoucher, se
retrouve devant un enfant pour lequel elle ne s’est pas psychologiquement préparée
pendant neuf mois, comme l’aurait fait une autre mère. Elle fini alors souvent par le
tuer (Miller, 2003). Souvent, ces femmes ne gardent qu’un souvenir très vague de
leur acte et prennent très peu de précautions pour le dissimuler. Le deuxième cas de
figure est celui dans lequel la mère ne tente pas concrètement de tuer son enfant,
mais elle accouche dans les toilettes, par exemple, et n’a alors aucun moyen de
prévenir la mort de ce dernier (Miller, 2003).
____________________________
1. Par la suite je traduirai de la manière suivante : « déni affectif », « déni persuasif », « déni psychotique ».
2. Voir point n°3 : Mécanismes psychologiques et caractéristiques physiologiques
5
Approfondissement bibliographique dans une autre langue Marion Bassin
Psychologie et éducation Décembre 09
6. Discussion
Les recherches qui permettent de bien cerner ce phénomène sont assez larges et
cette présentation ne les prend pas toutes en compte (par exemple, voir Milstein, K.
& Milstein, P.-S. (1983). Psychophysiologic aspects of denial of pregnancy ou les
nombreux travaux de J. Wessel comme Denial of pregnancy as a reproductive
dysfunction : a proposal for international classification systems (2006)).
Parmi les sources mentionnées, la plus complète et relativement récente qui plus
est, concerne l’article de Laura Miller (Denial of pregnancy, 2003), qui rend compte
non seulement des différentes formes de dénis de grossesse, mais également de la
nature des facteurs de risques ainsi que des diverses conséquences. Cet article est
vivement conseillé, car il décrit chaque élément avec concrétude et précision.
L’article de J. Wessel & al. propose un exemple de recherche intéressant sur le déni
de grossesse. Il a le mérite de rendre compte concrètement du nombre de dénis de
grossesse sur une longue période (1 an) à Berlin. Il serait intéressant de multiplier
les recherches de ce genre qui ne sont, apparemment, pas très nombreuses, afin de
cerner plus précisément le phénomène. Lundquist aborde, dans son article très
récent, les thèmes de l’infanticide et certains aspects du déni de grossesse
(mécanismes psychologiques et caractéristiques physiologiques, notamment).
Cependant, cet article ne concerne pas uniquement le sujet du déni de grossesse,
puisqu’il aborde aussi la problématique des femmes ayant eu des grossesses non
voulues. Il permet ainsi de faire le lien entre ces deux phénomènes différents.
Finalement, l’article de P.L. Neifert & J.A. Bourgeois pose de manière claire la
différence entre un déni psychotique et non-psychotique et est très bien illustré,
grâce à la présentation d’un exemple d’une femme victime d’un déni de grossesse.
Ainsi, le déni de grossesse est un phénomène complexe. La littérature insiste sur le
fait qu’il touche des femmes qui refusent de voir la vérité et de se faire aider. L’être
humain peut malheureusement intervenir que dans une moindre mesure sur la
fréquence des dénis de grossesse. Cependant, il a la possibilité de réfléchir à des
pistes de compréhension du phénomène pour soutenir et guérir au mieux ces
femmes.
6
Approfondissement bibliographique dans une autre langue Marion Bassin
Psychologie et éducation Décembre 09
7. Bibliographie