CONCLUSIONS
Monsieur Tonnelier, ayant pour Conseil Me Sébastien Courtoy, Avocat au barreau
de Bruxelles
Contre : Monsieur Yves Cornelis, ayant pour Conseil Me Jean-Louis Jaspar, Avocat au
Barreau de Bruxelles
Monsieur le Procureur général prés la Cour d’appel, agissant au nom de son office.
Audience du 17 février 2010 devant la 11°" chambre de la Cour d’appel de Bruxelles
Affaire dite « Tonnelier-Cornelis »A TITRE PRINCIPAL : INCOMPETENCE DE LA COUR D’APPEL
Par jugement du 15 janvier 2009, le Tribunal s"est déclaré incompétent pour connaitre des
présentes poursuites, jugeant que celles-ci sont de la compétence de la Cour d’assises.
Les présentes poursuites sont effectivement de la compétence de la Cour d’assises,
puisqu’elles visent une (prétendue) calomnie/diffamation portée sur un « Forum de discussion
Tntemet », et que la jurisprudence, unanime, juge que l’article 150 de la Constitution
(attribuant la compétence des délits de presse! la Cour d’assises) s" applique aux délits, non
seulement lorsqu’ils sont commis par voie de presse écrite mais également lorsqu’ils sont
commis par voie de presse télématique (c’est-A-dire par le biais d’Internet)
Ainsi, la Cour d’appel de Mons, notamment par arrét du 14 mai 2008, se déclare
incompétente pour connaitre des délits d’opinion commis via Internet, aux motifs qu’une
opinion écrite sur un Forum de discussion constitue une écrit dont « la reproduction est
illimitée, dans la mesure oit elle est l'euvre des internautes qui le consultent & leur gré et ott
ceux-ci peuvent non seulement Vimprimer, d leur usage personnel notamment, mais aussi Te
transmettre a d'autres personnes susceptibles d'étre intéressées par le sujet qui y est
développé.(...)
Ce procédé de multiplication (est dés lors) assimilable & celui de l'imprimerie et des moyens
similaires a celle-ci (...). Ils'en suit (...) que Uopinion émise par le prévenu, & la supposer
délictueuse, a été exprimée par un écrit imprimé et publié. »
La Cour d’appel de Mons constate dés lors que les délits commis par Internet rentrent dans la
définition donnée par la Cour de cassation aux délits de presse, & savoir les « abus de la
manifestation des opinions dans des écrits imprimés et publiés »”, et sont done de la
compétence de la Cour d’assises.*
De méme, la Cour d’appel de Gand, notamment par arrét du 15 avril 2008, se déclare
incompétente pour connaitre des délits d’ opinion commis via Internet, aux motifs que :
« Het betreffende bericht wordt via een technisch procede vermenigvuldigd en verspreid.
Er kan dan ook geen twijfel over bestaan dat de wijze waarop (...) de informatie is ontstaan,
gepubliceerd, vermenigvuldigd en verspreid, volstrekt vergelijkbaar is met deze die via een
‘gedrukte krant tot stand komt. »
« Het is overigens (...) evident dat -gelet op de evolutie in de communicatiemedia, welke in
1831 noch gekend was noch zelfs kon worden vermoed- aan het begrip drukpers een veel
ruimere betekenis moet worden toegekend dan wat destijds slechts mogelijk was door middel
yan inkt en papier, en dit precies ten einde ook op heden nog steeds de bekommernis van de
grondwetgever te respecteren. »
" Les délits de presse sont des délits de droit commun (p.ex. la diffamation), mais commis par voie de presse.
2Cass., LI décembre 1979, Pas., 1980, p452.
> La Cour d’appel de Mons confirme ainsi la jurisprudence constante du Tribunal correctionnel de Mons, qui se