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Chapitre 5

L'Evaluation du Risque associé à un demandeur de crédit

Section 1 L'Evaluation du risque d'un demandeur de crédit par référence à un profil-


type

Section 2 L'Evaluation du risque d'un demandeur de crédit par référence à un


indicateur synthétique

1 . L'utilisation de " normes " résultant de l'expérience bancaire accumulée

A. les normes inspirées de la méthode des " Credit-men " américains : l'évaluation
d'un indice de qualité
B. les normes issues de l'expérience d'un établissement bancaire :
l'évaluation d'une note

2 L'utilisation de " normes " définies au terme d'une analyse multivariée des comptes
financiers d'entreprises : l'évaluation d'un score

A. l'analyse discriminante linéaire : une brève présentation


B. les Premières applications de la méthode d'analyse discriminante linéaire
multiple à la prévision de faillites d'entreprises aux Etats-Unis
C. quelques applications de la méthode d'analyse discriminante linéaire
multiple à la prévision de faillites d’entreprises en France
D. de la pertinence des fonctions score en matière d'évaluation du risque
bancaire
E. la refonte de la fonction-score de la Banque de France:un nouvel
instrument,le score ZBIS
F. du score ZBIS au score BDFI de la Banque de France

Section 3 L'Evaluation d'un demandeur de crédit par l'intermédiaire d'un recours à la


‘Cotation Banque de France’ de l'entreprise

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Les méthodes utilisées dans les établissements bancaires pour évaluer le risque
associé à un demandeur de crédit peuvent être ramenées à 2 types de méthodes :
les uns,souvent les plus petits des établissements bancaires,,mais aussi tous ceux
qui veulent s’épargner le coût de constitution et de suivi d’une base de données à partir
de leurs dossiers-client,la solution est le recours à une base de données externe:parmi
celles-ci le recours au fichier FIBEN de la Banque de France,et à la « cotation Banque de
France »qui en est issue est la solution la plus utilisée par les établissements bancaires.
les autres, c’est-à-dire les établissements bancaires qui souhaitent assurer eux-
mêmes l’évaluation du risque de leurs clients,sur la base de leurs propres
critères,privilégient un recours à une évaluation interne: ce choix étant fait,les méthodes
pour y parvenir sont extrêmement diverses:

• tantôt pour certaines il s'agit de se limiter à déterminer si la situation financière d'un


demandeur de crédit est excellente, bonne, moyenne, médiocre ou mauvaise,
l'octroi éventuel du crédit étant réservé aux clients dont le profil est jugé acceptable
• tantôt pour les autres, plus ambitieuses, il s'agit de mesurer le plus précisément
possible, par l'intermédiaire de l'estimation d'un indicateur synthétique unique, le
niveau de qualité du demandeur de crédit;cet indicateur synthétique pouvant
être,selon les cas, un indice de qualité,une note ou un score.

Nous étudierons successivement ces diverses méthodes d’évaluation du risque associé à


un demandeur de crédit, en envisageant d’abord les méthodes internes (trois premiers
paragraphes),la présentation de la « Cotation Banque de France » cloturant cet exposé.

Section 1 L'Evaluation d'un demandeur de crédit par référence à un profil-type

C'est à une telle procédure que correspond le mode d'analyse des banquiers
américains étudiés par COHEN, GILMORE et SINGER. Les tableaux présentés ci-dessous
illustrent les principales étapes de cette procédure, étudiant successivement la solvabilité de
l'entreprise, la rentabilité de l'entreprise et la sécurité qu'elle offre à l'éventuel concours bancaire :

. Le premier critère utilisé est le degré de solvabilité de l'entreprise, apprécié au


terme de 2 étapes successives analysant l'équilibre financier de l'entreprise au niveau du haut de
bilan (Tableau 1) et du bas de bilan (Tableau 2).
En ce qui concerne l'équilibre financier de haut de bilan l'accent est mis
simultanément sur plusieurs éléments importants : le niveau absolu du Fonds de Roulement net
(colonnes [1] et [5]), le niveau relatif du Fonds de Roulement net de l'entreprise105 par rapport
à celui des autres entreprises du secteur auquel elle appartient (colonne [2]), le niveau absolu
du Fonds de Roulement net moyen des entreprises du secteur concerné (colonne [3]), et enfin
un indice d'évolution du Fonds de Roulement net de l'entreprise au cours des 3 dernières
exercices. De l'observation des différentes caractéristiques de l'entreprise et du secteur auquel
elle appartient (comparaisons intra-sectorielle et inter-exercices) sera déduite l'appartenance de
l'entreprise en question à l'une des classes-type de la colonne [6]

105mesuré par le ratio de Liquidité générale.

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TABLE DE REFERENCE 1 POUR L'EVALUATION DE LA SOLVABILITE D'UNE ENTREPRISE

ETAPE PRELIMINAIRE : EQUILIBRE FINANCIER HAUT DE BILAN


(CAP.PERMANENTS/ACTIF IMMOBILISE)

[1] [2] [3] [4] [5] [6]


Fonds de Situation relative Médiane du Ratio du Ratio de Evaluation de
Roulement de l'entreprise par Ratio de Fonds de Liquidité la solvabilité
net de la rapport au Liquidité Roulement net Générale de l'entreprise
firme secteur Générale du et de la de (étape
(Ratio de secteur moyenne du l'entreprise préliminaire)
Liquidité montant des
Générale) capitaux
circulants des
3 dernières
années
1 ≤ 0 > 50% moyenne
2 ≤ 0 ≤ 50% ≥ 2 ≤ 1 très mauvaise
3 ≤ 0 ≤ 50% ≥ 2 ≥ 1 mauvaise
4 ≤ 0 ≤ 50% < 2 médiocre
5 > 0 ≥ 75% excellente
6 > 0 < 75% et ≥ 25% ≥ 2 moyenne

7 > 0 > 25% ≥ 2 médiocre


8 > 0 ≥ 2 < 1 < 2 mauvaise
9 > 0 ≥ 2 ≥ 1 < 2 médiocre
10 > 0 < 75% et ≥ 25% < 1,5 et > 1,5 < 2 moyenne

11 > 0 < 25 % < 2 et > 1,5 < 2 médiocre


12 > 0 < 75% et ≥ 50% < 1,5 < 2 moyenne

13 > 0 < 50% < 1,5 < 1 < 2 mauvaise


14 > 0 < 50% < 1,5 ≥ 1 < 2 médiocre
Source : COHEN, GILMORE, SINGER

En ce qui concerne l'équilibre financier de bas de bilan, l'accent est mis successivement
sur le niveau de la Trésorerie immédiate de l'entreprise par rapport au Passif exigible à court
terme ( colonne [7]), la situation relative de ce même ratio de trésorerie immédiate par rapport
à celui des autres entreprises du secteur auquel appartient l'entreprise (colonne [8]), l'évolution
des stocks de l'entreprise au cours des 3 dernières exercices (colonne [9]), la situation relative
du ratio

stocks
--------------de l'entreprise par rapport à celui des autres entreprises du secteur
Actifs circulants (colonne [10])

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Là encore de l'observation des différentes caractéristiques de l'entreprise et du secteur


auquel elle appartient (comparaisons intra-sectorielle pour les colonnes [8] et [10],
comparaison interexercices pour la colonne [9]) sera déduite, pour une classe de risque donnée
issue de la première étape (rappel colonne [11], l'appartenance de l'entreprise à l'une des
classes-type de la colonne [12] représentant la synthèse finale en termes de solvabilité de
l'entreprise.

TABLE DE REFERENCE 2 POUR L'EVALUATION DE LA SOLVABILITE D'UNE ENTREPRISE

ETAPE COMPLEMENTAIRE : Equilibre financier ETAPE FINALE


bas-de-bilan
[7] [8] [9] [10] [11] [12]
Ratio de Situation ratio Situation Profil Profil-type
trésorerie relative du Stocks actuels relative du précédent en d'entreprise en
immédiate de ratio de ---------------- ratio terme de terme de
l'Entreprise trésorerie de stocks moyens Stocks solvabilité Solvabilité
Disponibilités l'entreprise par des 3 dernières ------------- (étape (étape finale)
+Valeurs de rapport au années Actifs préliminaire)
placements / ratio moyen circulants de
Dettes à CT du secteur l'entreprise
par rapport à
la
distribution
de ratios du
secteur
1 < 10% ≥ 10% Excellente Moyenne
2 ≥ 10% < 10% Excellente Excellente
(avec réserve)
3 < 10% < 10% Excellente Moyenne
(avec réserve)
4 ≥ 10% ≥ 10% Excellente Excellente
5 < 10% ≥ 10% Moyenne Moyenne
6 ≥ 10% < 10% Moyenne Moyenne
(avec réserve)
7 < 10% < 10% Moyenne Moyenne(avec
réserve)
8 ≥ 10% ≥ 10% Moyenne Moyenne
9 ≥ 50% Médiocre Médiocre
10 < 10% < 50% Médiocre Mauvaise
11 < 10% ≥ 50% Mauvaise Mauvaise
12 < 10% < 50% Mauvaise Très mauvaise
13 ≥ 10% ≥1 Médiocre Médiocre
14 ≥ 10% < 50% <1 Médiocre Mauvaise
15 ≥ 10% ≥ 50% Mauvaise Médiocre
16 ≥ 10% < 50% ≥1 Mauvaise Médiocre
17 ≥ 10% < 50% <1 Mauvaise Mauvaise
Source : COHEN, GILMORE, SINGER
. Le second critère utilisé est la rentabilité de l'entreprise

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Il est procédé à l'examen simultané du niveau du résultat net moyen de l'entreprise au


cours des 3 dernièrs exercices (colonne 1), la tendance d'évolution de ce dernier pour
l'entreprise (colonne 2) et pour le secteur (colonne 13), de la situation relative du Résultat net,
du taux de rentabilité des actifs d'exploitation, du taux de rentabilité nette des capitaux propres,
du taux de rotation des stocks de l'entreprise par rapport aux ratios correspondants des
entreprises du secteur (colonnes 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11) et enfin de la nature du concours

TABLE DE REFERENCE POUR L'EVALUATION DE LA RENTABILITE D'UNE ENTREPRISE


[1] [2] [3] [4] [5] [6] [7]
Résultat Tendance Résultat situation niveau du niveau du situation
net comptable d'évolution net Pro relative du ratio "Tx ratio "Tx relative du
moyen des 3 du Résultat forma* de Résultat de Profits de Profits ratio "Tx
dernières années net l'entreprise net de avant avant de Profits
comptable l'entreprise impôts des impôts des avant
par rapport Actifs Actifs impôts des
au Résultat corporels/ corporels/ Actifs
net moyen Tx Tx corporels/
des d'intérêt du d'intérêt du Tx
entreprises marché" marché" d'intérêt du
du secteur médian du associé à marché"
secteur l'entreprise de
l'entreprise
par rapport
à celui des
entreprises
du secteur
>0 ≥1 ≥1 ≥ 75%
>0 ≥1 ≥1 ≥ 75 %
>0 ≥1 ≥1 ≥ 75 %
>0 ≥1 ≥1 < 75 %
>0 ≥1 ≥1 < 75 %
>0 ≥1 ≥1 < 75 %
>0 <1 ≥1
>0 <1 ≥1
>0 <1 ≥1
>0 ≥1 <1
>0 < 50 %
<1
>0 <1 <1 ≥ 50 %
>0 <1 < 50 %
<1
≤0
≤0 >0 >0 > 50 %
≤0 ≤ 50 %
≤0 ≤ 0 ≥ 50 %
≤0 >0 ≤0 > 50%
* les états financiers pro-forma étant utilisés en (3), (6), (7), (8), (9), (10) et (11) même si des
états financiers pro-forma ne sont pas disponibles au niveau sectoriel.

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(8) (9) (10) (11) (12) (13) (14)


situation situation situation situation Type de concours Tendance Profil-type d
relative du relative du relative du relative du bancaire envisagé d'évolution l'entreprise
ratio ratio "Tx résultat net ratio "Tx de médiane terme de
Résultat net de de Profits avant du Résultat rentabilité
------------- Rotation l'entreprise impôts des net des
situation des stocks" par rapport Actifs entreprises
nette de à celui des corporels" du secteur
de l'entreprise entreprises par rapport
l'entreprise par rapport du secteur à celui des
par rapport à celui des entreprises
à celui des entreprises du secteur
entreprises du secteur dont le ratio
du secteur R6 est >1
≥ 75 % ≥ 50 % Excellente
≥ 75 % < 50 % Moyenne
< 75 % Moyenne
< 75 % ≥ 75 % Excellente
< 75 % >25%et<75 Moyenne
< 75 % % Médiocre
≥ 50 % ≤ 25 % ≥ 50 % Excellente
< 50 % ≥ 50 % Moyenne
< 50 % Moyenne
Crédit de Trésorerie Médiocre
Engagement à terme Très mauvai
Médiocre
Crédit de Trésorerie Mauvaise
Engagement à terme Très mauvai
Crédit de Trésorerie Médiocre
Crédit de Trésorerie Mauvaise
Crédit de Trésorerie Mauvaise
Crédit de Trésorerie ≤0 Médiocre

Source : COHEN, GILMORE, SINGER.

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bancaire envisagé (crédits de trésorerie ou engagement à terme). De l'observation conjointe


des diverses caractéristiques de l'entreprise et du secteur auquel elle appartient, en matière de
rentabilité, sera déduite l'appartenance de l'entreprise concernée à l'une des classes-type de la
colonne 14

Pour montrer quelle peut être l'utilisation qui peut être faite de ces divers résultats
partiels, nous nous référerons au cas simplifié où l'appréciation de la situation financière de
l'entreprise n'impliquerait qu'une référence aux deux critères clefs que sont la rentabilité et la
solvabilité de l'entreprise : (tableaux suivants)

Tableau 8 : cas d'un engagement à terme

Solvabilité (1er critère)⇒ Excellente Moyenne Médiocre Mauvaise


-------------------------------
Rentabilité (2è critère) ⇓
Excellente Excellente Excellente Moyenne Moyenne
Moyenne Moyenne Moyenne Médiocre Médiocre
Médiocre Médiocre Médiocre Médiocre Mauvaise
Mauvaise Médiocre Mauvaise Mauvaise Mauvaise
Source : COHEN, GILMORE, SINGER.

Tableau 8 bis : cas d'un concours de trésorerie

Solvabilité (1er critère)⇒ Excellente Moyenne Médiocre Mauvaise


--------------------
Rentabilité (2è critère) ⇓
Excellente Excellente Moyenne Médiocre Médiocre
Moyenne Excellente Moyenne Médiocre mauvaise
Médiocre Moyenne Médiocre Médiocre Mauvaise
Mauvaise Moyenne Médiocre Mauvaise Mauvaise
Source : COHEN, GILMORE, SINGER.

De la combinaison des deux évaluations en termes de solvabilité et rentabilité


résulte une nouvelle évaluation représentative de l'analyse financière effectuée par les services
de la banque.

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Tableau 9

TABLEAU DE REFERENCE POUR L'EVALUATION FINALE DU DEMANDEUR DE CREDIT

CRITERE : COMPETENCE ANALYSE FINANCIERE ANALYSE FINANCIERE EVALUATION


DU MANAGEMENT " EXTERNE " " INTERNE " FINALE
Excellente Excellente Excellente
Moyenne Excellente
Médiocre Moyenne
Excellente Excellente
Bonne Moyenne Moyenne
Médiocre Médiocre
EXCELLENTE -------------------------- --------------------------
Excellente Moyenne
Acceptable Moyenne médiocre
Médiocre Médiocre
Excellente Excellente
Excellente Moyenne Moyenne
Médiocre Médiocre
--------------------------- --------------------------- --------------------
Excellente Moyenne
MOYENNE Bonne moyenne Moyenne
Médiocre Médiocre
--------------------------- --------------------------- --------------------
Excellente Moyenne
Acceptable Moyenne Médiocre
Médiocre Médiocre
Excellente Moyenne
Excellente Moyenne Médiocre
Médiocre Médiocre
--------------------------- --------------------------- --------------------
Excellente Médiocre
MEDIOCRE Bonne Moyenne Médiocre
Médiocre Médiocre
--------------------------- --------------------------- --------------------
Excellente Médiocre
Acceptable Moyenne Médiocre
Médiocre Mauvaise
Source : COHEN, GILMORE, SINGER.

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Dans la méthode rapportée par COHEN, GILMORE et SINGER l'analyse


financière interne ne constituait que l'un des éléments de l'appréciation finale : en effet outre
l'analyse financière interne étaient prises en considération et une appréciation financière de
l'entreprise par les sociétés spécialisées, DUN et BRADSTREET ou ROBERT MORRIS
ASSOCIATES, et une évaluation de la compétence de ses dirigeants (tableau 9). c'est de la
confrontation de tous ses éléments que résultait l'identification d'une entreprise donnée à l'un
ou l'autre des niveaux de qualité du demandeur de crédit, et la suite à donner à la demande de
crédit (refus ou passage à la 3è étape du modèle d'instruction d'une demande de crédit
présenté plus haut).

Section 2 L'Evaluation ,d'un demandeur de crédit par l'intermédiaire d'un indicateur


synthétique

Le mode d'estimation le plus courant consiste à attribuer une série de poids aux
diverses composantes de l'évaluation finale et à en tirer une moyenne pondérée, représentative
du niveau de qualité du demandeur de crédit, cette moyenne pondérée pouvant prendre selon
les cas la forme d'un indice, d'une note ou encore d'un score.

Dans ce cadre il nous paraît cependant utile de distinguer deux situations selon la
nature de la structure de poids retenue : cette dernière peut être le fruit de la tradition ou de
l'expérience; mais elle peut être ausi le résultat d'une étude scientifique préalable fondée sur
l'utilisation de techniques d'analyse multivariée.

Nous étudierons successivement ces diverses manières d'envisager l'évaluation


d'un indicateur synthétique représentatif de la qualité du demandeur de crédit.

1 . L'Utilisation de " normes " résultant de l'expérience bancaire accumulée

Les modalités d'évaluation d'une note de qualité ressortant de ce type


d'approche sont par définition très diverses d'un établissement à l'autre, tantôt simples
adaptations de la méthode ancienne dite " des credit-men américains ", tantôt plus sophistiquée
résultant de l'intégration dans le processus de décision de facteurs qui, historiquement, dans un
établissement bancaire donné ont été observés comme particulièrement liés à un défaut de
remboursement de la part de la clientèle.

A -les " normes " inspirées de la méthode des credit-men américains :


l'évaluation d'un indice de qualité

Il s'agit là de diverses adaptations d'une méthode très ancienne que l'on


présente quelquefois comme la " méthode des credit-men américains ", en reconnaissance du
fait qu'elle a été d'abord proposée puis appliquée dans les banques commerciales américaines.
La méthode dite des "credit-men" peut être représentée d'une manière
générale de la façon suivante :

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Critères associés à l'estimation de l'indice de Poids attribué 106à chacune des composantes
qualité du demandeur de crédit dans l'évaluation finale
I . Indice de compétence du management 40 %

II . Evolution de la situation du secteur d'activité 20 %


de l'entreprise

III . Situation financière relative de l'entreprise 40 %


par rapport à son secteur
dont 1. critère relatif de la solvabilité à court 10 %
terme de l'entreprise (liquidité)
2. critère relatif de la solvabilité à long terme 10 %
de l'entreprise (endettement)
3. critère relatif de rentabilité 10 %
4. critère relatif d'activité 10 %
100 %

le dernier élément de l'évaluation, faisant une large place à la méthode des ratios
analysés précédemment, à travers l'observation d'un certain nombre de ratios représentatifs de
la solvabilité, de la rentabilité... relative d'une entreprise par rapport à celle constatée pour la
même période en moyenne pour les entreprises du secteur. Cette comparaison aboutissant à
l'évaluation d'un indice situant la position financière relative de l'entreprise par rapport à la
position moyenne des autres entreprises du secteur.
Cette méthode censée représenter la pratique bancaire américaine a été formalisée
pour la première fois par deux auteurs américains WALL et DUNNING qui, dans un ouvrage
publié en 1928107 proposaient d'évaluer la qualité financière d'un demandeur de crédit à partir
d'un ensemble des 7 ratios présentés dans le tableau ci-dessous, chacun de ces 7 ratios étant
affecté d'un poids correspondant à l'importance présumée de ce ratio dans l'évaluation finale
du demandeur de crédit.

106poids pouvant varier d'une organisation bancaire à l'autre en fonction des priorités affichées de sa politique
de prêt.
107A. WALL, R.W. DUNNING Ratio Analysis of Financial Statements
New York : Harper Brothers 1928 pp 152-165.

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Méthode des credit-men américains : la formulation de WALL et DUNNING (1928)


Ratios retenus Poids attribué au ratio Modalité d'évaluation de la
retenu qualité financière de
wi l'entreprise
Current Assets 25 %
1. Current Ratio =--------------------
Current Liabilities
2. Net worth / Fixed Assets 15 %
7 Ri
3. Net worth / Debt 25 % I = Σ wi -----
i=1 ®i
4. Sales / Account Receivables 10 %
avec
5. Sales / Inventories 10 % Ri = la valeur du ratio i pour
l'entreprise étudiée
6. Sales / Fixed Assets 10 % ®i = la valeur du ratio moyen
ou médian pour le secteur
7. Sales / Net worth 5% auquel appartient l'entreprise.
------
100 %

L'application de la méthode de WALL et DUNNING conduisait à l'évaluation


financière d'un indice de qualité financière I pour l'entreprise :
- un indice égal à 1 correspondait à une entreprise dont les ratios
concernés étaient en tous points similaires aux ratios moyens des entreprises de son secteur
- un indice supérieur à 1 signifiait que l'entreprise étudiée avait une
meilleure situation financière que la moyenne des entreprises du secteur
- un indice inférieur à 1 signifiait que l'entreprise étudiée avait une
moins bonne situation financière que la moyenne des entreprises du secteur.

A cette formulation de WALL et DUNNING on peut associer la formulation


habituelle de la " méthode des credit-men américains " telle qu'on la trouve décrite dans
beaucoup d'ouvrages français traitant de l'analyse financière108109110111112, caractérisée par un
nombre un peu plus restreint de ratios.

108P. LASSEGUE Gestion de l'entreprise et comptabilité Paris : dalloz 1979.


109N. COULON Guide Pratique du chef d'entreprise face aux banquiers Paris : Editions Hommes et
Techniques 1978 2° édition.
110J.L. BOULOT, J.P. CRETAL, J. JOLIVET, S. KOSKAS L'analyse financière Paris : Publi-union 1986
p.342.
111A. BARBIER, J. PROUTAT traité pratique de l'analyse financière à l'usage des banquiers Paris : Revue
banque éditeur 1987 pp 241-242.
112E. COHEN Analyse Financière paris : Economica 1987 p.364

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Méthode des "credit-men américains " : l'adaptation française


Ratios retenus Poids attribué au Modalité d'évaluation de la
ratio retenu qualité financière de
wi l'entreprise
1. Réalisable + Disponible / Dettes à CT 25 %
5 Ri
2. Capitaux propres / Ensemble des dettes 25 % I = Σ wi ----
i=1 ®i
3. Capitaux propres / Actif Immobilisé net 10 %
avec
4. Coût de revient des produits vendus / 20% Ri = la valeur du ratio i pour
Stocks et encours l'entreprise étudiée
®i = la valeur du ratio type
5. Chiffre d'affaires net TTC / Clients et 20 % pour le secteur auquel
comptes rattachés + effet escompté et appartient l'entreprise (ratio
non échu médian du secteur)

Là encore à I = 1 correspond une situation financière normale; s'il est supérieur à


1, la situation financière de l'entreprise est jugée favorable; à l'inverse, l'indice étant inférieur à
1, elle sera jugée défavorable.
L'utilisation de l'une ou l'autre des formulations précédentes nous paraît toutefois
aujourd'hui sujette à caution : en effet l'une et l'autre, accordant un poids prédominant aux
ratios de structure financière, et négligeant quasi-totalement l'aspect rentabilité de l'entreprise,
nous paraissent répondre à la pratique d'une autre époque; compte tenu de l'évolution récente
des techniques d'analyse financière, et des mentalités bancaires (priorité à la rentabilité,
élément clé de la capacité de l'entreprise à rembourser ses dettes, évaluation en termes de flux
de préférence à une évaluation à partir des seuls éléments du bilan annuel), plus intéressantes
nous apparaissent les propositions de A. BIZOT113 qui, dans un passé récent ,décrivant la
pratique d'une grande banque française, retenait la batterie des 5 ratios suivants : 114
Poids Décomposition des poids selon les facteurs pris en
+-Nature des Ratios retenus retenus compte
Rentabilité Structure Autres TOTAL
facteurs
1. EBE / VA 20 % 20 20

2. Frais de Financement / VA 20 % 10 10 20

3. Importance relative des concours 20 % 20 20


bancaires dans le financement de
l'exploitation de l'entreprise

4.Investissements bruts de l'ex. / VA 20 % 20 20


5. Dettes financières à terme / CAF 20 % 10 10 20
100 % 40 40 20 100

113 A. BIZOT La Pratique bancaire française en matière de financement intérieur Paris : Revue Banque
Editeur 1985 pp 45-47.
114

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chacun de ces ratios ayant vocation à être apprécié relativement par rapport aux
valeurs prises par ce même ratio dans une population d'entreprises de référence.
L'application de la méthode des credit-men aux 5 ratios proposés par A.
BIZOT, avec les poids suggérés, en retenant comme population de référence l'échantillon
sectoriel suivi par la Centrale des bilans de la Banque de France115 nous conduirait pour la
société ABC à un indice de qualité financière égal à I = 0.716.

Selon le niveau de l'indice obtenu pour l'entreprise étudiée, celle-ci pourrait être
associée à l'une des classes de risque potentielles; Sur la base de la décomposition suivante :

Classes de Risques I = 0 à 0.40 I = 0.50 à 0.90 I = 1.00 à 1.40 I > 1.50


RISQUE TRES RISQUE RISQUE RISQUE
ELEVE ELEVE MOYEN FAIBLE
l'entreprise ABC serait associée à la classe de risque élevé.

B) les " normes " issues de l'expérience spécifique d'un établissement bancaire :
l'évaluation d'une note

A titre d'exemples nous présenterons ici les systèmes d'évaluation utilisés


actuellement par trois banques dans le cadre de l'examen des dossiers de leur clientèle.

-1er cas: celui de la banque A

115après reformulation des ratios proposés de telle façon que toute augmentation d'un ratio traduise une
amélioration de l'indice, et toute diminution une détérioration de l'indice. Dans ce cadre l'indice I devient :
(EBE/VA)i (VA/Frais de Fint.)i 1/(CCB/BFR)i (INV/VA)i
I = 0.20 -------------- + 0.20 ------------------------- + 0.20 ------------------ + 0.20 ---------------
(EBE/VA)s (VA/Frais de Fint.)s 1/(CCB/BFR)s (INV/VA)s

(CAF/DET)i
+ 0.20 ----------------
(CAF/DET)s

le premier ratio correspondant en terme de ratios suivis et publiés par la Centrale des bilans de la Banque de
R19
France au rapport -------
R6
le second ratio correspondant à l'inverse du ratio R28d de la Banque de France
le troisième ratio correspondant à l'inverse du ratio R27 de la Banque de France
le quatrième ratio, correspondant au ratio R11 de la Banque de France
le cinquième ratio correspondant au ratio R33 de la Banque de France, se substituant ici au ratio de couverture
des dettes financières à terme par le CAF, ce dernier ne faisant pas l'objet de publication.
soit :
0.14 1/ 0.04 1/ 0.39 0.07 0.07
I = 0.20 . ------ + 0.20 . ------- + 0.20 . --------- + 0.20 . ------ + 0.20 .-----
0.17 1/ 0.04 1/ 0.14 0.06 0.44

ou I = 0.20 x 0.89 + 0.20 x 1.00 + 0.20 x 0.36 + 0.20 x 1.17 + 0.20 x 0.16 = 0.716

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144

Evaluation du Risque ( clientèles professionnelles) : exemple de la banque A.


Ratios retenus Notation retenue situation de la société ABC
ratios note
A - Ratios financiers
1. Ratio d'Autonomie Financière ratio |<0.10|<0.30|<0.50|>0.50 0.25 1
Situation nette note | 0 | 1 | 2 | 3
----------------
dettes totales

2. Ratio d'Assise Financière


Situation nette ratio|<0.20|<0.50|>0.50 0.77 3
------------------------- note| 0 | 1* | 2*
Immobilisations nettes

3. Ratio d'équilibre financier


Fonds de Roulement ratio|<0.10|<0.30|<0.50|>0.50 0.47 3
------------------------- note| 0 | 1 | 2* | 3*
Besoins d'Exploitation

4. Ratio de Rentabilité d'Exploitation


RCAI-Prélèvt.privés-IS-Particip.salariés ratio|<0.50|<1.00|<2.50|>2.50 0.40% 0
--------------------------------------------- (%) note| 0 | 1 | 2* | 3*
Production de l'exercice

5. Ratio de Capacité de Remboursement


CAF - Pélèvt. privés - Distribution ratio|<0.75|<1.00|<1.50|<2.00|>2.00 0.71 -1
---------------------------------------- note| - 1 | 0 | 1 | 2* | 3*
Endettement bancaire à moins d'1 an

6. Ratio de Productivité du travail


Frais de Personnel+Prélèvt. privés ratio|>0.80|>0.60|<0.60 0.83 0
--------------------------------------- note| 0 | 1 | 2
Valeur ajoutée

7. Ratio de Solvabilité par le Hors-Bilan


(hors sociétés de capitaux) ratio|<0.10|<0.20|<0.30|<0.50|<0.50 - -
Patrimoine Privé du demandeur note| 0 | 1 | 2 | 3 | 4
-----------------------------------
Dettes au bilan

B - Facteurs correctifs
8. Retard de paiement constaté retard constaté oui= -1 non=0 0

9. Date de création de l'entreprise création < 3 ans oui= -1 non=0 0

10. Rajout total f(caractéristiques de l'entreprise 2


non appréhendées à partir des ratios
financiers précédents)
NOTE TOTALE 8
NOTATION ABC= RISQUE ELEVE
0 à 4 points 5 à 9 points 10 à 14 points > 15 points
Classes de risque RISQUE TRES RISQUE RISQUE RISQUE
ELEVE ELEVE MOYEN FAIBLE

L'objectif affiché ici est d'évaluer la qualité du demandeur de crédit, non plus à partir d'un

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


145

indice de qualité (>1 ou <1), mais à partir d'une note échelonnée de 0 à 20, note dont on
déduira ultérieurement l'appartenance de l'entreprise à l'une des 4 classes de risque retenues
(de Risque très élevé à Risque faible).

Trois types d'informations sont retenues pour l'élaboration de la note :

. en premier lieu, 6 ratios représentatifs de la situation financière de l'entreprise évaluée à partir


des documents comptables retraités de l'entreprise, mesurant tant la rentabilité de l'affaire que
sa solvabilité.116
. en second lieu un ratio de solvabilité hors-bilan qui, pour les clientèles professionnelles,
s'ajoute aux précédents, un client ayant une surface financière privée élevée relativement à
l'ensemble des dettes de l'entreprise qu'il possède constituant pour la banque un élément
réducteur de risque. A l'inverse, pour les sociétés de capitaux à l'égard desquelles la prise en
compte de ce ratio n'aurait pas de sens, compte tenu de la limitation de responsabilité des
actionnaires au montant de leurs apports, les 4 points de ce ratio sont realloués aux ratios
précédents117
. en troisième et dernier lieu, trois facteurs correctifs pouvant amplifier ou atténuer la rigueur
de l'évaluation financière résultant de l'analyse en termes de ratios
. l'existence de retards de paiement dûment constatés au cours des mois précédents
qui réduit d'autant la note globale de l'entreprise.
. la jeunesse relative de l'entreprise, élément sanctionnant le caractère plus risqué des
entreprises de création récente, jouant là encore dans le sens d'une réduction de la note globale
de l'entreprise
certaines caractéristiques positives118 de l'entreprise non prises en considération lors
de l'analyse financière précédente, dont on tient compte à ce niveau .

Notons enfin que l'analyse étant effectuée sur les 3 derniers exercices connus, la banque
dispose, pour prendre sa décision d'acceptation ou de refus du crédit, de l'évolution de la
position du risque de l'entreprise, lui permettant de faire la différence entre une entreprise dont
la situation de risque s'améliore (augmentation de la note globale) ou se détériore (réduction
de sa note globale).

- 2eme cas:le cas de la banque B

Le système d’évaluation concerné s’applique à la clientèle d’entreprises de


cette banque.
Concrètement la note calculée s’appuie sur 15 ratios jugés significatifs de la
situation financière d’une entreprise donnée;à chacun est attribuée une note comprise entre 0
et 2 selon la valeur prise par ce ratio dans l’entreprise étudiée et sa situation relative par
rapport à la distribution des valeurs prises par ce même ratio pour l’ensemble de la clientèle de

116du niveau relatif de chacun de ces ratios par rapport à la distribution des ratios théoriques ou observées pour
ce type de clientèle dans la banque dépendra la note attribuée à l'entreprise au titre de ce ratio.
117+ 1 point à chacun des ratios 2, 3, 4, 5 à imputer aux sociétés ayant des valeurs élevées pour chacun de ces
ratios (matérialisées sur la grille d'évaluation par les notations affectées d'un astérisque).
118il ne s'agit pas là d'une note de qualité du chef d'entreprise ou du dirigeant dont l'exploitant serait seul juge,
mais d'une note supplémentaire attribuée sur une base tout à fait objective, s'appuyant sur une liste de
caractéristiques techniques et financières de l'entreprise autres que celles prises en considération dans la grille
d'évaluation financière, qui, si elles apparaissent lors de l'instruction du dossier, entrainent une surévaluation
de la note à hauteur du correctif appelé "Rajout total ".

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146

la banque.

Evaluation du risque(entreprises):exemple de la Banque B


Ratios retenus Notation retenue ratio note
ABC

Variation chiffre d’affaires ht ratio <4% 4%≤R≤6% >6% -7% 0


note 0 1 2
variation val.ajoutée/var. production ratio <0.98 0.98≤R≤1.02 >1.02 1.14 2

note 0 1 2
EBE/production ratio 5% 5%≤R≤10% >10% 5.3% 1
note 0 1 2
frais financiers/EBE ratio >60% <40% 33% 2
60%≥R≥ 40%
note 0 1 2
frais de personnel/valeur ajoutée ratio >70% 70%≥R≥60% <60% 83% 0
note 0 1 2
CAF/production ratio <4% 4%≤R≤6% >6% 2.6% 0
note 0 1 2
var.de la valeur ajoutée/var.d’ ratio <0.98 0.98≤R≤1.02 >1.02 1.05 2
effectifs
note 0 1 2
fonds propres/endettement total ratio <25% 25%≤R≤35% >35% 27% 1
note 0 1 2
FRN en jours de chiffre d’affaires ht ratio <30 30≤R≤50 >50 15 0
note 0 1 2
var.des fonds propres/var. production ratio <0.98 0.98≤R≤1.02 >1.02 1.30 2
note 0 1 2
BFR-FRN en jours de ch. d’affaires ratio >60 60≥R≥40 <40 29 2
ht
note 0 1 2
dettes à terme/CAF (ans) ratio >4 4≥R≥2 <2 2.31 1
note 0 1 2
stocks(en jours de chiffre d’affaires ratio >90 90≥R≥60 <60 51 2
ht)
note 0 1 2
clients(en jours de chiffre d’affaires ratio >90 90≥R≥60 <60 55 2
ht)
note 0 1 2
fournisseurs(en jours d’achats ttc) ratio >120 120≥R≥90 <90 91 1
note 0 1 2
NOTATION ABC = 18 /30 RISQUE MOYEN

Classes de risque f(note totale) CATEGORIE


19<N≤30 A risque faible

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147

14<N≤18 B risque moyen


9<N≤13 C risque élevé
0<N≤8 D risque très élevé

Sur la base du système d’évaluation de la banque B,la société ABC aurait cette fois été
considérée, avec sa note de 18/30, comme une entreprise de RISQUE MOYEN.
Là encore,l’analyse s’effectuant sur les trois derniers exercices connus,l’établissement bancaire
disposera, pour prendre sa décision d’acceptation ou de refus du crédit, de l’évolution de la
note de l’entreprise au cours de la période récente,élément permettant une prise en
considération de l’éventuelle amélioration ou détérioration de la position de risque de
l’entreprise.

-3eme cas:le cas de la banque C

Le sytème d’évaluation suivant est appliqué par la banque concernée à sa


clientèle d’entreprises.

Evaluation de la Note d’une entreprise donnée (l’exemple de la banque C)

Ratios retenus notation retenue poids situation ABC


[1] retenus
[2] ratio ABC note
(1)x(2
)
1.ratio Excédent brut ratio <7.4 <20.2 <32.9 <45.7 >45.7 12.4
d’exploitation/valeur note 0 1 2 3 4 1.50 1 1.50
ajoutée(%)
2.ratio Trésorerie ratio <-2.5 <-1.3 <-0.1 <1.1 >1.1 -0.63
Immédiate119/Activité note 0 1 2 3 4 1.00 2 2.00
120
mensuelle (en mois)
3.ratio Dettes financières ratio >2.9 >1.9 >1.0 >0.1 >0.0 2.31
à terme/capa- note 0 1 2 3 4 1.00 1 1.00
cité d’autofinancement(en
années)
4.ratio Investissements ratio <0.2 <7.3 <14.3 <21.4 >21.4 7.1
bruts de l’exercice./valeur note 0 1 2 3 4 0.50 1 0.50
ajoutée (%)
5.ratio Frais de ratio >14.3 >9.2 >4.1 >-1.0 <-1.0 4.2
financement nets121/valeur note 0 1 2 3 4 1.00 2 2.00
ajoutée(%)
5.00 7.00
données comptables 1991 NOTE ABC = 7/20

complété par une appréciation du degré de suffisance des fonds propres de l’entreprise (dans
l’hypothèse où une crise grave et durable affecterait négativement la base de fonds propres de
l’entreprise à la suite de pertes répétées.

119 trésorerie immédiate= fonds de roulement net -besoins nets de financement de l’exploitation
120 activité mensuelle= produits d’exploitation hors taxes /durée de l’exercice en mois
121 frais de financement nets= charges financières +1/3 des redevances de crédit-bail - produits financiers

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148

Evaluation du ratio de consistance des fonds propres de l’entreprise


ratio situation
ABC ABC
6.ratio Fonds propres122 ratio <0.7 <2.8 <5.0 <7.1 >7.1 1.37
corrigés/0.20*valeur ajoutée note E D C B A D

données comptables 1991

Sur ces bases la note de la société ABC aurait été de 7/20.Là encore,le calcul des
notes de l’entreprise sur trois exercices consécutifs permet d’apprécier l’évolution dans le
temps de la situation de l’entreprise au cours de la période récente, et d’identifier une
éventuelle amélioration ou détérioration de cette position.

Par ailleurs cette note calculée de l’entreprise pour la dernière année fait l’objet
d’une comparaison avec la distribution des notes constatées pour un échantillon représentatif
de la clientèle de la banque : sont distinguées cinq classes d’entreprises selon l’importance de
leurs notes

classes d’entreprises note importance relative de la classe dans la distribution


des notes de l’échantillon
classe 1 (risque très élevé) 0à5 11%
classe 2 (risque élevé) 5à8 19%
classe 3 (risque moyen) 8 à 12 40%
classe 4 (risque faible) 12 à 15 21%
classe 5 (risque très faible) 15 à 20 9%
100%
données comptables 1991
pouvant être considérées comme autant de classes de risque.
Sur la base de la méthode d’évaluation utilisée par la banque C,la société ABC
devrait être considérée comme une entreprise de RISQUE ELEVE

Nous venons de présenter trois exemples d’évaluation d’une note tels qu’on peut
les observer: cette série d’exemples ne prétend pas à l’exhaustivité , et beaucoup d’autres
auraient pu, au même titre , être retenus.
Cette série des exemples présentés est toutefois suffisante pour illustrer les
caractéristiques des modalités de calcul d’une note actuellement utilisées:
un choix préalable par l’établissement bancaire de quelques ratios jugés bons
annonciateurs de risque,
l’adoption d’un système de pondération reflétant l’expérience de la banque en
ce domaine,un souci de comparaison sur plusieurs années de la note en question
et le souci de la situer ,à un moment donné, par rapport à la distribution des
notes observée au même moment pour l’ensemble de la clientèle de la banque.

Notons en outre que ,dans les établissements bancaires français , cette note est de
nature exclusivement financière,basée sur les seuls documents comptables et financiers de
l’entreprise,excluant notamment toute référence à la qualité des dirigeants. Ceci ne veut pas
dire que cette qualité des dirigeants n’est pas prise en considération, nous le verrons
122fonds propres corrigés =fonds propres + provisions pour risques et charges +prêts participatifs+comptes-
courants d’associés bloqués - non valeurs

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149

ultérieurement,mais qu’on a souhaité, pour des raisons de contrôle sans doute, disjoindre
totalement ces deux composantes de la prise de décision bancaire.

En conclusion de la présentation de ces diverses méthodes d'évaluation du risque d'un


demandeur de crédit s'appuyant sur l'expérience bancaire accumulée, notons toutefois que
l'indice obtenu ou la note obtenue, ainsi que l'affectation de l'entreprise à une classe de risque,
peuvent varier sensiblement d’une banque à l’autre , nous l’avons observé, selon la nature de
l'ensemble de ratios et la structure des poids retenus.A chacune de ces méthodes est associée
inévitablement une certaine dose d'arbitraire tant au niveau du choix des ratios représentatifs
qu'au niveau du choix de leur pondération et de la délimitation des classes de risque.
En raison de cet arbitraire sous-jacent à ces méthodes, celles-ci peuvent être
considérées comme sujettes à caution demeurent sujettes. Aussi assez récemment, s’est-on
efforcé d'affiner les méthodes précédentes, en faisant appel à des techniques scientifiques
d'analyse de données, susceptibles de nous permettre de déterminer analytiquement et
l'identité des ratios à retenir et les poids à leur conférer dans l'estimation finale. Leur
présentation fera l'objet du point 2 de cette section.

2 . L'Utilisation de " normes " définies au terme d'une analyse multi variée de comptes
financiers d'entreprises

Ce souci d''identification des facteurs pouvant permettre une prévision à terme des
faillites d'entreprises n'est pas récent. Nombreux sont les observateurs qui dès les années trente
et quarante se sont efforcés, a posteriori, de montrer qu'il y avait des différences significatives
dans l'évolution des ratios des entreprises selon qu'elles étaient saines ou en difficulté123124.
Toutefois, à cette époque il s'agissait plus d'une recherche de compréhension du phénomène
que d'une volonté de mettre en oeuvre un outil opérationnel de détection des entreprises en
situation difficile. Ce souci opérationnel est par contre manifeste dans les travaux de W.H.
BEAVER125 et E.I. ALTMAN126 les deux véritables pionniers de l'application des techniques
de " Crédit Scoring " à l'activité d'octroi de crédit aux entreprises, tous les deux s'efforçant au
terme d'une analyse simultanée de 2 échantillons d'entreprises, l'un constitué d'entreprises
ayant déposé leur bilan, l'autre constitué d'entreprises présumées saines du même secteur,
d'identifier les facteurs les plus pertinents pour prévoir suffisamment de temps à l'avance
l'échec futur des entreprises défaillantes:
- le premier, utilisant une technique de classification faisant appel à l'analyse
dichotomique, montrait que les ratios les plus prédictifs, parmi la trentaine des ratios étudiés,
étaient dans l'ordre

123P.J.FITZPATRICK A Comparison of Ratios of Successful Industrial Enterprises with those of Failed firms
CERTIFIED PUBLIC ACCOUNTANT oct. 1932 pp 598-605, Nov. 1932 pp 656-662, Dec.1932 pp 727-731.
124C.H. WINAKOR, R.F. SMITH Changes in Financial Structure of unsuccessful Industrial firms. Bulletin
n°51 (Urbana : University of Illinois Press, Bureau of Economic research. 1935).
125W.H. BEAVER Financial Ratios as Predictors of Failure, Empirical Research in Accouting Studies 1966
Supplement to vol;4 JOURNAL OF ACCOUNTING RESEARCH pp 71-127 et aussi
W.H. BEAVER Alternative Accounting Measures as predictors of Failure THE ACCOUNTING REVIEW
Jan. 1968 pp 113-122.
126E.I. ALTMAN Financial ratios discriminant analysis and the prediction of corporale bankruptcy
JOURNAL OF FINANCE Sept; 1968 pp 589-609.

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150

Nature Mauvais classement


des Ratios à 1 an à 2 ans à 3 ans à 4 ans à 5 ans
Cashflow annuel
le ratio ------------------- 13 % 21 % 23 % 24 % 22 %
Endettement total

Bénéfice net
le ratio ------------- 13 % 20 % 23 % 29 % 28 %
Actif total

Endettement total
le ratio ------------------- 19 % 25 % 34 % 27 % 28 %
Actif total

Fonds de Roulement net


le ratio --------------------------- 24 % 34 % 33 % 45 % 41 %
Actif total

Réalisable et Disponible
le ratio -------------------------- 20 % 32 % 36 % 38 % 45 %
Dettes à moins d'1 an
source: Beaver (1966)

-le second, utilisant la technique d'analyse discriminante linéaire multiple montrait


qu'il était possible d'identifier une fonction de 5 ratios seulement, capable de nous permettre de
prévoir 1 an à l'avance l'échec des entreprises défaillantes avec une chance de succès de l'ordre
de 94%.
De ces 2 contributions, c'est la seconde qui a eu le plus d'impact, justifié par la relative
simplicité de la technique utilisée, sa commodité d'emploi et sa capacité à intégrer plusieurs
ratios dans une même fonction d'évaluation, la fonction score.
C'est à la présentation des travaux les plus pertinents faisant appel à l'analyse
discriminante que nous nous limiterons dans les développements ci-après, à la suite d'un bref
exposé de l'analyse discriminante linéaire.

A. l'analyse discriminante linéaire : une brève présentation.

a) la technique de l'analyse discriminante.

Nous nous limiterons ici à l'analyse discriminante linéaire et à deux groupes :


- linéaire, la variante utilisée par ALTMAN dans ses travaux et par la plupart des
auteurs ayant adopté cette méthode de classification.
- à 2 groupes, l'enjeu pour un utilisateur potentiel étant de prévoir suffisamment de
temps à l'avance si une entreprise, candidate à un prêt bancaire, appartiendra au groupe des
entreprises saines (1er groupe) ou au groupe des entreprises défaillantes (2e groupe),
l'ensemble des situations particulières des entreprises concernées se ramenant à l'un de ces 2
groupes, et seulement à l'un de ces 2 groupes.

3 étapes de la méthode doivent être distinguées :

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


151

- la première étape correspond à la constitution de la banque de données, c'est à dire,


en l'occurence, la constitution de deux échantillons de base, l'un regroupant un ensemble
d'entreprises ayant au cours d'une période donnée été confrontées à un dépot de bilan, l'autre
regroupant un ensemble d'entreprises présumées saines n'ayant pas au cours de la même
période été confrontées au même problème. Dans l'un et l'autre cas, il appartiendra à
l'observateur de collectionner pour chaque entreprise les données comptables et financières
des n exercices antérieurs à l'année du dépot de bilan, et d'en tirer une base de X ratios jugés
significatifs de la situation financière de l'entreprise de l'année concernée.

- la seconde étape correspond à la phase d'analyse proprement dite, consistant à


étudier, via l'usage de la technique d'analyse discriminante, le potentiel prédictif de chacun des
ratios retenus, et la détermination de la fonction discriminante la plus efficace, telle que le
nombre d'erreurs de classement de la fonction discriminante appliquée à l'échantillon de départ
soit minimisé.

A supposer que dans une première étape l'on ne s'intéresse qu'à 2 ratios, l'un
représentatif de la rentabilité des entreprises concernées (X1) et l'autre représentatif de leur
niveau d'endettement (X2) et qu'après représentation graphique dans un système d'axes (X1,
X2) des caractéristiques financières des entreprises des 2 échantillons de base (les entreprises
connues pour avoir déposé leur bilan au cours de la période étant représentées par un x, les
entreprises saines par un o.) l'on obtienne le graphique suivant :

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


152

Les Etapes de l'Analyse discriminante linéaire multiple appliquée à la décision bancaire en


matière d'octroi de crédit.

| . identifier les caractéristiques financières X1, X2, ...Xn susceptibles d'aboutir à


| une fonction Z
| Z = a0 + b1 x1 + b2 X2 + b3 X3 + .... + bn Xn
Phase I | telle que : __ __
| Z1 et Z2 soient les plus éloignées possible
| la zone de recouvrement soit la plus faible possible
| le nombre de bons classements soit le plus élevé possible dans
| l'échantillon de référence et l'échantillon de validation.

| . évaluer le Zc, Z limite, en deçà duquel le banquier aurait intérêt à apporter une
| réponse négative à la demande de crédit, compte tenu
| a) des résultats statistiques obtenus à partir de la Fonction score
| b) du coût associé à une éventuelle erreur de classement du demandeur de
| crédit.
| q1 . C1
Phase II | Zc = Log ----------
| q2 . C2
| Zc = Z limite optimal
| q1 = probabilité a priori de non remboursement du Crédit
| q2 = probabilité a priori de remboursement du crédit
| C1 = coût de l'erreur de classement 1 (défaillante qualifiée de saine)
| C2 = coût de l'erreur de classement 2 (saine qualifiée de défaillante)

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153

la méthode d'analyse discriminante linéaire consiste à identifier la droite qui,


traversant le double nuage des points représentatif des 2 catégories d'entreprises ,aura le
meilleur pouvoir séparateur ( discriminant) des 2 populations d'entreprises, c'est à dire tel que
__ __
. la distance Z1 et Z2 soit maximisée
. la zone de recouvrement des 2 distributions des Z calculés pour les entreprises
appartenant aux 2 groupes soit la plus faible possible,
. le nombre de bons classements (entreprise défaillante classée comme défaillante
par le modèle, entreprise saine classée comme saine par le modèle) soit le plus
élevé possible tant dans l'échantillon de référence que dans l'échantillon de
validation.

Se situant dans un plan X1 O X2, la droite discriminante (fonction score) peut être
définie par une fonction de X1 et X2 , f (X1, X2) ,et peut être représentée par :

Z = a0 + b1 X1 + b2 X2

X1 et X2 étant les mesures des ratios retenus dans la fonction score résultante

b1 et b2 étant les valeurs des coefficients discriminants associés à chacun de


ces ratios

a0 étant une constante127, représentative de l'ensemble des ratios jouant un rôle


dans le phénomène observé (l'échec de l'entreprise) mais non pris en
considération dans la fonction résultante.

Z étant le score de l'entreprise pour un couple (X1, X2)

la fonction score la meilleure étant obtenue au terme d'une procédure pas-à-pas, consistant à
intégrer à la fonction Z les ratios, dans l'ordre de leur contribution discriminante128
f (X1)
f (X1, X2)
f (X1, X2, X3)
f (X1, X2, X3, X4)
................................
f (X1, X2, X3, X4, ...,Xn)

tant que le pouvoir discriminant de la Fonction score progresse avec l'introduction


d'un ratio supplémentaire, la fonction score retenue étant celle pour laquelle le % de bons
classements
x1 + y2
--------- des N entreprises de l'échantillon de base est maximisé (avec n variables).
N

127cette dernière pouvant être éventuellement égale à 0, si l'on adopte une variante particulière de la méthode
d'analyse discriminante, très largement employée, consistant à contraindre la constante a0 à prendre la valeur
zéro (constante forcée à l'origine).
128 _ _
bi σi ou bi (xi1 - xi2) selon les cas, la première ayant été notamment utilisée par ALTMAN (1968), la seconde
proposée par JOY et TOLLEFSON (1975).

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


154

groupes des entreprises déclarées


Défaillantes Saines
groupes Défaillantes x1 x2 x = x1 + x2 = effectifs dans l'échantillon
d'appartenance de base des entreprises défaillantes
réelle Saines y1 y2 y = y1 + y2 = effectifs dans l'échantillon
de base des entreprises saines
N = x+ y = effectifs totaux de
l'échantillon de base
bons classements = x1 + y2
mauvais classements = y1 + x2 = erreurs de type 2 + erreurs de type 1

Au terme de la procédure, l'analyste dispose d'une fonction discriminante de forme


générale
Z = a0 + a1 X1 + a2 X2 + a3 X3 + a4 X4 + ........+ an Xn

Z, le score, correspondant à la valeur d'une moyenne pondérée où les Xi sont les


ratios qui permettent de prévoir le mieux la réalité, et les ai les poids qu'il convient d'affecter à
chacun d'eux; ce Z apparaît donc comme une note synthétique unique, comme dans les
exemples étudiés précédemment, mais qui a toutefois l'avantage par rapport à ces exemples
antérieurs, d'être moins subjective dans la mesure où tant le choix des ratios de la fonction Z
que les poids accordés à chacun d'eux ne sont pas laissés au libre-choix de l'utilisateur, mais
résultent directement de l'objectif recherché à travers l'usage de la technique d'analyse
discriminante, à savoir l'identification la plus précise possible de l'identité des entreprises qui
feront l'objet d'une procédure judiciaire.
Dans ce cadre de référence, l'entreprise aura d'autant moins de chances de faire faillite
que le Z calculé à partir de ses caractéristiques financières sera plus élevé.

- la troisième étape correspond à la phase de validation des résultats trouvés :


pour pouvoir utiliser la fonction score à des fins prévisionnelles, encore convient-il de vérifier
sa pertinence à partir d'un autre échantillon que celui à partir duquel elle a été calculée.
Seuls les résultats obtenus (% de bons classements) à partir d'un autre échantillon que
l’échantillon initial (l'échantillon de validation) permettront de juger du caractère prédictif de la
fonction obtenue, celle-ci étant d'autant meilleure que le taux de bons classements, pour
chacune des années précédant l'année du dépot de bilan, sera plus proche de 100 %.
La fonction score obtenue sera en outre d'autant meilleure qu'elle fournira longtemps
de bons résultats dans le cadre de son exploitation bancaire courante, tout affaiblissement
constaté de son pouvoir discriminant nécessitant une refonte de cette fonction discriminante
sur les bases qui ont été développées précédemment.

- Règle de décision bancaire et analyse discriminante : le score-limite Zc

Lors de la présentation précédente, nous avons fait référence à la notion de


score, plus ou moins élevé selon la qualité du demandeur de crédit. Dès lors, une règle de
décision possible en matière d'octroi de crédit, pourrait être de s'appuyer sur le score obtenu,
calculé à partir de la fonction discriminante obtenue, pour un demandeur de crédit. A titre
d'exemple, à un score Z calculé inférieur à 0 serait associée un refus de crédit, à un score Z
calculé supérieur à 0 serait associé un accord de crédit. Z = 0 jouerait ici le rôle d'un score-
limite, élément essentiel de la décision.

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


155

Ce choix du niveau Zc = 0 est toutefois ici tout à fait arbitraire. Il nous reste
à préciser le mode de détermination de Zc, après prise en considération des facteurs censés
influencer le choix d'un tel niveau de Zc.

Un premier élément d'appréciation est l'observation des limites de la zone de


recouvrement (cf; graphique précédent) Zl Zm, correspondant à l'étendue de variation du Z
calculé pour laquelle on ne saurait dire si un Z calculé appartenant à cette zone doit être
associé à une entreprise saine ou à une entreprise défaillante. A cette zone de recouvrement
correspond une zone d'incertitude dans l'utilisation des résultats du modèle, à l'inverse des
autres zones pour lesquelles le modèle fournit une réponse non ambigüe (sociétés défaillantes
si Z < Zl, sociétés saines si Z > Zm). Face à cette situation, une première solution pourrait être
de limiter l'utilisation du modèle aux 2 catégories extrêmes, l'abandonnant pour le traitement
de la partie centrale, au risque d'éliminer du diagnostic bon nombre de dossiers intermédiaires.
Une seconde solution pourrait être, au terme de cette première étape, de
mettre l'accent sur les cas à problème et d'envisager une seconde analyse discriminante sur
l'échantillon réduit des dossiers incertains, et de mettre à jour une fonction discriminante
complémentaire susceptible d'opérer le tri entre entreprises défaillantes et entreprises saines,
les premières seules posant problème.
Une troisième solution, plus simple, consiste à déterminer par le calcul un
score limite Zc, se situant entre Zl et Zm, qui, unique, départagera le domaine de variation de
Z en 2 zones et non trois comme dans la 1ère solution, et sur la base duquel sera prise la
décision d'affecter telle ou telle entreprise à telle ou telle classe. C'est la troisième solution qui
a été la plusfréquemment retenue par les divers utilisateurs de l'analyse discriminante linéaire
multiple appliquée à la décision d'octroi de crédit.129

Cette troisième solution consiste à calculer un seuil qualifié de seuil-critique ou de


score-limite Zc, d'expression générale :

q1.C1
Zc = Log ---------
q2.C2

avec Zc = seuil-critique ou score -limite


q1 = probabilité a priori de faillite de l'entreprise
q2 = probabilité a priori de non faillite de l'entreprise
C1 = coût de l'éventuelle erreur de classement de type 1 (consistant à
déclarer saine, au terme de l'utilisation du modèle une entreprise
qui déposera ultérieurement son bilan. Dans ce cas de figure, le
coût de l'erreur correspond à la perte sèche de la partie du capital non encore remboursée à la
date du dépot de bilan,qui ne pourra pas être recouvrée par celle-ci.
C2 = coût de l'éventuelle erreur de classement de type 2 (consistant à
déclarer défaillante, au terme de l'utilisation du modèle, une
entreprise qui finalement échappera au dépot de bilan.. Le fait pour
la banque de l'avoir considérée comme défaillante potentielle, et de
lui avoir refusé le crédit qu'elle demandait, aura pour la banque un
coût, le coût d'opportunité associé au produit net bancaire perdu du
129laseconde ayant été notamment retenue dans l'application 1984 de la fonction score Banque de France que
nous analyserons plus loin avant d'être abandonnée quelques années plus tard lors de sa reformulation et
extension.

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


156

fait de ne pas avoir réalisé cette opération de prêt ou ,si le client à


la suite de ce refus cesse toute relation d’affaires avec elle,le coût d’opportunité associé à la
perte de la totalité du Produit net bancaire global qu’aurait assurée l’entreprise à
l’établissement bancaire au cours des années ultérieures.

A titre d'exemple , dans le cas d'une situation où q1 et q2 seraient estimés


identiques (q1 = q2 = 0.50) et où C1 et C2 seraient également estimés identiques, la
formulation précédente conduirait à un Zc égal à
Zc = Log 1 = 0
le niveau 0 constituant alors le score-limite en deçà duquel toute entreprise sera
considérée comme potentiellement défaillante, au delà duquel toute entreprise sera considérée
comme saine.
Il convient toutefois de considérer que les probabilités a priori de dépot de bilan
dans une économie donnée sont différentes de la probabilité associée à l'échantillon de
référence. Ansi, dans l'économie française estime t-on actuellement à 3,3 % environ le taux
annuel de défaillance d'une société industrielle estimé sur la base de la comparaison entre les
dépots de bilan constatés et les effectifs de sociétés en activité. q1 et q2 peuvent donc être
estimés respectivement ,sur un horizon de 3 ans,à 10 % et 90%.

Il convient également de considérer que les coûts C1 et C2,les coûts des


erreurs de classement potentielles ne sont pas non plus de même ampleur. A supposer que l'on
estime C1 cinq fois plus coûteuse que C2 , Zc devient alors :

0.10x 5
Zc = Log --------------- = Log (0.555) = - 0.59
0.90x 1

la règle de décision bancaire étant désormais ce nouveau seuil, traduisant une


plus grande disposition du système bancaire à prêter, compte tenu du rapport retenu des coûts
des erreurs de classement éventuelles, et d'une estimation plus faible du taux de faillite
potentielle des entreprises concernées à l'échelon national.

B- Les premières applications de la méthode d'analyse discriminante linéaire à la


prévision de faillite d'entreprises aux Etats-Unis.

Il s'agit essentiellement des travaux de E.I. ALTMAN130 qui, seul ou en collaboration


avec divers auteurs, a contribué à donner à l'analyse discriminante une place de choix dans
l'arsenal des techniques bancaires applicables à la prévision de faillites d'entreprises.

- le modèle initial de ALTMAN (1968)

Cette première étude d'ALTMAN porte sur un échantillon de 66 entreprises


industrielles (33 entreprises saines, 33 entreprises ayant été soumises à la procédure de mise en
faillite durant la période 1946-1965), ayant donné lieu au pré-calcul de 22 ratios de liquidité,
rentabilité, endettement et activité, pris parmi les ratios les plus fréquemment utilisés dans les
établissements bancaires américains.

130E.
I. ALTMAN Financial ratios, discriminant analysis and the prediction of corporate bankruptcy
JOURNAL OF FINANCE September 1968 pp 529-609.

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157

l'application de la procédure d'analyse linéaire discriminante multiple telle


qu'elle vient d'être présentée a conduit à l'émergence de la fonction discriminante optimale
suivante :

Z = 0.012 X1 + 0.014 X2 + 0.033 X3 + 0.006 X4 + 0.999 X5

avec X1 = Fonds de Roulement / Actif total


X2 = Réserves / Passif total
X3 = Résultat avant intérêts et impôts / Actif total
X4 = Capitalisation boursière / Ensemble des dettes
X5 = Chiffre d'affaires / Actif total

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158

MODELE INITIAL de ALTMAN (1968)

Z = 0.012X1 + 0.014X2 +0.033X3 + 0.006X4 + 0.999X5


avec contributions relatives des variables131
_ _ _ _
xi1 xi2 bi(xi1 - xi2) rang
X1 = Fonds de roulement/ Actif total 0.414 - 0.061 0.570 132 4
X2 = Réserves/Passif total 0.355 - 0.626 1.373 2
X3 = Résultat avant intérêts et impots/Actif total 0.153 -0 318 1.554 1
X4 =Capitalisation boursière/Dettes totales 2.477 0.401 1.246 3
X5 = Chiffre d'affaires/Actif total 1.900 1.500 0.400 5
----------------
Z1 - Z2 = 5.143

Industrie Entreprises de CA< 25 millions de $


Reclassements corrects
a) échantillon de référence
faillite non faillite total
Echantillon de référence à 1 an 94 % 97 % 95 %
33 défaillantes à 2 ans 72 % 94 % 83 %
33saines à 3 ans 48 % n.d. n.d.
période de référence :1946-1965 à 4 ans 29 % n.d. n.d.
à 5 ans 36 % n.d. n.d.

b) échantillon de validation
faillite non faillite total
Echantillon de validation à 1 an 96 % 79 % 84 %
25 défaillantes à 2 ans n.d. n.d. n.d.
66 saines 133 à 3 ans n.d. n.d. n.d.
période de validation : 134 à 4 ans n.d. n.d. n.d.
22 ratios étudiés à 5 ans n.d. n.d. n.d.
(calculés à partir des données publiées)
avec pour 1 an Zl = 1.81 Zm = 2.99 et Zc =2.675

131 calculées selon la méthode proposée par O.M. JOY et J.O. TOLLEFSON( on the financial applications of
discriminant analysis JOURNAL OF FINANCIAL AND QUANTITATIVE ANALYSIS December 1975 pp
723-739.).Cette méthode correspond en fait à la procédure de calcul du D2 de MAHALANOBIS. Les chiffres
présentés ligne après ligne dans la colonne correspondante fournissent la partie de l’écart existant entre les z
moyens des 2 groupes,imputable à chacun des ratios concernés.La comparaison des valeurs absolues de ces
chiffres permet d’évaluer directement le pouvoir discriminant de chacun des ratios(solution retenue ici );une
autre solution aurait consisté à évaluer le pouvoir discriminant relatif de chacun des ratios en faisant le rapport
entre la contribution spécifique du ratio et la contribution totale de l’ensemble des ratios de la fonction
score:dans ce dernier cas,le pouvoir discriminant du ratio s’apprécie par un pourcentage. Notons toutefois que
dans l’un et l’autre cas le classement des ratios est rigoureusement le même.
132recalculés selon la méthode de JOY et TOLLEFSON à partir du Tableau 1 page 596 de ALTMAN (1968).
133échantillon d'entreprises saines tout à fait particulier dans la mesure où les entreprises choisies, n'ayant pas
déposé leur bilan au cours de la période étudiée, n'en présentaient pas moins un caractère certain de fragilité
(existence d'une perte comptable constatée).
1341946-1965 pour les entreprises défaillantes
1959-1962 pour les entreprises " saines ".

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159

laissant prévoir correctement un an à l'avance pour 95% des entreprises la situation (faillite ou
non faillite) qui allait être la leur135 dans l'échantillon initial, et pour 84% des entreprises dans
l'échantillon de validation.
Notons toutefois que la performance de ce premier modèle, s'avère moins
concluante lorsqu'on étend la période d'observation puisque, même pour l'échantillon initial, au
delà de 2 ans, durée pour laquelle la performance reste correcte (72% des entreprises
défaillantes identifiées), celle-ci faiblit rapidement pour les années antérieures t-3, t-4, t-5 au
point de ne fournir que des taux de réussite inférieurs136 à ce qu'aurait fourni un simple tirage
au hasard. Ces résultats médiocres pour les années les plus lointaines allaient toutefois être
corrigés lors des études ultérieures.

- le modèle ZETA de ALTMAN, HALDEMAN et NARAYANAN (1977)

Cette étude complémentaire porte sur un échantillon de 111 entreprises


industrielles et commerciales (58 entreprises saines, 53 entreprises ayant été soumises à la
procédure de mise en faillite durant la période 1969-1975), s'appuyant sur une base de 28
ratios calculés à partir de documents comptables et financiers retraités.

L'application de la procédure d'analyse discriminante linéaire multiple


conduit cette fois à une fonction optimale de 7 variables, dont les caractéristiques sont
présentées dans le tableau suivant :

135dont un reclassement correct de 97% des sociétés saines et de 94% des sociétés appelées à faire l'objet dans
l'année d'une procédure judiciaire.
13648% en t-3, 29% en t-4, 36% en t-5.

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160

MODELE ZETA de ALTMAN, HALDEMAN et NARAYANAN (1977)

Z = .....X1 + .....X2 + .....X3 + ......X4 + .....X5 + ......X6 + .....X7137

avec
contributions relatives des variables138
_ _ _ _
xi1 xi2 bi(xi1-xi2) rang
X1 = Résultat avant intérêt et impôt/Actif total 0.112 -0.006 n.d. 5
X2 = 1/σ (Résultat avant intérêt et impôt/Actif 5.784 1.687 n.d. 2
total)
X3 = log(Résultat avant intérêt et 1.162 0.962 n.d. 7
impôt:Charges financières)
X4 = Réserves/Passif total 0.293 -0.001 n.d. 1
X5 =Ratio de Liquidité générale(ou ratio de 2.604 1.576 n.d. 4
Fonds de Roulement)
5
X6 = ∑ Cap boursière/Capitaux permanents 1.845 0.611 n.d. 3
1
(estimé à partir des valeurs de marché)
X7 = log (Actifs totaux)139 2.222 1.985 n.d. 6
-----------------
Z1 -Z2 =7.20140

Industrie (61 entreprises) et Commerce (50 entreprises)


entreprises dont le chiffre d'affaires était supérieur à 25 millions de $
Reclassements corrects
a/ échantillon de référence
faillite non faillite total
Echantillon de référence à 1 an 96.2 % 89.7 % 92.8 %
53 défaillantes (29 industrielles) à 2 ans 84.9 % 93.1 % 89.0 %
(24 commerciales) à 3 ans 74.5 % 91.4 % 83.5 %
58 saines (32 industrielles) à 4 ans 68.1 % 89.5 % 79.8 %
(26 commerciales) à 5 ans 69.2 % 82.1 % 76.8 %
période de référence : 1969-1975
avec pour 1 an Zl = -1.45 Zm = +0.87 et Zc = -0.337
28 ratios étudiés (calculés à partir de données retraitées)
b/ échantillon de validation
( pas d'échantillon de validation)

137les coefficients bi de la fonction discriminante n'étant pas fournis , réservés à l'établissement bancaire (
Wood, Struthers et Winthrop) ayant fourni la banque de données et financé la recherche.
138critère de JOY et TOLLEFSON
139notons ici une ambiguité dans la contribution de ALTMAN, HALDEMAN et NARAYANAN la variable X7
étant définie dans le texte comme représentant le total des actifs, et en annexe comme le total des actifs
corporels (Tangible Assets)
140estimation à partir du graphique 1 de la page 49 de l'article de ALTMAN, HALDEMAN et NARAYANAN.

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161

Dans l'ensemble les performances de ce nouveau modèle à 7 variables s'avèrent


très sensiblement supérieures à celles du modèle précédent puisqu’ il autorise un reclassement
correct des entreprises de l'échantillon avec des taux importants, y compris pour les années les
plus éloignées du dépot de bilan.
Certes on peut regretter que n'aient pas été fournies de données relatives à un
échantillon de validation qui ,seules ,auraient pu nous autoriser à conclure à la réussite totale
du modèle, et que les responsables de la banque commanditaire n'aient pas autorisé la
publication des coefficients discriminants de la fonction. On comprend toutefois, que
l'établissement ayant financé l'étude et apporté son concours à la réalisation de celle-ci se soit
réservée la possibilité d'en faire une vérification en vraie grandeur à partir de son fichier clients
En tout état de cause les résultats de cette étude donnent du crédit à l'utilisation
de la technique d'analyse discriminante linéaire multiple dans le cadre de la décision d'octroi de
crédit aux entreprises. Aussi ne faut-il pas s'étonner si, à la suite des travaux de ALTMAN,
beaucoup d'auteurs se sont efforcés d'adapter l'outil à leur propre environnement. Tel a été
notamment le cas pour un certain nombre d'auteurs français ou d'institutions financières
françaises, dont nous présenterons dans la section suivante les travaux les plus intéressants en
ce domaine.

C- Quelques applications de la méthode d'analyse discriminante linéaire multiple à


la prévision de faillite d’entreprises en France.

Nombreuses en ont été les applications en France. Parmi les principaux


auteurs ayant contribué à ce développement de l'usage de l'analyse discriminante dans notre
pays ,citons notamment : ALTMAN, MARGAINE, SCHLOSSER et VERNIMMEN141,
COLLONGUES142, CONAN et HOLDER143, HOLDER, LOEB et PORTIER144 et les
responsables successifs des travaux effectués au sein de la Banque de France à partir de
l'exploitation des données de sa Centrale de bilans.145146147148149150169170
141 E.I. ALTMAN, M. MARGAINE, M. SCHLOSSER, P. VERNIMMEN Financial and Statistical Analysis
for Commercial Loan evaluation : a French Experience JOURNAL OF FINANCIAL AND QUANTITATIVE
ANALYSIS March 1974 pp 195-211 (ou en français M.SCHLOSSER et VERNIMMEN Gestion
bancaire :Nouvelles Méthodes et Pratiques ,Dalloz 1974, pp.106-49
présentant une application de la méthode à un échantillon de 134 sociétés françaises du secteur "Laines et
Cotons" suivies sur la période 1968-1971. Sur ces 134 sociétés, 35 avaient eu au cours de la période étudiée des
incidents de paiement, et l'objectif de l'étude était d'étudier si une procédure analytique du type précédent était
en mesure de laisser prévoir correctement, grâce aux informations financières tirées des documents comptables
et financiers de ces sociétés, et suffisamment de temps à l'avance, l'arrivée de tels incidents, et d'en déduire à
l'usage du secteur bancaire une norme d'acceptation par celui-ci des demandes de crédit présentées.
Dans l'ensemble les résultats obtenus furent assez décevants puisque la fonction discriminante de 10
ratios obtenue ne reclassait à 1 an que 62% des observations de l'échantillon de référence.
142 Y. COLLONGUES Ratios financiers et prévision des faillites des petites et moyennes entreprises
BANQUE n°365 Septembre 1977.
143 J. CONAN, M. HOLDER Variables explicatives de performances et contrôle de gestion dans les PMI.
Thèse d'Etat en Sciences de Gestion Université Paris IX 1979
144 M. HOLDER, J. LOEB, G. PORTIER Le Score de l'entreprise Paris : Nouvelles Editions Judiciaires 1984.
145 B. MICHA, S. GHESQUIERE L'analyse des défaillances d'entreprises
rapport présenté lors de la IXe Journée des Centrales de bilans du 16 Juin 1983.
146 B. MICHA Prévoir la défaillance des Entreprises ENTREPRISE ET BANQUE n°69 Septembre 1984 pp
13-21 et n°70 Octobre 1984 pp 11-21.
147 M. BARDOS Le risque de défaillance d'entreprise Cahiers Economiques et Monétaires n°19 4e Trimestre
1984 pp 1-190.
148 BANQUE DE FRANCE La détection précoce des difficultés d'entreprises par la méthode des scores Note
d'Information n°65 Septembre 1985 pp 1-24.

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162

Nous nous limiterons ici quant à nous à la présentation de 2 séries de travaux


portant sur des PME industrielles, la première effectuée par CONAN et HOLDER, la seconde
représentative de l'expérience accumulée au sein de la Centrale de bilans de la Banque de
France.151

- la fonction score de CONAN et HOLDER (1979)152

Cette première contribution porte sur un échantillon de 190 PME


industrielles (95 entreprises saines, 95 entreprises défaillantes ayant été soumises à la
procédure de mise en faillite durant la périod), s'appuyant sur un ensemble de 31 ratios.
L'application de la procédure d'analyse discriminante linéaire multiple a
conduit les 2 auteurs à proposer la fonction discriminante optimale à 5 variables dont les
caractéristiques sont présentées dans le tableau suivant :

149 M. BARDOS PME du BGCA ratios significatifs et détection du risque : trois méthodes d'analyse
discriminante CAHIERS ECONOMIQUES ET MONETAIRES n°33 2e Trimestre 1989.
150 M. BARDOS Méthode des scores de la Centrale des bilans BANQUE DE FRANCE Centrale des Bilans
Septembre 1991 pp 1-65.
169 M.BARDOS Délais de paiements et détection précoce des défaillances d’entreprises BULLETIN DE LA
BANQUE DE FRANCE 1er Trimestre 1994 Supplément Etudes pp.97-103
170 M.BARDOS Les défaillances d’entreprises dans l’industrie:ratios significatifs,processus de
défaillances,détection précoce BANQUE DE FRANCE Observatoire des entreprises noB 95 janvier 1995 pp.1-
87
151Chacun de ces travaux ayant été ultérieurement étendu à d'autres secteurs d'activité (BTP, Commerce de
Gros et Transport pour la première (HOLDER, LOEB, PORTIER) en 1984, Bâtiment Gros oeuvre et génie
Civil pour la seconde (BARDOS) en 1988. Compte tenu de la priorité donnée ici à l'analyse des PME
industrielles, seules ont été retenues les contributions concernant ces dernières, la présentation des principaux
résultats concernant les autres secteurs d'activité étant repoussée en Annexe 2
152la fonction originale ayant été reformulée par l'un des auteurs lors d'un élargissement du champ
d'application de la fonction, c'est à cette reformulation que nous nous référons; elle a pour principal avantage de
permettre une comparaison directe avec les travaux précédents, aboutissant, contrairement à la fonction
originale, à un calcul du Z d'autant plus faible que l'entreprise a de chances d'être confrontée à un dépot de
bilan.

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163

FONCTION SCORE DE CONAN et HOLDER (1979) PME DE L'INDUSTRIE

Z = + 24 X1 + 22 X2 + 16 X3 - 87 X4 - 10 X5

avec contributions relatives des variables153


_ _ _ _
xi1 xi2 bi(xi1-xi2) rang
X1 = EBE/Endettement global nd nd 2.88 1
X2 = Capitaux permanents/Passif total nd nd 1.32 3
X3 = Réalisable et Disponible/Actif total nd nd 1.76 2
X4 = Frais Financiers/chiffre d'affaires ht nd nd 1.30 4
X5 = Frais de personnel/valeur ajoutée nd nd 1.30 5
------------
Z1-Z2 = 8.56

INDUSTRIE
entreprises PME indépendantes
d'effectifs<500 salariés

Reclassements corrects

Echantillon de référence a/ échantillon de référence


faillite non faillite total
95 défaillantes à 1 an 84 % nd nd
95 saines à 2 ans 64 % nd nd
période de référence : 1970-1975 à 3 ans 55 % nd nd

Echantillon de validation b/ échantillon de validation


faillite non faillite total
46 défaillantes à 1 an 86 % nd nd
à 2 ans 68 % nd nd
période de validation : 1975-1978 à 3 ans 75 % nd nd
31 ratios étudiés

153 critère de JOY et TOLLEFSON.

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164

Une innovation est à porter au crédit des auteurs de cette première


contribution : celui d'avoir associé un lien entre un niveau Z donné et une probabilité de
défaillance, conférant une précision plus grande à la règle de décision. Celle-ci se limitait
jusque là à associer à une entreprise, selon la valeur calculée du score pour celle-ci, le
qualificatif de saine ou de défaillante potentielle. L'adjonction d'une loi de probabilité de
défaillance ,proposée par CONAN et HOLDER, permet en outre d'étalonner les entreprises
étudiées selon leur niveau de risque présumé. Cette innovation sera reprise et étendue, nous le
verrons plus loin, dans la fonction score de la Banque de France.

- Les Fonctions score Z, Y1 et Y2 de la Banque de France (1983) pour les PME


industrielles

Pour élaborer ces fonctions score, la Banque de France disposait, depuis la


création de la Centrale de bilans, des documents comptables et financiers d'un nombre
important d'entreprises, dont 2200 en moyenne chaque année répondaient à la caractéristique
de « PME industrielle de moins de 500 salariés imposable à l'Impôt sur les sociétés », et d'un
échantillon complémentaire, constitué à cette seule fin, de 1348 entreprises ayant fait l'objet
d'une procédure légale ou ayant disparu à la suite de difficultés au cours de la période étudiée.

Un préalable à l'étude était de constituer la population de référence de


l'étude, en l’occurrence 3 échantillons d'entreprises de risque croissant :
- 1150 entreprises présentes sur toute la période d'étude 1971-
1979 dont les ratios calculés ont des valeurs ne s'éloignant pas trop des ratios moyens des
entreprises de l'échantillon, ces entreprises étant qualifiées de "saines"
- 300 entreprises environ chaque année, également présentes sur
toute la période d'étude, mais dont les ratios s'écartent des ratios moyens de l'échantillon au
moins une des années de la période, et qui, ayant a priori un degré de risque plus élevé que les
précédentes, sont qualifiées de "vulnérables"
- 514 entreprises, prises parmi les 1348 entreprises ayant subi un
constat d'échec (dépot de bilan au cours des années 1975 à 1980), ces entreprises étant
qualifiées de "défaillantes" :

l'objectif de l'étude étant d'établir la meilleure fonction score à n ratios


susceptible d'être utilisée comme un véritable indicateur de risque par l'utilisateur banquier
C'est finalement à un recours successif à deux fonctions score Z et Y1 ou Z
et Y2 qu'aboutit la recherche menée au sein de la Centrale des Bilans de la Banque de France.

. La Fonction score Z

Le tableau ci-après présente, sur des bases comparables aux


précédentes, les caractéristiques de la fonction score Z jugée la plus pertinente, obtenue sur la
base d'un regroupement des 264 défaillances d'entreprises constatées sur les années 1977-
1978-79, comparaison faite, à partir de 19 ratios154, avec 264 entreprises saines suivies sur la
même sous-période.

154certains des ratios faisant l'objet de bornage lorsqu'est constatée une discontinuité dans l'évolution du ratio
liée à la modification du signe du numérateur ou du dénominateur du ratio concerné; dans ce cas, à la valeur
réelle observée du ratio est substituée une valeur théorique du ratio correspondant à µ +5σ (valeur plafond) ou à
µ -5σ (valeur plancher) µ et σ étant respectivement la valeur moyenne du ratio dans l'échantillon et son écart-
type). Les divers ratios et les modalités de leur bornage sont présentées dans les tableaux présentés ci-après.

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165

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166

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167

FONCTION SCORE Z DE LA BANQUE DE FRANCE PME INDUSTRIELLES

100Z = -85.544-1.255X1+2.003 X2-0.824X3+5.221 X4-0.689 X5-1.164 X6+0.706X7+1.408X8

avec contributions relatives des variables155


_ _ _ _
xi1 xi2 bi(xi1 - xi2) rang
X1 = Frais financiers/Résultat Economique brut(%) 38.8 88.6 62.499 1
X2 = Ressources stables/Capitaux investis (%) 86.7 73.2 27.041 2
X3 = Capacité d'autofint./Endettement global (%) 30.2 19.0 - 9.229 5
X4 = Résultat Economique brut/Chiffre d'affaires h.t.(%) 8.7 4.7 20.884 3
X5 = Dettes Commerciales/Achats ttc (jours) 89.8 107.1 11.920 4
X6 = Taux de variation de la Valeur ajoutée (%) 12.4 11.0 - 1.629 7
X7= Stocks et encours - Avances clients+ 79.7 78.3 0.988 8
créances d'exploitation/production (jours)
X8 = Investissements physiques/Valeur ajoutée (%) 11.6 8.5 4.365 6
_ _
100(Z1 - Z2) = 116.8
INDUSTRIE
Entreprises PME
d'effectifs<500 salariés
soumises à l'I.S.156
Reclassements corrects

Echantillon de référence a/ échantillon de référence

faillite non faillite total


264 défaillantes à 1 an 80.3% n.d. n.d.
264 saines à 2 ans 72.4% n.d. n.d.
période de référence : 1977-79 à 3 ans 67.9% n.d. n.d.
avec pour 1 an Zl = -0.25 Zm = +0.125

Echantillons de validation b/ échantillon de validation


6 échantillons de validation
éch.1(défaillantes de 1975) 71 défaillantes, 83 saines
éch.2(défaillantes de 1976) 88 défaillantes, 83 saines
éch.3(défaillantesde 1977) 91 défaillantes, 83 saines
éch.4(défaillantes de 1978) 89 défaillantes, 83 saines
éch. 5(défaillantes de 1979) 70 défaillantes, 83 saines
éch.6(défaillantes de 1980) 105 défaillantes, 83 saines
faillite non faillite total
période de validation : 1972-1979 à 1 an de 78.1% à 90.9% de 74.7% à 83.1% de 76.6% à 87.1%
à 2 ans de 63.8% à 78.7% de 75.9% à 88.0% de 71.8% à 79.9%
à 3 ans de 58.3% à 74.2% de 75.9% à 89.2% de 68.2% à 77.9%

19 ratios étudiés (données retraitées)

155critère de JOY et TOLLEFSON


156population Centrale des Bilans (PME industrielles) 1971-1979
1348 entreprises qualifiées de défaillantes au titre des années 1975 à 1980
1150 entreprises présentes sur toute la période 1971-1979 qualifiées de "normales"
environ 300 entreprises chaque année de la période 1972-1980 qualifiées de "vulnérables".

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168

FONCTION SCORE Z APPLICABLE A TOUTE ENTREPRISE INDUSTRIELLE

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169

La première étape du système de détection repose sur le calcul du Z de l'entreprise


analysée, sur la base de la fonction discriminante linéaire multiple. De la valeur du Z calculée
sera déduite la position de risque de l'entreprise.
. si Z > 0.125, l'analyste en déduira que l'entreprise étudiée a de fortes chances
d'être saine.
. si Z < -0.25, il en déduira qu'elle a de fortes chances d'être confrontée à des
difficultés au cours des exercices prochains.
. si -0.25 < Z < + 0.125, c'est à dire lorsque Z appartient à la zone de
recouvrement des distributions des Z calculés des 2 populations de base (entreprises saines et
entreprises défaillantes), il ne pourra conclure sur la base du seul Z de l'entreprise.
Il s'agit là d'une approche probabiliste, la certitude du dépot de bilan ou à
l'inverse de l'assurance de non -difficulté n'étant pas envisageable : pour s'en assurer, il suffit
d'analyser la distribution des Z calculés pour l'ensemble des entreprises de la population de la
Centrale des bilans appartenant aux 2 situations extrêmes étudiées (entreprises normales,
entreprises défaillantes).

graphique Distribution des scores Z des entreprises normales et défaillantes

Le tableau ci-dessus montre très clairement l'importance de la zone de


recouvrement entre les 2 populations : ce n'est guère que pour la zone - ∞, - 1.875 que la
qualification de l'entreprise est non-ambiguë, 100% des entreprises de cette zone pouvant être
qualifiées de potentiellement défaillantes. Pour toutes les autres zones de l'intervalle de
variation du Z, il en va autrement; à chacune d'elles correspond un pourcentage d'entreprises
défaillantes, et un pourcentage d'entreprises saines, le pourcentage d'entreprises défaillantes
probables décroissant, il est vrai, au fur et à mesure que Z croît. D'où l'intérêt d'associer à un Z
donné, une probabilité de défaillance, innovation de CONAN etHOLDER , reprise ici dans le
cadre des travaux de la Centrale des bilans de la Banque de France.

Les analystes de la Centrale vont toutefois plus loin, à juste raison, en


considérant que les pourcentages de défaillance calculés à partir du graphique précédent sont
largement surestimés157 et doivent être corrigés au prorata des pourcentages de sociétés
défaillantes, vulnérables et saines existant dans la population. Si l'on fait l'observation que
globalement le taux de défaillance effective des PME industrielles était ,à l’époque de
l’étude,de l'ordre de 2 à 2.5% annuellement de la population totale de PME industrielles, et si
l'on étend à cette population totale de PME industrielles, les proportions de vulnérables et
saines constatées dans l'échantillon suivi par la Centrale des bilans (respectivement 21% et
75% de cette population totale), il convient de corriger au prorata de ces divers pourcentages
(appelées probabilités a priori) les distributions précédentes des Z calculés .

157en raison même des poids sensiblement équivalents accordés dans l'échantillon aux effectifs de sociétés
saines et effectifs de sociétés défaillantes (50%-50%); on observe en effet que les entreprises à Z défavorable
(Z<-0.25); représentaient à elles seules 26.2% du total des entreprises de l'échantillon de référence, alors que
réellement le taux de défaillance annuel n'excédait pas 2 à 2.5% des effectifs réels de ce type d'entreprises.

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170

Distribution des scores Z des entreprises Normales et Défaillantes

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171

Distribution des scores Z Histogrammes par catégories d’entreprises

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172

Le résultat de cette correction selon les probabilités a priori considérées est


présenté au graphique ci-dessous

Graphique I Note d'information p.10

dont on peut déduire les probabilités a posteriori d'identification d'une


entreprise défaillante, vulnérable, normale présentées en bas de tableau.
le score jouant un rôle d'identification d'une défaillance possible d'autant
meilleur, pour un intervalle donné de variation de Z, que la probabilité a posteriori de
détection d'une société défaillante est supérieur au taux réel observé, la zone d'incertitude
retenue étant l'intervalle de variation de Z pour lequel coïncident approximativement
probabilités a posteriori et probabilités a priori.(soit l'intervalle -0.25, +0.125)

La règle de décision précédente permet de reclasser sans ambiguité et


l'ensemble des entreprises dont le score est inférieur à -0.25 (entreprises potentiellement
défaillantes) et l'ensemble des entreprises dont le score est supérieur à +0.125 (entreprises
potentiellement saines), laissant toutefois incertaine la qualification des entreprises dont le
score est compris entre -0.25 et +0.125 (une entreprise sur 6 environ).C’est à une tentative de
reclassement de ces entreprises résiduelles que correspond l’évaluation des fonctions score
complémentaires Y1 et Y2.

. Les fonctions complémentaires Y1 et Y2

Rappelons que l'objet du processus engagé est d'identifier avec le moins


de risque d'erreur possible la défaillance éventuelle d'une entreprise. Le fait de calculer un
score Z < -0.25 pour l'une d'entre elles est une première étape importante. Toutefois,
l'observation du tableau précédent montre qu'une telle entreprise présumée défaillante sur la
base de ce critère de décision a près de 70% de chances d'échapper au dépot de bilan pour un
score inférieur à -1.875 et 83% de chances d'y échapper pour un score compris entre -1.875 et
-0.25.
Aussi pour affiner ces évaluations, et le processus de décision en matière
d'octroi de crédit, les auteurs proposent-ils deux fonctions complémentaires Y1 et Y2
destinées à mieux discriminer parmi les entreprises à mauvais score celles qui ont le plus de
chances d’aboutir à un dépot de bilan (les vraies défaillantes), et celles qui ont le plus de
chances d'y échapper (les entreprises simplement vulnérables).La nature de ces 2 fonctions Y1
et Y2 est décrite ci-après :

Tableau Y1, Y2

le choix de l'une ou l'autre dépendant de la valeur prise initialement par le ratio


X1 (Frais financiers/Résultat Economique brut), celui-ci ayant été montré antérieurement
comme le ratio le plus discriminant au point de représenter à lui-seul plus de la moitié du
pouvoir discriminant de la fonction Z .

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173

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174

Une analyse similaire en tous points à la précédente, après analyse de la


distribution des scores Y1158 et Y2159 et correction des probabilités a priori par les proportions
observées de défaillantes réelles(10%), de vulnérables ou de saines (90%) dans la population
concernée, conduit les auteurs à estimer la zone d'incertitude de Y1 à [ 0, 0.375] et celle de
Y2 à [ -0.375, +0.125], toute entreprise dont le score Y1 étant inférieur à 0, et toute
entreprise dont le score Y2 étant inférieur à -0.375 étant assimilées à des entreprises à risque
élevé de défaillance, les autres étant qualifiées de vulnérables.
Au total, au terme de l'analyse de la Centrale des bilans, sont donc qualifiées de
mauvais risque, les seules entreprises dont le score Z est inférieur à -0.25 et dont, selon la
valeur prise par le ratio X1 de ces entreprises, le score Y1 est inférieur à 0 ou le score Y2 est
inférieur à -0.375.
les autres entreprises étant considérées comme de bons risques.

- L'évolution temporelle et intra-sectorielle du score Z d'une entreprise donnée.

Au même titre que précédemment lors de l'analyse financière de l'entreprise


ABC sous la forme classique de la méthode des ratios, où nous mettions en évidence
l'évolution des ratios d'une batterie au cours d'une période de 3 ans à 5 ans, et la situation
relative de l'entreprise par rapport aux données correspondantes du secteur tout entier issues
des publications sectorielles Banque de France, il peut être intéressant de suivre l'évolution du
score Z d'une entreprise au cours des récentes années, et de situer ce score Z de l'année
courante par rapport à la distribution des scores des entreprises du secteur à la même date.

Ce service est fourni par la Centrale des Bilans de la Banque de France à


toutes les entreprises qui contribuent à la richesse de cette Centrale des bilans en fournissant
régulièrement à celle-ci ,dès leur publication,leurs documents comptables et financiers.
Ces entreprises bénéficient en retour d'un dossier d'analyse financière les
concernant (le dossier individuel d'entreprise) comprenant, outre une présentation d'ensemble
des ratios de l'entreprise, et les commentaires qui s'y rattachent, l'évaluation du score Z de
l'entreprise, son évolution récente et sa situation relative par rapport à ceux des entreprises du
secteur.
Un exemple est présenté dans le tableau ci-dessous :

Evolution de l'Entreprise : score Z

Le schéma présenté est représentatif d'une entreprise qui, déjà considérée


comme une entreprise à risque dès 1976 (Z < -0.25) a vu sa situation s'aggraver rapidement, au
point de voir estimer sa probabilité de défaillance à près d'une chance sur trois. Le succès des
mesures de redressement prises alors ,a eu pour résultat immédiat le retour à un niveau de score
plus favorable, bien qu'encore inférieur à Q1 jusqu'en 1981 (limite supérieure du 1er quartile de
la distribution des Z des entreprises du secteur auquel appartient l'entreprise)160 : à cette date,
l'entreprise est encore considérée comme une entreprise à risque mais avec une probabilité de
défaillance sensiblement réduite (7 chances sur 100).

158pour les entreprises ayant le ratio X1 égal ou supérieur à 215%


159pour les entreprises ayant le ratio X1 compris entre 0 et 215%.
160ce premier quartile regroupant les scores des 25% d'entreprises du secteur ayant les plus faibles scores.

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175

source:BDF Note d’information n°65 Septembre 1985,p.20

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176

A partir de 1982 est perçue une nette amélioration du score :


d'une part celui-ci franchit la limite interquartile Q1 faisant passer l'entreprise
parmi les entreprises du 2e quartile, certes encore mal classées, mais se situant dans la zone
médiane des scores des entreprises du secteur.
d'autre part d'entreprise jusque là classée "potentiellement défaillante",
l'entreprise atteint, avec un score évoluant entre -0.25 et 0.125, la zone d'incertitude à
l'intérieur de laquelle la méthode des scores ne permet plus de trancher en faveur de l'une ou
de l'autre des alternatives (potentiellement défaillantes ou saines). A ce stade la probabilité de
défaillance de l'entreprise n'est pas plus élevée que celle de la moyenne des entreprises
industrielles ( dont les probabilités a posteriori d'être défaillantes, vulnérables et saines sont
respectivement de 3%, 21% et 75% pour l’ensemble de la population suivie par la Centrale
des bilans de la Banque de France.
Compte tenu de l'évolution récente du score Z de l'entreprise, et de
l'amélioration de sa situation financière en 1984, le score de l'entreprise dépassant, pour la
première fois, les limites de la zone d'indétermination (Z > 0.125), et la faisant pour la
première fois classer comme "saine", il n'est pas interdit d'imaginer une nouvelle amélioration
de sa situation financière, si la conjoncture de son secteur est favorable, qui lui permettrait
peut être d'atteindre rapidement des niveaux de Z supérieur à +0.625 qui lui feraient franchir
une nouvelle étape, le franchissement de Q2, en l'occurrence le Z médian du secteur, qui la
situerait désormais parmi les 50% d'entreprises du secteur ayant les meilleurs scores,
entreprises dont la probabilité de défaillance devient très faible, et leur laisse espérer un
renouvellement ou un élargissement de leurs crédits bancaires à des conditions favorables.

Le scénario qui vient d'être présenté montre l'intérêt que peut représenter
une référence au score de l'Entreprise, tant pour l'entreprise qui prépare une négociation avec
sa banque, que pour la banque elle-même, qui disposerait d'un indicateur synthétique,
représentatif de la qualité du demandeur de crédit sur la base duquel le banquier pourrait
affecter l'entreprise à une classe de risque.161
En ce qui concerne l'entreprise ABC, l'application de la méthode Banque de
France d'évaluation du score nous aurait conduit à l'évaluation d'un score de l'entreprise de
Z1991 = 0.637, conduisant à la considérer comme une entreprise saine. Notons en outre que
l'évolution récente de son score au cours des années récentes
Z1988 = -1.02 Z1989 = 0.582 Z1990 = 0.586 Z1991 = 0.637, dénote une
évolution plutôt favorable, puisque elle met en lumière que l'entreprise, en difficulté il y a
quelques années, est en phase de consolidation de son redressement.
L'usage généralisé d'un tel score nécessite toutefois d’avoir une totale
confiance dans la fiabilité du score Z et la capacité de celui-ci à être utilisé comme une mesure
adéquate du risque du crédit bancaire.
C'est à cet aspect des choses qu'il convient désormais de faire porter
l'attention.

161Notons qu'aux 4 quartiles de la distribution des Z des entreprises du secteur pourrait correspondre une
affectation de l'entreprise à l'une des 4 classes suivantes :
Risque élevé 1er Quartile Z < Q1
Risque moyen 2e Quartile Q1 < Z < Q2
Risque faible 3e Quartile Q2 < Z < Q3
Risque très faible 4e Quartile Z > Q3 une cinquième classe(risque très
élevé)pouvant regrouper celles du premier quartile dont le Z est inférieur au score-limite Zc retenu par
l’établissement bancaire.

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177

D- De la pertinence des fonctions score en matière d'évaluation du risque bancaire.

Cette pertinence des fonctions score peut être appréciée sous divers angles :
- on peut s'intéresser tout d'abord à la nature de la combinaison de ratios
obtenue au terme de l'analyse discriminante et vérifier le réalisme de ses recommandations.
- on peut ensuite s'efforcer d'apprécier le caractère prédictif de cette fonction
discriminante dans un autre cadre que l'échantillon de référence qui a permis son élaboration.
- on peut enfin s'efforcer d'apprécier la stabilité inter-temporelle de cette
fonction tout au long des années postérieures à la période d'analyse proprement dite.
une fonction discriminante étant d'autant meilleure que ses résultats sont cohérents
avec les hypothèses de la méthode utilisée et en harmonie avec les principes de base de
l'analyse financière, que la qualité de son taux de reclassements corrects des entreprises de
l'échantillon de base ne disparaisse pas lorsque la fonction est testée sur la même période de
référence sur un autre échantillon, et que la stabilité de ses bons résultats postérieurement à la
période de référence en permette une utilisation décisionnelle en matière d'octroi de crédits
bancaires.
C'est à ces divers titres qu'il convient d'analyser la qualité des fonctions
précédentes.

- la pertinence des combinaisons de ratios obtenues

Un premier élément d'appréciation est la conformité des signes


obtenus avec les signes attendus compte tenu de ce que l'on sait être les règles de base en
matière d'analyse financière : on s'attend en effet à ce que le Z calculé d'une entreprise donnée
soit d'autant plus élevé que sa rentabilité est forte, sa solvabilité assurée, que sa situation nette
est importante par rapport à ses dettes, que son recours au crédit-fournisseur est faible et que
le crédit qu'elle fait elle-même à ses clients est mesuré...

Un second élément d'appréciation est le degré d'adéquation entre les


contributions relatives des différentes variables et la technique d'analyse discriminante retenue :
puisque celle-ci consiste à introduire successivement une à une dans la fonction discriminante
les variables ayant le meilleur pouvoir discriminant, on doit s'attendre à observer dans la
fonction discriminante optimale une liste de variables dont les contributions respectives sont
toutes positives, puisque chacune des variables n'a vocation à être introduite dans la fonction
que si elle accroit le pouvoir séparateur de la fonction,c’est-à-dire en l’occurrence, la distance
_ _
Z1 -Z2

C'est à partir de ces 2 critères d'appréciation qu'il convient de juger la


pertinence des combinaisons de ratios issues des analyses discriminantes précédentes.

L'observation des tableaux représentatifs des fonctions précédentes


montre que les fonctions score de ALTMAN (1968), ALTMAN, HALDEMAN et
NARAYANAN (1977), CONAN et HOLDER (1979) et la fonction score B de la Centrale de
Bilans de la Banque de France (1988)162 sont satisfaisantes de ces deux points de vue : dans
tous ces cas, il y a à la fois conformité des signes obtenus et des signes attendus, et
contributions positives de l'ensemble des variables des fonctions score correspondantes.

162voir tableau en Annexe.

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178

Il en va toutefois différemment pour les autres fonctions présentées :


- tantôt comme dans la fonction de Holder, Loeb et Portier (secteur
BTP)163, où la divergence se situe exclusivement au niveau du signe de l'une des variables (la
variable relative à l'importance du crédit-fournisseur)
- tantôt comme dans les fonctions de Holder, Loeb et Portier (secteur
Commerce de Gros et Transport) où la divergence se situe au niveau du signe de la
contribution relative des variables (la contribution relative de la variable BFR/ Chiffre
d'affaires apparaissant négative dans les 2 cas)
- tantôt comme dans la fonction Z de la Centrale de Bilans de la
Banque de France, où l'on constate à la fois une contradiction des signes observés et attendus
pour 3 des 8 variables de la fonction discriminante et des contributions relatives négatives
pour deux d'entre elles.
Compte tenu du caractère particulier de cette dernière fonction, nous
paraît-il souhaitable d'analyser plus en détail les résultats associés à cette dernière fonction :
. Notons tout d'abord que a priori le score Z de la banque de France pour
une entreprise devrait être d'autant plus élevé que :
signes attendus signes observés
. son ratio Frais financiers/REB est faible - -
. son ratio de couverture des Capitaux investis est élevé + +
. son ratio CAF/Endettement global est élevé + -
. son taux de marge brute d'exploitation est élevé + +
. l'importance de son crédit-fournisseurs est faible - -
. son taux de croissance de sa valeur ajoutée est élevé + -
. l'importance de son crédit-client est faible - +
et son taux d'investissement est élevé + +

or on constate une discordance entre les signes attendus et les signes


observés pour 3 des variables de la fonction discriminante : la capacité qu'a l'entreprise de
rembourser ses dettes, son taux de croissance de sa valeur ajoutée et l'importance de son
crédit client.
Certes pourrait-on a posteriori trouver des justifications à la discordance
constatée pour certaines d'entre elles : ainsi pour la seconde (taux de croissance de la valeur
ajoutée) s'il est raisonnable de penser qu'un taux de croissance élevé de la valeur ajoutée est en
général un élément plutôt favorable à l'entreprise, il n'est pas exclus que dans quelques
situations particulières, un tel taux de croissance élevé de la valeur ajoutée puisse être
interprété comme un facteur de risque supplémentaire : - lorsque le taux élevé est imputable à
une valeur du dénominateur du ratio (valeur ajoutée de t-1) très faible, élément pouvant cette
fois être interprété comme un élément défavorable à l'entreprise
- lorsque le taux élevé imputable à
une valeur très élevée du numérateur du ratio correspond à une fuite en avant non
accompagnée de ressources financières suffisantes pour financer l'inévitable augmentation des
capitaux circulants qu'une telle croissance des moyens engagés suppose.

163voir en Annexe.

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179

Ceci met l'accent sur l'ambiguïté de l'interprétation de certains


ratios164qui, pouvant conduire à des interprétations conflictuelles d'une entreprise à l'autre,
sont potentiellement générateurs d'incertitude quant à la pertinence du ratio concerné en
matière de détection des entreprises en difficulté, et sur la nécessité d'une sélection attentive
des ratios intégrés dans la base de départ pour prévenir ce type de difficultés.

Une telle justification de la discordance constatée est par contre


beaucoup plus difficile à apporter lorsqu'il s'agit de la variable " capacité de remboursement
potentielle de ses dettes ", aucun argument a priori ne pouvant raisonnablement être retenu
pour associer un score d'autant plus élevé (et un risque d'autant plus faible) que la capacité de
l'entreprise à rembourser ses dettes est faible.

. Notons en outre, la discordance constatée pour ces 2 mêmes ratios entre le signe
positif attendu de la contribution relative de ces 2 ratios et le signe négatif observé. Le pouvoir
séparateur de chacun des ratios i de la fonction discriminante étant apprécié par l'expression
_ _
bi (xi1 - xi2)165166, on pouvait s'attendre à ce que l'entrée de chacun des ratios " Capacité de
remboursement " et " Taux de variation de la valeur ajoutée " accroisse le pouvoir
_ _
discriminant de la fonction discriminante (c'est à dire la distance entre Z1 et Z2).Or le calcul
des contributions relatives de ces 2 variables négatives (-9.229 pour la variable "Capacité de
Remboursement", -1.629 pour la variable "Taux de croissance de la valeur ajoutée") montre
qu'au contraire leur introduction dans la fonction discriminante s'est accompagnée d'une
détérioration du pouvoir discriminant de la fonction score, résultat en totale contradiction avec
l'objectif affiché. Il en résulte que la fonction score obtenue, présumée optimale par les
chercheurs de la Banque de France, en fait ne l'est pas et qu'une autre fonction aurait sans
doute pu, à partir du même échantillon de référence, conduire à de meilleurs résultats que ceux
de la fonction présentée.167.

Une question que l'on peut légitimement se poser est alors la suivante : ne
serait-il pas préférable, si l'on voulait s'appuyer sur les travaux de la Centrale des Bilans, à
défaut de disposer de la " vraie " fonction discriminante optimale, de retenir la fonction Z
amputée des 2 ratios litigieux?
Cette solution nous paraît, pour un utilisateur extérieur qui n'a pas accès
à la banque de données de la Banque de France, et n'a donc pas la possibilité de retraiter ces
données, la moins mauvaise des solutions, d'autant qu'elle aurait pour effet d'améliorer le
pouvoir discriminant de la fonction.
C'est la solution que nous suggérons quant à nous.
Tel est le premier critère d'appréciation de la pertinence d'une fonction
score. Venons-en à la présentation des autres critères de pertinence de cette même fonction.

164le même raisonnement pouvant être tenu pour le dernier ratio (taux d'investissement de l'entreprise), même
si dans le cas présent, il y a concordance des signes observé et attendu.
165à l'échantillon 1 correspondant l'échantillon des entreprises saines et à l'échantillon 2 correspondant
l'échantillon d'entreprises défaillantes.
166comme l'ont montré JOY et TOLLEFSON s'appuyant sur les travaux de MOSTELLER et WALLACE.
167même si ceux-ci sont dans l'ensemble bons avec une identification correcte à 1 an de 80% des sociétés
concernées.

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180

- le caractère prédictif de la fonction discriminante au cours de la même période à


partir d'autres échantillons (échantillons de validation) que l'échantillon de
référence

Notons que dans tous les travaux présentés précédemment, la fonction


discriminante retenue est toujours celle qui a fourni les meilleurs résultats (le meilleur taux de
reclassements corrects) dans l'échantillon de référence.
Pour être validé, encore conviendrait-il de vérifier que cette fonction discriminante
donne également des résultats satisfaisants sur la même période à partir d'autres échantillons.
Malheureusement les auteurs de ces différents travaux ne fournissent pas toujours
les éléments qui nous permettraient de nous assurer de la validité de la fonction, ceux-ci ayant
choisi d'affecter la totalité des entreprises défaillantes disponibles à l'échantillon de référence.
Tel est le cas notamment de CONAN et HOLDER d'une part, HOLDER, LOEB et PORTIER
d'autre part parmi les auteurs de travaux français qui n'ont, à aucun moment, tenté de valider
leur fonction à partir d'un autre échantillon au cours de la période de référence retenue.
A l'inverse, on ne saurait faire le même reproche aux auteurs des fonctions Z et B
de la Banque de France qui, eux, ont bien pris soin avant de publier leurs travaux de vérifier la
pertinence des fonctions proposées. Le tableau précédent décrivant la fonction Z, et le tableau
présenté en Annexe 2 décrivant la fonction B montrent quels ont été les résultats des 6
échantillons de validation 168constitués à cette fin. Leurs résultats témoignent du bon
comportement d'ensemble (en termes de taux de reclassements corrects) de la fonction
proposée sur chacune des années de la période de référence, élément autorisant l'usage d'une
telle fonction lors du processus bancaire d'instruction d'une demande de crédit.
Encore faudrait-il toutefois prouver que cette fonction score donne des résultats
encore satisfaisants lorsque l'on s'éloigne de la période à partir de laquelle cette fonction score
a été calculée : c'est tout l'enjeu de l'évaluation de la stabilité inter-temporelle des fonctions-
score.

- le problème de la stabilité inter-temporelle des fonctions scores

L'intérêt de l'usage d'une fonction score dans l'estimation du risque bancaire


associé à un demandeur de crédit est d'autant plus grand que cette fonction score n'a pas
besoin de faire l'objet de fréquentes réactualisations; d'où la nécessité de procéder de temps à
autre à la vérification de son potentiel prédictif, sur la base des nouvelles entreprises rentrant
dans la base de départ.

ce souci de tester la qualité de leur fonction score ne se retrouve pas chez tous les
auteurs dont nous avons étudié plus haut les travaux : ainsi ALTMAN (1968) , ALTMAN,
HALDEMAN et NARAYANAN d'un côté, HOLDER, LOEB et PORTIER (1984) de l'autre,
n'ont à aucun moment validé leur fonction score sur une période postérieure à la période de
référence étudiée. A l'inverse, tant CONAN et HOLDER que les auteurs de la fonction Z de la
Banque de France fournissent des éléments qui permettent de répondre à la question posée.
C'est donc à partir de ces 2 contributions que nous évaluerons la stabilité inter-temporelle des
fonctions scores.

168correspondant chacun aux défaillances d'entreprises constatées chacune des 6 années de la période de
référence (1975-1980) comparées à un échantillon commun d'entreprises saines suivies sur la même période des
3 années précédant la défaillance.

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


181

En ce qui concerne la fonction score de CONAN et HOLDER estimée sur la base


d'une période de référence 1970-1975, ses auteurs ont testé la performance de leur fonction
sur un nouvel échantillon de 46 entreprises ayant déposé leur bilan au cours de la période
1975-1978. Ils observent que la performance du modèle est meilleure pour cette période que
pour la période de référence puisque les taux de reclassements corrects sont désormais de
86% à un an, 68% à 2 ans et 75% à 3 ans (contre respectivement 84%, 64% et 55%). On peut
donc raisonnablement en conclure qu'une fonction score garde son pouvoir prédictif au moins
pendant les quelques années suivant la période au titre de laquelle elle a été élaborée. Il reste
toutefois à vérifier que ces résultats sont encore valides lorsqu'on s'éloigne davantage de la
période de référence. L'expérience en ce domaine de la Fiduciaire de France qui depuis 1984
utilise pour sa clientèle d'entreprises, la fonction score de CONAN et HOLDER comme outil
de détection des situations difficiles, pourrait être particulièrement utile en ce domaine :
malheureusement, cette information n'a pas à ce jour été divulguée. En conséquence, il est à ce
jour impossible d'apprécier le potentiel prédictif de la fonction de CONAN et HOLDER sur
une longue durée .

Nous disposons par contre de cette information pour la fonction Z de la Banque de


France, puisque dans une récente publication169 celle-ci fournit des indications sur l'évolution
des performances de la fonction Z au cours des années récentes, en l'occurrence les années
1984-1989170.

Sont fournis à cette occasion les résultats présentés au tableau suivant : 171

Taux de reclassements corrects


faillite non faillite
3 échantillons de validation saines neutres total
ech.1 (défaillantes de 1987) à 1 an de 43.4% à 54.7% 78.3% 7.8% 86.1%

éch.2 (défaillantes de 1988) à 2 ans de 32.7% à 48.1% 76.9% 8.6% 85.5%


éch.3 (défaillantes de 1989) à 3 ans de 34.2% à 46.4% 75.1% 9.3% 84.4%

Ce tableau montre clairement que ,si dans l'ensemble la fonction score joue encore
correctement son rôle pour l'identification des entreprises non défaillantes (84 à 86% de bons
classements de 1 à 3 ans), il en va tout différemment pour les entreprises défaillantes puisque
le modèle n'identifie à 1 an du dépôt de bilan, qu'une société défaillante sur deux. Autant dire
qu'il ne remplit plus son office.

Confronté à ces résultats décevants, on peut tenter d'en fournir a posteriori une
explication : l'explication fournie par la Centrale des Bilans est que l'évolution de la
conjoncture peut conduire à l’affaiblissement de l'efficacité des seuils de classe (Z < -0.25, -
0.25 < Z < +0.125, Z > +0.125), et qu'il convient de les faire évoluer avec le temps pour
permettre à la fonction de garder tout son pouvoir discriminant. La Centrale des bilans apporte
d'ailleurs du crédit à cette hypothèse en montrant que si on décale vers les valeurs positives les

169M. BARDOS Méthode des scores de la Centrale des Bilans BANQUE DE FRANCE Sept. 1991.
170l'étude initiale, ayant conduit à l'élaboration de la fonction score Z, portant elle sur les années 1972-1979.
171sur la base des seuils de référence score défavorable si Z < -0.25
score neutre si -0.25 < Z < +0.125
score favorable si Z > +0.125

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


182

seuils de classes, on améliore significativement les taux de reclassements corrects : ainsi à un


décalage de +0.40 de ces seuils correspond un taux de reclassements corrects de 65.5% pour
les entreprises défaillantes et 65.1% pour les non-défaillantes 172
Il n'en demeure pas moins que ,même améliorés, ces résultats manifestent clairement
le besoin, si l'on entend utiliser une fonction score pour l'affectation d'une entreprise
demandeuse de crédit à une classe de risque, de procéder à une maintenance régulière de la
fonction-score et périodiquement de procéder à une refonte de cette fonction-score, condition
sine qua non de sa pertinence.173
C’est à une telle refonte de sa fonction-score qu'a procédé la Centrale des bilans de
la Banque de France,à travers l’élaboration de nouvelles fonctions que nous allons étudier
dans la section suivante.

E- La refonte de la Fonction-score de la Banque de France: un nouvel instrument


,le score Zbis (1995)

Par rapport aux études précédentes de la Centrale des bilans de la Banque de


France,les derniers travaux réalisés 174 175(2)présentent quelques particularités:
• ils s’appuient sur des données conformes au Plan comptable 1982.
• la base des ratios retenus a été singulièrement élargie:de 19 ratios ,on est passé à 25
ratios dans une première étape,puis 43 dans une seconde.
tableau des ratios retenus(annexe 5 p.73)
• l’abandon de la distinction entreprises saines-entreprises vulnérables-entreprises
défaillantes et l’adoption d’une simple distinction entreprises défaillantes-entreprises
non défaillantes;les premières étant les entreprises ayant subi une procédure judiciaire de
1987 à 1992,les secondes y ayant échappé entre 1971 et 1992.
• l’adoption d’une nouvelle méthode de traitement: antérieurement on s’intéressait à un
échantillon des défaillantes d’un exercice donné,et l’on s’efforçait à travers l’examen des
comptes financiers des entreprises concernées les x années précédentes et l’élaboration
de la fonction score de restituer la réalité de cette année-là; désormais on observe à une
date donnée n les entreprises qui s’avèreront défaillantes au cours des années n+1,n+2 et
n+3.A titre d’exemple,et expérimental, a été retenue l’année 1989,année la plus récente
disponible compte -tenu de la date de constitution du fichier traité (mars 1993).Cette

172 si l'on retient ces nouveaux seuils de référence


score défavorable si Z < 0.15
score neutre si 0.15 < Z < 0.525
score favorable si Z > 0.525
pour apprécier la situation de la société ABC, il apparaît que celle-ci avec un score de +0.637 se situe au
sein de la zone favorable.
Notons encore que si l'établissement règle sa décision sur le niveau de son score limite
q1 C1
Zc = Log ------- , c'est à dire dans le cadre des hypothèses envisagées plus haut
q2 C2
Zc = - 0.59 , alors la société ABC paraît présenter un niveau de risque tout à fait acceptable.
173 Nous ferons l'hypothèse que tel est bien le cas dans les nombreux établissements bancaires ayant intégré un
recours à une fonction score dans le processus d'évaluation du risque de leur clientèle.
174 M.BARDOS Délais de paiement et détection précoce des défaillances d’entreprises Supplément Etudes 1er
trimestre 1994 pp97-103
175 M.BARDOS Les défaillances d’entreprises dans l’industrie:ratios significatifs,processus de
défaillances,détection précoce BANQUE DE FRANCE observatoire des entreprises n° B 95 janvier 1995 pp.1-
87

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


183

année-là le fichier d’entreprises défaillantes identifiées était constitué de 957 entreprises


ayant connu une procédure judiciaire ultérieure, en 1990,en 1991,ou en 1992.
• l’élargissement de l’ampleur des fichiers étudiés: 957 entreprises défaillantes,1577
entreprises non-défaillantes(1) au lieu de quelques centaines dans les travaux
précédents(264 défaillantes et 264 saines pour l’élaboration de la fonction score Z)

Ces caractéristiques étant présentées il convient désormais de faire porter


l’attention sur le contenu de la rénovation de la fonction-score Zbis Banque de France,
telle qu’elle apparait dans les publications de la Centrale des Bilans.

Deux étapes nous paraissent devoir être distinguées:

- d’une part l’évaluation d’une nouvelle fonction score Zbis , fonction de même nature
que les précédentes,en ce sens qu’elle s’applique à l’ensemble de l’échantillon
retenu,qu’elle a pour objet d’identifier la meilleure combinaison de ratios susceptible
d’aboutir au meilleur taux de reclassements corrects des entreprises constituant
l’échantillon de base.

- d’autre part la mise en oeuvre d’une étude typologique des entreprises de l’échantillon
de base destinée à mieux appréhender la situation financière réelle de ces entreprises: au
terme de cette analyse typologique,l’auteur de l’étude propose une nouvelle série de
fonctions-score,par classe d’entreprises,susceptibles d’améliorer encore le processus
d’identification des entreprises à risque.

Nous étudierons successivement ces deux étapes de la refonte de la fonction-


score entreprise par la Centrale de Bilans de la Banque de France.

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


184

source:M.BARDOS Les défaillances d’entreprises dans l’industrie:ratios significatifs,processus de défaillances,détection


précoce BANQUE DE FRANCE Observatoire des entreprises n° B 95 Janvier 1995

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


185

1ère Etape:La fonction-score ZBIS de la Banque de France (fonction


présumée)

A l’inverse des études précédentes qui incluaient la publication in-extenso des


fonctions-score obtenues au terme des calculs effectués,les dernières publications de la
Banque de France ont retenu une autre méthode,consistant à expliquer la nature de la
démarche entreprise,à décrire l’échantillon analysé,les étapes de la procédure suivie , la
méthodologie retenue ...tout en limitant au strict essentiel la publication des
résultats.C’est ainsi qu’a été occultée la publication de la fonction elle-même ,alors
même que la connaissance de l’intégralité de cette fonction est indispensable pour tout
observateur externe qui voudrait intégrer ce developpement récent de la science
financière à sa pratique quotidienne.
Notons toutefois que la profusion et le détail des chiffres publiés permettent
toutefois,moyennant certaines hypothèses,de reconstituer l’essentiel de la fonction-
score:la fonction présentée ci-après est le résultat de cette reconstitution.C’est pour
tenir compte de ce caractère « reconstruit » de la fonction présentée que nous parlons
de « fonction-score présumée »de la Banque de France.

a) Présentation de la fonction score ZBIS présumée de la Banque de France.

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


186

Fonction score ZBIS présumée de la Banque de France Pme industrielles

ZBIS= +1.4291(2)+ 0.0431X1 - 0.0088 X2 - 0.0111 X3 + 0.0212X4 -0.0064 X5 + 0.0059X6


-0.0034 X7 -0.0144 X8
contributions relatives
avec des variables
_ _ _ _ pouvoir
Ratios retenus dans la fonction xi1 xi2 bi (xi1 - xi2 ) discriminant
relatif (%)(1) rang

x1 = variation des capitaux propres (% 12.4 3.9 0.3663 33.3a 1


x2 =taux d’endettement (%) 42.0 75.5 0.2937 26.7a 2
x3 =frais financiers/EBE (%) 19.2 39.1 0.2211 20.1a 3
x4 =effet de levier -0.2 -2.9 0.0572 5.2a 4
x5 =délai découvert clients (jours) 85.1b 93.3b 0.0528 4.8a 5
x6 = EBE/valeur ajoutée (%) 26.2d 17.8d 0.0495 4.5a 6
x7 =délai fournisseurs (jours) 107.9b 120.0 0.0407 3.7a 7
b
b
x8 =créances douteuses/créances clients (%) 4.8 6.1b 0.0187 1.7a 8
100.0
(a) M.BARDOS Délais de paiement et détection précoce des _ _ _
défaillances d’entreprises ,art.cité,1er trim.1994 p.103
(b) même article ,p.102 Z1-Z2=
1.10c
(c) M.BARDOS Détection précoce de la défaillance de l’entreprise industrielle à partir de ses documents comptables Juin 1995(estimé à partir
du graphique 1 de la page 13)
(d) M.BARDOS Détection précoce des défailances d’entreprise à partir des documents comptables,note Banque de France,juin 1995 p.4
entreprises PME Reclassements corrects
Echantillon de référence
2573 entreprises
dont: 976 défaillantes (38%) a)Echantillon de référence
177 déf.en 1990 (18%)
391 déf.en 1991(40%)
408 déf.en 1992 (42%)
et 1597 non-défaillantes(62%)
(par tirage aléatoire au 1/6e)
année de référence:1989
fonction ZBIS faillite non faillite total
au seuil 0 53.0% 82.9% 71.5%
si ZBIS >0 non défaillante
si ZBIS <0 défaillante
au seuil 0.20 62.6% 74.1% 69.7%

à comparer à
fonction Z faillite non faillite total
au seuil 0 39.9% 80.8% 65.3%

Echantillon de validation b) Echantillon de validation


aucun aucun
25 ratios étudiés(données retraitées)
_ _

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


187

(2)sachant que la constante est égale à: Cte = -∑ bi. pi = - ∑ bi .(xi1 +xi2)/ 2 i= 1,2,...,8

b) l’appréciation de la nouvelle fonction score ZBIS

Précédemment nous avions vu que cette pertinence des fonctions score pouvait
s’apprécier sous divers angles:
celui de la nature de la combinaisons de ratios obtenue et le réalisme de ses
recommandations.
le caractère prédictif de la fonction discriminante lorsqu’elle est appliquée à un
autre échantillon que l’échantillon de référence.
la stabilité inter-temporelle de cette fonction tout au long des années postérieures
à la période d’analyse initiale.
Nous ne nous intéresserons ici qu’ au premier point176(1):en étudiant
successivement les deux éléments qui avaient retenu notre attention,à savoir la nécessité
d’obtenir des contributions relatives de signe positif pour les différentes variables et
l’adéquation des signes obtenus pour les coefficients bi avec les signes attendus.

- des contributions relatives des différentes variables de signe positif.

Puisque la technique d’analyse discriminante utilisée consiste à introduire


successivement une à une dans la fonction discriminante les variables ayant le meilleur pouvoir
discriminant, on doit s’attendre à observer dans la fonction discriminante optimale une liste de
variables dont les contributions relatives doivent être positives, dans la mesure où chacune n’a
vocation à être introduite dans la fonction que si elle contribue à accroitre le pouvoir
séparateur de la fonction,c’est à dire ici à accroitre la distance Z1 -Z2 .
L’observation du tableau précédent montre bien que tel est le cas.De ce
point de vue la fonction ZBIS est meilleure que la fonction-score Z précédente qui, pour 3 des
six variables ,présentait des contributions négatives.

- la conformité des signes obtenus des bi avec les signes attendus

Notons que ,a priori,le score ZBIS d’une entreprise devrait être d’autant
plus élevé (et la qualité financière de celle-ci d’autant plus grande) que:

signe attendu signe observé


son taux de variation de ses capitaux propres est élevé + +
son taux d’endettement est faible - -
son rapport frais financiers /excédent brut d’exploitation - -
est faible
son effet de levier est (favorable?,défavorable?) ? +
l’importance de son crédit-client est faible - -
son taux de marge (EBE/VA) est élevé + +
l’importance de son crédit-fournisseurs est faible - -
son rapport créances douteuses/créances-clients est faible - -

176 aucun élément permettant de valider la fonction-score ZBIS ou d’en tester la stabilité inter-temporelle
n’étant ,à ce stade ,fourni par les auteurs des travaux de la Centrale des bilans

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


188

Nous observons que pour la quasi-totalité des ratios concernés,le signe


observé correspond au signe attendu: seule la variable 4 représentative de l’effet de levier peut
prêter à discussion concernant son signe attendu ;définie par

effet de levier= taux d’apports externes x (Rentabilité nette du capital financier - taux d’i apparent)/100

cette variable , produit de deux éléments dont le premier n’est autre qu’un taux
d’endettement élargi (et donc a priori lié négativement avec le score ZBIS) et le second
est représentatif de l’efficacité nette de l’usage du capital financier (et donc a prori lié
positivement avec le score ZBIS) , peut avoir deux effets contraires,
• positif si (Rentabilité nette du capital financier - taux d’i apparent) > 0
• négatif au contraire si (Rentabilité nette du capital financier -taux d’i apparent) < 0
Le fait que ,dans l’échantillon suivi, x14 et x24 soient tous deux négatifs (-0.2 et -2.9 )laisse
plutôt craindre au cours de la période étudiée l’existence d’un effet massue qui aurait
normalement dû jouer négativement sur le score: or le signe effectivement observé est positif.
Mis à part ce point qui vient d’être évoqué, dans l’ensemble la fonction -score ZBIS
apparait avoir ,du point de vue de la conformité des signes entre signes attendus et signes
observés, une qualité meilleure que celle de l’ancienne fonction Z.

- le potentiel de reclassement de la fonction-score ZBIS

Une fonction-score sera jugée d’autant meilleure que son potentiel de


reclassement sera élevé: l’idéal serait que toutes les entreprises dont on connait la situation
réelle soient effectivement reclassées par la fonction avec le bon statut ;l’expérience a toutefois
montré que tel n’est jamais le cas.Dès lors l’instrument d’évaluation d’une fonction-score est
de mesurer
- le pourcentage des bons classements(x1+y2) par rapport au total des
observations (N=x +y)
- le pourcentage des bons classements dans chacune des 2 classes concernées:
x1/(x1+x2) pour les entreprises défaillantes
y2/(y1 +y2) pour les entreprises non défaillantes

rappel groupes d’affectation


défaillantes non défaillantes
déclarées déclarées
Groupe défaillantes x1 x2 x=x1+x2 effectifs des défaillantes
dans l’échantillon de base
d’appartenance
non défaillantes y1 y2 y=y1+y2 effectifs des non
réelle défaillantes dans l’échantillon de
base
N=x+y effectifs totaux de
l’échantillon

x2= erreur de classement de type 1 (entreprise déclarée non défaillante alors qu’elle subira
une ouverture de procédure judiciaire)
y1= erreur de classement de type 2 (entreprise déclarée défaillante alors qu’elle ne fera
pas l’objet de procédure judiciaire)

Dans le cas présent la fonction score sera déclarée bonne si ses taux de reclassements
sont élevés ,et en tout état de cause, supérieurs aux taux respectifs des entreprises

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


189

défaillantes et non défaillantes dans l’échantillon global (taux de réussite correspondant


à un simple tirage au hasard dans cet échantillon global ),c’est à dire ici 40% pour les
entreprises défaillantes et 60% pour les entreprises non défaillantes.
Cette règle illustre bien l’urgence dans laquelle on était de rénover la fonction Z :
nous avions montré antérieurement,lors de la tentative de validation temporelle de cette
fonction Z sur des échantillons (1987,1988 et 1989) plus récents que ceux qui avaient conduit
à l’élaboration de cette fonction initiale,que les taux de reclassements corrects des entreprises
défaillantes étaient généralement inférieurs au taux de 50%,taux correspondant alors à la
simple utilisation d’un tirage au hasard.
Les résultats additionnels fournis à l’occasion de cette rénovation de la fonction Z
confirment la nécessité de cette rénovation: appliquée à ce nouvel échantillon de 2573
entreprises (dont 62% de non-défaillantes et 38% de défaillantes),les taux de reclassements
corrects de la fonction Z (au seuil 0)sont de 80.8% pour les non-défaillantes,mais seulement
de 39.9% pour les défaillantes,soit pour ces dernières,un pourcentage de l’ordre de celui d’un
simple tirage au hasard.L’apport de la fonction Z maintenue aurait été ici quasi nul en matière
de détection des entreprises défaillantes.

De ce point de vue la nouvelle fonction ZBIS permet d’améliorer le processus de


décision, puisque ses taux de reclassements sont pour le même échantillon (au seuil 0) de
82.9% pour les non-défaillantes(+2.1 points) et de 53.0% pour les défaillantes(soient
respectivement +2.1 points et +13.1 points de plus que les pourcentages associés à un simple
tirage au hasard.)

Le tableau ci-dessous présente l’intégralité des résultats publiés par la Centrale des
Bilans de la Banque de France pour les années 1987 à 1991,une distinction étant faite selon
l’échéance de la procédure judiciaire annoncée.

Performance de la fonction ZBIS (au seuil 0) sur la période 1987-1991


année non défaillantes défaillantes à 1 an à 2 ans à 3 ans total
seulement seulement seulement
1991 78.8% 67.6% 67.6% - - 74.5%
1990 81.0% 57.7% 63.4% 54.1% - 72.2%
1989 82.9% 53.0% 56.0% 56.5% 48.3% 71.5%
1988 82.9% 53.8% 58.7% 53.7% 51.6% 71.9%
1987 78.2% 52.4% 70.7% 49.4% 48.3% 68.4%

source:M.Bardos Les défaillances d’entreprises dans l’industrie rapport cité p.34

Quelle que soit l’année considérée,la fonction-score ZBIS fournit bien des taux de
reclassement meilleurs que ceux associés à un simple tirage au hasard.(62%,38%)177

177 A ce stade ,nous n’avons pas pris en considération la disparité des coûts des erreurs de classement:sachant
que le coût d’une erreur de type 1(entreprise déclarée non défaillante alors qu’elle subira une procédure
judiciaire) en termes de conséquences financières est beaucoup plus grand pour une banque que celui d’une
erreur de type 2 (entreprise déclarée défaillante alors qu’elle échappera à une procédure judiciaire),il peut être
utile de tester divers seuils de décision en matière d’identification d’une entreprise donnée et d’examiner leurs
conséquences en termes de taux de reclassement .
Ainsi,dans le tableau ci-dessous sont présentés les résultats obtenus de l’application de la nouvelle fonction-
score ZBIS aux données de 1989 pour les deux seuils de décision ZBIS =0 et ZBIS=0.2

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


190

En conclusion la nouvelle fonction ZBIS améliore sensiblement la capacité


d’identification des demandeurs de crédit(de l’ordre de 70% de succès et 30% d’échecs) :son
usage doit donc désormais être préféré à celui de la fonction Z.
Certes on est encore loin des 100% de réussite:toutefois rien n’interdit
l’approfondissement de l’analyse pour tenter d’affiner encore son processus de décision.
C’est ce qu’ont tenté de faire les responsables de la Centrale des Bilans de la
Banque de France ; reconnaissant la diversité des situations pouvant conduire à un dépot de
bilan, ils se sont efforcés d’élaborer une typologie des entreprises appartenant à leur échantillon
de base,avant d’en déduire une nouvelle règle de décision encore plus précise en matière
d’identification d’une entreprise présumée saine ou d’une entreprise présumée défaillante

2eme Etape: l’élaboration d’une typologie des entreprises de l’échantillon

L’ objectif est ici d’identifier ,parmi les 2573 entreprises de l’échantillon étudié, des
groupes d’entreprises dont les caractéristiques financières seraient communes;au terme d’une
utilisation conjointe d’une analyse en composantes principales (A.C.P.) et d’une méthode de
classification(classification ascendante hiérarchique ) appliquées à l’échantillon de base,sont
proposées 4 partitions possibles des entreprises de cet échantillon,constituées respectivement de
3,6,7 et 10 classes.Après examen de ces 4 partitions,c’est finalement la seconde ,une partition en 6
classes,qui sera finalement retenue par la Centrale des Bilans pour asseoir sa nouvelle règle
d’identification d’une entreprise.(défaillante versus non-défaillante)
Le tableau ci-après présente les caractéristiques économiques des entreprises
appartenant à ces 6 classes.

suite de la note de la page précédente


Comparaison des performances de la fonction-score ZBIS pour divers niveaux de seuils (1989)

non-défaillantes défaillantes total

au seuil 0 82.9% 53.0% 71.5%


si ZBIS > 0 alors entr.non défaillante
si ZBIS < 0 alors entr. défaillante
au seuil 0.2 74.1% 62.6% 69.7%
si ZBIS >0.2 alors entr.non-défaillante
si ZBIS < 0.2 alors entr.défaillante
souce:M.Bardos Les défaillances d’entreprises dans l’industrie rapport cité p.49
Le fait de passer du seuil 0 au seuil 0.2 se traduit par une baisse du taux global de reclassement de l’ordre de 2
points mais à l’inverse par un gain de 8 points du taux de reclassement des entreprises défaillantes;si l’objectif
du banquier était l’identification prioritaire des entreprises susceptibles de faire l’objet de procédure judiciaire
d’ici 3 ans,sans nul doute,le seuil 0.2 devrait-il être préféré;si à l’inverse les différences des coûts des erreurs de
classement ne lui paraissaient pas devoir être pris en considération,c’est alors le seuil 0 qu’il devrait retenir ,la
fonction-score à ce seuil lui garantissant le niveau le plus élevé du taux de reclassement global.

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191

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


192

source:M.Bardos Les défaillances d’entreprises dans l’industrie BANQUE DE FRANCE


série Etudes n0 B95/03 Janvier 1995 p.43

Le tableau concerné montre très clairement l’intérêt d’une telle typologie:


l’hétérogénéité présumée de l’échantillon de base est dûment constatée tant en terme de niveau
de qualité financière des diverses classes d’entreprises qu’en terme de probabilité de
défaillance des entreprises appartenant à ces diverses classes.

- une grande hétérogénéité des classes d’entreprises en termes de niveau de qualité


financière globale

Le tableau précédent présente ces 6 classes dans l’ordre de leur situation


financière,de la meilleure situation (classes 1 et 2) à la situation la plus dégradée (classe 6). Il
fournit en outre l’inventaire des éléments expliquant leur affectation à chacune de ces classes.
Aux classes 1 et 2 sont affectées des entreprises de bon niveau de rentabilité de
bonne solvabilité,d’endettement modéré,ayant faiblement recours au crédit inter-
entreprises,l’affectation à l’une ou l’autre de ces deux premières classes dépendant
essentiellement de l’importance de leurs dettes fiscales et sociales.(classe 1 :faibles dettes
fiscales et sociales ,classe 2:dettes fiscales et sociales supérieures à la moyenne)
Aux classes 4 et 5 sont affectées des entreprises à forte croissance(de leur valeur
ajoutée,de leurs investissements,de leurs effectifs,de leurs besoins en fonds de roulement),leur
différentiation s’effectuant en fonction de leur solvabilité(classe 4:solvabilité correcte,classe
5:solvabilité médiocre)et leur degré d’appel aux concours bancaires courants(classe 4:faible
recours aux concours bancaires courants; classe 5:fort recours aux concours bancaires
courants)
Aux classes 3 et 6 sont affectées des entreprises en forte décroissance (de
leur valeur ajoutée,de leurs effectifs) ,à endettement élevé,à créances douteuses importantes,la
différentiation s’effectuant en fonction du niveau de détérioration de leur rentabilité et de leur
solvabilité ( classe 3: rentabilité et solvabilité médiocres,classe 6:rentabilité et solvabilité très
détériorées),la classe 6 regroupant les entreprises dont les caractéristiques laissent le plus
craindre le déclenchement d’une procédure collective.

- une grande hétérogénéité des classes d’ entreprises en termes de probabilité de défaillance

La diversité des situations financières laissait attendre une diversité équivalente


des taux de défaillance d’une classe à l’autre;le tableau suivant illustre cette diversité:

Disparité des taux de défaillance selon les classes ( année 1989)

classes effectifs de effectifs effectifs non- taux de défaillance taux de non-défaillance


classe défaillantes défaillantes

classe 1 813 196 617 24.1% 75.9%


classe 2 209 38 171 18.2% 81.8%
classe 3 649 280 369 43.1% 56.9%
classe 4 216 80 136 37.0% 63.0%
classe 5 523 253 270 48.4% 51.6%
classe 6 163 129 34 79.1% 20.9%
2573 976 1597 38.0% 62.0%

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


193

Est observée une très grande variabilité d’une classe à l’autre


du taux de défaillance : alors que pour l’échantillon tout entier celui-ci est de 38%,il varie de
18.2% pour la classe 2 à 79.1% pour la classe 6,ce taux évoluant a contrario avec la qualité
financière des enreprises .
D’une manière générale doivent là encore être distinguées 3 groupes parmi les
classes:

un premier groupe constitué des classes 1 et 2,au sein desquelles les sociétés saines sont
largement prédominantes,classes pour lesquelles le taux de défaillance est très largement
inférieur au taux de défaillance moyen de l’échantillon global.(38%)
un second groupe constitué de la classe 6 ,au sein de laquelle les sociétés potentiellement en
difficulté sont largement prédominantes,classe pour laquelle le taux de défaillance est très
largement supérieur au taux de défaillance moyen de l’échantillon.
un troisième groupe enfin constitué des classes 3 ,4 et 5 plus hétérogènes au sein desquelles
cohabitent des sociétés saines et potentiellement défaillantes dans des proportions variées mais
peu éloignées des proportions observées dans l’échantillon global,une place à part pouvant être
faite à la classe 4 où l’on retrouve quasiment les proportions de l’échantillon global.

Ainsi, du point de vue qui nous préoccupe ici,à savoir le souci d’identifier
si une entreprise est potentiellement défaillante ou non-défaillante,le fait de savoir à quelle
classe appartient cette entreprise est loin d’être neutre:il permet au contraire ,indépendamment
du calcul de son ZBIS d’avoir une idée assez précise du risque de se tromper lors de cette
identification; à titre d’exemple ,le fait de savoir qu’une entreprise appartient à la classe 2 ou à
la classe 1 limite respectivement à 18.2% et 24.1% le risque d’erreur potentiel.(correspondant
à la situation où l’on décide de considérer comme non-défaillantes toutes les entreprises des
classes 2 et 1);de même ,le fait de savoir qu’une entreprise appartient à la classe 6 limite à
20.9% le risque de se tromper(correspondant à la situation où l’on décide de considérer
comme défaillantes toutes les entreprises de la classe 6); ainsi pour les classes précédentes
pourrait-on presque se passer de l’évaluation de leur score,puisque leur taux d’erreur apparait
plus faible que celui associé à celui de la fonction-score ZBIS ( 28.5% au seuil 0 ;30.3% au seuil
0.2 )
Il en va par contre très différemment pour les autres classes ,les plus
hétérogènes,pour lesquelles le taux d’erreur très élevé nécessite une analyse plus approfondie
et justifierait l’évaluation d’une nouvelle fonction-score par classe pour tenter de minimiser ce
risque d’erreur.
C’est justement à une telle tentative que correspond la troisième étape du
processus de rénovation de la fonction-score Banque de France.

3eme Etape: l’élaboration de fonctions-score par classe et proposition d’une nouvelle


règle de décision

Prioritairement la procédure choisie a consisté à rechercher des fonctions-score


nouvelles pour les classes les plus hétérogènes où le risque d’erreur de classement était le plus
grand,c’est-à-dire les classes 3 , 4 et 5: le résultat en fut l’évaluation de 3 nouvelles fonctions
baptisées respectivement DISC3, DISC4 et DISC5.
Disposant alors de 4 fonctions différentes DISC3,DISC4,DISC5 et ZBIS on peut
alors en tester le potentiel de reclassement sur les 6 classes de l’échantillon et retenir in fine

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


194

pour chaque classe la fonction présentant le meilleur potentiel,l’ensemble aboutissant à une


nouvelle règle de décision plus performante que la fonction générale ZBIS

- le choix d’une fonction-score pour la classe 3 : DISC3

Ce que l’on attend de DISC3,c’est tout d’abord de creuser l’écart entre le taux
de reclassement que permet cette fonction ,à la suite d’une nouvelle analyse discriminante(1)
appliquée aux seules entreprises appartenant à la classe 3,et le taux de reclassement qu’aurait
permis sur cette classe un simple tirage au hasard; pour être justifiée, DISC3 doit donc fournir
un taux de reclassement des entreprises de la classe supérieur à 43.1% pour les entreprises
défaillantes et à 56.9% pour les entreprises présumées saines,proportions correspondant aux
pourcentages respectifs des entreprises défaillantes et non-défaillantes de la classe 4 constatés
en 1989 .Obtenir des chiffres inférieurs invaliderait la fonction trouvée.
Mais ce que l’on attend en outre de DISC3,c’est ensuite de creuser l’écart
entre le taux de reclassement que permet cette fonction,et le taux de reclassement qu’aurait
permis d’obtenir l’application aux entreprises de la classe 3 de la fonction ZBIS.Là encore le fait
d’obtenir des chiffres inférieurs conduirait à l’abandon de la nouvelle fonction pour lui préférer
pour cette classe la fonction ZBIS.
Le tableau ci-dessous présente les éléments permettant d’effectuer un choix
parmi les diverses fonctions-score disponibles pour la classe 3:

Fonc effectifs défaillantes non taux de taux de taux de taux de taux de


tion de classe 3 défaillantes défaillance non- reclassement reclas reclas
la classe 3 classe 3 défaillance défaillantes sement sement
classe 3 classe 3 non- global
défaillantes
Z 649 280 369 43.1% 56.9% 36.4% 78.3% 60.2%
seuil 0
ZBIS 649 280 369 43.1% 56.9% 48.2% 76.1% 64.1%
seuil 0
ZBIS 649 280 369 43.1% 56.9% 61.8% 62.0% 61.9%
seuil
0.2
DISC3 649 280 369 43.1% 56.9% 60.4% 68.7% 65.1%
seuil 0

En terme de taux de reclassement global,la fonction DISC3 spécifique à la classe 3 ,au


seuil 0,apparait ici la meilleure avec 65.1%178.Retenir cette fonction DISC3 pour la classe3 parait donc
raisonnable.

178notons par ailleurs,qu’elle améliore sensiblement les taux de reclassement des entreprises défaillantes par
rapport à la fonction ZBIS de classe (60.4% >48.2%)

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195

Présentation de la fonction-score DISC3 retenue pour la classe 3 (année 1989)179(1)

DISC3= -0.751615 +0.0134 X1 +0.0192 X2 - 0.0042 X3 - 0.0220 X4 - 0.0022 X5 +


0.0010 X6 +0.0130 X7 + 0.0027 X8

_ _ _ _
ratios retenus dans la fonction DISC3 xi1 xi2 bi(xi1 -xi2) rang
saines(2) défaillantes(2)
x1=rentabilité financière 6.81 6.03 0.010452 5
x2=couverture des capitaux investis 83.15 79.54 0.069312 1
x3=délai fournisseurs 86.14 94.91 0.036834 2
x4=dettes fiscales et sociales/valeur 5.80 6.18 0.008360 7
ajoutée
x5=frais financiers/valeur ajoutée 33.99 47.98 0.030778 3
x6=(nouv.emprunts-remb)/endt global -1.59 -2.63 0.001040 8
x7=taux d’investissement productif 7.02 5.70 0.017160 4
x8=variation des capitaux propres 7.21 3.73 0.009396 6
_ _
Z1-Z2 calculé=0.183332
(2) si l’on fait l’hypothèse que les distibutions des valeurs prises par les ratios sont symétriques.

- le choix d’une fonction-score pour la classe 4 : DISC4

Dans les mêmes conditions que précédemment le tableau ci-dessous présente


les éléments du choix d’une fonction-score pour les entreprises de la classe 4:

Eléments du choix d’une fonction-score pour la classe 4


effectifs Défail non-défail taux de taux de taux de taux de taux de
Fonc de lantes lantes défaillance non-défaillance reclas reclassement reclas
tion la classe classe 4 classe 4 classe 4 classe 4 sement non sement
4 défaillantes défaillantes global
Z 216 80 136 37.0% 63.0% 30.1% 87.5% 66.2
seuil 0
ZBIS 216 80 136 37.0% 63.0% 43.7% 87.2% 71.1
seuil 0
ZBIS 216 80 136 37.0% 63.0% 50.0% 77.4% 67.3
seuil
0.2
DISC4 216 80 136 37.0% 63.0% 63.0% 76.1% 71.2
seuil 0

En termes de taux de reclassement global, DISC4 apparait là encore , à un


dixième de point près il est vrai ,la fonction la plus efficace180 .(3).Le choix de DISC4 parait
donc là encore naturel pour la classe 4.

Le tableau ci-dessous présente les caractéristiques de la fonction DISC4.

179 à partir de 43 ratios,les 25 ratios à l’origine de la fonction ZBIS générale ,auxquels ont été ajoutés 18 autres
ratios complémentaires
180 par ailleurs,elle améliore sensiblement son score pour le reclassement des entreprises défaillantes(63.0%
contre 43.7% pour la fonction ZBIS de classe)

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196

Présentation de la fonction -score DISC4 retenue pour la classe 4 (année 1989)

DISC4= 1.294767 -0.0094 X1 - 0.0033 X2 -0.0210 X3 -0.1351 X4 -0.0095 X5 -0.0010 X6+0.0057 X7

_ _ _ _
ratios retenus dans la fonction DISC4 xi1 xi2 bi(xi1-xi2) rang
(saines)(1) (défaillantes)(1)

x1=rentabilité financière 10.36 7.75 -0.01974 7


x2=taux endettement 73.23 108.20 0.08151 4
x3=concours bancaires courants/endettement 11.71 24.52 0.26901 1
global
x4=production stockée/production globale 0.25 0.78 0.07160 5
x5=frais financiers/excédent brut d’exploitation 17.37 31.49 0.13414 2
x6=taux de variation des effectifs 19.90 20.41 0.00051 6
x7=variation des capitaux propres 36.03 13.54 0.12819 3
_ _
Z1-Z2 calculé=0.66522
(1) si l’on fait l’hypothèse là encore que les distributions des valeurs prises par les ratios sont symétriques.

Notons toutefois ici un signe inattendu pour la variable « rentabilité


financière »,dénotant une contradiction entre les résultats et l’objectif affiché de la méthode
d’analyse discriminante.On retrouve là une des critiques que nous avions portées à l’encontre
de la fonction Z.

- le choix d’une fonction-score pour la classe 5 :DISC5

Les éléments du choix de la fonction-score pour la classe 5 sont les suivants:

éléments du choix d’une fonction-score pour la classe 5 (1989)

Fonc effectifs Défail non taux de taux de taux de taux de taux de


tion classe 5 lantes défail défaillance non défail reclassement reclassement reclas
classe 5 lantes classe 5 lance défaillantes non défaillantes sement
classe 5 classe 5 global
Z 523 253 270 48.4% 51.6% 39.9% 80.8% 61.0%
seuil 0
ZBI 523 253 270 48.4% 51.6% 71.0% 58.5% 64.5%
seuil 0
ZBIS 523 253 270 48.4% 51.6% 82.5% 44.1% 62.6%
seuil 0.2
DISC5 523 253 270 48.4% 51.6% 66.4% 66.7% 66.6%
seuil 0

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197

En termes de taux de reclassement global,la fonction-score DISC5 apparait être


la plus performante avec 66.6%;en conséquence,elle sera retenue pour les entreprises
appartenant à la classe 5181

Le tableau ci-dessous présente les caractéristiques de cette fonction DISC5:

DISC5=1.26657 + 0.02262 X1 - 0.00252 X2 -0.04939 X3 - 0.00554 X4 -0.00305 X5 -


0.08107 X6 + 0.01397 X7
+0.02425 X8 - 0.00386 X9

ratios retenus dans la fonction-score DISC5 xi1 xi2 bi (xi1 -xi2) rang
(saines) (défaillantes)
x1=Excédent brut d’exploitation/valeur ajoutée 27.30 21.02 0.14205 1
x2=Taux d’endettement 112.62 136.47 0.060102 2
x3=production stockée/production globale 0.74 1.04 0.014817 8
x4=variation des dettes fiscales et sociales 9.77 14.51 0.026260 7
x5=délai fournisseurs 121.73 132.23 0.035075 5
x6=taux d’intérêt apparent/endettement 10.10 10.66 0.045399 3
x7=flux de trésorerie disponible/capital engagé -4.78 -7.51 0.038138 4
x8=rentabilité nette du capital financier 9.89 8.49 0.033950 6
x9=délai crédit-interentreprises 31.0 30.7 -0.0011581 9
Z1-Z2 calculé = 0.394637
(1) nous retrouvons une nouvelle fois un signe inattendu compte tenu de la méthode utilisée.

- le choix d’une fonction-score pour la classe 2

Les éléments permettant de choisir une fonction-score pour le groupe 2 sont


présentés dans le tableau suivant:

Fonc effectif Défail non- taux de taux de taux de taux de taux de


tion s lantes défail défail non- reclas reclas reclassement
classe classe lantes lance défaillance sement sement global
2 2 classe 2 classe 2 classe 2 défaillantes non-défaillantes
Z 209 38 171 18.2% 81.8% 52.8% 50.9% 51.2%
seuil 0
ZBIS 209 38 171 18.2% 81.8% 5.4% 98.2% 81.3%
seuil 0
ZBIZ 209 38 171 18.2% 81.8% 8.1% 96.9% 80.8%
seuil
0.2
DISC3 209 38 171 18.2% 81.8% 2.8% 92.1% 75.9%
DISC4 209 38 171 18.2% 81.8% 11.1% 81.3% 68.5%
DISC5 209 38 171 18.2% 81.8% 14.7% 94.7% 80.2%

Cette classe 2 ,constituée d’entreprises saines en très grande majorité,a une


caractéristique particulière : un simple tirage au hasard nous donne une très forte chance
d’identifier correctement le statut de l’entreprise étudiée; la stratégie qui consisterait à attribuer

181 à l’inverse toutefois des fonctions précédentes qui faisaient mieux en terme de reclassement des entreprises
défaillantes que la fonction ZBIS de classe, la fonction DISC5 est ici dominée par la fonction ZBIS
(66.4%<71.0%).

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198

le caractère « non défaillante » à toutes les entreprises de cette classe 2 nous permettrait
d’identifier correctement 81.8% des entreprises de la classe,le taux d’erreur potentiel se
limitant,quant à lui, à 18.2%.Dès lors,pour être retenue,la meilleure des fonctions-score
précédentes devrait fournir un taux de reclassement global au moins équivalent à 81.8%.
Les éléments fournis dans le tableau précédent montre que tel n’est pas le cas: la
meilleure fonction-score,en l’occurrence la fonction-score ZBIS au seuil 0, ne permet pas de
faire mieux que 81.3%.Dans ces conditions doit être retenue la règle consistant à considérer
comme « non-défaillantes » toutes les entreprises de la classe 2.C’est la solution proposée par
les responsables de l’étude effectuée par la Centrale des Bilans de la Banque de France.

- le choix d’une fonction-score pour la classe 6

La classe 6 présente une situation symétrique de la précédente;les éléments chiffrés


permettant de choisir la règle de décision appropriée sont présentés dans le tableau suivant:

Fonc effectifs Défail non- taux taux de taux de taux de taux de


tion classe 6 lantes défaillantes de non- reclassement reclassement reclas
classe 6 classe 6 défail défail défaillante non- sement
lance lance défaillantes global
classe classe 6
6
Z 163 129 34 79.1% 20.9% 97.5% 2.9% 77.8%
seuil 0
ZBIS 163 129 34 79.1% 20.9% 100.0% 0.0% 79.1%
seuil 0
ZBIS 163 129 34 79.1% 20.9% 100.0% 0.0% 79.1%
seuil 0.2
DISC3 163 129 34 79.1% 20.9% 96.9% 8.8% 78.5%
DISC4 163 129 34 79.1% 20.9% 94.9% 2.9% 75.7%
DISC5 163 129 34 79.1% 20.9% 94.9% 5.9% 76.7%

La classe 6,constituée en majorité d’entreprises qui s’avèreront


défaillantes,représente là encore un cas particulier : la règle simple consistant à attribuer le
statut de « défaillante » à l’intégralité des entreprises de la classe permet de maximiser le taux
de reclassement global (79.1%) en limitant le risque d’erreur à 20.9%, à égalité avec la
fonction-score ZBIS aux seuils 0 et 0.2.
Dans ces conditions aura t-on intérêt à retenir l’une ou l’autre des règles
suivantes:
. soit,la plus simple à mettre en oeuvre ,consistant affecter automatiquement le
statut de « défaillante »à toutes les entreprises de la classe 6: c’est la solution qui a été retenue
par les auteurs de l’étude effectuée par la Centrale des Bilans de la Banque de France.
. soit évaluer le score ZBIS de l’entreprise concernée ,et faire dépendre le statut de
l’entreprise du résultat obtenu(défaillante potentielle si son ZBIS est inférieur à 0,(1) non-
défaillante potentielle si son ZBIS est supérieur à 0.(1)

(1) ou 0.2

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199

- le choix d’une fonction-score pour la classe 1

L’utilisation des diverses fonctions-score précédentes nous fournit les résultats


suivants:

Fonc effectifs Défail non- taux de taux de taux de taux de taux de


tion classe 1 lantes défail défaillance non- reclassement reclassement reclas
classe 1 lantes classe 1 défaillance défaillantes non- sement
classe 1 classe 1 défaillantes global
Z 813 196 617 24.1% 75.9% 10.1% 95.5% 74.9%
seuil 0
ZBIS 813 196 617 24.1% 75.9% 18.5% 97.2% 78.2%
seuil 0
ZBIS 813 196 617 24.1% 75.9% 29.2% 91.9% 76.8%
seuil 0.2
DISC3 813 196 617 24.1% 75.9% 12.4% 94.3% 74.6%
DISC4 813 196 617 24.1% 75.9% 16.8% 85.2% 68.7%
DISC5 813 196 617 24.1% 75.9% 16.0% 86.9% 69.8%

Pour cette classe 1,constituée en grande majorité d’entreprises non-défaillantes,la


fonction-score la plus performante apparait être la fonction ZBIS au seuil 0 avec un taux de
reclassement global de 78.2%.

- synthèse :le meilleur système de discrimination à l’intérieur des classes sur la base du
taux de reclassement global

règle de décision
classes effectif Défail non fonction taux de taux de entreprise entreprise taux de
s lantes défail score reclas reclas défail non reclas
classe lantes retenue sement sement lante défail sement
défaillantes non défail si: lante si: global
lantes
1 813 196 617 Z BIS 18.5% 97.2% <0 >0 78.2%
2 209 38 171 ZBIS (1) 14.7% 94.7% <0 >0 81.3%
3 649 280 369 DISC3 60.4% 68.7% <0 >0 65.1%
4 216 80 136 DISC4 63.0% 76.1% <0 >0 71.2%
5 523 253 270 DISC5 66.4% 66.7% <0 >0 66.6%
6 163 129 34 ZBIS (2) 100.0% 0.0% <0 >0 79.1%
total 2573 976 1597 57.2% 81.3% 72.3%

(1)une solution alternative serait d’attribuer à l’ensemble des entreprises de la classe 2 le statut de « non
défaillante »;dans ce cas,solution choisie par la Centrale des bilans de la Banque de France,le taux de

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


200

reclassement global de cette classe devient 81.8%(+0.50%) et le taux de reclassement global de l’ensemble de
l’échantillon passe de 72.26% (arrondi à72.3%) à 72.30%.
(2)une solution alternative serait d’attribuer à l’ensemble des entreprises de la classe 6 le statut de
« défaillante »;à cette solution, choisie par la Centrale des bilans de la Banque de France ,correspondraient les
mêmes taux de reclassements que la solution présentée dans le tableau ci-dessus.

à comparer avec la solution qui consisterait à utiliser ZBIS au seuil 0 pour l’ensemble des
classes:

Classe effectifs effectifs effectifs fonction taux de taux de entreprise entreprise taux de
classe défail non score reclasse reclas défaillante non reclas
lantes défail retenue ment sement si: défail sement
lantes défaillantes non lante global
défaillantes si:
1 813 196 617 ZBIS 18.5% 97.2% <0 >0 78.2%
2 209 38 171 ZBIS 5.4% 98.2% <0 >0 81.3%
3 649 280 369 ZBIS 48.2% 76.1% <0 >0 64.1%
4 216 80 136 ZBIS 43.7% 87.2% <0 >0 71.1%
5 523 253 270 ZBIS 71.0% 58.5% <0 >0 64.5%
6 163 129 34 ZBIS 100.0% 0.0% <0 >0 79.1%
total 2573 976 1597 53.0% 82.9% 71.5%

Le premier système de décision ,basé sur l’évaluation de fonctions-score spécifiques à chacune


des classes d’entreprises ,fournissant un taux de reclassement global un peu supérieur au
second,apparait être la meilleure solution lorsqu’on a déjà préalablement affecté un demandeur
de crédit à une classe donnée.

Toutefois la question à laquelle il faut répondre est la suivante: est-on en mesure de choisir
vraiment entre les deux systèmes de décision concurrents?

ce pouvoir de choisir dépend en effet beaucoup de l’identité de l’utilisateur


potentiel.Contrairement aux travaux antérieurs largement publiés de la Centrale des bilans de la
Banque de France,les travaux en cours ,dont les résultats publiés sont très fragmentaires,
permettent difficilement à un observateur extérieur (chercheur,professeur, société de
renseignements commerciaux...) d’intégrer la méthode « classification+évaluation » à sa
pratique d’analyse d’une entreprise donnée: en effet la méthode utilisée (classification
hiérarchique ascendante à partir des coordonnées d’une analyse en composantes principales)
nécessite pour être mise en oeuvre182 de pouvoir calculer la distance factorielle de
l’entreprise i étudiée par rapport au centre de chaque classe.,ce qui nécessiterait d’avoir à sa
disposition l’échantillon initial,dont seule dispose en fait la Centrale des bilans de la Banque de
France.L’utilisateur banquier,lui,aura sans doute davantage la possibilité d’y faire appel dans
la mesure où il aura un accès direct au système de classement issu de cette recherche ,tout
comme lui est offert aujourd’hui un accès direct aux ‘ Cotations Banque de France ‘tirées de
l’exploitation du fichier FIBEN.

182 pour déterminer l’appartenance d’une entreprise i (dont on possède les ratios calculés),il convient de
calculer la distance de i au centre de chaque classe ,soit six distances puisqu’il y a 6 classes d1,d2,d3,d4,d5 et
d6. L’entreprise sera affectée à la classe pour laquelle la distance de i au centre de classe sera le plus petit.

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201

En l’état actuel des choses, tout utilisateur non-banquier sera probablement obligé
de retenir la seule méthode qui lui est offerte,à savoir l’usage du ZBIS généralisé.183,à moins
qu’il se juge capable ,au terme d’une comparaison des caractéristiques financières de
l’entreprise (tableaux des pages 113 et 125) et de celles des entreprises appartenant aux
diverses classes retenues par la Banque de France(tableau de la page 187) d’associer
l’entreprise à l’une de ces classes: à titre d’exemple, ABC entreprise bénéficiant d’un taux de
valeur ajoutée élevé,avec croissance de celle-ci,d’un taux de marge d’exploitation,d’un taux
d’investissement productif et d’un taux de rendement apparent de son équipement supérieurs à
la moyenne,avec des stocks importants,des délais fournisseurs importants,un endettement
élevé,une couverture des capitaux investis et une capacité de remboursement faibles, apparait
avoir bien des points communs avec le profil-type des entreprises de la classe 5.Elle s’en
distingue toutefois par la faiblesse relative de la part de son endettement sous forme de
concours bancaires184,,sa tendance à la réduction de ses effectifs185 ainsi que de son crédit-
fournisseurs.Au total toutefois la similarité des caractéristiques de ABC avec les
caractéristiques moyennes des entreprises de la classe 5 nous paraitrait justifier dans ce cas
l’affectation de la société ABC à la classe 5.C’est l’hypothèse que nous ferons ici.

f) Application des nouvelles fonctions-score à la société ABC

Trois points retiendront successivement notre attention:


- tout d’abord nous procéderons au calcul des scores de l’entreprise pour les
exercices concernés,en mettant l’accent sur la procédure de calcul utilisée pour l’année 1989.
- ensuite,sera étudié le lien existant entre le niveau du score obtenu et la
probabilité de faillite d’une entreprise, et l’usage qui peut en être fait pour l’élaboration d’une
classification des entreprises en terme de classes de risque bancaire.
- enfin,sera étudié le lien entre le score lui-même et la décision éventuelle à
prendre en matière d’octroi de crédit.

183 lorsque les calculs précédents correspondant à une évaluation approchée de la fonction-score ZBIS auront été
validés par les futures publications de la Banque de France.
184 en forte progression,il est vrai,cette part ayant triplé en trois ans.
185 une croissance des effectifs au cours des exercices 1989 et 1990 ayant fait place en 1991 à une regression de
ces effectifs.

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202

α)l’évaluation des scores de l’entreprise ABC

- l’évaluation du score ZBIS de la société ABC (années 1989 à 1991)(dans l’hypothèse où


l’on n’a pas connaissance de la classe à laquelle l’entreprise appartient)
Le lecteur est renvoyé à l’annexe 4 pour la présentation des deux méthodes de
calcul d’un score: nous retiendrons ici la première des deux méthodes présentées.
Zbis de la société ABC(1989)
Ratios retenus bi ratio de l’entreprise contribution au score
[ 1] [2] [1] x [2]
x1= variation des capitaux propres % 0.0431 20.20 0.8706
x2= taux d’endettement % - 0.0088 40.00 -0.3520
x3=frais financiers /EBE % - 0.0111 27.00 -0.2997
x4=effet de levier 0.0212 -2.40 -0.0509
x5=délai découvert clients ( jours) - 0.0064 103.43 -0.6620
x6= EBE/ valeur ajoutée % 0.0059 16.00 0.0944
x7= délai fournisseurs ( jours) -0.0034 160.34 -0.5452
x8= créances douteuses/créances clients % -0.0144 1.86 -0.0268
Total -0.9716
+ Cte +1.4291
= Zbis +0.4575

Zbis de la société ABC (1990)(1)


Ratios retenus bi ratio de l’entreprise contribution au score
[1] [2] [1] x [2]
x1=variation des capitaux propres % + 0.0431 7.99 +0.3444
x2=taux d’endettement % - 0.0088 66.00 -0.5808
x3=frais financiers /EBE % -0.0111 28.00 -0.3108
x4= effet de levier +0.0212 -1.32 -0.0280
x5=délai découvert clients (jours) -0.0064 103.59 -0.6630
x6=EBE/ valeur ajoutée % +0.0059 14.00 +0.0626
x7= délai fournisseurs (jours) -0.0034 128.59 -0.4372
x8=créances douteuses/créances clients % -0.0144 2.19 -0.0315
total -1.6443
+ Cte +1.4291
=Zbis -0.2152
Zbis de la société ABC (1991)(1)
Ratios retenus bi ratio de l’entreprise contribution au score
[1] [2] [1] x [2]
x1=variation des capitaux propres % +0.0431 15.97 +0.6883
x2=taux d’endettement % -0.0088 53.00 -0.4664
x3=frais financiers /EBE % -0.0111 32.00 -0.3552

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


203

x4= effet de levier +0.0212 -2.80 -0.0594


x5=délai découvert clients (jours) -0.0064 103.20 -0.6605
x6= EBE / Valeur ajoutée % +0.0059 13.00 +0.0767
x7= délai fournisseurs (jours) -0.0034 127.13 -0.4322
x8=créances douteuses/créances clients % -0.0144 1.87 -0.0269
total -1.2356
+Cte +1.4291
=Zbis +0.1935

Le score Zbis de la société ABC ,positif en 1989,puis négatif en 1990,redevient positif en


1991 dernier exercice connu; la société devrait donc être considérée a priori à cette date
comme une entreprise potentiellement non défaillante.
(1) à supposer que l’on suppose une stabilité de la fonction-score pour les années suivantes
- L’évaluation des scores de classes de la société ABC (dans l’hypothèse où l’on a
connaissance de la classe à laquelle l’entreprise appartient )
Pour les classes 1,2 et 6 il n’y a pas lieu de procéder à une autre évaluation , puisque la
fonction Zbis est la meilleure fonction pour ces trois classes.
Il en va toutefois différemment pour les trois autres classes puisque ,dans ces trois cas,la
fonctionZbis est dominée respectivement par DISC3(classe 3),DISC4(classe 4) et
DISC5(classe 5).
score DISC3 de la société ABC(1989)
ratios retenus bi ratio de l’entreprise contribution au score
[1] [2] [1] x [2]
x1=rentabilité financière % +0.0134 9.00 +0.1206
x2= couverture des capitaux investis % +0.0192 85.00 +1.6320
x3= délai fournisseurs (jours) -0.0042 160.34 -0.6734
x4=dettes fisc. et sociales/valeur ajoutée % -0.0220 19.00 -0.4180
x5= frais financiers / valeur ajoutée % -0.0022 4.00 -0.0088
x6=(nouv.emprunts-remb.) / endt global % +0.0010 -0.78 -0.0008
x7= taux d’investissement productif % +0.0130 3.00 +0.0390
x8= variation des capitaux propres % +0.0027 20.20 +0.0545
total +0.7451
+ cte -0.7516
=disc3 -0.0065
dans les mêmes conditions on aurait obtenu -0.0269 en 1990(1) et +0.1081 en 1991(1)
score DISC4 de la société ABC(1989)
ratios retenus bi ratio de l’entreprise contribution au score
[1] [2] [1] x [2]
x1=rentabilité financière % -0.0094 9.00 -0.0846
x2=taux d’endettement % -0.0033 40.00 -0.1320
x3=conc.banc.courants/ endt global % -0.0210 3.00 -0.0630
x4=production stockée/prod. globale % -0.1351 -1.00 +0.1351
x5= frais financiers / EBE % -0.0095 27.00 -0.2565
x6=taux de variation des effectifs % -0.0010 3.00 -0.0030
x7=variation des capitaux propres % +0.0057 20.20 +0.1151
total -0.2889
+ Cte +1.2948
=disc4 +1.0059
dans les mêmes conditions on aurait obtenu +0.1062 en 1990(1) et +0.8068 en 1991(1)
score DISC5 de la société ABC(1989)
ratios retenus bi ratio de l’entreprise contribution au score
[1] [2] [1] x [2]
x1=EBE / valeur ajoutée % +0.02262 16.00 0.36192
x2= taux d’endettement % -0.00252 40.00 -0.10080

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204

x3=Prod.stockée /prod.globale % -0.04939 -1.00 +0.04939


x4=variation des dettes fisc.et sociales % -0.00554 37.00 -0.20498
x5= délai fournisseurs (jours) -0.00305 160.34 -0.48904
x6= taux d’intérêt apparent/endettement % -0.08107 23.00 -1.86461
x7= flux trésorerie disp./capital engagé % +0.01397 22.80 +0.31852
x8= rentabilité nette du capital financier % +0.02425 17.00 +0.41225
x9=délai crédit-interentreprises (jours) -0.00386 3.86 -0.01490
total -1.53215
+ Cte +1.26657
= disc5 -0.26558
dans les mêmes conditions on aurait obtenu -0.11869 en 1990(1) et +0.29654 en 1991(1)
(1) à supposer que l’on suppose une stabilité des fonctions score pour les années suivantes

Dans ce second cas de figure (capacité d’affecter l’entreprise à l’une des classes,et utilisation
de la fonction-score spécifique de la classe considérée),si nous considérons,compte tenu de ses
caractéristiques financières,pouvoir affecter l’entreprise à la classe 5, celle-ci ,avec un score
DISC5 égal à +0.2965 pour l’exercice 1991, devrait a priori être considérée là encore comme
une entreprise potentiellement non défaillante.

β) niveau du score de l’entreprise,probabilité de défaillance et constitution de classes de


risque bancaire

L’analyse précédente permettant de situer l’entreprise par rapport à l’alternative


défaillante/non défaillante est très utile: elle gagne toutefois à être complétée par une action
consistant à situer le score trouvé par rapport à la distribution des scores des entreprises de
l’échantillon suivi par la Banque de France et à associer à un niveau donné de score la
probabilité de défaillance correspondante.

graphique 2
(histogramme des probabilités de défaillance par catégories)186

186M.BARDOS Détection précoce de la défaillance de l’entreprise industrielle à partir de ses documents


comptables ,art.cité juin 1995 p.11

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205

Graphique 1 score industrie:distributions par catégories

graphique 2 Histogramme par catégories

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206

Répartition des entreprises par classes de scores selon la catégorie (%)187(3)


score Zbis -4.2 -3.2 -2.4 -1.0 -0.4 0.0 0.4 1.6 2.6
défaillante 3.3 4.5 6.8 23.5 18.1 16.0 10.9 15.1 1.8 0.0
non 0.4 1.1 1.0 6.4 11.2 11.4 11.5 38.5 16.4 2.1
défaillante

Répartition cumulée des entreprises par classes de scores selon la catégorie (%)(3)
score Zbis -4.2 -3.2 -2.4 -1.0 -0.4 0.0 0.4 1.6 2.6
défaillante 3.3 7.8 14.6 38.1 56.2 72.2 83.1 98.2 100.0 100.0
non 100.0 99.6 98.5 97.5 91.1 79.9 68.5 57.0 18.5 2.1
défaillante

Probabilité de défaillance/non défaillance d’ici 3 ans selon l’intervalle du score(%)(3)


score Zbis -4.2 -3.2 -2.4 -1.0 -0.4 0.4 1.6 2.6
défaillance 47.8 31.3 43.0 29.0 15.2 11.5 4.2 1.2 0.0
non 52.2 68.7 57.0 71.0 84.8 88.5 95.8 98.8 100.0
défaillance

Les résultats ci-dessus permettent un diagnostic plus précis de la société ABC:

187 M.BARDOS Détection précoce des défaillances d’entreprises à partir des documents comptables,note.citée
Juin 1995 p.10

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207

-ils montrent tout d’abord que la distinction défaillante/non défaillante est sinon
trompeuse du moins insuffisante: le fait d’obtenir un score positif ne signifie pas que l’entreprise
est assurée de ne pas faire l’objet d’une procédure collective; symétriquement le fait d’obtenir un
score négatif ne signifie pas que l’entreprise est condamnée à en connaitre une.Le raisonnement
en termes de probabilité de défaillance permet ,de ce point de vue,une appréciation plus réaliste de
la situation de l’entreprise: pour un niveau de score donné ,il n’y a pas connaissance certaine de
l’état futur,mais un certain pourcentage de chances de bien identifier cet état futur, le risque de se
tromper étant d’autant plus faible que la valeur absolue du score est élevée.D’une manière
générale,l’identification de l’entreprise étudiée sera d’autant plus aisée que le taux de défaillance
calculé ,pour un intervalle de classe donné,sera très différent du taux de défaillance effectivement
observé pour l’économie tout entière(soit 10.5% pour un horizon de 3 ans):- ainsi une entreprise
dont le score négatif est de -2.8 ,appartenant à l’intervalle [-3.2,-2.4]dont le taux de défaillance
calculé est 43%,soit 4 fois le taux de défaillance réellement constaté,doit être considérée d’un
point de vue bancaire comme une entreprise beaucoup plus risquée que l’entreprise dont le score
est -0.6 puisque pour l’intervalle concerné [-1.0,-0.4] le taux de défaillance calculé n’ est plus
que de l’ordre de 1.5 fois le taux de défaillance réellement constaté.
- à l’inverse une entreprise dont le score positif appartiendrait à
l’intervalle[+0.4,+1.6] ,dont le taux de défaillance calculé est de 4.2% soit 3 fois inférieur au taux
de défaillance réellement constaté doit être considérée comme une entreprise de risque faible ,mais
de risque supérieur à celui de toute entreprise dont le score calculé serait supérieur.
- un cas particulier est celui d’une entreprise dont le score calculé
appartient à l’intervalle [-0.4,+0.4];en effet dans ce cas,le taux de défaillance calculé (11.5%sur 3
ans) est du même ordre que le taux de défaillance réellement observé pour l’économie tout
entière.L’intervalle[-0.4,+0.4] apparait donc comme une zone de scores pouvant être assimilée à
une zone de risque moyen.
L’utilisation des probabilités de défaillance permet ainsi une analyse plus fine de la
situation de l’entreprise en associant au statut de l’entreprise (défaillante/non défaillante) une
référence au degré de risque présenté par celle-ci pour l’établissement bancaire.

L’aboutissement de ce type d’analyse pourrait être l’éventuelle élaboration de


classes de risque bancaire.Le tableau ci-après fournit un exemple de la décomposition en
classes de risque qu’autoriserait la discussion précédente:

Niveau du score et détermination de classes de risque bancaire

niveau du score Zbis classes de risque bancaire probabilité de défaillance


Zbis< -2.40 risque très élevé 3 à 5 fois plus élevée que la normale
-2.40< Zbis < -0.40 risque élevé 1.5 à 3 fois plus élevée que la normale
-0.40< Zbis < +0.40 risque moyen de l’ordre de la normale
+0.40< Zbis < +1.60 risque faible 3 fois moins élevée que la normale
Zbis > +1.60 risque très faible 10 fois moins élevée que la normale

- au cours de la période étudiée (1989-1991) la société ABC a vu son score Zbis évoluer
de +0.457 en 1989 à -0.215 en 1990 et +0.193 en 1991 dernier exercice connu: en 1989 sans
doute aurait-elle pu être considérée comme une entreprise potentiellement saine et de risque
faible; depuis lors son score évolue grosso modo au sein de l’intervalle [ -0.4 ,+0.4] ;en
1991,elle peut toujours être considérée comme une entreprise potentiellement saine,et de
risque moyen

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208

Il nous reste à étudier l’usage qui peut être fait de cette évaluation du risque présumé
de défaillance de l’entreprise dans le cadre de la décision d’octroi (ou de refus) de crédit.

γ) niveau du score et décision d’octroi de crédit

Convient-il ,en effet, lorsqu’on est banquier, de se reférer au résultat de l’analyse précédente
pour accorder un crédit,ou faire dépendre sa décision d’un score-limite ?(ce score-limite
restant à calculer)

La règle de décision précédente concernant l’identification du statut futur d’une


entreprise s’appuyait exclusivement sur la comparaison du score calculé pour cette entreprise
et un certain seuil.(Zbis =0 dans le cadre de la fonction Zbis ) A un score ZBIS supérieur à 0
correspondra la conclusion que l’entreprise concernée est potentiellement saine; à un score
ZBIS inférieur à 0 correspondra au contraire la conclusion que l’entreprise est potentiellement
défaillante: c’est surtout à l’égard des entreprises de ce dernier type que se pose pour le
banquier la question de l’opportunité de répondre positivement à la demande de crédit qui lui
est présentée par l’entreprise.
Il n’est peut-être pas judicieux pour un banquier de retenir le niveau ZBIS =0 comme
niveau limite d’attribution des prêts : en effet beaucoup d’entreprises dont le ZBIS apparaitra
négatif ne seront pas pour autant conduites à un dépot de bilan. On estime en moyenne à
3.5% le taux annuel de défaillance des entreprises industrielles francaises,c’est-à-dire un taux
très largement inférieur à la proportion des entreprises défaillantes dans l’échantillon suivi par
la Centrale des Bilans de la Banque de France (38%).Il en résulte que seule une minorité des
entreprises à ZBIS négatif constitue un vrai risque en capital pour la banque ;le refus de crédit
aux autres entreprises en entrainerait un autre, celui de renoncer au revenu futur potentiel
associé à une décision d’accord de crédit. Retenir le niveau Zbis=0 comme limite d’attribution
des prêts correspondrait donc à une stratégie couteuse tant financièrement qu’en termes de
parts de marché.
C’est à cette préoccupation que correspond l’usage de la notion de score-limite Zc ,se
substituant au score préalablement calculé.Ce score limite Zc est mesuré habituellement par:
Zc = Log ( q1 .c1 / q2 . c2 )
avec:
q1 = probabilité a priori de faillite de l’entreprise
q2 = probabilité a priori de non faillite de l’entreprise
c1 = coût de l’éventuelle erreur de classement de type 1 (consistant à déclarer
saine une entreprise qui en fait ultérieurement déposera son bilan.Dans ce cas de figure ,le
coût de l’erreur correspond à la perte sèche de la partie du capital non encore remboursé à la
banque à la date du dépot de bilan ,qui ne pourra pas être recouvrée.
c2 = coût de l’éventuelle erreur de classement de type 2 (consistant à déclarer
défaillante une entreprise qui finalement échappera au dépot de bilan. Dans ce cas de figure ,le
coût de l’erreur correspond à la perte d’opportunité que supportera l’établissement bancaire du
fait du non-prêt: à supposer que l’entreprise demeure cliente de la banque ,cette perte
d’opportunité se limitera au Produit net Bancaire perdu mesurable par le produit du
différentiel de taux( taux d’intérêt qui aurait été demandé à l’entreprise - taux du marché
interbancaire) par le montant demandé.S’il y avait ,au contraire ,un risque de voir le client
cesser toute relation avec l’établissement bancaire,alors le coût d’opportunité du non-prêt
serait beaucoup plus élevé(il correspondrait alors à la perte de la totalité du Produit net

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


209

bancaire global qu’aurait assuré l’entreprise à l’établissement bancaire tout au long des
années à venir.
Un cas très particulier correspond au cas où q1 = q2 et c1 = c2 . Dans ce cas Zc =Log
(1)=0 .Le seuil 0 est alors admissible.Si l’on a des raisons de croire,au contraire,que q1 ≠ q2 et
que c1 ≠ c2 ,alors il convient de recalculer le score-limite,en intégrant les valeurs correctes de
q1 ,q2 ,c1 ,c2 . A titre d’exemple ,si l’on intègre les probabilités de défaillance annuelles
observées en 1993 (1) pour les entreprises industrielles de l’échantillon de la Banque de
France( 3.5% ,soit une probabilité de défaillance sur 3 ans de l’ordre de 10% et de non-
défaillance de 90%) et qu’on évalue c 1 à 5 c2 le score-limite pourrait être évalué dans ce cas
à:
zc = Log ( 0.10 x 5/ 0.90 x 1) = Log (0.555) = -0.589
ce score-limite devenant alors la norme d’acceptation des crédits bancaires dans le cadre des
hypothèses retenues.
Le tableau ci-dessous présente quel aurait été ce score-limite pour différents jeux
d’hypothèses:
Evolution du score-limite Zc dans divers jeux d’hypothèses (avec q1 =0.10 et q2 =0.90)
parités retenues entre c1 et c2 q1 c1 / q2 c2 Zc = Log ( q1 c1 / q2 c2)
c1 = 10 c2 1.111 +0.105
c1 = 8 c 2 0.888 -0.119
c1 = 6 c 2 0.667 -0.405
c1 = 5 c 2 0.555 -0.589
c1 = 4 c 2 0.444 -0.812
c1 = 3 c2 0.333 -1.100
c1 = 2 c2 0.222 -1.505
c1 = 1 c2 0.111 -2.198

La norme d’acceptation des crédits bancaires apparaissant d’autant plus élevée que le
coût c1 (perte en capital associée au dépot de bilan éventuel) est perçu sensiblement plus élevé
que le coût c2 (perte de revenu futur associée à la décision de refus de crédit)

Il appartiendrait alors à l’établissement bancaire, selon son aversion à l’égard du risque,


et l’évaluation effectuée par ses services de controle de gestion de c1 et c2 , de retenir le score-
limite sur la base duquel sera mise en oeuvre sa politique de prêt à la clientèle.

Il nous reste à analyser le score BDFI mis actuellement à la disposition des


établissements bancaires par la Banque de France ,score issu directement du score Zbis analysé
précédemment avec quelques modifications

F- Du score Zbis au score BDFI

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210

( C) 1994/1999 Le Diagnostic bancaire de l'Entreprise , RENNES, CEREFIA


211

Telles sont les principales caractéristiques du concept de fonction-score et de l’usage qui peut
en être fait dans le cadre de l’environnement français.

Il nous reste à présenter , avant de clore ce chapitre consacré aux méthodes d’évaluation d’un
demandeur de crédit,une dernière méthode ,beaucoup moins lourde que les
précédentes,consistant à faire appel à ce qu’il est convenu d’appeler la « Cotation Banque de
France », service en ligne géré par la Banque de France ,et auquel les banquiers ont librement
accès.

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212

Section 3 .L’évaluation d’un demandeur de crédit par l’intermédiaire d’un recours à la


« cotation Banque de France » de l’entreprise

Outre la banque de données étudiée précédemment constituée aujourd'hui de 34 000


entreprises fournissant volontairement leurs documents comptables et financiers à la Centrale
des Bilans de la Banque de France, et dont les résultats agrégés font l'objet des publications
sectorielles, la Banque de France pilote une autre banque de données, la banque de données
FIBEN (Fichier Bancaire des Entreprises)188, ayant pour vocation de recueillir pour l'ensemble
cette fois des entreprises189 toutes les informations disponibles que la Banque de France est
autorisée à enregistrer pour chacune d'entre elles : outre les documents comptables et
financiers des entreprises qui lui parviennent parallèlement à leur dépôt auprès des Greffes des
Tribunaux de Commerce, la Banque de France dispose en temps réel de diverses informations
spécifiques, de diverses origines190 ou issues de fichiers centralisateurs qu'elle a la charge de
gérer, tels ceux centralisant les incidents de paiement ou les procédures judiciaires en cours191

A partir des éléments disponibles dans le Fichier FIBEN, la Banque de France


attribue aux entreprises une cotation qui traduit l'appréciation portée par la Banque de France
sur celles-ci.

La "cotation Banque de France" pour les entreprises est composée de trois éléments :
. une cote d'activité représentée par une lettre de A à H, J, N ou X
. une cote de crédit représentée par un chiffre de 3 à 6
. une cote de paiement représentée par un chiffre de 7 à 9

°la première concernant la taille de l'entreprise mesurée par son chiffre d'affaires net ou,
pour les entreprises appartenant à des secteurs d'activité à cycle long, le total du chiffre
d'affaires net et de la Production stockée
°la seconde tenant compte
- de la situation financière de l’entreprise au terme d’un examen de
l’équilibre financier et de la rentabilité de l’affaire.
- de l’appréciation portée sur ses dirigeants.
- de l'existence éventuelle d'incidents de paiement ou de procédures
judiciaires
°la troisième indiquant la ponctualité des paiements et la situation de trésorerie de
l'entreprise.

Tableau cotation de la Banque de France

188 pour une présentation du fichier FIBEN lire la Note d’Information N°102 de la Banque de France ‘La
Banque de données FIBEN ,Novembre 1995
189 fin 1994 les données disponibles dans FIBEN concernaient,selon la Banque de France, 2 350 000
entreprises
190protêts inscrits au Greffe des Tribunaux de commerce, déclarations d'arriéré de cotisations de Sécurité
Sociale.
191à l'exclusion des décisions judiciaires de nature commerciale ayant fait l'objet de lois d'amnistie, et des
condamnations pénales autres que les mesures d'interdiction judiciaire d'émettre des chèques.

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A titre d'exemples:

A la cotation H37 correspond une entreprise dont le chiffre d'affaires est situé
entre 50 et 100 millions de chiffre d'affaires, dont la situation financière est jugée favorable,
assurant ses paiements avec ponctualité.
A la cotation H47 correspond une entreprise de même taille, dont la situation
financière appelle une attention particulière (en raison d'une rentabilité faible ou en diminution
sensible, d'un autofinancement faible, d'une diminution notable de la situation nette ou du
fonds de roulement net, d'arrivée d'événements particuliers pouvant entraîner une certaine
vulnérabilité de l'entreprise...voire d'incidents de paiement jugés de peu d'importance, ne
traduisant pas de réelles difficultés de trésorerie).
A l'inverse à une cotation H69 correspond une entreprise de même taille dont la
situation financière appelle des réserves graves (en raison d'une rentabilité fortement négative
sur un ou plusieurs exercices, de fonds propres devenus inexistants, d'un Fonds de roulement
fortement négatif, d'impayés importants...) et dont la Trésorerie est très altérée.
On voit bien quel est l'intérêt de cette cotation Banque de France pour un banquier
qui fait l'objet d'une demande de concours de la part d'une entreprise. Un simple appel au
service des Cotations de la Banque de France via Minitel lui permet, après l'analyse financière
du dossier de son client, de vérifier si son jugement est confirmé ou infirmé par le service de
veille de la Banque de France. Il est probable qu'un jugement réservé de celle-ci, avec
indication des éléments motivant ce jugement, ne sera pas sans conséquences sur la décision
de refus ou d'octroi du crédit demandé, et dans ce dernier cas, sur les conditions auxquelles ce
crédit sera accordé.

classes correspondance Décision bancaire fréquences 1994(1)


« cotation BDF »
1 37 accord probable du crédit demandé 50.4%
2 47 ou 48 accord ou refus après ¨9.0%
3 57 accord ou refus analyse 26.3%
4 67 accord ou refus approfondie 11.3%
5 58 accord ou refus du 1.0%
6 68 accord ou refus dossier 1.0%
7 59 accord ou refus du client 0.5%
8 69 accord improbable du crédit demandé 0.6%
(1) fréquences observées des « cotation BDF » en septembre 1994. (France entière)

On voit aussi quel usage pourrait faire de cette "cotation Banque de France" un
banquier désireux d'affecter un de ses clients ou un client potentiel à une classe de risque : au
tableau précédent présentant les divers niveaux de cotation selon un niveau de risque croissant
correspond d’ailleurs un classement en 8 classes de risque.192
C'est de l'ensemble des informations précédentes que le banquier, au terme d'un
processus intégrant l'une ou l'autre des procédures précédentes, pourra mener à terme l'analyse
du risque bancaire présenté par chacun de ses clients. Ceci ne représente toutefois qu'un
élément de la décision. C'est aux autres éléments de la décision qu'il convient maintenant de
s'intéresser.

192 la volonté de réduire à un nombre de classes moins élevé (sont traditionnellement retenues dans les
établissements bancaires de 4 à 5 classes) pouvant conduire à agréger les 4 dernières classes pour en faire une
seule (on retrouverait alors la classe de risque élevé regroupant les sociétés les plus proches du dépot de bilan)

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