Sunteți pe pagina 1din 7

Le déni de grossesse

Illustration tirée de : http://cyril.almeras.free.fr/Photos/nb/IMG_2294-nu-artistique-femme-enceinte.jpg

Approfondissement bibliographique dans une autre


langue

Psychologie et Education
Semestre automne 2009

Marion Bassin Unine, décembre 2009


Approfondissement bibliographique dans une autre langue Marion Bassin
Psychologie et éducation Décembre 09

1. Introduction
Le déni de grossesse reste, encore aujourd’hui, une énigme dans notre société qui
garde une image de la femme enceinte relativement utopique. Comment envisager
qu’une femme ne soit pas consciente d’être enceinte ? Comment comprendre qu’une
mère rejette son enfant ou finisse par mettre un terme à sa vie ? Et comment s’y
prendre pour juger pénalement ces femmes ? Les femmes qui victimes d’un déni de
grossesse sont souvent mal comprises et pas suffisamment prises en charge par le
corps médical. Elles peuvent également faire l’objet de poursuites pénales lors du
décès du bébé. Le déni de grossesse peut toucher tout autant de jeunes femmes,
comme il peut toucher des femmes ayant déjà vécu l’expérience de l’accouchement.
Elles sont souvent déjà mères de deux ou trois enfants. Le déni de grossesse a
aussi des conséquences sur l’entourage qui culpabilise souvent de n’avoir rien
remarqué. Il représente donc un réel problème de santé publique. Par conséquent, il
est primordial de parvenir à une meilleure compréhension de ce phénomène, afin
d’agir au mieux et d’aider ces femmes le plus efficacement possible. On peut aussi
espérer par là, une meilleure prévention de l’infanticide.
La structure utilisée dans ce document reflète une structure de base la plus souvent
retrouvée dans les articles que j’ai pu lire. Les points abordés représentent ainsi les
points les plus fréquemment détaillés dans les travaux qui traitent de ce sujet.

2. Définitions et types de dénis


En littérature, le déni de grossesse est défini comme une « ignorance subjective de
la femme d’être enceinte, jusqu’à au moins la vingtième semaine de grossesse»
(Hatters Friedman, Heneghan & Rosenthal, 2007, p.117). En d’autres termes, cela
signifie que la femme n’est pas censée avoir connaissance de sa grossesse pour
que l’on puisse catégoriser un cas de déni.
Une distinction est faite entre « déni partiel », s’il s’agit d’un déni de grossesse qui
prend fin avant le terme de la grossesse et « déni total », s'il se poursuit jusqu'à
l'accouchement (Denial of pregnancy, a condition in its own right (n.d.).).
En outre, le problème de l’utilisation du terme « déni » est relevé fréquemment. Ce
terme présuppose en effet, une connaissance initiale. Or, les femmes vivant un déni
de grossesse ignorent souvent totalement qu’elles sont enceintes. Les modèles
cognitifs du déni expliquent que nous pouvons parler de déni sans qu’un fait soit
préalablement consciemment connu. Dans le cas du déni de grossesse, cela peut
s’expliquer de la manière suivante : la connaissance de la grossesse se situe dans le
subconscient de la femme et les doutes ressentis sont ainsi imperceptibles à sa
conscience (Lundquist, 2008).
Le déni « psychotique » et « non psychotique » sont aussi très souvent distingués.
Neifert & Bourgois (2000) expliquent le terme de déni « psychotique ». Il est utilisé
pour qualifier les dénis qui restent psychotiques durant toute la grossesse et surtout
qui apparaissent lors d’une maladie mentale chronique comme la schizophrénie. Ce
genre de déni peut osciller, durant la grossesse, entre la connaissance et l’ignorance
de celle-ci.
Le déni « non psychotique » concerne, quant à lui, les cas où la mère ne possède
pas de diagnostic de maladie mentale et surtout où elle se trouve capable de
s’occuper correctement de son bébé après l’accouchement.

2
Approfondissement bibliographique dans une autre langue Marion Bassin
Psychologie et éducation Décembre 09

Dans ces cas-là, les femmes retrouvent généralement un fonctionnement


psychologique normal après l’accouchement (Del Giudice, 2006).
Finalement, la plus importante distinction qui a été faite sur les types de dénis de
grossesse est celle de Laura Miller. Elle distingue trois types de dénis : « affective
denial », « pervasive denial » et « psychotic denial »1.
Le déni dit « affectif » se développe chez les femmes qui « savent qu’elles sont
enceintes mais qui continuent de penser qu’elles ne le sont pas » (Miller, 2003,
p.83). Elles ne vont donc pas interagir avec le fœtus, ni porter des vêtements
différents ou apporter des soins spécifiques à leur corps comme la plupart les
femmes enceintes. Cela peut avoir de graves conséquences sur la santé du bébé.
En somme, « ces femmes ne font aucune préparation émotionnelle concrète en vue
de l’arrivée du bébé » (Miller, 2003, p.83).
Certaines femmes ignorent complètement l’existence de leur grossesse. Dès lors, on
parle de déni persuasif qui ne présente aucune des manifestations physiologiques
habituellement présentes durant la grossesse2. L’entourage ne peut alors pas relever
une quelconque présence de grossesse (Miller, 2003).
Le déni « psychotique » concerne les femmes qui ont eu préalablement des
diagnostics de maladies mentales. Les signes de la grossesse peuvent alors être
facilement mal interprétés par ces dernières. L’entourage a souvent connaissance de
l’état de grossesse de la femme, car elle ne prend pas soin de le dissimuler (Miller,
2003).

3. Mécanismes psychologiques et caractéristiques physiologiques


En premier lieu, il faut souligner qu’il n’y a pas, à ce jour, de modèle théorique
psychologique expliquant le déni de grossesse. A l’exception des femmes présentant
une maladie mentale, il ne semble pas y avoir d’autres troubles corrélés au déni de
grossesse (Del Guidice, 2006). Cependant, la littérature rapporte quelques
explications à partir de concepts psychologiques.
Tout d’abord, le déni de grossesse constitue un « mécanisme de défense inadapté »
(« maladaptive defense mechanism ») utilisé inconsciemment par les femmes pour
réguler le stress et l’angoisse qu’une grossesse non voulue peut engendrer. (Heller,
McCarron & Livine, 1998, p.140). Le déni initial peut alors servir à dissimuler ou
amoindrir le choc provoqué par une grossesse inattendue (Miller, 2003).
On rapporte également un conflit souvent associé au déni de grossesse représenté
par le concept de « dissonance cognitive » (Miller, 2003, p. 88 / Lundquist, 2008,
p.149). « C’est une situation dans laquelle les actions, le comportement et les faits
observés contredisent une idée, une conviction » (Miller, 2003, p. 88). Pour que cette
contradiction soit résolue, soit la conviction, soit le comportement ou le fait observé
doivent changer. Dans le cas du déni de grossesse, la femme pense : « ce n’est pas
bien d’être enceinte lorsqu’on n’est pas mariés ». Le déni va alors servir à rétablir
l’équilibre entre sa conviction et son comportement.
Quant aux caractéristiques physiologiques, elles peuvent varier d’une femme à
l’autre. Dans le cas d’un déni « persuasif », on observe une absence des symptômes
accompagnant habituellement la grossesse : très peu de prise de poids, absence de
nausée au début de la grossesse, absence d’aménorrhée ou menstruations
irrégulières (Heller, McCarron & Levine 1998, p.140). Comme le rapporte également
Del Guidice (2006), certaines femmes montrent un très faible gonflement au niveau
du ventre.

3
Approfondissement bibliographique dans une autre langue Marion Bassin
Psychologie et éducation Décembre 09

En ce qui concerne les femmes montrant les caractéristiques d’un déni


« psychotique » ou « affectif », elles peuvent ressentir certains symptômes habituels
qu’elles vont mal interpréter. Par exemple, lorsque l’aménorrhée est constatée, elle
est fréquemment attribuée au stress ou à la ménopause (Miller, 2003). Les
mouvements du fœtus sont très souvent interprétés comme des gaz liés au
processus de digestion. (Neifert & Bourgois, 2000). Même lorsque le travail a
commencé, les contractions sont interprétées comme un problème gastrique ou
intestinal. Les femmes se rendent alors à l’hôpital pour se plaindre de crampes et,
quelques minutes plus tard, elles accouchent (Miller, 2003).
Finalement, cette absence de caractéristiques physiologiques de la femme enceinte
a pour conséquence de renforcer le déni et de le rendre « contagieux » : « lorsqu’une
femme déni sa grossesse, souvent, sa famille, ses amis et même son partenaire
l’ignorent » (Lundquist, 2008, p.148).

4. Facteurs de risques
De nombreuses recherches ont essayé d’exposer les facteurs de risques les plus
fréquents ainsi que les caractéristiques les plus courantes apparues chez les
femmes ayant été victimes d’un déni de grossesse.
Ainsi, Wessel, Endrikat & Buscher (2002) ont construit la première étude prenant en
compte une région démographique large (Berlin). Ils ont recensé, durant une année,
tous les cas de dénis de grossesse dans dix-neuf hôpitaux et cinq autres institutions.
Ainsi, sur les 29'462 accouchements, 62 dénis de grossesse sont observés, ce qui
représente un taux de 1 déni pour environ 475 accouchements. Cette étude prouve
tout d’abord que le déni de grossesse n’est plus un phénomène rare dans nos
sociétés. Elle montre également que sur 62 dénis, 36 femmes avaient déjà eu un ou
plusieurs enfants (58%). Le fait d’être déjà mère ne peut donc pas exclure le risque
d’être victime d’un déni de grossesse. Finalement, sur 62 cas de dénis de grossesse,
trois femmes ont eu un diagnostic de schizophrénie, deux montrent des désordres de
la personnalité, trois une intelligence en dessous de la moyenne et cinq consomment
des substances illicites ou des drogues.
Puis, Hatters Friedmann, Heneghan & Rosenthal (2007), ont recensé 31'475
accouchements entre 1997 et 2003 dans un centre médical. Sur ces 31'475
accouchements, 61 correspondaient à leurs critères pour qualifier un cas de déni de
grossesse. Leur hypothèse est la suivante : « les femmes qui dénient ou dissimulent
leur grossesse sont très probablement jeunes, peu diplômées, habitent avec leurs
parents et ont une éducation très pauvre » (p.118).
Les résultats de l’étude montrent que la majorité des femmes qui dénient une
grossesse (59%) sont âgées de 18 à 29 ans. La plupart d’entre elles vivent avec leur
mère (46%), ont fini leur formation dans une haute école (66%) et possèdent un
emploi (42%). Contrairement à leur hypothèse de départ, ces femmes ont
majoritairement plus de 18 ans et ont obtenu des diplômes de hautes écoles.

4
Approfondissement bibliographique dans une autre langue Marion Bassin
Psychologie et éducation Décembre 09

Finalement, la littérature parle communément de plusieurs facteurs de risque pour un


déni de grossesse : la pauvreté, la violence domestique, l’isolement social, la
consommation de drogues, les difficultés relationnelles avec la famille ou le
partenaire, le fait d’être plus jeune ou plus âgée que la moyenne des femmes
enceintes (difficulté à se projeter dans le rôle de mère), les conflits avec sa propre
mère, l’instabilité émotionnelle, les problèmes financiers et les abus sexuels subi
(Heller, McCarron & Levine, 1998, p.140). Il est aussi question de l’âge de la mère ;
en effet, « même si un déni peut s’observer à tout âge, ce phénomène est très
présent chez les adolescentes » (Miller, 2003, p.90). Ces dernières persistent
souvent à dénier leur grossesse même après un test médical. Les déficits
intellectuels peuvent aussi représenter un facteur de risque comme, par exemple, un
manque de connaissances concernant l’anatomie et la physiologie du corps humain
(Miller, 2003, p.90).
Comme mentionné précédemment, les désordres psychologiques sont également un
facteur de risque. Les cas de schizophrénie et de dépression sont les plus
couramment rapportés (Solari, Dickson & Miller, 2009).

5. Conséquences et complications
Parmi les conséquences et les complications, les plus abordées sont d’ordre
obstétriques et psychiatriques.
En premier lieu, lors de déni de grossesse, les femmes ne procèdent généralement
pas à des soins au bébé ainsi qu’à elles-mêmes avant l’accouchement. Leur
comportement est semblable à une femme qui n’est pas enceinte. Il peut en découler
de graves conséquences sur la santé du bébé. Les bébés nés après déni de
grossesse sont plus souvent prématurés, et un nombre plus important décède juste
après la naissance, que lors de grossesses normales (Miller, 2003). De plus, ces
bébés montrent plus souvent un faible poids à la naissance (Del Guidice, 2006).
En outre, le néonaticide est un phénomène qui accompagne souvent un déni de
grossesse (Lee, Li, Kwong & So, 2006). Il est décrit comme « un infanticide dans les
premières vingt-quatre heures de vie d’un enfant » (Margaret & Spinelli, 2001,
p.811). Deux cas de figures sont souvent décrits. Une mère qui vient d’accoucher, se
retrouve devant un enfant pour lequel elle ne s’est pas psychologiquement préparée
pendant neuf mois, comme l’aurait fait une autre mère. Elle fini alors souvent par le
tuer (Miller, 2003). Souvent, ces femmes ne gardent qu’un souvenir très vague de
leur acte et prennent très peu de précautions pour le dissimuler. Le deuxième cas de
figure est celui dans lequel la mère ne tente pas concrètement de tuer son enfant,
mais elle accouche dans les toilettes, par exemple, et n’a alors aucun moyen de
prévenir la mort de ce dernier (Miller, 2003).

____________________________
1. Par la suite je traduirai de la manière suivante : « déni affectif », « déni persuasif », « déni psychotique ».
2. Voir point n°3 : Mécanismes psychologiques et caractéristiques physiologiques

5
Approfondissement bibliographique dans une autre langue Marion Bassin
Psychologie et éducation Décembre 09

6. Discussion
Les recherches qui permettent de bien cerner ce phénomène sont assez larges et
cette présentation ne les prend pas toutes en compte (par exemple, voir Milstein, K.
& Milstein, P.-S. (1983). Psychophysiologic aspects of denial of pregnancy ou les
nombreux travaux de J. Wessel comme Denial of pregnancy as a reproductive
dysfunction : a proposal for international classification systems (2006)).
Parmi les sources mentionnées, la plus complète et relativement récente qui plus
est, concerne l’article de Laura Miller (Denial of pregnancy, 2003), qui rend compte
non seulement des différentes formes de dénis de grossesse, mais également de la
nature des facteurs de risques ainsi que des diverses conséquences. Cet article est
vivement conseillé, car il décrit chaque élément avec concrétude et précision.
L’article de J. Wessel & al. propose un exemple de recherche intéressant sur le déni
de grossesse. Il a le mérite de rendre compte concrètement du nombre de dénis de
grossesse sur une longue période (1 an) à Berlin. Il serait intéressant de multiplier
les recherches de ce genre qui ne sont, apparemment, pas très nombreuses, afin de
cerner plus précisément le phénomène. Lundquist aborde, dans son article très
récent, les thèmes de l’infanticide et certains aspects du déni de grossesse
(mécanismes psychologiques et caractéristiques physiologiques, notamment).
Cependant, cet article ne concerne pas uniquement le sujet du déni de grossesse,
puisqu’il aborde aussi la problématique des femmes ayant eu des grossesses non
voulues. Il permet ainsi de faire le lien entre ces deux phénomènes différents.
Finalement, l’article de P.L. Neifert & J.A. Bourgeois pose de manière claire la
différence entre un déni psychotique et non-psychotique et est très bien illustré,
grâce à la présentation d’un exemple d’une femme victime d’un déni de grossesse.
Ainsi, le déni de grossesse est un phénomène complexe. La littérature insiste sur le
fait qu’il touche des femmes qui refusent de voir la vérité et de se faire aider. L’être
humain peut malheureusement intervenir que dans une moindre mesure sur la
fréquence des dénis de grossesse. Cependant, il a la possibilité de réfléchir à des
pistes de compréhension du phénomène pour soutenir et guérir au mieux ces
femmes.

6
Approfondissement bibliographique dans une autre langue Marion Bassin
Psychologie et éducation Décembre 09

7. Bibliographie

- Del Guidice, M. (2006). The evolutionary biology of cryptic pregnancy: A re-


appraisal of the « denied pregnancy » phenomenon. Medical Hypotheses, 68, 250-
258.
- Denial of pregnancy, a condition in its own right (n.d.). Retrieved november, 6,
2009, from http://mom-world.com/?p=1159
- Hatters Friedmann, S., Heneghan, A. & Rosenthal, M. (2007). Characteristics of
Women Who Deny or Conceal Pregnancy. Psychosomatics, 48, 117-122.
- Heller, J.F., McCarron, N. & Levine, D. (1998). Denial of pregnancy and infanticide.
In J. P. O’Grady, R. T. Burkman (Ed.), Obstetric Syndromes and conditions (pp. 139-
150). Parthenon Publishing Goup Inc.
- Lee, A., Li, C., Kwong, N. & So, K. (2006). Neonaticide, newborn abandonment,
and denial of pregnancy - newborn victimisation associated with unwanted
motherhood. Hong Kong Med J, 12, 61-64.
- Lundquist, C. (2008). Being Torn: Toward a Phenomenology of Unwanted
Pregnancy. Hypatia, 23, 136-155.
- Margaret, G. & Spinelli, M.D. (2001). A Systematic Investigation of 16 Cases of
Neonaticide. Psychiatry, 158, 811-813.
- Miller, L. (2000). Psychiatric disorders during pregnancy. In L. N. Scotland, D. E.
Stewart (Ed.), Psychological aspects of women's health care: the interface between
Psychiatry and Obstetrics and Gynecology (pp. 51-63). American Psychiatric Press,
Inc.
- Miller, L. (2003). Denial of pregnancy. In M. G. Spinelli (Ed.), Infanticide:
psychosocial and legal perspectives on mothers who kill (pp. 81-104). American
Psychiatric Publishing, Inc.
- Neifert, P.L. & Bourgeois, J.A. (2000). Denial of pregnancy: A case study and
literature review. Military médicine, 165, 566-568. Retrieved novembrer 3, 2009, from
http://findarticles.com/p/articles/mi_qa3912/is_200007/ai_n8924823/
- Solari, H., E. Dickson, K. & Miller, L. (2009). Understanding and Treating Women
with Schizophrenia during Pregnancy and Postpartum. Can J Clin Pharmacol, 16, 23-
32.
- Wessel, J., Endrikat, J. & Buscher, U. (2002). Frequency of denial of pregnancy:
results and epidemiological significance of a 1-year prospective study in Berlin. Acta
Obstetrica Gynecologica Scandinavica, 81, 1021-1027.

S-ar putea să vă placă și