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Sémiologie

médicale
David Gray D M , M P H , FRCP
Reader in Medicine and Honorary Consultant Physician,
Department of Medicine, Queen's Medical Centre, Nottingham, UK

Peter Toghill M D , FRCP


Emeritus Consultant Physician, Queen's Medical Centre, Nottingham, UK
and Previously Director of CME, Royal College of Physicians, London, UK

Traduction de:

Marc Braun
Professeur des universités, praticien hospitalier,
faculté de médecine et C H U de Nancy

Avec la collaboration de:

Annick Barbaud, Jean-Pierre Bronowicki, Bruno Lévy, Jean-Pierre Kahn


Professeurs des universités, praticiens hospitaliers, faculté de médecine et CHU de Nancy

m MASSON
Avant-propos

Notre objectif principal en éditant ce livre est de fournir un petit guide simple et pratique pour les étu-
diants, durant leurs premiers jours de pratique clinique. Pour être un bon médecin, il faut apprendre à
écouter les patients pour comprendre leurs symptômes et les examiner en mettant à profit notre sens
clinique. L'acquisition de ces savoir-faire est indéniablement la tâche la plus importante au cours de
l'éducation médicale et constitue la base des relations entre médecins et patients.
Nous pensons que la meilleure manière d'apprendre la médecine consiste en un apprentissage médi-
cal : observer et écouter les enseignants lorsqu'ils sont en face de leurs patients. À mesure qu'il acquiert
de l'expérience, l'étudiant pratique des techniques, tout d'abord sous contrôle, puis seul. Rien ne rem-
place la rencontre avec de véritables patients dans les conditions hospitalières ou dans un cabinet de
consultation. Les méthodes qui consistent à raconter des histoires de malades ou à se mettre en pré-
sence de patients simulés ne nous enthousiasment pas. Par chance, en Angleterre comme en France
(NdT), la majorité des patients accepte la présence et les activités d'enseignement des étudiants de
médecine au cours de leurs stages hospitaliers ou à domicile. En effet, les patients se rappellent sou-
vent avec affection des « apprentis docteur » qui ont participé à leur prise en charge. Il ne faut jamais
abuser du privilège d'apprendre auprès des patients.
Dans la majorité des maladies, un diagnostic de travail peut être élaboré grâce à un relevé précis des
antécédents et à l'examen clinique, bien avant que des investigations ne soient entreprises. Pour per-
mettre aux étudiants de parvenir à ce diagnostic de travail, nous avons présenté des méthodes de pré-
sentation des affections les plus communes et les circonstances dans lesquelles elles peuvent survenir.
Nous avons également insisté sur les symptômes potentiellement graves et ceux qui sont relativement
bénins. C'est une perte de temps que d'élaborer de nombreux diagnostics différentiels lorsqu'on ne
distingue pas les symptômes fréquents des plus rares. Comme les patients se présentent habituelle-
ment avec des symptômes plutôt qu'avec un diagnostic, nous avons inclus une section basée sur la
présentation des symptômes.
Notre livre se présente comme un complément de l'excellent ouvrage écrit par Sir Norman Browse, Art
Introduction to the Symptoms and Signs of Surgical Disease, également publié chez Arnold. Il est volon-
tairement à contre-courant des textes encyclopédiques et il est l'héritier d'un ouvrage plus ancien, Exa-
mining Patients. Nous sommes très sensibles au fait que les étudiants actuels sont placés devant la
tâche impossible d'entretenir leur savoir alors que le volume des connaissances explose. Heureuse-
ment, grâce à Internet, un accès virtuellement illimité aux informations est maintenant disponible pour
les praticiens (et pour les patients). En conséquence, rassembler des connaissances factuelles est
devenu moins important que l'acquisition d'un savoir-faire et d'une expérience.

David Cray
Peter Toghill
Remerciements

Toute notre gratitude va à nos collègues de Nottingham et d'ailleurs qui ont accordé leur temps pré-
cieux et leur expérience en contribuant à l'écriture de ce livre. Bien d'autres collègues nous ont donné
des illustrations provenant de leur collection personnelle. Nos remerciements sincères vont aussi aux
patients qui nous ont autorisés à les photographier dans un but pédagogique. La plupart des photo-
graphies ont été prises sur une période de plusieurs années par le département audiovisuel du
Queen's Medical Center de Nottingham. Nous sommes également reconnaissants aux étudiants qui
nous ont confié, par exemple, leurs premières observations cliniques.
L'équipe éditoriale d'Arnold nous a encouragés à produire ce livre en complément du livre de patho-
logie chirurgicale de Sir Norman Browse, également publié chez Arnold. Fiona Goodgame a été la plus
enthousiaste à initier le projet et Jane Duncan fut efficace et patiente en coordonnant les efforts de
chacun pour l'élaboration de cet ouvrage.

David Cray
Peter Toghill
Glossaire

Glossaire des termes qui n'ont pas été nécessairement définis dans le texte.

Abduction: mouvement du corps ou d'un - cytopénie: suffixe signifiant la réduction du


membre s'éloignant de la ligne médiane. nombre de cellules.
Adduction: mouvement du corps ou d'un Diascopie: observation à travers une vitre
membre se rapprochant de la ligne médiane. pressée contre la peau.
- a l g i e : suffixe signifiant « douleur allant ou Diverticule : un sac borgne.
provenant ». Drusen : corps colloïdes sur la rétine.
Amnésie: perte de mémoire. Dys - : préfixe signifiant douleur ou difficulté au
Anastomose: jonction, connexion. cours de certaines activités.
Anévrisme: dilatation d'une artère. D y s a r t h r i e : difficulté de prononciation.
Anorexie: perte de l'appétit. Dysphagie: difficulté ou douleurs en avalant.
Anosmie : perte de l'odorat. Dyspnée : difficulté à respirer.
Anosognosie : absence de perception ou d'ac- Dyspraxie: difficulté à exécuter des schémas
ceptation d'un handicap sévère, habituelle- moteurs (enchaînement de mouvements [NdT]).
ment une hémiplégie gauche. D y s u r i e : sensation de brûlure ou douleur à la
Anurie: absence de sécrétion d'urine. miction.
Aplasie: absence de développement ou de Ecchymose: bleu.
croissance. Effusion : collection de liquide dans un espace
Ascite : liquide dans la cavité péritonéale. potentiel.
Blépharite : inflammation ou rougeur des bords E m b o l e : substance transportée dans le flux
des paupières. sanguin et suffisamment volumineux pour
Brady - : préfixe signifiant « lent ». obstruer un vaisseau.
Souffle: bruit dû à un flux turbulent dans un Epigastre: partie haute de l'abdomen.
vaisseau sanguin. E r y t h è m e : rougeur ou flush de la peau due à
Bulle(s) : larges cloques de la peau. la dilatation des vaisseaux sanguins superfi-
Cachexie : maigreur extrême. ciels.
Chemosis : œdème de la conjonctive. Erythrodermie : peau rouge.
Cholostase : stagnation de la bile. Exophtalmie: protrusion du globe oculaire
Circadien : description d'un rythme journalier. dans les maladies thyroïdiennes.
Coarctation : rétrécissement de vaisseaux san- Fistule: communication anormale entre deux
guins. organes creux ou entre un organe et la surface
Crépitation craquement ou grincement dans cutanée.
une articulation au cours du mouvement des os. Fosse: creux.
Cyanose: couleur bleue de la peau due à la Pollakiurie: fréquentes mictions de petites
désoxygénation du sang. quantités d'urine.
Cyphose: augmentation de la flexion anté- Gangrène : nécrose simple ou infectieuse d'un
rieure de la colonne thoracique par une angu- tissu.
lation brutale en un point. Gingivite : inflammation de la gencive.
Glossaire

Hématémèse : vomissement de sang (appareil Oligurie: sécrétion de petites quantités


digestif). d'urine.
Hématurie : présence de sang dans les urines. Onycholyse: séparation de la partie distale
Hémolyse: lyse ou destruction des globules d'un ongle de son lit unguéal.
rouges. - o r r h é e : suffixe signifiant « pertes, écoule-
Hémoptysie: expectoration de sang (système ment ».
respiratoire). Orthopnée : essoufflement (dyspnée) en décu-
Hallucinations : perception anormale d'objets. bitus strict.
Hémianopsie: moitié d'un champ visuel d'un Ostéomalacie : réduction de la masse osseuse.
côté. Phlébite: inflammation d'une veine.
H o m o n y m e : du même côté, comme dans la - plastie : suffixe signifiant réparation ou cor-
vision. rection par chirurgie.
Hyper -: préfixe signifiant « plus que la nor- Pneumo -: préfixe signifiant air à l'intérieur
male ». d'un organe ou une cavité.
Hyperacousie : perception de sons semblant - pnée: suffixe signifiant « en relation avec la
trop forts.
respiration ».
Hyperémie: augmentation du flux sanguin.
Polycythémie : excès de globules rouges dans
Hyperhydrose : excès de sudation.
le sang.
Hyperphagie : absorption excessive d'aliments.
Polyphagie : augmentation de l'appétit.
Hypo -: préfixe impliquant une sous-activité
P o l y u r i e : sécrétion de grandes quantités
ou moins que la normale.
d'urine.
latrogène: causé par les médecins ou le résul-
Prognathisme: protrusion de la mandibule.
tat d'un traitement.
P r o p t o s e : protrusion du globe oculaire.
Ichtyose: peau écailleuse, comme celle d'un
P r u r i t : démangeaisons de la peau.
poisson.
P t o s i s : chute de la paupière supérieure.
Idiopathique: de cause inconnue.
Rhinophyma: décoloration bleu rougeâtre et
- ite: suffixe impliquant « inflammation de ».
Illusion : interprétation (perception) erronée de gonflement du nez.
S c o l i o s e : courbure latérale de la colonne.
stimuli.
Intertrigo: eczéma aux plis de flexion cutanée. Signes du papier m o n n a i e : angiomes stel-
Koïllonychie : déformations des ongles en laires confluant ressemblant à l'arrière-plan
cuillère. d'un billet d'un dollar américain.
Lanugo : cheveux fins et doux comme chez les Sténose : rétrécissement.
nouveaux-nés, visibles mais non palpables. Stigmate: signe caractéristique.
M y d r i a s e : dilatation de la pupille. Tachy - : préfixe signifiant « rapide ».
Naevus: lésion cutanée, pas nécessairement Télangiectasies : dilatation persistante des
d'origine vasculaire. vaisseaux sanguins.
Noctiurie: mictions nocturnes. - u r i e : suffixe signifiant « relatif à l'urine ».
- nychie : suffixe signifiant « de l'ongle ». Vésicule: petite cloque de la peau.
Œ d è m e : liquide ou fluide dans les tissus. X a n t h o m e : dépôts lipidiques de la peau.
Oligo - : préfixe signifiant « réduit, peu ». Xanthelasma: plaques de lipides dans la peau
Oligoménorrhée : règles peu abondantes. des paupières.
Table des matières

Avant-propos V

Remerciements VII

Glossaire IX

A Interrogatoire et e x a m e n clinique : les bases

1. Interrogatoire 3_
Histoire de la maladie 3
S'entraîner à l'interrogatoire 5
Comment rédiger une bonne histoire 9
10
En résumé

2. Examen clinique 11_


Pourquoi réaliser un examen clinique 11

Premières impressions 11

Examen clinique 19

Avant de commencer 19

Commencez par une évaluation générale 20

Faites une inspection générale 20

En résumé 25

Finalement 25

3. En pratique 26
Erreurs fréquentes, comment les éviter 26
Comment rédiger une observation 27
Présenter une observation concise pendant une visite 33
Sémiologie médicale

• 4 C o m p r e n d r e les différents appareils

4. Comprendre les maladies cardiovasculaires 37

Symptômes des maladies cardiovasculaires 37

Reste de l'histoire 40

Examen clinique 41

5. Comment se présentent les patients atteints d'une maladie

respiratoire? 61
Histoire de la maladie 61
Examen clinique 68

6. Appareil digestif 86
Symptômes 86
La bouche 90
Considérations générales à propos de l'abdomen 94
Le foie 98

La rate 102

Masses abdominales de la ligne médiane 103


Masses de la fosse iliaque droite 105

Distension abdominale 105


Anus et rectum 107

7. Guide pratique pour les maladies du système nerveux 111

Problèmes rencontrés 111

Symptômes 111

Examen clinique 113

8. Troubles psychiatriques : comment les repérer 140

Interroger le patient 140


Antécédents psychiatriques 140
Examen du statut mental 142
Schizophrénie 146
Épisode dépressif 148
Degré d'intentionnalité suicidaire dans le parasuicide 149
Table des matières XIII

Manie 149

Troubles névrotiques liés au stress et troubles somatoformes 150

Troubles du comportement alimentaire 151

Intoxication alcoolique 152

9. Les problèmes médicaux liés à la grossesse 153

Symptômes 153

Examen clinique 154

10. Troubles endocriniens 157

Diabète sucré 157

Maladies thyroïdiennes 161

Examen de la thyroïde 162

Maladie hypophysaire 164

Maladie surrénalienne 167

11. Signes cliniques des maladies de la peau 168

Histoire clinique 168

Examen clinique 174

Examens complémentaires 178

12. Comment examiner un patient gravement malade? 179

Choc 179
Fièvre 180
Hypothermie 182

Insuffisance respiratoire 182

Intoxication 183
Maladies aiguës ou critiques nécessitant des soins intensifs 185

13. Les patients âgés confus 186

Conseils généraux 186

À faire et à ne pas faire 186

Examen clinique 187

Histoire 189
Sémiologie médicale

14. Difficultés spécifiques aux personnes âgées 1


Recueillir l'histoire clinique et éviter les pièges diagnostic

Examen clinique

15. Comment agir face à un patient inconscient? 1


Établir exactement ce qui est arrivé :

Évaluation immédiate

Examen général

Prise en charge \
Mort cérébrale

16. Problèmes oculaires pour non-spécialistes 2


Signes cliniques décelables sans instrument '<
Signes oculaires décelables avec des instruments de base \

Aspect ophtalmoscopique des maladies systémiques \

Médicaments affectant la vision \

17. Connaissances minimales sur l'oreille, le nez et la gorge 2

L'oreille i

Le nez I

Atteinte pharyngée et laryngée î

18. Maladies contractées à l'étranger 2


Maladies au retour d'un voyage 2
Caractères particuliers de l'examen clinique 2
Présentations cliniques les plus fréquentes au retour d'un voyage 2

Examen des immigrants ou des grands voyageurs 2

19. Maladies rénales et génito-urinaires 2


Reins et vessie 2
Signes d'insuffisance rénale 2

Vénérologie 2
Histoire clinique 2
Examen clinique 2
Quelques syndromes cliniques fréquents 2
Table des matières XV

20. Appareil locomoteur 245

Introduction 245

Changements dus à l'âge 247

Articulations particulières 247

Diagnostic des atteintes articulaires 250

La colonne vertébrale 253

21. Comprendre le sida 255

Introduction 255
Infections opportunistes du sida 256

Sida et tumeurs malignes 256


Aspects psychologiques du sida 257

22. Apprendre à proposer un diagnostic différentiel 258

Élaborer un diagnostic différentiel 258

Que faire si vous n'arrivez pas à poser un diagnostic différentiel? 258

Possibilités diagnostiques 259

23. Prescrire des examens complémentaires de base 261

À propos des résultats 261

Résultats anormaux 261


Avertissement à propos des examens complémentaires 261
Quels examens complémentaires devez-vous prescrire? 262

Examens complémentaires diagnostiques 263


Examens pour surveiller les effets du traitement 263

À se rappeler lorsque l'on prescrit des examens complémentaires 263

La « batterie » de dosages 264


Que dire au patient? 264

C C a u s e s e t s y m p t ô m e s d u trouble

24. Dyspnée 267


Le patient est-il atteint? 267

La maladie est-elle grave? 267


Sémiologie médicale

Quelques causes fréquentes 268

Quelques causes moins fréquentes mais toujours importantes 268

Groupes à risque 268

Par quoi faut-il commencer? 269

Trouver la cause 269

Que faut-il faire après? 270

25. Douleurs thoraciques 271


Le patient est-il malade? 271

La maladie est-elle grave? 271

Quelques causes fréquentes 271

Quelques causes moins fréquentes mais toujours importantes 272

Groupes à risques 272

Trouver la cause 273

Que faut-il faire ensuite? 274

26. Céphalées 275


Quelques causes fréquentes 275

Par quoi faut-il commencer? 275


Céphalées brutales et sévères pouvant être graves 275

Céphalées périodiques 275

Céphalées fébriles 277


Céphalées dans l'hypertension artérielle 277

Céphalées des personnes âgées 277


Céphalées de l'hypertension intracrânienne 278

27. Douleurs abdominales 279


Douleurs abdominales aiguës de type colique 279
Survenue brutale d'une douleur abdominale sévère et persistante 280

Douleur abdominale sévère à début subaigu due à des organes


ou des viscères inflammés 282
Douleur dans le quadrant supérieur droit 282
Causes moins fréquentes à rechercher 283
Douleur dans le quadrant supérieur gauche 283
Table des matières XVII

Douleur dans le quadrant inférieur droit 284

Douleur dans le quadrant inférieur gauche 284

28. Fatigue 285


Simple fatigue physiologique 285

Fatigue associée à des symptômes psychiatriques 285

Syndrome de fatigue chronique 286

Questions à poser 286

29. Perte de poids 287


Perte de poids chez les nourrissons 287

Perte de poids chez le jeune 288

Perte de poids chez l'adulte 288

30. Jambes gonflées 290


Le patient est-il malade? 290

Est-ce grave? 290

Quelques causes fréquentes 290

Quelques causes moins fréquentes mais toujours importantes 290

Groupes à risques 291

Trouver la cause 291

Que faire ensuite? 292

31. Douleurs articulaires 295


Le patient est-il malade? 293

La maladie est-elle grave? 293

Quelques causes fréquentes 293

Groupes à risque 293

Trouver la cause 294

Que faire ensuite? 294

32. Palpitations 295


Le patient est-il malade? 295
La maladie est-elle grave? 295

Quelques causes fréquentes 295


XVIII Sémiologie médicale

Quelques causes moins fréquentes mais toujours importantes 296

Groupes à risques 296


Trouver la cause 296

Que faire ensuite? 296

33. Malaise 297


Le patient est-il malade? La maladie est-elle grave? 297

Quelques causes fréquentes 297


Quelques causes plus rares mais toujours importantes 297

Groupes à risques 298

Trouver la cause 298

Que faire ensuite? 298

34. Collapsus 299


Le patient est-il malade? 299

La maladie est-elle grave? 299

Quelques causes fréquentes 299

Quelques causes moins fréquentes mais toujours importantes 299

Groupes à risque 299

Trouver la cause 299

Que faire ensuite? 300

35. Rectorragie (saignement digestif bas) 301


Le saignement est-il grave? 301
Le saignement peut-il provenir du haut appareil digestif? 302
Que rechercher chez un patient qui se plaint de rectorragie ? 302

36. Modifications du transit intestinal 304


Diarrhées 304

Diarrhées à début brutal 304

Diarrhées iatrogènes et changements diététiques 305

Diarrhées plus graves à début subaigu ou chronique 305

Incontinence anale 306

Constipation 306
Table des matières XIX

Constipation chronique 306


Constipation de survenue récente 306
Alternance constipation et diarrhée 306

37. Hématémèse 308


Causes probables 308

Examen clinique 309


Que faire ensuite? 310

38. Hémoptysie 311


Quand prévoir des examens complémentaires urgents? 311

Autres causes d'hémoptysie 311

Que faire ensuite? 311

39. Ictère 313


Recueillez les antécédents de manière détaillée 313

Hépatite infectieuse 313


L'ictère, symptôme d'une autre maladie 315
Ictère médicamenteux 316
Maladies hépatiques chroniques 316

Ictère obstructif 316

40. Anémie et adénopathies 318


Symptômes communs à tous les patients anémiques 318
Symptômes liés à la cause de l'anémie 318

Signes cliniques à rechercher chez un patient anémique 318

Syndromes myéloprolifératifs 322


Évoquez la possibilité d'une hémoglobinopathie 322

41. Déficit moteur des membres 325


Étapes principales 325

En résumé 326

Index 331
Interrogatoire
et examen clinique:
les bases
Interrogatoire 01

• HISTOIRE DE LA MALADIE efficace; le diagnostic reposera essentiellement


sur une histoire bien retranscrite. Dans un
Chaque maladie tend à se présenter de manière angor, la description de la douleur thoracique
assez caractéristique. Les médecins essayent de liée à l'effort peut être suffisante pour permettre
regrouper d'une part les symptômes que rap- un diagnostic sûr sans examen complémentaire.
porte le patient, d'autre part les modifications En écoutant l'histoire d'un malade, vous appre-
des signes physiques retrouvées à l'examen cli- nez son attitude vis-à-vis de sa maladie, vous
nique, et enfin les modifications physiologiques percevez ses craintes, soit à travers des indices
et pathologiques retrouvées par les examens non verbalisés, soit par des commentaires d'évi-
sanguins ou autres tests, en un ensemble recon- tement comme: « J'ai dit à ma fille que ce n'était
naissable et typique de la maladie. Après avoir pas un cancer parce que je n'ai pas craché de
fait un diagnostic, le médecin, se basant sur son sang. »
expérience et sur ses connaissances, peut discu-
ter avec le patient du pronostic envisagé et des
différentes options de traitement. Le processus Quelques conseils élémentaires
d'entretien avec le patient et son examen (ainsi
que la prise de notes) est généralement appelé Vous pouvez vous sentir intimidé et manquer
l'examen clinique du patient. La partie la plus d'assurance lorsque vous parlerez avec les
importante de ce processus est l'histoire de la patients pour la première fois. Toutefois vous
maladie. verrez qu'en général, ils vous aident et vous sou-
tiennent, particulièrement si vous leur dites que
vous êtes « un étudiant en médecine travaillant
Qu'est-ce qu'une histoire ? dans l'équipe du docteur X. »
Vous découvrirez que certains patients fournis-
Une histoire est le déroulement détaillé de la sent une liste de signes, petit à petit, concernant
maladie actuelle du patient: les facteurs signifi- des événements apparemment sans lien les uns
catifs qui peuvent prédisposer à la maladie, les avec les autres, situation que vous estimerez tout
détails d'une maladie antérieure, les traitements d'abord complètement hors de propos. Pour le
actuels et passés, les éventuelles maladies fami- patient, ces circonstances peuvent apparaître
liales, la situation sociale et personnelle du comme les causes de sa maladie. Une interrup-
patient et ses habitudes. tion polie, une question légèrement différente
Les symptômes du patient sont importants peut les remettre « sur les rails ».
parce qu'ils apportent la plupart des orientations Ne vous laissez pas influencer par le diagnostic
diagnostiques et peuvent ainsi directement, par du patient, d'un parent ou même du médecin de
un examen clinique approprié, indiquer les diffé- famille : vous devez vous faire votre propre opi-
rents examens complémentaires les plus aptes à nion en parlant et en examinant le patient. De
confirmer une suspicion clinique et établir un plus, ne soyez pas déconcerté si le patient com-
diagnostic. Pour certaines maladies comme la mence par mentionner des choses dans un
migraine, il n'y a pas d'examen complémentaire ordre différent de celui de la liste du Point de
Interrogatoire et examen clinique : les bases

révision 1.3 à la fin de ce chapitre. Rappelez-vous > Faites connaître à vos collègues médecins les
simplement de ce qu'il a dit et faites-vous clari- questions que se pose le patient;
fier certains détails que vous aurez pu oublier. Respectez l'information qui vous a été don-
Maintenez le plus souvent possible un contact née de manière confidentielle;
visuel car ceci aide à établir une relation confiante Résumez ce que le patient vous a dit et assu-
avec votre patient et renforce l'impression que rez-vous que ceci correspond à ce qu'il pense ;
vous intéressez à lui. Essayez d'éviter d'inter- Retranscrivez toute information lisiblement;
rompre votre patient. Dites poliment: « Je suis Faites-vous aider d'un interprète profession-
désolé, pouvez-vous m'éclaircir ce point... » Pre- nel si nécessaire, entraîné à traduire les ques-
nez des notes sommaires (le moins de mots pos- tions que vous posez: un membre de la famille
sibles) pendant que le patient parle : cette prise de n'est pas un bon intermédiaire;
notes au fil de la conversation formera l'ossature > Conduisez la conversation mais ne mettez
de votre observation que vous rédigerez plus tard. pas les mots dans la bouche du patient;
> Notez toutes les attitudes significatives (lan-
gage du corps) ;
À faire, à ne pas faire > Recherchez les informations tout d'abord
auprès du patient, puis auprès des parents, du
Quand vous parlez avec un patient : partenaire ou d'un ami si nécessaire;
Présentez-vous et expliquer pourquoi vous > Remettez les plaintes du patient dans le
venez le voir; contexte social: des renseignements sur l'envi-
> Demandez-lui si vous pouvez lui parler et ronnement familial, le travail, le type d'habitat et
l'examiner; les loisirs peuvent être utiles;
> Parlez avec et non pas au patient; > Demandez aux patients ce qu'ils pensent de
> Apprenez à être un bon auditeur; la situation actuelle;
> Soyez poli et respectueux à tout moment; » Essayez d'établir la durée et le déroulement
> Agissez avec courtoisie et évitez d'utiliser le des événements de manière claire;
prénom du patient, sauf s'il vous le demande; > Raccourcissez l'entretien si votre patient est
> Évitez d'utiliser des termes paternalistes très malade;
comme « mon grand » ou « mon cher »; > Parlez avec la famille du patient, ses amis et
> Prenez davantage de temps avec un patient son médecin de famille si le patient a des diffi-
très jeune, très âgé ou malentendant; cultés à communiquer, comme après un acci-
> Posez des questions spécifiques pour déter- dent vasculaire cérébral (Fig. 1.1);
miner si le patient souffre de troubles de la
mémoire;

Figure 1.1. Parfois, avec des patients


gravement malades, il sera impossible
d'établir un contact personnel.
Assurez-vous de pouvoir parler à
quelqu'un qui vous apportera des
formations. Ceci comprend les amis,
les parents, le personnel soignant et
les ambulanciers.
Interrogatoire

POINT DE RÉVISION 1.1 Essayez de ne pas consulter le dossier médical


du patient avant de l'avoir rencontré.
Le fait que ces patients ne soient pas hospitali-
sés dans le service où vous travaillez n'a aucune
POINT DE RÉVISION, 1.1
importance. Vous devez simplement rencontrer
L'histoire familiale et sociale est cruciale pour la prise
de nombreux types de patients. Il vous sera
en charge d'un patient de vingt-cinq ans diminué par
une sclérose en plaques mais ceci n'est pas probablement très difficile de n'oublier aucune
forcément utile chez un adolescent jusqu'ici en question et il faudra vous référer souvent à votre
bonne santé avec une appendicite aiguë. « guide de poche de l'interrogatoire ». Ce n'est
> Rappelez-vous que l'examen clinique et les pas très grave. La pratique remédiera à la
examens complémentaires contribuent beau- situation, sans compter que vos connaissances
coup moins au diagnostic qu'une histoire de la théoriques des maladies augmenteront rapide-
maladie bien retranscrite. ment.
Rappelez-vous de commencer par une question
Et rappelez-vous de ne pas : simple et « ouverte » avant de poser des ques-
> vous en faire si votre interrogatoire est haché tions plus détaillées, par exemple : « Quand avez-
et long; vous noté que les choses ont commencé à ne
> interrompre le patient sauf s'il est évident que plus aller? » ou « Qu'est-il arrivé après? »
la question a été mal comprise;
> écrire pendant que le patient parle;
> poser des questions orientées : essayez d'être Erreurs fréquentes
le plus général possible;
> utiliser des mots scientifiques et un jargon En tant que novice, vous prendrez beaucoup de
que le patient ne peut pas comprendre; temps à enregistrer des plaintes détaillées appa-
> donner une opinion sur un diagnostic ou un remment sans fin et vous aurez l'impression que
traitement; ceci ne vous mène nulle part. N'hésitez pas à
> utiliser un langage complexe, particulière- interrompre poliment le patient s'il répond à côté
ment chez les patients pour qui le français est la de vos questions. Reformuler une question (en
seconde langue; utilisant un langage plus familier par exemple)
> harceler un patient distrait: ceci empire la peut rediriger votre patient et raccourcir une
situation ; réponse décousue.
> critiquer l'avis du docteur ou un traitement. Il est tentant de conclure trop rapidement sur la
cause d'une maladie. Demandez-vous toujours
si tout concorde. Sinon, assurez-vous que l'his-
S'ENTRAÎNER toire vous donne une description claire de la
chronologie des symptômes. Vérifiez que vous
À L'INTERROGATOIRE n'avez rien oublié.
II est habituellement plus facile de s'exercer
auprès de patients hospitalisés qu'auprès de
patients très atteints qui viennent juste d'arriver Comment diriger un entretien
en phase aiguë: il y a moins de pression sur les
membres de l'équipe médicale pour aller rapide- Les patients sont souvent très différents. Cer-
ment au fond des choses. Saisissez ainsi toutes tains auront écrit une liste chronologique et
les opportunités de visiter les services et de par- extrêmement détaillée de tous leurs symptômes;
ler avec les patients. Vous pouvez aussi dialo- d'autres vous exposeront divers symptômes
guer avec les patients qui récupèrent d'une mineurs apparemment sans liens; d'autres
maladie aiguë et qui souvent sont heureux encore répondront à vos questions de manière
d'avoir quelqu'un à qui parler, et qui les aide à monosyllabique et vous aurez des difficultés à
occuper les longues journées d'hospitalisation. les faire parler.
Interrogatoire et examen clinique : les bases

Une première stratégie consiste à poser juste née et une description claire vont permettre d'at-
une question, s'asseoir et attendre une réponse. tribuer ce symptôme à un appareil en particulier
Beaucoup de patients se seront entraînés à dire et permettre parfois un diagnostic spécifique.
ce qu'ils voulaient exprimer pour que « cela Il est important de rapporter les épisodes cri-
sorte ». Vous pouvez y trouver quelques infor- tiques de la maladie, car une séquence particu-
mations pertinentes alors n'essayez pas de les lière d'événements peut indiquer un diagnostic
interrompre. Quand ils auront achevé leur dis- particulier. Dans la méningite, des symptômes
cours, vous aurez la possibilité de revenir au grippaux peuvent précéder la fièvre, la photo-
début avec un « Il semble que votre problème phobie, la nausée et la raideur de nuque.
principal soit une douleur dans la poitrine et que Parfois, la survenue de ces événements critiques
vous soyez essoufflé. Dans quelles circonstances sont liés à un programme de télévision particulier
ceci survient-il ? » (pour des symptômes qui évoluent rapidement)
Certains patients sont vraiment loquaces et tien- ou à des vacances et à des anniversaires pour
nent à vous informer de tous les détails de leur des maladies qui progressent lentement. En utili-
maladie. Maintenir « sur les rails » un patient très sant des événements familiers comme ceux-là,
bavard peut sembler impossible au début mais nous pouvons aider les patients à se rappeler de
essayez de ne pas paraître ennuyé et indifférent. détails qui n'auraient peut-être pas mentionné.
La plupart des patients ne seront pas offensés si
vous les interrompez poliment (pour mettre fin à POINT PRATIQUE
des détails sans importance) et que vous leur
Quelques causes de perte de connaissance
faites comprendre que leurs problèmes vous Accidents de Stokes-Adams
intéressent. Épilepsie
Le patient le plus difficile est celui qui n'articule Évanouissement simple
Hypotension orthostatique (posturale)
pas au point de s'exprimer de façon monosylla-
bique. Certains patients ont besoin d'encourage-
ments avec des questions très simples souvent Certains patients peuvent se remémorer certains
directes jusqu'à ce que leur confiance se ren- événements plus rapidement que d'autres; il fau-
force. dra donc leur poser des questions directes pour
Enfin rappelez-vous que tout ceci requiert du obtenir davantage de détails. Dire « Les vertiges
temps, de la patience et de l'expérience pour sont très communs, quelle sorte de vertiges avez-
développer une expertise dans n'importe quelle vous ? » peut faire naître davantage de détails,
pratique. Interroger les patients ne fait pas mais vous devrez parfois poser des questions
exception. directes comme: « Avez-vous des étourdisse-
ments quand vous vous levez du lit le matin ? »
L'évolution dans le temps et la séquence des
Détailler la maladie événements aident souvent à différencier une
maladie d'une autre; l'histoire devra fournir un
Les informations concernant l'âge du patient, enregistrement précis, clair et chronologique des
son sexe, son groupe ethnique, sa profession symptômes du patient. Essayez d'éviter les
actuelle (voire antérieure) et en particulier la expressions comme « jeudi dernier ». Même si
situation sociale aident à replacer chaque mala- ceci est exact c'est moins utile que « il y a trois
die dans son contexte. jours », ce qui guide mieux celui qui lira ces notes
Documentez les plaintes du patient en utilisant quelques jours (mois ou années) plus tard. Il est
encore mieux d'écrire: « Douleurs dans la poi-
dans la mesure du possible ses propres mots:
trine à l'effort il y a trois jours, s'aggravant pro-
les symptômes peuvent être interprétés diffé-
gressivement le jour suivant et qui ont réveillé le
remment selon les personnes. Les patients décri-
patient il y a six heures. »
vent fréquemment des trous de mémoire et ceci
Vous devez d'abord rechercher le problème
peut être dû à une grande variété de maladies.
actuel, quand les choses ont commencé à aller
Une histoire retranscrite de manière attention-
Interrogatoire

mal et comment elles ont évolué depuis. Osez rant une complication majeure comme une
une question très générale comme: « Quel est, décompensation cardiaque ou une persistance
actuellement, le principal problème? » suivi de: de la douleur thoracique à l'effort. Des comptes
« À quel moment avez-vous réalisé que vous rendus d'hospitalisation et des lettres du méde-
n'étiez pas bien ?» À ce stade, retranscrivez tou- cin de famille sont également utiles.
jours les mots du patient: vous pourrez les tra- Des patienLs âgés ont survécu à une époque où
duire en jargon médical plus tard. des maladies graves comme la tuberculose ou le
Faites attention à ne pas mettre les mots dans la rhumatisme articulaire aigu étaient fréquents; le
bouche du patient. Si un patient affirme que ses vieillissement augmente le risque de diabète,
selles ont changé de couleur, demandez: « De d'hypertension artérielle et d'infarctus du myo-
quelle couleur sont-elles? » plutôt que de dire: carde, il est utile de s'en inquiéter.
« Noires? » si vous suspectez un méléna prove-
nant d'un ulcère peptique hémorragique.
Enquête systématique
État général
Enquête systématique Poids, appétit, fièvre, sommeil, humeur
Cardiovasculaire/respiratoire
Tolérance à l'effort, essoufflement, douleur
Les patients ne peuvent se rappeler ou fournir thoracique, toux, œdème des chevilles,
spontanément toutes les informations dont dyspnée nocturne, respiration sifflante
vous avez besoin pour déterminer l'impact d'une Digestif
maladie sur l'ensemble de l'organisme. Une Douleurs abdominales, nausées, vomissements,
transit intestinal habituel
enquête systématique permet de rafraîchir la
Génito-urinaire
mémoire des patients en utilisant des questions Fréquence des mictions, dysurie, incontinence,
directes. Chez des personnes jeunes, les menstruations
réponses seront négatives, mais avec l'âge et les Nerveux
ennuis médicaux accumulés, les réponses seront Céphalées, faiblesse des jambes, sensations
altérées, difficultés de langage et d'audition
plus souvent positives; alors, vous devrez
Locomoteur
approfondir davantage pour savoir par Douleur des articulations, raideur, douleurs
exemple: « Que voulez vous dire exactement lombaires
lorsque vous dites avoir des palpitations? »
Vous apprendrez rapidement que vous pouvez
évaluer l'état d'un organisme dans son ensemble Histoire familiale et sociale
en juste quelques questions, dont la liste se
trouve au Point de révision 1.2. Des patients peuvent rapporter qu'un cancer ou
une maladie cardiaque affecte la famille. Lorsque
vous vous renseignez sur l'histoire familiale,
Antécédents médicaux demandez s'il existe une éventuelle maladie
héréditaire ou une prédisposition génétique.
Beaucoup de patients décrivent facilement leurs Découvrir que les membres de la famille d'un
affections antérieures, particulièrement si le patient sont tous morts octogénaires d'une
médecin s'est trompé de diagnostic ou s'il a maladie cardiaque peut être intéressant mais ne
sous-estimé la récupération du patient. Dans le suggère pas une maladie génétique. Une famille
cas contraire, vous devrez lui demander si une avec une thalassémie manifeste évidemment des
maladie lui a fait perdre son travail ou s'absen- problèmes différents.
ter de l'école. La durée du retour à la normale est Les anniversaires de la mort de proches parents
significative de la sévérité de la maladie. Pour un sont souvent l'occasion de craintes irraisonnées
infarctus du myocarde, une hospitalisation d'une parmi les survivants de la famille cl ceci peut pré-
semaine et une récupération complète en trois cipiter des visites inutiles chez le médecin pour
mois est la norme, des délais plus longs suggé- des plaintes mineures; ceci est particulièrement
Interrogatoire et examen clinique: les bases

vrai pour l'infarctus du myocarde ou le cancer. Si vous suspectez des difficultés financières,
Si vous suspectez une maladie héréditaire, vous celles-ci justifieront une demande de prise en
devez construire l'arbre généalogique comme charge complète.
sur la figure 1.2a, en les utilisant les symboles de Habituellement, les médecins s'inquiètent peu de
la figure 1.2b. l'histoire sociale, le plus souvent à cause des
Avec les patients âgés, il est important de savoir contraintes de temps. Toute suggestion d'une
s'ils sont indépendants ou qui est leur aide prin- maladie professionnelle doit orienter vers le type
cipale. La conception de la maison est également de travail, l'exposition à des produits chimiques
importante en raison de leur mobilité limitée et toxiques ou risqués comme l'amiante, et l'envi-
de leur difficulté à franchir les escaliers. L'aide de ronnement professionnel.
services sociaux ou de voisins compatissants Si nécessaire, tous les antécédents profession-
doit également être notée. nels depuis la sortie de l'école peuvent être

(b)
Figure 1.2. (a) Comment retracer une histoire familiale à partir des observations hospitalières de Catherine, qui a été
admise à l'hôpital pour un asthme, (b) Symboles utilisés pour construire l'arbre généalogique d'une famille présentant
une maladie génétique.
Interrogatoire

importants. Les médecins sont particulièrement > un procès-verbal de la plainte originelle du


peu aptes à retracer une histoire d'alcoolisme. patient, les orientations thérapeutiques et la
Les grands buveurs se retrouvent dans la marine réponse au traitement;
marchande, l'armée, les tenanciers de débits de > les résultats des investigations réalisées pour
boisson, les hommes d'affaires et les médecins établir ou rejeter un diagnostic;
eux-mêmes. La plupart des personnes sous- > la liste des principales affections d'une his-
estiment la quantité consommée. Avec ces pro- toire médicale personnelle;
fessions, commencez par négocier la quantité > une observation légale;
exacte de consommation d'alcool dans leur > des données d'expertise et de recherche;
milieu: « Un certain nombre de personnes dans > des informations additionnelles concernant
votre métier boivent beaucoup, habituellement la famille et son médecin généraliste.
cinq ou six verres par nuit. Est-ce que cela s'ap-
POINT PRATIQUE
plique à vous ? »
A contrario, la plupart des patients qui fument Les résultats des examens doivent être reproduits
et complétés.
dévoilent exactement leur consommation. Le
L'observation du patient doit être :
nombre de cigarettes fumées est probablement - exacte;
plus facile à évaluer que la consommation l'alcool. - lisible;
Les activités de loisir provoquent rarement des - ordonnée;
problèmes de santé chez les personnes âgées - à jour.

mais les jeunes sportifs requièrent parfois une


aide pour reprendre leurs activités. Rappelez-vous de ces points lorsque vous écri-
Il n'est pas habituel d'interroger sur les activités rez votre observation. Par-dessus tout, assurez-
sexuelles sauf s'il y a des raisons particulières à vous que l'observation est exacte et lisible,
cela (ri chapitre 19). maintenez-la ordonnée et à jour avec le report
des résultats des examens complémentaires.
Utilisez des points ou des marques graphiques
Traitements antérieurs pour attirer l'attention sur une information
importante. Quand une information manque,
L'âge avançant, un patient peut cumuler plusieurs parlez-en avec le médecin généraliste ou un
problèmes médicaux, nécessitant une importante membre de la famille.
quantité de médicaments pour contrôler ou sup- Pour un patient hospitalisé, l'observation doit
primer les symptômes. Inspectez toujours les comprendre :
médicaments que le patient vous apporte. Cer- > le recueil journalier;
tains sont en cours de validité, d'autres plus > tout examen complémentaire significatif dans
« anciens » sont parfois périmés ce qui provoque le résultat des requêtes diagnostiques (ceci peut
une confusion chez les personnes âgées. être un résultat positif ou négatif). L'usage de
Prenez l'habitude de noter l'utilisation de chaque l'encre rouge ou l'écriture en lettres capitales
médicament. Vous apprendrez très vite à recon- seront utiles lors de votre présentation au cours
naître ceux qui sont prescrits communément, de la visite;
comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens, > toute discussion avec le patient (ou avec ses
les antidépresseurs, et tous les médicaments à proches) au sujet de problèmes médicaux, fami-
visée cardiaque et respiratoire. liaux ou sociaux relevant de la prise en charge
médicale;
toute discussion de résultats d'examens
1 COMMENT REDIGER importants;
UNE BONNE HISTOIRE > toute constatation de détérioration clinique;
> des résumés des discussions lors des visites;
Les observations du patient sont des sources > tout changement dans la prise en charge, en
d'informations de grande valeur. Elles fournissent: particulier des décisions de réanimation après
Interrogatoire et examen clinique: les bases

1. Informations essentielles
Nom. Âge et date de naissance. Sexe. Statut marital. Profession. Groupe ethnique.
2. Plaintes actuelles
À rapporter avec les mots du patient.
3. Histoire de la plainte actuelle
Ordre chronologique de tous les symptômes. Changement de caractère en particulier facteurs de gravité.
Traitements suivis (automédication incluse) et réponses aux traitements. Retranscription des réponses
principales (positives et négatives) aux questions directes pour aider au diagnostic.
4. Examen systématique
(a) Système digestif et abdominal
Appétit. Poids. Nausées, vomissements et régurgitations. Difficultés à avaler. « Indigestions et brûlures
d'estomac ». Présence de sang dans le vomi ou les selles. Douleurs abdominales et distension du ventre.
Transit intestinal habituel et changements éventuels. Caractère des selles. Jaunisse.
(b) Système respiratoire
Toux ou les pertes de sang. Crachats. Essoufflement (dyspnée) au repos ou à l'effort. Enrouement.
Respiration sifflante. Douleurs ou gêne thoracique.
(c) Système cardiovasculaire
Essoufflement au repos, à l'exercice, en décubitus strict au lit ou réveillant le patient. Douleur thoracique.
Toux. Œdème des chevilles. Tolérance à l'effort. Douleurs des membres inférieurs à la marche. Palpitations.
Syncope.
(d) Système urogenital
Douleurs lombaires. Œdème des chevilles, des mains ou du visage. Fréquence des mictions, leurs
urgences, les difficultés, les douleurs ou un saignement. Soif. Problèmes sexuels. Histoire des menstruations
incluant le ménarche et la ménopause. Grossesses et complications.
(e) Système nerveux
Évanouissements et perte de conscience. Maintient général. Faiblesse musculaire, paralysie, raideur et
tremblement, symptômes sensitifs. Modification du goût, de la vision, de l'audition, de l'équilibre, de la
personnalité ou du comportement. Céphalées. Langage.
(f) Système musculeux squelettique
Douleurs musculaires articulaires, gonflement ou raideur. Faiblesse. Difficultés à la marche.
5. Histoire médicale antérieure
Maladie antérieure, opérations ou accidents. Histoire des principales maladies comme le diabète, le rhumatisme
articulaire aigu, la diphtérie, la tuberculose, l'infarctus du myocarde. Allergies, en particulier médicamenteuse.
6. Traitement en cours
Détails précis incluant la posologie et la fréquence des prises.
7. Histoire familiale, personnelle et sociale
Causes du décès des proches parents, maladies familiales et décès prématurés. Statut marital.
Type d'habitation. Occupation ou profession actuelle (et autres professions antérieurement exercées).
Exposition industrielle dangereuse. Voyages outre-mer. Tabagisme et prise d'alcool.

un arrêt cardiaque ou d'aggravation rapide vers et mettre en forme l'histoire. Vous trouverez cela
le décès. difficile au début mais avec de la pratique, de
l'expérience, des lectures appropriées, et en
observant l'équipe médicale au moment des

> En résumé visites, vous apprendrez rapidement comment


dresser une liste pertinente des diagnostics pos-
Quand vous pensez avoir établi clairement ce sibles. Maintenant, il faut vous concentrer sur la
qui a amené un patient à rechercher une aide recherche des signes spécifiques associés à cha-
médicale, résumez brièvement ce que vous avez cun des diagnostics possibles lorsque vous exa-
glané. Ceci vous offre l'opportunité de critiquer minez le patient.
En pratique

ERREURS FRÉQUENTES, Ne notez que ce que vous avez


COMMENT LES ÉVITER examiné et ce que'vous avez
trouvé
De la mesure en toute chose
Il est fréquent de ne pas avoir suffisamment de
J u s q u ' à présent n o u s a v o n s insisté sur l'impor- temps pour faire un examen complet. Si, pour
tance qu'il y a à réaliser en routine un examen certaines raisons, v o u s n'avez pas examiné un
clinique complet, ceci pour v o u s familiariser avec système particulier, écrivez-le. D a n s votre obser-
une séquence de travail et p o u r s'assurer q u e vation, v o u s pourrez noter ceci de la manière
rien n'a été oublié. Q u a n d v o u s aurez appris ceci, s u i v a n t e : « Système nerveux central: n o n exa-
il est particulièrement essentiel de trouver un miné. »
juste milieu. C'est sans a u c u n d o u t e une perte de Les observations doivent être précises p o u r être
temps q u e d'examiner la sensibilité des j a m b e s pertinentes; v o u s ne devez p a s inscrire des
de manière détaillée q u a n d votre patient p r é - constatations t r o n q u é e s c o m m e : « S y s t è m e ner-
sente une jaunisse au cours d'une poussée de veux central: pas d'anomalie détectée. » Cela
colique hépatique. implique q u e v o u s ayez réalisé u n e x a m e n c o m -
Q u o i qu'il en soit, il est très pertinent d'évaluer plet et q u e v o u s n'avez p a s trouvé d'anomalie
avec attention les fonctions cognitives chez un significative. En d'autres termes, le système ner-
patient d o n t l'ictère s'aggrave par une infection veux central est normal. Il est plus judicieux de
hépatique. L'expérience seule v o u s apprendra à décrire ce q u e v o u s avez examiné ce jour-là :
trouver ce juste milieu. • f o n d d'yeux n o r m a u x ;
• nerfs crâniens examinés n o r m a u x ;
• membres supérieurs et inférieurs: tonus,
Ne rendez pas les choses difficiles force musculaire, coordination, réflexes et sensi-
bilité normaux.
La plupart des erreurs apparaissent lors d'un
examen précipité : Si le patient d é v e l o p p e plus tard u n e paraparésie
• A s s u r e z - v o u s q u e le matériel dont v o u s avez spastique, ceci peut aider au diagnostic différen-
besoin est à portée de m a i n ; tiel en rappelant quel m o m e n t précis les sys-
• Consacrez suffisamment de temps à l'examen tèmes nerveux central et périphérique ont été
clinique; vérifiés de manière complète et qu'ils étaient
N e v o u s pressez p a s ; normaux.
Ne faites pas d'impasse en essayant d'exami-
ner le patient qui est c o u c h é de manière i n c o n -
fortable dans son lit et qui n'est pas Évitez de vous « couvrir »
convenablement déshabillé.
Les étudiants disent s o u v e n t « présence d'un
hippocratisme limite » ou q u e « les b o r d s du
f o n d d'œil sont p r o b a b l e m e n t flous ».
En pratique

Vous ne p o u v e z p a s avoir les deux possibilités. reportent les chiffres de tension artérielle par
Essayez d'aboutir à u n e conclusion ferme, à unités de cinq ou dix :
savoir s'il y a ou n o n des signes physiques a n o r - • T A : 120/85 ;
• maux. Ceci deviendra plus facile avec la pratique. P:90/min.

Si v o u s prenez la peine de les mesurer avec


N'inventez pas attention, v o u s allez trouver les valeurs s u i -
vantes :
des signes physiques
• T A : 124/86 ;
• que vous
P pensez être
: présents 94/min.

Très souvent, l'histoire clinique oriente vers u n e Le seul signe clinique qui ne requiert pas d'enre-
hypothèse particulière, et à l'examen, certaines gistrement précis est probablement la fréquence
constatations physiques confirment les s u s p i - respiratoire. Habituellement, il suffit d'observer si
cions cliniques. Ceci ne veut p a s dire q u e tous les la fréquence est manifestement plus rapide q u e
signes doivent concorder. Par exemple, p r e n o n s celle de l'observateur.
le cas d'un h o m m e âgé porteur d'un a n g o r
coronarien, chez qui l'on retrouve un souffle
précordial systolique puissant, irradiant vers le N'utilisez que des abréviations
cou. L'examen conduit très raisonnablement au
bien acceptées
diagnostic possible de sténose aortique. F r é -
quemment les étudiants inventent alors u n e é l é - M a l h e u r e u s e m e n t b e a u c o u p d e médecins ont
vation lente du pouls (un des caractères de la une langue abrégée. Ceci peut aboutir à u n e s t é -
sténose aortique sévère) alors q u e le pouls est nographie médicale d u g e n r e : « L e M C a appelé
normal. Tous les signes physiques c o n c o r d a n t s p o u r dire q u e l e M R d u S A M U a a d m i s u n I D M
ne sont pas nécessairement requis (ou présents) avec T S V e t u n e T A d e 90/70 ayant présenté des
pour établir un diagnostic clinique. C'est être épisodes fréquents de D P N et qu'il est m a i n t e -
gourmand q u e d'exiger la présence de tous les nant en I V G * »
signes cliniques p o u r c h a q u e patient. Utiliser un langage et d e s abréviations c o n n u s
seulement d e s m e m b r e s d'une spécialité particu-
lière est u n e autre f o r m e de sténographie. M a l -
Erreurs fréquentes heureusement ce n'est pas spécialement élégant,
c'est é q u i v o q u e p o u r les non-spécialistes et, fait
Elles sont a b o r d é e s d a n s les chapitres suivants plus important, cela peut devenir dangereux.
mais le Point de révision 3.1 liste certains
exemples.
COMMENT RÉDIGER
UNE OBSERVATION
Évitez d'introduire
votre propre biais Examen de routine
Retranscrivez toujours ce q u e v o u s avez trouvé, Il n'y a pas de parfaite manière standardisée de
et non pas ce q u e v o u s pensez q u e v o u s allez décrire u n e observation clinique. Tout d é p e n d
trouver. Ceci évite d'introduire v o s propres p r é -
jugés d a n s le tableau clinique. * Le médecin généraliste a appelé pour dire que le
La tension artérielle (TA) est à des paramètres médecin régulateur du S A M U a admis un patient victime
susceptibles d'être biaisés. B e a u c o u p d'étudiants d'un infarctus du myocarde, avec tachycardie supraventri-
culaire et tension artérielle de 90/70 et ayant présenté des
ont une « préférence numérique », particulière-
épisodes fréquents de dyspnée paroxystique nocturne et
ment pour les chiffres « r o n d s ». Par exemple, ils
qu'il est maintenant en insuffisance ventriculaire gauche.
I n t e r r o g a t o i r e e t e x a m e n c l i n i q u e : les b a s e s

Quelques erreurs faites en examinant les patients - point de révision 3.1

système Erreur Commentaires

Cardiovasculaire Évaluer la pression veineuse jugulaire (PVJ) en utilisant Utiliser la veine jugulaire interne
la veine jugulaire externe. (non utilisé en France [NdT]).

Supposer que les valves se situent en face des aires Voir texte page 51.
traditionnellement décrites : aortique, mitrale, pulmonaire
et tricuspide.
Rechercher un œdème des chevilles chez un patient alité. Rechercher dans la région sacrée.

Respiratoire Prendre des ongles incurvés longitudinalement pour Voir texte page 68.
un hippocratisme.
Assimiler le terme « diminution de l'entrée d'air » à toutes Écrire ce que vous entendez,
les causes d'hypoventilation. pas ce que vous pensez être la
cause sous-jacente.

Attribuer une matité et une abolition du murmure Chercher d'autres signes cliniques.
vésiculaire à la base avec un épanchement pleural
lorsque existe une hépatomégalie.
Accorder trop d'importance à la transmission des Ceci ne fait aucune différence
vibrations vocales. d'interprétation des signes
cliniques.

Castro-intestinal Surdiagnostiquer une jaunisse chez les personnes noires. La sclère est souvent jaune chez
les personnes en bonne santé.

Considérer un péristaltisme visible comme anormal Souvent normal chez les


chez les personnes âgées. personnes âgées maigres.

Ressentir une masse dans la fosse iliaque droite. Le caecum est palpable chez les
femmes minces.

Nerveux Évaluer le réflexe photomoteur avec une lampe de poche Les patients regardent la lumière
placée directement devant l'œil. et accommodent. Disposer la
source lumineuse latéralement.

Rechercher des fasciculations de la langue sur une langue Observer la langue immobile dans
tirée. la cavité orale.

Prétendre que les réflexes sont absents sans utiliser des Voir texte page 127.
manœuvres de provocation.

des circonstances et des préférences indivi- Points de révisions 3.2


duelles. B e a u c o u p de médecins préfèrent c o m -
mencer par l'appareil dont l'histoire clinique
Ne perdez pas de temps avec des détails superflus.
suggère l'atteinte. Ceci est essentiel q u a n d l'ur-
Évitez les abréviations comme RAS (Rien à signaler).
gence c o m m a n d e une l'évaluation rapide.
Si vous n'avez pas examiné complètement l'appareil,
Ce paragraphe v o u s apporte toutefois un guide
ne transcrivez que ce que vous avez examiné.
standardisé comprenant des suggestions qui
Ne trouvez pas des signes parce que vous pensez
suffiront à la plupart des situations non qu'ils devraient être présents.
urgentes.
En pratique

Examen général "Bonnes" et "moins bonnes" pratiques


"Croquis sur le vif"

Il est toujours utile de c o m m e n c e r par un court D a n s b e a u c o u p de d o m a i n e s de la pratique


« croquis sur le vif » pour faire c o m p r e n d r e à médicale, rien de remplace l'expérience. A p r è s
celui qui lira v o s notes quelle a été votre i m p r e s - avoir m e n é un b o n interrogatoire et un examen
sion générale sur le patient à un m o m e n t parti- clinique de qualité, v o s efforts seront vains si
culier. « U n e f e m m e de quatre-vingt-cinq a n s vous ne transcrivez pas correctement vos
très vive et spirituelle qui a manifestement perdu constatations. De manière générale, « ce qui n'est
beaucoup de poids » signifie immédiatement pas écrit n'a jamais été réalisé ».
que cette vieille d a m e , bien q u e malade, ne se Cette rédaction n'a pas besoin d'être particuliè-
laissera pas abattre c o m m e cela. O b s e r v e z la dif- rement détaillée mais doit inclure:
férence avec un c o m m e n t a i r e terne c o m m e « é v i - tous les signes cliniques positifs significatifs;
dente perte de poids », qui apparaît souvent en tous les signes cliniques que vous avez
début d'observation. recherchés mais pas retrouvés, ce qui construit
Soyez prudent en utilisant ce q u e v o u s croyez vos diagnostics différentiels.
être des commentaires codés et astucieux
comme: « M a n q u e de n e u r o n e s ». Ne pensez La finesse des détails est matière à expérience. Il
jamais que votre patient (ou ses proches) ne va n'est pas nécessaire, par exemple, de lister toutes
pas comprendre. les caractéristiques de l'hippocratisme digital s'il
Vous éviterez ainsi d a n s le futur des e m b a r r a s si est évident p o u r tous q u e le patient présente
un patient froissé ou un avocat d e m a n d e à bien un hippocratisme manifeste. Toutefois, si
consulter le dossier médical. v o u s constatez q u e les deux poignets sont d o u -
Comment faire ? loureux, également r o u g e s et gonflés, il est
important de le noter si l'on pense à une a s s o -
ciation possible avec une ostéoarthropathie
hypertrophique pulmonaire.
Vous trouverez en p a g e suivante quelques idées
utiles (Ex. 1). La c o l o n n e de g a u c h e montre c o m - Quelques règles générales
ment retranscrire les signes physiques d'un
ouvrier sidérurgiste à la retraite, qui a été admis
à l'hôpital en urgence pour u n e d y s p n é e sévère M ê m e si v o u s êtes de nature o r d o n n é e , a s s u r e z -
en rapport avec un collapsus du p o u m o n droit v o u s toujours :
sur carcinome bronchique. S o n t présentés, à de noter immédiatement les détails pendant
droite de cette description, des commentaires et q u e v o u s examinez le patient;
des suggestions sur des manières différentes de q u e ce que v o u s notez d a n s l'observation est
retranscrire les constatations, ce qui peut être lisible;
utile dans des circonstances différentes. que les notes sont o r d o n n é e s . Vérifiez et
retranscrivez les résultats correctement et r a p i -
Point de révision 3.3 dement;
Ecrire une observation clinique > que les résultats importants sont toujours
Notez la date et l'heure de l'examen. notés bien en évidence. Utilisez de l'encre r o u g e ;
Commencez par un croquis à vif. si une batterie de dosages est prescrite

Notez vos constatations de manière systématique. ( c o m m e les e n z y m e s cardiaques), écrivez les


résultats ensemble pour faire apparaître de
Ajoutez des diagrammes si nécessaire.
manière évidente le diagnostic d'infarctus du
Posez un diagnostic principal et des diagnostics
myocarde;
différentiels à la fin.
Si vous ne savez pas ce qui ne va pas, dites-le.
3 Interrogatoire et examen clinique: les bases

EXEMPLE 1
Patient: M. PCL
11 heures, 2 mai 1999 Quand vous examinez un patient, prenez l'habitude de
À l'examen commencer en écrivant la date et l'heure à laquelle vous avez
vu le patient.

Examen général
Quelque peu émacié, déprimé mais alerte, Ce portrait pris sur le vif aide à personnaliser l'observation et à
ronchon, vieil homme dyspnéique au repos. se souvenir du patient.
Cyanose ++.
Important amaigrissement. Si possible, notez le poids habituel.
Pas d'anémie clinique.
T:37,5°C. Notez la température (T). Elle peut être également rapportée
par les observations des infirmières mais elle joue également
un rôle important dans l'observation clinique. Il est insuffisant
de noter « Température normale ». Écrivez le résultat précis de
la mesure. S'il est bas, vérifiez avec un thermomètre à
graduation et rapportez ce que vous avez été fait.

Alternative :
Vous pouvez retranscrire la température, le pouls, la respiration
et la pression artérielle en début d'observation et la cyanose
dans le paragraphe respiratoire si vous préférez.

Système cardiovasculaire
P : régulier 90/mn, extrasystoles occasionnelles.
TA : 124/78 au bras droit, assis, phase V. Notez toujours la position dans lequel le patient se trouve, le
PVJ : non élevée. membre qui a servi à la mesure de la pression artérielle.
Pas d'hépatomégalie, pas d'œdème sacré ou des
chevilles.
e
Apex cardiaque du 5 espace intercostal gauche à
10 cm de la ligne médiane.
Palpation du précordium normale. Vous pouvez retranscrire les bruits du cœur comme ceci :
Bruits du cœur normaux. Pas de souffle.

Système respiratoire
Dyspnée au repos, fréquence respiratoire 28/mn. Les signes thoraciques peuvent être résumés sur un simple
Pas de stridor ni de sifflement évident. diagramme :
Cyanose centrale.
Hippocratisme digital important, en baguette de . Trachée
tambours, des doigts et des orteils. Adénopathie . vers la droite
Pas de gonflement des poignets ni des chevilles. axillaire droite
Trachée déviée vers la droite.
Mouvements thoraciques sont réduits à droite.
À la percussion, matité de la partie antérieure et
postérieure de l'hémithorax droit.
Murmure vésiculaire réduit dans l'ensemble du
poumon droit, particulièrement à la base.
Sibilants inspiratoires bilatéraux. Ampliation thoricique droite diminuée
Crépitants à la base droite. Matité à la percussion
Diminution du murmure vésiculaire
En pratique

(suite)
Système gastro-intestinal
Langue chargée. Ici aussi, les signes abdominaux peuvent être résumés dans un
Bouche édentée. diagramme comme celui-ci :
Paroi abdominale fine avec péristaltisme visible.
Foie (F), rate (R), et reins (Re) non palpables.
TR - Hypertrophie prostatique ferme et régulière.

Système nerveux central


Parfaitement alerte mais les fonctions Dans d'autres circonstances, les fonctions supérieures doivent
intellectuelles n'ont pu être évaluées en raison du être évaluées avec soin, cf. « Mini Mental State » au
mauvais état général. chapitre 13.
Langage normal.
Réflexes photo moteurs direct et consensuel
présents et symétriques.
Fonds d'œil normaux.
Hypoacousie centrale gauche.

Appareil locomoteur
Faiblesses musculaires des membres mais pas Les réflexes peuvent être notés ainsi :
d'atrophie. Réflexes Droit Gauche
Réflexes bicipitaux, pronateurs, tricipitaux, rotuliens Bicipital + +
et achilléens normaux. Cubito-pronateur + +
Réflexes cutanés plantaires en flexion. Tricipital + +
Sensibilité non testée. Patient fatigué. Cutanés abdominaux + +

Rotulien + +
Achilléen + +
Plantaire + +

Système lymphatique
Adénopathie axillaire droite de 2,5 cm de II est préférable de mesurer la taille en cm plutôt que de faire
diamètre. référence à un fruit ou un légume.

En résumé
Un homme malade avec un amaigrissement Essayez de résumer les points marquants en peu de lignes.
évident, gros fumeur se présentant avec une
hémoptysie. Signes cliniques d'hippocratisme
digital, adénopathie axillaire et collapsus du
poumon droit.

Diagnostic
Carcinome bronchique provoquant un collapsus En d'autres circonstances, quand les signes sont moins
du poumon droit et envahissement ganglionnaire évidents, quelques diagnostiques différentiels dans l'ordre de
axillaire droit. probabilité seront plus appropriés.

Exemple d'un tableau simple qui montre


les résultats d'une batterie de dosages • Laissez de la place p o u r un oubli é v e n t u e l ;
« cardiaques » d'un « coup d'œil. » • Ne modifiez jamais une observation rétros-
Jour 1 Jour 2 Jour 3 pectivement sauf si v o u s mentionnez clairement

CK (créatine-kinase) la date des modifications ou des additions.


Troponine La pratique de la rédaction est aussi importante
Interrogatoire et examen clinique: les bases

EXEMPLE 2
q u e la pratique de n'importe quel savoir-faire cli-
n i q u e : plus v o u s en faites, plus cela devient facile. À l'examen
Il peut être utile d'observer la manière de faire Apparence générale
des médecins du service lorsqu'ils rédigent leurs Satisfaisante
Jaunisse (ictère). Quelques angiomes
observations. V o u s apprendrez rapidement l'im-
portance d'une b o n n e observation écrite q u a n d Appareil cardiovasculaire
RAS
on v o u s d e m a n d e r a de voir un patient que v o u s
P : 72
ne connaissez pas et dont l'état vient brutalement
TA: 120/80
de s'aggraver. D e s notes concises et bien d i s p o - Bruits du cœur: normaux
sées v o u s aideront à bien appréhender les p r o -
Appareil respiratoire
blèmes médicaux d a n s un délai minimum.
RAS à l'exception de l'hippocratisme digital

POINT PRATIQUE Appareil digestif


Abdomen distendu par l'ascite. Hépatomégalie
Ne pas oublier Rate palpable? Pas de masse
« Ce qui n'est pas écrit n'a jamais été réalisé. » TR négatif

Système nerveux central


Grossièrement normal
RPM normal
À ne pas faire ROT rotuliens et achilléen négatifs
N o u s allons maintenant voir ce qu'il ne faut pas
Diagnostic
faire en rédigeant u n e observation. Le cas c i - Ascite
d e s s o u s est u n e des premières tentatives d'exa-
m e n d'un patient.
D a n s ce cas (Exemple 2), une f e m m e d'âge Ensuite doivent figurer d a n s l'observation les
m o y e n se présente avec un a b d o m e n gonflé et stigmates des maladies hépatiques chroniques.
facilement couvert d'ecchymoses. Elle a perdu B i e n q u e les a n g i o m e s stellaires aient été men-
l'appétit depuis six mois et boit de grandes q u a n - tionnés, il aurait été utile de savoir qu'ils étaient
tités d'alcool, mais affirme à l'étudiant novice que « nombreux, certains confluents, répartis sur la
s o n alcoolisme est « m o n d a i n ». Bien q u e les face, les m e m b r e s supérieurs et le tronc » puis
signes soient retranscrits correctement, le lecteur viendra la description d e s autres signes de l'hé-
de l'observation n'a a u c u n e information c o n c e r - patopathie c o m m e un é r y t h è m e palmaire, les
nant s o n milieu ou ses habitudes de vie. ongles blancs et l'hippocratisme digital.
Q u a n t à l'abdomen, l'importance de l'ascite n'est
Diagnostic pas mentionnée, ni la taille, la fermeté et la régu-
Ascite larité du foie. Le c o m m e n t a i r e à p r o p o s de la
rate, « palpable? », n'a a u c u n e valeur.
Là, le p r o b l è m e est q u e cette observation peut se
rapporter à n'importe quel patient atteint d ' u n e POINT PRATIQUE
ascite. En réalité, la description « f e m m e avec une A faire
ascite et une jaunisse » n'apporte rien de plus Donner une description succincte et générale de
q u e les notes. Le rédacteur des notes n'a pas r a i - votre patient au début de l'observation.
s o n n é correctement. Se concentrer sur les signes anormaux.
Rapporter les paramètres essentiels comme la
Écrire d'emblée qu'il s'agit d'une « f e m m e d'âge
tension artérielle, la température et le pouls.
m o y e n , énervée et ictérique, sentant très fort l'al- Souligner les signes négatifs s'ils influencent le
cool » présente n o n seulement une image très diagnostic.
claire de la patiente mais oriente immédiatement
À ne PAS faire
vers la possibilité d'une cirrhose alcoolique Se perdre en listant les constatations négatives
c o m m e étant la cause principale de ces p r o - sans rapport avec l'histoire clinique.
blèmes.
En pratique

Lors de l'examen du système nerveux, on peut apportent plus d'Informations à la m ê m e q u e s -


se douter q u e l'examinateur n'a rien fait d'autre, tion si elle a été p o s é e à plusieurs reprises;
pour affirmer q u e le patient est conscient, q u e • Rapportez les plaintes du patient en utilisant
d'observer la pupille et tester les réflexes ses propres m o t s ;
rotuliens et achilléens. La majorité d e s étudiants
savent probablement que RPM veut dire POINT PRATIQUE
réflexe p h o t o m o t e u r et q u e R O T signifie réflexe
Il est plus facile de mémoriser les principales
moteur, mais une propension excessive aux caractéristiques d'une maladie en voyant des
abréviations peut être frustrante et irritante p o u r patients qu'en se rappelant le contenu d'un livre.
le lecteur.

POINT PRATIQUE • Décrivez précisément q u a n d et d a n s quel

Personnaliser l'observation du patient ordre les s y m p t ô m e s sont apparus. Rassembler


Faites-vous votre propre opinion sur les signes de manière pertinente des « faits » a p p a r e m m e n t
cliniques : sont-ils présents ou non ? sans lien est une capacité q u e v o u s devrez d é v e -
Réfléchissez et pensez « diagnostic différentiel » lopper;
tout au long de votre examen.
• Incluez-y les facteurs de risque aggravants
Essayez d'éviter les abréviations.
susceptibles de p r o v o q u e r des s y m p t ô m e s . C'est
une o c c a s i o n d'évaluer le risque de récidive
après le retour à d o m i c i l e ;
M e n t i o n n e z le contexte familial et social* ce
1 PRÉSENTER UNE OBSERVATION
qui influencera la prise en charge présente et
CONCISE PENDANT UNE VISITE future;
Un étudiant devient très anxieux lorsqu'on lui • Ne rapportez pas toutes les interventions et
demande de présenter l'histoire du patient et les hospitalisations du patient sauf si elles ont un
l'observation devant l'équipe médicale au c o m - lien direct avec la maladie actuelle. Par exemple,
plet lors de la visite. B e a u c o u p de médecins un épisode de d y s p n é e avec douleur thoracique
seront bienveillants, p o u r peu q u e v o u s ayez fait s'aggravant à l'inspiration é v o q u e u n e embolie
votre travail personnel et préparé c o n v e n a b l e - p u l m o n a i r e ; mentionner la mise en place d'une
ment vos notes. prothèse de h a n c h e il y a deux s e m a i n e s est très
L'idée est de d o n n e r aux autres m e m b r e s de pertinent, u n e cholécystectomie dix a n s a u p a r a -
l'équipe (qui peuvent ne pas avoir vu le patient vant ne l'est p a s ;
avant) un synopsis de l'histoire du patient, des • R a p p e l e z - v o u s q u e la situation peut avoir
signes cliniques importants, du diagnostic en c h a n g é depuis votre dernier contact a v e c le
cours, du résultat d e s e x a m e n s complémentaires patient;
et de l'évolution. C'est aussi u n e o c c a s i o n de > Essayez d'éviter de tout lire m o t à mot. P r é -
montrer v o s progrès. Ce n'est pas le m o m e n t de sentez les faits m a r q u a n t s mais soyez prêts à les
découvrir q u e v o s notes sont chaotiques, illi- développer si votre superviseur veut plus de
sibles ou incomplètes. détails. N'ayez pas peur d'établir un contact
• Exercez-vous à présenter devant v o s c o l - visuel avec lui. Q u a n d v o u s serez plus confiant, il
lègues étudiants. Ceci rendra votre présentation arrivera un m o m e n t où les notes seront de
« en vrai » m o i n s stressante; moins en moins utiles et v o u s serez alors
• Exprimez-vous d'une voix claire et (espérons) capable de présenter de m é m o i r e les faits m a r -
confiante. Tout le m o n d e devra v o u s e n t e n d r e ; quants.
• La nervosité v o u s fera v o u s exprimer un peu
plus vite que la normale. Ceci s'améliore avec la
pratique;
* Certains consultants aiment avoir un bref résumé de
• Ne vous en faites pas si votre version de l'his-
l'histoire sociale: cela replace la maladie et le patient dans
toire diffère de celle des autres. Les patients
un contexte particulier.
Interrogatoire et examen clinique: les bases

• v o u s p o u v e z ne p a s avoir d'histoire du tout;


» vous n'aurez probablement pas le temps
Vos premières présentations seront: d'examiner c o m p l è t e m e n t votre patient;

trop longues (parce que vous ne savez pas ce qu'il • votre ligne de conduite sera dictée par le dia-
faut supprimer) ; gnostic probable, les circonstances, l'âge du
trop vagues (parce que vous ne savez pas ce qu'il patient et la vitesse d'apparition de la maladie.
faut dire) ; Recueillir l'histoire a u p r è s d'un patient g r a v e -
peu contributives au diagnostic (parce que votre ment atteint est difficile. Il y a certaines raisons à
connaissance de la maladie est modeste) ; cela :
dispersées (parce que rapporter une histoire • le patient peut b e a u c o u p souffrir ou être
nécessite de la pratique). confus ;
• le patient peut être g r a v e m e n t m a l a d e ;
• le patient peut ne pas faire preuve de
patience a v e c un étudiant ;
Si v o u s savez à l'avance q u e l'on v o u s d e m a n - • v o u s serez peut-être e n n u y é de devoir aller
dera de présenter, essayez de lire v o s notes « lentement » ;
avant la visite. V o u s ferez b o n n e impression si • l'entourage peut être anxieux.
vous utilisez vos notes uniquement comme
« a i d e - m é m o i r e », parce q u e v o u s aurez décrit Il est très important d ' a p p r e n d r e c o m m e n t gérer
l'histoire du patient de mémoire. toutes ces difficultés. En tant qu'interne, on
M ê m e si v o u s avez noté les réponses à toutes attendra de v o u s q u e v o u s examiniez t o u s les
les questions q u e v o u s avez posées, elles auront patients d o n t l'état le justifie.
s o u v e n t peu de rapport avec le p r o b l è m e princi- La meilleure stratégie est la plus simple:
p a l ; ainsi, chez un patient avec des problèmes a p p r e n d r e e n regardant. V o u s a p p r e n d r e z b e a u -
cardiaques, évitez d a n s la m e s u r e du possible de c o u p en a c c o m p a g n a n t un j e u n e résident en
v o u s éloigner du sujet en disant: « Il n'y a a u c u n médecine générale p e n d a n t ses visites; vous
s y m p t ô m e d'une atteinte respiratoire, g a s t r o - constaterez qu'il recherchera d e s indices visuels
entérologique ou neurologique ». D e s raccourcis de la maladie tout en p o s a n t des questions au
de ce genre font g a g n e r du temps. patient et en réalisant d e s prélèvements de sang
Les fautes sont inévitables. V o u s p o u v e z ne p a s d a n s le m ê m e temps. L e s résidents en médecine
avoir maîtrisé le problème principal; les générale confirmés s o n t s o u v e n t particulière-
réponses du patient peuvent avoir été peu perti- ment c o m p é t e n t s en la matière parce qu'ils tra-
nentes et v o u s n'avez peut-être pas su faire la vaillent leur rapidité en prévision de leurs
synthèse. U n e pratique régulière de la prise et de examens finaux.
la présentation de l'histoire clinique développera
Tout cela s e m b l e se faire au petit b o n h e u r , mais
un savoir-faire q u e v o u s n'oublierez pas.
a v e c le temps, l'expérience et la c o n f i a n c e en soi,
v o u s apprendrez à g a g n e r du temps lors de l'in-
terrogatoire et de l'examen d'un patient malade,
Parler avec un patient et v o u s pourrez alors (en toute sécurité) prendre
des raccourcis.
en phase aiguë
Il est aussi utile d'écouter des m é d e c i n s p r é s e n -
A p r è s avoir acquis de l'expérience, lors de v o s ter leurs observations à des consultants lors de
gardes, a u p r è s de patients hospitalisés, v o u s visites. V o u s serez surpris de constater la q u a n -
devrez apprendre à parler aux patients en p h a s e tité de détails omise. V o u s ne devez p a s en
aiguë. Le problème est présenté exhaustivement conclure q u e b e a u c o u p de q u e s t i o n s ont été
d a n s la section B de ce livre, mais voici les points oubliées pendant l'évaluation. C'est tout s i m p l e -
les plus importants: ment parce q u e b e a u c o u p d'informations ne
• le temps m a n q u e souvent p o u r prendre l'his- relèvent pas du problème immédiat.
toire détaillée;
Comprendre
les différents appareils
Comprendre
les maladies cardiovasculaires

Les l i e n s e n t r e l ' a n a t o m i e , la p h y s i o l o g i e , les la d o u l e u r i s c h é m i q u e liée à l'effort est a p p e l é e


s y m p t ô m e s et l'examen clinique ne sont pas angor. L'obstruction c o m p l è t e des artères c o r o -
toujours évidents, mais dans le système c a r d i o - naires p r o v o q u e u n e d o u l e u r similaire, mais plus
vasculaire, plus q u e d a n s n ' i m p o r t e q u e l autre sévère et persistante.
a p p a r e i l , ils p e r m e t t e n t d ' é t a b l i r p r é c o c e m e n t u n
POINT PRATIQUE
d i a g n o s t i c sur.
L ' a n a t o m i e d u s y s t è m e c a r d i o v a s c u l a i r e est à l a Caractéristiques de l'angor
Une douleur thoracique centrale qui peut irradier
portée de t o u s , ce q u i signifie q u e l'on a b e a u -
vers les bras, le dos, la gorge et les mâchoires.
coup à a p p r e n d r e d'un examen clinique, et que La douleur apparaît lors de l'effort et disparaît avec
les i n v e s t i g a t i o n s d e s m a l a d i e s c a r d i o v a s c u l a i r e s le repos.
p r o d u i s e n t d e s i m a g e s q u i s o n t faciles à c o m - Elle est plus importante après les repas plantureux
prendre en termes anatomiques et physiolo- et par temps froid.
giques.
S i l a v a s c u l a r i s a t i o n d e s m u s c l e s d e s j a m b e s est
adéquate au repos mais ne suffit pas à o x y g é n e r
SYMPTÔMES DES MALADIES les t i s s u s l o r s d ' u n e f f o r t e n r a i s o n d ' u n e o b s -
truction des vaisseaux périphériques, il apparaît
CARDIOVASCULAIRES
u n e d o u l e u r ressemblant à des crampes appelée
Les m a l a d i e s cardiovasculaires provoquent « c l a u d i c a t i o n i n t e r m i t t e n t e ». U n e i s c h é m i e p l u s
quatre s y m p t ô m e s p r i n c i p a u x : grave p r o v o q u e une douleur au repos et éven-
> la d o u l e u r ; t u e l l e m e n t u n e g a n g r è n e (Fig. 4.1).
> la d y s p n é e ; Une douleur thoracique peut provenir de toutes
> l'œdème des chevilles; les s t r u c t u r e s d u t h o r a x m a i s ses c a r a c t é r i s t i q u e s
> les p a l p i t a t i o n s e t les s y n c o p e s . v a r i e n t s e l o n s o n o r i g i n e (Point d e r é v i s i o n 4.1).

A u c u n n'est s p é c i f i q u e d e s m a l a d i e s c a r d i o v a s -
culaires e t i l f a u t t o u j o u r s g a r d e r e n t ê t e u n d i a -
gnostic différentiel.

Douleurs
Tout l e m o n d e e n a f a i t l ' e x p é r i e n c e : q u a n d u n
muscle d e v i e n t i s c h é m i e , il est d o u l o u r e u x . Si les
artères c o r o n a i r e s s o n t rétrécies, l e f l u x s a n g u i n
peut ê t r e s u f f i s a n t p o u r o x y g é n e r l e m u s c l e c a r -
diaque a u r e p o s , m a i s i n s u f f i s a n t l o r s q u e l a
d e m a n d e e n o x y g è n e s ' a c c r o î t l o r s d e l'exercice.
Le muscle c a r d i a q u e devient alors d o u l o u r e u x et Figure 4 . 1 . Gangrène du pied.
Comprendre les différents appareils

Dyspnée
Q u a n d l a d y s p n é e est d u e à u n e m a l a d i e car-
Causes de la Caractéristiques de la douleur d i a q u e , elle a p p a r a î t en g é n é r a l à l'effort, m a i s la
douleur m a l a d i e é v o l u a n t , elle a p p a r a î t d e p l u s e n plus
Ischémie cardiaque Centrale, oppressante, irradiant facilement, j u s q u ' à être f i n a l e m e n t présente au
vers les bras, le dos, le cou et les r e p o s . L a g r a v i t é d e l a d y s p n é e p e u t ê t r e classée
mandibules. en q u a t r e g r a d e s ( N e w York Heart Association),
- Angor chronique Provoquée par l'effort, disparaît p o u r laquelle le g r a d e I décrit u n e dyspnée
stable au repos. Aggravée par temps m o d é r é e e t l e g r a d e I V u n e d y s p n é e sévère a u
froid et venteux, provoquée par repos.
le stress émotionnel, rapidement L a d y s p n é e c a r d i a q u e e s t p a r f o i s a s s o c i é e à une
soulagée par les dérivés nitrés.
r e s p i r a t i o n s i f f l a n t e (« w h e e z i n g »); le terme
- Angor instable Semblable à l'angine chronique a n c i e n (et d é r o u t a n t ) p o u r cela é t a i t « a s t h m e
stable, mais survient au repos.
c a r d i a q u e ». La d y s p n é e est d u e à u n e c o n g e s -
- Infarctus du Topographie similaire de la t i o n d e s a n g d a n s les c a p i l l a i r e s p u l m o n a i r e s , e n
myocarde douleur mais celle-ci est r a i s o n d e p r e s s i o n s v e n t r i c u l a i r e s g a u c h e s éle-
persistante, beaucoup plus
vées en fin de diastole, ce q u i en r e t o u r accroît la
intense et souvent associée à des
nausées et des vomissements. p r e s s i o n a t r i a l e g a u c h e d a n s les v e i n e s p u l m o -
n a i r e s e t d a n s les c a p i l l a i r e s p u l m o n a i r e s . Ceci
Péricardite Douleur thoracique centrale et
p r o v o q u e u n d u r c i s s e m e n t d u p o u m o n . Dans
rétro-sternale, aggravée par
l'inspiration et le décubitus strict. d e s c i r c o n s t a n c e s g r a v e s , la p r e s s i o n c a p i l l a i r e et
h é m o d y n a m i q u e excède la pression plasma-
Dissection aortique Douleur d'installation brutale,
tique o n c o t i q u e , ce q u i p r o v o q u e u n e fuite de
violente et irradiant vers le dos.
l i q u i d e d a n s les a l v é o l e s e t u n œ d è m e p u l m o -
Douleur pleurale Latéralisée, aggravée par la naire. Le patient p e u t alors tousser et cracher un
respiration et associée à une
f l u i d e clair e t m o u s s e u x t e i n t é d e s a n g .
toux.
Douleur Rétro-sternale, peut irradier vers
œsophagienne le dos, aggravée par la prise de Orthopnée
nourriture et associée à des
vomissements. L a d y s p n é e a u d é c u b i t u s est c a r a c t é r i s t i q u e d e
s o n o r i g i n e cardiovasculaire. L'élévation de la
Douleur Surtout localisée dans le dos
pression atriale g a u c h e (habituellement d u e à
rachidienne avec une irradiation vers l'avant,
suivant une distribution nerveuse. une hyperpression ventriculaire gauche en fin de
d i a s t o l e , o u p l u s r a r e m e n t à u n e s t é n o s e mitrale)
Douleur cutanée Habituellement due à zona,
freine le retour veineux vers l'atrium gauche.
érythème vésiculaire, avec des
croûtes et des cicatrices suivant Q u a n d l e p a t i e n t est assis, l e g r a d i e n t d e p r e s -
un métamère radiculaire. s i o n h y d r o s t a t i q u e f a v o r i s e l e f l u x s a n g u i n des
p o r t i o n s supérieures d u p o u m o n vers l'atrium
Douleur ostéo- Habituellement située sur le côté
articulaire gauche du thorax, avec palpation g a u c h e , aidé par u n e r e d i s t r i b u t i o n réflexe du
douloureuse de la paroi f l u x v e r s les c h a m p s p u l m o n a i r e s s u p é r i e u r s .
thoracique et des articulations Par c o n s é q u e n t , l e r e t o u r v e i n e u x d e s c h a m p s
entre sternum et cartilages i n f é r i e u r s est à l ' é v i d e n c e p l u s difficile, et c'est là
costaux. que s'accumule le liquide d'œdème.
Douleur thoracique Souvent une distribution proche La d y s p n é e peut avoir d'autres causes q u e car-
« non spécifique » de celle de l'angor chronique diaque, c o m m e :
stable mais rarement intense, > l'obésité;
imprévisible, non affectée par le
froid, le vent ou le stress > la m a u v a i s e c o n d i t i o n p h y s i q u e ;
émotionnel, et peut persister > l'anxiété, d é c r i t e c o m m e u n « b e s o i n d ' i n s p i -
pendant des heures. rer p r o f o n d é m e n t » ;
Comprendre les maladies cardiovasculaires 39

• les m a l a d i e s p u l m o n a i r e s : i n f e c t i e u s e s , o b s - Q u a n d le patient se plaint de palpitations, il peut


tructives ( c o m m e d e s t u m e u r s ) o u i n t r i n s è q u e s e n réalité d é c r i r e t r o i s c h o s e s , c h a c u n e avec ses
(alvéolite, e m b o l i e p u l m o n a i r e ) ; propres caractéristiques:
l'anémie sévère. une perception inhabituelle de son rythme
Cela sera discuté dans la partie C. normal : rythme sinusal;
des battements supplémentaires: extrasys-
t o l e s o u b a t t e m e n t s « e c t o p i q u e s » c a r ils p r o -
v i e n n e n t d e sites e c t o p i q u e s o u a n o r m a u x d u
Œdème des chevilles cœur;
Il s u r v i e n t l o r s q u e la p r e s s i o n v e i n e u s e (la p r e s - • tachycardie prolongée (ou tachycardie
sion h é m o d y n a m i q u e d a n s les v e i n e s e t les p a r o x y s t i q u e q u i va et vient).
capillaires) e x c è d e l a p r e s s i o n o n c o t i q u e ( o s m o -
tique) d u s a n g . Ceci est f r é q u e n t c h e z les p e r - C o m m e l e p l u s s o u v e n t les p a t i e n t s s o n t r e d e v e -
sonnes âgées q u i passent b e a u c o u p d e t e m p s n u s a s y m p t o m a t i q u e s a u j o u r d e leur c o n s u l t a -
assises, m a i s i l est i m p o r t a n t d e s a v o i r q u e l ' œ - t i o n , les d e s c r i p t i o n s d e s s y m p t ô m e s i n i t i a u x p a r
dème des chevilles p e u t survenir chez d'autres les p a t i e n t s s o n t très i m p o r t a n t e s ( P o i n t d e r é v i -
personnes, après un l o n g v o y a g e en p o s i t i o n s i o n 4.2).
assise i m m o b i l e . U n e a t t a q u e s y n c o p a l e p e u t ê t r e a s s o c i é e avec
Les m a l a d i e s c a r d i o v a s c u l a i r e s p e u v e n t p r o v o - u n b l o c c a r d i a q u e c o m p l e t , elle est a l o r s a p p e l é e
quer u n œ d è m e d e c h e v i l l e d e d e u x f a ç o n s : u n e s y n d r o m e de « S t o c k e s - A d a m s ». En cas de b l o c
maladie v e i n e u s e e t u n e i n s u f f i s a n c e c a r d i a q u e . c o m p l e t , l e r y t h m e v e n t r i c u l a i r e est t o u j o u r s l e n t
L'histoire p e u t n e p a s ê t r e s u f f i s a n t e p o u r les d i s - e t u n e issue i m p r é v u e p e u t p r o v o q u e r u n e d y s -
tinguer, s a u f q u e l ' œ d è m e d e c h e v i l l e d e l ' i n s u f -
fisance c a r d i a q u e est s y m é t r i q u e e t i n d o l o r e ,
alors q u e c e l u i d e l a m a l a d i e v e i n e u s e est a s y -
métrique et s o u v e n t d o u l o u r e u x .
L'œdème d e c h e v i l l e a p p a r a î t é g a l e m e n t l o r s
d'une h y p o a l b u m i n é m i e p l a s m a t i q u e , c e q u i Rythme cardiaque Description par le patient
réduit l a p r e s s i o n o n c o t i q u e e t est a g g r a v é p a r Rythme sinusal Battements sourds et réguliers
des v a r i c o s i t é s v e i n e u s e s . qui s'accélèrent et s'apaisent en
montant les escaliers. Perçus en
période de stress.

Palpitations et syncope Extrasystoles Battements irréguliers dont la


fréquence est impossible à
compter, sensation de
On utilise les m o t s « p a l p i t a t i o n s » et « s y n c o p e » « battement manqué » ou
d e p l u s i e u r s f a ç o n s . À l'état n o r m a l , o n n e r e s - « sautant à la gorge ». Souvent au
sent p a s s o n c œ u r b a t t r e , l a « p e r c e p t i o n d e s repos, ou couché pendant la nuit.
b a t t e m e n t s c a r d i a q u e s » est la m e i l l e u r e d é f i n i - Aggravés par le tabagisme,
l'alcool, le café ou le thé.
tion d e s p a l p i t a t i o n s . L a s y n c o p e e x p r i m e u n
collapsus, habituellement avec perte de Tachycardie Battements rapides au début
c o n s c i e n c e , m a i s s a n s les s i g n e s c a r a c t é r i s t i q u e s paroxystique brutal « trop rapide pour
compter » ou, si possible, plus de
d'une crise d ' é p i l e p s i e .
1 4 0 / m n . Peuvent être réguliers
Les p a l p i t a t i o n s e t les s y n c o p e s n e p e u v e n t ê t r e or irréguliers en cas de fibrillation
évaluées q u ' a v e c u n é l e c t r o c a r d i o g r a m m e (ECC) auriculaire. Peuvent être associés
et le d i a g n o s t i q u e final ne p e u t être retenu q u e si aux douleurs thoraciques, à la
l'ECG a été e n r e g i s t r é p e n d a n t les s y m p t ô m e s dyspnée ou des vertiges. Trait
caractéristique : cessent
dont le patient se plaint. De t o u t e manière, u n e
soudainement, mais souvent
d e s c r i p t i o n c l a i r e d e s s y m p t ô m e s d u p a t i e n t est décrits c o m m e se calmant.
essentielle.
Comprendre les différents appareils

pnée au repos. Toutefois, si le r y t h m e cardiaque • é v a n o u i s s e m e n t s s i m p l e s : ils s e r e c o n n a i s -


se ralentit encore, le patient peut s'effondrer au s e n t à l e u r s c i r c o n s t a n c e s d e s u r v e n u e (endroits
s o l (Fig. 4.2) e t p r é s e n t e r , d e c e fait, u n e c r i s e i n h a b i t u e l l e m e n t c h a u d s o u s u r p e u p l é s ) . Ils sur-
d'épilepsie par privation cérébrale d'oxygène. viennent toujours debout;
P e n d a n t cet é p i s o d e , l e p a t i e n t m o n t r e u n e • l a s y n c o p e m i c t i o n n e l l e , q u i s u r v i e n t habi-
pâleur caractéristique mais se recolore rapide- t u e l l e m e n t lors d u lever n o c t u r n e p o u r uriner;
m e n t avec r u b é f a c t i o n . h y p o t e n s i o n o r t h o s t a t i q u e , q u i p r o v o q u e des
v e r t i g e s a u lever, d u s à u n e m a u v a i s e d i s t r i b u -
t i o n du v o l u m e s a n g u i n ou à des médicaments
q u i traitent l'hypertension artérielle.

COMPLEMENTS
D'INFORMATIONS SUR LE PATIENT
V o u s t r o u v e r e z d e s i n d i c e s o r i e n t a n t v e r s une
m a l a d i e c a r d i o v a s c u l a i r e a u c o u r s d e l'examen
g é n é r a l , d a n s l ' h i s t o i r e f a m i l i a l e , l e contexte
s o c i a l et s u r t o u t d a n s les a n t é c é d e n t s ; à ce
m o m e n t , v o u s a u r e z d é j à u n e c e r t a i n e idée d u
d i a g n o s t i c a v a n t d ' e x a m i n e r le patient. Q u a n d le
p r o b l è m e a c t u e l s e m b l e n'être q u ' u n épisode
d'une affection ancienne, il devra, évidemment,
ê t r e i n c l u s d a n s l'« h i s t o i r e de la p l a i n t e actuelle».

P O I N T PRATIQUE
La plupart des personnes présentant des syncopes
n'ont pas de bloc cardiaque complet, mais un bloc
complet est un diagnostic qui ne doit pas être
négligé.

Antécédents
Il faut vous enquérir des points suivants:
• r h u m a t i s m e a r t i c u l a i r e a i g u d a n s l'enfance,
h a b i t u e l l e m e n t décrit c o m m e u n e l o n g u e mala-
d i e e t u n e a b s e n c e p r o l o n g é e d e l'école. L a
« d a n s e de St G u y » ( m o u v e m e n t s a n o r m a u x
i n v o l o n t a i r e s ) p e u t ê t r e u n e d e ses e x p r e s s i o n s ;
(b) • souffle c a r d i a q u e p e r ç u lors d ' u n examen
médical de routine;
Figure 4.2. (a) Cette f e m m e s'est effondrée sans
• antécédents d'infarctus du m y o c a r d e ou
prodrome, tombant vers l'avant et se blessant au
visage, (b) L'étiologie est présentée sur son tracé ECG : d'angor;
bloc complet suivi d'une pause ventriculaire. • antécédents de palpitations.

La p l u p a r t des p e r s o n n e s présentant des s y n - Revue des appareils


c o p e s n ' o n t p a s d e b l o c c o m p l e t . Les d i a g n o s - Des questions directes se r a p p o r t a n t aux s y m p -
t i q u e s d i f f é r e n t i e l s s o n t les s u i v a n t s : t ô m e s et aux appareils autres q u e du système
Comprendre les maladies cardiovasculaires

Liste de vérification pour une "revue des appareils" chez un patient porteur d'une
maladie cardio-asculaire

Appareil Description par le patient Cause cardiovasculaire possible ou association

Respiratoire Dyspnée Insuffisance ventriculaire gauche


« Asthme » Embolie pulmonaire
Sifflements nocturnes Sténose mitrale
Crachats glaireux ou sanglants

Gastro-intestinal « Brûlures » thoraciques Angor


Vomissements Toxicité de la Digoxine
Anorexie ou perte de poids Endocardite infectieuse
Ictère Congestion hépatique due à une insuffisance
cardiaque

Nerveux Céphalées Hypertension sévère


Problèmes visuels Artérite temporale
Vertiges et évanouissements Embolie cérébrale
Tachyarythmie et bradyarythmie

Rénal et urinaire Infections urinaires Pyélonéphrite chronique -» hypertension


Sang dans les urines Embolie rénale, endocardite

Ostéo-articulaire « Douleurs de croissance » chez l'enfant Rhumatisme articulaire aigu provoquant une
maladie rhumatologique chronique

« Arthrite » Insuffisance aortique et/ou endocardite du lupus


érythémateux systématisé

Lombalgies Insuffisance aortique due à la spondylarthrite


ankylosante

cardiovasculaire p e u v e n t révéler des s y m p t ô m e s cardiaques, l'alcoolisme provoque une


en rapport ou associés à u n e maladie cardiovas- hypertension, une fibrillation auriculaire et
culaire ( P o i n t d e R é v i s i o n 4.3). une maladie du muscle cardiaque (cardio-
myopathie).

Histoire f a m i l i a l e
EXAMEN CLINIQUE
Les m a l a d i e s c a r d i a q u e s i s c h é m i q u e s ( c o r o n a -
r i e n n e s ) s o n t p a r f o i s f a m i l i a l e s , m a i s les a n t é c é - L'examen du système cardiovasculaire d o i t
dents f a m i l i a u x n e s o n t s i g n i f i c a t i f s q u e l o r s q u e ê t r e réalisé en q u a t r e é t a p e s :
des p r o c h e s o n t e u u n i n f a r c t u s a v a n t l'âge d e • apparence générale ;
50 ans. • s i g n e s c l i n i q u e s a s s o c i é s à la c i r c u l a t i o n
artérielle;
s i g n e s c l i n i q u e s a s s o c i é s à la c i r c u l a t i o n
Contexte social veineuse;
• signes cliniques associés au cœur lui-
L e t a b a g i s m e est l a c a u s e p r i n c i p a l e d e s m a l a - même.
dies a r t é r i e l l e s ( p é r i p h é r i q u e s e t c o r o n a r i e n n e s )
e t c e n'est q u e d i x a n s a p r è s l e s e v r a g e q u e c e À c h a q u e é t a p e , il est e s s e n t i e l de p e n s e r
facteur d e r i s q u e d i s p a r a î t . l o g i q u e m e n t et de relier les c o n s t a t a t i o n s à
Alors q u ' u n e faible quantité d'alcool prise de l ' a n a t o m i e et à la p h y s i o l o g i e de la c i r c u l a -
m a n i è r e r é g u l i è r e p r o t è g e c o n t r e les a t t a q u e s t i o n . Bien q u e la séquence habituelle « i n s -
Comprendre les différents appareils

pection, p a l p a t i o n , p e r c u s s i o n et a u s c u l t a t i o n » c y a n o s e , il p e u t ê t r e la c o n s é q u e n c e d ' u n e endo-


d o i v e ê t r e r e s p e c t é e , ces q u a t r e m é t h o d e s o n t c a r d i t e i n f e c t i e u s e . C'est u n s i g n e n o n spécifique
u n e i m p o r t a n c e variable à c h a q u e étape. q u i p e u t a p p a r a î t r e d a n s b e a u c o u p d e cancers,
d ' i n f e c t i o n s c h r o n i q u e s c o m m e l a bronchectasie
e t d e n o m b r e u s e s a u t r e s m a l a d i e s chroniques
Apparence générale p u l m o n a i r e s ou g a s t r o - i n t e s t i n a l e s (Point de
r é v i s i o n 5.6) ;
Au chevet du patient, observez : • les h é m a t o m e s f i l i f o r m e s : il s'agit de stries
• les s i g n e s d e d o u l e u r : l e p a t i e n t e s t - i l g ê n é , l i n é a i r e s r o u g e s o u n o i r e s s o u s - u n g u é a l e s des
p â l e , en s u e u r ? d o i g t s de la m a i n ou d e s o r t e i l s (Fig. 4.3). Ils sont
• la d y s p n é e : y a-t-il un sifflement a u d i b l e ou h a b i t u e l l e m e n t d u s à u n t r a u m a t i s m e m a i s peu-
une détresse évidente? vent évoquer une endocardite bactérienne;
• la p o s i t i o n d a n s le l i t : le p a t i e n t e s t - i l c o u c h é l ' a n é m i e : r e c h e r c h e z u n e p â l e u r des mu-
c o n f o r t a b l e m e n t , d o i t - i l rester assis? q u e u s e s ( c o n j o n c t i v e s e t u n g u e a l e s ) . L'anémie
• la t o u x : r e g a r d e z d a n s le g o b e l e t à c r a c h a t s p e u t e x p l i q u e r u n e d y s p n é e et p a r t i c i p e r à un
p o u r v é r i f i e r si le p a t i e n t a e x p e c t o r é , r e c h e r c h e z angor;
particulièrement des traces de s a n g ( h é m o p t y - • les d é p ô t s l i p i d i q u e s : les p a t i e n t s avec des
sie) ; t a u x d e c h o l e s t é r o l p l a s m a t i q u e élevés peuvent
• l a c y a n o s e : elle d o n n e a u p a t i e n t u n e c o u l e u r p r é s e n t e r d e s d é p ô t s a u t o u r d e s y e u x (xanthé-
bleue ou violette. La c y a n o s e centrale affecte la l a s m a , Fig. 4.4). U n e h y p e r c h o l e s t é r o l é m i e est un
b o u c h e , les lèvres e t l a l a n g u e , e t i n d i q u e u n e facteur de risque des maladies coronariennes et
prédominance d'hémoglobine désoxygénée l a p r é s e n c e d e d é p ô t s l i p i d i q u e s est u n e preuve
d a n s l a c i r c u l a t i o n . Ceci est d û à u n e d é f a i l l a n c e indirecte d'ischémie;
c a r d i a q u e , à u n shunt c a r d i a q u e d r o i t e t g a u c h e
(cf. c i - d e s s o u s ) , à u n e m a l a d i e p u l m o n a i r e c h r o -
nique ou à une polycythémie. La cyanose péri-
p h é r i q u e a f f e c t e s e u l e m e n t les m a i n s e t les
p i e d s , elle i n d i q u e u n r a l e n t i s s e m e n t d u f l u x s a n -
g u i n à t r a v e r s l a p e a u avec u n e e x t r a c t i o n élevée
d'oxygène;
l'amputation d'un m e m b r e : bien qu'elle peut
ê t r e d u e à u n t r a u m a t i s m e a n t é r i e u r , elle o r i e n t e
vers u n e m a l a d i e artérielle p é r i p h é r i q u e o u u n
embole;
• l a f i è v r e : elle p e u t ê t r e c o n s t a t é e u n j o u r o u
d e u x a p r è s u n i n f a r c t u s d u m y o c a r d e , m a i s elle Figure 4.3. Hématomes filiformes.
persiste dans l'endocardite infectieuse;
• l ' h i p p o c r a t i s m e d i g i t a l : d a n s les cas e x t r ê m e s ,
l'hippocratisme digital se présente c o m m e u n e
c o u r b u r e latérale e t l o n g i t u d i n a l e d e s o n g l e s
c o m b l a n t l'angle a i g u n o r m a l e n t r e l ' o n g l e e t l e
lit d e l ' o n g l e , u n e c o n s i s t a n c e m o l l a s s e d u lit d e
l'ongle et un élargissement des phalanges d i s -
tales. L ' h i p p o c r a t i s m e est d i a g n o s t i q u é l o r s q u e
d e u x o u t r o i s d e ces c a r a c t é r i s t i q u e s s o n t p r é -
s e n t e s . L ' h i p p o c r a t i s m e a s s o c i é avec l a c y a n o s e
centrale oriente vers u n e c a r d i o p a t h i e c o n g é n i -
tale c y a n o g è n e avec s h u n t d e s a n g d e s cavités
d r o i t e s v e r s les cavités g a u c h e s d u c œ u r . Sans Figure 4.4. Xanthelasma.
Comprendre les maladies cardiovasculaires

• les s i g n e s d e m a l a d i e s s p é c i f i q u e s : c e r t a i n e s • caractère ;
maladies ou s y n d r o m e s p o u v a n t être associés à • présence de souffle;
des p r o b l è m e s c a r d i o v a s c u l a i r e s s o n t f a c i l e m e n t • p r e s s i o n artérielle.
r e c o n n a i s s a b l e s . C e r t a i n e s s o n t listées d a n s l e
Point d e r é v i s i o n 4.4. Les p o u l s q u i p e u v e n t ê t r e p e r ç u s s o n t les p o u l s
t e m p o r a u x superficiels, carotidiens, brachiaux
(huméraux), radiaux, aortiques a b d o m i n a u x ,
fémoraux, poplités, pédieux et tibiaux p o s t é -
r i e u r s (Fig. 4.5).
T o u t d ' a b o r d , v é r i f i e z s i t o u s les p o u l s s o n t p a l -
Syndrome Signes cardiovasculaires
p a b l e s . L'absence d e p o u l s s u g g è r e q u e l'artère
Chromosomique p e u t être o b s t r u é e par l'athérome et t h r o m b o s é e
Trisomie 21 Malformations septales p a r u n e m b o l e . Les a r t è r e s t e m p o r a l e s s u p e r f i -
(syndrome de
Down)
Temporal
Endocrinien superficiel
Hyperthyroïdie Fibrillation auriculaire, insuffisance
cardiaque
Carotidien
Hypothyroïdie Angor, épanchement péricardique
(myxœdème)
Acromegalie Hypertrophie cardiaque,
insuffisance cardiaque Aortique
abdominal
Maladie d'Addison Hypotension
Ostéo-articulaire
Syndrome de Dissection aortique Fémoral
Marfan
Spondylarthrite Insuffisance aortique
ankylosante
Polyarthrite Pericardite
rhumatoïde
Sclerodermie Cardiomyopathie
Maladie de Paget Insuffisance cardiaque
Autres
(Comme Cardiomyopathie
l'alcoolisme)

Examen de la circulation artérielle


Figure 4.5. Sites des principaux pouls artériels. La
Q u a n d u n e a r t è r e est p r o c h e d e l a s u r f a c e c u t a - palpation des pouls des membres inférieurs à une
née, o n p e u t p a l p e r s o n p o u l s . Les c a r a c t é r i s - importance critique chez les patients porteurs d'une
tiques d u p o u l s d o i v e n t être r a p p o r t é e s c o m m e maladie vasculaire périphérique. L'artère dorsale du pied
peut être perçue le long d'une ligne tirée à mi-chemin
suit:
entre les malléoles vers la portion proximale du premier
• présence ou absence; espace métatarsien. L'artère tibiale postérieure peut être
• fréquence; palpée à mi-chemin entre la malléole médiale et la
• rythme; pointe du talon.
Comprendre les différents appareils

cielles o n t u n e s i g n i f i c a t i o n p a r t i c u l i è r e p a r c e • t r o u v e z l e p o u l s b r a c h i a l e n p a l p a n t l e coude;
qu'elles p e u v e n t être t o u c h é e s par u n e m a l a d i e • g o n f l e z l e b r a s s a r d j u s q u ' à c e q u e l e pouls
i n f l a m m a t o i r e a p p e l é e artérite t e m p o r a l e (Fig. 26.3). brachial ne soit plus p e r ç u ;
Les a r t è r e s s o n t a l o r s d o u l o u r e u s e s e t t e n d u e s , • p o s e z l e d i a p h r a g m e d u s t é t h o s c o p e à l'en-
e t l e u r t h r o m b o s e est f r é q u e n t e , c e q u i e x p l i q u e droit du pouls brachial;
l'absence de p o u l s . d i m i n u e r l a p r e s s i o n d u b r a s s a r d lentement,
Le caractère du pouls, particulièrement bien pas plus de 2 mm par b a t t e m e n t cardiaque. La
perçu au niveau carotidien, illustre l'onde de p r e s s i o n à l a q u e l l e le p o u l s est à nouveau
pression artérielle ( o n d e de pouls). Avec l'habi- e n t e n d u c o r r e s p o n d à la p r e s s i o n s y s t o l i q u e , la
t u d e e t e n c o m p a r a n t avec v o t r e p r o p r e p o u l s , p r e s s i o n la p l u s élevée établie p a r le c œ u r ;
v o u s découvrirez q u e chez certains patients, la c o n t i n u e z à r é d u i r e l a p r e s s i o n d u brassard,
m o n t é e e n p r e s s i o n est i n h a b i t u e l l e m e n t l o n g u e l e n t e m e n t . L'intensité d e s b r u i t s a u g m e n t e puis
(signe de sténose de la valve aortique) et q u e les b r u i t s s ' a s s o u r d i s s e n t . E n r é d u i s a n t davan-
chez d'autres la pression r e t o m b e rapidement t a g e la p r e s s i o n de q u e l q u e s m i l l i m è t r e s , ces
( c o m m e d a n s l'insuffisance aortique). Les bruits deviennent inaudibles.
souffles sont des bruits systoliques dus à un
é c o u l e m e n t s a n g u i n t u r b u l e n t . Ils s u r v i e n n e n t Les d i f f é r e n t s b r u i t s p e r ç u s au c o u r s de la
habituellement au niveau de rétrécissements m e s u r e d e l a p r e s s i o n a r t é r i e l l e o n t été décrits
p r o v o q u é s par des plaques athéromateuses, p a r K o r o t k o w , q u i a c r u d i s c e r n e r c i n q phases
mais existent également d a n s d'autres c i r c o n s - d i f f é r e n t e s . Le p r e m i e r b r u i t de K o r o t k o w est le
tances de sténose, c o m m e la coarctation a o r - p r e m i e r à ê t r e e n t e n d u l o r s q u e l'on réduit la
t i q u e , o u e n cas d e c o m m u n i c a t i o n a n o r m a l e pression du brassard du sphygmomanomètre,
(fistule) e n t r e a r t è r e s e t v e i n e s . P o u r e n t e n d r e ces et c o r r e s p o n d à la p r e s s i o n s y s t o l i q u e . Les
s o u f f l e s , p o s e z l e s t é t h o s c o p e s u r les a r t è r e s s e c o n d e t t r o i s i è m e b r u i t s n ' o n t a u c u n e valeur
c a r o t i d e s , l ' a o r t e et les a r t è r e s f é m o r a l e s . c l i n i q u e , s e u l e m e n t u n i n t é r ê t h i s t o r i q u e . Seuls
La pression sanguine (ou plus exactement la les q u a t r i è m e ( m o m e n t d ' a t t é n u a t i o n ) e t cin-
p r e s s i o n artérielle) n e p e u t p a s s i m p l e m e n t ê t r e q u i è m e ( d i s p a r i t i o n d u s o n ) b r u i t s o n t une
évaluée en palpant le pouls. La pression arté- valeur pratique.
rielle est m e s u r é e avec u n s p h y g m o m a n o m è t r e L e p o i n t d e d i s p a r i t i o n est p r o c h e d e l a véritable
qui applique une pression variable sur le bras p r e s s i o n d i a s t o l i q u e , et de p l u s , il est le plus
p o u r d é t e r m i n e r q u e l l e q u a n t i t é est n é c e s s a i r e r e p r o d u c t i b l e d e s d e u x m e s u r e s . I l désignera
p o u r arrêter le flux sanguin. d o n c , d a n s v o t r e r a p p o r t , l a p r e s s i o n diastolique.
Des bras potelés nécessitent davantage de c o m -
P O I N T PRATIQUE
p r e s s i o n q u e d e s b r a s m i n c e s ; c'est p o u r q u o i u n
e n r e g i s t r e m e n t fait s u r u n b r a s p o t e l é f o u r n i r a
d e s v a l e u r s f a u s s e m e n t élevées. C'est l a r a i s o n
p o u r l a q u e l l e i l f a u t d e utiliser d e g r a n d s b r a s -
s a r d s c h e z les p e r s o n n e s e n v e l o p p é e s .
I La phase V est la plus proche de la vraie pression
diastolique, elle est reproductive et sera donc
notée c o m m e pression diastolique.

Evaluation de la circulation veineuse


POINT PRATIQUE
Assurez-vous que l'ensemble du bras est
enveloppé par la portion gonflable du brassard.
A u c o u r s d e l ' e x a m e n c l i n i q u e les é l é m e n t s prin-
cipaux de la circulation veineuse s o n t :
Pour m e s u r e r la p r e s s i o n a r t é r i e l l e : les v e i n e s p é r i p h é r i q u e s ;
• placez l e b r a s s a r d a u t o u r d u b r a s , b i e n le p o u l s v e i n e u x j u g u l a i r e ;
contre la p e a u ; la taille du f o i e , q u i a u g m e n t e à m e s u r e que
• a s s u r e z - v o u s q u e l'artère b r a c h i a l e est au la pression veineuse s'accroit;
m ê m e niveau que le c œ u r ; la présence d'un œ d è m e périphérique.
Comprendre les maladies cardiovasculaires

Douleur
Comme p o u r l'examen du versant artériel de la
circulation, il est p r é f é r a b l e de c o n s i d é r e r les L o r s q u e l'on a p p u i e s u r l a m a s s e m u s c u l a i r e
structures v e i n e u s e s c o m m e u n t o u t e t d e contenant une veine t h r o m b o s é e , le patient se
regrouper e n s e m b l e les s i g n e s c l i n i q u e s q u i les plaint d'une douleur inhabituelle. En présence
concernent. d'une t h r o m b o s e veineuse du mollet, une d o r s i -
flexion brutale sera d o u l o u r e u s e (signe d ' H o -
Veines p é r i p h é r i q u e s
m a n ) . R e c h e r c h e r c e s i g n e n'est p a s a g r é a b l e
Les veines p é r i p h é r i q u e s s o n t h a b i t u e l l e m e n t p o u r le patient, p e u t être d a n g e r e u x et d o i t être
visibles s u r les m a i n s e t les p i e d s . A u x m e m b r e s évité.
inférieurs, les v e i n e s s u p e r f i c i e l l e s p e u v e n t ê t r e
Chaleur
inhabituellement m a r q u é e s , t o r t u e u s e s et élar-
gies, elles s o n t a l o r s a p p e l é e s « v a r i c e s ». Ces E n c o m p a r a n t les d e u x j a m b e s , celle avec l a TPP
veines a n o r m a l e s p e u v e n t s e t h r o m b o s e r l o r s est p l u s c h a u d e a u t o u c h e r q u e l a n o r m a l e . Ceci
d'une i n f l a m m a t i o n , il s'agit de « p h l é b i t e s u p e r - est d û a u d é t o u r n e m e n t , q u i d e v i e n t a l o r s p r é -
ficielle » : la v e i n e t o u c h é e est p e r ç u e c o m m e u n e d o m i n a n t , d u s a n g v e i n e u x p a r les v e i n e s s u p e r -
corde s e n s i b l e s o u s la p e a u . La p h l é b i t e est ficielles.
habituellement a s s o c i é e à u n g o n f l e m e n t p é r i -
Décoloration
phérique o u œ d è m e ( c o l l e c t i o n l i q u i d i e n n e d a n s
les tissus interstitiels). Les v e i n e s v a r i q u e u s e s U n e j a m b e avec u n e t h r o m b o p h l é b i t e est h a b i -
peuvent s a i g n e r e t m ê m e s ' u l c é r e r ; les p a t i e n t s tuellement bleuâtre bien que, lorsque la t h r o m -
qui o n t d e s v e i n e s v a r i q u e u s e s d e p u i s d e s b o s e est sévère, l e g o n f l e m e n t p u i s s e p e r t u r b e r
années p e u v e n t p r é s e n t e r u n e d é c o l o r a t i o n b r u - le p o u l s artériel d a n s la j a m b e et p r o v o q u e r u n e
nâtre de la p e a u d u e à d e s h é m o r r a g i e s r é p é - « j a m b e b l a n c h e ».
tées.
Pouls veineux jugulaire
Les veines p r o f o n d e s d e s m e m b r e s se s i t u e n t
dans les m a s s e s m u s c u l a i r e s p r i n c i p a l e s et ne Les v e i n e s j u g u l a i r e s p r é s e n t e n t d e s p u l s a t i o n s
peuvent d o n c p a s ê t r e v u e s o u p e r ç u e s . Elles qui p e u v e n t être i m p o r t a n t e s p o u r d e u x raisons :
peuvent se t h r o m b o s e r l o r s q u e le s a n g est • l e u r p o s i t i o n reflète la p r e s s i o n de l ' a t r i u m
hypercoagulable e t l o r s q u e l e p a t i e n t est i m m o - droit;
bile, par e x e m p l e a p r è s u n e i n t e r v e n t i o n c h i r u r - • la c o u r b e de l'onde de pression peut aider au
gicale, u n a c c o u c h e m e n t o u u n t r a u m a t i s m e diagnostic d'un g r a n d n o m b r e d e situations très
nécessitant l ' i m m o b i l i s a t i o n d u m e m b r e i n f é - différentes.
rieur dans un p l â t r e . Les s i g n e s p h y s i q u e s de la
t h r o m b o p h l é b i t e p r o f o n d e (TPP) s o n t e x t r ê m e - L ' a b r é v i a t i o n PJV est utilisée p o u r s i g n i f i e r s o i t
ment peu fiables. T o u t e f o i s , p o u r ce q u ' i l s v a l e n t , « p o u l s v e i n e u x j u g u l a i r e », s o i t « p r e s s i o n v e i -
ces signes s o n t : n e u s e j u g u l a i r e ».
E n r a i s o n d e l ' a b s e n c e d e v a l v e e n t r e les v e i n e s
Gonflement de la j a m b e
j u g u l a i r e s e t l ' a t r i u m d r o i t , les v e i n e s d u c o u
Un gonflement s y m é t r i q u e des m e m b r e s infé- réagissent c o m m e un m a n o m è t r e à d y n a m i q u e :
rieurs est v r a i s e m b l a b l e m e n t d u e à u n e i n s u f f i - la hauteur de la colonne de sang au-dessus du
sance c a r d i a q u e o u u n t a u x b a s d ' a l b u m i n e c œ u r m e s u r e l a p r e s s i o n a t r i a l e d r o i t e e t les p u l -
plasmatique, m a i s q u a n d les d e u x j a m b e s o n t s a t i o n s e n r e g i s t r e n t les m o d i f i c a t i o n s d e p r e s -
une taille d i f f é r e n t e , u n e T P P d e v i e n t p l u s v r a i - sion dans l'atrium droit.
semblable. La c i r c o n f é r e n c e de la c u i s s e et du Il y a d e u x v e i n e s j u g u l a i r e s de c h a q u e c ô t é du
mollet d o i t être m e s u r é e a v e c u n r u b a n , l a c u i s s e c o u , i n t e r n e e t e x t e r n e (Fig. 4.6).
à une distance d é f i n i e du t u b e r c u l e t i b i a l a n t é - La veine jugulaire interne part du point s t e r n o -
rieur et le m o l l e t au p o i n t de sa c i r c o n f é r e n c e claviculaire vers le h a u t et latéralement, j u s q u ' à
maximale. l'angle d e l a m a n d i b u l e , p a s s a n t e n d e s s o u s d e
la veine j u g u l a i r e externe. Celle-ci part du p o i n t
Comprendre les différents appareils

Veine jugulaire
interne
Muscle sterno-
Veine jugulaire
cléido-mastoïdien
externe

Figure 4.7. Hauteur du pouls veineux jugulaire.

d r o i t e p e u t a l o r s ê t r e m e s u r é e , (en c e n t i m è t r e d e
Figure 4.6. Situation des veines jugulaires interne et s a n g ) en r a j o u t a n t 5 cm à la h a u t e u r mesurée
externe et leurs rapports avec les muscles sterno-cléido- a u - d e s s u s d e l ' a n g l e m a n u b r i o - s t e r n a l , a u point
mastoïdiens. o ù les v e i n e s j u g u l a i r e s s o n t d i s t e n d u e s . L a
p r e s s i o n a t r i a l e d r o i t e n o r m a l e est de 5 à 6 cm
mi-claviculaire, c o n t i n u e o b l i q u e m e n t vers le de s a n g , ce q u i est h a b i t u e l l e m e n t n é g l i g é , et la
haut, en croisant le muscle sterno-cléido-mas- p r e s s i o n v e i n e u s e j u g u l a i r e est m e s u r é e e n utili-
t o ï d i e n . B i e n q u e f a c i l e m e n t v i s i b l e l o r s q u ' e l l e est s a n t l ' a n g l e d e m a n u b r i o - s t e r n a l c o m m e point
dilatée, la veine j u g u l a i r e externe d o n n e u n e de référence.
m a u v a i s e idée de la pression atriale d r o i t e parce
q u e le flux veineux peut être o b s t r u é l o r s q u e la
v e i n e t r a v e r s e le f a s c i a s o u s la c l a v i c u l e . C'est P O I N T PRATIQUE
p o u r cette r a i s o n q u e l a v e i n e j u g u l a i r e i n t e r n e Mesurer la pression veineuse jugulaire (PVJ)
d o i t être r e c o n n u e aussi s o u v e n t q u e possible. Placez le patient en position déclive (pas
nécessairement à 45°) ce qui vous permettra de
Les v e i n e s j u g u l a i r e s p e u v e n t ê t r e r e c o n n u e s
bien voir le sommet de la colonne veineuse.
facilement en d e m a n d a n t aux patients de réali- Mesurez la hauteur verticale de la PVJ au-dessus
ser u n e m a n œ u v r e d e V a l s a l v a , c ' e s t - à - d i r e u n e de l'articulation manubrio-sternale.
e x p i r a t i o n f o r c é e g l o t t e f e r m é e (dites a u p a t i e n t Ne prenez en compte que la veine jugulaire
de p o u s s e r c o m m e s'il était à la selle). L'élévation interne.
de la pression intrathoracique a u g m e n t e la pres- Observez les pulsations de manière oblique.
s i o n a t r i a l e d r o i t e e t les v e i n e s j u g u l a i r e s s e d i s -
tendent. Il est e s s e n t i e l d ' a p p r é c i e r l ' i m p o r t a n c e de la
m e s u r e d e la hauteur verticale d e la p r e s s i o n vei-
Pression veineuse jugulaire* neuse j u g u l a i r e a u - d e s s u s d e l'angle m a n u b r i o -
La m e s u r e de t o u t e pression nécessite un p o i n t sternal. Chez des sujets en b o n n e santé, la
d e r é f é r e n c e , e t d a n s l e cas d e l a p r e s s i o n j u g u - p r e s s i o n a t r i a l e d r o i t e est telle q u e les veines
laire, c e p o i n t d e r é f é r e n c e est l e c e n t r e d e jugulaires ne s o n t pas distendues en position
l'atrium droit. L'atrium d r o i t ne peut pas, é v i d e m - assise, m a i s e n s ' a l l o n g e a n t , les v e i n e s peuvent
ment, être a p p r o c h é e d i r e c t e m e n t par l'examen s e r e m p l i r s u r t o u t e l e u r l o n g u e u r . D ' u n autre
c l i n i q u e m a i s s o n c e n t r e est s i t u é e 5 c m a u - d e s - côté, chez un patient en insuffisance cardiaque
s o u s d e l'angle m a n u b r i o - s t e r n a l , q u e l l e q u e s o i t g r a v e , l a p r e s s i o n a t r i a l e d r o i t e p e u t ê t r e s i éle-
l a p o s i t i o n d u s u j e t (Fig. 4.7). L a p r e s s i o n a t r i a l e v é e q u e les v e i n e s j u g u l a i r e s s o n t d i s t e n d u e s
j u s q u ' à l'angle d e l a m a n d i b u l e , v o i r e a u - d e s s u s
si le p a t i e n t est assis. Il n'y a d o n c p a s de p o s i -
* Elle est p e u m e s u r é e en France [NdT]. tion de référence qui permette de mesurer la
Comprendre les maladies cardiovasculaires

pression v e i n e u s e d e c e p a t i e n t : o n lui d e m a n - La décroissance de la pression veineuse après


dera s i m p l e m e n t d e s ' a l l o n g e r s e l o n l'angle l e l ' o n d e « a » est a p p e l é e la d e s c e n t e « x »; a p r è s
plus f a v o r a b l e , d é g a g e a n t l e s o m m e t d e l a l ' o n d e « v », c'est la d e s c e n t e « y ».
c o l o n n e d e s a n g d a n s les v e i n e s j u g u l a i r e s . L e p o u l s d a n s l a v e i n e j u g u l a i r e est m i e u x p e r ç u
au s o m m e t de la p o r t i o n d i s t e n d u e de la veine.
Pouls v e i n e u x j u g u l a i r e C o m m e p o u r mesurer la pression veineuse
Le p o u l s v e i n e u x j u g u l a i r e reflète la s é q u e n c e j u g u l a i r e , i l est i m p o r t a n t d e p l a c e r s o n p a t i e n t
des m o d i f i c a t i o n s d e p r e s s i o n d a n s l ' a t r i u m d a n s la position où la veine est la plus visible.
droit, m a i s l ' o n d e d e p r e s s i o n v e i n e u s e est t r o u - L ' e x a m e n est n o t o i r e m e n t a m é l i o r é s i u n e
blée p a r l a t r a n s m i s s i o n d u p o u l s p r o v e n a n t d e lumière illumine tangentiellement le cou.
l'artère c a r o t i d e , q u i est p l a c é e i m m é d i a t e m e n t à Le p o u l s de la veine j u g u l a i r e peut être facile-
côté d e l a v e i n e j u g u l a i r e i n t e r n e . L e p o u l s v e i - m e n t c o n f o n d u avec c e l u i d e l'artère c a r o t i d e , e n
neux a a l o r s t r o i s c o m p o s a n t e s (Fig. 4.8) : r a i s o n d e l e u r c o n t i g u ï t é . Les d i v e r s e s p u l s a t i o n s
• l'onde « a » est d u e à la c o n t r a c t i o n a t r i a l e : p e u v e n t être distinguées de la m a n i è r e s u i v a n t e :
elle est a c c e n t u é e l o r s q u e la p r e s s i o n a t r i a l e • un p o u l s a r t é r i e l p e u t ê t r e p e r ç u , à la d i f f é -
droite est élevée c o m m e d a n s l ' h y p e r t e n s i o n rence des pulsations veineuses qui souvent ne
p u l m o n a i r e , e t a t t é n u é e l o r s q u e l'activité a t r i a l e s o n t p a l p a b l e s q u ' e n cas d ' i n s u f f i s a n c e t r i c u s p i -
est d é s o r g a n i s é e p a r u n e f i b r i l l a t i o n a u r i c u l a i r e ; d i e n n e [cf. c i - d e s s o u s ) ;
• l'onde « c » est t r a n s m i s e p a r l'artère c a r o t i d e ; • u n e pression m o d é r é e juste au-dessus de la
• l'onde « v » a p p a r a î t p e n d a n t q u e la v a l v e tri— clavicule abolit la p u l s a t i o n veineuse, et la veine
cuspide est f e r m é e , elle est d o n c a s s o c i é e a u se remplira au-dessus du point de compression.
remplissage a t r i a l . Elle est en p a r t i e c a u s é e p a r le L e p o u l s artériel n'en s e r a p a s a f f e c t é ;
gonflement de la valve p e n d a n t la contraction • le p o u l s v e i n e u x j u g u l a i r e est p l u s facile à
d u v e n t r i c u l e d r o i t . E n cas d ' i n s u f f i s a n c e t r i c u s p i - palper aux limites de la distension veineuse,
dienne, l e f l u x s a n g u i n l o r s d e l a s y s t o l e v e n t r i - limites d o n t la p o s i t i o n d a n s le c o u c h a n g e avec
culaire d r o i t e est p a r t i e l l e m e n t r e n v o y é d a n s celle d u p a t i e n t , assis o u c o u c h é ;
l'atrium d r o i t et l ' o n d e « v » est a c c e n t u é e . En r a i - • U n e inspiration p r o f o n d e réduit la pression
son du f o n c t i o n n e m e n t d i f f é r e n t de l ' o n d e « v » v e i n e u s e i n t r a t h o r a c i q u e , e t d o n c les p r e s s i o n s
dans ces c i r c o n s t a n c e s , elle est p a r f o i s a p p e l é e atriale droite et jugulaire. Dès lors, la p o s i t i o n du
« o n d e s y s t o l i q u e ». p o u l s veineux se déplace vers le bas du c o u à
l ' i n s p i r a t i o n et v e r s le h a u t à l ' e x p i r a t i o n . La p o s i -
t i o n d u p o u l s artériel n e c h a n g e p a s ;
• Il n'y a p a s de v a l v e s e n t r e la v e i n e c a v e s u p é -
rieure, l'atrium droit, la veine cave inférieure et
les v e i n e s h é p a t i q u e s . D è s l o r s , s i u n e p r e s s i o n
est a p p l i q u é e s u r l e f o i e j u s t e e n d e s s o u s d e s
c ô t e s , l e s a n g sera e x p r i m é h o r s d u f o i e e t l a
p r e s s i o n a t r i a l e d r o i t e s'élèvera avec c o m m e
conséquence une augmentation de la pression
v e i n e u s e j u g u l a i r e e t d u p o u l s . Ceci est a p p e l é
« r e f l u x h é p a t o j u g u l a i r e »;
• L ' o n d e d e p u l s a t i o n d ' u n e a r t è r e c a r o t i d e est
u n e s i m p l e « m o n t é e e t d e s c e n t e » , m a i s celle d u
p o u l s v e i n e u x j u g u l a i r e est p l u s c o m p l e x e .
M ê m e s'il est difficile d ' i d e n t i f i e r d e s c o m p o -
Systole Diastole s a n t e s individuelles d u p r o f i l v e i n e u x , il est h a b i -
t u e l l e m e n t facile d e r e c o n n a î t r e d e s o s c i l l a t i o n s
Figure 4.8. Les composantes du pouls veineux
jugulaire. Seules les ondes « a » et « v » sont rapides au s o m m e t de la c o l o n n e veineuse.
cliniquement décelables.
Comprendre les différents appareils

Conditions dans lesquelles peut être exemple dans la sténose de la valve tricuspide,
diagnostiqué un pouls veineux jugulaire ou plus rarement lorsque une tumeur atriale ou
un myxome obstrue la valve tricuspide.
Insuffisance cardiaque. Si la pression vei-
POINT PRATIQUE
neuse jugulaire est supérieure de 6 ou 7 cm au
centre de l'atrium droit (ce qui veut dire à plus de I Atteintes
Atteintes cardiaques
cardiaques pouvant
pouvant être
être diagnostiquées
à partir de la PVJ
2 ou 3 cm de l'angle manubrio-sternal), la pres-
Diagnostic Effets sur la PVJ
sion de remplissage de l'atrium droit est anor-
Insuffisance cardiaque PVJ élevée
male et on est en présence d'une « insuffisance
cardiaque ». En faisant ce diagnostic, il est impor- Régurgitation tricuspide Onde « v » proéminent
qui s'effondre en une
tant de s'assurer que les veines jugulaires sont
descente « y » rapide
pulsatiles et que la hauteur de la pression vei-
Arythmie complète Onde canon
neuse jugulaire est influencée par la position et
Hypertension pulmonaire Onde « a » marquée
l'expiration. Si ce n'est pas le cas, la dilatation des
Péricardite constrictive La PVJ croit au lieu de
veines jugulaires ne reflète pas la pression atriale
diminuer à l'inspiration
droite et peut être due à l'obstruction du retour
veineux par une tumeur médiastinale, comme
dans un cancer du poumon. Péricardite constrictive. Le péricarde est
une fine structure qui n'influence pas les perfor-
Régurgitation tricuspidienne. Une onde mances du cœur. Dans certaines maladies chro-
« v » proéminente qui s'effondre en une descente niques, surtout la tuberculose mais aussi les
« y » brusque indique une insuffisance tricuspi- maladies du collagène et les suites des infections
dienne. Une onde systolique est aussi formée virales du péricarde, le péricarde devient épais et
par le ventricule droit dans la veine cave infé- rigide. À l'inspiration, le péricarde est attiré vers le
rieure et les veines hépatiques, provoquant une bas par le diaphragme et le cœur est comprimé.
dilatation hépatique et des pulsations. À la place de l'habituelle chute de pression vei-
neuse à l'inspiration, la pression veineuse jugu-
Arythmie complète. Dans l'arythmie com- laire augmente; en même temps, la réduction du
plète, l'atrium se contracte indépendamment des retour veineux vers le cœur réduit l'éjection ven-
ventricules, les ondes « a » du pouls veineux triculaire gauche, et la pression systémique
jugulaire ne sont pas régulièrement suivies par chute. Ces réponses anormales à l'inspiration
des ondes « c » ou « v ». De temps en temps, sont appelées paradoxes artériel et veineux.
l'atrium droit se contractera par hasard contre
une valve tricuspide fermée, et quand ceci arrive, Le foie, partie intégrante
la totalité du volume d'éjection de l'atrium droit de la circulation veineuse
sera expulsée vers la veine cave supérieure. Ceci La pression résiduelle d'une haute pression
provoque une pulsation soudaine, marquée et atriale droite sera transmise au foie par la veine
unique dans le cou, appelée « onde canon ». cave inférieure et les veines hépatiques. Le foie
s'engorge (congestionné) de sang et s'agrandit.
Hypertension pulmonaire. Une pression À l'état normal, le foie reste entièrement derrière
élevée dans l'artère pulmonaire (qui peut être les côtes droites et ne peut pas être palpé. En cas
due à des emboles pulmonaires répétés) pro- de maladie thoracique, le diaphragme est
voque une augmentation des pressions dans le repoussé vers le bas, permettant la palpation du
ventricule droit, puis l'atrium droit. L'onde « a » rebord hépatique. Percutez le thorax pour définir
est alors proéminente et peut être perçue la marge supérieure du foie. Dans l'insuffisance
comme une « pichenette » régulière dans le pouls cardiaque, celui-ci sera à sa place normale. L'im-
jugulaire. On peut observer la même chose portance de l'hépatomégalie sera exprimée en
lorsque la pression atriale droite est élevée indé- nombre de cm en dessous de la marge costale
pendamment de celle du ventricule droit, par droite.
Comprendre les maladies cardiovasculaires

Un foie congestif est sensible et c'est une des Les poumons, partie intégrante
caractéristiques qui distingue l'hépatomégalie de de la circulation
l'insuffisance cardiaque de celle des principales
maladies hépatiques. La congestion du foie peut Une des manifestations précoces de l'insuf-
provoquer une douleur dans la partie supérieure fisance cardiaque est l'augmentation de la
de l'abdomen, en particulier en cas de régurgita- pression atriale gauche. Ceci entraîne une aug-
tion tricuspidienne évoluée. Une insuffisance mentation de la pression capillaire, et donc un
cardiaque chronique peut-être la cause d'un engorgement et une perte d'élasticité des pou-
ictère et, dans des cas extrêmes, on notera une mons conduisant à une dyspnée, voire, parfois,
splénomégalie. un sifflement léger et audible. Avec l'accroisse-
ment de la pression atriale gauche, la pression
oncotique du sang peut-être excessive et du
Œdème périphérique fluide va couler dans les alvéoles. Apparaissent
alors des crépitants, tout d'abord aux bases pul-
L'augmentation de la pression veineuse, combi- monaires mais s'étendant à tous les champs
née à la pression hydrostatique causée par la pulmonaires à mesure que l'insuffisance car-
position du cœur au-dessus des pieds, explique diaque s'aggrave. Ces crépitants doivent être dif-
que chez des patients insuffisants cardiaques, le férenciés de ceux causés par une pneumonie ou
liquide se collecte d'abord autour des chevilles. par une fibrose pulmonaire; la meilleure façon
Elles sont enflées, et une pression modérée des de faire la distinction est la présence d'autres
doigts imprime une marque qui s'efface pro- signes cardiovasculaires dans l'histoire ou l'exa-
gressivement. Dans l'insuffisance cardiaque, men clinique.
l'œdème des chevilles est symétrique, contraire-
ment à celui résultant d'une obstruction vei-
neuse du membre. Chez les patients alités, le Examen du cœur
sacrum et les fesses sont des régions où les
liquides se collectent aussi rapidement qu'autour Position du cœur dans le thorax
des chevilles. Toutefois, vous devez vous rappe- Connaître la position du cœur, de ses cavités et
ler que la plupart des patients avec un œdème de ses valves dans le thorax est la clef pour com-
des chevilles n'ont pas de maladie cardiaque prendre non seulement l'examen clinique du
(Point de révision 4.5). cœur, mais aussi l'électrocardiogramme, la
radiographie thoracique et l'échocardiogramme.
C'est pourquoi nous rappellerons l'anatomie
fondamentale avant de présenter les signes car-
POINT DE RÉVISION 4.5 diaques qui peuvent être décelés par l'examen
Causes principales d'un œdème
des chevilles clinique.
Immobilité
En vue de face, le cœur est grossièrement trian-
gulaire. Il repose principalement derrière le ster-
Insuffisance veineuse (varices)
num, avec une base qui se projette juste à droite
Thrombose veineuse profonde
du sternum et un apex situé dans la partie
Obstruction veineuse - pelvienne ou abdominale
gauche du thorax, en dessous de la ligne médio-
Obstruction lymphatique claviculaire (verticale passant par le milieu de la
Hypoalbuminémie plasmatique clavicule). L'apex cardiaque se projette habituel-
e
Insuffisance cardiaque lement en face du 5 espace intercostal (Fig. 4.9).
Œdème idiopathique (surtout chez les femmes) L'apex cardiaque est à l'origine du plus impor-
tant signe clinique du système cardiovasculaire,
car sa position reflète la taille du cœur. Le choc
apexien est défini cliniquement comme le point
le plus à gauche de la ligne médioclaviculaire et
Comprendre les différents appareils

Figure 4.9. Situation


du cœur dans le
Ligne
thorax (vue
médio-claviculaire
antérieure).

Articulation
manubrio-sternale
au niveau du
e
2 cartilage costal

Apex cardiaque

le point le plus bas où la pulsation cardiaque peut


être perçue; ce point représente de manière fidèle
la position du véritable apex cardiaque. Notez
que ce n'est pas nécessairement le point où les
pulsations cardiaques sont les plus facilement
perçues: celui-ci est parfois appelé « point de
pulsation maximum » mais il n'est pas aussi utile,
car il ne reflète pas le volume cardiaque.
L'apex cardiaque est formé par le ventricule
gauche (Fig. 4.10). Le ventricule gauche est situé
à gauche et en arrière du ventricule droit. L'hy-
pertrophie ventriculaire gauche déplace l'apex
cardiaque vers la gauche et le bas, accentuant le
choc apexien et le rendant plus facile à localiser.
Le ventricule droit occupe la plus grande partie
de la face antérieure du cœur, et se situe à l'ar-
rière gauche du sternum. L'hypertrophie du ven-
Figure 4.10. Topographie des cavités cardiaques
tricule droit repousse l'apex cardiaque vers
« antérieures » du cœur.
l'avant, amenant le cœur en contact plus étroit
avec le sternum. Ce dernier est perçu, soulevé
par chaque battement cardiaque. La figure 4.11 montre une radiographie thora-
L'atrium droit forme le bord droit du cœur en cique de face (a) et de profil (b). La radiographie
vue antérieure, mais même hypertrophié, il ne se thoracique ne permet ni la différenciation des
projette que rarement très à droite du sternum. cavités cardiaques ni l'identification des valves,
L'atrium gauche est situé à l'arrière du cœur et ne mais la figure 4.12 (a et b) montre la position des
participe pas à la silhouette cardiaque en vue cavités. La position des valves est décelable en
antérieure. Sur la vue de profil, il forme la portion RX (Fig. 4.13 a et b) uniquement chez des
supérieure du bord postérieur du cœur, adjacent patients porteurs de valves prothétiques. Les
à l'œsophage. prothèses aortique et mitrale se situent près du
Comprendre les maladies cardiovasculaires

Trachée

Tronc
Aorte artère
pulmonaire

Auricule
gauche

Ventricule
gauche

(a)

Grosse
aortique
Tronc, Artère
de l'artère pulmonaire
pulmonaire droite

.Atrium
Ventricule_
gauche
droit

Ventricule _
.Aorte
gauche
descendante

(b)
Figure 4.11. Radiographie thoracique de face (a) et de Figure 4.12. Contours des cavités cardiaques sur un
profil (b). cliché radiographique thoracique de face (a) et de profil
(b).

centre du cœur en vue antérieure, et toutes deux L'imagerie par résonance magnétique (IRM) peut
sont situées derrière le sternum. également être réalisée pour montrer la situation
La situation des ventricules, de l'atrium gauche des cavités (Fig. 4.16a). La disposition diagonale
et des valves aortique et mitrale est facilement du septum, avec la topographie antérieure du
observable en échocardiographie. Une des vues ventricule droit explique également la position
standard est celle du « grand axe » qui réalise des électrodes de l'ECG : les électrodes VI et V2
une coupe du cœur de la base à l'apex. La explorent le ventricule droit, les électrodes V3 et
figure 4.14 montre le ventricule droit en avant, le V4 le septum, et les électrodes V5 et V6 le ven-
ventricule gauche et l'atrium gauche en arrière. tricule gauche (Fig. 4.16b).
La proximité immédiate des valves aortique et
mitrale est clairement visible.
Une autre vue échographique standard de l'apex Comment examiner un cœur?
cardiaque fournit une coupe horizontale à
Inspection et percussion
travers le cœur, montrant les quatre cavités et
les valves tricuspide et mitrale. Les valves aor- À l'état normal, le battement cardiaque ne peut
tique ou pulmonaire ne sont pas visibles pas être vu, le cas contraire est une situation
(Fig. 4.15). anormale.
Comprendre les différents appareils

(b)
Figure 4.13. Positions des valves mitrales (inférieure) et aortique (supérieure) révélées en RX par des valves
artificielles. Noter la présence de baryum dans l'œsophage qui circonscrit l'atrium gauche. Clichés de face (a) et de
profil (b).

Il est très difficile d'apprécier la taille du cœur par • déplacement mediastinal;


la percussion parce qu'il se situe derrière le ster- • hypertrophie ventriculaire gauche;
num et est partiellement recouvert par le pou- • hypertrophie ventriculaire droite.
mon. Toutefois, une matité à droite du sternum
peut indiquer une hypertrophie atriale droite ou L'ensemble du médiastin peut être déplacé lors-
un épanchement péricardique. qu'il est attiré vers un poumon collabé ou fibrose,
ou s'il est repoussé du côté opposé par un épan-
Palpation chement pleural abondant ou un pneumothorax
La palpation permet principalement de recher- sous tension. Dans chaque cas, la trachée quit-
cher le choc apexien, mais il est important de tera la ligne médiane en face de l'échancrure ster-
palper l'ensemble du précordium, à la recherche nale, et il est important de vérifier ce point chez
mouvements anormaux. Des souffles puissants tout patient dont le choc apexien est déplacé.
provoqueront des vibrations qui peuvent être Très rarement, le cœur se situera dans la moitié
ressenties sur la paroi thoracique. Ils sont aussi droite du thorax (dextrocardie) et l'apex se situera
e
appelés « thrills ». en face du 5 espace intercostal droit sur la ligne
Si le choc apexien est difficile à ressentir, deman- médioclaviculaire.
dez au patient de se tourner sur son côté Le choc apexien est déplacé vers le bas et latéra-
gauche ; ceci mettra l'apex plus au contact de la lement par l'hypertrophie ventriculaire gauche.
paroi thoracique sans changer la position du Ce déplacement doit être mesuré en nombre de
cœur. centimètres au-delà de la ligne médioclavicu-
Le choc apexien peut être déplacé de sa position laire, ou relativement à la ligne axillaire anté-
e
normale au 5 espace intercostal et sur la ligne rieure (une ligne verticale passant par la paroi
médioclaviculaire, par trois situations anor- antérieure du creux axillaire formée par le
males: muscle grand pectoral).
Comprendre les maladies cardiovasculaires

Figure 4.14. (a) Échocardiogramme montrant le grand Figure 4.15. (a) Échocardiogramme montrant le cœur
axe du cœur. VD et VG : ventricules droit et gauche. S : de son apex. AD et AG : Atrium droit et atrium gauche.
septum. Co : cordage. Les flèches creuses montrent les VD et VG : ventricules droit et gauche. VP : veines
valves aortique (A) et mitrale (M). Les petites flèches pulmonaires, (b) Schéma de la figure 4.15a. Les
montrent les parois de l'aorte, (b) Schéma de la flèches creuses montrent les valves tricuspide (VT) et
figure 4.14a. mitrale (VM).

POINT PRATIQUE
l'hypertrophie ventriculaire droite déplace égale-
Le battement précordial est anormal dans :
ment l'apex cardiaque, mais le choc apexien est
L'hypertrophie ventriculaire droit ressentie comme
habituellement plus diffus. Un signe important un mouvement de soulèvement ou d'expansion
est le soulèvement perçu par le plat de la main en face ou à gauche du sternum.
placé sur le sternum, ou juste à sa gauche. L'anévrisme ventriculaire gauche perçu comme un
Le battement précordial peut être anormal lors mouvement de balancement diffus entre le
sternum et l'apex.
d'un anévrisme ventriculaire gauche; on ressent
alors des mouvements de balancement entre le
sternum et l'apex.
Quand le premier bruit cardiaque est très fort, Auscultation
comme dans la sténose mitrale, le choc apexien L'identification des bruits du cœur et des souffles
est ressenti comme un tapotement brutal. grâce à un stéthoscope est souvent considérée
comme un grand art de la cardiologie, mais son
importance est exagérée. Une bonne histoire
Comprendre les différents appareils

clinique et la reconnaissance des autres symp-


tômes comme le rythme cardiaque, la taille du
cœur, la pression veineuse jugulaire et l'insuffi-
sance cardiaque sont habituellement beaucoup
plus importantes.

Bruits du cœur
Ils sont associés à l'ouverture et à la fermeture
des valves, mais en réalité, ils proviennent des
brusques changements de la vitesse du courant
sanguin. Les bruits aigus sont mieux perçus à
travers le diaphragme du stéthoscope, et les
sons graves le sont mieux avec le pavillon.
POINT PRATIQUE
Auscultation des bruits cardiaques
Les bruits aigus sont mieux perçus à travers le
diaphragme du stéthoscope.
Les sons graves le sont mieux avec le pavillon.

Avec un peu de pratique, les caractéristiques des


bruits et des souffles deviennent plus familières,
et ils sont alors aisément discernables.
Le premier bruit est associé à la fermeture des
valves mitrale et tricuspide au début de la sys-
tole. Les composantes mitrale et tricuspide du
premier bruit peuvent souvent être perçues de
manière distincte et être confondues avec les
quatrième et premier bruits.
Le deuxième bruit est associé à la fermeture
des valves aortique et pulmonaire. Chez les
jeunes, la fermeture d'une valve se produit en
général en même temps que l'expiration, mais à
l'inspiration la fermeture pulmonaire est décalée,
alors que le sang est aspiré à l'intérieur du tho-
rax et que l'éjection ventriculaire droite est aug-
mentée (Fig. 4.17). Ce dédoublement du second
bruit à l'inspiration se perd avec l'âge. Le second
bruit est largement dédoublé et ne change pas
au cours de l'inspiration lorsque l'excitation du
ventricule droit est retardée par un bloc de
conduction de la branche droite du faisceau de
His. Un tel « dédoublement fixé » est caractéris-
(b) tique d'une malformation septale atriale.
Figure 4.16. (a) Coupe IRM montrant la situation des Lorsque l'excitation du ventricule gauche est
cavités cardiaques sur une vue par en dessous. A: retardée par un bloc de branche gauche, la fer-
aorte, (b) Positions des électrodes devant le cœur. meture de la valve aortique peut être retardée
Noter les électrodes VI et V2 en face du ventricule par rapport à celle de la valve pulmonaire, et la
droit, V3 et V4 devant le septum et V5 et V6 devant le
composante pulmonaire du second bruit va pré-
ventricule gauche.
Comprendre les maladies cardiovasculaires

juste avant le premier bruit. Quand il est audible,


il est presque toujours pathologique et signifie
une insuffisance cardiaque. Comme pour le troi-
sième bruit, il est grave et localisée à l'apex car-
diaque.
En plus des principaux bruits cardiaques, une
variété de bruits, de clics aigus et de claquements
peuvent parfois être entendu.
Les clics systoliques (mésosystoliques) (Fig. 4.19)
peuvent être uniques ou multiples. Un unique clic
précoce est caractéristique d'une sténose aortique
congénitale ou d'une sténose pulmonaire congéni-
Figure 4.17. Phonocardiogramme montrant la tale, il est probablement dû au gonflement de la
dispersion du second bruit à l'inspiration et la valve avant son ouverture. De tels clics sont sui-
synchronisation des bruits du cœur avec l'ECG.
vis d'un souffle d'éjection (cf. ci-dessous). Les clics
tardifs, simples ou multiples, sont souvent asso-
céder la composante aortique. Le second bruit ciés à un prolapsus de la valve mitrale, lorsque
apparaîtra dédoublé à l'expiration, mais durant une (ou les deux) valvule de la valve bombe vers
l'inspiration la composante pulmonaire sera l'atrium gauche lors de la contraction ventricu-
retardée, faisant coïncider les deux composantes laire gauche. Ils sont habituellement accompa-
du second bruit: le bruit redeviendra unique. gnés d'un souffle de régurgitation mitrale qui
Ceci est appelé le dédoublement réversible. survient plus tard dans la systole.
Le troisième bruit est associé au remplissage
ventriculaire et sera perçu rapidement après le
second bruit (Fig. 4.18). Il est assourdi, grave et
souvent localisé à proximité de l'apex cardiaque.
Le troisième bruit peut être moins audible sans
être anormal, particulièrement chez les jeunes,
mais chez des patients plus âgés, il est habituel-
lement un signe d'insuffisance cardiaque. La Clic systolique |
Clic systolique
plupart des troisièmes bruits proviennent du
ventricule gauche, mais parfois des bruits ventri- Figure 4.19. Clic systolique (flèches).
culaires droits peuvent être identifiés parce qu'ils
sont plus marqués à l'inspiration.
POINT PRATIQUE
Le quatrième bruit est associé à la contraction
atriale et survient alors à la fin de la diastole, Auscultation des bruits du cœur
Les souffles systoliques sont habituellement plus
puissants que les diastoliques.
Les troisième et quatrième bruits du cœur sont
graves.
Les clics systoliques et les claquements
d'ouverture sont aigu.

Figure 4.18. Diagramme de phonocardiographie Le « claquement d'ouverture » est un bruit sec


montrant les bruits du cœur. et aigu, diastolique.
Premier bruit: fermeture des valves mitrale et tricuspide Il oriente vers une sténose mitrale et précède le
survenant simultanément ou presque. Deuxième bruit:
fermeture des valves aortique et pulmonaire. Troisième
souffle diastolique caractéristique (cf. ci-dessus).
bruit: survient lors du remplissage ventriculaire. Bien qu'il soit également bien audible à l'apex,
Quatrième bruit : associé à la contraction atriale. on l'entend au bord gauche du sternum et ceci,
Comprendre les différents appareils

associé sa tonalité aiguë, le différencie du troi- et tricuspide doivent être complètement ouvertes
sième bruit du cœur. Il survient plus tôt dans la et les valves aortique et pulmonaire fermées. La
diastole que le troisième bruit. sténose d'une valve mitrale ou tricuspide et l'in-
suffisance d'une valve aortique ou pulmonaire
Souffles cardiaques génèrent dès lors un souffle diastolique.
Un souffle est la conséquence d'un écoulement Les souffles surviennent également lorsque
sanguin turbulent. Il survient lorsque: existe une communication anormale entre les
• Une valve est épaissie et ne s'ouvre pas cor- cavités cardiaques due à une anomalie congéni-
rectement (sténose) ; tale. Par exemple, s'il existe une malformation
• Une valve ne se ferme pas correctement et ventriculaire septale, le sang va la franchir en
fuit (insuffisance ou régurgitation); systole, lorsque la pression dans le ventricule
• Il y a une communication anormale entre des gauche est supérieure à celle du ventricule droit.
cavités cardiaques, en raison d'une anomalie Ce flux sanguin et turbulent peut provoquer un
congénitale ou acquise, comme une malforma- souffle systolique. Chez un patient avec un canal
tion septale ventriculaire consécutive à un infarc- artériel, le sang s'écoule à travers la déhiscence
tus; en systole et en diastole, provoquant un souffle
• Un excès anormal de sang traverse une valve continu.
normale, comme au cours de la grossesse.
Les souffles peuvent survenir en diastole ou en Caractéristiques d'un souffle
systole, et identifier son moment de survenue Dans la sténose valvulaire, l'intensité du souffle
dans le cycle cardiaque est la première étape en augmente en pic, alors que la résistance au flux
pour déterminer la cause du souffle. sanguin est maximale puis décroît. Les sténoses
aortique et pulmonaire sont des souffles éjec-
La systole se rapporte à la contraction ventricu- tionnels (Fig. 4.20a).
laire et correspond à la période entre le premier Une insuffisance valvulaire se manifeste alors
et le second bruit; elle dure habituellement que la valve se ferme; ces souffles sont « pré-
moins longtemps que la diastole. Lorsque la fré- coces ». Une insuffisance aortique et pulmonaire
quence cardiaque augmente, les durées de la survient précocement provoquant un souffle
systole et de la diastole deviennent comparables, « decrescendo ». Les insuffisances mitrale et tri-
rendant leur différenciation difficile. La systole cuspide tendent à persister tout au long de la
correspond à l'impulsion apicale et au pouls de systole, provoquant des souffles « holosysto-
l'artère carotide, ce qui vous permet d'identifier liques » ou « pansystoliques » (Fig. 4.20b).
la systole en palpant la carotide tout en écoutant
le cœur. Ceci nécessite un petit peu d'entraîne-
ment.
Les souffles systoliques surviennent lorsque
les ventricules se contractent: les valves aortique
et pulmonaire doivent être complètement
ouvertes et les valves mitrale et tricuspide com-
plètement fermées. Un défaut d'ouverture des
valves aortique et pulmonaire (sténose valvu-
laire) ou une fuite à travers les valves mitrale et
tricuspide (insuffisance ou régurgitation) provo-
quera alors un souffle systolique. Les souffles
systoliques sont plus audibles que les diasto-
liques. (b)
Les souffles diastoliques surviennent lorsque
Figure 4.20. Schéma montrant comment illustrer un
les ventricules se relâchent et que le sang s'écou- souffle pour démontrer s'il est de type éjectionnel (a)
lant des oreillettes les remplit. Les valves mitrale ou pansystolique (b).
Comprendre les maladies cardiovasculaires

Où peut-on écouter un souffle?


Certains vieux ouvrages décrivent des aires
« mitrale », « aortique », « pulmonaire » et « tri—
cuspide », mais ces termes n'ont pas de signifi-
cation et sont inutilisables. Pour rechercher
efficacement des souffles, écoutez le cœur grâce
au diaphragme et au pavillon du stéthoscope
dans quatre endroits:
• à l'apex cardiaque;
• au bord sternal supérieur gauche, dans le
second espace intercostal;
• au bord sternal inférieur gauche, dans le cin-
quième espace intercostal ;
• au bord sternal droit, dans le second espace
intercostal.

Les souffles de sténose ou d'insuffisance


Figure 4.21. L'irradiation des souffles.
mitrale sont habituellement mieux perçus à
l'apex ou à proximité. Ceux des sténoses ou
Comment rendre un souffle plus audible?
d'insuffisance tricuspide s'entendent mieux au
bord inférieur gauche du sternum, et c'est à cet Les souffles d'une maladie valvulaire du côté
endroit que le souffle de communication septale droit du cœur sont plus marqués lorsque le
ventriculaire est aussi le plus manifeste. patient respire doucement, augmentant le flux
La sténose pulmonaire provoque un souffle vers les cavités droites du cœur. Ceci aide à dif-
au bord sternal supérieur gauche. Les souffles férencier les souffles des sténoses et insuffi-
d'insuffisance aortique et pulmonaire sont sance pulmonaires de ceux des sténoses et
mieux perçus le long du bord sternal gauche. insuffisance aortiques.
Le souffle de sténose aortique est mieux perçu Les souffles de sténose et d'insuffisance tri-
au bord sternal supérieur droit. cúspides sont également mieux perçus à l'inspi-
Le souffle d'insuffisance aortique est mieux ration. Le souffle d'insuffisance tricuspide
perçu avec le diaphragme, chez un patient assis, peut être difficile à différencier de celui de l'in-
penché en avant et respirant profondément. Le suffisance mitrale, mais le diagnostic est
souffle de sténose mitrale est bien perçu avec le confirmé par le pouls veineux jugulaire et par un
pavillon chez un patient couché sur le côté foie pulsatile.
gauche. U n e c o m m u n i c a t i o n interauriculaire pro-
Certains souffles ont des « irradiations » caracté- voque rarement un souffle proprement dit, mais
ristiques: le son se propage dans la direction un flux majoré vers les cavités droites du cœur
d'écoulement du sang. Ainsi, un souffle d'insuf- dû à un shunt gauche-droit provoque un « flux »
fisance mitrale irradie vers la région axillaire et ou souffle d'éjection à la valve pulmonaire. S'il
vers le dos. Celui de la sténose aortique se pro- existe un flux important à travers une communi-
page aux artères carotides dans le cou. Un cation, ce flux accéléré passant par la valve tri-
souffle de communication septale ventricu- cuspide peut également provoquer un souffle de
laire irradie souvent vers le bord sternal gauche. « flux » comparable à celui d'une sténose tricus-
Les souffles de sténose mitrale, de sténose et pide.
d'insuffisance tricuspide tendent à rester fixes
Quelques points importants
(Fig. 4.21).
à propos de souffles
Les caractéristiques des différents souffles sont
résumées dans la figure 4.22 (a à f). La présence d'un souffle cardiaque ne veut pas
forcément dire qu'il y a maladie cardiaque. Vous
m Comprendre les différents appareils

Ces situations peuvent s'accompagner d'une


tachycardie sinusale, d'une pression veineuse
jugulaire élevée et d'un œdème modéré des che-
villes.
Certains souffles cardiaques n'ont aucune
conséquence et sont simplement qualifiés de
« bénins ». Ils sont reconnus par les caractéris-
tiques suivantes:
• absence de symptômes;
• pas d'agrandissement cardiaque;
• toujours systolique ;
• habituellement doux;
• habituellement éjectionnel.

Ces souffles peuvent être dus à des anomalies


mineures de la valve aortique, à une sténose
pulmonaire triviale ou à un prolapsus de la valve
mitrale.

Frottement péricardique. L'inflammation


du péricarde provoque un « frottement rugueux ».
Ces frottements produisent des bruits qui
varient de sons doux et soufflants à des gratte-
ments synchronisés avec le cycle cardiaque. Ils
sont influencés par la respiration et sont alors
appelés « pleuro-péricardiques ». Un frottement
Figure 4.22. (a-f) Caractères des souffles cardiaques peut être identifié avec certitude uniquement
par rapport aux bruits cardiaques 1 et 2. lorsqu'il est perçu à la fois en systole et en
(a) Souffle pansystolique de régurgitation mitrale (au
diastole.
mieux perçu à l'apex).
(b) Souffle de sténose mitrale avec une accentuation Lorsque du liquide s'accumule dans le sac péri-
présystolique un claquement d'ouverture (le cardique, comme lors d'une péricardite, les deux
claquement d'ouverture est le mieux perçu au bord feuillets du péricarde se séparent et le bruit dis-
gauche du sternum). paraît. Le frottement péricardique est mieux
(c) Souffle de type éjectionnel de sténose aortique.
perçu lorsque le patient est couché à plat, le
(d) Souffle diastolique précoce d'insuffisance aortique.
(e) Souffle de communication septale ventriculaire ou
liquide s'accumulant sur la face postérieure du
d'insuffisance tricuspide (souvent bien perçus au bord péricarde, ce qui ramène les deux feuillets péri-
sternal gauche). cardiques antérieurs au contact et accentue le
(f) Souffle continu de canal artériel. frottement.

En résumé
devez vous rappeler qu'un souffle peut survenir
quand une grande quantité de sang traverse une Poser un diagnostic dépend plus que tout d'une
valve comme dans: histoire précise. Dans les maladies cardiovascu-
• la grossesse; laires, l'histoire orientera vers ce qui ne va pas
• l'anémie; (angor, insuffisance cardiaque, arythmie etc.) et
• l'hyperthyroïdie; l'examen clinique le confirmera directement ou
• l'intoxication au C 0 ; 2
indirectement.
• le béribéri.
Comprendre les maladies cardiovasculaires

POINT PRATIQUE EXEMPLE


L'examen clinique sera plus efficace si vous Cas n° 1
recherchez (et non pas constatez) les signes
Consultation pour douleurs thoraciques
cliniques.
Si l'histoire suggère que la douleur thoracique est
due à une ischémie cardiaque, recherchez:
Bien que l'examen clinique soit plus efficace La présence de facteurs de risque:
lorsque l'on recherche plutôt que lorsque l'on • Tabagisme (doigts jaunis par la nicotine) ;
constate les signes cliniques, un examen com- • Hypercholestérolémie (xanthélasma) ;
plet est toujours nécessaire, car parfois l'histoire • Hypertension;
• Obésité.
peut être déroutante.
Vous devez vous rappeler qu'un diagnostic • La présence d'une autre maladie vasculaire:
• Absence de pouls aux membres inférieurs;
complet prend en compte la pathologie sous-
• Souffle fémoral carotidien ;
jacente. Par exemple, l'angor peut être dû à une • Signes d'AVC antérieurs.
maladie coronarienne, une sténose aortique,
Recherchez d'autres causes d'ischémie cardiaque que
une anémie ou une combinaison de toutes; l'in-
la maladie coronarienne:
suffisance cardiaque n'est pas en soit un dia-
• Maladie valvulaire (particulièrement sténose
gnostic et peut être due à une maladie aortique) ;
ischémique, une maladie valvulaire ou une car- • Anémie;
diomyopathie. L'histoire et l'examen clinique,
• Arythmie.
ensemble, doivent orienter vers les moyens d'in-
Si l'histoire suggère une autre cause de douleurs
vestigations servant à confirmer ou réfuter le
thoraciques, recherchez les signes suivants :
diagnostic clinique.
Dissection aortique :
Rappelez-vous-en lorsque vous confronterez
• Hypertension artérielle;
l'histoire et l'examen clinique avec la pathologie • Pression artérielle moins élevée dans le bras
sous-jacente, en évaluant tour à tour les princi- gauche que dans le droit;
paux symptômes dont se plaignent les patients • Pouls périphériques absents ;
atteints de maladie cardiovasculaire. Pour vous • Insuffisance aortique (due à une désinsertion
aortique) ;
donner une idée générale, lisez ci-après les
• Frottement péricardique (dû à l'irruption de
observations de trois patients adressés par le sang dans le péricarde) ;
médecin généraliste à une clinique cardiolo- • Épanchement pleural (effusion de sang dans
gique. l'espace pleural).
• Péricardite:
• Frottement péricardique ;
POINT PRATIQUE • Pression veineuse jugulaire élevée;

I
Si vous diagnostiquez une insuffisance cardiaque, • Signes de tamponnade cardiaque ;
rappelez-vous que la description regroupe une • Pouls veineux jugulaire plus marqué à
série de symptômes et de signes, résultats d'une l'inspiration ;
maladie cardiaque précise. Les causes • TA systolique chutant à l'inspiration.
d'insuffisance cardiaque doivent être recherchées, • Douleur pleurale:
les principales sont : • Ampliation thoracique asymétrique ;
- maladie cardiaque ischémique ; • Percussion normale;
- maladie valvulaire (rhumatismale ou • Sons respiratoires anormaux;
congénitale) ; • Frottement pleural.
- hypertension ;
• Douleurs œsophagiennes : peu de signes
- arythmie;
cliniques, bien que la douleur puisse être reproduite
- maladie du muscle cardiaque (cardiomyopathie).
par une pression de l'épigastre.
• Douleurs ostéo-articulaires:
• Déformation vertébrale ;
• Sensibilité osseuse ;
• Douleurs à la palpation de la paroi thoracique.
Comprendre les différents appareils

EXEMPLE EXEMPLE
Cas n° 2 Cas n° 3
Consultation pour dyspnée Consultation pour maladie valvulaire

Il y aura habituellement des signes d'insuffisance Après avoir identifié l'étiologie d'un souffle cardiaque
cardiaque congestive (ex. insuffisance cardiaque (sténose ou insuffisance valvulaire, anomalie
droite due à une insuffisance cardiaque gauche) septale, etc.) vous devez diagnostiquer la pathologie
lorsque la dyspnée est due à une maladie cardiaque. cardiaque sous-jacente :
Celle-ci comprend :
• La sténose mitrale est presque toujours
• Une orthopnée ; rhumatismale (NB : Le myxome atrial peut provoquer
• Des crépitants aux bases pulmonaires ; un souffle similaire en obstruant l'orifice de la valve) ;

Une élévation de la pression veineuse jugulaire; L'insuffisance mitrale se voit après un rhumatisme
articulaire aigu, une infection myocardique, un
• Une hépatomégalie;
prolapsus valvulaire, une cardiomyopathie (due à une
Un œdème des chevilles; dilatation de l'anneau valvulaire), et une endocardite
Des signes de maladie cardiaque comme : infectieuse ;
• Une hypertrophie cardiaque; • La sténose aortique : maladie valvulaire
• Un troisième ou quatrième bruit cardiaque; congénitale, calcifications séniles, particulièrement
avec une valve bicuspide congénitale ;
• Des souffles cardiaques.
• L'insuffisance aortique : rhumatisme articulaire
Si la dyspnée est due à une maladie pulmonaire, le aigu, dissection aortique, endocardite infectieuse,
cœur sera normal mais rappelez-vous qu'une spondylarthrite ankylosante et autres maladies du
insuffisance cardiaque peut être le résultat d'une collagène, maladies inflammatoires intestinales ;
maladie pulmonaire (cœur pulmonaire) et que les
Anomalie ventriculaire septale : congénitale, post-
signes cliniques peuvent être remarquablement
infarctus du myocarde ;
proches de ceux d'une insuffisance congestive :

Une élévation de la pression veineuse jugulaire;


• Une hépatomégalie;
• Un œdème des chevilles;
• Des crépitants pulmonaires dus à la maladie
pulmonaire plutôt qu'un œdème pulmonaire;
• Hypertrophie ventriculaire droite mais le cœur
peut être normal.
Comment se présentent les patients
atteints d'une maladie respiratoire ?

La maladie respiratoire est un motif fréquent de POINT DE RÉVISION 5.1


consultation médicale, représentant près d'un
cinquième de toutes les consultations en méde- Efforts ventilatoires Exemple
cine générale. Il est très important de recueillir augmentés
une bonne anamnèse, de bien caractériser les Obstruction des voies Asthme
symptômes, de les relier avec d'autres symp- aériennes
tômes et de préciser l'histoire professionnelle en Poumons « rigides » Fibrose pulmonaire
détail.
Paroi thoracique ankylosée Scoliose

Influx neuromusculaires Dystrophie


diminués musculaire
• HISTOIRE DE LA MALADIE
Stimuli respiratoires augmentés

Les patients se présentent habituellement avec Stimulus chimique Hypoxie, acidóse


un des trois symptômes respiratoires principaux Stimulus neurologique Œdème pulmonaire
suivants (ou davantage) :
• essoufflement ou dyspnée (voir aussi cha-
pitre 24) ; Les symptômes apparaissent lorsque une com-
• toux; mande respiratoire anormale n'est pas adaptée
• douleurs thoraciques. ou excède les besoins.
Pour diagnostiquer une dyspnée, respectez les
étapes suivantes (Point de révision 5.2).
Dyspnée
POINT DE RÉVISION 5.2
Cette plainte très fréquente consiste en une
oppressante difficulté à respirer. La sensation
Est-ce vraiment une dyspnée ?
d'essoufflement qu'ont les personnes saines
Histoire de la maladie.
après un effort ardu est probablement proche
de celle dont souffrent certains patients après un Sévérité de l'essoufflement ?

exercice modéré ou au repos. Variabilité (spontanée/nocturne/posturale) ?

Trois phénomènes fondamentaux conduisent à Facteurs aggravants.


l'essoufflement, de manière isolée ou conjointe- Effets thérapeutiques.
ment (Point de révision 5.1). Symptômes associés.
Dans l'asthme, par exemple, l'obstruction de la
ventilation augmente le travail, l'hyperventilation
altère les fonctions diaphragmatiques et l'anxiété Est-ce vraiment une dyspnée?
majore les stimuli neurologiques; la combinai- Essayez de préciser exactement de quels symp-
son de ces principaux facteurs, et d'autres, pro- tômes souffre le patient. Beaucoup disent qu'ils
voque l'essoufflement. ont le « souffle court » ou qu'ils sont « hors d'ha-
leine » plutôt qu'« essoufflés ». Les patients se
Comprendre les différents appareils

plaignant « d'oppression thoracique » n'ont pas Toutefois, les causes peuvent être multiples. Une
nécessairement des difficultés à respirer mais de insuffisance ventriculaire gauche peut, par
l'angor; parfois les deux peuvent survenir exemple, apparaître brutalement ou se dévelop- I
ensemble. Les patients avec des douleurs thora- per sur plusieurs semaines avec une dyspnée
ciques pleurales se plaignent souvent d'essouf- croissante. Le plus souvent, les patients ne peu-
flement et ces symptômes peuvent coexister vent pas donner avec précision le début exact
avec un infarctus pulmonaire. Ils peuvent, toute- d'une dyspnée durable. Vous devez insister I
fois, être liés à une impossibilité de respirer nor- auprès d'eux, car les patients qui disent être
malement en raison d'une douleur à essoufflés depuis plusieurs mois se souviennent
l'inspiration, en raison de fractures costales par ensuite que la tolérance à l'exercice physique I
exemple. s'est détériorée depuis plusieurs années.

Histoire de la maladie Sévérité de la dyspnée


« Depuis combien de temps êtes vous essouf- Des échelles de cotation de la sévérité d'une dys- I
flé? » ou « Quand ont commencé vos difficultés pnée existent, mais une approche clinique
respiratoires? » sont des questions vitales, car le simple évaluera son Impact sur le mode de vie
délai d'installation de l'essoufflement est très de votre patient, en posant des questions géné- |
important pour le diagnostic (Point de révi- raies comme:
sion 5.3). • « Quelle distance pouvez-vous parcourir à
pied, sur un terrain plat, sans vous arrêter? »
• « Pouvez-vous monter les escaliers d'une
seule traite? »
• pour une femme de ménage : « Pouvez-vous
encore faire votre ménage? »
Secondes/minutes • pour un homme retraité: « Pouvez-vous
Insuffisance ventriculaire gauche encore bêcher votre jardin? »
Embolie pulmonaire
Pneumothorax
Soyez attentifs aux patients à pathologies mul-
Asthme
tiples; la tolérance à l'exercice physique d'une
Heures/jours femme âgée aux genoux arthrosiques ou d'un
Insuffisance ventriculaire gauche
homme avec une claudication intermittente peut
Pneumonie
Asthme
être diminuée davantage par des douleurs aux
Décompensation aiguë d'une maladie pulmonaire jambes que par une dyspnée.
chronique obstructive
Syndrome de détresse respiratoire aiguë de l'adulte
POINT PRATIQUE
Alvéolite allergique Évaluez la sévérité d'une dyspnée en demandant
Épanchement pleural dans quelle mesure le mode de vie du patient est
affecté.
Semaines
Insuffisance ventriculaire gauche
Anémie
Asthme
Épanchement pleural Variabilité
Mois/années La variabilité d'une dyspnée est un point impor-
Broncho-pneumopathie chronique obstructive tant et peut se manifester de différentes
(BPCO) manières:
Asthme
Anémie
Dyspnée spontanée. L'essoufflement peut
Fibrose pulmonaire
être quasiment constant, ou progresser lente-
* 1l peut y avoir des chevauchements entre les catégories.
Cette liste n'est en aucun cas exhaustive.
ment comme dans les broncho-pneumopathies
chroniques obstructives (BPCO), ou encore être
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

éplsodique et varier au cours de la journée souffrant d'un asthme liés à leur travail : « Est-ce
comme dans l'asthme. que votre respiration (les sifflements ou la toux)
s'améliore pendant les week-ends? » et « Est-ce
Dyspnée nocturne. Un réveil nocturne peut que cela va mieux pendant vos vacances? »
survenir dans deux situations parfois difficiles à
séparer l'une de l'autre: l'œdème pulmonaire et Effets des traitements
l'asthme nocturne. Dans l'œdème pulmonaire dû Une dyspnée qui s'améliore après la prise de
à l'insuffisance ventriculaire gauche ou à une diurétiques oriente vers un œdème pulmonaire.
maladie valvulaire cardiaque, les patients sont Une amélioration singulière après plusieurs
réveillés brutalement par leur essoufflement jours de traitement stéroïdien évoque très forte-
(« dyspnée paroxystique nocturne ») mais sont ment un asthme ou, plus rarement, une maladie
soulagés en s'asseyant ou en sortant du lit, parenchymateuse comme une alvéolite aller-
manœuvres qui réduisent la pression capillaire gique. Un soulagement rapide par un broncho-
hydrostatique. Chez un asthme mal contrôlé (un dilatateur permet un diagnostic d'asthme.
problème bien plus fréquent), l'essoufflement
survient également vers deux ou trois heures du Symptômes associés
matin mais s'accompagne d'une toux et de sif- Les interrelations des symptômes sont impor-
flements, reflétant l'exagération des variations tantes. L'essoufflement chez un fumeur avec une
circadiennes normales du calibre des voies hémoptysie et une perte de poids suggère une
aériennes. atélectasie ou un épanchement dus à un cancer,
alors que l'essoufflement avec des sifflements
Dyspnée posturale. L'essoufflement surve- chez un jeune est habituellement un asthme.
nant en position couchée (orthopnée) n'est pas L'essoufflement est un symptôme fréquent d'hy-
seulement un signe d'insuffisance cardiaque. perventilation, souvent sans lien avec l'effort et
Ceci survient dans une paralysie diaphragma- survenant avec d'autres symptômes comme des
tique bilatérale. L'amélioration de l'essoufflement palpitations, des paresthésies des bras, des ver-
au coucher (platypnée) est rare et se voit dans tiges, une douleur thoracique et une respiration
différents types de shunt artério-veineux. trop visible. Ces patients se plaignent souvent de
« ne pas pouvoir prendre une respiration pro-
Facteurs prédisposants fonde » ou de « ne pas inspirer suffisamment
Une dyspnée liée à des facteurs environnemen- d'air dans la poitrine ».
taux, identifiables ou non, est habituellement liée
à l'asthme. Certains asthmatiques, par exemple, Sifflements. Ce bruit sifflant et musical qui
deviennent essoufflés lorsqu'ils sont en pré- survient lors de la respiration est important, car
sence d'un chat ou à d'un parfum particulier, ou il indique une obstruction des voies aériennes.
peuvent avoir des symptômes saisonniers Les principales causes sont:
lorsque la densité des pollens est élevée. L'es- • l'asthme;
soufflement est presque toujours aggravé pen- • la bronchite chronique et l'emphysème;
dant l'exercice physique, mais l'asthme d'effort • l'obstruction permanente des voies aériennes,
survient souvent après les efforts. Une dyspnée en raison d'une tumeur, par exemple.
aiguë est plus souvent due à une alvéolite aller-
gique ou à un asthme; les fermiers et les éle- Vous serez peut être amené à expliquer ce qu'est
veurs de pigeons peuvent développer des un sifflement car tous les patients ne compren-
symptômes quatre à douze heures après l'expo- nent pas ce que cela veut dire. Les principaux
sition à des allergènes. Les activités profession- signes diagnostiques du sifflement sont les
nelles sont particulièrement importantes; mêmes que pour l'essoufflement; toutefois, la
demandez à tous les patients avec une dyspnée variabilité du sifflement, son caractère spontané
si elle est liée à leur travail. Deux questions per- ou sa survenue à l'effort, les allergènes, l'occu-
mettent de reconnaître la plupart des patients pation, les médicaments (par exemple bêtablo-
Comprendre les différents appareils

quant, aspirine), ou des sifflements nocturnes Facteurs favorisants. La toux liée au repas
suggèrent de l'asthme. ou au décubitus dorsal peut être due à l'inhala-
tion du contenu œsophagien. La toux peut être
causée par des poussières ou des fumées parti-
La toux culières.

Ce signe varie de l'irritation modérée à un symp- Production de crachats. Une toux chro-
tôme de détresse. Il est fréquent dans les mala- nique hautement productive suggère des bron-
dies respiratoires mais, à lui seul, aide rarement chectasies.
au diagnostic. La toux est un effort expiratoire
forcé s'opposant à une glotte fermée qui s'ouvre Signes associés. Les causes les plus habi-
brutalement, libérant l'air et les sécrétions respi- tuelles d'une toux chronique non diagnostiquée
ratoires de manière explosive. Le réflexe naît des sont:
récepteurs du larynx et des voies principales res- • l'écoulement nasal postérieur;
piratoires, qui sont stimulés à la fois par des • l'asthme occulte;
substances dans les voies respiratoires (comme • le reflux gastro-œsophagien.
des sécrétions, des corps étrangers ou des irri-
tants inhalés) et par des phénomènes affectant Il est impératif, dès lors, de rechercher une obs-
les parois de l'arbre respiratoire (comme une truction nasale, une rhinorrhée et une sinusite;
inflammation ou des modifications brutales du d'autres symptômes de l'asthme; un pyrosis et
volume thoracique). une indigestion. L'inhalation de corps étrangers,
comme une cacahouète, peut provoquer la toux
Caractéristiques de la toux et est souvent méconnue chez l'enfant.
Beaucoup de fumeurs et d'habitants de zones
industrielles considèrent la toux comme faisant Type de toux. Si votre patient tousse pen-
partie de leur vie quotidienne. Leur réponse à dant l'examen, vous pourrez vérifier si elle est
« Est-ce que vous toussez? » peut souvent être productive. Sinon, le caractère de la toux est
« Non » ou « Comme d'habitude ». Dans ce cas rarement une aide diagnostique. Dans la paraly-
vous devez rechercher ce que votre patient sie unilatérale d'une corde vocale (comme dans
considère comme normal, demander si la toux a la paralysie du nerf récurrent causée par une
changé récemment, et vérifier les points suivants : extension médiastinale maligne) la toux peut
être prolongée et ressemble au meuglement
Durée. Essayez d'apprécier depuis combien d'une vache (toux « bovine »). Une laryngite, par-
de temps la toux est présente. Une toux matinale ticulièrement chez l'enfant, se manifeste par une
persistant depuis plusieurs années et produisant toux râpeuse, comme dans un croup. Une toux
des crachats blancs est caractéristique d'une faible survient dans la paralysie bilatérale des
bronchite chronique, alors que la toux Installée cordes vocales, dans la paralysie des muscles
depuis une semaine ou deux est habituellement respiratoires, dans les atteintes sévères de toute
en rapport avec un banal refroidissement. cause et lorsque la toux est douloureuse.

Variabilité. Une toux nocturne peut appa- Expectoration. Recherchez des « crachats »
raître dans l'asthme. Bien que souvent associée à plutôt qu'une « expectoration », un terme qui ne
une dyspnée et à des sifflements, elle peut être le dit rien à la majorité des patients. Environ 100 ml
seul symptôme inaugural de l'asthme infantile et de sécrétion sont produites journellement par
occasionnellement de l'adulte. La toux varie au un arbre respiratoire normal, et sont habituelle-
cours de la journée dans l'asthme, mais une toux ment avalés. Devant une toux productive, il est
persistant depuis plusieurs semaines ou mois utile de savoir grossièrement quelle quantité a
chez un fumeur accroît la possibilité d'un carci- été produite, même si certains patients avalent le
nome bronchique. surcroît de crachats. Le volume d'une expectora-
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

tion, disons, d'une cuillère à soupe jusqu'à une ment du nasopharynx peut être difficile à distin-
tasse, est habituel dans les bronchectasies, par- guer. S'il existe à saignement nasal ou du sang
fois plus dans les abcès pulmonaires. Une présent dans la bouche, l'origine nasopharyngée
remarque générale concernant la prise des anté- est probable, alors que si le sang remonte lors
cédents est Ici nécessaire. Lorsque vous interro- de la toux, s'il est mélangé ou qu'il strie les cra-
gerez votre patient sur, par exemple, le volume chats, l'origine thoracique est probable. Le sang
de crachats ou le nombre de douleurs thora- d'origine pulmonaire est habituellement rouge
ciques « dans une journée », vous référerez habi- et non pas brun.
tuellement à une période de 24 heures alors que
le patient pense le plus souvent à la journée « par L'hémoptysie est-elle sévère? Le volume
opposition à la nuit ». Accordez-vous avec votre de sang aide à évaluer la gravité du problème et
patient. devient important pour la prise en charge. Une
hémoptysie de plus de 200 ml en 24 heures
Expectoration: couleur et consistance. engage le pronostic vital.
Claire ou blanche (grise dans les zones Indus- L'origine de l'hémoptysie (Point de révision 5.4)
trielles), collante ou mucoïde, l'expectoration est n'est retrouvée que chez la moitié des patients.
typique d'une hypersécrétion des glandes à L'histoire et l'examen cliniques apportent des
mucus bronchiques, comme dans la bronchite orientations écologiques.
chronique. Lorsque les crachats sont jaunes et Une hémoptysie franche avec une douleur pleu-
verts (purulents), souvent épais, ils contiennent rale, une dyspnée et parfois un frottement pleu-
des globules blancs marqueurs de l'infection, ral se retrouve dans l'infarctus pulmonaire ou de
bien que dans l'asthme, les crachats verts puis- la fièvre; une expectoration purulente et des
sent être dus à des éosinophiles. Les crachats signes de condensation pulmonaire se voient
des mineurs de charbon peuvent être noirs dans la pneumonie. Une hémoptysie récidivante
(mélanophtysis). Les asthmatiques ont des depuis des années est fréquente dans les bron-
expectorations visqueuses et filantes («je n'arrive chectasies. Chez un fumeur de quarante ans et
pas à le sortir » est un commentaire fréquent), et plus, il faut toujours penser au carcinome bron-
plus rarement crachent des petits moules bron- chique. Une hémoptysie ne doit jamais être rap-
chiques (spirales de Cruschmann) lorsqu'ils pré- portée à une « bronchite » avant d'avoir éliminé
sentent une aspergillose broncho-pulmonaire. les étiologies graves, et même si c'est le cas, il
L'expectoration est mousseuse, parfois rosée, vaut mieux être honnête et dire que la cause est
dans l'œdème aigu pulmonaire sévère. Des inconnue.
sécrétions abondantes sont rares dans les carci-
nomes alvéolaires. Une expectoration fétide
suggère une infection anaérobie dans un abcès
ou un emphysème pulmonaire avec fistule
broncho-pleurale.
Communes
Sans cause retrouvée.
Infection respiratoire aiguë.
Hémoptysie (cf. chapitre 38). Cracher du
Bronchectasies.
sang au cours d'un effort de toux fait craindre Cancer pulmonaire.
un cancer à beaucoup de patients et de méde- Tuberculose active/inactive.
cins, alors qu'il n'est mis en cause que dans 3 % Traumatisme thoracique.
des cas. Face à un patient ayant expectoré du Rares
sang il vous faudra répondre à deux questions: Vascularite pulmonaire.
Malformations artério-veineuse.
Tumeur bénigne.
Est-ce vraiment une hémoptysie? Vous
Corps étrangers.
devez vous rappeler que le sang peut ne pas Sténose mitrale.
venir de l'arbre respiratoire. L'hématémèse est Troubles de la coagulation.
habituellement facile à éliminer, mais un saigne-
Comprendre les différents appareils

Douleur thoracique [cf. chapitre 25). Le chant la portion périphérique du diaphragme


poumon ne comporte pas de fibres de la dou- provoque une douleur projetée vers la région
leur, ce qui explique que les maladies parenchy- thoracique inférieure et abdominale supérieure.
mateuses comme la fibrose alvéolaire ou le La douleur pleurale très sévère de la myalgie
cancer ne provoque pas de douleurs thora- épidémique du virus coxsackie (maladie de
ciques. Bornholm ou « grippe du diable »), dans laquelle
La plèvre pariétale est très sensible et les dou- les muscles intercostaux sont extrêmement sen-
leurs d'origine pleurale peuvent être très sévères. sibles, est heureusement rare. Une douleur à
Typiquement, elles sont aiguës, lancinantes et irradiation intercostale naissant de la colonne
aggravées par la respiration ou la toux. Les thoracique en raison d'un collapsus vertébral a
patients disent: « Cela m'attrape pendant que je parfois des caractères pleuraux et peut être exa-
respire ». Une atteinte pleurale survient lors cerbée par la toux.
d'une inflammation de la plèvre (pleurésie) ou
pour des causes ostéomusculaires, parce que la Autres douleurs thoraciques d'origine
douleur de la paroi thoracique (par exemple due respiratoire
à une fracture costale) mime très fidèlement la Les épanchements pleuraux abondants peuvent
pleurésie (Point de révision 5.5). provoquer une sensation de pesanteur. De
manière caractéristique, le mésothélium pro-
voque une douleur constante, souvent sévère. Le
pneumothorax provoque parfois des douleurs
Pleurales pleurales mais les patients décrivent le plus sou-
Infectieuse, par exemple pneumonie vent des sensations d'étirement et de traction.
Infarctus pulmonaire/embolie Des douleurs et un gonflement des articulations
Néoplasique (primaire ou secondaire) sterno-costales portent le nom de syndrome de
Connectivités :
Tietze, mais il est beaucoup plus fréquent de pal-
- lupus éryfhémateux disséminé*
- polyarthrite rhumatoïde* per des articulations sterno-costales doulou-
Pleurésie reliée à l'asbestose* reuses sans gonflement. La trachéite et
occasionnellement des hémopathies médiasti-
Ostéo-articulaires
Fractures costales (traumatisme, toux et nales ou hilaires, comme dans la sarcoïdose,
pathologique) provoquent des douleurs thoraciques centrales,
Déchirure musculaire souvent décrites comme une « sensation à vif ».
Herpès Zoster* Toute toux persistante peut provoquer un endo-
Maladie de Bornholm**
lorissement thoracique, et parfois même causer
* Peu fréquent. ** Rare.
une fracture costale.

Les principales difficultés diagnostiques tiennent Check-list des points importants


aux similitudes entre les infections, l'infarctus et
de l'histoire
les causes ostéomusculaires. L'association avec
une fièvre et une expectoration purulente oriente Les points suivants revêtent une importance
vers une infection; avec une dyspnée et une particulière:
hémoptysie vers un infarctus. Un traumatisme et
des douleurs provoquées avec sensibilité sur le Œdème des chevilles. Un œdème périphé-
site de la douleur orientent vers une cause rique chez les patients porteurs d'une maladie
ostéomusculaire. La pleurésie diaphragmatique pulmonaire chronique peut signifier un cœur
centrale provoque une douleur projetée vers les pulmonaire (maladie du cœur droit secondaire à
épaules, car les fibres de la douleur issues de la maladie pulmonaire) dont le pronostic est
cette partie du diaphragme empruntent le nerf mauvais.
phrénique (C 3, 4, 5) alors que la pleurésie tou-
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

Arthrite et arthralgie. Les maladies dites Érythèmes. La sarcoïdose provoque de


connectivités (par exemple la polyarthrite rhu- nombreux signes cutanés dont l'érythème
matoïde) sont associées à des maladies respira- noueux (Fig. 11.1) qui se limite de lui-même et
toires diverses, incluant la fibrose alvéolaire et aura peut-être déjà disparu lorsque vous exami-
l'épanchement pleural. Une douleur dans les nerez le patient. Les érythèmes d'une vascularite
poignets et les chevilles par ostéo-arthropathie peuvent également être transitoires et ne se
hypertrophique (Fig. 5.1) suggère un cancer pul- retrouver que dans les antécédents.
monaire.
Somnolence diurne et apnée du som-
POINT PRATIQUE
meil. L'endormissement diurne survient dans les
Une ostéo-arthropathie hypertrophique survient à décompensations respiratoires hypercapniques,
l'extrémité des os longs (poignets, chevilles et
ou dans les apnées du sommeil lorsqu'elle est
parfois genoux) ; ne les recherchez pas à
l'extrémité des doigts et des orteils. associée à l'obésité, une obstruction des voies
aériennes supérieures, à un cou épais et à une
consommation élevée d'alcool.

Tabagisme. Vous devez préciser l'impor-


tance du tabagisme chez votre patient et, s'il a
arrêté, depuis combien de temps. En absence
d'antécédents tabagiques, une BPCO est très
rare alors que des sibilances chez un non-
fumeur orientent habituellement vers l'asthme.
Le risque de cancer pulmonaire chez un fumeur
diminue après l'arrêt du tabac, retrouvant les
valeurs du non-fumeur après 15 ans.

Activités professionnelles. Un interroga-


toire complet des activités professionnelles est
essentiel, particulièrement dans l'asthme, la
fibrose pulmonaire et le mésothéliome. Un titre
professionnel d'ingénieur a peu de signification;
c'est l'exposition réelle qui est importante. La
liste des étiologies de l'asthme professionnel
s'accroît mais les causes les plus importantes
sont:
• isocyanates (utilisées dans les peintures pul-
vérisées) ;
• farine (utilisée en boulangerie) ;
• résine époxy (dans les adhésifs) ;
• colophane (chez les soudeurs).

La pneumoconiose des mineurs de charbon se


fait de plus en plus rare, mais dans une fibrose
pulmonaire ou un mésothéliome, vous devez
rechercher une exposition à l'amiante (calorifu-
Figure 5.1. Ostéo-arthropathie hypertrophique d'origine geurs, employés des chantiers navals, menuisier
pulmonaire. La flèche montre la néo-ossification et bien d'autres métiers).
périostée. Le genou est une localisation relativement
rare de cette complication.
Comprendre les différents appareils

POINT PRATIQUE jeune âge (comme le déficit en alpha-1-antitryp-


Une seule année d'exposition à l'amiante peut sine).
provoquer un mésothélium 50 ans plus tard.

• EXAMEN CLINIQUE
Médicaments. L'aspirine ou d'autres médi-
caments anti-inflammatoires non stéroïdiens
peuvent provoquer ou aggraver une obstruction
Signes extrathoraciques
des voies aériennes. De nombreux médicaments Hippocratisme digital
provoquent une éosinophilie pulmonaire. La
nitrofurantoine, l'amiodarone et le busulphan Quand tous les signes de l'hippocratisme sont
sont parmi les nombreux médicaments respon- présents, sa reconnaissance est facile. Des cas
sables de la fibrose pulmonaire. moins évidents sont matière à discussion, au
cours des visites, quant à la présence ou non de
Loisirs. Les perruches et les pigeons peu- l'hippocratisme, sans grande incidence sur la
vent provoquer une alvéolite allergique extrin- prise en charge.
sèque. Les premières provoquent une dyspnée Les signes d'hippocratisme (Fig. 5.2) sont:
progressive et insidieuse alors que les seconds • l'hypertrophie des tissus mous du lit de
sont le plus souvent la cause d'un syndrome l'ongle ;
aigu. • l'élargissement de l'angle entre l'ongle et le lit
de l'ongle, jusqu'à 180° (mais pas dans tous les
Immunodéficience. Vous devez être attentif cas) ;
à la possibilité du sida (syndrome d'immunodé- • l'augmentation de la courbure de l'ongle
ficience acquise) ou à d'autres états d'immuno- dans l'axe longitudinal et latéral;
déficience, en particulier lors de symptômes • une transformation en bulbe du bout des
respiratoires inexpliqués ou d'anomalies à la doigts.
radiographie pulmonaire. Un antécédent de
maladie hématologique maligne ou de traite- Il est habituel de reconnaître trois situations:
ments cytotoxiques et stéroïdiens sont habituel- l'hippocratisme est soit clairement présent, soit
lement des signes manifestes, mais vous devez clairement absent, soit possible.
rechercher les risques spécifiques du sida La pathogénie de l'hippocratisme est inconnue:
(cf. chapitre 21). une augmentation du flux de sang à travers les
doigts et un facteur neurogène (probable), car la
POINT PRATIQUE
Demandez toujours si une précédente
radiographie pulmonaire a été faite, et quand.
Vous gagnerez ainsi beaucoup de temps et
d'examens complémentaires si vous possédez un
cliché ancien à titre de comparaison.

Antécédents médicaux. Recherchez une


tuberculose ancienne et son traitement, ou un
contact avec cette maladie; recherchez égale-
ment une affection maligne, antérieure ou en
cours, et une maladie cardiaque.

Antécédents familiaux. Parmi les antécé-


dents familiaux, on recherchera une fibrose kys-
tique (maladie caeliaque) ou un emphysème au Figure 5.2. Hippocratisme digital.
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

vagotomie peut abolir l'hippocratisme digital.


Beaucoup de situations sont associées (Point de
révision 5.6), la cause respiratoire la plus fré- Aiguë
quente est le carcinome bronchique. L'hippocra- Pneumonie sévère
tisme apparaît plus fréquemment chez les Asthme aigu
Défaillance ventriculaire gauche
patients de race noire en l'absence de toute
Embolie pulmonaire
pathologie sous-jacente. Les patients ne sont Hypoventilation d'une dépression respiratoire
souvent pas conscients des modifications de comme surdosage en opiacés
leurs doigts ou de leurs orteils, probablement en
Chronique
raison de son apparition très lente. Maladie pulmonaire chronique obstructive sévère
Fibrose pulmonaire
Shunt cardiaque droit-gauche

Congénitale
identifiée lorsque la saturation artérielle d'oxy-
Pulmonaire
gène est de 80 à 85 %. De manière approxima-
Carcinome bronchique
Fibrose alvéolaire, asbestose
tive, elle indique que le sang contient au moins
Foyer infectieux pulmonaire chronique sur 5 g/dl de désoxyhémoglobine. La cyanose est
bronchectasies, mucoviscidose, abcès pulmonaires facilement détectée dans la polycythémie, mais
Cardiaque
peut être absente dans une anémie en dépit
Endocardite bactérienne. d'une hypoxémie sévère. La cyanose périphé-
Cardiopathie congénitale cyanogène rique est habituellement due à une extraction
Digestive
d'oxygène accrue, avec une circulation ralentie
Rectocolite hémorragique, maladie de Crohn comme par temps froid, au cours des phéno-
Cirrhose hépatique mènes de Raynaud ou d'une maladie vasculaire
Autres périphérique.
Beaucoup d'autres causes comme le fibrome
pleural
Obstruction de ia veine cave supérieure
Elle est le plus souvent due à:
• un carcinome bronchique et/ou associé à des
L'ostéoarthropathie hypertrophique pulmonaire adénopathies médiastinales;
provoque des douleurs et parfois un gonflement • un lymphome;
aux extrémités des os longs, symétriquement • une fibrose médiastinale ou une autre cause
au-dessus des poignets et des chevilles. Elle est rare.
souvent associée à un hippocratisme, la plupart
des cas étant associées un carcinome épider- Parmi ces causes, seul le carcinome bronchique
moïde du poumon. Les radiographies montrent est fréquent.
une apposition sous-périostée de la diaphyse Les patients peuvent se plaindre de céphalées et
des os longs (Fig. 5.1). d'une aggravation de leur dyspnée ainsi, que
d'un visage bouffi. Les signes conséquents ont
Cyanose une gravité variable :
Observez la langue, les lèvres et les ongles à la • veines dilatées de la paroi thoracique anté-
recherche de la décoloration bleue caractéris- rieure (Fig. 5.3) ;
tique de la cyanose. Si la cyanose est présente • veines jugulaires dilatées, immobiles et non
dans les trois sites, elle est dite « centrale » (Point pulsatiles;
de révision 5.7), et si elle existe uniquement sur • œdème de la face, du cou et (parfois) des
les ongles, elle est dite « périphérique ». bras;
L'aptitude à reconnaître une cyanose varie beau- • œdème conjonctival.
coup parmi les médecins, et la cyanose doit être
Comprendre les différents appareils

Aspect de la paroi thoracique


Forme générale
Déformation thoracique
- Thorax en carène (ou en tonneau)
- Pectus excavatum
- Scoliose
- Cyphose
- Thoracoplastie
- Lésions de la paroi thoracique

Respiration
Figure 5.3. Obstruction de la veine cave supérieure. Fréquence
Noter les veines dilatées du thorax et de l'abdomen Cinétique respiratoire
supérieur ; ce signe clinique discret peut être facilement - Superficielle
méconnu. - Kussmaul
- Cheyne-Stokes
Les veines dilatées de la paroi thoracique r e p r é - - Bruyante
sentent u n e circulation collatérale court-circui- - Lèvres pincées
tant la veine cave supérieure obstruée et - Orthopnée

retournant vers le cœur, via le système a z y g o s et Mouvements de la paroi thoracique


les veines intercostales. Les veines e n g o r g é e s du Ampliation
c o u peuvent être impossibles à identifier si le - Réduction générale
- Réduction unilatérale
c o u l u i - m ê m e est œdématié.
Mouvement paradoxal
- Thorax battant
Autres signes
- Creusement intercostal
Examinez toujours les fosses supra-claviculaires - Rétraction costale
à la recherche d'adénopathies fréquemment Utilisation des muscles inspiratoires accessoires
retrouvées d a n s le carcinome bronchique, le
l y m p h o m e , la tuberculose ou la sarcoïdose.

d a n s l'emphysème, et parfois d a n s la c y p h o s e
Inspection du thorax [cf. ci-dessous).

A s s u r e z - v o u s q u e votre patient est confortable-


Déformation thoracique
ment assis à 4 5 ° , d a n s une pièce bien éclairée. Thorax en carène et pectus excavatum
U n e simple observation permet déjà d'avancer Les déformations du thorax sont n o m b r e u s e s :
b e a u c o u p (Point de révision 5.8). D e m a n d e z - celles, modérées, du thorax en carène (thorax de
v o u s tout d'abord si la paroi thoracique elle- pigeon) et du pectus excavatum (thorax en
m ê m e est normale, avant d'observer l'aspect de entonnoir, Fig. 5.4) sont assez c o m m u n e s . Le
la respiration et les m o u v e m e n t s du thorax. thorax en carène, a v e c un sternum et d e s carti-
lages proéminents, peut être congénital ou
secondaire à un a s t h m e sévère de l'enfance, à un
Aspect de la paroi thoracique rachitisme ou à u n e maladie cardiaque c o n g é n i -
tale. Q u a n d l'asthme est en cause, les sillons de
Forme générale Harrison (sillons horizontaux à la partie infé-
Noter la forme générale du thorax. U n e a u g - rieure de la c a g e thoracique, chez l'enfant, p r o -
mentation du diamètre antéro-postérieur du v o q u é s par la rétraction p e r m a n e n t e d e s côtes)
thorax lui d o n n e un aspect en t o n n e a u . V o u s peuvent être présents. Le pectus excavatum est
retrouverez cet aspect chez les patients au passé congénital et n'est pas secondaire à u n e maladie
d'hyperinflation pulmonaire chronique, c o m m e respiratoire. La partie inférieure du sternum est
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

Figure 5.4. Pectus excavatum.

déprimée et d a n s les f o r m e s graves, la totalité du


sternum et d e s cartilages sont enfoncés.

POINT PRATIQUE Figure 5.5. La cyphose est due au collapsus de


plusieurs vertèbres dans l'ostéoporose. Noter
Le pectus excavatum peut provoquer :
l'augmentation du diamètre transversal abdominal
Un déplacement du choc apexien ;
indiquant un raccourcissement du tronc.
Un souffle cardiaque;
Une apparente cardiomégalie sur la radiographie
thoracique;
Un dysfonctionnement respiratoire dans les formes l'homme d a n s la spondylarthrite ankylosante.
sévères. Les deux déformations, particulièrement la s c o -
liose, peuvent p r o v o q u e r des insuffisances r e s -
piratoires graves et parfois une d é c o m p e n s a t i o n
Scoliose respiratoire.
La scoliose (Point de révision 5.9 et chapitre 20)
est une incurvation latérale de la c o l o n n e v e r t é - Thoracoplastie
brale. Au s o m m e t de la courbure, les corps v e r - Recherchez une éventuelle cicatrice de chirurgie
tébraux sont t o u r n é s et les côtes se projettent thoracique antérieure ou d'un traumatisme.
vers l'arrière, formant une bosse dorsale A v a n t le traitement médicamenteux de la tuber-
(Fig. 20.11). culose, la thoracoplastie consistait à refouler une
partie de la cage thoracique p o u r collaber le
poumon sous-jacent. La thoracoplastie peut
entraîner une insuffisance respiratoire tardive.

Idiopathique (le plus fréquent) Autres lésions de la paroi thoracique


Congénitale Observez attentivement la peau (Fig. 2.15).
Neurogène (ex. la poliomyélite) Recherchez des nodules et r a p p e l e z - v o u s q u ' u n
Myogène (ex. la dystrophie musculaire) nodule de la paroi pulmonaire (par exemple
Traumatique d a n s la lipomatose) peut p r o v o q u e r une opacité
simulant une lésion pulmonaire. Palpez à la
recherche des craquements de l'emphysème
Cyphose sous-cutané du p n e u m o t h o r a x ou d'un t r a u m a -
Il s'agit là d'une accentuation importante de la tisme thoracique. Y a-t-il une douleur locale?
courbure antéro-postérieure de la c o l o n n e , le D e s veines dilatées de la paroi thoracique d o i -
plus souvent observée chez les personnes vent v o u s inciter à rechercher d'autres signes de
ostéoporotiques (Fig. 5.5 et Fig. 5.6), ou chez t h r o m b o s e de la veine cave supérieure (Fig. 5.3).
Comprendre les différents appareils

Figure 5.6.
Schéma de profil
du thorax de la
figure 5.5
montrant le
développement
de la cyphose
par déformation
des vertèbres
thoraciques.

Observation de la respiration métabolique d'une insuffisance rénale ou d'une


acidocétose diabétique p r o v o q u e u n e respira-
Fréquence tion très p r o f o n d e (dyspnée de Kussmaul). La
La fréquence respiratoire normale varie entre 10 d y s p n é e de C h e y n e - S t o c k e s (variations cycliques
et 15 respirations par m i n u t e ; au-delà de 20, ou périodiques de l'amplitude et de la fréquence
c'est anormal (tachypnée). N'observez pas respiratoires) est d u e à u n e défaillance des
ostensiblement votre patient respirer, car les centres du tronc cérébral. C h a q u e cycle peut
patients anxieux deviennent tachypnéiques l o r s - durer jusqu'à deux minutes, a v e c u n e période
qu'ils se sentent observés. La t a c h y p n é e est un d'apnée suivie d'une reprise progressive de la
signe important et constitue parfois le seul respiration, avant une nouvelle diminution puis
indice orientant vers une maladie respiratoire. u n e a p n é e . Il est habituel de l'observer é p i s o d i -
N'importe quelle maladie respiratoire peut quement à l'état normal, mais sa répétition
accroître la fréquence respiratoire, bien q u e des oriente vers un s y n d r o m e d'hyperventilation. La
c a u s e s n o n respiratoires puissent en être r e s - respiration lèvres pincées (Fig. 5.7) est un signe
ponsable c o m m e la fièvre. d'obstruction sévère d e s v o i e s respiratoires. Si
un patient devient plus d y s p n é i q u e en s'allon-
POINT PRATIQUE geant à plat (orthopnée), orientez-vous vers un
La tachypnée est un signe important et constitue œ d è m e pulmonaire o u u n e paralysie phrénique
parfois le seul indice orientant vers une maladie bilatérale; toutefois la plupart des patients d y s -
respiratoire. pnéiques préfèrent la position verticale.

Régularité de la respiration Mouvements


de la cage thoracique
Observez la régularité de la respiration. U n e r e s -
piration superficielle s'observe lorsqu'elle est L'ampliation thoracique s'évalue en posant ses
restreinte par une atteinte pulmonaire (par deux mains sur la paroi thoracique latérale (par-
exemple suite à une fibrose), par une lésion de la devant et par l'arrière), en pinçant a v e c s o n
paroi thoracique ou par la douleur. L'acidose p o u c e un pli de la p e a u et en o b s e r v a n t le d é p l a -
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

pathologie focale c o m m e u n e atélectasie, u n e


fibrose, u n é p a n c h e m e n t o u u n p n e u m o t h o r a x .

POINT PRATIQUE
Si vous ne pouvez pas distinguer le côté atteint er
raison de différences minimes à l'examen clinique
alors le côté à l'ampliation réduite est celui qui
recèle la pathologie.

Un m o u v e m e n t paradoxal (vers l'intérieur) d'une


portion de la cage thoracique pendant l'inspira-
tion indique la présence d'un volet ( m o u v e m e n t
battant). Ceci survient lorsqu'une série de côtes
est fracturée le long de deux lignes créant un
segment de côtes s a n s lien a v e c la paroi r e s -
tante, volet qui est aspiré vers l'intérieur par la
pression négative intrathoracique pendant l'ins-
piration. La haute pression négative p r o v o q u é e
Figure 5.7. Respiration lèvres pincées. par une obstruction des voies aériennes peut, de
la m ê m e façon, p r o v o q u e r un creusement inter-
cernent des p o u c e s au c o u r s de la respiration costal à l'inspiration. A l'état n o r m a l , lors de l'ins-
(Fig. 5.8). L'ampliation normale, au niveau de la piration, les côtes inférieures se déplacent vers

poitrine, est d'au m o i n s 5 c m . Toutefois, en r o u - l'extérieur, mais sur des p o u m o n s hyperinsufflés

tine, il est suffisant de noter si l'ampliation t h o - lors d'une obstruction ventilatoire, le dia-

racique apparaît n o r m a l e ou réduite; la mesure p h r a g m e devient plat et p r o v o q u e u n e rétraction

exacte n'est p a s nécessaire car elle est imprécise des côtes (Fig. 5.9). O b s e r v e z les m o u v e m e n t s
a b d o m i n a u x pendant la respiration. N o r m a l e -
et n'a q u e peu de valeur diagnostique : en effet,
ment, la paroi abdominale se projette vers
toute atteinte pulmonaire ou pariétale peut
l'avant en raison de la descente d i a p h r a g m a -
réduire l'ampliation. U n e réduction unilatérale
tique et de l'expansion de la c a g e t h o r a c i q u e ; un
est plus importante car elle oriente vers une
m o u v e m e n t a b d o m i n a l vers l'intérieur o u a s y n -
c h r o n e suggère une paralysie phrénique ou un
épuisement musculaire. Enfin, au cours d'une
obstruction sévère des voies aériennes, v o u s
pourrez observer les muscles respiratoires
accessoires, scalènes antérieurs et s t e r n o - c l é i d o -
mastoïdiens qui contribuent à la respiration. Ces
patients utilisent également leurs bras pour fixer
les épaules afin d'accroître l'efficacité des
muscles accessoires.

Palpation de la trachée
Puis, vérifiez q u e la trachée est bien médiane. Il y
plusieurs m o y e n s , la plus simple étant de poser
s o n index sur l'incisure m é d i a n e du sternum et

Figure 5.8. Évaluation de l'ampliation thoracique. d'appuyer d o u c e m e n t jusqu'à ce q u e votre index


Comprendre les différents appareils

Figure 5.10. Palpation de la trachée.

tions complémentaires sur la position du


médiastin s o n t o b t e n u e s par la position du c h o c
apexien, s o n d é p l a c e m e n t étant, toutefois, plus
Figure 5.9. En haut: mouvements normaux vers le
f r é q u e m m e n t dû à u n e atteinte cardiaque q u e
haut et le bas des côtes lors de l'inspiration avec un
pulmonaire (Fig. 5.11).
diaphragme normal (petite flèche). En bas : mouvement
paradoxal vers le haut des côtes lorsque le diaphragme
est aplati dans l'hyperventilation.
Percussion du thorax
rencontre la trachée (Fig. 5.10), évaluant ainsi si la
trachée est médiane ou déviée. C'est une La percussion requiert de la pratique mais doit
m a n œ u v r e imprécise qui ne détecte q u e les devenir naturelle p o u r v o u s . Si v o u s êtes droitier,
déviations majeures de la trachée. D e s informa- posez votre majeur de la main g a u c h e à plat sur

Collapsus ou fibrose Épanchement très abondant


pulmonaire complet
Pneumothorax
ou du lobe supérieur
Goitre rétrosternal

Collapsus ou fibrose Épanchement abondant


pulmonaire complet Pneumothorax
ou du lobe inférieur

Figure 5.11. Déplacements du médiastin (trachée et cœur) dans plusieurs situations pathologiques. La trachée peut
demeurer médiane en dépit d'un épanchement/collapsus mais fixée par une tumeur médiastinale.
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

le thorax et percutez d o u c e m e n t sa phalange gnet. V o u s apprécierez la percussion en notant


intermédiaire a v e c l'extrémité de la phalange d i s - le timbre du s o n produit et les vibrations r e s -
tale du majeur droit (Fig. 5.12 et Fig. 5.13), le senties par votre majeur gauche. Percutez la c l a -
mouvement de votre main droite v e n a n t du p o i - vicule directement avec votre majeur droit.
Percutez tous les sites (Fig. 5.14), en c o m p a r a n t
de manière symétrique le s o n produit d a n s des
aires correspondantes controlatérales.
Si votre attention est attirée sur une aire a n o r -
male par u n e percussion modifiée ou d'autres
s y m p t ô m e s ou signes locaux, examinez cette
z o n e avec d'avantage d'attention. Déterminez si
la note de percussion est normale, a u g m e n t é e
(tympanisme), mate ou de matité pierreuse
(Point de révision 5.10).

La distinction entre mate et matité pierreuse est


difficile au début, mais devient plus évidente
avec \a pratique.

Figure 5.12. Technique de percussion. La phalange


intermédiaire du majeur gauche (X) est percutée par la
phalange distale du majeur droit.

Figure 5.14. Sites approximatifs de la percussion en


routine (similaire en arrière).

Tympanisme
Hyperinflation, par exemple emphysème/asthme
Pneumothorax
Individus maigres
Matité
Condensation/collapsus/fibrose
Obésité
Matité pierreuse
Figure 5.13. Technique de
percussion. Noter que le
Épanchement pleural
mouvement de percussion naît du poignet.
Comprendre les différents appareils

R a p p e l e z - v o u s q u e si le timbre de percussion
diffère d'un côté à l'autre, une a n o m a l i e est p r o -
bable, soit un t y m p a n i s m e d'un côté soit u n e
matité de l'autre.
Cependant, si v o u s retrouvez la m ê m e a n o m a l i e
des deux côtés, ceci est b e a u c o u p m o i n s signifi-
catif. Toutefois, u n e matité basale bilatérale peut
être d u e à un é p a n c h e m e n t pleural bilatéral,
mais peut être simplement en rapport avec u n e
obésité. Le m o u v e m e n t diaphragmatique est
difficile à détecter par la percussion mais u n e
matité basale droite peut é v o q u e r u n e ascension
diaphragmatique droite, et un tympanisme
basai g a u c h e u n e ascension diaphragmatique
gauche.

Projections pariétales
C a r d e z en m é m o i r e quelle partie du p o u m o n
v o u s examinez (Fig. 5.15 à 5.17 et Point de révi-
sion 5.11).
On perçoit u n e matité liée au foie en d e s s o u s du
e
niveau de la 6 côte sur la ligne médioclaviculaire
bien q u e la limite supérieure du foie remonte
e
juste a u - d e s s u s du niveau de la 5 côte. D e s
poumons distendus repoussent cette limite
supérieure du foie vers le bas.

Sons respiratoires
Sons entendus par la bouche
Chez une p e r s o n n e saine, au repos, v o u s ne p e r -
cevez a u c u n s o n respiratoire à la bouche. Figure 5.15 à 5.17. Projections de surface du poumon
Au contraire, d a n s une obstruction des voies droit. La grande fissure (oblique) suit la ligne depuis 12
aériennes ( B P C O o u asthme), o n perçoit souvent en arrière vers la sixième côte sur la ligne médio-
axillaire. La fissure horizontale (petite) suit le bord
des sons respiratoires; habituellement, plus
inférieur de la quatrième côte et croise la fissure
l'obstruction est sévère, plus la respiration est
oblique sur la ligne médio-axillaire. Les projections du
bruyante. Ces s o n s naissent des turbulences poumon gauche sont similaires mais la fissure
accrues de l'air d a n s les voies respiratoires. U n e horizontale est absente.

Droit Antérieur Thorax supérieur Lobe supérieur


e
En dessous du niveau horizontal du 4 cartilage costal Lobe moyen
Postérieur Partout sauf à l'apex Lobe inférieur
Gauche Antérieur Partout sauf en latéro-basal Lobe supérieur
Postérieur Partout sauf à l'apex Lobe inférieur
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

Figure 5.16. Projection pariétale du poumon droit. Figure 5.17. Projection pariétale du poumon gauche.

respiration bruyante doit être distinguée d'un B e a u c o u p préfèrent utiliser le d i a p h r a g m e pour


sifflement, bien q u e les deux puissent coexister. écouter les s o n s respiratoires mais le pavillon
Le stridor est un s o n rude, parfois musical, perçu peut être utile chez les patients au thorax poilu
à la b o u c h e , plutôt p r o n o n c é à l'inspiration. Il (pour réduire les s o n s de c r a q u e m e n t produits
dénote une obstruction majeure des voies par les m o u v e m e n t s des poils), ou chez d e s
aériennes {cf. ci-dessous). patients très minces chez qui il est difficile d ' a p -
pliquer le d i a p h r a g m e bien à plat sur la p e a u .
Auscultation A s s u r e z - v o u s q u e la respiration est n o r m a l e par
C o m m e n t é c o u t e r ? D e m a n d e z à votre ailleurs, mais soyez compréhensifs a v e c les
patient de « respirer profondément, la b o u c h e patients souffrant de douleur pleurale, qui ne
ouverte ». peuvent pas inspirer profondément.
Le d i a p h r a g m e du stéthoscope est plus a p p r o -
prié p o u r écouter les s o n s de haute fréquence, et O ù é c o u t e r ? Auscultez les sites q u e v o u s
le pavillon p o u r les s o n s de basse fréquence. avez percutés (Fig. 5.14) en c o m p a r a n t les s o n s à
Comprendre les différents appareils

c h a q u e position a v e c ceux entendus aux p o s i -


tions c o r r e s p o n d a n t e s controlatérales. Écoutez à
plus de 2 ou 3 cm de la ligne m é d i a n e pour p e r -
cevoir le p o u m o n et n o n les voies aériennes
centrales. Le n o m b r e de sites et le n o m b r e de
cycles q u e v o u s allez ausculter d é p e n d e n t de
votre expérience et de la probabilité d'une
atteinte respiratoire:
• p o u r u n e évaluation préopératoire précédent
la cure chirurgicale d'une hernie chez un j e u n e
h o m m e en pleine forme, il suffit d'ausculter à
trois o u quatre endroits d e c h a q u e c ô t é ;
• chez u n e j e u n e f e m m e souffrant d'une d o u -
leur thoracique et d'une dyspnée, qui prend la
pilule contraceptive, votre examen sera bien plus Figure 5.18. Sons respiratoires normaux et
attentif en présence d'un frottement pleural. bronchiques.

Q u e r e c h e r c h e r ? Entraînez-vous à écouter à l'inspiration mais s'évanouissent dès que


tout au l o n g du cycle respiratoire, en v o u s débute l'expiration (Fig. 5.18).
d e m a n d a n t à c h a q u e site:
• les s o n s ont-ils u n e intensité n o r m a l e ? Ces s o n s n o r m a u x peuvent être :
• les s o n s respiratoires sont-ils n o r m a u x ou • réduits ou absents s'il existe u n e barrière à
bronchiques? leur transmission, comme un épanchement
• y-a-t'il des s o n s surajoutés à l'inspiration ou pleural o u u n p n e u m o t h o r a x , o u lorsque l ' é c o u -
à l'expiration? lement aérique est réduit localement d a n s une
partie d u p o u m o n , c o m m e d a n s u n c o l l a p s u s ;
POINT PRATIQUE
• diminués d e manière bilatérale c o m m e d a n s
Que rechercher lors d'une auscultation ?
l'obésité et l'hyperdistension, ou lorsque la r e s -
Sons respiratoires
Normaux ou diminués/absents ; piration est déprimée, chez un patient comateux
Bronchiques (cf. Fig. 5.18). par exemple.

Sons surajoutés
Sibilants; Il est parfois difficile d'être sûr q u e le m u r m u r e
Crépitants ; vésiculaire est normal, mais s'il est identique des
Frottement pleural. deux côtés, il a toutes les c h a n c e s d'être n o r m a l .

A v e c de la pratique et de la concentration, votre S o n s (souffles) b r o n c h i q u e s . Q u a n d le


oreille et votre cerveau v o n t automatiquement p o u m o n situé entre les v o i e s aériennes princi-
r é p o n d r e à ces questions. pales et la paroi t h o r a c i q u e est relativement
c o n d e n s é , les s o n s respiratoires s o n t transmis
Sons respiratoires normaux et bronchiques plus directement qu'à la n o r m a l e . Les s o n s r e s -
S o n s r e s p i r a t o i r e s n o r m a u x . C e sont les semblent à ceux q u e l'on peut entendre directe-
s o n s q u e v o u s entendez à travers des p o u m o n s ment devant le larynx ou la trachée. V o u s
normaux. Ils sont parfois qualifiés de « v e s i c u - pourrez percevoir les souffles b r o n c h i q u e s sur
laires » mais « n o r m a u x » semble préférable. Ces un p o u m o n c o n d e n s é , collabé et parfois fibrosé
sons naissent probablement de turbulences (Point de révision 5.12 et Fig. 5.19).
d a n s les principales voies aériennes plutôt q u e Les s o n s respiratoires d e s souffles b r o n c h i q u e s
d a n s les alvéoles. Elles sont transmises, à travers se différentient d e s n o r m a u x (Fig. 5.18) :

les p o u m o n s , à la paroi thoracique en perdant • s'ils sont plus durs, a v e c c o n s e r v a t i o n de


leurs hautes fréquences. Ces s o n s se renforcent leurs hautes f r é q u e n c e s ;
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

Trachée _ . Paroi thoracique

Obstruction de la bronche
lobaire supérieure : souffle
Souffle bronchique . bronchique toujours perçu
(les sons sont transmis
de la trachée)

Obstruction de la bronche
lobaire inférieure : souffle
bronchique non perçu

Figure 5.19. Transmission des sons respiratoires lorsque les voies aériennes centrales sont obstruées.

L'absence de souffle bronchique n'élimine jamais uns Généralisées Localisées


condensation. Si les bronches principales sont
Asthme Tumeur
obstruées, les souffles ne seront pas perçus au-
BPCO Corps étrangers**
dessus d'un lobe inférieur condensé ou collabé.
Insuffisance ventriculaire gauche*
Si les bronches principales sont obstruées, le souffle * Fréquent. ** Rares.
bronchique peut être entendu au-dessus d'un lobe
supérieur condensé ou collabé, car il est transmis à
la trachée par le poumon voisin.
d'obstruction sévère, les sibilants peuvent m a n -
quer;
• localisé, d'une seule hauteur n o n affectée par
• s'il existe une pause acoustique entre inspira- la toux ( m o n o p h o n i q u e ou fixé). Ceci suggère
tion et expiration; fortement une obstruction d'une bronche
importante, le plus s o u v e n t par un carcinome.
• s'il est perçu tout au long de l'expiration.
S i b i l a n t s o u s t r i d o r ? L e stridor est u n bruit
Sons ajoutés fort, principalement inspiratoire, habituellement
La classification des s o n s ajoutés est maintenant entendu à la b o u c h e . Il est produit par u n e o b s -
claire. Insistons sur trois s o n s : les sibilants, les truction aérienne majeure potentiellement grave
crépitants et le frottement pleural. au niveau du larynx, de la trachée ou des princi-
S i b i l a n t s . C e sont d e s s o n s musicaux p r o - pales b r o n c h e s et doit, de ce fait, être r e c o n n u
duits par les parois des voies aériennes oscillant c o m m e tel. C o m m e les sibilants, le stridor peut
entre leur position ouverte et presque fermée. Ils être un bruit musical difficile à reconnaître chez
surviennent durant l'expiration mais aussi au les patients où coexiste un rétrécissement g é n é -
cours de l'inspiration lors d'une obstruction ralisé des voies aériennes. V o u s devez toujours
sévère. L e s sibilants sont caractéristiques d'un suspecter un stridor si les sibilances sont plus
rétrécissement des voies aériennes qui peut être: fortes à l'inspiration qu'à l'expiration.
• généralisé c o m m e d a n s l'asthme (Point de
révision 5.13) où le sibilant est c o m p o s é de s o n s C r é p i t a n t s . Ils sont s o u v e n t d u s à u n e r é o u -
de différentes hauteurs (polyphonique). En cas verture brusque de voies aériennes m o d é r é m e n t
Comprendre les différents appareils

occluses q u a n d les gaz respiratoires les traver- A u t r e s b r u i t s s u r a j o u t é s . U n souffle peut-


s e n t ; ils peuvent être parfois produits par d e s être dû à une c o m m u n i c a t i o n artério-veineuse
sécrétions d a n s les principales voies respira- ou à un anévrisme. Recherchez attentivement un
toires. N o t e z le m o m e n t où surviennent les c r é - souffle chez un patient qui présente à la r a d i o -
pitants au c o u r s du cycle respiratoire, et s'ils sont graphie pulmonaire u n e opacité r o n d e d'étiolo-
localisés d a n s certaines aires du p o u m o n (Point gie inconnue, particulièrement avant une
de révision 5.14). biopsie. D e s « clics » peuvent être entendus en
face d'un hémothorax g a u c h e , mais ils o n t p e u
de signification. Des craquements, plutôt q u e
des sibilances, sont parfois perçus lors de l'in-

En fin d'inspiration (typiquement bilatérale et flammation des voies aériennes de petit calibre,
basale) c o m m e d a n s l'alvéolite allergique extrinsèque
Œdème pulmonaire (insuffisance ventriculaire aiguë.
gauche);
Fibrose pulmonaire alvéolaire;
Asbestose.
Bruits vocaux et vibrations vocales
Inspiratoire/expiratoire précoce
Dilatation des bronches (bronchectasies localisées)
U n p o u m o n n o r m a l transmet mal les hautes f r é -
Bronchite chronique (peu nombreux).
quences, ce qui rend la parole inintelligible et le
Inspiratoire (localisée) m u r m u r e inaudible lorsqu'on les écoute a v e c un
Pneumonie.
stéthoscope s o u s l a paroi thoracique. U n p o u -
m o n solide (condensation) transmet de plus
hautes fréquences, la parole devient intelligible
Faites attention, car des crépitants peuvent être (bronchophonie) et le m u r m u r e audible (pecto-
produits par le m o u v e m e n t des poils s o u s le s t é - riloquie). Ces deux signes ont le m ê m e m é c a -
thoscope. Pouvoir distinguer des crépitants fins nisme et ne sont présents q u e lorsque le souffle
de crépitants bruyants n'aide pas souvent sur le bronchique est présent; ils n'apportent a u c u n e
plan diagnostic, bien q u e certains crépitants information supplémentaire et sont redondants.
soient caractéristiques, par exemple ceux de la La transmission de la voix à la paroi thoracique
fibrose pulmonaire qui ont un bruit de b a n d e est palpable par les vibrations de b a s s e f r é -
Velcro q u e l'on ouvre. quence.

POINT PRATIQUE
F r o t t e m e n t p l e u r a l . C'est u n s o n rude, c r a -
quant, probablement produit par les m o u v e - Ne perdez pas de temps avec les bruits vocaux et
les vibrations vocales lors d'un examen de routine
ments des feuillets viscéral et pariétal de la plèvre
du thorax s'il n'y a pas d'anomalie significative par
l'un sur l'autre. V o u s l'entendrez à l'inspiration et ailleurs.
à l'expiration, mais rarement s'il existe un é p a n -
chement pleural d'un certain volume. N'importe
quelle c a u s e d'inflammation pleurale peut p r o - Ce sont les vibrations v o c a l e s et, c o m m e t o u -
v o q u e r un frottement (habituellement u n e infec- jours, la clef réside d a n s la c o m p a r a i s o n d e s
tion, un infarctus pulmonaire ou un traumatisme deux côtés, simultanément de préférence. Placez
pleural, incluant les biopsies). les p a u m e s des mains sur la paroi thoracique et
d e m a n d e z au patient de dire « 33 ». Les v i b r a -
tions vocales sont palpables sur un p o u m o n
normal et elles sont accentuées d a n s un s y n -
POINT PRATIQUE d r o m e de c o n d e n s a t i o n , mais sont toujours
Vous devez toujours suspecter un stridor si les diminuées en cas d'épanchement.
sibilances sont plus fortes à l'inspiration qu'à La valeur actuelle des bruits v o c a u x et d e s vibra-
l'expiration.
tions vocales est discutable. Toutefois, si v o u s
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

retrouvez une diminution à la percussion d o n t miques, et les maladies systémiques touchent


l'origine est incertaine (soit parce qu'il n'y a pas f r é q u e m m e n t les p o u m o n s ; de ce fait, il faut r é a -
de souffle bronchique, soit parce q u e les bruits liser un e x a m e n complet à la recherche d e s
respiratoires sont seulement légèrement réduits), signes de la figure 5.20. Examinez les crachats de
alors la réduction d e s bruits vocaux ou des votre patient s'ils sont disponibles. Les analyses
vibrations vocales oriente fortement vers un d'urine sont très i m p o r t a n t e s : l'hématurie, par
é p a n c h e m e n t ou un épaississement pleural. exemple, peut d o n n e r d'importants indices d'une
vascularite en cas d'opacité diffuse à la r a d i o g r a -
phie pulmonaire. Si v o u s suspectez u n e o b s t r u c -
Autres signes tion des v o i e s aériennes (Fig. 5.21), mesurez le
v o l u m e expiratoire forcé maximal ( V E M S ) e n uti-
Les maladies pulmonaires, c o m m e le cancer, lisant un spiromètre.
peuvent présenter des disséminations s y s t é -

Figure 5.20. Signes extrapulmonaires associés avec les atteintes respiratoires. PVJ : pression veineuse jugulaire.
Comprendre les différents appareils

Récapitulation des signes cliniques POINT PRATIQUE


de syndromes respiratoires Évaluation du débit de pointe
Demandez à votre patient de réaliser une
communs inspiration aussi profonde que possible, de serrer
les lèvres fortement sur l'embout du spiromètre et
Les pages suivantes résument les signes cli- de souffler de plus fort possible. Une expiration
niques. Les principaux signes des s y n d r o m e s courte et vigoureuse est essentielle car le débit
respiratoires sont présentés d a n s les figures 5.21 d'air est mesuré pendant les premières 10 ms.
à 5.26. Recueillez trois mesures.
Recherchez les valeurs de votre patient (calculées
selon la taille, le sexe et l'âge) à partir des tables
de valeurs.
Exprimez la meilleure des trois valeurs.

Figure 5.21. Schéma des signes


observés dans l'obstruction des
voies aériennes.
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

Trachée poussée
vers la gauche

Diminution de
l'ampliation thoracique
Matité à la percussion
Abolition du murmure
vésiculaire

Apex cardiaque
vers la gauche

Même signes
à la face postérieure
du thorax

Atteinte de tout
l'hemithorax droit
(antérieur
Figure 5.22. Signes d'un épanchement et postérieur)
pleural droit abondant.

Trachée centrale .

Mouvements
peuvent être

Matité
à la percussion

Abolition
du murmure
vésiculaire

Bruits cardiaques
difficiles à entendre

Même signes
à la base gauche
Figure 5.23. Signes d'un épanchement postérieure
pleural gauche modéré.
Comprendre les différents appareils

La trachée
peut être déplacée
vers la gauche
particulièrement dans
un pneumothorax
expansif

Mouvements

Tympanisme
voire
hyperrésonance

Abolition
ou diminution
du murmure
vésiculaire

Mêmes signes à
la face postérieure
Figure 5.24. Signe d'un pneumothorax droit.

Trachée
attirée
vers la gauche Matité
à la percussion

Diminution
du murmure
vésiculaire

Mouvements

Souffle
bronchique
possible

Les signes sont


antérieurs Figure 5.25 Signes d'un collapsus lob.
supérieur gauche.
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?

L'hemithorax
droit peut
être mobile

Matité
à percussion

Souffle
bronchique

Les
crépitements
Matité peuvent être
à la percussion entendus

Souffle
bronchique

Signes
surtout
postérieurs

Figure 5.26. Signes de condensation du lobe inférieur droit.


Appareil digestif

Dans ce chapitre, nous traiterons de l'appareil Douleur


digestif, de la bouche à l'anus, en incluant le foie
et le pancréas. La douleur est un symptôme fréquent dans I
les maladies gastro-intestinales et il faut être
attentif à l'histoire des symptômes, ce qui peut I
• SYMPTÔMES épargner de nombreuses heures d'examens I
complémentaires pénibles, inutiles et onéreux. I
Vous devez être patient et questionner très Avant tout, essayez d'établir à quel type de dou-
minutieusement; les termes utilisés par les leur abdominale vous avez affaire (Point de révi-
patients sont souvent vagues, imprécis et très sion 6.1). La douleur est-elle viscérale, pariétale
équivoques. Ils sauront ce qu'ils veulent dire, ce ou projetée? Cela peut être assez difficile à I
qui ne sera pas nécessairement le cas pour vous. déterminer mais la connaissance de l'embryolo-
Voici certains de ces termes équivoques : gie peut aider à expliquer le site de la douleur.
La douleur viscérale apparaît comme le résultat
Indigestion. Ceci peut tout recouvrir, de la d'un étirement ou d'une contraction d'organes
douleur à l'anorexie. creux comme l'intestin, la vésicule ou l'utérus.
Ces organes étant embryologiquement médians,
Brûlures d'estomac. Véritables reflux acides la douleur sera perçue sur la ligne médiane. Au
ou angor? contraire, la douleur des uretères est unilatérale.
A la différence du péritoine viscéral, le péritoine
Gaz. Ascendants ou descendants? Ou est-ce pariétal contient des récepteurs à la douleur.
simplement des gargouillements dans le ventre? Quand il est enflammé, il provoque une douleur
en face de la zone touchée, douleur aggravée
Mal en point. Malaise, fièvre, nausées ou par le mouvement et l'étirement du péritoine.
Ceci provoque une défense et une douleur après
vrais vomissements?
le relâchement d'une pression sur la zone
inflammatoire (douleur à la décompression). Un
Précisez ce que le patient veut dire.
exemple de douleurs combinées viscérale et
pariétale est celui d'un patient qui se plaint d'une
POINT PRATIQUE
Un ouvrier d'usine qui présente une douleur rétro-
sternale à type de brûlure, survenant alors qu'il se
dépêche de retourner à son poste après le repas
de midi à la cantine, peut très bien ne pas souffrir
de brûlures, comme il le suppose. Il peut s'agir
Viscérales
d'un angor post-prandial.
Comme dans une colique
Pariétales
Inflammation localisée péritoneale
Projetées
Douleurs scapulaires dans l'irritation diaphragmatique
Appareil digestif

colique hépatique, due à un calcul dans la voie hépatite, et dans les affections chroniques, elle
biliaire commune (cholédoque). Ceci provoque constitue un symptôme majeur du carcinome de
une douleur viscérale médiale. Si, comme c'est l'estomac. La maladie des jeunes filles, l'anorexie
souvent le cas, la vésicule se dilate et devient mentale, a déjà été évoquée dans le chapitre 2.
secondairement inflammatoire, le péritoine parié- Elles perdent beaucoup de poids par un déni de
tal qui la recouvre provoque une douleur locali- la nourriture mais, curieusement, ne se plaignent
sée dans le quadrant supérieur droit. que rarement d'une perte d'appétit.
Une douleur projetée apparaît quand la douleur Beaucoup de patients se plaindront d'avoir « mal
d'une zone est perçue dans une autre localisa- au cœur » alors qu'ils ne sont simplement « pas
tion partageant la même innervation sensitive. bien ». Lorsque la nausée est isolée, sans vomis-
Le meilleur exemple dans l'abdomen est la dou- sements, elle est plus sûrement en rapport avec
leur de la pointe de l'omoplate, qui survient lors une dépression ou une névrose qu'avec une
d'une irritation sous-diaphragmatique lors de la maladie gastro-intestinale. Si la nausée est asso-
perforation d'un ulcère peptique. ciée aux vomissements, vous devez tout d'abord,
Prenez l'habitude de poser une suite complète chez les patients d'âge moyen et élevé, penser à
de questions relatives à la douleur abdominale une maladie digestive haute comme une tumeur
(Point de révision 6.2). ou un ulcère gastrique. Elles sont souvent asso-
ciées à une anorexie et à une perte de poids. En
cas d'obstruction à la vidange gastrique, les
vomissements contiendront beaucoup de nour-
riture non digérée prise de nombreuses heures
auparavant, ou parfois la veille.
Depuis combien de temps? Des heures, des jours, Le vomissement de sang ou hématémèse, est
des mois?
presque toujours en rapport avec des lésions
Permanente, croissante ou intermittente? ulcérées du tractus digestif jusqu'à la seconde
tocalisation, irradiation, facteurs aggravants? portion du duodénum, ou avec le saignement de
Liée à la prise alimentaire? varices secondaire à une hypertension portale.
Modifications du transit intestinal? Un saignement brutal s'accompagne d'un
Perte de poids associée? vomissement de sang frais, alors qu'un saigne-
Nausées et/ou vomissements associés? ment dans le tractus digestif haut ne s'accom-
pagne pas forcément d'un vomissement, mais se
poursuit à travers le tube digestif pour provo-
quer une diarrhée noire ou maelena. Des vomis-
Vous trouverez davantage de détails dans le sements répétés, comme après une fête trop
chapitre 27, qui vous aide à différencier les arrosée, peuvent léser la jonction gastro-œso-
grands types de douleurs abdominales en pra- phagienne. Un saignement à cet endroit n'est
tique clinique. pas forcément grave et se nomme le syndrome
de Mallory-Weiss, d'après le nom des médecins
qui l'ont observé.
Anorexie, nausées
Les brûlures rétro-sternales sont caractéris-
et vomissements tiques d'un reflux gastro-œsophagien; celui-ci
L'anorexie recouvre un grand nombre de symp- est aggravé par des repas abondants, le taba-
tômes, allant d'une perte modérée de l'appétit à gisme, une position semi-assise ou un travail
un profond dégoût de la nourriture. C'est un effectué penché en avant, comme le jardinage.
symptôme non spécifique qui survient au cours Le liquide acide remonte souvent dans la
de nombreuses maladies aiguës et chroniques bouche, appelé le pyrosis, mais il est rarement
non gastro-intestinales. Au cours des atteintes vomi.
gastro-intestinales aiguës, c'est un signe très Comme pour l'anorexie, les nausées et vomisse-
désagréable de la phase prodromique d'une ments ne sont pas tous en rapport avec le tube
Comprendre les différents appareils

digestif. Des vomissements abondants et répétés Une dysphagie chronique et/ou intermittente est
peuvent survenir dans : le plus souvent due à une sténose bénigne de
• Une migraine chez les enfants et les jeunes l'œsophage ou à une achalasie du cardia (Point
adultes; recherchez attentivement les céphalées de révision 6.3). Cette dernière maladie est habi-
associées, qui peuvent être modérées et que le tuellement présente lors de la première partie de
patient a négligées; la vie, elle est due à un spasme de l'extrémité
• Une hypercalcémie; inférieure de l'œsophage. On dit que les patients
• Une insuffisance rénale; supportent plus difficilement la dysphagie au
• Une intoxication médicamenteuse, par liquide qu'au solide, mais ce n'est pas toujours
exemple à la digoxine; vrai. Dans toutes les autres étiologies de dys-
• Une hypertension intracrânienne. phagie, il est plus facile d'avaler des liquides que
des solides. Un symptôme fréquent, notamment
chez des femmes jeunes et nerveusement pré-
Difficultés à la déglutition disposées, se traduit par une déglutition fré-
quente censée surmonter ce qu'elles croient être
Certains patients vous diront qu'ils ont mal lors une obstruction de l'arrière-gorge. Aucune
de la déglutition, ou que de la nourriture reste cause n'est attribuée à ce symptôme, qui est
bloquée dans leur gorge. Ce dernier symptôme qualifié de « globus hystéricus ». Il faut préciser
doit toujours être pris au sérieux. Les médecins que, bien que nerveuses, ces jeunes femmes ne
ont tendance à utiliser le terme dysphagie de sont en aucun cas hystériques.
manière large. Strictement parlant, il désigne des
« difficultés à la déglutition », et il est plus juste de
restreindre son usage à cette situation et à la
sensation de blocage des aliments. Utilisez le
Achalasie du cardia
terme odynophagie si vous devez décrire la dou-
leur à la déglutition. Sténose bénigne de l'œsophage (habituellement
secondaire à un reflux)
La douleur à la déglutition est habituellement
Ulcération (ex. moniliase)
due à une œsophagite. Recherchez des symp-
Cancer de l'œsophage
tômes de reflux acide lorsque le patient se
penche ou se couche. Les patients qualifieront Cancer du cardia gastrique

souvent cette douleur rétro-sternale de « brû- Compression externe (ex. cancer des bronches,
anévrisme de l'aorte)
lures ». Assurez-vous de bien comprendre ce
qu'ils vous décrivent. Une erreur fréquente et Lésions neurologiques (ex. maladie du
motoneurone).
potentiellement grave serait de la confondre
avec un angor favorisé par des repas plantureux.
Au cours de la seconde moitié de leur vie, les
patients qui se plaignent pour la première fois de
douleurs croissantes lors de la déglutition souf-
Selles
frent souvent d'une atteinte grave, comme un Beaucoup essaient de nous faire croire que la
carcinome du pharynx, de l'œsophage ou de la seule manière d'atteindre une parfaite santé est
jonction gastro-œsophagienne. La sténose doit d'aller à la selle tous les jours après le petit-
être significative avant que le symptôme de dys- déjeuner. Ceci est une absurdité. Chez certains,
phagie ne soit perçu, et sa sévérité augmente trois selles par jour peuvent être une situation
souvent rapidement au cours des jours suivants. normale, alors que pour d'autres, deux ou trois
selles chaque semaine est compatible avec une
POINT PRATIQUE parfaite santé. Ceci dépend des habitudes per-
Des patients qui se plaignent de difficultés
sonnelles, de l'activité physique, de l'ingestion de
croissantes à la déglutition doivent être pris en liquides et du régime alimentaire. Des selles
charge en urgence. longues, fines ou en fuseaux ont peu d'impor-
Appareil digestif

tance. Un soudain accès de deux ou trois selles et déterminer si l'ictère est dû à une hépatite
au lever est souvent d'origine nerveuse. infectieuse, à une maladie hépatique chronique
Certains symptômes sont certainement anor- ou à une obstruction. Davantage de détails sont
maux et doivent être explorés correctement. Il donnés dans le chapitre 39. N'oubliez pas que
s'agit de: des drogues ou des médicaments peuvent pro-
• saignement à la défécation ; voquer des ictères hépatitiques ou de type cho-
• mucus avec les selles; lestique. Des épisodes aigus d'hémolyse, comme
• diarrhée avec du sang et du mucus; dans le paludisme ou la drépanocytose, peuvent
• modification d'un transit intestinal réglé; provoquer des ictères importants, mais dans
• sensation d'une vidange incomplète du rec- l'ensemble, l'ictère ne sera qu'un caractère
tum; secondaire de la maladie originelle.
• diarrhées nocturnes; Si le patient est jeune et qu'une cause infectieuse
• selles souvent volumineuses et pâles. est suspectée, vous devez l'interroger à propos :
• d'un accès prodromique d'anorexie, de fièvre
L'expulsion de sang avec les selles est traitée et de malaises;
dans les chapitres 35 et 37. • de contacts;
• de drogues intraveineuses, d'une blessure
POINT PRATIQUE accidentelle par une aiguille, de transfusions san-
Un saignement digestif bas inexpliqué doit être guines, d'une homosexualité (hépatites B et C) ;
exploré par une sigmoïdoscopie et une coloscopie, • d'un voyage récent.
ou un transit baryte.
Si le patient est d'âge moyen ou élevé, et si un
ictère obstructif est suspecté, recherchez :
À chaque patient présentant une diarrhée asso- • la couleur des selles (pâles si l'obstruction est
ciée à du sang ou du mucus, vous devez deman- complète) ;
der s'il ne rentre pas d'un voyage à l'étranger, • une douleur abdominale haute, suggérant
mais rappelez-vous que des parasites ou une des calculs vésiculaires;
infection retrouvés dans les intestins ne sont pas • une douleur dorsale et des selles grasses, si
nécessairement la cause de la maladie. Des l'on pense à une tumeur pancréatique.
affections tropicales comme l'amibiase ou la
strongyloïdose, associées à d'autres maladies Si vous pensez que l'ictère est dû à une cirrhose,
sexuellement transmissibles comme la syphilis recherchez :
ou la gonococcie, forme le syndrome de « l'in- • la consommation d'alcool;
testin homosexuel » et se rencontre chez les • des épisodes antérieurs d'ictère;
hommes homosexuels. • des transfusions antérieures;
La constipation est traitée en détails dans le cha- • un prurit (particulièrement sévère dans les
pitre 36, mais rappelez-vous que c'est un symp- cirrhoses biliaires primitives).
tôme fréquent aux étiologies souvent simples,
comme l'immobilité prolongée et le repos au lit,
les régimes amaigrissants, le changement d'ha- Gaz
bitat, un voyage et une déshydratation.
Ce symptôme fréquent a rarement une étiologie
grave. L'émission de gaz par la bouche est appe-
Ictère lée éructation, celle par voie anale est appelée
poliment un pet (ou des vents [NdT]). Assurez-
L'ictère ou jaunisse est un symptôme alarmant, vous d'être bien compris de vos patients. Cer-
qui amène rapidement les patients à consulter tains, comme leurs médecins, peuvent
leur médecin. En pratique, vous pouvez habituel- confondre les deux termes. Si nécessaire, utilisez
lement poser le diagnostic à partir de l'histoire, des mots de tous les jours pour cela.
Comprendre les différents appareils

Les éructations chroniques sont habituellement • d'une paire de gants pour palper des lésions
dus à une aérophagie. Il n'y a pas de formation avec les deux mains.
de gaz dans l'estomac en dehors de la prise L'examen de la bouche permet:
d'antiacides, mais les patients n'acceptent pas • d'apprécier le degré d'hydratation, mais il est
facilement cette idée. Toutefois, l'air peut être important de ne pas confondre les symptômes
piégé dans une volumineuse hernie para-œso- de la soif et les facteurs qui provoquent une
phagienne dont la vidange soulage le patient. déshydratation de la bouche (Point de révi-
Dans l'alactasie et dans les régimes riches en sion 6.4) ;
fibres, la production de gaz alimentaire peut être • de rechercher des lésions spécifiques comme
excessive. des ulcères ou des papules;
Le ballonnement abdominal reflète une disten- • de rechercher des signes d'orientation locaux
sion gazeuse de l'abdomen, souvent aggravée ou additionnels qui peuvent permettre le dia-
par l'inactivité physique et l'indisposition à gnostic d'une maladie généralisée, par exemple
émettre des gaz. la découverte d'une candidose chez un patient
atteint du sida (Fig. 6.1).
POINT PRATIQUE
Les régimes très riches en fibres produisent des
flatulences douloureuses d'allure colique.

EXAMEN CLINIQUE

• LA BOUCHE
Ne négligez pas la bouche lorsque vous exami-
nez un patient avec des symptômes abdomi-
naux. C'est, après tout, la première portion de
l'appareil digestif. Les patients s'attendront à ce
que vous leur demandiez de tirer la langue,
comme si c'était essentiel pour l'examen clinique.
Certes, vous pourrez en tirer beaucoup d'infor-
mations, mais l'état de la langue ne reflète pas
aussi bien l'état de santé que ne le souhaitent les
patients. Figure 6.1. Candidose du voile du palais chez un
homme atteint du sida.

POINT PRATIQUE
Une langue chargée ne signifie pas forcément une
mauvaise santé. Les lèvres
Une langue dépapillée, rouge, propre et lisse l'est
plus souvent.
Des crevasses aux angles de la bouche (cheilose
ou stomatite angulaire) sont très banales. Elles
sont décrites dans la plupart des livres comme
Quand vous examinez la bouche, rappelez-vous étant dues à une anémie ou une malabsorption.
que vous avez besoin : Elles le sont en effet, mais la superposition des
• d'une bonne lampe; lèvres chez des patients édentés ou ayant un
• d'un abaisse-langue pour déprimer la langue défaut d'occlusion est une cause bien plus fré-
et écarter les joues ; quente. La peau repliée devient humide, macère
Appareil digestif

Causes Causes d une


de la soif bouche sèche
Diabète Émotion

Diabète Médicaments (par exemple :


insipide atropine, substances inhalées,
antidépresseurs)

Traitement Respiration par la bouche


diurétique
(par exemple :
furosémide

Hypercalcémie Radiothérapie locale, en Figure 6.3. Herpès labial. Infection virale commune
particulier avec irradiation compliquant souvent des états fébriles.
des glandes salivaires

Insuffisance Maladie des glandes salivaires


fument la pipe. Recherchez toujours des gan-
rénale (par exemple : Sjögren)
glions submentaux métastatiques.
Potomanie Âge avancé
Les chancres syphilitiques primaires sont rares,
(consommation
compulsive d'eau)
mais apparaissent comme des nodules labiaux en
forme de boutons qui peuvent s'ulcérer et former
Déshydratation Déshydratation
une croûte. Ils sont très contagieux et imposent le
port des gants lors de l'examen de cette lésion.
Les lésions de télangiectasie hémorragique hérédi-
et se surinfecte secondairement avec le Candida taire (syndrome de Rendu-Osler-Weber) (Fig. 6.4)
(Fig. 6.2). sont observées sur les lèvres, la langue, la
[Iherpès labial (Fig. 6.3) se présente comme un muqueuse buccale et nasale, ainsi qu'aux extré-
amas de vésicules sur la lèvre ou sous la peau mités des doigts. Ils peuvent parfois toucher la
environnante, le plus souvent chez un patient en portion supérieure du tractus intestinal, jusqu'à
bonne santé. La poussée de lésions peut être l'extrémité inférieure de l'œsophage. Ils saignent
associée à des états fébriles, et les infections souvent dans la lumière intestinale, provoquant
récurrentes et florides sont banales chez le une anémie ferriprive. Les lésions nasales sont
patient immunodéprimé. responsables d'épistaxis récidivantes.
Le carcinome de la lèvre est une lésion nodulaire Les lésions de l'exceptionnel syndrome de Peutz-
ou une plaque épaissie, se situant habituelle- se présentent comme des macules pig-
Jeghers
ment à la lèvre inférieure chez les hommes qui mentées à la jonction cutanéo-muqueuse et

Figure 6.2. Stomatite angulaire. Les crevasses aux Figure 6.4. Télangiectasie hémorragique héréditaire.
commissures labiales sont souvent infectées, comme Les lésions peuvent passer inaperçues mais aussi
ici, par le Monilia. s'étendre au pharynx et à l'œsophage.
Comprendre les différents appareils

autour de la bouche. Elles sont cliniquement


importantes, car associées à des petits polypes
intestinaux qui peuvent provoquer une invagi-
nation intestinale.

Dents et gencives
L'état des dents est souvent un bon indice de
l'hygiène orale du patient et de l'intérêt qu'il porte
à sa santé. La lésion la plus simple et la plus fré-
quente des gencives est la gingivite, souvent due Figure 6.5. Gencives œdémateuses, hémorragiques et
infectées dans la leucémie aiguë.
à l'irritation par un calcul, qui provoque un
œdème, une rougeur et un saignement. La gingi-
vite aiguë nécrosante ulcérée est une infection • D'autres langues normales ont des tâches
virale douloureuse provoquant un gonflement, irrégulières, des aires dépapillées découpées
une inflammation rapide et une haleine fétide. comme des cartes de géographie sur le dos de
Avec l'âge, la rétraction des gencives expose les langue. Ces modifications varient avec le temps
couronnes dentaires; ceci explique que les per- et forment ce que l'on appelle une langue « géo-
sonnes âgées ont de « longues dents ». graphique »;
Dans la maladie d'Addison, une pigmentation • Une langue noire duveteuse est causée par
brunâtre peut être observée sur la muqueuse une élongation des papilles filiformes du dos de
buccale, en face des molaires. Celle-ci ne doit la langue. Elle fait suite, mais pas toujours, à un
pas être confondue avec la pigmentation méla- traitement antibiotique;
nique des gencives, très banale chez les per- • Des personnes âgées peuvent avoir des vari-
sonnes noires en bonne santé. cosités de la face inférieure de la langue, la
Un œdème des gencives survient: langue « caviar ».
• physiologiquement, à la puberté et au cours
de la grossesse; Alors qu'une langue chargée peut-être normale,
• à la suite d'ingestions chroniques de médica- une langue lisse, rouge et dépapillée ne l'est cer-
ments comprenant de la phénytoïne, de la ciclo- tainement pas et s'observe lors une anémie ferri-
sporine et de la nifédipine; prive, une anémie pernicieuse, une malabsorption
• dans la leucémie aiguë (Fig. 6.5), les gencives ou un traitement récent par des antibiotiques
saignent et se surinfectent; (Fig. 6.6). Des modifications semblables sont
• au cours du déficit en Vitamine C (scorbut)
qui provoque également un saignement des
gencives.

La langue
Vous devez garder en mémoire les variations
d'aspect de la langue chez les personnes saines.
• Une langue sale peut être compatible avec
une santé normale, mais se voit chez les per-
sonnes respirant par la bouche et chez les
fumeurs ;
Figure 6.6. La langue est rouge et lisse. Noter la pâleur
• Des plis irréguliers se développent parfois
associée; cette femme a une anémie par carence
avec l'âge, c'est la langue dite « scrotale »; martiale chronique.
Appareil digestif

décrites dans les infections muqueuses suivant


une chimiothérapie ou une radiothérapie.
La candidose se caractérise par des taches
blanches grumeleuses sur le palais et les joues.
Les patients âgés et fragiles, les patients traités
par antibiothérapie ou en cours de chimiothéra-
pie et ceux atteints de carcinome ou de lym-
phome sont particulièrement touchés par la
moniliase. Son apparition chez un jeune adulte
apparemment en bonne santé doit toujours
vous alerter quant à la possibilité d'un déficit
immunitaire, et plus précisément du sida. Figure 6.7. Ulcération d'un aphte à l'intérieur de la
joue.
Les ulcères d'aphte sont extrêmement fréquents
(Point de révision 6.5). Ce sont des lésions très
douloureuses qui touchent surtout les femmes,
et qui peuvent apparaître par poussées coïnci-
dant avec les règles. Chaque lésion débute par
un petit nodule gris clair de quelques millimètres
de diamètre, qui s'ulcère rapidement et cicatrise
lentement, sur trois ou quatre jours (Fig. 6.7). Les Infectieuse
ulcères peuvent apparaître partout sur la langue Moniliase
Gingivostomatite herpétique aiguë
ou la muqueuse buccale. Une des causes est la
Mononucléose infectieuse
maladie caeliaque dans laquelle les patients pré- Angine de Vincent
sentent des ulcérations aphteuses inhabituelle- Herpangine (Virus Coxsackie A)
ment sévères et opiniâtres. Fièvre aphteuse

Agents toxiques
Radiothérapie
Chimiothérapie

Aigus Etiologies inconnues


Aphte* Maladie de Behcet
Herpès Syndrome de Stevens-Johnson
Aphte
Dans le cadre d'une stomatite
Traumatique* Hématologiques
Subaigus ou chronique Leucémie aiguë
Irritatifs (habituellement à partir des dents) Agranulocytose
Anémie réfractaire
Tuberculeux
Scorbut
Chancre syphilitique
Carcinome latrogènes
Lymphome non hodgkinien Traitement aux sels d'or
* Fréquent. Methotrexate
Étoposide

Immunodépression
Stomatite Sida

Asthénie générale
Cette situation recouvre de nombreuses lésions
États cancéreux
élémentaires, comme l'ulcération, l'infection, la Jeûne prolongé
nécrose et la desquamation de la muqueuse. Ces
Maladies cutanées
lésions vont de l'ulcération bénigne mais dou-
Lichen plan
loureuse au carcinome oral potentiellement fatal Pemphigoïde/pemphigus
(Point de révision 6.6).
Comprendre les différents appareils

• CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
À PROPOS DE L'ABDOMEN
Les abdomens, comme leurs propriétaires, se
présentent de toutes formes et de toutes tailles.
L'obésité rend toujours l'examen clinique plus
difficile; pour l'abdomen, une obésité impor-
tante rend l'interprétation des signes presque
impossible. Typiquement, les rebords sous-cos-
taux et la xiphoïde sont la limite supérieure de
l'abdomen antérieur. Ils sont faciles à palper
chez tous les patients, sauf chez les plus gros.
En bas, l'abdomen est limité par les épines
iliaques antérieures et supérieures, les ligaments
inguinaux et la symphyse pubienne (Fig. 6.8). Les
épines iliaques antérieures sont habituellement
palpables, mais peuvent être recouvertes par
une couche de graisse chez les patients obèses.
Vous devez vous rappeler que même si ces
limites sont commodes, elles ne font qu'enca-
drer la fenêtre rhomboïdale de la paroi abdomi-
nale, à travers laquelle vous ne pouvez palper
qu'une partie du contenu abdominal. Les cou-
poles diaphragmatiques, le foie, une partie de
l'estomac et la rate s'étendent bien au-dessus
des rebords costaux alors que le pelvis se pro-
jette pour sa plus grande partie en dessous du
pubis et des ligaments inguinaux.
Les personnes au tronc court ont des rebords
sous-costaux larges, alors que ceux qui sont
longilignes et minces ont tendance à avoir des
rebords étroits. À mesure que le tronc se rac-
Figure 6.8. Limites de l'aire rhomboïdale qui
courcit, ce qui arrive avec le grand âge et l'os- déterminent la zone palpation du contenu abdominal.
téoporose, la fenêtre abdominale se rétrécit, Pour la description, cette aire a été divisée en quatre
laissant les côtes inférieures reposer sur les quadrants. QSD : quadrant supérieur droit. QSG :
quadrant supérieur gauche. QID: quadrant inférieur
crêtes iliaques, voire même s'enfonce dans le
droit. QIC : quadrant inférieur gauche.
pelvis (Fig. 6.9).
Pour des raisons descriptives, il est facile de tra-
cer une ligne imaginaire de la xiphoïde au pubis de L1 et, tout en croisant le pylore, elle passe le
et une autre à travers l'abdomen, au niveau de long du grand axe du pancréas et l'angle duo-
l'ombilic, pour diviser l'abdomen en quatre qua- déno-jéjunal. Le plan sous-costal est au niveau
drants: supérieur droit, supérieur gauche, infé- de L3 et la ligne joignant le sommet des crêtes
rieur gauche et inférieur droit. iliaques correspond à L4.
Il est utile de pouvoir projeter la position des
organes abdominaux sur des plans anato-
miques et des niveaux vertébraux. C'est ainsi que La position du patient
la xiphoïde répond à T9. Une ligne horizontale à
mi-chemin entre la fourchette sternale et le Ne rendez pas votre travail trop difficile! Il est
pubis (le plan transpylorique) se situe au niveau plus facile d'examiner avec le plat de la main et
Appareil digestif

Figure 6.9. Réduction de l'aire rhomboïdale qui survient avec le raccourcissement du tronc et la cyphose due à l'âge
et à l'ostéoporose.

un avant-bras horizontal. Si le lit ou le brancard Inspecter l'abdomen


sont trop bas, agenouillez-vous pour retrouver
la position optimale. Idéalement, votre patient Il est souvent plus facile d'observer obliquement
doit: les modifications discrètes des contours et du
• être couché horizontalement dans son lit ou mouvement. Un coup d'œil ne suffit pas; vous
sur un lit d'examen, avec un coussin sous la tête devrez observer pendant une minute ou deux
et les bras sur le côté ; pour repérer un péristaltisme visible. Recherchez
• avoir l'abdomen exposé de la xiphoïde au les éléments suivants:
pubis;
• être dans un bon éclairage; Modifications des contours de l'abdo-
• être relâché et rassuré. men. Du liquide dans la cavité perifonéale
(ascite) provoque une plénitude des flancs et une
En contrepartie, l'étudiant examinateur ou le distension globale.
médecin doit:
• avoir des mains chaudes; Veines anormales. Il n'est pas inhabituel
• s'enquérir des zones sensibles; d'observer de fines veines sur les rebords cos-
• observer le visage du patient pour s'assurer taux chez les personnes âgées maigres. Quand
que l'examen est le plus indolore possible. la veine cave inférieure est thrombosée, il y a des
veines collatérales distendues sur l'abdomen
inférieur (Fig. 6.10) auxquelles s'ajoute un
œdème des membres inférieurs. Le sang de ces
Comprendre les différents appareils

Figure 6.10. Veines collatérales distendues anormales


sur une paroi abdominale résultant de la thrombose de Figure 6.11. Détermination de la direction du flux dans
la veine cave. les veines superficielles.

veines se dirige vers l'ombilic. Vérifiez la direc- Vergetures gravidiques. Ces cicatrices
tion du flux des veines en plaçant l'extrémité de argentées sont des marques d'étirement de la
vos index sur la veine, puis en les éloignant le paroi abdominale à la suite d'une grossesse.
long de la veine pour la vider. En soulevant l'un Toutefois, toute prise de poids rapide chez les
ou l'autre doigt, il est possible de déterminer la jeunes filles pubères, les patients traités par cor-
direction du remplissage de la section ainsi vidée ticothérapie ou ceux atteints d'un syndrome de
(Fig. 6.11). On observe parfois un signe clinique Cushing peut provoquer l'apparition de verge-
rare, la « tête de méduse », où de grandes veines tures qui sont initialement d'un rouge violacé,
irradient à partir de l'ombilic. Ceci survient dans mais qui peuvent s'estomper en un gris argenté.
l'hypertension portale où les veines établissent
des anastomoses entre les circulations systé- Modifications de l'ombilic. Il peut exister
mique et portale autour du ligament rond. une hernie para-ombilicale chez les personnes
obèses. Chez les personnes âgées qui ne se
Cicatrices sur la paroi abdominale. Elles lavent pas, l'ombilic peut être rempli par un bou-
vous informent du passé chirurgical du patient, chon sébacé et squameux. Lors de distensions
et chacune doit être explicable. Les cicatrices importantes, comme dans l'ascite, l'ombilic est
chéloïdes sont des cicatrices exubérantes dans étiré: c'est le « sourire de l'ombilic ». Il peut éga-
lesquelles le tissu fibreux s'étend au-delà de l'in- lement être repoussé comme dans une hernie
cision originelle; elles surviennent surtout chez ombilicale. Un saignement intra-abdominal peut
les personnes noires. décolorer l'ombilic. À l'origine, ce signe a été
Appareil digestif

décrit en association avec une pancréatite aiguë • Débutez votre palpation loin des zones dou-
et s'appelle le signe de Cullen (Fig. 6.12). loureuses;
• Soyez doux et donnez confiance à votre
Péristaltisme visible. Il est plus visible dans patient;
une lumière indirecte. Chez les personnes âgées • Observez le visage de votre patient pendant
maigres, le péristaltisme peut être visible à l'état que vous palpez.
normal. En cas d'obstruction à l'évacuation gas-
trique, observez les mouvements qui s'effectuent Certaines structures sont souvent palpables chez
de gauche à droite le long du corps de l'estomac. les patients minces (Fig. 6.13).
Ceci peut prendre une minute pour être décelé Avec de la pratique vous apprendrez que:
donc ne vous pressez pas; il s'agit souvent d'un • il est souvent possible, lors d'une inspiration
signe clinique discret. L'obstruction colique est profonde, de ressentir le bord antérieur du foie,
censée se déplacer de droite à gauche, mais ceci qui peut être légèrement sensible;
n'est apparent que le long du côlon transverse. • le caecum peut être perçu comme une masse
mal définie, molle et clapotante dans la fosse
iliaque droite;
Palpation • le pouls aortique est palpable dans l'épi-
gastre, mais ceci ne veut pas nécessairement dire
C'est le moment le plus important de l'examen qu'il existe un anévrisme ;
de l'abdomen. • un côlon descendant plein est souvent pal-
• Placez-vous à la droite du patient; pable comme une structure cylindrique dans la
• Utilisez toute votre paume, dans le prolonge- fosse iliaque gauche;
ment horizontal de votre avant-bras ; • le promontoire sacré peut être perçu chez les
patients maigres, en particulier chez les femmes
avec une lordose lombaire exagérée.

Figure 6.13. Viscères normaux souvent palpables dans


Figure 6.12. Signe de Cullen. un abdomen mince.
Comprendre les différents appareils

Auscultation
C'est un savoir-faire négligé par les praticiens;
les chirurgiens sont, eux, plus enclins à l'auscul-
tation, en raison de sa très grande valeur dans le
diagnostic des abdomens aigus. A l'état normal,
des bruits de gargouillement graves et peu nom-
breux surviennent à quelques secondes d'inter-
valle. Si l'intestin est dilaté et en mouvement,
comme au cours d'une obstruction, on peut
entendre des bruits plus aigus allant jusqu'au
tintement. Quand existe un iléus paralytique,
l'abdomen est uniformément silencieux, à l'ex-
ception des bruits lointains du cœur.
Des bruits artériels sont souvent perçus venant
d'artères plicaturées, rétrécies ou irrégulières.
Vous ne pouvez pas, à l'auscultation, déceler
fidèlement les étiologies ou l'origine de ces
Figure 6.14. Aire de projection du foie montrant le site
bruits et il serait imprudent de leur accorder trop
où l'on peut mesurer la flèche hépatique.
d'importance, sauf si ces bruits sont inhabituel-
lement forts et/ou accompagnés d'un souffle.
deux espaces intercostaux plus bas. Le lobe
gauche du foie s'étend jusqu'au-delà de la ligne
Percussion médioclaviculaire gauche. La variation normale
la plus fréquente des contours du foie est la pré-
La percussion de l'abdomen peut aider à : sence d'une langue de foie s'étendant vers le bas,
• confirmer que la distension est gazeuse. La dans la fosse iliaque droite, nommée le lobe de
percussion d'un intestin obstrué génère un tym- Riedel.
panisme comme un tambour; La meilleure manière de déceler une augmenta-
• révéler la matité mobile d'une ascite tion du volume du foie est de débuter l'examen
(Fig. 6.26); la main droite à plat sur la paroi abdominale,
• définir les bords des organes solides, des l'index parallèle au rebord costal droit
masses; (Fig. 6.15a), ce qui vous permettra dévaluer l'im-
• identifier des poches de gaz provenant de portance générale de son augmentation de
viscères perforés. volume. Ceci sera confirmé de manière plus pré-
cise en déplaçant l'avant-bras et la main parallè-
lement au grand axe du corps, et en utilisant
• LE FOIE l'extrémité des doigts pour définir la position
exacte du rebord hépatique (Fig. 4.15b). L'aug-
Il est important de comprendre que même chez mentation de volume du foie peut s'exprimer en
les personnes en bonne santé, le foie a une centimètres en dessous du rebord costal droit
forme et une topographie variables (Fig. 6.14). sur la ligne médioclaviculaire droite. N'utilisez
Son bord supérieur culmine jusqu'à 1 cm au- pas des largeurs de doigts, c'est une mesure
e
dessus de la 5 côte sur la ligne médioclavicu- démodée et inadaptée.
laire, et son bord antérieur et inférieur s'étend Le fait que le rebord hépatique soit palpable en
jusqu'au rebord costal. Chez les personnes dessous du rebord costal ne veut pas nécessai-
minces, ce bord inférieur peut être palpé lors rement dire que le foie ait augmenté de volume.
d'une inspiration profonde. Des poumons distendus peuvent le repousser
Chez des patients au thorax distendu, comme vers le bas. C'est la raison pour laquelle certains
dans l'emphysème, le foie peut se situer jusqu'à cliniciens mesurent la flèche hépatique (Fig. 6.14)
Appareil digestif

Taille, forme et consistance du foie


pathologique
Les modifications de la taille et de la forme du
foie dans diverses maladies fréquentes sont
illustrées par les figures 6.16a à 6.16f.

Stigmates de maladies hépatiques


chroniques
(a) L'examen du foie ne sera complet qu'avec la
recherche de stigmates d'une maladie hépatique
chronique. Beaucoup de ces signes se retrou-
vent dans toutes les formes d'hépatites chro-
niques ou de cirrhose ; d'autres sont spécifiques
à certaines formes de maladies hépatiques (Point
de révision 6.7).
• Les angiomes stellaires sont de petites
lésions vasculaires, chacune étant alimentée par
une artériole centrale d'où partent une série de
petits vaisseaux ayant un aspect de pattes d'arai-
gnée (ou d'étoiles scintillantes [NdT]) (Fig. 6.17).
Chez une personne normale, ils peuvent être
(b)
présents en petit nombre, particulièrement chez
Figure 6.15. (a) Débutez la palpation du foie avec la femme, où ils s'étendent lors de la grossesse.
l'index parallèle au rebord inférieur du foie; ceci vous Ils pâlissent en subissant la pression d'une
permettra d'évaluer la taille générale du foie, (b)
Définissez le rebord de manière plus précise avec les
plaque de verre, mais plus spécifiquement, la
doigts parallèles au grand axe du corps. totalité de la lésion disparaît si l'artériole centrale
qui l'alimente est comprimée avec la pointe d'un
crayon. Dans les affections hépatiques chro-
qui correspond à la distance entre le rebord niques, en particulier dans l'hépatite chronique
supérieur du foie et le bord costal sur la ligne active et dans la cirrhose compliquée d'un hépa-
médioclaviculaire. Chez les personnes en bonne tome, les angiomes sont distribués de manière
santé, cette flèche est de 8 à 10 cm chez la extensive sur toute la moitié supérieure du
femme et de 10 à 12 cm chez l'homme, mais gar- corps ;
dez en mémoire que la taille du foie est propor- • Erythème palmaire. Expression de la vasodi-
tionnelle à celle du corps tout entier. latation généralisée dans les maladies hépa-
tiques, les éminences hypothénar et thénar sont
érythémateuses (Fig. 6.18). Toutefois, il n'est pas
La vésicule rare de les rencontrer chez les personnes plé-
thoriques et par ailleurs normales;
À l'état normal, la vésicule n'est pas palpable. • L'hippocratisme digital est fréquent dans la
Lorsqu'elle est distendue par la bile, vous pou- cirrhose;
vez la percevoir comme un dôme ovale et lisse • Leuconychie: blanchiment des ongles (Fig.
émergeant en dessous du rebord costal droit. 6.19). Il serait dû à une hypoalbuminémie mais il
Son fond hémisphérique peut souvent être n'y a pas eu de démonstration scientifique
palpé à travers la paroi abdominale, comme s'il convaincante;
flottait dans l'eau.
Comprendre les différents appareils

Insuffisance Poumons distendus


cardiaque droit

(a) Foie sensible et augmenté de taille (b) Le bord mousse du foie est palpable
Cardiomegalie Tympanisme thoracique avec décalage
Le diaphragme droit peut être soulevé vers le bas de la matité hépatique
Reflux hépato-jugulaire
Autres signes d'insuffisance cardiaque
Expansion systolique du foie en cas d'insuffisance tricusi

Cirrhose Métastases
hépatique

(d) Hépatomégalie dure, irrégulière, nodulaire, facilement palpable


(c) Foie dur et irrégulier Diaphragme droit refoulé vers le haut
Peut être de petite taille, normal ou agrandi Matité à la percussion et diminution des bruits
Stigmates de maladie hépatique chronique respiratoires aux bases pulmonaires
Splenomegalie Signes cliniques simulant un épanchement pleural
Ascite possible postérieur de la base droite

Carcinome Infiltration diffuse


hépatocellulaire
primitif

(e) Patient africain (f) Par ex. Amylose ou sarcoïdose


Épigastre sensible Hépatomégalie homogène et régulière
Altération de l'état général La rate peut aussi être palpable

Figure 6.16. Transformations du foie selon les maladies, (a) Insuffisance cardiaque droite, (b) Distension pulmonaire,
(c) Cirrhose du foie, (d) Métastases hépatiques, (e) Carcinome hépatocellulaire primitif chez un patient africain, (f)
Infiltration diffuse du foie.
Appareil digestif

Site Signes cliniques Association spécifique


Face Angiomes stellaires, signe du papier-monnaie, télangiectasie

Ictère
Faciès cushingoïde Hépatopathie alcoolique

Xanthelasma Cholestase prolongée


Anneaux de Kayser-Fleisher (anneaux beiges de chelates Maladie de Wilson
de cuivre à la périphérie de la cornée)

Peau Angiomes stellaires (cf. Fig. 6.17)


Ictère

Marques de grattage Cholestase prolongée, en particulier


dans la cirrhose biliaire primitive

Pigmentation grise ardoise Hémochromatose

Mains Hippocratisme digital


Ongles blancs (leuconychie) (Fig. 6.19) Hypoalbuminémie

Maladie de Dupuytren (rétraction) Hépatopathie alcoolique (incertain)

Erytheme palmaire (Fig. 6.18)

Flapping tremor Encéphalopathie hépatique

Gynecomasty (Fig. 6.20)


Système
endocrinien Pilosité rare
(homme) Atrophie testiculaire

Système Tremblements et mouvements athétosiques Maladie de Wilson


nerveux

Figure 6.17. Angiomes stellaires. Figure 6.18. Face palmaire des mains. L'aspect marbré
des éminences hypothénar est caractéristique.

Figure 6.19. Leuconychie.


Comprendre les différents appareils

• Gynécomastie (Fig. 6.20), impuissance, fragi-


lité des poils et atrophie testiculaire chez
l'homme.

Figure 6.21. Projection de la rate.

Figure 6.20. Gynécomastie chez un patient indien avec pour palper le bord antérieur et inférieur de cet
une hépatite chronique active. organe (Fig. 6.22). Notez la taille de la rate en
centimètres (et non en travers de doigts) par
rapport à la marge costale gauche. Les signes
cliniques sont résumés dans la figure 6.23.
La Splenomegalie peut être confondue avec un
• LA RATE gros rein gauche. Dans ces circonstances, la rate
La rate n'est pas palpable à l'état normal. Chez est mate; en revanche, la zone devant le rein
des adultes jeunes, sa taille est celle d'un poing. gauche présente un tympanisme car le gros rein
Située dans le quadrant supérieur gauche de repousse devant lui l'angle colique gauche (Point
l'abdomen, son grand axe mesure approximati- de révision 6.8).
vement 10 cm de long et il est parallèle à la
e
10 côte gauche. Comme pour d'autres tissus
lymphoïdes, elle s'atrophie avec l'âge et passe de
200 g chez un jeune à 70/80 g chez une per-
sonne âgée. On dit que la rate doit augmenter de
deux ou trois fois son volume normal avant
d'être perçue: ceci est incorrect.
Le signe le plus précoce de la Splenomegalie est
une augmentation de l'aire normale de la matité
splénique à la percussion, en avant de la ligne
e
médio-axillaire, au niveau de la 10 côte
(Fig. 6.21). Toutefois, le tympanisme du gaz dans
l'estomac peut masquer ce signe. Au fur et à
mesure de l'augmentation de volume, elle
s'étend en dessous du rebord costal gauche,
vers le bas et médialement. Dans une Splenome-
galie importante, elle peut même se retrouver
dans la fosse iliaque droite.
Recherchez la rate en plaçant votre main gauche
en dessous des côtes inférieures gauches et en
les soulevant vers l'avant. Utilisez la main droite
Figure 6.22. Palpation de la rate.
Appareil digestif

Signes cliniques • MASSES ABDOMINALES


d'une Splenomegalie
DE LA LIGNE MÉDIANE
Dans ce paragraphe, nous traiterons des masses
abdominales de la ligne médiane découvertes en
pratique clinique. La séparation entre masses
abdominales supérieure, centrale et inférieure
est, bien sûr, arbitraire, mais elle permet une
approche diagnostique simple.
Les signes cliniques les plus fréquents sont
résumés dans les diagrammes des figures 6.24a
à 6.24d.
Dans le monde occidental, une masse dure, irré-
gulière et fixée de l'épigastre est le plus souvent
un carcinome de l'estomac à un stade avancé; le
Masse dans le quadrant supérieur gauche patient se présente avec une anorexie, des dou-
Impossible de passer au-dessus de la masse
leurs et une perte de poids depuis plusieurs
Matité à la percussion
Masse pouvant être soulevée latéralement semaines, voire plusieurs mois.
Descend à l'inspiration Les métastases surviennent précocement dans
les nœuds lymphatiques et le foie. Si la tumeur
Figure 6.23. Signes cliniques d'une Splenomegalie.

Étiologie Maladies Signes cliniques associés


Infectieuse Mononucléose infectieuse Gorge irritée, adenopathies modérées

Hépatite infectieuse Jaunisse

Endocardite infectieuse subaiguë Cardiaque, fièvre, lésion embolique

Kala-azar*
Paludisme Fièvre, hépatomégalie, jaunisse

Splenomegalie tropicale Anémie

Congestive Cirrhose Foie ferme, stigmates de maladies


hépatiques chroniques

Bilharziose* Souvent associés à des atteintes hépatiques

Thrombose des veines porte et splénique Anémie, infections, hémorragie

Hématologique Leucémie aiguë Anémie


Leucémie chronique granulocytaire**
et myélosclérose*

Sphérocytose héréditaire Anémie (Fig. 40.6)

Thalassémie

Lymphome et leucémie lymphoïde chronique** Adenopathies

Infiltrations Amylose Hépatomégalie, Cardiomegalie

Sarcoïdose Fibrose pulmonaire, irido-cyclite

Autres Kystes et tumeurs


Syndrome de Felty Arthropathie
* Essentiellement sous les tropiques. ** Chez les patients âgés.
Comprendre les différents appareils

obstrue l'évacuation gastrique, elle provoquera Les atteintes des ganglions para-aortiques et
des vomissements abondants de nourriture non mésentériques se manifestent comme des
digérée. Une grande tumeur pancréatique peut masses centrales, nodulaires et mal définies. Ces
être perçue dans cette région, mais elle est le adénopathies sont habituellement dues à un
plus souvent associée à un ictère obstructif. Une lymphome ou à une leucémie lymphoïde chro-
métastase du lobe gauche du foie peut être dif- nique, mais peuvent être secondaires aux méta-
ficile à diagnostiquer, mais cette dernière est stases d'une tumeur primitive comme un
mobile à la respiration. séminome.

Carcinome Lymphome
de l'estomac

(a) Masse dure, fixée de l'épigastre (b) Masse médiane et nodulaire


Ganglion de Troisier dans le creux Adenopathies
supraclaviculaire gauche Splenomegalie
Altération de l'état général Pâleur

Anévrisme aortigue I Masses kystiques

(c) Masse expansive et pulsatile (d) Kyste palpable


Souffle souvent audible Frissons possibles
Artériopathie Peut être mobile
Supérieur = pseudopancréatique
Moyen = mésentérique
Inférieur = ovarien

Figure 6.24. Signes cliniques des masses abdominales, (a) Carcinome de l'estomac, (b) Lymphome. (c) Anévrisme
aortique. (d) Kystes palpables de l'abdomen.
Appareil digestif

Un anévrisme abdominal provoque un gonfle-


ment pulsatile sur la ligne médiane chez un
patient athéromateux. Beaucoup de masses
abdominales sont pulsatiles, mais le critère dia- Masse appendiculaire* (fréquente dans le monde
gnostique d'un anévrisme abdominal est une occidental)
pulsatilité expansive plutôt que transmise. Abcès appendiculaire*
Les plus fréquentes des masses kystiques Maladie de Crohn*
médianes de la partie inférieure de l'abdomen Carcinome du caecum**
sont les kystes ovariens; s'ils sont malins, ils Amibiase* (surtout présent dans les aires tropicales)
peuvent être associés à une ascite. Parfois, les
Tuberculose*
kystes ovariens bénins sont situés, de manière
Lymphome** (moins fréquent, mais distribution plus
surprenante, très haut dans l'abdomen. Les diffuse)
autres kystes abdominaux sont rares, exceptés
Abcès du psoas
les kystes hydatides dans les contrées où la
Kyste ovarien mobile**
maladie est endémique. Les faux-kystes pan-
Tumeurs rétropéritonéales**
créatiques sont situés derrière l'estomac et sont
fixés. Les kystes mésentériques sont réputés Testicule ectopique malin et autres tumeurs
inhabituelles**
mobiles, à angle droit avec l'axe du mésentère,
Tumeurs osseuses**
mais ce sont de tumeurs rares, et ce signe cli-
nique est difficile à mettre en évidence. Anévrisme iliaque**
* À tout âge. ** Surtout chez les patients âgés.

• MASSES DE LA FOSSE ILIAQUE


DROITE graves. Elles peuvent être dues à un liquide, un
gaz, une grossesse, une graisse, des selles (Point
L'âge, les circonstances et l'appartenance eth- de révision 6.10). À cette liste, il faut ajouter les
nique du patient sont déterminants dans cette fibromes utérins, pour nous rappeler que des
situation. Certaines des causes sont présentées tumeurs très volumineuses peuvent occasion-
dans le Point de révision 6.9. nellement provoquer une distension abdominale.
Une masse de la fosse iliaque droite chez un
enfant ou un jeune adulte avec des antécédents
récents de douleurs débutant au centre de l'ab- Liquide
domen et se déplaçant vers la droite a toutes les
chances d'être une masse appendiculaire inflam- Déceler du liquide libre (Fig. 6.25) dans l'abdo-
matoire. L'apparition d'une fièvre, d'une contrac- men au cours de l'examen clinique est une tech-
ture et d'une douleur de plus en plus intense nique relativement peu précise, et il faut au
suggère le développement d'un abcès. moins 500 à 1 000 ml de liquide pour produire
Les diagnostics différentiels de ces situations
sont discutés plus loin dans le chapitre 27.

• DISTENSION ABDOMINALE Liquide (ascite)


Flatulences (distension gazeuse)
C'est un motif de plainte chez beaucoup de Grossesse
patients, et pour lequel on ne retrouve parfois Graisse
aucune cause évidente. Habituellement, elle sur- Matières fécales (mégacôlon)
vient après un repas trop copieux, ou en raison Fibromes utérins (et autres grandes masses comme
d'un excès de gaz dans le côlon. Quoi qu'il en des kystes ovariens, des polykystiques, etc.).
soit, il existe quelques causes très importantes et
Comprendre les différents appareils

des signes cliniques (Fig. 6.26). À l'opposé,


l'échographie peut détecter une quantité aussi
faible que 50 ml. Associée à des maladies Associée à un
Ces maladies, qui se compliquent d'une ascite chroniques abdomen aigu
(Fig. 6.25), sont nombreuses et listées dans le Cirrhose du foie* Hémopéritoine
Point de révision 6.11, mais en pratique, il n'y a post-traumatique
que trois causes importantes et fréquentes. Insuffisance cardiaque*

Carcinomatose abdominale* Péritonite aiguë


Cirrhose. Recherchez des stigmates de
Hépatopathie bénigne Pancreatite aiguë
maladies hépatiques chroniques et une hépato-
splénomégalie. Thrombose des veines
hépatiques (Syndrome de
Budd-Chiari)
Défaillance cardiaque congestive. Recher-
Pericardite constrictive
chez attentivement d'autres signes d'insuffisance
cardiaque, comme une augmentation de la pres- Atteinte séreuse multiple
(ex. lupus érythémateux
sion veineuse jugulaire, une hépatomégalie ou
disséminé)
un œdème.
Hypoprotidémie
(ex. syndrome néphrotique)
Carcinomatose abdominale. Examinez
Péritonite chronique
l'abdomen à la recherche de masses. Faites un
(ex. tuberculose)
examen pelvien pour rechercher un carcinome
de l'ovaire. Obstruction lymphatique
(ascite chyleuse)
* Surtout chez les personnes âgées.

Flatulences (distension gazeuse)


Au début de l'évolution, la distension est locali-
sée dans la partie de l'abdomen où se situe la
portion intestinale dilatée, par exemple dans la
fosse iliaque droite lorsque le caecum est dis-
tendu. Au fur et à mesure de la progression de
la distension, l'ensemble de l'abdomen se dilate,
Cliniquement, on trouve une hyperrésonance,
mais lorsqu'il y a obstruction, on observe égale-
ment un péristaltisme apparent.

Grossesse
Beaucoup de praticiens ne reconnaissent pas les
signes cliniques d'une grossesse avancée chez
les patientes obèses, et cela ne va pas en s'amé-
liorant. Ce point peut apparaître comme relative-
ment trivial, mais cette erreur est évitable si l'on
considère que la grossesse est possible chez
toute femme en période reproductive se présen-
Figure 6.25. Ascite due à une cirrhose du foie. Noter tant avec une distension abdominale.
l'hépatomégalie et la faible pilosité.
Appareil digestif

Figure 6.26. Matité mobile, (a) Patient en décubitus dorsal : les deux flancs sont mattes, (b) Patient couché sur le
côté: le liquide se déplace et le seul flanc supérieur présente un tympanisme.

Graisse
L'obésité n'est habituellement pas difficile à dia-
gnostiquer, mais parfois la graisse est localisée
dans l'abdomen d'un patient qui n'en a manifes-
Tumeurs volumineuses qui peuvent distendre
tement pas ailleurs. La graisse s'accumule dans
l'abdomen (ex. tumeur rénale)
les tissus sous-cutanés et dans les replis périto-
Hépatomégalie (particulièrement métastatique)
néaux, mais pas de manière égale pour tout le
Volumineuse Splenomegalie
monde. Le gros ventre des buveurs de bière de
sexe masculin est habituellement dû à une accu- Reins polykystiques (et foie)

mulation excessive dans les replis péritonéaux. Adénopathies (comme les lymphomes non
Chez la femme, une accumulation importante hodgkinien)

dans les parois abdominales forme un tablier de Ganglioneurome (chez l'enfant)


graisse qui pend devant le pubis. Nephroblastome (chez l'enfant)

Fibromes utérins et autres l'examen de l'abdomen et du tube digestif. Alors


qu'il n'est pas utile chez l'enfant et chez les
tuméfactions de l'abdomen
adultes jeunes sans plainte particulière, il devient
Dans la liste ci-dessus il est utile de se remémo- essentiel chez les patients d'âge moyen ou élevé.
rer l'étiologie des fibromes utérins pour penser à Sans cela, le carcinome rectal asymptomatique
d'autres masses solides, d'organes ou de kystes ou les polypes rectaux ne seraient pas diagnos-
aux qui peuvent être volumineux à en distendre tiqués. Il y a, évidemment, des situations où la
l'abdomen (Point de révision 6.12). douleur de la région anale passe avant tout; cela
peut être simplement une tuméfaction (Point de
révision 6.13).
• ANUS ET RECTUM
L'examen du périnée, de l'anus et du rectum
complète et constitue un stade obligatoire de
Comprendre les différents appareils

Douleur isolée
Fissure Pendant et après la défécation

Proctalgie fugace Crises de crampes douloureuses et sévères du rectum


Nocturnes, durent quelques minutes à quelques heures
Cause inconnue

Abcès ano-rectal Douleur habituellement localisée

Douleur et tuméfaction
Hématome périanal À tout âge mais fréquent après la naissance
Abcès ano-rectal

Douleur avec tuméfaction et saignement

Prolapsus du rectum Presque toujours chez la femme

Hémorroïdes prolabées
Carcinome de l'anus ou du canal anal
Douleur avec saignement

Fissure Selles striées de sang

Pour les patients, c'est le moment le plus embar- permettra au doigt de glisser dans le canal anal
rassant et le plus désagréable de l'examen cli- et le rectum. En réalisant ce geste, inclinez dou-
nique. cement le doigt vers l'arrière; ceci exercera une
• Soyez plein d'égards, expliquez ce que vous pression sur la sangle du muscle pubo-rectal
faites et pourquoi; (élévateur de l'anus [NdT]) qui s'ajoute au tonus
• Soyez doux; du sphincter anal (Fig. 6.27a et 6.27b). Trois
• Placez votre patient en décubitus latéral choses à ne pas faire en réalisant un examen du
gauche, avec les hanches et les genoux fléchis, rectum :
mais avec les fesses sur le bord du lit; • N'introduisez pas l'extrémité de votre doigt
• Mettez des gants et inspectez l'anus et le directement dans le rectum;
périnée en soulevant la fesse droite avec la main • Ne faites pas l'examen s'il apparaît trop dou-
gauche. loureux; il peut y avoir une fissure;
• Ne cherchez pas à forcer le passage du doigt
A ce stade, recherchez : à travers un rétrécissement.
• un suintement du périnée ou des traces sur
les sous-vêtements par des selles, des écoule- Lorsque votre doigt se situe dans le rectum,
ments du sang; faites-en le tour pour évaluer la muqueuse rec-
• des hémorroïdes prolabées; tale, pour ressentir une tuméfaction anormale
• des condylomes ou des verrues [cf. chapitre ou des ulcères, et pour définir les structures nor-
19); males. En plaçant votre main gauche sur l'abdo-
• des cicatrices et ou la formation d'une fistule men dans la région sus-pubienne vous serez
(Fig. 35.1); capable de palper les organes pelviens bima-
• des ulcères ou des fissures; nuellement. Notez la présence et la consistance
• des rougeurs. de matières dans le rectum. Une masse dure de
matières chez une personne âgée et fragile sug-
Lubrifiez alors l'index droit et placez la pulpe sur gère un fécalome.
l'anus. Demandez au patient de pousser comme Chez l'homme, le rapport antérieur le plus
s'il allait à la selle; une pression douce sur l'anus important est la glande prostatique (Fig. 6.27c).
Appareil digestif

Figure 6.27. (a, b) Comment réaliser l'examen du rectum, (c) Situation de la prostate, (d) Situation du col.

Elle est ferme, rugueuse et son diamètre de 2 à En arrière, il est habituellement possible de pal-
3 cm. Un sillon médian est palpable, ainsi que les per la concavité du coccyx.
vésicules séminales qui peuvent être palpées au Chez la femme, les repères correspondant sont:
bout du doigt, de chaque côté. Avec l'âge, la en avant, le col utérin qui, en fonction de sa
prostate s'hypertrophie en augmentant de maturité est perçu comme une masse ferme,
volume et en faisant protrusion dans le rectum, comme l'extrémité d'un nez (Fig. 6.27d). En utili-
sans être forcément symétrique. La muqueuse sant la technique bimanuelle, il vous est alors
rectale qui le recouvre doit être régulière et possible de déterminer la taille et la forme de
mobile. Le carcinome de la prostate se déve- l'utérus, et de palper une tuméfaction ovarienne.
loppe et forme un nodule induré dans la glande, Dans les deux sexes, la paroi rectale doit être exa-
qui est impossible à différencier d'une zone de minée avec attention, à la recherche de polypes
calcification. On augmentant encore, la tumeur ou d'un carcinome rectal. Jusqu'à 90 % des car-
forme une masse irrégulière asymétrique qui cinomes rectaux peuvent être palpés avec le
envahit la muqueuse voisine. Lorsque la tumeur doigt. Les petites tumeurs peuvent être papillaires
s'étend latéralement dans le pelvis, la prostate a ou nodulaires, mais l'extension des volumineuses
des « ailes ». Dans la prostatite aiguë, la glande tumeurs ulcérées est parfois difficile à apprécier.
est extrêmement sensible à la palpation. Si l'extrémité du doigt examinateur explore les
De chaque côté du rectum se placent les fosses bords d'une masse et semble entrer dans une
ischio-rectales où peuvent se collecter des abcès. cavité, ceci correspond à une base nécrotique
Comprendre les différents appareils

ulcérée. Quand la muqueuse rectale est enflam- • des selles odorantes, pâles et collantes sug-
mée, comme dans les colites ulcérantes, elle gèrent une malabsorption graisseuse ou stéa-
prend la consistance du velours. Toutefois, l'état torrhée ;
de la muqueuse ne peut être évalué avec préci- • des selles décolorées orientent vers un ictère
sion que par une vision directe à travers un proc- obstructif;
toscope, un sigmoïdoscope et une biopsie. • un volumineux écoulement muqueux et
En retirant le doigt, examinez le gant: liquide suggère un adénome villeux;
• la présence de sang et/ou de mucus suggère • un écoulement muqueux et hydrique avec
une tumeur ulcérée et une maladie chronique une masse volumineuse de fèces dans le rectum
inflammatoire intestinale, comme une recto- oriente vers un fécalome.
colite ulcéro-hémorragique;
du système nerveux

• PROBLÈMES RENCONTRÉS prendre en charge un patient inconscient est


rappelée au chapitre 26, mais il est très i m p o r -
Ce chapitre v o u s offre un petit guide p o u r e x a - tant d e :
miner le système nerveux. V o u s devez c o m m e n - • s'assurer que les témoins, les amis ou les
cer par apprendre à le faire de manière membres de la famille ne disparaissent pas
exhaustive afin de p o u v o i r traiter une grande avant d'avoir été complètement interrogés;
variété de problèmes auxquels vous serez • déterminer, en détail, les circonstances de
confrontés. C e u x - c i c o m p r e n n e n t : l'épisode;
• une soudaine perte de connaissance; • rechercher des signes antécédents ou actuels
• un accident vasculaire cérébral; qui pourraient être éventuellement mentionnés
• une détérioration des fonctions intellec- sur la « Medi-Alert card* » que porterait le
tuelles; patient ;
• des problèmes de langage; • conserver tout médicament;
• une faiblesse; • rechercher le n o m du médecin de famille.
• des troubles de la marche et de l'équilibre;
• une d o u l e u r ou autre perturbation sensitive; Le Point de révision 7.1 dresse la liste des causes
• des mouvements involontaires; les plus fréquentes de perte de connaissance
• des céphalées [cf. chapitre 26). avec récupération spontanée et oriente vers des
diagnostics possibles.
Cela dit, v o u s apprendrez très vite qu'il n'y a rien
de plus important qu'un examen neurologique
de routine. L'examen d'une femme âgée incons- Accident vasculaire cérébrai
ciente avec un accident vasculaire cérébral grave
sera très différent de celui d'un homme jeune La plupart des personnes comprennent ce que
avec des céphalées récidivantes. V o u s devrez signifie le terme accident vasculaire: c'est une
tenir compte des attentes de votre patient. Seule des causes les plus fréquentes d'admission en
l'expérience v o u s dira ce qui doit être conservé urgence à l'hôpital. V o u s devez rechercher chez
et ce que v o u s pourrez négliger. Débutons par tous les patients des facteurs écologiques é v e n -
les problèmes les plus fréquents en chirurgie, au tuels.
service d'urgence ou à l'hôpital.

• SYMPTÔMES

Perte de connaissance
* N d T : La « Medi-Alert card » signale les antécédents
Ici, tout dépend des circonstances, de l'âge et des
médicaux. Le patient doit la garder sur lui en cas d'acci-
antécédents médicaux du patient, ainsi que la dent. C'est, par exemple, la carte de porteur de pacema-
rapidité de la récupération. La manière de ker, etc.
Comprendre les différents appareils

Type d'événement Circonstances Ce que l'on peut trouver à l'examen


Jeunes Syncope Anxiété Pâle, en sueur, pouls lent
Vaso-vagale Station prolongée dans une
atmosphère chaude, étouffante
Hypoglycémie Diabétique insulinodépendant Pâle, en sueur, récupère avec du glucose
Hyperventilation Excitation ou anxiété Spasmes carpo-pédal + / - , fourmillement
des extrémités
Epilepsie À tout moment Dépend du type, mais il peut y avoir
morsure de langue ou perte d'urine
Adultes Comme chez le jeune
ou Hypotension Médicaments psychotropes ou Chute de la TA systolique > 20 mm
personnes orthostatique anti-hypertenseur en position debout
âgées Syncope à la toux Collapsus après un accès de toux Rien
ou à la miction ou, chez l'homme âgé, en position
debout alors qu'il essaye d'uriner
Troubles du rythme, Le rythme peut être redevenu normal
habituellement bloc lors de l'examen de conduction
(cf. chapitre 4)
Sténose aortique À l'effort Signes cliniques caractéristiques

• A v e z - v o u s l'impression que votre mémoire


Des questions essentielles peuvent être posées se détériore ?
concernant: • A v e z - v o u s des difficultés à trouver le b o n
• d'anciens épisodes d'accidents ischémiques mot dans la conversation de tous les j o u r s ?
transitoires; • Pensez-vous que votre caractère se soit
• des antécédents d'hypertension ; altéré?
• une histoire familiale; • V o u s êtes-vous déjà perdu sur des trajets
• un tabagisme; familiers?
• des facteurs prédisposants, comme par • A v e z - v o u s des difficultés à réaliser votre tra-
exemple une fibrillation auriculaire, une maladie vail?
valvulaire cardiaque ou une maladie vasculaire.
N o u s traiterons des problèmes de la démence
dans les chapitres 8 et 13.
Détérioration
des fonctions intellectuelles
Difficultés du langage
Ce sont des membres de la famille, des amis pré-
occupés ou des collègues de travail qui attirent Ici, l'histoire clinique est intimement liée à l'exa-
l'attention. La nature des questions que v o u s men clinique. V o u s distinguerez très rapidement
poserez dépend du degré de détérioration. si votre patient a des difficultés à mettre ses p e n -
Expliquez ce que v o u s faites et n'embarrassez sées en mots (dysphasie d'expression) ou à
par votre patient encore alerte avec des q u e s - comprendre des mots entendus (dysphasie de
tions offensantes et simplistes. V o u s pourriez perception), ou bien si le problème vient d'une
commencer par quelques questions générales difficulté à articuler (dysarthrie). La manière
comme: d'aborder ce problème sera détaillée plus loin.
Guide pratique pour les maladies du système nerveux

Faiblesse peut encore préciser les choses. Certaines carac-


Soyez attentif à bien différencier une vraie fai- téristiques de la marche sont résumées dans le
blesse d'une fatigabilité. En raison de la difficulté Point de révision 7.2.
qu'ont les patients (ainsi que les médecins et les
étudiants) à bien les distinguer, n o u s avons
consacré deux chapitres distincts dans la section Mouvements involontaires
C du livre, qui porte sur la résolution des p r o -
blèmes (chapitre 28 : « La fatigue » et chapitre 41 : Les patients évoquent les mouvements qu'ils ne
« Parésie des membres »). peuvent pas contrôler en termes de tremble-
Il est essentiel de déterminer l'évolution et la dis- ments, de secousses, de crispations et de
tribution de la faiblesse. U n e faiblesse des convulsions.
membres s'aggravant inexorablement chez un
jeune garçon oriente vers une dystrophie m u s -
culaire; des épisodes répétés de faiblesse chez
• EXAMEN CLINIQUE
une jeune femme peut orienter vers une atteinte
démyélinisante alors qu'une parésie des Après v o s observations générales, évaluez les
membres progressant rapidement chez un fonctions intellectuelles et le langage, puis e x p l o -
homme âgé oriente vers une compression rez les nerfs crâniens et les systèmes moteur et
médullaire. sensitif. La plupart des cliniciens procèdent de
haut en bas.

Troubles de la marche POINT PRATIQUE


Ayez toujours en mémoire la possibilité d'une
V o s patients ne se plaindront que rarement de méningite, d'un abcès cérébral ou d'une
« problèmes de marche ». Ils diront plutôt que encéphalite chez les patients avec de la fièvre et
une altération de l'état de conscience. Il est trop
leurs jambes leur paraissent raides et ne peuvent
facile de supposer qu'un patient âgé, admis avec
pas démarrer, qu'ils chancellent et qu'ils t o m - une suspicion d'AVC, a de la fièvre en raison d'une
bent. V o u s p o u v e z évaluer la démarche lorsque pulmonaire associée.
votre patient s'approche de v o u s . L'interroger

Type de démarche Symptômes possibles Signes cliniques


Spastique Jambes raides et lourdes, blessures des orteils Dans l'hémiplégie, membre supérieur
par les chaussures. fléchi et jambe en extension. Si les
deux membres inférieurs sont
spastiques, une poussée du tronc
aide la locomotion.
Démarche N'est pas sûr de la position de ses jambes, aggravé Signe de Romberg positif (p. 129).
ataxique par l'obscurité et en fermant les yeux fermés. Atteinte des cordons postérieurs.
Ataxie Instabilité debout et à la marche. Démarche avec un élargissement du
cérébelleuse polygone.
Démarche Difficultés à initier le mouvement, rigidité de tout le Tremblements, pas de balancement
parkinsonienne corps. Ne peut pas se retourner rapidement. des bras, se penche en avant et
recherche son centre de gravité.
Démarche Difficultés à se lever ou à quitter sa chaise. Souvent due à une myopathie
dandinante proximale.
Chute du pied Trébuchements fréquents, usure de la chaussure Bilatérale ou unilatérale. Souvent due
du côté atteint. à une neuropathie périphérique.
Comprendre les différents appareils

Premières impressions inverse. La perte de mémoire récente s'apprécie


L'examen et la prise en charge d'un patient s o m - aisément en évaluant l'orientation dans le temps
nolent ou inconscient sont traités de manière et l'espace et en interrogeant votre patient à p r o -
plus détaillée dans le chapitre 15. En particulier, pos de nouvelles ou de programmes récents à la
évaluez la conscience du patient en utilisant si télévision. La mémoire à long terme est souvent,
nécessaire l'échelle de Glasgow, prenez la tem- de façon surprenante, bien conservée même en
pérature, recherchez une hémiplégie et les cas de démence sévère;
causes métaboliques du coma. • intelligence.
Pendant l'interrogatoire d'un patient conscient, il
v o u s sera facile de suggérer un diagnostic à par-
tir d e :
• l'apparence du visage: dépression, spasme Signes frontaux
facial, neurofibromatose (Fig. 11.5), myopathie, Personnalité changée et obtuse
sclérose tubéreuse; Mauvais contrôle
• démarche et posture: hémiplégie, maladie de Mauvais jugement
Perte d'inhibition
Parkinson, steppage, etc.;
Difficultés à élaborer un langage
• apparence générale et réponses: démence
Signes temporaux
(Point de révision 7.3. Rappelez-vous qu'un
Ne peut se remémorer des événements récents
aspect négligé peut-être caché par les soins de la
Souvenirs immédiats perturbés
famille ou de l'entourage, qui va préparer le Troubles du langage
patient p o u r aller voir le docteur) ;
Signes pariétaux
• attitudes et comportements: hypomanie, Perturbation du schéma corporel
dépression. Hémisphère gauche impliqué dans le langage, la
lecture, le calcul, etc.
Hémisphère droit impliqué dans les capacités
spatiales et de construction, par exemple s'habiller,
Fonctions mentales mettre la table.

L'évaluation de l'état mental débute dès l'entrée


du patient dans la pièce de consultation. L'exa-
men doit être « dirigé » de façon à élaborer à un
Langage
diagnostic de travail, et certains points seront
mis davantage en valeur selon le type de prati- La dysphasie est habituellement due à l'associa-
cien: neurologue, psychiatre, gériatre. Voici les tion d'un déficit d'expression, par exemple une
facteurs qui p o u r r o n t être pris en compte, sans difficulté à trouver des mots, et d'un déficit
qu'ils le soient nécessairement dans chaque cas: réceptif, par exemple des difficultés à com-
• apparence, comportement, communication; prendre des mots prononcés. Testez la c o m p o -
• état émotionnel ; sante de réception en demandant à votre patient
• desorientations dans le temps et l'espace; de réaliser une tâche quotidienne par exemple
• illusions et hallucinations; « retirez v o s lunettes », « sortez votre m o u c h o i r »
• mémoire. Lorsque v o u s testez la mémoire, (Point de révision 7.4). Testez l'expression en
essayez de différencier le rappel de mémoire demandant à votre patient de nommer des
immédiate, la mémoire récente et la mémoire à objets comme un livre, un coussin ou une
long terme. Le rappel de mémoire immédiat c o r - assiette.
respond à une mémoire de quelques secondes La dysphasie oriente vers une lésion ou une
ou minutes et s'évalue en demandant aux altération de la fonction du lobe frontal d o m i -
patients de répéter une série de nombres, puis nant ou du cortex prémoteur dominant (Fig. 7.1).
une autre série en ordre inverse. Les patients C h e z les personnes droitières, le cortex d o m i -
doivent être capables de se rappeler au moins nant est presque toujours le g a u c h e ; chez les
six nombres croissants et quatre dans le sens personnes gauchères il l'est dans 60 % des cas.
Guide pratique pour les maladies du système nerveux

La dysarthrie est un simple déficit de l'articula-


tion qui peut-être due à de nombreuses causes
Écoutez le langage spontané : articulations, contenu comme:
et élocution. • des lésions de tronc cérébral, comme dans
Demandez aux patients de nommer des objets les lésions du m o t o n e u r o n e de la paralysie b u l -
simples : lit, table et stylo. baire;
Vérifiez la compréhension d'instructions parlées et • des déficits pyramidaux bilatéraux dus à de
écrites.
petits et multiples infarctus, conduisant à une
Demandez de répéter des mots ou des phrases. parole spastique (paralysie pseudo-bulbaire);
Demandez une lecture à voix haute et d'écrire une • une dysarthrie cérébelleuse avec des
phrase simple.
c o n s o n n e s mal articulées et une cadence sacca-
dée de la parole;
• une atteinte extrapyramidale comme la mala-
die de Parkinson qui d o n n e une voix faible et
monotone.

Réflexes archaïques

Ces réflexes ont une valeur limitée dans la loca-


lisation spécifique et le diagnostic des lésions;
leurs caractéristiques sont résumées dans le
Point de révision 7.5.

Figure 7.1. Principales régions anatomiques


responsables d'une dysphasie (noter qu'il s'agit de
l'hémisphère gauche). Nerfs crâniens
Nerf olfactif

L'examen des fonctions du nerf olfactif (I) n'est


pas nécessaire en routine car il ne contribue que

Réflexe Comment le tester Signification


Réflexe Gratter la paume de la main avec l'extrémité Contraction ipsi-latérale du muscle
palmo- vive du marteau à réflexe mentonnier suggérant une lésion
mentonnier frontale controlatérale (peut être
retrouvée à l'état normal chez
certaines personnes).
Réflexe Percussion répétitive de la glabelle* Normalement, l'occlusion palpébrale
naso- disparaît après 5 ou 6 tapotements.
palpebral La réponse persiste dans les démences
et la maladie de Parkinson.
Réflexe Agrippement forcé de la paume de la main Un agrippement très ferme d'un côté
d'agrippement du bord radial vers le bord ulnaire suggère une lésion frontale controlatérale.
Réflexe Percussion des lèvres avec l'index La succion suggère une atteinte
de succion hémisphérique bilatérale.
*La glabelle est la zone du crâne entre les yeux.
Comprendre les différents appareils

rarement à la solution d'un problème n e u r o -


logique. Si v o u s devez tester l'odorat, utilisez des
substances familières comme le café ou le
parfum. N'utilisez pas de substance piquante
comme les vapeurs d'ammoniaque qui ont un
effet direct sur la muqueuse nasale innervée par
le nerf trijumeau (V).
La perte de l'odorat (anosmie) est habituelle-
ment due à des altérations nasales locales
comme la rhinite. Lorsque l'origine est n e u r o l o -
gique, elle est habituellement secondaire à un
traumatisme crânien mais peut occasionnelle-
ment être en rapport avec des lésions de la fosse
crânienne antérieure.
L'anosmie peut être un signe très précoce de la
maladie de Parkinson. Les performances de
l'odorat déclinent avec l'âge dans les deux sexes.

Nerf optique Figure 7.2. Dirigez le rayon de l'ophtalmoscope décalé


de 15° par rapport à l'axe de fixation. Ceci vous menera
C h a q u e étudiant et médecin doit apprendre à directement à la papille optique.
examiner le nerf optique (II) de manière efficace
et critique, ce qui implique l'utilisation c o n v e -
nable de l'ophtalmoscope (voir aussi cha-
pitre 16). Saisissez chaque occasion pour
examiner les fonds d'yeux, normaux et a n o r -
maux. Regarder le f o n d de l'œil avec le rayon
lumineux d'un ophtalmoscope à travers la
pupille équivaut à regarder dans une chambre
noire à travers un trou de serrure. Pour retirer le
maximum de cet examen :
• mettez votre patient dans une chambre
sombre p o u r dilater la pupille;
• approchez la pupille à 15° de s o n axe de fixa-
tion (Fig. 7.2). De cette manière, la lumière ne va
pas se refléter directement sur la macula, p r o v o -
quant une constriction de la pupille. V o u s p o u r -
rez immédiatement regarder la région de la
papille o p t i q u e ;
• si nécessaire, dilatez la pupille avec un collyre Figure 7.3. Fond d'oeil normal. Noter que la papille
mydriatique à courte durée d'action comme la optique est rose pâle et pâlit sur son bord temporal.
tropicamide à 1 %. Ces médicaments peuvent
être utilisés de manière sûre chez la majorité des
patients, bien qu'il faille mieux l'éviter chez ceux ment plus pâle que le versant nasal. La partie
qui sont prédisposés au glaucome à angle centrale est déprimée: c'est la dépression p h y -
fermé. Antagonisez les effets du mydriatique à la siologique. Les bords de la papille sont bien
fin de l'examen par la pilocarpine à 2 %. marqués et il existe souvent un anneau c h o r o ï -
dien pigmenté autour d'elle. Ne s o y e z pas
P a p i l l e o p t i q u e n o r m a l e (Fig. 7.3). Elle est embarrassé par la présence de z o n e s blanches
rose pâle, sa portion temporale étant habituelle- irradiant à partir de la papille et d o n t les b o r d s
Guide pratique pour les maladies du système nerveux

sont plumetés; elles correspondent à des fibres nerveuses, la papille devient anormalement
nerveuses myélinisées; c'est une variante de la ovale et ses bords avec la rétine sont très mar-
normale qui n'a pas de signification clinique. qués.

Œ d è m e p a p i l l a i r e . C'est un gonflement de Vision et évaluation du champ visuel


la tête du nerf optique accompagnant une a u g - Les non-spécialistes délaissent parfois ces é v a -
mentation de la pression intracrânienne. À la luations de base mais elles ont une importance
phase précoce, le disque est d'un rose plus foncé capitale. Elles sont abordées dans le chapitre 16.
avec des bords flous. La dépression p h y s i o l o - Parfois les patients ne sont pas conscients de
gique se remplit et les veines sont dilatées. Au déficits visuels monoculaires étendus. C o m m e n -
fur et à mesure du développement de l'œdème cez en faisant compter le patient sur ses doigts,
papillaire, le disque optique gonfle de plus en puis poursuivez par le test de Snellen avec et
plus et b o m b e vers l'avant. V o u s p o u v e z m e s u - sans lunettes.
rer le degré de comblement en faisant une mise
au point d'abord sur le centre du disque puis sur É v a l u a t i o n du c h a m p v i s u e l . Elle s'effectue
la rétine de périphérie. Trois dioptries valent face au patient, en comparant le champ visuel du
1 mm de bombement. Si l'œdème papillaire se patient avec le vôtre. A s s e y e z - v o u s en face de
développe rapidement, les veines s'engorgent, votre patient, à 1 m de lui. Pour bien réaliser le
des hémorragies apparaissent ainsi que des test, il doit être effectué par étapes:
exsudats en roue de charrette. Les vaisseaux • demandez à votre patient de garder les yeux
rétiniens surmontent les bords de la papille. Les ouverts et de fixer la racine de votre nez ;
causes de l'œdème papillaire sont présentées • puis, b o u g e z vos doigts dans chacun des q u a -
dans le Point de révision 16.4. drants de périphérie du champ visuel, demandant
au patient s'il peut détecter le mouvement
POINT PRATIQUE (Fig. 7.4). De cette manière, on peut détecter un
Un œdème papillaire débutant est difficile à déficit h o m o n y m e du champ visuel (Fig. 7.5);
diagnostiquer. Si vous avez un doute, interrogez un • Bougez vos doigts dans les champs visuels
collègue plus expérimenté. droit et gauche simultanément. V o u s pouvez ainsi
détecter un « déficit d'inattention visuel » même si
le champ visuel est intact à la première étape;
Névrite optique. C'est la conséquence • Évaluez chaque œil séparément. Demandez
d'une maladie inflammatoire, démyélinisante ou d'abord à votre patient d'occulter l'œil droit avec
vasculaire du nerf optique. Elle p r o v o q u e une sa main droite pendant que v o u s couvrez votre
baisse d'acuité visuelle et une douleur à la m o b i - œil gauche avec votre main gauche. Le champ
lisation des yeux. La pupille est souvent dilatée et visuel de l'œil gauche de votre patient peut être
réagit lentement à la lumière. Lorsque la névrite comparé avec celui de votre œil droit en b o u -
optique touche la tête du nerf optique (papille) et geant votre main droite de la périphérie vers le
peut d o n c être observée par l'ophtalmoscope, centre et en lui demandant de signaler lors-
elle a le même aspect qu'un œdème papillaire, qu'elle pénètre dans son champ de vision. Cette
avec r o u g e u r et œdème de la papille. Toutefois procédure est alors répétée p o u r l'autre œil.
elle diffère de l'œdème papillaire par:
• un déficit sévère de l'acuité visuelle; POINT PRATIQUE
• un œ d è m e de la papille moins développé; Vous pouvez être amené à rechercher, chez un
• des veines moins dilatées. patient à demi-conscient, une hémianopsie
homonyme. Pour ce faire, bouger votre main
rapidement vers un côté de sa face. Normalement
A t r o p h i e o p t i q u e (Fig. 16.13). Elle succède
le patient cligne des yeux ; s'il existe une
fréquemment à la névrite optique, mais ses etio- hémianopsie de ce côté-là, le stimulus ne sera pas
logies sont très variées et listées dans le c h a - perçu et il n'y aura aucune réponse.
pitre 16. En raison de l'atrophie des fibres
| Comprendre les différents appareils

Figure 7.4. Évaluation du champ


visuel, face au patient. Pour
comparer les champs visuels de
votre patient avec le vôtre,
assurez-vous que vos doigts sont
équidistants entre vous-même et
votre patient.

Nerfs o c u l o m o t e u r (III), trochléaire (IV)


Tester le champ visuel face à face est une
et a b d u c t e u r de l'œil (VI)
méthode grossière d'évaluation, qui ne peut
soutenir la comparaison avec une périmétrie très Ces nerfs contrôlent individuellement ou collec-
précise utilisant un appareil comme le périmètre tivement les mouvements oculaires, la réponse
de H u m p h r e y ou Lancaster. Q u o i qu'il en soit, pupillaire et l'élévation des paupières. Toutefois;
l'aspect des déficits campimétriques apporte des lorsque v o u s testez les mouvements oculaires,
informations utiles p o u r localiser les lésions sur v o u s p o u v e z également détecter un nystagmus
les voies visuelles et la rétine. Ceci est résumé ou un déficit du mouvement conjugué des yeux,
dans la figure 7.5. ce qui peut v o u s orienter vers une atteinte céré-
belleuse, du tronc cérébral ou des voies s u p r a -
Perceptions visuelles subjectives nucléaires dans les hémisphères cérébraux.
Il est important d'évaluer les perceptions Pareillement, lorsque v o u s testez les réponses
visuelles. Parmi les plus fréquentes il y a : pupillaires et l'élévation de la paupière s u p é -
• des lignes en z i g z a g : ce sont des flashs lumi- rieure, v o u s pourrez découvrir un déficit du
neux ou z o n e s miroitantes qui surviennent lors système nerveux sympathique ou p a r a s y m p a -
des premières minutes d'une crise de migraine thique. Heureusement, dans la majorité des cas
classique; cliniques, il n'est pas nécessaire d'avoir une
• des corps flottants : ce sont des petites taches connaissance détaillée des voies n e u r o a n a t o -
visibles lorsque l'on regarde le ciel ou un f o n d miques complexes p o u r être capable de poser
blanc; elles sont normales et n'ont pas de signi- un diagnostic.
fication clinique;
• des hallucinations visuelles, comme dans POINT PRATIQUE
l'aura d'une crise d'épilepsie ou dans un delirium Lorsque vous testez la réponse pupillaire à la
tremens; lumière, éclairez la pupille obliquement avec votre
• des photopsies: ce sont des petits flashs lampe électrique. Si vous éclairez directement la
pupille, vous provoquez chez le patient une
blancs qui peuvent apparaître dans les névrites
accommodation et une mise au point sur la
rétro-bulbaires et qui peuvent être favorisées par source lumineuse.
le mouvement.
Guide pratique pour les maladies du système nerveux

Figure 73. Diagramme des voies visuelles avec les déficits campimétriques produits par des lésions dans des zones
particulières. Une lésion en (1) provoque une cécité complète de l'œil droit avec une perte du réflexe photomoteur
direct de cet œil. Une lésion en (2), comme par une tumeur hypophysaire, provoque une hémianopsie bitemporale.
En pratique, il est rare de constater un déficit symétrique du champ visuel. Une lésion en (3), le tractus optique,
produira une hémianopsie latérale homonyme avec une atteinte de la macule. Les lésions des radiations optiques
provoquent une quadranopsie gauche. L'atteinte des fibres inférieures de la radiation optique dans le lobe temporal
provoquera une quadranopsie supérieure (4). Plus rarement, l'atteinte des fibres supérieures de la radiation optique à
la portion antérieure du lobe pariétal provoque une quadranopsie inférieure (non illustrée sur le diagramme). Une
lésion en (5) provoquera une hémianopsie latérale homonyme gauche.

C o m m e n c e z e n e x a m i n a n t les p u p i l l e s . dans toutes les directions jusqu'aux limites de la


Les pupilles (P) doivent être égales (E) et réagir vision binoculaire. Recherchez un déficit avec
(R) à la lumière (L) et à l'accommodation (A). chaque œil fermé alternativement. Pendant
V o u s p o u v e z utiliser l'abréviation PERLA dans q u ' o n v o u s fait ceci, notez les signes addition-
vos notes, mais rappelez-vous que les médecins nels suivants :
dans d'autres spécialités peuvent ne pas c o m - • chute de la paupière supérieure (ptosis);
prendre ce qu'elle veut dire. L'examen de la • strabisme, convergent ou divergent;
pupille est traité dans le chapitre 16. • vision double (diplopie) survenant lors du
Après avoir examiné les pupilles, vérifiez les regard à l'infini ou lors du m o u v e m e n t ;
mouvements oculaires en demandant à votre • nystagmus;
patient de suivre votre index, à 1 m de distance, • déficit de la déviation conjuguée.
Comprendre les différents appareils

POINT PRATIQUE Nerf trijumeau (V)


Des atteintes musculaires oculaires comme la Le nerf trijumeau contrôle la sensibilité de la face
myasthénie ou l'hyperthyroïdie peuvent provoquer et la motricité des muscles de la mastication.
une diplopie.
La figure 7.9 montre la distribution des trois d i v i -
sions sensitives. Les caractères importants s o n t :
e
• l'herpès de la branche ophtalmique du V
Les actions de chaque muscle oculaire sont nerf est fréquent (Fig. 7.10) ;
compliquées et dépendent de la position en • la névralgie trigéminale (douleur aiguë lanci-
abduction ou en adduction de l'œil. La figure 7.6 nante) peut toucher une ou plusieurs divisions
v o u s montre un schéma simplifié de l'action des du nerf, mais est habituellement unilatérale;
muscles oculomoteurs. À partir de l'examen des • la branche ophtalmique contrôle la sensibilité
mouvements oculaires réalisé de la façon de la cornée. Le réflexe cornéen teste la sensibi-
décrite, il est alors possible d'identifier et de loca- lité cornéenne et se p r o v o q u e en touchant la
liser les principales anomalies (Point de cornée avec un coton torsadé sur un œil en
révision 7.6). abduction. La perte de ce réflexe est anormale
mais dépend également de l'intégrité du nerf
facial par sa composante motrice. Le réflexe c o r -

Anomalie du Site Caractéristiques Maladie


mouvement oculaire de la lésion
e
Parésie de l'élévation Lésion du III nerf Habituellement associée Trauma, diabète, tumeurs, SEP,
et de l'adduction, à un ptosis et à une anévrisme du cercle artériel
c'est-à-dire un œil pupille non réactive de Willis ou à proximité.
qui regarde vers le (Fig. 7.7) Notez que les fibres para-
bas et latéralement sympathiques qui contrôlent
dans le regard à l'infini la pupille ne sont pas toujours
touchées par les lésions
vasculaires comme le diabète.
e
Vision double et Lésion du IV nerf Rarement isolée e
Comme pour le III nerf.
torsion du globe dans
le regard vers le bas
Parésie de l'abduction e
Lésion du VI nerf Peut survenir dans l'hyper- Trauma, diabète, SEP anévrisme.
tension intracrânienne
comme un faux signe
de localisation.
Déficit complet ou Au-dessus du niveau Lésion vasculaire ou tissulaire,
partiel du regard des noyaux SEP.
conjugué vertical oculomoteurs
ou horizontal du tronc cérébral
Parésie de l'adduction Tractus longitudinal Habituellement dans la SEP.
d'un œil avec nystagmus médial entre les
de l'œil en abduction noyaux des III e

dans le regard latéral e


et V I nerfs (Fig. 7.8)
Nystagmus vertical Haut dans le tronc Lésion vasculaire ou tissulaire,
dans le regard vers cérébral SEP.
le haut
Nystagmus vertical Bas dans le tronc Lésion vasculaire ou tissulaire,
dans le regard vers cérébral SEP.
le bas
Guide pratique pour les maladies du système nerveux

Muscles agissant dans les m o u v e m e n t s oculaires

Œil droit
Droit supérieur Oblique inférieur
III III

Droit latéral Droit medial


VI III

Droit inférieur Oblique supérieur


III IV
Figure 7.6. Schéma simplifié de l'action des nerfs III, IV et VI et des muscles pris individuellement dans les
mouvements oculaires.

Figure 7.7. Lésion du nerf III droit montrant un œil


dévié vers le bas et latéralement, un ptosis et une
pupille dilatée (non réactive).

Figure 7.8. Mouvements oculaires dans une lésion du


tractus longitudinal medial. En regardant vers la gauche,
l'œil droit ne part pas en adduction, alors que l'œil
gauche en abduction présente un nystagmus.
Comprendre les différents appareils

néen est l'exploration la plus délicate de la fonc-


tion du nerf ophtalmique. La vérification de la
sensibilité de la cornée est essentielle dans la
prise en charge de l'herpès ophtalmique;
• la branche de division maxillaire contrôle la
sensibilité des dents supérieures et du palais dur
du même côté;
la division mandibulaire contrôle la douleur
et la sensation du toucher de la langue et des
dents inférieures du même côté.

La composante motrice du nerf trijumeau


contrôle les muscles temporaux, masséters et
Figure 7.9. Distribution sensitive du nerf trijumeau.
ptérygoïdiens latéraux. Pour explorer les deux
premiers muscles, posez simplement vos doigts
successivement sur les muscles en demandant
au patient de mordre.

Nerf facial (VII)


Le nerf facial contrôle les muscles de la face et
du scalp à l'exception du muscle élévateur de la
paupière supérieure. Au cours de son trajet à
travers l'os temporal, il est rejoint par le nerf
chorde du tympan, qui véhicule la sensation
gustative issue des deux tiers antérieurs de la
langue. Les muscles de la partie supérieure de la
face sont innervés de manière bilatérale. C'est
pour cela qu'en cas de paralysie supranucléaire,
seule la partie inférieure de la face est touchée.
Une exception à cette règle intervient lorsque le
patient a été victime d'un récent et brutal acci-
dent vasculaire cérébral, les étages supérieur et
inférieur de la face sont affectés.
Si la lésion du nerf facial se situe dans le canal
facial, les fibres de la corde du tympan peuvent
être touchées et il se produira une perte des sen-
sations gustatives des deux tiers antérieurs de la
langue.

POINT PRATIQUE
En observant un patient avec une paralysie faciale
modérée, on constate un affaissement du pli naso-
labial et une chute de l'angle de la bouche du
côté touché.

Lorsque vous évaluez les fonctions du nerf


facial, vous devez systématiquement évaluer du
Figure 7.10. Herpès ophtalmique. haut vers le bas. Demandez à votre patient:
Guide pratique pour les maladies du système nerveux

Nerfs acoustique et vestibulaire (VIII)


• « Regardez vers le haut sans lever la tête »:
ceci entraîne normalement un froncement du Nerf acoustique
front et révélera un éventuel déficit du muscle Le bilan des fonctions du nerf acoustique est
frontal. Dans une atteinte centrale, le sourcil se traité dans le chapitre 17.
plissera des deux côtés.
• « Plissez vos yeux » : vérifiez que les cils s'en- Nerf vestibulaire
foncent et disparaissent de manière symétrique. Le vertige est une sensation de rotation de l'in-
Dans une paralysie faciale périphérique (Point de dividu ou de son environnement. Le vrai vertige
révision 7.7), le globe oculaire s'élève, souvent à est le plus souvent dû à une perturbation soit du
tel point que la pupille disparaît sous la paupière système labyrinthique (vertige périphérique), soit
supérieure (Fig. 7.11); des connections centrales du nerf vestibulaire
• « Montrez-moi vos dents » : dans la paralysie (vertige central). Il n'existe pas de test pour éva-
faciale unilatérale, la bouche est déviée vers le luer au chevet du patient sa fonction vestibulaire,
côté sain. et le diagnostic de vertige repose essentiellement
sur l'histoire clinique. Quoi qu'il en soit, dans
certains cas, l'analyse du nystagmus (qui est pré-
sent chez une minorité de patients avec des ver-
tiges) peut être utile (Point de révision 7.8).

Paralysie faciale a frigore* (paralysie de Bell),


situation bénigne caractérisée par une douleur
auriculaire suivie d'une paralysie unilatérale de la face
Maladies de l'oreille moyenne*
Syndrome de Ramsay-Hunt (herpès ou zona du
Congénitale
ganglion géniculé)
Sarcoïdose (fièvre uvéo-parotidienne) Physiologiques
Par exemple le nystagmus du train ou dans le
Carcinome de la parotide regard extrême (prenant la direction du regard au-
Lèpre (dans les régions tropicales) delà de 60° de chaque côté de la ligne médiane)
* Causes fréquentes. Pathologiques
Oculaire
Vestibulaire
Originaire du système nerveux central

Figure 7.11. Paralysie faciale périphérique gauche (Bell), (a) Au repos, le pli naso-labial est moins marqué et l'angle
de la bouche tombe, (b) Lors du sourire, (c) En essayant de fermer les yeux, le globe gauche s'élève.
Comprendre les différents appareils

Le nystagmus vestibulaire typique comprend Les lésions isolées du nerf vague sont rares.
deux composantes, une phase rapide et une Quand une lésion unilatérale survient à la base
phase lente, la direction de la phase rapide étant du crâne en raison d'une tumeur ou d'un trau-
utilisée pour définir la direction du nystagmus: matisme, les nerfs adjacents IX et XI sont
par exemple, une phase rapide vers la droite habituellement impliqués. Toutefois, une atteinte
équivaut à un nystagmus vers la droite. Une du nerf laryngé récurrent par un carcinome
lésion labyrinthique irritative provoquera un bronchique est fréquente. Le signe le plus pré-
nystagmus de l'oreille ipsilatérale alors qu'un coce d'une paralysie laryngée récurrente est une
nystagmus paralytique le provoquera dans paralysie en abduction de la corde vocale, pro-
l'oreille opposée. voquant un enrouement. Plus tard, les adduc-
Le test de Romberg est parfois utilisé pour éva- teurs sont touchés et la corde vocale reste en
luer des patients vertigineux mais il n'est pas position intermédiaire.
spécifique. On demande au patient de se tenir
debout, les yeux fermés et les chevilles jointes. Le Nerf accessoire (XI)
test est considéré comme positif si le patient ne Il s'agit d'un nerf purement moteur contrôlant
peut pas maintenir cet équilibre. Ceci oriente les muscles sterno-cléido-mastoïdien et trapèze.
habituellement vers des troubles du sens de Le muscle sterno-cléido-mastoïdien peut être
position articulaire, mais une atteinte vestibulaire évalué en demandant au patient de tourner la
peut également rendre le signe de Romberg tête d'un côté, tout en s'opposant à ce mouve-
positif alors que le sens de position est normal. ment par une pression sur le menton. La
N'accordez pas trop d'importance à ce signe. contraction du muscle opposé est alors pal-
pable. Pour comparer les deux muscles, deman-
Nerfs glosso-pharyngien (IX) et vague (X) dez à votre patient de pousser la tête vers l'avant
e e
Les IX et X nerfs crâniens sont des nerfs mixtes contre une pression appliquée sur son front.
contrôlant la langue, le pharynx, le larynx et le Pour faire contracter le muscle trapèze, deman-
voile du palais, ainsi que les fibres sensitives et dez à votre patient de lever son épaule.
motrices destinées au cœur, aux poumons et
aux viscères abdominaux. Il n'est pas nécessaire Nerf hypoglosse (XII)
d'évaluer ces nerfs en routine sauf s'il existe une Il s'agit d'un air purement moteur pour les
dysarthrie, une dysphonie, une dysphagie ou muscles de la langue.
des signes d'atteinte du tronc cérébral. Les atteintes centrales bilatérales de la langue,
habituellement dues à des lésions vasculaires
POINT PRATIQUE bilatérales, forment un tableau clinique nommé
Des lésions isolées du nerf glosso-pharyngien sont paralysie pseudo-bulbaire, avec une langue
extrêmement rares mais la névralgie du glosso- spastique peu mobile responsable d'une dysar-
pharyngien (ressemblant à la névralgie faciale) thrie, d'une dysphagie et de spasmes de la man-
peut provoquer des douleurs lancinantes dans dibule.
l'arrière gorge.
Les atteintes bilatérales périphériques de la
langue provoquent une atrophie et des fascicu-
Appuyer sur la langue en effleurant de chaque lations (contractions irrégulières, continues et
côté la face postérieure du pharynx permet rapides de groupes de fibres musculaires).
d'évaluer la sensibilité du pharynx (nerf IX). La Explorez les fasciculations avec une langue au
réaction nauséeuse, réflexe à ce stimulus, pro- repos à l'intérieur de la bouche; ce signe clinique
voque une élévation médiane du voile du palais. est extrêmement important et oriente habituelle-
Le réflexe nauséeux comporte un bras afférent, ment vers une maladie du motoneurone (Point
le nerf glosso-pharyngien, et sa voie efférente le de révision 7.9).
nerf vague, qui innerve le voile du palais. La Si le nerf hypoglosse est lésé, la langue sera
déviation de l'uvule d'un côté oriente vers une déviée vers le côté paralysé.
lésion du nerf X controlatéral.
Guide pratique pour les maladies du système nerveux

Volume musculaire e t / o u atrophie

Devant votre patient convenablement déshabillé,


Type de mouvements Couse habituelle prêtez attention au volume musculaire et à la
Protraction et rétraction Maladie de Parkinson répartition d'une atrophie généralisée ou locali-
rapide (tremblement du sée (Point de révision 7.10). L'atrophie des
trombone) muscles n'est pas toujours liée à une atteinte
Mouvements choréiques Chorée de Huntington neurologique: un genou blessé peut provoquer
rapidement une atrophie du quadriceps. Recher-
Mouvements irréguliers Médicaments c o m m e
et circulaires de la langue les phénothiazines chez une pseudo-hypertrophie si vous suspec-
tez une myopathie. Si vous avez du mal à
Fasciculations Maladie du moto-
neurone
apprécier l'importance de l'atrophie, comparez
un côté avec l'autre; pour les membres, vous
pouvez mesurer la circonférence en prenant
comme référence un relief osseux fixe.
Système moteur
Tonus
Pour évaluer le système moteur, gardez en
mémoire ses différents aspects: Vous n'apprécierez un tonus correct qu'avec de
• la démarche; l'expérience. Le tonus musculaire peut être aug-
• le volume musculaire et/ou l'atrophie; menté (hypertonie) ou diminué (hypotonie).
• le tonus; Mobilisez passivement le membre en réalisant
• la force musculaire; une flexion/extension et pronation/supination
• la coordination; du coude, et une flexion/extension du genou.
• les réflexes ; L'hypertonie peut être spastique (pyramidale) ou
rigide (extrapyramidale). Dans la spasticité d'une
• les mouvements involontaires. lésion pyramidale, la résistance au mouvement
passif est initialement très importante, puis elle
Démarche
chute, comme l'ouverture d'un couteau pliant.
Si votre patient est mobile, vous l'aurez déjà noté
L'hypertonie rigide des atteintes extrapyramidales
dans la partie « premières impressions ». Presque est constante tout au long du mouvement bien
inconsciemment, vous aurez relevé les pro- que le tremblement dans la maladie de Parkinson
blèmes locaux comme un dos raide dû à une produise une rigidité en « roue dentée ». Un
douleur sévère ou une boiterie provoquée par membre hypotonique est flasque lors du mouve-
une ostéoarthrite. Même si vous n'êtes pas for- ment passif. Si vous avez des difficultés à estimer
cément capable de faire un diagnostic éclair le tonus d'un membre inférieur, faites rouler la
exact, cette situation orientera votre examen. cuisse du patient en décubitus dorsal. Observez
{cf. Point de révision 7.2 sur la démarche, au son pied; sur un membre hypotonique, le pied se
début de ce chapitre).

Causes d'une atrophie musculaire généralisée Causes d'une atrophie musculaire localisée
Néoplasique Atrophie par non-utilisation
Malnutrition Neuropathie périphérique
Autre maladie carentielle Myopathie
Immobilité prolongée Poliomyélite
Malabsorption Lésions médullaires
Sida Maladie du motoneurone
Lésion nerveuse locale
Comprendre les différents appareils

balancera d'un côté à l'autre pendant que vous


roulez le membre alors qu'un membre et un pied
hypertoniques roulent ensemble comme un tout. Stade 0 : paralysie complète
Stade I : contraction minime
Évaluation de la force musculaire
Stade 2 : mouvement possible du membre après
Vous pouvez tirer beaucoup d'informations en compensation de la pesanteur
observant votre patient marcher dans la Stade 3 : mouvement faible contre la pesanteur
chambre, monter sur la table d'examen, s'asseoir uniquement
et autres mouvements qui va réaliser sans y Stade 4 : mouvement faible contre la pesanteur et
penser. Si vous devez évaluer la force musculaire contre résistance
de manière systématique, demandez à votre Stade 5 : force normale
patient d'exécuter des tâches simples, en lui
montrant ce qu'il doit accomplir au fur et à
mesure: POINT PRATIQUE
• agripper vos doigts fermement;
Vérifiez les points suivants pour évaluer la fonction
• écarter ses doigts contre une résistance; motrice
• tenir fermement un morceau de carton entre Démarche
ses doigts et le pouce ; Atrophie
• fléchir et étendre, successivement, le poignet Tonus
et le coude contre une résistance; Force musculaire
Coordination
• fléchir et étendre, réaliser une abduction et Réflexes
adduction de l'épaule contre une résistance; Mouvements involontaires
• s'asseoir à partir d'une position couchée sur
le lit d'examen, sans utiliser ses bras;
• soulever la jambe du lit avec le genou en • Épreuve du doigt-nez. Pour le réaliser,
extension (vérifier la flexion de la hanche) ; demandez à votre patient de toucher le bout de
• repousser la jambe élevée vers le bas contre leur nez avec l'extrémité de leur index en partant
le lit d'examen (pour vérifier l'extension de la d'une position en extension du membre, et ceci
hanche); de manière alternée. Cette épreuve est répétée
• Coincer votre poing entre ses genoux (pour les yeux fermés. Le patient avec une ataxie sen-
vérifier l'adduction de la hanche) ; sitive réalisera cette épreuve lentement pour
• Écarter les deux genoux l'un de l'autre assurer une compensation oculaire; elle devien-
(abduction de la hanche) ; dra très difficile à réaliser les yeux fermés. Un
• Flexion et extension du genou en position patient avec une ataxie cérébelleuse montrera un
assise; tremblement intentionnel s'aggravant alors que
• Flexion plantaire et dorsale du pied contre le doigt s'approche de sa cible, que les yeux
résistance. soient ouverts ou fermés ;
• Épreuve talon-genou. Demandez à votre
Tout déficit doit être chiffré et retranscrit de patient de poser son talon sur le tibia opposé et
manière à ce que les évaluations successives de faire glisser le talon lentement de haut en bas
puissent mesurer la récupération ou l'aggrava- sur la crête tibiale. Dans l'ataxie cérébelleuse, le
tion (Point de révision 7.11). talon glissera d'un côté ou de l'autre de la crête
tibiale;
Coordination • Adiadococinésie. Ce grand mot désigne l'im-
Tout déficit moteur peut être associé à un certain possibilité de réaliser des mouvements rapides
degré de maladresse, mais l'incoordination est alternés lors d'une atteinte cérébelleuse. Deman-
particulièrement évidente dans les ataxies sensi- dez à votre patient de taper le dos de sa main
tive et cérébelleuse. Voici les épreuves de coordi- d'abord avec la paume, puis avec le dos de son
nation à réaliser: autre main aussi rapidement que possible. Gar-
Guide pratique pour les maladies du système nerveux

dez en mémoire que certaines personnes sont explorent ce réflexe en ayant assis leur patient
relativement maladroites avec leur main non sur une chaise.
dominante.
Réflexe achilléen L5 et SI (et 2). Fléchissez
Réflexes modérément le genou et maintenez le pied en
La pratique développera votre capacité à exami- dorsiflexion partielle. Percutez le tendon et
ner les réflexes. Voici quelques caractères des observez la contraction du mollet. Si vous avez
principaux réflexes, examinés de haut et bas. des difficultés à obtenir la contraction du mollet,
demandez à votre patient de s'agenouiller sur
Réflexe bicipital C5 et C6. Placez votre une chaise basse en vous tournant le dos
pouce sur le tendon du biceps et frappez votre (Fig. 7.12).
pouce avec le marteau à réflexe. C'est un réflexe
très utile à évaluer, surtout lorsque vous suspec-
tez une hypothyroïdie chez votre patient et que
vous voulez montrer une réponse retardée.

Réflexe tricipital C6 et C7. Fléchissez le


coude et faites reposer l'avant bras sur la poi-
trine. Assurez-vous que vous frapperez le ten-
don tricipital juste au-dessus de l'olécrane et
non pas sur le ventre musculaire.

POINT PRATIQUE Figure 7.12. Comment explorer le réflexe achilléen


Quelques astuces pour bien recueillir les réflexes chez un patient agenouillé (utile pour explorer
ostéo-tendineux cliniquement l'hypothyroïdie).
Utilisez un marteau dont la tête ou l'anneau est
constitué de caoutchouc ferme.
Assurez-vous que votre patient soit bien relâché.
Faites un mouvement ample et mesuré: évitez les
coups violents ou les percussions d'un pic-vert. Manœuvres de sensibilisation. Si vous
Si vous avez des difficultés, utilisez toujours la avez des difficultés à obtenir un réflexe, essayez
m ê m e technique mais mettez votre patient dans de faciliter les choses en demandant à votre
des positions différentes. patient de contracter avec vigueur des muscles
qui sont éloignés de ceux que vous testez. Pour
les réflexes des membres inférieurs, par exemple,
Réflexe stylo-radial C5 et 6. Après avoir demandez à votre patient de placer les deux
posé l'avant-bras dans une position en demi- mains en crochet et de tirer l'une sur l'autre pen-
pronation en travers du thorax, percutez le bord dant que vous rechercherez le réflexe.
radial de l'avant-bras au-dessus du processus
styloïde. Vous étirez le muscle brachioradial et Clonus. Lorsque les réflexes sont franche-
provoquez une supination. Dans des atteintes ment exagérés, comme dans une atteinte cen-
de niveau C5/6, le réflexe peut être aboli et rem- trale, il peut exister un clonus. Il est très facile à
placé par une flexion des doigts; c'est l'inversion provoquer au niveau de la cheville: fléchissez
du réflexe. légèrement le genou, provoquez une dorsi-
flexion brutale du pied et maintenez l'étirement
Réflexe rotulien L ( 2 ) , 3 et 4. Soulevez le des muscles du mollet. Vous verrez alors appa-
genou fléchi à 90° avec votre main gauche et raître une série de contractions rythmiques et de
percutez le tendon patellaire. Assurez-vous que relâchements qui peuvent exister à l'état normal,
les genoux ne sont pas en contact. Notez la mais dont la persistance est toujours patholo-
contraction du quadriceps. Certains cliniciens gique (Point de révision 7.12).
Comprendre les différents appareils

Dans vos notes, les réflexes peuvent être côtés de la


manière suivante :
Grade 0 : absent, m ê m e aux manœuvres
sensibilisatrices
Crade 1 : présent
Grade 2 : vif mais normal ( c o m m e un état nerveux)
Grade 3 : très vif
Grade 4 : avec clonus

Réflexe cutané plantaire. C'est sans aucun


doute le réflexe le plus important de l'examen
clinique du système nerveux. Apprenez à le tes-
ter convenablement. Sur un patient relâché,
appliquez une pression le long du bord externe
de la plante du pied avec une pointe en partant Figure 7.13. Réflexe cutané plantaire. Noter la direction
de la base et en traversant médialement le pied du stimulus sur la plante. Le schéma montre une
sous l'arche métatarsienne (Fig. 7.13). La réponse réponse en extension.
normale est une flexion du gros orteil et des
autres orteils (une réponse en flexion plantaire).
Dans les lésions du faisceau cortico-spinal, une
réponse plantaire en extension remplace la
réponse en flexion. Le premier mouvement est stimulation provoque une contraction des
une extension du gros orteil suivie d'un écarte- muscles sous-jacents, attirant l'ombilic dans la
ment des autres doigts du pied. Babinski décrivit direction du stimulus. Les réflexes abdominaux
ce réflexe mais il est plus exact de décrire les peuvent être absents dans les lésions centrales
réponses en flexion et en extension plutôt qu'un en dessous du niveau de la boucle réflexe (Point
signe de Babinski positif ou négatif, ce qui peut de révision 7.13).
prêter à confusion.
M o u v e m e n t s involontaires

Réflexes cutanés abdominaux. Ils sont Vous pouvez les avoir remarqués pendant que
testés en stimulant chaque quadrant de la paroi vous notez l'histoire clinique de votre patient et
abdominale relâchée, l'un après l'autre. Chaque pendant son examen.

Caractéristiques des lésions centrales Caractéristiques des lésions périphériques


Diminution de la force musculaire Diminution de la force musculaire
Réflexes ostéo-tendineux exagérés Réflexes tendineux diminués ou absents
Réflexes cutanés abdominaux diminués ou absents Fasciculations (marquées leur ce qu'il d'un nerf crânien
ou des cellules de la corne antérieure)
Réflexe cutané plantaire en extension Atrophie
Spasticité Flaccidité
Guide pratique pour les maladies du système nerveux

Système sensitif
Ce sont les circonstances qui dictent la manière
Anxiété plus ou moins complète dont il faut explorer le
Tremblement essentiel (familial) : présent au repos, système sensitif; dans beaucoup d'examens
apparaît lors de l'activité volontaire, touche la face et médicaux de routine, cela peut être superflu.
le cou ainsi que les membres supérieurs Pour localiser une lésion médullaire, l'examen
Thyréotoxicose : évidente avec des mains en doit être méticuleux et prendre du temps.
extension
Lorsque vous testez la sensibilité, pensez en
Maladie de Parkinson : présent au repos, termes de lésions anatomiques possibles. Si
partiellement aboli à l'activité
vous trouvez un niveau sensitif précis, comme
Surdosage en bêta-agonistes
dans une lésion de la moelle épinière, commen-
Hypercapnie cez par les pieds et remontez. Quand la lésion
Coma hépatique (« flapping tremor ») est périphérique, toutes les modalités, c'est-à-
Intoxication alcoolique chronique dire le toucher, la douleur et la température,
seront touchées. Les déficits sensitifs seront dis-
sociés si la lésion atteint le système nerveux cen-
tral, parce que les voies de la sensibilité sont
anatomiquement distinctes. Ceci se vérifie dans
Voici les différentes formes de mouvements les hémisections de la moelle du syndrome de
involontaires : Brown-Séquard (Fig. 7.25).
• Tremblements : mouvements répétés et ryth- Testez les différentes modalités sensitives de la
més au niveau d'une articulation (Point de révi- manière suivante:
sion 7.14);
• Chorée: mouvements répétitifs aléatoires et Sensibilité cutanée fine. En utilisant une
brusques. Les patients semblent agités. Obser- mèche de coton, demandez à votre patient de
vés dans la chorée de Sydenham, la chorée de fermer les yeux et de vous dire s'il perçoit un
Huntington et le surdosage en L-dopa ; contact après une stimulation unique. N'oubliez
• Dystonie athétosique: mouvements de tor- pas que les parties distales des membres sont
sion lents, non répétitifs et associés à des toujours plus sensibles que les proximales.
troubles de la posture;
• Tics: mouvements brusques et répétitifs Proprioception. Explorez une articulation
(mais souvent complexes) temporairement comme la métatarso-phalangienne de l'hallux.
contrôlables par la volonté. Habituellement chez Tenez le gros orteil par les côtés à proximité de
le jeune; son extrémité pendant que vous le mobilisez de
• Myoclonies: mouvements répétés brusques haut en bas. À l'état normal, un patient peut être
(irréguliers ou rythmiques) sans contrôle volon- capable de détecter un mouvement de 5 mm. Le
taire; signe de Romberg peut être utilisé pour évaluer la
• Fasciculations: contractions musculaires irré- qualité des informations proprioceptives prove-
gulières et diffuses. Notez que ces contractions nant des membres. Demandez à votre patient de
irrégulières et grossières peuvent toucher les se tenir debout sur ses pieds. S'il y a un déficit pro-
épaules à l'état normal; prioceptif, il sera instable à la fermeture des yeux.
• Myokimies: contractions musculaires répé-
tées d'une partie du muscle. Fréquentes, souvent Perte de la sensibilité vibratoire. Utilisez
limitées à de fines secousses de la paupière un diapason vibrant à 128 Hz. Débutez par la
supérieure; proéminence osseuse des malléoles, et si la sen-
• Astérixis : déficit bref de la tenue d'une pos- sation est absente, poursuivez sur la crête tibiale,
ture. Observé en cas d'insuffisances hépatique et puis les crêtes iliaques si nécessaire. Le sens
rénale. vibratoire peut être diminué ou aboli chez des
personnes âgées en bonne santé.
Comprendre les différents appareils

Douleur. Stimulez la peau avec la pointe Après un accident vasculaire cérébral. Le


d'une aiguille jetable, en prenant soin de ne pas membre supérieur peut être spastique avec une
la percer. Une sensation de « piqué » est norma- adduction de l'épaule, une flexion du coude et
lement ressentie. une flexion du poignet. Les mouvements de
l'épaule peuvent être limités par une épaule
Température. Utilisez des tubes d'eau gelée, ce qui peut se produire après n'importe
froide et chaude. quelle période d'immobilité prolongée du
membre supérieur.
Reconnaissance des formes. Ceci dépend
en grande partie des fonctions corticales. Dans la sclérose en plaques évoluée.
Demandez à votre patient, les yeux fermés, L'examen du membre supérieur montre habi-
d'identifier un objet simple comme une pièce de tuellement une association de lésions centrales
monnaie ou un stylo à bille. et cérébelleuses. Le membre est spastique avec
des réflexes exagérés et un tremblement d'inten-
tion marqué.
Comment réaliser l'examen
Dans la maladie de Parkinson. La combi-
du membre supérieur?
naison de tremblements et d'une spasticité rigide
Vous devez garder en mémoire les racines et les provoque une résistance en roue dentée quand
troncs nerveux périphériques qui innervent cer- le bras est mobilisé passivement. Ce caractère, en
tains muscles pour comprendre les situations association avec le tremblement de repos qui
cliniques courantes que vous rencontrerez dans disparaît suite à un mouvement volontaire, per-
la pratique quotidienne. Ils sont présentés dans met le diagnostic. Des mouvements involon-
le Point de révision 7.15. taires des doigts à type d'émiettement au repos
sont un signe précoce de la maladie.

Articulation Muscle Action Innervation Tronc nerveux Contexte clinique


radiculaire
Épaule Deltoïde Abduction C5,6 Axillaire AVC, amyotrophie
névralgique
Infra-épineux Rotation latérale C5,6 Suprascapulaire
Coude Biceps Flexion C5,6 Musculo-cutané
Triceps Extension C7,8 Radial
Poignet Long extenseur Extension C6,7 Radial
radial du carpe
Extenseur des doigts C7,8
Doigts Fléchisseur superficiel C8 Médian
et profond des doigts
Thénariens T1 Médian Lésion du nerf
au poignet.
Syndrome du
canal carpien
Autres muscles T1 Ulnaire Lésion du nerf
intrinsèques de la main au poignet
Les muscles en italique sont ceux qui sont touchés dans une atteinte pyramidale modérée.
Guide pratique pour les maladies du système nerveux

Lésions du nerf uInaire (Point de révi- pas être testés. Le nerf médian innerve toujours
sion 7.16). Elles sont caractérisées par un déficit le court abducteur du pouce, et ce muscle
sensitif le long du bord ulnaire de l'annulaire et constitue un bon moyen d'évaluer le fonctionne-
sur les deux bords de l'auriculaire. Elles peuvent ment du nerf médian (Fig. 7.17).
s'accompagner d'une sensation de main morte
(Fig. 7.14). Sur le plan moteur, il y a une paralysie Lésions du nerf radial. Elles sont caractéri-
des muscles interosseux des troisième et qua- sées par un déficit sensitif de la phase dorsale de
trième lombricaux (que vous ne pouvez pas tes- la main, en particulier à la racine du pouce. Sur
ter cliniquement), des muscles hypothénar et du le plan moteur, le nerf innerve les muscles exten-
muscle adducteur du pouce (Fig. 7.15). Apprenez seurs du poignet, du pouce et des articulations
à tester les fonctions motrices en évaluant la métacarpo-phalangiennes. Testez la fonction
force musculaire du premier muscle interosseux motrice par une extension du poignet contre
(Fig. 7.16). une résistance. Les lésions du nerf radial sont
habituellement dues à une atteinte ou une pres-
Lésions du nerf médian (Point de sion dans le bras.
révision 7.16). Elles sont caractérisées par un
déficit sensitif de la paume de la main, de la face Arthrose cervicale. Elle provoque des dou-
palmaire du pouce, de l'index et du majeur, et du leurs et une hypoesthésie dans le territoire radi-
bord radial de l'annulaire. Sur le plan moteur, le culaire du bras et/ou de la main. La douleur
nerf médian contrôle l'abducteur du pouce, l'op- irradie dans la main avec très peu ou aucun
posant chez 80 % des patients, et les premier et signe cervical.
deuxième lombricaux qui ne peuvent également Syndrome du canal carpien (Fig. 7.14). Il est

Figure 7.14. Quelques situations sensitives fréquentes touchant le membre supérieur, (a) Syndrome du canal
carpien. Bien que ce soit le nerf médian qui soit comprimé au niveau du poignet, les patients se plaignent de
douleurs et de paresthésies dans toute la main, (b) Lésions du nerf lunaire, (c) Douleur radiculaire.
Surtout bilatéral Surtout unilatéral
Grand âge et fragilité Lésions du nerf lunaire
Polyarthrite rhumatoïde Lésions du nerf médian
Maladie du motoneurone Lésion du plexus brachial inférieur, traumatique (Fig. 7.18)
ou secondaire à un carcinome de l'apex pulmonaire
Myelopathie cervicarthrosique et arthrose lombaire Syndrome du défilé thoracique, par exemple, côte cervicale
Neuropathie périphérique
Syringomyélie

Figure 7.15. Innervation sensitive et motrice du membre supérieur.


Guide pratique pour les maladies du système nerveux

Figure 7.16. Évaluation des déficits moteurs du premier


muscle interosseux (nerf ulnaire). Demandez à votre
patient de réaliser une abduction de l'index contre une
résistance c o m m e montré sur la figure, et palpez la
contraction du premier interosseux (flèche) avec
l'extrémité de votre doigt sur le corps du muscle.

Figure 7.18. Atrophie des petits muscles de la main,


en particulier des muscles interosseux, chez un patient
victime d'une lésion par balle du plexus brachial
inférieur.

(a)

Figure 7.17. (a) Évaluation d'un déficit du muscle cours


abducteur du pouce (nerf médian). Demandez à votre
patient de poser la main sur la table, paume vers le
haut avec l'ongle du pouce vertical. Le patient essaye
alors de lever le pouce contre résistance. La force
musculaire peut être évaluée par l'extrémité du doigt
sur le muscle lui-même, (b) Atrophie du muscle court
abducteur du pouce chez un patient présentant un
syndrome du canal carpien. (b)
Comprendre les différents appareils

dû à une compression du nerf médian au poi- POINT PRATIQUE


gnet dans le canal carpien. Il provoque des dou- Dans la paralysie spastique sévère et chronique,
leurs nocturnes « d'aiguille » dans le territoire de l'œdème des membres peut être marqué au point
de rendre impossible l'exploration des réflexes
distribution du nerf médian, mais irradie souvent
ostéotendineux rotuliens et achilléens.
ailleurs. Elles réveillent le patient mais sont sou-
lagées par le changement de position ou le
mouvement.
Dans la sclérose en plaques avancée. Il
existe habituellement une combinaison de
Comment réaliser l'examen signes cérébelleux et pyramidaux. Les membres
sont spastiques avec des réflexes très vifs, un
du membre inférieur?
clonus bilatéral et des réflexes cutanés plantaires
Comme pour le membre supérieur, il est essen- en extension. De plus, s'il est possible d'obtenir
tiel de connaître l'innervation radiculaire des un mouvement volontaire du membre, il y aura
muscles les plus importants du membre infé- une ataxie manifeste à l'épreuve talon-genou.
rieur (Point de révision 7.17).
Au cours de la vieillesse. On constate sou-
Après un accident vasculaire cérébral. Le vent une flexion de la hanche et du genou à la
membre inférieur peut être spastique et en station debout. Les réflexes achilléens peuvent
extension avec le pied en flexion plantaire. À la être absents et le sens vibratoire altéré chez des
marche, la jambe se balance vers l'avant et personnes apparemment normales.
tourne pour éviter au patient de trébucher.
Arthrose lombaire. Elle touche habituelle-
Dans la paraparésie spastique. Les ment les racines L5 et S I . Dans la première, la
membres inférieurs sont en extension avec une douleur irradie sur le dos du pied et il peut exis-
flexion plantaire des pieds. Les réflexes sont très ter un déficit moteur du long extenseur de
vifs, habituellement avec clonus, et le réflexe l'hallux, avec des troubles sensitif le long de la
cutané plantaire est en extension bilatérale. face médiale (Fig. 7.19). Avec un syndrome de la
Notez que l'immobilité de la paraparésie spas- racine S I , la douleur est plus latérale avec un
tique est souvent associée à un œdème des déficit de la flexion plantaire du pied et une
membres. Dans la section complète de la moelle diminution, voire une absence, du réflexe
épinière, il y aura un déficit sensitif complet. achilléen.

Hanche llio-psoas Flexion L1,2,3 Nerf fémoral


Adducteurs Abduction L2,3,4 Nerf obturateur
Grand fessier Extension L5, S1 Nerf glutéal inférieur
Genou Quadriceps Extension L3,4 Nerf fémoral
Ischio-jambiers Flexion L5, S1 Nerf sciatique
Cheville Tibial antérieur Dorsiflexion L4, 5 Nerf tibial antérieur
Gastrocnémien/Soléaire Flexion plantaire S1, 2 Nerf tibial postérieur
Pied Court extenseur des orteils Dorsiflexion de l'hallux S1 Nerf tibial antérieur
Les muscles en italique sont ceux qui sont le plus souvent touchés dans une lésion pyramidale modérée.
Guide pratique pour les maladies du système nerveux

En résumé
Le dernier paragraphe de ce chapitre montre,
sous forme de schémas, cinq syndromes neuro-
logiques fréquents, et indique certains signes cli-
niques qui sont parfois, mais pas toujours,
associés. La cinquième figure, qui montre les
signes d'une hémisection de la moelle épinière
(syndrome de Brown-Sequart), illustre les prin-
cipes majeurs du déficit sensitif dissocié (Fig. 7.20
à 7.25).

Figure 7.19. Dermatomes sensitifs du membre inférieur.

Figure 7.20. Schéma montrant les signes d'une maladie de Parkinson à un stade avancé.
Comprendre les différents appareils

Figure 7.21. Schéma des signes cliniques observés dans une sclérose en plaques avancée. + + + Réflexes très vifs,
T Réflexe cutané plantaire en extension.
Guide pratique pour les maladies du système nerveux

Figure 7.22. Schema des signes de Polyneuropathie mixte c o m m e dans le diabète sucre. ± Reflexes présents ou
absents. - Reflexes abolis.
Comprendre les différents appareils

Figure 7.23. Schéma des conséquences d'un accident vasculaire cérébral droit et gauche chez une personne
droitière. ++ Réflexes vifs Extension du réflexe cutané plantaire.
Guide pratique pour les maladies du système nerveux I
Troubles psychiatriques :
comment les repérer

Pour reconnaître les troubles psychiatriques et d'un professionnel. De même si votre patient ne
arriver à un diagnostic différentiel, vous devrez parle pas français, vous aurez besoin d'un inter-
conduire une approche systématique pour prète professionnel.
écouter l'histoire clinique et mener l'examen de Les patients présentant des troubles psychia-
l'état mental. triques n'admettent pas immédiatement et faci-
lement leurs problèmes. En effet, ils seront
parfois silencieux; il pourra alors être utile d'ob-
• INTERROGER LE PATIENT tenir des informations à partir d'autres sources
comme:
La section A (chapitres 1 à 3) explique comment • la famille;
interroger les patients ayant des problèmes • le médecin traitant du patient;
médicaux généraux et chirurgicaux, mais vous • d'autres professionnels travaillant près de lui,
devez apprendre certains points additionnels comme des travailleurs sociaux, des infirmiers
pour mener un interrogatoire psychiatrique. psychiatriques, le personnel des centres de jour
Tout d'abord, mettez votre patient à l'aise et ou des psychologues;
encouragez-le à parler ouvertement de ses pro- • le contenu d'un dossier médical ou psychia-
blèmes. Il est préférable, particulièrement au trique antérieur.
début de l'interrogatoire, d'utiliser des questions Enfin, ayez toujours à l'esprit les problèmes de
ouvertes, comme: « Comment vous sentez-vous sécurité, car le patient peut parfois devenir sou-
du point de vue psychologique? » plutôt que des dainement violent, par exemple après avoir
questions fermées (comme « Est-ce que vous entendu des voix (hallucinations auditives). Les
sentez déprimé? ») qui ne donnent au patient points suivants ont une importance particulière:
aucune chance d'élaborer une réponse. Pendant • Soyez toujours assis plus près de la porte
les cinq premières minutes, encouragez votre que votre patient;
patient à parler sans interruption du (es) pro- • Assurez-vous qu'il y a toujours quelqu'un qui
blème(s) qui le soucie (nt).
sache où vous êtes et avec qui vous vous entre-
Quand, pour la première fois, vous recueillerez
tenez;
les antécédents psychiatriques ou que vous
• Assurez-vous de savoir où sont situés les
mènerez un examen mental, vous pourrez vous
dispositifs de sécurité, comme les alarmes et les
sentir mal à l'aise en interrogeant le patient sur
systèmes d'appel, et comment ils fonctionnent;
ses antécédents psycho-sexuels ou ses pensées
• Rappelez-vous que vous ne pourrez pas tou-
suicidaires. En pratique, vous vous rendrez
jours calmer un patient violent en parlant avec
compte que certains patients ne sont pas surpris
lui.
par ces questions. En particulier, ne craignez pas
de donner à un patient l'idée de se suicider juste
en l'interrogeant sur ses pensées suicidaires: il
n'y a aucune preuve que ceci pourrait arriver. • ANTÉCÉDENTS PSYCHIATRIQUES
Si votre patient est sourd, mais comprend le lan-
Les antécédents psychiatriques permettront de
gage des signes, vous devez vous faire assister
recueillir les détails suivants:
Troubles psychiatriques: comment les repérer ?

M o t i f de la consultation. Comment et Antécédents médicaux


pourquoi le patient a été adressé.
Antécédents psychiatriques. La nature et
Plaintes. Enregistrez-les avec les mots du la durée de la maladie, les services hospitaliers
patient, en incluant la durée d'évolution de cha- ou de consultation où le patient a été suivi, les
cune d'entre elles. traitements reçus, la médication actuelle et ses
effets secondaires.
Histoire de la maladie actuelle. Pour
chaque symptôme, donnez la chronologie de Utilisation de substances psychoactives
son développement, les facteurs déclenchants, et Alcool:
les conséquences sur les autres aspects de la vie • consommation alcoolique quotidienne;
du patient, son intégration sociale par exemple. • antécédents de symptômes de sevrage;
• score au questionnaire alcoolisme (Point de
Histoire familiale. Détails sur les parents et révision 8.1 : CAGE) qui peut être évalué en rou-
la fratrie. tine;
• antécédents de maladie physique, de bles-
Histoire psychiatrique familiale. Détails sures (accident sur la voie publique), de pro-
de tous les antécédents familiaux de troubles blèmes légaux (délits au volant) ou de difficultés
psychiatriques (suicide inclus) ou neurologiques. professionnelles (retards réguliers au travail
conduisant à des sanctions) pouvant résulter
Histoire personnelle. Détails de l'enfance d'une consommation excessive d'alcool.
(date et lieu de naissance), des problèmes surve-
nus avant la naissance (pendant la grossesse, en
particulier s'ils ont causé un accouchement pré-
maturé) ou pendant les premières étapes du
développement; la santé dans l'enfance, y com-
Deux réponses positives ou plus aux quatre
pris les antécédents de « problèmes nerveux » et questions suivantes orientent vers des conduites
les premiers chocs émotionnels, comme les d'abus d'alcool :
deuils. N'avez-vous jamais pensé que vous devriez arrêter
• Relevez les détails de la scolarité, les relations de boire?
avec les camarades et les professeurs, les diffi- Est-ce qu'on ne vous a jamais ennuyé en raison de
cultés survenues à l'école comme l'absentéisme, votre consommation d'alcool?
les diplômes obtenus et le niveau d'éducation Ne vous êtes-vous jamais senti coupable de votre
acquis; consommation d'alcool ?
• Le parcours professionnel, en incluant les N'avez vous jamais pris un verre avant toute chose,
le matin au réveil, pour calmer vos nerfs ou pour
promotions et les rétrogradations;
vous débarrasser d'une sensation de manque?
• Les antécédents psycho-sexuels (chez une
femme, l'âge des premières règles, les troubles
menstruels, l'histoire des grossesses et l'âge de Autres:
la ménopause, si c'est pertinent), les tendances • type et quantité de tabac fumé, ou de pro-
sexuelles, les antécédents d'abus sexuels/phy- duits contenant de la nicotine, et toute histoire
siques et l'histoire sexuelle et maritale ; de tabagisme antérieur;
• Les détails sur tous les enfants; • utilisation actuelle ou passée de drogues illi-
• La situation sociale actuelle, avec qui le cites, quantités absorbées, voies d'administra-
patient vit; le statut marital, la profession et la tion et conséquences.
situation financière, le mode d'habitation et les
commodités, les hobbies et intérêts sociaux. Histoire médico-légale. Antecedents de
délinquance et de délits criminels, historique des
sanctions et condamnations infligées.
Comprendre les différents appareils

Personnalité p r é m o r b i d e . Personnalité du
patient avant le début de la maladie psychia-
trique: Discours et pensées circonstanciés
• l'attitude envers les autres, dans ses relations Les pensées apparaissent lentes avec incorporation
sociales, familiales et sexuelles; de détails inutiles et non significatifs. Le but de la
pensée est cependant atteint.
• l'attitude envers soi et le caractère;
• les croyances religieuses et les critères Écholalie
moraux; Il s'agit d'une imitation automatique, par le patient,
• l'humeur habituelle; du discours d'une autre personne. Ceci survient
même si le patient ne comprend pas le sens des
• les activités de loisirs et les centres d'intérêts;
paroles.
• la vie fantasmatique;
• la réaction habituelle face au stress. Fuite des idées
Le discours devient un flux de pensées accélérées
avec des changements brutaux de thèmes et sans
aucune idée centrale. Les relations entre les
• EXAMEN DU STATUT MENTAL pensées peuvent être basées sur :
- des relations aléatoires;
Ce paragraphe couvre la symptomatologie psy- - des associations hasardeuses ;
chiatrique (les signes de la maladie) telle qu'elle - des stimuli distracteurs;
apparaît au moment de l'interrogatoire. De plus, - des associations verbales, par exemple
allitérations et assonances.
on peut obtenir des informations par d'autres
sources, comme les observations des infirmières Néologisme
chez les patients hospitalisés; ces sources doi- C'est un mot nouveau construit par le patient, ou
vent également être utilisées, car le malade ne un mot de tous les jours utilisé de manière
particulière par le patient.
reconnaît pas toujours ses symptômes psycho-
pathologiques. Par exemple, un patient dont Réponses à côté
l'équipe d'infirmières a observé qu'il présentait Les réponses aux questions, bien que clairement
des hallucinations auditives peut nier, pendant incorrectes, démontrent que les questions sont
comprises. Par exemple, quand on demande « De
un entretien structuré, ses troubles de percep-
quelle couleur est l'herbe? », le patient peut
tion. Les critères suivants peuvent être recher- répondre « Bleue ».
chés lors d'un examen de l'état mental :
Persévération
Dans les persévérations (d'expressions et de
mouvements) les opérations mentales continuent
Apparence et comportements au-delà de ce qui est nécessaire. Les types
caractéristiques de persévération du langage sont :
• Présentation générale ; - la palilalie : le patient répète un mot avec une
• Posture et mouvements; fréquence croissante;
- la logoclonie : le patient répète la dernière
• Niveau de contact visuel;
syllabe du dernier mot.
• Niveau d'activité;
• Comportement social ; Barrages
• Comportement relationnel. Il s'agit d'une interruption soudaine d'une
association d'idées, avant qu'elle soit complète,
laissant un « blanc ». Après une période de silence,
le patient ne pourra plus se rappeler ce qu'il vient
de dire ou voulait dire.

(D'après Puri BK, Laking DJ, Treasaden IH Relâchement d'association (trouble formel de la
(1996): Textbook of psychiatry. Edinburgh: pensée)
Il survient particulièrement dans la schizophrénie.
Churchill Livingstone.)
Troubles psychiatriques: comment les repérer ?

Discours • Obsessions: pensées répétitives qui s'impo-


• Débit; sent au sujet, mais que le patient reconnaît
• Quantité; comme étant irrationnelles et auquel il ne peu!
• Articulation; pas résister efficacement (Point de révision 8.4)
• Forme: la manière dont le patient s'exprime. On demandera aux patients: « Est-ce que vous
Des exemples de troubles formels du discours conservez certaines pensées qui n'ont pas de
sont donnés dans le Point de révision 8.2; sens bien que vous ayez essayé de les chasser
• Éventuels néologismes (Point de révision de votre esprit? »;
8.2);
• Si le discours est perturbé, rapportez par écrit
un exemple illustratif.
Les thèmes obsessionnels comprennent:
La peur de faire du mal à autrui.
Humeur La saleté et la contamination.
L'agressivité.
• Évaluation objective (basée sur les antécé-
Des thèmes à contenu sexuel.
dents, l'apparence, le comportement et la tenue) ;
Des thèmes à contenu religieux.
• Évaluation subjective. Demandez à votre
patient « Comment vous sentez-vous? », et
« Dans quel état d'esprit vous trouvez-vous? »;
• Anxiété;
• Humeur et émotion (Point de révision 8.3).

Acrophobie : peur de l'altitude.


Contenu de la pensée Agoraphobie : littéralement, peur de la place
publique. Il s'agit d'un syndrome s'accompagnant
• Préoccupations (idées morbides et inquié- d'une grande anxiété, ou de conduite d'évitement,
de lieux ou de situations desquelles il serait difficile
tude);
ou embarrassant de s'échapper, ou dans lesquelles
une aide peut s'avérer impossible dans le cas d'une
attaque panique ou de symptômes voisins. La peur
peut être occasionnée par :
- les foules ;
- les espaces ouverts et fermés ;
- les grands magasins ;
- certaines situations sociales ;
- les transports en commun.
L'affectivité est l'ensemble des comportements
observables qui sont l'expression d'un état perceptif, Algophobie : peur de la douleur.
vécu, subjectif (émotion) et variable dans le temps, Claustrophobie : peur des espaces fermés.
en réponse à des états émotionnels changeants. Phobies de stimuli internes : comprend des phobies
Affect émoussé obsessionnelles ou des phobies de certaines
L'expressivité émotionnelle est grandement réduite. maladies, ce qui recoupe l'hypocondrie.
Athymhormie - Apathie Phobie sociale : peur des relations interpersonnelles
C'est une absence totale ou quasi totale en public, comme:
d'expressivité émotionnelle. - parler en public ;
Affect inapproprié - manger en public;
C'est un affect inapproprié à la pensée ou à la - rencontrer des gens.
parole qui l'accompagne. Phobie spécifique (simple) : peur de situations ou
Labilité affective d'objets (par exemple, des serpents) particuliers.
La perception externe et labile n'est pas en Xénophobie : peur des étrangers.
relation avec les stimuli externes ou le contexte. Zoophobie : peur des animaux.
Comprendre les différents appareils

• Phobies, telles que celles décrites dans le • Idées délirantes, comme celles présentées
Point de révision 8.5. Une phobie est une peur dans le Point de révision 8.6. Un délire est une
irrationnelle et persistante d'une activité, d'un fausse conviction personnelle basée sur l'infé-
objet ou d'une situation, qui conduit à l'évite- rence d'une réalité extérieure, fermement soute-
ment. La peur est hors de proportion avec le nue en dépit des opinions des autres, et ce
danger réel et irraisonnée, étant au-delà du malgré des preuves irréfutables et évidentes du
contrôle volontaire; contraire. Cette conviction n'est pas celle habi-
• Idées suicidaires. Commencez à les évaluer tuellement acceptée par les autres membres de
par une question comme « Vous est-il arrivé de sa culture ou sous-culture (par exemple, ce n'est
penser que la vie n'était pas digne d'être pas un point de croyance religieuse) ;
vécue? » ; • Idées surévaluées. Une telle idée est une vive
• Idées d'homicide. Vous demanderez à votre préoccupation déraisonnable, soutenue avec une
patient: « Vous est-il arrivé d'éprouver le souhait intensité délirante. L'idée ou la conviction soute-
de faire du mal à quelqu'un? ». nue est manifestement fausse, tranche fortement
avec celles du groupe culturel du patient, et il y a
un investissement émotionnel très intense;
Croyances et interprétations • Perception délirante. Une signification nou-
velle et délirante est attribuée à une perception
anormales des événements
réelle et habituelle, sans aucune raison logique.
• Notez leur contenu, leur début et leur degré
d'intensité;

Thème du délire Conviction délirante


De persécution Le patient est persécuté.
De pauvreté Le patient est pauvre, ruiné.
De référence Le comportement des autres, les objets et les événements (comme des reportages
radio, télévisés ou des articles de journaux) ont une signification particulière pour le
patient. Lorsque de telles idées sont tenues avec moins de conviction délirante, elles
sont appelées idées de référence.
D'auto-accusation Le patient est coupable.
Erotomanie Une autre personne est intensément amoureuse du patient (survient surtout chez
les femmes envers un homme de rang social souvent plus élevé).
D'infidélité (jalousie Le conjoint ou l'amant du patient est infidèle.
pathologique ou délirante)
De grandeur Le patient croit exagérément en sa propre puissance et son importance.
De dédoublement Une personne connue du patient a été remplacée par un double.
Syndrome de Fregoli Une personne proche du patient a pris différentes apparences et est reconnue en
d'autres personnes.
Nihilisme Les autres, le patient lui-même ou le monde n'existent pas, ou sont en passe de
cesser d'exister.
Somatique Croyance délirante se rapportant au fonctionnement du corps du patient.
Bizarre Croyance totalement improbable ou bizarre.
Systématisé Série d'idées délirantes réunies par un thème commun, ou idée délirante avec de
multiples elaborations.
D'après Puri BK, Laking PJ, Treasaden IH (1996): Textbook of psychiatry. Edinburgh: Churchill Livingstone.
Troubles psychiatriques: comment les repérer ?

Expériences anormales
• Distorsions sensorielles. Modifications d'in-
tensité, de qualité (par exemple distorsions Différentes modalités sensorielles
visuelles) ou de forme spatiale. Hallucinations auditives : elles peuvent survenir
• Illusions. Une illusion est une perception pendant une dépression (hallucinations
fausse d'un stimulus externe réel. désobligeantes, à la seconde personne du singulier)
et dans la schizophrénie (hallucinations à la troisième
• Hallucinations, cf. Point de révision 8.7. Une
personne et commentaires détaillés).
hallucination est une perception sensorielle
Hallucinations tactiles : elles prennent habituellement
fausse en l'absence de stimulus externe réel. Elle
le masque de sensations sur ou juste sous la peau,
est perçue comme étant bien localisée dans l'es- par exemple sensation d'insectes rampant sous la
pace, ayant les mêmes qualités de réalité que les peau (formication).
perceptions normales, et elle n'est pas soumis à Hallucinations visuelles : elles orientent souvent vers
des manipulations conscientes. un syndrome cérébral organique.
• Les pseudo-hallucinations sont une forme
Autres types particuliers d'hallucinations
d'imagerie survenant dans le champ intérieur
Hallucinose: hallucinations (habituellement auditives)
subjectif de la conscience, qui n'a pas la sub- survenant en pleine conscience, habituellement au
stantialité des perceptions normales et n'est pas cours d'une intoxication alcoolique chronique.
soumise à des manipulations conscientes; Réflexe : une stimulation dans une modalité
• Troubles de la conscience de soi (troubles de sensorielle donnée provoque une hallucination dans
l'ego): ils incluent la dépersonnalisation, dans une autre modalité sensorielle. Par exemple, un
schizophrène pourra ressentir une douleur vive dans
laquelle le patient ressent qu'il est changé ou
la jambe chaque fois qu'un autre patient l'appelle par
irréel d'une certaine façon, et la déréalisation,
son nom, et il croira que la voix du patient est la
dans laquelle l'environnement externe ne semble cause de sa douleur.
pas réel. Dépersonnalisation et déréalisation
Fonctionnelle : le stimulus provoquant l'hallucination
peuvent toucher les personnes normales, en est ressenti simultanément à l'hallucination elle-
période de grande fatigue par exemple. même. Par exemple, une schizophrène pourra
entendre des voix faisant des commentaires à son
propos chaque fois qu'elle tire la chasse d'eau des
toilettes.
Fonctions supérieures cognitives Autoscopie (aussi appelée image du miroir
fantôme) : le patient se voit lui-même et sait qu'il
• Si l'on suspecte une désorientation, on éva- s'agit de lui.
luera l'orientation dans le temps et dans l'espace Extracampine : l'hallucination survient en dehors du
en demandant au patient l'heure, la date, l'en- champ sensoriel du patient: un schizophrène croit
droit où il vit, et en l'interrogeant sur son nom et voir Adolf Hitler debout derrière lui, au coin de son
son identité; champ visuel, mais dès qu'il se retourne, celui-ci
disparaît.
• On évaluera l'attention et la concentration en
Phénomènes rampants : des objets en mouvement
soumettant le patient au test des séries de sept:
sont vus comme une série d'images particulièrement
demandez-lui de soustraire 7 de 100, et de discontinues. Ils surviennent habituellement après la
poursuivre la soustraction du chiffre 7 du prise d'hallucinogènes.
nombre restant, le plus rapidement possible. On Hypnopompique : les hallucinations (habituellement
notera le temps mis pour atteindre un chiffre visuelles ou auditives) apparaissent lors du réveil ;
inférieur à 7. Si le test est trop difficile, utilisez le elles peuvent survenir chez les personnes normales.
chiffre 3 ou demandez au patient de réciter à Hypnagogique : les hallucinations (habituellement
rebours les noms des jours de la semaine ou des visuelles ou auditives) apparaissent lors de
mois de l'année; l'endormissement; elles peuvent survenir chez les
personnes normales.
• La concentration étant une attention soute-
nue, commencez par le test des séries de sept;
(D'après Puri BK, Laking PJ, Treasaden IH (1996) : Textbook
s'il est réalisé de manière adéquate, il n'est pas of psychiatry. Edinburgh : Churchill Livingstone.)
nécessaire de vérifier l'attention séparément. Les
Comprendre les différents appareils

troubles de l'attention se manifestent lorsque


l'attention du patient est trop fréquemment atti-
rée vers des stimuli extérieurs sans importance L'amnésie est une incapacité à se rappeler des
ou distracteurs; expériences passées.
• Mémoire (cf. chapitre 7) : L'hypermnésie est une faculté de rétention et de
- Le rappel immédiat peut-être évalué en rappel exagérée.
demandant aux patients de répéter immé- La paramnésie est un rappel erroné conduisant à
diatement une séquence de chiffres énon- une falsification de la mémoire, par exemple :
cés (habituellement, il se situe entre 5 et 9 - confabulation : les trous de mémoire sont
inconsciemment compensés par des faux
chiffres avec une moyenne de 7) ;
événements, comme dans le syndrome
- L'apprentissage peut être évalué en don- amnésique (de Korsakoff).
nant au patient un nom et une adresse et - déjà vu : le sujet a l'impression que la situation
en lui demandant de les répéter. Notez les actuelle a déjà été vue ou vécue auparavant.
erreurs; - déjà entendu: illusion d'une reconnaissance
auditive.
- La mémoire à court terme peut être évaluée
- déjà pensé : illusion de reconnaître une
en demandant aux patients de répéter, cinq nouvelle pensée.
minutes plus tard, le nom et l'adresse don- - jamais vu : illusion de ne pas reconnaître une
nés lors de l'évaluation de l'apprentissage. situation familière.
Notez les erreurs ; - falsification rétrospective : de faux détails sont
ajoutés au rappel de faits réels par ailleurs.
- La mémoire des faits récents peut-être éva-
luée en demandant aux patients de citer les (D'après Puri BK, Laking PJ, Treasaden IH (1996): Textbook
of psychiatry. Edinburgn: Churchill Livingstone)
nouvelles importantes des deux jours pré-
cédents ;
- La mémoire à long terme peut être évaluée
plus formellement, en demandant au Autocritique*
patient de donner sa date et son lieu de
naissance; Si le patient a des troubles psychiatriques, son
- Les troubles de la mémoire sont présentés degré d'introspection, d'« insight », peut-être
dans le Point de révision 8.8. évalué en lui demandant s'il se considère comme
• Les connaissances générales peuvent être éva- malade, s'il accepte le fait d'avoir une maladie
luées en demandant au patient de nommer des psychiatrique et qu'un traitement est nécessaire.
personnalités connues, les couleurs du drapeau
national et cinq capitales d'un continent donné;
• On jugera cliniquement si l'intelligence du
SYNDROMES PSYCHIATRIQUES
patient se situe dans une moyenne habituelle sur
la qualité des réponses qu'il fera aux questions FRÉQUENTS
de culture générale, sur les réponses aux ques-
tions lors de la prise d'antécédents et de l'examen • SCHIZOPHRÉNIE
mental, et sur le niveau d'éducation atteint (à par-
tir de l'anamnèse). La démence est un déficit glo- Le tableau de la schizophrénie comprend un ou
bal et organique des fonctions intellectuelles plusieurs des signes cliniques caractéristiques
sans troubles de la conscience, alors que la suivants:
pseudo-démence ressemble cliniquement à la • modifications de la pensée;
démence mais n'a pas d'origine organique; • modifications de la perception;
• On retrouvera dans les chapitres 7 et 13 de ce • affectivité émoussée ou inappropriée;
livre des évaluations supplémentaires de l'état • fonctionnement social réduit.
cognitif, qu'il faudra mettre en œuvre si l'on sus-
pecte un trouble mental organique comme la
démence. * Insight, le terme anglais est aussi utilisé [NdT|.
Troubles psychiatriques: comment les repérer ?

Passivité
Les fonctions cognitives sont habituellement
intactes au début de la maladie. Le patient a l'impression d'être le réceptacle pas-
sif de sensations somatiques ou corporelles
issues d'un agent extérieur.
Symptômes de premier rang
Perception délirante
de Schneider
Une perception réelle est suivie d'une interpréta-
En l'absence de pathologie cérébrale organique, tion erronée et délirante de cette perception.
la présence de symptômes de premier rang de
Schneider non pathognomoniques oriente vers
une schizophrénie. Autres symptômes
Hallucinations auditives Voici des symptômes souvent décrits comme
Elles peuvent être de plusieurs types : ayant une importance particulière dans le dia-
• les voix entendues peuvent répéter tout haut gnostic de la schizophrénie, mais qui ne sont
les pensées du patient au moment où celui-ci les pas pathognomoniques:
émet, juste après qu'elles aient été émises, ou par
anticipation, juste avant qu'elles ne le soient; A u t r e s idées délirantes comme une identité
• les voix peuvent discuter avec le patient en religieuse ou politique, des capacités et des pou-
parlant de lui à la troisième personne; voirs surhumains.
• les voix peuvent faire un commentaire sur le Hallucinations persistantes de toutes modali-
patient. tés, lorsqu'elles sont accompagnées soit d'idées
délirantes éphémères ou à demi-formées, sans
Intrusion dans les pensées contenu affectif clair, soit d'idées surinvesties
Le patient croit que ses pensées sont sous le persistantes, ou lorsqu'elles surviennent tous les
contrôle d'un système externe, ou que d'autres jours, pendant des semaines. Une idée surinves-
participent à ses pensées. Les types suivants tie est une préoccupation irraisonnée soutenue
d'intrusions dans les pensées sont des symp- sans conviction totale délirante; l'idée ou la
tômes de premier rang: croyance est manifestement fausse et n'est pas
• le patient peut croire que des pensées exté- partagée par d'autres personnes de la même
rieures (étrangères) ont été insérées en lui ou par culture. Elle est fortement empreinte d'émotion
un intermédiaire extérieur (intrusion dans la et associée à une adhésion exagérée,
pensée) ; Troubles au c o u r s de la pensée diffluente et
• le patient peut croire que ses pensées ont été relâchement des a s s o c i a t i o n s peuvent mener
retirées de son esprit par un agent extérieur (vol à un discours incohérent ou h o r s de p r o p o s .
de pensées) ; Ils peuvent également être responsables des
n é o l o g i s m e s , où le patient construit de nou-
• le patient peut croire que ses pensées sont
veaux mots ou emploie des mots de tous les
lues par d'autres comme si elles leur étaient
jours de façon inhabituelle.
transmises (devinement de la pensée).
C o m p o r t e m e n t catatonique. Les symptômes
Émotions, impulsions et actions forcées comprennent la stupeur catatonique dans
laquelle le patient ne répond plus, est akinétique,
Le patient a le sentiment que son libre arbitre ne
mutique et pleinement conscient, et une a g i t a -
lui appartient plus et qu'un agent extérieur
t i o n ; le patient peut passe d'un état à l'autre. Les
contrôle ses :
autres symptômes sont l'adoption par le patient,
• émotions (émotions et pensées imposées) ;
pendant une longue période, d'une posture
• impulsions (impulsions forcées);
bizarre, une flexibilité cireuse (connue égale-
• actions (actes imposés).
ment sous le nom de cerea flexibilitas), dans
laquelle on peut modifier la position longue-
Comprendre les différents appareils

ment maintenue des membres du patient, et un • diminution marquée de la libido;


négativisme, dans lequel le patient résiste à • aménorrhée.
toutes les instructions et à toutes les incitations
à la mobilisation.
Des s y m p t ô m e s négatifs surviennent typique- Examen de l'état mental
ment dans la schizophrénie chronique. Ils com-
prennent une apathie profonde, une pauvreté du Voici les signes remarquables au cours de l'exa-
discours, une avolition, des affects abrasés, men de l'état mental :
émoussés ou inappropriés. Ils conduisent le plus
souvent à un retrait et à un appauvrissement des L'apparence
capacités sociales. Lorsque l'on identifie des Typiquement, un visage dépressif comprend un
symptômes négatifs, il faut éliminer d'autres regard triste, une chute des commissures
causes possibles d'une telle symptomatologie, labiales et un front plissé, avec la présence d'un
comme la dépression ou un traitement par neu- pli vertical entre les sourcils. En général, il y a peu
roleptiques. de contacts visuels avec l'interlocuteur. Il peut
Un changement significatif et p r o f o n d de exister des signes directs de perte de poids, avec
certains aspects de la personnalité se manifeste un patient d'apparence émaciée, voire déshy-
par une perte d'intérêt, un apragmatisme, une draté. Des signes indirects d'une perte de poids
indifférence, une attitude renfermée sur soi et un récente peuvent se manifester par des vêtements
retrait social. trop amples. Il peut y avoir des signes de négli-
gence personnelle, comme une apparence négli-
gée, une mauvaise hygiène corporelle et des
• ÉPISODE DÉPRESSIF habits sales.

C'est une dépression de l'humeur, une perte Comportement


d'intérêt et du plaisir (anhédonie), une énergie Typiquement, un ralentissement psychomoteur
réduite (conduisant à une asthénie et à une acti- apparaît.
vité réduite), une attention et une concentration
amoindries, des idées de culpabilité et d'inutilité Discours
et un appauvrissement de l'estime de soi. Les Le patient s'exprime lentement et il a un temps
symptômes peuvent entraîner un sentiment de de latence avant de répondre aux questions.
perte d'espoir et la conviction que la vie ne vaut
pas la peine d'être vécue, ce qui mène à des Humeur
idées suicidaires. L'humeur est typiquement triste et s'accompagne
d'un sentiment marqué de désespoir. Peuvent s'y
associer une anxiété, une irritabilité et une agita-
Symptômes biologiques tion. Le patient peut se plaindre d'un manque
d'énergie et d'entrain, ainsi que d'une impossibi-
Les modifications somatiques ou physiolo- lité à ressentir du plaisir (anhédonie). Ceci s'ac-
giques suivantes surviennent fréquemment: compagne d'une perte d'intérêt pour ses
• diminution de l'appétit avec perte de poids; activités normales et pour ses hobbies.
• constipation;
• insomnie avec réveil matinal au moins deux Pensées
heures avant l'heure habituelle (réveil matinal Le patient a des idées pessimistes concernant
précoce) ; son passé, son présent et son futur, ainsi que
• variation diurne de l'humeur. L'humeur du des idées délirantes de pauvreté et de maladie.
réveil est souvent très déprimée, s'améliorant au Recherchez d'éventuelles idées suicidaires. Des
cours de la journée pour être meilleure le soir. Ce velléités d'homicide peuvent également être pré-
cycle diurne peut se répéter tous les jours ; sentes.
Troubles psychiatriques: comment les repérer ?

Perceptions • MANIE
Dans les cas sévères, le patient peut avoir des
hallucinations auditives congruentes à l'humeur, L'humeur est exagérément amplifiée, ce qui peut
perçues à la seconde personne et au contenu conduire soit à une euphorie, soit à une irritabi-
désobligeant. lité et à de la colère. On constate également une
énergie accrue, une hyperactivité, un discours
Fonctions cognitives très rapide, un sommeil réduit, une perte des
Un problème de concentration peut faussement inhibitions sociales et sexuelles, une attention et
faire croire au patient qu'il a aussi des troubles une concentration amoindries. Pendant l'épisode
de la mémoire. Chez le patient senescent, la pré- maniaque, le patient peut devenir très dépensier
sentation peut ressembler à celle d'une démence (prodigalité), entreprendre des projets irréalistes,
(cf. chapitre 13). avoir une conduite sexuelle débridée et, s'il est
irritable et en colère, être inutilement agressif.
Dans la manie sévère, il peut développer une
activité physique et une agitation très intenses et
• DEGRÉ
durables, qui peuvent conduire à un comporte-
D'INTENTIONNALITÉ SUICIDAIRE ment agressif et violent. Des négligences alimen-
DANS LE PARASUICIDE taires (nourriture et boisson) et d'hygiène
Après un acte de parasuicide (auto-agressivité personnelle peuvent conduire à des états graves
volontaire), c'est-à-dire un acte autonome réa- de déshydratation et d'autonégligence.
lisé délibérément qui ressemble à un acte suici-
daire mais qui ne mène pas au décès, il est
important d'évaluer l'importance de l'intention- Examen de l'état mental
nalité suicidaire au moment de l'acte. Un certain
nombre de questions doivent être posées pour Voici les signes à repérer lors de l'examen :
évaluer précisément cette disposition d'esprit:
• Quelles sont l'explication, la(es) raison(s) pro- Apparence
bables) et le(s) but(s) d'une telle tentative? Le patient peut porter des vêtements extrava-
• Est-ce que le patient souhaite toujours mourir? gants et bigarrés. Dans des cas sévères, il peut y
• À quels problèmes est confronté le patient? avoir des signes de négligence, et le patient
• Souffre-t-il d'une maladie psychiatrique, et si apparaît débraillé et déshydraté.
c'est le cas, en quoi est-elle liée à la tentative?
• Le patient a-t-il les ressources pour s'en sor- Comportement
tir et quels sont ses soutiens? L'hyperactivité est caractéristique : il peut être dif-
• Quel type d'aide pourrait être approprié? Le ficile de convaincre le patient de s'asseoir tran-
patient souhaite-t-il cette aide? quillement pour l'interroger.

POINT PRATIQUE Discours


Une intentionnalité suicidaire importante se Une logorrhée est caractéristique: le flux et
manifeste par les signes suivants : l'abondance de la parole sont grands, et il peut
L'acte a été planifié auparavant. être difficile d'interrompre le patient.
Des précautions ont été prises pour le dissimuler.
Le patient n'a recherché aucune aide après coup. Humeur
Une méthode dangereuse a été utilisée comme
l'usage d'une arme à feu, la noyade, la pendaison Le patient peut être euphorique, ou bien irritable
ou l'électrocution. et colérique.
Il y a eu un acte final comme faire un testament
ou laisser une lettre Pensées
Il y a eu une importante préméditation. Le patient peut surestimer ses qualités, son
Le patient admet une intention suicidaire.
importance, et avoir des opinions surévaluant
Comprendre les différents appareils

ses actes. La fuite des idées est fréquente dans Phobie sociale
les cas sévères avec une tachypsychie (idées qui
changent brutalement de thèmes, passant du Les phobies sont centrées autour de la peur
coq à l'âne sans direction générale). Dans la d'être observé par d'autres, dans des groupes
manie sévère, les idées grandioses peuvent tour- relativement restreints. En conséquence, le
ner au délire, l'irritabilité et la suspicion au délire patient évitera les situations sociales comme
de persécution. manger en public, parler en public ou rencontrer
quelqu'un du sexe opposé.
Perceptions
La perception des couleurs peut devenir particu-
lièrement vive, l'attention est exagérément prêtée Phobie spécifique (isolée)
aux petits détails de surface et de texture avec
une sensibilité exacerbée aux sons (hyperacou- Les phobies sont restreintes à des situations très
sie). Dans les cas graves, des hallucinations peu- particulières comme:
vent apparaître; elles sont auditives (et • la proximité d'animaux;
confirment par exemple les délires mégaloma- • l'altitude.;
niaques du patient: « Vous êtes la personne la • le tonnerre;
plus importante du monde ») ou visuelles (le • l'obscurité;
patient peut, par exemple, se voir assis sur un • le voyage en avion ;
trône, ou dans un décor religieux). • les espaces clos;
• certaines nourritures;
Fonctions supérieures
• les soins dentaires.
L'attention et la concentration sont réduites.
De plus, il peut exister une peur d'être exposé à
Jugement et auto-critique des maladies particulières comme:
L'autocritique est absente dans un épisode • le sida;
maniaque. Après l'accès aigu, la restauration du • les troubles liés aux radiations (surtout les
discernement et, en particulier, la prise de rayons X).
conscience du comportement lors de la phase
aiguë, peuvent plonger le patient dans un état
dépressif. Troubles paniques

Ce sont des attaques d'anxiété importantes


• TROUBLES NÉVROTIQUES (panique) qui ne sont pas propres à certaines
LIÉS AU STRESS situations et qui sont donc imprévisibles. Les
symptômes sont les suivants :
ET TROUBLES SOMATOFORMES • une tachycardie soudaine;
• une douleur thoracique;
Agoraphobie • une boule dans la gorge;
Elle regroupe un certain nombre de phobies • un accès de vertiges;
génératrices d'angoisse (Point de révision 8.5) • des sudations;
incluant la peur de: • des tremblements;
• quitter son domicile; • une dépersonnalisation;
• se mêler à la foule; • une déréalisation.
• se trouver sur une place publique;
• voyager seul dans les transports en commun. Il peut en résulter une peur secondaire de mou-
rir ou de devenir fou. Les accès ne durent en
En conséquence, le patient peut rester cloîtré à général que quelques minutes.
domicile.
Troubles psychiatriques: comment les repérer ?

Troubles d'anxiété généralisée • TROUBLES DU


COMPORTEMENT ALIMENTAIRE
Une angoisse généralisée et persistante peut
survenir et être présente à tout moment, sans Anorexie mentale
forcément être favorisée par une situation parti-
culière. Voici les symptômes typiques : Le caractère principal est la perte de poids déli-
• une sensation permanente de nervosité; bérée, provoquée et/ou entretenue par le patient.
• un tremblement; La perte de poids est auto-provoquée par
• une tension musculaire; diverses stratégies:
• des sudations; • en évitant les nourritures « grasses »;
• une sensation de tête vide; • en provoquant des vomissements;
• des palpitations; • par la prise de purgatifs;
• des vertiges ; • par un exercice excessif;
• une bouche sèche; • par un abus de diurétiques;
• une pesanteur abdominale; • par un abus d'anorexigènes.
• une fréquente et pressante envie d'uriner;
• des troubles du sommeil. Les signes et symptômes sont les suivants :
• apparence maigre et émaciée (avec une
masse corporelle 15 % en dessous de la masse
Troubles obsessionnels compulsifs attendue, ou un indice de masse corporelle infé-
2
rieur à 17,5 kg/m );
Ce sont des idées récurrentes et obsessionnelles • distorsion de l'image corporelle avec peur de
et/ou des actes compulsifs que le patient recon- l'obésité ;
naît comme les siens et auxquels il ne peut pas • aménorrhée chez la femme (malgré la prise
résister (bien que dans des cas très durables, il de contraception orale, des saignements vagi-
existe une résistance certaine). Les idées obses- naux occasionnels peuvent survenir) ;
sionnelles ont habituellement un effet anxiogène • diminution de la libido et des fonctions érec-
(Point de révision 8.4); elles peuvent être, par tiles chez l'homme;
exemple, des idées: • signes de déshydratation ;
• violentes; • gonflement des glandes salivaires;
• obscènes; • caries dentaires;
• blasphématoires; • défaut de développement de la poitrine chez
• insensées. les jeunes filles lors de la croissance prépuber-
taire;
Le patient peut également être déprimé. • défaut de développement génital chez les
hommes lors de la croissance prépubertaire;
• lanugo (souvent sur le visage et le dosj ;
Stress post-traumatique • pilosité axillaire et pubienne présente (alors
qu'elle est absente ou rare dans l'hypopituita-
Il constitue la réponse retardée et/ou prolongée risme);
d'un événement stressant ou d'une situation de • mauvaise circulation périphérique.
nature exceptionnellement menaçante ou catas-
trophique, comme un viol ou une torture. Le Les symptômes psychiatriques les plus habituel-
patient revit le traumatisme de façon répétée lors lement associés à l'anorexie mentale sont:
de flash-backs, ou fait des rêves dans un tableau • des comportements obsessionnels-compul-
persistant où coexistent une torpeur, des émo- sifs, comme un lavage des mains et un contrôle
tions émoussées, une anhédonie, une mise à du poids;
distance des autres et l'évitement de tout ce qui • l'anxiété, particulièrement en rapport avec la
peut rappeler le traumatisme. nourriture et l'alimentation ;
Comprendre les différents appareils

• des troubles de l'humeur: épisode dépressif L'utilisation du questionnaire « CAGE » pour éva-
et humeur labile. luer l'importance de la consommation du patient
a été présentée page 142. D'autres signes de la
dépendance alcoolique sont présentés dans le
Boulimie Point pratique ci-dessous.

Les signes caractéristiques comprennent des POINT PRATIQUE


crises de boulimie et une préoccupation exces- Certains aspects de la dépendance alcoolique :
sive pour le contrôle du poids, avec une peur Compulsion à boire (désir insatiable).
morbide de l'obésité conduisant à l'adoption de Tolérance croissante (de plus en plus d'alcool est
mesures extrêmes afin d'atténuer les effets nécessaire pour obtenir les mêmes les mêmes
effets).
« grossissants » de la nourriture ingérée, par
Symptômes de sevrage (tremblements matinaux et
exemple en se faisant vomir et en abusant de delirium tremens).
laxatifs, d'anorexigènes, d'extraits thyroïdiens ou
de diurétiques. Voici les symptômes et les
signes: Dans le comportement familial, la dépendance
• masse corporelle dans les limites de la nor- physique et psychologique à l'alcool provoque
male (cf. anorexie mentale) ; toute une série de conséquences sociales,
• cycle menstruel normal chez les femmes légales, affectives et familiales. Se surajoutent
(cf. anorexie mentale) ; ainsi de nombreuses complications physiques,
• gonflement des glandes salivaires; qui sont présentées ailleurs dans le livre.
• œdème facial ou périphérique intermittent; A l'hôpital, il y a deux situations dans lesquelles
• caries dentaires ; l'alcool peut poser de sérieuses difficultés. La
• symptômes et signes de troubles électroly- première est celle du patient intoxiqué, confus,
tiques (par exemple: faiblesse musculaire, aryth- largement perturbé et difficilement contrôlable,
mie cardiaque, insuffisance rénale, crises qui se présente aux urgences avec des complica-
épileptiques, infections urinaires et crises de tions graves comme un traumatisme crânien. La
tétanie). seconde est celle d'un patient se révélant alcoo-
lique alors qu'il consulte pour une autre maladie,
comme une pneumonie, et qui présente des
• INTOXICATION ALCOOLIQUE symptômes de sevrage comme des tremble-
ments et des sudations. Cette situation évolue en
C'est l'un des problèmes psychiatriques les plus deux à quatre jours vers un delirium tremens
fréquents, et donc le plus susceptible d'être ren- avec confusion, désorientation et crises épilep-
contré par les étudiants ou les jeunes médecins. tiques.
Les problèmes médicaux
liés à la grossesse

Ce chapitre présente les signes et les symptômes • les antécédents médicaux sont inconnus et
de la grossesse normale, signes qui, dans une anomalie congénitale ou post-rhumatis-
d'autres circonstances, peuvent être considérés male cardiaque peut ne pas avoir été diagnosti-
comme pathologiques. quée.

• SYMPTÔMES Palpitations

La plupart des femmes enceintes et en bonne La fréquence cardiaque augmente au cours de la


santé auront au moins un des symptômes sui- grossesse, mais la patiente ne le remarque que
vants : rarement. Des bruits occasionnels ectopiques
d'origine atriale ou ventriculaire sont communs
et n'ont pas de signification. Des palpitations
Essoufflement prolongées, qui peuvent être accompagnées
d'étourdissements ou de syncopes, sont habi-
Les trois-quarts des femmes enceintes souffrent tuellement provoquées par une tachycardie
d'essoufflement. Près de la moitié d'entre elles supraventriculaire. Cette situation survient plus
seront essoufflées en montant plus d'une volée fréquemment que chez les femmes non gravides
de marches alors que les autres le seront lors et peut réapparaître à chaque grossesse.
d'un effort physique trivial comme la marche en Rappelez-vous également que l'hyperthyroïdie
terrain plat. est fréquente au cours de la grossesse.
L'étiologie est incertaine; ce n'est pas simple-
ment dû à un utérus gravide car certaines
femmes deviennent essoufflées avant la 20 e
Œdème des chevilles
semaine de gestation, et les symptômes sont les
e
plus marqués autour de la 30 semaine. Toute- Un œdème des membres inférieurs prenant le
fois, un essoufflement modéré apparaissant de godet et s'aggravant au cours de la gestation et
manière progressive chez une femme en bonne à la fin de la journée est une constatation nor-
santé ne nécessite pas d'examen complémen- male. Il survient chez près de 80 % des femmes
taire. et est dû à la gêne au retour veineux occasion-
née par l'utérus gravide, associé à une diminu-
Par contre, l'essoufflement chez une femme doit tion de la pression oncotique (résultant d'une
être prise en compte si: diminution de la concentration d'albumine).
• il apparaît brutalement; L'œdème des chevilles doit attirer l'attention si :
• il est associé à des sifflements; • il existe des antécédents de maladies car-
• il est associé à une douleur thoracique et/ou diaque ou rénale;
à une hémoptysie; • il est unilatéral suggérant une thrombose vei-
• il existe un antécédent de maladie pulmo- neuse.
naire ou cardiaque;
Comprendre les différents appareils

indigestion Il s'agit habituellement de l'hépatite A, mais des


études virologiques sont nécessaires pour
La plupart des femmes souffrent d'indigestion et déterminer le type de l'hépatite et établir le
de brûlures gastriques pendant la grossesse, risque pour la mère et l'enfant.
particulièrement au cours du troisième trimestre. Deux troubles sont caractéristiques de la gros-
L'ulcère peptique au cours de la grossesse est sesse :
rare. • la cholestase récidivante de la grossesse, qui
survient dans le dernier trimestre, est caractéri-
sée par un prurit isolé ou avec ictère, des urines
Nausées et vomissements foncées et des selles décolorées. Après l'accou-
chement, les symptômes régressent et le pro-
La nausée matinale chez une jeune femme est, nostic est bon ;
virtuellement, un diagnostic de grossesse. Pen- • la stéatose aiguë du foie de la grossesse est
dant la grossesse, 85 % des femmes présentent rare et touche déjeunes primipares au cours du
des nausées et/ou des vomissements. Alors que troisième trimestre. Les patientes deviennent
l'essentiel des symptômes est concentré au rapidement malades avec un ictère, des vomis-
cours du premier trimestre, près de 20 % en sements et des douleurs abdominales. Le pro-
souffrent tout au long de la grossesse. Quand nostic de la mère et de l'enfant est mauvais.
les vomissements sont très sévères, ils sont
désignés sous le terme hyperemesis gravidarum. POINT PRATIQUE

N'oubliez pas qu'une femme enceinte peut avoir


des maladies intercurrentes
Constipation Tachycardie - Hyperthyroïdie
Pollakiurie - Diabète (mais notez qu'une glycosurie
est habituelle au cours de la grossesse)
Elle est très fréquente au cours de la grossesse et Douleurs abdominales - Appendicite aiguë
peut-être suffisamment gênante pour provo- Essoufflement - Asthme
quer un inconfort abdominal. Un apport en fer Jaunisse - hépatite virale
peut l'aggraver.

Pollakiurie
• EXAMEN CLINIQUE (Fig. 9.1)
Les mictions urgentes, fréquentes et nocturnes
sont habituelles chez la femme enceinte. Dans Les modifications de la peau et du système car-
certains cas, ces symptômes sont ceux d'une diovasculaire au cours de la grossesse peuvent
infection urinaire; la seule manière de le vérifier simuler des maladies organiques graves.
est de pratiquer une uroculture.

La peau
Ictère pendant la grossesse*
Pendant la grossesse, la peau subit certaines
L'ictère doit toujours être considéré de manière modifications, la plus notable est l'hyperpigmen-
sérieuse et l'avis d'un gastro-entérologue est tation, mais deux signes, en l'absence d'ictère,
essentiel. Dans la plupart des cas, il est dû à une peuvent orienter vers une maladie hépatique:
maladie intercurrente comme une hépatite virale. • les angiomes stellaires : ils surviennent chez
plus de 50 % des femmes enceintes, apparais-
e e
sant entre la 8 et la 20 semaine; ils sont indis-
* Ceci n'est évidemment pas un symptôme habituel de cernables de ceux des maladies chroniques
grossesse. hépatiques;
Les problèmes médicaux liés à la grossesse

Figure 9 . 1 . Examen clinique d'une femme enceinte.

• l'érythème palmaire: ce signe clinique non • le choc apexien est progressivement déplacé
spécifique apparaît chez 70 % des femmes et, à la fin du troisième trimestre, il peut se situer
enceintes, souvent sur toute la surface des à 2 cm latéralement de la ligne médioclaviculaire
e
paumes. dans le 4 espace intercostal ;
• le troisième bruit cardiaque, résultant d'un
remplissage ventriculaire rapide, peut être
Système cardiovasculaire audible chez plus de 50 % des femmes
enceintes;
La circulation devient hyperdynamique au cours • un souffle systolique, naissant de la valve
de la grossesse et le cœur tourne autour de son pulmonaire ou tricuspide, peut être perçu chez la
axe antéro-postérieur à mesure que l'utérus majorité des femmes enceintes; le souffle n'est
grandit. Plusieurs signes cliniques expriment ces jamais particulièrement intense mais peut-être
modifications: perçu largement devant l'aire précordiale;
• le pouls périphérique est plus ample et la fré- • en plus des souffles d'origine valvulaire, des
quence cardiaque est augmentée; souffles systoliques (probablement dus à une
Comprendre les différents appareils

augmentation du flux dans les vaisseaux mam-


maires) peuvent être entendus de chaque côté
du sternum; Une femme enceinte et en bonne santé peut
• par contre, un souffle prend une certaine présenter des symptômes qui dans d'autres
importance au cours de la grossesse s'il est circonstances seront considérés comme anormaux :
Essoufflement
intense et varie au cours de la respiration, et s'il
Palpitations
est holosystolique ou mésosystolique. Œdème des chevilles
Indigestion, nausées et vomissements
Constipation
Pollakiurie
Les signes cliniques de la grossesse sont :
Érythème palmaire
Angiome stellaire
Pigmentation de la peau
Tachycardie avec pouls ample
Souffle systolique modéré
Troisième bruit cardiaque
Troubles endocriniens

Le diabète sucré et les troubles de la fonction


thyroïdienne sont de loin les affections endo-
crines les plus fréquentes observées en pratique Diabète sucré.
clinique. Diabète insipide central (déficit en ADH).
Diabète insipide nephrogénique (résistance à l'ADH).
Hypercalcémie :
• DIABÈTE SUCRÉ - hyperparathyroïdie ;
- maligne;
Le diabète sucré affecte 2 à 3 % de la population
- sarcoïdose.
dans la majorité des pays occidentaux. Il est deux
Hypokaliémie.
à trois fois plus fréquent chez les peuples afro-
Médicaments (dont diurétiques).
caraïbes et du sous-continent indien. Chez un
Insuffisance rénale chronique.
patient avec des symptômes typiques, le diagnos-
tic est confirmé si le taux de glucose dans le sang : Absorption excessive de sel.

• est supérieur à 7,0 mmol/l chez un patient à ADH : Hormone anti-diurétique.

jeun;
• est supérieur à 11,1 mmol/l sur un échantillon
prélevé au hasard.
Classification (Point de révision 10.2)
Le test de tolérance au glucose n'est nécessaire
que si la glycémie est inférieure à ces taux. La plupart des cas peuvent être classés en :
L'hyperglycémie dans le diabète est due à un • type 1 : Diabète insulinodépendant avec défi-
déficit relatif ou absolu en insuline, à une résis- cit sévère en insuline.
tance à l'action de l'insuline des tissus périphé- • type 2: Diabète non insulinodépendant avec
riques, ou à ces deux situations combinées. déficit modéré en insuline et résistance à celle-ci.

La plupart des patients nouvellement dépistés


Comment se présente le diabète? vont présenter ces symptômes (Point de révi-
sion 10.3) mais l'hyperglycémie peut être asymp-
Voici les symptômes typiques initiaux dus à l'hy- tomatique et détectée par un bilan systématique
perglycémie : chez une personne en bonne santé. Un mode de
• soif (Point de révision 10.1 pour les autres présentation aigu avec une acidocétose diabé-
causes); tique oriente vers un déficit sévère en insuline.
• polyurie provoquée par une diurèse osmo- À la phase aiguë, les patients présentent une
tique induite par la glycosurie; déshydratation, des douleurs abdominales et
• perte de poids (variable selon le type de dia- une respiration acidocétosique (Kussmaul), une
bète) ; acidose métabolique, et des cétones qui don-
• prurit vulvaire chez les femmes; nent à l'haleine une odeur de pommes vertes,
• balanite chez l'homme. aisément reconnaissable.
Comprendre les différents appareils

Type Caractéristiques cliniques Type Caractéristiques cliniques


d'orientation d'orientation
Type 1 Cétonurie modérée ou grave Pancréatique
Histoires courtes (quelques Hémochromatose Pigmentation
semaines) Hépatomégalie
Symptômes sévères Hypogonadisme
Perte de poids rapide
Famille immédiate prenant Pancreatite chronique Douleurs abdominales
de l'insuline Épisodes précédents de pancréatite
Histoire familiale de maladies aiguë
auto-immunes Dépendance alcoolique
Type 2 Carcinome Douleurs abdominales
Obèse Plus de 120 % du poids idéal Perte de poids disproportionnée
chez deux tiers des patients
Distribution abdominale Endocriniens
de l'obésité (androïde) Maladie de Cushing
Plutôt résistance à l'insuline Acromegalie Caractères cliniques typiques
que déficit en insuline Hyperthyroïdie
Phéochromocytome
Hyperaldostéronisme
Type 2 Moins de 120 % du poids idéal Glucagonémie
Non obèse
Déficit en insuline plutôt latrogènes
qu'une résistance à l'insuline Steroides
Bêtabloquant
Diurétique thiazidique
Type 2 Pas de cétonurie
Caractères Histoire plus longue Syndromes génétiques
généraux (mois ou années) MODY Début du diabète de la maturité
Symptômes discrets/modérés chez les jeunes : transmission
autosomique dominante
Complications au diagnostic DIDMOAD Diabète insipide, diabète sucré,
dans 50 % des cas atrophie optique et surdité

Le diabète de type 2 peut se présenter par un voque une sensation de soif. Vous devez toute-
coma hyperosmolaire non cétonique dans fois garder en mémoire d'autres causes de soif
lequel l'hyperglycémie progressive provoque ou de polyurie, bien qu'elles soient beaucoup
une déshydratation sévère, les taux d'insuline plus rares (Point de révision 10.1).
sont suffisants pour prévenir l'acidocétose.

Liste des autres points importants


Histoire et antécédents de l'histoire
Les patients se présentent typiquement avec l'un Le diabète peut provoquer d'autres symptômes
de ses trois symptômes majeurs: que le patient n'évoquera pas spontanément.
• la soif; Vous devez rechercher:
• la polyurie; • un prurit vulvaire chez la femme et une bala-
• la perte de poids. nce chez l'homme, conséquences de la glycosu-
rie et de l'infection au Candida ;
La polyurie est provoquée par une diurèse • une vision trouble en rapport avec les modifi-
osmotique induite par la glycosurie, ce qui pro- cations osmotiques liées au glucose du cristallin ;
Troubles endocriniens

ment de la prise éventuelle de stéroïdes, de bêta-


bloquants ou de diurétiques thiazidique.
Examen systématique
Bilan de santé pour assurance et/ou embauche
Symptômes L'examen clinique
Cf. texte
Urgences hyperglycémiques Celui-ci varie dans une certaine mesure, en fonc-
Acidocétose diabétique tion de la manière dont se présente le patient.
Coma hyperosmolaire non cétonique Vous devez rechercher :
Complications au diagnostic • des signes qui orientent vers une étiologie
Diabète de type 2 seulement possible du diabète;
- Micro-vasculaires: • des complications du diabète, en particulier
Faible acuité visuelle (retinopathies)
Maux perforants plantaires (neuropathie sensitive)
chez les patients avec un diabète de type 2 chez
Insuffisance rénale (néphropathie) qui la phase préclinique peut durer plusieurs
- Macro-vasculaires : années; la moitié d'entre eux présenteront des
Maladies cardiaques ischémiques signes de complications au diagnostic (Point de
Claudication révision 10.4);
- Cérébro-vasculaires
• d'autres maladies additionnelles qui peuvent
influencer la prise en charge.
Recherchez d'abord des étiologies possibles
• des douleurs épigastriques récidivantes ou comme:
une perte de poids continue, dues à une atteinte • des vergetures et l'asthénie musculaire proxi-
pancréatique; male de la maladie de Cushing;
• des douleurs à type de picotements ou de • des mains en battoir et une hypertrophie
brûlures des pieds et des mollets, ou une insen- mandibulaire qui orientent vers une acromégalie;
sibilité progressive et indolore des pieds, dues à • l'exophtalmie, la transpiration et la tachycar-
une atteinte des nerfs sensitifs; die de l'hyperthyroïdie;
• une transformation en griffe des orteils, en • une pigmentation grise sale de la peau et une
raison d'une atrophie des muscles plantaires hépatomégalie qui peuvent suggérer une hémo-
intrinsèques, provoquant une hyperpression sur chromatose.
les têtes des métatarsiens consécutive à l'atteinte
des nerfs moteurs; Recherchez des signes de perte de poids et com-
• une impuissance et une hypotension ortho- parez avec des mesures prises lors d'une hospi-
statique lors de la neuropathie végétative; talisation antérieure.
• des ulcères du pied peuvent se développer,
Vous devez rechercher des signes spécifiques :
car la neuropathie masque la perception d'une
pression anormale ou d'un traumatisme, par Rétinopathie
exemple avec des chaussures blessantes;
La rétinopathie proliférante menaçant la vision
• des douleurs aux mollets lors de la marche est habituellement asymptomatique jusqu'à ce
(claudication intermittente); des douleurs thora- que survienne une hémorragie du vitré, faisant
ciques à l'effort dues à une atteinte corona- brutalement perdre la vision. Elle est plus fré-
rienne; et un accident vasculaire cérébral dû à quente dans le diabète de type 1. Dilatez la
une atteinte cérébro-vasculaire; pupille et examinez attentivement la rétine et la
• une destruction des tissus superficiels par macule de l'œil pour rechercher:
des injections répétées d'insuline au même • des micro-anévrismes capillaires et des
endroit (lipohypertrophie). micro-hémorragies rétiniennes;
• des exsudats fixes, petites plaques bien limi-
Certains médicaments sont diabétogènes; c'est tées correspondant à des dépôts lipidiques réti-
pourquoi vous devez vous enquérir spécifique- niens;
Comprendre les différents appareils

Complications Commentaire
Rétinopathie
Acuité visuelle Échelle de Snellen
Cataracte Perte du reflet rouge
Dilatez la pupille (examen
rétinien)
Nephropathie
Tension artérielle
Proteinurie Albustix
Neuropathie
Périphérique sensitive Pique Touche Figure 10.1. Infarctus rétinien dans le diabète. Ces
Sensibilité vibratoire aspects sont non spécifiques et peuvent être observés
dans d'autres maladies systémiques comme la
Moteurs Amyotrophie diabétique polyartérite et l'endocardite bactérienne subaiguë. Ces
Végétative Hypotension orthostatique aspects sont parfois décrits comme des tâches
cotonneuses.
Impuissance
Mono neuropathie Paralysie des nerfs
crâniens lll/VI, steppage
• néo-vaisseaux (Fig. 10.2), symptômes clefs
Pieds
de la rétinopathie proliférante se développant au
Cal Des points de pression niveau de la papille ou de la rétine périphérique;
Déformation Orteils en griffe • irrégularités et tortuosités veineuses ;
Hallux valgus • maculopathie, plus fréquente dans le dia-
Arthropathie de Charcot
bète de type 2: l'œdème ou l'ischémie se déve-
loppent dans la région maculaire et provoquent
Ulceration
une baisse progressive de l'acuité visuelle.
Maladies vasculaires
Périphérique Vérifiez le pouls/les bruits.
Coronaire Vérifiez le pouls/les bruits
Cérébro-vasculaire
Peau
Nécrobiose
Sites d'injections Lipohypertrophie

POINT PRATIQUE

Vous devez toujours examiner l'urine du patient à


la recherche d'une néphropathie :
microalbuminurie et protéines urinaires chaque
fois que vous verrez le patient.

Figure 10.2. Rétinopathie diabétique. Dans ce cas, les


néo-vaisseaux sont observés sur la papille. D'autres
• infarctus rétiniens (Fig. 10.1), aussi appelés exemples de retinopathies diabétiques sont présentés
tâches cotonneuses; dans les figures 16.11 a et b.
Troubles endocriniens

Neuropathie
table avec l'Albustix, ce qui est habituellement
La neuropathie diabétique a une distribution associé à une hypertension progressive et une
« en gants et en chaussettes »; vous recherche- augmentation de la créatinine. L'insuffisance
rez aux membres distaux : rénale terminale se développe en moyenne sur
• des signes objectifs d'hypoesthésie ; sept à dix années.
• des signes objectifs de déficit musculaire;
• des ulcères de neuropathie (Fig. 10.3) secon- Lésions artérielles
daires à l'hypoesthésie et au déficit musculaire. Recherchez toujours les principaux pouls. L'at-
teinte vasculaire est habituelle chez les diabé-
Nephropathie tiques chroniques.
La micro-albuminurie est le premier signe de la
néphropathie. Au fur et à mesure de l'augmen-
tation des protéines urinaires, elle devient détec- • MALADIES THYROÏDIENNES
Le dysfonctionnement de la glande thyroïde
peut exister depuis longtemps avant que le
patient ne ressente des symptômes. C'est parti-
culièrement vrai pour une glande thyroïde peu
active, car des symptômes vagues tels qu'un
« ralentissement général et une prise de poids »
peuvent être mis sur le compte du vieillissement.

Histoire clinique

Les patients avec une atteinte thyroïdienne se


plaignent:
• d'un gonflement du cou, habituellement
indolore, dû à l'augmentation de la thyroïde
(goitre, Fig. 10.4a et b);
• de symptômes liés à une modification de la
fonction thyroïdienne (hyper/hypothyroïdie) ;
• d'un gonflement et de symptômes d'un dys-
fonctionnement thyroïdien.

Les symptômes d'hyperthyroïdie ou d'hypothy-


roïdie sont présentés dans le Point de révi-
sion 10.5.
Le patient ou ses proches peuvent avoir noté un
gonflement du cou et craindre une atteinte
maligne. Vous devez savoir si le gonflement est
douloureux, caractère inhabituel des atteintes
Figure 10.3. Mal perforant plantaire d'un pied
diabétique. Dans le diabète, il peut exister une
thyroïdiennes en dehors de la thyroïdite de de
neuropathie mixte. La neuropathie motrice provoque Quervain ou de l'hémorragie d'un kyste thyroï-
une atrophie des muscles intrinsèques du pied avec dien. La déglutition peut-être affectée par un
une disposition en griffe des orteils et une goitre volumineux et multinodulaire, qui peut
proéminence de la tête des métatarsiens. Marcher sur (rarement) provoquer une compression tra-
ces métatarsiens anormalement proéminents mais
indolores provoque des ulcérations en face de la tête
chéale avec un stridor.
de ces os.
Comprendre les différents appareils

Hyperthyroïdie Hypothyroïdie
Perte de poids Prise de poids
Thermophobie Frilosité
Diarrhée Constipation
Palpitations
Fibrillation auriculaire Bradycardie
Oligoménorrhée Ménorragies
Sudation accentuée Peau sèche.
Cheveux fins
Myopathie proximale Douleurs musculaires
Fatigabilité Fatigabilité

(a)
• EXAMEN DE LA THYROÏDE
Commencez l'observation face au patient pour
rechercher un gonflement évident autour du
cou.
Puis, tenez-vous derrière votre patient assis, pal-
pez l'isthme central et les deux lobes de la thy-
roïde (Fig. 10.5), puis recherchez des ganglions
lymphatiques locaux, sites habituels d'extension
secondaire des carcinomes thyroïdiens.
Demandez à votre patient d'avaler une gorgée
d'eau :
• le gonflement thyroïdien se mobilise vers le
haut lors de la déglutition;
• une glande immobile oriente vers une atteinte
maligne.

Les étiologies d'une hypertrophie thyroïdienne


sont présentées dans le Point de révision 10.6.

Q u e rechercher lorsque l'on suspecte u n e


hyperthyroïdie?

Les premières impressions sont importantes. Les


signes caractéristiques d'une hyperthyroïdie sont:
• une apparence anxieuse et agitée;
• un regard fixe en raison de l'hyperactivité des
(b) muscles élévateurs de la paupière supérieure.
Figure 10.4. Vue antérieure (a) et latérale (b) d'un
goitre multinodulaire avec une augmentation importante
Demandez à votre patient de regarder votre
de l'isthme. doigt et de le suivre lors d'un déplacement vers
Troubles endocriniens

Causes Signes cliniques


Déficit en iode Endémique
Non toxique
Auto-immunes
- Maladie de Basedow Goitre diffus
Souffle systolique
Hyperthyroïdie
Ophtalmopathie
- Thyroïdite d'Hashimoto Goitre diffus
Occasionnellement
sensible
Hypothyroïdie
Viral Goitre sensible
Hyperthyroïdisme
transitoire
Nodules solitaires Adénome toxique
Kyste simple
Figure 10.5. Palpation de la glande thyroïde. Tenez-
Nodule d'une glande
vous derrière ou juste à côté de votre patient. Pendant
multinodulaire
l'examen demandez à votre patient de prendre de l'eau
dans la bouche et de l'avaler. Une glande non fixée Déficit enzymatique Rare
ascensionne à la déglutition. Physiologique Puberté
Grossesse
Maligne Habituellement: carcinome
le bas; un retard de la descente de la paupière Rarement: lymphome
supérieure synchrone avec la pupille (asynergie
oculo-palpébrale) est fréquemment observé
dans l'hyperthyroïdie. Notez que les mains sont
chaudes, moites et tremblent légèrement quand
les bras sont tendus. Palpez le pouls : une tachy-
cardie au repos est fréquente, et une fibrillation
Fréquentes
auriculaire survient dans 5 à 10 % des cas. La Maladie de Basedow (Fig. 10.6)
pression artérielle systolique peut être augmen- Goitre multinodulaire
tée avec un élargissement de la différentielle. La Adénome toxique
glande thyroïde peut se développer en arrière du Moins fréquentes
sternum mais ceci est difficile à percevoir clini- Thyroïdite de Quervain
quement. Médicaments: amiodarone
Thyréotoxicose
Les étiologies de l'hyperthyroïdie sont présen-
tées dans le Point de révision 10.7.
La maladie de Basedow associe d'autres signes • un œdème périorbitaire touchant les pau-
cliniques spécifiques. Une ophtalmopathie asso- pières et les glandes lacrymales, habituellement
ciée coexiste habituellement avec l'hyperthyroï- plus marqué le matin;
die, mais peut précéder ou accompagner de • un Chemosis provoquant des yeux doulou-
plusieurs années les troubles de la fonction thy- reux et sales qui peuvent apparaître rouges et
roïdienne. Recherchez particulièrement: infectés;
Comprendre les différents appareils

Figure 10.6. Lésions sévères asymétriques oculaires


dans la maladie de Basedow. Cette femme présente
une exophtalmie, un œdème des paupières inférieures
et un Chemosis.

• une ophtalmoplégie peut provoquer une


diplopie, plus fréquemment dans le regard vers
le haut, due à une atteinte du muscle oblique
inférieur;
• une exophtalmie résulte d'infiltration par
des cellules inflammatoires et un gonflement des Figure 10.7. Représentation schématique des signes
muscles oculomoteurs. L'augmentation de la cliniques du myxœdème hypothyroïdien.

pression de l'orbite pousse le globe vers l'avant


et le nerf optique peut être comprimé ceci pro-
voque une atteinte visuelle (Fig. 10.6); • la raréfaction des cheveux et des sourcils;
• le myxœdème prétibial est un épaississe- • un visage et des membres boursouflés;
ment rouge violacé de la peau des tibias et des • une voix lente et grave;
pieds dans la maladie de Basedow. La cause est • une bradycardie;
inconnue; • un retard à la relaxation musculaire bien
• l'acropathie thyroïdienne ressemble à observé en recherchant le réflexe achilléen chez
l'hippocratisme digital, mais touche également le un patient à genou sur une chaise.
néo-os sous-périosté observé sur une radiogra-
phie des mains; Les étiologies fréquentes d'hypothyroïdie sont
• la myopathie touche fréquemment les présentées sur le Point de révision 10.8.
muscles proximaux et, si elle est sévère, peut
empêcher le patient de se lever de sa chaise ou
de monter les escaliers. • MALADIE HYPOPHYSAIRE
Que rechercher lorsque l'on suspecte
une hypothyroïdie? (Fig. 10.7 et 2.2)
Les signes florides d'hypothyroïdie sont rare-
ment observés dans les pays développés, en rai-
son de l'usage répandu des tests de la fonction Thyroïdite d'Hashimoto
thyroïdienne. Les signes passent inaperçus car Iode radioactif
ils apparaissent lentement. Post-thyroïdectomie
Une hypothyroïdie majeure est caractérisée par: Déficit en iode (endémique)
• une peau sèche et écailleuse;
Troubles endocriniens

Comme pour la thyroïde, la glande hypophy-


saire provoque une maladie en raison de son
hypertrophie, d'un changement de fonction, ou
des deux. Les adénomes hypophysaires de
moins d'un centimètre sont appelés microadé-
nomes, et ceux de plus d'un centimètre des
macroadénomes.
A mesure que le macro-adénome ou une
tumeur parasellaire croît, il comprime les struc-
tures environnantes comme le chiasma optique
(Fig. 10.8). En conséquence, les patients se plai-
gnent le plus souvent de céphalées et de
troubles visuels.
Les macroadénomes lèsent également le tissu
hypophysaire normal, provoquant un hypopi-
tuitarisme progressif. Les gonadotrophines et
l'hormone de croissance sont les plus sensibles,
suivies de l'hormone thyrostimulante (TSH), puis
l'hormone corticotrope (ACTH) et très rarement
l'arginine-vasopressine ou hormone anti-diuré-
tique (AVP ou ADH). Les conséquences cliniques
d'un déficit hypophysaire sont résumées dans le
Point de révision 10.9.

Déficit Enfant Adulte


Figure 10.8. Présentation clinique d'une tumeur
LH Retard pubertaire Aménorrhée hypophysaire.
FSH Infertilité
Impuissance
Atténuation des
caractères sexuels Le panhypopituitarisme provoque des symp-
secondaires tômes non spécifiques de léthargie, de fatigabi-
GH Retard de croissance Diminution de la lité, d'anorexie et de perte de poids. Les patients
puissance musculaire sont habituellement pâles avec une peau fine et
Augmentation de la lisse. Les caractères sexuels secondaires sont
graisse abdominale absents; chez l'homme, les testicules sont petits
TSH Hypothyroïdie Hypothyroïdie
et mous, alors que les seins sont peu développés
chez la femme. Il peut exister des signes cli-
Retard de croissance
niques d'hypothyroïdie.
ACTH Insuffisance Insuffisance
Une atteinte aiguë décompensée en insuffisance
surrénalienne surrénalienne
hypophysaire est caractérisée par un coma, une
ADH Diabète insipide Diabète insipide
hypothermie, une hypotension, une hypoglycé-
LH : Luteinzing Hormone. FSH : Follicule-Stimulating mie et une hyponatrémie.
Hormone. G H : Growth Hormone (hormone de croissance).
TSH : Thyroïd-Stimulating Hormone. ACTH :
AdrenoCorticoTropic Hormone. ADH : Anti-Diuretic Hormone.
Comprendre les différents appareils

Tumeurs sécrétantes
Les tumeurs sécrétantes peuvent produire un
excès d'hormones.
La plus fréquente est le prolactinome. Un excès Augmentation de la taille des mains et des pieds
de prolactine provoque chez la femme une Arcades orbitaires proéminentes
galactorrhée et une aménorrhée avec infertilité, Épaississement des lèvres et de la langue
chez l'homme une impuissance avec perte de la Plis naso-labiaux marqués
Croissance mandibulaire (prognathisme)
libido. Les hommes présentent habituellement Troubles de l'articulé dentaire (dents inférieures en
de grandes tumeurs (macroprolactinomes) qui avant des supérieures)
provoquent des signes de compression locale. Agrandissement de la langue
Un macroadénome à GH qui survient avant la Hypersudation et peau grasse
puberté provoquera une accélération de la Pathologies associées
croissance et un gigantisme. Chez l'adulte, il pro- Syndrome du canal carpien
voque une acromégalie, avec des signes caracté- Hypertension artérielle
Diabète sucré
ristiques (Point de révision 10.10). Elle survient de Goitre
manière insidieuse car seuls 50 % des patients Ostéoarthrite
ou leur entourage le remarquent. Cardiomégalie
Pour les autres 50 %, c'est un médecin, une infir-
mière ou un étudiant en médecine qui posera le
diagnostic lors d'une observation de routine. Les Syndrome de Cushing
adénomes à CH étant souvent des macroadé- Bien que le syndrome de Cushing soit rare, il
nomes, les patients peuvent également présenter provoque fréquemment une prise de poids, une
des signes cliniques d'hypopituitarisme. hypertension artérielle et un diabète. Ce syn-
drome résulte de l'exposition prolongée à un
taux excessif de glu coco rticoïde, ce qui peut sur-
venir de quatre manières différentes :
• une corticothérapie exogène;

Syndrome de Cushing Obésité


Distribution de la graisse Abdominale Généralisée
« Face lunaire »
« Cou de bison »
Jambes minces
Peau Fine/fragile Normale/épaissie
Ecchymoses ++ Pas d'ecchymoses
Vergetures pourpres de l'abdomen inférieur Stries blanches
Muscles Myopathie proximale Normaux
Os Osteoporose Normaux
Hypertension artérielle Oui Possible
Diabète Oui Possible
Règles Oligoménorrhée Habituellement normales
Œdème ++ +/-
Troubles endocriniens

• une tumeur surrénalienne bénigne ou


maligne produisant un excès de cortisol;
• une production ectopique d'ACTH par une Chez un patient présentant une soif, une polyurie et
tumeur non hypophysaire. La plus fréquente est une perte de poids, une glycémie à la volée de plus
un cancer à petites cellules du poumon ; de 11.1 mmol/litre confirme le diabète.

• un adénome hypophysaire sécrétant de Les patients sont séparés en diabètes de type 1


(déficit absolu en insuline) et de type 2 (déficit
l'ACTH. Les glandes surrénaliennes sont stimu-
relatif en insuline et insulinorésistance).
lées et augmentent souvent de taille.
Les autres diabètes ont des causes pancréatiques,
endocrines, iatrogènes et génétiques.
Différencier un syndrome de Cushing d'une
Au diagnostic, 50 % des patients diabétiques de
obésité nutritionnelle est cliniquement impor- type 2 ont des complications.
tant, car le taux de mortalité est élevé dans les Les complications micro-vasculaires principales sont
syndromes de Cushing non traités (Point de la rétinopathie, la neuropathie et la néphropathie.
révision 10.11). Les maladies de la thyroïde et de l'hypophyse se
Des patients avec une production ectopique présentent comme des troubles du volume, de la
d'ACTH due à une tumeur ne survivent habituel- fonction ou des deux.
lement pas suffisamment longtemps pour déve- L'hyperthyroïdie dans la maladie de Basedow peut
lopper les signes classiques du syndrome de coexister avec une ophtalmopathie associée,
ou en être distante de plusieurs années.
Cushing. Ils pourront avoir des taux très élevés
d'ACTH et développer une pigmentation généra- Une tumeur hypophysaire non sécrétante provoque
un hypopituitarisme en détruisant le tissu
lisée. Les taux élevés de cortisol provoquent une
hypophysaire normal.
hypokaliémie qui peut aggraver la myopathie
sévère.

• MALADIE SURRÉNALIENNE

Maladie d'Addison
La destruction auto-immune du cortex surréna-
lien provoque un déficit de sécrétion en gluco-
corticoïdes et en minéralocorticoïdes. Les
principaux symptômes sont le malaise, l'ano-
rexie et la perte de poids, avec des épisodes de
douleurs abdominales. À l'examen, le patient est
souvent maigre et atrophique avec une hypo-
tension orthostatique due à une perte de sel et
d'eau résultant du déficit en aldostérone. On
observe une pigmentation généralisée de la Figure 10.9. Pigmentation des plis palmaires
d'une maladie d'Addison.
peau (Fig. 2.7) dans 50 % des cas liés à l'ACTH et
aux peptides de l'antéhypophyse, dont la sécré-
tion est augmentée en réponse à un taux trop
faible de cortisol. La pigmentation est particuliè-
rement remarquable dans les plis palmaires
(Fig. 10.9), les zones de pression des vêtements
et la muqueuse buccale.
Signes cliniques
des maladies de la peau

La peau est un organe aux fonctions physiolo- On surestime souvent le fait que les signes cli-
giques vitales. Parce qu'elle est immédiatement niques cutanés sont des manifestations de
visible, tout le monde souhaiterait que la sienne maladies internes même si elles en révèlent cer-
soit sans défaut. L'industrie cosmétique, qui taines. Par exemple la pâleur d'une anémie, la
brasse des milliards d'euros, est basée sur ce transpiration excessive d'un phéochromocy-
désir compréhensible et profond de perfection; tome, la rougeur des joues d'une maladie
il est alors aisé de comprendre que les maladies mitrale, l'ictère d'une obstruction biliaire, plus
de la peau mettent une pression psychologique simplement, l'âge et le sexe du patient sont des
hors de proportion avec les effets que la mala- manifestations cliniques cutanées évidentes au
die produit sur la fonction de la peau. Cette stig- premier coup d'œil. De plus, il existe des réac-
matisation provoque fréquemment un embarras tions spécifiques de la peau qui peuvent orienter
et un évitement des contacts sociaux et sexuels. vers des troubles internes, comme ceux qui sont
présentés dans le Point de révision 11.1.
Le propos de ce chapitre n'est pas de décrire
individuellement toutes les maladies dermatolo-
giques, mais d'attirer l'attention sur les tableaux
des réactions cutanées et de souligner les états
qui permettent la construction raisonnée d'un
diagnostic.
Éruption Causes habituelles
ou association
Acanthose nigricans Malignité (habituellement
estomac)
• HISTOIRE CLINIQUE
Dermatomyosites Malignité (ovaires, Lorsque vous prenez l'histoire clinique:
bronches) • Commencez par bien écouter;
Erytheme noueux Cf. Fig. 11.1 et Point de • Soyez prêt à réunir les pièces de l'histoire du
révision 11.11 patient comme celles d'un puzzle;
Ichtyose (acquise) Malignité • Ne soyez pas tenté de sauter l'interrogatoire,
Telangiectasias ungueales Connectivités pour regarder rapidement la peau et poser un
Nécrobiose lipidique Diabète sucré (Fig. 11.2)
diagnostic rapide souvent erroné;
• Ne préjugez jamais de ce que le patient va
Nodule Maladie rhumatoïde
(Fig. 11.3).
vous dire - un adolescent avec une importante
Goutte (Fig. 17.1) acné du visage peut venir consulter pour son
Myxoedème prétibial Hyperthyroïdie (Fig. 11.4)
pied d'athlète ou une femme âgée avec un can-
cer évident peut venir pour parler de son inter-
Pyoderma gangrenosa Colite ulcéreuse
trigo. Vous les interrogerez plus tard sur les
(Fig. 11.4)
anomalies supplémentaires que vous avez
Livedo réticulé Polyartérite noueuse
notées.
Xanthelasma Hypercholestérolémique
Signes cliniques des maladies de la peau

Figure 11.1. Erytheme noueux. Voici la distribution Figure 11.2. Nécrobiose lipidique. La topographie de
caractéristique des nodules chauds et sensibles de la cette complication relativement rare du diabète est
peau sur la face antérieure des tibias. typique.

Figure 11.3. Volumineux nodule rhumatoïde du coude. Figure 11.4. Pyoderma gangrenosum du genou d'une
Cette lésion s'est ulcérée ultérieurement. femme avec une rectocolite hémorragique. Cette lésion
a cicatrisé trois semaines après la rectocolectomie
totale.
Comprendre les différents appareils

De manière générale, les problèmes cutanés


peuvent être divisés en deux grands groupes :
• les tumeurs cutanées, bénignes ou malignes, PERTE DES CHEVEUX
avec des tâches ou des anomalies localisées qui, Généralisée
quoique mineures, préoccupent grandement le
Maladies graves
patient (Fig. 11.5);
• des éruptions généralisées, ainsi que les Hypothyroïdie

atteintes des annexes de la peau comme les Hypopituitarisme


glandes sudoripares, les cheveux (Point de révi- Déficit en fer
sion 11.2) et les ongles (Point de révision 11.3). Médicaments Particulièrement les
cytotoxiques
Localisée

Calvitie masculine Distribution caractéristique


La plainte actuelle
Pelade Cuir chevelu d'aspect normal

Qu'elle est la raison de la consultation? Est-ce Cicatrice Perte des follicules pileux
simplement l'apparence de l'éruption ou des Infections Bactériennes et fungiques
symptômes associés? La démangeaison et l'in- Traumatique Habitude, style capillaire
flammation ont-elles précédé toute manifesta-
Lichen plan Follicules avec bouchons
tion visible? Quelle était l'aspect originel de la cornés
lésion ? L'évolution et le traitement, approprié ou
Lupus érythémateux Follicules avec bouchons
cornés
HYPERPILOSITÉ (HYPERTRICHOSE)
Généralisée
Raciale Sous-continent indien
Familiale

Ovaires polykystiques Souvent le seul symptôme


Anorexie mentale Lanugo
Médicaments Par exemple la cyclosporine
Androgène Tumeur surrénalienne
Hyperplasie surrénalienne congénitale
Localisée
Naevoïde
Maladies cutanées inflammatoires
Occlusion Par exemple le plâtre
de Paris

inefficace, peuvent avoir grandement modifie


Figure 11.5. Lésions de la paroi thoracique chez un l'aspect de la dermatose. Si l'atteinte est diffuse
patient avec une neurofibromatose. C'est heureusement
le cas chez ce patient où les tumeurs étaient
dans quelle région le phénomène a-t-il com-
relativement minimes sur la peau du visage et mencé? Une tâche ancienne a-t-elle soudaine-
affectaient peu le patient. ment changé?
Signes cliniques des maladies de la peau

Les lésions qui sont cachées, derrière l'oreille ou


dans le dos, peuvent avoir été découvertes pour
Affection Causes fréquentes la première fois par l'entourage si elles sont
Onycholyse (soulèvement Psoriasis. Infections asymptomatiques. Y a-t-il une crainte d'un can-
du bord libre) fungiques cer de la peau?
Koïlonychie (aspect en Déficit en fer
POINT PRATIQUE
cuillère) (Fig. 40.1)
Ponctuations Psoriasis (Fig. 11.6) Les règles générales de l'examen s'appliquent
quelle que soit la taille de la lésion. Ces règles
Stries longitudinales Âge vous permettront de distinguer un naevus bénin
Stries transversales Maladies d'un mélanome malin, ou un dermatofibrome
(lignes de Beau) systémiques (Fig. 11.7' anodin d'un sarcome de Kaposi.
Onychogryphose Traumatisme
(épaississement et torsion) (Fig. 14.2)
Stries blanches Infections fungiques
Durée d'évolution
Ongles jaunes Croissance lente De façon surprenante, vous constaterez qu'il est
Hippocratisme Maladies respiratoires très difficile d'avoir une idée précise de la durée
d'évolution des lésions cutanées. C'est particuliè-
rement vrai pour les tumeurs cutanées, et dans
d'autres situations évidentes dans lesquelles les
lésions sont visibles. Généralement, les patients
ont tendance à sous-estimer la durée de pré-
sence des lésions, probablement par embarras
et dans la crainte de reproches s'ils ont tardé à
consulter.

Évolution ultérieure
Qu'est-il arrivé à ces lésions depuis le début? Les
lésions originales ont-elles disparu? Ont-elles
été remplacées par d'autres ou y a-t-il eu une
extension inexorable? L'extension a-t-elle été
rapide? La zone touchée a-t-elle fluctué, retour-
nant parfois à la normale, ou est-ce persistant?
Les lésions sont-elles apparues par poussées?
L'extension suit-elle un schéma particulier? Se
sont-elles étendues du tronc vers les extrémités
ou l'inverse?
Il faudra noter d'éventuelles desquamations,
bulles, suintements, saignements, et surtout
démangeaisons (prurit). Si le prurit est présent, il
faut noter sa périodicité, ses facteurs d'exacerba-
tion et d'apaisement. Les principales causes d'un
prurit généralisé et certains exemples démons-
tratifs de prurit localisé sont présentés dans le
Figure 11.6. Atteinte unguéale du psoriasis. Point de révision 11.4. Les éruptions qui com-
Onycholyse de l'ongle du médius et ponctuations mencent, par exemple, par une bulle, peuvent
de l'ongle de l'annulaire. évoluer vers une érosion ou un ulcère.
Comprendre les différents appareils

Figure 11.7. Bandes blanches sur les ongles d'une Figure 11.8. Herpès de la paroi thoracique chez une
patiente ayant subi de nombreuses cures de femme traitée pour un lymphome.
chimiothérapie pour une leucémie aiguë
lymphoblastique. Les lignes de Beau sont des
dépressions transversales des ongles liées à un défaut
de croissance pendant les maladies graves.

Applications topiques médicamenteuse sont présentées dans le Point


Sans tenir compte de ce qui a été prescrit, il est de révision 11.5.
rare qu'un patient n'ait rien appliqué sur une
éruption avant de solliciter un avis médical : les Histoire familiale et sociale
fréquentes protestations de déni sont contredites Les enquêtes concernant d'autres membres
par l'odeur des produits de consommation fami- atteints de la famille peuvent apporter des infor-
liale. Ce que vous pouvez voir le jour de la mations, non seulement sur des maladies géné-
consultation peut être le résultat de l'automédi- tiques, mais aussi des maladies contagieuses
cation ou d'un traitement inadapté, les conditions banales comme l'impétigo, les teignes ou la gale
initiales s'étant modifiées de façon importante. qui ont pu se transmettre au sein de la famille et
aux amis.

Informations complémentaires Facteurs géographiques


La France est une société multiraciale et les
Précédentes maladies cutanées voyages lointains sont faciles. Des infections tro-

L'histoire peut remonter jusqu'à la naissance.


Certaines ichtyoses peuvent être sévères en
période néonatale (« enfant collodion ») mais
s'améliorent considérablement par la suite.
D'autres, comme l'eczéma atopique, peuvent
évoluer durant une année ou deux mais elles
peuvent rechuter à l'âge adulte.

Autres maladies
Il peut être important de noter les maladies
anciennes et actuelles, ainsi que les médica-
ments prescrits (Fig. 11.8). Certains troubles
reconnaissables dus à des maladies systémiques Figure 11.9. Pityriasis versicolore. Éruption fréquence
sont présentés dans le Point de révision 11.1, et chez ceux qui travaillent dans des environnements
certaines éruptions caractéristiques d'origine chauds. Noter la taille variable des lésions.
Signes cliniques des maladies de la peau

picales inhabituelles, y compris le virus d'immu-


nodéficience humaine, peuvent être contractées
même au cours d'un séjour très bref dans les
zones endémiques. Pour les patients à la peau
claire, habiter pendant de longues périodes dans
des climats chauds et humides peut causer bien
des problèmes (Fig. 11.1). Beaucoup de modifica-
tions cutanées attribués à l'âge (Point de révi-
sion 11.6) sont en fait le résultat de lésions
solaires bien que la protection du rayonnement
solaire ne soit pas un conseil très populaire sur
les plages de Méditerranée. Les effets sont
cumulatifs et l'on pense que l'exposition dans
l'enfance peut être plus délétère que chez
l'adulte.

GÉNÉRALISÉ

Dû à une maladie Exemples


cutanée Figure 11.10. Lichen plan. Éruptions prurigineuses
habituellement observées sur les faces antérieures de
Infections/infestation Teignes, gale, pédiculose,
flexion du poignet. Ces lésions peuvent avoir une forme
morsures d'insectes
polygonale.
Eczéma de tout type
Autres Lichen plan (Fig. 11.10),
urticaire, miliaire rouge,
Activité professionnelle
dermatite herpétiforme, Les maladies cutanées sont l'une des premières
pityriasis rosé de Gibert
causes de demandes d'indemnités pour maladie
Idiopathique Prurit sénile professionnelle. Beaucoup de produits chimiques
Dû à une atteinte industriels peuvent irriter la peau et provoquer
générale une allergie. Il est donc essentiel d'obtenir des
Choléstase précisions sur le type de profession et les condi-
Insuffisance rénale

Polycythémie
Déficit en fer

Lymphome Type d'éruption Etiologies commune


LOCALISÉ Acnéiforme Steroides anabolisants
Paupières Eczéma allergique aux Alopécie Cyclophosphamide, autres
cosmétiques cytotoxiques. sulfamides
Région périanale Idiopathique, hémorroïdes Erythème polymorphe Anti-inflammatoires non
stéroïdiens
Jambe Eczéma astéatotique
ou craquelé Éruption pigmentée fise Phénophtaléine,
fixée sulfamides
Vulve Candidose
Lichénoide Sels d'or, anti-paludéens
Cuir chevelu Pédiculose
(chez l'enfant) Photosensibilité Cyclines, phénothiazines
Membres Morsures d'insectes. Urticaire Pénicilline
Comprendre les différents appareils

tions de travail. Quiconque s'intéresse aux pro-


blèmes cutanés ne manquera aucune opportunité
de visiter les entreprises locales pour se rendre
compte par lui-même de ce qui s'y passe; la
connaissance des pratiques et des termes tech-
niques contribue grandement à la qualité de la
relation médecin-patient.

Réduction globale de
L'épaisseur épidermique
La densité des cheveux
La pigmentation Particulièrement des
poils
La fonction sudoripare Irréversible
L'activité des glandes
sébacées
Le tissu élastique Particulièrement des
zones exposées au
soleil
Modification globale non spécifique
Peau sèche
Prurit Figure 11.11. Modifications cutanées chroniques chez
un homme âgé qui est resté alité.
Eczéma des membres Fig. 11.11
inférieurs
Maladies de la station Loisirs
debout
Lésions locales
Il faut toujours penser qu'ils aussi peuvent occa-
sionner des maladies cutanées.
Purpura Suite à un traumatisme
mineur
Télangiectasies Zones exposées à la
lumière • EXAMEN CLINIQUE
Tumeurs bénignes
Télangiectasies de Après l'âge de
Si l'inspection est, naturellement, une étape
Campbell de Morgon vingt ans incontournable, la palpation aussi est impor-
Kératoses séborrhéiques tante, non seulement pour aider au diagnostic,
Lentigine
mais pour rassurer le patient qui ne doit pas
Zones exposées à la
lumière craindre sa maladie cutanée.
Tumeurs précancéreuses
Kératoses solaires Soleil tropical surtout
Lentigo malin Croissance très lente
Inspection
Tumeurs malignes
Distribution des lésions
Carcinome basocellulaire Zones exposées à la
lumière
Faites toujours un examen complet de la peau
Carcinome spinocellulare Zones exposées à la
chez un patient complètement dévêtu et dans
lumière
une luminosité suffisante. Fiez-vous à votre bon
Signes cliniques des maladies de la peau

sens quant aux parties qui doivent être expo-


sées, et non à des affirmations telles que « ça ne
Généralisées touche que les mains et les jambes », qui peuvent
Albinisme Complète exprimer une gêne au déshabillage. Des signes
diagnostiques vitaux peuvent ainsi être mas-
Hypopituitarisme Relative
qués.
Vitiligo Lésions confluentes
en fin d'évolution

Localisées
Piébaldisme Congénitale

Sclérose tubéreuse de Congénitale Psoriasis Le plus fréquent


Bourneville Eczéma De tout type
Vitiligo Acquis Érythème toxique Par exemple, affections
Post-traumatique Cicatrice, toute cause virales

Lèpre Avec anesthésie locale Allergie médicamenteuse

Morphée + épaississement Lymphome Rare


(sclerodermie localisée Leucémie lymphoïde Rare
ou en plaques) chronique
Inconnue Observée
occasionnellement chez
l'homme âgé
Généralisée

Raciale
Bronzage L'inspection débute vraiment par des observa-
Grossesse tions générales :
Maladie d'Addison Pigmentation généralisée des
• Quelle est la couleur habituelle de la peau?
zones particulièrement Est-elle normale, hypopigmentée (Point de révi-
exposées (Fig. 2.7) avec des sion 11.7), hyperpigmentée (Point de révision 11.8),
taches brunes sur la habituellement rouge ou érythrodermique (Point
muqueuse buccale
de révision 11.9)?
Insuffisance rénale • Quelle est la répartition des lésions sur la sur-
Cachexie face cutanée? Est-ce symétrique? N'y en a-t-il
Hémochromatose davantage dans les plis de flexion ou d'extension
latrogène Par exemple avec le
des articulations? Est-elle limitée aux parties
Busulphan découvertes ce qui oriente vers une photosensi-
bilité (Point de révision 11.10), et une réaction
Localisée
comme un eczéma de contact vers des facteurs
Tâches de rousseur Dans les zones exposées
environnementaux ?
à la lumière
La lentigo Vieillesse
Examinez la totalité du revêtement cutané y
Chloasma Grossesse et pilules compris les ongles et leurs replis, les cheveux et
contraceptives
le cuir chevelu, les oreilles, les méats auditifs
Tâches café au lait S'il y a plus de 6 tâches, externes et la bouche (cf. chapitre 6). Inspectez
pensez à la neurofibromatose
tous les plis y compris axillaire, ombilical, infra-
Peutz-Jeghers Périorale mammaire, ainsi que les régions génitale et
Post-inflammatoire Étiologie fréquente périanale. Enfin, même si le patient est hésitant,
Acanthose nigricans Hyperkératose des plis de retirez les chaussettes, regardez les pieds et
flexion axillaire/autres entre les orteils.
Comprendre les différents appareils

• Une lésion visible, palpable et extensive est


une plaque;
Génétique • Une lésion visible, palpable, extensive et pro-
Albinisme Absence totale de
fonde est un nodule;
mélanine • Un œdème sans modification de l'épidémie
Métaboliques, nutritionnelles superficiel provoque une plaque œdémateuse.
Porphyries Sauf porphyrie aiguë
intermittente
Les bulles remplies de liquide de la peau sont
arbitrairement classées, selon leur taille, les petites
Troubles du métabolisme Par exemple, pellagre
du tryptophane
étant des vésicules et les grandes, des bulles. La
survenue de bulle est un signe d'examen impor-
latrogènes
tant survenant dans différentes maladies:
Phénothiazines • la pemphigoïde dans laquelle surviennent
Tétracyclines et dérivés toujours des bulles;
Diurétiques thiazidiques • l'érythème polymorphe dans lequel la surve-
Piroxicam et autres AINS nue de bulles est inconstante;
• pustules qui contiennent des débris, des leu-
Quinolones
cocytes, des micro-organismes et du liquide,
Idiopathiques
mais qui ne sont pas forcément le signe d'une
Lucite polymorphe Chez les femmes infection ; les pustules de psoriasis, par exemple,
jeunes
sont stériles;
Urticaire solaire • une érosion, due à une perte de l'épiderme, et
Actinoréticulose « actinite Chez les hommes un écoulement consécutif à une sérosité qui, en
réticuloïde »] âgés séchant, forme une croûte. Les érosions évo-
Photosensibilisation topique luent sans altération de la peau, mais les ulcères
Chimique Par exemple les étendus au derme cicatriseront;
parfums • une desquamation, due à une accumulation
Conditions aggravées de kératine, normale ou non, à la surface de la
par la lumière peau. Elle peut représenter le seul signe, comme
LED
dans certaines ichtyoses, ou être accompagnée
d'une inflammation (psoriasis);
LED discoïde
• la desquamation qui est due à la chute de la
Psoriasis Au cours des phases
couche cornée et peut accompagner une
actives
atteinte inflammatoire comme un exanthème,
LED: Lupus érythémateux disséminé: LEC, Lupus érythéma-
teux chronique discoïde.
une réaction médicamenteuse ou une cellulite
AINS : anti-inflammatoires non stéroïdiens. sous-jacente.

La périphérie de la lésion
Les bords de chaque lésion doivent être exami-
nés avec attention. Certaines affections donne-
Morphologie ront des lésions aux bords contrastant
Après avoir déterminé la répartition générale des nettement avec la peau normale, alors que pour
lésions, il est nécessaire de les examiner indivi- d'autres la transition est floue (bords irréguliers
duellement. Une nomenclature a été développée [NdT]).
pour simplifier la description des lésions. • Un bord convexe indique la direction de l'ex-
• Une lésion visible mais non palpable (comme tension;
une tâche de rousseur) est appelée une macule; • Lorsque plusieurs lésions confluent pour for-
• Une lésion visible et palpable est appelée une mer de plus larges plaques, les bords apparais-
papule ; sent festonnés ;
Signes cliniques des maladies de la peau

• Le lichen plan (Fig. 11.10) est typiquement


limité par de fines sties de peau produisant des
lésions polygonales;

POINT PRATIQUE

Les lésions bulleuses sont un signe clinique


important.
Les « bulles » surviennent dans :
La pemphigoïde: toujours;
L'érythème polymorphe: occasionnellement;
Le psoriasis : jamais de bulles mais des pustules
stériles parfois (NdT).
Figure 11.12. Mycose (dermatophytie de la peau
glabre). Noter les bords caractéristiques.

lésions deviennent plus pâles et la rougeur peut


POINT PRATIQUE

Méfiez-vous des patients qui vous parlent de être remplacée par une pigmentation post-
« cloques » cutanées, ce terme est souvent utilisé inflammatoire qui peut persister de nombreux
pour parler d'une plaque œdémateuse et non pas mois;
d'une lésion contenant du liquide. Clarifiez ce
• un érythème apparaissant sous un épiderme
point.
épaissi aura tendance à prendre une teinte légè-
rement violacée;
• une télangiectasie peut être distinguée d'un
• Si la peau au centre de la lésion revient à la purpura et d'une pétéchie car elle blanchit à la
normale alors que la lésion s'étend, celle-ci vitropression, c'est-à-dire en regardant à travers
prend un aspect annulaire. Bien qu'évocateur une lame de verre appuyée sur la lésion cutanée.
d'une mycose, ce n'est pas pathognomonique
(Fig. 11.12); POINT PRATIQUE
• Un aspect linéaire peut signifier soit une Une dermatose en poussée se manifeste par un
affection des structures sous-jacentes, soit une érythème rouge vif et un bord convexe indique la
réponse à des facteurs externes, comme dans le direction de l'extension.
phénomène de Kœbner dans lequel un trauma-
tisme non spécifique, comme une griffure,
devient le siège d'une dermatose spécifique. Ceci
est fréquent dans le psoriasis; Texture

• Des changements chroniques extensifs des Il est difficile de déterminer si la surface d'une
membres inférieurs peuvent être dus à l'immobi- lésion est squameuse ou non; il peut être utile
lité. de nettoyer la graisse de surface avec de l'éther.
S'il y a des squames, cachant la base de la lésion,
Couleur
une goutte d'huile peut être déposée en surface.
Des nuances subtiles dans l'analyse de l'éry- Dans le psoriasis, les squames sont caractéris-
thème au cours de maladies différentes peuvent tiques devenant blancs argentés lors du grattage
être très utiles pour le diagnostic, mais requiè-
rent une grande expérience. Les situations sont Palpation
identiques quand il faut interpréter les modifica- Elle ne doit jamais être oubliée. C'est rassurant
tions de couleurs sur une peau noire sur laquelle pour le patient de savoir que vous n'êtes pas
une rougeur n'est pas évidente. De manière effrayé de toucher sa peau. Un exanthème
générale: étendu est tout aussi embarrassant pour le
• un érythème rouge vif indique une derma- patient que pour n'importe lequel d'entre nous.
tose en poussée - lors de l'amélioration, les Les patients ayant une maladie cutanée ne sont
Comprendre les différents appareils

pas un sous-groupe particulier de l'humanité.


Leur entourage et leur famille auront peut-être
déjà pris leurs distances, et l'activité sexuelle peut Apprenez la nomenclature de base utilisée pour
avoir disparu ; la moindre chose à faire de la part décrire les lésions cutanées. Ne sous-estimez jamais
du médecin est de ne pas confirmer leur « intou- les problèmes psychologiques liés aux maladies
cutanées.
chabilité ».
La palpation fournit également beaucoup d'in- Assurez-vous d'avoir recueilli l'histoire et les
antécédents complets.
formations. La peau peut être épaissie et il fau-
L'histoire familiale, sociale et professionnelle peut
dra préciser si c'est aux dépens du derme ou de
apporter des informations vitales.
l'épiderme. La lésion peut être plus étendue qu'il
Examinez la totalité de la surface cutanée.
n'y paraît, être calcifiée ou kystique, plus froide
Observez la distribution des lésions à la surface
ou plus chaude que la peau environnante
cutanée.
comme dans l'érythème noueux (Point de révi-
Examinez attentivement la morphologie des lésions
sion 11.11 et Fig. 11.1), ou encore atrophique avec cutanées.
perte du collagène dermique.
La palpation est un moment important de l'examen
Les éventuelles croûtes doivent être ôtées sur clinique.
une des lésions pour permettre un examen de la
surface sous-jacente. Comme elles adhèrent fai-
blement à la surface, il est facile de les enlever ce
qui permet de les différentier de la kératine d'une
hyperkératose qui fait partie intégrante de la
lésion et qui elle, ne peut pas être facilement • EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
détachée. S'il n'est pas possible de poser un diagnostic par
les seuls arguments cliniques, il peut être néces-
saire d'indiquer des examens complémentaires.
De simples recherches doivent être considérées
comme le prolongement de l'examen clinique:
• isoler un acarus dans la gale;
• trouver des filaments fongiques dans une
Infection
mycose de la peau glabre (dermatophytie) ou
Streptocoque Parfois récidivant une teigne (mycose du cuir chevelu) ;
Tuberculose Débutante seulement, • utiliser la lumière de Wood pour détecter une
sévère fluorescence ou des zones d'hypopigmentation ;
Mycoses profondes • rechercher une allergie par des tests épicuta-
Dermatophytie (mycose) nés [patchs-tests) ou des prick-tests ;
(situation rarissime ndt) • faire une biopsie de la peau pour un examen
Sarcoïdose au microscope optique et en immunofluores-
cence;
Maladie de Crohn
• demander des examens microbiologiques,
Rectocolite ulcéro-hémorra gique
hématologiques, immunologiques ou biochi-
Sulphamides miques si nécessaire.
Malignité Après radiothérapie
Inconnue Peut être persistant
Comment examiner un patient
gravement malade ?

Un patient atteint d'une maladie aigüe et tom- Choc cardiogénique


bant gravement malade en quelques minutes ou
quelques heures, ou encore un patient admis Chez un patient âgé ou d'âge moyen, la cause la
dans cet état, met à rude épreuve les capacités plus probable est celle d'une défaillance de la
diagnostiques de tout médecin. Il n'y a pas de pompe par un infarctus myocardique, une tam-
temps à perdre, parfois vous n'aurez le temps ni ponnade ou une dissection aortique. La douleur
de recueillir une histoire détaillée (et il peut n'y peut être absente du tableau d'infarctus myocar-
en avoir aucune de disponible), ni d'examiner dique, surtout chez la personne âgée ou diabé-
complètement le patient. Votre démarche dia- tique.
gnostique est dictée par les circonstances, en
particulier l'âge du patient et la vitesse d'appari-
tion des signes. Choc hypovolémique
Commencez par identifier le syndrome clinique
qui domine le tableau clinique. Est-ce: La perte abondante de sang par une hémorra-
• un choc? gie digestive est généralement facilement recon-
• de la fièvre ? naissable, par une pâleur, une hypotension et
• une hypothermie? une tachycardie. Elle n'accompagne pas néces-
• une détresse respiratoire? sairement une hématémèse ou un méléna
• une intoxication? (Fig. 12.1). Un saignement abondant d'un ulcère
• un trouble de la conscience {cf. chapitre 15)? duodénal peut mettre du temps à franchir le
tractus intestinal avant de se manifester par un
méléna franc.
• CHOC Le choc hypovolémique peut être dû à la perte
de sel et d'eau au cours de nombreuses situa-
Un patient en état de choc peut: tions cliniques comme la gastro-entérite, le cho-
• être froid avec une peau moite; léra, l'occlusion intestinale, l'épuisement à la
• être agité et sans cesse en mouvement; chaleur et l'insuffisance surrénalienne aiguë. Les
• avoir un pouls rapide et filant; signes cliniques dominants sont la présence
• être hypotendu; d'un pli cutané et la sécheresse de la langue.
• avoir des signes de mauvaise circulation péri-
phérique.
Choc septique
Reconnaître un choc implique que votre patient
soit dans un état critique et que vous alliez de Au cours des premières étapes de l'évolution d'un
l'avant rapidement, en posant des questions choc septique, l'apparence du patient est très dif-
directes et en recherchant des signes appropriés férente des autres types de choc. Le patient peut
(Point de révision 12.1). ne pas paraître très affecté alors qu'il l'est, ses
yeux sont brillants, sa peau chaude et le pouls
bondissant. Ce tableau clinique est habituellement
Comprendre les différents appareils

Mécanisme Diagnostic possible Que demander? Signes à rechercher


Choc Infarctus du myocarde ATCD cardiaques, surtout angor Hypoperfusion
cardiogénique Tabagisme Insuffisance ventriculaire gauche
Diabète Tachycardie
HTA Troubles du rythme
Dissection ou rupture Comme ci-dessus mais pensez Pouls périphériques absents
d'anévrisme à l'anévrisme en cas de douleur ou variables
dorsale Baisse TA diastolique à un bras
Choc
hypovolémique
-Sang Saignement digestif Antécédents de dyspepsie Méléna
ou d'ulcère Stigmates de MHC
Alcoolisme Hépato-splénomégalie
Atteintes hépatiques
- Eau Gastro-entérite Sites possibles de perte Peau fripée
et électrolytes Diarrhée de fluide Langue sèche
Vomissement Globes oculaires déprimés
Choc septique Septicémie à Gram Associée à une chirurgie Peau rouge, yeux brillants,
négatif récente du tube digestif extrémités chaudes
Pouls bondissant
Choc Injections, piqûres Détails de l'incident Bronchospasme
anaphylactique Épisodes antérieurs similaires Vasodilatation
Urticaire
Choc Rupture d'un viscère Chapitre 27 Défense abdominale
chirurgical Pancréatite Douleur à la dépression
Borborygmes absents
MHC: maladie hépatique chronique.

celui d'une infection à Gram négatif survenant • FIÈVRE


après une chirurgie digestive ou génito-urinaire.
C'est habituellement le signe de présentation
d'un patient gravement atteint d'une infection
Choc anaphylactique microbienne. La majorité de ces infections sur-
viennent en quelques heures, une journée ou
Le facteur causal, comme une injection ou une deux, mais certaines, comme les abcès hépa-
piqûre d'insecte, est habituellement évident. Le tiques, l'endocardite bactérienne subaiguë et la
syndrome clinique est dû à une libération mas- tuberculose, peuvent avoir un début plus pro-
sive d'histamine et d'autres facteurs qui provo- gressif.
quent une vasodilatation. Il y a une hypovolémie Il est utile de se souvenir de certains points
fonctionnelle (fuite capillaire) avec une perfusion généraux chez un patient fébrile grave :
périphérique faible. • Une rigidité ou des frissons surviennent
habituellement au début des infections bacté-
riennes des voies biliaires (angiocholite), uri-
Choc chirurgical naires ou pulmonaires;
• Les contractures peuvent survenir sous les
Dans ces circonstances, le syndrome clinique est tropiques ou au retour d'un voyage; c'est un
dominé par la perforation d'un ulcère duodénal. paludisme jusqu'à preuve du contraire;
Comment examiner un patient gravement m a l a d e ?

Figure 12.1. Signes à rechercher chez un patient en choc dû à un saignement digestif abondant.

• Certaines fièvres ont un aspect caractéristique • Pensez à la possibilité d'une atteinte par le
qui peut aider au diagnostic. Par exemple, la virus du sida chez une personne jeune avec une
fièvre de la brucellose peut-être rémittente, et atteinte fébrile inhabituelle;
dans la dengue, la fièvre peut avoir un aspect bi- • Les réponses fébriles à l'infection peuvent
phasique; être atténuées chez les personnes âgées.
• Dans une pneumonie lobaire non traitée, la
fièvre tombera rapidement au cours de la récu- POINT PRATIQUE
pération clinique; La chute de la pression artérielle à la station assise
• Des sueurs nocturnes peuvent être dues à (chute posturale) oriente vers une hypovolémie.
une tuberculose ou une maladie non infectieuse
comme le lymphome;
• La septicémie à méningocoque peut présen- Rappelez-vous que tout patient avec de la fièvre
ter une évolution fulminante conduisant au n'a pas forcément une infection microbienne.
décès en 24 heures en dépit d'un traitement Alors que les causes non infectieuses de fièvre
rapide et approprié; ont un début progressif, certaines comme les
Comprendre les différents appareils

lymphomes malins et les polyarterites peuvent • une hypothyroïdie;


avoir un début étonnamment aigu. • une hypoglycémie et un hypopituitarisme;
• une malnutrition sévère;
• toute maladie grave, par exemple AVC, acido-
cétose diabétique, ou septicémie;
Rougeur faciale • un surdosage médicamenteux, par exemple
Sueurs, particulièrement nocturnes
alcool, phénothiazines, ou narcotiques;
• des blessures, accidentelles ou chirurgicales.
Sueurs nocturnes de certaines fièvres comme la
tuberculose
Tachycardie (mais la bradycardie existe dans certaines
Les signes d'hypothermie sont illustrés dans la
fièvres comme la typhoïde) figure 12.2.
Herpès labial
Delirium (température supérieure à 39 °C chez
l'enfant et 40 °C chez l'adulte) • INSUFFISANCE RESPIRATOIRE
Une température centrale supérieure à 42 °C peut
provoquer une rhabdomyolyse, un coma et le décès. Chez les patients gravement atteints, l'insuffi-
sance respiratoire peut être la cause initiale de la
maladie ou juste un facteur contribuant à dété-
• HYPOTHERMIE riorer l'état précaire du patient.
Alors que la maladie pulmonaire est, d'une
Alors que la majorité des cas d'hypothermie manière ou d'une autre, la cause la plus fréquente
sont dus à des causes évidentes comme l'expo- d'insuffisance respiratoire, celle-ci peut être ren-
sition au froid ou l'immersion, c'est un facteur contrée dans une grande variété de tableaux cli-
aggravant majeur chez le patient gravement niques:
atteint, en particulier chez les personnes âgées. Il • arrêt cardiaque ;
est essentiel de mesurer la température centrale • insuffisance ventriculaire gauche;
en utilisant un thermomètre rectal ou auriculaire. • insuffisance rénale;
L'hypothermie peut compliquer: • coma hépatique;

Figure 12.2. Signes d'hypothermie.


Comment examiner un patient gravement malade?

• trauma thoracique; Hypercapnie. Là encore, l'aspect clinique


• intoxication; est non spécifique et doit être évalué directement
• maladies neurologiques graves. par la mesure des gaz du sang. Toutefois, l'hy-
percapnie peut être suspectée cliniquement par
POINT PRATIQUE un « flapping tremor », une vasodilatation mani-
L'insuffisance respiratoire fait souvent partie du festée par des extrémités chaudes, un pouls
tableau clinique des pathologies engageant le bondissant, un œdème papillaire, une somno-
pronostic vital. lence, une confusion et des céphalées.

POINT PRATIQUE
Le syndrome d'insuffisance respiratoire est défini Beaucoup de patients recevront de l'oxygène au
par la présence d'une hypoxémie et/ou d'une cours de leur transport à l'hôpital, ce qui peut
hypercapnie dues à l'atteinte respiratoire et obser- masquer des signes d'hypoxémie antérieure (par
exemple, la cyanose). Les patients avec une
vées au repos. Bien que l'hypoxie et l'hypercapnie
maladie pulmonaire chronique obstructive ne
soient souvent associées, elles peuvent survenir doivent pas être privés de cet apport en oxygène.
indépendamment (Point de révision 12.3). L'ana-
lyse des gaz du sang est essentielle pour une prise
en charge adaptée.
• INTOXICATION
Aspects cliniques
Hypoxémie. La présence et le degré de l'hy- Suicide par intoxication
poxie ne peuvent être correctement mesurés que
par les gaz du sang. L'aspect clinique, quoique Cette circonstance est le motif le plus fréquent
très important, n'est pas spécifique. Le tableau d'admission aux services d'urgence des hôpitaux
clinique comprend : des pays occidentaux. Bien que les formes de
• des signes neurologiques: agitation, fatigue, présentations varient très largement selon le
insomnie, confusion et troubles du comporte- type et la quantité de médicaments pris, il faut
ment évoluant vers des troubles de conscience évoquer cette cause devant tout patient aigu
et éventuellement le décès; avec des troubles de la conscience. Les tableaux
• une tachycardie et une augmentation du cliniques observés en France sont présentés
débit cardiaque; toutefois, un arrêt respiratoire dans le Point de révision 12.4.
hypoxémique peut être précédé d'une bradycar-
die;
• une hyperventilation;
• une cyanose (cf. chapitre 5).

Déficit des échanges gazeux Déficit ventilatoire


Hypoxémie sans hypercapnie: Hypercapnie souvent avec hypoxie :
- Atteintes des voies aériennes : asthme, emphysème, - Atteinte de la paroi thoracique: trauma, déformations;
bronchique chronique ;
- Maladies vasculaires: thromboembolique; - Atteinte de la commande centrale: intoxication,
maladies neurologiques ;
- Maladies du parenchyme pulmonaire : pneumonie, - Atteinte neuromusculaire : poliomyélite ;
X'L 1 ' J ' 1 i / |-,
fibrose pulmonaire, oedeme pulmonaire, alvéolite.
- Troubles mécaniques inspiratoires : obstruction sévère.
Comprendre les différents appareils

Autres causes d'intoxication POINT PRATIQUE

Les médecins peuvent méconnaître la possibilité Pensez à une intoxication chez :


d'une intoxication (qu'elle soit accidentelle, pro- Tout patient gravement atteint chez qui vous
fessionnelle ou intentionnelle) devant un patient n'arrivez pas à poser un diagnostic ;
Tout patient gravement atteint avec des troubles
en phase aiguë. Les substances hautement
de la conscience.
toxiques sont le cyanure, l'arsenic, le thallium, le
L'intoxication peut être :
monoxyde de carbone et les pesticides comme
Suicidaire
le paraquat et les organophosphorés. Les signes
Accidentelle
cliniques d'intoxication à ces substances ne font Professionnelle
pas partie des objectifs de cet ouvrage, mais Criminelle
envisagez ce cas chez tout patient gravement
atteint pour qui vous n'arrivez pas à poser un
diagnostic.

Substance ingérée Groupes touchés Présentation clinique


Alcool Tous, à partir de l'adolescence Ataxie, dysarthrie, nystagmus évoluant vers
le coma, problèmes liés à l'aspiration du
contenu gastrique
Analgésiques non opiacés Tous, intoxication accidentelle
chez l'enfant
- Aspirine Plus fréquent dans les groupes Hyperventilation, vasodilatation,
plus âgés sueurs, vertiges, surdité, coma rare
- Anti-inflammatoires Plus fréquent dans les groupes Nausées et vomissements, toxicité sévère
non stéroïdiens plus âgés inhabituelle
- Paracétamol Tous 10 à 15g suffisent à provoquer une
nécrose hépatocellulaire
Analgésiques opiacés Toxicomanes Dépression respiratoire et coma
Antidépresseurs Patients traités pour une dépression Hypotension, hyperréflexie, convulsions,
chronique troubles du rythme
Bêta-bloquants Intoxication accidentelle chez l'enfant Variable selon les préparations mais un
surdosage massif provoque une
bradycardie et une hypotension
Sels de Fer Intoxication accidentelle chez l'enfant Nausées, vomissements, hémorragie
digestive, coma et nécrose hépatocellulaire
Hypnotiques et Anxiolytiques
- Barbituriques Moins prescrits actuellement, donc Somnolence, dépression respiratoire et
intoxication plus rare coma
- Benzodiazépines Tous Somnolence et ataxie, coma prolongé
inhabituel
Théophylline Tout groupe mais prédisposition Vomissements, agitation, tachycardie,
chez les patients traités pour l'asthme puis troubles du rythme
Phénothiazines Surtout les patients traités depuis Arythmies et hypotension, réactions
longtemps pour une psychose dystoniques
Comment examiner un patient gravement malade?

• MALADIES AIGUËS
OU CRITIQUES NÉCESSITANT
DES SOINS INTENSIFS
Patients suspectés de septicémie à méningocoque
(Fig. 12.3) Tout comme vous devez être capable d'identifier
Patients intoxiqués avec des niveaux altérées de des patients gravement atteints, vous devez
conscience et d'arythmies, tachycardie incluse (plus aussi connaître les circonstances ou les condi-
de 120/min) tions dans lesquelles il vous faudra contacter
États de mal épileptique une unité de réanimation. (Point de révi-
États de somnolence avancée sion 12.5). Ceci ne sous-entend pas forcément
Patients avec des signes d'inhalation une ventilation assistée mais souligne les situa-
Patients neurologiques, agités avec une contusion tions extrêmement dangereuses.
cérébrale, une hypoxie méconnue ou une
intoxication
Traumatismes crâniens avec un score de Glasgow de
10 se dégradant rapidement
Patients asthmatiques ne répondant plus à la
thérapeutique maximale, s'épuisant, ou avec une
PaC0 élevée/normale
2

Figure 12.3. Purpura d'une septicémie à


méningocoque. Chez ce patient ce fut le seul signe
orientant le diagnostic, avec une fièvre élevée.
Les patients âgés confus

• CONSEILS GÉNÉRAUX Vous devez considérer l'état de confusion chez


la personne âgée comme un mode de présenta-
Ayez l'esprit ouvert! Quand un « patient âgé tion banal et non spécifique de presque toutes
confus » est admis à l'hôpital, les esprits se refer- les atteintes physiques ou mentales. Beaucoup
ment et l'on pense tout de suite à la manière de personnes âgées sont mentalement et physi-
d'éviter d'avoir à bloquer un lit. Toutefois, la vie quement ralenties et peuvent être sourdes, ou
ou la mort du patient peut dépendre d'une prise parfois dysphasiques; ces symptômes peuvent
en charge correcte. conduire à un diagnostic erroné de confusion.
Quand vous évaluez un patient qui paraît
confus, voici les diagnostics différentiels qui POINT PRATIQUE
viennent à l'esprit: Les personnes âgées deviennent facilement
• état confusionnel transitoire : alors qu'à pre- confuses quand elles sont malades ou prennent
mière vue ceci ressemble à une démence, cette des médicaments.
situation peut être réversible;
• démence : même lorsqu'elle est établie, il reste
encore beaucoup à faire pour savoir ce qui peut Dans ce chapitre, nous utiliserons le genre fémi-
être « réparé ». nin, car la plupart des personnes âgées confuses
sont très âgées, et la plupart des personnes très
La confusion ou le delirium est une réaction non âgées sont des femmes.
spécifique du cerveau à une grande variété de sti-
muli agressifs (Fig. 13.1). Au grand âge (comme
chez les enfants très jeunes), la confusion peut • À FAIRE ET À NE PAS FAIRE
apparaître à un seuil plus bas que la normale.
Avec l'âge, les personnes ont de plus en plus de
mal à assimiler de nouvelles informations et à
s'habituer à de nouveaux visages et à de nou-
veaux environnements. Prenez votre temps. Ne
précipitez ni la prise des antécédents, ni l'examen
clinique. Quand vous évaluez l'état d'une per-
sonne âgée, assurez-vous :
• de le faire, autant que possible, à son domicile;
• qu'elle ait bien chaud, et qu'elle soit installée
dans une position confortable et appropriée;
• qu'elle porte des lunettes propres et que sa
prothèse auditive fonctionne;
• qu'elle ait la possibilité de vider sa vessie si
Figure 13.1. Les médicaments, prescrits ou non, sont
les causes les plus fréquentes des états confusionnels. nécessaire.
Cette collection de comprimés « accompagnait » une Référez-vous au Point de révision 13.1 ci-après.
femme âgée admise pour un état confusionnel.
Les patients âgés confus

ter des illusions, des fantasmes et des hallucina-


tions. Les états confusionnels aigus sont
presque toujours dus à des troubles organiques
À FAIRE spécifiques qui sont souvent réversibles. Il peut
Présentez-vous et expliquez qui vous êtes. être difficile d'identifier un délire dans ses formes
Parlez clairement, mais rappelez-vous que les modérées ou subaiguës.
personnes âgées ne sont pas toutes sourdes.
Préparez-vous à répéter toute question qui ne
semble pas avoir été parfaitement comprise. Compréhension
Adressez-vous courtoisement à votre patiente, sans
écorcher son nom. Il est essentiel d'évaluer la compréhension.
Recherchez une éventuelle surdité ou une dys-
À NE PAS FAIRE
phasie. Parfois, une personne âgée peut avoir
N'essayez pas de paraître familier en vous adressant
des difficultés à comprendre un accent marqué,
à elle en utilisant son prénom ou en l'appelant
Mamie. ou le français approximatif d'un médecin étran-
Ne soyez pas gêné d'établir un contact physique en ger.
lui tenant la main.

Fonctions cognitives
• EXAMEN CLINIQUE
Évaluez les fonctions cognitives par une série de
Traditionnellement, il intervient après l'histoire questions précises. Elles sembleront étranges à
de la maladie, mais avec les personnes confuses, certaines patientes; il vous faudra alors les
il peut être utile de réaliser d'abord un examen annoncer en disant: « Je vais vous poser des
rapide, pour esquisser un cadre de référence questions qui paraîtront idiotes, mais je souhaite
dans lequel insérer l'histoire. De plus, une tester votre mémoire ». Le Point de révision 13.2
grande partie de l'histoire sera obtenue non pas donne une liste courte de questions standard. Le
de la personne confuse mais d'autres sources. « Mini Mental State » (MMS) est un question-
Plantez le décor par quelques questions initiales, naire simple, largement utilisé et plus complet
en lui demandant qui elle est, où elle habite, qui (Fig. 13.2).
sont sa famille et ses voisins. Sans avoir à poser Faites attention à la manière dont la patiente
toutes les questions habituelles, vous évaluerez répond aux questions, et n'oubliez pas de
rapidement son état cognitif. prendre en compte les effets possibles de médi-
Les buts de votre examen seront de déterminer: caments sédatifs ou brouillant l'esprit. Recher-
• si votre patiente présente une confusion chez:
aiguë ou un délire ; • une forte tendance à la distraction : suspectez
• son degré de compréhension; un état confusionnel;
• ses performances cognitives. • une concentration apparente alors que la
patiente fait des fautes simples: suspectez une
démence;
Délire • une réponse lente: suspectez une dépres-
sion.
Le délire est un état de conscience qui fluctue le
long d'un spectre entre deux extrêmes, la pleine Recherchez un trouble praxique. Demandez à
vigilance et le coma. De temps en temps, des votre patiente de réaliser des tâches simples que
nuages viennent obscurcir le ciel des pensées et vous lui monterez, par exemple, plier une feuille
de la conscience de la patiente; elle est avec vous de papier.
pendant une minute, et à la suivante, la voilà En plus des tests standard ciblant les troubles
partie. Dans les formes plus sévères, il peut exis- phasiques ou praxiques, recherchez des troubles
Comprendre les différents appareils

(A) « MINI MENTAL STATE » Patient:


Examinateur:
Score max. Score Date:

ORIENTATION
5 ( ) « Quelle est l'année, la saison, la date, le jour et le mois? »
5 ( ) « Dans quel pays, région, ville, hôpital et service sommes nous? »

MÉMOIRE À COURT TERME


3 ( ) Citez trois objets (une seconde pour chacun), puis demandez à votre patiente de répéter. Attribuez un
point par chaque réponse correcte. Répétez-les jusqu'à ce qu'elle les retienne tous les trois. Comptez
et inscrivez les essais: ...
Essais:

ATTENTION ET CALCUL
5 ( ) Table de 7. Un point par opération. Limitez à 5 réponses. Ou bien faites épeler le mot « monde »
à l'envers.

RAPPEL (MÉMOIRE À MOYEN TERME)


3 ( ) Demandez à la patiente de se rappeler les trois objets précédents. Un point par rappel correct.

9 LANGAGE ET COPIE
( ) Demandez à la patiente de nommez un stylo et une montre (2 points).
( ) Demandez à la patiente de répétez « pas de si ni de mais » (1 point).
( ) Demandez à la patiente d'effectuer un ordre triple : « Prenez une feuille de papier dans votre main
droite, pliez-la en deux et posez-la sur le plancher » (3 points).
( ) Demandez à la patiente de lire et d'obéir à la consigne : « Fermez vos yeux » (1 point).
( ) Demandez à la patiente d'écrire une phrase (1 point)
( ) Demandez à la patiente de copier un dessin (1 point)

30 • Score total
Évaluez le niveau de conscience sur une échelle

Alerte Somnolant Stupeur Coma

Un score de 20 ou moins oriente fortement vers une démence ou un déficit significatif.

[B) INSTRUCTIONS POUR RÉALISER LE « MINI MENTAL STATE »


ORIENTATION
Demandez la date. Faites préciser les éléments manquants, par exemple : « Pouvez-vous me dire en quelle saison nous
sommes? »Un point par réponse exacte.
Demandez successivement « Pouvez vous me dire le nom de l'hôpital? » (ville, région, etc.). Un point par réponse correcte.

MÉMOIRE À COURT TERME


Demandez à la patiente si vous pouvez tester sa mémoire. Puis nommez trois objets sans liens entre eux, clairement et
lentement, prenant une seconde pour chacun. Après avoir nommé les trois, demandez-lui de les répéter. La première répétition
détermine son score (0 à 3) mais continuez de les prononcer jusqu'à ce qu'elle puisse les répéter tous les trois, jusqu'à six
tentatives. Si elle ne les apprend pas tous les trois, la mémoire à moyen terme ne peut être testée de manière significative.

ATTENTION ET CALCUL
Demandez à la patiente de commencer par 100 et de soustraire 7 à chaque résultat (93, 86,79 72, 65). Établissez un score
avec le nombre total de réponses correctes.
Si la patiente ne peut pas ou ne veut pas réaliser cette tâche, demandez-lui d'épeler le mot « monde » à l'envers. Le score est
celui du nombre de lettres dans l'ordre correct, par exemple: ednom = 5, edn = 3.

RAPPEL
Demandez à la patiente de se rappeler les trois objets que vous lui avez demandé de répéter. Score : 0 à 3.

LANGAGE ET COPIE
Nommer: Montrez à la patiente une montre et demandez-lui ce que c'est. Répétez avec un stylo. Score: 0 à 2.
Répétition : Demandez à la patiente de répéter une phrase après vous. Ne faites qu'un essai. Score : 0 ou 1.
Commande triple : Donnez à la patiente une feuille de papier blanc et répétez l'ordre. Score : un point pour chaque étape
exécutée correctement.

Figure 13.2. Le questionnaire du « Mini Mental State ». Reproduit avec la permission de Folstein MR ef al. Journal of
Psychiatric Research 1975 ; 12: 189-198.
Les patients âgés confus

visuo-spatiales. Dessinez un grand cercle sur


une feuille de papier et demandez à la patiente
Âge de dessiner les chiffres du cadran d'une horloge.
Heure Vous devrez peut-être répéter la consigne car
Année elle lui semblera étrange. Ce test permet de
Nom de l'endroit
détecter des troubles subtils et spécifiques (par
exemple une héminégligence). Demandez à
Reconnaissance de deux personnes
votre patiente de dessiner les aiguilles avec une
Date de naissance
heure fixe, par exemple 3 heures moins 20. Des
Date du début de la deuxième guerre mondiale
exemples de réponses sont montrés dans la
Président de la République
figure 13.3. Bien que vous évaluiez la confusion
Compte à rebours, à partir de 20 et les troubles cognitifs, ne négligez pas les
Rappel à cinq minutes des mots : « Vingt-six », autres aspects du « Mini Mental State » et, en
« Mûrier », « Fermé »
particulier, demandez-vous si votre patiente est
déprimée, enthousiaste, anxieuse, pleine d'illu-
du schéma corporel ou de l'orientation dans sions, obsessionnelle, hallucinée, etc.
l'espace, qui proviennent de lésions du lobe
pariétal mineur, comme l'apraxie d'habillage,
l'anosognosie ou l'hémiasomatognosie. • HISTOIRE
Test de l'horloge La patiente vous rapportera peut-être une his-
Le test de l'horloge est un test utile pour déter- toire correcte, mais la plupart du temps, vous
miner les fonctions cognitives générales et l'obtiendrez d'autres sources très importantes. Si

Dessinez
les aiguilles
à 3 heures

Hémiplégie gauche avec extinction sensitive gauche Patiente déprimée : amélioration succédant à des encouragements
et hémianopsie latérale homonyme gauche à « recommencer »

J1 Deux semaines plus tard Cinq semaines plus tard

Amélioration après delirium toxique

Figure 13.3. Exemple de dessins d'horloge. Les modifications au cours du délire sont reproduites avec la permission
de Schulman Kl ef al. International Journal of Gériatrie Psychiatry 1986 ; 1: 135-140. © John Wiley & Sons Limited.
Comprendre les différents appareils

la patiente a été conduite à l'hôpital, assurez- • comment a progressé la maladie?


vous de parler aux personnes qui l'accompa- • comment a-t-elle été traitée? Quels médica-
gnent: la famille, des voisins, des soignants ou ments a-t-elle pris? Rappelez-vous que les
des policiers. Les points cruciaux sont les sui- médicaments, prescrits ou autoprescrits, sont
vants : parmi les causes les plus fréquentes d'état
• depuis combien de temps la patiente est-elle confusionnel. C'est particulièrement le cas des
dans cet état? Par exemple, quand a-t-elle été médicaments cholinergiques et de l'alcool ;
normale pour la dernière fois? Si l'histoire est • comment était-elle avant? Votre examen peut
courte (jours ou semaines) la patiente ne présente se compliquer si votre patiente n'était pas parti-
probablement pas de démence, en l'absence de culièrement intelligente auparavant. Ses métiers
cause physique évidente. Vous serez plus proba- antérieurs et les témoignages d'amis et de voi-
blement en face d'un état confusionnel aigu ou sins peuvent être utiles.
d'une dépression « pseudo-démentielle »;
• comment ceci a-t-il débuté? Brutalement ou
progressivement? Le début a-t-il été marqué par En résumé
un événement particulier, comme une maladie,
un traumatisme ou une chute? Ou est-ce relié à Toutes les personnes confuses ne sont pas
un événement majeur de sa vie, comme un deuil démentes. Leur offrir les bienfaits d'une évalua-
ou un changement de domicile? Ces derniers tion méticuleuse est non seulement un droit
événements précipitent souvent une dépression, pour elles, c'est aussi une possibilité, pour le
qui peut prendre chez les personnes âgées le médecin, de rendre son travail bien plus intéres-
masque d'une confusion; sant et gratifiant avec ce groupe croissant de
• est-ce fréquent? Quelles ont été les circons- patients.
tances antérieures et quelle a été l'évolution?
Quel traitement a-t-il été prescrit?
Difficultés spécifiques
aux personnes âgées

La p l u p a r t d e s p e r s o n n e s e n t r e 65 et 75 a n s
s o n t e n b o n n e f o r m e e t actives. A p r è s 7 5 a n s ,
l'âge venant, elles ont souvent de multiples
maladies q u i p e u v e n t s e p r é s e n t e r d e m a n i è r e Multiplicité des maladies (coexistence d'atteintes
atypique et c o n d u i r e à un h a n d i c a p croissant et aiguës et chroniques)
à u n e d é p e n d a n c e . Ce c h a p i t r e t r a i t e r a d e s p e r - Atteinte aiguë, par exemple :
sonnes de plus de 75 ans, et c o m m e la plupart Infection pulmonaire
Infarctus myocardique
sont d e s f e m m e s , l e g e n r e f é m i n i n sera utilisé
Embolie pulmonaire
t o u t au l o n g de ce c h a p i t r e (cf. c h a p i t r e 13).
Accident vasculaire cérébral
L a t e c h n i q u e d ' e x a m e n q u e v o u s avez a p p r i s e
Atteintes chroniques, par exemple :
s ' a p p l i q u e d e m a n i è r e é g a l e c h e z les p a t i e n t s Arthrose
jeunes o u âgés. E x a m i n e r u n e p a t i e n t e très â g é e AVC antérieurs
peut-être plus c o m p l i q u é parce q u e : Démence
• elle p e u t a v o i r d e m u l t i p l e s p r o b l è m e s m é d i - Présentation atypique d'une maladie aiguë
caux (Point de r é v i s i o n 14.1); Chutes
Immobilité
• la p r é s e n t a t i o n de la m a l a d i e p e u t être « a t y -
Incontinence
pique »;
Confusion
• les c o m p l i c a t i o n s de la maladie principale Acopie* (l'entourage ne peut plus faire face)
sont plus fréquentes. Hypothermie (habituellement secondaire une
maladie/à des médicaments)
Atteinte iatrogène (par exemple, hypotension
orthostatique ou confusion d'origine
• RECUEILLIR médicamenteuse)
L'HISTOIRE CLINIQUE ET ÉVITER Taux de complications élevées
LES PIÈGES DIAGNOSTIC AVC moyen, tendance à la chute, fractures du
fémur, escarres et incontinence
I n t e r r o g e z v o t r e p a t i e n t e d a n s u n e pièce t r a n -
quille, b i e n éclairée, e n v o u s a s s u r a n t q u e v o u s
êtes t o u s les deux bien d é t e n d u s et q u e la
patiente p e u t c l a i r e m e n t v o i r v o t r e visage. É c o u - • elle p e u t être confuse. Tirez parti de v o s
tez-la, u n e r e m a r q u e f o r t u i t e d e s a p a r t p e u t impressions initiales;
vous d o n n e r u n e idée p e r t i n e n t e d e c e q u i s e • v o u s devez rechercher une histoire « p a r a l -
passe. lèle » à p a r t i r de l ' e n t o u r a g e , d e s s o i g n a n t s , d e s
Pendant q u e v o u s recueillez l ' h i s t o i r e c l i n i q u e amis, des voisins, des travailleurs sociaux et du
d'une p e r s o n n e âgée, r a p p e l e z - v o u s q u e : médecin généraliste;
• elle p e u t être l e n t e à réagir. La m a l a d i e de • les h i s t o i r e s d e s p a t i e n t s et de l e u r e n t o u r a g e
Parkinson, la dépression et l'hypothyroïdie p e u v e n t n e pas être c o m p l è t e m e n t f i a b l e s ;
ralentissent les r é p o n s e s ; • les m a l a d i e s i a t r o g è n e s , h a b i t u e l l e m e n t d u e s
• elle p e u t être s o u r d e . Ne c o n f o n d e z p a s avec au traitement, sont souvent d'origine p o l y m é d i -
une d é m e n c e ; c a m e n t e u s e , m a i s p e u v e n t a u s s i être d u e s à u n e
Comprendre les différents appareils

confusion des doses et de la fréquence L'évolution c h r o n o l o g i q u e des s y m p t ô m e s est


(Fig. 13.1); très i m p o r t a n t e . U n e d é t é r i o r a t i o n rapide de la
• la s u r d i t é a u x a i g u s est f r é q u e n t e . Parlez l e n - santé oriente vers une atteinte aiguë (par
t e m e n t avec u n e v o i x g r a v e , e t a s s u r e z - v o u s q u e exemple, infarctus myocardique, embolie pul-
la prothèse auditive f o n c t i o n n e (ou d e m a n d e z m o n a i r e , A V C o u i n f e c t i o n ) . L e s y m p t ô m e actuel
a u p e r s o n n e l d u service s'il existe u n a m p l i f i c a - (chutes, i n c o n t i n e n c e , c o n f u s i o n o u a c o p i e * ) est-
teur disponible). i l r é c e n t o u e x i s t e - t - i l d e p u i s l o n g t e m p s avec
une aggravation progressive?
Tout d ' a b o r d , il v o u s f a u d r a d é t e r m i n e r si la L e j u g e m e n t p a r ses p r o c h e s q u e l a p a t i e n t e «va
patiente est confuse; un test des fonctions b i e n » p e u t refléter d e s e s p é r a n c e s f a i b l e s (ou
c o g n i t i v e s n'est p a s nécessaire à cette é t a p e , car déclinantes); v o u s devrez alors poser des ques-
i l p o u r r a i t o f f u s q u e r u n e p e r s o n n e c h e z q u i ces t i o n s précises c o n c e r n a n t la t o i l e t t e , l'habillage,
f o n c t i o n s s o n t intactes. R e c h e r c h e z d e s s i g n e s les a c h a t s e t l a c u i s i n e p o u r s a v o i r u n p e u mieux
discrets (confusion des dates, comparaison o ù elle e n est. L a p l u p a r t d e s p e r s o n n e s âgées
entre ce q u e la patiente dit p o u v o i r faire et l'im- s o n t i n d é p e n d a n t e s , m a i s elles o n t b e s o i n d'une
p o r t a n c e d e l'aide q u e l'on lui a p p o r t e ) o u d e s a i d e à d o m i c i l e , d e r e p a s d i s t r i b u é s , d ' u n e infir-
signes plus évidents c o m m e des références à m i è r e o u d ' u n e h o s p i t a l i s a t i o n d e j o u r s e l o n leur
d e s p r o c h e s d é c é d é s c o m m e s'ils é t a i e n t t o u - d e g r é d e d é p e n d a n c e . Les c h u t e s , l ' i n c o n t i n e n c e
jours vivants. Quand vous aurez gagné la et la c o n f u s i o n sont considérées c o m m e inévi-
confiance de votre patiente, v o u s p o u r r e z réali- tables et ne s o n t pas i m m é d i a t e m e n t m e n t i o n -
ser l ' e x a m e n du « M i n i M e n t a l State » ( c h a - nées. Recherchez-les spécifiquement chez son
p i t r e 13) en d i s a n t : « Je vais m a i n t e n a n t v o u s entourage.
poser des questions qui vont paraître très I n q u i é t e z - v o u s d e s o n état q u e l q u e s s e m a i n e s
simples, mais c'est une partie importante de a u p a r a v a n t . Cela a i d e à c o n s t r u i r e d e s o b j e c t i f s
m o n e x a m e n ; j ' e s p è r e q u e v o u s n'y v e r r e z a u c u n réalistes de r é é d u c a t i o n . Si elle était c o m p l è t e -
inconvénient. » m e n t i n d é p e n d a n t e , la m a l a d i e a c t u e l l e est la
U n e b o n n e m é m o i r e des événements anciens c a u s e l a p l u s p r o b a b l e d e s o n h a n d i c a p actuel,
p e u t être t r o m p e u s e : ceci a l i m e n t e l a c e r t i t u d e e t c e d e r n i e r est a l o r s p o t e n t i e l l e m e n t réversible.
d ' u n e « m é m o i r e d ' é l é p h a n t » c h e z la p a t i e n t e ou De multiples maladies conduisent à multiples
son entourage. La mémoire de son enfance peut médications. Davantage de médicaments signi-
être très p r é s e n t e , m a i s elle p e u t n ' a v o i r a u c u n fient p l u s d'effets s e c o n d a i r e s . 10 à 15 % des
souvenir de ce qu'elle a m a n g é une d e m i - h e u r e p a t i e n t s â g é s a d m i s d a n s les services m é d i c a u x
p l u s t ô t . L a m é m o i r e à l o n g t e r m e est s o u v e n t ont une maladie iatrogène c o m m e diagnostic
b i e n p r é s e r v é e à la p h a s e p r é c o c e de la d é m e n c e soit principal, soit secondaire. Vous pourriez
a l o r s q u e l a m é m o i r e à c o u r t t e r m e est p e r d u e . croire que votre patiente ne prend que trois
Poser d e s q u e s t i o n s précises a u x m e m b r e s d e s a m é d i c a m e n t s a l o r s q u ' e l l e p r e n d é g a l e m e n t ceux
f a m i l l e ou à ses a m i s c o n c e r n a n t ses activités p r e s c r i t s p o u r les m a l a d i e s a n t é r i e u r e s . D e m a n -
q u o t i d i e n n e s peut montrer, par exemple, qu'elle dez à son entourage de rapporter tous ses
o u b l i e d e f e r m e r l e g a z e t q u ' e l l e b r û l e ses c a s - m é d i c a m e n t s à l ' h ô p i t a l et f a i t e s - v o u s e x p l i q u e r
s e r o l e s et ses plats. De telles a n e c d o t e s a i d e n t à ceux q u ' e l l e p r e n d e t c e u x q u ' e l l e n e p r e n d pas.
élaborer u n e i m a g e précise d'un individu d a n s
son environnement, à domicile.
A s s u r e z - v o u s q u e les informations contenues Vertiges
d a n s l'histoire se r a p p o r t e n t à la m a l a d i e actuelle
e t n o n p a s a u passé. Les p a t i e n t s c o n f u s m é l a n - Les p a t i e n t s v e r t i g i n e u x r a p p o r t e n t u n e g r a n d e
g e n t s o u v e n t les é v é n e m e n t s q u i s e s o n t passés v a r i é t é d e s e n s a t i o n s , e t i l est i m p o r t a n t d e n e
l a s e m a i n e d e r n i è r e avec c e u x s u r v e n u s l'an d e r -
nier, c e q u i a g g r a v e l a c o n f u s i o n d e s m é d e c i n s e t
* L'acopie est une vilaine transcription de sténographie
de la p a t i e n t e .
qui signifie « ne plus faire face ».
Difficultés spécifiques aux personnes âgées

Symptômes Évolution/facteur déclenchant Etiologies sous jacente


Vertiges: rotatoires Plus de 10 s, déclenchés par un mouvement Vestibuläre
ou une position
Très brefs (2 ou 3 s), déclenchés par un Mécanorécepteurs cervicaux
mouvement dysfonctionnement surtout
arthrose vertébrale

Vertiges : non rotatoires Très bref (2 ou 3 s), déclenchés par un Dysfonctionnement des
ou instabilité mouvement (se lever ou se retourner) mécanorécepteurs cervicaux
Maladie cérébro-vasculaire
Hypotension orthostatique

L'un des deux, avec Arythmie cardiaque


perte de connaissance Épilepsie

pas s e f o u r v o y e r avec ses p r o p r e s idées p r é c o n -


• EXAMEN CLINIQUE
çues. U n p a t i e n t p e u t d é s i g n e r p a r c e t e r m e u n
vertige rotatoire, l a s e n s a t i o n q u e s o n e n v i r o n - Comme p o u r les j e u n e s patients, un examen
nement tourne. D'autres patients ressentent p h y s i q u e c o m p l e t est essentiel. C e r t a i n s p o i n t s
autre c h o s e : « tête v i d e », c é p h a l é e s , « s e n s a t i o n d ' i m p o r t a n c e p a r t i c u l i è r e s o n t d i s c u t é s ici.
c u r i e u s e d a n s la tête », i m p r e s s i o n v a g u e d ' i n s t a -
bilité ou « f a i b l e s s e d a n s les g e n o u x ». D e m a n d e z
ce q u e la p a t i e n t e v e u t d i r e p a r « v e r t i g e ».
Recherchez c e q u i a p r o v o q u é l ' é p i s o d e e t c o m -
bien d e t e m p s a - t - i l d u r é . Est-il a s s o c i é avec
d'autres s y m p t ô m e s ? D e p u i s c o m b i e n d e t e m p s
le p r o b l è m e est-il présent? Est-il s u r v e n u e n
même temps qu'une autre maladie, ou un t r a u - Syncope vaso-vagale (syndrome vaso-vagal, syncope
m a t i s m e c r â n i e n ? I l p e u t être c o m p l i q u é d e d i s - neurocardiogénique) : peur, douleur, station debout
tinguer un s y n d r o m e vertigineux de véritables prolongée, chaleur, repas abondants, excès d'alcool
vertiges, mais quelques orientations simples Syncope à la miction : homme âgé, la nuit, mictions
permettent d'en définir la cause d a n s la p l u p a r t debout

des cas (Point de r é v i s i o n 14.2). Syncope de défécation : femme âgée, constipation,


douleur locale de l'anus
Syncope de toux : maladie pulmonaire chronique
obstructive
Pertes de connaissance
Hypotension orthostatique (Point de révision 14.4)
Syndrome du sinus carotidien
Si une patiente dit avoir p e r d u connaissance,
c'est p r o b a b l e m e n t v r a i . Si, t o u t e f o i s , elle le nie, Épilepsie

cela n e v e u t r i e n dire. U n tiers d e s p a t i e n t s q u i Accident ischémique transitoire


perdent connaissance en raison d'une hyper- Syndrome du vol sous-clavier, associé avec un effort
sensibilité d u s i n u s c a r o t i d i e n n e s'en r a p p e l l e n t du bras

pas : c'est u n e a m n é s i e r é t r o g r a d e . L ' i m p o s s i b i l i t é Embolie pulmonaire


pour la patiente de confirmer la perte de Infarctus du myocarde
connaissance d o i t être recherchée si d'autres Obstruction mécanique à l'éjection cardiaque:
signes s u g g è r e n t q u ' e l l e a p r o b a b l e m e n t p e r d u sténose aortique, cardiomyopathie hypertrophique
connaissance. Un témoin indépendant est obstructive

essentiel dans cette situation (Point de révi- Arythmie cardiaque


sion 14.3). Hyperventilation : état anxieux, dépression et agitation
Comprendre les différents appareils

Environnement âgée, e n r a i s o n d u p r o c e s s u s d e vieillissement,


Les c o n d i t i o n s d e l o g e m e n t d e l a p a t i e n t e i n d i - de troubles dentaires ou de prothèses dentaires
quent non seulement ses possibilités anté- m a l a d a p t é e s . A v e c l'âge, la p a r o l e d e v i e n t lente,
r i e u r e s , m a i s a u s s i l ' i m p o r t a n c e d e l'aide q u i lui m o i n s f o r t e e t p l u s a i g u ë . S o u v e n t l a v o i x est
est a p p o r t é e . La m a n i è r e d o n t elle s ' h a b i l l e et les é n e r v é e , et l'on ne sait p a s si cela est dû à l'âge
standards de propreté sont également des ou à des facteurs p s y c h o l o g i q u e s .
s i g n e s utiles. Des caries d e n t a i r e s p e u v e n t être l e p o i n t d e
départ d'une infection aiguë ou chronique, et
c o n d u i r e à une ulcération. Des prothèses mal
Audition, vision et langage fixées p e u v e n t p r o v o q u e r d e s u l c é r a t i o n s e t u n e
n u t r i t i o n a p p a u v r i e . Le s i g n e du « p o r t c u l l i s » (la
Des p r o b l è m e s avec u n e d e ces t r o i s f o n c t i o n s prothèse supérieure tombant sur l'inférieure
peuvent conduire à un isolement dans la l o r s q u e l a b o u c h e est o u v e r t e ) p e u t - ê t r e d û à
vieillesse. V a r i e r l'intensité d e l a p a r o l e d o n n e u n e m a u v a i s e f i x a t i o n , m a i s s'il est récent, p e u t
d e s i n d i c a t i o n s utiles s u r l ' a u d i t i o n d e l a p a t i e n t e . orienter vers u n e d é s h y d r a t a t i o n o u u n accident
Recherchez des b o u c h o n s de c é r u m e n . Avec une vasculaire cérébral provoquant une perte du
audition normale, le cérumen ne p r o v o q u e pas t o n u s de la m u s c u l a t u r e b u c c a l e (Fig. 14.1).
d e déficits i m p o r t a n t s , m a i s i l p e u t a g g r a v e r u n e La dyskinésie orofaciale (dyskinésie tardive),
h y p o a c o u s i e c h e z q u e l q u ' u n d o n t les f o n c t i o n s caractérisée par des m o u v e m e n t s d e m â c h o n n e -
auditives déclinent. Si la patiente porte u n e p r o - m e n t s d e s lèvres et d e s m a n d i b u l e s , est d u e à
thèse auditive, assurez-vous qu'elle f o n c t i o n n e , des tranquillisants majeurs ou parfois à des
q u ' e l l e sait c h a n g e r la pile et q u ' e l l e c o n n a î t les troubles extrapyramidaux, et peut provoquer
p o s i t i o n s m a r c h e e t arrêt. une dysarthrie.
La « l a n g u e c a v i a r » ( p a q u e t s de v a r i c o s i t é s l i n -
POINT PRATIQUE guales) est u n e l é s i o n o r a l e q u i p r o v o q u e u n e
Boutons de fonctionnement des prothèses a n x i é t é c o n s i d é r a b l e c h e z les p a t i e n t s e t leur
auditives e n t o u r a g e ; ceci n'est p a s d û à u n e a t t e i n t e g r a v e
0 : arrêt et il f a u t les rassurer.
M : microphone pour une conversation de
personne à personne
T: boucle d'induction aérique utilisée au théâtre,
au cinéma, dans les églises et dans les cabines Système nerveux
téléphoniques
M & T: microphone et boucle d'induction, L'examen du système nerveux peut être plus
ensemble : augmentent la flexibilité de l'utilisation
c o m p l i q u é en raison des difficultés à o b t e n i r une
dans des situations particulières
h i s t o i r e e t d e s effets d e l'âge o b s e r v a b l e s l o r s d e
l'examen n e u r o l o g i q u e .
Les seuls é l é m e n t s d i s p o n i b l e s p e u v e n t être u n e
Si la v i s i o n est altérée, e x a m i n e z la p a t i e n t e avec m o d i f i c a t i o n s o u d a i n e des p e r f o r m a n c e s p h y -
un o p h t a l m o s c o p e , un « t r o u d'aiguille » et un s i q u e s o u d u c o m p o r t e m e n t . U n e p a t i e n t e avec
test d e Snellen. L e t r o u d ' a i g u i l l e a g i t c o m m e u n e un accident vasculaire peut ne présenter que
lentille p a r f a i t e e t c o r r i g e les e r r e u r s d e r é f r a c - quelques signes cliniques m i n e u r s : discrète asy-
t i o n . E n u t i l i s a n t cette t e c h n i q u e , l ' a m é l i o r a t i o n m é t r i e faciale, r a l e n t i s s e m e n t m o d é r é d u lan-
d e l a v i s i o n m o n t r e l a nécessité d ' u n e r é f r a c t i o n gage, légère modification du tonus. Ces
e n b o n n e e t d u e f o r m e . Des l u n e t t e s sales a l t è - c h a n g e m e n t s d i s c r e t s p e u v e n t n'être a p p a r e n t s
rent s o u v e n t la vision; les nettoyer améliore q u ' a u médecin ou à l'infirmière q u i connaissent
c o n s i d é r a b l e m e n t les c h o s e s ! la patiente depuis l o n g t e m p s . À s o n e n t o u r a g e ,
Les t r o u b l e s d u l a n g a g e d ' o r i g i n e n e u r o l o g i q u e on d e m a n d e r a : « Y a - t - i l un c h a n g e m e n t r é c e n t
s o n t t r a i t é s d a n s le c h a p i t r e 7. Le l a n g a g e p e u t de sa manière de parler ou de marcher, ou est-
devenir incompréhensible chez une personne ce q u e s o n v i s a g e est d i f f é r e n t ? »
Difficultés spécifiques aux personnes âgées

posant la main sur le b o r d inférieur du g r a n d


p e c t o r a l et en p e r c u t a n t le d o s de la m a i n avec le
m a r t e a u à réflexe. Ce réflexe est p r é s e n t d a n s
l'enfance, m a i s t e n d à d i s p a r a î t r e avec l'âge et
réapparaît habituellement au c o u r s des maladies
cérébro-vasculaires.

POINT PRATIQUE

L'examen neurologique de la personne âgée


Les pupilles sont souvent de petite taille et
faiblement réactives.
L'atrophie des petits muscles des mains est
fréquente chez les personnes fragiles.
Les réflexes achilléens peuvent être absents.

(a)

Les p u p i l l e s p e u v e n t être petites et p e u réactives


à l'obscurité. Des m y d r i a t i q u e s p e u v e n t faciliter
l'examen d u f o n d d'œil : r a p p e l e z - v o u s q u ' i l existe
u n petit r i s q u e d e d é c o m p e n s a t i o n d ' u n g l a u -
come. Occasionnellement les pupilles peuvent
être inégales o u d e c o n t o u r s irréguliers, e n r a i s o n
des cicatrices d ' u n e i r i d o - c y c l i t e a n t é r i e u r e .

Les pieds

Les p i e d s s o n t i m p o r t a n t s e n cas d e :
• maladie vasculaire p é r i p h é r i q u e ;
• neuropathie;
• p o u s s e excessive d e s o n g l e s .

Des p a t i e n t s avec u n e f a i b l e v i s i o n , m a l a d r o i t s
(b)
de leurs m a i n s ou ayant des difficultés à se p e n -
Figure 1 4 . 1 . Signes du « portcullis » orientant vers une c h e r en a v a n t p e u v e n t a v o i r d e s d i f f i c u l t é s à se
déshydratation ou un accident vasculaire cérébral
c o u p e r les o n g l e s , c e q u i p r o v o q u e d e s d o u l e u r s
provoquant une perte du tonus de la musculature
buccale. à la m a r c h e ou m ê m e à la s t a t i o n i m m o b i l e .
L'onychogryphose (croissance excessive des
o n g l e s e n f o r m e d e serres) a p p a r a î t e n cas d e
U n e a t r o p h i e d e s petits m u s c l e s d e s m a i n s s a n s négligence p r o l o n g é e ; elle requiert un traite-
a u t r e s i g n e n e u r o l o g i q u e est f r é q u e n t e c h e z les m e n t p a r p é d i c u r e (Fig. 14.2). L e p o r t d e s c h a u s -
p e r s o n n e s âgées f r a g i l e s . Les réflexes o n t e n sures influence la mobilité: des pantoufles
g é n é r a l d i m i n u é , e t les réflexes a c h i l l é e n s p e u - anciennes, peu adaptées, d o i v e n t être r e m p l a -
v e n t être a b s e n t s c h e z d e s i n d i v i d u s n o r m a u x . cées p a r d e s c h a u s s u r e s c o n f o r t a b l e s . L'aspect
Des réflexes vifs o r i e n t e n t h a b i t u e l l e m e n t vers de l'usure de la s e m e l l e est utile s u r le p l a n d i a -
une maladie n e u r o l o g i q u e sous-jacente c o m m e g n o s t i c ; une patiente qui présente une chute du
celle d u s i g n e d e H o f f m a n n ( f l e x i o n d e s d o i g t s pied suite à un accident vasculaire mineur
a u b r u s q u e r e l â c h e m e n t d e l'index) e t d u réflexe m o n t r e u n e u s u r e excessive d u b o r d latéral e t
pectoral. Le réflexe p e c t o r a l se r e c h e r c h e en antérieur de la semelle du côté touché.
Comprendre les différents appareils

La peau
A v e c l'âge, l a p e a u d e v i e n t p l u s f i n e e t m o i n s
é l a s t i q u e , les c a p i l l a i r e s s o n t p l u s f r a g i l e s , et en
cas de m a l n u t r i t i o n , la g r a i s s e s o u s - c u t a n é e est
m o i n s a b o n d a n t e et il y a m o i n s de c o l l a g è n e . Le
p u r p u r a sénile e t l a laxité d e l a p e a u e n d é c o u -
lent, cette d e r n i è r e r e n d a n t p l u s difficile l a d é t e c -
t i o n de la d é s h y d r a t a t i o n en pinçant la peau de
l'avant-bras ou de la paroi a b d o m i n a l e anté-
rieure. L a r é g i o n l a p l u s f a v o r a b l e p o u r évaluer
l ' i n f i l t r a t i o n de la p e a u est le f r o n t , là où la peau
Figure 14.2. Onychogryphose nécessitant un adhère au fascia sous-jacent (Point de révi-
traitement par pédicure. s i o n 11.6).

U n e attention toute particulière peut-être a p p o r -


U n œ d è m e d e s j a m b e s p e u t être d û à l ' i m m o b i - tée à la p e a u d e s aires de p r e s s i o n ( p r o é m i -
lité p l u t ô t q u ' à u n e i n s u f f i s a n c e c a r d i a q u e . L e n e n c e s o s s e u s e s s u r lesquelles se d é v e l o p p e la
s y n d r o m e de la « c h a i s e r o u l a n t e » c h e z u n e p e r - pression). U n e r o u g e u r de la peau i n d i q u e une
s o n n e â g é e (Fig. 14.3) r é p o n d m i e u x à la m o b i l i - p r e s s i o n p r o b a b l e m e n t excessive. Si la r o u g e u r
sation qu'aux diurétiques. est a c c o m p a g n é e d ' u n e i n d u r a t i o n p é r i p h é r i q u e ,
il y a u n e n é c r o s e de p r e s s i o n d e s t i s s u s s o u s -
c u t a n é s . Le p h é n o m è n e de « l'iceberg » p e u t être
p r é s e n t : petite z o n e s u p e r f i c i e l l e d e n é c r o s e avec
une zone sous-jacente d'induration beaucoup
plus étendue. Cette dernière passe f a c i l e m e n t
inaperçue mais indique la véritable extension de
la n é c r o s e tissulaire. Les i n f i r m i è r e s p e u v e n t s ' i n -
quiéter de l'extension d'une ulcération et la
considérer c o m m e un défaut de soins. En g é n é -
ral, l'ulcère d e p r e s s i o n s ' a g r a n d i t d e m a n i è r e
inévitable, marquant l'extension réelle de la
nécrose. U n e escarre est u n d é s a s t r e p o u r l a
p a t i e n t e ; c'est u n e s o u r c e d ' i n f e c t i o n s e t d e p e r t e
m é t a b o l i q u e q u i r a l e n t i t la r é é d u c a t i o n (Fig. 14.4).

Figure 14.3. Syndrome de la « chaise roulante » chez Figure 14.4. Escarres fessières.
une personne âgée. L'œdème des jambes peut être dû
à l'immobilité plutôt qu'à une insuffisance cardiaque.
Difficultés spécifiques aux personnes âgées

Température le lever. D a n s l'atteinte v é g é t a t i v e , la p r e s s i o n à


L a prise u n i q u e d e t e m p é r a t u r e n ' o f f r e q u e p e u 30 s e c o n d e s est d i m i n u é e , elle le reste à u n e et
d'intérêt, s a u f si la p a t i e n t e est h y p o t h e r m i q u e deux minutes, et peut m ê m e chuter plus bas en
( t e m p é r a t u r e a u r a l e o u rectale e n d e s s o u s d e raison de la défaillance des m é c a n i s m e s c o m -
35 °C) ou f é b r i l e ( s u p é r i e u r e à 37,5 °C). En r a i s o n pensatoires de vasoconstriction périphérique. Si
du risque de ne pas reconnaître une h y p o t h e r - les f o n c t i o n s v é g é t a t i v e s s o n t intactes, l a p r e s -
mie, l a t e m p é r a t u r e d e l a p a t i e n t e d o i t t o u j o u r s s i o n artérielle à 3 0 s e c o n d e s p e u t être s i g n i f i c a -
être p r i s e p a r u n t h e r m o m è t r e d o n t l a g r a d u a - t i v e m e n t basse alors qu'une à deux minutes
t i o n d e s c e n d j u s q u ' à 30 °C (Fig. 12.2). a p r è s le lever, elle p e u t être é g a l e à celle en p o s i -
Les températures « normales » varient de t i o n c o u c h é e ; cela s e r e t r o u v e d a n s les h y p o t e n -
m a n i è r e i m p o r t a n t e , m ê m e c h e z les p a t i e n t s p l u s sions iatrogènes ou dans la déshydratation, et
j e u n e s ; les t e m p é r a t u r e s d e s p e r s o n n e s âgées implique que le système autonome puisse
a p p o r t e n t u n e m e i l l e u r e i n f o r m a t i o n s i elles s o n t e n c o r e c o m p e n s e r . D e telles p a t i e n t e s s e p l a i -
m e s u r é e s t o u t e s les six h e u r e s , p e n d a n t d e u x o u gnent de symptômes très précoces après le
trois j o u r s . lever, q u i s e m a i n t i e n n e n t q u a n d l a p a t i e n t e est
Parfois, les p a t i e n t s â g é s o n t d e s i n f e c t i o n s s y s - d e b o u t p e n d a n t e n v i r o n u n e m i n u t e . Les s y m p -
t é m i q u e s avec d e s t e m p é r a t u r e s p o u r t a n t n o r - t ô m e s caractéristiques de l'hypotension o r t h o -
males. La courbe de température montre statique s o n t des sensations vertigineuses et u n e
habituellement une augmentation de la t e m p é - f a i b l e s s e a u l e v e r ; m ê m e l o r s q u e ces s i g n e s s o n t
rature basale. absents, la patiente présentera une instabilité
p o s t u r a l e et d e s c h u t e s . À la p h a s e initiale de ce
p h é n o m è n e , la chute de pression p e u t n'être
Pression artérielle présente que tôt le matin, lorsque le v o l u m e cir-
c u l a t o i r e s a n g u i n est au p l u s bas. Si la p a t i e n t e
Il est d é s o r m a i s p r o u v é q u e t r a i t e r l ' h y p e r t e n s i o n
artérielle c h e z les p e r s o n n e s âgées a i d e à p r é v e -
nir les m a l a d i e s c a r d i a q u e s et c é r é b r o - v a s c u -
laires. A la p h a s e a i g u ë de b e a u c o u p d ' a f f e c t i o n s ,
en particulier dans l'insuffisance ventriculaire
Dysfonctionnement végétatif dû à :
g a u c h e et les A V C , il y a u n e a u g m e n t a t i o n b r u -
Des changements liés à l'âge des mécanismes
tale de la p r e s s i o n artérielle, ce q u i ne c o n s t i t u e physiologiques
pas u n e i n d i c a t i o n à u n t r a i t e m e n t a n t i - h y p e r t e n - Des maladies provoquant des modifications des
seur. D a n s u n a c c i d e n t v a s c u l a i r e c é r é b r a l , u n tel mécanismes physiologiques c o m m e :
traitement peut réduire la pression de perfusion - la neuropathie diabétique
- les maladies cérébro-vasculaires
cérébrale e t a c c e n t u e r l e r i s q u e d e t h r o m b o s e
- la maladie de Parkinson
cérébrale. Les a n t i - h y p e r t e n s e u r s s e r o n t institués
- le syndrome de Shy-Drager
deux s e m a i n e s a p r è s la p h a s e a i g u ë de l'accident - les polyneuropathies
vasculaire c é r é b r a l , et s e u l e m e n t si l ' h y p e r t e n s i o n
latrogènes
persiste. Médicaments anti-hypertensifs
Diurétiques
L'hypotension orthostatique a une importance
Médicaments contenant de la L-Dopa
p a r t i c u l i è r e c h e z les p e r s o n n e s â g é e s : il s'agit
Phénothiazines
d'une c h u t e d e l a t e n s i o n artérielle s y s t o l i q u e Antidépresseurs tricycliques
supérieure à 20 mm/Hg lorsque la patiente Benzodiazepines
passe de la position couchée à la position Nitrates
d e b o u t . Les c a u s e s s o n t m u l t i p l e s e t les c o n d i - Autres maladies
t i o n s p e u v e n t être m u l t i f a c t o r i e l l e s (Point d e r é v i - Infarctus du myocarde
s i o n 14.4). C h e z u n e p a t i e n t e c o u c h é e d e p u i s d i x Embolie pulmonaire
Déshydratation et perte sodique
minutes, on prendra la pression artérielle
Infection
30 secondes, une m i n u t e et deux minutes après
I Comprendre les différents appareils

présente des s y m p t ô m e s matinaux, la pression


artérielle d e v r a être p r i s e l o r s q u e la p a t i e n t e se
lève p o u r l a p r e m i è r e f o i s .
Incontinence urinaire
Vessie instable.
Prostatisme.
Incontinence
Vaginite atrophique.
Insuffisance périnéale.
Tout patient immobilisé et incapable de d e m a n - Rétention avec regorgement :
d e r d e l'aide p o u r aller a u x t o i l e t t e s e n r a i s o n , - fécalome;
par exemple, d'une aphasie, de craintes ou d'une - médicamenteuse;
démence, présentera une incontinence urinaire. - prostatisme;
- sténose urétrale;
U n e m i c t i o n t o u t e s les d e u x h e u r e s p e r m e t h a b i -
- une vessie neurogène atone.
tuellement de retrouver une certaine continence. Infection urinaire aiguë, en présence d'un ou
Une incontinence persistante nécessite des plusieurs des facteurs ci-dessus prédisposant un
i n v e s t i g a t i o n s . Les c a u s e s h a b i t u e l l e s d e l ' i n c o n - patient normalement continent à l'incontinence
urinaire.
t i n e n c e c h e z les p e r s o n n e s âgées s o n t listées
État confusionnel aigu.
d a n s le P o i n t de r é v i s i o n 14.5. Le v o l u m e vésical
Facteurs psychologiques, par exemple une
d o i t être évalué. L a p a l p a t i o n p e u t s u f f i r e m a i s protestation « sale » à une situation sociale que la
c h e z b e a u c o u p d e p a t i e n t s , i l est nécessaire d e patiente trouve inacceptable.
mesurer, en imagerie échographique ou en
Incontinence fécale
coupes, le v o l u m e post-mictionnel, par exemple Activité intestinale anormale :
a p r è s a v o i r v i d é l a vessie p o u r d i a g n o s t i q u e r u n - diarrhée;
d é f a u t d e v i d a n g e vésicale. - fécalome.
L e p a t i e n t p e u t a v o i r u n e r é t e n t i o n avec r e g o r - Contrôle neurologique anormal :
- démence: rectum instable, perte de la prise
gement, qui peut-être dû à une maladie prosta-
de conscience sociale, perte de la sensation
t i q u e et, d a n s les d e u x sexes, à un f é c a l o m e . d'envie avec fécalome secondaire.
L'examen d u r e c t u m p e u t les d é t e c t e r t o u s les Lésion neurologique d e :
d e u x , m a i s si le r e c t u m est vide, il f a u t é l i m i n e r - la moelle épinière;
une « constipation haute » par une palpation - la queue de cheval ;
- les nerfs périphériques.
a b d o m i n a l e et un examen en imagerie.
Anomalie du plancher pelvien :
En d e h o r s du r e g o r g e m e n t , la cause la plus f r é - - étirement du plancher pelvien : constipation
q u e n t e de l ' i n c o n t i n e n c e u r i n a i r e est la « vessie chronique épuisante, lésions chroniques chez la
instable », p r o v o q u é e par u n e perte du contrôle femme aux nombreux accouchements;
- traumatisme du sphincter anal.
n e u r o l o g i q u e s u p é r i e u r , d a n s les m a l a d i e s c é r é -
Facteurs psychologiques, par exemple une
b r o - v a s c u l a i r e s o u l a d é m e n c e sénile. L ' i n c o n t i -
protestation « sale ».
n e n c e est i m p r é v i s i b l e , l e p a t i e n t n e r e s s e n t a n t
q u e p e u d'envie. C h e z les f e m m e s m u l t i p a r e s , i l
est difficile d e d i s t i n g u e r c e p r o b l è m e d e l ' i n c o n - d'une vessie instable avec un jet prolongé
t i n e n c e d ' e f f o r t liée à u n e i n s u f f i s a n c e d u p l a n - d ' u r i n e q u i s'arrête l e n t e m e n t l o r s q u e l a p r e s s i o n
c h e r p e l v i e n , car la vessie i n s t a b l e se c o n t r a c t e à intravésicale c h u t e en dessous de la pression
la suite d ' u n effort de t o u x ou à la station d e b o u t sphinctérienne.
(« p s e u d o - c o n t i n e n c e à l'effort »). D e m a n d e z à la L ' i n c o n t i n e n c e fécale a c c o m p a g n e s o u v e n t u n e
patiente d e b o u t de tousser en observant le p é r i - vessie i n s t a b l e m a i s s u r v i e n t a u c o u r s d e l ' é v o l u -
née. D a n s u n e i n c o n t i n e n c e d'effort, o n c o n s t a t e t i o n d e l a p a t i e n t e . T o u t p a t i e n t avec u n e i n c o n -
une fuite urinaire brève lorsque la pression t i n e n c e fécale d o i t ê t r e e x a m i n é à la r e c h e r c h e
a b d o m i n a l e (et d o n c l a p r e s s i o n intravésicale) d'un fécalome et traité p o u r maîtriser la c o n t i -
est s u p é r i e u r e à la p r e s s i o n du s p h i n c t e r : la v e s - n e n c e , m ê m e c h e z les p a t i e n t s d é m e n t s . L ' i n c o n -
sie ne se c o n t r a c t e pas. D a n s la « p s e u d o - i n c o n - tinence fécale sans incontinence urinaire est
t i n e n c e d ' e f f o r t », la t o u x p r o v o q u e la c o n t r a c t i o n habituellement due à une pathologie locale
Difficultés spécifiques aux personnes âgées

intestinale, l e p l u s f r é q u e m m e n t c o n s t i p a t i o n e t la q u e s t i o n , il existe u n risque significatif de


fécalome, mais aussi diarrhée infectieuse aiguë, chute.
tumeur colique, maladie diverticulaire, maladies Pour planifier la rééducation, l'importance de
inflammatoires intestinales, sténose anale, p r o - l'aide r e q u i s e p a r l a p a t i e n t e p o u r m a r c h e r est
lapsus a n a l o u m a l a b s o r p t i o n . i m p o r t a n t e : combien de personnes sont néces-
saires e t q u e l l e est l ' i m p o r t a n c e d e l e u r s o u t i e n
p h y s i q u e et p s y c h o l o g i q u e ? Si la p a t i e n t e ne
Mobilité et démarche peut pas marcher, peut-elle se transférer de s o n
lit s u r u n e c h a i s e e t l'inverse, o u d ' u n e c h a i s e
L a r é g r e s s i o n d e l a m o b i l i t é est u n p r o b l è m e r o u l a n t e s u r ses t o i l e t t e s ? D e q u e l l e a i d e a - t - e l l e
m a j e u r c h e z les p e r s o n n e s âgées. U n e é v a l u a - besoin p o u r ce faire?
tion précoce de la marche est i r r e m p l a ç a b l e
pour le diagnostic et p o u r définir u n e c o n d u i t e à POINT PRATIQUE
tenir. Beaucoup de situations neurologiques Principaux appareils pour personnes âgées:
incluent des t r o u b l e s spécifiques de la m a r c h e points à noter
qui s o n t d é c r i t s a i l l e u r s . C e r t a i n s c h a n g e m e n t s Déambulateurs
s o n t très d i s c r e t s . U n l é g e r f r o t t e m e n t d u p i e d Pour certains patients, un déambulateur à
peut être le seul s i g n e d ' u n e l é s i o n p y r a m i d a l e , le roulettes peut être plus adapté : les chutes en
arrière sont moins probables, par exemple dans
plus s o u v e n t liée à un a c c i d e n t v a s c u l a i r e c é r é -
la maladie de Parkinson.
bral. Ce f r o t t e m e n t est d ' a i l l e u r s p l u s facile à Hauteur du déambulateur: le grip doit être au
entendre qu'à voir, mais vérifiez q u e ce bruit même niveau que la styloïde ulnaire lorsque la
n'est p a s dû à d e s c h a u s s u r e s m a l a d a p t é e s . La patiente se tient debout, les bras le long du
corps.
pauvreté du balancement d'un bras (ou des
deux) l o r s d e l a m a r c h e est u n d e s p r e m i e r s Cannes
Hauteur des cannes : la poignée doit être au
signes de la m a l a d i e de P a r k i n s o n .
même niveau que la styloïde ulnaire lorsque la
L'épreuve de la m a r c h e « t a l o n s d e v a n t o r t e i l s » patiente se tient debout, les bras le long du
est u n e é v a l u a t i o n u t i l e d e l ' é q u i l i b r e . D e m a n d e z corps.
à v o t r e p a t i e n t e de m a r c h e r à t r a v e r s la c h a m b r e L'extrémité de la canne doit porter un embout
en plaçant le talon du pied d'attaque juste de caoutchouc pour éviter de glisser sur le sol.

d e v a n t les o r t e i l s d e s o n a u t r e p i e d , c o m m e s i Chaises roulantes


Si la chaise comporte des roues pneumatiques,
elle m a r c h a i t s u r u n e c o r d e r a i d e . L a p a t i e n t e
assurez-vous que les pneus soient bien gonflés,
d o i t r e g a r d e r d r o i t d e v a n t elle et ne se r e t e n i r à
sinon il sera difficile à pousser et les freins ne
a u c u n s u p p o r t . C h e z les p a t i e n t e s q u i t i t u b e n t , fonctionneront pas correctement.
l a cause l a p l u s f r é q u e n t e est u n e m a l a d i e c é r é - Assurez-vous que les freins fonctionnent
bro-vasculaire, après avoir éliminé d'autres convenablement de chaque côté de la chaise.
Un défaut de freinage rendrait la chaise instable
situations n e u r o l o g i q u e s , par exemple u n e n e u -
qui basculerait vers l'avant lorsque la patiente
ropathie ou des troubles cérébelleux. La essaye d'en sortir.
patiente oscillera du côté de la lésion: par
exemple, u n e patiente t o m b e r a d u côté t o u c h é
par l'accident v a s c u l a i r e .
Le test « p a r l e r en m a r c h a n t » est utile p o u r
déterminer u n e t e n d a n c e à la chute. D e m a n d e z Activités quotidiennes
à v o t r e p a t i e n t e de m a r c h e r à c ô t é de v o u s d a n s
u n c o r r i d o r v i d e . Restez s i l e n c i e u x u n m o m e n t L'évaluation m u l t i d i s c i p l i n a i r e de la c a p a c i t é de la
pour v o u s assurer que la patiente marche de p a t i e n t e à réaliser d e s t â c h e s essentielles p o u r sa
f a ç o n a s s u r é e . Puis p o s e z - l u i u n e q u e s t i o n à vie i n d é p e n d a n t e a i d e à p l a n i f i e r la r é é d u c a t i o n
laquelle elle doit répondre. Normalement, la et la c o n v a l e s c e n c e . L'index de B a r t h e l est h a b i -
patiente p e u t le f a i r e en c o n t i n u a n t à m a r c h e r . tuellement utilisé (Point de révision 14.6); il
Si elle d o i t s'arrêter de m a r c h e r p o u r r é p o n d r e à m e s u r e la d é p e n d a n c e s u r u n e échelle de 0 à 2 0 .
Comprendre les différents appareils

Activité Score
Appareil digestif 0 Incontinence ou requiert un lavement
1 Accident occasionnel (une fois par semaine ou moins)
2 Continent

Vessie 0 Incontinent, ou sondé et incapable d'entretenir la sonde


1 Accidents occasionnels (pas plus de un par 24 h)
2 Continent ou capable seul de soins de la sonde urinaire
Soins de beauté 0 Nécessite une aide personnelle (visage, cheveux, rasage, brossage)
1 Indépendant

Toilette 0 Dépendant
1 Requiert une aide
2 Indépendant (aller et retour des toilettes, s'essuyer et se rhabiller)
Alimentation 0 Incapable
1 Requiert une aide (par exemple pour découper ou tartiner le beurre)
2 Indépendant

Transferts 0 Incapable: pas d'équilibre assis


1 Aide importante (physique, par une ou deux personnes), peut s'asseoir
2 Aide mineure (verbale ou physique)
3 Indépendant

Mobilité 0 Incapable
1 Indépendant en chaise roulante (capable de tourner, de passer des portes)
2 Marche avec l'aide d'une personne (verbale ou physique)
3 Indépendant (avec ou sans aide à la marche)

Habillage 0 Dépendant
1 Requiert de l'aide (peut en faire la moitié seule)
2 Indépendant

Escaliers 0 Incapable
1 Nécessite de l'aide (verbale, physique)
2 Incapable
Se baigner 0 Dépendant
1 Indépendant (bain et douche sans surveillance)

L'index p e u t ê t r e utilisé p o u r é v a l u e r les f o n c - L'examen initial chez une personne très âgée
t i o n s passées e t actuelles, e t e n r e g i s t r e r les p r o - nécessite une grande attention aux détails et doit
prendre beaucoup de temps : des problèmes
grès p e n d a n t la rééducation.
mineurs résolus de manière simple sont
déterminants pour retrouver une indépendance.
Même si la patiente ne redevient pas indépendante,
Appareillage et instruments les informations recueillies jouent inévitablement un
rôle vital dans la prise en charge ultérieure.
A u c u n e x a m e n n'est c o m p l e t s a n s l ' é v a l u a t i o n La plupart des personnes âgées ont de multiples
d e l ' a p p a r e i l l a g e u t i l i s é : est-il a d a p t é , s û r e t d e maladies et problèmes.
taille c o r r e c t e ? L e Point p r a t i q u e d e l a p a g e p r é - L'essentiel de la prise en charge des personnes âgées
c é d e n t e v o u s d o n n e u n e liste des a p p a r e i l l a g e s consiste en la résolution de problème comme les
habituels. chutes, l'immobilité, la confusion, l'incontinence, les
troubles de l'équilibre et les difficultés rencontrées
par les aides-soignants.
Bien que le diagnostic exact soit important, il l'est
encore plus d'optimiser les fonctions, si nécessaire
en utilisant un appareillage ou des prothèses.
Comment agir
face à un patient inconscient?

L'importance de l'histoire et sa contribution déci- de choses dépendent de l'explication exacte de


sive au diagnostic final ont été répétées tout au la séquence des événements jusqu'à la perte de
long de ce livre. C'est pourquoi le médecin est au conscience, ainsi que des antécédents médicaux
premier abord désavantagé avec un patient qui ne doivent pas être ignorés. Toutes les
inconscient. Il n'y a en général aucune histoire sources possibles d'information doivent être
disponible de la part du patient, et très peu de la interrogées : amis, entourage ou voisins sont des
famille ou des amis. De plus, la pertinence (et la exemples évidents, mais les membres du service
crédibilité) de telles informations sont difficiles à d'urgence peuvent également apporter une
établir. Il peut se passer quelques heures ou contribution importante en fournissant des
quelques jours avant que la totalité des détails détails sur la perte de conscience et son évolu-
utiles soit connue. tion au cours du trajet vers l'hôpital.
Dans ces circonstances, il est essentiel que le De simples règles de base doivent être appli-
médecin soit non seulement ouvert à plusieurs quées (Point de révision 15.1).
diagnostics possibles mais également caoable
de modifier son examen de routine :
• en essayant d'établir exactement ce qui est
arrivé à partir de toutes les sources possibles ;
• en établissant une évaluation immédiate pour À FAIRE
pallier la défaillance des fonctions vitales; Demandez à d'autres personnes de dénicher le plus
• en réalisant un examen général à la recherche d'informations possible sur les circonstances de
de signes cliniques spécifiques; l'épisode.

• en programmant des examens complémen- Recherchez toute maladie récente.


Recherchez les plaintes antérieures et des épisodes
taires appropriés pour éliminer des causes
de perte de conscience, même brefs.
potentielles de perte de conscience;
Recherchez des signes antécédents ou actuels qui
• en proposant un « diagnostic principal »
pourraient être éventuellement mentionnés sur la
offrant la principale explication de la perte de « Medi-Alert card* » que porterait le patient
conscience ; Conservez tout comprimés ou bouteilles vides qui
• en surveillant régulièrement toute modifica- auraient été vues à proximité du patient.
tion de l'état du patient; Interrogez le personnel de l'ambulance ou de la
• en établissant un programme de prise en police, à la recherche d'informations.
charge adapté aux besoins du patient. Ces sept Contactez le médecin de famille du patient pour
points seront discutés en détail ci-dessous. discuter des antécédents et des visites récentes.

À NE PAS FAIRE
Ne laissez pas repartir des témoins, des amis ou des
• ÉTABLIR EXACTEMENT membres de la famille sans les avoir interrogés
CE QUI EST ARRIVÉ complètement.
N'oubliez pas de retranscrire leurs observations.
Il est crucial d'obtenir autant d'informations que
* cf. la note du traducteur [NdT], page 111.
possible, le plus rapidement possible. Beaucoup
Comprendre les différents appareils

• ÉVALUATION IMMÉDIATE l'hypothyroïdie. L'hyperthermie est un signe fré-


quent de fièvre mais les personnes âgées peu-
Faites toujours une évaluation immédiate (Point vent avoir une infection généralisée sans montée
de révision 15.2) dès que vous voyez le patient de la température.
Décider de la nécessité de manœuvres de réani- Examinez la peau à la recherche:
mation ne prend que quelques secondes. Faites • d'une cyanose associée à une insuffisance
des prélèvements sanguins à la première oppor- cardiaque ou une maladie respiratoire;
tunité, car une éventuelle perte de conscience • de stigmates d'une maladie hépatique,
ultérieure peut les rendre plus difficile. Une gly- comme les angiomes stellaires, l'hypertension
cémie supérieure à 3 mmol/l élimine une hypo- portale et l'ictère;
glycémie; en dessous, donnez du Glucagon. • de la pigmentation d'une insuffisance surré-
nalienne;
• des vergetures d'une maladie de Cushing;
• de rougeurs orientant vers une septicémie;
• de la couleur rouge cerise de l'intoxication au
Toujours : monoxyde de carbone;
Évaluer les voies respiratoires, la ventilation et la • de cloques sur les jambes dues à un empoi-
circulation.
sonnement aux barbituriques (rare de nos
Mesurer la tension artérielle, le pouls et la respiration. jours) ;
S'assurer de la présence du réflexe nauséeux. • d'une peau rêche et sèche, signe d'une hypo-
Débuter la réanimation si nécessaire. thyroïdie non traitée;
Rechercher un traumatisme, surtout crânien. • de traces d'injection dans des sites abdomi-
Évaluer la profondeur du coma. naux ou des membres suggérant un traitement
Mesurer la température rectale. par l'insuline pour un diabète, ou des traces d'ai-
Prélever 5 ml de sang pour une glycémie rapide. guille sur les avant-bras orientant vers une
intoxication par des drogues intraveineuses;
• de piqûres d'abeilles et de guêpes (difficiles à
voir) provoquant une hypotension profonde et
une perte de conscience.
• EXAMEN GÉNÉRAL (Fig. 15.1)
Dans un coma, il existe souvent une dépression
Vous aurez certainement déjà fait des observa- respiratoire. Des formes respiratoires particu-
tions utiles lors de votre évaluation immédiate, lières peuvent être observées dans les maladies
mais maintenant l'exactitude prend le pas sur la générales touchant le tronc cérébral :
vitesse. Il existe de nombreuses causes de coma, • la respiration de Cheyne-Stockes, la respira-
toutefois vous devez penser en priorité à ces tion débute doucement, sa fréquence croît et
étiologies: intoxication médicamenteuse (inten- atteint un maximum, pour s'interrompre brutale-
tionnelle ou non), hypoglycémie, insuffisance ment pendant quelques secondes avant que le
respiratoire avec hypercapnie, accident vascu- cycle ne redémarre à nouveau. Ceci est le résul-
laire cérébral et épilepsie. tat d'un dysfonctionnement cérébral ou du tronc
cérébral, une rétention du C0 par une maladie
2

pulmonaire chronique, un coma dû à des


Observations générales désordres métaboliques comme le diabète sucré
ou l'insuffisance ventriculaire gauche;
Vérifiez toujours la température en utilisant un • une hyperventilation profonde visible peut
thermomètre rectal, ou auriculaire si disponible. survenir au cours de l'acidocétose diabétique et
Rappelez-vous que l'hypothermie n'est pas limi- dans l'urémie, directement provoquée par l'aci-
tée aux mois d'hiver en France, elle peut aussi dose (respiration de Kussmaul), ou dans des
être le signe d'une maladie générale comme atteintes neurologiques touchant le pont;
Comment agir face à un patient inconscient?

Figure 15.1. Schéma de ce qu'il faut examiner chez un patient inconscient.

• une respiration superficielle et peu efficace associées, et s'il existe une cicatrice sternale, pen-
oriente vers des maladies touchant les centres sez à l'accident vasculaire provenant d'un
respiratoires dans le tronc cérébral, dans un embole dû à un thrombus atrial ou ventriculaire
contexte préterminal. chez les patients coronariens, ou à la suite d'une
hyper- ou hypo-anticoagulation après rempla-
Pendant que vous observez l'allure de la respira- cement valvulaire.
tion, l'odeur de pomme verte très caractéristique
des cétones peut devenir évidente. La faculté de
sentir les cétones est génétiquement acquise: Situation neurologique
vous l'avez ou vous ne l'avez pas! De la même
façon, et de manière évidente, on percevra L'examen neurologique est une partie de l'exa-
l'odeur caractéristique de l'alcool et l'haleine men clinique de routine. L'atteinte cérébrale est
sucrée de l'insuffisance hépatique. une cause fréquente de perte de conscience et
de coma; il n'y a aucune place pour des raison-
nements trop sommaires. L'examen neurolo-
État cardiovasculaire gique doit être complet et minutieux.
Commencez par la tête, recherchez un trauma-
Vous devrez mesurer la tension artérielle, la fré- tisme et examinez les oreilles et le nez à la
quence cardiaque et son rythme et la pression recherche de saignements.
veineuse jugulaire (NdT: ce dernier signe n'est Une nuque raide indique l'irritation méningée
pas recherché en France). Les atteintes corona- d'une méningite ou d'une hémorragie sous-
riennes et cérébro-vasculaires sont souvent arachnoïdienne.
Comprendre les différents appareils

P O I N T PRATIQUE
Il est important d'examiner de manière attentive
la taille des pupilles et ses réactions à la lumière Attention
(Fig. 15.2). Demandez l'avis d'un expert si vous suspectez un
engagement.
• Une pupille non réactive à la lumière est une
urgence neurochirurgicale. Il existe une hyper-
tension intracrânienne; le tronc cérébral et le
cervelet sont coincés (« engagés ») dans le fora- Vous devez examiner attentivement les mouve-
e
men magnum, tirant sur le III nerf crânien (d'où ments oculaires:
la pupille dilatée); • des mouvements oculaires lents et erratiques
• Un myosis serré bilatéral oriente vers une sont observés dans le coma léger;
hémorragie du pont ou une surdose en opiacés • une déviation (« conjuguée ») du regard laté-
comme l'héroïne; ral survient lorsque l'atteinte est localisée à un
• Une mydriase bilatérale modérée mais réac- hémisphère. Les yeux regardent vers l'hémi-
tive à la lumière est secondaire à une lésion du sphère lésé (et vers les membres intacts) dans
tronc cérébral, car le réflexe photomoteur est les lésions touchant les voies supranucléaires, et
interrompu; du côté opposé à l'atteinte hémisphérique (et
• Un myosis unilatéral avec une chute de la donc vers le côté paralysé) dans les lésions du
paupière supérieure (« ptosis ») est un syndrome pont;
de Claude Bernard-Horner qui interrompt l'in- • la réaction en « tête de poupée » est une
nervation sympathique de l'œil; réponse normale. La tête est tournée passive-
• Une mydriase bilatérale non réactive est ment d'un côté, les deux yeux regardent dans la
observée chez les patients dans un coma pro- direction opposée. Ce réflexe est perdu dans le
fond à la suite d'une surdose de barbituriques et coma profond et dans les lésions du tronc céré-
d'une hypothermie. C'est aussi l'un des signes de bral. Il est également absent en cas de mort céré-
mort cérébrale. brale ;

F i g u r e 15.2. Modifications pupillaires chez un patient inconscient.


Comment agir face à un patient inconscient?

• le réflexe calorique oculo-vestibulaire est Examens complémentaires


aussi une réponse normale. Si l'on injecte de Le but des investigations est d'établir la cause de
l'eau glacée dans le méat auditif externe, les deux la perte de conscience. Connaître les causes les
yeux vont tourner vers le côté irrigué. Dans les plus fréquentes permet d'ordonner plus facile-
atteintes du tronc cérébral, ce réflexe est perdu. Il ment les tests et d'éviter des investigations spé-
est également absent en cas de mort cérébrale; culatives inutiles.
• des mouvements pendulaires des yeux vers Voici une courte liste:
le bas sont observés dans les hémorragies du • numération formule sanguine: une augmen-
pont et du cervelet. tation des blancs peut indiquer une infection;
• urée, sodium, potassium, calcium et fonctions
POINT PRATIQUE hépatiques;
Attention • recherche de médicaments: paracétamol et
Ne donnez jamais des médicaments qui peuvent salicylés, 20 ml supplémentaires sont néces-
affecter les réflexes pupillaires chez les patients saires si d'autres recherches sont menées;
avec des troubles de la conscience avant d'avoir
• cortisol et fonction thyroïdienne;
obtenu l'avis d'un expert.
• hémoculture;
• ponction lombaire, uniquement si une ménin-
gite ou une encéphalite sont suspectées et qu'un
Les réponses motrices sont difficiles à évaluer scanner cérébral a éliminé une lésion intracrâ-
chez un patient inconscient, mais il existe des nienne. Ceci peut provoquer un engagement
tests simples et utiles : létal ;
• une chute faciale implique une hémiplégie; • un scanner cérébral ou une IRM (imagerie
• le tonus musculaire peut être augmenté ou par résonance magnétique) peut être nécessaire.
diminué d'un côté, suggérant la lésion d'un Un patient sous ventilation assistée peut tout de
hémisphère; même passer un scanner cérébral (ou une IRM
• la réponse à des stimuli douloureux peut être [NdT]).
plus marquée d'un côté que de l'autre;
• un regard qui se détourne devant une main
menaçante sur un côté du visage évoque un cli- Surveillance
gnement réflexe des yeux. S'il est absent, le Il est important de pouvoir établir si l'état du
patient présente au moins un déficit visuel d'un patient s'améliore ou s'aggrave. Répéter toutes
côté et une hémianopsie; les heures les examens ci-dessus prendrait trop
• l'absence des réflexes tendineux d'un seul de temps; c'est pourquoi l'échelle de coma de
côté oriente vers une hémiplégie; Glasgow, présentée dans le Point de révi-
• le réflexe cutané plantaire est souvent en sion 15.3, a été créée et largement adoptée. En
extension dans le coma; recherchant les réponses spécifiques à des
• des postures anormales peuvent être adop- ordres ou à des stimuli douloureux, il est facile
tées en réponse à des stimuli douloureux. Un de préciser l'état clinique du patient et de relever
patient qui étend les bras et les jambes en toute modification, dans le bon ou le mauvais
réponse à une douleur présente un coma plus sens. Les stimuli douloureux sont administrés
profond que le patient qui répond en fléchissant par une pression importante sur le sternum, le lit
ses membres. des ongles ou sur les rebords supra-orbitaires.
Le tableau se remplit simplement et offre une pré-
Les étiologies « chirurgicales » du collapsus peu- sentation visuelle instantanée de l'état présent et
vent aussi être évoquées. Recherchez toujours passé du patient. Un patient peut être considéré
une défense abdominale et des bruits aériques: dans un coma profond avec un score initial de 3,
un ulcère perforé, une pancréatite ou la rupture mais après quelques heures, sa situation peut
d'un anévrisme abdominal peuvent se présenter s'améliorer, ce qui se manifeste par un score
par un collapsus. croissant.
Comprendre les différents appareils

ou par intoxication. La plupart ont pris des I


médicaments qui traînaient et les ont avalés avec
ÉVALUATION SCORE de l'alcool. L'aspirine, le paracétamol, les hypno-
Mouvements oculaires (0) tiques et les antidépresseurs sont facilement dis-
Spontanés 4 ponibles;
Réponse à la parole 3
Réponse à la douleur 2
• hypo- ou hyperglycémie et acidose métabo-
Aucune 1 lique;
• défaillance des organes principaux (foie, reins
Réponse motrice (M)
Obéit à la commande 6 et défaillance respiratoire avec hypercapnie) ;
Localisée 5 • méningo-encéphalite, trauma, abcès, héma-
Se retire du stimulus 4 tomes, hypoxémie, lésions corticales ou du tronc
Flexion anormale 3 cérébral d'origine ischémique ou hypertensive;
Réponse en extension 2
• troubles de la calcémie, de la natrémie et de
Aucune 1
la kaliémie;
Réponse verbale (V)
• maladies hypophysaires, surrénaliennes et
Orientée 5
Confuse 4 thyroïdiennes;
Mots inappropriés 3 • hypothermie.
Sons incompréhensibles 2
Aucune 1

• MORT CÉRÉBRALE
Les fonctions du tronc cérébral sont essentielles
• PRISE EN CHARGE à la vie. A un certain moment, les médecins doi-
vent décider si le tronc cérébral est encore fonc-
L'orientation vers une réanimation médicale ou tionnel et s'il peut maintenir la vie. Des patients
neurochirurgicale dépend des disponibilités qui restent inconscients et non réactifs présen-
locales et des besoins du patient, mais dans tous tent probablement des « pertes irréversibles des
les cas, des soins attentifs et un monitoring facultés de conscience avec une disparition de la
continu sont essentiels pour identifier les chan- capacité à respirer ».
gements d'état du patient, en particulier l'aggra- Des lésions cérébrales irréversibles peuvent lais-
vation du niveau de conscience et des fonctions ser le patient dans un état de « mort cérébrale »
vitales. mais avec un cœur continuant à battre, capable
Une attention particulière doit être apportée aux de maintenir une circulation.
soins de la peau, des yeux et de la bouche. On Certaines conditions doivent être réunies avant
évaluera la compensation liquidienne en esti- de décider de la réalisation des tests de mort
mant la perte insensible (qui peut excéder 2 I par cérébrale:
jour) et le débit urinaire (un sondage peut-être • la cause du coma doit être connue et irréver-
nécessaire). Une alimentation n'est habituelle- sible ;
ment pas nécessaire pendant les premiers jours. • l'hypothermie, les étiologies métaboliques et
Si la cause est identifiée, le traitement approprié pharmacologiques (myorelaxants et alcool
doit débuter mais chez certains patients, il y a inclus) doivent être exclues.
peu de choses à faire en dehors des soins.
Deux tests sont conduits à 24 h d'intervalle par
des médecins seniors (thèses depuis cinq ans et
Principales causes des troubles plus). Un des médecins doit être indépendant de
l'équipe qui a pris en charge le patient. (NdT: la
de la conscience loi française est différente : le diagnostic de mort
• 20 % des patients inconscients à leur arrivée cérébrale doit être posé par deux médecins dont
à l'hôpital le sont par surdosage médicamenteux un indépendant, en associant les signes cli-
Comment agir face à un patient inconscient?

niques, soit deux enregistrements EEG « nul » • l'oxygène peut-être donné pendant le test via
(c'est-à-dire sans activité électrique cérébrale une sonde d'intubation à 6 I par minute.
organisée), soit par une angiographie cérébrale Lorsque la mort cérébrale a été confirmée, le
qui démontre un arrêt circulatoire cérébral.) respirateur peut être arrêté. Votre responsabilité
Pour poser le diagnostic de mort cérébral, le est alors de soutenir la famille du mieux que
médecin doit rechercher les éléments suivants : vous pourrez et de les laisser au chevet de leur
• absence de réponse à la douleur périphé- parent aussi longtemps qu'elle le souhaite.
rique et centrale;
• absence de réflexe photomoteur;
• absence de mouvements oculaires à la
manœuvre de rotation de la tête (cf. réaction en
« tête de poupée ») et à l'injection d'eau froide
dans les oreilles;
• absence du réflexe cornéen; Essayez d'établir l'histoire en utilisant des
• disparition du réflexe nauséeux à la stimula- informations à partir de toutes les sources possibles.
tion du pharynx par une sonde d'aspiration; Faites une évaluation rapide pour savoir si une
• absence de réflexe de toux à la stimulation du réanimation cardiorespiratoire est nécessaire.
larynx avec une spatule; Faites un examen général détaillé à la recherche de
• absence d'effort respiratoire. causes spécifiques.
Indiquez des examens complémentaires en
recherchant les causes les plus fréquentes de coma.
La ventilation artificielle est arrêtée jusqu'à ce
Évaluez et notez la profondeur du coma sur l'échelle
que la pression partielle de C 0 augmente suffi-
2
de Glasgow.
samment pour stimuler le tronc cérébral, mais
Proposez un « diagnostic principal » basé sur la cause
notez :
la plus probable de la perte de conscience.
• avant ce test, on ventilera pendant cinq
Enregistrez les modifications du niveau de conscience
minutes avec 5 % de C 0 et 95 % d'0 pour
2 2
sur l'échelle de Glasgow.
assurer une stimulation adéquate des centres
Proposez un plan adapté de prise en charge.
respiratoires en évitant l'hypoxie;
Problèmes oculaires
pour non-spécialistes

L'œil peut être affecté précocement par des • SIGNES CLINIQUES


maladies systémiques. Vous pouvez percevoir DÉCELABLES SANS INSTRUMENT
ces signes en examinant directement le tissu
nerveux et les vaisseaux sanguins dans et autour
Lésions des paupières
de l'œil. Toutefois, avant de poser le diagnostic
d'une maladie systémique à partir de signes Un gonflement des paupières peut être dû à:
oculaires, il est souvent important d'éliminer une • un œdème apparu au cours de la nuit chez
maladie de l'œil lui-même. Par exemple, éliminez une personne d'âge moyen, sans maladie systé-
la possibilité d'un décollement de rétine avant de mique évidente;
vous embarquer dans des investigations inva- • une hypo- ou hyperthyroïdie (Fig. 10.6);
sives devant un déficit inhabituel du champ • des signes de maladies rénales, d'insuffisance
visuel. cardiaque ou d'obstruction de la veine cave
L'arsenal de l'ophtalmologiste comprend de supérieure;
nombreux instruments sophistiqués et ingé- • une réaction d'hypersensibilité systémique
nieux, mais il est toujours possible de faire des aiguë, par exemple après une injection de péni-
observations utiles sans eux, ou avec un simple cilline;
ophtalmoscope. Dans ce chapitre, nous envisa- • une complication rare de la sarcoïdose ou
gerons les types de maladies systémiques qui se d'un lymphome (le gonflement est ferme);
manifestent dans l'œil, mais vous devez vous • un eczéma atopique et un psoriasis, comme
rappeler que beaucoup de signes oculaires peu- localisation particulière d'une maladie cutanée
vent être dus à des maladies oculaires, comme la généralisée;
cataracte, le glaucome ou la dégénérescence • un érysipèle occasionnel, étiologie rare mais
maculaire. Ces trois situations sont très fré- potentiellement grave avec un gonflement bila-
quentes chez les patients âgés, et les reconnaître téral des paupières et inflammation.
permet de traiter une cécité ou préserver la
vision. Le xanthélasma (Fig. 4.4) est un dépôt jaunâtre
fréquent, observé chez les personnes âgées, tou-
POINT PRATIQUE chant habituellement la peau des paupières et
La cataracte, le glaucome et la dégénérescence pouvant être associé à une hypercholestérolé-
maculaire sont fréquents chez les personnes âgées mie.
et leur évaluation correcte permet de préserver la Une infection staphylococcique des follicules
vision. ciliaires et des glandes accessoires de la marge
des paupières provoque un gonflement des
paupières et une rougeur. Un orgelet est une
affection du follicule ciliaire, et un « chalazion »
est un petit kyste de la paupière provoqué par
l'infection d'une glande de meiboman.
Un herpès doit toujours être évoqué, en parti-
culier lorsqu'il est associé à des céphalées, mais
Problèmes oculaires pour non-spécialistes

le développement d'un rash accompagne ou L'exophtalmie s'observe également dans la


précède habituellement l'œdème (Fig. 7.10). maladie de Basedow.
Un hémangiome capillaire des paupières et de Vous devez évaluer l'exophtalmie en vous pla-
la face, couleur « lie de vin », peut s'intégrer dans çant derrière un patient assis et en regardant
un syndrome de Sturge-Weber. Les patients vers le bas pour comparer la position des globes
souffrent d'un glaucome associé à une héman- par au-dessus. Cette méthode simple permet
giomatose méningée, et nécessitent une investi- d'éviter de prendre l'écartement des paupières
gation spécialisée (Fig. 16.1). d'un côté pour une véritable exophtalmie. Rap-
pelez-vous que l'ouverture palpébrale se rétrécit
avec l'âge par une position plus basse des pau-
pières par rapport aux globes (Point de
révision 16.1).

POINT PRATIQUE

Une exophtalmie unilatérale indolore peut être due


à une tumeur rétro-orbitaire.

Figure 16.1. Syndrome de Sturge-Weber. Lorsque


l'atteinte « lie de vin » touche la partie supérieure de la
face, il faut rechercher un glaucome oculaire. Noter
également l'arc sénile.

Trouble primordial Signes cliniques


Exophtalmie Paralysie Une exophtalmie de 1 à
La protrusion vers l'avant du globe est appelée musculaire 2 mm accompagne une
paralysie des muscles
exophtalmie. Il existe de nombreuses causes
extra-oculaires.
d'exophtalmie, l'hyperthyroïdie étant la plus
Infection La cellulite orbitaire est
habituelle, mais une exophtalmie unilatérale
habituellement secondaire à
asymptomatique doit vous alerter quant à la une sinusite adjacente.
possibilité d'une tumeur orbitaire (Fig. 16.2). Par- Nécessite des investigations
fois un œil est plus grand que l'autre, donnant urgentes.
une fausse impression d'exophtalmie. L'œil plus Thyréotoxicose Cause la plus fréquente
grand est myope, et le diagnostic d'un œil anor- (hyperthyroïdie) d'exophtalmie uni ou
malement grand peut être fait par réfraction bilatérale ; recherchez des
signes de l'autre œil.
(mesures d'orthoptie).
Traumatisme Hémorragie rétro-orbitaire.
Tumeur L'hémangiome est le plus
fréquent mais d'autres tumeurs
comme les méningiomes
peuvent survenir.
Pseudotumeur Gonflement chronique localisé
et inflammatoire de cause
inconnue.
Mucocèle des sinus
Tumeur
Figure 16.2. Exophtalmie unilatérale due à une tumeur
lymphomateuse
rétro-orbitaire.
Comprendre les différents appareils

Gonflement des glandes L'œil rouge dans les maladies


lacrymales et du sac systémiques
Un gonflement unilatéral de la glande lacrymale Hémorragie sous-conjonctivaie. Une col-
peut être provoqué par des tumeurs, par exemple lection spontanée et sous-conjonctivale de sang
un carcinome ou un lymphome. L'œdème bilaté- est une cause fréquente d'ceil rouge aigu ; la plu-
ral n'est pas rare, comme dans le syndrome de part du temps, le patient est en bonne santé. Des
Sjögren (œil sec et polyarthrite rhumatoïde) ou la hémorragies sous-conjonctivales récidivantes
sarcoïdose. La dacryocystite ou inflammation du font suspecter un diabète ou des troubles de la
sac lacrymal provoque un gonflement rouge et crase sanguine. Des hémorragies sous-conjonc-
sensible en dessous du canthus interne (Fig. 16.3). tivales peuvent être provoquées par des efforts
de vomissements, une strangulation ou des
efforts respiratoires extrêmes (Fig. 16.4).

F i g u r e 16.3. Dacryocystite aiguë. Noter la rougeur et le F i g u r e 16.4. Hémorragie sous-conjonctivale due à un


gonflement de l'angle interne de l'œil. épisode d'arrêt cardio-respiratoire.

Modifications de la conjonctive Episclérite. Ce terme désigne une inflam-


et de la sclère mation du tissu sous-jacent de la conjonctive. Il
est plus douloureux qu'une conjonctivite et sans
Rappelez-vous que l'aspect « blanc » de l'œil ne écoulement purulent. L'épisclérite peut être un
dépend pas seulement de la couleur de la sclère, signe important de la polyarthrite rhumatoïde.
mais aussi des modifications de la conjonctive Elle est observée dans certaines autres maladies
bulbaire qui la recouvre. La conjonctive bulbaire des articulations et du tissu conjonctif, en parti-
couvre le globe oculaire et se poursuit avec la culier le syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter.
conjonctive palpébrale au niveau de la face pro- Moins fréquemment, la sclère peut être touchée
fonde des paupières. par une inflammation: la sclérite. Elle est très
La conjonctive palpébrale des paupières infé- douloureuse et les cas les plus sévères peuvent
rieures peut donner des indications sur l'anémie. conduire à une nécrose de la sclère. Après cica-
Un ictère, même modeste, peut être évident par trisation, la surface de la sclère peut apparaître
la coloration jaune de la conjonctive et de la d'un bleuâtre foncé.
sclère. Lorsque la conjonctive est œdémateuse,
la membrane épaissie et brillante bombe discrè- Associé avec des maladies cutanées, un
tement le long de la marge de la paupière, don- œil rouge survient avec:
nant l'impression que les yeux sont mouillés de • un eczéma atypique qui peut être associé à
larmes (chémosis). Cette « larme qui ne coule une atteinte de la peau des paupières, et occa-
jamais » est observée dans l'hyperthyroïdie et sionnellement de l'œil lui-même;
dans d'autres conditions œdémateuses, comme • une conjonctivite allergique. Les paupières
l'insuffisance cardiaque. s'épaississent et les cils disparaissent après des
Problèmes oculaires pour non-spécialistes

années d'irritation récidivante et de desquama- Sclère et conjonctive brunes


tion de fa peau;
• une acné rosacée. La mélanose pré-cancéreuse de la conjonctive
provoque une pigmentation diffuse et brune. En
Kérato-conjonctivite. C'est une inflamma- fait, ce type de pigmentation peut être observé
tion de la cornée et de la conjonctive qui peut de nombreuses années auparavant, sans
être due à une sécrétion inappropriée de larmes, contexte de malignité. L'ochronose est une
ou à un défaut de fermeture lors du clignement atteinte exceptionnellement rare du métabolisme
des yeux ou pendant le sommeil. Elle peut sur- de l'acide homogentisique. Un pigment brun
venir au cours de l'hyperthyroïdie ou après une foncé dérivé de l'acide homogentisique se
paralysie faciale. dépose sur les tissus, dont la cornée et la sclère.

Les autres causes diverses d'œil rouge


comprennent: Déficits musculaires oculomoteurs
• la polycythémie;
• l'alcoolisme chronique (causant la dilatation Explorez les mouvements oculaires en deman-
des vaisseaux conjonctivaux) ; dant à votre patient de suivre une lumière ou la
• une insuffisance rénale; pointe d'un stylo dans les directions cardinales
• des crises de migraine (du côté touché au du regard. Un œil sera peut-être en décalage, les
cours de la crise [Fig. 26.2]) ; yeux peuvent ne pas se mobiliser ensemble, par
• la télangiectasie permanente de la conjonc- exemple dans le cas d'un strabisme, mais cela ne
tive, comme dans l'ataxie-télangiectasie et le signifie pas forcément un déficit musculaire. En
syndrome de Rendu-Osler-Weber (Fig. 6.4). réalité, la plupart des cas de strabisme de l'en-
fance s'accompagnent d'une mobilité des yeux
dans toutes les directions, et sont dus à des
POINT PRATIQUE troubles de la coordination entre la convergence
Devant un œil rouge, n'oubliez jamais la possibilité et l'accommodation.
de causes intraoculaires, par exemple le glaucome Il faut suspecter une cause grave lorsque le
ou l'irido-cyclite. Elles peuvent conduire à une patient se présente avec un strabisme dû à une
cécité si le traitement n'est pas immédiat.
paralysie oculomotrice.

POINT PRATIQUE

Un strabisme aigu chez l'adulte est dû à une


Sclère bleue lésion grave sous-jacente.

La couleur blanche des yeux prend une teinte


bleue lorsque la sclère est fine et permet d'ob- Un strabisme brutal chez l'adulte peut être par-
server par transparence le pigment foncé en fois dû à un trouble de la balance musculaire,
profondeur. Des patients avec une polyarthrite mais l'étiologie principale est la paralysie d'un
rhumatoïde sévère et des antécédents de sclérite nerf crânien, ce qui nécessite un bilan rapide. Ces
peuvent présenter une coloration bleutée plus épisodes de strabisme s'accompagnent d'une
soutenue de la sclère. Ceci est plus apparent en diplopie. Si la diplopie s'aggrave au cours de la
soulevant la paupière supérieure. Cet aspect journée ou avec la fatigue, il faut évoquer la
bleuté est parfois observé dans le syndrome myasthénie, en particulier s'il y a une ptose. Les
d'Ehlers-Danlos, une maladie héréditaire du causes générales de déficit des muscles oculo-
tissu élastique, provoquant une hyperélasticité moteurs sont présentées dans le Point de révi-
de la peau et une hyperlaxité des articulations. sion 16.2.
Le bleuissement de la sclère est aussi une carac-
téristique de la maladie des os de verre.
Comprendre les différents appareils

Maladie musculaire
Hyperthyroïdie
Myasthénie
Lésion nerveuse
Vasculare, hypertension, diabète
Processus expansif intracrânien
Effet diffus d'une hypertension intracrânienne F i g u r e 16.5. Ptosis chez une patiente avec une
Traumatisme myopathie.
Sclérose en plaques

Troubles pupillaires
Un réflexe pnotomoteur anormal est peut-être le
Nystagmus {cf. chapitres 7 et 17) signe le plus important de tous les signes systé-
miques de l'œil (Fig. 16.6). Le réflexe photomo-
L'examen simple des mouvements oculaires teur est présent à la naissance, mais la petite
révélera la présence d'un nystagmus si ce n'est taille des pupilles du jeune enfant rend l'examen
pas évident au premier abord. De manière géné- plus difficile. Les enfants plus âgés ont des
rale: pupilles plus grandes, et la taille diminue lente-
• le nystagmus de type irrégulier, rotatoire ou ment avec l'âge. La pupille se dilate à l'excitation
horizontal, présent dans toutes les positions du et se contracte pendant le sommeil ou une anes-
regard, sans sensation subjective de mouve- thésie générale. L'intoxication à la morphine pro-
ment, est congénital. Un examen ophtalmolo- voque un rétrécissement des pupilles.
gique plus complet est nécessaire en raison de la Lorsque vous testez les pupilles, recherchez:
présence de lésions associées; • la taille initiale et toute irrégularité;
• un nystagmus dans le regard latéral oriente • le réflexe photomoteur direct et consensuel;
vers une atteinte musculaire, mais un nystagmus • les réactions à l'accommodation.
bref dans les positions extrêmes du regard peut
être observé chez des personnes normales; Le réflexe photomoteur représente une évalua-
• un nystagmus qui persiste dans le regard tion importante de la conduction du nerf
latéral ou vertical doit faire suspecter une optique. Une atteinte de la voie afférente est
atteinte neurologique plus diffuse. révélée en déplaçant la lumière de l'œil normal
vers l'œil affecté. La pupille se dilatera lorsque la
lumière s'éloignera de l'autre côté.
Ptosis
La chute d'une des paupières (ptosis) est habi-
tuellement congénitale, mais une ptôse acquise
Congénitale
est souvent un signe important d'une maladie
générale (Fig. 16.5). Les causes principales sont Myogène Myasthénie (autre myopathie)

résumées dans le Point de révision 16.3. Le pto- Neurogène Sympathique (Claude Bernard-
sis associé aux lésions des nerfs sympathiques Horner)
Paralysie du nerf oculomoteur (III)
est très discret (comme dans le syndrome de
Toutes lésions sur les voies de ces
Claude Bernard-Horner) et peut être méconnu si nerfs
l'examen n'est pas attentif.
Mécanique Inflammation, hypertrophie cutanée
Pseudo-ptosis Petit œil, œil atrophique, rétraction
de la paupière de l'autre côté
Problèmes oculaires pour non-spécialistes

exercé lorsque elles sont testées à la lumière du


jour;
• les pupilles des patients diabétiques peuvent
être petites et réagir lentement en raison d'une
neuropathie végétative;
• des patients aux antécédents d'irido-cyclites
chroniques peuvent avoir des adhérences entre
l'iris et le cristallin qui empêchent les mouve-
ments normaux de l'iris.

Pupille anormalement dilatée


(hydriase [NdT])
Une mydriase unilatérale peut être due à :
• des collyres administrés localement dans
l'œil, cause la plus fréquente;
• le syndrome de Holmes-Adie. Cette situation
est très fréquente chez la jeune femme. La
pupille touchée est habituellement dilatée et se
contracte très lentement lors d'une stimulation
directe ou indirecte. En pleine lumière, la pupille
peut être rétrécie du côté touché et peut mettre
Figure 16.6. Les voies pupillaires. Les fibres afférentes une demi-heure à se dilater dans une chambre
du réflexe photomoteur (rouge) courent dans les nerfs
noire. La réaction pupillaire tonique peut être
et tractus optiques. Elles forment une synapse dans les
colliculi supérieurs (noyaux prétectaux) où naissent les associée avec une abolition des réflexes ostéo-
fibres du second neurone. Elles relient les noyaux tendineux des membres. Après une période de
d'Edinger-Westphal ipsi et controlatéraux. Les fibres plusieurs mois ou années, l'autre œil peut être
e
iridoconstrictrices (vert) passent alors dans le III nerf également touché. Le handicap général est
vers le ganglion ciliaire.
minime;
• le glaucome aigu à angle fermé peut parfois
Le réflexe photomoteur direct est une réponse à se présenter par une dilatation pupillaire sans
la lumière plutôt qu'à des images; il n'est donc douleur oculaire au premier plan;
pas altéré par des corps opaques dans l'œil. Une • la paralysie du troisième nerf crânien. Le nerf
lésion rétinienne localisée n'affecte pas le réflexe oculomoteur conduit les fibres responsables de
photomoteur, sauf si elle est localisée sur la la constriction de la pupille; si la paralysie ocu-
région maculaire. Par contre, des lésions du nerf lomotrice est complète, elle est associée à une
optique peuvent affecter la voie afférente pupil- mydriase. Pour cette raison, la dilatation de la
laire sans aucune proportion avec la perte de pupille peut être le signe d'une hypertension
vision. Il s'agit d'un signe important dans le dia- intracrânienne après un traumatisme cérébral;
gnostic de névrite optique. • une pupille plus grande que l'autre peut éga-
lement être une anomalie congénitale. Les deux
yeux réagissent normalement dans ces circons-
Pupille aréactive tances.

Quand la pupille ne réagit pas, faites le test dans


une chambre noire. Il est utile de rappeler que:
• les petites pupilles des personnes âgées peu-
vent apparaître non réactives à un œil non
Comprendre les différents appareils

Pupille anormalement rétrécie teinte verte et la sidérose provenant de corps


(myosis [NdT]) étrangers intraoculaires peut faire tourner l'iris
au brun. Une atteinte ischémique sévère de l'œil,
Les causes possibles sont: observée occasionnellement dans le diabète ou
• l'utilisation de gouttes myotiques pour le après une thrombose d'une veine rétinienne,
glaucome. Elles sont parfois utilisées dans le peut présenter un iris rose en raison de l'exten-
traitement du glaucome bien que la majorité des sion de fins néo-vaisseaux sur la surface anté-
traitements ne provoque pas de constriction de rieure (iris rose). Les sujets albinos ont des yeux
la pupille; bleus, mais les iris peuvent être transilluminés en
• un syndrome de Claude Bernard-Horner. Le focalisant le faisceau d'une lampe à travers la
syndrome complet comprend un myosis, un pupille. Dans le syndrome de Down (triso-
rétrécissement de la fente palpébrale évoluant mie 21), des nodules blancs sont alignés autour
vers une paralysie du muscle releveur de la pau- de l'iris. Ils sont connus sous le nom de tâches
pière, une perte de la sudation du côté touché de de Brushfield et sont observés occasionnelle-
l'extrémité céphalique et une réduction modeste ment chez des sujets normaux. Les patients por-
de la pression intraoculaire. Lorsque vous teurs de la maladie de Von Recklinghausen
observez une pupille rétrécie d'un côté, recher- (neurofibromatose) présentent un certain
chez toujours attentivement la position des pau- nombre de nodules bruns neurofibromateux de
pières. Le syndrome de Claude Bernard-Horner l'iris (nodules de Lisch).
peut être dû à une grande diversité de lésions le
long de la voie sympathique, mais peut souvent
être observé sans aucune cause détectable • SIGNES OCULAIRES
sous-jacente ; DÉCELABLES AVEC DES
• la pupille d'Argyll Robertson, un exemple rare
mais bien connu de myosis qui répond à l'ac-
INSTRUMENTS DE BASE
commodation, mais pas à l'éclairage direct. Ce
type de réaction pupillaire était originellement Mesure de l'acuité visuelle
décrit dans la neurosyphilis, même s'il est main-
tenant observé plus fréquemment au cours du Le non-spécialiste néglige parfois ce test
diabète. basique et important de l'acuité visuelle. L'éva-
luation par le patient de son état visuel peut se
révéler erronée lorsque les mesures de l'acuité
Couleur de l'iris visuelle ont été faites. Une série de lettres de
tailles différentes sont présentés sur un tableau
L'iris normal présente des couleurs variées, du situé à 6 m. Une personne à la vision normale
bleu ou vert vers le brun, et la répartition exacte peut lire, à 60 m, les plus grandes lettres dans le
de la pigmentation est une des caractéristiques haut du tableau. Si le patient ne peut voir que la
du visage. À la naissance, l'iris a une couleur lettre du haut, la vision est notée « 6/60 ». Une
grise évoluant vers sa couleur adulte après six personne normale peut lire les plus petites
mois. Des iris fortement pigmentés sont bruns, lettres à 6 m, l'acuité visuelle est alors cotée 6/6,
les bleus sont peu pigmentés. ou même mieux, 6/5 ou 6/4. Il est évidemment
Les changements de couleur de l'iris sont habi- important de quantifier les symptômes visuels
tuellement significatifs. Un iris bleu peut devenir du patient de cette manière; mais souvent la
brun après traitement pour glaucome avec un vision est altérée par la perte de la vision péri-
collyre au latanoprost (prostaglandine [NdT]) et phérique. Quand ceci survient, l'acuité visuelle
un iris brun devenir bleu-gris après une irido- peut rester normale même avec un rétrécisse-
cyclite chronique. D'autres situations patholo- ment important du champ, car les 5 degrés cen-
giques peuvent altérer la couleur de l'iris. Une traux du champ sont spécialisés dans la
hémorragie intraoculaire peut donner à l'iris une détection des détails fins.
Problèmes oculaires pour non-spécialistes

Tester le champ visuel Ophtalmoscopie


La manière la plus simple de tester le champ L'étude des maladies oculaires a été révolution-
visuel se fait par la confrontation. Demandez à née par l'invention de l'ophtalmoscope en 1850
votre patient de couvrir un œil avec sa main, et par Hermann Von Helmholtz. Le problème nous
faites de même afin que le champ visuel du semble simple aujourd'hui ; il s'agit de regarder
patient puisse être comparé au vôtre. Demandez dans un coffre sombre à travers le trou d'une
au patient de dire « oui » s'il perçoit de légers serrure. Dès que l'œil se place devant le trou de
mouvements de vos doigts. la serrure, la lumière ne pénètre plus dans le
Ce test peut être réalisé de manière plus précise coffre. Le secret est de regarder le long de la raie
en utilisant une aiguille avec une tête rouge de lumière. Ceci peut être réalisé en regardant à
comme cible. travers le trou dans un miroir incliné.
Toutefois, aucune des techniques de confronta- L'instrument moderne (Fig. 16.7) possède une
tion ne peut concurrencer la périmétrie formelle. pile, de préférence rechargeable, une ampoule,
Le périmètre de Lancaster est le plus utilisé. L'as- de préférence allogène, un petit miroir et une
pect des déficits du champ visuel apporte des série de lentilles qui peuvent être interposées
informations très utiles sur la localisation des pour permettre la correction de la vision du
lésions des voies visuelles et de la rétine (Fig. 7.5). patient et de l'observateur, en tournant la mol-
lette crantée du disque dans lequel les lentilles
• Les lésions du nerf optique en avant du sont disposées.
chiasma provoquent un déficit unilatéral, car la
moitié droite de chaque rétine est réunie par les
nerfs à la moitié droite du cortex occipital, et
parce que les fibres de la moitié nasale de
chaque rétine se croisent dans le chiasma
optique;
• Les lésions en arrière du chiasma provoquent
des déficits hémi- ou quadranopsiques;
• Les lésions du cortex occipital ont tendance à
être plus harmonieuses, c'est-à-dire identiques
de chaque côté. Les lésions corticales montrent
également une meilleure préservation de la
vision centrale (épargne maculaire) ;
• Les lésions hypophysaires expansives, réali-
sant une compression du centre du chiasma,
provoquent un déficit bitemporal.

Les déficits localisés de la rétine provoquent des


déficits localisés du champ visuel équivalents.
Les déficits dus à une atteinte rétinienne sont
relativement fréquents, par exemple ceux dus au
glaucome sénile. Il est surprenant de constater
que les patients n'éprouvent aucune gêne à la
perte extensive de la vision périphérique. Les F i g u r e 16.7. L'ophtalmoscope.
patients souffrant d'hémianopsie peuvent conti-
nuer à conduire en dépit des risques vitaux et
corporels, car ils méconnaissent l'étendue de Vous devez apprendre à utiliser l'ophtalmoscope
leur déficit. de manière efficace et effective :
• Demandez à votre patient de s'asseoir sur
une chaise et de regarder droit devant lui;
Comprendre les différents appareils

• Tenez l'instrument verticalement et placez Observez l'entourage. Recherchez entre


votre œil à une distance d'environ 50 cm; les vaisseaux toute anomalie comme des
• Rapprochez-vous (Fig. 16.8); hémorragies, des exsudats, une pigmentation
• Tenez l'instrument dans votre main droite et anormale. On observe ainsi la vascularisation
utilisez votre œil droit pour observer l'œil droit choroïdienne à l'extérieur et au-delà des vais-
du patient; seaux rétiniens dans beaucoup de fonds d'œil
• Puis, utilisez votre main gauche et votre œil normaux.
gauche pour observer l'œil gauche du patient.
Observez la périphérie. Demandez au
patient de regarder vers les extrêmes du regard
et donnez une lentille « de plus » sur l'ophtalmo-
scope. L'examen de la périphérie du fond d'œil
est déterminant en ophtalmoscopie de routine,
mais demande davantage de temps et d'habi-
tudes que l'examen du pôle postérieur.
Lorsque l'on apprend à utiliser l'ophtalmoscope,
il y a deux problèmes principaux. Tout d'abord,
le champ de vision est très petit et les séries
d'images du fond d'œil doivent être mémorisées.
Deuxièmement, les réflexions de la lumière sur la
cornée peuvent apparaître comme une nuisance
et peuvent tout d'abord interférer avec l'observa-
tion. La pratique et une coordination adaptée
F i g u r e 16.8. Ophtalmoscopie. Noter: l'œil droit pour le
droit du patient, l'œil gauche pour le gauche du patient. entre la main et l'œil réduiront progressivement
ces difficultés.
Apprenez à le faire de cette manière; sinon les L'ophtalmoscope à laser est maintenant dispo-
nez entrent en contact, ce qui est embarrassant. nible. Cet instrument fournit une image « télévi-
Vous devez débuter votre examen à une dis- suelle » du fond de l'œil, qui peut être stockée sur
tance qui permet de voir les structures optiques. un disque et étudiée dans un second temps; les
C'est la meilleure manière de détecter des opaci- étudiants du futur n'auront probablement
tés de la cornée, du cristallin et du vitré, et en jamais besoin d'apprendre à utiliser l'ophtalmo-
particulier une cataracte. Il est utile d'observer scope lorsque ces instruments seront facilement
une méthode de routine pour l'examen : disponibles.

Observez la papille optique. File est située


médialement (nasalement), au pôle postérieur de • ASPECT OPHTALMOSCOPIQUE
l'œil et juste au-dessus du méridien horizontal;
DES MALADIES SYSTÉMIQUES
Suive/ les vaisseaux. Les branches supé-
rieures et inférieures des vaisseaux rétiniens Système cardiovasculaire
centraux se divisent en branches nasales et tem- Les modifications des vaisseaux rétiniens reflè-
porales, et chacune des quatre branches doit tent la vitesse de progression et la sévérité de
être suivie tour à tour jusqu'à la périphérie; l'hypertension artérielle. Les premiers signes
sont l'irrégularité du calibre artériolaire et la tor-
Observez la fovéa. Demandez simplement tuosité des artérioles périmaculaires. La réflexion
à votre patient de regarder à la lumière. La fovéa lumineuse sur les parois des artérioles est
ne peut être observée convenablement qu'avec accentuée, leur donnant l'aspect de « fils d'ar-
une pupille dilatée. Elle apparaît comme un point gent ». Le rétrécissement des veines au point de
minuscule entouré d'un pigment jaune; croisement avec une artériole est également un
Problèmes oculaires pour non-spécialistes

important signe précoce. Chez les patients avec


une hypertension progressive, les artérioles de la
rétine deviennent significativement rétrécies et
irrégulières. Des exsudats fibreux peuvent appa-
raître irradiants autour de la macula pour don-
ner l'aspect d'une étoile maculaire. Des exsudats
particuliers (tâches floconneuses) indiquent la
présence d'infarctus dans la couche des fibres
nerveuses. L'œdème papillaire est présent dans
les cas sévères (Fig. 2.14).

Occlusion de l'artère centrale de la


rétine (Fig. 16.9). Elle se présente par une perte Figure 16.10. Occlusion de la veine centrale de la
brutale de la vision d'un œil; la rétine apparaît rétine.
pâle et œdémateuse avec des artérioles rétrécies.
La région maculaire peut être préservée avec
une couleur rouge normale entourée d'une logie ne peut être trouvée. L'occlusion de la veine
rétine œdémateuse de périphérie. Cette situation centrale de la rétine peut être associée au glau-
peut être secondaire à une maladie vasculaire et come primitif à angle ouvert.
à l'hypertension, ou elle peut être due à un
embole d'origine cardiaque ou carotidienne Artérite crânienne ou temporale [cf. cha-
interne. pitre 26). C'est une cause de perte soudaine de la
vision chez une personne âgée; le second œil
peut être touché ultérieurement, provoquant
une cécité complète. Ce n'est pas une maladie
rare chez les personnes âgées, et elle se présente
avec des céphalées sévères et une sensibilité des
artères extracrâniennes. Ces dernières devien-
nent enflammées, sensibles et souvent occluses
et sans pouls. La perte de vision est due à une
insuffisance artérielle et l'inspection des fonds
d'œil peut révéler un œdème papillaire et un
rétrécissement marqué des artérioles. L'aspect
d'une occlusion d'artère centrale de rétine est
parfois observé.

Modifications inflammatoires de la
F i g u r e 16.9. Occlusion de l'artère centrale de la rétine. rétine et des vaisseaux rétiniens. Elles sont
Noter la région grise et l'œdème autour de la couleur
observées dans une grande variété de maladies
normale rouge de la fovéa.
systémiques. Elles peuvent prendre l'aspect d'un
engorgement veineux et d'un engagement avec
Occlusion de la veine centrale de la suffusion sanguine dans le vitré, ou un rétrécis-
rétine (Fig. 16.10). Elle se manifeste par une sement artériel avec ischémie rétinienne. Le
vision trouble plutôt que par une baisse lupus érythémateux systématisé peut provo-
d'acuité; l'aspect le plus marquant du fond d'œil quer de nombreuses tâches cotonneuses sur le
est la multiplicité des hémorragies avec engor- fond d'œil, et de manière similaire, le syndrome
gement des veines. Cette situation peut être d e B e h ç e t peut être associé à une ischémie réti-
associée à l'hypertension ou à l'hyperviscosité nienne, bien qu'ici la présence d'un hypopion
du sang; toutefois, dans beaucoup de cas, l'étio- récidivant (pus dans la chambre antérieure) peut
Comprendre les différents appareils

masquer le fond d'œil. La présence de tâches


cotonneuses chez une personne jeune doit faire
suspecter l'auto-injection de drogues et une
infection par le virus VIH. Les diabétiques
sévères et souvent mal équilibrés peuvent pré-
senter des tâches cotonneuses. Les aspects
caractéristiques de la rétinopathie diabétique
sont décrites ailleurs (Fig. 10.1 et 10.2).

Diabète
Il représente toujours la cause la plus fréquente F i g u r e 16.11b. Retinopathie diabétique. Les
de cécité de la tranche la plus jeune de la popu- modifications typiques de l'arrière plan sont bien
visibles - rétinopathie, exsudats fibreux et hémorragies.
lation; les patients insulinodépendants sont par-
ticulièrement vulnérables, en particulier ceux qui
ont eu un contrôle très lâche de leur diabète.
L'apparition de la rétinopathie proliférante Le pronostic de la rétinopathie d'arrière-plan est
(formation de nouveaux vaisseaux et suffusions bien meilleur, tant que la macula est préservée.
hémorragiques dans la rétine et le vitré) peut
survenir rapidement, en deux ou trois mois. Ces
patients requièrent un traitement urgent au laser Système respiratoire
et parfois une chirurgie du vitré (Fig. 16.11a).
Les patients dont le diabète évolue depuis de Dans les cas sévères d'insuffisance respiratoire,
nombreuses années présentent une rétinopa- un œdème papillaire peut être présent en raison
thie à l'arrière plan (micro-anévrismes et de l'hypercapnie qui augmente le flux sanguin
exsudats fibreux) qui, lorsqu'elle touche la cérébral et rétinien (Fig. 5.20). Les veines réti-
région maculaire, provoque une perte de la niennes peuvent être engorgées et la cyanose
vision à la lecture (Fig. 16.11b). L'engorgement centrale peut être évidente à l'examen ophtal-
veineux et les exsudats floconneux annoncent le moscopique. Certaines maladies spécifiques
début d'une rétinopathie proliférante sévère. pulmonaires comme la tuberculose et la sar-
coïdose induisent des signes ophtalmosco-
piques. La miliaire tuberculeuse peut parfois être
diagnostiquée en découvrant des tuberculomes
miliaires de la choroïde. Ils sont observés chez
les patients sévèrement atteints et se présentent
sous la forme de lésions discrètes, peu suréle-
vées, jaune pâle, au pôle postérieur, qui s'atté-
nuent et deviennent pigmentées. La sarcoïdose
peut se révéler par une irido-cyclite aiguë ou une
insuffisance lacrymale provoquant un œil sec.
Les modifications du fond d'œil incluent égale-
ment la périphlébite. Les vaisseaux rétiniens se
trouvent enveloppés et un examen attentif peut
révéler des petites tâches blanches de la mem-
F i g u r e 16.11a. Retinopathie diabétique proliférante. brane limitante interne de la rétine, que l'on
Cette rétine a été traitée au laser et les marques de nomme des lésions en « tâche de bougie ».
laser correspondent aux aires pigmentées. Des signes
résiduels de la maladie active sont présents sur les
néo-vaisseaux de la papille optique.
Problèmes oculaires pour non-spécialistes

Système hématologique
Anémie sévère. Quelle qu'en soit la cause,
elle peut être associée à des hémorragies
éparses, certaines pouvant avoir un centre blan-
châtre. Des exsudats cotonneux peuvent égale-
ment être présents. Ces modifications sont plus
marquées dans l'anémie pernicieuse et dans les
leucémies aiguës. Les hémorragies rétiniennes
peuvent également être observées dans les
thrombocytémies, quelle qu'en soit la cause.

Dans la drépanocytose. Les modifications F i g u r e 16.12. Œdème papillaire.


oculaires sont dues aux occlusions vasculaires
plutôt qu'à l'anémie. Ceci est observé dans l'hé-
moglobinémie falciforme C, dans la drépanocy-
tose homozygote et dans la thalassémie
mineure. Les occlusions vasculaires sont obser- • antécédents d'obstruction d'une veine ou
vées dans la rétine périphérique avec des d'une artère centrale de rétine (Fig. 16.13a) ;
hémorragies inhabituelles et évoluent vers une • compression du nerf optique par un ané-
néo-vascularisation périphérique. vrisme ou une tumeur;
• névrite rétrobulbaire: perte rapide de la vision
centrale d'un œil chez une personne jeune avec
Système nerveux central douleurs aux mouvements oculaires. Le fond
d'œil à ce moment est habituellement normal
Œdème papillaire. C'est un signe ophtal- mais l'atrophie optique peut débuter deux à trois
moscopique important dans les maladies du semaines plus tard. La moitié des patients avec
système nerveux central (chapitre 7). une névrite optique développent par la suite une
Soyez attentifs à bien distinguer le véritable atteinte démyélinisante d'autres structures du
œdème de la papille optique (Fig. 16.12) du gon- système nerveux dans les années qui suivent;
flement apparent observé parfois dans les yeux • évolution de l'œdème papillaire;
hypermétropes. • dégénérescence rétinienne héréditaire comme
Les principales étiologies de l'œdème papillaire la retinite pigmentale (Fig. 16.13c);
sont présentées dans le Point de révision 16.4. • toxique: un grand nombre de toxiques peu-
vent détruire spécifiquement le nerf optique. Le
Atrophie optique. Lorsque les fibres ner- méthanol et la quinine sont des exemples clas-
veuses dans le nerf optique s'atrophient, la siques;
papille optique devient anormalement pâle. Les • trauma;
signes suivants peuvent être associés à l'atrophie • glaucome (Fig. 16.13b et d).
optique:

• MÉDICAMENTS
AFFECTANT LA VISION
Hypertension intracrânienne Beaucoup de médicaments peuvent provoquer
Hypertension artérielle sévère progressive un trouble transitoire de la vision, et cet effet
Thrombose d'une veine centrale de rétine secondaire est encore plus évident chez les
Artérite crânienne patients approchant l'âge où les lunettes sont
Hypercapnie
nécessaires pour la lecture (45 ans environ). Tout
médicament qui dilate potentiellement la pupille
Comprendre les différents appareils

(a) (c)

(b) (d)

F i g u r e 16.13. Exemples d'atrophie optique, (a) Atrophie optique avec occlusion vasculaire. (b, d) Œil droit et gauche
d'un patient avec un glaucome plus avancé d'un côté, (c) Atrophie optique avec rétinite pigmentaire.

présente un risque théorique de provoquer un mais de petites doses sont absolument inoffen-
glaucome à angle fermé chez un sujet sensible. sives, même prises pendant plusieurs années.
Le glaucome à angle fermé survient chez des L'amiodarone peut parfois provoquer des
patients d'âge moyen et hypermétropes. Si un troubles de la vision en raison de dépôts sur la
patient est déjà traité pour un glaucome, il a peu cornée. Cet effet est réversible. Les stéroïdes
de chances d'être concerné. La chloroquine est administrés en gouttes ou par la bouche peu-
un médicament qui peut provoquer une cécité si vent provoquer un glaucome et augmenter l'in-
la dose maximale recommandée est dépassée cidence de la cataracte.
Connaissances minimales
sur l'oreille, le nez et la gorge

Les maladies des oreilles, du nez et de la gorge POINT PRATIQUE


(ORL) représentent plus de 10 % des consulta- Les seuls instruments nécessaires à un non-
tions de médecine générale. La compréhension spécialiste sont un abaisse-langue et un otoscope
pratique (Fig. 17.3).
des symptômes et la capacité de réaliser un exa-
men ORL de base sont nécessaires à tous les
médecins. Pour les non-spécialistes, un oto- Notez la présence de tâches pré-auriculaires, de
scope permet l'examen des oreilles, de la gorge marques, de sinuosités ou d'autres anomalies
et de la portion antérieure des fosses nasales. comme des tophus et autres lésions du pavillon
Comme pour toutes les évaluations cliniques, lui-même (Fig. 17.1). Le gonflement et la sensibi-
celle-ci commence par une histoire de la mala- lité apparaissent lors d'une cellulite, d'une chon-
die. La qualité de la voix, son timbre, le degré de drite ou d'une périchondrite du pavillon. Les
nasalité et tout handicap de l'audition devien- fentes du pavillon de l'oreille sont associées avec
nent rapidement évidents. les maladies des artères coronaires (Fig. 17.2).
Repliez le pavillon vers l'avant et recherchez des
cicatrices, des gonflements rétro-auriculaires
• L'OREILLE comme les kystes sébacés et de possibles carci-
nomes. Recherchez des ganglions lymphatiques
Les symptômes fréquents sont: pré- et rétro-auriculaires.
• la surdité;
• l'écoulement;
• la douleur;
• les acouphènes;
• les oreilles « bouchées »;
• les vertiges.

Examen de l'oreille
L'examen formel de l'oreille débute (Point de
révision 17.1) par une inspection de l'oreille
externe; les anomalies macroscopiques et
l'absence de malposition du pavillon doivent
être immédiatement notées car elles sont soit
des lésions isolées soit elles appartiennent à un
syndrome comme celui de Treacher-Collins.

Figure 17.1. Tophus goutteux. Noter que cette lésion


peut ne pas être remarquée si l'examen n'est pas assez
attentif.
Comprendre les différents appareils

Évaluez l'audition pendant que vous prenez l'histoire


clinique.
Notez la présence et la position du pavillon de
l'oreille.
Examinez la région rétro-auriculaire.
Avant d'introduire le spéculum dans le méat auditif,
examinez son ouverture.
Utilisez un spéculum de taille adaptée et introduisez-
le doucement.
Examinez la profondeur du canal et le tympan.
Évaluez l'audition par le diapason et par des tests
plus formels de l'audition, y compris l'audition de la
parole.

Figure 17.2. Une fente profonde du pavillon de


l'oreille. Ces lésions, bien qu'occasionnellement
congénitales, sont associées à des maladies Pendant que vous introduisez le spéculum,
coronariennes. notez toute anomalie du canal comme une otite
externe, un furoncle ou des exostoses. S'il est
présent, le cérumen devra être retiré doucement
Avant d'examiner l'oreille externe, inspectez l'ou- avec une seringue. En cas d'otite externe ou de
verture du méat auditif externe, à la recherche de furoncles, soyez très doux car le canal peut être
signes d'écoulement, et notez sa nature. Puis, extrêmement sensible.
utilisez l'otoscope avec un spéculum de taille Le tympan normal se présente comme un cône
adaptée pour examiner la profondeur du canal peu profond comportant une zone de réflexion
et le tympan. Une technique correcte vous offrira antérieure et inférieure de la lumière d'examen,
une vue optimale de ces structures tout en mini- le cône lumineux. Le manche du marteau est
misant le désagrément pour le patient. Pour observé, se projetant en bas vers l'umbo, et la
l'oreille gauche, tenez l'instrument dans la main jonction enclume-étrier peut être observée à tra-
gauche; reposez le bord ulnaire de votre main vers la membrane normale semi-transparente
sur la joue de votre patient et rigidifiez le canal (Fig. 17.4). De précédentes maladies inflamma-
auriculaire en tirant doucement sur le pavillon toires de l'oreille peuvent avoir provoqué un
avec la main droite (Fig. 17.3). épaississement. S'il y a eu un épanchement dans
l'oreille moyenne, le tympan aura une apparence
jaunâtre.

Figure 17.3. Utilisation correcte de l'otoscope. Figure 17.4. Aspect du tympan gauche normal.
r n n n a k s a n r p s minimales sur l'oreille, le nez et la gorge

On aura peut-être identifié une perforation de la


pars tensa ou de la portion centrale. La perfora-
tion de l'attique peut être plus difficile à observer,
cachée par une petite croûte qui la recouvre. Les
caractéristiques des perforations sont montrées
dans la figure 17.5.

POINTS
Attico-antral Tubotympanique
(dangereux) (relativement anodin)

Écoulement discret Écoulement abondant


invasif et muco-purulent
rarement invasif

Cholestéatome Maladie inférieure

Perforation/défaut Perforation de
de la région atticale la partie tendue
peut être masquée
par une croûte Attique normal

Partie tendue
du tympan
peut être normale

Figure 17.5. Régions de perforation du tympan.

L'audition peut être testée par de simples tests


vocaux, mais les tests de Rinne et Weber de la
conduction aérienne et osseuse nécessitent
l'usage d'un diapason à 512 Hz (Fig. 17.6).

Test de Rinne
La conduction aérique est testée en présentant le
diapason à 2,5 cm approximativement de l'oreille,
les branches parallèlement au canal auditif
(Fig. 17.6a); la conduction osseuse est évaluée en
appuyant le diapason fermement contre la mas-
toïde (Fig. 17.6b). Demandez au patient de préci- Figure 17.6. (a), (b) Test de Rinne. (c) Test de Weber.
Il est essentiel de maintenir d'une main la tête du
ser dans quelle situation le diapason est le mieux
patient pour permettre une pression appuyée lors des
perçu. tests de conduction osseuse.
Comprendre les différents appareils

Rinne Weber Signification

D + Central Hypoacousie de perception bilatérale discrète, modérée ou sévère


G +

D + Vers la gauche Hypoacousie de conduction à gauche ou mixte


G -

D- Central Hypoacousie bilatérale mixte ou de conduction


G-
D + Vers la droite Hypoacousie de perception profonde ou sévère à gauche
G -

D : droite. G : gauche.

Test de Weber
mide du nez à la recherche d'anomalies de taille,
Appuyez fermement le diapason sur la voûte de forme et de position comme le rhinophyma,
crânienne du patient, au niveau de la ligne et la nature d'un éventuel écoulement nasal.
médiane, demandez à votre patient s'il perçoit le Vous aurez une bonne appréciation de la partie
diapason et, si c'est le cas, s'il l'entend mieux antérieure de la cavité nasale en soulevant le
d'un côté ou si le son se latéralisé (Fig. 17.6c). bout du nez et en utilisant une bonne source
La conduction osseuse absolue peut être éva- lumineuse; pour une vue plus détaillée, utilisez
luée en comparant la conduction osseuse du un spéculum nasal ou le grand spéculum aurai
patient avec celle de l'examinateur. La significa- sur l'otoscope. Dans une rhinoscopie antérieure,
tion des résultats est résumée dans le Point de vous devez rechercher la position du septum et
révision 17.2. la nature de la muqueuse nasale (habituellement
rose à l'état normal). Les cornets inférieurs et
moyens sont facilement observables, le premier
étant souvent pris pour un polype nasal. L'aire
• LE NEZ
de Little, le site de saignement le plus fréquent,
se situe à la partie antérieure du septum.
Symptômes
Les symptômes des atteintes nasales et sinu-
siennes sont les suivants :
• obstruction;
• écoulement nasal ou catarrhes; Pendant le recueil de I histoire clinique, relevez une
• saignement; hyponasalité ou une hypernasalité.

• céphalées; Recherchez un écoulement nasal.


• gonflement des joues. Examinez la pyramide nasale et recherchez une
déviation latérale.
Faites un examen intranasal avec une bonne lumière
et un spéculum approprié.
Examen du nez
Notez la position du septum et la nature de la
muqueuse nasale.
Notez tout d'abord si le patient respire par la
bouche, voire s'il semble suffoquer. Recherchez Les signes importants sont:
des lèvres sèches indiquant une obstruction Œdème de la joue (Fig. 17.7) ;
nasale. Une première orientation suggérant une Epistaxis (écoulement de sang) unilatéral ;
fente palatine peut-être une voix hypernasale Polype nasal unilatéral.
(Point de révision 17.3). Examinez ensuite la pyra-
Connaissances minimales sur l'oreille, le nez et la gorge

• dysphagie;
• masse dans la gorge;
• gonflement du cou;
respiration bruyante due à un stertor ou un
stridor.

Examen de la bouche
Tout médecin doit être capable d'examiner la
bouche, le pharynx et le cou, mais l'examen
laryngé requiert des conditions particulières et
de l'habitude. Même sans cela, vous pourrez
avoir une idée de l'atteinte laryngée à partir
d'une bonne histoire clinique et en écoutant la
voix (Point de révision 17.4). Une voix faible peut
orienter vers une paralysie du nerf laryngé, sur-
Figure 17.7. L'œdème de la joue peut être un signe de tout si la voix paraît rauque.
cancer du sinus. Notez des signes éventuels d'une autre atteinte
du système nerveux comme une paralysie du
voile du palais ou de la langue, ou des stigmates
L'examen de l'oropharynx peut apporter des de maladies générales comme l'hypothyroïdie.
indications sur l'atteinte nasale, la présence d'un Tout patient dont la voix est enrouée depuis plus
écoulement muco-purulent rétro-nasal peut être de trois semaines doit être adressé à un méde-
due à une pharyngite secondaire, par exemple. cin ORL pour une laryngoscopie.
Vérifiez la filière aérique en plaçant un abaisse- Une respiration bruyante peut être due à un
langue métallique devant les narines et notez l'im- stertor, un bruit inspiratoire à une obstruction
portance de la buée lors de l'expiration par le nez. d'origine pharyngée ou à un stridor, un bruit
Enfin, palpez le nez à la recherche de modifica- rauque à l'obstruction des voies aériennes du
tions de structure et de zones sensibles devant larynx, de la trachée ou des bronches princi-
les sinus maxillaires et frontaux, ou d'un œdème pales.
de la joue qui peut signer un carcinome maxil-
laire.

POINT PRATIQUE
Un œdème de la joue est rarement d'origine
infectieuse mais peut être dû à un carcinome
maxillaire.

Notez la qualité de la voix.


Si celle-ci est enrouée et que vous entendez une
toux rauque, observez les cordes vocales.
• ATTEINTES PHARYNGÉE
Recherchez un stridor et un stertor.
ET LARYNGÉE Examinez la bouche et le pharynx dans une bonne
lumière après avoir enlevé tout appareil dentaire.
Symptômes Examinez la région tonsillaire, le gosier, le palais et la
paroi pharyngée postérieure.
Voici les signes d'atteintes pharyngée et laryngée:
Une asymétrie ou des irrégularités des tonsilles
• enrouement; orientent un carcinome.
• sécrétions dans la gorge ;
Comprendre les différents appareils

POINT PRATIQUE Examen du cou


Tout patient dont la voix est enrouée depuis plus Aucun examen du tractus aérodigestif supérieur,
de trois semaines doit être adressé à un médecin
des oreilles, du nez ou de la gorge n'est complet
ORL pour une laryngoscope
sans l'examen du cou (Point de révision 17.5).
Assurez-vous que votre patient est bien assis,
torse nu (une femme peut conserver son sou-
Rappelez-vous enfin d'examiner la bouche sans tien-gorge), le cou discrètement fléchi et dans un
les appareils dentaires (s'il y en a) ; ils pourraient bon éclairage. Palpez doucement, tour à tour, les
masquer un carcinome du plancher ou de la régions submentale et submandibulaire, puis en
région postérieure de la bouche. arrière vers l'angle de la mandibule; suivez vers
le bas la chaîne jugulaire vers les clavicules puis
latéralement vers le trigone latéral du cou, la
Examen du pharynx région médiane vers l'incisure sternale et, finale-
ment, la région suboccipitale. Dans certaines
Vous aurez besoin d'un bon éclairage et d'un circonstances comme une hypertrophie thyroï-
abaisse-langue. L'isthme du gosier doit être exa- dienne ou une probable tumeur du glomus
miné en premier, puis les tonsilles (amygdales) si carotidien, vous devrez également ausculter.
elles sont présentes. Les tonsilles volumineuses
ne sont pas nécessairement un signe patholo- POINT PRATIQUE
gique. Les cryptes tonsillaires remplies de débris N'oubliez pas l'éventualité d'une leucémie aiguë
forment des tonsillolithes. Un gonflement chez un patient à la gorge ulcérée et des gencives
important des tonsilles, couvert de membranes infectées et hémorragiques.
blanches, oriente vers une angine à streptocoque
(Fig. 17.8). Soyez attentif à une asymétrie ou à des
irrégularités en raison de la possibilité d'un néo- Si les glandes submandibulaires ou parotide
plasme. Examinez le voile du palais à la recherche sont œdématiées, vous devrez pratiquer un exa-
d'une paralysie ou d'une cicatrice de fente pala- men intra-oral et bimanuel à la recherche de
tine opérée. Examinez la paroi postérieure de toute anomalie ou écoulement des canaux éva-
l'oropharynx en notant la présence de follicules cuateurs submandibulaires ou parotidiens. Pal-
lymphoïdes inflammatoires. pez ensuite à la recherche d'un calcul.

Votre patient doit être assis avec le cou discrètement


fléchi et le torse nu.
Soyez méthodique et doux.
N'oubliez pas d'examiner les structures médianes.
Si les glandes salivaires sont gonflées, examinez les
orifices buccaux des canaux salivaires et faites une
palpation bimanuelle.
Auscultez un gonflement thyroïdien et une éventuelle
tumeur du glomus carotidien.

Figure 17.8. Angine à streptocoque. Une gorge très


irritée avec des membranes blanches recouvrant des
tonsilles hypertrophiés doit vous orienter vers ce
diagnostic.
Maladies contractées
à l'étranger

En raison de l'accroissement des voyages inter- • les rickettsioses ;


nationaux et de l'accès plus facile aux destina- • les fièvres virales hémorragiques.
tions tropicales, de plus en plus de médecins
doivent être capables de diagnostiquer des À cette liste usuelle des causes possibles s'ajou-
maladies contractées à l'étranger. Les voyageurs tent d'autres maladies rarement voire jamais
peuvent présenter des maladies graves rapide- observées en France, mais relativement fré-
ment progressives, rarement observées en quentes dans des pays à destination touristique.
France, nécessitant des examens complémen- Plus de la moitié des atteintes observées au
taires et des traitements spécifiques, ou consti- retour d'un voyage auront été contractées chez
tuant un danger pour la santé du personnel de eux, avant leur départ.
l'hôpital. Le recueil de l'histoire devra comprendre les
La situation clinique la plus fréquemment ren- destinations exactes visitées et la durée du
contrée est une atteinte aiguë d'un patient de séjour; vous devrez également préciser la date
retour d'un voyage; mais vous serez aussi du début des symptômes pour faciliter le dia-
amené à rencontrer d'autres cas, par exemple gnostic différentiel. Par exemple, une période
des immigrants, des réfugiés ou des personnes d'incubation de quatre jours élimine le palu-
ayant effectué un long séjour à l'étranger, qui disme, et une incubation de deux semaines
ont contracté dans leur pays une maladie chro- écarte la dengue (Point de révision 18.1).
nique par contact prolongé avec les agents res- Il est important de savoir quelles ont été vacci-
ponsables. Quand vous recueillerez l'histoire nations pratiquées avant le voyage, si une pro-
clinique, recherchez un éventuel voyage. phylaxie a été utilisée pour la diarrhée ou le
paludisme et si les voyageurs ont pris des anti-
biotiques ou tout autre traitement au cours de la
• MALADIES AU RETOUR maladie (Point de révision 18.2).
D'UN VOYAGE Vous devez également rechercher des contacts
avec des animaux, des tiques, des moustiques, et
Votre première priorité sera d'identifier les si des maladies ont affecté d'autres membres du
patients gravement atteints chez qui un traite- groupe de voyage. Les patients se souviennent
ment urgent sera nécessaire. Rappelez-vous facilement s'ils ont consommé de la nourriture
qu'au retour d'un voyage, un patient peut pré- crue et des fruits de mer, ou s'ils ont été exposés
senter une maladie contractée chez lui comme: à des virus hématogènes (Point de révision 18.3).
• une septicémie à méningocoque;
• une méningite bactérienne;
• un syndrome de choc toxique; POINT PRATIQUE
• une septicémie à staphylocoque. À chaque histoire clinique, vous devez demander :
« Avez-vous voyagé loin de chez vous? »
Voici les maladies qui peuvent avoir été contrac- Aux immigrants, demandez :
« Êtes-vous retourné chez vous? »
tée à l'étranger:
• le paludisme;
Comprendre les différents appareils

Moins de 10 jours Intermédiaire (jusqu'à 21 jours) Plus de 21 jours


Dengue Paludisme Paludisme
Fièvre jaune Fièvre virale hémorragique Hépatite A, B, E
Fièvre à tiques Typhus des broussailles Rage
Peste Trypanosomiase africaine Leishmaniose viscérale
Fièvres paratyphoïdes Typhoïde Abcès hépatique amibien
Fièvres des trois jours Brucellose Filariose
Légionellose Fièvre Q Tuberculose
Fièvre rémittente Fièvre Q
Hépatite A Schistosomiase aiguë
* Adapté de Yung AP, Ruff TA Médecine des voyageurs 2. Au retour Med J Aust 1994 ; 160, 206-212.

Est-ce le paludisme?
L'efficacité de la vaccination varie beaucoup :
• les vaccins contre la fièvre jaune, la rage, le La fièvre et la rigidité sont des symptômes clas-
tétanos et les hépatites A et B sont très efficaces; siques du paludisme, mais des poussées de
• les vaccins contre la typhoïde et le choléra fièvre épisodiques ne sont ni nécessaires ni suf-
ont une efficacité incomplète; fisantes pour poser le diagnostic. Alors que l'on
• l'immunisation contre la diphtérie ne confère s'attend à des symptômes fébriles, le patient
pas toujours une immunité prolongée durant peut se présenter sans fièvre et des symptômes
toute la vie. atypiques peuvent survenir. Il est utile de se rap-
peler que le paludisme mime volontiers d'autres
affections. Toute fièvre chez un patient prove-
nant d'une zone endémique doit être considérée
comme du paludisme jusqu'à preuve du
Recherchez toujours les lieux de séjour, les contacts
contraire. Une prise de sang doit être effectuée
et les maladies. immédiatement et examinée le jour même
Une prophylaxie a-t-elle été prescrite? (Fig. 18.1).
Y a-t-il un risque de paludisme?
POINT PRATIQUE
Une quarantaine est-elle nécessaire?
Y a-t-il une lésion cutanée? Fièvre au retour de voyage
C'est un paludisme jusqu'à preuve du contraire.
Une prise de sang doit être effectuée et examinée
le jour même.

Prêtez une attention particulière aux morsures


d'animaux (et à la nécessité d'une vaccination
antirabique après l'exposition), à des contacts Il est aussi important de se rappeler qu'aucune
prolongés avec de l'eau dans des régions où la prophylaxie n'est complètement efficace et que
schistosomiase est endémique, au risque de des symptômes « atypiques » sont fréquents
maladies sexuellement transmissibles et aux dans le paludisme, ce qui occasionne des erreurs
antécédents du patient. de diagnostic. D'anciens résidents de régions
Chez un patient malade au retour d'un voyage, endémiques peuvent ne pas savoir que l'immu-
on devra répondre immédiatement à deux nité décroît rapidement et qu'ils prennent un
importantes questions: risque lorsqu'ils retournent dans leur pays d'ori-
• Est-ce le paludisme? gine pendant les vacances.
• Une quarantaine est-elle nécessaire?
Maladies contractées à l'étranger

Chez un voyageur de retour, l'association de


céphalées et d'une altération modérée de l'état
de conscience fait penser à une infection aiguë et
surtout à une crise de paludisme ou une fièvre
typhoïde.
Les troubles neurologiques existent dans la
maladie du légionnaire, la maladie de Lyme,
la brucellose ou la leptospirose; une dégrada-
tion progressive et rapide doit orienter vers
une méningite, particulièrement à méningo-
coque.
Figure 18.1. Examen de sang montrant un paludisme
à Plasmodium vivax.

La quarantaine est-elle • CARACTÈRES PARTICULIERS


DE L'EXAMEN CLINIQUE
nécessaire?
Après avoir recherché un état de choc ou une
La quarantaine ou d'autres précautions particu- déshydratation, faites attention aux points sui-
lières peuvent être requises pendant la période vants :
où l'on doit éliminer des diagnostics de maladies
potentiellement transmissibles comme les
fièvres virales hémorragiques, le choléra, la État neurologique
typhoïde ou la tuberculose. Vous devrez facile-
ment faire hospitaliser pour observation et Est-ce une atteinte centrale du paludisme ou une
rechercher l'avis d'un spécialiste pour un patient méningo-encéphalite? La confusion se retrouve
avec des tremblements, des myalgies sévères, dans la fièvre typhoïde, le paludisme et la mala-
des troubles de la conscience ou un rash inex- die du légionnaire.
pliqué.
Fièvre, rougeur pharyngée, éruption ou hémor-
ragie chez un voyageur retournant d'une zone Bouche
de virulence des fièvres virales hémorragiques (le
plus souvent d'Afrique centrale ou de l'Ouest) Si les amygdales sont touchées, pensez à la
nécessitent une quarantaine et la consultation diphtérie.
urgente auprès d'un spécialiste des maladies
infectieuses.
Yeux
Recherchez des signes d'ictère; l'injection
Détails caractéristiques des endroits visités, durée du
conjonctivale suggère une leptospirose. Dans les
séjour et date du retour
hépatites virales aiguës, la fièvre est habituelle-
Date précise du début des symptômes pour calculer
la période d'incubation
ment retombée au moment où apparaît l'ictère.
L'apparition d'un ictère alors que la fièvre est
Détails des maladies qui se sont déclarées à
l'étranger et liens avec les symptômes actuels déjà présente rend le diagnostic d'hépatite virale
Prophylaxie utilisée (médicaments, vaccins)
improbable; une angiocholite ou une leptospi-
rose doivent être évoquées.
Contacts avec des animaux, des insectes et de la
nourriture crue
Maladies des compagnons de voyage
Penser au paludisme
Comprendre les différents appareils

Peau Abdomen
Éruptions et pétéchies ne sont visibles que par Une hépatomégalie discrète ou modérée est
un examen méticuleux dans une bonne lumière, présente dans les hépatites mais peut également
avec une attention particulière aux membres survenir au cours du paludisme, d'un abcès
inférieurs et aux fesses. Déshabillez le patient à hépatique amibien ou d'une brucellose. Une
la recherche d'une morsure de tique (Fig. 18.2). sensibilité hépatique sans jaunisse est typique
L'éruption d'une septicémie à méningocoque d'un abcès hépatique. La splénomégalie survient
peut être maculo-papuleuse ou pétéchiale au cours du paludisme, de la fièvre typhoïde, de
(Fig. 12.3). L'éruption d'une dengue fait penser à la brucellose, de la leptospirose ou de toute
un coup de soleil ou à une photosensibilisation affection virale aiguë.
aux cyclines avant de découvrir les pétéchies.

• PRÉSENTATIONS CLINIQUES
LES PLUS FRÉQUENTES
AU RETOUR D'UN VOYAGE

Diarrhée et douleurs abdominales

La diarrhée est le symptôme le plus fréquem-


ment retrouvé, touchant particulièrement les
touristes revenant de pays en voie de dévelop-
pement. Les causes les plus fréquentes de diar-
rhée aiguë sont Escherichia Coli, Campylobacter,
Shigella et toute espèce de Salmonella mais une
faible proportion provient d'Entamœba Histofy-
tica qui est diagnostiquée par une coproculture.
Figure 18.2. Stigmates lombaires basses d'un patient
La plupart des épisodes sont discrets et bien cir-
porteur d'un typhus des broussailles.
conscrits, mais lors d'un bon nombre d'épi-
sodes, on notera la présence de fièvre et de
Thorax douleurs abdominales associées au pus et au
sang dans les selles. Les diarrhées sévères avec
N'accordez pas trop de valeur aux signes aus- déshydratation doivent orienter vers un dia-
cultatoires car ils sont virtuellement absents à la gnostic de choléra. Une douleur dans le qua-
phase aiguë d'une pneumonie atypique, y com- drant supérieur droit associée à une fièvre
pris la légionellose. oriente vers un abcès amibien (même en l'ab-
sence de diarrhée).
La cause la plus fréquente de diarrhée persis-
Adenopathies généralisées tante et de crampes abdominales douloureuses
intermittentes (habituellement sans sang dans
Elles peuvent être présentes dans une maladie les selles) est Giardia lamblia. Certains patients
virale aiguë (virus d'Epstein-Barr [EBV] ou virus avec une diarrhée du voyageur évoluent vers des
de l'immunodéficience humaine [VIH|); des ade- symptômes chroniques qui nécessitent des exa-
nopathies régionales surviennent après des mens complémentaires plus poussés. Une
morsures ou accompagnent la tuberculose. diarrhée du voyageur peut être le premier symp-
tôme d'un syndrome du côlon irritable.
Il faut noter que la constipation, et non la diar-
rhée, est le symptôme le plus fréquent des
patients présentant une fièvre entérique (fièvre
Maladies contractées à l'étranger

typhoïde provoquée par Salmonella typhi) et


que l'appendicite peut mimer certaines des pré-
sentations décrites ci-dessus. Les deux principales
Paludisme
Fièvres typhoïde et paratyphoïdes

Fièvre Causes traitables


Septicémie bactérienne (streptocoques,
staphylocoque et méningocoque)
Le paludisme, la dengue, l'hépatite A et les Diarrhée infectieuse (surtout Campylobacter et
fièvres entériques sont les causes les plus fré- Shigella)
quentes de fièvre du voyageur. Le paludisme Abcès amibien hépatique
doit être prévenu mais la prophylaxie n'est pas Typhus, autres rickettsioses
Maladie du légionnaire
efficace à 100 °/o; des crises récurrentes de palu-
Fièvre Q
disme peuvent survenir des mois ou des années Brucellose
après l'infection initiale. Psittacose
L'hépatite A et les fièvres entériques doivent être Leptospirose
prévenues par la vaccination. D'autres causes de Infections virales
fièvre sont présentées dans le Point de révi- Dengue
sion 18.4. Influenza
Hépatite A.
Les manifestations du paludisme peuvent affec-
Infection aiguë VIH
ter tous les systèmes, conduisant à des erreurs Fièvres virales hémorragiques
potentiellement fatales. Les frissons sont fré- Autres infections virales (virus Epstein Barr et
quents, mais la fièvre n'est d'aucune aide dia- cytomegalovirus)
gnostique (elle peut être continue ou absente à Causes rares mais traitables
la présentation initiale) et des symptômes trom- Mélioïdose
Schistosomiase
peurs comme la toux sont assez fréquents. Les
Leishmaniose
convulsions ou le coma peuvent être les signes Trypanosomiase
de présentation initiale du paludisme central Peste
(cérébral). Trichinose
L'ictère peut être attribué à une hépatite; l'ano- Fièvres récurrentes
Fascioliases
rexie et le vomissement sont présents lors d'une
atteinte gastro-intestinale ou d'une diarrhée Fièvre médicamenteuse

infectieuse; la toux oriente vers le diagnostic de


bronchite et des urines foncées (hémolyse ou
hémoconcentration en réponse à une déshydra- lité d'une embolie pulmonaire. La maladie du
tation) vers une pyélonéphrite. Pour confirmer le légionnaire est une des causes les plus fré-
diagnostic, une prise de sang sera réalisée et quentes de pneumonie.
examinée immédiatement. Si vous soupçonnez
une crise de paludisme cérébral, le traitement
devra être nécessairement entrepris avant la Éruption
confirmation du diagnostic. Des prises de sang
répétées peuvent être nécessaires pour confir- C'est le symptôme principal dans certaines situa-
mer le diagnostic. tions (morsure, larva migrans, gale, mycoses),
mais il accompagne plus fréquemment des
maladies systémiques comme la fièvre dengue,
Symptômes respiratoires d'autres atteintes virales ou les infections à ric-
kettsie. Chez un voyageur avec une fièvre et une
De manière anecdotique, les infections respira- éruption, la période d'incubation et d'autres
toires aiguës sont fréquentes à la suite de vols signes peuvent aider à différencier la dengue et
longue distance, et l'on n'oubliera pas l'éventua- d'autres infections, à arbovirus, au VI H, à EBV ou
Comprendre les différents appareils

à rickettsie, des etiologies graves et cosmopolites Des signes cliniques d'atteinte de l'état général
comme la méningococcie, le syndrome de choc ou une perte de poids doivent orienter l'enquête
toxique ou la rubéole. et les examens à la recherche de signes cliniques
de:
• maladie hépatique chronique (hépatite B, C);
Ictère • tuberculose;
• infection VIH;
Des personnes non vaccinées sont sensibles à • schistosomiase (splénomégalie);
l'hépatite A et il faudra rechercher les facteurs de • kala-azar (splénomégalie et anémie);
risque de l'hépatite B, C et E. • infections intestinales à helminthes.

POINT PRATIQUE Une maladie chronique inflammatoire intesti-


En cas des difficultés diagnostiques chez des nale peut se révéler suite à un épisode de diar-
voyageurs au retour, faire préciser l'histoire clinique rhée du voyageur.
est le moment le plus important de la surveillance. Toute éruption cutanée doit orienter vers la lèpre
L'ictère peut survenir au cours du paludisme ou de
et nécessiter un examen neurologique attentif, à la
la leptospirose.
recherche d'une diminution de la sensibilité tactile.
Certains examens de laboratoire doivent conduire
à une surveillance particulière. Des lésions cutanées
(Strongyloides, larva migrans) ou des contacts avec
• EXAMEN DES IMMIGRANTS l'eau (schistosomiase) peuvent expliquer une éven-
OU DES GRANDS VOYAGEURS tuelle éosinophilie.

Ces patients peuvent se présenter pour un


« check-up », ou au cours d'une campagne de
dépistage de maladies prévalentes dans leur
pays de résidence initiale. Des différences cultu-
relles et la barrière de la langue peuvent rendre Recherchez chez vos patients un voyage récent.

l'évaluation difficile et plusieurs entretiens peu- L'histoire de ce voyage peut ne pas être contributif à
la maladie actuelle.
vent être nécessaires. La morbidité associée à
l'hépatite B ou C, aux infections chroniques à Aucune prophylaxie (médicamenteuse ou vaccinale)
n'est complètement efficace.
helminthes (helminthiases) ou au paludisme
Chez un voyageur fébrile, suspectez toujours le
(chez ceux qui sont partiellement immunisés) est
paludisme jusqu'à preuve du contraire.
fréquente et peut être asymptomatique.
Faites des examens sanguins le même jour.
Une toux chronique productive, avec ou sans
hémoptysie, est le symptôme habituel de pré- Le paludisme peut présenter des symptômes
atypiques.
sentation de la tuberculose symptomatique
Pensez à mettre en place une quarantaine en
aiguë. La tuberculose extrapulmonaire peut se
attendant le diagnostic.
manifester par les signes de lympho-adénopa-
Pour établir des diagnostics différentiels, il est
thie ou d'une atteinte osseuse. Les anomalies
essentiel de bien prendre l'histoire clinique et de
détectées à la radiographie pulmonaire ou à bien connaître les périodes d'incubation.
l'occasion d'une « pyurie stérile » sont les plus
fréquentes de toutes ces présentations. La pos-
sibilité d'une infection VIH doit être évoquée
chez tout patient présentant une tuberculose.
Maladies rénales
et génito-urinaires

Les atteintes rénales et génito-urinaires ont été Le terme colique néphrétique ne doit pas être uti-
regroupées dans ce chapitre. Bien que les lisé pour cette douleur (c'est pourtant le cas en
patients porteurs de ces maladies soient pris en France [NdT]); elle provient des contractions du
charge par des spécialistes différents à l'hôpital, muscle lisse de l'uretère et son nom exact est
les signes de présentation sont suffisamment donc colique urétérique.
communs pour les regrouper ici, en particulier Pendant une crise de colique néphrétique, le
ceux du bas appareil. patient ressent une intense envie d'uriner même
si la vessie est vide.

• REINS ET VESSIE Difficultés mictionnelles


Ces symptômes attirent habituellement l'atten-
tion vers une maladie des voies urinaires. Assu-
Symptômes rez-vous de bien comprendre ce que veut dire le
Il y a quatre groupes principaux de symptômes patient en notant ce que vous croyez être la
qui doivent faire suspecter une maladie des reins situation! Quelques termes de tous les jours
et de la vessie: peuvent aider, mais adaptez votre interrogatoire
• la douleur; au niveau culturel de votre patient. Vous l'offus-
• les difficultés mictionnelles ; queriez facilement.
• les effets de l'insuffisance rénale; Strictement parlant la dysurie désigne les difficul-
• l'œdème. tés à uriner, mais l'usage médical courant l'utilise
pour décrire une douleur à type de picotements
Douleur ou de brûlures lors de la miction.
Les atteintes macroscopiques du rein provo- La polyurie caractérise la production de grandes
quent une douleur. Elle est habituellement per- quantités d'urine de jour et de nuit. Elle doit être
çue dans l'angle rénal qui correspond à la région distinguée de la pollakiurie qui signifie des mic-
e
des lombes entre la 12 côte en haut et le bord tions fréquentes de petites quantités d'urine,
des muscles spinaux médialement (Fig. 19.1). comme elle s'observe lors des infections urinaires.
Lors de l'extension ou du gonflement majeur L'oligurie correspond à la sécrétion d'un faible
des reins, la douleur peut être perçue plus en volume d'urine pendant 24 heures; elle est défi-
avant. La colique néphrétique est le terme utilisé nie par une quantité inférieure à 400 ml par
pour décrire la migration de calculs, de débris ou 24 heures. Lorsque la sécrétion est nulle, il s'agit
de caillots sanguins dans l'uretère. C'est une d'une anurie. Il est essentiel de différencier une
douleur colitique extraordinairement vive débu- anurie d'une rétention d'urine qui correspond à
tant dans l'angle rénal et irradiant vers l'aine, l'impossibilité à vider la vessie. La miction noc-
puis vers le pénis et le scrotum chez l'homme turne (nocturie) signifie simplement une miction
(Fig. 19.2) et les grandes lèvres chez la femme. Il pendant la nuit; elle survient inévitablement
s'agit d'une authentique colique rendant le lorsqu'il y a une polyurie.
patient blême, et d'une telle intensité qu'il se rou- L'incontinence est un symptôme qui requiert un
interrogatoire attentif. Les causes de l'inconti-
lera dans son lit ou sur le sol, comme à l'agonie.
Comprendre les différents appareils

Figure 19.1. Angle rénal. Figure 19.2. Irradiation de la douleur de la colique


néphrétique chez l'homme.

nence intermittente sont multiples : la clémence, normale; les symptômes sont souvent mal défi-
une constitution fragile, les maladies cérébro- nis mais comprennent une fatigabilité, des
vasculaires, la sclérose en plaques, la paraplégie malaises, une anorexie et des vomissements.
et le prolapsus. Beaucoup de ces affections sont D'autres patients auront une dyspnée à l'effort,
traitées ailleurs. Une incontinence permanente une dyspnée nocturne paroxystique et un
chez une femme signifie qu'il existe une fistule, œdème des membres inférieurs. Lors d'une
en général entre la vessie et le vagin. insuffisance rénale évolutive, mais sans atteinte
La miction impérieuse désigne un besoin sou- sévère de la fonction rénale, s'ajoutent des
dain et fréquent d'uriner, avec peu ou sans aver- atteintes osseuses métaboliques provoquant
tissement préalable. Si la vessie n'est pas vidée des douleurs diffuses. Lors de la phase terminale
rapidement, l'urine est émise sans contrôle. Ce de l'insuffisance rénale surviennent des troubles
symptôme relativement commun survient lors de la conscience et une confusion évoluant vers
de l'hypertrophie prostatique et dans la sclérose le coma.
en plaques.
Certaines causes de ces symptômes urinaires Œdèmes
sont présentées dans le Point de révision 19.1. Chez certains patients, l'apparition d'un œdème
généralisé est la première manifestation d'un
Les signes de l'insuffisance rénale problème rénal. La fuite massive de protéines
L'insuffisance rénale est le terme utilisé pour dans les urines conduit à une hypoprotidémie et
décrire le syndrome clinique lors d'une perte à un transsudat de liquide vers les tissus. Ce
importante des fonctions rénales. Les symp- trouble que l'on appelle syndrome néphrotique
tômes apparaissent lorsque l'infiltration glomé- peut être dû à de très nombreuses maladies
rulaire chute en dessous de 20 à 25 % de la rénales ou systémiques (Point de révision 19.2).
Maladies rénales et génito-urinaires

En pratique, ce syndrome est défini par la perte de • SIGNES D'INSUFFISANCE


plus de 3,5 g de protéines en 24 heures alors que RÉNALE
la perte normale est inférieure à 250 mg/24 heures.
Caractères généraux
Dans l'insuffisance rénale chronique, les signes
sont le plus souvent non spécifiques. Toutefois,
Pollakiurie
la progression de la maladie et son évolution
Infections urinaires
Vessie irritable vers le coma peuvent s'accompagner de:
Vessie de faible capacité • perte de poids et déshydratation;
Obstruction à l'évacuation par ex. prostatisme • haleine urémique (odeur de poisson);
Polyurie • saccades musculaires;
Diabète sucré
Diabète insipide
• respiration de type acidosique (Kussmaul) ;
Ingestion de grandes quantités d'eau • frottement péricardique;
Traitement diurétique • gel urémique (ce signe clinique, rare de nos
Insuffisance rénale chronique jours, est un dépôt de poudre blanche autour
Dysurie des lèvres et de la bouche, observé uniquement
Urétrite
Prostatique
lorsque le taux d'urée est extrêmement élevé).
Oligurie/anurie
Déshydratation Ces signes s'associent et souvent compliquent
Choc les évolutions des maladies sous-jacentes comme
Insuffisance rénale aiguë le diabète ou la myélomatose.
Obstruction urétérale bilatérale
Hématurie
Origine rénale : traumatisme, tumeur, tuberculose,
reins polykystiques, calcul, infarctus rénal, néphrite,
Reins
pyélonéphrite
Origine urétérale : calcul, néoplasme Les reins ne sont ordinairement pas palpables
Origine vésicale : calcul, traumatisme, infections sauf chez les personnes minces où le pôle infé-
aiguës, infections chroniques (par exemple, rieur du rein droit peut être perçu lors de l'inspi-
bilharziose tropicale), tumeur ration profonde.
Origine prostatique : atteinte bénigne et maligne
Pour examiner le rein gauche, la main gauche est
Incontinence
placée sur le flanc gauche et la main droite palpe
Permanente : fistule, habituellement vésico-
vaginale par l'avant, comme si vous essayiez de palper le
Intermittente : démence et autres atteintes rein entre vos deux mains.
neurologiques, prolapsus et insuffisance périnéale Le rein droit est palpé de la même manière, avec
la main gauche sur le flanc droit (Fig. 19.3a et b).
La percussion d'un rein gauche volumineux est
sonore, car le rein refoule la sonorité de l'angle
splénique du côlon au fur et à mesure de son
Maladies rénales primitives (glomérulonéphrites) accroissement. Ceci le différencie d'une Spleno-
Secondaires à une maladie systémique megalie qui est située en avant du côlon.
Lupus érythémateux disséminé
Une augmentation bilatérale du volume des
Amylose
Diabète reins (Fig. 19.4) est habituellement due à une
Infections (par exemple paludisme, streptococcie) maladie polykystique, mais peut être en rapport
Myélomatose avec une hydronéphrose bilatérale, lorsque les
Médicamenteuses deux uretères sont obstrués lors d'une fibröse
Sels or rétro-péritonéale secondaire à des tumeurs pel-
D-pénicillamine viennes.
Captopril
Comprendre les différents appareils

(a)

(b) Gros rein :


Palpable bimanuellement dans le flanc.
Figure 19.3. Palpation du rein gauche (a) et droit (b).
Percussion sonore.
Descend à l'inspiration.

Figure 19.4. Signes d'un gros rein


(Point de révision 19.3).

Unilatérale Bilatérale
Hydronéphrose Maladie polykystique sible d'évaluer la taille de la prostate lorsque la
Pyonéphrose Hydronéphrose vessie est très remplie. Chez la femme, la vessie
Kyste
Abcès
doit être distinguée d'un utérus gravide ou d'un
Tumeur kyste ovarien.

• VÉNÉROLOGIE
Vessie
Une rétention aiguë d'urine provoque une dou-
Comportements sexuels
leur extrême et une grande sensibilité de la ves- Le comportement sexuel peut avoir un impact
sie: une pression sur celle-ci augmente l'envie déterminant sur la santé physique et psycholo-
irrépressible d'uriner. Par contre, la rétention gique, c'est un facteur à prendre en compte lors
chronique d'urine est caractérisée par une vessie de la prise en charge du patient. Une jeune
atone, incontinente et insensible. Rappelez-vous femme qui se présente avec des douleurs abdo-
que chez un homme, il est virtuellement impos- minales aiguës basses très sensibles peut avoir
Maladies rénales et génito-urinaires

une appendicite nécessitant une intervention l'histoire sexuelle de la manière suivante: « Une
chirurgicale. Mais elle peut également être douleur dans le bas abdomen est parfois provo-
atteinte d'une inflammation aiguë du pelvis, pro- quée par une infection contractée lors d'un rap-
voquée par la dissémination d'une maladie port sexuel. Puis-je vous demander de quand
sexuellement transmissible (MST), comme une date votre dernier rapport sexuel? », « Puis-je
infection du col utérin traitée par antibiotiques. vous demander si vous avez un(e) petit(e)
Le risque d'une MST chez une telle patiente ami(e) ? » Lorsque le sujet de l'activité sexuelle a
peut-être évalué lors du recueil de l'histoire cli- été abordé, vous pouvez rentrer dans les détails :
nique et de l'examen ; des examens complémen- • Quand?
taires à la recherche d'une infection doivent être • Avec qui?
réalisés si nécessaire. La persistance de plaintes • Où?
urologiques ou gynécologiques, d'une dépres- • Contraception?
sion ou d'autres symptômes peut exprimer des • Type de rapport?
difficultés sexuelles. • Autres partenaires?

Les questions appropriées que vous devez


Qu'est-ce que la vénérologie? poser sont présentées dans le Point de révi-
sion 19.4.
C'est la section de la médecine orientée vers la Chez les patients mariés ou qui ont une relation
détection et la prise en charge des MST, mais elle durable, s'enquérir d'autres partenaires est un
envisage également la prise en charge d'autres point très délicat. Vous pouvez présenter les
maladies de l'appareil génital, en particulier ses choses de la manière suivante : « Ne soyez pas
manifestations cutanées. Les maladies sexuelle- offusqué par ma prochaine question, que je
ment transmissibles : pose à tout le monde. Avez-vous eu récemment
• sont fréquentes, particulièrement chez les des rapports avec quelqu'un d'autre? »
jeunes adultes entre 15 et 25 ans;
• sont souvent asymptomatiques;
• peuvent provoquer des symptômes et des
signes en dehors de l'appareil génital.

Beaucoup de relations sexuelles sont de courte Quand?


durée; chaque nouveau partenaire est une nou- Quand avez-vous eu votre dernier rapport sexuel?
velle opportunité de MST. Les médecins doivent Avec qui?
être conscients que toute personne avec une Est-ce votre partenaire régulier? Si c'est le cas,
activité sexuelle peut être affectée par une MST. depuis quand avez-vous des rapports avec lui
(elle)?
Etait-ce un(e) partenaire occasionnel (le)? Êtes-
vous toujours en contact avec lui (elle) ?
• HISTOIRE CLINIQUE Était-ce un partenaire masculin ou féminin?
Où?
L'histoire sexuelle permet d'évaluer le risque de Est-ce que votre partenaire vit à proximité?
MST d'un patient. Vous devez en tenir compte Ailleurs, en France ou à l'étranger?
lors du recueil de routine de l'histoire clinique, Contraception ?
Utilisez-vous un mode de contraception? Un
par le biais de questions simples et neutres. Les
préservatif?
questions concernant l'activité sexuelle ne peu-
Type de rapport?
vent être abordées que lorsque vous aurez éta-
Orogénital ou anogénital?
bli un certain lien avec votre patient.
Autres partenaires ?
Un commentaire d'explication est habituelle- Quand avez-vous eu un rapport avec quelqu'un
ment utile pour présenter au patient les motiva- d'autre?
tions de ces questions. Par exemple, on débutera
Comprendre les différents appareils

Quelques conseils généraux besoins sexuels doit être adaptée à chaque indi-
Bien que le sexe soit généralement considéré vidu. Si le patient utilise des termes vagues pour
comme relevant de la sphère privée, le compor- parler de sa vie sexuelle vous devrez doucement
tement sexuel est aussi important par ses consé- clarifier auprès de lui ce qu'il veut dire.
quences possibles sur la santé que le sont la
consommation alcoolique et le tabagisme. Dans
la plupart des situations médicales, il n'y a pas de Symptômes I
facteurs pertinents dans l'histoire sexuelle et l'in-
terrogatoire peut s'orienter rapidement vers un L'infection est la cause principale des symptômes
autre appareil. Lorsque vous recueillez une his- génito-urinaires, avec une proportion très signi-
toire sexuelle, vous ne vous mêlez pas de la vie ficative attribuée aux MST, en particulier chez les
privée du patient, mais vous recherchez des jeunes adultes. La plupart des patients nécessi-
informations particulières utiles à la prise en teront des examens complémentaires pour affir-
charge efficace de votre patient. mer ou éliminer une infection, orientés par
Lorsque vous recueillez une histoire sexuelle, l'histoire sexuelle, les symptômes et les signes.
voici les principaux défis: Les syndromes et les MST les plus fréquents en
• gagner la confiance du patient avant d'envi- vénérologie sont présentés dans le Point de révi-
sager les détails sexuels; sion 19.5.
• l'assurer d'une parfaite confidentialité;
• user d'un langage précautionneux.

Les patients seront naturellement réticents à


parler de leur vie sexuelle si vous avez tendance
à juger ou si vos paroles sont embarrassantes Syndromes
lorsque vous abordez ce domaine. Vous devez Écoulement urétral (Fig. 19.5) avec ou sans
dysurie (homme)
préserver la nature confidentielle de la relation
Écoulement vaginal avec ou sans irritation vulvaire
médecin-malade; de ce fait, cette relation sera Ulcération génitale avec et sans adénopathie
facilitée si vous le mentionnez. Douleur pelvienne ou abdominale basse (femme)
Un patient sera souvent embarrassé d'avouer Douleur et gonflement épididymaire ou testiculaire
une impuissance, une relation extraconjugale ou Infection VIH et sida
Verrues génitales
un rapport accidentel non protégé. Évitez de
consigner tous les détails dans l'observation, ne Infections
gardez que les mots-clefs utiles pour la prise en Gonorrhée
Infections à Chlamydia
charge immédiate. Urétrite non gonococcique
Trichomonase
POINT PRATIQUE Infection herpétique (Fig. 19.6)
Verrues génitales d'origine virale
Évitez de consigner tous les détails dans
l'observation, ne gardez que les mots-clefs utiles
pour la prise en charge immédiate.

Une certaine sensibilité est nécessaire lorsque


vous posez des questions personnelles, surtout
lorsque la consultation peut être entendue ou
qu'un membre de l'entourage est présent. Il est
préférable de différer le recueil de l'histoire
sexuelle jusqu'à ce qu'une certaine intimité soit
établie. L'utilisation de termes vernaculaires ou
médicaux pour décrire l'anatomie génitale et les Figure 19.5. Écoulement urétral (gonorrhée).
Maladies rénales et génito-urinaires

Plus de la moitié des individus avec une MST On demandera aux patients de se déshabiller
sont asymptomatiques. Un des facteurs contri- pour exposer la région génitale. Respectez la
buant à la propagation des MST est la croyance dignité du patient en le laissant seul lorsqu'il se
erronée selon laquelle l'absence de signes équi- déshabille ou se rhabille. Ne laissez pas votre
vaut à l'absence de toute infection. L'histoire patient déshabillé ou exposé inutilement. Offrez-
sexuelle est importante pour identifier les indivi- lui une blouse ou une couverture en attendant
dus à risque de MST, leur offrir des conseils de l'examen.
bonne santé sexuelle et rechercher une éven-
tuelle infection. Les facteurs de risque principaux POINT PRATIQUE
sont présentés dans le Point de révision 19.6. Prérequis pour un examen adapté
Gants
Tierce personne
Bon éclairage
Chaise ou lit adaptés
Un coin d'intimité pour le déshabillage
Une blouse appropriée
Patient âgé de 15 à 24 ans Un spéculum pour l'examen féminin
Antécédents de MST Un proctoscope
Des tubes pour prélèvements et des recharges
Célibataire, séparé ou divorcé
Nouveau partenaire sexuel au cours des trois
derniers mois
Deux (ou davantage) partenaires sexuels au cours de Ne faites l'examen que lorsque le patient est prêt.
la dernière année Assurez-vous d'avoir une source lumineuse
Femme souhaitant une interruption volontaire de adéquate pour permettre l'inspection de la peau
grossesse à la recherche de verrues, d'éruptions et de poux.
Utilisation non-systématique du préservatif pendant
les rapports
Examen génital masculin
Vous devrez examiner avec attention :
• EXAMEN CLINIQUE • les ganglions inguinaux;
Les patients sont souvent anxieux et embarras- • le scrotum et son contenu;
sés à l'idée que leurs « parties privées » puissent • le pénis, prépuce compris;
être examinées; expliquez donc ce que vous • le méat urétral à la recherche d'un écoule-
allez faire. Un examen efficace nécessite la ment provoqué par une pression sur l'urètre à
coopération et la confiance du patient. Certains partir du périnée;
patients préfèrent être examinés par un médecin • la région périanale lorsque l'histoire oriente,
de leur propre sexe. Vous devrez toujours res- suivie par une proctoscopie.
pecter \a préterence du paient
Les bonnes pratiques suggèrent que vous
devrez proposer la présence d'une tierce per- Examen génital féminin
sonne, sans laquelle un homme médecin ne doit
jamais pratiquer un examen génital chez une Les femmes sont habituellement examinées en
femme. Vous devrez accorder une attention par- position gynécologique. Examinez avec attention :
ticulière à la région génitale lorsque les symp- • les régions pubiennes et périgénitales comme
tômes sont localisés dans cette région; un chez l'homme;
examen général peut être utile, en prêtant une • les grandes lèvres;
attention particulière à la peau, aux muqueuses • les petites lèvres ;
de la bouche et des yeux, aux articulations et aux • le méat vaginal;
ganglions lymphatiques. • le vagin;
Comprendre les différents appareils

• le col, en utilisant un spéculum. Prévenez tou- Écoulement urétral et dysurie


jours votre patiente de vos intentions; chez la femme
• l'évaluation de l'utérus et des annexes sera
réalisée par une palpation bimanuelle; La dysurie chez la femme est habituellement le
• la région périanale lorsque l'histoire oriente symptôme:
vers cette zone, suivie par une proctoscopie. • d'une inflammation de l'urètre et de la
muqueuse vésicale (cystite);
Une infection ne peut pas être éliminée ou dia- • d'une inflammation de la vulve autour du
gnostiquée de manière efficace par de simples méat urétral.
constatations visuelles; des prélèvements des
régions anatomiques concernées doivent être La gonorrhée urétrale ou l'infection à Chlamydia
réalisés à des fins d'examens microbiologiques. chez les femmes ne provoquera que rarement
des symptômes urinaires.

• QUELQUES SYNDROMES
CLINIQUES FRÉQUENTS Écoulement vaginal
Un écoulement plus abondant ou modifié du
Écoulement urétral et dysurie vagin est un symptôme fréquent de consultation
chez l'homme primaire. Il est souvent considéré comme syno-
nyme d'une infection vaginale, mais il peut être
Un écoulement du méat urétral est souvent asso- physiologique. Ce symptôme prend toute sa
cié à une douleur à la miction. Ces symptômes signification lorsqu'il est associé à d'autres signes
surviennent souvent après un rapport avec une cliniques, comme des douleurs abdominales
nouvelle partenaire, et sont la conséquence d'une dues à une infection pelvienne ou à une conjonc-
inflammation de la muqueuse uretrale. Le signe tivite à Chlamydia, infection oculaire habituelle-
cardinal de l'uretrite est l'écoulement urétral, et le ment causée en France par auto-inoculation des
diagnostic est confirmé soit par le « test des deux sécrétions vaginales infectées. De nombreux épi-
verres » (cf. Point Pratique), soit par un examen sodes d'infections vaginales ne sont pas acquis
microscopique d'un échantillon d'écoulement. par voie sexuelle, mais il reste important d'exami-
ner les facteurs de risque d'une MST chez les
POINT PRATIQUE femmes se présentant avec ce symptôme. Les
causes habituelles d'écoulement vaginal sont lis-
Test urinaire des deux verres
tées dans le Point de révision 19.7.
Demandez à un homme:
- d'uriner dans un premier verre propre ; La description de l'écoulement par la femme et
- d'arrêter d'uriner après une faible quantité; l'examen clinique peuvent suggérer le diagnostic
- de continuer à uriner dans un second verre. mais vous devrez toujours rechercher ou élimi-
Dans l'infection urétrale, le premier verre contient ner une MST, en particulier s'il existe des facteurs
habituellement des filaments dans une urine de risque (Point de révision 19.7).
troublée par le pus, qui ne s'éclaircit pas en
La vaginite bactérienne est caractérisée par un
ajoutant de l'acide. Le second verre sera clair.
Les filaments seront prélevés et examinés au écoulement malodorant homogène gris-blanc,
microscope pour savoir s'ils contiennent du mucus, avec un pH élevé. Elle résulte du changement de
du sperme ou du pus. la flore microbienne dans le vagin, habituelle-
ment prédominante en lactobacilles qui ont été
remplacés par des groupes d'autres bactéries,
Les polynucléaires sont habituellement évidents
surtout des germes gram négatif et des anaéro-
et les diplocoques intracellulaires sont observés
bies. Les symptômes de prurit vulvaire et les
dans la gonorrhée. Les principales urétrites chez
signes d'inflammation sont absents.
l'homme jeune sont la gonorrhée (Fig. 19.5) et
l'infection à Chlamydia.
Maladies rénales et génito-urinaires

présente. Deux situations seront brièvement


envisagées: l'ulcération génitale et les verrues
Candidose génitales.
Vaginite bactérienne (anaérobies ou Cardnerella L'ulcération génitale est le plus souvent causée
vaginosis) par une infection d'origine sexuelle. Bien que
Endocervicite (y compris infections à Chlamydia et à l'ulcération puisse affecter n'importe quelle por-
gonocoque) tion de la peau des muqueuses génitales, elle se
Physiologique situe habituellement dans les zones sujettes au
Trichomonase maximum de frictions et de traumatismes pen-
Corps étrangers, par exemple tampon résiduel dant les rapports, c'est-à-dire le sillon coronal,
le frein, le prépuce et le gland chez les hommes,
les petites lèvres et la fourchette chez la femme.
La cause la plus fréquente d'ulcération génitale
La candidose est une inflammation de la vulve et en France est l'infection à Herpès simplex virus
du vagin provoquée par des levures de l'espèce (Fig. 19.6); les autres causes sont regroupées
Candida. Les symptômes habituels sont l'irrita- dans le Point de révision 19.8.
tion vulvaire, un écoulement blanc et inodore et
des rapports sexuels désagréables. Le diagnostic
est porté par la mise en évidence des levures et
par l'exclusion de toute autre infection.
La trichomonase est provoquée par un proto-
zoaire flagellé Trichomonas vaginalis. Cette
infection, transmise sexuellement, est souvent
associée à d'autres MST. La réaction inflamma-
toire aux protozoaires est variable. Certaines
femmes présentent un écoulement abondant et
une intense irritation vulvaire alors que d'autres
sont asymptomatiques.
L'endocervicite provoque de manière caractéris-
tique un écoulement jaune et inodore, sans
symptôme d'irritation vulvaire. Un écoulement
muco-purulent issu du col peut-être observé Figure 19.6. Herpès génital.
lors de l'examen au spéculum, et le col peut
apparaître hyperémié et saignant facilement au
contact. Vous devrez rechercher une infection
chez les femmes avec une cervicite; bien que les
infections à Chlamydia et la gonorrhée soient les Ulcérations multiples génitales douloureuses
deux principales, ces infections sont fréquem- (rares en France [Ndf])
ment asymptomatiques et ne provoquent pas Chancroïde : Haemophilus ducreyi, infection
nécessairement une cervicite apparente. habituellement observée dans les pays tropicaux
Syndrome de Behcet: maladie chronique,
récidivante, multisystématisée et inflammatoire
de cause inconnue
Éruptions génitales Réactions médicamenteuses
Syndrome de Stevens-Johnston
Elles sont fréquentes et souvent sans lien avec Ulcères génitaux solitaires
des rapports ou une infection. Même dans ce Syphilis
cas, la présence d'une « tâche sur mon zizi » ou Trauma
Carcinome
d'un « bouton en bas du ventre » conforte la
Infection génitale tropicale
conviction qu'une « maladie vénérienne » est
Comprendre les différents appareils

Le premier épisode évolue habituellement selon Les verrues périanales (Fig. 19.7) sont fréquentes
la séquence de signes et de symptômes suivants: chez les hommes homosexuels mais peuvent
• irritation locale avec rougeur de la peau ; être observées dans les deux sexes, résultant
• amas de petites vésicules ; d'une auto-inoculation entre les zones génitales.
• ulcères sensibles, superficiels, à l'emporte- Les affections génitales sont fréquemment inter-
pièce; currentes. Il est important de rechercher une
• formation de croûtes et cicatrisation ; infection bactérienne traitable chez tous les
• adenopathies inguinales sensibles; patients se présentant avec une MST, bien que la
• malaises et fièvre. cause de leurs symptômes puisse être évidente.
Par exemple, un patient se présentant avec des
L'intervalle entre la primo-infection de l'herpès verrues génitales doit être examiné à la
génital et les épisodes d'ulcérations est très recherche d'une gonorrhée, d'une infection à
variable, entre 24 heures et plusieurs années. De Chlamydia, et d'une infection vaginale chez la
nombreux patients présentent des épisodes femme.
récurrents de très courte durée, moins doulou-
reux et moins irrités que lors de primo-infection.
La syphilis est devenue une infection rare en
France. L'ulcère génital initial de la syphilis, ou
chancre, est plutôt insensible, rond, avec des
marges bien définies et une base épaisse,
rugueuse et recouverte d'un dépôt, bien que les
apparences soient très variables. Les adenopa-
thies inguinales sont modérément volumi-
neuses, sensibles et de texture élastique.
Les verrues ou végétations génitales sont cau-
sées par le virus du papillome humain (VPH).
Elles sont transmises par contact génital de peau
Figure 19.7. Papillomes périanaux. Ils ne sont pas
à peau, et leur prévalence est croissante. Les nécessairement les stigmates d'un rapport réceptif anal.
individus avec une infection infraclinique sont
bien plus nombreux que ceux affectés par des
végétations visibles. Les patients qui dévelop- La prise en charge d'un patient avec une MST
pent ces végétations présentent des verrues ou comprend également celle des partenaires
des tâches blanches non irritantes de la sphère sexuels. Il est évident qu'il faut prévenir:
génitale. • une réinfection dans une relation qui se pro-
Les verrues présentent de très nombreuses longe ;
apparences cliniques et sont rarement isolées. • la morbidité chez le partenaire;
Les plus habituelles forment un condylome acu- • la transmission de l'infection à toute une
miné, une excroissance papillomateuse pédon- communauté.
culée ou sessile de même couleur que la peau,
qui présente habituellement une surface plissée Un résumé des étapes clefs de la prise en charge
lui donnant une apparence rugueuse. Les plus des patients au cours des maladies vénériennes
volumineuses peuvent présenter l'aspect d'un est listé dans le Point de révision 19.9.
chou-fleur. Les infections vaginale et du col uté-
rin sont fréquentes, bien que la majorité des
infections cervicales passe inaperçue et ne soit
détectée qu'à la cytologie. L'infection génitale au
VPH peut provoquer une néoplasie intra-épithé-
liale.
Maladies rénales et génito-urinaires

Étudiant célibataire de dix-neuf ans Étudiante célibataire de dix-neuf ans


Histoire Histoire
Rapporte un écoulement à l'extrémité du pénis Se plaint de dysurie, et d'une pollakiurie depuis
depuis 4 jours et des brûlures à la miction. Pas 24 heures.
d'antécédents de symptômes génitaux ni d'épisodes Son sommeil est perturbé par des mictions
d'infection. Pas de symptômes généraux. Ne prend impérieuses.
aucun médicament; pas d'antimicrobiens récents.
Pas de symptômes d'épisodes antérieurs d'infection
Histoire sexuelle génitale. Pas de symptômes généraux. Contraception
Rapport avec une nouvelle petite amie à quatre orale.
occasions au cours des trois dernières semaines : pas
Histoire sexuelle
de préservatifs utilisés. Les relations avec une
précédente jeune femme se sont interrompues il y a Relations sexuelles stables lors des dix-huit derniers
trois mois. Ils ont eu des rapports réguliers pendant mois, un seul partenaire sexuel.
leur relation de six mois et utilisaient toujours des Signes cliniques
préservatifs. Aucun.
Signes cliniques Examens complémentaires
Écoulement muco-purulent du méat urétral. Observations de l'urine : apparaît troublée par de
nombreux leucocytes.
Examens complémentaires
Examen microscopique d'un prélèvement de Le test au Labstix à la recherche de sang, protéines,
l'écoulement urétral. sucre.
Culture du prélèvement urétral à la recherche de Uroculture prélevée au milieu du jet.
gonocoques.
Diagnostic
Test antigénique sur l'écoulement et l'urine initiale à
Infection urinaire aiguë (habituellement à
la recherche de Chlamydia.
entérobactéries).
Diagnostic Prise en charge du partenaire
Urétrite à Chlamydia. Aucune.
Prise en charge de la partenaire Commentaire
Conseiller la consultation de la jeune femme pour La recherche de MST peut être proposée, mais il n'y
des examens complémentaires et traitement. a pas d'indication en ce sens, ni dans l'histoire
clinique, ni dans l'histoire sexuelle.

Clarifiez les symptômes.


Recueillez l'histoire sexuelle.
Posez le diagnostic par l'examen et les investigations
paracliniques.
Traitez-le (la) patient(e) : thérapies appropriées et
explication de l'affection.
Prenez en charge le ou les partenaires sexuel(le)s.
Éduquez pour une meilleure santé sexuelle.
Comprendre les différents appareils

Femme de trente-deux ans, commerçante


Histoire
Présente une irritation vulvaire associée à un
écoulement vaginal important depuis trois semaines.
Elle a présenté des symptômes similaires dans le
passé qui se sont résolus par la prise de
médicaments contre le muguet, obtenus sans
ordonnance. Cette fois, les symptômes n'ont que
partiellement régressé avec cette automédication.
Elle est par ailleurs en bonne santé et ne prend
aucun médicament.
Histoire sexuelle
Divorcée. Rapports occasionnels avec des collègues
de travail masculins au cours des trois derniers mois.
Préservatifs parfois utilisés.
Rencontre sexuelle occasionnelle il y a cinq mois
lors de vacances en Espagne.

Signes cliniques
Aucun.
Examens complémentaires
Prélèvements vaginaux à la recherche de Canada,
trichomonase et vaginite bactérienne. Prélèvements
génitaux à la recherche d'infections à Chlamydia et
gonococciques.
Diagnostic
Vaginite à Canada et infection cervicale à Chlamydia.
Prise en charge du partenaire
Recommandez la consultation du partenaire récent
pour des examens complémentaires et traitement.
Commentaire
L'histoire est évocatrice d'une infection à Candida,
mais l'histoire sexuelle nécessite impérativement la
recherche d'autres MST.
Appareil locomoteur

INTRODUCTION son. L'inflammation des articulations comme


dans la polyarthrite rhumatoïde est caractérisée
L'appareil locomoteur regroupe les muscles, les par une raideur matinale qui s'estompe avec
articulations et les os, tissus qui interviennent l'activité.
dans la position statique, la locomotion et la
protection. Ces trois structures ont souvent des Gonflement
symptômes intriqués dont la douleur est le plus Des articulations enflammées gonflent à la suite
fréquent. d'une accumulation de liquide synovial dans
l'articulation, d'un gonflement des tissus périar-
ticulaires ou d'une association des deux.
Symptômes
Instabilité
Douleurs Ce point est particulièrement important pour les
Des articulations douloureuses sont très invali- articulations porteuses. Par exemple, une déchi-
dantes. Les douleurs articulaires intermittentes
liées au mouvement sont plutôt mécaniques,
alors que des douleurs permanentes sont sou-
vent d'origine inflammatoire. Mais le plus sou-
vent, elles ont un horaire mixte. Les douleurs
articulaires sont perçues dans des régions très
étendues, parfois très loin de l'articulation tou-
chée (Fig. 20.1).
Les lombalgies d'origine traumatique ou dégé-
nérative sont un symptôme extrêmement fré-
quent d'une population vieillissante, elles sont
toujours aggravées par le mouvement et des
périodes d'immobilité forcée. Les atteintes
acquises du squelette dans l'ostéoporose ou les
atteintes malignes sont opiniâtres, aggravées par
le poids et soulagées par le repos.

Raideur
Elle peut avoir différentes causes. Il peut y avoir
une limitation osseuse au mouvement par
fusion des surfaces articulaires ou par calcifica-
tion des ligaments. Elle peut également être
associée à une contracture secondaire des
muscles due à la douleur, ou à une atteinte neu- Figure 20.1. Distribution de la douleur qui peut
rologique primaire comme la maladie de Parkin- survenir à partir d'une hanche ou d'un genou.
Comprendre les différents appareils

rure grave d'un ligament collatéral du genou ou Palpez


un affaissement du condyle tibial provoque une Observez le visage du patient pendant que vous
angulation latérale. le palpez, en débutant par la zone que vous pen-
sez être la moins sensible.
Blocage
Il peut survenir un blocage soudain du mouve- Mobilisez
ment par la présence un corps étranger intra- Chaque articulation doit être évaluée selon
articulaire. toutes ses amplitudes de mouvement. La
meilleure manière de le faire est de réaliser le
mouvement et de demander au patient de l'ac-
Signes complir (mouvement actif). Si votre patient ne
peut pas s'exécuter, faites vous-même la mobili-
POINT PRATIQUE sation de l'articulation selon toutes ses ampli-
tudes (mouvement passif).
Quand vous examinez des articulations:
Regardez ; Mesurez le mouvement en degré en utilisant un
Palpez ; goniomètre et la méthode du zéro neutre. La
Mobilisez ; position anatomique correspond au zéro et la
Évaluez la fonction. flexion est mesurée à partir de cette position
(Fig. 20.2).

Regardez POINT PRATIQUE


Le membre doit être totalement exposé et com- Chaque fois que c'est possible, utilisez un
paré à l'autre. Recherchez : goniomètre pour mesurer l'amplitude du
• une déformation osseuse; mouvement articulaire.
• une atrophie musculaire;
• un gonflement: est-ce seulement du liquide
synovial ?
• des cicatrices; Fonctions
• d'autres articulations pouvant être touchées. Pour votre patient, c'est le facteur le plus impor-
tant. Le footballeur a besoin de ses jambes pour
courir et frapper le ballon; la danseuse a besoin

Figure 20.2. Utilisation


du goniomètre pour
mesurer les
mouvements
articulaires.
Appareil locomoteur

des siennes pour des mouvements précis et • cyphose croissante;


pour conserver son équilibre. Chaque patient • extension limitée des hanches;
aura un problème particulier et vous devrez à • flexion des genoux;
chaque fois tester les fonctions défaillantes. • diminution de l'amplitude des mouvements
des articulations périphériques.

• CHANGEMENTS DUS À L'ÂGE


• ARTICULATIONS
Comme pour les autres appareils, vous devrez PARTICULIÈRES
connaître les modifications qui surviennent au
cours de l'âge. Elles sont illustrées dans la Trois articulations périphériques majeures ont
figure 20.3 et sont les suivantes : été choisies pour montrer les bases de la tech-
• raccourcissement du tronc, principalement nique d'examen.
dû à une ostéoporose sénile et à la dégénéres-
cence des disques intervertébraux;

Figure 20.3. Modifications du squelette avec l'âge.


Comprendre les différents appareils

Épaule • « Mettez vos mains derrière votre dos », pour


Les épaules possèdent une très grande ampli- tester la rotation interne.
tude de mouvements dans toutes les directions,
permise par l'articulation scapulo-humérale qui Finalement, testez la flexion et l'extension et éva-
est maintenue en place par une coiffe musculo- luez la composante scapulo-thoracique du
cutanée appelée « coiffe des rotateurs ». Le mou- mouvement de l'épaule en répétant l'abduction
vement de l'articulation gléno-humérale est et en fixant l'angle de l'omoplate (scapula).
associé à un mouvement de rotation de l'omo-
plate (scapula) autour du thorax. Recherchez Épaule gelée
particulièrement l'atrophie du muscle deltoïde. L'épaule gelée est une situation très fréquente et
Évaluez les mouvements (Fig. 20.4) en deman- très invalidante, survenant précocement à l'âge
dant à votre patient: moyen, dans laquelle l'épaule se raidit à la suite
• de « lever les bras comme ceci » pendant que de lésions mal comprises des tissus mous. C'est
vous montrez une abduction complète active; extrêmement douloureux, surtout la nuit, et
• de tenir un délai de 10 s environ; caractérisé à l'examen par des mouvements
• puis de les laissez descendre lentement. extrêmement limités dans toutes les directions.
Puis demandez à votre patient: Une raideur similaire survient après une immo-
• « Mettez vos mains derrière votre tête », pour bilité due à une hémiplégie.
tester la rotation externe ;

Figure 20.4. Évaluation des mouvements de l'épaule, (a) Abduction, (b) Rotation externe, (c) Rotation interne,
(d) Flexion, (e) Extension.
Appareil locomoteur

POINT PRATIQUE
limite l'amplitude des mouvements. La douleur
Les syndromes douloureux de l'épaule sont de la hanche, habituellement d'origine arthro-
aggravés pendant la nuit et empêchent le sique, est perçue dans l'aine ou les fesses et s'ag-
sommeil.
grave avec le mouvement et le port d'une charge.
La douleur d'une hanche atteinte peut se proje-
ter vers le genou et vice versa (Fig. 20.1). Ceci
S y n d r o m e d e l a coiffe d e s r o t a t e u r s peut aboutir à une confusion et vous devez tou-
o u d e l'arc d o u l o u r e u x jours examiner les deux articulations pour déter-
Il provoque une douleur lors de l'élévation de miner l'origine précise de la douleur.
l'épaule lorsque les structures de la coiffe, les Une boiterie peut provenir:
tendons des muscles subscapulaires, supra et • d'une douleur de la hanche. Le patient trans-
infra-épineux frottent contre la surface inférieure fère rapidement le poids de la jambe atteinte
de l'acromion. La douleur est initialement absente vers l'autre;
mais apparaît à partir d'un certain degré d'ab- • d'une jambe plus courte;
duction pour disparaître lors des derniers degrés • d'une abduction inefficace de la jambe;
du mouvement (Fig. 20.5). • d'autres problèmes mécaniques de la hanche,
du genou, de la cheville ou du rachis comme
une raideur, une instabilité ou une faiblesse.

Les mouvements que vous devrez tester sont


montrés dans la figure 20.6. Avec cette articula-
tion, il est difficile d'utiliser un goniomètre pour
estimer la normalité de l'amplitude des mouve-
ments. Vérifiez les mouvements suivants :
• extension : il est possible qu'un patient perde
30° d'extension mais qu'il soit toujours capable
de poser sa cuisse à plat sur le lit, parce que la
colonne se place en extension. Pour l'éviter,
posez votre main derrière la colonne et fléchis-
sez la hanche opposée du patient avec votre
autre main. Ceci aplatira la colonne lombaire et
révélera la vraie perte d'extension (Fig. 20.6a) ;
• flexion;
• abduction (Fig. 20.6b);
• adduction (Fig. 20.6c). Vous devrez réaliser
quelques degrés de flexion pour ce faire;
• rotation externe (Fig. 20.6d) ;
• rotation interne (Fig. 20.6e).

Figure 20.5. Syndrome de l'arc douloureux ou de la


Les rotations interne et externe sont évaluées sur
coiffe des rotateurs. Noter que la douleur s'aggrave lors
de la descente du bras. un patient en procubitus.

Arthrose
L'arthrose est la cause la plus fréquente de dou-
Hanche
leur de la hanche chez les personnes âgées. Elle
La hanche est une énarthrose permettant des est associée à une limitation des mouvements, et
mouvements dans toutes les directions. L'articu- la rotation interne est la plus précocement tou-
lation est plus profonde que celle de l'épaule, ce chée.
qui la rend plus stable, mais qui en même temps
Comprendre les différents appareils

Figure 20.6. Mouvements tests de la hanche, (a) Noter que la discrète flexion de la hanche droite du patient est
démasquée en plaçant une main dans le creux de la lordose lombaire, (b) Abduction, (c) Adduction, (d) Rotation
externe, (e) Rotation interne.

Genou sés restent intacts, il n'y aura pas de laxité laté-


rale et il est nécessaire de fléchir le genou à 20°
C'est une articulation complexe dont les atteintes pour tester la stabilité latérale.
sont fréquentes. On apprendra beaucoup de
l'inspection du genou. Recherchez:
• une atrophie du quadriceps: mesurez la cir- • DIAGNOSTIC DES ATTEINTES
conférence de chaque cuisse 10 à 15 cm au-des- ARTICULAIRES
sus de la marge supérieure de la rotule (patella).
• un liquide synovial. Est-ce qu'il suit les contours Les atteintes articulaires peuvent provenir d'une
de la cavité synoviale, qui s'étend 5 cm au-dessus maladie arthritique primaire ou représenter une
de la marge supérieure de la rotule (patella) ? atteinte secondaire d'autres maladies. Cela veut
• une angulation latérale. Genu varum ou genu dire qu'en examinant une articulation anormale,
valgum (Fig. 2.16.)? il faut prendre en compte un grand nombre de
• un gonflement de la fosse poplitée. Ce signe diagnostics différentiels. Certains facteurs sont
passe facilement inaperçu si vous ne retournez importants et doivent être pris en compte:
pas votre patient. Un gonflement peut être dû à • la rapidité du début des signes;
un simple kyste, à un kyste de Baker ou à un • l'articulation touchée, par exemple la pre-
anévrisme. mière articulation métatarso-phalangienne dans
la goutte ;
Il est facile de mesurer la flexion et l'extension • si d'autres articulations sont touchées, par
grâce à un goniomètre. Si les ligaments collaté- exemple une polyarthropathie comme dans la
raux sont déchirés mais que les ligaments croi- polyarthrite rhumatoïde;
Appareil locomoteur

• les caractères de l'atteinte articulaire, par Ce livre n'a pas pour but d'évoquer par le détail
exemple l'arthropathie symétrique des petites toutes les maladies articulaires, mais le point de
articulations dans la polyarthrite rhumatoïde; révision 20.1 vous donne quelques idées de l'im-
• si une maladie générale est présente, par portance des atteintes possibles.
exemple une sarcoïdose ou un psoriasis.

Causes Groupe d'âge Articulations touchées Signes cliniques


Infection* Tout âge (l'infection peut Toutes. Partiellement dépendants
compliquer une maladie de l'agent infectieux
articulaire préexistante (cf. Chapitre 31).
comme une polyarthrite
rhumatoïde).

Atteintes
inflammatoires
non infectieuses

Polyarthrite Jeunes et d'âge moyen Surtout les petites articulations Fréquents. Atteinte
rhumatoïde (plus de femmes des mains et des pieds. multisystématisée.
(Fig. 20.7a et b) que d'hommes). Les articulations plus proximales Chronique et récidivante.
sont touchées plus tard. Arthropathie symétrique
des petites articulations.

Rhumatisme Tout âge. Surtout les mains et les pieds. Semblables à la polyarthrite
psoriasique rhumatoïde mais d'autres
(Fig. 20.8) articulations de la main
sont touchées.

Spondylarthrite Jeunes et d'âge moyen Articulations sacro-iliaques. Lombalgies chroniques


ankylosante (plus d'hommes que de Colonne vertébrale et hanches. avec raideur progressive.
femmes). Atteintes systémiques avec
fibrose du lobe supérieur et
et insuffisance aortique.
H LA B27 positif.

Arthropathie Hommes jeunes. Surtout les articulations Habituellement autolimitée.


réactionnelle, « sous la ceinture ». Associée à une uretrite
par exemple et une irido-cyclite.
syndrome
de Reiter

Goutte Âge moyen et avancé. Atteint initialement la première Arthropathie à l'acide urique.
(Fig. 20.9) articulation métatarso-phalangienne. Crises aiguës très
douloureuses évaluant vers
une maladie chronique.

Arthrose S'accentue avec l'âge. Articulations porteuses : hanches, Fréquente. Arthropathie


genoux et colonne. porteuse.

Connectivités, Âge variable au début. Articulations touchées variables. Les signes de l'atteinte sont
Lupus Prépondérance féminine, ceux de la maladie causale.
érythémateux polyartérite exceptée.
disséminé,
dermatomyosite,
sclérodermie,
polyartérite.
* cf. Point pratique
Comprendre les différents appareils

POINT PRATIQUE

Une arthrite aiguë septique requiert un traitement


urgent.

(a)

Figure 20.8. Rhumatisme psoriasique. Ici, les


articulations interphalangiennes distales sont touchées
et il y a des lésions typiques psoriasiques des ongles.
(b)
Figure 20.7. (a) Polyarthrite rhumatoïde initiale. Noter
le gonflement modeste des articulations inter-
phalangiennes proximales des index et des médius,
(b) Lésions arthritiques évoluées. Les médius et
annulaires présentent une déformation en « col de
cygne » avec une hyperextension des articulations inter-
phalangiennes proximales et une flexion des
articulations interphalangiennes distales. Le pouce
présente une difformité en Z.

Figure 20.9. Goutte touchant de manière


caractéristique de l'articulation métatarso-phalangienne
du gros orteil.
Appareil locomoteur

• LA COLONNE VERTÉBRALE • une incurvation permanente de la colonne:


(Point de révision 20.2) lorsqu'elle implique plusieurs vertèbres, elle se
nomme cyphose (Fig. 20.10) ;
Chaque vertèbre est réunie à sa voisine par un • une position anormalement en extension,
disque intervertébral (syndesmose sujette à des qu'on appelle une lordose ;
atteintes mécaniques) et deux articulations pos- • une courbure latérale et en rotation, souvent
térieures (articulations synoviales sujettes à l'ar- complexe, qu'on appelle scoliose (Fig. 20.11).
throse).

Symptômes
Douleur
Les lésions discales sont les plus fréquentes au
niveau des colonnes cervicale et lombaire basses,
où elles provoquent des douleurs. Si les nerfs spi-
naux sont comprimés, la douleur irradie le long
du bras ou de la jambe; s'il s'agit de la jambe, c'est
une sciatique. Les lombalgies peuvent provenir
des articulations postérieures, d'une discopathie,
d'une protrusion discale ou d'un tassement verté-
bral.

Déficits m o t e u r et sensitif
Un tassement (ou une atteinte) vertébral(e) peut Figure 20.10. Cyphose sévère résultant du collapsus
provoquer des lésions médullaires par compres- de plusieurs vertèbres dû à une myélomatose. Noter le
sion directe ou ischémie. plissement de la peau de la paroi abdominale
antérieure dû au raccourcissement du tronc.

Déformation
POINT PRATIQUE
Des déformations sévères comme la scoliose
peuvent interférer avec les fonctions cardiaque Si une compression médullaire n'est pas soulagée
dans les heures qui suivent, les lésions seront
et respiratoire.
permanentes.

Raideur
Elle peut être due à une contracture musculaire
ou à une modification pathologique des liga- Si une douleur fait suspecter une compression
ments, comme dans la spondylarthrite ankylo- médullaire, un examen neurologique complet
sante. est indispensable.
Vérifiez en particulier:
• la manœuvre de Lasègue. Si la douleur appa-
Signes raît après une flexion de 20 à 30°, une lésion dis-
cale est probable;
En observant un patient souffrant d'un pro- • le niveau radiculaire probable où se situe la
blème vertébral, vous pourrez noter: compression;
• une déformation latérale, qu'on appelle • la présence de signes urinaires. Explorez la
inflexion ; sensibilité superficielle autour de l'anus; une
• une contracture des muscles spinaux du côté anesthésie périanale oriente vers une atteinte des
de la douleur; racines sacrées et du fonctionnement vésical.
Comprendre les différents appareils

POINT PRATIQUE

Une lombalgie est anodine quand :


- le patient se couche et se relève du lit
d'examen sans gêne ;
- il n'y a pas de contracture des muscles
lombaires ;
- la colonne se mobilise normalement dans
toutes les directions.

Figure 20.11. Scoliose.

Signes cliniques Patients jeunes Patients d'âge moyen et avancé


Raideur et douleur Spondylarthrite ankylosante. Comme dans le groupe jeune.
Lésions discales. Trauma. Spondylarthrose. Atteintes malignes.
Infections chroniques, par exemple tuberculose.
Perte de taille Lésions diffuses en compression. Ostéoporose. Atteintes malignes diffuses
(raccourcissement) de la colonne.
Maladie de Paget.
Scoliose Congénitale. Habituellement après des atteintes de jeunesse.
Acquise (idiopathique).
Neurologique (ex. séquelles de polio).
Cyphose Congénitale. Habituellement après des atteintes de jeunesse.
Tuberculose vertébrale. Ostéoporose.
Spondylarthrite ankylosante. Tuberculose.
Maladie de Scheuerman. Atteintes malignes diffuses de la colonne.
Modifications Diverses formes de nanisme dans Habituellement après des atteintes de jeunesse.
congénitales et acquises l'enfance, comme l'achondroplasie Maladie de Paget (Fig. 2.5).
de la forme (Fig. 2.9) ou le rachitisme. Ostéoporose.
du squelette Ostéomalacie.
Comprendre le sida

INTRODUCTION Adénopathies généralisées


persistantes
Le sida, ou syndrome d'immunodéficience
acquise, est le stade ultime d'une infection virale À ce stade, un tiers des patients présentent des
chronique du virus de l'immunodéficience adénopathies palpables dans deux autres sites
humaine (VIH). Il résulte du déficit de l'immunité que les régions inguinales, et qui persistent
cellulaire. La maladie évolue en différents stades, depuis plus de trois mois. Ces adénopathies sont
chacun étant caractérisé par des symptômes et mobiles et symétriques. Les patients porteurs du
des signes différents. sida ne sont généralement pas conscients de la
présence d'adénopathies. Si vous palpez des gan-
glions chez un patient à haut risque, demandez-
Infection aiguë lui si elles sont sensibles, car les hypertrophies
ganglionnaires de la plupart des maladies com-
Beaucoup d'individus sont complètement asymp- munes sont très sensibles.
tomatiques, mais si des symptômes apparaissent,
ils peuvent suggérer une maladie virale: fièvre,
myalgies, malaise, arthralgies, gorge rouge, cépha- Affections chroniques tardives
lées, photophobie, nausées, vomissements et diar-
rhée. Vous pourrez retrouver des adénopathies et Des mois ou des années peuvent passer avant
une éruption, voire, occasionnellement, des signes qu'un nouveau problème ne se présente. Des
neurologiques comme une paralysie faciale ou un symptômes généraux et des infections mineures
déficit moteur dû au syndrome de Cuillain-Barré. surviennent souvent:
• des infections mycosiques comme la candi-
dose orale;
Infection chronique • des infections cutanées bactériennes comme
asymptomatique un impétigo;
• des infections virales comme une réactivation
Les symptômes et les signes sont complètement d'un herpès labial ou de verrues anogénitales.
absents à ce stade. Les patients ayant connais-
sance de leur séropositivité auront besoin d'aide
pour faire face à des symptômes non spéci- Stade terminal
fiques comme une fièvre modérée, des nausées,
des vomissements et la « diarrhée de 24 heures ». À ce stade, l'immunodéficience cellulaire est bien
De tels symptômes ne signifient pas que la avancée. Des tumeurs inhabituelles et des
maladie ait progressé. atteintes neurologiques apparaissent; des infec-
tions opportunistes engagent le pronostic vital
en affectant les poumons, la peau et le tube
digestif.
Comprendre les différents appareils

• INFECTIONS OPPORTUNISTES
DU SIDA

Nous sommes tous exposés à un grand nombre


de germes pathogènes potentiels, mais un sys-
tème immunitaire compétent suffit à maintenir
un haut degré de protection. L'immunosuppres-
sion augmente le risque d'infections opportu-
nistes potentiellement mortelles provenant de
micro-organismes anodins, qu'ils soient bacté-
riens, fungiques, protozoaires ou viraux. Des
atteintes infectieuses par des micro-organismes Figure 21.1. Ulcération orale.
courants comme le Streptococcus pneumoniae
ou les espèces de Salmonella sont habituelle-
ment plus sévères et récidivent si un traitement
prolongé n'est pas administré.
Dans les poumons, le Pneumocystis carinii est
fréquent. Le plus souvent, les signes thoraciques
sont discrets en dépit d'une dyspnée marquée et
d'une cyanose. Des infections atypiques à myco-
bactéries sont presque toujours pathognomo-
niques du sida, mais on peut également
observer une tuberculose pulmonaire.
Dans le tube digestif, la candidose orale, les ulcé-
rations orales (Fig. 21.1) et la leucoplasie sont
Figure 21.2. Leucoplasie orale.
fréquentes (Fig. 21.2). L'œsophagite aiguë est due
à une infection fongique ou au cytomegalovirus.
Les infections parasitaires de l'intestin grêle par
le Cryptosporidium se manifestent par des diar-
rhées, une malabsorption et une perte de poids.
Une grande variété de lésions malignes et
bénignes touche la peau. L'éruption typique de
l'herpès peut réapparaître. Le molluscum conta-
giosum, habituellement limité à l'aine, est sou-
vent généralisé et l'on peut constater un herpès
labial ou génital. Les porteurs de psoriasis peu-
vent signaler une exacerbation sévère.
L'infection du système nerveux par l'Herpes sim-
plex virus, le cytomégalovirus, le zona et les
mycobactéries peuvent provoquer une encépha-
lite, une méningite à cryptococcose et de mul-
tiples abcès nécrotiques de toxoplasmose.

• SIDA ET TUMEURS MALIGNES


Bien que les macules rosées très caractéristiques
du syndrome de Kaposi (Fig. 21.3) puissent
apparaître sur la peau et devenir plus foncées, Figure 21.3. Syndrome de Kaposi.
Comprendre le sida

cette atteinte maligne peut également ressem- • les traitements immédiats, futurs et expéri-
bler à une banale morsure d'insecte, un grain de mentaux;
beauté ou un carcinome basocellulaire. Des • la mort et la fin de vie.
lésions similaires peuvent toucher les poumons
et le tube digestif. Les lymphomes sont habituel- Malgré ce qu'en disent les médias, la plupart des
lement extraganglionnaires et annoncent un patients séropositifs depuis peu vont bien pen-
déclin rapide. Les symptômes d'une extension dant un certain temps. Bien que près de la moi-
généralisée sont la perte de poids, la transpira- tié des séropositifs développeront le sida dans
tion nocturne et les malaises, associés aux les dix années qui suivent, le nombre des
signes cliniques liés à la topographie de la patients qui ne le développent pas augmente, et
tumeur, comme une obstruction ou une diar- vous pouvez vous montrer relativement opti-
rhée en cas d'atteinte digestive, ou des céphalées miste. Tout du moins au début, les symptômes
et des signes neurologiques pour les tumeurs non spécifiques n'impliquent pas la progression
intracrâniennes. de la maladie. Toutefois, vous devrez céder la
main aux médecins plus expérimentés de votre
équipe, qui pourront prendre en charge cette
• ASPECTS PSYCHOLOGIQUES évolution d'une manière sensible mais honnête.
DU SIDA Les patients avec le sida sollicitent une aide
lorsque :
Apprendre sa séropositive affectera chacun • des événements spécifiques « négatifs » les
d'entre nous de manière différente. Les étapes affectent personnellement, comme la mort d'un
habituelles de l'acceptation de n'importe quel ami ou la perte d'un emploi, et font ressurgir des
diagnostic, à savoir le choc, la culpabilité, la peur inquiétudes concernant leur santé;
et l'anxiété, ne s'appliquent généralement pas au • des événements de portée sociale, comme
patient porteur du VIH en raison de la percep- des articles « positifs » sur les progrès du traite-
tion sociale de la maladie, qui diffère grande- ment paraissent dans les journaux ou les maga-
ment de celle des autres maladies. La manière zines, et qu'ils font miroiter trop vite une
dont le patient acceptera la nouvelle dépend « guérison ».
beaucoup de ses croyances, de ses ressources
personnelles (ainsi que celles de ses amis, de sa Mais par-dessus tout, vous devez vous rappeler
famille, de ses collègues et de tout son réseau que les patients atteints du sida sont des per-
social) et de ses antécédents pathologiques. Les sonnes normales qui essaient de gérer une
conseils prodigués après le diagnostic doivent situation très anormale: ils vivent dans la peur
se répartir sur plusieurs consultations, de qu'à un certain moment, un symptôme ou un
manière à bien insister sur les informations signe n'apparaisse et puisse indiquer l'irrévoca-
importantes. bilité de leur maladie. Vous devrez répondre en
Vous serez amené à discuter de problèmes et les aidant à exprimer leurs sentiments, leurs
d'incertitudes concernant: frustrations et leurs inévitables émotions fortes.
• les relations quotidiennes avec les parte- Préparez-vous à leur fournir une aide psycholo-
naires, les amis, les collègues de travail et surtout gique médicale quand cela vous est possible, et
avec les employeurs; n'hésitez pas à demander de l'aide à des méde-
• le risque des contacts quotidiens; cins plus expérimentés.
Apprendre à proposer
un diagnostic différentiel

Pour définir la cause d'un symptôme d'un • ÉLABORER UN DIAGNOSTIC


patient, il faut: DIFFÉRENTIEL
• bien recueillir une histoire détaillée;
• un examen clinique systématique; La plupart du temps, l'histoire et l'examen orien-
• des examens complémentaires spécifiques et teront vers un seul diagnostic. Dans d'autres cas,
choisis. vous serez moins sûr de vous et vous'devrez
considérer toute une série de possibilités. Vous
Des maladies courantes ont tendance à se pré- devrez alors dresser une « courte liste » de deux
senter de manière caractéristique et dans la plu- ou trois (voire plus) situations qui peuvent expli-
part des cas, avec de l'expérience, vous aurez quer les symptômes et les signes. Par exemple,
rapidement une idée assez précise de ce qui ne un patient âgé peut être confus en raison d'une
va pas dès l'interrogatoire. Ceci vous aidera à infection urinaire ou respiratoire, d'une lésion
focaliser votre examen clinique, à la recherche intracrânienne ou d'un surdosage accidentel.
des signes spécifiques qui confirmeront vos sus- Ce « diagnostic différentiel » est important parce
picions cliniques (des exemples sont présentés que:
dans le Point de révision 22.1). • il permet à d'autres de prendre connaissance
non seulement du diagnostic que vous avez
retenu, mais aussi celui que vous avez (à tort ou
à raison) écarté;
• il justifie la sélection d'examens complémen-
Une étudiante de 22 ans se présente avec des taires appropriés pour confirmer ou infirmer
céphalées depuis deux jours, des nausées, des
chacun de vos diagnostics possibles.
vomissements, une fièvre et une intolérance à la
lumière vive. Sa température est de 38,5 °C, il n'y a
pas de signe focal d'infection, mais elle a la nuque Le diagnostic le plus vraisemblable doit être pré-
raide. senté en premier, et le reste doit être listé en
Le diagnostic probable est une méningite. Une ordre décroissant d'importance.
ponction lombaire confirmera le diagnostic.

• QUE FAIRE
Un homme de 55 ans au long passé d'angor se
présente deux heures après le début d'une très SI VOUS N'ARRIVEZ PAS À POSER
violente douleur thoracique irradiant vers les UN DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL?
omoplates, bien plus intense que l'angor habituel. Il
est froid, moite et a manifestement mal. Sa pression Parfois les circonstances sont contre vous. Le
artérielle est élevée et il existe une différence de patient peut être confus, incapable de se rappe-
20 mm de Hg entre les bras droit et gauche. ler quoi que ce soit, ou simplement trop malade
L'ECG montre simplement une tachycardie sinusale.
pour répondre à vos questions; son entourage
Le diagnostic différentiel est a) une dissection ne peut être d'aucune utilité, ou les symptômes
aortique, b) un infarctus aigu du myocarde, et c) un
ne collent avec aucune condition clinique que
angor instable.
vous connaissez.
Apprendre à proposer un diagnostic différentiel

Si vous avez vraiment l'impression de ne pas céphalée est un symptôme non spécifique de
avoir suffisamment d'éléments pour poser le stress, d'arthrose cervicale, de tumeur cérébrale,
diagnostic, reprendre les principaux points de d'hémorragie sous-arachnoïdienne, de ménin-
l'histoire clinique est une bonne pratique. gite, de migraine, d'infection et de beaucoup
Recommencez les points de l'examen clinique d'autres maladies.
dont vous n'êtes pas sûr. Essayez d'obtenir Les patients et leur entourage tiendront à savoir
davantage d'informations, d'un ami ou d'un voi- ce qui ne va pas. Une manière utile de s'en sor-
sin, et contactez le médecin de famille à la tir est de retenir le diagnostic le plus probable et
recherche d'antécédents : les patients « oublient » d'en faire son diagnostic de travail. Dans ces cir-
parfois des détails remarquables de leur histoire constances, c'est votre meilleure hypothèse, et
médicale et de leur traitement. elle constituera la base de votre prise en charge
Après avoir épuisé toutes les sources d'informa- initiale et de vos premiers examens complémen-
tion, vous serez peut-être toujours aussi loin taires. Vous serez certainement amené à la révi-
d'un diagnostic assuré. Dans ces circonstances, il ser:
est essentiel de garder à l'esprit toute une série • selon la réponse au traitement;
de maladies qui peuvent expliquer les symp- • lorsque les premiers résultats des examens
tômes du patient. Faites une liste de toutes les complémentaires seront disponibles;
maladies communes que vous connaissez sus- • si vous obtenez desinformations complé-
ceptibles d'expliquer le problème de votre mentaires.
patient.
Vous aurez des difficultés avec un patient dont
les symptômes ne correspondent à aucun Que faire ensuite?
schéma classique. Gardez-vous de poser le dia-
gnostic d'une maladie rare avant d'avoir exclu les Le plus souvent, un collègue plus expérimenté
atteintes les plus fréquentes. Rappelez-vous tou- vérifiera certaines parties de l'histoire et de l'exa-
jours que « les maladies fréquentes surviennent men clinique. Un autre diagnostic différentiel
fréquemment », et que la plupart des maladies émergera peut-être, d'autres examens complé-
dont le diagnostic a été difficile s'avère être des mentaires seront requis ou une nouvelle priorité
présentations inhabituelles de maladies fré- sera donnée à certains examens.
quentes. Par exemple, un patient dont la fièvre
échappe à toute explication en dépit d'investiga-
tions poussées à l'hôpital peut avoir une fièvre • POSSIBILITÉS DIAGNOSTIQUES
pourprée des Montagnes Rocheuses, mais le
diagnostic le plus probable est une atteinte Pour vous donner une idée de la manière de
maligne, une connectivité ou une infection par concentrer ses hypothèses autour de plusieurs
un micro-organisme fragile. diagnostics différentiels, nous allons prendre la
dyspnée pour exemple.
POINT PRATIQUE

Rappelez-vous :
Occasionnellement, des maladies habituelles se La dyspnée
présentent avec des symptômes atypiques.
La dyspnée est un symptôme d'appel fréquent. Il
est souvent relativement facile d'éliminer rapide-
ment de nombreuses causes, jusqu'à ce qu'il
Le pire scénario possible n'en reste que quelques-unes. La rapidité peut
être importante, mais pas au détriment de la per-
À un certain moment, vous serez forcé de tinence clinique. Avec l'expérience, et comme en
constater qu'il peut exister un très grand nombre médecine d'urgence, vous interrogerez votre
de possibilités diagnostiques. Par exemple, la patient pendant que vous l'examinez.
Comprendre les différents appareils

Adoptez une des stratégies suivantes :

L'approche symptomatique. Par exemple: Une approche probabiliste. C'est raison-


« A quelle rapidité est apparue la dyspnée? » Il ner sur la probabilité d'une maladie en se basant
n'y a que quelques causes d'apparition vraiment sur l'âge, les antécédents du patient et l'épidé-
brutale de la dyspnée. « Cela vous est-il déjà miologie. L'œdème pulmonaire est une cause
arrivé ? » et « Comment la situation s'est-elle fréquente de dyspnée aiguë chez une personne
améliorée? » âgée aux antécédents d'infarctus du myocarde
ou de maladie valvulaire. L'asthme est fréquent
L'approche systématique. Les causes les chez les jeunes enfants, le pneumothorax chez
plus fréquentes sont les maladies cardiovascu- des personnes maigres et actives, l'emphysème
laires et respiratoires. Rappelez-vous que les et la bronchite chronique chez les fumeurs d'âge
maladies hématologiques (anémie), métabo- moyen et la broncho-pneumopathie chez les
liques (acidocétose diabétique) et rénales (uré- personnes âgées peu actives.
mie) peuvent provoquer une dyspnée.
Prescrire des examens
complémentaires de base

Établir un diagnostic différentiel consiste simple- être normaux pour les 5 % restant de la popula-
ment à ordonner les causes les plus probables tion. Il est important de s'en souvenir, car des
des symptômes du patient, en se basant sur des valeurs discrètement anormales n'impliquent pas
impressions cliniques. Parfois, vous serez suffi- nécessairement une maladie. Un résultat peut
samment sûr de votre diagnostic pour débuter le être franchement en dehors des valeurs nor-
traitement. En urgence, évidemment, vous serez males pour plusieurs raisons:
obligé de pratiquer ainsi. Dans la plupart des • les valeurs normales peuvent être inappro-
cas, toutefois, vous devrez prescrire une série priées pour le patient. Les résultats peuvent
d'investigations sélectionnées afin d'assurer varier selon l'âge, le sexe, la race et la grossesse;
votre diagnostic clinique. • le résultat peut-être anormal et confirmer le
Des investigations parfaitement choisies peuvent diagnostic clinique;
être très utiles parce qu'elles: • le résultat a pu être affecté par des facteurs
• apportent une confirmation objective de la comme une diète, des médicaments ou des pro-
justesse de votre impression clinique; téines sériques. Le laboratoire local devra confir-
• définissent l'extension de la maladie; mer;
• indiquent la sévérité de la maladie; • les valeurs peuvent évoluer. Vérifiez les résul-
• fournissent un état des lieux préalable au tats antérieurs et postérieurs;
traitement; • une pathologie auparavant imprévue est décou-
• illustrent les effets de la maladie ou les effets verte : ceci nécessite des investigations complémen-
du traitement; taires;
• aident à éviter une toxicité médicamenteuse. • une erreur technique est survenue. Le labora-
toire recommandera de répéter l'examen.

• À PROPOS DES RÉSULTATS S'il y a le moindre doute sur la signification d'un


résultat, discutez d'investigations de substitution
Les variables biologiques ont habituellement une avec le service compétent.
distribution gaussienne, ou en forme de cloche,
avec 95 % de la population tombant entre les deux
déviations standards, de part et d'autre de la • AVERTISSEMENT
médiane. Les résultats des tests sanguins suivent À PROPOS DES EXAMENS
cette distribution, et l'écart normal fourni avec
chaque résultat s'applique à 95 % des examens.
COMPLÉMENTAIRES
Qu'en est-il des résultats qui se situent en dehors ? L'examen idéal identifiera de manière fiable les
patients qui se présenteront une maladie bien
particulière.
• RÉSULTATS ANORMAUX Très peu d'examens s'en approchent, car ils sont
tous un compromis entre une sensibilité (le test
En termes statistiques, les résultats juste en est performant à identifier les patients qui ont
dehors des valeurs normales peuvent toujours vraiment la maladie) et une spécificité (le test est
Comprendre les différents appareils

performant à démontrer que les patients n'ont


pas la maladie).
Par exemple, un examen avec une sensibilité de
95 % veut dire que 5 % des tests seront « faus-
sement négatifs » pour des patients malades qui Diagnostic Investigations
ne seront pas identifiés. Maladies des voies Débit de pointe, RP,
De manière identique, un examen dont la spéci- aériennes spirométrie complète
ficité est de 95 % signifie que 5 % des tests Maladie cardiaque ECG, test d'effort
seront « faussement positifs » et que des indivi- ischémique
dus seront suspectés (à tort) d'être atteints. Anémie NFS
Modifier le test pour le rendre plus sensible Insuffisance ventriculaire ECG, échocardiographie
réduit sa spécificité, et vice versa. gauche

• QUELS EXAMENS
COMPLÉMENTAIRES plémentaires sanguins ou urinaires non invasifs
et des investigations d'imagerie simples (qui
DEVEZ-VOUS PRESCRIRE?
habituellement ne provoquent aucun inconvé-
Le but des investigations est d'obtenir une nient ni traumatisme pour le patient) ne suffisent
preuve objective et définitive qu'il ne peut y avoir pas à obtenir les informations que vous recher-
qu'une seule explication aux symptômes du chez.
patient. Certains examens sont des marqueurs Les résultats qui se distribueront dans des
non spécifiques de la maladie. Par exemple, une valeurs normales seront décrits comme « néga-
augmentation de la protéine C réactive (CRP) et tifs ». Ils permettent habituellement éliminer un
de la vitesse de sédimentation érythrocytaire diagnostic putatif. Parfois, toutefois, un résultat
(VS) se retrouve lors d'une infection ou d'une peut ne pas être « positif » :
inflammation, alors que d'autres tests seront • pendant les premières heures d'une maladie,
spécifiques à une seule maladie. par exemple, après un infarctus du myocarde, la
La plupart des maladies habituelles peuvent être créatine-kinase met 12 heures pour se retrouver
diagnostiquées avec des examens complémen- en grande quantité dans le sang;
taires relativement simples (Point de révi- • pendant les premiers jours d'une maladie,
sion 23.1). par exemple les taux viraux sont bas jusqu'à
Lorsque vous vous interrogerez sur les examens environ dix jours après l'infection;
complémentaires à effectuer, vous commencerez • pendant les premiers mois d'une maladie, par
par relire la liste des différents diagnostics diffé- exemple après une infection par le virus de l'im-
rentiels. Le temps passé à réfléchir aux examens munodéficience humaine (VI H).
complémentaires (et à l'ordre dans lequel vous
allez les effectuer) n'est jamais perdu. Il semble Les résultats peuvent se retrouver bien en
naturel de rechercher d'abord la cause la plus dehors des valeurs normales, l'examen sera
probable des symptômes du patient, puis de alors considéré comme « positif » et, par consé-
prendre en compte quelles investigations sont quent, « diagnostique » pour la maladie. Dans la
disponibles pour aider à confirmer vos suspi- plupart des cas, cela sera vrai, mais occasionnel-
cions cliniques. lement, le résultat sera « faussement positif »,
Des examens complémentaires invasifs sont affirmant la présence de la maladie alors que
parfois traumatisants pour les patients, bien que c'est faux.
la pratique et l'expérience diminuent ce risque; Des résultats négatifs sont tout aussi utiles que
l'angiographie coronarienne et la biopsie hépa- les positifs; ils peuvent éliminer au moins cer-
tique sont de bons exemples. Quand cela est taines des causes dans une longue liste de dia-
possible, demandez-vous si des examens com- gnostics possibles.
Prescrire des examens complémentaires de base

• EXAMENS COMPLÉMENTAIRES teurs de l'enzyme de conversion de l'angioten-


DIAGNOSTIQUES sine, prescrits pour une insuffisance cardiaque,
peuvent provoquer une détérioration de la fonc-
Au fur et à mesure que croissent votre expé- tion rénale avec une augmentation des taux san-
rience et votre savoir, votre capacité à poser un guins de créatine et d'urée.
diagnostic se développe et avec elle celle d'éva-
luer la cause la plus probable de la maladie du POINT PRATIQUE
patient. Problème clinique
De plus, il vous sera plus facile de déterminer Patient admis avec une douleur thoracique
quels examens complémentaires vous aideront centrale décrite comme un « broiement » avec
à établir le diagnostic le plus rapidement. irradiation dans le bras gauche.
Le diagnostic d'infarctus aigu du myocarde peut
La plupart des maladies habituelles peuvent être
être « exclu » par les examens sanguins et
diagnostiquées très simplement: électrocardiographiques les jours suivants.
• suspicion d'infection. L'infection bactérienne La troponine et les enzymes « cardiaques »
provoque habituellement une modification de la comme la créatine-kinase sont disponibles dans la
plupart des hôpitaux.
numération sanguine des globules blancs. Pour
des infections localisées, des prélèvements de la
gorge, des crachats, du liquide pleural, des selles,
du liquide cérébro-spinal, de l'urine et du sang
peuvent être utiles; radiographie pulmonaire du • À SE RAPPELER
thorax; scintigraphie marquée à la recherche LORSQUE L'ON PRESCRIT DES
d'infections profondes (une scanographie sera EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
plus performante, [NdT]);
• maladies respiratoires chroniques. Le débit Il n'est pas anodin de penser que les tests sont
de pointe est réduit. La radiographie pulmonaire une « routine ». On devait toujours être capable
montre des poumons dilatés et un diaphragme de justifier chaque examen.
aplati ; Les examens sanguins les plus fréquemment
• un infarctus du myocarde. L'électrocardio- prescrits comme la numération formule san-
gramme montre des modifications caractéris- guine, la vitesse de sédimentation et la
tiques avec élévation du segment ST le premier protéine C-réactive, l'urée et les électrolytes, les
jour et des ondes Q plus tard. Les enzymes car- paramètres de la fonction hépatique, les tests de
diaques ou les taux de transaminase sont aug- fonctionnement thyroïdien et la glycémie sont
mentés ; réalisés de manière automatique. Vous trouverez
• les maladies articulaires. Différents tests habituellement une notice dans le local de soins
immunologiques permettent de différencier les ou, dans certains hôpitaux, un manuel vous
formes d'arthropathies. indiquant la bonne éprouvette pour chaque exa-
men.
Certains examens nécessitent une attention ou
• EXAMENS POUR SURVEILLER un horaire particuliers lors de la prise de sang;
LES EFFETS DU TRAITEMENT c'est le cas des hémocultures et de la mesure du
cortisol. Certains tests requièrent une analyse
Des examens peuvent être utilisés pour confir- individuelle et la demande doit être discutée avec
mer l'efficacité du traitement, et pour s'assurer le laboratoire avant la prise de sang.
que les taux sériques de médicaments anti-épi- Quand vous demandez un examen complémen-
leptiques ou de digoxine sont considérés taire, assurez-vous que vous recevrez les résul-
comme optimum (la « fenêtre thérapeutique »), tats et que vous les recopierez dans vos notes.
ou s'assurer que le traitement ne provoque pas Ceci vous aidera lors de la visite. Essayer d'obte-
de modifications physiologiques trop impor- nir des résultats significatifs avant la visite. Vous
tantes. Par exemple, les diurétiques et les inhibi- apparaîtrez ainsi très efficace, et vous permettrez
Comprendre les différents appareils

également aux collègues de décider si d'autres est potentiellement désagréable ou présente des
investigations sont nécessaires. risques reconnus. Prenez le temps d'expliquer au
patient pourquoi ces examens sont nécessaires,
et de répondre à ses questions*.
• LA « BATTERIE » DE DOSAGES Rappelez-vous que:
• les bénéfices de toute procédure (pour obte-
Dans certains hôpitaux, une « batterie » de nir rapidement un diagnostic) doivent dépasser
dosages peut être demandée; un exemple est les risques inhérents;
présenté dans le Point de révision 23.2. • un examen inutile ne sera pas apprécié par
votre patient;
• une débauche d'examens ne sera pas appré-
ciée, ni par votre supérieur ni par l'hôpital ;
• des complications potentielles d'un examen
Sodium
complémentaire nécessaire doivent être discu-
Potassium
Urée
tées avec le patient;
Créatinine
• les complications d'un examen inutile seront
Albumine impossibles à expliquer aux patients et à leur
Gamma-glutamyltransférase (gGT) entourage ;
Phosphatases alcalines • les patients ont le droit de savoir quel risque
Transaminases accompagne chaque investigation;
Bilirubine • une simple ponction veineuse peut être trau-
T4 libre matisante pour certains patients;
Hormone thyrostimulante (Thyrotrophine TSH) • vous devez être capable de justifier chaque
Cholestérol total examen complémentaire;
Créatine-phosphokinase (CPK) • certains examens sont aléatoires;
Troponine 1 • n'indiquez pas d'investigation invasive si une
Glucose alternative raisonnable non invasive existe;
• les investigations vous donneront un travail
Cette approche apporte plus d'informations que supplémentaire parfois inutile.
vous n'en avez besoin et va inévitablement
générer quelques résultats anormaux qui
conduiront à de nouvelles investigations inutiles.
Limitez-vous aux investigations que vous esti- Les examens complémentaires doivent être
merez nécessaires compte tenu des circons- sélectionnés de manière attentive. Ceci évite de
soumettre votre patient à des investigations inutiles
tances cliniques.
et potentiellement traumatisantes.
Il est probablement plus utile de définir quel exa- Une valeur anormale n'est pas toujours le signe
men vous aidera à prouver que la cause est d'une maladie.
infectieuse chez un patient avec des brûlures Certains dosages demandent une attention
mictionnelles et une dysurie, une fièvre à 38,5 °C particulière. Vérifiez avec le laboratoire.
et une leucocytose ; ou à différencier une confu- Prescrivez des examens qui sont « non invasifs » et
sion aiguë d'une démence modérée mais pro- de risque peu élevé.
gressive chez un patient âgé. Expliquez toujours à votre patient ce que représente
chaque examen, particulièrement si les investigations
sont « invasives » et potentiellement risquées.
Discutez avec votre patient des résultats des
• QUE DIRE AU PATIENT? examens le plus rapidement que vous pourrez.

La plupart des patients seront rassurés s'ils sont


* Pendant vos années d'études, vous devriez observer le plus
tenus avertis du déroulement des investigations.
grand nombre d'investigations possibles. Ceci vous aidera plus
Il est important que vous discutiez de tout ce qui tard à comprendre ce que les patients subissent lors des tests.
Causes et symptômes
du trouble
Dyspnée

La dyspnée est la sensation subjective d'être • l'utilisation des muscles respiratoires acces-
essoufflé ou la sensation consciente d'avoir soires. Les patients sont souvent assis, penchés
besoin d'un effort respiratoire accru. La dyspnée en avant, la tête rentrée dans les épaules et les
liée à un effort physique éprouvant est banale, mains sur les hanches;
mais ne l'est plus lorsqu'elle survient: • un sifflement audible, bien que certains
• au repos ou à la suite d'un effort modéré ; patients puissent le provoquer à volonté ;
• lors d'un décubitus à plat nécessitant de dor- • une modification du cycle respiratoire avec
mir assis; une inspiration brève et une expiration prolon-
• pendant la nuit et qu'elle réveille le patient. gée;
• une apparence affectée, luttant pour respirer
Elle est principalement due à des maladies car- et apparaissant même « choquée ».
diaques ou pulmonaires, ou encore à une ané-
mie sévère. De nombreux patients décrivent une dyspnée à la
suite d'efforts apparemment légers. Ceci peut être
dû à un manque d'exercice ou à une prise de
• LE PATIENT EST-IL ATTEINT? poids au cours des années. Une grande propor-
tion des automobilistes n'a pas l'habitude de faire
Beaucoup de patients décrivent une dyspnée de l'exercice et est en mauvaise forme physique.
mais ne sont pas sérieusement malades. Voici En cas de dyspnée aiguë, vous devrez poser les
quelques signes caractéristiques d'une dyspnée questions pendant que vous examinez le patient.
« fonctionnelle » (c'est-à-dire d'un essoufflement Développer votre habileté clinique pour ces cir-
qui n'est pas dû à une maladie organique): constances nécessite beaucoup de pratique.
• la sensation d'être incapable de prendre une Essayez de voir les patients dès leur arrivée à
inspiration profonde; l'hôpital.
• un tremblement des lèvres et des doigts, l'im-
pression de perdre connaissance ou de suffo-
quer, une respiration rapide. Ces symptômes • LA MALADIE EST-ELLE GRAVE?
sont le plus souvent dus à une « panique » et à
une hyperventilation; Certaines causes de dyspnée engagent le pro-
• la sensation d'être tout le temps essoufflé; nostic vital. De manière générale, l'apparition
• une tolérance normale à l'exercice physique. aiguë d'une maladie chez une personne aupara-
vant en bonne santé fait d'elle un patient à haut
Voici les signes caractéristiques de la véritable risque, tout comme des modifications brutales
maladie: chez une personne présentant une affection
• le fait d'éviter tout exercice inutile dans la vie sous-jacente. Des symptômes s'aggravant pro-
quotidienne; gressivement peuvent indiquer une maladie
• une respiration à travers les lèvres pincées, ce grave, en particulier s'ils sont associés à une
qui réduit la tendance au collapsus des petites perte de poids, une toux chronique et une
voies respiratoires ; hémoptysie.
Causes et s y m p t ô m e s du t r o u b l e

Les signes caractéristiques de gravité sont:


• une tachycardie associée;
• l'impossibilité de finir une phrase; Cardiovasculaire Œdème pulmonaire
• une hypotension artérielle, une peau froide et Insuffisance cardiaque congestive
moite; Maladie cardiaque valvulaire
Cardiomyopathie
• le maintien de la position assise;
Maladie coronarienne
• une douleur thoracique associée;
Respiratoire Asthme. Dilatation des bronches
• une perte de poids.
Bronchite. Carcinome.
Emphysème
Alvéolite fibrosante.
• QUELQUES CAUSES Épanchement pleural
Pneumothorax.
FRÉQUENTES Embolie pulmonaire
Un coup d'œil au Point de révision 24.1 vous Neuromusculaire* Syndrome de Guillain-Barré.
montre l'étendue des problèmes médicaux qui Scoliose
Spondylarthrite ankylosante.
peuvent provoquer une dyspnée. Ils recouvrent
Myasthénie
tous les systèmes et toutes les maladies, des plus Hyperventilation.
bénignes jusqu'aux plus menaçantes. Infarctus du tronc cérébral
Dyspnée de Cheyne-Stockes
Iatrogène Intoxication aux salicylés
• QUELQUES CAUSES Hématologique Anémie
MOINS FRÉQUENTES Rénal* Insuffisance rénale
MAIS TOUJOURS IMPORTANTES Hypoalbuminémie
Traumatique* Lésion de la paroi thoracique
La liste des causes possibles de dyspnée
Métabolique et Acidocétose diabétique
implique tous les appareils. Vous devez garder
endocrine* Obésité
en mémoire que:
Autres Anxiété, hyperventilation et
• la tuberculose pulmonaire est encore un pro-
attaques de panique
blème très sérieux dans de nombreuses régions Perte de forme physique
du monde, en particulier dans le sous-continent * Dans ces atteintes, la dyspnée est habituellement un signe
indien; secondaire du problème principal.
• dans les pays développés, la tuberculose pul-
monaire reste prévalente chez les personnes
atteintes du sida et les sans-abri; • GROUPES À RISQUE
• la fibrose pulmonaire peut se développer de
manière insidieuse; Certains patients ont un risque plus élevé de
• les atteintes multisystématisées comme la dyspnée. Ce sont:
polyarthrite rhumatoïde peuvent être associées à • les fumeurs. Les maladies pulmonaires chro-
une maladie pulmonaire; niques comme la bronchite chronique et l'em-
• des symptômes peuvent se développer très physème, ainsi que les maladies coronariennes,
tôt après le début d'un traitement par bêtablo- sont particulièrement fréquentes;
quant utilisé en cas d'hypertension artérielle et • certains groupes professionnels, comme les
d'angine de poitrine, ou bien après le début d'un mineurs, ont un risque de pneumoconiose. Les
traitement par des médicaments cytotoxiques fermiers ont un risque d'alvéolite allergique à
comme le méthotrexate. cause du foin humide;
• certains loisirs ne sont pas sans risques. Par
exemple, les personnes qui élèvent des oiseaux
en cage peuvent présenter des symptômes
proches du poumon du fermier;
Dyspnée

• quiconque manipule l'amiante, matériau uti- • une dyspnée aiguë avec des antécédents de
lisé dans l'isolation et les matériaux ignifuges, maladie coronarienne peut signaler un œdème
peut développer une fibrose pulmonaire pro- pulmonaire.
gressive des années après l'exposition;
• les fumeuses qui prennent une contraception Chez les personnes âgées, d'autres causes sont
orale ont un risque accru de maladie thrombo- fréquentes :
embolique. • un œdème abdominal et des membres infé-
rieurs avec une sensibilité hépatique suggèrent
une insuffisance cardiaque chronique;
• PAR QUOI FAUT-IL • une toux chronique, une hémoptysie et une
COMMENCER? douleur thoracique accompagnant une dyspnée
progressivement croissante sont souvent dues à
Quels que soient les symptômes que présente le un carcinome pulmonaire.
patient, trois facteurs restent importants:
• savoir quelles maladies sont fréquentes chez
les jeunes, les adultes et les personnes âgées; • TROUVER LA CAUSE
• une histoire clinique bien retranscrite et un
examen clinique attentif, prêtant une attention Rappelez-vous de bien recueillir l'histoire du
particulière aux systèmes que l'histoire désigne patient et de faire un examen clinique exhaustif;
comme des causes potentielles de la maladie. vous serez capable d'identifier au moins le sys-
Ceci vous permettra d'élaborer une courte liste tème physiologique en cause.
de diagnostics différentiels; Il est souvent inutile (et potentiellement dange-
• des examens complémentaires soigneuse- reux) d'attendre la confirmation d'examens com-
ment sélectionnés: les non-invasifs avant les plémentaires chez les patients gravement atteints.
invasifs. Par exemple, un patient qui est au seuil de la mort
avec une insuffisance ventriculaire gauche est
L'âge, la vitesse d'apparition et les signes asso- une situation clinique où la mise à l'épreuve thé-
ciés pourront aider au diagnostic. Les problèmes rapeutique est acceptable, car les examens com-
que vous rencontrerez fréquemment chez les plémentaires seront conduits une fois la situation
personnes jeunes sont: sous contrôle.
• l'asthme. Des sifflements récurrents sont Heureusement, la dyspnée est habituellement
souvent provoqués par des pollens, des spores, accompagnée d'autres symptômes qui aident à
la présence d'animaux domestiques ou des réduire la liste des causes potentielles (Point de
infections virales; révision 24.2).
• une infection respiratoire. Une pneumonie se Une séquence logique de questions aide à pré-
manifestera par une toux productive, une fièvre et ciser la cause. Certains signes remarquables sont
une hémoptysie avec une douleur à l'inspiration; déjà présents dans l'histoire:
• le pneumothorax. Une dyspnée aiguë accom-
pagnée d'une douleur thoracique unilatérale est Rapidité des débuts. Le pneumothorax et
caractéristique; l'œdème pulmonaire apparaissent de manière
• une embolie pulmonaire, particulièrement aiguë alors que la pneumonie et l'exacerbation
chez les jeunes fumeuses prenant la pilule d'une bronchite chronique se développent plus
contraceptive. lentement.

Le spectre des maladies touchant les personnes A g e du patient. L'inhalation d'une caca-
d'âge moyen est différent: houète survient fréquemment chez le jeune, une
• une douleur thoracique sévère avec une dys- mauvaise forme physique est le lot des per-
pnée indique probablement un infarctus aigu du sonnes d'âge moyen, et les personnes âgées
myocarde; peuvent avoir de multiples causes de dyspnée:
Causes et s y m p t ô m e s du t r o u b l e

Sifflements Habituellement une cause respiratoire. Asthme aigu. Bronchite chronique et


emphysème. Dilatation des bronches. Œdème aigu du poumon.
Crachats purulents Habituellement une cause respiratoire. Bronchite chronique. Dilatation des bronches.
Pneumonie.
Hémoptysies Habituellement une cause respiratoire. Pneumonie. Carcinome. Embolie pulmonaire.
Dyspnée paroxystique Habituellement une cause cardiaque. Maladie coronarienne. Maladie valvulaire
nocturne cardiaque. Cardiomyopathie.
Douleur thoracique Habituellement une cause cardiaque. Maladie coronarienne.
Œdème périphérique Habituellement une cause cardiaque. Maladie coronarienne. Cardiomyopathie.
Cœur pulmonaire.
Hippocratisme digital Habituellement une cause respiratoire.
Hyperpression veineuse Habituellement une cause cardiaque.
jugulaire/pulsation
Déplacement du choc Habituellement une cause cardiaque.
de pointe
Palpitations Habituellement une cause cardiaque. Maladie coronarienne. Maladie valvulaire
cardiaque. Cardiomyopathie.

une anémie provoquée par des médicaments • QUE FAUT-IL FAIRE APRÈS?
non stéroïdiens, une bronchite chronique ou
une maladie valvulaire cardiaque. Vos diagnostics différentiels dicteront les exa-
mens complémentaires nécessaires pour ne
Symptômes associés. retenir qu'un seul diagnostic et éliminer les
autres. Les examens sont présentés dans le Point
Antécédents médicaux. Une maladie coro- de révision 24.3. Chacun d'eux ne sera pas for-
narienne prédispose à l'œdème aigu du p o u - cément nécessaire pour chaque patient. Vous
mon et un traitement immunosuppresseur après aurez rapidement suffisamment d'expérience
une transplantation accroît le risque d'infection. pour vous aider à sélectionner ceux qui seront
les plus appropriés.

Système suspecté Examens complémentaires


Cardiovasculaire ECG. « enzymes cardiaques ». Échocardiographie. Enregistrement des 24 h et
radiographie pulmonaire (RP).
Respiratoire RP. Cultures de crachats et hémocultures. Spirométrie et gaz du sang. Procédures
invasives comme l'aspiration pleurale. Bronchoscopie et biopsie ganglionnaire*.
Hématologique Numération formule sanguine. Moelle osseuse*.
Métabolique Cortisol. Urée. Tests de fonction thyroïdienne. Glucose. Gaz du sang.
* La décision d'indiquer un de ces examens sera prise habituellement par un médecin senior.
Douleurs thoraciques

La douleur thoracique est une cause fréquente • LA MALADIE EST-ELLE GRAVE?


d'admission à l'hôpital et un symptôme familier
des services de consultations externes. Elle Voici les symptômes qui orientent vers une
génère souvent une grande anxiété par sa sévé- cause potentiellement grave:
rité, sa fréquence ou son impact sur la vie pro- • une douleur sévère, probablement la pire
fessionnelle ou personnelle du patient. vécue par un homme, ou venant chez une
Toutes les structures internes du thorax et de la femme juste après l'accouchement;
paroi thoracique peuvent provoquer une d o u - • des douleurs ayant un début très brutal;
leur thoracique. Certaines douleurs sont tempo- • des douleurs qui irradient vers le bras, la
rairement gênantes et restrictives (par des gorge, le cou ou le dos ;
causes ostéo-musculaires), certaines engagent • des douleurs associées à d'autres symp-
immédiatement le pronostic vital (comme l'in- tômes, comme une syncope ou une dyspnée
farctus du myocarde ou la dissection aortique). progressive;
• des douleurs qui s'aggravent à l'effort.

• LE PATIENT EST-IL MALADE? Les douleurs thoraciques qui mettent en jeu le


pronostic vital proviennent surtout des appareils
Beaucoup de patients qui se plaignent d'une cardiovasculaires et respiratoires.
douleur thoracique ne semblent pas gravement Voici les signes que vous devez rechercher, ceux
atteints. Même dans ce cas, les douleurs thora- liés au « choc » et à la baisse de l'éjection ventri-
ciques peuvent fortement les fragiliser en les culaire:
laissant croire qu'ils sont sérieusement malades. • une peau pâle et moite;
Un patient n'est pas sérieusement atteint si les • une baisse de la tension artérielle;
douleurs thoraciques sont: • une tachycardie;
• constantes et insignifiantes et qu'elles durent • un œdème pulmonaire;
depuis des jours ou des semaines sans gêner les • une oligurie;
activités normales; • des troubles de la conscience.
• mal définies et associées à des tremblements
des doigts ou des lèvres;
• soulagées par le changement de position, la • QUELQUES CAUSES
chaleur ou la manipulation; FRÉQUENTES
• décrites comme localisées à un point précis
de la paroi thoracique, en particulier la région Les causes les plus fréquentes sont d'origine
sous-mammaire gauche. ostéo-musculaire, puis celles consécutives à un
reflux gastro-oesophagien (Fig. 25.1), à une
ischémie, à un infarctus du myocarde ou à une
embolie pulmonaire. Des douleurs thoraciques
suggérant une crise cardiaque sont une cause
fréquente d'admission à l'hôpital.
Causes et s y m p t ô m e s du t r o u b l e

Figure 25.1. N'oubliez pas les causes gastro-intestinales des douleurs thoraciques.

• QUELQUES CAUSES persistantes constituent un symptôme tardif. La


MOINS FRÉQUENTES pleurésie peut survenir par envahissement direct
de la paroi thoracique ou être secondaire à une
MAIS TOUJOURS IMPORTANTES
pneumonie.
Une dissection aortique engage le pronostic
vital. Bien que la douleur ressemble à celle de
l'infarctus du myocarde (début brutal et sévère), • GROUPES À RISQUES
voici les signes qui doivent attirer votre atten-
tion : douleur irradiant vers le dos, disparition du Les patients à risque cardiovasculaire auront
pouls des membres inférieurs, et grande diffé- habituellement un ou plusieurs facteurs de
rence de pouls et de pression artérielle entre risque :
chaque bras sans modifications typiques de • tabagisme;
l'ECG. • cholestérol élevé ;
Le zona thoracique peut se présenter par des • antécédents d'hypertension artérielle, de dia-
douleurs, suivies quelques jours plus tard d'une bète sucré, de maladies vasculaires cérébrales ou
éruption typique dans un métamère cutané. vasculaires périphériques;
Le carcinome bronchique provoque une grande • des antécédents familiaux de maladie coro-
variété de symptômes, les plus fréquents étant la narienne, à un jeune âge ou à l'âge moyen.
toux et l'hémoptysie. Des douleurs thoraciques
Douleurs thoraciques

Les fumeurs ont également un plus grand risque


de carcinome bronchique et de maladies vascu-
laires en général.
Une douleur thoracique pendant un effort inha- Caractère de la douleur
bituel (bêcher un jardin ou pelleter la neige d'un Si elle est « constrictive », « aiguë » ou « broyante »,
chemin) peut être due à un angor; lorsqu'elle pensez à l'infarctus du myocarde ou à une
ischémie; une douleur « déchirante » vers le dos
survient après ces efforts, elle est due à une rai-
peut être due à une dissection de l'aorte.
deur musculaire. Toutefois il faudra se rappeler
Localisation
qu'un effort inhabituellement violent peut entraî- Si elle est très localisée, suspectez une douleur
ner un début d'angor ou même d'infarctus. Une musculaire; si elle suit la distribution des nerfs
pleurésie avec embolie pulmonaire peut être le intercostaux, rappelez-vous que la douleur du zona
premier signe d'une thrombose veineuse pro- précède l'éruption de quelques jours.
fonde après un repos prolongé au lit, une inter- Irradiation
vention chirurgicale ou une maladie grave. Autour du thorax, elle suggère une maladie
cardiaque ; de l'épigastre vers le cou, une maladie
Renseignez-vous sur l'usage de contraceptifs
gastro-intestinale; vers la scapula, une atteinte
oraux chez les jeunes femmes et d'hormones de vésiculaire.
substitution chez les femmes âgées. Les deux Gravité
sont associés à un risque légèrement plus élevé Une douleur est sévère lorsqu'elle engage le
de maladie thrombo-embolique, particulière- pronostic vital.
ment chez celles qui fument. Persistance
Une douleur qui ne s'estompe pas est
habituellement liée à la paroi thoracique;
occasionnellement le carcinome bronchique peut
• TROUVER LA CAUSE se présenter par une douleur persistante.

Rappelez-vous que, dans tous les cas, le proces-


sus d'élaboration du diagnostic suit un canevas Recherchez toujours :
classique: • un événement similaire dans les antécédents
• l'expérience, le contexte et la prévalence de la familiaux;
maladie limiteront à quelques-unes les possibi- • des facteurs de risque prédisposant aux
lités étiologiques; maladies cardiovasculaires ou thrombo-embo-
• un bon recueil de l'histoire vous aidera à for- liques;
muler quelques diagnostics raisonnables; • des antécédents personnels médicaux.
• ceci guidera votre examen clinique et permet- Puis, recherchez d'où peut provenir la douleur.
tra d'attirer votre attention sur des points spéci- Habituellement:
fiques; • la douleur cardiaque est persistante, ressentie
• vos hypothèses diagnostiques orienteront les comme un grand poids ou comme une bande
investigations nécessaires. constrictive autour du thorax, irradiant vers la
mâchoire, les épaules et les bras, associée à une
L'âge, la vitesse d'apparition et les signes asso- dyspnée, des nausées et des vomissements,
ciés vous conduiront vers le diagnostic (Point de révélée par l'effort et soulagée (mais peut aussi
révision 25.1). survenir) au repos. Une douleur péricardique est
Une suite logique de questions vous aidera à soulagée en se penchant en avant;
établir la cause. Évaluez tout d'abord si la dou- • une douleur respiratoire est une douleur
leur engage le pronostic vital. Elle est souvent: aiguë, lancinante, aggravée par l'inspiration pro-
• à début brutal ; fonde (en particulier lorsque la plèvre est
• sévère et associée à une sensation de mort atteinte), souvent accompagnée d'une toux et
imminente; d'une dyspnée. L'embolie pulmonaire peut-être
• accompagnée de signes de choc: le patient accompagnée d'une hémoptysie et de signes de
est froid, moite, essoufflé et en hypotension. choc circulatoire;
Causes et s y m p t ô m e s du t r o u b l e

• les maladies gastro-intestinales (Fig. 25.1 et


Point de révision 25.2) peuvent provoquer des
douleurs rétro-sternales à type de brûlures, irra-
diant vers la mâchoire en cas de reflux œsopha-
gien ou vers la scapula droite dans les maladies
vésiculaires. Ces dernières sont précédées de
crises liées à la prise des repas depuis des mois
ou des années; Cardiovasculaires
• la douleur ostéo-musculaire est souvent Maladie coronarienne, angor chronique stable,
angor instable et infarctus du myocarde.
associée à une sensibilité très localisée de la
Péricardite. Anévrisme aortique.
paroi thoracique et peut être reproduite par le
Respiratoires
mouvement.
Trachéite aiguë. Carcinome bronchique.
Pneumothorax. Embolie pulmonaire.
POINT PRATIQUE Pneumonie. Pleurésies associées.
De manière générale, les maladies qui ont un Hématologiques
début brutal et dramatique résultent de « tubes qui Anémie. Leucémie.
se bloquent » ou de « tubes qui éclatent ». Gastro-intestinales
Abcès sous-phrénique. Hépatomégalie
métastatique, hépatite. Insuffisance cardiaque
congestive. Carcinome de l'œsophage. Reflux
œsophagien. Hernie hiatale. Calculs vésiculaires.
• QUE FAUT-IL FAIRE ENSUITE?
Neuromusculaires
Zona. Scoliose. Traumatisme de la paroi thoracique
Après avoir vérifié si la maladie engageait le pro- Contracture musculaire. Ostéochondrite costale.
nostic vital et déterminé l'appareil en cause, déci- Spondylarthrite ankylosante. Ostéoporose.
dez des examens complémentaires appropriés, Ostéomalacie.
Maladie de Paget.
puis assurez-vous que le traitement antalgique
soit prescrit et administré de façon suffisamment Autres
Anxiété. Hyperventilation. Crises de panique.
fréquente pour être efficace.
Céphalées

QUELQUES CAUSES • CÉPHALÉES


FRÉQUENTES BRUTALES ET SÉVÈRES
POUVANT ÊTRE GRAVES
Les céphalées sont un symptôme presque uni-
versel. Alors qu'existent d'innombrables causes Le caractère de la douleur et la vitesse de surve-
de céphalées, la plupart sont inoffensives. Les nue de la céphalée sont caractéristiques. Le
céphalées de tension, les migraines et les causes patient peut se plaindre d'une céphalée sou-
extracrâniennes représentent la plus grande daine et atroce (« comme si l'on tapait derrière la
majorité des céphalées (Point de révision 26.1). tête avec un marteau »). La cause la plus grave
est une hémorragie intracrânienne. Le saigne-
ment peut survenir:
• chez un jeune adulte ou d'âge moyen: dans
les espaces sous-arachnoïdien, en raison d'un
Migraine* Céphalées de tension* anévrisme congénital ou d'une malformation
Causes Hypertension artérielle artério-veineuse;
extracrâniennes* • chez les patients âgés: symptômes secon-
(ex.: cervicarthrose)
daires d'une maladie cérébro-vasculaire d'ori-
Méningite/encéphalite Artérite crânienne gine hypertensive.
Autres maladies Hypertension intracrânienne
fébriles* La conscience peut être altérée; certains patients
* Causes fréquentes. seront alertes et d'autres dans un coma profond.
Le score de Glasgow (présenté à la page 206) est
un moyen utile pour évaluer le niveau de
conscience. Vous devez examiner le système
• PAR QUOI FAUT-IL nerveux avec attention, à la recherche de signes
COMMENCER? de focalisation qui ne sont pas rares.
Plus rarement, une méningite aiguë purulente,
Le diagnostic dépend de la rapidité de survenue, particulièrement à méningocoque, peut être
de la périodicité et d'éventuels signes ou symp- associée à la survenue très rapide de céphalées
tômes d'accompagnement. Votre priorité sera de en quelques minutes. Toutefois, elles apparais-
vérifier si les céphalées ne sont pas dues à une sent généralement plus lentement, accompa-
maladie grave. Vous devrez demander: gnées de fièvre, de nausées, de vomissements et
• Les céphalées sont-elles survenues brutale- d'une raideur de la nuque (Fig. 26.1).
ment?
• Se sont-elles aggravées depuis une heure ou
deux? • CÉPHALÉES PÉRIODIQUES
• Vous sentez-vous fiévreux et en sueur?
Les céphalées périodiques ou récidivantes évo-
luent en une heure ou deux.
Causes et s y m p t ô m e s du t r o u b l e

Figure 26.1. Signes cliniques d'une méningite aiguë purulente.

Les diagnostics différentiels comprennent la davantage les hommes que les femmes. Les
migraine, l'algie vasculaire de la face et la cépha- signes caractéristiques sont:
lée de tension. • des débuts brutaux tirant parfois le patient de
Les principaux signes qui vous aideront à iden- son sommeil ;
tifier une migraine sont: • une douleur hémicrânienne intense autour
• des antécédents de céphalées remontant à de l'œil, qui peut être rouge et larmoyant
l'enfance ou l'adolescence; (Fig. 26.2);
• des symptômes qui précèdent les céphalées, • les céphalées surviennent en chapelet, tous
en particulier des troubles visuels (« prodromes ») ; les jours ou toutes les nuits pendant plusieurs
• les céphalées surviennent à toute heure de la jours ou plusieurs semaines, et disparaissent
journée et de la nuit; soudainement pendant des mois ou des années.
• des crises très handicapantes qui obligent le
patient à se coucher dans une chambre sombre Les céphalées de tension sont très banales et
pour quelques heures et parfois quelques jours. sont ressenties sur toute la tête. Demandez si les
céphalées ont tendance à survenir pendant les
Les algies vasculaires de la face (ou céphalées en périodes de stress.
chapelet) sont moins fréquentes et touchent
Céphalées

• CÉPHALÉES DANS
L'HYPERTENSION ARTÉRIELLE

Malgré la croyance générale qu'une pression


sanguine élevée peut provoquer des céphalées,
l'hypertension artérielle est asymptomatique. Les
symptômes des céphalées qui suggèrent la
coexistence d'une hypertension artérielle sont:
• une aggravation de la céphalée au réveil;
• une topographie occipitale;
• des céphalées pulsatiles;
• une aggravation de la céphalée lors d'un
exercice physique.

• CÉPHALÉES
DES PERSONNES ÂGÉES
Alors que les céphalées décrites ci-dessus
surviennent à tout âge, une situation, l'artérite
crânienne ou temporale, est particulièrement
Figure 26.2. Algie vasculaire de la face. Une douleur préoccupante chez les personnes âgées. Un dia-
intense autour de l'œil qui peut être rouge et gnostic précoce est absolument nécessaire. L'ex-
larmoyant.
tension aux vaisseaux rétiniens peut provoquer
une cécité, situation gravissime qui peut être
prévenue par un traitement rapide à hautes
• CÉPHALÉES FÉBRILES doses de stéroïdes.
L'artérite crânienne (artérite temporale ou artérite
Les patients présentant des céphalées dans un à cellules géantes [Fig. 26.3]) survient presque
contexte fébrile forment un groupe diagnostique invariablement chez les patients de plus de
important. Les infections méningées, en particu- 65 ans.
lier à méningocoque, à pneumocoque et à
Haemophilus influenzae, peuvent provoquer des
crises de céphalées. La survenue peut s'étendre
sur quelques jours dans les encéphalites ou
dans les formes chroniques de méningites,
tuberculeuse ou à cryptocoques par exemple.
Chez tous ces patients, recherchez :
• des nausées et des vomissements;
• une raideur de la nuque, notamment en
posant le menton sur la poitrine;
• une sensibilité à la lumière ou « photophobie ».

Beaucoup d'états fébriles infectieux, en particulier


la grippe, les angines banales et la mononucléose
infectieuse peuvent provoquer des céphalées. La
raideur de la nuque, la photophobie et les
troubles de la conscience ne sont pas les signes
cliniques principaux de ces affections. Figure 26.3. Vaisseaux touchés par l'artérite temporale.
Causes et s y m p t ô m e s du t r o u b l e

Vitesse Cause Maladies Signes cliniques associés


de survenue de la céphalée
De quelques Saignement intracrânien Hémorragie Nuque raide avec saignement
secondes à sous-arachnoïdienne sous-arachnoïdien, conscience
quelques minutes Hémorragie cérébrale altérée, signes précoces
de focalisation neurologique
De quelques Migraine Migraine classique Aucun sauf dans les céphalées
minutes à une Céphalées en chapelets en chapelets dans lesquelles
heure Migraines atypiques existent des signes oculaires
(cf. texte)
Quelques heures Infections des méninges Encéphalite Fièvre, photophobie et raideur
(occasionnellement ou du système nerveux Méningite purulente de la nuque
minutes) central Méningite virale
Quelques heures Autres infections Grippe, paludisme, Signes de la maladie causale,
avec fièvre • typhoïde, angine à pas de raideur de la nuque
streptocoque
De quelques jours Hypertension Tumeur cérébrale, Œdème papillaire, autres signes
à quelques mois intracrânienne hématome sous-dural neurologiques liés à la lésion
ou années primaire
Artérite crânienne Sensibilité des artères crâniennes
chez les patients âgés
Hypertension artérielle Pression sanguine
considérablement élevée

POINT PRATIQUE • CÉPHALÉES DE


Le premier signe d'une artérite crânienne peut être L'HYPERTENSION
une cécité unilatérale.
INTRACRÂNIENNE
En routine clinique, elles sont relativement rares
et leurs caractéristiques sont masquées par la
cause sous-jacente. En général ces céphalées
De manière caractéristique : sont:
• la douleur est localisée dans le cuir chevelu; • aggravées par la toux;
• les artères temporales, faciales et occipitales • progressives;
peuvent être sensibles, nodulaires et non pulsa- • aux stades ultimes, associées à des vomisse-
tiles. ments et à un œdème papillaire.
Douleurs abdominales

Lorsque vous êtes confronté à un patient avec Les réponses à ces trois questions et la prise en
des douleurs abdominales vous devrez poser compte de l'âge, du sexe et de l'appartenance
trois questions simples: ethnique de votre patient vous mettront sur la
bonne voie pour poser le diagnostic clinique.
Depuis combien de temps les avez-vous?
• aiguës (quelques minutes ou quelques
heures); • DOULEURS ABDOMINALES
• subaiguës (quelques jours); AIGUËS DE TYPE COLIQUE
• chroniques (quelques semaines).
Une douleur de type colique peut provenir de
Où sont-elles situées ? n'importe quel tube comportant un muscle lisse.
• supérieure, centrale et inférieure; Elle s'accroît pendant une période de quelques
• à droite ou à gauche; secondes à quelques minutes, puis s'apaise et
• elles irradient ailleurs. peut disparaître, formant un cycle qui peut se
répéter plusieurs minutes plus tard. Les signes à
A quoi ressemblent-elles? rechercher sont présentés dans le Point de révi-
• à des coliques; sion 27.1.
• douleurs variables;
• douleurs constantes.

Topographie Signes cliniques Symptômes distinctifs Affection fréquente


de la douleur
Centrale Sensibilité diffuse Anorexie, nausées, Gastro-entérite
Fièvre possible vomissements et
diarrhées associées
Centrale Dépendent de la cause Vomissements ou Occlusion intestinale aiguë
sous-jacente (hernies, constipation, dépendants
masses, distension, etc.) du site d'obstruction
(cf. texte)
Centrale, mais Ictère obstructif Antécédents de calculs Calculs et colique hépatique
irradie vers l'angle modéré après 24 vésiculaires
de la scapula droite ou 48 heures Dyspepsie
Unilatérale, flanc Sensibilité du flanc Douleur unilatérale, Colique néphrétique
vers régions génitales miction impérieuse (urétérique)
Causes et s y m p t ô m e s du t r o u b l e

Colique intestinale aiguë Colique hépatique


due à une occlusion intestinale Elle survient lorsque la vésicule biliaire se
contracte pour forcer la migration d'un calcul
Les principales causes d'occlusion intestinale, à dans le canal cystique. La douleur est très vive,
différentes périodes de l'adolescence et de la vie épigastrique et accompagnée le plus souvent de
adulte, sont présentées dans le Point de révi- vomissements. Si le calcul gagne la voie biliaire
sion 27.2. principale, elle devient une colique biliaire (terme
Une colique intestinale se produit rarement avec plus exact). Si le calcul se bloque dans la voie
des obstructions situées en amont du pylore. biliaire, il provoquera un ictère.
Une colique de l'intestin grêle est ressentie au
centre, et celle du côlon sous l'ombilic. Il est
important de comprendre que l'occlusion intes- Colique néphrétique (urétérique)
tinale résulte le plus souvent de la présence de
masses abdominales adjacentes. La colique néphrétique est une douleur très
Les symptômes de la colique intestinale par intense due au passage d'un calcul ou de caillots
occlusion dépendent bien sûr du site de l'obs- sanguins dans l'uretère. Typiquement:
truction : vomissements, distension et constipa- • elle débute dans l'angle rénal;
tion. • elle irradie autour du flanc vers l'aine, le pénis
Les vomissements d'une occlusion intestinale et le scrotum chez l'homme, et les grandes lèvres
supérieure (intestin grêle) sont abondants, chez la femme;
aqueux et bilieux. Dans une occlusion intestinale • le patient peut se rouler sur le sol, prostré par
basse (côlon), le vomi est plus épais, brun et l'intensité de la douleur;
nauséabond. Une obstruction haute ne com- • des vomissements et des sueurs coexistent;
porte jamais de distension importante, en raison • le patient peut présenter un désir très intense
des vomissements, mais l'obstruction du côlon d'uriner aboutissant à l'émission de quelques
gauche provoque une distension considérable. gouttes seulement;
Quand l'obstruction est complète, il y a consti- • lorsque le calcul ou le caillot pénètre dans la
pation absolue avec un intestin vide en aval de vessie, les douleurs cessent immédiatement.
l'obstruction.

• SURVENUE BRUTALE
D'UNE DOULEUR ABDOMINALE
SÉVÈRE ET PERSISTANTE
De manière générale, en médecine, ce type de
Enfants et adolescents
Masses inflammatoires (appendicite) douleur est provoqué par « des choses qui
Intussusception du diverticule de Meckel ou d'un explosent et d'autres qui restent bloquées ».
polype Dans l'abdomen, il y a trois situations qui pro-
Hernie voquent une douleur abdominale atroce, sévère
Adhérences
et persistante à début brutal (Fig. 27.1) :
Adultes • un ulcère peptique perforé;
Comme chez l'enfant
Maladie de Crohn • une pancréatite aiguë;
Inflammation locale due à une appendicite ou une • la rupture d'un anévrisme de l'aorte abdominale.
diverticulite
Carcinome du côlon
Personnes âgées Ulcère perforé
Comme chez l'adulte
Volvulus du sigmoïde
Ischémie intestinale Cette urgence abdominale survient habituelle-
ment entre 40 et 60 ans. Vous devez suspecter la
Douleurs abdominales

Figure 27.T. Signes à rechercher chez un patient adulte avec une douleur abdominale sévère et persistante, de
survenue brutale.

perforation chez un patient plus âgé, particuliè- phiques en position debout montreront un
rement s'il suit un traitement à base de médica- croissant d'air dense et noir sous le diaphragme.
ments anti-inflammatoires non stéroïdiens. Il n'y Faites attention si la douleur de votre patient se
pas toujours d'antécédents d'ulcération. calme et s'il commence à se sentir mieux
La douleur est située initialement dans l'épi— quelques heures plus tard. Une péritonite est
gastre mais irradie ensuite dans tout l'abdomen. certainement en train de se développer. Les
La douleur peut se projeter vers l'épaule gauche. signes à rechercher sont l'assouplissement d'un
A l'examen, le patient sera sérieusement atteint abdomen précédemment contracture et une
(Fig. 27.1) avec tachycardie, respiration superfi- tachycardie progressive.
cielle mais pas de fièvre. Typiquement, l'abdo- POINT PRATIQUE
men est rigide comme une planche de bois,
De manière générale, une douleur abdominale
extrêmement sensible, initialement dans l'épi— continue de survenue brutale est provoquée par
gastre puis dans tout l'abdomen. Les bruits « des choses qui explosent » et par « des choses
intestinaux sont absents. Si une quantité suffi- qui restent bloquées », par exemple :
sante de gaz s'est échappée à travers la perfora- - perforation intestinale ;
tion vers la cavité péritonéale, l'aire de matité - pancréatite aiguë ;
- anévrisme rompu.
hépatique sera modifiée et les clichés radiogra-
Causes et s y m p t ô m e s du t r o u b l e

Pancréatite aiguë • DOULEUR ABDOMINALE


Celle-ci aussi met en jeu le pronostic vital. Sus- SÉVÈRE À DÉBUT SUBAIGU
pectez-la chez un patient âgé et d'âge moyen DUE À DES ORGANES
lorsque l'histoire relève: OU DES VISCÈRES INFLAMMÉS
• une forte consommation d'alcool;
• une atteinte des voies biliaires; Les caractéristiques de cette maladie sont résu-
• une obstruction du canal pancréatique; mées dans le Point de révision 27.3. La douleur
• une atteinte virale (oreillons, par exemple); peut apparaître dans un laps de temps variant
• un traumatisme abdominal. de quelques heures à quelques jours. Les signes
locaux d'inflammation ou d'irritation péritonéale
Les signes typiques du diagnostic sont: apparaissent et les complications peuvent surve-
• une douleur épigastrique sévère irradiant nir. En termes pratiques, le site de la douleur
vers le dos ; vous orientera vers le diagnostic.
• des nausées et des vomissements importants ;
• une prostration, une tachycardie, une respi-
ration rapide superficielle et un état de choc. • DOULEUR DANS LE QUADRANT
SUPÉRIEUR DROIT
A l'examen, les signes initiaux peuvent être diffi-
ciles à différencier de ceux d'un ulcère perforé La douleur dans ce quadrant est généralement
mais il n'existe aucun gaz dans la cavité périto- due à des maladies touchant:
néale. Un ictère modéré peut apparaître deux à • la vésicule biliaire;
trois jours plus tard, et dans les cas graves, on • le rein droit;
constate une décoloration du flanc (signes de • le foie.
Grey Turner), de l'ombilic (signes de Cullen,
Fig. 6.12). Il est simple de les différencier. La douleur vési-
culaire se projette généralement vers l'arrière et
vers la pointe de l'omoplate droite, et peut s'ag-
Rupture d'un anévrisme graver lors du mouvement ou d'une inspiration
profonde. La douleur rénale se projette vers l'ab-
abdominal
domen et l'aine, et la douleur hépatique est
Un anévrisme peut rester tapi pendant des assez localisée.
années, provoquant peu de symptômes avant La cause la plus fréquente de douleur dans le
de se rompre de manière inopinée. Vous devez quadrant supérieur droit chez la femme est une
suspecter un anévrisme rompu chez un patient cholécystite aiguë. Ici un petit calcul s'enclave
de plus de soixante ans qui: dans le canal cystique, et l'organe s'enflamme et
• à des antécédents de douleurs abdominales s'infecte. Des crises récidivantes peuvent devenir
et lombaires persistantes; de plus en plus douloureuses, et s'accompa-
• se présente avec une douleur abdominale et gnent fréquemment de nausées et de vomisse-
une hypotension artérielle; ments.
• se présente avec une douleur abdominale Voici les signes que vous devrez rechercher:
sévère et une spoliation sanguine. • fièvre;
• distension abdominale;
• sensibilité et défense dans le quadrant supé-
rieur droit;
POINT PRATIQUE
• douleur aiguë lors de l'inspiration, lorsque la
Des douleurs sévères et une défense peuvent
vésicule biliaire enflammée se déplace au contact
vous empêcher de palper un anévrisme
abdominal lorsqu'il se rompt. de la main de l'examinateur: c'est un « signe de
Murphy positif ».
Douleurs abdominales

Site de la douleur Signes cliniques Symptômes distinctifs Affection fréquente


Quadrant supérieur
droit
- Vésicule Plus de femmes Cholécystite aiguë Masse inflammatoire, péritonite
que d'hommes
- Rein droit Plus de femmes Pyélonéphrite aiguë Pyélonéphrite chronique ou
que d'hommes pyonéphrose
- Foie Deux sexes, plus âgés Métastases
-
- Cause intrathoracique Tout âge, deux sexes Cf. texte -
Douleur abdominale Tout âge, deux sexes Appendicite aiguë En absence de traitement,
se déplaçant après perforation avec péritonite
un délai variable et abcès appendiculaire
vers la fosse iliaque
droite
Douleurs uni ou Surtout les femmes Pyélonéphrite aiguë Peut évoluer vers la
bilatérales de l'aine en période génitale pyélonéphrite chronique
avec douleurs rénales ou pyonéphrose
Fosse iliaque gauche Hommes et femmes Diverticulite aiguë Péritonite, abcès péricolique,
à partir de 50 ans fistule
Sus-pubienne surtout Femmes sexuellement Salpingite aiguë Pyosalpinx ou masse
mais aussi les deux actives tubo-ovarienne
fosses iliaques

POINT PRATIQUE tômes similaires: des métastases nécrotiques


douloureuses du foie, un abcès sous-phrénique et
Signe de Murphy
Ce signe est révélé en demandant aux patients autres abcès hépatiques ou kystes hydatiques.
de respirer pendant que vous palpez la zone Rappelez-vous aussi que la pathologie peut se
sensible. Lorsque la vésicule biliaire descend avec situer au-dessus du diaphragme. Une pleurésie
l'inspiration, l'organe enflammé repousse les doigts due à une pneumonie sous-jacente, à une
de l'examinateur et une douleur vive apparaît.
embolie pulmonaire ou une infection par le virus
Lorsque la vésicule est distendue et enflammée
de manière importante, vous pourrez alors du zona peut provoquer une sensibilité et une
percevoir une masse diffuse sensible. défense dans le quadrant supérieur droit et pro-
voquer un faux signe de Murphy positif.

POINT PRATIQUE
Une pyélonéphrite droite peut également causer La pathologie thoracique comme la pleurésie
une douleur dans le quadrant supérieur droit ou le zona peut provoquer des douleurs
mais l'on constatera davantage de sensibilité de abdominales hautes.
l'aine avec une dysurie et une pollakiurie.

• CAUSES MOINS FRÉQUENTES • DOULEUR DANS LE QUADRANT


À RECHERCHER SUPÉRIEUR GAUCHE

Les maladies courantes surviennent fréquemment Vous rencontrerez plus rarement des douleurs
mais certaines conditions génèrent des symp- dans le quadrant supérieur gauche avec des
Causes et s y m p t ô m e s du t r o u b l e

signes d'inflammation locale. Comme pour les À l'examen clinique recherchez:


douleurs situées à droite, la cause n'est pas tou- • une fièvre peu élevée et une langue chargée;
jours au-dessous du diaphragme. Vous devez • une sensibilité avec défense de la fosse
suspecter un infarctus splénique si, dans les iliaque droite;
antécédents, vous trouvez une atteinte hémato- • une douleur à la décompression [cf. page 86);
logique ou lymphopoïétique responsable d'une • une douleur à distance dans l'aine suggérant
splénomégalie. Une défense peut masquer une une appendicite rétrocaecale;
splénomégalie: pensez à écouter un éventuel • une rupture de l'appendice provoquant des
frottement splénique. signes généraux de péritonite sur tout l'abdo-
Les personnes âgées peuvent présenter des men inférieur;
lésions ischémiques de l'angle colique gauche. • une masse ou un abcès appendiculaire dus à
Une douleur locale de type colique avec sensibi- une appendicite non traitée depuis quelques
lité et défense locale sera facile à détecter. jours ou quelques semaines.

La poussée d'une maladie de Crohn affectant


• DOULEUR DANS LE QUADRANT l'iléon terminal peut ne pas être différenciée
INFÉRIEUR DROIT d'une appendicite aiguë, mais si la défense locale
n'est pas sévère, vous pourrez peut-être palper
Une douleur dans le quadrant inférieur droit est, un iléon terminal épaissi.
de toutes les situations abdominales, la pire à La salpingite est la cause gynécologique la plus
diagnostiquer pour les cliniciens, les chirurgiens fréquente de douleurs de la fosse iliaque droite
et les gynécologues. Vous la rencontrez très vite avec inflammation. Des signes simples la diffé-
dans trois situations: l'appendicite, la maladie de rencient d'une appendicite:
Crohn et la salpingite. • douleurs bilatérales et sensibilité;
Beaucoup de maladies se présentent de manière • écoulement vaginal muco-purulent;
très caractéristique, mais ce n'est pas le cas de • pollakiurie et dysurie.
l'appendicite. La plupart des patients perdent
précocement l'appétit et se sentent nauséeux. La
présence d'une diarrhée doit remettre en cause • DOULEUR DANS LE QUADRANT
le diagnostic, mais sans l'exclure. Dans l'histoire
INFÉRIEUR GAUCHE
clinique, demandez si la douleur initiale centrale
s'est aggravée et a migré vers la fosse iliaque Elle survient surtout dans la seconde moitié de la
droite. Ceci a pu se passer quelques heures ou vie, lors d'une diverticulite touchant habituelle-
quelques jours auparavant. Parfois la douleur ment le côlon sigmoïde. Une crise aiguë pro-
peut débuter dans la fosse iliaque droite ou res- voque, de manière caractéristique, une douleur
ter centrale, et parfois il y a une colique abdomi- dans l'abdomen inférieur gauche aggravée par le
nale avec distension. mouvement. A l'examen, la région est sensible,
avec une défense et une distension abdominale.
POINT PRATIQUE Avec l'accentuation de l'inflammation, le patient
L'appendicite aiguë est très rarement accompagnée présente des signes toxiques avec fièvre et trem-
de diarrhée.
blements fréquents.
Fatigue

Bien peu d'ouvrages ont des chapitres consacrés Isolée, la fatigue ne signifie pas grand-chose. Si,
à la fatigue, ceci en raison du caractère vague du toutefois, vous notez dans l'histoire clinique un
terme, utilisé par les patients pour exprimer toutes des points suivants, poursuivez les investiga-
sortes de sensations et de symptômes, et en par- tions car ces symptômes associés annoncent
tie parce que les médecins savent que dans la souvent des maladies potentiellement plus
majorité des cas, aucune cause organique ne sera graves :
retrouvée. Bien peu de médecins n'ont jamais eu • perte de poids;
« le cœur serré » après avoir entendu le patient • anorexie;
dévoiler le motif principal de la consultation: la • fièvre;
fatigue. Quoi qu'il en soit, la fatigue est un symp- • sueurs nocturnes;
tôme qui survient dans une très grande variété de • dyspnée progressive;
maladies sans rapport les unes aux autres; une • adénopathies;
démarche logique et systématique doit assurer • pâleur.
qu'aucune cause sous-jacente ne sera oubliée.
Certains patients se plaindront de fatigue alors
qu'ils veulent exprimer une faiblesse musculaire.
• SIMPLE FATIGUE Le Point de révision 28.1 donne une indication
de tous les symptômes graves qui peuvent
PHYSIOLOGIQUE
conduire un patient à se plaindre de fatigue. Il
Pour des personnes en bonne santé, la fatigue est n'est pas exhaustif.
la manière dont le corps exprime un besoin de
repos physique ou de sommeil. Le sommeil est la
réponse physiologique normale à des activités • FATIGUE ASSOCIÉE
aussi diverses qu'une longue journée de travail,
À DES SYMPTÔMES
qu'une garde, que s'occuper d'un enfant en bas âge
ou courir un marathon. Tous ceux qui pratiquent
PSYCHIATRIQUES
ces activités sont en droit de se sentir fatigués. Fatigue et lassitude sont des symptômes extrê-
Toute différente est la fatigue qui signifie l'ennui. mement fréquents au cours de maladies psy-
L'écolier récalcitrant n'est pas « fatigué » d'aller à chiatriques, en particulier la dépression.
l'école. Il est donc important de recueillir avec Ici, voici les symptômes associés :
attention l'histoire clinique et de s'intéresser au • apathie;
style de vie du patient, en détail si nécessaire ! • sentiment de culpabilité;
• difficultés de concentration;
POINT PRATIQUE • réveil précoce;
La fatigue peut être simplement due à : • ralentissement psychomoteur;
- l'ennui; • modification de l'humeur diurne.
- manque de sommeil ;
- des activités physiques excessives ;
Ces plaintes peuvent être associées à des symp-
- de longues heures de travail.
tômes somatiques comme la perte d'appétit,
Causes et symptômes du trouble

Système Signaux d'alerte Maladie probable* Signes cllnigues


Cardiovasculaire Dyspnée croissante Cardiomyopathie Cardiomégalie
Insuffisance cardiaque Insuffisance cardiaque
Respiratoire Dyspnée croissante Carcinome bronchique Hippocratisme digital
Hémoptysie Tuberculose pulmonaire Signes pathologiques pulmonaires
Sueurs nocturnes Alvéolite fibrosante
Toux
Digestif Perte de poids Carcinome intestinal Anémie
Anorexie Malabsorption Hépatomégalie
Modification du Maladie inflammatoire Masses abdominales
transit intestinal intestinale
Système nerveux Faiblesse musculaire Maladie du motoneurone Faiblesse musculaire
central Myopathies Atrophie musculaire
Myasthénie
Endocrine Modification du poids Hyperthyroïdie Signes de thyréotoxicose,
Hypothyroïdie myxœdème
Sanguin Pâleur Anémie par carence martiale Pâleur
Anémie pernicieuse Modifications des muqueuses
Leucémie et celle de la langue
Système Adenopathies Lymphome Adénopathies généralisées
lymphatique Sueurs nocturnes Splénomégalie
* Cette liste n'est pas exhaustive.

l'anorexie et les céphalées. Cette série des symp- tômes principaux sont la lassitude et une fatigue
tômes associés est si vaste qu'ils ne sont pas accablante, irrésistible.
confondus avec les signaux d'alerte. Les états
dépressifs et anxieux sont les atteintes psychia-
triques les plus fréquentes dont la fatigue est le • QUESTIONS À POSER
symptôme.
En passant en revue cette simple série de ques-
tions, il vous sera plus facile de déceler une
• SYNDROME atteinte spécifique chez votre patient. Questions :
• Le patient n'en fait-il pas trop à son travail, ou
DE FATIGUE CHRONIQUE
dans sa vie sociale?
Fait marquant apparu dans le monde occidental • Le patient s'ennuie-t-il ?
ces dernières années, le syndrome de fatigue • Y a-t-il des symptômes d'accompagnement
chronique affecte principalement les adolescents qui suggèrent une maladie organique sous-
et les jeunes adultes. L'évolution dure plusieurs jacente ?
mois ou plusieurs années avant de disparaître • Le patient est-il cliniquement déprimé?
spontanément. Aucune cause organique n'a été • Y a-t-il des signes qui suggèrent un syndrome
retrouvée à cette plainte curieuse dont les symp- de fatigue chronique?
Perte de poids

Nous avons déjà abordé le diagnostic des pertes nutrition ont pris des proportions épidémiques.
de poids dans le chapitre 2. Il faut perdre entre 5 Le Point de révision 29.1 montre en termes
et 10 kg avant de voir son apparence physique généraux les différences attendues.
se modifier. Les causes chez les personnes
jeunes, d'âge moyen et âgées sont présentées
dans le Point de révision 29.1. Comme cela a été • PERTE DE POIDS
précisé, elles sont liées à des facteurs géogra-
CHEZ LES NOURRISSONS
phiques, culturels et écologiques. Par exemple,
une des causes les plus fréquentes de perte de Dans les pays sous-développés, cette situation
poids chez les adolescentes du monde occiden- est fréquente, elle est presque invariablement
tal est l'anorexie mentale, alors qu'en Afrique due à la malnutrition et à des infections comme
centrale, cette maladie est virtuellement incon- la gastro-entérite.
nue dans la population, où l'hygiène ou la mal-

Âge du groupe Cause de la perte de poids Pays développés Pays sous-développés


Jeune Malnutrition Rare +++
Infections + +++
Diabète + +
Malabsorption, y compris les maladies + +
inflammatoires intestinales
Tuberculose Rare ++
Anorexie mentale ++ Rare
Sida (syndrome d'immunodéficience acquise) + +++
Âge moyen Atteintes malignes ++ ++
Diabète ++ +
Hyperthyroïdie + +
Malabsorption + +
Cachexie cardiaque + +
Hypoxie chronique ++ +
Malnutrition et négligence Rare ++
Âgé Comme dans l'âge moyen
Cachexie sénile ++ ++
Malnutrition et négligence ++ ++
Causes et symptômes du trouble

Dans le monde occidental, la malnutrition, bien


que toujours présente, est beaucoup plus rare.

• PERTE DE POIDS
CHEZ LE JEUNE
La malnutrition et les infections sont les pre-
mières causes de perte de poids et même de
décès chez les enfants et les adolescents, ainsi
que chez les nourrissons dans les pays sous-
développés. Figure 29.1. Développement profus d'un lanugo doux
et duveteux du dos et des épaules.

POINT PRATIQUE
La cause d'une perte de poids, quel que soit l'âge,
est dominée par des facteurs géographiques,
culturels et écologiques.
• PERTE DE POIDS
CHEZ L'ADULTE
Dans le monde occidental, la perte de poids est La perte de poids est le signe cardinal de nom-
un signe relativement rare des maladies, à l'ex- breuses maladies générales. On retrouvera plus
ception des infections. La menace diffuse de l'in- facilement sa cause après avoir défini le méca-
fection au V I H (virus de l'immunodéficience nisme de la perte de poids, et en se concentrant
humaine) en Afrique centrale et en Extrême- sur les maladies spécifiques qui peuvent être
Orient remet cette étiologie au premier rang des responsables. Après avoir éliminé la déshydrata-
causes fréquentes de perte de poids chez l'en- tion, la perte de poids est due à une des atteintes
fant et le jeune adulte, et dans certaines parties suivantes:
d'Amérique du Nord, cette situation constitue un • nutrition inadéquate ou indisponible;
problème grave. De toutes les affections chro- • mauvaise nutrition due à l'anorexie;
niques, la tuberculose est fréquente en Afrique, • difficultés mécaniques pour avaler ou dou-
dans le sous-continent indien et en Chine. Dans leurs après les repas;
le monde occidental, elle est plus rare. • malabsorption;
L'anorexie mentale est une cause fréquente de • maladie maligne;
perte de poids chez les adolescentes dans les • hypermétabolisme;
pays développés. Contrairement à ce qu'on • insuffisance cardiaque sévère;
observe dans d'autres causes de perte de poids, • état anoxique chronique.
la jeune fille avec un amaigrissement majeur est
peu déprimée par son apparence cachectique et Avec de nombreuses maladies, plusieurs fac-
la dénie. Elle n'a pas l'air malade, au contraire, teurs peuvent interagir ensemble (Point de révi-
elle est pleine de vie et alerte. Comme dans sion 29.2).
d'autres maladies accompagnées d'une perte de
poids, un lanugo duveteux peut se développer
sur les épaules et le dos (Fig. 29.1).
Perte de poids

Maladie Nutrition Difficultés Anorexie Malabsorption Hypermétabolisme


inadéquate à se nourrir
ou indisponible
Malnutrition, manies +++
nutritionnelles, diètes
amincissantes, abus
familiaux.
Difficultés mécaniques +++
à avaler, par exemple
paralysie pseudo-bulbaire.
Obstruction maligne
à la déglutition, par
+++ ++ -
exemple carcinome
de l'œsophage ou
de l'estomac.
Maladies cœliaques,
- - + +++
de Crohn.
Atteintes malignes. * +++ ** +
-
Diabète, hyperthyroïdie.
- - +++
Infections chroniques.
- - +++
Cachexie cardiaque,
- ++ +++ +
hypoxie chronique.
États métaboliques, +++
par exemple urémie,
hypercalcémie
* Sauf pour les atteintes malignes du tractus gastro-intestinal haut. ** Sauf pour les atteintes malignes de l'intestin grêle.
Jambes gonflées

Les jambes gonflées, ou œdème périphérique, • QUELQUES CAUSES


surviennent lorsqu'une quantité excessive de FRÉQUENTES
liquide tissulaire est redistribuée sous l'influence
de la gravité. L'œdème peut temporairement Un gonflement généralisé indique toujours un
prendre le godet (c'est-à-dire garder l'empreinte excédent de sodium et d'eau. À l'origine, on
du doigt) mais un œdème qui perdure devient dur retrouvera une insuffisance cardiaque, rénale ou
en raison de la fibrose qui l'accompagne. L'œ- hépatique.
dème peut être généralisé, resserrant les bagues,
rendant les habits trop étroits et le visage bouffi.
• QUELQUES CAUSES
MOINS FRÉQUENTES MAIS
• LE PATIENT EST-IL MALADE? TOUJOURS IMPORTANTES (Fig. зол)
Un œdème sévère est habituellement patholo- Certaines femmes d'âge moyen et âgées présen-
gique et provoque un gonflement tout d'abord tent un œdème de gravité variable, aggravé par
des chevilles, puis des deux jambes; il est suivi la station debout, et pour lequel aucune cause
d'une distension abdominale ou ascite, d'un ne sera retrouvée (œdème idiopathique).
gonflement sacré, génital, des membres supé-
rieurs, et parfois d'épanchement pleural ou péri- P O I N T PRATIQUE
cardique. De tels œdèmes macroscopiques sont L'équilibre hydrique est difficile à évaluer
le signe d'une atteinte sévère qui n'engage tou- cliniquement, et la mesure du poids est la
tefois pas immédiatement le pronostic vital. meilleure manière à court terme. Une langue
Un simple œdème « modéré » des chevilles peut sèche ne signifie pas forcément une
accroître le poids d'environ 4 kg. déshydratation, la respiration par la bouche étant
fréquente. Un œdème sacré et des membres
inférieurs ne signifient pas obligatoirement un
excès de liquide.
• EST-CE GRAVE?
Isolé, un œdème bilatéral des chevilles n'est Un œdème chronique, piqueté, accompagné
habituellement pas grave et n'est pas forcément d'une pigmentation oriente vers une insuffisance
le signe d'une « maladie ». Par exemple, n'importe veineuse chronique (mais bénigne). Un gonfle-
qui peut présenter un œdème du dos du pied et ment bilatéral macroscopique est habituel dans
des chevilles après être resté assis pendant de le lymphœdème congénital. Les maladies gas-
longues heures, au cours d'un vol longue dis- tro-intestinales peuvent provoquer un œdème
tance. Dans les mêmes circonstances, l'œdème d'hypoprotidémie par malabsorption et/ou une
d'un mollet suggère une thrombose veineuse perte de protéines par entéropathie.
profonde, et un risque de maladie thrombo- Les changements de poids associés aux cycles
embolique existe, engageant potentiellement le menstruels provoquent un gonflement abdomi-
pronostic vital. nal et une irritabilité.
Jambes gonflées

Figure 30.1. Étapes diagnostiques de l'examen clinique de routine chez un patient qui présente des œdèmes des
jambes sans cause évidente.

L'obstruction lymphatique des maladies malignes • au cours de la grossesse;


provoque un œdème dur qui n'est pas « piqué » • après ablation d'un plâtre pour le traitement
en raison de sa haute teneur en protéines. d'une fracture de jambe;
• après une période de repos prolongé au lit.

• GROUPES À RISQUES
• TROUVER LA CAUSE
Un gonflement transitoire modéré peut surve-
nir: Il est habituellement assez facile de trouver la
• après une période de relative immobilité, cause d'un œdème. Il faut toujours le considérer
comme un voyage prolongé en bus ou en avion, comme pathologique jusqu'à exclusion des
avec l'impression d'avoir porté des « chaussures principales causes générales et locales.
trop étroites »; Les symptômes et les signes d'accompagnement
• chez les personnes âgées en bonne santé par qu'il faut rechercher sont les suivants :
ailleurs, dont l'œdème évolue au cours de la • chez les patients âgés et d'âge moyen, une
journée et disparaît pendant la nuit; dyspnée à l'effort et nocturne avec une augmen-
Causes et symptômes du trouble

tation de la pression veineuse jugulaire oriente


vers une insuffisance cardiaque;
• un ictère, vers une maladie hépatique avec
œdème et hypoalbuminémie;
une fatigue et une pâleur, vers une insuffi-
sance rénale;
• des veines variqueuses et une pigmentation,
• QUE FAIRE ENSUITE?
vers une insuffisance veineuse chronique; Pour déterminer la cause d'un œdème, tout
• un œdème unilatéral et sensible d'une cheville, dépend des examens complémentaires à votre
vers une thrombose veineuse profonde; disposition. Les taux sanguins d'urée, d'électro-
• des adénopathies palpables et/ou une masse lytes et d'albumine permettent d'identifier les
abdominale, vers un lymphome ou un carcinome. atteintes rénales et hépatiques et sont facilement
disponibles, comme l'échocardiographie pour
POINT PRATIQUE évaluer la fonction ventriculaire. Une phlébogra-
Il n'y a pas de signe fiable qui permette le phie ou, mieux, un doppler veineux est utile pour
diagnostic d'une thrombose veineuse; la suspicion poser le diagnostic de thrombose veineuse. Les
clinique, basée sur les antécédents, est un examens visant à confirmer la présence d'une
indicateur beaucoup plus fiable, mais un examen tumeur maligne sont plus complexes et doivent
complémentaire orienté est habituellement être discutés avec des médecins plus expérimen-
nécessaire.
tés.
Douleurs articulaires

Beaucoup de situations rhumatologiques peu- • QUELQUES CAUSES


vent provoquer une inflammation des articula- FRÉQUENTES
tions, comme la polyarthrite rhumatoïde ou le
lupus érythémateux disséminé. Quand une arti- Un gonflement aigu d'une articulation isolée suit
culation est touchée de façon isolée, le diagnostic souvent un traumatisme, notamment les lésions
le plus important à rechercher est une infection dégénératives articulaires. La goutte provoque
articulaire. Bien que l'urgence soit rarement de une grande douleur et touche habituellement les
rigueur devant une maladie articulaire, un dia- articulations portantes; les crises peuvent être
gnostic et un traitement rapides sont essentiels modérées et restreintes, ou sévères et récidi-
lorsqu'elles surviennent. Une défaillance éven- vantes. Une arthrite aiguë peut survenir chez des
tuelle peut conduire à une morbidité et une mor- patients hémophiles. Une polyarthrite rhuma-
talité évitable (Point de révision 20.1). toïde peut se réveiller dans certaines articula-
tions plus que dans d'autres. L'arthrite septique
est le diagnostic le plus important à évoquer car,
• LE PATIENT EST-IL MALADE? en l'absence de diagnostic et de traitement
rapides, surviennent une destruction et une
Un patient présentant des douleurs aiguës et un déformation sévère de l'articulation; le décès par
œdème sur les petites articulations dus à une septicémie a été rapporté.
polyarthrite périphérique symétrique est claire-
ment handicapé, mais n'est habituellement pas
malade. On recherchera des signes d'extension • GROUPES À RISQUE
systémique comme une fièvre, des nausées, des
vomissements et des tremblements. La goutte accompagne beaucoup de maladies et
peut être provoquée par différents médicaments
comme les diurétiques et les salicylés.
• LA MALADIE EST-ELLE GRAVE? Voici le profil favorisant la survenue d'une
arthrite septique:
Les signes graves d'atteinte articulaire se manifes- • antécédents de maladies articulaires, particu-
tent par des signes d'inflammation, une sensibilité lièrement la polyarthrite rhumatoïde;
extrême et une douleur au moindre mouvement. • les personnes âgées;
Suspectez toujours une atteinte grave lorsque: • les personnes chroniquement affaiblies;
• une seule articulation est touchée ; • les personnes dont lïmmunocompétence est
• une articulation semble plus touchée que les défaillante, par exemple après un traitement par
autres chez un patient souffrant d'une maladie stéroïdiens.
articulaire ;
• il existe des antécédents de lésions infectées Une infection peut également être inoculée par
comme un ongle incarné, un furoncle ou une une injection intra-articulaire.
lésion ulcérée;
• des signes généraux sont présents.
Causes et symptômes du trouble

• TROUVER LA CAUSE • QUE FAIRE ENSUITE?

Le recueil des antécédents est essentiel, car de Après avoir suspecté une arthrite septique, vous
nombreuses arthropathies peuvent se manifes- devrez rechercher l'aide des médecins plus expé-
ter par des douleurs et un gonflement, symp- rimentés. Le drainage de l'articulation et le traite-
tômes associés à une maladie sous-jacente ment antibiotique approprié sont essentiels. Une
comme une maladie intestinale ou respiratoire. arthrite septique nécessite un traitement urgent.
Recherchez des antécédents traumatiques ou Tout délai peut provoquer des lésions irrépa-
des crises antérieures similaires dans la même rables, une destruction et une déformation des
articulation ou dans d'autres, ou la préexistence surfaces articulaires et, dans le pire des cas, une
d'une maladie articulaire. On pratiquera des septicémie et le décès.
dosages sanguins de l'urée, de la VS, de la pro-
téine C réactive et des hémocultures. La ponc-
tion articulaire est la manœuvre diagnostique la
plus importante, mais elle doit être pratiquée par
un praticien expérimenté. Vous devez contacter
votre laboratoire et les avertir de l'arrivée des
échantillons pour un examen direct et des cul-
tures.
Palpitations

Des patients, souvent âgés, se plaignent souvent auriculaire avec une fréquence ventriculaire contrô-
de « palpitations ». C'est un terme relativement lée peuvent être remarquablement bien tolérés.
vague, mais il est important de préciser ce que le
patient veut dire. Les palpitations recouvrent
toute une variété de symptômes:
• la perception de son battement cardiaque • LA MALADIE EST-ELLE GRAVE?
normal;
• la sensation d'étourdissement; Les palpitations pathologiques sont généralement
• un vertige; dues à des fréquences cardiaques inhabituelle-
• des battements cardiaques rapides; ment rapides ou lentes, parfois accompagnées de
• des coups dans la poitrine; chute de pression. Les signes d'orientation vers
• des acouphènes dans les oreilles; une atteinte grave sont:
• un battement cardiaque irrégulier; • des antécédents de chute;
• la sensation de battements manquants; • une sensation d'étourdissement;
• des battements forcés. • une syncope inexpliquée ou un précollapsus;
• des symptômes associés de dyspnée ou de
douleurs thoraciques.
• LE PATIENT EST-IL MALADE?
La plupart des patients avec des palpitations ne
QUELQUES CAUSES
sont pas malades. La plupart des symptômes ci-
dessus sont bénins et sont simplement dus à FRÉQUENTES
une perception soudaine, inattendue et désa- La fibrose du tissu de conduction myocardique
gréable (mais transitoire) des battements car- peut provoquer un bloc de conduction cardiaque,
diaques pendant des périodes de stress. alors que l'ischémie myocardique peut déclencher
Les palpitations qui sont dues à une fréquence une fibrillation atriale ou une arythmie ventricu-
cardiaque inhabituellement rapide ou basse sont laire maligne. Une fréquence cardiaque anormale-
faciles à percevoir si elles sont présentes pen- ment élevée (ou tachyarythmie) donne un pouls à
dant que vous examinez le patient, mais peuvent peine palpable, alors qu'une fréquence cardiaque
être notoirement difficiles à identifier lorsqu'elles anormalement basse le rend lourd et forcé.
sont intermittentes, peu fréquentes ou ne durent Les extrasystoles ventriculaires sont plus fré-
que quelques minutes seulement. quentes avec l'âge. La pause qui suit une extrasys-
Le patient sera très affecté si le changement de fré- tole accroît le temps de remplissage ventriculaire et
quence cardiaque s'accompagne d'une chute de la provoque un pouls plus marqué.
pression artérielle ou d'un oedème pulmonaire. Les Une thyroïde hyperactive peut provoquer un
personnes âgées ou les patients souffrant d'une pouls rapide, comme le fait une insuffisance
maladie valvulaire cardiaque ou d'une cardiopathie ventriculaire gauche, un stress, une anxiété, une
coronarienne sont particulièrement exposés. Un fièvre et une consommation excessive de nico-
bloc de conduction chronique ou une fibrillation tine ou de caféine.
Causes et symptômes du trouble

La bradycardie peut être causée par une intoxi- • QUE FAIRE ENSUITE?
cation à la digoxine, une hypothyroïdie et une
hypothermie. Il est important d'essayer de corréler les symp-
tômes du patient avec certaines anomalies de
• QUELQUES CAUSES l'électrocardiogramme, ou avec un enregistre-
ment de 24 heures. Plusieurs enregistrements
MOINS FRÉQUENTES peuvent être nécessaires. Si les symptômes sont
MAIS TOUJOURS IMPORTANTES rares, le patient peut déclencher l'enregistrement
L'hypertension intracrânienne, la myocardite et les par un dispositif électronique au moment des
troubles électrolytiques (en particulier l'hypokalié- épisodes de palpitations.
mie et l'hypomagnésemie) déclenchent parfois des Lorsque le rythme anormal a été identifié, vous
modifications notables de la fréquence cardiaque. devrez faire d'autres examens complémentaires,
à la recherche de la cause sous-jacente et du
traitement approprié: un pacemaker, la suppres-
• GROUPES À RISQUES
sion d'une arythmie potentiellement létale, le
Les personnes âgées et les patients atteints de traitement d'une maladie thyroïdienne.
maladies cardiaques valvulaires ou corona- Les patients qui sont conscients d'un battement
riennes sont particulièrement exposés à des épi- cardiaque normal doivent être tout simplement
sodes de « palpitations ». Celles qui sont stressées rassurés.
pour des raisons sociales ou professionnelles
rapportent plus souvent des palpitations que les
autres. Certaines personnes sont conscientes de
leurs battements cardiaques lorsqu'elles s'as-
Maladie cardiaque: ischémie, cardiomyopathie
soient tranquillement ou lorsqu'elles vont au lit. dilatée, maladie valvulaire, insuffisance cardiaque.
Excès de caféine : thé, café et de nombreuses
• TROUVER LA CAUSE boissons gazeuses contenant des quantités
significatives de caféine. Réduire les quantités
Vous devrez coller au plus près de la description consommées ou opter pour des boissons
que votre patient fait des palpitations. Est-ce que décaféinées peut être une stratégie très efficace.
le cœur bat plus vite ou plus lentement? Vous L'anémie provoque un état « hyperéjection ».
pourrez apprendre à votre patient à prendre son L'altitude provoque un effet similaire.
pouls pendant les événements. Manque de forme: un effort inhabituel ou
inaccoutumé peut attirer l'attention sur une
Si le patient a noté un rythme cardiaque inhabi-
accélération rapide de la fréquence cardiaque.
tuel, suggérez-lui de le frapper sur la table. Un
Anxiété : recherchez des signes associés
rythme chaotique est probablement une fibrilla-
(tremblement des lèvres et des doigts,
tion auriculaire, un rythme lent, un bloc. hyperventilation, boule dans la gorge).
Demandez comment les changements de pulsa-
Médicaments : particulièrement les médicaments
tion se modifient. La tachycardie sinusale apparaît cardioactifs comme les bêtabloquants et les
et décroît graduellement, alors que la tachycardie bloqueurs des canaux calciques. N'oubliez pas que
ventriculaire pathologique ou supraventriculaire les gouttes oculaires sont absorbées dans la
débute de manière brutale, comme un interrupteur. circulation générale et provoquent une bradycardie
sévère. Les médicaments vasoactifs comme la
Demandez ce qui semble provoquer la crise.
nifedipine (pour traiter l'angor et l'hypertension)
L'anxiété, la nervosité, l'émotion, l'excitation sont provoquent une tachycardie réflexe lorsqu'ils ne sont
des stimulants puissants. pas associés à un bêtabloquant.
Une fréquence supérieure à 150 par minute oriente Les maladies thyroïdiennes, hypo ou hyper,
vers un rythme autre qu'une tachycardie sinusale, provoquent des modifications marquées de la
en particulier lorsqu'elle s'accompagne de symp- fréquence cardiaque. L'hyperthyroïdie est une des
tômes d'étourdissements ou de présyncope. causes de la fibrillation auriculaire.
Malaise

Il est important de déterminer ce que le • une atteinte de l'appareil cochléaire: surdité et


patient entend par ce terme vague. Des sensa- vertige.
tions très différentes sont décrites comme des
malaises:
• la sensation d'être instable à la marche ou à • QUELQUES CAUSES
la station debout; FRÉQUENTES
• la sensation que le patient ou son environne-
ment bouge; Presque chacun d'entre nous a fait l'expérience
• la sensation d'étourdissement à l'effort, à la de la cause la plus fréquente: une station debout
marche, en se levant ou en se penchant, lors prolongée dans un environnement chaud, ou un
d'une toux ou d'une miction; lever brutal d'une position couchée ou assise.
• l'angoisse de perdre connaissance; Des sensations d'instabilité sont également fré-
• un cœur qui bat très vite; quentes dans le mal du voyage.
• des étourdissements déclenchés par une Avec l'âge, l'arthrose cervicale exerce des com-
odeur ou une vision déplaisantes. pressions osseuses sur la vascularisation céré-
brale. Les vaisseaux peuvent être pinces lors de
Il vous faudra distinguer entre: la rotation de la tête ou de l'extension du cou.
• des vertiges. Votre patient a le sentiment que L'atteinte du système autonome d'origine diabé-
le monde tourne ou qu'il tourne lui-même dans tique, dans la maladie de Parkinson ou au cours
son environnement; ils peuvent être associés à d'un traitement anti-hypertenseur, empêche
des nausées et des vomissements; l'élévation normale de la pression artérielle lors
• des étourdissements; du changement de position, provoquant une
• une sensation imminente de perte de connais- hypotension orthostatique {cf. chapitre 14).
sance. Des infections virales peuvent provoquer une
neuronite vestibulaire.
Les malaises peuvent être aggravés par des
• LE PATIENT EST-IL MALADE? changements de position de la tête (vertige posi-
LA MALADIE EST-ELLE GRAVE? tionne! bénin).
Un épisode isolé de malaise avec surdité de percep-
Un malaise n'engage habituellement pas le pro- tion peut être dû à une labyrinthite avec nausées,
nostic vital, bien qu'il puisse affecter notablement vomissements, prostration et nystagmus manifeste.
la qualité de vie et les activités quotidiennes. Les
signes d'alerte d'une atteinte potentiellement
grave sont : • QUELQUES CAUSES
• la présence d'une maladie vasculaire, d'une PLUS RARES MAIS TOUJOURS
atteinte coronarienne ou d'une arythmie;
• une atteinte du tronc cérébral: vision double
IMPORTANTES
et déficit musculaire, en particulier des muscles Des malaises peuvent accompagner des
de la parole (dysarthrie); atteintes neurologiques, comme l'infarctus du
Causes et symptômes du trouble

e
tronc cérébral, la sclérose en plaques, les lésions • des lésions périphériques du V I I I nerf
de la fosse postérieure, le neurinome de l'acous- crânien ou du labyrinthe lui-même. Elles sont
tique ou les atteintes cérébelleuses. souvent associées à la perception de bourdon-
Ils sont très handicapants mais relativement rares. nements ou de tintements dans les oreilles
Ces sensations de malaise, aggravées par la fer- (acouphènes), à un nystagmus et à une perte
meture des yeux, sont habituellement dues à des auditive.
lésions des cordons postérieurs de la moelle.
Des épisodes récidivants de vertige intense avec Si les symptômes évoquent une perte imminente
une aggravation de la surdité de perception de la conscience, recherchez des troubles de la
orientent vers une maladie de Ménière, qui peut fréquence ou du rythme cardiaques, et une
être très handicapante. hypotension orthostatique en mesurant la pres-
sion artérielle en position assise et debout. Le
collapsus d'origine cardiaque est habituellement
• GROUPES À RISQUES bref. Un trouble de conscience plus prolongé
lors d'une asystolie ou d'une arythmie ventricu-
En raison du très grand nombre de maladies qui laire peut être fatal si les troubles du rythme ne
peuvent provoquer des malaises, très peu de se résolvent pas rapidement. Un collapsus à l'ef-
personnes peuvent être considérées comme fort peut être dû à une maladie valvulaire car-
ayant un risque particulier: celles affectées par diaque ou à un trouble du rythme. Une syncope
une maladie vasculaire, traitées par un médica- à l'exercice est le plus souvent due à une stase
ment anti-hypertenseur ou âgées. veineuse.

• TROUVER LA CAUSE • QUE FAIRE ENSUITE?


Un véritable vertige peut provenir de deux types Malgré de nombreux examens complémen-
de lésions: taires, aucun diagnostic ne sera posé pour plus
• des lésions centrales dues à une atteinte de la moitié des patients se plaignant de
cérébelleuse ou du tronc cérébral. Vous décou- malaises. Heureusement, alors que la gène est
vrirez alors des signes spécifiques, par exemple importante, la mortalité est généralement très
des difficultés à articuler (dysarthrie) ou à déglu- basse. Il est utile de savoir que répéter des exa-
tir (dysphagie), une vision trouble ou double mens complémentaires précédemment normaux
(diplopie) et une paralysie de nerfs crâniens; n'aide que rarement à établir un diagnostic.

Atteintes neurologiques Ataxie cérébelleuse, sclérose en plaques, atteinte cordonale postérieure, infarctus
du tronc cérébral, lésion de la fosse postérieure, neurinome de l'acoustique
Associés avec une infection Neuronite vestibulaire
virale présumée
Mal des voyages
Atteinte dégénérative Cervicarthrose
Vertige rotatoire véritable e
Périphérique : acouphènes, nystagmus, perte auditive par lésion du VIII nerf crânien
Central: troubles du langage, de la déglutition et de la vision
Associé à un changement Vertige positionnel bénin
de position de la tête
Maladies cardiovasculaires Syncope ou présyncope par une fréquence ou un rythme anormaux, une
hypotension artérielle ou une chute de la fraction d'éjection ventriculaire
Collapsus

Un collapsus est une cause fréquente d'admis- lique), les lésions intracrâniennes (AVC, trauma-
sion en urgence. Les étiologies sont nombreuses tisme crânien et hémorragie sous-arachnoï-
et réparties sur presque tous les appareils dienne), l'épilepsie et l'hypotension d'origine
{cf. chapitre 15). cardiaque.

• LE PATIENT EST-IL MALADE? • QUELQUES CAUSES MOINS


FRÉQUENTES MAIS TOUJOURS
La gravité est la règle dans presque tous les cas
de cas de collapsus, et les patients auront
IMPORTANTES
presque tous une maladie causale. Il y a quelques Peuvent être fatals : une méningite et une encé-
exceptions : phalite, une septicémie, une spoliation sanguine
• un évanouissement à la chaleur; massive, un choc anaphylactique, une hypother-
• un évanouissement à une vue déplaisante; mie, une hypo- et hyperglycémie et une hypo-
• une stase veineuse après l'effort; thyroïdie. Les troubles électrolytiques, souvent
• un évanouissement à la miction (syncope iatrogènes, peuvent provoquer une confusion
mictionnelle) ou à la toux (syncope à la toux); extrême et des troubles de la conscience. Chez
• une hypersensibilité carotidienne. les patients de retour d'un voyage lointain, le
paludisme peut se présenter sous la forme d'une
prostration ou d'un collapsus.
• LA MALADIE EST-ELLE GRAVE?
Toutes les causes de trouble de la conscience • GROUPES À RISQUE
engagent le pronostic vital. Les plus graves sont:
la plupart des troubles du rythme (surtout Les patients à risque particulier sont ceux ayant
pendant un infarctus du myocarde) ; des antécédents d'épilepsie et de maladies cardio-
• toute lésion cardiaque comme une sténose vasculaires ou cérébro-vasculaires. Les patients
aortique ou une cardiomyopathie hypertro- aux problèmes médicaux multiples sont souvent
phique; polymédicamentés, ce qui les met sous la menace
• une hypoglycémie et hyperglycémie; permanente d'interactions médicamenteuses
• une lésion intracrânienne majeure; inconnues ou d'un surdosage.
• une spoliation sanguine massive. Un traumatisme ou un voyage récent augmente
le risque d'un collapsus inexpliqué.

QUELQUES CAUSES FRÉQUENTES


• TROUVER LA CAUSE
Les causes les plus fréquentes de troubles de la
conscience nécessitant une hospitalisation en Il est très important d'établir la cause, mais la prio-
urgence sont les intoxications (y compris alcoo- rité est toujours donnée au contrôle des voies
Causes et symptômes du trouble

aériennes, respiratoires et circulatoires; à la réani- blissez le score sur l'échelle de Glasgow. Recher-
mation si nécessaire, pour traiter les problèmes chez des traces d'injection.
urgents; et au recueil de toutes les informations Réalisez un électrocardiogramme (ECC) et traitez
possibles, quelles que soient les sources, pour toute arythmie.
aider à établir la cause sous-jacente. Vous devrez Faites des prises de sang pour une numération
rechercher: formule sanguine, électrolytes, glucose, fonctions
• les antécédents médicaux (surtout l'épilepsie, hépatiques, amylases et toxicologie urgente. Faites
les maladies cardio- et cérébro-vasculaires ou les tests de compatibilité sanguine et administrez
les intoxications médicamenteuses) et chirurgi- des fluides intraveineux si vous suspectez une
caux; perte sanguine.
• le traitement en cours;
• une toxicomanie;
• un traumatisme ou un voyage récent. • QUE FAIRE ENSUITE?
Vérifiez que le patient ne porte pas sur lui une Beaucoup de patients n'auront aucun signe évi-
« Medi-Alert card* ». dent de lésion. Après avoir traité tout problème
Déshabillez complètement le patient, recherchez engageant le pronostic vital immédiat et assisté
des signes de traumatisme cervico-céphalique et les fonctions vitales quand cela a été nécessaire,
examinez les pupilles. S'il y a un myosis, admi- vous devrez concentrer votre attention sur la
nistrez de la naloxone pour antagoniser une cause sous-jacente et réévaluer régulièrement
overdose aux narcotiques. Contrôlez les signes votre diagnostic, la pertinence de votre prise en
vitaux, recherchez une raideur de nuque et éta- charge et l'amélioration de votre patient.

Fréquentes Moins fréquentes


Intoxication (alcool compris) Méningite et encéphalite
Hypoglycémie Insuffisance hépatique ou rénale
Lésions intracrâniennes: AVC, hémorragie sous-arachnoïdienne, Septicémie
traumatisme cérébral
Phase post-critique d'une crise d'épilepsie Hyperglycémie
Causes cardiaques: arythmie ou infarctus Hypothermie
Insuffisance respiratoire Hématome sous-dural
Perte sanguine importante
Paludisme sous les tropiques

* Cf. la note du traducteur [NdT], page 111.


Rectorragie (saignement digestif bas)

La cause d'un saignement chez un adulte peut Carcinomes rectaux


habituellement être retrouvée en étudiant atten-
tivement les antécédents et en effectuant un exa- Ils se présentent souvent par une rectorragie. Un
men clinique complet, incluant un examen rectal diagnostic précoce est essentiel, car ils peuvent
et une sigmoïdoscopie. être traités chirurgicalement. Les patients sont
souvent d'âge moyen ou âgés. Il existe quelques
signes importants qui différencient les carci-
LE SAIGNEMENT EST-IL GRAVE? nomes rectaux des hémorroïdes. Les symp-
tômes d'alerte attirant votre attention sur le fait
Les maladies courantes surviennent fréquem- que vous n'êtes pas en présence de simples
ment, et l'hémorroïde est de loin la cause la plus hémorroïdes sont :
probable de rectorragie. Toutefois, une des plus • le saignement n'est habituellement pas pro-
grandes erreurs que vous pourriez faire serait de fus mais le sang est mélangé aux selles;
leur attribuer tout saignement rectal avant • les selles contiennent du mucus;
d'avoir réalisé un examen clinique complet et • le patient se plaint de faux besoins et d'une
des examens complémentaires. vidange incomplète du rectum après défécation;
Les hémorroïdes peuvent saigner à tout âge de • les douleurs périnéales ou ténesmes sont fré-
la vie, mais elles le font plus fréquemment chez quentes;
les patients : • une diarrhée peut survenir (comme dans les
• en fin de grossesse ; carcinomes du côlon descendant et du côlon
• avec une hypertension portale; sigmoïde).
• avec de grandes masses pelviennes.

Le saignement est associé à la défécation, en Polypes rectaux et coliques


particulier lorsque le patient est constipé. Le
sang est frais, de couleur veineuse (foncé) et Ils représentent une cause fréquente de saigne-
n'est pas mélangé aux selles. Voici d'autres ment rectal sans troubles intestinaux associés.
signes diagnostiques: Recherchez toujours la présence de polype chez
• le sang a éclaboussé la cuvette après déféca- les autres membres de la famille, car il existe un
tion; syndrome de polypose familiale (rare).
• on notera la présence de sang sur le papier
toilette à l'essuyage;
• le patient aura perçu une boule à l'anus Diverticulite
lorsque les hémorroïdes sont plus importantes
(Point de révision 6.13). Cette situation fréquente, rarement reconnue
comme une cause de rectorragie, se présente
habituellement avec une douleur de la fosse
iliaque gauche, une constipation et une douleur
abdominale aiguë. Lorsqu'elle existe, la rectorra-
Causes et symptômes du trouble

gie est souvent profuse, fraîche et inattendue. Le les enzymes intestinaux. Le traitement par le fer
saignement peut être important et associé à un et les sels de bismuth (parfois utilisées pour trai-
choc. ter les ulcères) provoque également des selles
noires. Recherchez les attentivement dans les
antécédents.
Colite ischémique
et angiodysplasie
• QUE RECHERCHER
La colite ischémique est habituellement située à
CHEZ UN PATIENT
l'angle colique gauche et l'angiodysplasie au
niveau du caecum. Ce sont des causes relative-
QUI SE PLAINT DE RECTORRAGIE ?
ment rares de saignement rectal. Lors de l'examen général :
• Assurez-vous que votre patient n'est pas
anémique en dosant le taux d'hémoglobine;
Diarrhée infectieuse • Recherchez une perte de poids et des signes
de déshydratation chez des patients souffrant de
En pratique médicale, les diarrhées aiguës et spoliation sanguine massive et ancienne ainsi
chroniques sont souvent associées à un saigne- que des signes associés qui peuvent suggérer
ment rectal, bien que la diarrhée domine le une cause grave.
tableau clinique. La salmonellose, la shigellose et
l'amibiase sont le plus souvent associées avec de Lors de l'examen de l'abdomen, recherchez atten-
la fièvre, des douleurs abdominales, une ano- tivement ces signes :
rexie, des vomissements et un malaise. Si vous • une hépatomégalie;
suspectez une diarrhée infectieuse, vous devez • des masses abdominales;
interroger la famille, les amis et les collègues, qui • des adénopathies inguinales. Une tumeur
peuvent avoir été touchés également; demandez rectale peut se disséminer dans les lymphatiques
aussi si le patient a voyagé récemment. Des anti- du canal anal et dans les fosses ischio-rectales;
biotiques peuvent provoquer une colique • des hémorroïdes de grade II ou III;
pseudo-membraneuse. • une fissure anale;
• un carcinome anal ;
• des fistules suggérant une atteinte anale de la
Maladies intestinales chroniques maladie de Crohn (Fig. 35.1).
inflammatoires
Vous devez, en routine, réaliser un examen rec-
Le saignement est souvent associé aux diarrhées tal en recherchant:
des maladies chroniques inflammatoires intesti- • un carcinome rectal: 90 % des cancers rec-
nales, comme la rectocolite ulcéro-hémorra- taux sont palpables à l'examen rectal ;
gique et la maladie de Crohn (cf. chapitre 36). • des polypes rectaux;
• des sténoses suggérant une atteinte rectale
de la maladie de Crohn.
• LE SAIGNEMENT PEUT-IL
PROVENIR DU HAUT APPAREIL
DIGESTIF?
Le sang provenant de lésion du tractus intestinal
haut (comme l'œsophage, l'estomac et le duodé-
num) est noir et collant, et a la consistance du
goudron (méléna). C'est le résultat d'une trans-
formation du sang par les acides gastriques et
Rectorragie (saignement digestif bas)

Finalement, vous devrez réaliser une rectoscopie


pour:
• diagnostiquer des hémorroïdes de grade I.
Elles ne peuvent pas être diagnostiquées à la
palpation ;
• visualiser des polypes rectaux ou des carci-
nomes;
• visualiser et effectuer une biopsie de la
muqueuse rectale dans le cas de maladies
inflammatoires chroniques.

La sigmoïdoscopie est une technique utile que


vous devrez apprendre à la première occasion,
et qui est essentielle aux investigations ulté-
rieures.

Figure 35.1. Fistules d'une maladie de Crohn anale.


Noter les biopsies récentes.

Maladie Caractéres du saignement rectal


Hémorroïdes Sang frais à la défécation, non mélangé aux selles, souillant souvent la cuvette
Carcinome rectal Selles striées de sang et de mucus, sensation de vidange incomplète du rectum,
modifications du transit
Diverticulite Saignements souvent profus et imprévisibles
Polypes rectaux. Saignements intermittents sans autre symptôme
Maladies intestinales Habituellement associées à des diarrhées
chroniques inflammatoires
Modifications du transit intestinal

DIARRHÉES ont une incidence croissante et alarmante en


France. Les aliments les plus s o u v e n t impliqués
Ce terme est e m p l o y é p o u r illustrer une a u g - sont:
mentation : • des viandes cuites;
• de la fréquence des selles ; • d e s produits périssables;
• du v o l u m e des selles, avec un c h a n g e m e n t • des repas de type « fast f o o d » mal cuits ;
vers une consistance plus molle ou liquide. • d e s plats réchauffés.

Il existe de nombreux diagnostics é c o l o g i q u e s Un v o y a g e lointain, en particulier d a n s les tro-


mais habituellement, l'interrogatoire, en particu- piques, doit attirer l'attention, et une proportion
lier concernant le début de la diarrhée, limite significative des infections intestinales bactério-
rapidement la liste (Point de révision 36.1). Cette logiquement p r o u v é e s en France est importée de
classification grossière v o u s servira à initier l'in- l'étranger par le tourisme ou les v o y a g e s d'af-
terrogatoire, qui sera ensuite focalisé sur les faires.
causes les plus vraisemblables. Les s y m p t ô m e s les plus fréquents sont u n e a n o -
rexie, des vomissements, des c r a m p e s a b d o m i -
nales douloureuses, des douleurs des m e m b r e s
• DIARRHÉES À DÉBUT BRUTAL et des étourdissements au lever. O b s e r v e z v o u s -
m ê m e les selles, car on peut a p p r e n d r e b e a u -
U n e diarrhée s o u d a i n e est presque toujours d u e c o u p des gaz les a c c o m p a g n a n t . Les aspects
à une infection ou une toxine i n g é r é e ; il est caractéristiques des selles d a n s les diarrhées
indispensable de s'enquérir des autres m e m b r e s intestinales ou colorectales sont présentés d a n s
de la famille, d'amis ou de collègues de travail le Point de révision 36.2.
qui ont pris le m ê m e repas et qui peuvent é g a l e -
ment être atteints. Les intoxications alimentaires

Début soudain Infections ou toxines


Après la prise de médicaments ou un traitement Antibiotiques, traitement martial
inhabituel (jours)
Avec des modifications du style de vie Régime à haute teneur en fibres, stress, anxiété
(jours à plusieurs mois)
Après une chirurgie (jours) Post-gastrectomie, résection intestinale
Débuts subaigus ou chroniques, souvent avec perte Maladie intestinale chronique inflammatoire, carcinomes
de poids, douleurs abdominales ou mucus au rectum colique ou rectal, syndromes de malabsorption, maladie
(semaines ou mois) pancréatique
Chez des patients fragiles et fatigués Diarrhées spurieuses
Modifications du transit intestinal

Apparences de selles Microscopie des matières fécales Agents infectieux


Selles abondantes et aqueuses (Vibrion cholérique) Vibrio cholerae*
(secrétoires) Escherichia Coli (entérotoxine)
(intestin grêle) Campylobacter jejuni.
Salmonelles
Clostridium perfringens
Staphylococcus aureus
Abondantes, pâles et épaisses Globules graisseux Giardia lamblia
(malabsorption) Strongyloides stercoral*
(intestin grêle) Sprue tropicale

Mêlées à du sang et du mucus Pus et sang Entamoeba histolytica*


(invasives) Yersinia enterolytica*
(colorectal) Campylobacter jejuni
Clostridium difficile
Shigellae*
Escherichia Coli entero-invasif.
* Surtout d'origine tropicale.

• DIARRHÉES IATROGÈNES ragique sont plus hémorragiques q u e celles de la

ET CHANGEMENTS DIÉTÉTIQUES maladie de Crohn. Les atteintes anales n'existent


que d a n s la maladie de Crohn. Pensez-y lorsque
B e a u c o u p de patients font u n e diarrhée l o r s - v o u s découvrirez des hémorroïdes charnues et
qu'ils prennent des médicaments, surtout des grasses ;
antibiotiques. Certains d'entre eux c o m m e la • un c a r c i n o m e du rectum ou du c ô l o n . U n e
clindamycine peuvent provoquer une colite sensation de v i d a n g e incomplète du rectum
p s e u d o - m e m b r a n e u s e . N'oubliez pas la p o s s i b i - après défécation est virtuellement p a t h o g n o m o -
lité de purges abusives et n o n a v o u é e s , car les nique d u cancer d u r e c t u m ;
laxatifs sont en vente libre. D e s c h a n g e m e n t s de • la colite amibienne. Elle peut être difficile à
régime, surtout à haute teneur en fibres, p r o v o - différencier d'une rectocolite ulcéro-hémorra-
quent des diarrhées « venteuses » a v e c un b a l - gique d a n s les régions tempérées. Elle peut p e r -
lonnement a b d o m i n a l . sister des a n n é e s après le retour des t r o p i q u e s ;
• une proctocolite n o n spécifique. S o n s y n o -
n y m e est le s y n d r o m e du « c ô l o n h o m o s e x u e l »,
• DIARRHÉES PLUS GRAVES résultant de pénétrations anales.

À DÉBUT SUBAIGU
OU CHRONIQUE Diarrhées luisantes, abondantes,
Ce type de diarrhées est de diagnostic plus diffi-
pâles et odorantes (stéatorrhées)
cile. En pratique, v o u s pourrez faire le diagnostic
à partir des s y m p t ô m e s associés. V o u s devez é v o q u e r :
• un carcinome pancréatique. Les selles sont
souvent graisseuses, c o m m e d a n s la pancréatite
Diarrhées avec sang et mucus chronique. Les patients se plaignent s o u v e n t de
douleurs a b d o m i n a l e s violentes, irradiant vers le
Il faut é v o q u e r : d o s . Les tumeurs de la tête du pancréas p r o v o -
• les maladies inflammatoires intestinales c h r o - quent un ictère obstructif avec une vésicule
niques. Les selles de la rectocolite u l c é r o - h é m o r - biliaire distendue et p a l p a b l e ;
Causes et symptômes du trouble

• u n e pancréatite chronique. Elle peut être dif- • insuffisance périnéale musculaire ou par
ficile à distinguer d'un c a r c i n o m e pancréatique atteinte nerveuse ;
mais s o n évolution est souvent récidivante; • d é m e n c e et confusion.
• u n e maladie caeliaque. La diarrhée peut ne
p a s être le s y m p t ô m e prédominant. Tous les POINT PRATIQUE
g r o u p e s d'âge peuvent être touchés. D e s s y n - En absence de lésion locale neuromusculaire,
d r o m e s c o m m e une a n é m i e par carence e n l'incontinence fécale est le plus souvent liée à un
folates peuvent d o m i n e r le tableau clinique chez fécalome ou à une atteinte cérébrale.
l'adulte;
• u n e maladie de C r o h n ou u n e tuberculose.
L'atteinte de l'intestin grêle est diffuse d a n s les
deux situations. • CONSTIPATION
B e a u c o u p estiment être constipés car ils ne v o n t
Selles fréquentes sans mucus pas à la selle t o u s les m a t i n s ; c'est une c r o y a n c e
du m o n d e occidental. La normalité est variable.
ou sang
Pour certains, une selle t o u s les trois ou quatre
Cette situation est fréquente et peut être d u e à : j o u r s est un r y t h m e n o r m a l . La constipation
• une diarrhée nerveuse ou un syndrome peut être décrite plus précisément c o m m e une
du c ô l o n irritable. Il se manifeste par un s o u d a i n l'émission forcée de petites selles dures.
accès d'activité survenant le matin, mais pas
pendant la journée. Il peut être associé à
des douleurs à type de ballonnement et de • CONSTIPATION CHRONIQUE
colique. La diarrhée ne survient j a m a i s pendant
la nuit; U n e constipation qui é v o l u e depuis d e n o m -
• u n e hyperthyroïdie. Pensez-y lorsque votre breuses a n n é e s est liée au m o d e de vie et aux
patient est très nerveux et perd du poids. D e s habitudes alimentaires:
s y n d r o m e s endocrinologiques rares c o m m e le • importance de l'(in)activité;
syndrome de Zonlliger-Ellison, le c a r c i n o m e • quantité de fibres i n g é r é e s ;
médullaire de la thyroïde ou le s y n d r o m e c a r c i - • c o n s o m m a t i o n de b o i s s o n s ;
n o ï d e p r o v o q u e n t des diarrhées. • accès aux toilettes plus ou m o i n s facile;
• état général plus ou m o i n s atteint.

Pertes fécales avec mucus


(diarrhées spurieuses ou sprue) • CONSTIPATION
DE SURVENUE RÉCENTE
D e s selles liquides qui contournent la masse
d'un fécalome d a n s le rectum sont fréquentes Elle doit être prise au sérieux car u n e cause
chez des p e r s o n n e s âgées confuses, affaiblies et lésionnelle est possible. Certains autres signes
confinées au lit. pourront v o u s orienter vers l'étiologie patente
(Point de révision 36.3).

• INCONTINENCE ANALE
• ALTERNANCE CONSTIPATION
Parfois, l'incontinence anale aux fèces est mal
ET DIARRHÉE
interprétée par les patients mais surtout par les
soignants qui les prennent p o u r u n e diarrhée. Bien q u e b e a u c o u p de livres insistent sur cette
Voici quelques c a u s e s : situation c o m m e un signe de cancer du côlon,
• fécalome; elle est très rare en pratique clinique.
Modifications du transit intestinal

Maladie Symptômes
Plicatures du côlon descendant, sigmoïde Douleurs abdominales croissantes de type colique, distension
ou du rectum, malignes ou bénignes parfois saignement avec mucus
Hypothyroïdie Fatigue, prise de poids, frilosité
Ingestion médicamenteuse Antalgique comme la codéine, traitement martial
Dépression Apathie, problèmes de concentration, insomnie
Douleurs à la défécation Fissure anale
Hématémèse

U n v o m i s s e m e n t d e s a n g oriente vers u n s a i -
g n e m e n t provenant de l'œsophage, de l'estomac
ou du d u o d é n u m . Le Point de révision 37.1
détaille les sites les plus fréquents de saignement
intestinal chez les habitants en France.

• CAUSES PROBABLES
Les causes de saignement gastro-intestinal haut
sont très différentes en dehors du R o y a u m e - U n i ,
car elles sont surtout liées à la g r a n d e prévalence Figure 37.1. La rate est souvent palpable chez les
des atteintes hépatiques alcooliques en France, patients avec une hypertension portale, mais
habituellement pas aussi grande que dans ce cas. Des
en Allemagne, en Italie et en A m é r i q u e du N o r d .
signes suggérant une atteinte hépatique chronique
Plus de 50 % des hématémèses sont liées à une peuvent être présents.
cirrhose ou une gastropathie alcoolique. Ailleurs,
d'autres influences peuvent exister, c o m m e une
g r a n d e prévalence de l'ulcère gastrique d a n s c e r -
taines régions des Indes.
Les antécédents seront souvent des éléments
précieux et clairs permettant le diagnostic é c o l o -
gique d'une h é m a t é m è s e (Point de révision 37.1).
De plus, des questions concernant le v o m i s s e -
ment apporteront des informations détermi-
nantes:
• un v o m i s s e m e n t très profus et s a n s effort,
contenant du s a n g relativement frais, est f r é -
quent lors de la rupture de varices (Fig. 37.1
et 37.2) ;
• un v o m i s s e m e n t torrentiel de s a n g rouge vif
signe la rupture d'un anévrisme d a n s l ' œ s o -
phage;
• d e s stries de s a n g survenant après des é p i -
s o d e s prolongés de v o m i s s e m e n t s répétés sont
caractéristiques d'un syndrome de Mallory-
Weiss ;
• un v o m i s s e m e n t de s a n g frais suggère un Figure 37.2. Un vomissement profus est très banal lors
saignement récent (ou en cours) ; du saignement de varices (vue endoscopique).
Hématémèse

Couse Fréquence en % Antécédents principaux (voir aussi chapitre 6)

Œsophagite/Hernie Hiatale 8 Antécédents de reflux acides, brûlures retro-sternales ou


gêne à la déglutition

Saignement de Mallory-Weiss 2 Vomissements récidivants et forcés comme après une


consommation abondante d'alcool, précédent un épisode
d'hématémèse franche

Varices œsophagiennes 5-10 Antécédents anciens d'une importante consommation


alcoolique, cirrhose connue

Érosions gastriques 10 Souvent pas de cause évidente, peuvent être dues à des
médicaments ulcérogènes comme l'aspirine, anti-
inflammatoires non stéroïdiens, stéroïdes

Ulcères gastriques chroniques 30 Antécédents de dyspepsie et de douleurs abdominales


hautes récidivantes

Ulcères duodénaux chroniques 20 Antécédents de dyspepsie et de douleurs abdominales


hautes récidivantes
Duodénite 5 Souvent, pas d'antécédents
Carcinome gastrique 5 Perte de poids, anorexie, dyspepsie, douleurs abdominales

Troubles de la crase sanguine 20


et autres

• un v o m i s s e m e n t de s a n g transformé oriente • tension artérielle c o u c h é e et assise si p o s -


vers un saignement peu a b o n d a n t qui s'est déjà sible. U n e chute de la tension artérielle a v e c
arrêté; modification posturale est un signe de perte
• un vomissement de sang frais avec un sanguine a b o n d a n t e ;
méléna suggère un saignement persistant et • signes cliniques d'anémie.
substantiel;
• de petites quantités de s a n g remanié avec des Observez le v o m i , v o y e z si un méléna est présent
vomissements récidivants chez un patient a n o - et essayez d'évaluer la quantité de s a n g perdue.
rexique peut faire penser à un carcinome g a s - R a p p e l e z - v o u s q u e v o m i r d u s a n g est u n é v é n e -
trique (une h é m a t é m è s e franche est rare d a n s ment dramatique et effrayant pour le patient et
cette maladie). ses o b s e r v a t e u r s ; la quantité perdue pourra être
surestimée.
POINT PRATIQUE Puis, recherchez :

Une voie centrale peut être nécessaire pour • des signes d'une t u m e u r gastrique qui mine
mesurer la pression veineuse centrale ou l'état général ;
administrer des fluides ou du sang rapidement. • des signes de maladie hépatique c h r o n i q u e :
ictère, a n g i o m e s stellaires, hippocratisme digital,
leuconychie et lésions p a l m a i r e s ;
• angiomes des lèvres et de la langue, c o m m e
EXAMEN CLINIQUE dans la télangiectasie hémorragique héréditaire
L'hématémèse est une urgence médicale n é c e s - (syndrome de Rendu-Osler-Weber), qui peuvent
sitant une hospitalisation. affecter l'œsophage et saigner dans le tube digestif.
Vous devez tout d'abord évaluer l'importance et
les répercussions du s a i g n e m e n t : N'attendez pas b e a u c o u p d'information de l'exa-
• pouls; m e n clinique de patients a v e c u n e h é m a t é m è s e :
Causes et symptômes du trouble

• d a n s b e a u c o u p de cas, l'examen peut ne rien


révéler;
• v o u s pourrez palper une m a s s e épigastrique
d'un c a r c i n o m e de l'estomac;
• la rate peut être palpable chez des patients
a v e c une hypertension portale (Fig. 37.1).

Faites un toucher rectal pour rechercher un


méléna. Que s'est-il passé avant?
Des douleurs abdominales?
Des antécédents de dyspepsie?
• QUE FAIRE ENSUITE? Des antécédents de maladie hépatique?
Avez-vous pris récemment des antalgiques, ou
Le diagnostic définitif est p o s é par un examen d'autres médicaments?
e n d o s c o p i q u e du haut appareil digestif.
Hémoptysie

L'hémoptysie est un s y m p t ô m e alarmant p o u r le


patient, car il é v o q u e le spectre de la tumeur,
particulièrement chez les fumeurs. A p r è s d e s
Habituellement graves Habituellement peu
examens complémentaires adaptés, b e a u c o u p
graves
d'entre eux n'auront q u e des lésions bénignes.
Grande quantité de Traces ou épisode unique
La première chose à faire est d'estimer si l'hémo-
sang*
ptysie est grave. Quelques indications simples de
Anciens fumeurs* Non-fumeur
la gravité éventuelle d'une hémoptysie sont p r é -
sentées d a n s le Point de révision 38.1, mais r a p p e - Chirurgie récente et/ou Actif
lez-vous qu'il ne s'agit que de points d'orientation immobilité prolongée*

et n o n pas de recommandations strictes. Spontanée ou Infection respiratoire


récidivante haute ou basse récente

Âge moyen ou grand âge Jeune


• QUAND PRÉVOIR
Avec d'autres symptômes
DES EXAMENS comme une perte de poids*
COMPLÉMENTAIRES URGENTS? * Requièrent des examens complémentaires et un traite-
A l o r s q u e les patients avec une h é m a t é m è s e et ment urgents.
un méléna nécessitent une prise en charge
urgente à l'hôpital, ce n'est pas forcément le cas
avec l'hémoptysie.
Parmi les patients qui présentent une hémoptysie,
il y a quatre situations nécessitant de toute
urgence des examens complémentaires, une prise
• AUTRES CAUSES
en charge et un traitement adapté. Ces situations
D'HÉMOPTYSIE
d'urgence s o n t : A p r è s avoir évalué si votre patient h é m o p t y s i q u e
• des crachats d'une quantité a b o n d a n t e de nécessite ou n o n u n e prise en c h a r g e et des e x a -
sang. Cette quantité n'est pas strictement définie, m e n s complémentaires urgents, votre tâche sera
mais à partir de 200 ml par 24 heures, le taux de de poser un diagnostic précis en gardant en
mortalité est é l e v é ; m é m o i r e que, chez b e a u c o u p de patients, on ne
• une hémoptysie chez un fumeur d'âge retrouvera aucune étiologie (Point de révi-
m o y e n ou â g é est d u e à u n e t u m e u r bronchique, sion 38.2).
jusqu'à preuve du contraire;
• u n e hémoptysie en postopératoire ou après
une immobilité prolongée, en particulier si elle • QUE FAIRE ENSUITE?
est associée à une pleurésie, a toutes les c h a n c e s
d'être u n e embolie pulmonaire et nécessite des La b r o n c h o s c o p i e est indiquée si le diagnostic
examens complémentaires u r g e n t s ; est incertain, ou si les examens cliniques et l'ima-
• u n e hémoptysie associée à des s y m p t ô m e s gerie sont négatifs alors q u ' u n e c a u s e grave
systémiques. reste possible.
Causes et symptômes du trouble

Fréquence Maladie Présentation clinique

Commun Infections respiratoires, Signes d'infection respiratoire. Hémoptysie rarement


particulièrement pneumonie abondante

Dilatation des bronches Récidivantes avec crachats abondants

Embolie pulmonaire Période post-opératoire ou alitée. Souvent associée avec


une pleurésie avec infarctus d'un segment pulmonaire
Tuberculose pulmonaire* En phase active et inactive
Carcinome bronchique Souvent le premier signe de la maladie
Traumatisme thoracique Surtout en cas de fracture de côtes

Moins fréquents Sténose mitrale* Rare dans les pays développés, toujours fréquent en Inde,
en Afrique et en Extrême Orient. Hémoptysies faibles et
récidivantes

Rares Tumeurs bénignes comme Souvent le seul symptôme


un adénome bronchique

Malformations artério-veineuses Souvent le seul symptôme


Troubles de la erase Signes de saignement anormal ailleurs

Aspergillome Signes de la maladie principale


Vascularite pulmonaire

Corps étranger Surtout chez les enfants


* Fréquent dans les pays en voie de développement.
Ictère

Un ictère peut être u n e affaire compliquée. H a b i - • une a n o r e x i e ;


tuellement, le principal p r o b l è m e clinique est de • une fièvre;
savoir si l'ictère est dû à : • un m a l a i s e ;
• une maladie du foie l u i - m ê m e et la c o n s é - • des douleurs d o r s a l e s ;
quence d'une hépatite ou d'une c i r r h o s e ; • des douleurs abdominales supérieures depuis
• un défaut d'évacuation de la bile ou un ictère quelques j o u r s ;
obstructif. • des urines foncées signes d'un ictère type
cholestase;
Les autres causes fréquentes, comme une • la durée de l'ictère (typiquement une ou deux
hémolyse aiguë, posent rarement des problèmes semaines).
diagnostiques car c'est l'anémie et n o n l'ictère
qui d o m i n e le tableau clinique. Si v o u s notez une Souvent, la maladie peut durer pendant plusieurs
peau couleur citron, cette situation est c a r a c t é - semaines. Le retour de l'appétit a n n o n c e la r é c u -
ristique d'une hyperbilirubinémie non conju- pération, qui s'étire sur plusieurs semaines,
guée, résultant d'une destruction massive de a c c o m p a g n é e d'une grande fatigue et d'un m a u -
globules rouges. La présence d'ulcères aux vais état général.
membres inférieurs et d'une splénomégalie
oriente vers une a n é m i e hémolytique, en parti-
culier vers une des hémoglobinopathies. Hépatite A
En sachant tout cela, le meilleur conseil q u e n o u s
donnerions à des étudiants en médecine ou à L'hépatite A se propage en ingérant de la n o u r -
des jeunes médecins, c'est de rester simple. riture ou un breuvage c o n t a m i n é : c'est la c o n t a -
mination oro-fécale. Des épidémies peuvent
survenir en France mais la plupart d e s cas sont
• RECUEILLEZ LES ANTÉCÉDENTS sporadiques, particulièrement chez les enfants et

DE MANIÈRE DÉTAILLÉE les jeunes adultes. Recherchez chez votre


patient:
Chez la majorité des patients avec un ictère, v o u s • un v o y a g e d a n s des régions à l'hygiène incer-
serez surpris de p o u v o i r poser un diagnostic taine, en particulier les régions subtropicales et
exact simplement à partir des antécédents. tropicales, au cours des trois à six semaines p r é -
Pour beaucoup de patients, la cause de l'ictère cédentes ;
est liée à leur â g e et à leurs habitudes de vie, • des signes précurseurs depuis quelques jours.
comme le montre le Point de révision 39.1
La plupart des patients vont récupérer de manière
satisfaisante. V o u s pourrez rassurer votre patient
• HÉPATITE INFECTIEUSE (Fig. 39.1) et lui dire:
• q u e le pronostic est b o n ;
Ici, la maladie principale oriente vers le d i a g n o s - • qu'il n'y a pas de porteur s a i n ;
tic. Recherchez : • q u e l'hépatite chronique A n'existe p a s ;
Causes et symptômes du trouble

Figure 39.1. Que


rechercher chez un adulte
jeune avec un ictère aigu.

• q u e l'hépatite fulminante complique rarement • u n e période d'incubation plus longue, de six


u n e hépatite A. semaines à six mois (et parfois plus longue
encore) ;
• les antécédents d'arthralgies et d'éruptions.
Hépatite B L'évolution clinique de la maladie est bien-plus
variable d'une affection bénigne à l'atteinte ful-
L'hépatite B se propage par le s a n g ou des minante, avec un taux de mortalité appréciable.
liquides corporels contaminés. V o u s devez s u s -
pecter une hépatite B chez un patient qui p r é -
sente une hépatite infectieuse et qui appartient à Hépatite C
un des g r o u p e s à risque présentés d a n s le Point
de révision 39.1. V o u s pourrez habituellement L'atteinte aiguë est maintenant rarement obser-
distinguer u n e hépatite B d'une hépatite A p a r : v é e après une transfusion sanguine, en raison
Ictère

Croupes ou populations à risque Maladie

Enfants/adultes jeunes; voyageurs; mangeurs hasardeux; guides de vacances Hépatite A


depuis la Méditerranée aux tropiques; contacts étroits
Toxicomanes (intraveineux) ; promiscuité sexuelle ; homosexuels ; cicatrices Hépatite B
d'injection à l'aiguille; professionnels de santé

Quiconque a bénéficié d'une transfusion sanguine; toxicomanes (intraveineux) Hépatite C


Patients du sous-continent Indien au contact d'infections transmises par l'eau Hépatite E

Enfants et jeunes adultes Mononucléose infectieuse.


Cytomégalovirus

Barmans, hôteliers, population du monde des loisirs et des jeux Hépatite alcoolique ou cirrhose

Femmes âgées ou d'âge moyen Cirrhose biliaire primitive


Hépatite chronique active

Patients traités par médicaments psychotropes, dopés pour accroître les Ictère médicamenteuse.
performances sportives, médicaments pour une autre maladie principale
Patients soumis à un risque d'accidents industriels Ictère toxique

Ictère récidivant en fin de grossesse Ictère de cholestase de la


grossesse

Âge moyen ou avancé Ictère obstructif dû à un


carcinome pancréatique ou de la
voie biliaire principale

Âge moyen et avancé (plus de femmes que d'hommes) Calculs de la voie biliaire
principale + / - angiocholite

de son dépistage systématique d a n s les produits des adenopathies généralisées;


dérivés du s a n g ; elle survient après des injec- • des éruptions c u t a n é e s ;
tions intraveineuses de d r o g u e s , partout d a n s le • une splénomégalie.
monde.
Intéressez-vous à la santé du partenaire de votre
patient: les baisers sont u n e v o i e de c o n t a m i n a -
Hépatite E tion classique chez les adolescents.

Cette maladie se dissémine par la voie o r o - POINT PRATIQUE


fécale, et elle est s o u v e n t difficile à différencier Le syndrome de Gilbert peut provoquer un ictère
cliniquement d'une hépatite A autrement q u e modéré intermittent chez les personnes en bonne
par des d o s a g e s sérologiques. Toutefois, elle est santé. L'ictère s'aggrave lors d'une maladie
intercurrente comme la grippe.
souvent confinée au sous-continent indien.

• L'ICTÈRE, SYMPTÔME Les infections à cytomegalovirus et la t o x o p l a s -


m o s e peuvent se présenter de manière similaire.
D'UNE AUTRE MALADIE
Si votre patient a des activités de loisirs sur d e s
L'ictère peut être un signe clinique d'autres m a l a - canaux, des rivières ou des lacs, et qu'il présente
dies infectieuses, comme la mononucléose une hématurie et u n e insuffisance rénale, pensez
infectieuse. Suspectez-la si v o u s retrouvez: aux infections transmises par l'urine des rats
> une gorge rouge et s a l e ; c o m m e la leptospirose ictéro-hémorragique.
Causes et symptômes du trouble

• ICTÈRE MÉDICAMENTEUX
L'étiologie de l'atteinte hépatique c h r o n i q u e varie
B e a u c o u p de médicaments sont toxiques pour selon la région du m o n d e ; le Point de r é v i -
les hépatocytes. L'ictère peut être lié à la d o s e sion 39.3 présente le diagnostic qui peut être
administrée (il survient invariablement après un p o s é a v a n t q u e les tests sérologiques et la b i o p -
surdosage de paracétamol) ou imprévisible, sie hépatique ne le précisent.
suite à la prise d'un simple c o m p r i m é pris des On croit s o u v e n t q u e la cirrhose est le seul effet
semaines auparavant. Ces réactions idiosyncra- de l'intoxication alcoolique. Ceci n'est p a s vrai.
siques conduiront à de réelles difficultés d i a - L'hépatite alcoolique aiguë (incluse d a n s le Point
gnostiques. Certains médicaments peuvent de révision 39.3 pour des raisons pratiques) et la
p r o v o q u e r un ictère de manière imprévisible et stéatose hépatique sont d'autres complications
sont présentés d a n s le Point de révision 39.2. fréquentes.
Suspectez un ictère médicamenteux lorsque :
• un patient â g é présente u n e atteinte de type
hépatitique; • ICTÈRE OBSTRUCTIF
• il existe u n e relation claire entre la prise du
m é d i c a m e n t et les débuts de l'ictère (habituelle- Le diagnostic d'obstruction biliaire e x t r a - h é p a -
ment une à six s e m a i n e s ) ; tique est habituellement facile. Il t o u c h e le plus
• lorsque le type d'ictère c o r r e s p o n d à celui s o u v e n t des p e r s o n n e s â g é e s o u d'âge m o y e n .
p r o v o q u é par ce m é d i c a m e n t ; La douleur est un s y m p t ô m e important:
• il existe une urticaire associée. • un ictère n o n douloureux qui f o n c e p r o g r e s -
sivement (jusqu'à u n e couleur vert olive), a c c o m -
POINT PRATIQUE p a g n é d'urines foncées (qui contiennent de la
Un ictère peut être dû à une congestion hépatique bile) et de selles décolorées (sans bile), est h a b i -
par une insuffisance cardiaque. tuellement dû à un c a r c i n o m e de la tête du p a n -
créas ou à un c h o l a n g i o c a r c i n o m e ;
• des calculs surviennent f r é q u e m m e n t chez
les j e u n e s femmes. Un calcul qui s'enclave d a n s
la voie biliaire principale p r o v o q u e u n e colique
hépatique très douloureuse.

Halothane Methyldopa La loi de Courvoisier suggère de manière relati-


Chlorpromazine Rifampicine vement fiable q u e lorsque la vésicule biliaire est
palpable, l'ictère est dû à un carcinome (Fig. 39.2).
Co-trimoxazole Amoxicilline
Le contraire n'est pas fiable, c'est-à-dire un ictère
Phenelzine Flucloxacilline
obstructif s a n s vésicule palpable (non dilatée)
peut être dû à des calculs.
Un ictère obstructif p r o v o q u e u n e dilatation des
voies biliaires, bien visible à l'échographie. Si les
voies biliaires ne s o n t pas dilatées, voici les p o s -
sibilités:
• MALADIES HÉPATIQUES
• les voies biliaires n'ont pas eu le temps de se
CHRONIQUES
dilater;
L'ictère est un signe relativement tardif des m a l a - • le patient est d a n s la phase de cholestase
dies chroniques hépatiques, apparaissant avec d'une hépatite infectieuse;
d'autres stigmates de ces atteintes c o m m e : • c'est une réaction de cholestase m é d i c a m e n -
• les a n g i o m e s stellaires; teuse.
• un é r y t h è m e p a l m a i r e ;
• un hippocratisme digital (cf. chapitre 2).
Ictère

Maladie Distribution géographique Signes cliniques orientant vers cette étiologie

Cirrhose Amérique du Nord ; Europe ; Signes d'intoxication alcoolique avec un visage pléthorique,
alcoolique large distribution dans le monde un faciès cushingoïde, un tremblement, une sudation
abondante.
Signes de cirrhose: le foie peut être atrophique, de taille
normale ou excessive, splénomégalie, stigmates de MHC,
ascites et œdème.

Hépatite Comme ci-dessus Peut être le résultat d'une « cuite ». Hépatomégalie sensible.
alcoolique* Rate normale. Pas forcément de signes de MHC, sauf signes
de cirrhose associée.
Stéatose Comme ci-dessus Ictère rare. Importante hépatomégalie. Pas de splénomégalie.
hépatique Pas forcément de signes de MHC, sauf signes de cirrhose
alcoolique associée.

Hépatite B Partout dans le monde mais Pas de signe spécifique sauf ceux de MHC.
chronique fréquent sous les tropiques
Hépatite C Partout dans le monde Pas de signe spécifique sauf ceux de MHC.
chronique
Cirrhose Europe Occidentale Presque exclusivement des femmes âgées ou d'âge moyen.
biliaire Prurit sévère. Marques de grattage. Pigmentation. Signes
primitive de MHC.

Hépatite Europe et Amérique du Nord Signes de MHC. Autres phénomènes auto-immuns.


chronique
active
* Pas exactement une maladie chronique hépatique.

Vésicule biliaire normale Mucocèle de la vésicule Carcinome de la tête du pancréas


Non palpable Calculs dans le collet Voies dilatées
Voies non dilatées Vésicule dilatée
Vésicule distendue et palpable Hépatomégalie homogène

Figure 39.2. Lorsque la vésicule est palpable, l'ictère est probablement dû à un carcinome.
Anémie et adénopathies

Il existe des maladies d a n s lequel le diagnostic SYMPTÔMES LIÉS


final nécessite une numération formule sanguine
et d'autres examens complémentaires h é m a t o l o -
À LA CAUSE DE L'ANÉMIE
giques. Toutefois, le médecin qui observe un H y p e r t r o p h i e s g a n g l i o n n a i r e s . D a n s les
patient a n é m i q u e pour la première fois doit être l y m p h o m e s , elles peuvent être le s y m p t ô m e
capable de poser un diagnostic réaliste à partir principal.
de l'examen clinique.
F i è v r e e t t r a n s p i r a t i o n . Surtout nocturnes,
elles sont des signes de l y m p h o m e diffus.
• SYMPTÔMES COMMUNS
P r u r i t . S a n s éruption cutanée, ce signe doit
À TOUS LES PATIENTS ANÉMIQUES
orienter vers u n e maladie sous-jacente grave
Voici ceux qui s o n t simplement liés à un taux c o m m e le l y m p h o m e .
d'hémoglobine b a s :
Susceptibilité aux infections.
F a t i g u e . C e s y m p t ô m e n o n spécifique est
principalement lié à la vitesse de chute du taux D o u l e u r s . D e s d o u l e u r s o s s e u s e s peuvent
d'hémoglobine. Par exemple, une diminution sur signifier une atteinte infiltrante de la moelle
plusieurs mois à 7 g/dl peut ne s ' a c c o m p a g n e r o s s e u s e c o m m e le m y é l o m e .
d'aucun s y m p t ô m e , alors q u ' u n e chute rapide en
un j o u r ou deux à la suite d'un saignement peut
p r o v o q u e r une fatigue et une faiblesse sévères. • SIGNES CLINIQUES
Un taux d ' h é m o g l o b i n e léger, inférieur à 10 g/dl,
À RECHERCHER
p r o v o q u e rarement des s y m p t ô m e s .
CHEZ UN PATIENT ANÉMIQUE
P â l e u r . Certains patients et leur entourage
peuvent noter une pâleur croissante.
Anémie
Le diagnostic clinique d'une anémie est difficile.
D y s p n é e (en a b s e n c e d e m a l a d i e s c a r - La conjonctive d'une personnes âgée en bonne
d i a q u e o u r e s p i r a t o i r e ) . Notez q u ' u n e a n é m i e santé est souvent pâle, alors q u e d a n s l'anémie
sévère peut p r o v o q u e r u n e insuffisance c a r - elle peut être rougie par des excès de frottements
diaque par chute de la post-charge. ou une conjonctivite. Pour diagnostiquer une
anémie, v o u s devrez examiner le lit des ongles, les
Saignements et ecchymoses exagérés. doigts et la langue. Ce n'est que lorsque le taux
Cette situation peut être présente d a n s les leucé- d'hémoglobine chute en dessous de 7 ou 8 g/dl
mies ou d a n s les troubles de la coagulation. q u e l'anémie peut être diagnostiquée de manière
assurée sur des bases cliniques. V o u s pourrez
différentier les types d'anémie par les signes
associés présentés d a n s le Point de révision 40.1
Anémie et adenopathies

Site Déficit en fer Déficit en B12 ou folate Anemie hemolytique

Sclère Blanche Peut être ictérique Ictérique

Ongles Koïlonychie, si l'anémie Normaux mais peuvent


est sévère et chronique présenter un hippocratisme
(Fig. 40.1) par malabsorption

Langue Lisse* Lisse et chargée* Normale

Lèvres Cheilose Cheilose Normale

Fond d'œil Normal Hémorragies rétiniennes Normale


si l'anémie est sévère

Ulcères de jambe Inexistants Inexistants Fréquents dans les hemoglobinopathies

Splénomégalie Rare Rare Fréquente sauf dans la drépanocytose


* cf. Fie. 6.6.

Figure 40.1. Koïlonychie. C'est un signe de carence


martiale et de l'anémie chronique secondaire. Elle est
rare dans le monde occidental mais fréquente dans les
pays en voie de développement. Les ongles ont la
forme d'une cuillère, présentent des rainures
longitudinales et sont excessivement cassants.

Saignements excessifs
Cette situation se manifeste p a r :
• un purpura: saignements spontanés des
petits vaisseaux de la p e a u (Fig. 40.2) et des
m u q u e u s e s ; les lésions ont quelques millimètres
de diamètre, ne blanchissent pas à la pression et
s'atténuent en quelques j o u r s en prenant u n e
couleur b r u n â t r e ; Figure 40.2. Purpura dans le purpura de Henoch-
• des e c c h y m o s e s , grands bleus de la peau. Schönlein. Le purpura est une extravasation cutanée qui
(Fig. 40.3); a habituellement quelques millimètres de diamètre, ne
blanchit pas à la pression et s'atténue en quelques
• d e s saignements trop a b o n d a n t s du nez, de
jours en une couleur brunâtre. Il est habituellement dû
la b o u c h e , des reins ou du tractus digestif; à une thrombocytopénie ou à une atteinte des
• d e s saignements internes d a n s les articula- vaisseaux sanguins comme dans le purpura
tions ou les espaces rétropéritonéaux. anaphylactique ou de Henoch-Schönlein.
Causes et symptômes du trouble

Origines du saignement Causes Sites fréquents de saignement


Thrombocytémie Infiltration de la moelle osseuse Peau, nez, système nerveux central, fonds d'oeil
Médicaments (y compris
chimiothérapie)
Purpura thrombocytopénique
idiopathique

Lésions vasculaires Vascularites Peau (purpura), tractus digestif, reins

Infections par ex. Meningococcus Peau (purpura)


Purpura d'Henoch-Schônlein Peau (purpura), reins, tractus digestif
Médicaments

Scorbut Peau (purpura)


Peau et muqueuses
Défaut de coagulation Déficits héréditaires, de la Tissus mous et articulations
coagulation par exemple
Hémophilie
Maladies hépatiques

Surdosage en anticoagulants Sites variés


Tractus digestif, peau, espace rétro-péritonéal
et autres sites variés

Hyperviscosité Macroglobulinémie Fond d'oeil, nez et peau

maladies hématologiques, ce qui a été discuté


d a n s le chapitre 6 (Fig. 6.21 à 6.23). Sa taille doit
être mesurée en centimètres c o m m e la distance
maximale sous-jacente et médialement au
rebord costal g a u c h e .

Figure 40.3. Ecchymoses chez une patiente avec des Adénopathie


troubles sévères de la coagulation dus à une nécrose
hépatique aiguë.
Vous devrez garder en mémoire un certain
n o m b r e de points lorsque v o u s évaluerez la
Le saignement d a n s diverses maladies h é m o r r a - taille d'une a d é n o p a t h i e :
giques a d e s caractéristiques bien spécifiques • b e a u c o u p de p e r s o n n e s n o r m a l e s ont des
qui sont résumées d a n s le Point de révision 40.2. ganglions lymphatiques palpables d a n s le cou,
Cette liste n'est pas exhaustive. les régions axillaires et inguinales; mais les a d e -
nopathies de plus de 1,5 cm de diamètre sont
POINT PRATIQUE toujours s u s p e c t e s ;

Un purpura est le signe habituel d'une maladie • le tissu l y m p h o ï d e tend à s'atrophier a v e c


grave et une numération formule sanguine urgente l'âge; c'est p o u r q u o i les p e r s o n n e s j e u n e s ont
est nécessaire. des a d e n o p a t h i e s plus v o l u m i n e u s e s q u e les
personnes â g é e s ;
• les traumatismes récurrents des mains et d e s
Splénomégalie
bras chez les fermiers ou les jardiniers peuvent
La signification et l'évaluation de la taille de la p r o v o q u e r u n e a u g m e n t a t i o n m o d é r é e des g a n -
rate sont essentielles chez d e s patients aux glions axillaires;
Anémie et adénopathies

• les ganglions épitrochléens ne s o n t habituel- Les adénopathies palpables évoluent de manière


lement j a m a i s palpables chez les p e r s o n n e s en systématique de la nuque vers la région s u b m e n -
bonne s a n t é ; tale, puis la région thyroïdienne et finalement la
• des ganglions mandibulaires peuvent être région carotidienne. Attention à la région située à la
touchés de manière récidivante au c o u r s de l'en- partie inférieure du muscle sterno-cléido-mastoï-
fance et rester palpables tout au long de la vie. dien où les adénopathies peuvent facilement p a s -
ser inaperçues. Palpez les adénopathies axillaires
en v o u s asseyant face à votre patient Glissez votre
main gauche dans la région axillaire droite du
patient, et vice versa de l'autre côté. Disposez v o s
doigts en crochet lorsque v o u s palpez très haut
dans la région axillaire pour ne pas manquer des
adénopathies supérieures de la paroi médiale.

POINT PRATIQUE
Apprenez à palper les adénopathies
épitrochléennes. Si elles ont augmenté de taille
sans aucune cause locale, votre patient a
Figure 40.4. Volumineuses adénopathies axillaires chez probablement une lymphoadénopathie diffuse.
un patient âgé avec une leucémie lymphoïde chronique.

Groupe Maladie Fréquence relative Fréquence relative


d'une adénopathie d'une adénopathie généralisée
généralisée chez un adulte plus âgé
chez un adulte jeune

Infection Mononucléose infectieuse Fréquente Toutes devenant plus rares avec l'âge

Cytomegalovirus Occasionnelle

Rubéole Fréquente
Toxoplasmose Occasionnelle
Brucellose Occasionnelle
Syphilis secondaire Occasionnelle

Adenopathies généralisées Occasionnelle


persistantes
Réponse aspécifique Fréquentes
à des infections virales
Leucémie Aiguë Occasionnelle Occasionnelle

Lymphoïde chronique Inexistante Assez fréquente (Fig. 40.4)

Lymphome Maladie de Hodgkin Adénopathies diffuses À la phase tardive seulement


à la phase tardive
Non hodgkinien Occasionnelle Assez fréquente

Carcinomatose Occasionnelle Occasionnelle

Tuberculose Fréquentes adénopathies Fréquentes adénopathies régionales


régionales mais rarement mais rarement généralisées
généralisées

Sarcoïdose Occasionnelle Occasionnelle


Causes et symptômes du trouble

Les principales causes d'adénopathies sont p r é -


sentées d a n s le Point de révision 40.3.

Infections
Elles compliquent s o u v e n t les a n é m i e s et les
atteintes hématologiques malignes. De manière
générale, elles sont le résultat:
• d'une neutropénie, c o m m e d a n s les leucé-
mies, lorsque les patients ont u n e infiltration de
la moelle o s s e u s e ou une chimiothérapie. Infec-
tions variées et/ou septicémie.
• d'une immunosuppression, d u e a u virus de
l'immunodéficience h u m a i n e (VIH), m y é l o m e o u
une atteinte maligne. La moniliase et autres
infections opportunistes sont fréquentes.
• d'un hypersplénisme, c o m m e d a n s un s y n -
d r o m e de Felty.

• SYNDROMES
MYÉLOPROLIFÉRATIFS

POINT PRATIQUE
Dans le monde occidental, une volumineuse
splénomégalie a toutes les chances d'être due à
une myélosclérose ou à une leucémie myéloïde
ou lymphoïde chronique.
Figure 40.5. Signes cliniques de la polycythémie
essentielle.

Ce g r o u p e de maladies est caractérisé par une


prolifération d'un ou plusieurs des constituants
de la moelle osseuse. Elles sont très liées.
D e s f o r m e s de transition apparaissent et l'évolu- • ÉVOQUEZ LA POSSIBILITÉ
tion de l'une vers l'autre peut survenir au c o u r s D'UNE HÉMOGLOBINOPATHIE
de la maladie. Les maladies les plus fréquentes
de ce g r o u p e s o n t : Ce sont des maladies relativement fréquentes
• la polycythémie (Fig. 40.5); d a n s certaines parties du m o n d e , caractérisées
• la leucémie myéloïde c h r o n i q u e ; par la production d'une h é m o g l o b i n e atypique
• la t h r o m b o c y t é m i e essentielle ; ou par l'arrêt de la synthèse d'une hémoglobine
• la myélosclérose. normale. Les maladies les plus importantes sont
la d r é p a n o c y t o s e et la thalassémie (Fig. 40.6).
La splénomégalie est un signe fréquent de ces
maladies; elle peut être volumineuse d a n s la l e u -
cémie myéloïde chronique et dans la myélosclé- Drépanocytose
rose. Les signes cliniques de la polycythémie sont
résumés d a n s le Point de révision 40.5. Rappelez- La drépanocytose est fréquente chez les per-
v o u s qu'il y a plusieurs causes physiopatholo- sonnes noires en Amérique, en Afrique. C'est la
giques de la polycythémie (Point de révision 40.4). forme h o m o z y g o t e qui supporte une morbidité
Anémie et adénopathies

Primitive Polycythémie

Secondaire (anoxique) Résidence à haute altitude


Maladies cardiaque ou pulmonaire

Tabagisme intense

Secondaire (sécrétion inappropriée d'érythropoïétine) Maladie rénale comme carcinome, hydronéphrose

Hémangioblastome cérébelleux
Fibrome utérin

Relative Polycythémie de stress


Déshydratation

Perte de plasma, par exemple. Brûlures

Mauvais développement, Croissance chétive, Petite taille

p e r f o r m a n c e s scolaires r a r e m e n t plus de 1,50 m


modestes
(a) (b) (c)

Figure 40.6. Signes cliniques des hemoglobinopathies, (a) Un jeune enfant avec une drépanocytose Hb-SS. (b) Un
jeune adulte avec une drépanocytose Hb-SS. Dans cette maladie, la croissance est ralentie et le développement
intellectuel altéré. Dans l'enfance, la rate augmente de volume, mais au fur et à mesure des années elle devient plus
petite à la suite d'épisodes récidivants d'infarctus spléniques. La dactylite survient principalement au cours de
l'enfance, (c) Signes cliniques chez un adolescent blanc avec une thalassémie majeure.
Causes et symptômes du trouble

et une mortalité significatives. Les signes cliniques leur espérance de vie est limitée à la période
principaux chez l'enfant et l'adulte sont présentés adulte.
sur les schémas. D a n s les formes hétérozygotes
(10 à 20 % des noirs), les complications sont
rares, à l'exception de complications anoxiques.

L'anémie est un caractère secondaire de nombreuses


Thalassémie maladies.
Recherchez les symptômes associés et des signes
La thalassémie se retrouve d a n s de n o m b r e u s e s qui peuvent orienter vers le diagnostic principal.
régions du m o n d e , à l'intérieur d'une z o n e g é o - Ne cherchez pas à diagnostiquer une anémie
graphique s'étendant autour de la région m é d i - modérée sur des bases cliniques.
terranéenne, le M o y e n - O r i e n t , le sous-continent Ne posez un diagnostic définitif qu'avec la
indien et l'Asie du S u d - E s t . Les enfants a v e c la numération formule sanguine et d'autres examens
appropriés.
forme homozygote B sont chétifs a v e c des
Pensez aux hémoglobinopathies devant une anémie
visages d'écureuil d u s à l'élargissement de la
apparemment inexpliquée chez un patient
moelle o s s e u s e d e s os du visage et du crâne. Ils
appartenant au bon groupe ethnique.
ont une importante spléno-hépatomégalie et
Déficit moteur des membres

ÉTAPES PRINCIPALES • une atrophie diffuse. Elle survient habituelle-


ment chez des patients qui sont restés i m m o -
Les causes possibles d'un déficit progressif des biles ou alités;
m e m b r e s dépendent b e a u c o u p de l'âge et de • u n e arthrose. L'atrophie est localisée aux
l'état général du patient, mais d a n s tous les cas groupes musculaires autour des articulations
v o u s devrez l'interroger et préciser: touchées.
• l'évolution d a n s le t e m p s : le déficit a-t-il été
inexorablement progressif ou fluctuant? A p r è s avoir éliminé ces causes, v o u s pouvez
• la répartition du déficit musculaire: est-elle évoquer des lésions du faisceau corticospinal ou
diffuse ou localisée à certains g r o u p e s m u s c u - de la corne antérieure, u n e neuropathie, une
laires particuliers? atteinte de la transmission neuromusculaire ou
• atrophie: les muscles deviennent-ils plus minces? d'autres atteintes musculaires acquises.
• maladies associées : le patient est-il diabétique ?
• autres s y m p t ô m e s associés : y a-t-il des t r o u -
bles sensitifs ? Lésions du tractus corticospinal
• antécédents familiaux: d'autres m e m b r e s de
(pyramidal)
la famille sont-ils t o u c h é s ?
Le déficit est plus m a r q u é au niveau des muscles
Devant un enfant ou un jeune adulte touché abducteurs et extenseurs de l'épaule, des exten-
p a r u n d é f i c i t p r o g r e s s i f , v o u s devrez s u s p e c - seurs du poignet, des fléchisseurs de la hanche et
ter u n e myopathie ou une dystrophie m y o t o - des fléchisseurs dorsaux du pied. La lenteur de la
nique. V o u s d e v e z : contraction, la maladresse et la raideur peuvent
• rechercher attentivement u n e probable h i s - être plus handicapantes q u e le déficit musculaire.
toire familiale; Recherchez des signes de paraparésie spastique
• établir quels sont les groupes musculaires et de ses causes possibles: compression m é d u l -
touchés. Les syndromes de Duchenne, facio- laire, sclérose en plaques, maladie c é r é b r o - v a s -
scapulo-huméral et amyotrophique des ceintures culaire et myélopathie cervicale.
ont des signes très caractéristiques;
• rechercher une dystrophie myotonique.
L'apparence du visage est caractéristique, et si Maladies du motoneurone
v o u s serrez les mains de votre patient, il aura des
difficultés à a c c o m p a g n e r le mouvement. La perte sélective des motoneurones périphériques
affecte le pont, la moelle allongée et la moelle é p i -
Si vous examinez un patient gravement nière; celle des motoneurones centraux intéresse
a t t e i n t e t â g é , é v o q u e z des causes n o n n e u r o - le gyrus précentral. Le déficit musculaire des
logiques: membres peut résulter de deux syndromes cli-
• u n e asthénie générale. Recherchez une perte niques. Dans l'amyotrophie progressive, le déficit,
de poids, u n e fragilité générale ou u n e atteinte l'atrophie et les fasciculations des muscles, en
maligne; particulier des petits muscles de la main, sont dus
Causes et symptômes du trouble

à une perte de motoneurones périphériques.


D a n s la sclérose latérale amyotrophique (SLA), la
dégénérescence des motoneurones centraux Monde occidental :
p r o v o q u e un déficit musculaire, une spasticité, un Causes inconnues*
clonus, une hyperréflectivité ostéotendineuse Diabète*
Alcool*
avec des réflexes cutanés plantaires en extension.
Déficit en vitamine B ] 2

Médicaments (isoniazide, vincristine)


Arthrite paranéoplasique
Neuropathies périphériques Amyloïdose
Héréditaire (atrophie musculaire péronière)
Post-infectieuse (Guillain Barré)
C'est un s y n d r o m e fréquent dû à un très g r a n d
n o m b r e de maladies (Point de révision 41.1). Tropiques, comme ci-dessus plus :
V o u s devez rechercher: Lèpre*
Pellagre
• un déficit sensitif symétrique distal, touchant
Déficit en thiamine
plus les j a m b e s q u e les m a i n s ;
* Fréquent.
• un déficit musculaire symétrique distal avec
atrophie ;
• u n e abolition des réflexes tendineux, en p a r - Maladies musculaires acquises
ticulier des réflexes achilléens.
Ce g r o u p e rare de maladies est caractérisé par un
déficit et une atrophie des muscles des membres.
Maladies de la transmission Elles peuvent être dues à des maladies inflamma-
toires acquises, médiées imunologiquement,
neuromusculaire
c o m m e la polymyoside et la d e r m o t o m y o s i d e et
La myasthénie est rare. La fatigabilité est le signe sont secondaires à des causes très variées
le plus typique qui la distingue des autres causes c o m m e l'hyperthyroïdie o u une corticothérapie.
de déficit musculaire. La myasthénie t o u c h e s o u -
vent les muscles oculomoteurs, mais peut aussi
affecter les muscles de la déglutition et de la
• EN RÉSUMÉ
parole, les muscles cervicaux, des ceintures et du Un résumé des sites, de la fréquence des lésions
tronc. Les groupes musculaires distaux sont et des situations cliniques en c a u s e est présenté
rarement touchés. d a n s le Point de révision 41.2.

Amyotrophie diffuse due à Lésions du tractus corticospinal Lésions des motoneurones centraux
une sous-alimentation ou dans la sclérose en plaques, et périphériques**
une maladie maligne* myélopathie cervicale*
Atrophie diffuse Souvent raideur ou maladresse Amyotrophie généralisée, déficit et
Tous les muscles sont faibles plutôt qu'un déficit fasciculations de groupes musculaires
et atrophiés

Pas de fasciculations Pas de fasciculations. Spasticité Pas de déficit sensitif


Pas de déficit sensitif Réflexes vifs Pas de déficit sensitif
Réflexes normaux Cutanés plantaires en extension Progressivement croissant puis fatal
Neuropathie périphérique* Défauts de transmission synoptique Myopathie par exemple dystrophie
comme la myasthénie** musculaire mais associée à de très
nombreuses maladies**
Atrophie distale et déficit des muscles Déficit musculaire sans atrophie Déficit et atrophie de certains groupes
Jambes plus touchées que les bras Déficit musculaire fluctuant musculaires touchés selon la maladie
Signes et symptômes des déficits sensitifs tout au long de la journée causale.
Nombreuses causes (Point de révision 41.1.) avec une fatigabilité Soit héréditaire, soit métabolique,
soit inflammatoire
* Fréquent. ** Rare.

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