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médicale
David Gray D M , M P H , FRCP
Reader in Medicine and Honorary Consultant Physician,
Department of Medicine, Queen's Medical Centre, Nottingham, UK
Traduction de:
Marc Braun
Professeur des universités, praticien hospitalier,
faculté de médecine et C H U de Nancy
m MASSON
Avant-propos
Notre objectif principal en éditant ce livre est de fournir un petit guide simple et pratique pour les étu-
diants, durant leurs premiers jours de pratique clinique. Pour être un bon médecin, il faut apprendre à
écouter les patients pour comprendre leurs symptômes et les examiner en mettant à profit notre sens
clinique. L'acquisition de ces savoir-faire est indéniablement la tâche la plus importante au cours de
l'éducation médicale et constitue la base des relations entre médecins et patients.
Nous pensons que la meilleure manière d'apprendre la médecine consiste en un apprentissage médi-
cal : observer et écouter les enseignants lorsqu'ils sont en face de leurs patients. À mesure qu'il acquiert
de l'expérience, l'étudiant pratique des techniques, tout d'abord sous contrôle, puis seul. Rien ne rem-
place la rencontre avec de véritables patients dans les conditions hospitalières ou dans un cabinet de
consultation. Les méthodes qui consistent à raconter des histoires de malades ou à se mettre en pré-
sence de patients simulés ne nous enthousiasment pas. Par chance, en Angleterre comme en France
(NdT), la majorité des patients accepte la présence et les activités d'enseignement des étudiants de
médecine au cours de leurs stages hospitaliers ou à domicile. En effet, les patients se rappellent sou-
vent avec affection des « apprentis docteur » qui ont participé à leur prise en charge. Il ne faut jamais
abuser du privilège d'apprendre auprès des patients.
Dans la majorité des maladies, un diagnostic de travail peut être élaboré grâce à un relevé précis des
antécédents et à l'examen clinique, bien avant que des investigations ne soient entreprises. Pour per-
mettre aux étudiants de parvenir à ce diagnostic de travail, nous avons présenté des méthodes de pré-
sentation des affections les plus communes et les circonstances dans lesquelles elles peuvent survenir.
Nous avons également insisté sur les symptômes potentiellement graves et ceux qui sont relativement
bénins. C'est une perte de temps que d'élaborer de nombreux diagnostics différentiels lorsqu'on ne
distingue pas les symptômes fréquents des plus rares. Comme les patients se présentent habituelle-
ment avec des symptômes plutôt qu'avec un diagnostic, nous avons inclus une section basée sur la
présentation des symptômes.
Notre livre se présente comme un complément de l'excellent ouvrage écrit par Sir Norman Browse, Art
Introduction to the Symptoms and Signs of Surgical Disease, également publié chez Arnold. Il est volon-
tairement à contre-courant des textes encyclopédiques et il est l'héritier d'un ouvrage plus ancien, Exa-
mining Patients. Nous sommes très sensibles au fait que les étudiants actuels sont placés devant la
tâche impossible d'entretenir leur savoir alors que le volume des connaissances explose. Heureuse-
ment, grâce à Internet, un accès virtuellement illimité aux informations est maintenant disponible pour
les praticiens (et pour les patients). En conséquence, rassembler des connaissances factuelles est
devenu moins important que l'acquisition d'un savoir-faire et d'une expérience.
David Cray
Peter Toghill
Remerciements
Toute notre gratitude va à nos collègues de Nottingham et d'ailleurs qui ont accordé leur temps pré-
cieux et leur expérience en contribuant à l'écriture de ce livre. Bien d'autres collègues nous ont donné
des illustrations provenant de leur collection personnelle. Nos remerciements sincères vont aussi aux
patients qui nous ont autorisés à les photographier dans un but pédagogique. La plupart des photo-
graphies ont été prises sur une période de plusieurs années par le département audiovisuel du
Queen's Medical Center de Nottingham. Nous sommes également reconnaissants aux étudiants qui
nous ont confié, par exemple, leurs premières observations cliniques.
L'équipe éditoriale d'Arnold nous a encouragés à produire ce livre en complément du livre de patho-
logie chirurgicale de Sir Norman Browse, également publié chez Arnold. Fiona Goodgame a été la plus
enthousiaste à initier le projet et Jane Duncan fut efficace et patiente en coordonnant les efforts de
chacun pour l'élaboration de cet ouvrage.
David Cray
Peter Toghill
Glossaire
Glossaire des termes qui n'ont pas été nécessairement définis dans le texte.
Avant-propos V
Remerciements VII
Glossaire IX
1. Interrogatoire 3_
Histoire de la maladie 3
S'entraîner à l'interrogatoire 5
Comment rédiger une bonne histoire 9
10
En résumé
Premières impressions 11
Examen clinique 19
Avant de commencer 19
En résumé 25
Finalement 25
3. En pratique 26
Erreurs fréquentes, comment les éviter 26
Comment rédiger une observation 27
Présenter une observation concise pendant une visite 33
Sémiologie médicale
Reste de l'histoire 40
Examen clinique 41
respiratoire? 61
Histoire de la maladie 61
Examen clinique 68
6. Appareil digestif 86
Symptômes 86
La bouche 90
Considérations générales à propos de l'abdomen 94
Le foie 98
La rate 102
Symptômes 111
Manie 149
Symptômes 153
Choc 179
Fièvre 180
Hypothermie 182
Intoxication 183
Maladies aiguës ou critiques nécessitant des soins intensifs 185
Histoire 189
Sémiologie médicale
Examen clinique
Évaluation immédiate
Examen général
Prise en charge \
Mort cérébrale
L'oreille i
Le nez I
Vénérologie 2
Histoire clinique 2
Examen clinique 2
Quelques syndromes cliniques fréquents 2
Table des matières XV
Introduction 245
Introduction 255
Infections opportunistes du sida 256
C C a u s e s e t s y m p t ô m e s d u trouble
Constipation 306
Table des matières XIX
En résumé 326
Index 331
Interrogatoire
et examen clinique:
les bases
Interrogatoire 01
révision 1.3 à la fin de ce chapitre. Rappelez-vous > Faites connaître à vos collègues médecins les
simplement de ce qu'il a dit et faites-vous clari- questions que se pose le patient;
fier certains détails que vous aurez pu oublier. Respectez l'information qui vous a été don-
Maintenez le plus souvent possible un contact née de manière confidentielle;
visuel car ceci aide à établir une relation confiante Résumez ce que le patient vous a dit et assu-
avec votre patient et renforce l'impression que rez-vous que ceci correspond à ce qu'il pense ;
vous intéressez à lui. Essayez d'éviter d'inter- Retranscrivez toute information lisiblement;
rompre votre patient. Dites poliment: « Je suis Faites-vous aider d'un interprète profession-
désolé, pouvez-vous m'éclaircir ce point... » Pre- nel si nécessaire, entraîné à traduire les ques-
nez des notes sommaires (le moins de mots pos- tions que vous posez: un membre de la famille
sibles) pendant que le patient parle : cette prise de n'est pas un bon intermédiaire;
notes au fil de la conversation formera l'ossature > Conduisez la conversation mais ne mettez
de votre observation que vous rédigerez plus tard. pas les mots dans la bouche du patient;
> Notez toutes les attitudes significatives (lan-
gage du corps) ;
À faire, à ne pas faire > Recherchez les informations tout d'abord
auprès du patient, puis auprès des parents, du
Quand vous parlez avec un patient : partenaire ou d'un ami si nécessaire;
Présentez-vous et expliquer pourquoi vous > Remettez les plaintes du patient dans le
venez le voir; contexte social: des renseignements sur l'envi-
> Demandez-lui si vous pouvez lui parler et ronnement familial, le travail, le type d'habitat et
l'examiner; les loisirs peuvent être utiles;
> Parlez avec et non pas au patient; > Demandez aux patients ce qu'ils pensent de
> Apprenez à être un bon auditeur; la situation actuelle;
> Soyez poli et respectueux à tout moment; » Essayez d'établir la durée et le déroulement
> Agissez avec courtoisie et évitez d'utiliser le des événements de manière claire;
prénom du patient, sauf s'il vous le demande; > Raccourcissez l'entretien si votre patient est
> Évitez d'utiliser des termes paternalistes très malade;
comme « mon grand » ou « mon cher »; > Parlez avec la famille du patient, ses amis et
> Prenez davantage de temps avec un patient son médecin de famille si le patient a des diffi-
très jeune, très âgé ou malentendant; cultés à communiquer, comme après un acci-
> Posez des questions spécifiques pour déter- dent vasculaire cérébral (Fig. 1.1);
miner si le patient souffre de troubles de la
mémoire;
Une première stratégie consiste à poser juste née et une description claire vont permettre d'at-
une question, s'asseoir et attendre une réponse. tribuer ce symptôme à un appareil en particulier
Beaucoup de patients se seront entraînés à dire et permettre parfois un diagnostic spécifique.
ce qu'ils voulaient exprimer pour que « cela Il est important de rapporter les épisodes cri-
sorte ». Vous pouvez y trouver quelques infor- tiques de la maladie, car une séquence particu-
mations pertinentes alors n'essayez pas de les lière d'événements peut indiquer un diagnostic
interrompre. Quand ils auront achevé leur dis- particulier. Dans la méningite, des symptômes
cours, vous aurez la possibilité de revenir au grippaux peuvent précéder la fièvre, la photo-
début avec un « Il semble que votre problème phobie, la nausée et la raideur de nuque.
principal soit une douleur dans la poitrine et que Parfois, la survenue de ces événements critiques
vous soyez essoufflé. Dans quelles circonstances sont liés à un programme de télévision particulier
ceci survient-il ? » (pour des symptômes qui évoluent rapidement)
Certains patients sont vraiment loquaces et tien- ou à des vacances et à des anniversaires pour
nent à vous informer de tous les détails de leur des maladies qui progressent lentement. En utili-
maladie. Maintenir « sur les rails » un patient très sant des événements familiers comme ceux-là,
bavard peut sembler impossible au début mais nous pouvons aider les patients à se rappeler de
essayez de ne pas paraître ennuyé et indifférent. détails qui n'auraient peut-être pas mentionné.
La plupart des patients ne seront pas offensés si
vous les interrompez poliment (pour mettre fin à POINT PRATIQUE
des détails sans importance) et que vous leur
Quelques causes de perte de connaissance
faites comprendre que leurs problèmes vous Accidents de Stokes-Adams
intéressent. Épilepsie
Le patient le plus difficile est celui qui n'articule Évanouissement simple
Hypotension orthostatique (posturale)
pas au point de s'exprimer de façon monosylla-
bique. Certains patients ont besoin d'encourage-
ments avec des questions très simples souvent Certains patients peuvent se remémorer certains
directes jusqu'à ce que leur confiance se ren- événements plus rapidement que d'autres; il fau-
force. dra donc leur poser des questions directes pour
Enfin rappelez-vous que tout ceci requiert du obtenir davantage de détails. Dire « Les vertiges
temps, de la patience et de l'expérience pour sont très communs, quelle sorte de vertiges avez-
développer une expertise dans n'importe quelle vous ? » peut faire naître davantage de détails,
pratique. Interroger les patients ne fait pas mais vous devrez parfois poser des questions
exception. directes comme: « Avez-vous des étourdisse-
ments quand vous vous levez du lit le matin ? »
L'évolution dans le temps et la séquence des
Détailler la maladie événements aident souvent à différencier une
maladie d'une autre; l'histoire devra fournir un
Les informations concernant l'âge du patient, enregistrement précis, clair et chronologique des
son sexe, son groupe ethnique, sa profession symptômes du patient. Essayez d'éviter les
actuelle (voire antérieure) et en particulier la expressions comme « jeudi dernier ». Même si
situation sociale aident à replacer chaque mala- ceci est exact c'est moins utile que « il y a trois
die dans son contexte. jours », ce qui guide mieux celui qui lira ces notes
Documentez les plaintes du patient en utilisant quelques jours (mois ou années) plus tard. Il est
encore mieux d'écrire: « Douleurs dans la poi-
dans la mesure du possible ses propres mots:
trine à l'effort il y a trois jours, s'aggravant pro-
les symptômes peuvent être interprétés diffé-
gressivement le jour suivant et qui ont réveillé le
remment selon les personnes. Les patients décri-
patient il y a six heures. »
vent fréquemment des trous de mémoire et ceci
Vous devez d'abord rechercher le problème
peut être dû à une grande variété de maladies.
actuel, quand les choses ont commencé à aller
Une histoire retranscrite de manière attention-
Interrogatoire
mal et comment elles ont évolué depuis. Osez rant une complication majeure comme une
une question très générale comme: « Quel est, décompensation cardiaque ou une persistance
actuellement, le principal problème? » suivi de: de la douleur thoracique à l'effort. Des comptes
« À quel moment avez-vous réalisé que vous rendus d'hospitalisation et des lettres du méde-
n'étiez pas bien ?» À ce stade, retranscrivez tou- cin de famille sont également utiles.
jours les mots du patient: vous pourrez les tra- Des patienLs âgés ont survécu à une époque où
duire en jargon médical plus tard. des maladies graves comme la tuberculose ou le
Faites attention à ne pas mettre les mots dans la rhumatisme articulaire aigu étaient fréquents; le
bouche du patient. Si un patient affirme que ses vieillissement augmente le risque de diabète,
selles ont changé de couleur, demandez: « De d'hypertension artérielle et d'infarctus du myo-
quelle couleur sont-elles? » plutôt que de dire: carde, il est utile de s'en inquiéter.
« Noires? » si vous suspectez un méléna prove-
nant d'un ulcère peptique hémorragique.
Enquête systématique
État général
Enquête systématique Poids, appétit, fièvre, sommeil, humeur
Cardiovasculaire/respiratoire
Tolérance à l'effort, essoufflement, douleur
Les patients ne peuvent se rappeler ou fournir thoracique, toux, œdème des chevilles,
spontanément toutes les informations dont dyspnée nocturne, respiration sifflante
vous avez besoin pour déterminer l'impact d'une Digestif
maladie sur l'ensemble de l'organisme. Une Douleurs abdominales, nausées, vomissements,
transit intestinal habituel
enquête systématique permet de rafraîchir la
Génito-urinaire
mémoire des patients en utilisant des questions Fréquence des mictions, dysurie, incontinence,
directes. Chez des personnes jeunes, les menstruations
réponses seront négatives, mais avec l'âge et les Nerveux
ennuis médicaux accumulés, les réponses seront Céphalées, faiblesse des jambes, sensations
altérées, difficultés de langage et d'audition
plus souvent positives; alors, vous devrez
Locomoteur
approfondir davantage pour savoir par Douleur des articulations, raideur, douleurs
exemple: « Que voulez vous dire exactement lombaires
lorsque vous dites avoir des palpitations? »
Vous apprendrez rapidement que vous pouvez
évaluer l'état d'un organisme dans son ensemble Histoire familiale et sociale
en juste quelques questions, dont la liste se
trouve au Point de révision 1.2. Des patients peuvent rapporter qu'un cancer ou
une maladie cardiaque affecte la famille. Lorsque
vous vous renseignez sur l'histoire familiale,
Antécédents médicaux demandez s'il existe une éventuelle maladie
héréditaire ou une prédisposition génétique.
Beaucoup de patients décrivent facilement leurs Découvrir que les membres de la famille d'un
affections antérieures, particulièrement si le patient sont tous morts octogénaires d'une
médecin s'est trompé de diagnostic ou s'il a maladie cardiaque peut être intéressant mais ne
sous-estimé la récupération du patient. Dans le suggère pas une maladie génétique. Une famille
cas contraire, vous devrez lui demander si une avec une thalassémie manifeste évidemment des
maladie lui a fait perdre son travail ou s'absen- problèmes différents.
ter de l'école. La durée du retour à la normale est Les anniversaires de la mort de proches parents
significative de la sévérité de la maladie. Pour un sont souvent l'occasion de craintes irraisonnées
infarctus du myocarde, une hospitalisation d'une parmi les survivants de la famille cl ceci peut pré-
semaine et une récupération complète en trois cipiter des visites inutiles chez le médecin pour
mois est la norme, des délais plus longs suggé- des plaintes mineures; ceci est particulièrement
Interrogatoire et examen clinique: les bases
vrai pour l'infarctus du myocarde ou le cancer. Si vous suspectez des difficultés financières,
Si vous suspectez une maladie héréditaire, vous celles-ci justifieront une demande de prise en
devez construire l'arbre généalogique comme charge complète.
sur la figure 1.2a, en les utilisant les symboles de Habituellement, les médecins s'inquiètent peu de
la figure 1.2b. l'histoire sociale, le plus souvent à cause des
Avec les patients âgés, il est important de savoir contraintes de temps. Toute suggestion d'une
s'ils sont indépendants ou qui est leur aide prin- maladie professionnelle doit orienter vers le type
cipale. La conception de la maison est également de travail, l'exposition à des produits chimiques
importante en raison de leur mobilité limitée et toxiques ou risqués comme l'amiante, et l'envi-
de leur difficulté à franchir les escaliers. L'aide de ronnement professionnel.
services sociaux ou de voisins compatissants Si nécessaire, tous les antécédents profession-
doit également être notée. nels depuis la sortie de l'école peuvent être
(b)
Figure 1.2. (a) Comment retracer une histoire familiale à partir des observations hospitalières de Catherine, qui a été
admise à l'hôpital pour un asthme, (b) Symboles utilisés pour construire l'arbre généalogique d'une famille présentant
une maladie génétique.
Interrogatoire
1. Informations essentielles
Nom. Âge et date de naissance. Sexe. Statut marital. Profession. Groupe ethnique.
2. Plaintes actuelles
À rapporter avec les mots du patient.
3. Histoire de la plainte actuelle
Ordre chronologique de tous les symptômes. Changement de caractère en particulier facteurs de gravité.
Traitements suivis (automédication incluse) et réponses aux traitements. Retranscription des réponses
principales (positives et négatives) aux questions directes pour aider au diagnostic.
4. Examen systématique
(a) Système digestif et abdominal
Appétit. Poids. Nausées, vomissements et régurgitations. Difficultés à avaler. « Indigestions et brûlures
d'estomac ». Présence de sang dans le vomi ou les selles. Douleurs abdominales et distension du ventre.
Transit intestinal habituel et changements éventuels. Caractère des selles. Jaunisse.
(b) Système respiratoire
Toux ou les pertes de sang. Crachats. Essoufflement (dyspnée) au repos ou à l'effort. Enrouement.
Respiration sifflante. Douleurs ou gêne thoracique.
(c) Système cardiovasculaire
Essoufflement au repos, à l'exercice, en décubitus strict au lit ou réveillant le patient. Douleur thoracique.
Toux. Œdème des chevilles. Tolérance à l'effort. Douleurs des membres inférieurs à la marche. Palpitations.
Syncope.
(d) Système urogenital
Douleurs lombaires. Œdème des chevilles, des mains ou du visage. Fréquence des mictions, leurs
urgences, les difficultés, les douleurs ou un saignement. Soif. Problèmes sexuels. Histoire des menstruations
incluant le ménarche et la ménopause. Grossesses et complications.
(e) Système nerveux
Évanouissements et perte de conscience. Maintient général. Faiblesse musculaire, paralysie, raideur et
tremblement, symptômes sensitifs. Modification du goût, de la vision, de l'audition, de l'équilibre, de la
personnalité ou du comportement. Céphalées. Langage.
(f) Système musculeux squelettique
Douleurs musculaires articulaires, gonflement ou raideur. Faiblesse. Difficultés à la marche.
5. Histoire médicale antérieure
Maladie antérieure, opérations ou accidents. Histoire des principales maladies comme le diabète, le rhumatisme
articulaire aigu, la diphtérie, la tuberculose, l'infarctus du myocarde. Allergies, en particulier médicamenteuse.
6. Traitement en cours
Détails précis incluant la posologie et la fréquence des prises.
7. Histoire familiale, personnelle et sociale
Causes du décès des proches parents, maladies familiales et décès prématurés. Statut marital.
Type d'habitation. Occupation ou profession actuelle (et autres professions antérieurement exercées).
Exposition industrielle dangereuse. Voyages outre-mer. Tabagisme et prise d'alcool.
un arrêt cardiaque ou d'aggravation rapide vers et mettre en forme l'histoire. Vous trouverez cela
le décès. difficile au début mais avec de la pratique, de
l'expérience, des lectures appropriées, et en
observant l'équipe médicale au moment des
Vous ne p o u v e z p a s avoir les deux possibilités. reportent les chiffres de tension artérielle par
Essayez d'aboutir à u n e conclusion ferme, à unités de cinq ou dix :
savoir s'il y a ou n o n des signes physiques a n o r - • T A : 120/85 ;
• maux. Ceci deviendra plus facile avec la pratique. P:90/min.
Très souvent, l'histoire clinique oriente vers u n e Le seul signe clinique qui ne requiert pas d'enre-
hypothèse particulière, et à l'examen, certaines gistrement précis est probablement la fréquence
constatations physiques confirment les s u s p i - respiratoire. Habituellement, il suffit d'observer si
cions cliniques. Ceci ne veut p a s dire q u e tous les la fréquence est manifestement plus rapide q u e
signes doivent concorder. Par exemple, p r e n o n s celle de l'observateur.
le cas d'un h o m m e âgé porteur d'un a n g o r
coronarien, chez qui l'on retrouve un souffle
précordial systolique puissant, irradiant vers le N'utilisez que des abréviations
cou. L'examen conduit très raisonnablement au
bien acceptées
diagnostic possible de sténose aortique. F r é -
quemment les étudiants inventent alors u n e é l é - M a l h e u r e u s e m e n t b e a u c o u p d e médecins ont
vation lente du pouls (un des caractères de la une langue abrégée. Ceci peut aboutir à u n e s t é -
sténose aortique sévère) alors q u e le pouls est nographie médicale d u g e n r e : « L e M C a appelé
normal. Tous les signes physiques c o n c o r d a n t s p o u r dire q u e l e M R d u S A M U a a d m i s u n I D M
ne sont pas nécessairement requis (ou présents) avec T S V e t u n e T A d e 90/70 ayant présenté des
pour établir un diagnostic clinique. C'est être épisodes fréquents de D P N et qu'il est m a i n t e -
gourmand q u e d'exiger la présence de tous les nant en I V G * »
signes cliniques p o u r c h a q u e patient. Utiliser un langage et d e s abréviations c o n n u s
seulement d e s m e m b r e s d'une spécialité particu-
lière est u n e autre f o r m e de sténographie. M a l -
Erreurs fréquentes heureusement ce n'est pas spécialement élégant,
c'est é q u i v o q u e p o u r les non-spécialistes et, fait
Elles sont a b o r d é e s d a n s les chapitres suivants plus important, cela peut devenir dangereux.
mais le Point de révision 3.1 liste certains
exemples.
COMMENT RÉDIGER
UNE OBSERVATION
Évitez d'introduire
votre propre biais Examen de routine
Retranscrivez toujours ce q u e v o u s avez trouvé, Il n'y a pas de parfaite manière standardisée de
et non pas ce q u e v o u s pensez q u e v o u s allez décrire u n e observation clinique. Tout d é p e n d
trouver. Ceci évite d'introduire v o s propres p r é -
jugés d a n s le tableau clinique. * Le médecin généraliste a appelé pour dire que le
La tension artérielle (TA) est à des paramètres médecin régulateur du S A M U a admis un patient victime
susceptibles d'être biaisés. B e a u c o u p d'étudiants d'un infarctus du myocarde, avec tachycardie supraventri-
culaire et tension artérielle de 90/70 et ayant présenté des
ont une « préférence numérique », particulière-
épisodes fréquents de dyspnée paroxystique nocturne et
ment pour les chiffres « r o n d s ». Par exemple, ils
qu'il est maintenant en insuffisance ventriculaire gauche.
I n t e r r o g a t o i r e e t e x a m e n c l i n i q u e : les b a s e s
Cardiovasculaire Évaluer la pression veineuse jugulaire (PVJ) en utilisant Utiliser la veine jugulaire interne
la veine jugulaire externe. (non utilisé en France [NdT]).
Supposer que les valves se situent en face des aires Voir texte page 51.
traditionnellement décrites : aortique, mitrale, pulmonaire
et tricuspide.
Rechercher un œdème des chevilles chez un patient alité. Rechercher dans la région sacrée.
Respiratoire Prendre des ongles incurvés longitudinalement pour Voir texte page 68.
un hippocratisme.
Assimiler le terme « diminution de l'entrée d'air » à toutes Écrire ce que vous entendez,
les causes d'hypoventilation. pas ce que vous pensez être la
cause sous-jacente.
Attribuer une matité et une abolition du murmure Chercher d'autres signes cliniques.
vésiculaire à la base avec un épanchement pleural
lorsque existe une hépatomégalie.
Accorder trop d'importance à la transmission des Ceci ne fait aucune différence
vibrations vocales. d'interprétation des signes
cliniques.
Castro-intestinal Surdiagnostiquer une jaunisse chez les personnes noires. La sclère est souvent jaune chez
les personnes en bonne santé.
Ressentir une masse dans la fosse iliaque droite. Le caecum est palpable chez les
femmes minces.
Nerveux Évaluer le réflexe photomoteur avec une lampe de poche Les patients regardent la lumière
placée directement devant l'œil. et accommodent. Disposer la
source lumineuse latéralement.
Rechercher des fasciculations de la langue sur une langue Observer la langue immobile dans
tirée. la cavité orale.
Prétendre que les réflexes sont absents sans utiliser des Voir texte page 127.
manœuvres de provocation.
EXEMPLE 1
Patient: M. PCL
11 heures, 2 mai 1999 Quand vous examinez un patient, prenez l'habitude de
À l'examen commencer en écrivant la date et l'heure à laquelle vous avez
vu le patient.
Examen général
Quelque peu émacié, déprimé mais alerte, Ce portrait pris sur le vif aide à personnaliser l'observation et à
ronchon, vieil homme dyspnéique au repos. se souvenir du patient.
Cyanose ++.
Important amaigrissement. Si possible, notez le poids habituel.
Pas d'anémie clinique.
T:37,5°C. Notez la température (T). Elle peut être également rapportée
par les observations des infirmières mais elle joue également
un rôle important dans l'observation clinique. Il est insuffisant
de noter « Température normale ». Écrivez le résultat précis de
la mesure. S'il est bas, vérifiez avec un thermomètre à
graduation et rapportez ce que vous avez été fait.
Alternative :
Vous pouvez retranscrire la température, le pouls, la respiration
et la pression artérielle en début d'observation et la cyanose
dans le paragraphe respiratoire si vous préférez.
Système cardiovasculaire
P : régulier 90/mn, extrasystoles occasionnelles.
TA : 124/78 au bras droit, assis, phase V. Notez toujours la position dans lequel le patient se trouve, le
PVJ : non élevée. membre qui a servi à la mesure de la pression artérielle.
Pas d'hépatomégalie, pas d'œdème sacré ou des
chevilles.
e
Apex cardiaque du 5 espace intercostal gauche à
10 cm de la ligne médiane.
Palpation du précordium normale. Vous pouvez retranscrire les bruits du cœur comme ceci :
Bruits du cœur normaux. Pas de souffle.
Système respiratoire
Dyspnée au repos, fréquence respiratoire 28/mn. Les signes thoraciques peuvent être résumés sur un simple
Pas de stridor ni de sifflement évident. diagramme :
Cyanose centrale.
Hippocratisme digital important, en baguette de . Trachée
tambours, des doigts et des orteils. Adénopathie . vers la droite
Pas de gonflement des poignets ni des chevilles. axillaire droite
Trachée déviée vers la droite.
Mouvements thoraciques sont réduits à droite.
À la percussion, matité de la partie antérieure et
postérieure de l'hémithorax droit.
Murmure vésiculaire réduit dans l'ensemble du
poumon droit, particulièrement à la base.
Sibilants inspiratoires bilatéraux. Ampliation thoricique droite diminuée
Crépitants à la base droite. Matité à la percussion
Diminution du murmure vésiculaire
En pratique
(suite)
Système gastro-intestinal
Langue chargée. Ici aussi, les signes abdominaux peuvent être résumés dans un
Bouche édentée. diagramme comme celui-ci :
Paroi abdominale fine avec péristaltisme visible.
Foie (F), rate (R), et reins (Re) non palpables.
TR - Hypertrophie prostatique ferme et régulière.
Appareil locomoteur
Faiblesses musculaires des membres mais pas Les réflexes peuvent être notés ainsi :
d'atrophie. Réflexes Droit Gauche
Réflexes bicipitaux, pronateurs, tricipitaux, rotuliens Bicipital + +
et achilléens normaux. Cubito-pronateur + +
Réflexes cutanés plantaires en flexion. Tricipital + +
Sensibilité non testée. Patient fatigué. Cutanés abdominaux + +
Rotulien + +
Achilléen + +
Plantaire + +
Système lymphatique
Adénopathie axillaire droite de 2,5 cm de II est préférable de mesurer la taille en cm plutôt que de faire
diamètre. référence à un fruit ou un légume.
En résumé
Un homme malade avec un amaigrissement Essayez de résumer les points marquants en peu de lignes.
évident, gros fumeur se présentant avec une
hémoptysie. Signes cliniques d'hippocratisme
digital, adénopathie axillaire et collapsus du
poumon droit.
Diagnostic
Carcinome bronchique provoquant un collapsus En d'autres circonstances, quand les signes sont moins
du poumon droit et envahissement ganglionnaire évidents, quelques diagnostiques différentiels dans l'ordre de
axillaire droit. probabilité seront plus appropriés.
EXEMPLE 2
q u e la pratique de n'importe quel savoir-faire cli-
n i q u e : plus v o u s en faites, plus cela devient facile. À l'examen
Il peut être utile d'observer la manière de faire Apparence générale
des médecins du service lorsqu'ils rédigent leurs Satisfaisante
Jaunisse (ictère). Quelques angiomes
observations. V o u s apprendrez rapidement l'im-
portance d'une b o n n e observation écrite q u a n d Appareil cardiovasculaire
RAS
on v o u s d e m a n d e r a de voir un patient que v o u s
P : 72
ne connaissez pas et dont l'état vient brutalement
TA: 120/80
de s'aggraver. D e s notes concises et bien d i s p o - Bruits du cœur: normaux
sées v o u s aideront à bien appréhender les p r o -
Appareil respiratoire
blèmes médicaux d a n s un délai minimum.
RAS à l'exception de l'hippocratisme digital
trop longues (parce que vous ne savez pas ce qu'il • votre ligne de conduite sera dictée par le dia-
faut supprimer) ; gnostic probable, les circonstances, l'âge du
trop vagues (parce que vous ne savez pas ce qu'il patient et la vitesse d'apparition de la maladie.
faut dire) ; Recueillir l'histoire a u p r è s d'un patient g r a v e -
peu contributives au diagnostic (parce que votre ment atteint est difficile. Il y a certaines raisons à
connaissance de la maladie est modeste) ; cela :
dispersées (parce que rapporter une histoire • le patient peut b e a u c o u p souffrir ou être
nécessite de la pratique). confus ;
• le patient peut être g r a v e m e n t m a l a d e ;
• le patient peut ne pas faire preuve de
patience a v e c un étudiant ;
Si v o u s savez à l'avance q u e l'on v o u s d e m a n - • v o u s serez peut-être e n n u y é de devoir aller
dera de présenter, essayez de lire v o s notes « lentement » ;
avant la visite. V o u s ferez b o n n e impression si • l'entourage peut être anxieux.
vous utilisez vos notes uniquement comme
« a i d e - m é m o i r e », parce q u e v o u s aurez décrit Il est très important d ' a p p r e n d r e c o m m e n t gérer
l'histoire du patient de mémoire. toutes ces difficultés. En tant qu'interne, on
M ê m e si v o u s avez noté les réponses à toutes attendra de v o u s q u e v o u s examiniez t o u s les
les questions q u e v o u s avez posées, elles auront patients d o n t l'état le justifie.
s o u v e n t peu de rapport avec le p r o b l è m e princi- La meilleure stratégie est la plus simple:
p a l ; ainsi, chez un patient avec des problèmes a p p r e n d r e e n regardant. V o u s a p p r e n d r e z b e a u -
cardiaques, évitez d a n s la m e s u r e du possible de c o u p en a c c o m p a g n a n t un j e u n e résident en
v o u s éloigner du sujet en disant: « Il n'y a a u c u n médecine générale p e n d a n t ses visites; vous
s y m p t ô m e d'une atteinte respiratoire, g a s t r o - constaterez qu'il recherchera d e s indices visuels
entérologique ou neurologique ». D e s raccourcis de la maladie tout en p o s a n t des questions au
de ce genre font g a g n e r du temps. patient et en réalisant d e s prélèvements de sang
Les fautes sont inévitables. V o u s p o u v e z ne p a s d a n s le m ê m e temps. L e s résidents en médecine
avoir maîtrisé le problème principal; les générale confirmés s o n t s o u v e n t particulière-
réponses du patient peuvent avoir été peu perti- ment c o m p é t e n t s en la matière parce qu'ils tra-
nentes et v o u s n'avez peut-être pas su faire la vaillent leur rapidité en prévision de leurs
synthèse. U n e pratique régulière de la prise et de examens finaux.
la présentation de l'histoire clinique développera
Tout cela s e m b l e se faire au petit b o n h e u r , mais
un savoir-faire q u e v o u s n'oublierez pas.
a v e c le temps, l'expérience et la c o n f i a n c e en soi,
v o u s apprendrez à g a g n e r du temps lors de l'in-
terrogatoire et de l'examen d'un patient malade,
Parler avec un patient et v o u s pourrez alors (en toute sécurité) prendre
des raccourcis.
en phase aiguë
Il est aussi utile d'écouter des m é d e c i n s p r é s e n -
A p r è s avoir acquis de l'expérience, lors de v o s ter leurs observations à des consultants lors de
gardes, a u p r è s de patients hospitalisés, v o u s visites. V o u s serez surpris de constater la q u a n -
devrez apprendre à parler aux patients en p h a s e tité de détails omise. V o u s ne devez p a s en
aiguë. Le problème est présenté exhaustivement conclure q u e b e a u c o u p de q u e s t i o n s ont été
d a n s la section B de ce livre, mais voici les points oubliées pendant l'évaluation. C'est tout s i m p l e -
les plus importants: ment parce q u e b e a u c o u p d'informations ne
• le temps m a n q u e souvent p o u r prendre l'his- relèvent pas du problème immédiat.
toire détaillée;
Comprendre
les différents appareils
Comprendre
les maladies cardiovasculaires
A u c u n n'est s p é c i f i q u e d e s m a l a d i e s c a r d i o v a s -
culaires e t i l f a u t t o u j o u r s g a r d e r e n t ê t e u n d i a -
gnostic différentiel.
Douleurs
Tout l e m o n d e e n a f a i t l ' e x p é r i e n c e : q u a n d u n
muscle d e v i e n t i s c h é m i e , il est d o u l o u r e u x . Si les
artères c o r o n a i r e s s o n t rétrécies, l e f l u x s a n g u i n
peut ê t r e s u f f i s a n t p o u r o x y g é n e r l e m u s c l e c a r -
diaque a u r e p o s , m a i s i n s u f f i s a n t l o r s q u e l a
d e m a n d e e n o x y g è n e s ' a c c r o î t l o r s d e l'exercice.
Le muscle c a r d i a q u e devient alors d o u l o u r e u x et Figure 4 . 1 . Gangrène du pied.
Comprendre les différents appareils
Dyspnée
Q u a n d l a d y s p n é e est d u e à u n e m a l a d i e car-
Causes de la Caractéristiques de la douleur d i a q u e , elle a p p a r a î t en g é n é r a l à l'effort, m a i s la
douleur m a l a d i e é v o l u a n t , elle a p p a r a î t d e p l u s e n plus
Ischémie cardiaque Centrale, oppressante, irradiant facilement, j u s q u ' à être f i n a l e m e n t présente au
vers les bras, le dos, le cou et les r e p o s . L a g r a v i t é d e l a d y s p n é e p e u t ê t r e classée
mandibules. en q u a t r e g r a d e s ( N e w York Heart Association),
- Angor chronique Provoquée par l'effort, disparaît p o u r laquelle le g r a d e I décrit u n e dyspnée
stable au repos. Aggravée par temps m o d é r é e e t l e g r a d e I V u n e d y s p n é e sévère a u
froid et venteux, provoquée par repos.
le stress émotionnel, rapidement L a d y s p n é e c a r d i a q u e e s t p a r f o i s a s s o c i é e à une
soulagée par les dérivés nitrés.
r e s p i r a t i o n s i f f l a n t e (« w h e e z i n g »); le terme
- Angor instable Semblable à l'angine chronique a n c i e n (et d é r o u t a n t ) p o u r cela é t a i t « a s t h m e
stable, mais survient au repos.
c a r d i a q u e ». La d y s p n é e est d u e à u n e c o n g e s -
- Infarctus du Topographie similaire de la t i o n d e s a n g d a n s les c a p i l l a i r e s p u l m o n a i r e s , e n
myocarde douleur mais celle-ci est r a i s o n d e p r e s s i o n s v e n t r i c u l a i r e s g a u c h e s éle-
persistante, beaucoup plus
vées en fin de diastole, ce q u i en r e t o u r accroît la
intense et souvent associée à des
nausées et des vomissements. p r e s s i o n a t r i a l e g a u c h e d a n s les v e i n e s p u l m o -
n a i r e s e t d a n s les c a p i l l a i r e s p u l m o n a i r e s . Ceci
Péricardite Douleur thoracique centrale et
p r o v o q u e u n d u r c i s s e m e n t d u p o u m o n . Dans
rétro-sternale, aggravée par
l'inspiration et le décubitus strict. d e s c i r c o n s t a n c e s g r a v e s , la p r e s s i o n c a p i l l a i r e et
h é m o d y n a m i q u e excède la pression plasma-
Dissection aortique Douleur d'installation brutale,
tique o n c o t i q u e , ce q u i p r o v o q u e u n e fuite de
violente et irradiant vers le dos.
l i q u i d e d a n s les a l v é o l e s e t u n œ d è m e p u l m o -
Douleur pleurale Latéralisée, aggravée par la naire. Le patient p e u t alors tousser et cracher un
respiration et associée à une
f l u i d e clair e t m o u s s e u x t e i n t é d e s a n g .
toux.
Douleur Rétro-sternale, peut irradier vers
œsophagienne le dos, aggravée par la prise de Orthopnée
nourriture et associée à des
vomissements. L a d y s p n é e a u d é c u b i t u s est c a r a c t é r i s t i q u e d e
s o n o r i g i n e cardiovasculaire. L'élévation de la
Douleur Surtout localisée dans le dos
pression atriale g a u c h e (habituellement d u e à
rachidienne avec une irradiation vers l'avant,
suivant une distribution nerveuse. une hyperpression ventriculaire gauche en fin de
d i a s t o l e , o u p l u s r a r e m e n t à u n e s t é n o s e mitrale)
Douleur cutanée Habituellement due à zona,
freine le retour veineux vers l'atrium gauche.
érythème vésiculaire, avec des
croûtes et des cicatrices suivant Q u a n d l e p a t i e n t est assis, l e g r a d i e n t d e p r e s -
un métamère radiculaire. s i o n h y d r o s t a t i q u e f a v o r i s e l e f l u x s a n g u i n des
p o r t i o n s supérieures d u p o u m o n vers l'atrium
Douleur ostéo- Habituellement située sur le côté
articulaire gauche du thorax, avec palpation g a u c h e , aidé par u n e r e d i s t r i b u t i o n réflexe du
douloureuse de la paroi f l u x v e r s les c h a m p s p u l m o n a i r e s s u p é r i e u r s .
thoracique et des articulations Par c o n s é q u e n t , l e r e t o u r v e i n e u x d e s c h a m p s
entre sternum et cartilages i n f é r i e u r s est à l ' é v i d e n c e p l u s difficile, et c'est là
costaux. que s'accumule le liquide d'œdème.
Douleur thoracique Souvent une distribution proche La d y s p n é e peut avoir d'autres causes q u e car-
« non spécifique » de celle de l'angor chronique diaque, c o m m e :
stable mais rarement intense, > l'obésité;
imprévisible, non affectée par le
froid, le vent ou le stress > la m a u v a i s e c o n d i t i o n p h y s i q u e ;
émotionnel, et peut persister > l'anxiété, d é c r i t e c o m m e u n « b e s o i n d ' i n s p i -
pendant des heures. rer p r o f o n d é m e n t » ;
Comprendre les maladies cardiovasculaires 39
COMPLEMENTS
D'INFORMATIONS SUR LE PATIENT
V o u s t r o u v e r e z d e s i n d i c e s o r i e n t a n t v e r s une
m a l a d i e c a r d i o v a s c u l a i r e a u c o u r s d e l'examen
g é n é r a l , d a n s l ' h i s t o i r e f a m i l i a l e , l e contexte
s o c i a l et s u r t o u t d a n s les a n t é c é d e n t s ; à ce
m o m e n t , v o u s a u r e z d é j à u n e c e r t a i n e idée d u
d i a g n o s t i c a v a n t d ' e x a m i n e r le patient. Q u a n d le
p r o b l è m e a c t u e l s e m b l e n'être q u ' u n épisode
d'une affection ancienne, il devra, évidemment,
ê t r e i n c l u s d a n s l'« h i s t o i r e de la p l a i n t e actuelle».
P O I N T PRATIQUE
La plupart des personnes présentant des syncopes
n'ont pas de bloc cardiaque complet, mais un bloc
complet est un diagnostic qui ne doit pas être
négligé.
Antécédents
Il faut vous enquérir des points suivants:
• r h u m a t i s m e a r t i c u l a i r e a i g u d a n s l'enfance,
h a b i t u e l l e m e n t décrit c o m m e u n e l o n g u e mala-
d i e e t u n e a b s e n c e p r o l o n g é e d e l'école. L a
« d a n s e de St G u y » ( m o u v e m e n t s a n o r m a u x
i n v o l o n t a i r e s ) p e u t ê t r e u n e d e ses e x p r e s s i o n s ;
(b) • souffle c a r d i a q u e p e r ç u lors d ' u n examen
médical de routine;
Figure 4.2. (a) Cette f e m m e s'est effondrée sans
• antécédents d'infarctus du m y o c a r d e ou
prodrome, tombant vers l'avant et se blessant au
visage, (b) L'étiologie est présentée sur son tracé ECG : d'angor;
bloc complet suivi d'une pause ventriculaire. • antécédents de palpitations.
Liste de vérification pour une "revue des appareils" chez un patient porteur d'une
maladie cardio-asculaire
Ostéo-articulaire « Douleurs de croissance » chez l'enfant Rhumatisme articulaire aigu provoquant une
maladie rhumatologique chronique
Histoire f a m i l i a l e
EXAMEN CLINIQUE
Les m a l a d i e s c a r d i a q u e s i s c h é m i q u e s ( c o r o n a -
r i e n n e s ) s o n t p a r f o i s f a m i l i a l e s , m a i s les a n t é c é - L'examen du système cardiovasculaire d o i t
dents f a m i l i a u x n e s o n t s i g n i f i c a t i f s q u e l o r s q u e ê t r e réalisé en q u a t r e é t a p e s :
des p r o c h e s o n t e u u n i n f a r c t u s a v a n t l'âge d e • apparence générale ;
50 ans. • s i g n e s c l i n i q u e s a s s o c i é s à la c i r c u l a t i o n
artérielle;
s i g n e s c l i n i q u e s a s s o c i é s à la c i r c u l a t i o n
Contexte social veineuse;
• signes cliniques associés au cœur lui-
L e t a b a g i s m e est l a c a u s e p r i n c i p a l e d e s m a l a - même.
dies a r t é r i e l l e s ( p é r i p h é r i q u e s e t c o r o n a r i e n n e s )
e t c e n'est q u e d i x a n s a p r è s l e s e v r a g e q u e c e À c h a q u e é t a p e , il est e s s e n t i e l de p e n s e r
facteur d e r i s q u e d i s p a r a î t . l o g i q u e m e n t et de relier les c o n s t a t a t i o n s à
Alors q u ' u n e faible quantité d'alcool prise de l ' a n a t o m i e et à la p h y s i o l o g i e de la c i r c u l a -
m a n i è r e r é g u l i è r e p r o t è g e c o n t r e les a t t a q u e s t i o n . Bien q u e la séquence habituelle « i n s -
Comprendre les différents appareils
• les s i g n e s d e m a l a d i e s s p é c i f i q u e s : c e r t a i n e s • caractère ;
maladies ou s y n d r o m e s p o u v a n t être associés à • présence de souffle;
des p r o b l è m e s c a r d i o v a s c u l a i r e s s o n t f a c i l e m e n t • p r e s s i o n artérielle.
r e c o n n a i s s a b l e s . C e r t a i n e s s o n t listées d a n s l e
Point d e r é v i s i o n 4.4. Les p o u l s q u i p e u v e n t ê t r e p e r ç u s s o n t les p o u l s
t e m p o r a u x superficiels, carotidiens, brachiaux
(huméraux), radiaux, aortiques a b d o m i n a u x ,
fémoraux, poplités, pédieux et tibiaux p o s t é -
r i e u r s (Fig. 4.5).
T o u t d ' a b o r d , v é r i f i e z s i t o u s les p o u l s s o n t p a l -
Syndrome Signes cardiovasculaires
p a b l e s . L'absence d e p o u l s s u g g è r e q u e l'artère
Chromosomique p e u t être o b s t r u é e par l'athérome et t h r o m b o s é e
Trisomie 21 Malformations septales p a r u n e m b o l e . Les a r t è r e s t e m p o r a l e s s u p e r f i -
(syndrome de
Down)
Temporal
Endocrinien superficiel
Hyperthyroïdie Fibrillation auriculaire, insuffisance
cardiaque
Carotidien
Hypothyroïdie Angor, épanchement péricardique
(myxœdème)
Acromegalie Hypertrophie cardiaque,
insuffisance cardiaque Aortique
abdominal
Maladie d'Addison Hypotension
Ostéo-articulaire
Syndrome de Dissection aortique Fémoral
Marfan
Spondylarthrite Insuffisance aortique
ankylosante
Polyarthrite Pericardite
rhumatoïde
Sclerodermie Cardiomyopathie
Maladie de Paget Insuffisance cardiaque
Autres
(Comme Cardiomyopathie
l'alcoolisme)
cielles o n t u n e s i g n i f i c a t i o n p a r t i c u l i è r e p a r c e • t r o u v e z l e p o u l s b r a c h i a l e n p a l p a n t l e coude;
qu'elles p e u v e n t être t o u c h é e s par u n e m a l a d i e • g o n f l e z l e b r a s s a r d j u s q u ' à c e q u e l e pouls
i n f l a m m a t o i r e a p p e l é e artérite t e m p o r a l e (Fig. 26.3). brachial ne soit plus p e r ç u ;
Les a r t è r e s s o n t a l o r s d o u l o u r e u s e s e t t e n d u e s , • p o s e z l e d i a p h r a g m e d u s t é t h o s c o p e à l'en-
e t l e u r t h r o m b o s e est f r é q u e n t e , c e q u i e x p l i q u e droit du pouls brachial;
l'absence de p o u l s . d i m i n u e r l a p r e s s i o n d u b r a s s a r d lentement,
Le caractère du pouls, particulièrement bien pas plus de 2 mm par b a t t e m e n t cardiaque. La
perçu au niveau carotidien, illustre l'onde de p r e s s i o n à l a q u e l l e le p o u l s est à nouveau
pression artérielle ( o n d e de pouls). Avec l'habi- e n t e n d u c o r r e s p o n d à la p r e s s i o n s y s t o l i q u e , la
t u d e e t e n c o m p a r a n t avec v o t r e p r o p r e p o u l s , p r e s s i o n la p l u s élevée établie p a r le c œ u r ;
v o u s découvrirez q u e chez certains patients, la c o n t i n u e z à r é d u i r e l a p r e s s i o n d u brassard,
m o n t é e e n p r e s s i o n est i n h a b i t u e l l e m e n t l o n g u e l e n t e m e n t . L'intensité d e s b r u i t s a u g m e n t e puis
(signe de sténose de la valve aortique) et q u e les b r u i t s s ' a s s o u r d i s s e n t . E n r é d u i s a n t davan-
chez d'autres la pression r e t o m b e rapidement t a g e la p r e s s i o n de q u e l q u e s m i l l i m è t r e s , ces
( c o m m e d a n s l'insuffisance aortique). Les bruits deviennent inaudibles.
souffles sont des bruits systoliques dus à un
é c o u l e m e n t s a n g u i n t u r b u l e n t . Ils s u r v i e n n e n t Les d i f f é r e n t s b r u i t s p e r ç u s au c o u r s de la
habituellement au niveau de rétrécissements m e s u r e d e l a p r e s s i o n a r t é r i e l l e o n t été décrits
p r o v o q u é s par des plaques athéromateuses, p a r K o r o t k o w , q u i a c r u d i s c e r n e r c i n q phases
mais existent également d a n s d'autres c i r c o n s - d i f f é r e n t e s . Le p r e m i e r b r u i t de K o r o t k o w est le
tances de sténose, c o m m e la coarctation a o r - p r e m i e r à ê t r e e n t e n d u l o r s q u e l'on réduit la
t i q u e , o u e n cas d e c o m m u n i c a t i o n a n o r m a l e pression du brassard du sphygmomanomètre,
(fistule) e n t r e a r t è r e s e t v e i n e s . P o u r e n t e n d r e ces et c o r r e s p o n d à la p r e s s i o n s y s t o l i q u e . Les
s o u f f l e s , p o s e z l e s t é t h o s c o p e s u r les a r t è r e s s e c o n d e t t r o i s i è m e b r u i t s n ' o n t a u c u n e valeur
c a r o t i d e s , l ' a o r t e et les a r t è r e s f é m o r a l e s . c l i n i q u e , s e u l e m e n t u n i n t é r ê t h i s t o r i q u e . Seuls
La pression sanguine (ou plus exactement la les q u a t r i è m e ( m o m e n t d ' a t t é n u a t i o n ) e t cin-
p r e s s i o n artérielle) n e p e u t p a s s i m p l e m e n t ê t r e q u i è m e ( d i s p a r i t i o n d u s o n ) b r u i t s o n t une
évaluée en palpant le pouls. La pression arté- valeur pratique.
rielle est m e s u r é e avec u n s p h y g m o m a n o m è t r e L e p o i n t d e d i s p a r i t i o n est p r o c h e d e l a véritable
qui applique une pression variable sur le bras p r e s s i o n d i a s t o l i q u e , et de p l u s , il est le plus
p o u r d é t e r m i n e r q u e l l e q u a n t i t é est n é c e s s a i r e r e p r o d u c t i b l e d e s d e u x m e s u r e s . I l désignera
p o u r arrêter le flux sanguin. d o n c , d a n s v o t r e r a p p o r t , l a p r e s s i o n diastolique.
Des bras potelés nécessitent davantage de c o m -
P O I N T PRATIQUE
p r e s s i o n q u e d e s b r a s m i n c e s ; c'est p o u r q u o i u n
e n r e g i s t r e m e n t fait s u r u n b r a s p o t e l é f o u r n i r a
d e s v a l e u r s f a u s s e m e n t élevées. C'est l a r a i s o n
p o u r l a q u e l l e i l f a u t d e utiliser d e g r a n d s b r a s -
s a r d s c h e z les p e r s o n n e s e n v e l o p p é e s .
I La phase V est la plus proche de la vraie pression
diastolique, elle est reproductive et sera donc
notée c o m m e pression diastolique.
Douleur
Comme p o u r l'examen du versant artériel de la
circulation, il est p r é f é r a b l e de c o n s i d é r e r les L o r s q u e l'on a p p u i e s u r l a m a s s e m u s c u l a i r e
structures v e i n e u s e s c o m m e u n t o u t e t d e contenant une veine t h r o m b o s é e , le patient se
regrouper e n s e m b l e les s i g n e s c l i n i q u e s q u i les plaint d'une douleur inhabituelle. En présence
concernent. d'une t h r o m b o s e veineuse du mollet, une d o r s i -
flexion brutale sera d o u l o u r e u s e (signe d ' H o -
Veines p é r i p h é r i q u e s
m a n ) . R e c h e r c h e r c e s i g n e n'est p a s a g r é a b l e
Les veines p é r i p h é r i q u e s s o n t h a b i t u e l l e m e n t p o u r le patient, p e u t être d a n g e r e u x et d o i t être
visibles s u r les m a i n s e t les p i e d s . A u x m e m b r e s évité.
inférieurs, les v e i n e s s u p e r f i c i e l l e s p e u v e n t ê t r e
Chaleur
inhabituellement m a r q u é e s , t o r t u e u s e s et élar-
gies, elles s o n t a l o r s a p p e l é e s « v a r i c e s ». Ces E n c o m p a r a n t les d e u x j a m b e s , celle avec l a TPP
veines a n o r m a l e s p e u v e n t s e t h r o m b o s e r l o r s est p l u s c h a u d e a u t o u c h e r q u e l a n o r m a l e . Ceci
d'une i n f l a m m a t i o n , il s'agit de « p h l é b i t e s u p e r - est d û a u d é t o u r n e m e n t , q u i d e v i e n t a l o r s p r é -
ficielle » : la v e i n e t o u c h é e est p e r ç u e c o m m e u n e d o m i n a n t , d u s a n g v e i n e u x p a r les v e i n e s s u p e r -
corde s e n s i b l e s o u s la p e a u . La p h l é b i t e est ficielles.
habituellement a s s o c i é e à u n g o n f l e m e n t p é r i -
Décoloration
phérique o u œ d è m e ( c o l l e c t i o n l i q u i d i e n n e d a n s
les tissus interstitiels). Les v e i n e s v a r i q u e u s e s U n e j a m b e avec u n e t h r o m b o p h l é b i t e est h a b i -
peuvent s a i g n e r e t m ê m e s ' u l c é r e r ; les p a t i e n t s tuellement bleuâtre bien que, lorsque la t h r o m -
qui o n t d e s v e i n e s v a r i q u e u s e s d e p u i s d e s b o s e est sévère, l e g o n f l e m e n t p u i s s e p e r t u r b e r
années p e u v e n t p r é s e n t e r u n e d é c o l o r a t i o n b r u - le p o u l s artériel d a n s la j a m b e et p r o v o q u e r u n e
nâtre de la p e a u d u e à d e s h é m o r r a g i e s r é p é - « j a m b e b l a n c h e ».
tées.
Pouls veineux jugulaire
Les veines p r o f o n d e s d e s m e m b r e s se s i t u e n t
dans les m a s s e s m u s c u l a i r e s p r i n c i p a l e s et ne Les v e i n e s j u g u l a i r e s p r é s e n t e n t d e s p u l s a t i o n s
peuvent d o n c p a s ê t r e v u e s o u p e r ç u e s . Elles qui p e u v e n t être i m p o r t a n t e s p o u r d e u x raisons :
peuvent se t h r o m b o s e r l o r s q u e le s a n g est • l e u r p o s i t i o n reflète la p r e s s i o n de l ' a t r i u m
hypercoagulable e t l o r s q u e l e p a t i e n t est i m m o - droit;
bile, par e x e m p l e a p r è s u n e i n t e r v e n t i o n c h i r u r - • la c o u r b e de l'onde de pression peut aider au
gicale, u n a c c o u c h e m e n t o u u n t r a u m a t i s m e diagnostic d'un g r a n d n o m b r e d e situations très
nécessitant l ' i m m o b i l i s a t i o n d u m e m b r e i n f é - différentes.
rieur dans un p l â t r e . Les s i g n e s p h y s i q u e s de la
t h r o m b o p h l é b i t e p r o f o n d e (TPP) s o n t e x t r ê m e - L ' a b r é v i a t i o n PJV est utilisée p o u r s i g n i f i e r s o i t
ment peu fiables. T o u t e f o i s , p o u r ce q u ' i l s v a l e n t , « p o u l s v e i n e u x j u g u l a i r e », s o i t « p r e s s i o n v e i -
ces signes s o n t : n e u s e j u g u l a i r e ».
E n r a i s o n d e l ' a b s e n c e d e v a l v e e n t r e les v e i n e s
Gonflement de la j a m b e
j u g u l a i r e s e t l ' a t r i u m d r o i t , les v e i n e s d u c o u
Un gonflement s y m é t r i q u e des m e m b r e s infé- réagissent c o m m e un m a n o m è t r e à d y n a m i q u e :
rieurs est v r a i s e m b l a b l e m e n t d u e à u n e i n s u f f i - la hauteur de la colonne de sang au-dessus du
sance c a r d i a q u e o u u n t a u x b a s d ' a l b u m i n e c œ u r m e s u r e l a p r e s s i o n a t r i a l e d r o i t e e t les p u l -
plasmatique, m a i s q u a n d les d e u x j a m b e s o n t s a t i o n s e n r e g i s t r e n t les m o d i f i c a t i o n s d e p r e s -
une taille d i f f é r e n t e , u n e T P P d e v i e n t p l u s v r a i - sion dans l'atrium droit.
semblable. La c i r c o n f é r e n c e de la c u i s s e et du Il y a d e u x v e i n e s j u g u l a i r e s de c h a q u e c ô t é du
mollet d o i t être m e s u r é e a v e c u n r u b a n , l a c u i s s e c o u , i n t e r n e e t e x t e r n e (Fig. 4.6).
à une distance d é f i n i e du t u b e r c u l e t i b i a l a n t é - La veine jugulaire interne part du point s t e r n o -
rieur et le m o l l e t au p o i n t de sa c i r c o n f é r e n c e claviculaire vers le h a u t et latéralement, j u s q u ' à
maximale. l'angle d e l a m a n d i b u l e , p a s s a n t e n d e s s o u s d e
la veine j u g u l a i r e externe. Celle-ci part du p o i n t
Comprendre les différents appareils
Veine jugulaire
interne
Muscle sterno-
Veine jugulaire
cléido-mastoïdien
externe
d r o i t e p e u t a l o r s ê t r e m e s u r é e , (en c e n t i m è t r e d e
Figure 4.6. Situation des veines jugulaires interne et s a n g ) en r a j o u t a n t 5 cm à la h a u t e u r mesurée
externe et leurs rapports avec les muscles sterno-cléido- a u - d e s s u s d e l ' a n g l e m a n u b r i o - s t e r n a l , a u point
mastoïdiens. o ù les v e i n e s j u g u l a i r e s s o n t d i s t e n d u e s . L a
p r e s s i o n a t r i a l e d r o i t e n o r m a l e est de 5 à 6 cm
mi-claviculaire, c o n t i n u e o b l i q u e m e n t vers le de s a n g , ce q u i est h a b i t u e l l e m e n t n é g l i g é , et la
haut, en croisant le muscle sterno-cléido-mas- p r e s s i o n v e i n e u s e j u g u l a i r e est m e s u r é e e n utili-
t o ï d i e n . B i e n q u e f a c i l e m e n t v i s i b l e l o r s q u ' e l l e est s a n t l ' a n g l e d e m a n u b r i o - s t e r n a l c o m m e point
dilatée, la veine j u g u l a i r e externe d o n n e u n e de référence.
m a u v a i s e idée de la pression atriale d r o i t e parce
q u e le flux veineux peut être o b s t r u é l o r s q u e la
v e i n e t r a v e r s e le f a s c i a s o u s la c l a v i c u l e . C'est P O I N T PRATIQUE
p o u r cette r a i s o n q u e l a v e i n e j u g u l a i r e i n t e r n e Mesurer la pression veineuse jugulaire (PVJ)
d o i t être r e c o n n u e aussi s o u v e n t q u e possible. Placez le patient en position déclive (pas
nécessairement à 45°) ce qui vous permettra de
Les v e i n e s j u g u l a i r e s p e u v e n t ê t r e r e c o n n u e s
bien voir le sommet de la colonne veineuse.
facilement en d e m a n d a n t aux patients de réali- Mesurez la hauteur verticale de la PVJ au-dessus
ser u n e m a n œ u v r e d e V a l s a l v a , c ' e s t - à - d i r e u n e de l'articulation manubrio-sternale.
e x p i r a t i o n f o r c é e g l o t t e f e r m é e (dites a u p a t i e n t Ne prenez en compte que la veine jugulaire
de p o u s s e r c o m m e s'il était à la selle). L'élévation interne.
de la pression intrathoracique a u g m e n t e la pres- Observez les pulsations de manière oblique.
s i o n a t r i a l e d r o i t e e t les v e i n e s j u g u l a i r e s s e d i s -
tendent. Il est e s s e n t i e l d ' a p p r é c i e r l ' i m p o r t a n c e de la
m e s u r e d e la hauteur verticale d e la p r e s s i o n vei-
Pression veineuse jugulaire* neuse j u g u l a i r e a u - d e s s u s d e l'angle m a n u b r i o -
La m e s u r e de t o u t e pression nécessite un p o i n t sternal. Chez des sujets en b o n n e santé, la
d e r é f é r e n c e , e t d a n s l e cas d e l a p r e s s i o n j u g u - p r e s s i o n a t r i a l e d r o i t e est telle q u e les veines
laire, c e p o i n t d e r é f é r e n c e est l e c e n t r e d e jugulaires ne s o n t pas distendues en position
l'atrium droit. L'atrium d r o i t ne peut pas, é v i d e m - assise, m a i s e n s ' a l l o n g e a n t , les v e i n e s peuvent
ment, être a p p r o c h é e d i r e c t e m e n t par l'examen s e r e m p l i r s u r t o u t e l e u r l o n g u e u r . D ' u n autre
c l i n i q u e m a i s s o n c e n t r e est s i t u é e 5 c m a u - d e s - côté, chez un patient en insuffisance cardiaque
s o u s d e l'angle m a n u b r i o - s t e r n a l , q u e l l e q u e s o i t g r a v e , l a p r e s s i o n a t r i a l e d r o i t e p e u t ê t r e s i éle-
l a p o s i t i o n d u s u j e t (Fig. 4.7). L a p r e s s i o n a t r i a l e v é e q u e les v e i n e s j u g u l a i r e s s o n t d i s t e n d u e s
j u s q u ' à l'angle d e l a m a n d i b u l e , v o i r e a u - d e s s u s
si le p a t i e n t est assis. Il n'y a d o n c p a s de p o s i -
* Elle est p e u m e s u r é e en France [NdT]. tion de référence qui permette de mesurer la
Comprendre les maladies cardiovasculaires
Conditions dans lesquelles peut être exemple dans la sténose de la valve tricuspide,
diagnostiqué un pouls veineux jugulaire ou plus rarement lorsque une tumeur atriale ou
un myxome obstrue la valve tricuspide.
Insuffisance cardiaque. Si la pression vei-
POINT PRATIQUE
neuse jugulaire est supérieure de 6 ou 7 cm au
centre de l'atrium droit (ce qui veut dire à plus de I Atteintes
Atteintes cardiaques
cardiaques pouvant
pouvant être
être diagnostiquées
à partir de la PVJ
2 ou 3 cm de l'angle manubrio-sternal), la pres-
Diagnostic Effets sur la PVJ
sion de remplissage de l'atrium droit est anor-
Insuffisance cardiaque PVJ élevée
male et on est en présence d'une « insuffisance
cardiaque ». En faisant ce diagnostic, il est impor- Régurgitation tricuspide Onde « v » proéminent
qui s'effondre en une
tant de s'assurer que les veines jugulaires sont
descente « y » rapide
pulsatiles et que la hauteur de la pression vei-
Arythmie complète Onde canon
neuse jugulaire est influencée par la position et
Hypertension pulmonaire Onde « a » marquée
l'expiration. Si ce n'est pas le cas, la dilatation des
Péricardite constrictive La PVJ croit au lieu de
veines jugulaires ne reflète pas la pression atriale
diminuer à l'inspiration
droite et peut être due à l'obstruction du retour
veineux par une tumeur médiastinale, comme
dans un cancer du poumon. Péricardite constrictive. Le péricarde est
une fine structure qui n'influence pas les perfor-
Régurgitation tricuspidienne. Une onde mances du cœur. Dans certaines maladies chro-
« v » proéminente qui s'effondre en une descente niques, surtout la tuberculose mais aussi les
« y » brusque indique une insuffisance tricuspi- maladies du collagène et les suites des infections
dienne. Une onde systolique est aussi formée virales du péricarde, le péricarde devient épais et
par le ventricule droit dans la veine cave infé- rigide. À l'inspiration, le péricarde est attiré vers le
rieure et les veines hépatiques, provoquant une bas par le diaphragme et le cœur est comprimé.
dilatation hépatique et des pulsations. À la place de l'habituelle chute de pression vei-
neuse à l'inspiration, la pression veineuse jugu-
Arythmie complète. Dans l'arythmie com- laire augmente; en même temps, la réduction du
plète, l'atrium se contracte indépendamment des retour veineux vers le cœur réduit l'éjection ven-
ventricules, les ondes « a » du pouls veineux triculaire gauche, et la pression systémique
jugulaire ne sont pas régulièrement suivies par chute. Ces réponses anormales à l'inspiration
des ondes « c » ou « v ». De temps en temps, sont appelées paradoxes artériel et veineux.
l'atrium droit se contractera par hasard contre
une valve tricuspide fermée, et quand ceci arrive, Le foie, partie intégrante
la totalité du volume d'éjection de l'atrium droit de la circulation veineuse
sera expulsée vers la veine cave supérieure. Ceci La pression résiduelle d'une haute pression
provoque une pulsation soudaine, marquée et atriale droite sera transmise au foie par la veine
unique dans le cou, appelée « onde canon ». cave inférieure et les veines hépatiques. Le foie
s'engorge (congestionné) de sang et s'agrandit.
Hypertension pulmonaire. Une pression À l'état normal, le foie reste entièrement derrière
élevée dans l'artère pulmonaire (qui peut être les côtes droites et ne peut pas être palpé. En cas
due à des emboles pulmonaires répétés) pro- de maladie thoracique, le diaphragme est
voque une augmentation des pressions dans le repoussé vers le bas, permettant la palpation du
ventricule droit, puis l'atrium droit. L'onde « a » rebord hépatique. Percutez le thorax pour définir
est alors proéminente et peut être perçue la marge supérieure du foie. Dans l'insuffisance
comme une « pichenette » régulière dans le pouls cardiaque, celui-ci sera à sa place normale. L'im-
jugulaire. On peut observer la même chose portance de l'hépatomégalie sera exprimée en
lorsque la pression atriale droite est élevée indé- nombre de cm en dessous de la marge costale
pendamment de celle du ventricule droit, par droite.
Comprendre les maladies cardiovasculaires
Un foie congestif est sensible et c'est une des Les poumons, partie intégrante
caractéristiques qui distingue l'hépatomégalie de de la circulation
l'insuffisance cardiaque de celle des principales
maladies hépatiques. La congestion du foie peut Une des manifestations précoces de l'insuf-
provoquer une douleur dans la partie supérieure fisance cardiaque est l'augmentation de la
de l'abdomen, en particulier en cas de régurgita- pression atriale gauche. Ceci entraîne une aug-
tion tricuspidienne évoluée. Une insuffisance mentation de la pression capillaire, et donc un
cardiaque chronique peut-être la cause d'un engorgement et une perte d'élasticité des pou-
ictère et, dans des cas extrêmes, on notera une mons conduisant à une dyspnée, voire, parfois,
splénomégalie. un sifflement léger et audible. Avec l'accroisse-
ment de la pression atriale gauche, la pression
oncotique du sang peut-être excessive et du
Œdème périphérique fluide va couler dans les alvéoles. Apparaissent
alors des crépitants, tout d'abord aux bases pul-
L'augmentation de la pression veineuse, combi- monaires mais s'étendant à tous les champs
née à la pression hydrostatique causée par la pulmonaires à mesure que l'insuffisance car-
position du cœur au-dessus des pieds, explique diaque s'aggrave. Ces crépitants doivent être dif-
que chez des patients insuffisants cardiaques, le férenciés de ceux causés par une pneumonie ou
liquide se collecte d'abord autour des chevilles. par une fibrose pulmonaire; la meilleure façon
Elles sont enflées, et une pression modérée des de faire la distinction est la présence d'autres
doigts imprime une marque qui s'efface pro- signes cardiovasculaires dans l'histoire ou l'exa-
gressivement. Dans l'insuffisance cardiaque, men clinique.
l'œdème des chevilles est symétrique, contraire-
ment à celui résultant d'une obstruction vei-
neuse du membre. Chez les patients alités, le Examen du cœur
sacrum et les fesses sont des régions où les
liquides se collectent aussi rapidement qu'autour Position du cœur dans le thorax
des chevilles. Toutefois, vous devez vous rappe- Connaître la position du cœur, de ses cavités et
ler que la plupart des patients avec un œdème de ses valves dans le thorax est la clef pour com-
des chevilles n'ont pas de maladie cardiaque prendre non seulement l'examen clinique du
(Point de révision 4.5). cœur, mais aussi l'électrocardiogramme, la
radiographie thoracique et l'échocardiogramme.
C'est pourquoi nous rappellerons l'anatomie
fondamentale avant de présenter les signes car-
POINT DE RÉVISION 4.5 diaques qui peuvent être décelés par l'examen
Causes principales d'un œdème
des chevilles clinique.
Immobilité
En vue de face, le cœur est grossièrement trian-
gulaire. Il repose principalement derrière le ster-
Insuffisance veineuse (varices)
num, avec une base qui se projette juste à droite
Thrombose veineuse profonde
du sternum et un apex situé dans la partie
Obstruction veineuse - pelvienne ou abdominale
gauche du thorax, en dessous de la ligne médio-
Obstruction lymphatique claviculaire (verticale passant par le milieu de la
Hypoalbuminémie plasmatique clavicule). L'apex cardiaque se projette habituel-
e
Insuffisance cardiaque lement en face du 5 espace intercostal (Fig. 4.9).
Œdème idiopathique (surtout chez les femmes) L'apex cardiaque est à l'origine du plus impor-
tant signe clinique du système cardiovasculaire,
car sa position reflète la taille du cœur. Le choc
apexien est défini cliniquement comme le point
le plus à gauche de la ligne médioclaviculaire et
Comprendre les différents appareils
Articulation
manubrio-sternale
au niveau du
e
2 cartilage costal
Apex cardiaque
Trachée
Tronc
Aorte artère
pulmonaire
Auricule
gauche
Ventricule
gauche
(a)
Grosse
aortique
Tronc, Artère
de l'artère pulmonaire
pulmonaire droite
.Atrium
Ventricule_
gauche
droit
Ventricule _
.Aorte
gauche
descendante
(b)
Figure 4.11. Radiographie thoracique de face (a) et de Figure 4.12. Contours des cavités cardiaques sur un
profil (b). cliché radiographique thoracique de face (a) et de profil
(b).
centre du cœur en vue antérieure, et toutes deux L'imagerie par résonance magnétique (IRM) peut
sont situées derrière le sternum. également être réalisée pour montrer la situation
La situation des ventricules, de l'atrium gauche des cavités (Fig. 4.16a). La disposition diagonale
et des valves aortique et mitrale est facilement du septum, avec la topographie antérieure du
observable en échocardiographie. Une des vues ventricule droit explique également la position
standard est celle du « grand axe » qui réalise des électrodes de l'ECG : les électrodes VI et V2
une coupe du cœur de la base à l'apex. La explorent le ventricule droit, les électrodes V3 et
figure 4.14 montre le ventricule droit en avant, le V4 le septum, et les électrodes V5 et V6 le ven-
ventricule gauche et l'atrium gauche en arrière. tricule gauche (Fig. 4.16b).
La proximité immédiate des valves aortique et
mitrale est clairement visible.
Une autre vue échographique standard de l'apex Comment examiner un cœur?
cardiaque fournit une coupe horizontale à
Inspection et percussion
travers le cœur, montrant les quatre cavités et
les valves tricuspide et mitrale. Les valves aor- À l'état normal, le battement cardiaque ne peut
tique ou pulmonaire ne sont pas visibles pas être vu, le cas contraire est une situation
(Fig. 4.15). anormale.
Comprendre les différents appareils
(b)
Figure 4.13. Positions des valves mitrales (inférieure) et aortique (supérieure) révélées en RX par des valves
artificielles. Noter la présence de baryum dans l'œsophage qui circonscrit l'atrium gauche. Clichés de face (a) et de
profil (b).
Figure 4.14. (a) Échocardiogramme montrant le grand Figure 4.15. (a) Échocardiogramme montrant le cœur
axe du cœur. VD et VG : ventricules droit et gauche. S : de son apex. AD et AG : Atrium droit et atrium gauche.
septum. Co : cordage. Les flèches creuses montrent les VD et VG : ventricules droit et gauche. VP : veines
valves aortique (A) et mitrale (M). Les petites flèches pulmonaires, (b) Schéma de la figure 4.15a. Les
montrent les parois de l'aorte, (b) Schéma de la flèches creuses montrent les valves tricuspide (VT) et
figure 4.14a. mitrale (VM).
POINT PRATIQUE
l'hypertrophie ventriculaire droite déplace égale-
Le battement précordial est anormal dans :
ment l'apex cardiaque, mais le choc apexien est
L'hypertrophie ventriculaire droit ressentie comme
habituellement plus diffus. Un signe important un mouvement de soulèvement ou d'expansion
est le soulèvement perçu par le plat de la main en face ou à gauche du sternum.
placé sur le sternum, ou juste à sa gauche. L'anévrisme ventriculaire gauche perçu comme un
Le battement précordial peut être anormal lors mouvement de balancement diffus entre le
sternum et l'apex.
d'un anévrisme ventriculaire gauche; on ressent
alors des mouvements de balancement entre le
sternum et l'apex.
Quand le premier bruit cardiaque est très fort, Auscultation
comme dans la sténose mitrale, le choc apexien L'identification des bruits du cœur et des souffles
est ressenti comme un tapotement brutal. grâce à un stéthoscope est souvent considérée
comme un grand art de la cardiologie, mais son
importance est exagérée. Une bonne histoire
Comprendre les différents appareils
Bruits du cœur
Ils sont associés à l'ouverture et à la fermeture
des valves, mais en réalité, ils proviennent des
brusques changements de la vitesse du courant
sanguin. Les bruits aigus sont mieux perçus à
travers le diaphragme du stéthoscope, et les
sons graves le sont mieux avec le pavillon.
POINT PRATIQUE
Auscultation des bruits cardiaques
Les bruits aigus sont mieux perçus à travers le
diaphragme du stéthoscope.
Les sons graves le sont mieux avec le pavillon.
associé sa tonalité aiguë, le différencie du troi- et tricuspide doivent être complètement ouvertes
sième bruit du cœur. Il survient plus tôt dans la et les valves aortique et pulmonaire fermées. La
diastole que le troisième bruit. sténose d'une valve mitrale ou tricuspide et l'in-
suffisance d'une valve aortique ou pulmonaire
Souffles cardiaques génèrent dès lors un souffle diastolique.
Un souffle est la conséquence d'un écoulement Les souffles surviennent également lorsque
sanguin turbulent. Il survient lorsque: existe une communication anormale entre les
• Une valve est épaissie et ne s'ouvre pas cor- cavités cardiaques due à une anomalie congéni-
rectement (sténose) ; tale. Par exemple, s'il existe une malformation
• Une valve ne se ferme pas correctement et ventriculaire septale, le sang va la franchir en
fuit (insuffisance ou régurgitation); systole, lorsque la pression dans le ventricule
• Il y a une communication anormale entre des gauche est supérieure à celle du ventricule droit.
cavités cardiaques, en raison d'une anomalie Ce flux sanguin et turbulent peut provoquer un
congénitale ou acquise, comme une malforma- souffle systolique. Chez un patient avec un canal
tion septale ventriculaire consécutive à un infarc- artériel, le sang s'écoule à travers la déhiscence
tus; en systole et en diastole, provoquant un souffle
• Un excès anormal de sang traverse une valve continu.
normale, comme au cours de la grossesse.
Les souffles peuvent survenir en diastole ou en Caractéristiques d'un souffle
systole, et identifier son moment de survenue Dans la sténose valvulaire, l'intensité du souffle
dans le cycle cardiaque est la première étape en augmente en pic, alors que la résistance au flux
pour déterminer la cause du souffle. sanguin est maximale puis décroît. Les sténoses
aortique et pulmonaire sont des souffles éjec-
La systole se rapporte à la contraction ventricu- tionnels (Fig. 4.20a).
laire et correspond à la période entre le premier Une insuffisance valvulaire se manifeste alors
et le second bruit; elle dure habituellement que la valve se ferme; ces souffles sont « pré-
moins longtemps que la diastole. Lorsque la fré- coces ». Une insuffisance aortique et pulmonaire
quence cardiaque augmente, les durées de la survient précocement provoquant un souffle
systole et de la diastole deviennent comparables, « decrescendo ». Les insuffisances mitrale et tri-
rendant leur différenciation difficile. La systole cuspide tendent à persister tout au long de la
correspond à l'impulsion apicale et au pouls de systole, provoquant des souffles « holosysto-
l'artère carotide, ce qui vous permet d'identifier liques » ou « pansystoliques » (Fig. 4.20b).
la systole en palpant la carotide tout en écoutant
le cœur. Ceci nécessite un petit peu d'entraîne-
ment.
Les souffles systoliques surviennent lorsque
les ventricules se contractent: les valves aortique
et pulmonaire doivent être complètement
ouvertes et les valves mitrale et tricuspide com-
plètement fermées. Un défaut d'ouverture des
valves aortique et pulmonaire (sténose valvu-
laire) ou une fuite à travers les valves mitrale et
tricuspide (insuffisance ou régurgitation) provo-
quera alors un souffle systolique. Les souffles
systoliques sont plus audibles que les diasto-
liques. (b)
Les souffles diastoliques surviennent lorsque
Figure 4.20. Schéma montrant comment illustrer un
les ventricules se relâchent et que le sang s'écou- souffle pour démontrer s'il est de type éjectionnel (a)
lant des oreillettes les remplit. Les valves mitrale ou pansystolique (b).
Comprendre les maladies cardiovasculaires
En résumé
devez vous rappeler qu'un souffle peut survenir
quand une grande quantité de sang traverse une Poser un diagnostic dépend plus que tout d'une
valve comme dans: histoire précise. Dans les maladies cardiovascu-
• la grossesse; laires, l'histoire orientera vers ce qui ne va pas
• l'anémie; (angor, insuffisance cardiaque, arythmie etc.) et
• l'hyperthyroïdie; l'examen clinique le confirmera directement ou
• l'intoxication au C 0 ; 2
indirectement.
• le béribéri.
Comprendre les maladies cardiovasculaires
I
Si vous diagnostiquez une insuffisance cardiaque, • Signes de tamponnade cardiaque ;
rappelez-vous que la description regroupe une • Pouls veineux jugulaire plus marqué à
série de symptômes et de signes, résultats d'une l'inspiration ;
maladie cardiaque précise. Les causes • TA systolique chutant à l'inspiration.
d'insuffisance cardiaque doivent être recherchées, • Douleur pleurale:
les principales sont : • Ampliation thoracique asymétrique ;
- maladie cardiaque ischémique ; • Percussion normale;
- maladie valvulaire (rhumatismale ou • Sons respiratoires anormaux;
congénitale) ; • Frottement pleural.
- hypertension ;
• Douleurs œsophagiennes : peu de signes
- arythmie;
cliniques, bien que la douleur puisse être reproduite
- maladie du muscle cardiaque (cardiomyopathie).
par une pression de l'épigastre.
• Douleurs ostéo-articulaires:
• Déformation vertébrale ;
• Sensibilité osseuse ;
• Douleurs à la palpation de la paroi thoracique.
Comprendre les différents appareils
EXEMPLE EXEMPLE
Cas n° 2 Cas n° 3
Consultation pour dyspnée Consultation pour maladie valvulaire
Il y aura habituellement des signes d'insuffisance Après avoir identifié l'étiologie d'un souffle cardiaque
cardiaque congestive (ex. insuffisance cardiaque (sténose ou insuffisance valvulaire, anomalie
droite due à une insuffisance cardiaque gauche) septale, etc.) vous devez diagnostiquer la pathologie
lorsque la dyspnée est due à une maladie cardiaque. cardiaque sous-jacente :
Celle-ci comprend :
• La sténose mitrale est presque toujours
• Une orthopnée ; rhumatismale (NB : Le myxome atrial peut provoquer
• Des crépitants aux bases pulmonaires ; un souffle similaire en obstruant l'orifice de la valve) ;
Une élévation de la pression veineuse jugulaire; L'insuffisance mitrale se voit après un rhumatisme
articulaire aigu, une infection myocardique, un
• Une hépatomégalie;
prolapsus valvulaire, une cardiomyopathie (due à une
Un œdème des chevilles; dilatation de l'anneau valvulaire), et une endocardite
Des signes de maladie cardiaque comme : infectieuse ;
• Une hypertrophie cardiaque; • La sténose aortique : maladie valvulaire
• Un troisième ou quatrième bruit cardiaque; congénitale, calcifications séniles, particulièrement
avec une valve bicuspide congénitale ;
• Des souffles cardiaques.
• L'insuffisance aortique : rhumatisme articulaire
Si la dyspnée est due à une maladie pulmonaire, le aigu, dissection aortique, endocardite infectieuse,
cœur sera normal mais rappelez-vous qu'une spondylarthrite ankylosante et autres maladies du
insuffisance cardiaque peut être le résultat d'une collagène, maladies inflammatoires intestinales ;
maladie pulmonaire (cœur pulmonaire) et que les
Anomalie ventriculaire septale : congénitale, post-
signes cliniques peuvent être remarquablement
infarctus du myocarde ;
proches de ceux d'une insuffisance congestive :
plaignant « d'oppression thoracique » n'ont pas Toutefois, les causes peuvent être multiples. Une
nécessairement des difficultés à respirer mais de insuffisance ventriculaire gauche peut, par
l'angor; parfois les deux peuvent survenir exemple, apparaître brutalement ou se dévelop- I
ensemble. Les patients avec des douleurs thora- per sur plusieurs semaines avec une dyspnée
ciques pleurales se plaignent souvent d'essouf- croissante. Le plus souvent, les patients ne peu-
flement et ces symptômes peuvent coexister vent pas donner avec précision le début exact
avec un infarctus pulmonaire. Ils peuvent, toute- d'une dyspnée durable. Vous devez insister I
fois, être liés à une impossibilité de respirer nor- auprès d'eux, car les patients qui disent être
malement en raison d'une douleur à essoufflés depuis plusieurs mois se souviennent
l'inspiration, en raison de fractures costales par ensuite que la tolérance à l'exercice physique I
exemple. s'est détériorée depuis plusieurs années.
éplsodique et varier au cours de la journée souffrant d'un asthme liés à leur travail : « Est-ce
comme dans l'asthme. que votre respiration (les sifflements ou la toux)
s'améliore pendant les week-ends? » et « Est-ce
Dyspnée nocturne. Un réveil nocturne peut que cela va mieux pendant vos vacances? »
survenir dans deux situations parfois difficiles à
séparer l'une de l'autre: l'œdème pulmonaire et Effets des traitements
l'asthme nocturne. Dans l'œdème pulmonaire dû Une dyspnée qui s'améliore après la prise de
à l'insuffisance ventriculaire gauche ou à une diurétiques oriente vers un œdème pulmonaire.
maladie valvulaire cardiaque, les patients sont Une amélioration singulière après plusieurs
réveillés brutalement par leur essoufflement jours de traitement stéroïdien évoque très forte-
(« dyspnée paroxystique nocturne ») mais sont ment un asthme ou, plus rarement, une maladie
soulagés en s'asseyant ou en sortant du lit, parenchymateuse comme une alvéolite aller-
manœuvres qui réduisent la pression capillaire gique. Un soulagement rapide par un broncho-
hydrostatique. Chez un asthme mal contrôlé (un dilatateur permet un diagnostic d'asthme.
problème bien plus fréquent), l'essoufflement
survient également vers deux ou trois heures du Symptômes associés
matin mais s'accompagne d'une toux et de sif- Les interrelations des symptômes sont impor-
flements, reflétant l'exagération des variations tantes. L'essoufflement chez un fumeur avec une
circadiennes normales du calibre des voies hémoptysie et une perte de poids suggère une
aériennes. atélectasie ou un épanchement dus à un cancer,
alors que l'essoufflement avec des sifflements
Dyspnée posturale. L'essoufflement surve- chez un jeune est habituellement un asthme.
nant en position couchée (orthopnée) n'est pas L'essoufflement est un symptôme fréquent d'hy-
seulement un signe d'insuffisance cardiaque. perventilation, souvent sans lien avec l'effort et
Ceci survient dans une paralysie diaphragma- survenant avec d'autres symptômes comme des
tique bilatérale. L'amélioration de l'essoufflement palpitations, des paresthésies des bras, des ver-
au coucher (platypnée) est rare et se voit dans tiges, une douleur thoracique et une respiration
différents types de shunt artério-veineux. trop visible. Ces patients se plaignent souvent de
« ne pas pouvoir prendre une respiration pro-
Facteurs prédisposants fonde » ou de « ne pas inspirer suffisamment
Une dyspnée liée à des facteurs environnemen- d'air dans la poitrine ».
taux, identifiables ou non, est habituellement liée
à l'asthme. Certains asthmatiques, par exemple, Sifflements. Ce bruit sifflant et musical qui
deviennent essoufflés lorsqu'ils sont en pré- survient lors de la respiration est important, car
sence d'un chat ou à d'un parfum particulier, ou il indique une obstruction des voies aériennes.
peuvent avoir des symptômes saisonniers Les principales causes sont:
lorsque la densité des pollens est élevée. L'es- • l'asthme;
soufflement est presque toujours aggravé pen- • la bronchite chronique et l'emphysème;
dant l'exercice physique, mais l'asthme d'effort • l'obstruction permanente des voies aériennes,
survient souvent après les efforts. Une dyspnée en raison d'une tumeur, par exemple.
aiguë est plus souvent due à une alvéolite aller-
gique ou à un asthme; les fermiers et les éle- Vous serez peut être amené à expliquer ce qu'est
veurs de pigeons peuvent développer des un sifflement car tous les patients ne compren-
symptômes quatre à douze heures après l'expo- nent pas ce que cela veut dire. Les principaux
sition à des allergènes. Les activités profession- signes diagnostiques du sifflement sont les
nelles sont particulièrement importantes; mêmes que pour l'essoufflement; toutefois, la
demandez à tous les patients avec une dyspnée variabilité du sifflement, son caractère spontané
si elle est liée à leur travail. Deux questions per- ou sa survenue à l'effort, les allergènes, l'occu-
mettent de reconnaître la plupart des patients pation, les médicaments (par exemple bêtablo-
Comprendre les différents appareils
quant, aspirine), ou des sifflements nocturnes Facteurs favorisants. La toux liée au repas
suggèrent de l'asthme. ou au décubitus dorsal peut être due à l'inhala-
tion du contenu œsophagien. La toux peut être
causée par des poussières ou des fumées parti-
La toux culières.
Ce signe varie de l'irritation modérée à un symp- Production de crachats. Une toux chro-
tôme de détresse. Il est fréquent dans les mala- nique hautement productive suggère des bron-
dies respiratoires mais, à lui seul, aide rarement chectasies.
au diagnostic. La toux est un effort expiratoire
forcé s'opposant à une glotte fermée qui s'ouvre Signes associés. Les causes les plus habi-
brutalement, libérant l'air et les sécrétions respi- tuelles d'une toux chronique non diagnostiquée
ratoires de manière explosive. Le réflexe naît des sont:
récepteurs du larynx et des voies principales res- • l'écoulement nasal postérieur;
piratoires, qui sont stimulés à la fois par des • l'asthme occulte;
substances dans les voies respiratoires (comme • le reflux gastro-œsophagien.
des sécrétions, des corps étrangers ou des irri-
tants inhalés) et par des phénomènes affectant Il est impératif, dès lors, de rechercher une obs-
les parois de l'arbre respiratoire (comme une truction nasale, une rhinorrhée et une sinusite;
inflammation ou des modifications brutales du d'autres symptômes de l'asthme; un pyrosis et
volume thoracique). une indigestion. L'inhalation de corps étrangers,
comme une cacahouète, peut provoquer la toux
Caractéristiques de la toux et est souvent méconnue chez l'enfant.
Beaucoup de fumeurs et d'habitants de zones
industrielles considèrent la toux comme faisant Type de toux. Si votre patient tousse pen-
partie de leur vie quotidienne. Leur réponse à dant l'examen, vous pourrez vérifier si elle est
« Est-ce que vous toussez? » peut souvent être productive. Sinon, le caractère de la toux est
« Non » ou « Comme d'habitude ». Dans ce cas rarement une aide diagnostique. Dans la paraly-
vous devez rechercher ce que votre patient sie unilatérale d'une corde vocale (comme dans
considère comme normal, demander si la toux a la paralysie du nerf récurrent causée par une
changé récemment, et vérifier les points suivants : extension médiastinale maligne) la toux peut
être prolongée et ressemble au meuglement
Durée. Essayez d'apprécier depuis combien d'une vache (toux « bovine »). Une laryngite, par-
de temps la toux est présente. Une toux matinale ticulièrement chez l'enfant, se manifeste par une
persistant depuis plusieurs années et produisant toux râpeuse, comme dans un croup. Une toux
des crachats blancs est caractéristique d'une faible survient dans la paralysie bilatérale des
bronchite chronique, alors que la toux Installée cordes vocales, dans la paralysie des muscles
depuis une semaine ou deux est habituellement respiratoires, dans les atteintes sévères de toute
en rapport avec un banal refroidissement. cause et lorsque la toux est douloureuse.
Variabilité. Une toux nocturne peut appa- Expectoration. Recherchez des « crachats »
raître dans l'asthme. Bien que souvent associée à plutôt qu'une « expectoration », un terme qui ne
une dyspnée et à des sifflements, elle peut être le dit rien à la majorité des patients. Environ 100 ml
seul symptôme inaugural de l'asthme infantile et de sécrétion sont produites journellement par
occasionnellement de l'adulte. La toux varie au un arbre respiratoire normal, et sont habituelle-
cours de la journée dans l'asthme, mais une toux ment avalés. Devant une toux productive, il est
persistant depuis plusieurs semaines ou mois utile de savoir grossièrement quelle quantité a
chez un fumeur accroît la possibilité d'un carci- été produite, même si certains patients avalent le
nome bronchique. surcroît de crachats. Le volume d'une expectora-
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?
tion, disons, d'une cuillère à soupe jusqu'à une ment du nasopharynx peut être difficile à distin-
tasse, est habituel dans les bronchectasies, par- guer. S'il existe à saignement nasal ou du sang
fois plus dans les abcès pulmonaires. Une présent dans la bouche, l'origine nasopharyngée
remarque générale concernant la prise des anté- est probable, alors que si le sang remonte lors
cédents est Ici nécessaire. Lorsque vous interro- de la toux, s'il est mélangé ou qu'il strie les cra-
gerez votre patient sur, par exemple, le volume chats, l'origine thoracique est probable. Le sang
de crachats ou le nombre de douleurs thora- d'origine pulmonaire est habituellement rouge
ciques « dans une journée », vous référerez habi- et non pas brun.
tuellement à une période de 24 heures alors que
le patient pense le plus souvent à la journée « par L'hémoptysie est-elle sévère? Le volume
opposition à la nuit ». Accordez-vous avec votre de sang aide à évaluer la gravité du problème et
patient. devient important pour la prise en charge. Une
hémoptysie de plus de 200 ml en 24 heures
Expectoration: couleur et consistance. engage le pronostic vital.
Claire ou blanche (grise dans les zones Indus- L'origine de l'hémoptysie (Point de révision 5.4)
trielles), collante ou mucoïde, l'expectoration est n'est retrouvée que chez la moitié des patients.
typique d'une hypersécrétion des glandes à L'histoire et l'examen cliniques apportent des
mucus bronchiques, comme dans la bronchite orientations écologiques.
chronique. Lorsque les crachats sont jaunes et Une hémoptysie franche avec une douleur pleu-
verts (purulents), souvent épais, ils contiennent rale, une dyspnée et parfois un frottement pleu-
des globules blancs marqueurs de l'infection, ral se retrouve dans l'infarctus pulmonaire ou de
bien que dans l'asthme, les crachats verts puis- la fièvre; une expectoration purulente et des
sent être dus à des éosinophiles. Les crachats signes de condensation pulmonaire se voient
des mineurs de charbon peuvent être noirs dans la pneumonie. Une hémoptysie récidivante
(mélanophtysis). Les asthmatiques ont des depuis des années est fréquente dans les bron-
expectorations visqueuses et filantes («je n'arrive chectasies. Chez un fumeur de quarante ans et
pas à le sortir » est un commentaire fréquent), et plus, il faut toujours penser au carcinome bron-
plus rarement crachent des petits moules bron- chique. Une hémoptysie ne doit jamais être rap-
chiques (spirales de Cruschmann) lorsqu'ils pré- portée à une « bronchite » avant d'avoir éliminé
sentent une aspergillose broncho-pulmonaire. les étiologies graves, et même si c'est le cas, il
L'expectoration est mousseuse, parfois rosée, vaut mieux être honnête et dire que la cause est
dans l'œdème aigu pulmonaire sévère. Des inconnue.
sécrétions abondantes sont rares dans les carci-
nomes alvéolaires. Une expectoration fétide
suggère une infection anaérobie dans un abcès
ou un emphysème pulmonaire avec fistule
broncho-pleurale.
Communes
Sans cause retrouvée.
Infection respiratoire aiguë.
Hémoptysie (cf. chapitre 38). Cracher du
Bronchectasies.
sang au cours d'un effort de toux fait craindre Cancer pulmonaire.
un cancer à beaucoup de patients et de méde- Tuberculose active/inactive.
cins, alors qu'il n'est mis en cause que dans 3 % Traumatisme thoracique.
des cas. Face à un patient ayant expectoré du Rares
sang il vous faudra répondre à deux questions: Vascularite pulmonaire.
Malformations artério-veineuse.
Tumeur bénigne.
Est-ce vraiment une hémoptysie? Vous
Corps étrangers.
devez vous rappeler que le sang peut ne pas Sténose mitrale.
venir de l'arbre respiratoire. L'hématémèse est Troubles de la coagulation.
habituellement facile à éliminer, mais un saigne-
Comprendre les différents appareils
• EXAMEN CLINIQUE
Médicaments. L'aspirine ou d'autres médi-
caments anti-inflammatoires non stéroïdiens
peuvent provoquer ou aggraver une obstruction
Signes extrathoraciques
des voies aériennes. De nombreux médicaments Hippocratisme digital
provoquent une éosinophilie pulmonaire. La
nitrofurantoine, l'amiodarone et le busulphan Quand tous les signes de l'hippocratisme sont
sont parmi les nombreux médicaments respon- présents, sa reconnaissance est facile. Des cas
sables de la fibrose pulmonaire. moins évidents sont matière à discussion, au
cours des visites, quant à la présence ou non de
Loisirs. Les perruches et les pigeons peu- l'hippocratisme, sans grande incidence sur la
vent provoquer une alvéolite allergique extrin- prise en charge.
sèque. Les premières provoquent une dyspnée Les signes d'hippocratisme (Fig. 5.2) sont:
progressive et insidieuse alors que les seconds • l'hypertrophie des tissus mous du lit de
sont le plus souvent la cause d'un syndrome l'ongle ;
aigu. • l'élargissement de l'angle entre l'ongle et le lit
de l'ongle, jusqu'à 180° (mais pas dans tous les
Immunodéficience. Vous devez être attentif cas) ;
à la possibilité du sida (syndrome d'immunodé- • l'augmentation de la courbure de l'ongle
ficience acquise) ou à d'autres états d'immuno- dans l'axe longitudinal et latéral;
déficience, en particulier lors de symptômes • une transformation en bulbe du bout des
respiratoires inexpliqués ou d'anomalies à la doigts.
radiographie pulmonaire. Un antécédent de
maladie hématologique maligne ou de traite- Il est habituel de reconnaître trois situations:
ments cytotoxiques et stéroïdiens sont habituel- l'hippocratisme est soit clairement présent, soit
lement des signes manifestes, mais vous devez clairement absent, soit possible.
rechercher les risques spécifiques du sida La pathogénie de l'hippocratisme est inconnue:
(cf. chapitre 21). une augmentation du flux de sang à travers les
doigts et un facteur neurogène (probable), car la
POINT PRATIQUE
Demandez toujours si une précédente
radiographie pulmonaire a été faite, et quand.
Vous gagnerez ainsi beaucoup de temps et
d'examens complémentaires si vous possédez un
cliché ancien à titre de comparaison.
Congénitale
identifiée lorsque la saturation artérielle d'oxy-
Pulmonaire
gène est de 80 à 85 %. De manière approxima-
Carcinome bronchique
Fibrose alvéolaire, asbestose
tive, elle indique que le sang contient au moins
Foyer infectieux pulmonaire chronique sur 5 g/dl de désoxyhémoglobine. La cyanose est
bronchectasies, mucoviscidose, abcès pulmonaires facilement détectée dans la polycythémie, mais
Cardiaque
peut être absente dans une anémie en dépit
Endocardite bactérienne. d'une hypoxémie sévère. La cyanose périphé-
Cardiopathie congénitale cyanogène rique est habituellement due à une extraction
Digestive
d'oxygène accrue, avec une circulation ralentie
Rectocolite hémorragique, maladie de Crohn comme par temps froid, au cours des phéno-
Cirrhose hépatique mènes de Raynaud ou d'une maladie vasculaire
Autres périphérique.
Beaucoup d'autres causes comme le fibrome
pleural
Obstruction de ia veine cave supérieure
Elle est le plus souvent due à:
• un carcinome bronchique et/ou associé à des
L'ostéoarthropathie hypertrophique pulmonaire adénopathies médiastinales;
provoque des douleurs et parfois un gonflement • un lymphome;
aux extrémités des os longs, symétriquement • une fibrose médiastinale ou une autre cause
au-dessus des poignets et des chevilles. Elle est rare.
souvent associée à un hippocratisme, la plupart
des cas étant associées un carcinome épider- Parmi ces causes, seul le carcinome bronchique
moïde du poumon. Les radiographies montrent est fréquent.
une apposition sous-périostée de la diaphyse Les patients peuvent se plaindre de céphalées et
des os longs (Fig. 5.1). d'une aggravation de leur dyspnée ainsi, que
d'un visage bouffi. Les signes conséquents ont
Cyanose une gravité variable :
Observez la langue, les lèvres et les ongles à la • veines dilatées de la paroi thoracique anté-
recherche de la décoloration bleue caractéris- rieure (Fig. 5.3) ;
tique de la cyanose. Si la cyanose est présente • veines jugulaires dilatées, immobiles et non
dans les trois sites, elle est dite « centrale » (Point pulsatiles;
de révision 5.7), et si elle existe uniquement sur • œdème de la face, du cou et (parfois) des
les ongles, elle est dite « périphérique ». bras;
L'aptitude à reconnaître une cyanose varie beau- • œdème conjonctival.
coup parmi les médecins, et la cyanose doit être
Comprendre les différents appareils
Respiration
Figure 5.3. Obstruction de la veine cave supérieure. Fréquence
Noter les veines dilatées du thorax et de l'abdomen Cinétique respiratoire
supérieur ; ce signe clinique discret peut être facilement - Superficielle
méconnu. - Kussmaul
- Cheyne-Stokes
Les veines dilatées de la paroi thoracique r e p r é - - Bruyante
sentent u n e circulation collatérale court-circui- - Lèvres pincées
tant la veine cave supérieure obstruée et - Orthopnée
d a n s l'emphysème, et parfois d a n s la c y p h o s e
Inspection du thorax [cf. ci-dessous).
Figure 5.6.
Schéma de profil
du thorax de la
figure 5.5
montrant le
développement
de la cyphose
par déformation
des vertèbres
thoraciques.
POINT PRATIQUE
Si vous ne pouvez pas distinguer le côté atteint er
raison de différences minimes à l'examen clinique
alors le côté à l'ampliation réduite est celui qui
recèle la pathologie.
tine, il est suffisant de noter si l'ampliation t h o - lors d'une obstruction ventilatoire, le dia-
exacte n'est p a s nécessaire car elle est imprécise des côtes (Fig. 5.9). O b s e r v e z les m o u v e m e n t s
a b d o m i n a u x pendant la respiration. N o r m a l e -
et n'a q u e peu de valeur diagnostique : en effet,
ment, la paroi abdominale se projette vers
toute atteinte pulmonaire ou pariétale peut
l'avant en raison de la descente d i a p h r a g m a -
réduire l'ampliation. U n e réduction unilatérale
tique et de l'expansion de la c a g e t h o r a c i q u e ; un
est plus importante car elle oriente vers une
m o u v e m e n t a b d o m i n a l vers l'intérieur o u a s y n -
c h r o n e suggère une paralysie phrénique ou un
épuisement musculaire. Enfin, au cours d'une
obstruction sévère des voies aériennes, v o u s
pourrez observer les muscles respiratoires
accessoires, scalènes antérieurs et s t e r n o - c l é i d o -
mastoïdiens qui contribuent à la respiration. Ces
patients utilisent également leurs bras pour fixer
les épaules afin d'accroître l'efficacité des
muscles accessoires.
Palpation de la trachée
Puis, vérifiez q u e la trachée est bien médiane. Il y
plusieurs m o y e n s , la plus simple étant de poser
s o n index sur l'incisure m é d i a n e du sternum et
Figure 5.11. Déplacements du médiastin (trachée et cœur) dans plusieurs situations pathologiques. La trachée peut
demeurer médiane en dépit d'un épanchement/collapsus mais fixée par une tumeur médiastinale.
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?
Tympanisme
Hyperinflation, par exemple emphysème/asthme
Pneumothorax
Individus maigres
Matité
Condensation/collapsus/fibrose
Obésité
Matité pierreuse
Figure 5.13. Technique de
percussion. Noter que le
Épanchement pleural
mouvement de percussion naît du poignet.
Comprendre les différents appareils
R a p p e l e z - v o u s q u e si le timbre de percussion
diffère d'un côté à l'autre, une a n o m a l i e est p r o -
bable, soit un t y m p a n i s m e d'un côté soit u n e
matité de l'autre.
Cependant, si v o u s retrouvez la m ê m e a n o m a l i e
des deux côtés, ceci est b e a u c o u p m o i n s signifi-
catif. Toutefois, u n e matité basale bilatérale peut
être d u e à un é p a n c h e m e n t pleural bilatéral,
mais peut être simplement en rapport avec u n e
obésité. Le m o u v e m e n t diaphragmatique est
difficile à détecter par la percussion mais u n e
matité basale droite peut é v o q u e r u n e ascension
diaphragmatique droite, et un tympanisme
basai g a u c h e u n e ascension diaphragmatique
gauche.
Projections pariétales
C a r d e z en m é m o i r e quelle partie du p o u m o n
v o u s examinez (Fig. 5.15 à 5.17 et Point de révi-
sion 5.11).
On perçoit u n e matité liée au foie en d e s s o u s du
e
niveau de la 6 côte sur la ligne médioclaviculaire
bien q u e la limite supérieure du foie remonte
e
juste a u - d e s s u s du niveau de la 5 côte. D e s
poumons distendus repoussent cette limite
supérieure du foie vers le bas.
Sons respiratoires
Sons entendus par la bouche
Chez une p e r s o n n e saine, au repos, v o u s ne p e r -
cevez a u c u n s o n respiratoire à la bouche. Figure 5.15 à 5.17. Projections de surface du poumon
Au contraire, d a n s une obstruction des voies droit. La grande fissure (oblique) suit la ligne depuis 12
aériennes ( B P C O o u asthme), o n perçoit souvent en arrière vers la sixième côte sur la ligne médio-
axillaire. La fissure horizontale (petite) suit le bord
des sons respiratoires; habituellement, plus
inférieur de la quatrième côte et croise la fissure
l'obstruction est sévère, plus la respiration est
oblique sur la ligne médio-axillaire. Les projections du
bruyante. Ces s o n s naissent des turbulences poumon gauche sont similaires mais la fissure
accrues de l'air d a n s les voies respiratoires. U n e horizontale est absente.
Figure 5.16. Projection pariétale du poumon droit. Figure 5.17. Projection pariétale du poumon gauche.
Sons surajoutés
Sibilants; Il est parfois difficile d'être sûr q u e le m u r m u r e
Crépitants ; vésiculaire est normal, mais s'il est identique des
Frottement pleural. deux côtés, il a toutes les c h a n c e s d'être n o r m a l .
Obstruction de la bronche
lobaire supérieure : souffle
Souffle bronchique . bronchique toujours perçu
(les sons sont transmis
de la trachée)
Obstruction de la bronche
lobaire inférieure : souffle
bronchique non perçu
Figure 5.19. Transmission des sons respiratoires lorsque les voies aériennes centrales sont obstruées.
En fin d'inspiration (typiquement bilatérale et flammation des voies aériennes de petit calibre,
basale) c o m m e d a n s l'alvéolite allergique extrinsèque
Œdème pulmonaire (insuffisance ventriculaire aiguë.
gauche);
Fibrose pulmonaire alvéolaire;
Asbestose.
Bruits vocaux et vibrations vocales
Inspiratoire/expiratoire précoce
Dilatation des bronches (bronchectasies localisées)
U n p o u m o n n o r m a l transmet mal les hautes f r é -
Bronchite chronique (peu nombreux).
quences, ce qui rend la parole inintelligible et le
Inspiratoire (localisée) m u r m u r e inaudible lorsqu'on les écoute a v e c un
Pneumonie.
stéthoscope s o u s l a paroi thoracique. U n p o u -
m o n solide (condensation) transmet de plus
hautes fréquences, la parole devient intelligible
Faites attention, car des crépitants peuvent être (bronchophonie) et le m u r m u r e audible (pecto-
produits par le m o u v e m e n t des poils s o u s le s t é - riloquie). Ces deux signes ont le m ê m e m é c a -
thoscope. Pouvoir distinguer des crépitants fins nisme et ne sont présents q u e lorsque le souffle
de crépitants bruyants n'aide pas souvent sur le bronchique est présent; ils n'apportent a u c u n e
plan diagnostic, bien q u e certains crépitants information supplémentaire et sont redondants.
soient caractéristiques, par exemple ceux de la La transmission de la voix à la paroi thoracique
fibrose pulmonaire qui ont un bruit de b a n d e est palpable par les vibrations de b a s s e f r é -
Velcro q u e l'on ouvre. quence.
POINT PRATIQUE
F r o t t e m e n t p l e u r a l . C'est u n s o n rude, c r a -
quant, probablement produit par les m o u v e - Ne perdez pas de temps avec les bruits vocaux et
les vibrations vocales lors d'un examen de routine
ments des feuillets viscéral et pariétal de la plèvre
du thorax s'il n'y a pas d'anomalie significative par
l'un sur l'autre. V o u s l'entendrez à l'inspiration et ailleurs.
à l'expiration, mais rarement s'il existe un é p a n -
chement pleural d'un certain volume. N'importe
quelle c a u s e d'inflammation pleurale peut p r o - Ce sont les vibrations v o c a l e s et, c o m m e t o u -
v o q u e r un frottement (habituellement u n e infec- jours, la clef réside d a n s la c o m p a r a i s o n d e s
tion, un infarctus pulmonaire ou un traumatisme deux côtés, simultanément de préférence. Placez
pleural, incluant les biopsies). les p a u m e s des mains sur la paroi thoracique et
d e m a n d e z au patient de dire « 33 ». Les v i b r a -
tions vocales sont palpables sur un p o u m o n
normal et elles sont accentuées d a n s un s y n -
POINT PRATIQUE d r o m e de c o n d e n s a t i o n , mais sont toujours
Vous devez toujours suspecter un stridor si les diminuées en cas d'épanchement.
sibilances sont plus fortes à l'inspiration qu'à La valeur actuelle des bruits v o c a u x et d e s vibra-
l'expiration.
tions vocales est discutable. Toutefois, si v o u s
Comment se présentent les patients atteints d'une maladie respiratoire?
Figure 5.20. Signes extrapulmonaires associés avec les atteintes respiratoires. PVJ : pression veineuse jugulaire.
Comprendre les différents appareils
Trachée poussée
vers la gauche
Diminution de
l'ampliation thoracique
Matité à la percussion
Abolition du murmure
vésiculaire
Apex cardiaque
vers la gauche
Même signes
à la face postérieure
du thorax
Atteinte de tout
l'hemithorax droit
(antérieur
Figure 5.22. Signes d'un épanchement et postérieur)
pleural droit abondant.
Trachée centrale .
Mouvements
peuvent être
Matité
à la percussion
Abolition
du murmure
vésiculaire
Bruits cardiaques
difficiles à entendre
Même signes
à la base gauche
Figure 5.23. Signes d'un épanchement postérieure
pleural gauche modéré.
Comprendre les différents appareils
La trachée
peut être déplacée
vers la gauche
particulièrement dans
un pneumothorax
expansif
Mouvements
Tympanisme
voire
hyperrésonance
Abolition
ou diminution
du murmure
vésiculaire
Mêmes signes à
la face postérieure
Figure 5.24. Signe d'un pneumothorax droit.
Trachée
attirée
vers la gauche Matité
à la percussion
Diminution
du murmure
vésiculaire
Mouvements
Souffle
bronchique
possible
L'hemithorax
droit peut
être mobile
Matité
à percussion
Souffle
bronchique
Les
crépitements
Matité peuvent être
à la percussion entendus
Souffle
bronchique
Signes
surtout
postérieurs
colique hépatique, due à un calcul dans la voie hépatite, et dans les affections chroniques, elle
biliaire commune (cholédoque). Ceci provoque constitue un symptôme majeur du carcinome de
une douleur viscérale médiale. Si, comme c'est l'estomac. La maladie des jeunes filles, l'anorexie
souvent le cas, la vésicule se dilate et devient mentale, a déjà été évoquée dans le chapitre 2.
secondairement inflammatoire, le péritoine parié- Elles perdent beaucoup de poids par un déni de
tal qui la recouvre provoque une douleur locali- la nourriture mais, curieusement, ne se plaignent
sée dans le quadrant supérieur droit. que rarement d'une perte d'appétit.
Une douleur projetée apparaît quand la douleur Beaucoup de patients se plaindront d'avoir « mal
d'une zone est perçue dans une autre localisa- au cœur » alors qu'ils ne sont simplement « pas
tion partageant la même innervation sensitive. bien ». Lorsque la nausée est isolée, sans vomis-
Le meilleur exemple dans l'abdomen est la dou- sements, elle est plus sûrement en rapport avec
leur de la pointe de l'omoplate, qui survient lors une dépression ou une névrose qu'avec une
d'une irritation sous-diaphragmatique lors de la maladie gastro-intestinale. Si la nausée est asso-
perforation d'un ulcère peptique. ciée aux vomissements, vous devez tout d'abord,
Prenez l'habitude de poser une suite complète chez les patients d'âge moyen et élevé, penser à
de questions relatives à la douleur abdominale une maladie digestive haute comme une tumeur
(Point de révision 6.2). ou un ulcère gastrique. Elles sont souvent asso-
ciées à une anorexie et à une perte de poids. En
cas d'obstruction à la vidange gastrique, les
vomissements contiendront beaucoup de nour-
riture non digérée prise de nombreuses heures
auparavant, ou parfois la veille.
Depuis combien de temps? Des heures, des jours, Le vomissement de sang ou hématémèse, est
des mois?
presque toujours en rapport avec des lésions
Permanente, croissante ou intermittente? ulcérées du tractus digestif jusqu'à la seconde
tocalisation, irradiation, facteurs aggravants? portion du duodénum, ou avec le saignement de
Liée à la prise alimentaire? varices secondaire à une hypertension portale.
Modifications du transit intestinal? Un saignement brutal s'accompagne d'un
Perte de poids associée? vomissement de sang frais, alors qu'un saigne-
Nausées et/ou vomissements associés? ment dans le tractus digestif haut ne s'accom-
pagne pas forcément d'un vomissement, mais se
poursuit à travers le tube digestif pour provo-
quer une diarrhée noire ou maelena. Des vomis-
Vous trouverez davantage de détails dans le sements répétés, comme après une fête trop
chapitre 27, qui vous aide à différencier les arrosée, peuvent léser la jonction gastro-œso-
grands types de douleurs abdominales en pra- phagienne. Un saignement à cet endroit n'est
tique clinique. pas forcément grave et se nomme le syndrome
de Mallory-Weiss, d'après le nom des médecins
qui l'ont observé.
Anorexie, nausées
Les brûlures rétro-sternales sont caractéris-
et vomissements tiques d'un reflux gastro-œsophagien; celui-ci
L'anorexie recouvre un grand nombre de symp- est aggravé par des repas abondants, le taba-
tômes, allant d'une perte modérée de l'appétit à gisme, une position semi-assise ou un travail
un profond dégoût de la nourriture. C'est un effectué penché en avant, comme le jardinage.
symptôme non spécifique qui survient au cours Le liquide acide remonte souvent dans la
de nombreuses maladies aiguës et chroniques bouche, appelé le pyrosis, mais il est rarement
non gastro-intestinales. Au cours des atteintes vomi.
gastro-intestinales aiguës, c'est un signe très Comme pour l'anorexie, les nausées et vomisse-
désagréable de la phase prodromique d'une ments ne sont pas tous en rapport avec le tube
Comprendre les différents appareils
digestif. Des vomissements abondants et répétés Une dysphagie chronique et/ou intermittente est
peuvent survenir dans : le plus souvent due à une sténose bénigne de
• Une migraine chez les enfants et les jeunes l'œsophage ou à une achalasie du cardia (Point
adultes; recherchez attentivement les céphalées de révision 6.3). Cette dernière maladie est habi-
associées, qui peuvent être modérées et que le tuellement présente lors de la première partie de
patient a négligées; la vie, elle est due à un spasme de l'extrémité
• Une hypercalcémie; inférieure de l'œsophage. On dit que les patients
• Une insuffisance rénale; supportent plus difficilement la dysphagie au
• Une intoxication médicamenteuse, par liquide qu'au solide, mais ce n'est pas toujours
exemple à la digoxine; vrai. Dans toutes les autres étiologies de dys-
• Une hypertension intracrânienne. phagie, il est plus facile d'avaler des liquides que
des solides. Un symptôme fréquent, notamment
chez des femmes jeunes et nerveusement pré-
Difficultés à la déglutition disposées, se traduit par une déglutition fré-
quente censée surmonter ce qu'elles croient être
Certains patients vous diront qu'ils ont mal lors une obstruction de l'arrière-gorge. Aucune
de la déglutition, ou que de la nourriture reste cause n'est attribuée à ce symptôme, qui est
bloquée dans leur gorge. Ce dernier symptôme qualifié de « globus hystéricus ». Il faut préciser
doit toujours être pris au sérieux. Les médecins que, bien que nerveuses, ces jeunes femmes ne
ont tendance à utiliser le terme dysphagie de sont en aucun cas hystériques.
manière large. Strictement parlant, il désigne des
« difficultés à la déglutition », et il est plus juste de
restreindre son usage à cette situation et à la
sensation de blocage des aliments. Utilisez le
Achalasie du cardia
terme odynophagie si vous devez décrire la dou-
leur à la déglutition. Sténose bénigne de l'œsophage (habituellement
secondaire à un reflux)
La douleur à la déglutition est habituellement
Ulcération (ex. moniliase)
due à une œsophagite. Recherchez des symp-
Cancer de l'œsophage
tômes de reflux acide lorsque le patient se
penche ou se couche. Les patients qualifieront Cancer du cardia gastrique
souvent cette douleur rétro-sternale de « brû- Compression externe (ex. cancer des bronches,
anévrisme de l'aorte)
lures ». Assurez-vous de bien comprendre ce
qu'ils vous décrivent. Une erreur fréquente et Lésions neurologiques (ex. maladie du
motoneurone).
potentiellement grave serait de la confondre
avec un angor favorisé par des repas plantureux.
Au cours de la seconde moitié de leur vie, les
patients qui se plaignent pour la première fois de
douleurs croissantes lors de la déglutition souf-
Selles
frent souvent d'une atteinte grave, comme un Beaucoup essaient de nous faire croire que la
carcinome du pharynx, de l'œsophage ou de la seule manière d'atteindre une parfaite santé est
jonction gastro-œsophagienne. La sténose doit d'aller à la selle tous les jours après le petit-
être significative avant que le symptôme de dys- déjeuner. Ceci est une absurdité. Chez certains,
phagie ne soit perçu, et sa sévérité augmente trois selles par jour peuvent être une situation
souvent rapidement au cours des jours suivants. normale, alors que pour d'autres, deux ou trois
selles chaque semaine est compatible avec une
POINT PRATIQUE parfaite santé. Ceci dépend des habitudes per-
Des patients qui se plaignent de difficultés
sonnelles, de l'activité physique, de l'ingestion de
croissantes à la déglutition doivent être pris en liquides et du régime alimentaire. Des selles
charge en urgence. longues, fines ou en fuseaux ont peu d'impor-
Appareil digestif
tance. Un soudain accès de deux ou trois selles et déterminer si l'ictère est dû à une hépatite
au lever est souvent d'origine nerveuse. infectieuse, à une maladie hépatique chronique
Certains symptômes sont certainement anor- ou à une obstruction. Davantage de détails sont
maux et doivent être explorés correctement. Il donnés dans le chapitre 39. N'oubliez pas que
s'agit de: des drogues ou des médicaments peuvent pro-
• saignement à la défécation ; voquer des ictères hépatitiques ou de type cho-
• mucus avec les selles; lestique. Des épisodes aigus d'hémolyse, comme
• diarrhée avec du sang et du mucus; dans le paludisme ou la drépanocytose, peuvent
• modification d'un transit intestinal réglé; provoquer des ictères importants, mais dans
• sensation d'une vidange incomplète du rec- l'ensemble, l'ictère ne sera qu'un caractère
tum; secondaire de la maladie originelle.
• diarrhées nocturnes; Si le patient est jeune et qu'une cause infectieuse
• selles souvent volumineuses et pâles. est suspectée, vous devez l'interroger à propos :
• d'un accès prodromique d'anorexie, de fièvre
L'expulsion de sang avec les selles est traitée et de malaises;
dans les chapitres 35 et 37. • de contacts;
• de drogues intraveineuses, d'une blessure
POINT PRATIQUE accidentelle par une aiguille, de transfusions san-
Un saignement digestif bas inexpliqué doit être guines, d'une homosexualité (hépatites B et C) ;
exploré par une sigmoïdoscopie et une coloscopie, • d'un voyage récent.
ou un transit baryte.
Si le patient est d'âge moyen ou élevé, et si un
ictère obstructif est suspecté, recherchez :
À chaque patient présentant une diarrhée asso- • la couleur des selles (pâles si l'obstruction est
ciée à du sang ou du mucus, vous devez deman- complète) ;
der s'il ne rentre pas d'un voyage à l'étranger, • une douleur abdominale haute, suggérant
mais rappelez-vous que des parasites ou une des calculs vésiculaires;
infection retrouvés dans les intestins ne sont pas • une douleur dorsale et des selles grasses, si
nécessairement la cause de la maladie. Des l'on pense à une tumeur pancréatique.
affections tropicales comme l'amibiase ou la
strongyloïdose, associées à d'autres maladies Si vous pensez que l'ictère est dû à une cirrhose,
sexuellement transmissibles comme la syphilis recherchez :
ou la gonococcie, forme le syndrome de « l'in- • la consommation d'alcool;
testin homosexuel » et se rencontre chez les • des épisodes antérieurs d'ictère;
hommes homosexuels. • des transfusions antérieures;
La constipation est traitée en détails dans le cha- • un prurit (particulièrement sévère dans les
pitre 36, mais rappelez-vous que c'est un symp- cirrhoses biliaires primitives).
tôme fréquent aux étiologies souvent simples,
comme l'immobilité prolongée et le repos au lit,
les régimes amaigrissants, le changement d'ha- Gaz
bitat, un voyage et une déshydratation.
Ce symptôme fréquent a rarement une étiologie
grave. L'émission de gaz par la bouche est appe-
Ictère lée éructation, celle par voie anale est appelée
poliment un pet (ou des vents [NdT]). Assurez-
L'ictère ou jaunisse est un symptôme alarmant, vous d'être bien compris de vos patients. Cer-
qui amène rapidement les patients à consulter tains, comme leurs médecins, peuvent
leur médecin. En pratique, vous pouvez habituel- confondre les deux termes. Si nécessaire, utilisez
lement poser le diagnostic à partir de l'histoire, des mots de tous les jours pour cela.
Comprendre les différents appareils
Les éructations chroniques sont habituellement • d'une paire de gants pour palper des lésions
dus à une aérophagie. Il n'y a pas de formation avec les deux mains.
de gaz dans l'estomac en dehors de la prise L'examen de la bouche permet:
d'antiacides, mais les patients n'acceptent pas • d'apprécier le degré d'hydratation, mais il est
facilement cette idée. Toutefois, l'air peut être important de ne pas confondre les symptômes
piégé dans une volumineuse hernie para-œso- de la soif et les facteurs qui provoquent une
phagienne dont la vidange soulage le patient. déshydratation de la bouche (Point de révi-
Dans l'alactasie et dans les régimes riches en sion 6.4) ;
fibres, la production de gaz alimentaire peut être • de rechercher des lésions spécifiques comme
excessive. des ulcères ou des papules;
Le ballonnement abdominal reflète une disten- • de rechercher des signes d'orientation locaux
sion gazeuse de l'abdomen, souvent aggravée ou additionnels qui peuvent permettre le dia-
par l'inactivité physique et l'indisposition à gnostic d'une maladie généralisée, par exemple
émettre des gaz. la découverte d'une candidose chez un patient
atteint du sida (Fig. 6.1).
POINT PRATIQUE
Les régimes très riches en fibres produisent des
flatulences douloureuses d'allure colique.
EXAMEN CLINIQUE
• LA BOUCHE
Ne négligez pas la bouche lorsque vous exami-
nez un patient avec des symptômes abdomi-
naux. C'est, après tout, la première portion de
l'appareil digestif. Les patients s'attendront à ce
que vous leur demandiez de tirer la langue,
comme si c'était essentiel pour l'examen clinique.
Certes, vous pourrez en tirer beaucoup d'infor-
mations, mais l'état de la langue ne reflète pas
aussi bien l'état de santé que ne le souhaitent les
patients. Figure 6.1. Candidose du voile du palais chez un
homme atteint du sida.
POINT PRATIQUE
Une langue chargée ne signifie pas forcément une
mauvaise santé. Les lèvres
Une langue dépapillée, rouge, propre et lisse l'est
plus souvent.
Des crevasses aux angles de la bouche (cheilose
ou stomatite angulaire) sont très banales. Elles
sont décrites dans la plupart des livres comme
Quand vous examinez la bouche, rappelez-vous étant dues à une anémie ou une malabsorption.
que vous avez besoin : Elles le sont en effet, mais la superposition des
• d'une bonne lampe; lèvres chez des patients édentés ou ayant un
• d'un abaisse-langue pour déprimer la langue défaut d'occlusion est une cause bien plus fré-
et écarter les joues ; quente. La peau repliée devient humide, macère
Appareil digestif
Hypercalcémie Radiothérapie locale, en Figure 6.3. Herpès labial. Infection virale commune
particulier avec irradiation compliquant souvent des états fébriles.
des glandes salivaires
Figure 6.2. Stomatite angulaire. Les crevasses aux Figure 6.4. Télangiectasie hémorragique héréditaire.
commissures labiales sont souvent infectées, comme Les lésions peuvent passer inaperçues mais aussi
ici, par le Monilia. s'étendre au pharynx et à l'œsophage.
Comprendre les différents appareils
Dents et gencives
L'état des dents est souvent un bon indice de
l'hygiène orale du patient et de l'intérêt qu'il porte
à sa santé. La lésion la plus simple et la plus fré-
quente des gencives est la gingivite, souvent due Figure 6.5. Gencives œdémateuses, hémorragiques et
infectées dans la leucémie aiguë.
à l'irritation par un calcul, qui provoque un
œdème, une rougeur et un saignement. La gingi-
vite aiguë nécrosante ulcérée est une infection • D'autres langues normales ont des tâches
virale douloureuse provoquant un gonflement, irrégulières, des aires dépapillées découpées
une inflammation rapide et une haleine fétide. comme des cartes de géographie sur le dos de
Avec l'âge, la rétraction des gencives expose les langue. Ces modifications varient avec le temps
couronnes dentaires; ceci explique que les per- et forment ce que l'on appelle une langue « géo-
sonnes âgées ont de « longues dents ». graphique »;
Dans la maladie d'Addison, une pigmentation • Une langue noire duveteuse est causée par
brunâtre peut être observée sur la muqueuse une élongation des papilles filiformes du dos de
buccale, en face des molaires. Celle-ci ne doit la langue. Elle fait suite, mais pas toujours, à un
pas être confondue avec la pigmentation méla- traitement antibiotique;
nique des gencives, très banale chez les per- • Des personnes âgées peuvent avoir des vari-
sonnes noires en bonne santé. cosités de la face inférieure de la langue, la
Un œdème des gencives survient: langue « caviar ».
• physiologiquement, à la puberté et au cours
de la grossesse; Alors qu'une langue chargée peut-être normale,
• à la suite d'ingestions chroniques de médica- une langue lisse, rouge et dépapillée ne l'est cer-
ments comprenant de la phénytoïne, de la ciclo- tainement pas et s'observe lors une anémie ferri-
sporine et de la nifédipine; prive, une anémie pernicieuse, une malabsorption
• dans la leucémie aiguë (Fig. 6.5), les gencives ou un traitement récent par des antibiotiques
saignent et se surinfectent; (Fig. 6.6). Des modifications semblables sont
• au cours du déficit en Vitamine C (scorbut)
qui provoque également un saignement des
gencives.
La langue
Vous devez garder en mémoire les variations
d'aspect de la langue chez les personnes saines.
• Une langue sale peut être compatible avec
une santé normale, mais se voit chez les per-
sonnes respirant par la bouche et chez les
fumeurs ;
Figure 6.6. La langue est rouge et lisse. Noter la pâleur
• Des plis irréguliers se développent parfois
associée; cette femme a une anémie par carence
avec l'âge, c'est la langue dite « scrotale »; martiale chronique.
Appareil digestif
Agents toxiques
Radiothérapie
Chimiothérapie
Immunodépression
Stomatite Sida
Asthénie générale
Cette situation recouvre de nombreuses lésions
États cancéreux
élémentaires, comme l'ulcération, l'infection, la Jeûne prolongé
nécrose et la desquamation de la muqueuse. Ces
Maladies cutanées
lésions vont de l'ulcération bénigne mais dou-
Lichen plan
loureuse au carcinome oral potentiellement fatal Pemphigoïde/pemphigus
(Point de révision 6.6).
Comprendre les différents appareils
• CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
À PROPOS DE L'ABDOMEN
Les abdomens, comme leurs propriétaires, se
présentent de toutes formes et de toutes tailles.
L'obésité rend toujours l'examen clinique plus
difficile; pour l'abdomen, une obésité impor-
tante rend l'interprétation des signes presque
impossible. Typiquement, les rebords sous-cos-
taux et la xiphoïde sont la limite supérieure de
l'abdomen antérieur. Ils sont faciles à palper
chez tous les patients, sauf chez les plus gros.
En bas, l'abdomen est limité par les épines
iliaques antérieures et supérieures, les ligaments
inguinaux et la symphyse pubienne (Fig. 6.8). Les
épines iliaques antérieures sont habituellement
palpables, mais peuvent être recouvertes par
une couche de graisse chez les patients obèses.
Vous devez vous rappeler que même si ces
limites sont commodes, elles ne font qu'enca-
drer la fenêtre rhomboïdale de la paroi abdomi-
nale, à travers laquelle vous ne pouvez palper
qu'une partie du contenu abdominal. Les cou-
poles diaphragmatiques, le foie, une partie de
l'estomac et la rate s'étendent bien au-dessus
des rebords costaux alors que le pelvis se pro-
jette pour sa plus grande partie en dessous du
pubis et des ligaments inguinaux.
Les personnes au tronc court ont des rebords
sous-costaux larges, alors que ceux qui sont
longilignes et minces ont tendance à avoir des
rebords étroits. À mesure que le tronc se rac-
Figure 6.8. Limites de l'aire rhomboïdale qui
courcit, ce qui arrive avec le grand âge et l'os- déterminent la zone palpation du contenu abdominal.
téoporose, la fenêtre abdominale se rétrécit, Pour la description, cette aire a été divisée en quatre
laissant les côtes inférieures reposer sur les quadrants. QSD : quadrant supérieur droit. QSG :
quadrant supérieur gauche. QID: quadrant inférieur
crêtes iliaques, voire même s'enfonce dans le
droit. QIC : quadrant inférieur gauche.
pelvis (Fig. 6.9).
Pour des raisons descriptives, il est facile de tra-
cer une ligne imaginaire de la xiphoïde au pubis de L1 et, tout en croisant le pylore, elle passe le
et une autre à travers l'abdomen, au niveau de long du grand axe du pancréas et l'angle duo-
l'ombilic, pour diviser l'abdomen en quatre qua- déno-jéjunal. Le plan sous-costal est au niveau
drants: supérieur droit, supérieur gauche, infé- de L3 et la ligne joignant le sommet des crêtes
rieur gauche et inférieur droit. iliaques correspond à L4.
Il est utile de pouvoir projeter la position des
organes abdominaux sur des plans anato-
miques et des niveaux vertébraux. C'est ainsi que La position du patient
la xiphoïde répond à T9. Une ligne horizontale à
mi-chemin entre la fourchette sternale et le Ne rendez pas votre travail trop difficile! Il est
pubis (le plan transpylorique) se situe au niveau plus facile d'examiner avec le plat de la main et
Appareil digestif
Figure 6.9. Réduction de l'aire rhomboïdale qui survient avec le raccourcissement du tronc et la cyphose due à l'âge
et à l'ostéoporose.
veines se dirige vers l'ombilic. Vérifiez la direc- Vergetures gravidiques. Ces cicatrices
tion du flux des veines en plaçant l'extrémité de argentées sont des marques d'étirement de la
vos index sur la veine, puis en les éloignant le paroi abdominale à la suite d'une grossesse.
long de la veine pour la vider. En soulevant l'un Toutefois, toute prise de poids rapide chez les
ou l'autre doigt, il est possible de déterminer la jeunes filles pubères, les patients traités par cor-
direction du remplissage de la section ainsi vidée ticothérapie ou ceux atteints d'un syndrome de
(Fig. 6.11). On observe parfois un signe clinique Cushing peut provoquer l'apparition de verge-
rare, la « tête de méduse », où de grandes veines tures qui sont initialement d'un rouge violacé,
irradient à partir de l'ombilic. Ceci survient dans mais qui peuvent s'estomper en un gris argenté.
l'hypertension portale où les veines établissent
des anastomoses entre les circulations systé- Modifications de l'ombilic. Il peut exister
mique et portale autour du ligament rond. une hernie para-ombilicale chez les personnes
obèses. Chez les personnes âgées qui ne se
Cicatrices sur la paroi abdominale. Elles lavent pas, l'ombilic peut être rempli par un bou-
vous informent du passé chirurgical du patient, chon sébacé et squameux. Lors de distensions
et chacune doit être explicable. Les cicatrices importantes, comme dans l'ascite, l'ombilic est
chéloïdes sont des cicatrices exubérantes dans étiré: c'est le « sourire de l'ombilic ». Il peut éga-
lesquelles le tissu fibreux s'étend au-delà de l'in- lement être repoussé comme dans une hernie
cision originelle; elles surviennent surtout chez ombilicale. Un saignement intra-abdominal peut
les personnes noires. décolorer l'ombilic. À l'origine, ce signe a été
Appareil digestif
décrit en association avec une pancréatite aiguë • Débutez votre palpation loin des zones dou-
et s'appelle le signe de Cullen (Fig. 6.12). loureuses;
• Soyez doux et donnez confiance à votre
Péristaltisme visible. Il est plus visible dans patient;
une lumière indirecte. Chez les personnes âgées • Observez le visage de votre patient pendant
maigres, le péristaltisme peut être visible à l'état que vous palpez.
normal. En cas d'obstruction à l'évacuation gas-
trique, observez les mouvements qui s'effectuent Certaines structures sont souvent palpables chez
de gauche à droite le long du corps de l'estomac. les patients minces (Fig. 6.13).
Ceci peut prendre une minute pour être décelé Avec de la pratique vous apprendrez que:
donc ne vous pressez pas; il s'agit souvent d'un • il est souvent possible, lors d'une inspiration
signe clinique discret. L'obstruction colique est profonde, de ressentir le bord antérieur du foie,
censée se déplacer de droite à gauche, mais ceci qui peut être légèrement sensible;
n'est apparent que le long du côlon transverse. • le caecum peut être perçu comme une masse
mal définie, molle et clapotante dans la fosse
iliaque droite;
Palpation • le pouls aortique est palpable dans l'épi-
gastre, mais ceci ne veut pas nécessairement dire
C'est le moment le plus important de l'examen qu'il existe un anévrisme ;
de l'abdomen. • un côlon descendant plein est souvent pal-
• Placez-vous à la droite du patient; pable comme une structure cylindrique dans la
• Utilisez toute votre paume, dans le prolonge- fosse iliaque gauche;
ment horizontal de votre avant-bras ; • le promontoire sacré peut être perçu chez les
patients maigres, en particulier chez les femmes
avec une lordose lombaire exagérée.
Auscultation
C'est un savoir-faire négligé par les praticiens;
les chirurgiens sont, eux, plus enclins à l'auscul-
tation, en raison de sa très grande valeur dans le
diagnostic des abdomens aigus. A l'état normal,
des bruits de gargouillement graves et peu nom-
breux surviennent à quelques secondes d'inter-
valle. Si l'intestin est dilaté et en mouvement,
comme au cours d'une obstruction, on peut
entendre des bruits plus aigus allant jusqu'au
tintement. Quand existe un iléus paralytique,
l'abdomen est uniformément silencieux, à l'ex-
ception des bruits lointains du cœur.
Des bruits artériels sont souvent perçus venant
d'artères plicaturées, rétrécies ou irrégulières.
Vous ne pouvez pas, à l'auscultation, déceler
fidèlement les étiologies ou l'origine de ces
Figure 6.14. Aire de projection du foie montrant le site
bruits et il serait imprudent de leur accorder trop
où l'on peut mesurer la flèche hépatique.
d'importance, sauf si ces bruits sont inhabituel-
lement forts et/ou accompagnés d'un souffle.
deux espaces intercostaux plus bas. Le lobe
gauche du foie s'étend jusqu'au-delà de la ligne
Percussion médioclaviculaire gauche. La variation normale
la plus fréquente des contours du foie est la pré-
La percussion de l'abdomen peut aider à : sence d'une langue de foie s'étendant vers le bas,
• confirmer que la distension est gazeuse. La dans la fosse iliaque droite, nommée le lobe de
percussion d'un intestin obstrué génère un tym- Riedel.
panisme comme un tambour; La meilleure manière de déceler une augmenta-
• révéler la matité mobile d'une ascite tion du volume du foie est de débuter l'examen
(Fig. 6.26); la main droite à plat sur la paroi abdominale,
• définir les bords des organes solides, des l'index parallèle au rebord costal droit
masses; (Fig. 6.15a), ce qui vous permettra dévaluer l'im-
• identifier des poches de gaz provenant de portance générale de son augmentation de
viscères perforés. volume. Ceci sera confirmé de manière plus pré-
cise en déplaçant l'avant-bras et la main parallè-
lement au grand axe du corps, et en utilisant
• LE FOIE l'extrémité des doigts pour définir la position
exacte du rebord hépatique (Fig. 4.15b). L'aug-
Il est important de comprendre que même chez mentation de volume du foie peut s'exprimer en
les personnes en bonne santé, le foie a une centimètres en dessous du rebord costal droit
forme et une topographie variables (Fig. 6.14). sur la ligne médioclaviculaire droite. N'utilisez
Son bord supérieur culmine jusqu'à 1 cm au- pas des largeurs de doigts, c'est une mesure
e
dessus de la 5 côte sur la ligne médioclavicu- démodée et inadaptée.
laire, et son bord antérieur et inférieur s'étend Le fait que le rebord hépatique soit palpable en
jusqu'au rebord costal. Chez les personnes dessous du rebord costal ne veut pas nécessai-
minces, ce bord inférieur peut être palpé lors rement dire que le foie ait augmenté de volume.
d'une inspiration profonde. Des poumons distendus peuvent le repousser
Chez des patients au thorax distendu, comme vers le bas. C'est la raison pour laquelle certains
dans l'emphysème, le foie peut se situer jusqu'à cliniciens mesurent la flèche hépatique (Fig. 6.14)
Appareil digestif
(a) Foie sensible et augmenté de taille (b) Le bord mousse du foie est palpable
Cardiomegalie Tympanisme thoracique avec décalage
Le diaphragme droit peut être soulevé vers le bas de la matité hépatique
Reflux hépato-jugulaire
Autres signes d'insuffisance cardiaque
Expansion systolique du foie en cas d'insuffisance tricusi
Cirrhose Métastases
hépatique
Figure 6.16. Transformations du foie selon les maladies, (a) Insuffisance cardiaque droite, (b) Distension pulmonaire,
(c) Cirrhose du foie, (d) Métastases hépatiques, (e) Carcinome hépatocellulaire primitif chez un patient africain, (f)
Infiltration diffuse du foie.
Appareil digestif
Ictère
Faciès cushingoïde Hépatopathie alcoolique
Figure 6.17. Angiomes stellaires. Figure 6.18. Face palmaire des mains. L'aspect marbré
des éminences hypothénar est caractéristique.
Figure 6.20. Gynécomastie chez un patient indien avec pour palper le bord antérieur et inférieur de cet
une hépatite chronique active. organe (Fig. 6.22). Notez la taille de la rate en
centimètres (et non en travers de doigts) par
rapport à la marge costale gauche. Les signes
cliniques sont résumés dans la figure 6.23.
La Splenomegalie peut être confondue avec un
• LA RATE gros rein gauche. Dans ces circonstances, la rate
La rate n'est pas palpable à l'état normal. Chez est mate; en revanche, la zone devant le rein
des adultes jeunes, sa taille est celle d'un poing. gauche présente un tympanisme car le gros rein
Située dans le quadrant supérieur gauche de repousse devant lui l'angle colique gauche (Point
l'abdomen, son grand axe mesure approximati- de révision 6.8).
vement 10 cm de long et il est parallèle à la
e
10 côte gauche. Comme pour d'autres tissus
lymphoïdes, elle s'atrophie avec l'âge et passe de
200 g chez un jeune à 70/80 g chez une per-
sonne âgée. On dit que la rate doit augmenter de
deux ou trois fois son volume normal avant
d'être perçue: ceci est incorrect.
Le signe le plus précoce de la Splenomegalie est
une augmentation de l'aire normale de la matité
splénique à la percussion, en avant de la ligne
e
médio-axillaire, au niveau de la 10 côte
(Fig. 6.21). Toutefois, le tympanisme du gaz dans
l'estomac peut masquer ce signe. Au fur et à
mesure de l'augmentation de volume, elle
s'étend en dessous du rebord costal gauche,
vers le bas et médialement. Dans une Splenome-
galie importante, elle peut même se retrouver
dans la fosse iliaque droite.
Recherchez la rate en plaçant votre main gauche
en dessous des côtes inférieures gauches et en
les soulevant vers l'avant. Utilisez la main droite
Figure 6.22. Palpation de la rate.
Appareil digestif
Kala-azar*
Paludisme Fièvre, hépatomégalie, jaunisse
Thalassémie
obstrue l'évacuation gastrique, elle provoquera Les atteintes des ganglions para-aortiques et
des vomissements abondants de nourriture non mésentériques se manifestent comme des
digérée. Une grande tumeur pancréatique peut masses centrales, nodulaires et mal définies. Ces
être perçue dans cette région, mais elle est le adénopathies sont habituellement dues à un
plus souvent associée à un ictère obstructif. Une lymphome ou à une leucémie lymphoïde chro-
métastase du lobe gauche du foie peut être dif- nique, mais peuvent être secondaires aux méta-
ficile à diagnostiquer, mais cette dernière est stases d'une tumeur primitive comme un
mobile à la respiration. séminome.
Carcinome Lymphome
de l'estomac
Figure 6.24. Signes cliniques des masses abdominales, (a) Carcinome de l'estomac, (b) Lymphome. (c) Anévrisme
aortique. (d) Kystes palpables de l'abdomen.
Appareil digestif
Grossesse
Beaucoup de praticiens ne reconnaissent pas les
signes cliniques d'une grossesse avancée chez
les patientes obèses, et cela ne va pas en s'amé-
liorant. Ce point peut apparaître comme relative-
ment trivial, mais cette erreur est évitable si l'on
considère que la grossesse est possible chez
toute femme en période reproductive se présen-
Figure 6.25. Ascite due à une cirrhose du foie. Noter tant avec une distension abdominale.
l'hépatomégalie et la faible pilosité.
Appareil digestif
Figure 6.26. Matité mobile, (a) Patient en décubitus dorsal : les deux flancs sont mattes, (b) Patient couché sur le
côté: le liquide se déplace et le seul flanc supérieur présente un tympanisme.
Graisse
L'obésité n'est habituellement pas difficile à dia-
gnostiquer, mais parfois la graisse est localisée
dans l'abdomen d'un patient qui n'en a manifes-
Tumeurs volumineuses qui peuvent distendre
tement pas ailleurs. La graisse s'accumule dans
l'abdomen (ex. tumeur rénale)
les tissus sous-cutanés et dans les replis périto-
Hépatomégalie (particulièrement métastatique)
néaux, mais pas de manière égale pour tout le
Volumineuse Splenomegalie
monde. Le gros ventre des buveurs de bière de
sexe masculin est habituellement dû à une accu- Reins polykystiques (et foie)
mulation excessive dans les replis péritonéaux. Adénopathies (comme les lymphomes non
Chez la femme, une accumulation importante hodgkinien)
Douleur isolée
Fissure Pendant et après la défécation
Douleur et tuméfaction
Hématome périanal À tout âge mais fréquent après la naissance
Abcès ano-rectal
Hémorroïdes prolabées
Carcinome de l'anus ou du canal anal
Douleur avec saignement
Pour les patients, c'est le moment le plus embar- permettra au doigt de glisser dans le canal anal
rassant et le plus désagréable de l'examen cli- et le rectum. En réalisant ce geste, inclinez dou-
nique. cement le doigt vers l'arrière; ceci exercera une
• Soyez plein d'égards, expliquez ce que vous pression sur la sangle du muscle pubo-rectal
faites et pourquoi; (élévateur de l'anus [NdT]) qui s'ajoute au tonus
• Soyez doux; du sphincter anal (Fig. 6.27a et 6.27b). Trois
• Placez votre patient en décubitus latéral choses à ne pas faire en réalisant un examen du
gauche, avec les hanches et les genoux fléchis, rectum :
mais avec les fesses sur le bord du lit; • N'introduisez pas l'extrémité de votre doigt
• Mettez des gants et inspectez l'anus et le directement dans le rectum;
périnée en soulevant la fesse droite avec la main • Ne faites pas l'examen s'il apparaît trop dou-
gauche. loureux; il peut y avoir une fissure;
• Ne cherchez pas à forcer le passage du doigt
A ce stade, recherchez : à travers un rétrécissement.
• un suintement du périnée ou des traces sur
les sous-vêtements par des selles, des écoule- Lorsque votre doigt se situe dans le rectum,
ments du sang; faites-en le tour pour évaluer la muqueuse rec-
• des hémorroïdes prolabées; tale, pour ressentir une tuméfaction anormale
• des condylomes ou des verrues [cf. chapitre ou des ulcères, et pour définir les structures nor-
19); males. En plaçant votre main gauche sur l'abdo-
• des cicatrices et ou la formation d'une fistule men dans la région sus-pubienne vous serez
(Fig. 35.1); capable de palper les organes pelviens bima-
• des ulcères ou des fissures; nuellement. Notez la présence et la consistance
• des rougeurs. de matières dans le rectum. Une masse dure de
matières chez une personne âgée et fragile sug-
Lubrifiez alors l'index droit et placez la pulpe sur gère un fécalome.
l'anus. Demandez au patient de pousser comme Chez l'homme, le rapport antérieur le plus
s'il allait à la selle; une pression douce sur l'anus important est la glande prostatique (Fig. 6.27c).
Appareil digestif
Figure 6.27. (a, b) Comment réaliser l'examen du rectum, (c) Situation de la prostate, (d) Situation du col.
Elle est ferme, rugueuse et son diamètre de 2 à En arrière, il est habituellement possible de pal-
3 cm. Un sillon médian est palpable, ainsi que les per la concavité du coccyx.
vésicules séminales qui peuvent être palpées au Chez la femme, les repères correspondant sont:
bout du doigt, de chaque côté. Avec l'âge, la en avant, le col utérin qui, en fonction de sa
prostate s'hypertrophie en augmentant de maturité est perçu comme une masse ferme,
volume et en faisant protrusion dans le rectum, comme l'extrémité d'un nez (Fig. 6.27d). En utili-
sans être forcément symétrique. La muqueuse sant la technique bimanuelle, il vous est alors
rectale qui le recouvre doit être régulière et possible de déterminer la taille et la forme de
mobile. Le carcinome de la prostate se déve- l'utérus, et de palper une tuméfaction ovarienne.
loppe et forme un nodule induré dans la glande, Dans les deux sexes, la paroi rectale doit être exa-
qui est impossible à différencier d'une zone de minée avec attention, à la recherche de polypes
calcification. On augmentant encore, la tumeur ou d'un carcinome rectal. Jusqu'à 90 % des car-
forme une masse irrégulière asymétrique qui cinomes rectaux peuvent être palpés avec le
envahit la muqueuse voisine. Lorsque la tumeur doigt. Les petites tumeurs peuvent être papillaires
s'étend latéralement dans le pelvis, la prostate a ou nodulaires, mais l'extension des volumineuses
des « ailes ». Dans la prostatite aiguë, la glande tumeurs ulcérées est parfois difficile à apprécier.
est extrêmement sensible à la palpation. Si l'extrémité du doigt examinateur explore les
De chaque côté du rectum se placent les fosses bords d'une masse et semble entrer dans une
ischio-rectales où peuvent se collecter des abcès. cavité, ceci correspond à une base nécrotique
Comprendre les différents appareils
ulcérée. Quand la muqueuse rectale est enflam- • des selles odorantes, pâles et collantes sug-
mée, comme dans les colites ulcérantes, elle gèrent une malabsorption graisseuse ou stéa-
prend la consistance du velours. Toutefois, l'état torrhée ;
de la muqueuse ne peut être évalué avec préci- • des selles décolorées orientent vers un ictère
sion que par une vision directe à travers un proc- obstructif;
toscope, un sigmoïdoscope et une biopsie. • un volumineux écoulement muqueux et
En retirant le doigt, examinez le gant: liquide suggère un adénome villeux;
• la présence de sang et/ou de mucus suggère • un écoulement muqueux et hydrique avec
une tumeur ulcérée et une maladie chronique une masse volumineuse de fèces dans le rectum
inflammatoire intestinale, comme une recto- oriente vers un fécalome.
colite ulcéro-hémorragique;
du système nerveux
• SYMPTÔMES
Perte de connaissance
* N d T : La « Medi-Alert card » signale les antécédents
Ici, tout dépend des circonstances, de l'âge et des
médicaux. Le patient doit la garder sur lui en cas d'acci-
antécédents médicaux du patient, ainsi que la dent. C'est, par exemple, la carte de porteur de pacema-
rapidité de la récupération. La manière de ker, etc.
Comprendre les différents appareils
Réflexes archaïques
sont plumetés; elles correspondent à des fibres nerveuses, la papille devient anormalement
nerveuses myélinisées; c'est une variante de la ovale et ses bords avec la rétine sont très mar-
normale qui n'a pas de signification clinique. qués.
Figure 73. Diagramme des voies visuelles avec les déficits campimétriques produits par des lésions dans des zones
particulières. Une lésion en (1) provoque une cécité complète de l'œil droit avec une perte du réflexe photomoteur
direct de cet œil. Une lésion en (2), comme par une tumeur hypophysaire, provoque une hémianopsie bitemporale.
En pratique, il est rare de constater un déficit symétrique du champ visuel. Une lésion en (3), le tractus optique,
produira une hémianopsie latérale homonyme avec une atteinte de la macule. Les lésions des radiations optiques
provoquent une quadranopsie gauche. L'atteinte des fibres inférieures de la radiation optique dans le lobe temporal
provoquera une quadranopsie supérieure (4). Plus rarement, l'atteinte des fibres supérieures de la radiation optique à
la portion antérieure du lobe pariétal provoque une quadranopsie inférieure (non illustrée sur le diagramme). Une
lésion en (5) provoquera une hémianopsie latérale homonyme gauche.
Œil droit
Droit supérieur Oblique inférieur
III III
POINT PRATIQUE
En observant un patient avec une paralysie faciale
modérée, on constate un affaissement du pli naso-
labial et une chute de l'angle de la bouche du
côté touché.
Figure 7.11. Paralysie faciale périphérique gauche (Bell), (a) Au repos, le pli naso-labial est moins marqué et l'angle
de la bouche tombe, (b) Lors du sourire, (c) En essayant de fermer les yeux, le globe gauche s'élève.
Comprendre les différents appareils
Le nystagmus vestibulaire typique comprend Les lésions isolées du nerf vague sont rares.
deux composantes, une phase rapide et une Quand une lésion unilatérale survient à la base
phase lente, la direction de la phase rapide étant du crâne en raison d'une tumeur ou d'un trau-
utilisée pour définir la direction du nystagmus: matisme, les nerfs adjacents IX et XI sont
par exemple, une phase rapide vers la droite habituellement impliqués. Toutefois, une atteinte
équivaut à un nystagmus vers la droite. Une du nerf laryngé récurrent par un carcinome
lésion labyrinthique irritative provoquera un bronchique est fréquente. Le signe le plus pré-
nystagmus de l'oreille ipsilatérale alors qu'un coce d'une paralysie laryngée récurrente est une
nystagmus paralytique le provoquera dans paralysie en abduction de la corde vocale, pro-
l'oreille opposée. voquant un enrouement. Plus tard, les adduc-
Le test de Romberg est parfois utilisé pour éva- teurs sont touchés et la corde vocale reste en
luer des patients vertigineux mais il n'est pas position intermédiaire.
spécifique. On demande au patient de se tenir
debout, les yeux fermés et les chevilles jointes. Le Nerf accessoire (XI)
test est considéré comme positif si le patient ne Il s'agit d'un nerf purement moteur contrôlant
peut pas maintenir cet équilibre. Ceci oriente les muscles sterno-cléido-mastoïdien et trapèze.
habituellement vers des troubles du sens de Le muscle sterno-cléido-mastoïdien peut être
position articulaire, mais une atteinte vestibulaire évalué en demandant au patient de tourner la
peut également rendre le signe de Romberg tête d'un côté, tout en s'opposant à ce mouve-
positif alors que le sens de position est normal. ment par une pression sur le menton. La
N'accordez pas trop d'importance à ce signe. contraction du muscle opposé est alors pal-
pable. Pour comparer les deux muscles, deman-
Nerfs glosso-pharyngien (IX) et vague (X) dez à votre patient de pousser la tête vers l'avant
e e
Les IX et X nerfs crâniens sont des nerfs mixtes contre une pression appliquée sur son front.
contrôlant la langue, le pharynx, le larynx et le Pour faire contracter le muscle trapèze, deman-
voile du palais, ainsi que les fibres sensitives et dez à votre patient de lever son épaule.
motrices destinées au cœur, aux poumons et
aux viscères abdominaux. Il n'est pas nécessaire Nerf hypoglosse (XII)
d'évaluer ces nerfs en routine sauf s'il existe une Il s'agit d'un air purement moteur pour les
dysarthrie, une dysphonie, une dysphagie ou muscles de la langue.
des signes d'atteinte du tronc cérébral. Les atteintes centrales bilatérales de la langue,
habituellement dues à des lésions vasculaires
POINT PRATIQUE bilatérales, forment un tableau clinique nommé
Des lésions isolées du nerf glosso-pharyngien sont paralysie pseudo-bulbaire, avec une langue
extrêmement rares mais la névralgie du glosso- spastique peu mobile responsable d'une dysar-
pharyngien (ressemblant à la névralgie faciale) thrie, d'une dysphagie et de spasmes de la man-
peut provoquer des douleurs lancinantes dans dibule.
l'arrière gorge.
Les atteintes bilatérales périphériques de la
langue provoquent une atrophie et des fascicu-
Appuyer sur la langue en effleurant de chaque lations (contractions irrégulières, continues et
côté la face postérieure du pharynx permet rapides de groupes de fibres musculaires).
d'évaluer la sensibilité du pharynx (nerf IX). La Explorez les fasciculations avec une langue au
réaction nauséeuse, réflexe à ce stimulus, pro- repos à l'intérieur de la bouche; ce signe clinique
voque une élévation médiane du voile du palais. est extrêmement important et oriente habituelle-
Le réflexe nauséeux comporte un bras afférent, ment vers une maladie du motoneurone (Point
le nerf glosso-pharyngien, et sa voie efférente le de révision 7.9).
nerf vague, qui innerve le voile du palais. La Si le nerf hypoglosse est lésé, la langue sera
déviation de l'uvule d'un côté oriente vers une déviée vers le côté paralysé.
lésion du nerf X controlatéral.
Guide pratique pour les maladies du système nerveux
Causes d'une atrophie musculaire généralisée Causes d'une atrophie musculaire localisée
Néoplasique Atrophie par non-utilisation
Malnutrition Neuropathie périphérique
Autre maladie carentielle Myopathie
Immobilité prolongée Poliomyélite
Malabsorption Lésions médullaires
Sida Maladie du motoneurone
Lésion nerveuse locale
Comprendre les différents appareils
dez en mémoire que certaines personnes sont explorent ce réflexe en ayant assis leur patient
relativement maladroites avec leur main non sur une chaise.
dominante.
Réflexe achilléen L5 et SI (et 2). Fléchissez
Réflexes modérément le genou et maintenez le pied en
La pratique développera votre capacité à exami- dorsiflexion partielle. Percutez le tendon et
ner les réflexes. Voici quelques caractères des observez la contraction du mollet. Si vous avez
principaux réflexes, examinés de haut et bas. des difficultés à obtenir la contraction du mollet,
demandez à votre patient de s'agenouiller sur
Réflexe bicipital C5 et C6. Placez votre une chaise basse en vous tournant le dos
pouce sur le tendon du biceps et frappez votre (Fig. 7.12).
pouce avec le marteau à réflexe. C'est un réflexe
très utile à évaluer, surtout lorsque vous suspec-
tez une hypothyroïdie chez votre patient et que
vous voulez montrer une réponse retardée.
Réflexes cutanés abdominaux. Ils sont Vous pouvez les avoir remarqués pendant que
testés en stimulant chaque quadrant de la paroi vous notez l'histoire clinique de votre patient et
abdominale relâchée, l'un après l'autre. Chaque pendant son examen.
Système sensitif
Ce sont les circonstances qui dictent la manière
Anxiété plus ou moins complète dont il faut explorer le
Tremblement essentiel (familial) : présent au repos, système sensitif; dans beaucoup d'examens
apparaît lors de l'activité volontaire, touche la face et médicaux de routine, cela peut être superflu.
le cou ainsi que les membres supérieurs Pour localiser une lésion médullaire, l'examen
Thyréotoxicose : évidente avec des mains en doit être méticuleux et prendre du temps.
extension
Lorsque vous testez la sensibilité, pensez en
Maladie de Parkinson : présent au repos, termes de lésions anatomiques possibles. Si
partiellement aboli à l'activité
vous trouvez un niveau sensitif précis, comme
Surdosage en bêta-agonistes
dans une lésion de la moelle épinière, commen-
Hypercapnie cez par les pieds et remontez. Quand la lésion
Coma hépatique (« flapping tremor ») est périphérique, toutes les modalités, c'est-à-
Intoxication alcoolique chronique dire le toucher, la douleur et la température,
seront touchées. Les déficits sensitifs seront dis-
sociés si la lésion atteint le système nerveux cen-
tral, parce que les voies de la sensibilité sont
anatomiquement distinctes. Ceci se vérifie dans
Voici les différentes formes de mouvements les hémisections de la moelle du syndrome de
involontaires : Brown-Séquard (Fig. 7.25).
• Tremblements : mouvements répétés et ryth- Testez les différentes modalités sensitives de la
més au niveau d'une articulation (Point de révi- manière suivante:
sion 7.14);
• Chorée: mouvements répétitifs aléatoires et Sensibilité cutanée fine. En utilisant une
brusques. Les patients semblent agités. Obser- mèche de coton, demandez à votre patient de
vés dans la chorée de Sydenham, la chorée de fermer les yeux et de vous dire s'il perçoit un
Huntington et le surdosage en L-dopa ; contact après une stimulation unique. N'oubliez
• Dystonie athétosique: mouvements de tor- pas que les parties distales des membres sont
sion lents, non répétitifs et associés à des toujours plus sensibles que les proximales.
troubles de la posture;
• Tics: mouvements brusques et répétitifs Proprioception. Explorez une articulation
(mais souvent complexes) temporairement comme la métatarso-phalangienne de l'hallux.
contrôlables par la volonté. Habituellement chez Tenez le gros orteil par les côtés à proximité de
le jeune; son extrémité pendant que vous le mobilisez de
• Myoclonies: mouvements répétés brusques haut en bas. À l'état normal, un patient peut être
(irréguliers ou rythmiques) sans contrôle volon- capable de détecter un mouvement de 5 mm. Le
taire; signe de Romberg peut être utilisé pour évaluer la
• Fasciculations: contractions musculaires irré- qualité des informations proprioceptives prove-
gulières et diffuses. Notez que ces contractions nant des membres. Demandez à votre patient de
irrégulières et grossières peuvent toucher les se tenir debout sur ses pieds. S'il y a un déficit pro-
épaules à l'état normal; prioceptif, il sera instable à la fermeture des yeux.
• Myokimies: contractions musculaires répé-
tées d'une partie du muscle. Fréquentes, souvent Perte de la sensibilité vibratoire. Utilisez
limitées à de fines secousses de la paupière un diapason vibrant à 128 Hz. Débutez par la
supérieure; proéminence osseuse des malléoles, et si la sen-
• Astérixis : déficit bref de la tenue d'une pos- sation est absente, poursuivez sur la crête tibiale,
ture. Observé en cas d'insuffisances hépatique et puis les crêtes iliaques si nécessaire. Le sens
rénale. vibratoire peut être diminué ou aboli chez des
personnes âgées en bonne santé.
Comprendre les différents appareils
Lésions du nerf uInaire (Point de révi- pas être testés. Le nerf médian innerve toujours
sion 7.16). Elles sont caractérisées par un déficit le court abducteur du pouce, et ce muscle
sensitif le long du bord ulnaire de l'annulaire et constitue un bon moyen d'évaluer le fonctionne-
sur les deux bords de l'auriculaire. Elles peuvent ment du nerf médian (Fig. 7.17).
s'accompagner d'une sensation de main morte
(Fig. 7.14). Sur le plan moteur, il y a une paralysie Lésions du nerf radial. Elles sont caractéri-
des muscles interosseux des troisième et qua- sées par un déficit sensitif de la phase dorsale de
trième lombricaux (que vous ne pouvez pas tes- la main, en particulier à la racine du pouce. Sur
ter cliniquement), des muscles hypothénar et du le plan moteur, le nerf innerve les muscles exten-
muscle adducteur du pouce (Fig. 7.15). Apprenez seurs du poignet, du pouce et des articulations
à tester les fonctions motrices en évaluant la métacarpo-phalangiennes. Testez la fonction
force musculaire du premier muscle interosseux motrice par une extension du poignet contre
(Fig. 7.16). une résistance. Les lésions du nerf radial sont
habituellement dues à une atteinte ou une pres-
Lésions du nerf médian (Point de sion dans le bras.
révision 7.16). Elles sont caractérisées par un
déficit sensitif de la paume de la main, de la face Arthrose cervicale. Elle provoque des dou-
palmaire du pouce, de l'index et du majeur, et du leurs et une hypoesthésie dans le territoire radi-
bord radial de l'annulaire. Sur le plan moteur, le culaire du bras et/ou de la main. La douleur
nerf médian contrôle l'abducteur du pouce, l'op- irradie dans la main avec très peu ou aucun
posant chez 80 % des patients, et les premier et signe cervical.
deuxième lombricaux qui ne peuvent également Syndrome du canal carpien (Fig. 7.14). Il est
Figure 7.14. Quelques situations sensitives fréquentes touchant le membre supérieur, (a) Syndrome du canal
carpien. Bien que ce soit le nerf médian qui soit comprimé au niveau du poignet, les patients se plaignent de
douleurs et de paresthésies dans toute la main, (b) Lésions du nerf lunaire, (c) Douleur radiculaire.
Surtout bilatéral Surtout unilatéral
Grand âge et fragilité Lésions du nerf lunaire
Polyarthrite rhumatoïde Lésions du nerf médian
Maladie du motoneurone Lésion du plexus brachial inférieur, traumatique (Fig. 7.18)
ou secondaire à un carcinome de l'apex pulmonaire
Myelopathie cervicarthrosique et arthrose lombaire Syndrome du défilé thoracique, par exemple, côte cervicale
Neuropathie périphérique
Syringomyélie
(a)
En résumé
Le dernier paragraphe de ce chapitre montre,
sous forme de schémas, cinq syndromes neuro-
logiques fréquents, et indique certains signes cli-
niques qui sont parfois, mais pas toujours,
associés. La cinquième figure, qui montre les
signes d'une hémisection de la moelle épinière
(syndrome de Brown-Sequart), illustre les prin-
cipes majeurs du déficit sensitif dissocié (Fig. 7.20
à 7.25).
Figure 7.20. Schéma montrant les signes d'une maladie de Parkinson à un stade avancé.
Comprendre les différents appareils
Figure 7.21. Schéma des signes cliniques observés dans une sclérose en plaques avancée. + + + Réflexes très vifs,
T Réflexe cutané plantaire en extension.
Guide pratique pour les maladies du système nerveux
Figure 7.22. Schema des signes de Polyneuropathie mixte c o m m e dans le diabète sucre. ± Reflexes présents ou
absents. - Reflexes abolis.
Comprendre les différents appareils
Figure 7.23. Schéma des conséquences d'un accident vasculaire cérébral droit et gauche chez une personne
droitière. ++ Réflexes vifs Extension du réflexe cutané plantaire.
Guide pratique pour les maladies du système nerveux I
Troubles psychiatriques :
comment les repérer
Pour reconnaître les troubles psychiatriques et d'un professionnel. De même si votre patient ne
arriver à un diagnostic différentiel, vous devrez parle pas français, vous aurez besoin d'un inter-
conduire une approche systématique pour prète professionnel.
écouter l'histoire clinique et mener l'examen de Les patients présentant des troubles psychia-
l'état mental. triques n'admettent pas immédiatement et faci-
lement leurs problèmes. En effet, ils seront
parfois silencieux; il pourra alors être utile d'ob-
• INTERROGER LE PATIENT tenir des informations à partir d'autres sources
comme:
La section A (chapitres 1 à 3) explique comment • la famille;
interroger les patients ayant des problèmes • le médecin traitant du patient;
médicaux généraux et chirurgicaux, mais vous • d'autres professionnels travaillant près de lui,
devez apprendre certains points additionnels comme des travailleurs sociaux, des infirmiers
pour mener un interrogatoire psychiatrique. psychiatriques, le personnel des centres de jour
Tout d'abord, mettez votre patient à l'aise et ou des psychologues;
encouragez-le à parler ouvertement de ses pro- • le contenu d'un dossier médical ou psychia-
blèmes. Il est préférable, particulièrement au trique antérieur.
début de l'interrogatoire, d'utiliser des questions Enfin, ayez toujours à l'esprit les problèmes de
ouvertes, comme: « Comment vous sentez-vous sécurité, car le patient peut parfois devenir sou-
du point de vue psychologique? » plutôt que des dainement violent, par exemple après avoir
questions fermées (comme « Est-ce que vous entendu des voix (hallucinations auditives). Les
sentez déprimé? ») qui ne donnent au patient points suivants ont une importance particulière:
aucune chance d'élaborer une réponse. Pendant • Soyez toujours assis plus près de la porte
les cinq premières minutes, encouragez votre que votre patient;
patient à parler sans interruption du (es) pro- • Assurez-vous qu'il y a toujours quelqu'un qui
blème(s) qui le soucie (nt).
sache où vous êtes et avec qui vous vous entre-
Quand, pour la première fois, vous recueillerez
tenez;
les antécédents psychiatriques ou que vous
• Assurez-vous de savoir où sont situés les
mènerez un examen mental, vous pourrez vous
dispositifs de sécurité, comme les alarmes et les
sentir mal à l'aise en interrogeant le patient sur
systèmes d'appel, et comment ils fonctionnent;
ses antécédents psycho-sexuels ou ses pensées
• Rappelez-vous que vous ne pourrez pas tou-
suicidaires. En pratique, vous vous rendrez
jours calmer un patient violent en parlant avec
compte que certains patients ne sont pas surpris
lui.
par ces questions. En particulier, ne craignez pas
de donner à un patient l'idée de se suicider juste
en l'interrogeant sur ses pensées suicidaires: il
n'y a aucune preuve que ceci pourrait arriver. • ANTÉCÉDENTS PSYCHIATRIQUES
Si votre patient est sourd, mais comprend le lan-
Les antécédents psychiatriques permettront de
gage des signes, vous devez vous faire assister
recueillir les détails suivants:
Troubles psychiatriques: comment les repérer ?
Personnalité p r é m o r b i d e . Personnalité du
patient avant le début de la maladie psychia-
trique: Discours et pensées circonstanciés
• l'attitude envers les autres, dans ses relations Les pensées apparaissent lentes avec incorporation
sociales, familiales et sexuelles; de détails inutiles et non significatifs. Le but de la
pensée est cependant atteint.
• l'attitude envers soi et le caractère;
• les croyances religieuses et les critères Écholalie
moraux; Il s'agit d'une imitation automatique, par le patient,
• l'humeur habituelle; du discours d'une autre personne. Ceci survient
même si le patient ne comprend pas le sens des
• les activités de loisirs et les centres d'intérêts;
paroles.
• la vie fantasmatique;
• la réaction habituelle face au stress. Fuite des idées
Le discours devient un flux de pensées accélérées
avec des changements brutaux de thèmes et sans
aucune idée centrale. Les relations entre les
• EXAMEN DU STATUT MENTAL pensées peuvent être basées sur :
- des relations aléatoires;
Ce paragraphe couvre la symptomatologie psy- - des associations hasardeuses ;
chiatrique (les signes de la maladie) telle qu'elle - des stimuli distracteurs;
apparaît au moment de l'interrogatoire. De plus, - des associations verbales, par exemple
allitérations et assonances.
on peut obtenir des informations par d'autres
sources, comme les observations des infirmières Néologisme
chez les patients hospitalisés; ces sources doi- C'est un mot nouveau construit par le patient, ou
vent également être utilisées, car le malade ne un mot de tous les jours utilisé de manière
particulière par le patient.
reconnaît pas toujours ses symptômes psycho-
pathologiques. Par exemple, un patient dont Réponses à côté
l'équipe d'infirmières a observé qu'il présentait Les réponses aux questions, bien que clairement
des hallucinations auditives peut nier, pendant incorrectes, démontrent que les questions sont
comprises. Par exemple, quand on demande « De
un entretien structuré, ses troubles de percep-
quelle couleur est l'herbe? », le patient peut
tion. Les critères suivants peuvent être recher- répondre « Bleue ».
chés lors d'un examen de l'état mental :
Persévération
Dans les persévérations (d'expressions et de
mouvements) les opérations mentales continuent
Apparence et comportements au-delà de ce qui est nécessaire. Les types
caractéristiques de persévération du langage sont :
• Présentation générale ; - la palilalie : le patient répète un mot avec une
• Posture et mouvements; fréquence croissante;
- la logoclonie : le patient répète la dernière
• Niveau de contact visuel;
syllabe du dernier mot.
• Niveau d'activité;
• Comportement social ; Barrages
• Comportement relationnel. Il s'agit d'une interruption soudaine d'une
association d'idées, avant qu'elle soit complète,
laissant un « blanc ». Après une période de silence,
le patient ne pourra plus se rappeler ce qu'il vient
de dire ou voulait dire.
(D'après Puri BK, Laking DJ, Treasaden IH Relâchement d'association (trouble formel de la
(1996): Textbook of psychiatry. Edinburgh: pensée)
Il survient particulièrement dans la schizophrénie.
Churchill Livingstone.)
Troubles psychiatriques: comment les repérer ?
• Phobies, telles que celles décrites dans le • Idées délirantes, comme celles présentées
Point de révision 8.5. Une phobie est une peur dans le Point de révision 8.6. Un délire est une
irrationnelle et persistante d'une activité, d'un fausse conviction personnelle basée sur l'infé-
objet ou d'une situation, qui conduit à l'évite- rence d'une réalité extérieure, fermement soute-
ment. La peur est hors de proportion avec le nue en dépit des opinions des autres, et ce
danger réel et irraisonnée, étant au-delà du malgré des preuves irréfutables et évidentes du
contrôle volontaire; contraire. Cette conviction n'est pas celle habi-
• Idées suicidaires. Commencez à les évaluer tuellement acceptée par les autres membres de
par une question comme « Vous est-il arrivé de sa culture ou sous-culture (par exemple, ce n'est
penser que la vie n'était pas digne d'être pas un point de croyance religieuse) ;
vécue? » ; • Idées surévaluées. Une telle idée est une vive
• Idées d'homicide. Vous demanderez à votre préoccupation déraisonnable, soutenue avec une
patient: « Vous est-il arrivé d'éprouver le souhait intensité délirante. L'idée ou la conviction soute-
de faire du mal à quelqu'un? ». nue est manifestement fausse, tranche fortement
avec celles du groupe culturel du patient, et il y a
un investissement émotionnel très intense;
Croyances et interprétations • Perception délirante. Une signification nou-
velle et délirante est attribuée à une perception
anormales des événements
réelle et habituelle, sans aucune raison logique.
• Notez leur contenu, leur début et leur degré
d'intensité;
Expériences anormales
• Distorsions sensorielles. Modifications d'in-
tensité, de qualité (par exemple distorsions Différentes modalités sensorielles
visuelles) ou de forme spatiale. Hallucinations auditives : elles peuvent survenir
• Illusions. Une illusion est une perception pendant une dépression (hallucinations
fausse d'un stimulus externe réel. désobligeantes, à la seconde personne du singulier)
et dans la schizophrénie (hallucinations à la troisième
• Hallucinations, cf. Point de révision 8.7. Une
personne et commentaires détaillés).
hallucination est une perception sensorielle
Hallucinations tactiles : elles prennent habituellement
fausse en l'absence de stimulus externe réel. Elle
le masque de sensations sur ou juste sous la peau,
est perçue comme étant bien localisée dans l'es- par exemple sensation d'insectes rampant sous la
pace, ayant les mêmes qualités de réalité que les peau (formication).
perceptions normales, et elle n'est pas soumis à Hallucinations visuelles : elles orientent souvent vers
des manipulations conscientes. un syndrome cérébral organique.
• Les pseudo-hallucinations sont une forme
Autres types particuliers d'hallucinations
d'imagerie survenant dans le champ intérieur
Hallucinose: hallucinations (habituellement auditives)
subjectif de la conscience, qui n'a pas la sub- survenant en pleine conscience, habituellement au
stantialité des perceptions normales et n'est pas cours d'une intoxication alcoolique chronique.
soumise à des manipulations conscientes; Réflexe : une stimulation dans une modalité
• Troubles de la conscience de soi (troubles de sensorielle donnée provoque une hallucination dans
l'ego): ils incluent la dépersonnalisation, dans une autre modalité sensorielle. Par exemple, un
schizophrène pourra ressentir une douleur vive dans
laquelle le patient ressent qu'il est changé ou
la jambe chaque fois qu'un autre patient l'appelle par
irréel d'une certaine façon, et la déréalisation,
son nom, et il croira que la voix du patient est la
dans laquelle l'environnement externe ne semble cause de sa douleur.
pas réel. Dépersonnalisation et déréalisation
Fonctionnelle : le stimulus provoquant l'hallucination
peuvent toucher les personnes normales, en est ressenti simultanément à l'hallucination elle-
période de grande fatigue par exemple. même. Par exemple, une schizophrène pourra
entendre des voix faisant des commentaires à son
propos chaque fois qu'elle tire la chasse d'eau des
toilettes.
Fonctions supérieures cognitives Autoscopie (aussi appelée image du miroir
fantôme) : le patient se voit lui-même et sait qu'il
• Si l'on suspecte une désorientation, on éva- s'agit de lui.
luera l'orientation dans le temps et dans l'espace Extracampine : l'hallucination survient en dehors du
en demandant au patient l'heure, la date, l'en- champ sensoriel du patient: un schizophrène croit
droit où il vit, et en l'interrogeant sur son nom et voir Adolf Hitler debout derrière lui, au coin de son
son identité; champ visuel, mais dès qu'il se retourne, celui-ci
disparaît.
• On évaluera l'attention et la concentration en
Phénomènes rampants : des objets en mouvement
soumettant le patient au test des séries de sept:
sont vus comme une série d'images particulièrement
demandez-lui de soustraire 7 de 100, et de discontinues. Ils surviennent habituellement après la
poursuivre la soustraction du chiffre 7 du prise d'hallucinogènes.
nombre restant, le plus rapidement possible. On Hypnopompique : les hallucinations (habituellement
notera le temps mis pour atteindre un chiffre visuelles ou auditives) apparaissent lors du réveil ;
inférieur à 7. Si le test est trop difficile, utilisez le elles peuvent survenir chez les personnes normales.
chiffre 3 ou demandez au patient de réciter à Hypnagogique : les hallucinations (habituellement
rebours les noms des jours de la semaine ou des visuelles ou auditives) apparaissent lors de
mois de l'année; l'endormissement; elles peuvent survenir chez les
personnes normales.
• La concentration étant une attention soute-
nue, commencez par le test des séries de sept;
(D'après Puri BK, Laking PJ, Treasaden IH (1996) : Textbook
s'il est réalisé de manière adéquate, il n'est pas of psychiatry. Edinburgh : Churchill Livingstone.)
nécessaire de vérifier l'attention séparément. Les
Comprendre les différents appareils
Passivité
Les fonctions cognitives sont habituellement
intactes au début de la maladie. Le patient a l'impression d'être le réceptacle pas-
sif de sensations somatiques ou corporelles
issues d'un agent extérieur.
Symptômes de premier rang
Perception délirante
de Schneider
Une perception réelle est suivie d'une interpréta-
En l'absence de pathologie cérébrale organique, tion erronée et délirante de cette perception.
la présence de symptômes de premier rang de
Schneider non pathognomoniques oriente vers
une schizophrénie. Autres symptômes
Hallucinations auditives Voici des symptômes souvent décrits comme
Elles peuvent être de plusieurs types : ayant une importance particulière dans le dia-
• les voix entendues peuvent répéter tout haut gnostic de la schizophrénie, mais qui ne sont
les pensées du patient au moment où celui-ci les pas pathognomoniques:
émet, juste après qu'elles aient été émises, ou par
anticipation, juste avant qu'elles ne le soient; A u t r e s idées délirantes comme une identité
• les voix peuvent discuter avec le patient en religieuse ou politique, des capacités et des pou-
parlant de lui à la troisième personne; voirs surhumains.
• les voix peuvent faire un commentaire sur le Hallucinations persistantes de toutes modali-
patient. tés, lorsqu'elles sont accompagnées soit d'idées
délirantes éphémères ou à demi-formées, sans
Intrusion dans les pensées contenu affectif clair, soit d'idées surinvesties
Le patient croit que ses pensées sont sous le persistantes, ou lorsqu'elles surviennent tous les
contrôle d'un système externe, ou que d'autres jours, pendant des semaines. Une idée surinves-
participent à ses pensées. Les types suivants tie est une préoccupation irraisonnée soutenue
d'intrusions dans les pensées sont des symp- sans conviction totale délirante; l'idée ou la
tômes de premier rang: croyance est manifestement fausse et n'est pas
• le patient peut croire que des pensées exté- partagée par d'autres personnes de la même
rieures (étrangères) ont été insérées en lui ou par culture. Elle est fortement empreinte d'émotion
un intermédiaire extérieur (intrusion dans la et associée à une adhésion exagérée,
pensée) ; Troubles au c o u r s de la pensée diffluente et
• le patient peut croire que ses pensées ont été relâchement des a s s o c i a t i o n s peuvent mener
retirées de son esprit par un agent extérieur (vol à un discours incohérent ou h o r s de p r o p o s .
de pensées) ; Ils peuvent également être responsables des
n é o l o g i s m e s , où le patient construit de nou-
• le patient peut croire que ses pensées sont
veaux mots ou emploie des mots de tous les
lues par d'autres comme si elles leur étaient
jours de façon inhabituelle.
transmises (devinement de la pensée).
C o m p o r t e m e n t catatonique. Les symptômes
Émotions, impulsions et actions forcées comprennent la stupeur catatonique dans
laquelle le patient ne répond plus, est akinétique,
Le patient a le sentiment que son libre arbitre ne
mutique et pleinement conscient, et une a g i t a -
lui appartient plus et qu'un agent extérieur
t i o n ; le patient peut passe d'un état à l'autre. Les
contrôle ses :
autres symptômes sont l'adoption par le patient,
• émotions (émotions et pensées imposées) ;
pendant une longue période, d'une posture
• impulsions (impulsions forcées);
bizarre, une flexibilité cireuse (connue égale-
• actions (actes imposés).
ment sous le nom de cerea flexibilitas), dans
laquelle on peut modifier la position longue-
Comprendre les différents appareils
Perceptions • MANIE
Dans les cas sévères, le patient peut avoir des
hallucinations auditives congruentes à l'humeur, L'humeur est exagérément amplifiée, ce qui peut
perçues à la seconde personne et au contenu conduire soit à une euphorie, soit à une irritabi-
désobligeant. lité et à de la colère. On constate également une
énergie accrue, une hyperactivité, un discours
Fonctions cognitives très rapide, un sommeil réduit, une perte des
Un problème de concentration peut faussement inhibitions sociales et sexuelles, une attention et
faire croire au patient qu'il a aussi des troubles une concentration amoindries. Pendant l'épisode
de la mémoire. Chez le patient senescent, la pré- maniaque, le patient peut devenir très dépensier
sentation peut ressembler à celle d'une démence (prodigalité), entreprendre des projets irréalistes,
(cf. chapitre 13). avoir une conduite sexuelle débridée et, s'il est
irritable et en colère, être inutilement agressif.
Dans la manie sévère, il peut développer une
activité physique et une agitation très intenses et
• DEGRÉ
durables, qui peuvent conduire à un comporte-
D'INTENTIONNALITÉ SUICIDAIRE ment agressif et violent. Des négligences alimen-
DANS LE PARASUICIDE taires (nourriture et boisson) et d'hygiène
Après un acte de parasuicide (auto-agressivité personnelle peuvent conduire à des états graves
volontaire), c'est-à-dire un acte autonome réa- de déshydratation et d'autonégligence.
lisé délibérément qui ressemble à un acte suici-
daire mais qui ne mène pas au décès, il est
important d'évaluer l'importance de l'intention- Examen de l'état mental
nalité suicidaire au moment de l'acte. Un certain
nombre de questions doivent être posées pour Voici les signes à repérer lors de l'examen :
évaluer précisément cette disposition d'esprit:
• Quelles sont l'explication, la(es) raison(s) pro- Apparence
bables) et le(s) but(s) d'une telle tentative? Le patient peut porter des vêtements extrava-
• Est-ce que le patient souhaite toujours mourir? gants et bigarrés. Dans des cas sévères, il peut y
• À quels problèmes est confronté le patient? avoir des signes de négligence, et le patient
• Souffre-t-il d'une maladie psychiatrique, et si apparaît débraillé et déshydraté.
c'est le cas, en quoi est-elle liée à la tentative?
• Le patient a-t-il les ressources pour s'en sor- Comportement
tir et quels sont ses soutiens? L'hyperactivité est caractéristique : il peut être dif-
• Quel type d'aide pourrait être approprié? Le ficile de convaincre le patient de s'asseoir tran-
patient souhaite-t-il cette aide? quillement pour l'interroger.
ses actes. La fuite des idées est fréquente dans Phobie sociale
les cas sévères avec une tachypsychie (idées qui
changent brutalement de thèmes, passant du Les phobies sont centrées autour de la peur
coq à l'âne sans direction générale). Dans la d'être observé par d'autres, dans des groupes
manie sévère, les idées grandioses peuvent tour- relativement restreints. En conséquence, le
ner au délire, l'irritabilité et la suspicion au délire patient évitera les situations sociales comme
de persécution. manger en public, parler en public ou rencontrer
quelqu'un du sexe opposé.
Perceptions
La perception des couleurs peut devenir particu-
lièrement vive, l'attention est exagérément prêtée Phobie spécifique (isolée)
aux petits détails de surface et de texture avec
une sensibilité exacerbée aux sons (hyperacou- Les phobies sont restreintes à des situations très
sie). Dans les cas graves, des hallucinations peu- particulières comme:
vent apparaître; elles sont auditives (et • la proximité d'animaux;
confirment par exemple les délires mégaloma- • l'altitude.;
niaques du patient: « Vous êtes la personne la • le tonnerre;
plus importante du monde ») ou visuelles (le • l'obscurité;
patient peut, par exemple, se voir assis sur un • le voyage en avion ;
trône, ou dans un décor religieux). • les espaces clos;
• certaines nourritures;
Fonctions supérieures
• les soins dentaires.
L'attention et la concentration sont réduites.
De plus, il peut exister une peur d'être exposé à
Jugement et auto-critique des maladies particulières comme:
L'autocritique est absente dans un épisode • le sida;
maniaque. Après l'accès aigu, la restauration du • les troubles liés aux radiations (surtout les
discernement et, en particulier, la prise de rayons X).
conscience du comportement lors de la phase
aiguë, peuvent plonger le patient dans un état
dépressif. Troubles paniques
• des troubles de l'humeur: épisode dépressif L'utilisation du questionnaire « CAGE » pour éva-
et humeur labile. luer l'importance de la consommation du patient
a été présentée page 142. D'autres signes de la
dépendance alcoolique sont présentés dans le
Boulimie Point pratique ci-dessous.
Ce chapitre présente les signes et les symptômes • les antécédents médicaux sont inconnus et
de la grossesse normale, signes qui, dans une anomalie congénitale ou post-rhumatis-
d'autres circonstances, peuvent être considérés male cardiaque peut ne pas avoir été diagnosti-
comme pathologiques. quée.
• SYMPTÔMES Palpitations
Pollakiurie
• EXAMEN CLINIQUE (Fig. 9.1)
Les mictions urgentes, fréquentes et nocturnes
sont habituelles chez la femme enceinte. Dans Les modifications de la peau et du système car-
certains cas, ces symptômes sont ceux d'une diovasculaire au cours de la grossesse peuvent
infection urinaire; la seule manière de le vérifier simuler des maladies organiques graves.
est de pratiquer une uroculture.
La peau
Ictère pendant la grossesse*
Pendant la grossesse, la peau subit certaines
L'ictère doit toujours être considéré de manière modifications, la plus notable est l'hyperpigmen-
sérieuse et l'avis d'un gastro-entérologue est tation, mais deux signes, en l'absence d'ictère,
essentiel. Dans la plupart des cas, il est dû à une peuvent orienter vers une maladie hépatique:
maladie intercurrente comme une hépatite virale. • les angiomes stellaires : ils surviennent chez
plus de 50 % des femmes enceintes, apparais-
e e
sant entre la 8 et la 20 semaine; ils sont indis-
* Ceci n'est évidemment pas un symptôme habituel de cernables de ceux des maladies chroniques
grossesse. hépatiques;
Les problèmes médicaux liés à la grossesse
• l'érythème palmaire: ce signe clinique non • le choc apexien est progressivement déplacé
spécifique apparaît chez 70 % des femmes et, à la fin du troisième trimestre, il peut se situer
enceintes, souvent sur toute la surface des à 2 cm latéralement de la ligne médioclaviculaire
e
paumes. dans le 4 espace intercostal ;
• le troisième bruit cardiaque, résultant d'un
remplissage ventriculaire rapide, peut être
Système cardiovasculaire audible chez plus de 50 % des femmes
enceintes;
La circulation devient hyperdynamique au cours • un souffle systolique, naissant de la valve
de la grossesse et le cœur tourne autour de son pulmonaire ou tricuspide, peut être perçu chez la
axe antéro-postérieur à mesure que l'utérus majorité des femmes enceintes; le souffle n'est
grandit. Plusieurs signes cliniques expriment ces jamais particulièrement intense mais peut-être
modifications: perçu largement devant l'aire précordiale;
• le pouls périphérique est plus ample et la fré- • en plus des souffles d'origine valvulaire, des
quence cardiaque est augmentée; souffles systoliques (probablement dus à une
Comprendre les différents appareils
jeun;
• est supérieur à 11,1 mmol/l sur un échantillon
prélevé au hasard.
Classification (Point de révision 10.2)
Le test de tolérance au glucose n'est nécessaire
que si la glycémie est inférieure à ces taux. La plupart des cas peuvent être classés en :
L'hyperglycémie dans le diabète est due à un • type 1 : Diabète insulinodépendant avec défi-
déficit relatif ou absolu en insuline, à une résis- cit sévère en insuline.
tance à l'action de l'insuline des tissus périphé- • type 2: Diabète non insulinodépendant avec
riques, ou à ces deux situations combinées. déficit modéré en insuline et résistance à celle-ci.
Le diabète de type 2 peut se présenter par un voque une sensation de soif. Vous devez toute-
coma hyperosmolaire non cétonique dans fois garder en mémoire d'autres causes de soif
lequel l'hyperglycémie progressive provoque ou de polyurie, bien qu'elles soient beaucoup
une déshydratation sévère, les taux d'insuline plus rares (Point de révision 10.1).
sont suffisants pour prévenir l'acidocétose.
Complications Commentaire
Rétinopathie
Acuité visuelle Échelle de Snellen
Cataracte Perte du reflet rouge
Dilatez la pupille (examen
rétinien)
Nephropathie
Tension artérielle
Proteinurie Albustix
Neuropathie
Périphérique sensitive Pique Touche Figure 10.1. Infarctus rétinien dans le diabète. Ces
Sensibilité vibratoire aspects sont non spécifiques et peuvent être observés
dans d'autres maladies systémiques comme la
Moteurs Amyotrophie diabétique polyartérite et l'endocardite bactérienne subaiguë. Ces
Végétative Hypotension orthostatique aspects sont parfois décrits comme des tâches
cotonneuses.
Impuissance
Mono neuropathie Paralysie des nerfs
crâniens lll/VI, steppage
• néo-vaisseaux (Fig. 10.2), symptômes clefs
Pieds
de la rétinopathie proliférante se développant au
Cal Des points de pression niveau de la papille ou de la rétine périphérique;
Déformation Orteils en griffe • irrégularités et tortuosités veineuses ;
Hallux valgus • maculopathie, plus fréquente dans le dia-
Arthropathie de Charcot
bète de type 2: l'œdème ou l'ischémie se déve-
loppent dans la région maculaire et provoquent
Ulceration
une baisse progressive de l'acuité visuelle.
Maladies vasculaires
Périphérique Vérifiez le pouls/les bruits.
Coronaire Vérifiez le pouls/les bruits
Cérébro-vasculaire
Peau
Nécrobiose
Sites d'injections Lipohypertrophie
POINT PRATIQUE
Neuropathie
table avec l'Albustix, ce qui est habituellement
La neuropathie diabétique a une distribution associé à une hypertension progressive et une
« en gants et en chaussettes »; vous recherche- augmentation de la créatinine. L'insuffisance
rez aux membres distaux : rénale terminale se développe en moyenne sur
• des signes objectifs d'hypoesthésie ; sept à dix années.
• des signes objectifs de déficit musculaire;
• des ulcères de neuropathie (Fig. 10.3) secon- Lésions artérielles
daires à l'hypoesthésie et au déficit musculaire. Recherchez toujours les principaux pouls. L'at-
teinte vasculaire est habituelle chez les diabé-
Nephropathie tiques chroniques.
La micro-albuminurie est le premier signe de la
néphropathie. Au fur et à mesure de l'augmen-
tation des protéines urinaires, elle devient détec- • MALADIES THYROÏDIENNES
Le dysfonctionnement de la glande thyroïde
peut exister depuis longtemps avant que le
patient ne ressente des symptômes. C'est parti-
culièrement vrai pour une glande thyroïde peu
active, car des symptômes vagues tels qu'un
« ralentissement général et une prise de poids »
peuvent être mis sur le compte du vieillissement.
Histoire clinique
Hyperthyroïdie Hypothyroïdie
Perte de poids Prise de poids
Thermophobie Frilosité
Diarrhée Constipation
Palpitations
Fibrillation auriculaire Bradycardie
Oligoménorrhée Ménorragies
Sudation accentuée Peau sèche.
Cheveux fins
Myopathie proximale Douleurs musculaires
Fatigabilité Fatigabilité
(a)
• EXAMEN DE LA THYROÏDE
Commencez l'observation face au patient pour
rechercher un gonflement évident autour du
cou.
Puis, tenez-vous derrière votre patient assis, pal-
pez l'isthme central et les deux lobes de la thy-
roïde (Fig. 10.5), puis recherchez des ganglions
lymphatiques locaux, sites habituels d'extension
secondaire des carcinomes thyroïdiens.
Demandez à votre patient d'avaler une gorgée
d'eau :
• le gonflement thyroïdien se mobilise vers le
haut lors de la déglutition;
• une glande immobile oriente vers une atteinte
maligne.
Tumeurs sécrétantes
Les tumeurs sécrétantes peuvent produire un
excès d'hormones.
La plus fréquente est le prolactinome. Un excès Augmentation de la taille des mains et des pieds
de prolactine provoque chez la femme une Arcades orbitaires proéminentes
galactorrhée et une aménorrhée avec infertilité, Épaississement des lèvres et de la langue
chez l'homme une impuissance avec perte de la Plis naso-labiaux marqués
Croissance mandibulaire (prognathisme)
libido. Les hommes présentent habituellement Troubles de l'articulé dentaire (dents inférieures en
de grandes tumeurs (macroprolactinomes) qui avant des supérieures)
provoquent des signes de compression locale. Agrandissement de la langue
Un macroadénome à GH qui survient avant la Hypersudation et peau grasse
puberté provoquera une accélération de la Pathologies associées
croissance et un gigantisme. Chez l'adulte, il pro- Syndrome du canal carpien
voque une acromégalie, avec des signes caracté- Hypertension artérielle
Diabète sucré
ristiques (Point de révision 10.10). Elle survient de Goitre
manière insidieuse car seuls 50 % des patients Ostéoarthrite
ou leur entourage le remarquent. Cardiomégalie
Pour les autres 50 %, c'est un médecin, une infir-
mière ou un étudiant en médecine qui posera le
diagnostic lors d'une observation de routine. Les Syndrome de Cushing
adénomes à CH étant souvent des macroadé- Bien que le syndrome de Cushing soit rare, il
nomes, les patients peuvent également présenter provoque fréquemment une prise de poids, une
des signes cliniques d'hypopituitarisme. hypertension artérielle et un diabète. Ce syn-
drome résulte de l'exposition prolongée à un
taux excessif de glu coco rticoïde, ce qui peut sur-
venir de quatre manières différentes :
• une corticothérapie exogène;
• MALADIE SURRÉNALIENNE
Maladie d'Addison
La destruction auto-immune du cortex surréna-
lien provoque un déficit de sécrétion en gluco-
corticoïdes et en minéralocorticoïdes. Les
principaux symptômes sont le malaise, l'ano-
rexie et la perte de poids, avec des épisodes de
douleurs abdominales. À l'examen, le patient est
souvent maigre et atrophique avec une hypo-
tension orthostatique due à une perte de sel et
d'eau résultant du déficit en aldostérone. On
observe une pigmentation généralisée de la Figure 10.9. Pigmentation des plis palmaires
d'une maladie d'Addison.
peau (Fig. 2.7) dans 50 % des cas liés à l'ACTH et
aux peptides de l'antéhypophyse, dont la sécré-
tion est augmentée en réponse à un taux trop
faible de cortisol. La pigmentation est particuliè-
rement remarquable dans les plis palmaires
(Fig. 10.9), les zones de pression des vêtements
et la muqueuse buccale.
Signes cliniques
des maladies de la peau
La peau est un organe aux fonctions physiolo- On surestime souvent le fait que les signes cli-
giques vitales. Parce qu'elle est immédiatement niques cutanés sont des manifestations de
visible, tout le monde souhaiterait que la sienne maladies internes même si elles en révèlent cer-
soit sans défaut. L'industrie cosmétique, qui taines. Par exemple la pâleur d'une anémie, la
brasse des milliards d'euros, est basée sur ce transpiration excessive d'un phéochromocy-
désir compréhensible et profond de perfection; tome, la rougeur des joues d'une maladie
il est alors aisé de comprendre que les maladies mitrale, l'ictère d'une obstruction biliaire, plus
de la peau mettent une pression psychologique simplement, l'âge et le sexe du patient sont des
hors de proportion avec les effets que la mala- manifestations cliniques cutanées évidentes au
die produit sur la fonction de la peau. Cette stig- premier coup d'œil. De plus, il existe des réac-
matisation provoque fréquemment un embarras tions spécifiques de la peau qui peuvent orienter
et un évitement des contacts sociaux et sexuels. vers des troubles internes, comme ceux qui sont
présentés dans le Point de révision 11.1.
Le propos de ce chapitre n'est pas de décrire
individuellement toutes les maladies dermatolo-
giques, mais d'attirer l'attention sur les tableaux
des réactions cutanées et de souligner les états
qui permettent la construction raisonnée d'un
diagnostic.
Éruption Causes habituelles
ou association
Acanthose nigricans Malignité (habituellement
estomac)
• HISTOIRE CLINIQUE
Dermatomyosites Malignité (ovaires, Lorsque vous prenez l'histoire clinique:
bronches) • Commencez par bien écouter;
Erytheme noueux Cf. Fig. 11.1 et Point de • Soyez prêt à réunir les pièces de l'histoire du
révision 11.11 patient comme celles d'un puzzle;
Ichtyose (acquise) Malignité • Ne soyez pas tenté de sauter l'interrogatoire,
Telangiectasias ungueales Connectivités pour regarder rapidement la peau et poser un
Nécrobiose lipidique Diabète sucré (Fig. 11.2)
diagnostic rapide souvent erroné;
• Ne préjugez jamais de ce que le patient va
Nodule Maladie rhumatoïde
(Fig. 11.3).
vous dire - un adolescent avec une importante
Goutte (Fig. 17.1) acné du visage peut venir consulter pour son
Myxoedème prétibial Hyperthyroïdie (Fig. 11.4)
pied d'athlète ou une femme âgée avec un can-
cer évident peut venir pour parler de son inter-
Pyoderma gangrenosa Colite ulcéreuse
trigo. Vous les interrogerez plus tard sur les
(Fig. 11.4)
anomalies supplémentaires que vous avez
Livedo réticulé Polyartérite noueuse
notées.
Xanthelasma Hypercholestérolémique
Signes cliniques des maladies de la peau
Figure 11.1. Erytheme noueux. Voici la distribution Figure 11.2. Nécrobiose lipidique. La topographie de
caractéristique des nodules chauds et sensibles de la cette complication relativement rare du diabète est
peau sur la face antérieure des tibias. typique.
Figure 11.3. Volumineux nodule rhumatoïde du coude. Figure 11.4. Pyoderma gangrenosum du genou d'une
Cette lésion s'est ulcérée ultérieurement. femme avec une rectocolite hémorragique. Cette lésion
a cicatrisé trois semaines après la rectocolectomie
totale.
Comprendre les différents appareils
Qu'elle est la raison de la consultation? Est-ce Cicatrice Perte des follicules pileux
simplement l'apparence de l'éruption ou des Infections Bactériennes et fungiques
symptômes associés? La démangeaison et l'in- Traumatique Habitude, style capillaire
flammation ont-elles précédé toute manifesta-
Lichen plan Follicules avec bouchons
tion visible? Quelle était l'aspect originel de la cornés
lésion ? L'évolution et le traitement, approprié ou
Lupus érythémateux Follicules avec bouchons
cornés
HYPERPILOSITÉ (HYPERTRICHOSE)
Généralisée
Raciale Sous-continent indien
Familiale
Évolution ultérieure
Qu'est-il arrivé à ces lésions depuis le début? Les
lésions originales ont-elles disparu? Ont-elles
été remplacées par d'autres ou y a-t-il eu une
extension inexorable? L'extension a-t-elle été
rapide? La zone touchée a-t-elle fluctué, retour-
nant parfois à la normale, ou est-ce persistant?
Les lésions sont-elles apparues par poussées?
L'extension suit-elle un schéma particulier? Se
sont-elles étendues du tronc vers les extrémités
ou l'inverse?
Il faudra noter d'éventuelles desquamations,
bulles, suintements, saignements, et surtout
démangeaisons (prurit). Si le prurit est présent, il
faut noter sa périodicité, ses facteurs d'exacerba-
tion et d'apaisement. Les principales causes d'un
prurit généralisé et certains exemples démons-
tratifs de prurit localisé sont présentés dans le
Figure 11.6. Atteinte unguéale du psoriasis. Point de révision 11.4. Les éruptions qui com-
Onycholyse de l'ongle du médius et ponctuations mencent, par exemple, par une bulle, peuvent
de l'ongle de l'annulaire. évoluer vers une érosion ou un ulcère.
Comprendre les différents appareils
Figure 11.7. Bandes blanches sur les ongles d'une Figure 11.8. Herpès de la paroi thoracique chez une
patiente ayant subi de nombreuses cures de femme traitée pour un lymphome.
chimiothérapie pour une leucémie aiguë
lymphoblastique. Les lignes de Beau sont des
dépressions transversales des ongles liées à un défaut
de croissance pendant les maladies graves.
Autres maladies
Il peut être important de noter les maladies
anciennes et actuelles, ainsi que les médica-
ments prescrits (Fig. 11.8). Certains troubles
reconnaissables dus à des maladies systémiques Figure 11.9. Pityriasis versicolore. Éruption fréquence
sont présentés dans le Point de révision 11.1, et chez ceux qui travaillent dans des environnements
certaines éruptions caractéristiques d'origine chauds. Noter la taille variable des lésions.
Signes cliniques des maladies de la peau
GÉNÉRALISÉ
Polycythémie
Déficit en fer
Réduction globale de
L'épaisseur épidermique
La densité des cheveux
La pigmentation Particulièrement des
poils
La fonction sudoripare Irréversible
L'activité des glandes
sébacées
Le tissu élastique Particulièrement des
zones exposées au
soleil
Modification globale non spécifique
Peau sèche
Prurit Figure 11.11. Modifications cutanées chroniques chez
un homme âgé qui est resté alité.
Eczéma des membres Fig. 11.11
inférieurs
Maladies de la station Loisirs
debout
Lésions locales
Il faut toujours penser qu'ils aussi peuvent occa-
sionner des maladies cutanées.
Purpura Suite à un traumatisme
mineur
Télangiectasies Zones exposées à la
lumière • EXAMEN CLINIQUE
Tumeurs bénignes
Télangiectasies de Après l'âge de
Si l'inspection est, naturellement, une étape
Campbell de Morgon vingt ans incontournable, la palpation aussi est impor-
Kératoses séborrhéiques tante, non seulement pour aider au diagnostic,
Lentigine
mais pour rassurer le patient qui ne doit pas
Zones exposées à la
lumière craindre sa maladie cutanée.
Tumeurs précancéreuses
Kératoses solaires Soleil tropical surtout
Lentigo malin Croissance très lente
Inspection
Tumeurs malignes
Distribution des lésions
Carcinome basocellulaire Zones exposées à la
lumière
Faites toujours un examen complet de la peau
Carcinome spinocellulare Zones exposées à la
chez un patient complètement dévêtu et dans
lumière
une luminosité suffisante. Fiez-vous à votre bon
Signes cliniques des maladies de la peau
Localisées
Piébaldisme Congénitale
Raciale
Bronzage L'inspection débute vraiment par des observa-
Grossesse tions générales :
Maladie d'Addison Pigmentation généralisée des
• Quelle est la couleur habituelle de la peau?
zones particulièrement Est-elle normale, hypopigmentée (Point de révi-
exposées (Fig. 2.7) avec des sion 11.7), hyperpigmentée (Point de révision 11.8),
taches brunes sur la habituellement rouge ou érythrodermique (Point
muqueuse buccale
de révision 11.9)?
Insuffisance rénale • Quelle est la répartition des lésions sur la sur-
Cachexie face cutanée? Est-ce symétrique? N'y en a-t-il
Hémochromatose davantage dans les plis de flexion ou d'extension
latrogène Par exemple avec le
des articulations? Est-elle limitée aux parties
Busulphan découvertes ce qui oriente vers une photosensi-
bilité (Point de révision 11.10), et une réaction
Localisée
comme un eczéma de contact vers des facteurs
Tâches de rousseur Dans les zones exposées
environnementaux ?
à la lumière
La lentigo Vieillesse
Examinez la totalité du revêtement cutané y
Chloasma Grossesse et pilules compris les ongles et leurs replis, les cheveux et
contraceptives
le cuir chevelu, les oreilles, les méats auditifs
Tâches café au lait S'il y a plus de 6 tâches, externes et la bouche (cf. chapitre 6). Inspectez
pensez à la neurofibromatose
tous les plis y compris axillaire, ombilical, infra-
Peutz-Jeghers Périorale mammaire, ainsi que les régions génitale et
Post-inflammatoire Étiologie fréquente périanale. Enfin, même si le patient est hésitant,
Acanthose nigricans Hyperkératose des plis de retirez les chaussettes, regardez les pieds et
flexion axillaire/autres entre les orteils.
Comprendre les différents appareils
La périphérie de la lésion
Les bords de chaque lésion doivent être exami-
nés avec attention. Certaines affections donne-
Morphologie ront des lésions aux bords contrastant
Après avoir déterminé la répartition générale des nettement avec la peau normale, alors que pour
lésions, il est nécessaire de les examiner indivi- d'autres la transition est floue (bords irréguliers
duellement. Une nomenclature a été développée [NdT]).
pour simplifier la description des lésions. • Un bord convexe indique la direction de l'ex-
• Une lésion visible mais non palpable (comme tension;
une tâche de rousseur) est appelée une macule; • Lorsque plusieurs lésions confluent pour for-
• Une lésion visible et palpable est appelée une mer de plus larges plaques, les bords apparais-
papule ; sent festonnés ;
Signes cliniques des maladies de la peau
POINT PRATIQUE
Méfiez-vous des patients qui vous parlent de être remplacée par une pigmentation post-
« cloques » cutanées, ce terme est souvent utilisé inflammatoire qui peut persister de nombreux
pour parler d'une plaque œdémateuse et non pas mois;
d'une lésion contenant du liquide. Clarifiez ce
• un érythème apparaissant sous un épiderme
point.
épaissi aura tendance à prendre une teinte légè-
rement violacée;
• une télangiectasie peut être distinguée d'un
• Si la peau au centre de la lésion revient à la purpura et d'une pétéchie car elle blanchit à la
normale alors que la lésion s'étend, celle-ci vitropression, c'est-à-dire en regardant à travers
prend un aspect annulaire. Bien qu'évocateur une lame de verre appuyée sur la lésion cutanée.
d'une mycose, ce n'est pas pathognomonique
(Fig. 11.12); POINT PRATIQUE
• Un aspect linéaire peut signifier soit une Une dermatose en poussée se manifeste par un
affection des structures sous-jacentes, soit une érythème rouge vif et un bord convexe indique la
réponse à des facteurs externes, comme dans le direction de l'extension.
phénomène de Kœbner dans lequel un trauma-
tisme non spécifique, comme une griffure,
devient le siège d'une dermatose spécifique. Ceci
est fréquent dans le psoriasis; Texture
• Des changements chroniques extensifs des Il est difficile de déterminer si la surface d'une
membres inférieurs peuvent être dus à l'immobi- lésion est squameuse ou non; il peut être utile
lité. de nettoyer la graisse de surface avec de l'éther.
S'il y a des squames, cachant la base de la lésion,
Couleur
une goutte d'huile peut être déposée en surface.
Des nuances subtiles dans l'analyse de l'éry- Dans le psoriasis, les squames sont caractéris-
thème au cours de maladies différentes peuvent tiques devenant blancs argentés lors du grattage
être très utiles pour le diagnostic, mais requiè-
rent une grande expérience. Les situations sont Palpation
identiques quand il faut interpréter les modifica- Elle ne doit jamais être oubliée. C'est rassurant
tions de couleurs sur une peau noire sur laquelle pour le patient de savoir que vous n'êtes pas
une rougeur n'est pas évidente. De manière effrayé de toucher sa peau. Un exanthème
générale: étendu est tout aussi embarrassant pour le
• un érythème rouge vif indique une derma- patient que pour n'importe lequel d'entre nous.
tose en poussée - lors de l'amélioration, les Les patients ayant une maladie cutanée ne sont
Comprendre les différents appareils
Figure 12.1. Signes à rechercher chez un patient en choc dû à un saignement digestif abondant.
• Certaines fièvres ont un aspect caractéristique • Pensez à la possibilité d'une atteinte par le
qui peut aider au diagnostic. Par exemple, la virus du sida chez une personne jeune avec une
fièvre de la brucellose peut-être rémittente, et atteinte fébrile inhabituelle;
dans la dengue, la fièvre peut avoir un aspect bi- • Les réponses fébriles à l'infection peuvent
phasique; être atténuées chez les personnes âgées.
• Dans une pneumonie lobaire non traitée, la
fièvre tombera rapidement au cours de la récu- POINT PRATIQUE
pération clinique; La chute de la pression artérielle à la station assise
• Des sueurs nocturnes peuvent être dues à (chute posturale) oriente vers une hypovolémie.
une tuberculose ou une maladie non infectieuse
comme le lymphome;
• La septicémie à méningocoque peut présen- Rappelez-vous que tout patient avec de la fièvre
ter une évolution fulminante conduisant au n'a pas forcément une infection microbienne.
décès en 24 heures en dépit d'un traitement Alors que les causes non infectieuses de fièvre
rapide et approprié; ont un début progressif, certaines comme les
Comprendre les différents appareils
POINT PRATIQUE
Le syndrome d'insuffisance respiratoire est défini Beaucoup de patients recevront de l'oxygène au
par la présence d'une hypoxémie et/ou d'une cours de leur transport à l'hôpital, ce qui peut
hypercapnie dues à l'atteinte respiratoire et obser- masquer des signes d'hypoxémie antérieure (par
exemple, la cyanose). Les patients avec une
vées au repos. Bien que l'hypoxie et l'hypercapnie
maladie pulmonaire chronique obstructive ne
soient souvent associées, elles peuvent survenir doivent pas être privés de cet apport en oxygène.
indépendamment (Point de révision 12.3). L'ana-
lyse des gaz du sang est essentielle pour une prise
en charge adaptée.
• INTOXICATION
Aspects cliniques
Hypoxémie. La présence et le degré de l'hy- Suicide par intoxication
poxie ne peuvent être correctement mesurés que
par les gaz du sang. L'aspect clinique, quoique Cette circonstance est le motif le plus fréquent
très important, n'est pas spécifique. Le tableau d'admission aux services d'urgence des hôpitaux
clinique comprend : des pays occidentaux. Bien que les formes de
• des signes neurologiques: agitation, fatigue, présentations varient très largement selon le
insomnie, confusion et troubles du comporte- type et la quantité de médicaments pris, il faut
ment évoluant vers des troubles de conscience évoquer cette cause devant tout patient aigu
et éventuellement le décès; avec des troubles de la conscience. Les tableaux
• une tachycardie et une augmentation du cliniques observés en France sont présentés
débit cardiaque; toutefois, un arrêt respiratoire dans le Point de révision 12.4.
hypoxémique peut être précédé d'une bradycar-
die;
• une hyperventilation;
• une cyanose (cf. chapitre 5).
• MALADIES AIGUËS
OU CRITIQUES NÉCESSITANT
DES SOINS INTENSIFS
Patients suspectés de septicémie à méningocoque
(Fig. 12.3) Tout comme vous devez être capable d'identifier
Patients intoxiqués avec des niveaux altérées de des patients gravement atteints, vous devez
conscience et d'arythmies, tachycardie incluse (plus aussi connaître les circonstances ou les condi-
de 120/min) tions dans lesquelles il vous faudra contacter
États de mal épileptique une unité de réanimation. (Point de révi-
États de somnolence avancée sion 12.5). Ceci ne sous-entend pas forcément
Patients avec des signes d'inhalation une ventilation assistée mais souligne les situa-
Patients neurologiques, agités avec une contusion tions extrêmement dangereuses.
cérébrale, une hypoxie méconnue ou une
intoxication
Traumatismes crâniens avec un score de Glasgow de
10 se dégradant rapidement
Patients asthmatiques ne répondant plus à la
thérapeutique maximale, s'épuisant, ou avec une
PaC0 élevée/normale
2
Fonctions cognitives
• EXAMEN CLINIQUE
Évaluez les fonctions cognitives par une série de
Traditionnellement, il intervient après l'histoire questions précises. Elles sembleront étranges à
de la maladie, mais avec les personnes confuses, certaines patientes; il vous faudra alors les
il peut être utile de réaliser d'abord un examen annoncer en disant: « Je vais vous poser des
rapide, pour esquisser un cadre de référence questions qui paraîtront idiotes, mais je souhaite
dans lequel insérer l'histoire. De plus, une tester votre mémoire ». Le Point de révision 13.2
grande partie de l'histoire sera obtenue non pas donne une liste courte de questions standard. Le
de la personne confuse mais d'autres sources. « Mini Mental State » (MMS) est un question-
Plantez le décor par quelques questions initiales, naire simple, largement utilisé et plus complet
en lui demandant qui elle est, où elle habite, qui (Fig. 13.2).
sont sa famille et ses voisins. Sans avoir à poser Faites attention à la manière dont la patiente
toutes les questions habituelles, vous évaluerez répond aux questions, et n'oubliez pas de
rapidement son état cognitif. prendre en compte les effets possibles de médi-
Les buts de votre examen seront de déterminer: caments sédatifs ou brouillant l'esprit. Recher-
• si votre patiente présente une confusion chez:
aiguë ou un délire ; • une forte tendance à la distraction : suspectez
• son degré de compréhension; un état confusionnel;
• ses performances cognitives. • une concentration apparente alors que la
patiente fait des fautes simples: suspectez une
démence;
Délire • une réponse lente: suspectez une dépres-
sion.
Le délire est un état de conscience qui fluctue le
long d'un spectre entre deux extrêmes, la pleine Recherchez un trouble praxique. Demandez à
vigilance et le coma. De temps en temps, des votre patiente de réaliser des tâches simples que
nuages viennent obscurcir le ciel des pensées et vous lui monterez, par exemple, plier une feuille
de la conscience de la patiente; elle est avec vous de papier.
pendant une minute, et à la suivante, la voilà En plus des tests standard ciblant les troubles
partie. Dans les formes plus sévères, il peut exis- phasiques ou praxiques, recherchez des troubles
Comprendre les différents appareils
ORIENTATION
5 ( ) « Quelle est l'année, la saison, la date, le jour et le mois? »
5 ( ) « Dans quel pays, région, ville, hôpital et service sommes nous? »
ATTENTION ET CALCUL
5 ( ) Table de 7. Un point par opération. Limitez à 5 réponses. Ou bien faites épeler le mot « monde »
à l'envers.
9 LANGAGE ET COPIE
( ) Demandez à la patiente de nommez un stylo et une montre (2 points).
( ) Demandez à la patiente de répétez « pas de si ni de mais » (1 point).
( ) Demandez à la patiente d'effectuer un ordre triple : « Prenez une feuille de papier dans votre main
droite, pliez-la en deux et posez-la sur le plancher » (3 points).
( ) Demandez à la patiente de lire et d'obéir à la consigne : « Fermez vos yeux » (1 point).
( ) Demandez à la patiente d'écrire une phrase (1 point)
( ) Demandez à la patiente de copier un dessin (1 point)
30 • Score total
Évaluez le niveau de conscience sur une échelle
ATTENTION ET CALCUL
Demandez à la patiente de commencer par 100 et de soustraire 7 à chaque résultat (93, 86,79 72, 65). Établissez un score
avec le nombre total de réponses correctes.
Si la patiente ne peut pas ou ne veut pas réaliser cette tâche, demandez-lui d'épeler le mot « monde » à l'envers. Le score est
celui du nombre de lettres dans l'ordre correct, par exemple: ednom = 5, edn = 3.
RAPPEL
Demandez à la patiente de se rappeler les trois objets que vous lui avez demandé de répéter. Score : 0 à 3.
LANGAGE ET COPIE
Nommer: Montrez à la patiente une montre et demandez-lui ce que c'est. Répétez avec un stylo. Score: 0 à 2.
Répétition : Demandez à la patiente de répéter une phrase après vous. Ne faites qu'un essai. Score : 0 ou 1.
Commande triple : Donnez à la patiente une feuille de papier blanc et répétez l'ordre. Score : un point pour chaque étape
exécutée correctement.
Figure 13.2. Le questionnaire du « Mini Mental State ». Reproduit avec la permission de Folstein MR ef al. Journal of
Psychiatric Research 1975 ; 12: 189-198.
Les patients âgés confus
Dessinez
les aiguilles
à 3 heures
Hémiplégie gauche avec extinction sensitive gauche Patiente déprimée : amélioration succédant à des encouragements
et hémianopsie latérale homonyme gauche à « recommencer »
Figure 13.3. Exemple de dessins d'horloge. Les modifications au cours du délire sont reproduites avec la permission
de Schulman Kl ef al. International Journal of Gériatrie Psychiatry 1986 ; 1: 135-140. © John Wiley & Sons Limited.
Comprendre les différents appareils
La p l u p a r t d e s p e r s o n n e s e n t r e 65 et 75 a n s
s o n t e n b o n n e f o r m e e t actives. A p r è s 7 5 a n s ,
l'âge venant, elles ont souvent de multiples
maladies q u i p e u v e n t s e p r é s e n t e r d e m a n i è r e Multiplicité des maladies (coexistence d'atteintes
atypique et c o n d u i r e à un h a n d i c a p croissant et aiguës et chroniques)
à u n e d é p e n d a n c e . Ce c h a p i t r e t r a i t e r a d e s p e r - Atteinte aiguë, par exemple :
sonnes de plus de 75 ans, et c o m m e la plupart Infection pulmonaire
Infarctus myocardique
sont d e s f e m m e s , l e g e n r e f é m i n i n sera utilisé
Embolie pulmonaire
t o u t au l o n g de ce c h a p i t r e (cf. c h a p i t r e 13).
Accident vasculaire cérébral
L a t e c h n i q u e d ' e x a m e n q u e v o u s avez a p p r i s e
Atteintes chroniques, par exemple :
s ' a p p l i q u e d e m a n i è r e é g a l e c h e z les p a t i e n t s Arthrose
jeunes o u âgés. E x a m i n e r u n e p a t i e n t e très â g é e AVC antérieurs
peut-être plus c o m p l i q u é parce q u e : Démence
• elle p e u t a v o i r d e m u l t i p l e s p r o b l è m e s m é d i - Présentation atypique d'une maladie aiguë
caux (Point de r é v i s i o n 14.1); Chutes
Immobilité
• la p r é s e n t a t i o n de la m a l a d i e p e u t être « a t y -
Incontinence
pique »;
Confusion
• les c o m p l i c a t i o n s de la maladie principale Acopie* (l'entourage ne peut plus faire face)
sont plus fréquentes. Hypothermie (habituellement secondaire une
maladie/à des médicaments)
Atteinte iatrogène (par exemple, hypotension
orthostatique ou confusion d'origine
• RECUEILLIR médicamenteuse)
L'HISTOIRE CLINIQUE ET ÉVITER Taux de complications élevées
LES PIÈGES DIAGNOSTIC AVC moyen, tendance à la chute, fractures du
fémur, escarres et incontinence
I n t e r r o g e z v o t r e p a t i e n t e d a n s u n e pièce t r a n -
quille, b i e n éclairée, e n v o u s a s s u r a n t q u e v o u s
êtes t o u s les deux bien d é t e n d u s et q u e la
patiente p e u t c l a i r e m e n t v o i r v o t r e visage. É c o u - • elle p e u t être confuse. Tirez parti de v o s
tez-la, u n e r e m a r q u e f o r t u i t e d e s a p a r t p e u t impressions initiales;
vous d o n n e r u n e idée p e r t i n e n t e d e c e q u i s e • v o u s devez rechercher une histoire « p a r a l -
passe. lèle » à p a r t i r de l ' e n t o u r a g e , d e s s o i g n a n t s , d e s
Pendant q u e v o u s recueillez l ' h i s t o i r e c l i n i q u e amis, des voisins, des travailleurs sociaux et du
d'une p e r s o n n e âgée, r a p p e l e z - v o u s q u e : médecin généraliste;
• elle p e u t être l e n t e à réagir. La m a l a d i e de • les h i s t o i r e s d e s p a t i e n t s et de l e u r e n t o u r a g e
Parkinson, la dépression et l'hypothyroïdie p e u v e n t n e pas être c o m p l è t e m e n t f i a b l e s ;
ralentissent les r é p o n s e s ; • les m a l a d i e s i a t r o g è n e s , h a b i t u e l l e m e n t d u e s
• elle p e u t être s o u r d e . Ne c o n f o n d e z p a s avec au traitement, sont souvent d'origine p o l y m é d i -
une d é m e n c e ; c a m e n t e u s e , m a i s p e u v e n t a u s s i être d u e s à u n e
Comprendre les différents appareils
Vertiges : non rotatoires Très bref (2 ou 3 s), déclenchés par un Dysfonctionnement des
ou instabilité mouvement (se lever ou se retourner) mécanorécepteurs cervicaux
Maladie cérébro-vasculaire
Hypotension orthostatique
POINT PRATIQUE
(a)
Les pieds
Les p i e d s s o n t i m p o r t a n t s e n cas d e :
• maladie vasculaire p é r i p h é r i q u e ;
• neuropathie;
• p o u s s e excessive d e s o n g l e s .
Des p a t i e n t s avec u n e f a i b l e v i s i o n , m a l a d r o i t s
(b)
de leurs m a i n s ou ayant des difficultés à se p e n -
Figure 1 4 . 1 . Signes du « portcullis » orientant vers une c h e r en a v a n t p e u v e n t a v o i r d e s d i f f i c u l t é s à se
déshydratation ou un accident vasculaire cérébral
c o u p e r les o n g l e s , c e q u i p r o v o q u e d e s d o u l e u r s
provoquant une perte du tonus de la musculature
buccale. à la m a r c h e ou m ê m e à la s t a t i o n i m m o b i l e .
L'onychogryphose (croissance excessive des
o n g l e s e n f o r m e d e serres) a p p a r a î t e n cas d e
U n e a t r o p h i e d e s petits m u s c l e s d e s m a i n s s a n s négligence p r o l o n g é e ; elle requiert un traite-
a u t r e s i g n e n e u r o l o g i q u e est f r é q u e n t e c h e z les m e n t p a r p é d i c u r e (Fig. 14.2). L e p o r t d e s c h a u s -
p e r s o n n e s âgées f r a g i l e s . Les réflexes o n t e n sures influence la mobilité: des pantoufles
g é n é r a l d i m i n u é , e t les réflexes a c h i l l é e n s p e u - anciennes, peu adaptées, d o i v e n t être r e m p l a -
v e n t être a b s e n t s c h e z d e s i n d i v i d u s n o r m a u x . cées p a r d e s c h a u s s u r e s c o n f o r t a b l e s . L'aspect
Des réflexes vifs o r i e n t e n t h a b i t u e l l e m e n t vers de l'usure de la s e m e l l e est utile s u r le p l a n d i a -
une maladie n e u r o l o g i q u e sous-jacente c o m m e g n o s t i c ; une patiente qui présente une chute du
celle d u s i g n e d e H o f f m a n n ( f l e x i o n d e s d o i g t s pied suite à un accident vasculaire mineur
a u b r u s q u e r e l â c h e m e n t d e l'index) e t d u réflexe m o n t r e u n e u s u r e excessive d u b o r d latéral e t
pectoral. Le réflexe p e c t o r a l se r e c h e r c h e en antérieur de la semelle du côté touché.
Comprendre les différents appareils
La peau
A v e c l'âge, l a p e a u d e v i e n t p l u s f i n e e t m o i n s
é l a s t i q u e , les c a p i l l a i r e s s o n t p l u s f r a g i l e s , et en
cas de m a l n u t r i t i o n , la g r a i s s e s o u s - c u t a n é e est
m o i n s a b o n d a n t e et il y a m o i n s de c o l l a g è n e . Le
p u r p u r a sénile e t l a laxité d e l a p e a u e n d é c o u -
lent, cette d e r n i è r e r e n d a n t p l u s difficile l a d é t e c -
t i o n de la d é s h y d r a t a t i o n en pinçant la peau de
l'avant-bras ou de la paroi a b d o m i n a l e anté-
rieure. L a r é g i o n l a p l u s f a v o r a b l e p o u r évaluer
l ' i n f i l t r a t i o n de la p e a u est le f r o n t , là où la peau
Figure 14.2. Onychogryphose nécessitant un adhère au fascia sous-jacent (Point de révi-
traitement par pédicure. s i o n 11.6).
Figure 14.3. Syndrome de la « chaise roulante » chez Figure 14.4. Escarres fessières.
une personne âgée. L'œdème des jambes peut être dû
à l'immobilité plutôt qu'à une insuffisance cardiaque.
Difficultés spécifiques aux personnes âgées
Activité Score
Appareil digestif 0 Incontinence ou requiert un lavement
1 Accident occasionnel (une fois par semaine ou moins)
2 Continent
Toilette 0 Dépendant
1 Requiert une aide
2 Indépendant (aller et retour des toilettes, s'essuyer et se rhabiller)
Alimentation 0 Incapable
1 Requiert une aide (par exemple pour découper ou tartiner le beurre)
2 Indépendant
Mobilité 0 Incapable
1 Indépendant en chaise roulante (capable de tourner, de passer des portes)
2 Marche avec l'aide d'une personne (verbale ou physique)
3 Indépendant (avec ou sans aide à la marche)
Habillage 0 Dépendant
1 Requiert de l'aide (peut en faire la moitié seule)
2 Indépendant
Escaliers 0 Incapable
1 Nécessite de l'aide (verbale, physique)
2 Incapable
Se baigner 0 Dépendant
1 Indépendant (bain et douche sans surveillance)
L'index p e u t ê t r e utilisé p o u r é v a l u e r les f o n c - L'examen initial chez une personne très âgée
t i o n s passées e t actuelles, e t e n r e g i s t r e r les p r o - nécessite une grande attention aux détails et doit
prendre beaucoup de temps : des problèmes
grès p e n d a n t la rééducation.
mineurs résolus de manière simple sont
déterminants pour retrouver une indépendance.
Même si la patiente ne redevient pas indépendante,
Appareillage et instruments les informations recueillies jouent inévitablement un
rôle vital dans la prise en charge ultérieure.
A u c u n e x a m e n n'est c o m p l e t s a n s l ' é v a l u a t i o n La plupart des personnes âgées ont de multiples
d e l ' a p p a r e i l l a g e u t i l i s é : est-il a d a p t é , s û r e t d e maladies et problèmes.
taille c o r r e c t e ? L e Point p r a t i q u e d e l a p a g e p r é - L'essentiel de la prise en charge des personnes âgées
c é d e n t e v o u s d o n n e u n e liste des a p p a r e i l l a g e s consiste en la résolution de problème comme les
habituels. chutes, l'immobilité, la confusion, l'incontinence, les
troubles de l'équilibre et les difficultés rencontrées
par les aides-soignants.
Bien que le diagnostic exact soit important, il l'est
encore plus d'optimiser les fonctions, si nécessaire
en utilisant un appareillage ou des prothèses.
Comment agir
face à un patient inconscient?
À NE PAS FAIRE
Ne laissez pas repartir des témoins, des amis ou des
• ÉTABLIR EXACTEMENT membres de la famille sans les avoir interrogés
CE QUI EST ARRIVÉ complètement.
N'oubliez pas de retranscrire leurs observations.
Il est crucial d'obtenir autant d'informations que
* cf. la note du traducteur [NdT], page 111.
possible, le plus rapidement possible. Beaucoup
Comprendre les différents appareils
• une respiration superficielle et peu efficace associées, et s'il existe une cicatrice sternale, pen-
oriente vers des maladies touchant les centres sez à l'accident vasculaire provenant d'un
respiratoires dans le tronc cérébral, dans un embole dû à un thrombus atrial ou ventriculaire
contexte préterminal. chez les patients coronariens, ou à la suite d'une
hyper- ou hypo-anticoagulation après rempla-
Pendant que vous observez l'allure de la respira- cement valvulaire.
tion, l'odeur de pomme verte très caractéristique
des cétones peut devenir évidente. La faculté de
sentir les cétones est génétiquement acquise: Situation neurologique
vous l'avez ou vous ne l'avez pas! De la même
façon, et de manière évidente, on percevra L'examen neurologique est une partie de l'exa-
l'odeur caractéristique de l'alcool et l'haleine men clinique de routine. L'atteinte cérébrale est
sucrée de l'insuffisance hépatique. une cause fréquente de perte de conscience et
de coma; il n'y a aucune place pour des raison-
nements trop sommaires. L'examen neurolo-
État cardiovasculaire gique doit être complet et minutieux.
Commencez par la tête, recherchez un trauma-
Vous devrez mesurer la tension artérielle, la fré- tisme et examinez les oreilles et le nez à la
quence cardiaque et son rythme et la pression recherche de saignements.
veineuse jugulaire (NdT: ce dernier signe n'est Une nuque raide indique l'irritation méningée
pas recherché en France). Les atteintes corona- d'une méningite ou d'une hémorragie sous-
riennes et cérébro-vasculaires sont souvent arachnoïdienne.
Comprendre les différents appareils
P O I N T PRATIQUE
Il est important d'examiner de manière attentive
la taille des pupilles et ses réactions à la lumière Attention
(Fig. 15.2). Demandez l'avis d'un expert si vous suspectez un
engagement.
• Une pupille non réactive à la lumière est une
urgence neurochirurgicale. Il existe une hyper-
tension intracrânienne; le tronc cérébral et le
cervelet sont coincés (« engagés ») dans le fora- Vous devez examiner attentivement les mouve-
e
men magnum, tirant sur le III nerf crânien (d'où ments oculaires:
la pupille dilatée); • des mouvements oculaires lents et erratiques
• Un myosis serré bilatéral oriente vers une sont observés dans le coma léger;
hémorragie du pont ou une surdose en opiacés • une déviation (« conjuguée ») du regard laté-
comme l'héroïne; ral survient lorsque l'atteinte est localisée à un
• Une mydriase bilatérale modérée mais réac- hémisphère. Les yeux regardent vers l'hémi-
tive à la lumière est secondaire à une lésion du sphère lésé (et vers les membres intacts) dans
tronc cérébral, car le réflexe photomoteur est les lésions touchant les voies supranucléaires, et
interrompu; du côté opposé à l'atteinte hémisphérique (et
• Un myosis unilatéral avec une chute de la donc vers le côté paralysé) dans les lésions du
paupière supérieure (« ptosis ») est un syndrome pont;
de Claude Bernard-Horner qui interrompt l'in- • la réaction en « tête de poupée » est une
nervation sympathique de l'œil; réponse normale. La tête est tournée passive-
• Une mydriase bilatérale non réactive est ment d'un côté, les deux yeux regardent dans la
observée chez les patients dans un coma pro- direction opposée. Ce réflexe est perdu dans le
fond à la suite d'une surdose de barbituriques et coma profond et dans les lésions du tronc céré-
d'une hypothermie. C'est aussi l'un des signes de bral. Il est également absent en cas de mort céré-
mort cérébrale. brale ;
• MORT CÉRÉBRALE
Les fonctions du tronc cérébral sont essentielles
• PRISE EN CHARGE à la vie. A un certain moment, les médecins doi-
vent décider si le tronc cérébral est encore fonc-
L'orientation vers une réanimation médicale ou tionnel et s'il peut maintenir la vie. Des patients
neurochirurgicale dépend des disponibilités qui restent inconscients et non réactifs présen-
locales et des besoins du patient, mais dans tous tent probablement des « pertes irréversibles des
les cas, des soins attentifs et un monitoring facultés de conscience avec une disparition de la
continu sont essentiels pour identifier les chan- capacité à respirer ».
gements d'état du patient, en particulier l'aggra- Des lésions cérébrales irréversibles peuvent lais-
vation du niveau de conscience et des fonctions ser le patient dans un état de « mort cérébrale »
vitales. mais avec un cœur continuant à battre, capable
Une attention particulière doit être apportée aux de maintenir une circulation.
soins de la peau, des yeux et de la bouche. On Certaines conditions doivent être réunies avant
évaluera la compensation liquidienne en esti- de décider de la réalisation des tests de mort
mant la perte insensible (qui peut excéder 2 I par cérébrale:
jour) et le débit urinaire (un sondage peut-être • la cause du coma doit être connue et irréver-
nécessaire). Une alimentation n'est habituelle- sible ;
ment pas nécessaire pendant les premiers jours. • l'hypothermie, les étiologies métaboliques et
Si la cause est identifiée, le traitement approprié pharmacologiques (myorelaxants et alcool
doit débuter mais chez certains patients, il y a inclus) doivent être exclues.
peu de choses à faire en dehors des soins.
Deux tests sont conduits à 24 h d'intervalle par
des médecins seniors (thèses depuis cinq ans et
Principales causes des troubles plus). Un des médecins doit être indépendant de
l'équipe qui a pris en charge le patient. (NdT: la
de la conscience loi française est différente : le diagnostic de mort
• 20 % des patients inconscients à leur arrivée cérébrale doit être posé par deux médecins dont
à l'hôpital le sont par surdosage médicamenteux un indépendant, en associant les signes cli-
Comment agir face à un patient inconscient?
niques, soit deux enregistrements EEG « nul » • l'oxygène peut-être donné pendant le test via
(c'est-à-dire sans activité électrique cérébrale une sonde d'intubation à 6 I par minute.
organisée), soit par une angiographie cérébrale Lorsque la mort cérébrale a été confirmée, le
qui démontre un arrêt circulatoire cérébral.) respirateur peut être arrêté. Votre responsabilité
Pour poser le diagnostic de mort cérébral, le est alors de soutenir la famille du mieux que
médecin doit rechercher les éléments suivants : vous pourrez et de les laisser au chevet de leur
• absence de réponse à la douleur périphé- parent aussi longtemps qu'elle le souhaite.
rique et centrale;
• absence de réflexe photomoteur;
• absence de mouvements oculaires à la
manœuvre de rotation de la tête (cf. réaction en
« tête de poupée ») et à l'injection d'eau froide
dans les oreilles;
• absence du réflexe cornéen; Essayez d'établir l'histoire en utilisant des
• disparition du réflexe nauséeux à la stimula- informations à partir de toutes les sources possibles.
tion du pharynx par une sonde d'aspiration; Faites une évaluation rapide pour savoir si une
• absence de réflexe de toux à la stimulation du réanimation cardiorespiratoire est nécessaire.
larynx avec une spatule; Faites un examen général détaillé à la recherche de
• absence d'effort respiratoire. causes spécifiques.
Indiquez des examens complémentaires en
recherchant les causes les plus fréquentes de coma.
La ventilation artificielle est arrêtée jusqu'à ce
Évaluez et notez la profondeur du coma sur l'échelle
que la pression partielle de C 0 augmente suffi-
2
de Glasgow.
samment pour stimuler le tronc cérébral, mais
Proposez un « diagnostic principal » basé sur la cause
notez :
la plus probable de la perte de conscience.
• avant ce test, on ventilera pendant cinq
Enregistrez les modifications du niveau de conscience
minutes avec 5 % de C 0 et 95 % d'0 pour
2 2
sur l'échelle de Glasgow.
assurer une stimulation adéquate des centres
Proposez un plan adapté de prise en charge.
respiratoires en évitant l'hypoxie;
Problèmes oculaires
pour non-spécialistes
POINT PRATIQUE
POINT PRATIQUE
Maladie musculaire
Hyperthyroïdie
Myasthénie
Lésion nerveuse
Vasculare, hypertension, diabète
Processus expansif intracrânien
Effet diffus d'une hypertension intracrânienne F i g u r e 16.5. Ptosis chez une patiente avec une
Traumatisme myopathie.
Sclérose en plaques
Troubles pupillaires
Un réflexe pnotomoteur anormal est peut-être le
Nystagmus {cf. chapitres 7 et 17) signe le plus important de tous les signes systé-
miques de l'œil (Fig. 16.6). Le réflexe photomo-
L'examen simple des mouvements oculaires teur est présent à la naissance, mais la petite
révélera la présence d'un nystagmus si ce n'est taille des pupilles du jeune enfant rend l'examen
pas évident au premier abord. De manière géné- plus difficile. Les enfants plus âgés ont des
rale: pupilles plus grandes, et la taille diminue lente-
• le nystagmus de type irrégulier, rotatoire ou ment avec l'âge. La pupille se dilate à l'excitation
horizontal, présent dans toutes les positions du et se contracte pendant le sommeil ou une anes-
regard, sans sensation subjective de mouve- thésie générale. L'intoxication à la morphine pro-
ment, est congénital. Un examen ophtalmolo- voque un rétrécissement des pupilles.
gique plus complet est nécessaire en raison de la Lorsque vous testez les pupilles, recherchez:
présence de lésions associées; • la taille initiale et toute irrégularité;
• un nystagmus dans le regard latéral oriente • le réflexe photomoteur direct et consensuel;
vers une atteinte musculaire, mais un nystagmus • les réactions à l'accommodation.
bref dans les positions extrêmes du regard peut
être observé chez des personnes normales; Le réflexe photomoteur représente une évalua-
• un nystagmus qui persiste dans le regard tion importante de la conduction du nerf
latéral ou vertical doit faire suspecter une optique. Une atteinte de la voie afférente est
atteinte neurologique plus diffuse. révélée en déplaçant la lumière de l'œil normal
vers l'œil affecté. La pupille se dilatera lorsque la
lumière s'éloignera de l'autre côté.
Ptosis
La chute d'une des paupières (ptosis) est habi-
tuellement congénitale, mais une ptôse acquise
Congénitale
est souvent un signe important d'une maladie
générale (Fig. 16.5). Les causes principales sont Myogène Myasthénie (autre myopathie)
résumées dans le Point de révision 16.3. Le pto- Neurogène Sympathique (Claude Bernard-
sis associé aux lésions des nerfs sympathiques Horner)
Paralysie du nerf oculomoteur (III)
est très discret (comme dans le syndrome de
Toutes lésions sur les voies de ces
Claude Bernard-Horner) et peut être méconnu si nerfs
l'examen n'est pas attentif.
Mécanique Inflammation, hypertrophie cutanée
Pseudo-ptosis Petit œil, œil atrophique, rétraction
de la paupière de l'autre côté
Problèmes oculaires pour non-spécialistes
Modifications inflammatoires de la
F i g u r e 16.9. Occlusion de l'artère centrale de la rétine. rétine et des vaisseaux rétiniens. Elles sont
Noter la région grise et l'œdème autour de la couleur
observées dans une grande variété de maladies
normale rouge de la fovéa.
systémiques. Elles peuvent prendre l'aspect d'un
engorgement veineux et d'un engagement avec
Occlusion de la veine centrale de la suffusion sanguine dans le vitré, ou un rétrécis-
rétine (Fig. 16.10). Elle se manifeste par une sement artériel avec ischémie rétinienne. Le
vision trouble plutôt que par une baisse lupus érythémateux systématisé peut provo-
d'acuité; l'aspect le plus marquant du fond d'œil quer de nombreuses tâches cotonneuses sur le
est la multiplicité des hémorragies avec engor- fond d'œil, et de manière similaire, le syndrome
gement des veines. Cette situation peut être d e B e h ç e t peut être associé à une ischémie réti-
associée à l'hypertension ou à l'hyperviscosité nienne, bien qu'ici la présence d'un hypopion
du sang; toutefois, dans beaucoup de cas, l'étio- récidivant (pus dans la chambre antérieure) peut
Comprendre les différents appareils
Diabète
Il représente toujours la cause la plus fréquente F i g u r e 16.11b. Retinopathie diabétique. Les
de cécité de la tranche la plus jeune de la popu- modifications typiques de l'arrière plan sont bien
visibles - rétinopathie, exsudats fibreux et hémorragies.
lation; les patients insulinodépendants sont par-
ticulièrement vulnérables, en particulier ceux qui
ont eu un contrôle très lâche de leur diabète.
L'apparition de la rétinopathie proliférante Le pronostic de la rétinopathie d'arrière-plan est
(formation de nouveaux vaisseaux et suffusions bien meilleur, tant que la macula est préservée.
hémorragiques dans la rétine et le vitré) peut
survenir rapidement, en deux ou trois mois. Ces
patients requièrent un traitement urgent au laser Système respiratoire
et parfois une chirurgie du vitré (Fig. 16.11a).
Les patients dont le diabète évolue depuis de Dans les cas sévères d'insuffisance respiratoire,
nombreuses années présentent une rétinopa- un œdème papillaire peut être présent en raison
thie à l'arrière plan (micro-anévrismes et de l'hypercapnie qui augmente le flux sanguin
exsudats fibreux) qui, lorsqu'elle touche la cérébral et rétinien (Fig. 5.20). Les veines réti-
région maculaire, provoque une perte de la niennes peuvent être engorgées et la cyanose
vision à la lecture (Fig. 16.11b). L'engorgement centrale peut être évidente à l'examen ophtal-
veineux et les exsudats floconneux annoncent le moscopique. Certaines maladies spécifiques
début d'une rétinopathie proliférante sévère. pulmonaires comme la tuberculose et la sar-
coïdose induisent des signes ophtalmosco-
piques. La miliaire tuberculeuse peut parfois être
diagnostiquée en découvrant des tuberculomes
miliaires de la choroïde. Ils sont observés chez
les patients sévèrement atteints et se présentent
sous la forme de lésions discrètes, peu suréle-
vées, jaune pâle, au pôle postérieur, qui s'atté-
nuent et deviennent pigmentées. La sarcoïdose
peut se révéler par une irido-cyclite aiguë ou une
insuffisance lacrymale provoquant un œil sec.
Les modifications du fond d'œil incluent égale-
ment la périphlébite. Les vaisseaux rétiniens se
trouvent enveloppés et un examen attentif peut
révéler des petites tâches blanches de la mem-
F i g u r e 16.11a. Retinopathie diabétique proliférante. brane limitante interne de la rétine, que l'on
Cette rétine a été traitée au laser et les marques de nomme des lésions en « tâche de bougie ».
laser correspondent aux aires pigmentées. Des signes
résiduels de la maladie active sont présents sur les
néo-vaisseaux de la papille optique.
Problèmes oculaires pour non-spécialistes
Système hématologique
Anémie sévère. Quelle qu'en soit la cause,
elle peut être associée à des hémorragies
éparses, certaines pouvant avoir un centre blan-
châtre. Des exsudats cotonneux peuvent égale-
ment être présents. Ces modifications sont plus
marquées dans l'anémie pernicieuse et dans les
leucémies aiguës. Les hémorragies rétiniennes
peuvent également être observées dans les
thrombocytémies, quelle qu'en soit la cause.
• MÉDICAMENTS
AFFECTANT LA VISION
Hypertension intracrânienne Beaucoup de médicaments peuvent provoquer
Hypertension artérielle sévère progressive un trouble transitoire de la vision, et cet effet
Thrombose d'une veine centrale de rétine secondaire est encore plus évident chez les
Artérite crânienne patients approchant l'âge où les lunettes sont
Hypercapnie
nécessaires pour la lecture (45 ans environ). Tout
médicament qui dilate potentiellement la pupille
Comprendre les différents appareils
(a) (c)
(b) (d)
F i g u r e 16.13. Exemples d'atrophie optique, (a) Atrophie optique avec occlusion vasculaire. (b, d) Œil droit et gauche
d'un patient avec un glaucome plus avancé d'un côté, (c) Atrophie optique avec rétinite pigmentaire.
présente un risque théorique de provoquer un mais de petites doses sont absolument inoffen-
glaucome à angle fermé chez un sujet sensible. sives, même prises pendant plusieurs années.
Le glaucome à angle fermé survient chez des L'amiodarone peut parfois provoquer des
patients d'âge moyen et hypermétropes. Si un troubles de la vision en raison de dépôts sur la
patient est déjà traité pour un glaucome, il a peu cornée. Cet effet est réversible. Les stéroïdes
de chances d'être concerné. La chloroquine est administrés en gouttes ou par la bouche peu-
un médicament qui peut provoquer une cécité si vent provoquer un glaucome et augmenter l'in-
la dose maximale recommandée est dépassée cidence de la cataracte.
Connaissances minimales
sur l'oreille, le nez et la gorge
Examen de l'oreille
L'examen formel de l'oreille débute (Point de
révision 17.1) par une inspection de l'oreille
externe; les anomalies macroscopiques et
l'absence de malposition du pavillon doivent
être immédiatement notées car elles sont soit
des lésions isolées soit elles appartiennent à un
syndrome comme celui de Treacher-Collins.
Figure 17.3. Utilisation correcte de l'otoscope. Figure 17.4. Aspect du tympan gauche normal.
r n n n a k s a n r p s minimales sur l'oreille, le nez et la gorge
POINTS
Attico-antral Tubotympanique
(dangereux) (relativement anodin)
Perforation/défaut Perforation de
de la région atticale la partie tendue
peut être masquée
par une croûte Attique normal
Partie tendue
du tympan
peut être normale
Test de Rinne
La conduction aérique est testée en présentant le
diapason à 2,5 cm approximativement de l'oreille,
les branches parallèlement au canal auditif
(Fig. 17.6a); la conduction osseuse est évaluée en
appuyant le diapason fermement contre la mas-
toïde (Fig. 17.6b). Demandez au patient de préci- Figure 17.6. (a), (b) Test de Rinne. (c) Test de Weber.
Il est essentiel de maintenir d'une main la tête du
ser dans quelle situation le diapason est le mieux
patient pour permettre une pression appuyée lors des
perçu. tests de conduction osseuse.
Comprendre les différents appareils
D : droite. G : gauche.
Test de Weber
mide du nez à la recherche d'anomalies de taille,
Appuyez fermement le diapason sur la voûte de forme et de position comme le rhinophyma,
crânienne du patient, au niveau de la ligne et la nature d'un éventuel écoulement nasal.
médiane, demandez à votre patient s'il perçoit le Vous aurez une bonne appréciation de la partie
diapason et, si c'est le cas, s'il l'entend mieux antérieure de la cavité nasale en soulevant le
d'un côté ou si le son se latéralisé (Fig. 17.6c). bout du nez et en utilisant une bonne source
La conduction osseuse absolue peut être éva- lumineuse; pour une vue plus détaillée, utilisez
luée en comparant la conduction osseuse du un spéculum nasal ou le grand spéculum aurai
patient avec celle de l'examinateur. La significa- sur l'otoscope. Dans une rhinoscopie antérieure,
tion des résultats est résumée dans le Point de vous devez rechercher la position du septum et
révision 17.2. la nature de la muqueuse nasale (habituellement
rose à l'état normal). Les cornets inférieurs et
moyens sont facilement observables, le premier
étant souvent pris pour un polype nasal. L'aire
• LE NEZ
de Little, le site de saignement le plus fréquent,
se situe à la partie antérieure du septum.
Symptômes
Les symptômes des atteintes nasales et sinu-
siennes sont les suivants :
• obstruction;
• écoulement nasal ou catarrhes; Pendant le recueil de I histoire clinique, relevez une
• saignement; hyponasalité ou une hypernasalité.
• dysphagie;
• masse dans la gorge;
• gonflement du cou;
respiration bruyante due à un stertor ou un
stridor.
Examen de la bouche
Tout médecin doit être capable d'examiner la
bouche, le pharynx et le cou, mais l'examen
laryngé requiert des conditions particulières et
de l'habitude. Même sans cela, vous pourrez
avoir une idée de l'atteinte laryngée à partir
d'une bonne histoire clinique et en écoutant la
voix (Point de révision 17.4). Une voix faible peut
orienter vers une paralysie du nerf laryngé, sur-
Figure 17.7. L'œdème de la joue peut être un signe de tout si la voix paraît rauque.
cancer du sinus. Notez des signes éventuels d'une autre atteinte
du système nerveux comme une paralysie du
voile du palais ou de la langue, ou des stigmates
L'examen de l'oropharynx peut apporter des de maladies générales comme l'hypothyroïdie.
indications sur l'atteinte nasale, la présence d'un Tout patient dont la voix est enrouée depuis plus
écoulement muco-purulent rétro-nasal peut être de trois semaines doit être adressé à un méde-
due à une pharyngite secondaire, par exemple. cin ORL pour une laryngoscopie.
Vérifiez la filière aérique en plaçant un abaisse- Une respiration bruyante peut être due à un
langue métallique devant les narines et notez l'im- stertor, un bruit inspiratoire à une obstruction
portance de la buée lors de l'expiration par le nez. d'origine pharyngée ou à un stridor, un bruit
Enfin, palpez le nez à la recherche de modifica- rauque à l'obstruction des voies aériennes du
tions de structure et de zones sensibles devant larynx, de la trachée ou des bronches princi-
les sinus maxillaires et frontaux, ou d'un œdème pales.
de la joue qui peut signer un carcinome maxil-
laire.
POINT PRATIQUE
Un œdème de la joue est rarement d'origine
infectieuse mais peut être dû à un carcinome
maxillaire.
Est-ce le paludisme?
L'efficacité de la vaccination varie beaucoup :
• les vaccins contre la fièvre jaune, la rage, le La fièvre et la rigidité sont des symptômes clas-
tétanos et les hépatites A et B sont très efficaces; siques du paludisme, mais des poussées de
• les vaccins contre la typhoïde et le choléra fièvre épisodiques ne sont ni nécessaires ni suf-
ont une efficacité incomplète; fisantes pour poser le diagnostic. Alors que l'on
• l'immunisation contre la diphtérie ne confère s'attend à des symptômes fébriles, le patient
pas toujours une immunité prolongée durant peut se présenter sans fièvre et des symptômes
toute la vie. atypiques peuvent survenir. Il est utile de se rap-
peler que le paludisme mime volontiers d'autres
affections. Toute fièvre chez un patient prove-
nant d'une zone endémique doit être considérée
comme du paludisme jusqu'à preuve du
Recherchez toujours les lieux de séjour, les contacts
contraire. Une prise de sang doit être effectuée
et les maladies. immédiatement et examinée le jour même
Une prophylaxie a-t-elle été prescrite? (Fig. 18.1).
Y a-t-il un risque de paludisme?
POINT PRATIQUE
Une quarantaine est-elle nécessaire?
Y a-t-il une lésion cutanée? Fièvre au retour de voyage
C'est un paludisme jusqu'à preuve du contraire.
Une prise de sang doit être effectuée et examinée
le jour même.
Peau Abdomen
Éruptions et pétéchies ne sont visibles que par Une hépatomégalie discrète ou modérée est
un examen méticuleux dans une bonne lumière, présente dans les hépatites mais peut également
avec une attention particulière aux membres survenir au cours du paludisme, d'un abcès
inférieurs et aux fesses. Déshabillez le patient à hépatique amibien ou d'une brucellose. Une
la recherche d'une morsure de tique (Fig. 18.2). sensibilité hépatique sans jaunisse est typique
L'éruption d'une septicémie à méningocoque d'un abcès hépatique. La splénomégalie survient
peut être maculo-papuleuse ou pétéchiale au cours du paludisme, de la fièvre typhoïde, de
(Fig. 12.3). L'éruption d'une dengue fait penser à la brucellose, de la leptospirose ou de toute
un coup de soleil ou à une photosensibilisation affection virale aiguë.
aux cyclines avant de découvrir les pétéchies.
• PRÉSENTATIONS CLINIQUES
LES PLUS FRÉQUENTES
AU RETOUR D'UN VOYAGE
à rickettsie, des etiologies graves et cosmopolites Des signes cliniques d'atteinte de l'état général
comme la méningococcie, le syndrome de choc ou une perte de poids doivent orienter l'enquête
toxique ou la rubéole. et les examens à la recherche de signes cliniques
de:
• maladie hépatique chronique (hépatite B, C);
Ictère • tuberculose;
• infection VIH;
Des personnes non vaccinées sont sensibles à • schistosomiase (splénomégalie);
l'hépatite A et il faudra rechercher les facteurs de • kala-azar (splénomégalie et anémie);
risque de l'hépatite B, C et E. • infections intestinales à helminthes.
l'évaluation difficile et plusieurs entretiens peu- L'histoire de ce voyage peut ne pas être contributif à
la maladie actuelle.
vent être nécessaires. La morbidité associée à
l'hépatite B ou C, aux infections chroniques à Aucune prophylaxie (médicamenteuse ou vaccinale)
n'est complètement efficace.
helminthes (helminthiases) ou au paludisme
Chez un voyageur fébrile, suspectez toujours le
(chez ceux qui sont partiellement immunisés) est
paludisme jusqu'à preuve du contraire.
fréquente et peut être asymptomatique.
Faites des examens sanguins le même jour.
Une toux chronique productive, avec ou sans
hémoptysie, est le symptôme habituel de pré- Le paludisme peut présenter des symptômes
atypiques.
sentation de la tuberculose symptomatique
Pensez à mettre en place une quarantaine en
aiguë. La tuberculose extrapulmonaire peut se
attendant le diagnostic.
manifester par les signes de lympho-adénopa-
Pour établir des diagnostics différentiels, il est
thie ou d'une atteinte osseuse. Les anomalies
essentiel de bien prendre l'histoire clinique et de
détectées à la radiographie pulmonaire ou à bien connaître les périodes d'incubation.
l'occasion d'une « pyurie stérile » sont les plus
fréquentes de toutes ces présentations. La pos-
sibilité d'une infection VIH doit être évoquée
chez tout patient présentant une tuberculose.
Maladies rénales
et génito-urinaires
Les atteintes rénales et génito-urinaires ont été Le terme colique néphrétique ne doit pas être uti-
regroupées dans ce chapitre. Bien que les lisé pour cette douleur (c'est pourtant le cas en
patients porteurs de ces maladies soient pris en France [NdT]); elle provient des contractions du
charge par des spécialistes différents à l'hôpital, muscle lisse de l'uretère et son nom exact est
les signes de présentation sont suffisamment donc colique urétérique.
communs pour les regrouper ici, en particulier Pendant une crise de colique néphrétique, le
ceux du bas appareil. patient ressent une intense envie d'uriner même
si la vessie est vide.
nence intermittente sont multiples : la clémence, normale; les symptômes sont souvent mal défi-
une constitution fragile, les maladies cérébro- nis mais comprennent une fatigabilité, des
vasculaires, la sclérose en plaques, la paraplégie malaises, une anorexie et des vomissements.
et le prolapsus. Beaucoup de ces affections sont D'autres patients auront une dyspnée à l'effort,
traitées ailleurs. Une incontinence permanente une dyspnée nocturne paroxystique et un
chez une femme signifie qu'il existe une fistule, œdème des membres inférieurs. Lors d'une
en général entre la vessie et le vagin. insuffisance rénale évolutive, mais sans atteinte
La miction impérieuse désigne un besoin sou- sévère de la fonction rénale, s'ajoutent des
dain et fréquent d'uriner, avec peu ou sans aver- atteintes osseuses métaboliques provoquant
tissement préalable. Si la vessie n'est pas vidée des douleurs diffuses. Lors de la phase terminale
rapidement, l'urine est émise sans contrôle. Ce de l'insuffisance rénale surviennent des troubles
symptôme relativement commun survient lors de la conscience et une confusion évoluant vers
de l'hypertrophie prostatique et dans la sclérose le coma.
en plaques.
Certaines causes de ces symptômes urinaires Œdèmes
sont présentées dans le Point de révision 19.1. Chez certains patients, l'apparition d'un œdème
généralisé est la première manifestation d'un
Les signes de l'insuffisance rénale problème rénal. La fuite massive de protéines
L'insuffisance rénale est le terme utilisé pour dans les urines conduit à une hypoprotidémie et
décrire le syndrome clinique lors d'une perte à un transsudat de liquide vers les tissus. Ce
importante des fonctions rénales. Les symp- trouble que l'on appelle syndrome néphrotique
tômes apparaissent lorsque l'infiltration glomé- peut être dû à de très nombreuses maladies
rulaire chute en dessous de 20 à 25 % de la rénales ou systémiques (Point de révision 19.2).
Maladies rénales et génito-urinaires
(a)
Unilatérale Bilatérale
Hydronéphrose Maladie polykystique sible d'évaluer la taille de la prostate lorsque la
Pyonéphrose Hydronéphrose vessie est très remplie. Chez la femme, la vessie
Kyste
Abcès
doit être distinguée d'un utérus gravide ou d'un
Tumeur kyste ovarien.
• VÉNÉROLOGIE
Vessie
Une rétention aiguë d'urine provoque une dou-
Comportements sexuels
leur extrême et une grande sensibilité de la ves- Le comportement sexuel peut avoir un impact
sie: une pression sur celle-ci augmente l'envie déterminant sur la santé physique et psycholo-
irrépressible d'uriner. Par contre, la rétention gique, c'est un facteur à prendre en compte lors
chronique d'urine est caractérisée par une vessie de la prise en charge du patient. Une jeune
atone, incontinente et insensible. Rappelez-vous femme qui se présente avec des douleurs abdo-
que chez un homme, il est virtuellement impos- minales aiguës basses très sensibles peut avoir
Maladies rénales et génito-urinaires
une appendicite nécessitant une intervention l'histoire sexuelle de la manière suivante: « Une
chirurgicale. Mais elle peut également être douleur dans le bas abdomen est parfois provo-
atteinte d'une inflammation aiguë du pelvis, pro- quée par une infection contractée lors d'un rap-
voquée par la dissémination d'une maladie port sexuel. Puis-je vous demander de quand
sexuellement transmissible (MST), comme une date votre dernier rapport sexuel? », « Puis-je
infection du col utérin traitée par antibiotiques. vous demander si vous avez un(e) petit(e)
Le risque d'une MST chez une telle patiente ami(e) ? » Lorsque le sujet de l'activité sexuelle a
peut-être évalué lors du recueil de l'histoire cli- été abordé, vous pouvez rentrer dans les détails :
nique et de l'examen ; des examens complémen- • Quand?
taires à la recherche d'une infection doivent être • Avec qui?
réalisés si nécessaire. La persistance de plaintes • Où?
urologiques ou gynécologiques, d'une dépres- • Contraception?
sion ou d'autres symptômes peut exprimer des • Type de rapport?
difficultés sexuelles. • Autres partenaires?
Quelques conseils généraux besoins sexuels doit être adaptée à chaque indi-
Bien que le sexe soit généralement considéré vidu. Si le patient utilise des termes vagues pour
comme relevant de la sphère privée, le compor- parler de sa vie sexuelle vous devrez doucement
tement sexuel est aussi important par ses consé- clarifier auprès de lui ce qu'il veut dire.
quences possibles sur la santé que le sont la
consommation alcoolique et le tabagisme. Dans
la plupart des situations médicales, il n'y a pas de Symptômes I
facteurs pertinents dans l'histoire sexuelle et l'in-
terrogatoire peut s'orienter rapidement vers un L'infection est la cause principale des symptômes
autre appareil. Lorsque vous recueillez une his- génito-urinaires, avec une proportion très signi-
toire sexuelle, vous ne vous mêlez pas de la vie ficative attribuée aux MST, en particulier chez les
privée du patient, mais vous recherchez des jeunes adultes. La plupart des patients nécessi-
informations particulières utiles à la prise en teront des examens complémentaires pour affir-
charge efficace de votre patient. mer ou éliminer une infection, orientés par
Lorsque vous recueillez une histoire sexuelle, l'histoire sexuelle, les symptômes et les signes.
voici les principaux défis: Les syndromes et les MST les plus fréquents en
• gagner la confiance du patient avant d'envi- vénérologie sont présentés dans le Point de révi-
sager les détails sexuels; sion 19.5.
• l'assurer d'une parfaite confidentialité;
• user d'un langage précautionneux.
Plus de la moitié des individus avec une MST On demandera aux patients de se déshabiller
sont asymptomatiques. Un des facteurs contri- pour exposer la région génitale. Respectez la
buant à la propagation des MST est la croyance dignité du patient en le laissant seul lorsqu'il se
erronée selon laquelle l'absence de signes équi- déshabille ou se rhabille. Ne laissez pas votre
vaut à l'absence de toute infection. L'histoire patient déshabillé ou exposé inutilement. Offrez-
sexuelle est importante pour identifier les indivi- lui une blouse ou une couverture en attendant
dus à risque de MST, leur offrir des conseils de l'examen.
bonne santé sexuelle et rechercher une éven-
tuelle infection. Les facteurs de risque principaux POINT PRATIQUE
sont présentés dans le Point de révision 19.6. Prérequis pour un examen adapté
Gants
Tierce personne
Bon éclairage
Chaise ou lit adaptés
Un coin d'intimité pour le déshabillage
Une blouse appropriée
Patient âgé de 15 à 24 ans Un spéculum pour l'examen féminin
Antécédents de MST Un proctoscope
Des tubes pour prélèvements et des recharges
Célibataire, séparé ou divorcé
Nouveau partenaire sexuel au cours des trois
derniers mois
Deux (ou davantage) partenaires sexuels au cours de Ne faites l'examen que lorsque le patient est prêt.
la dernière année Assurez-vous d'avoir une source lumineuse
Femme souhaitant une interruption volontaire de adéquate pour permettre l'inspection de la peau
grossesse à la recherche de verrues, d'éruptions et de poux.
Utilisation non-systématique du préservatif pendant
les rapports
Examen génital masculin
Vous devrez examiner avec attention :
• EXAMEN CLINIQUE • les ganglions inguinaux;
Les patients sont souvent anxieux et embarras- • le scrotum et son contenu;
sés à l'idée que leurs « parties privées » puissent • le pénis, prépuce compris;
être examinées; expliquez donc ce que vous • le méat urétral à la recherche d'un écoule-
allez faire. Un examen efficace nécessite la ment provoqué par une pression sur l'urètre à
coopération et la confiance du patient. Certains partir du périnée;
patients préfèrent être examinés par un médecin • la région périanale lorsque l'histoire oriente,
de leur propre sexe. Vous devrez toujours res- suivie par une proctoscopie.
pecter \a préterence du paient
Les bonnes pratiques suggèrent que vous
devrez proposer la présence d'une tierce per- Examen génital féminin
sonne, sans laquelle un homme médecin ne doit
jamais pratiquer un examen génital chez une Les femmes sont habituellement examinées en
femme. Vous devrez accorder une attention par- position gynécologique. Examinez avec attention :
ticulière à la région génitale lorsque les symp- • les régions pubiennes et périgénitales comme
tômes sont localisés dans cette région; un chez l'homme;
examen général peut être utile, en prêtant une • les grandes lèvres;
attention particulière à la peau, aux muqueuses • les petites lèvres ;
de la bouche et des yeux, aux articulations et aux • le méat vaginal;
ganglions lymphatiques. • le vagin;
Comprendre les différents appareils
• QUELQUES SYNDROMES
CLINIQUES FRÉQUENTS Écoulement vaginal
Un écoulement plus abondant ou modifié du
Écoulement urétral et dysurie vagin est un symptôme fréquent de consultation
chez l'homme primaire. Il est souvent considéré comme syno-
nyme d'une infection vaginale, mais il peut être
Un écoulement du méat urétral est souvent asso- physiologique. Ce symptôme prend toute sa
cié à une douleur à la miction. Ces symptômes signification lorsqu'il est associé à d'autres signes
surviennent souvent après un rapport avec une cliniques, comme des douleurs abdominales
nouvelle partenaire, et sont la conséquence d'une dues à une infection pelvienne ou à une conjonc-
inflammation de la muqueuse uretrale. Le signe tivite à Chlamydia, infection oculaire habituelle-
cardinal de l'uretrite est l'écoulement urétral, et le ment causée en France par auto-inoculation des
diagnostic est confirmé soit par le « test des deux sécrétions vaginales infectées. De nombreux épi-
verres » (cf. Point Pratique), soit par un examen sodes d'infections vaginales ne sont pas acquis
microscopique d'un échantillon d'écoulement. par voie sexuelle, mais il reste important d'exami-
ner les facteurs de risque d'une MST chez les
POINT PRATIQUE femmes se présentant avec ce symptôme. Les
causes habituelles d'écoulement vaginal sont lis-
Test urinaire des deux verres
tées dans le Point de révision 19.7.
Demandez à un homme:
- d'uriner dans un premier verre propre ; La description de l'écoulement par la femme et
- d'arrêter d'uriner après une faible quantité; l'examen clinique peuvent suggérer le diagnostic
- de continuer à uriner dans un second verre. mais vous devrez toujours rechercher ou élimi-
Dans l'infection urétrale, le premier verre contient ner une MST, en particulier s'il existe des facteurs
habituellement des filaments dans une urine de risque (Point de révision 19.7).
troublée par le pus, qui ne s'éclaircit pas en
La vaginite bactérienne est caractérisée par un
ajoutant de l'acide. Le second verre sera clair.
Les filaments seront prélevés et examinés au écoulement malodorant homogène gris-blanc,
microscope pour savoir s'ils contiennent du mucus, avec un pH élevé. Elle résulte du changement de
du sperme ou du pus. la flore microbienne dans le vagin, habituelle-
ment prédominante en lactobacilles qui ont été
remplacés par des groupes d'autres bactéries,
Les polynucléaires sont habituellement évidents
surtout des germes gram négatif et des anaéro-
et les diplocoques intracellulaires sont observés
bies. Les symptômes de prurit vulvaire et les
dans la gonorrhée. Les principales urétrites chez
signes d'inflammation sont absents.
l'homme jeune sont la gonorrhée (Fig. 19.5) et
l'infection à Chlamydia.
Maladies rénales et génito-urinaires
Le premier épisode évolue habituellement selon Les verrues périanales (Fig. 19.7) sont fréquentes
la séquence de signes et de symptômes suivants: chez les hommes homosexuels mais peuvent
• irritation locale avec rougeur de la peau ; être observées dans les deux sexes, résultant
• amas de petites vésicules ; d'une auto-inoculation entre les zones génitales.
• ulcères sensibles, superficiels, à l'emporte- Les affections génitales sont fréquemment inter-
pièce; currentes. Il est important de rechercher une
• formation de croûtes et cicatrisation ; infection bactérienne traitable chez tous les
• adenopathies inguinales sensibles; patients se présentant avec une MST, bien que la
• malaises et fièvre. cause de leurs symptômes puisse être évidente.
Par exemple, un patient se présentant avec des
L'intervalle entre la primo-infection de l'herpès verrues génitales doit être examiné à la
génital et les épisodes d'ulcérations est très recherche d'une gonorrhée, d'une infection à
variable, entre 24 heures et plusieurs années. De Chlamydia, et d'une infection vaginale chez la
nombreux patients présentent des épisodes femme.
récurrents de très courte durée, moins doulou-
reux et moins irrités que lors de primo-infection.
La syphilis est devenue une infection rare en
France. L'ulcère génital initial de la syphilis, ou
chancre, est plutôt insensible, rond, avec des
marges bien définies et une base épaisse,
rugueuse et recouverte d'un dépôt, bien que les
apparences soient très variables. Les adenopa-
thies inguinales sont modérément volumi-
neuses, sensibles et de texture élastique.
Les verrues ou végétations génitales sont cau-
sées par le virus du papillome humain (VPH).
Elles sont transmises par contact génital de peau
Figure 19.7. Papillomes périanaux. Ils ne sont pas
à peau, et leur prévalence est croissante. Les nécessairement les stigmates d'un rapport réceptif anal.
individus avec une infection infraclinique sont
bien plus nombreux que ceux affectés par des
végétations visibles. Les patients qui dévelop- La prise en charge d'un patient avec une MST
pent ces végétations présentent des verrues ou comprend également celle des partenaires
des tâches blanches non irritantes de la sphère sexuels. Il est évident qu'il faut prévenir:
génitale. • une réinfection dans une relation qui se pro-
Les verrues présentent de très nombreuses longe ;
apparences cliniques et sont rarement isolées. • la morbidité chez le partenaire;
Les plus habituelles forment un condylome acu- • la transmission de l'infection à toute une
miné, une excroissance papillomateuse pédon- communauté.
culée ou sessile de même couleur que la peau,
qui présente habituellement une surface plissée Un résumé des étapes clefs de la prise en charge
lui donnant une apparence rugueuse. Les plus des patients au cours des maladies vénériennes
volumineuses peuvent présenter l'aspect d'un est listé dans le Point de révision 19.9.
chou-fleur. Les infections vaginale et du col uté-
rin sont fréquentes, bien que la majorité des
infections cervicales passe inaperçue et ne soit
détectée qu'à la cytologie. L'infection génitale au
VPH peut provoquer une néoplasie intra-épithé-
liale.
Maladies rénales et génito-urinaires
Signes cliniques
Aucun.
Examens complémentaires
Prélèvements vaginaux à la recherche de Canada,
trichomonase et vaginite bactérienne. Prélèvements
génitaux à la recherche d'infections à Chlamydia et
gonococciques.
Diagnostic
Vaginite à Canada et infection cervicale à Chlamydia.
Prise en charge du partenaire
Recommandez la consultation du partenaire récent
pour des examens complémentaires et traitement.
Commentaire
L'histoire est évocatrice d'une infection à Candida,
mais l'histoire sexuelle nécessite impérativement la
recherche d'autres MST.
Appareil locomoteur
Raideur
Elle peut avoir différentes causes. Il peut y avoir
une limitation osseuse au mouvement par
fusion des surfaces articulaires ou par calcifica-
tion des ligaments. Elle peut également être
associée à une contracture secondaire des
muscles due à la douleur, ou à une atteinte neu- Figure 20.1. Distribution de la douleur qui peut
rologique primaire comme la maladie de Parkin- survenir à partir d'une hanche ou d'un genou.
Comprendre les différents appareils
Figure 20.4. Évaluation des mouvements de l'épaule, (a) Abduction, (b) Rotation externe, (c) Rotation interne,
(d) Flexion, (e) Extension.
Appareil locomoteur
POINT PRATIQUE
limite l'amplitude des mouvements. La douleur
Les syndromes douloureux de l'épaule sont de la hanche, habituellement d'origine arthro-
aggravés pendant la nuit et empêchent le sique, est perçue dans l'aine ou les fesses et s'ag-
sommeil.
grave avec le mouvement et le port d'une charge.
La douleur d'une hanche atteinte peut se proje-
ter vers le genou et vice versa (Fig. 20.1). Ceci
S y n d r o m e d e l a coiffe d e s r o t a t e u r s peut aboutir à une confusion et vous devez tou-
o u d e l'arc d o u l o u r e u x jours examiner les deux articulations pour déter-
Il provoque une douleur lors de l'élévation de miner l'origine précise de la douleur.
l'épaule lorsque les structures de la coiffe, les Une boiterie peut provenir:
tendons des muscles subscapulaires, supra et • d'une douleur de la hanche. Le patient trans-
infra-épineux frottent contre la surface inférieure fère rapidement le poids de la jambe atteinte
de l'acromion. La douleur est initialement absente vers l'autre;
mais apparaît à partir d'un certain degré d'ab- • d'une jambe plus courte;
duction pour disparaître lors des derniers degrés • d'une abduction inefficace de la jambe;
du mouvement (Fig. 20.5). • d'autres problèmes mécaniques de la hanche,
du genou, de la cheville ou du rachis comme
une raideur, une instabilité ou une faiblesse.
Arthrose
L'arthrose est la cause la plus fréquente de dou-
Hanche
leur de la hanche chez les personnes âgées. Elle
La hanche est une énarthrose permettant des est associée à une limitation des mouvements, et
mouvements dans toutes les directions. L'articu- la rotation interne est la plus précocement tou-
lation est plus profonde que celle de l'épaule, ce chée.
qui la rend plus stable, mais qui en même temps
Comprendre les différents appareils
Figure 20.6. Mouvements tests de la hanche, (a) Noter que la discrète flexion de la hanche droite du patient est
démasquée en plaçant une main dans le creux de la lordose lombaire, (b) Abduction, (c) Adduction, (d) Rotation
externe, (e) Rotation interne.
• les caractères de l'atteinte articulaire, par Ce livre n'a pas pour but d'évoquer par le détail
exemple l'arthropathie symétrique des petites toutes les maladies articulaires, mais le point de
articulations dans la polyarthrite rhumatoïde; révision 20.1 vous donne quelques idées de l'im-
• si une maladie générale est présente, par portance des atteintes possibles.
exemple une sarcoïdose ou un psoriasis.
Atteintes
inflammatoires
non infectieuses
Polyarthrite Jeunes et d'âge moyen Surtout les petites articulations Fréquents. Atteinte
rhumatoïde (plus de femmes des mains et des pieds. multisystématisée.
(Fig. 20.7a et b) que d'hommes). Les articulations plus proximales Chronique et récidivante.
sont touchées plus tard. Arthropathie symétrique
des petites articulations.
Rhumatisme Tout âge. Surtout les mains et les pieds. Semblables à la polyarthrite
psoriasique rhumatoïde mais d'autres
(Fig. 20.8) articulations de la main
sont touchées.
Goutte Âge moyen et avancé. Atteint initialement la première Arthropathie à l'acide urique.
(Fig. 20.9) articulation métatarso-phalangienne. Crises aiguës très
douloureuses évaluant vers
une maladie chronique.
Connectivités, Âge variable au début. Articulations touchées variables. Les signes de l'atteinte sont
Lupus Prépondérance féminine, ceux de la maladie causale.
érythémateux polyartérite exceptée.
disséminé,
dermatomyosite,
sclérodermie,
polyartérite.
* cf. Point pratique
Comprendre les différents appareils
POINT PRATIQUE
(a)
Symptômes
Douleur
Les lésions discales sont les plus fréquentes au
niveau des colonnes cervicale et lombaire basses,
où elles provoquent des douleurs. Si les nerfs spi-
naux sont comprimés, la douleur irradie le long
du bras ou de la jambe; s'il s'agit de la jambe, c'est
une sciatique. Les lombalgies peuvent provenir
des articulations postérieures, d'une discopathie,
d'une protrusion discale ou d'un tassement verté-
bral.
Déficits m o t e u r et sensitif
Un tassement (ou une atteinte) vertébral(e) peut Figure 20.10. Cyphose sévère résultant du collapsus
provoquer des lésions médullaires par compres- de plusieurs vertèbres dû à une myélomatose. Noter le
sion directe ou ischémie. plissement de la peau de la paroi abdominale
antérieure dû au raccourcissement du tronc.
Déformation
POINT PRATIQUE
Des déformations sévères comme la scoliose
peuvent interférer avec les fonctions cardiaque Si une compression médullaire n'est pas soulagée
dans les heures qui suivent, les lésions seront
et respiratoire.
permanentes.
Raideur
Elle peut être due à une contracture musculaire
ou à une modification pathologique des liga- Si une douleur fait suspecter une compression
ments, comme dans la spondylarthrite ankylo- médullaire, un examen neurologique complet
sante. est indispensable.
Vérifiez en particulier:
• la manœuvre de Lasègue. Si la douleur appa-
Signes raît après une flexion de 20 à 30°, une lésion dis-
cale est probable;
En observant un patient souffrant d'un pro- • le niveau radiculaire probable où se situe la
blème vertébral, vous pourrez noter: compression;
• une déformation latérale, qu'on appelle • la présence de signes urinaires. Explorez la
inflexion ; sensibilité superficielle autour de l'anus; une
• une contracture des muscles spinaux du côté anesthésie périanale oriente vers une atteinte des
de la douleur; racines sacrées et du fonctionnement vésical.
Comprendre les différents appareils
POINT PRATIQUE
• INFECTIONS OPPORTUNISTES
DU SIDA
cette atteinte maligne peut également ressem- • les traitements immédiats, futurs et expéri-
bler à une banale morsure d'insecte, un grain de mentaux;
beauté ou un carcinome basocellulaire. Des • la mort et la fin de vie.
lésions similaires peuvent toucher les poumons
et le tube digestif. Les lymphomes sont habituel- Malgré ce qu'en disent les médias, la plupart des
lement extraganglionnaires et annoncent un patients séropositifs depuis peu vont bien pen-
déclin rapide. Les symptômes d'une extension dant un certain temps. Bien que près de la moi-
généralisée sont la perte de poids, la transpira- tié des séropositifs développeront le sida dans
tion nocturne et les malaises, associés aux les dix années qui suivent, le nombre des
signes cliniques liés à la topographie de la patients qui ne le développent pas augmente, et
tumeur, comme une obstruction ou une diar- vous pouvez vous montrer relativement opti-
rhée en cas d'atteinte digestive, ou des céphalées miste. Tout du moins au début, les symptômes
et des signes neurologiques pour les tumeurs non spécifiques n'impliquent pas la progression
intracrâniennes. de la maladie. Toutefois, vous devrez céder la
main aux médecins plus expérimentés de votre
équipe, qui pourront prendre en charge cette
• ASPECTS PSYCHOLOGIQUES évolution d'une manière sensible mais honnête.
DU SIDA Les patients avec le sida sollicitent une aide
lorsque :
Apprendre sa séropositive affectera chacun • des événements spécifiques « négatifs » les
d'entre nous de manière différente. Les étapes affectent personnellement, comme la mort d'un
habituelles de l'acceptation de n'importe quel ami ou la perte d'un emploi, et font ressurgir des
diagnostic, à savoir le choc, la culpabilité, la peur inquiétudes concernant leur santé;
et l'anxiété, ne s'appliquent généralement pas au • des événements de portée sociale, comme
patient porteur du VIH en raison de la percep- des articles « positifs » sur les progrès du traite-
tion sociale de la maladie, qui diffère grande- ment paraissent dans les journaux ou les maga-
ment de celle des autres maladies. La manière zines, et qu'ils font miroiter trop vite une
dont le patient acceptera la nouvelle dépend « guérison ».
beaucoup de ses croyances, de ses ressources
personnelles (ainsi que celles de ses amis, de sa Mais par-dessus tout, vous devez vous rappeler
famille, de ses collègues et de tout son réseau que les patients atteints du sida sont des per-
social) et de ses antécédents pathologiques. Les sonnes normales qui essaient de gérer une
conseils prodigués après le diagnostic doivent situation très anormale: ils vivent dans la peur
se répartir sur plusieurs consultations, de qu'à un certain moment, un symptôme ou un
manière à bien insister sur les informations signe n'apparaisse et puisse indiquer l'irrévoca-
importantes. bilité de leur maladie. Vous devrez répondre en
Vous serez amené à discuter de problèmes et les aidant à exprimer leurs sentiments, leurs
d'incertitudes concernant: frustrations et leurs inévitables émotions fortes.
• les relations quotidiennes avec les parte- Préparez-vous à leur fournir une aide psycholo-
naires, les amis, les collègues de travail et surtout gique médicale quand cela vous est possible, et
avec les employeurs; n'hésitez pas à demander de l'aide à des méde-
• le risque des contacts quotidiens; cins plus expérimentés.
Apprendre à proposer
un diagnostic différentiel
• QUE FAIRE
Un homme de 55 ans au long passé d'angor se
présente deux heures après le début d'une très SI VOUS N'ARRIVEZ PAS À POSER
violente douleur thoracique irradiant vers les UN DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL?
omoplates, bien plus intense que l'angor habituel. Il
est froid, moite et a manifestement mal. Sa pression Parfois les circonstances sont contre vous. Le
artérielle est élevée et il existe une différence de patient peut être confus, incapable de se rappe-
20 mm de Hg entre les bras droit et gauche. ler quoi que ce soit, ou simplement trop malade
L'ECG montre simplement une tachycardie sinusale.
pour répondre à vos questions; son entourage
Le diagnostic différentiel est a) une dissection ne peut être d'aucune utilité, ou les symptômes
aortique, b) un infarctus aigu du myocarde, et c) un
ne collent avec aucune condition clinique que
angor instable.
vous connaissez.
Apprendre à proposer un diagnostic différentiel
Si vous avez vraiment l'impression de ne pas céphalée est un symptôme non spécifique de
avoir suffisamment d'éléments pour poser le stress, d'arthrose cervicale, de tumeur cérébrale,
diagnostic, reprendre les principaux points de d'hémorragie sous-arachnoïdienne, de ménin-
l'histoire clinique est une bonne pratique. gite, de migraine, d'infection et de beaucoup
Recommencez les points de l'examen clinique d'autres maladies.
dont vous n'êtes pas sûr. Essayez d'obtenir Les patients et leur entourage tiendront à savoir
davantage d'informations, d'un ami ou d'un voi- ce qui ne va pas. Une manière utile de s'en sor-
sin, et contactez le médecin de famille à la tir est de retenir le diagnostic le plus probable et
recherche d'antécédents : les patients « oublient » d'en faire son diagnostic de travail. Dans ces cir-
parfois des détails remarquables de leur histoire constances, c'est votre meilleure hypothèse, et
médicale et de leur traitement. elle constituera la base de votre prise en charge
Après avoir épuisé toutes les sources d'informa- initiale et de vos premiers examens complémen-
tion, vous serez peut-être toujours aussi loin taires. Vous serez certainement amené à la révi-
d'un diagnostic assuré. Dans ces circonstances, il ser:
est essentiel de garder à l'esprit toute une série • selon la réponse au traitement;
de maladies qui peuvent expliquer les symp- • lorsque les premiers résultats des examens
tômes du patient. Faites une liste de toutes les complémentaires seront disponibles;
maladies communes que vous connaissez sus- • si vous obtenez desinformations complé-
ceptibles d'expliquer le problème de votre mentaires.
patient.
Vous aurez des difficultés avec un patient dont
les symptômes ne correspondent à aucun Que faire ensuite?
schéma classique. Gardez-vous de poser le dia-
gnostic d'une maladie rare avant d'avoir exclu les Le plus souvent, un collègue plus expérimenté
atteintes les plus fréquentes. Rappelez-vous tou- vérifiera certaines parties de l'histoire et de l'exa-
jours que « les maladies fréquentes surviennent men clinique. Un autre diagnostic différentiel
fréquemment », et que la plupart des maladies émergera peut-être, d'autres examens complé-
dont le diagnostic a été difficile s'avère être des mentaires seront requis ou une nouvelle priorité
présentations inhabituelles de maladies fré- sera donnée à certains examens.
quentes. Par exemple, un patient dont la fièvre
échappe à toute explication en dépit d'investiga-
tions poussées à l'hôpital peut avoir une fièvre • POSSIBILITÉS DIAGNOSTIQUES
pourprée des Montagnes Rocheuses, mais le
diagnostic le plus probable est une atteinte Pour vous donner une idée de la manière de
maligne, une connectivité ou une infection par concentrer ses hypothèses autour de plusieurs
un micro-organisme fragile. diagnostics différentiels, nous allons prendre la
dyspnée pour exemple.
POINT PRATIQUE
Rappelez-vous :
Occasionnellement, des maladies habituelles se La dyspnée
présentent avec des symptômes atypiques.
La dyspnée est un symptôme d'appel fréquent. Il
est souvent relativement facile d'éliminer rapide-
ment de nombreuses causes, jusqu'à ce qu'il
Le pire scénario possible n'en reste que quelques-unes. La rapidité peut
être importante, mais pas au détriment de la per-
À un certain moment, vous serez forcé de tinence clinique. Avec l'expérience, et comme en
constater qu'il peut exister un très grand nombre médecine d'urgence, vous interrogerez votre
de possibilités diagnostiques. Par exemple, la patient pendant que vous l'examinez.
Comprendre les différents appareils
Établir un diagnostic différentiel consiste simple- être normaux pour les 5 % restant de la popula-
ment à ordonner les causes les plus probables tion. Il est important de s'en souvenir, car des
des symptômes du patient, en se basant sur des valeurs discrètement anormales n'impliquent pas
impressions cliniques. Parfois, vous serez suffi- nécessairement une maladie. Un résultat peut
samment sûr de votre diagnostic pour débuter le être franchement en dehors des valeurs nor-
traitement. En urgence, évidemment, vous serez males pour plusieurs raisons:
obligé de pratiquer ainsi. Dans la plupart des • les valeurs normales peuvent être inappro-
cas, toutefois, vous devrez prescrire une série priées pour le patient. Les résultats peuvent
d'investigations sélectionnées afin d'assurer varier selon l'âge, le sexe, la race et la grossesse;
votre diagnostic clinique. • le résultat peut-être anormal et confirmer le
Des investigations parfaitement choisies peuvent diagnostic clinique;
être très utiles parce qu'elles: • le résultat a pu être affecté par des facteurs
• apportent une confirmation objective de la comme une diète, des médicaments ou des pro-
justesse de votre impression clinique; téines sériques. Le laboratoire local devra confir-
• définissent l'extension de la maladie; mer;
• indiquent la sévérité de la maladie; • les valeurs peuvent évoluer. Vérifiez les résul-
• fournissent un état des lieux préalable au tats antérieurs et postérieurs;
traitement; • une pathologie auparavant imprévue est décou-
• illustrent les effets de la maladie ou les effets verte : ceci nécessite des investigations complémen-
du traitement; taires;
• aident à éviter une toxicité médicamenteuse. • une erreur technique est survenue. Le labora-
toire recommandera de répéter l'examen.
• QUELS EXAMENS
COMPLÉMENTAIRES plémentaires sanguins ou urinaires non invasifs
et des investigations d'imagerie simples (qui
DEVEZ-VOUS PRESCRIRE?
habituellement ne provoquent aucun inconvé-
Le but des investigations est d'obtenir une nient ni traumatisme pour le patient) ne suffisent
preuve objective et définitive qu'il ne peut y avoir pas à obtenir les informations que vous recher-
qu'une seule explication aux symptômes du chez.
patient. Certains examens sont des marqueurs Les résultats qui se distribueront dans des
non spécifiques de la maladie. Par exemple, une valeurs normales seront décrits comme « néga-
augmentation de la protéine C réactive (CRP) et tifs ». Ils permettent habituellement éliminer un
de la vitesse de sédimentation érythrocytaire diagnostic putatif. Parfois, toutefois, un résultat
(VS) se retrouve lors d'une infection ou d'une peut ne pas être « positif » :
inflammation, alors que d'autres tests seront • pendant les premières heures d'une maladie,
spécifiques à une seule maladie. par exemple, après un infarctus du myocarde, la
La plupart des maladies habituelles peuvent être créatine-kinase met 12 heures pour se retrouver
diagnostiquées avec des examens complémen- en grande quantité dans le sang;
taires relativement simples (Point de révi- • pendant les premiers jours d'une maladie,
sion 23.1). par exemple les taux viraux sont bas jusqu'à
Lorsque vous vous interrogerez sur les examens environ dix jours après l'infection;
complémentaires à effectuer, vous commencerez • pendant les premiers mois d'une maladie, par
par relire la liste des différents diagnostics diffé- exemple après une infection par le virus de l'im-
rentiels. Le temps passé à réfléchir aux examens munodéficience humaine (VI H).
complémentaires (et à l'ordre dans lequel vous
allez les effectuer) n'est jamais perdu. Il semble Les résultats peuvent se retrouver bien en
naturel de rechercher d'abord la cause la plus dehors des valeurs normales, l'examen sera
probable des symptômes du patient, puis de alors considéré comme « positif » et, par consé-
prendre en compte quelles investigations sont quent, « diagnostique » pour la maladie. Dans la
disponibles pour aider à confirmer vos suspi- plupart des cas, cela sera vrai, mais occasionnel-
cions cliniques. lement, le résultat sera « faussement positif »,
Des examens complémentaires invasifs sont affirmant la présence de la maladie alors que
parfois traumatisants pour les patients, bien que c'est faux.
la pratique et l'expérience diminuent ce risque; Des résultats négatifs sont tout aussi utiles que
l'angiographie coronarienne et la biopsie hépa- les positifs; ils peuvent éliminer au moins cer-
tique sont de bons exemples. Quand cela est taines des causes dans une longue liste de dia-
possible, demandez-vous si des examens com- gnostics possibles.
Prescrire des examens complémentaires de base
également aux collègues de décider si d'autres est potentiellement désagréable ou présente des
investigations sont nécessaires. risques reconnus. Prenez le temps d'expliquer au
patient pourquoi ces examens sont nécessaires,
et de répondre à ses questions*.
• LA « BATTERIE » DE DOSAGES Rappelez-vous que:
• les bénéfices de toute procédure (pour obte-
Dans certains hôpitaux, une « batterie » de nir rapidement un diagnostic) doivent dépasser
dosages peut être demandée; un exemple est les risques inhérents;
présenté dans le Point de révision 23.2. • un examen inutile ne sera pas apprécié par
votre patient;
• une débauche d'examens ne sera pas appré-
ciée, ni par votre supérieur ni par l'hôpital ;
• des complications potentielles d'un examen
Sodium
complémentaire nécessaire doivent être discu-
Potassium
Urée
tées avec le patient;
Créatinine
• les complications d'un examen inutile seront
Albumine impossibles à expliquer aux patients et à leur
Gamma-glutamyltransférase (gGT) entourage ;
Phosphatases alcalines • les patients ont le droit de savoir quel risque
Transaminases accompagne chaque investigation;
Bilirubine • une simple ponction veineuse peut être trau-
T4 libre matisante pour certains patients;
Hormone thyrostimulante (Thyrotrophine TSH) • vous devez être capable de justifier chaque
Cholestérol total examen complémentaire;
Créatine-phosphokinase (CPK) • certains examens sont aléatoires;
Troponine 1 • n'indiquez pas d'investigation invasive si une
Glucose alternative raisonnable non invasive existe;
• les investigations vous donneront un travail
Cette approche apporte plus d'informations que supplémentaire parfois inutile.
vous n'en avez besoin et va inévitablement
générer quelques résultats anormaux qui
conduiront à de nouvelles investigations inutiles.
Limitez-vous aux investigations que vous esti- Les examens complémentaires doivent être
merez nécessaires compte tenu des circons- sélectionnés de manière attentive. Ceci évite de
soumettre votre patient à des investigations inutiles
tances cliniques.
et potentiellement traumatisantes.
Il est probablement plus utile de définir quel exa- Une valeur anormale n'est pas toujours le signe
men vous aidera à prouver que la cause est d'une maladie.
infectieuse chez un patient avec des brûlures Certains dosages demandent une attention
mictionnelles et une dysurie, une fièvre à 38,5 °C particulière. Vérifiez avec le laboratoire.
et une leucocytose ; ou à différencier une confu- Prescrivez des examens qui sont « non invasifs » et
sion aiguë d'une démence modérée mais pro- de risque peu élevé.
gressive chez un patient âgé. Expliquez toujours à votre patient ce que représente
chaque examen, particulièrement si les investigations
sont « invasives » et potentiellement risquées.
Discutez avec votre patient des résultats des
• QUE DIRE AU PATIENT? examens le plus rapidement que vous pourrez.
La dyspnée est la sensation subjective d'être • l'utilisation des muscles respiratoires acces-
essoufflé ou la sensation consciente d'avoir soires. Les patients sont souvent assis, penchés
besoin d'un effort respiratoire accru. La dyspnée en avant, la tête rentrée dans les épaules et les
liée à un effort physique éprouvant est banale, mains sur les hanches;
mais ne l'est plus lorsqu'elle survient: • un sifflement audible, bien que certains
• au repos ou à la suite d'un effort modéré ; patients puissent le provoquer à volonté ;
• lors d'un décubitus à plat nécessitant de dor- • une modification du cycle respiratoire avec
mir assis; une inspiration brève et une expiration prolon-
• pendant la nuit et qu'elle réveille le patient. gée;
• une apparence affectée, luttant pour respirer
Elle est principalement due à des maladies car- et apparaissant même « choquée ».
diaques ou pulmonaires, ou encore à une ané-
mie sévère. De nombreux patients décrivent une dyspnée à la
suite d'efforts apparemment légers. Ceci peut être
dû à un manque d'exercice ou à une prise de
• LE PATIENT EST-IL ATTEINT? poids au cours des années. Une grande propor-
tion des automobilistes n'a pas l'habitude de faire
Beaucoup de patients décrivent une dyspnée de l'exercice et est en mauvaise forme physique.
mais ne sont pas sérieusement malades. Voici En cas de dyspnée aiguë, vous devrez poser les
quelques signes caractéristiques d'une dyspnée questions pendant que vous examinez le patient.
« fonctionnelle » (c'est-à-dire d'un essoufflement Développer votre habileté clinique pour ces cir-
qui n'est pas dû à une maladie organique): constances nécessite beaucoup de pratique.
• la sensation d'être incapable de prendre une Essayez de voir les patients dès leur arrivée à
inspiration profonde; l'hôpital.
• un tremblement des lèvres et des doigts, l'im-
pression de perdre connaissance ou de suffo-
quer, une respiration rapide. Ces symptômes • LA MALADIE EST-ELLE GRAVE?
sont le plus souvent dus à une « panique » et à
une hyperventilation; Certaines causes de dyspnée engagent le pro-
• la sensation d'être tout le temps essoufflé; nostic vital. De manière générale, l'apparition
• une tolérance normale à l'exercice physique. aiguë d'une maladie chez une personne aupara-
vant en bonne santé fait d'elle un patient à haut
Voici les signes caractéristiques de la véritable risque, tout comme des modifications brutales
maladie: chez une personne présentant une affection
• le fait d'éviter tout exercice inutile dans la vie sous-jacente. Des symptômes s'aggravant pro-
quotidienne; gressivement peuvent indiquer une maladie
• une respiration à travers les lèvres pincées, ce grave, en particulier s'ils sont associés à une
qui réduit la tendance au collapsus des petites perte de poids, une toux chronique et une
voies respiratoires ; hémoptysie.
Causes et s y m p t ô m e s du t r o u b l e
• quiconque manipule l'amiante, matériau uti- • une dyspnée aiguë avec des antécédents de
lisé dans l'isolation et les matériaux ignifuges, maladie coronarienne peut signaler un œdème
peut développer une fibrose pulmonaire pro- pulmonaire.
gressive des années après l'exposition;
• les fumeuses qui prennent une contraception Chez les personnes âgées, d'autres causes sont
orale ont un risque accru de maladie thrombo- fréquentes :
embolique. • un œdème abdominal et des membres infé-
rieurs avec une sensibilité hépatique suggèrent
une insuffisance cardiaque chronique;
• PAR QUOI FAUT-IL • une toux chronique, une hémoptysie et une
COMMENCER? douleur thoracique accompagnant une dyspnée
progressivement croissante sont souvent dues à
Quels que soient les symptômes que présente le un carcinome pulmonaire.
patient, trois facteurs restent importants:
• savoir quelles maladies sont fréquentes chez
les jeunes, les adultes et les personnes âgées; • TROUVER LA CAUSE
• une histoire clinique bien retranscrite et un
examen clinique attentif, prêtant une attention Rappelez-vous de bien recueillir l'histoire du
particulière aux systèmes que l'histoire désigne patient et de faire un examen clinique exhaustif;
comme des causes potentielles de la maladie. vous serez capable d'identifier au moins le sys-
Ceci vous permettra d'élaborer une courte liste tème physiologique en cause.
de diagnostics différentiels; Il est souvent inutile (et potentiellement dange-
• des examens complémentaires soigneuse- reux) d'attendre la confirmation d'examens com-
ment sélectionnés: les non-invasifs avant les plémentaires chez les patients gravement atteints.
invasifs. Par exemple, un patient qui est au seuil de la mort
avec une insuffisance ventriculaire gauche est
L'âge, la vitesse d'apparition et les signes asso- une situation clinique où la mise à l'épreuve thé-
ciés pourront aider au diagnostic. Les problèmes rapeutique est acceptable, car les examens com-
que vous rencontrerez fréquemment chez les plémentaires seront conduits une fois la situation
personnes jeunes sont: sous contrôle.
• l'asthme. Des sifflements récurrents sont Heureusement, la dyspnée est habituellement
souvent provoqués par des pollens, des spores, accompagnée d'autres symptômes qui aident à
la présence d'animaux domestiques ou des réduire la liste des causes potentielles (Point de
infections virales; révision 24.2).
• une infection respiratoire. Une pneumonie se Une séquence logique de questions aide à pré-
manifestera par une toux productive, une fièvre et ciser la cause. Certains signes remarquables sont
une hémoptysie avec une douleur à l'inspiration; déjà présents dans l'histoire:
• le pneumothorax. Une dyspnée aiguë accom-
pagnée d'une douleur thoracique unilatérale est Rapidité des débuts. Le pneumothorax et
caractéristique; l'œdème pulmonaire apparaissent de manière
• une embolie pulmonaire, particulièrement aiguë alors que la pneumonie et l'exacerbation
chez les jeunes fumeuses prenant la pilule d'une bronchite chronique se développent plus
contraceptive. lentement.
Le spectre des maladies touchant les personnes A g e du patient. L'inhalation d'une caca-
d'âge moyen est différent: houète survient fréquemment chez le jeune, une
• une douleur thoracique sévère avec une dys- mauvaise forme physique est le lot des per-
pnée indique probablement un infarctus aigu du sonnes d'âge moyen, et les personnes âgées
myocarde; peuvent avoir de multiples causes de dyspnée:
Causes et s y m p t ô m e s du t r o u b l e
une anémie provoquée par des médicaments • QUE FAUT-IL FAIRE APRÈS?
non stéroïdiens, une bronchite chronique ou
une maladie valvulaire cardiaque. Vos diagnostics différentiels dicteront les exa-
mens complémentaires nécessaires pour ne
Symptômes associés. retenir qu'un seul diagnostic et éliminer les
autres. Les examens sont présentés dans le Point
Antécédents médicaux. Une maladie coro- de révision 24.3. Chacun d'eux ne sera pas for-
narienne prédispose à l'œdème aigu du p o u - cément nécessaire pour chaque patient. Vous
mon et un traitement immunosuppresseur après aurez rapidement suffisamment d'expérience
une transplantation accroît le risque d'infection. pour vous aider à sélectionner ceux qui seront
les plus appropriés.
Figure 25.1. N'oubliez pas les causes gastro-intestinales des douleurs thoraciques.
Les diagnostics différentiels comprennent la davantage les hommes que les femmes. Les
migraine, l'algie vasculaire de la face et la cépha- signes caractéristiques sont:
lée de tension. • des débuts brutaux tirant parfois le patient de
Les principaux signes qui vous aideront à iden- son sommeil ;
tifier une migraine sont: • une douleur hémicrânienne intense autour
• des antécédents de céphalées remontant à de l'œil, qui peut être rouge et larmoyant
l'enfance ou l'adolescence; (Fig. 26.2);
• des symptômes qui précèdent les céphalées, • les céphalées surviennent en chapelet, tous
en particulier des troubles visuels (« prodromes ») ; les jours ou toutes les nuits pendant plusieurs
• les céphalées surviennent à toute heure de la jours ou plusieurs semaines, et disparaissent
journée et de la nuit; soudainement pendant des mois ou des années.
• des crises très handicapantes qui obligent le
patient à se coucher dans une chambre sombre Les céphalées de tension sont très banales et
pour quelques heures et parfois quelques jours. sont ressenties sur toute la tête. Demandez si les
céphalées ont tendance à survenir pendant les
Les algies vasculaires de la face (ou céphalées en périodes de stress.
chapelet) sont moins fréquentes et touchent
Céphalées
• CÉPHALÉES DANS
L'HYPERTENSION ARTÉRIELLE
• CÉPHALÉES
DES PERSONNES ÂGÉES
Alors que les céphalées décrites ci-dessus
surviennent à tout âge, une situation, l'artérite
crânienne ou temporale, est particulièrement
Figure 26.2. Algie vasculaire de la face. Une douleur préoccupante chez les personnes âgées. Un dia-
intense autour de l'œil qui peut être rouge et gnostic précoce est absolument nécessaire. L'ex-
larmoyant.
tension aux vaisseaux rétiniens peut provoquer
une cécité, situation gravissime qui peut être
prévenue par un traitement rapide à hautes
• CÉPHALÉES FÉBRILES doses de stéroïdes.
L'artérite crânienne (artérite temporale ou artérite
Les patients présentant des céphalées dans un à cellules géantes [Fig. 26.3]) survient presque
contexte fébrile forment un groupe diagnostique invariablement chez les patients de plus de
important. Les infections méningées, en particu- 65 ans.
lier à méningocoque, à pneumocoque et à
Haemophilus influenzae, peuvent provoquer des
crises de céphalées. La survenue peut s'étendre
sur quelques jours dans les encéphalites ou
dans les formes chroniques de méningites,
tuberculeuse ou à cryptocoques par exemple.
Chez tous ces patients, recherchez :
• des nausées et des vomissements;
• une raideur de la nuque, notamment en
posant le menton sur la poitrine;
• une sensibilité à la lumière ou « photophobie ».
Lorsque vous êtes confronté à un patient avec Les réponses à ces trois questions et la prise en
des douleurs abdominales vous devrez poser compte de l'âge, du sexe et de l'appartenance
trois questions simples: ethnique de votre patient vous mettront sur la
bonne voie pour poser le diagnostic clinique.
Depuis combien de temps les avez-vous?
• aiguës (quelques minutes ou quelques
heures); • DOULEURS ABDOMINALES
• subaiguës (quelques jours); AIGUËS DE TYPE COLIQUE
• chroniques (quelques semaines).
Une douleur de type colique peut provenir de
Où sont-elles situées ? n'importe quel tube comportant un muscle lisse.
• supérieure, centrale et inférieure; Elle s'accroît pendant une période de quelques
• à droite ou à gauche; secondes à quelques minutes, puis s'apaise et
• elles irradient ailleurs. peut disparaître, formant un cycle qui peut se
répéter plusieurs minutes plus tard. Les signes à
A quoi ressemblent-elles? rechercher sont présentés dans le Point de révi-
• à des coliques; sion 27.1.
• douleurs variables;
• douleurs constantes.
• SURVENUE BRUTALE
D'UNE DOULEUR ABDOMINALE
SÉVÈRE ET PERSISTANTE
De manière générale, en médecine, ce type de
Enfants et adolescents
Masses inflammatoires (appendicite) douleur est provoqué par « des choses qui
Intussusception du diverticule de Meckel ou d'un explosent et d'autres qui restent bloquées ».
polype Dans l'abdomen, il y a trois situations qui pro-
Hernie voquent une douleur abdominale atroce, sévère
Adhérences
et persistante à début brutal (Fig. 27.1) :
Adultes • un ulcère peptique perforé;
Comme chez l'enfant
Maladie de Crohn • une pancréatite aiguë;
Inflammation locale due à une appendicite ou une • la rupture d'un anévrisme de l'aorte abdominale.
diverticulite
Carcinome du côlon
Personnes âgées Ulcère perforé
Comme chez l'adulte
Volvulus du sigmoïde
Ischémie intestinale Cette urgence abdominale survient habituelle-
ment entre 40 et 60 ans. Vous devez suspecter la
Douleurs abdominales
Figure 27.T. Signes à rechercher chez un patient adulte avec une douleur abdominale sévère et persistante, de
survenue brutale.
perforation chez un patient plus âgé, particuliè- phiques en position debout montreront un
rement s'il suit un traitement à base de médica- croissant d'air dense et noir sous le diaphragme.
ments anti-inflammatoires non stéroïdiens. Il n'y Faites attention si la douleur de votre patient se
pas toujours d'antécédents d'ulcération. calme et s'il commence à se sentir mieux
La douleur est située initialement dans l'épi— quelques heures plus tard. Une péritonite est
gastre mais irradie ensuite dans tout l'abdomen. certainement en train de se développer. Les
La douleur peut se projeter vers l'épaule gauche. signes à rechercher sont l'assouplissement d'un
A l'examen, le patient sera sérieusement atteint abdomen précédemment contracture et une
(Fig. 27.1) avec tachycardie, respiration superfi- tachycardie progressive.
cielle mais pas de fièvre. Typiquement, l'abdo- POINT PRATIQUE
men est rigide comme une planche de bois,
De manière générale, une douleur abdominale
extrêmement sensible, initialement dans l'épi— continue de survenue brutale est provoquée par
gastre puis dans tout l'abdomen. Les bruits « des choses qui explosent » et par « des choses
intestinaux sont absents. Si une quantité suffi- qui restent bloquées », par exemple :
sante de gaz s'est échappée à travers la perfora- - perforation intestinale ;
tion vers la cavité péritonéale, l'aire de matité - pancréatite aiguë ;
- anévrisme rompu.
hépatique sera modifiée et les clichés radiogra-
Causes et s y m p t ô m e s du t r o u b l e
POINT PRATIQUE
Une pyélonéphrite droite peut également causer La pathologie thoracique comme la pleurésie
une douleur dans le quadrant supérieur droit ou le zona peut provoquer des douleurs
mais l'on constatera davantage de sensibilité de abdominales hautes.
l'aine avec une dysurie et une pollakiurie.
Les maladies courantes surviennent fréquemment Vous rencontrerez plus rarement des douleurs
mais certaines conditions génèrent des symp- dans le quadrant supérieur gauche avec des
Causes et s y m p t ô m e s du t r o u b l e
Bien peu d'ouvrages ont des chapitres consacrés Isolée, la fatigue ne signifie pas grand-chose. Si,
à la fatigue, ceci en raison du caractère vague du toutefois, vous notez dans l'histoire clinique un
terme, utilisé par les patients pour exprimer toutes des points suivants, poursuivez les investiga-
sortes de sensations et de symptômes, et en par- tions car ces symptômes associés annoncent
tie parce que les médecins savent que dans la souvent des maladies potentiellement plus
majorité des cas, aucune cause organique ne sera graves :
retrouvée. Bien peu de médecins n'ont jamais eu • perte de poids;
« le cœur serré » après avoir entendu le patient • anorexie;
dévoiler le motif principal de la consultation: la • fièvre;
fatigue. Quoi qu'il en soit, la fatigue est un symp- • sueurs nocturnes;
tôme qui survient dans une très grande variété de • dyspnée progressive;
maladies sans rapport les unes aux autres; une • adénopathies;
démarche logique et systématique doit assurer • pâleur.
qu'aucune cause sous-jacente ne sera oubliée.
Certains patients se plaindront de fatigue alors
qu'ils veulent exprimer une faiblesse musculaire.
• SIMPLE FATIGUE Le Point de révision 28.1 donne une indication
de tous les symptômes graves qui peuvent
PHYSIOLOGIQUE
conduire un patient à se plaindre de fatigue. Il
Pour des personnes en bonne santé, la fatigue est n'est pas exhaustif.
la manière dont le corps exprime un besoin de
repos physique ou de sommeil. Le sommeil est la
réponse physiologique normale à des activités • FATIGUE ASSOCIÉE
aussi diverses qu'une longue journée de travail,
À DES SYMPTÔMES
qu'une garde, que s'occuper d'un enfant en bas âge
ou courir un marathon. Tous ceux qui pratiquent
PSYCHIATRIQUES
ces activités sont en droit de se sentir fatigués. Fatigue et lassitude sont des symptômes extrê-
Toute différente est la fatigue qui signifie l'ennui. mement fréquents au cours de maladies psy-
L'écolier récalcitrant n'est pas « fatigué » d'aller à chiatriques, en particulier la dépression.
l'école. Il est donc important de recueillir avec Ici, voici les symptômes associés :
attention l'histoire clinique et de s'intéresser au • apathie;
style de vie du patient, en détail si nécessaire ! • sentiment de culpabilité;
• difficultés de concentration;
POINT PRATIQUE • réveil précoce;
La fatigue peut être simplement due à : • ralentissement psychomoteur;
- l'ennui; • modification de l'humeur diurne.
- manque de sommeil ;
- des activités physiques excessives ;
Ces plaintes peuvent être associées à des symp-
- de longues heures de travail.
tômes somatiques comme la perte d'appétit,
Causes et symptômes du trouble
l'anorexie et les céphalées. Cette série des symp- tômes principaux sont la lassitude et une fatigue
tômes associés est si vaste qu'ils ne sont pas accablante, irrésistible.
confondus avec les signaux d'alerte. Les états
dépressifs et anxieux sont les atteintes psychia-
triques les plus fréquentes dont la fatigue est le • QUESTIONS À POSER
symptôme.
En passant en revue cette simple série de ques-
tions, il vous sera plus facile de déceler une
• SYNDROME atteinte spécifique chez votre patient. Questions :
• Le patient n'en fait-il pas trop à son travail, ou
DE FATIGUE CHRONIQUE
dans sa vie sociale?
Fait marquant apparu dans le monde occidental • Le patient s'ennuie-t-il ?
ces dernières années, le syndrome de fatigue • Y a-t-il des symptômes d'accompagnement
chronique affecte principalement les adolescents qui suggèrent une maladie organique sous-
et les jeunes adultes. L'évolution dure plusieurs jacente ?
mois ou plusieurs années avant de disparaître • Le patient est-il cliniquement déprimé?
spontanément. Aucune cause organique n'a été • Y a-t-il des signes qui suggèrent un syndrome
retrouvée à cette plainte curieuse dont les symp- de fatigue chronique?
Perte de poids
Nous avons déjà abordé le diagnostic des pertes nutrition ont pris des proportions épidémiques.
de poids dans le chapitre 2. Il faut perdre entre 5 Le Point de révision 29.1 montre en termes
et 10 kg avant de voir son apparence physique généraux les différences attendues.
se modifier. Les causes chez les personnes
jeunes, d'âge moyen et âgées sont présentées
dans le Point de révision 29.1. Comme cela a été • PERTE DE POIDS
précisé, elles sont liées à des facteurs géogra-
CHEZ LES NOURRISSONS
phiques, culturels et écologiques. Par exemple,
une des causes les plus fréquentes de perte de Dans les pays sous-développés, cette situation
poids chez les adolescentes du monde occiden- est fréquente, elle est presque invariablement
tal est l'anorexie mentale, alors qu'en Afrique due à la malnutrition et à des infections comme
centrale, cette maladie est virtuellement incon- la gastro-entérite.
nue dans la population, où l'hygiène ou la mal-
• PERTE DE POIDS
CHEZ LE JEUNE
La malnutrition et les infections sont les pre-
mières causes de perte de poids et même de
décès chez les enfants et les adolescents, ainsi
que chez les nourrissons dans les pays sous-
développés. Figure 29.1. Développement profus d'un lanugo doux
et duveteux du dos et des épaules.
POINT PRATIQUE
La cause d'une perte de poids, quel que soit l'âge,
est dominée par des facteurs géographiques,
culturels et écologiques.
• PERTE DE POIDS
CHEZ L'ADULTE
Dans le monde occidental, la perte de poids est La perte de poids est le signe cardinal de nom-
un signe relativement rare des maladies, à l'ex- breuses maladies générales. On retrouvera plus
ception des infections. La menace diffuse de l'in- facilement sa cause après avoir défini le méca-
fection au V I H (virus de l'immunodéficience nisme de la perte de poids, et en se concentrant
humaine) en Afrique centrale et en Extrême- sur les maladies spécifiques qui peuvent être
Orient remet cette étiologie au premier rang des responsables. Après avoir éliminé la déshydrata-
causes fréquentes de perte de poids chez l'en- tion, la perte de poids est due à une des atteintes
fant et le jeune adulte, et dans certaines parties suivantes:
d'Amérique du Nord, cette situation constitue un • nutrition inadéquate ou indisponible;
problème grave. De toutes les affections chro- • mauvaise nutrition due à l'anorexie;
niques, la tuberculose est fréquente en Afrique, • difficultés mécaniques pour avaler ou dou-
dans le sous-continent indien et en Chine. Dans leurs après les repas;
le monde occidental, elle est plus rare. • malabsorption;
L'anorexie mentale est une cause fréquente de • maladie maligne;
perte de poids chez les adolescentes dans les • hypermétabolisme;
pays développés. Contrairement à ce qu'on • insuffisance cardiaque sévère;
observe dans d'autres causes de perte de poids, • état anoxique chronique.
la jeune fille avec un amaigrissement majeur est
peu déprimée par son apparence cachectique et Avec de nombreuses maladies, plusieurs fac-
la dénie. Elle n'a pas l'air malade, au contraire, teurs peuvent interagir ensemble (Point de révi-
elle est pleine de vie et alerte. Comme dans sion 29.2).
d'autres maladies accompagnées d'une perte de
poids, un lanugo duveteux peut se développer
sur les épaules et le dos (Fig. 29.1).
Perte de poids
Figure 30.1. Étapes diagnostiques de l'examen clinique de routine chez un patient qui présente des œdèmes des
jambes sans cause évidente.
• GROUPES À RISQUES
• TROUVER LA CAUSE
Un gonflement transitoire modéré peut surve-
nir: Il est habituellement assez facile de trouver la
• après une période de relative immobilité, cause d'un œdème. Il faut toujours le considérer
comme un voyage prolongé en bus ou en avion, comme pathologique jusqu'à exclusion des
avec l'impression d'avoir porté des « chaussures principales causes générales et locales.
trop étroites »; Les symptômes et les signes d'accompagnement
• chez les personnes âgées en bonne santé par qu'il faut rechercher sont les suivants :
ailleurs, dont l'œdème évolue au cours de la • chez les patients âgés et d'âge moyen, une
journée et disparaît pendant la nuit; dyspnée à l'effort et nocturne avec une augmen-
Causes et symptômes du trouble
Le recueil des antécédents est essentiel, car de Après avoir suspecté une arthrite septique, vous
nombreuses arthropathies peuvent se manifes- devrez rechercher l'aide des médecins plus expé-
ter par des douleurs et un gonflement, symp- rimentés. Le drainage de l'articulation et le traite-
tômes associés à une maladie sous-jacente ment antibiotique approprié sont essentiels. Une
comme une maladie intestinale ou respiratoire. arthrite septique nécessite un traitement urgent.
Recherchez des antécédents traumatiques ou Tout délai peut provoquer des lésions irrépa-
des crises antérieures similaires dans la même rables, une destruction et une déformation des
articulation ou dans d'autres, ou la préexistence surfaces articulaires et, dans le pire des cas, une
d'une maladie articulaire. On pratiquera des septicémie et le décès.
dosages sanguins de l'urée, de la VS, de la pro-
téine C réactive et des hémocultures. La ponc-
tion articulaire est la manœuvre diagnostique la
plus importante, mais elle doit être pratiquée par
un praticien expérimenté. Vous devez contacter
votre laboratoire et les avertir de l'arrivée des
échantillons pour un examen direct et des cul-
tures.
Palpitations
Des patients, souvent âgés, se plaignent souvent auriculaire avec une fréquence ventriculaire contrô-
de « palpitations ». C'est un terme relativement lée peuvent être remarquablement bien tolérés.
vague, mais il est important de préciser ce que le
patient veut dire. Les palpitations recouvrent
toute une variété de symptômes:
• la perception de son battement cardiaque • LA MALADIE EST-ELLE GRAVE?
normal;
• la sensation d'étourdissement; Les palpitations pathologiques sont généralement
• un vertige; dues à des fréquences cardiaques inhabituelle-
• des battements cardiaques rapides; ment rapides ou lentes, parfois accompagnées de
• des coups dans la poitrine; chute de pression. Les signes d'orientation vers
• des acouphènes dans les oreilles; une atteinte grave sont:
• un battement cardiaque irrégulier; • des antécédents de chute;
• la sensation de battements manquants; • une sensation d'étourdissement;
• des battements forcés. • une syncope inexpliquée ou un précollapsus;
• des symptômes associés de dyspnée ou de
douleurs thoraciques.
• LE PATIENT EST-IL MALADE?
La plupart des patients avec des palpitations ne
QUELQUES CAUSES
sont pas malades. La plupart des symptômes ci-
dessus sont bénins et sont simplement dus à FRÉQUENTES
une perception soudaine, inattendue et désa- La fibrose du tissu de conduction myocardique
gréable (mais transitoire) des battements car- peut provoquer un bloc de conduction cardiaque,
diaques pendant des périodes de stress. alors que l'ischémie myocardique peut déclencher
Les palpitations qui sont dues à une fréquence une fibrillation atriale ou une arythmie ventricu-
cardiaque inhabituellement rapide ou basse sont laire maligne. Une fréquence cardiaque anormale-
faciles à percevoir si elles sont présentes pen- ment élevée (ou tachyarythmie) donne un pouls à
dant que vous examinez le patient, mais peuvent peine palpable, alors qu'une fréquence cardiaque
être notoirement difficiles à identifier lorsqu'elles anormalement basse le rend lourd et forcé.
sont intermittentes, peu fréquentes ou ne durent Les extrasystoles ventriculaires sont plus fré-
que quelques minutes seulement. quentes avec l'âge. La pause qui suit une extrasys-
Le patient sera très affecté si le changement de fré- tole accroît le temps de remplissage ventriculaire et
quence cardiaque s'accompagne d'une chute de la provoque un pouls plus marqué.
pression artérielle ou d'un oedème pulmonaire. Les Une thyroïde hyperactive peut provoquer un
personnes âgées ou les patients souffrant d'une pouls rapide, comme le fait une insuffisance
maladie valvulaire cardiaque ou d'une cardiopathie ventriculaire gauche, un stress, une anxiété, une
coronarienne sont particulièrement exposés. Un fièvre et une consommation excessive de nico-
bloc de conduction chronique ou une fibrillation tine ou de caféine.
Causes et symptômes du trouble
La bradycardie peut être causée par une intoxi- • QUE FAIRE ENSUITE?
cation à la digoxine, une hypothyroïdie et une
hypothermie. Il est important d'essayer de corréler les symp-
tômes du patient avec certaines anomalies de
• QUELQUES CAUSES l'électrocardiogramme, ou avec un enregistre-
ment de 24 heures. Plusieurs enregistrements
MOINS FRÉQUENTES peuvent être nécessaires. Si les symptômes sont
MAIS TOUJOURS IMPORTANTES rares, le patient peut déclencher l'enregistrement
L'hypertension intracrânienne, la myocardite et les par un dispositif électronique au moment des
troubles électrolytiques (en particulier l'hypokalié- épisodes de palpitations.
mie et l'hypomagnésemie) déclenchent parfois des Lorsque le rythme anormal a été identifié, vous
modifications notables de la fréquence cardiaque. devrez faire d'autres examens complémentaires,
à la recherche de la cause sous-jacente et du
traitement approprié: un pacemaker, la suppres-
• GROUPES À RISQUES
sion d'une arythmie potentiellement létale, le
Les personnes âgées et les patients atteints de traitement d'une maladie thyroïdienne.
maladies cardiaques valvulaires ou corona- Les patients qui sont conscients d'un battement
riennes sont particulièrement exposés à des épi- cardiaque normal doivent être tout simplement
sodes de « palpitations ». Celles qui sont stressées rassurés.
pour des raisons sociales ou professionnelles
rapportent plus souvent des palpitations que les
autres. Certaines personnes sont conscientes de
leurs battements cardiaques lorsqu'elles s'as-
Maladie cardiaque: ischémie, cardiomyopathie
soient tranquillement ou lorsqu'elles vont au lit. dilatée, maladie valvulaire, insuffisance cardiaque.
Excès de caféine : thé, café et de nombreuses
• TROUVER LA CAUSE boissons gazeuses contenant des quantités
significatives de caféine. Réduire les quantités
Vous devrez coller au plus près de la description consommées ou opter pour des boissons
que votre patient fait des palpitations. Est-ce que décaféinées peut être une stratégie très efficace.
le cœur bat plus vite ou plus lentement? Vous L'anémie provoque un état « hyperéjection ».
pourrez apprendre à votre patient à prendre son L'altitude provoque un effet similaire.
pouls pendant les événements. Manque de forme: un effort inhabituel ou
inaccoutumé peut attirer l'attention sur une
Si le patient a noté un rythme cardiaque inhabi-
accélération rapide de la fréquence cardiaque.
tuel, suggérez-lui de le frapper sur la table. Un
Anxiété : recherchez des signes associés
rythme chaotique est probablement une fibrilla-
(tremblement des lèvres et des doigts,
tion auriculaire, un rythme lent, un bloc. hyperventilation, boule dans la gorge).
Demandez comment les changements de pulsa-
Médicaments : particulièrement les médicaments
tion se modifient. La tachycardie sinusale apparaît cardioactifs comme les bêtabloquants et les
et décroît graduellement, alors que la tachycardie bloqueurs des canaux calciques. N'oubliez pas que
ventriculaire pathologique ou supraventriculaire les gouttes oculaires sont absorbées dans la
débute de manière brutale, comme un interrupteur. circulation générale et provoquent une bradycardie
sévère. Les médicaments vasoactifs comme la
Demandez ce qui semble provoquer la crise.
nifedipine (pour traiter l'angor et l'hypertension)
L'anxiété, la nervosité, l'émotion, l'excitation sont provoquent une tachycardie réflexe lorsqu'ils ne sont
des stimulants puissants. pas associés à un bêtabloquant.
Une fréquence supérieure à 150 par minute oriente Les maladies thyroïdiennes, hypo ou hyper,
vers un rythme autre qu'une tachycardie sinusale, provoquent des modifications marquées de la
en particulier lorsqu'elle s'accompagne de symp- fréquence cardiaque. L'hyperthyroïdie est une des
tômes d'étourdissements ou de présyncope. causes de la fibrillation auriculaire.
Malaise
e
tronc cérébral, la sclérose en plaques, les lésions • des lésions périphériques du V I I I nerf
de la fosse postérieure, le neurinome de l'acous- crânien ou du labyrinthe lui-même. Elles sont
tique ou les atteintes cérébelleuses. souvent associées à la perception de bourdon-
Ils sont très handicapants mais relativement rares. nements ou de tintements dans les oreilles
Ces sensations de malaise, aggravées par la fer- (acouphènes), à un nystagmus et à une perte
meture des yeux, sont habituellement dues à des auditive.
lésions des cordons postérieurs de la moelle.
Des épisodes récidivants de vertige intense avec Si les symptômes évoquent une perte imminente
une aggravation de la surdité de perception de la conscience, recherchez des troubles de la
orientent vers une maladie de Ménière, qui peut fréquence ou du rythme cardiaques, et une
être très handicapante. hypotension orthostatique en mesurant la pres-
sion artérielle en position assise et debout. Le
collapsus d'origine cardiaque est habituellement
• GROUPES À RISQUES bref. Un trouble de conscience plus prolongé
lors d'une asystolie ou d'une arythmie ventricu-
En raison du très grand nombre de maladies qui laire peut être fatal si les troubles du rythme ne
peuvent provoquer des malaises, très peu de se résolvent pas rapidement. Un collapsus à l'ef-
personnes peuvent être considérées comme fort peut être dû à une maladie valvulaire car-
ayant un risque particulier: celles affectées par diaque ou à un trouble du rythme. Une syncope
une maladie vasculaire, traitées par un médica- à l'exercice est le plus souvent due à une stase
ment anti-hypertenseur ou âgées. veineuse.
Atteintes neurologiques Ataxie cérébelleuse, sclérose en plaques, atteinte cordonale postérieure, infarctus
du tronc cérébral, lésion de la fosse postérieure, neurinome de l'acoustique
Associés avec une infection Neuronite vestibulaire
virale présumée
Mal des voyages
Atteinte dégénérative Cervicarthrose
Vertige rotatoire véritable e
Périphérique : acouphènes, nystagmus, perte auditive par lésion du VIII nerf crânien
Central: troubles du langage, de la déglutition et de la vision
Associé à un changement Vertige positionnel bénin
de position de la tête
Maladies cardiovasculaires Syncope ou présyncope par une fréquence ou un rythme anormaux, une
hypotension artérielle ou une chute de la fraction d'éjection ventriculaire
Collapsus
Un collapsus est une cause fréquente d'admis- lique), les lésions intracrâniennes (AVC, trauma-
sion en urgence. Les étiologies sont nombreuses tisme crânien et hémorragie sous-arachnoï-
et réparties sur presque tous les appareils dienne), l'épilepsie et l'hypotension d'origine
{cf. chapitre 15). cardiaque.
aériennes, respiratoires et circulatoires; à la réani- blissez le score sur l'échelle de Glasgow. Recher-
mation si nécessaire, pour traiter les problèmes chez des traces d'injection.
urgents; et au recueil de toutes les informations Réalisez un électrocardiogramme (ECC) et traitez
possibles, quelles que soient les sources, pour toute arythmie.
aider à établir la cause sous-jacente. Vous devrez Faites des prises de sang pour une numération
rechercher: formule sanguine, électrolytes, glucose, fonctions
• les antécédents médicaux (surtout l'épilepsie, hépatiques, amylases et toxicologie urgente. Faites
les maladies cardio- et cérébro-vasculaires ou les tests de compatibilité sanguine et administrez
les intoxications médicamenteuses) et chirurgi- des fluides intraveineux si vous suspectez une
caux; perte sanguine.
• le traitement en cours;
• une toxicomanie;
• un traumatisme ou un voyage récent. • QUE FAIRE ENSUITE?
Vérifiez que le patient ne porte pas sur lui une Beaucoup de patients n'auront aucun signe évi-
« Medi-Alert card* ». dent de lésion. Après avoir traité tout problème
Déshabillez complètement le patient, recherchez engageant le pronostic vital immédiat et assisté
des signes de traumatisme cervico-céphalique et les fonctions vitales quand cela a été nécessaire,
examinez les pupilles. S'il y a un myosis, admi- vous devrez concentrer votre attention sur la
nistrez de la naloxone pour antagoniser une cause sous-jacente et réévaluer régulièrement
overdose aux narcotiques. Contrôlez les signes votre diagnostic, la pertinence de votre prise en
vitaux, recherchez une raideur de nuque et éta- charge et l'amélioration de votre patient.
gie est souvent profuse, fraîche et inattendue. Le les enzymes intestinaux. Le traitement par le fer
saignement peut être important et associé à un et les sels de bismuth (parfois utilisées pour trai-
choc. ter les ulcères) provoque également des selles
noires. Recherchez les attentivement dans les
antécédents.
Colite ischémique
et angiodysplasie
• QUE RECHERCHER
La colite ischémique est habituellement située à
CHEZ UN PATIENT
l'angle colique gauche et l'angiodysplasie au
niveau du caecum. Ce sont des causes relative-
QUI SE PLAINT DE RECTORRAGIE ?
ment rares de saignement rectal. Lors de l'examen général :
• Assurez-vous que votre patient n'est pas
anémique en dosant le taux d'hémoglobine;
Diarrhée infectieuse • Recherchez une perte de poids et des signes
de déshydratation chez des patients souffrant de
En pratique médicale, les diarrhées aiguës et spoliation sanguine massive et ancienne ainsi
chroniques sont souvent associées à un saigne- que des signes associés qui peuvent suggérer
ment rectal, bien que la diarrhée domine le une cause grave.
tableau clinique. La salmonellose, la shigellose et
l'amibiase sont le plus souvent associées avec de Lors de l'examen de l'abdomen, recherchez atten-
la fièvre, des douleurs abdominales, une ano- tivement ces signes :
rexie, des vomissements et un malaise. Si vous • une hépatomégalie;
suspectez une diarrhée infectieuse, vous devez • des masses abdominales;
interroger la famille, les amis et les collègues, qui • des adénopathies inguinales. Une tumeur
peuvent avoir été touchés également; demandez rectale peut se disséminer dans les lymphatiques
aussi si le patient a voyagé récemment. Des anti- du canal anal et dans les fosses ischio-rectales;
biotiques peuvent provoquer une colique • des hémorroïdes de grade II ou III;
pseudo-membraneuse. • une fissure anale;
• un carcinome anal ;
• des fistules suggérant une atteinte anale de la
Maladies intestinales chroniques maladie de Crohn (Fig. 35.1).
inflammatoires
Vous devez, en routine, réaliser un examen rec-
Le saignement est souvent associé aux diarrhées tal en recherchant:
des maladies chroniques inflammatoires intesti- • un carcinome rectal: 90 % des cancers rec-
nales, comme la rectocolite ulcéro-hémorra- taux sont palpables à l'examen rectal ;
gique et la maladie de Crohn (cf. chapitre 36). • des polypes rectaux;
• des sténoses suggérant une atteinte rectale
de la maladie de Crohn.
• LE SAIGNEMENT PEUT-IL
PROVENIR DU HAUT APPAREIL
DIGESTIF?
Le sang provenant de lésion du tractus intestinal
haut (comme l'œsophage, l'estomac et le duodé-
num) est noir et collant, et a la consistance du
goudron (méléna). C'est le résultat d'une trans-
formation du sang par les acides gastriques et
Rectorragie (saignement digestif bas)
À DÉBUT SUBAIGU
OU CHRONIQUE Diarrhées luisantes, abondantes,
Ce type de diarrhées est de diagnostic plus diffi-
pâles et odorantes (stéatorrhées)
cile. En pratique, v o u s pourrez faire le diagnostic
à partir des s y m p t ô m e s associés. V o u s devez é v o q u e r :
• un carcinome pancréatique. Les selles sont
souvent graisseuses, c o m m e d a n s la pancréatite
Diarrhées avec sang et mucus chronique. Les patients se plaignent s o u v e n t de
douleurs a b d o m i n a l e s violentes, irradiant vers le
Il faut é v o q u e r : d o s . Les tumeurs de la tête du pancréas p r o v o -
• les maladies inflammatoires intestinales c h r o - quent un ictère obstructif avec une vésicule
niques. Les selles de la rectocolite u l c é r o - h é m o r - biliaire distendue et p a l p a b l e ;
Causes et symptômes du trouble
• u n e pancréatite chronique. Elle peut être dif- • insuffisance périnéale musculaire ou par
ficile à distinguer d'un c a r c i n o m e pancréatique atteinte nerveuse ;
mais s o n évolution est souvent récidivante; • d é m e n c e et confusion.
• u n e maladie caeliaque. La diarrhée peut ne
p a s être le s y m p t ô m e prédominant. Tous les POINT PRATIQUE
g r o u p e s d'âge peuvent être touchés. D e s s y n - En absence de lésion locale neuromusculaire,
d r o m e s c o m m e une a n é m i e par carence e n l'incontinence fécale est le plus souvent liée à un
folates peuvent d o m i n e r le tableau clinique chez fécalome ou à une atteinte cérébrale.
l'adulte;
• u n e maladie de C r o h n ou u n e tuberculose.
L'atteinte de l'intestin grêle est diffuse d a n s les
deux situations. • CONSTIPATION
B e a u c o u p estiment être constipés car ils ne v o n t
Selles fréquentes sans mucus pas à la selle t o u s les m a t i n s ; c'est une c r o y a n c e
du m o n d e occidental. La normalité est variable.
ou sang
Pour certains, une selle t o u s les trois ou quatre
Cette situation est fréquente et peut être d u e à : j o u r s est un r y t h m e n o r m a l . La constipation
• une diarrhée nerveuse ou un syndrome peut être décrite plus précisément c o m m e une
du c ô l o n irritable. Il se manifeste par un s o u d a i n l'émission forcée de petites selles dures.
accès d'activité survenant le matin, mais pas
pendant la journée. Il peut être associé à
des douleurs à type de ballonnement et de • CONSTIPATION CHRONIQUE
colique. La diarrhée ne survient j a m a i s pendant
la nuit; U n e constipation qui é v o l u e depuis d e n o m -
• u n e hyperthyroïdie. Pensez-y lorsque votre breuses a n n é e s est liée au m o d e de vie et aux
patient est très nerveux et perd du poids. D e s habitudes alimentaires:
s y n d r o m e s endocrinologiques rares c o m m e le • importance de l'(in)activité;
syndrome de Zonlliger-Ellison, le c a r c i n o m e • quantité de fibres i n g é r é e s ;
médullaire de la thyroïde ou le s y n d r o m e c a r c i - • c o n s o m m a t i o n de b o i s s o n s ;
n o ï d e p r o v o q u e n t des diarrhées. • accès aux toilettes plus ou m o i n s facile;
• état général plus ou m o i n s atteint.
• INCONTINENCE ANALE
• ALTERNANCE CONSTIPATION
Parfois, l'incontinence anale aux fèces est mal
ET DIARRHÉE
interprétée par les patients mais surtout par les
soignants qui les prennent p o u r u n e diarrhée. Bien q u e b e a u c o u p de livres insistent sur cette
Voici quelques c a u s e s : situation c o m m e un signe de cancer du côlon,
• fécalome; elle est très rare en pratique clinique.
Modifications du transit intestinal
Maladie Symptômes
Plicatures du côlon descendant, sigmoïde Douleurs abdominales croissantes de type colique, distension
ou du rectum, malignes ou bénignes parfois saignement avec mucus
Hypothyroïdie Fatigue, prise de poids, frilosité
Ingestion médicamenteuse Antalgique comme la codéine, traitement martial
Dépression Apathie, problèmes de concentration, insomnie
Douleurs à la défécation Fissure anale
Hématémèse
U n v o m i s s e m e n t d e s a n g oriente vers u n s a i -
g n e m e n t provenant de l'œsophage, de l'estomac
ou du d u o d é n u m . Le Point de révision 37.1
détaille les sites les plus fréquents de saignement
intestinal chez les habitants en France.
• CAUSES PROBABLES
Les causes de saignement gastro-intestinal haut
sont très différentes en dehors du R o y a u m e - U n i ,
car elles sont surtout liées à la g r a n d e prévalence Figure 37.1. La rate est souvent palpable chez les
des atteintes hépatiques alcooliques en France, patients avec une hypertension portale, mais
habituellement pas aussi grande que dans ce cas. Des
en Allemagne, en Italie et en A m é r i q u e du N o r d .
signes suggérant une atteinte hépatique chronique
Plus de 50 % des hématémèses sont liées à une peuvent être présents.
cirrhose ou une gastropathie alcoolique. Ailleurs,
d'autres influences peuvent exister, c o m m e une
g r a n d e prévalence de l'ulcère gastrique d a n s c e r -
taines régions des Indes.
Les antécédents seront souvent des éléments
précieux et clairs permettant le diagnostic é c o l o -
gique d'une h é m a t é m è s e (Point de révision 37.1).
De plus, des questions concernant le v o m i s s e -
ment apporteront des informations détermi-
nantes:
• un v o m i s s e m e n t très profus et s a n s effort,
contenant du s a n g relativement frais, est f r é -
quent lors de la rupture de varices (Fig. 37.1
et 37.2) ;
• un v o m i s s e m e n t torrentiel de s a n g rouge vif
signe la rupture d'un anévrisme d a n s l ' œ s o -
phage;
• d e s stries de s a n g survenant après des é p i -
s o d e s prolongés de v o m i s s e m e n t s répétés sont
caractéristiques d'un syndrome de Mallory-
Weiss ;
• un v o m i s s e m e n t de s a n g frais suggère un Figure 37.2. Un vomissement profus est très banal lors
saignement récent (ou en cours) ; du saignement de varices (vue endoscopique).
Hématémèse
Érosions gastriques 10 Souvent pas de cause évidente, peuvent être dues à des
médicaments ulcérogènes comme l'aspirine, anti-
inflammatoires non stéroïdiens, stéroïdes
Une voie centrale peut être nécessaire pour • des signes d'une t u m e u r gastrique qui mine
mesurer la pression veineuse centrale ou l'état général ;
administrer des fluides ou du sang rapidement. • des signes de maladie hépatique c h r o n i q u e :
ictère, a n g i o m e s stellaires, hippocratisme digital,
leuconychie et lésions p a l m a i r e s ;
• angiomes des lèvres et de la langue, c o m m e
EXAMEN CLINIQUE dans la télangiectasie hémorragique héréditaire
L'hématémèse est une urgence médicale n é c e s - (syndrome de Rendu-Osler-Weber), qui peuvent
sitant une hospitalisation. affecter l'œsophage et saigner dans le tube digestif.
Vous devez tout d'abord évaluer l'importance et
les répercussions du s a i g n e m e n t : N'attendez pas b e a u c o u p d'information de l'exa-
• pouls; m e n clinique de patients a v e c u n e h é m a t é m è s e :
Causes et symptômes du trouble
Moins fréquents Sténose mitrale* Rare dans les pays développés, toujours fréquent en Inde,
en Afrique et en Extrême Orient. Hémoptysies faibles et
récidivantes
Barmans, hôteliers, population du monde des loisirs et des jeux Hépatite alcoolique ou cirrhose
Patients traités par médicaments psychotropes, dopés pour accroître les Ictère médicamenteuse.
performances sportives, médicaments pour une autre maladie principale
Patients soumis à un risque d'accidents industriels Ictère toxique
Âge moyen et avancé (plus de femmes que d'hommes) Calculs de la voie biliaire
principale + / - angiocholite
• ICTÈRE MÉDICAMENTEUX
L'étiologie de l'atteinte hépatique c h r o n i q u e varie
B e a u c o u p de médicaments sont toxiques pour selon la région du m o n d e ; le Point de r é v i -
les hépatocytes. L'ictère peut être lié à la d o s e sion 39.3 présente le diagnostic qui peut être
administrée (il survient invariablement après un p o s é a v a n t q u e les tests sérologiques et la b i o p -
surdosage de paracétamol) ou imprévisible, sie hépatique ne le précisent.
suite à la prise d'un simple c o m p r i m é pris des On croit s o u v e n t q u e la cirrhose est le seul effet
semaines auparavant. Ces réactions idiosyncra- de l'intoxication alcoolique. Ceci n'est p a s vrai.
siques conduiront à de réelles difficultés d i a - L'hépatite alcoolique aiguë (incluse d a n s le Point
gnostiques. Certains médicaments peuvent de révision 39.3 pour des raisons pratiques) et la
p r o v o q u e r un ictère de manière imprévisible et stéatose hépatique sont d'autres complications
sont présentés d a n s le Point de révision 39.2. fréquentes.
Suspectez un ictère médicamenteux lorsque :
• un patient â g é présente u n e atteinte de type
hépatitique; • ICTÈRE OBSTRUCTIF
• il existe u n e relation claire entre la prise du
m é d i c a m e n t et les débuts de l'ictère (habituelle- Le diagnostic d'obstruction biliaire e x t r a - h é p a -
ment une à six s e m a i n e s ) ; tique est habituellement facile. Il t o u c h e le plus
• lorsque le type d'ictère c o r r e s p o n d à celui s o u v e n t des p e r s o n n e s â g é e s o u d'âge m o y e n .
p r o v o q u é par ce m é d i c a m e n t ; La douleur est un s y m p t ô m e important:
• il existe une urticaire associée. • un ictère n o n douloureux qui f o n c e p r o g r e s -
sivement (jusqu'à u n e couleur vert olive), a c c o m -
POINT PRATIQUE p a g n é d'urines foncées (qui contiennent de la
Un ictère peut être dû à une congestion hépatique bile) et de selles décolorées (sans bile), est h a b i -
par une insuffisance cardiaque. tuellement dû à un c a r c i n o m e de la tête du p a n -
créas ou à un c h o l a n g i o c a r c i n o m e ;
• des calculs surviennent f r é q u e m m e n t chez
les j e u n e s femmes. Un calcul qui s'enclave d a n s
la voie biliaire principale p r o v o q u e u n e colique
hépatique très douloureuse.
Cirrhose Amérique du Nord ; Europe ; Signes d'intoxication alcoolique avec un visage pléthorique,
alcoolique large distribution dans le monde un faciès cushingoïde, un tremblement, une sudation
abondante.
Signes de cirrhose: le foie peut être atrophique, de taille
normale ou excessive, splénomégalie, stigmates de MHC,
ascites et œdème.
Hépatite Comme ci-dessus Peut être le résultat d'une « cuite ». Hépatomégalie sensible.
alcoolique* Rate normale. Pas forcément de signes de MHC, sauf signes
de cirrhose associée.
Stéatose Comme ci-dessus Ictère rare. Importante hépatomégalie. Pas de splénomégalie.
hépatique Pas forcément de signes de MHC, sauf signes de cirrhose
alcoolique associée.
Hépatite B Partout dans le monde mais Pas de signe spécifique sauf ceux de MHC.
chronique fréquent sous les tropiques
Hépatite C Partout dans le monde Pas de signe spécifique sauf ceux de MHC.
chronique
Cirrhose Europe Occidentale Presque exclusivement des femmes âgées ou d'âge moyen.
biliaire Prurit sévère. Marques de grattage. Pigmentation. Signes
primitive de MHC.
Figure 39.2. Lorsque la vésicule est palpable, l'ictère est probablement dû à un carcinome.
Anémie et adénopathies
Saignements excessifs
Cette situation se manifeste p a r :
• un purpura: saignements spontanés des
petits vaisseaux de la p e a u (Fig. 40.2) et des
m u q u e u s e s ; les lésions ont quelques millimètres
de diamètre, ne blanchissent pas à la pression et
s'atténuent en quelques j o u r s en prenant u n e
couleur b r u n â t r e ; Figure 40.2. Purpura dans le purpura de Henoch-
• des e c c h y m o s e s , grands bleus de la peau. Schönlein. Le purpura est une extravasation cutanée qui
(Fig. 40.3); a habituellement quelques millimètres de diamètre, ne
blanchit pas à la pression et s'atténue en quelques
• d e s saignements trop a b o n d a n t s du nez, de
jours en une couleur brunâtre. Il est habituellement dû
la b o u c h e , des reins ou du tractus digestif; à une thrombocytopénie ou à une atteinte des
• d e s saignements internes d a n s les articula- vaisseaux sanguins comme dans le purpura
tions ou les espaces rétropéritonéaux. anaphylactique ou de Henoch-Schönlein.
Causes et symptômes du trouble
POINT PRATIQUE
Apprenez à palper les adénopathies
épitrochléennes. Si elles ont augmenté de taille
sans aucune cause locale, votre patient a
Figure 40.4. Volumineuses adénopathies axillaires chez probablement une lymphoadénopathie diffuse.
un patient âgé avec une leucémie lymphoïde chronique.
Infection Mononucléose infectieuse Fréquente Toutes devenant plus rares avec l'âge
Cytomegalovirus Occasionnelle
Rubéole Fréquente
Toxoplasmose Occasionnelle
Brucellose Occasionnelle
Syphilis secondaire Occasionnelle
Infections
Elles compliquent s o u v e n t les a n é m i e s et les
atteintes hématologiques malignes. De manière
générale, elles sont le résultat:
• d'une neutropénie, c o m m e d a n s les leucé-
mies, lorsque les patients ont u n e infiltration de
la moelle o s s e u s e ou une chimiothérapie. Infec-
tions variées et/ou septicémie.
• d'une immunosuppression, d u e a u virus de
l'immunodéficience h u m a i n e (VIH), m y é l o m e o u
une atteinte maligne. La moniliase et autres
infections opportunistes sont fréquentes.
• d'un hypersplénisme, c o m m e d a n s un s y n -
d r o m e de Felty.
• SYNDROMES
MYÉLOPROLIFÉRATIFS
POINT PRATIQUE
Dans le monde occidental, une volumineuse
splénomégalie a toutes les chances d'être due à
une myélosclérose ou à une leucémie myéloïde
ou lymphoïde chronique.
Figure 40.5. Signes cliniques de la polycythémie
essentielle.
Primitive Polycythémie
Tabagisme intense
Hémangioblastome cérébelleux
Fibrome utérin
Figure 40.6. Signes cliniques des hemoglobinopathies, (a) Un jeune enfant avec une drépanocytose Hb-SS. (b) Un
jeune adulte avec une drépanocytose Hb-SS. Dans cette maladie, la croissance est ralentie et le développement
intellectuel altéré. Dans l'enfance, la rate augmente de volume, mais au fur et à mesure des années elle devient plus
petite à la suite d'épisodes récidivants d'infarctus spléniques. La dactylite survient principalement au cours de
l'enfance, (c) Signes cliniques chez un adolescent blanc avec une thalassémie majeure.
Causes et symptômes du trouble
et une mortalité significatives. Les signes cliniques leur espérance de vie est limitée à la période
principaux chez l'enfant et l'adulte sont présentés adulte.
sur les schémas. D a n s les formes hétérozygotes
(10 à 20 % des noirs), les complications sont
rares, à l'exception de complications anoxiques.
Amyotrophie diffuse due à Lésions du tractus corticospinal Lésions des motoneurones centraux
une sous-alimentation ou dans la sclérose en plaques, et périphériques**
une maladie maligne* myélopathie cervicale*
Atrophie diffuse Souvent raideur ou maladresse Amyotrophie généralisée, déficit et
Tous les muscles sont faibles plutôt qu'un déficit fasciculations de groupes musculaires
et atrophiés