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Chapitre 5
A. les normes inspirées de la méthode des " Credit-men " américains : l'évaluation
d'un indice de qualité
B. les normes issues de l'expérience d'un établissement bancaire :
l'évaluation d'une note
2 L'utilisation de " normes " définies au terme d'une analyse multivariée des comptes
financiers d'entreprises : l'évaluation d'un score
Les méthodes utilisées dans les établissements bancaires pour évaluer le risque
associé à un demandeur de crédit peuvent être ramenées à 2 types de méthodes :
les uns,souvent les plus petits des établissements bancaires,,mais aussi tous ceux
qui veulent s’épargner le coût de constitution et de suivi d’une base de données à partir
de leurs dossiers-client,la solution est le recours à une base de données externe:parmi
celles-ci le recours au fichier FIBEN de la Banque de France,et à la « cotation Banque de
France »qui en est issue est la solution la plus utilisée par les établissements bancaires.
les autres, c’est-à-dire les établissements bancaires qui souhaitent assurer eux-
mêmes l’évaluation du risque de leurs clients,sur la base de leurs propres
critères,privilégient un recours à une évaluation interne: ce choix étant fait,les méthodes
pour y parvenir sont extrêmement diverses:
C'est à une telle procédure que correspond le mode d'analyse des banquiers
américains étudiés par COHEN, GILMORE et SINGER. Les tableaux présentés ci-dessous
illustrent les principales étapes de cette procédure, étudiant successivement la solvabilité de
l'entreprise, la rentabilité de l'entreprise et la sécurité qu'elle offre à l'éventuel concours bancaire :
En ce qui concerne l'équilibre financier de bas de bilan, l'accent est mis successivement
sur le niveau de la Trésorerie immédiate de l'entreprise par rapport au Passif exigible à court
terme ( colonne [7]), la situation relative de ce même ratio de trésorerie immédiate par rapport
à celui des autres entreprises du secteur auquel appartient l'entreprise (colonne [8]), l'évolution
des stocks de l'entreprise au cours des 3 dernières exercices (colonne [9]), la situation relative
du ratio
stocks
--------------de l'entreprise par rapport à celui des autres entreprises du secteur
Actifs circulants (colonne [10])
Pour montrer quelle peut être l'utilisation qui peut être faite de ces divers résultats
partiels, nous nous référerons au cas simplifié où l'appréciation de la situation financière de
l'entreprise n'impliquerait qu'une référence aux deux critères clefs que sont la rentabilité et la
solvabilité de l'entreprise : (tableaux suivants)
Tableau 9
Le mode d'estimation le plus courant consiste à attribuer une série de poids aux
diverses composantes de l'évaluation finale et à en tirer une moyenne pondérée, représentative
du niveau de qualité du demandeur de crédit, cette moyenne pondérée pouvant prendre selon
les cas la forme d'un indice, d'une note ou encore d'un score.
Dans ce cadre il nous paraît cependant utile de distinguer deux situations selon la
nature de la structure de poids retenue : cette dernière peut être le fruit de la tradition ou de
l'expérience; mais elle peut être ausi le résultat d'une étude scientifique préalable fondée sur
l'utilisation de techniques d'analyse multivariée.
Critères associés à l'estimation de l'indice de Poids attribué 106à chacune des composantes
qualité du demandeur de crédit dans l'évaluation finale
I . Indice de compétence du management 40 %
le dernier élément de l'évaluation, faisant une large place à la méthode des ratios
analysés précédemment, à travers l'observation d'un certain nombre de ratios représentatifs de
la solvabilité, de la rentabilité... relative d'une entreprise par rapport à celle constatée pour la
même période en moyenne pour les entreprises du secteur. Cette comparaison aboutissant à
l'évaluation d'un indice situant la position financière relative de l'entreprise par rapport à la
position moyenne des autres entreprises du secteur.
Cette méthode censée représenter la pratique bancaire américaine a été formalisée
pour la première fois par deux auteurs américains WALL et DUNNING qui, dans un ouvrage
publié en 1928107 proposaient d'évaluer la qualité financière d'un demandeur de crédit à partir
d'un ensemble des 7 ratios présentés dans le tableau ci-dessous, chacun de ces 7 ratios étant
affecté d'un poids correspondant à l'importance présumée de ce ratio dans l'évaluation finale
du demandeur de crédit.
106poids pouvant varier d'une organisation bancaire à l'autre en fonction des priorités affichées de sa politique
de prêt.
107A. WALL, R.W. DUNNING Ratio Analysis of Financial Statements
New York : Harper Brothers 1928 pp 152-165.
2. Frais de Financement / VA 20 % 10 10 20
113 A. BIZOT La Pratique bancaire française en matière de financement intérieur Paris : Revue Banque
Editeur 1985 pp 45-47.
114
chacun de ces ratios ayant vocation à être apprécié relativement par rapport aux
valeurs prises par ce même ratio dans une population d'entreprises de référence.
L'application de la méthode des credit-men aux 5 ratios proposés par A.
BIZOT, avec les poids suggérés, en retenant comme population de référence l'échantillon
sectoriel suivi par la Centrale des bilans de la Banque de France115 nous conduirait pour la
société ABC à un indice de qualité financière égal à I = 0.716.
Selon le niveau de l'indice obtenu pour l'entreprise étudiée, celle-ci pourrait être
associée à l'une des classes de risque potentielles; Sur la base de la décomposition suivante :
B) les " normes " issues de l'expérience spécifique d'un établissement bancaire :
l'évaluation d'une note
115après reformulation des ratios proposés de telle façon que toute augmentation d'un ratio traduise une
amélioration de l'indice, et toute diminution une détérioration de l'indice. Dans ce cadre l'indice I devient :
(EBE/VA)i (VA/Frais de Fint.)i 1/(CCB/BFR)i (INV/VA)i
I = 0.20 -------------- + 0.20 ------------------------- + 0.20 ------------------ + 0.20 ---------------
(EBE/VA)s (VA/Frais de Fint.)s 1/(CCB/BFR)s (INV/VA)s
(CAF/DET)i
+ 0.20 ----------------
(CAF/DET)s
le premier ratio correspondant en terme de ratios suivis et publiés par la Centrale des bilans de la Banque de
R19
France au rapport -------
R6
le second ratio correspondant à l'inverse du ratio R28d de la Banque de France
le troisième ratio correspondant à l'inverse du ratio R27 de la Banque de France
le quatrième ratio, correspondant au ratio R11 de la Banque de France
le cinquième ratio correspondant au ratio R33 de la Banque de France, se substituant ici au ratio de couverture
des dettes financières à terme par le CAF, ce dernier ne faisant pas l'objet de publication.
soit :
0.14 1/ 0.04 1/ 0.39 0.07 0.07
I = 0.20 . ------ + 0.20 . ------- + 0.20 . --------- + 0.20 . ------ + 0.20 .-----
0.17 1/ 0.04 1/ 0.14 0.06 0.44
ou I = 0.20 x 0.89 + 0.20 x 1.00 + 0.20 x 0.36 + 0.20 x 1.17 + 0.20 x 0.16 = 0.716
B - Facteurs correctifs
8. Retard de paiement constaté retard constaté oui= -1 non=0 0
L'objectif affiché ici est d'évaluer la qualité du demandeur de crédit, non plus à partir d'un
indice de qualité (>1 ou <1), mais à partir d'une note échelonnée de 0 à 20, note dont on
déduira ultérieurement l'appartenance de l'entreprise à l'une des 4 classes de risque retenues
(de Risque très élevé à Risque faible).
Notons enfin que l'analyse étant effectuée sur les 3 derniers exercices connus, la banque
dispose, pour prendre sa décision d'acceptation ou de refus du crédit, de l'évolution de la
position du risque de l'entreprise, lui permettant de faire la différence entre une entreprise dont
la situation de risque s'améliore (augmentation de la note globale) ou se détériore (réduction
de sa note globale).
116du niveau relatif de chacun de ces ratios par rapport à la distribution des ratios théoriques ou observées pour
ce type de clientèle dans la banque dépendra la note attribuée à l'entreprise au titre de ce ratio.
117+ 1 point à chacun des ratios 2, 3, 4, 5 à imputer aux sociétés ayant des valeurs élevées pour chacun de ces
ratios (matérialisées sur la grille d'évaluation par les notations affectées d'un astérisque).
118il ne s'agit pas là d'une note de qualité du chef d'entreprise ou du dirigeant dont l'exploitant serait seul juge,
mais d'une note supplémentaire attribuée sur une base tout à fait objective, s'appuyant sur une liste de
caractéristiques techniques et financières de l'entreprise autres que celles prises en considération dans la grille
d'évaluation financière, qui, si elles apparaissent lors de l'instruction du dossier, entrainent une surévaluation
de la note à hauteur du correctif appelé "Rajout total ".
la banque.
note 0 1 2
EBE/production ratio 5% 5%≤R≤10% >10% 5.3% 1
note 0 1 2
frais financiers/EBE ratio >60% <40% 33% 2
60%≥R≥ 40%
note 0 1 2
frais de personnel/valeur ajoutée ratio >70% 70%≥R≥60% <60% 83% 0
note 0 1 2
CAF/production ratio <4% 4%≤R≤6% >6% 2.6% 0
note 0 1 2
var.de la valeur ajoutée/var.d’ ratio <0.98 0.98≤R≤1.02 >1.02 1.05 2
effectifs
note 0 1 2
fonds propres/endettement total ratio <25% 25%≤R≤35% >35% 27% 1
note 0 1 2
FRN en jours de chiffre d’affaires ht ratio <30 30≤R≤50 >50 15 0
note 0 1 2
var.des fonds propres/var. production ratio <0.98 0.98≤R≤1.02 >1.02 1.30 2
note 0 1 2
BFR-FRN en jours de ch. d’affaires ratio >60 60≥R≥40 <40 29 2
ht
note 0 1 2
dettes à terme/CAF (ans) ratio >4 4≥R≥2 <2 2.31 1
note 0 1 2
stocks(en jours de chiffre d’affaires ratio >90 90≥R≥60 <60 51 2
ht)
note 0 1 2
clients(en jours de chiffre d’affaires ratio >90 90≥R≥60 <60 55 2
ht)
note 0 1 2
fournisseurs(en jours d’achats ttc) ratio >120 120≥R≥90 <90 91 1
note 0 1 2
NOTATION ABC = 18 /30 RISQUE MOYEN
Sur la base du système d’évaluation de la banque B,la société ABC aurait cette fois été
considérée, avec sa note de 18/30, comme une entreprise de RISQUE MOYEN.
Là encore,l’analyse s’effectuant sur les trois derniers exercices connus,l’établissement bancaire
disposera, pour prendre sa décision d’acceptation ou de refus du crédit, de l’évolution de la
note de l’entreprise au cours de la période récente,élément permettant une prise en
considération de l’éventuelle amélioration ou détérioration de la position de risque de
l’entreprise.
complété par une appréciation du degré de suffisance des fonds propres de l’entreprise (dans
l’hypothèse où une crise grave et durable affecterait négativement la base de fonds propres de
l’entreprise à la suite de pertes répétées.
119 trésorerie immédiate= fonds de roulement net -besoins nets de financement de l’exploitation
120 activité mensuelle= produits d’exploitation hors taxes /durée de l’exercice en mois
121 frais de financement nets= charges financières +1/3 des redevances de crédit-bail - produits financiers
Sur ces bases la note de la société ABC aurait été de 7/20.Là encore,le calcul des
notes de l’entreprise sur trois exercices consécutifs permet d’apprécier l’évolution dans le
temps de la situation de l’entreprise au cours de la période récente, et d’identifier une
éventuelle amélioration ou détérioration de cette position.
Par ailleurs cette note calculée de l’entreprise pour la dernière année fait l’objet
d’une comparaison avec la distribution des notes constatées pour un échantillon représentatif
de la clientèle de la banque : sont distinguées cinq classes d’entreprises selon l’importance de
leurs notes
Nous venons de présenter trois exemples d’évaluation d’une note tels qu’on peut
les observer: cette série d’exemples ne prétend pas à l’exhaustivité , et beaucoup d’autres
auraient pu, au même titre , être retenus.
Cette série des exemples présentés est toutefois suffisante pour illustrer les
caractéristiques des modalités de calcul d’une note actuellement utilisées:
un choix préalable par l’établissement bancaire de quelques ratios jugés bons
annonciateurs de risque,
l’adoption d’un système de pondération reflétant l’expérience de la banque en
ce domaine,un souci de comparaison sur plusieurs années de la note en question
et le souci de la situer ,à un moment donné, par rapport à la distribution des
notes observée au même moment pour l’ensemble de la clientèle de la banque.
Notons en outre que ,dans les établissements bancaires français , cette note est de
nature exclusivement financière,basée sur les seuls documents comptables et financiers de
l’entreprise,excluant notamment toute référence à la qualité des dirigeants. Ceci ne veut pas
dire que cette qualité des dirigeants n’est pas prise en considération, nous le verrons
122fonds propres corrigés =fonds propres + provisions pour risques et charges +prêts participatifs+comptes-
courants d’associés bloqués - non valeurs
ultérieurement,mais qu’on a souhaité, pour des raisons de contrôle sans doute, disjoindre
totalement ces deux composantes de la prise de décision bancaire.
2 . L'Utilisation de " normes " définies au terme d'une analyse multi variée de comptes
financiers d'entreprises
Ce souci d''identification des facteurs pouvant permettre une prévision à terme des
faillites d'entreprises n'est pas récent. Nombreux sont les observateurs qui dès les années trente
et quarante se sont efforcés, a posteriori, de montrer qu'il y avait des différences significatives
dans l'évolution des ratios des entreprises selon qu'elles étaient saines ou en difficulté123124.
Toutefois, à cette époque il s'agissait plus d'une recherche de compréhension du phénomène
que d'une volonté de mettre en oeuvre un outil opérationnel de détection des entreprises en
situation difficile. Ce souci opérationnel est par contre manifeste dans les travaux de W.H.
BEAVER125 et E.I. ALTMAN126 les deux véritables pionniers de l'application des techniques
de " Crédit Scoring " à l'activité d'octroi de crédit aux entreprises, tous les deux s'efforçant au
terme d'une analyse simultanée de 2 échantillons d'entreprises, l'un constitué d'entreprises
ayant déposé leur bilan, l'autre constitué d'entreprises présumées saines du même secteur,
d'identifier les facteurs les plus pertinents pour prévoir suffisamment de temps à l'avance
l'échec futur des entreprises défaillantes:
- le premier, utilisant une technique de classification faisant appel à l'analyse
dichotomique, montrait que les ratios les plus prédictifs, parmi la trentaine des ratios étudiés,
étaient dans l'ordre
123P.J.FITZPATRICK A Comparison of Ratios of Successful Industrial Enterprises with those of Failed firms
CERTIFIED PUBLIC ACCOUNTANT oct. 1932 pp 598-605, Nov. 1932 pp 656-662, Dec.1932 pp 727-731.
124C.H. WINAKOR, R.F. SMITH Changes in Financial Structure of unsuccessful Industrial firms. Bulletin
n°51 (Urbana : University of Illinois Press, Bureau of Economic research. 1935).
125W.H. BEAVER Financial Ratios as Predictors of Failure, Empirical Research in Accouting Studies 1966
Supplement to vol;4 JOURNAL OF ACCOUNTING RESEARCH pp 71-127 et aussi
W.H. BEAVER Alternative Accounting Measures as predictors of Failure THE ACCOUNTING REVIEW
Jan. 1968 pp 113-122.
126E.I. ALTMAN Financial ratios discriminant analysis and the prediction of corporale bankruptcy
JOURNAL OF FINANCE Sept; 1968 pp 589-609.
Bénéfice net
le ratio ------------- 13 % 20 % 23 % 29 % 28 %
Actif total
Endettement total
le ratio ------------------- 19 % 25 % 34 % 27 % 28 %
Actif total
Réalisable et Disponible
le ratio -------------------------- 20 % 32 % 36 % 38 % 45 %
Dettes à moins d'1 an
source: Beaver (1966)
A supposer que dans une première étape l'on ne s'intéresse qu'à 2 ratios, l'un
représentatif de la rentabilité des entreprises concernées (X1) et l'autre représentatif de leur
niveau d'endettement (X2) et qu'après représentation graphique dans un système d'axes (X1,
X2) des caractéristiques financières des entreprises des 2 échantillons de base (les entreprises
connues pour avoir déposé leur bilan au cours de la période étant représentées par un x, les
entreprises saines par un o.) l'on obtienne le graphique suivant :
| . évaluer le Zc, Z limite, en deçà duquel le banquier aurait intérêt à apporter une
| réponse négative à la demande de crédit, compte tenu
| a) des résultats statistiques obtenus à partir de la Fonction score
| b) du coût associé à une éventuelle erreur de classement du demandeur de
| crédit.
| q1 . C1
Phase II | Zc = Log ----------
| q2 . C2
| Zc = Z limite optimal
| q1 = probabilité a priori de non remboursement du Crédit
| q2 = probabilité a priori de remboursement du crédit
| C1 = coût de l'erreur de classement 1 (défaillante qualifiée de saine)
| C2 = coût de l'erreur de classement 2 (saine qualifiée de défaillante)
Se situant dans un plan X1 O X2, la droite discriminante (fonction score) peut être
définie par une fonction de X1 et X2 , f (X1, X2) ,et peut être représentée par :
Z = a0 + b1 X1 + b2 X2
X1 et X2 étant les mesures des ratios retenus dans la fonction score résultante
la fonction score la meilleure étant obtenue au terme d'une procédure pas-à-pas, consistant à
intégrer à la fonction Z les ratios, dans l'ordre de leur contribution discriminante128
f (X1)
f (X1, X2)
f (X1, X2, X3)
f (X1, X2, X3, X4)
................................
f (X1, X2, X3, X4, ...,Xn)
127cette dernière pouvant être éventuellement égale à 0, si l'on adopte une variante particulière de la méthode
d'analyse discriminante, très largement employée, consistant à contraindre la constante a0 à prendre la valeur
zéro (constante forcée à l'origine).
128 _ _
bi σi ou bi (xi1 - xi2) selon les cas, la première ayant été notamment utilisée par ALTMAN (1968), la seconde
proposée par JOY et TOLLEFSON (1975).
Ce choix du niveau Zc = 0 est toutefois ici tout à fait arbitraire. Il nous reste
à préciser le mode de détermination de Zc, après prise en considération des facteurs censés
influencer le choix d'un tel niveau de Zc.
q1.C1
Zc = Log ---------
q2.C2
0.10x 5
Zc = Log --------------- = Log (0.555) = - 0.59
0.90x 1
130E.
I. ALTMAN Financial ratios, discriminant analysis and the prediction of corporate bankruptcy
JOURNAL OF FINANCE September 1968 pp 529-609.
b) échantillon de validation
faillite non faillite total
Echantillon de validation à 1 an 96 % 79 % 84 %
25 défaillantes à 2 ans n.d. n.d. n.d.
66 saines 133 à 3 ans n.d. n.d. n.d.
période de validation : 134 à 4 ans n.d. n.d. n.d.
22 ratios étudiés à 5 ans n.d. n.d. n.d.
(calculés à partir des données publiées)
avec pour 1 an Zl = 1.81 Zm = 2.99 et Zc =2.675
131 calculées selon la méthode proposée par O.M. JOY et J.O. TOLLEFSON( on the financial applications of
discriminant analysis JOURNAL OF FINANCIAL AND QUANTITATIVE ANALYSIS December 1975 pp
723-739.).Cette méthode correspond en fait à la procédure de calcul du D2 de MAHALANOBIS. Les chiffres
présentés ligne après ligne dans la colonne correspondante fournissent la partie de l’écart existant entre les z
moyens des 2 groupes,imputable à chacun des ratios concernés.La comparaison des valeurs absolues de ces
chiffres permet d’évaluer directement le pouvoir discriminant de chacun des ratios(solution retenue ici );une
autre solution aurait consisté à évaluer le pouvoir discriminant relatif de chacun des ratios en faisant le rapport
entre la contribution spécifique du ratio et la contribution totale de l’ensemble des ratios de la fonction
score:dans ce dernier cas,le pouvoir discriminant du ratio s’apprécie par un pourcentage. Notons toutefois que
dans l’un et l’autre cas le classement des ratios est rigoureusement le même.
132recalculés selon la méthode de JOY et TOLLEFSON à partir du Tableau 1 page 596 de ALTMAN (1968).
133échantillon d'entreprises saines tout à fait particulier dans la mesure où les entreprises choisies, n'ayant pas
déposé leur bilan au cours de la période étudiée, n'en présentaient pas moins un caractère certain de fragilité
(existence d'une perte comptable constatée).
1341946-1965 pour les entreprises défaillantes
1959-1962 pour les entreprises " saines ".
laissant prévoir correctement un an à l'avance pour 95% des entreprises la situation (faillite ou
non faillite) qui allait être la leur135 dans l'échantillon initial, et pour 84% des entreprises dans
l'échantillon de validation.
Notons toutefois que la performance de ce premier modèle, s'avère moins
concluante lorsqu'on étend la période d'observation puisque, même pour l'échantillon initial, au
delà de 2 ans, durée pour laquelle la performance reste correcte (72% des entreprises
défaillantes identifiées), celle-ci faiblit rapidement pour les années antérieures t-3, t-4, t-5 au
point de ne fournir que des taux de réussite inférieurs136 à ce qu'aurait fourni un simple tirage
au hasard. Ces résultats médiocres pour les années les plus lointaines allaient toutefois être
corrigés lors des études ultérieures.
135dont un reclassement correct de 97% des sociétés saines et de 94% des sociétés appelées à faire l'objet dans
l'année d'une procédure judiciaire.
13648% en t-3, 29% en t-4, 36% en t-5.
avec
contributions relatives des variables138
_ _ _ _
xi1 xi2 bi(xi1-xi2) rang
X1 = Résultat avant intérêt et impôt/Actif total 0.112 -0.006 n.d. 5
X2 = 1/σ (Résultat avant intérêt et impôt/Actif 5.784 1.687 n.d. 2
total)
X3 = log(Résultat avant intérêt et 1.162 0.962 n.d. 7
impôt:Charges financières)
X4 = Réserves/Passif total 0.293 -0.001 n.d. 1
X5 =Ratio de Liquidité générale(ou ratio de 2.604 1.576 n.d. 4
Fonds de Roulement)
5
X6 = ∑ Cap boursière/Capitaux permanents 1.845 0.611 n.d. 3
1
(estimé à partir des valeurs de marché)
X7 = log (Actifs totaux)139 2.222 1.985 n.d. 6
-----------------
Z1 -Z2 =7.20140
137les coefficients bi de la fonction discriminante n'étant pas fournis , réservés à l'établissement bancaire (
Wood, Struthers et Winthrop) ayant fourni la banque de données et financé la recherche.
138critère de JOY et TOLLEFSON
139notons ici une ambiguité dans la contribution de ALTMAN, HALDEMAN et NARAYANAN la variable X7
étant définie dans le texte comme représentant le total des actifs, et en annexe comme le total des actifs
corporels (Tangible Assets)
140estimation à partir du graphique 1 de la page 49 de l'article de ALTMAN, HALDEMAN et NARAYANAN.
149 M. BARDOS PME du BGCA ratios significatifs et détection du risque : trois méthodes d'analyse
discriminante CAHIERS ECONOMIQUES ET MONETAIRES n°33 2e Trimestre 1989.
150 M. BARDOS Méthode des scores de la Centrale des bilans BANQUE DE FRANCE Centrale des Bilans
Septembre 1991 pp 1-65.
169 M.BARDOS Délais de paiements et détection précoce des défaillances d’entreprises BULLETIN DE LA
BANQUE DE FRANCE 1er Trimestre 1994 Supplément Etudes pp.97-103
170 M.BARDOS Les défaillances d’entreprises dans l’industrie:ratios significatifs,processus de
défaillances,détection précoce BANQUE DE FRANCE Observatoire des entreprises noB 95 janvier 1995 pp.1-
87
151Chacun de ces travaux ayant été ultérieurement étendu à d'autres secteurs d'activité (BTP, Commerce de
Gros et Transport pour la première (HOLDER, LOEB, PORTIER) en 1984, Bâtiment Gros oeuvre et génie
Civil pour la seconde (BARDOS) en 1988. Compte tenu de la priorité donnée ici à l'analyse des PME
industrielles, seules ont été retenues les contributions concernant ces dernières, la présentation des principaux
résultats concernant les autres secteurs d'activité étant repoussée en Annexe 2
152la fonction originale ayant été reformulée par l'un des auteurs lors d'un élargissement du champ
d'application de la fonction, c'est à cette reformulation que nous nous référons; elle a pour principal avantage de
permettre une comparaison directe avec les travaux précédents, aboutissant, contrairement à la fonction
originale, à un calcul du Z d'autant plus faible que l'entreprise a de chances d'être confrontée à un dépot de
bilan.
Z = + 24 X1 + 22 X2 + 16 X3 - 87 X4 - 10 X5
INDUSTRIE
entreprises PME indépendantes
d'effectifs<500 salariés
Reclassements corrects
. La Fonction score Z
154certains des ratios faisant l'objet de bornage lorsqu'est constatée une discontinuité dans l'évolution du ratio
liée à la modification du signe du numérateur ou du dénominateur du ratio concerné; dans ce cas, à la valeur
réelle observée du ratio est substituée une valeur théorique du ratio correspondant à µ +5σ (valeur plafond) ou à
µ -5σ (valeur plancher) µ et σ étant respectivement la valeur moyenne du ratio dans l'échantillon et son écart-
type). Les divers ratios et les modalités de leur bornage sont présentées dans les tableaux présentés ci-après.
157en raison même des poids sensiblement équivalents accordés dans l'échantillon aux effectifs de sociétés
saines et effectifs de sociétés défaillantes (50%-50%); on observe en effet que les entreprises à Z défavorable
(Z<-0.25); représentaient à elles seules 26.2% du total des entreprises de l'échantillon de référence, alors que
réellement le taux de défaillance annuel n'excédait pas 2 à 2.5% des effectifs réels de ce type d'entreprises.
Tableau Y1, Y2
Le scénario qui vient d'être présenté montre l'intérêt que peut représenter
une référence au score de l'Entreprise, tant pour l'entreprise qui prépare une négociation avec
sa banque, que pour la banque elle-même, qui disposerait d'un indicateur synthétique,
représentatif de la qualité du demandeur de crédit sur la base duquel le banquier pourrait
affecter l'entreprise à une classe de risque.161
En ce qui concerne l'entreprise ABC, l'application de la méthode Banque de
France d'évaluation du score nous aurait conduit à l'évaluation d'un score de l'entreprise de
Z1991 = 0.637, conduisant à la considérer comme une entreprise saine. Notons en outre que
l'évolution récente de son score au cours des années récentes
Z1988 = -1.02 Z1989 = 0.582 Z1990 = 0.586 Z1991 = 0.637, dénote une
évolution plutôt favorable, puisque elle met en lumière que l'entreprise, en difficulté il y a
quelques années, est en phase de consolidation de son redressement.
L'usage généralisé d'un tel score nécessite toutefois d’avoir une totale
confiance dans la fiabilité du score Z et la capacité de celui-ci à être utilisé comme une mesure
adéquate du risque du crédit bancaire.
C'est à cet aspect des choses qu'il convient désormais de faire porter
l'attention.
161Notons qu'aux 4 quartiles de la distribution des Z des entreprises du secteur pourrait correspondre une
affectation de l'entreprise à l'une des 4 classes suivantes :
Risque élevé 1er Quartile Z < Q1
Risque moyen 2e Quartile Q1 < Z < Q2
Risque faible 3e Quartile Q2 < Z < Q3
Risque très faible 4e Quartile Z > Q3 une cinquième classe(risque très
élevé)pouvant regrouper celles du premier quartile dont le Z est inférieur au score-limite Zc retenu par
l’établissement bancaire.
Cette pertinence des fonctions score peut être appréciée sous divers angles :
- on peut s'intéresser tout d'abord à la nature de la combinaison de ratios
obtenue au terme de l'analyse discriminante et vérifier le réalisme de ses recommandations.
- on peut ensuite s'efforcer d'apprécier le caractère prédictif de cette fonction
discriminante dans un autre cadre que l'échantillon de référence qui a permis son élaboration.
- on peut enfin s'efforcer d'apprécier la stabilité inter-temporelle de cette
fonction tout au long des années postérieures à la période d'analyse proprement dite.
une fonction discriminante étant d'autant meilleure que ses résultats sont cohérents
avec les hypothèses de la méthode utilisée et en harmonie avec les principes de base de
l'analyse financière, que la qualité de son taux de reclassements corrects des entreprises de
l'échantillon de base ne disparaisse pas lorsque la fonction est testée sur la même période de
référence sur un autre échantillon, et que la stabilité de ses bons résultats postérieurement à la
période de référence en permette une utilisation décisionnelle en matière d'octroi de crédits
bancaires.
C'est à ces divers titres qu'il convient d'analyser la qualité des fonctions
précédentes.
163voir en Annexe.
. Notons en outre, la discordance constatée pour ces 2 mêmes ratios entre le signe
positif attendu de la contribution relative de ces 2 ratios et le signe négatif observé. Le pouvoir
séparateur de chacun des ratios i de la fonction discriminante étant apprécié par l'expression
_ _
bi (xi1 - xi2)165166, on pouvait s'attendre à ce que l'entrée de chacun des ratios " Capacité de
remboursement " et " Taux de variation de la valeur ajoutée " accroisse le pouvoir
_ _
discriminant de la fonction discriminante (c'est à dire la distance entre Z1 et Z2).Or le calcul
des contributions relatives de ces 2 variables négatives (-9.229 pour la variable "Capacité de
Remboursement", -1.629 pour la variable "Taux de croissance de la valeur ajoutée") montre
qu'au contraire leur introduction dans la fonction discriminante s'est accompagnée d'une
détérioration du pouvoir discriminant de la fonction score, résultat en totale contradiction avec
l'objectif affiché. Il en résulte que la fonction score obtenue, présumée optimale par les
chercheurs de la Banque de France, en fait ne l'est pas et qu'une autre fonction aurait sans
doute pu, à partir du même échantillon de référence, conduire à de meilleurs résultats que ceux
de la fonction présentée.167.
Une question que l'on peut légitimement se poser est alors la suivante : ne
serait-il pas préférable, si l'on voulait s'appuyer sur les travaux de la Centrale des Bilans, à
défaut de disposer de la " vraie " fonction discriminante optimale, de retenir la fonction Z
amputée des 2 ratios litigieux?
Cette solution nous paraît, pour un utilisateur extérieur qui n'a pas accès
à la banque de données de la Banque de France, et n'a donc pas la possibilité de retraiter ces
données, la moins mauvaise des solutions, d'autant qu'elle aurait pour effet d'améliorer le
pouvoir discriminant de la fonction.
C'est la solution que nous suggérons quant à nous.
Tel est le premier critère d'appréciation de la pertinence d'une fonction
score. Venons-en à la présentation des autres critères de pertinence de cette même fonction.
164le même raisonnement pouvant être tenu pour le dernier ratio (taux d'investissement de l'entreprise), même
si dans le cas présent, il y a concordance des signes observé et attendu.
165à l'échantillon 1 correspondant l'échantillon des entreprises saines et à l'échantillon 2 correspondant
l'échantillon d'entreprises défaillantes.
166comme l'ont montré JOY et TOLLEFSON s'appuyant sur les travaux de MOSTELLER et WALLACE.
167même si ceux-ci sont dans l'ensemble bons avec une identification correcte à 1 an de 80% des sociétés
concernées.
ce souci de tester la qualité de leur fonction score ne se retrouve pas chez tous les
auteurs dont nous avons étudié plus haut les travaux : ainsi ALTMAN (1968) , ALTMAN,
HALDEMAN et NARAYANAN d'un côté, HOLDER, LOEB et PORTIER (1984) de l'autre,
n'ont à aucun moment validé leur fonction score sur une période postérieure à la période de
référence étudiée. A l'inverse, tant CONAN et HOLDER que les auteurs de la fonction Z de la
Banque de France fournissent des éléments qui permettent de répondre à la question posée.
C'est donc à partir de ces 2 contributions que nous évaluerons la stabilité inter-temporelle des
fonctions scores.
168correspondant chacun aux défaillances d'entreprises constatées chacune des 6 années de la période de
référence (1975-1980) comparées à un échantillon commun d'entreprises saines suivies sur la même période des
3 années précédant la défaillance.
Sont fournis à cette occasion les résultats présentés au tableau suivant : 171
Ce tableau montre clairement que ,si dans l'ensemble la fonction score joue encore
correctement son rôle pour l'identification des entreprises non défaillantes (84 à 86% de bons
classements de 1 à 3 ans), il en va tout différemment pour les entreprises défaillantes puisque
le modèle n'identifie à 1 an du dépôt de bilan, qu'une société défaillante sur deux. Autant dire
qu'il ne remplit plus son office.
Confronté à ces résultats décevants, on peut tenter d'en fournir a posteriori une
explication : l'explication fournie par la Centrale des Bilans est que l'évolution de la
conjoncture peut conduire à l’affaiblissement de l'efficacité des seuils de classe (Z < -0.25, -
0.25 < Z < +0.125, Z > +0.125), et qu'il convient de les faire évoluer avec le temps pour
permettre à la fonction de garder tout son pouvoir discriminant. La Centrale des bilans apporte
d'ailleurs du crédit à cette hypothèse en montrant que si on décale vers les valeurs positives les
169M. BARDOS Méthode des scores de la Centrale des Bilans BANQUE DE FRANCE Sept. 1991.
170l'étude initiale, ayant conduit à l'élaboration de la fonction score Z, portant elle sur les années 1972-1979.
171sur la base des seuils de référence score défavorable si Z < -0.25
score neutre si -0.25 < Z < +0.125
score favorable si Z > +0.125
- d’une part l’évaluation d’une nouvelle fonction score Zbis , fonction de même nature
que les précédentes,en ce sens qu’elle s’applique à l’ensemble de l’échantillon
retenu,qu’elle a pour objet d’identifier la meilleure combinaison de ratios susceptible
d’aboutir au meilleur taux de reclassements corrects des entreprises constituant
l’échantillon de base.
- d’autre part la mise en oeuvre d’une étude typologique des entreprises de l’échantillon
de base destinée à mieux appréhender la situation financière réelle de ces entreprises: au
terme de cette analyse typologique,l’auteur de l’étude propose une nouvelle série de
fonctions-score,par classe d’entreprises,susceptibles d’améliorer encore le processus
d’identification des entreprises à risque.
à comparer à
fonction Z faillite non faillite total
au seuil 0 39.9% 80.8% 65.3%
(2)sachant que la constante est égale à: Cte = -∑ bi. pi = - ∑ bi .(xi1 +xi2)/ 2 i= 1,2,...,8
Précédemment nous avions vu que cette pertinence des fonctions score pouvait
s’apprécier sous divers angles:
celui de la nature de la combinaisons de ratios obtenue et le réalisme de ses
recommandations.
le caractère prédictif de la fonction discriminante lorsqu’elle est appliquée à un
autre échantillon que l’échantillon de référence.
la stabilité inter-temporelle de cette fonction tout au long des années postérieures
à la période d’analyse initiale.
Nous ne nous intéresserons ici qu’ au premier point176(1):en étudiant
successivement les deux éléments qui avaient retenu notre attention,à savoir la nécessité
d’obtenir des contributions relatives de signe positif pour les différentes variables et
l’adéquation des signes obtenus pour les coefficients bi avec les signes attendus.
Notons que ,a priori,le score ZBIS d’une entreprise devrait être d’autant
plus élevé (et la qualité financière de celle-ci d’autant plus grande) que:
176 aucun élément permettant de valider la fonction-score ZBIS ou d’en tester la stabilité inter-temporelle
n’étant ,à ce stade ,fourni par les auteurs des travaux de la Centrale des bilans
effet de levier= taux d’apports externes x (Rentabilité nette du capital financier - taux d’i apparent)/100
cette variable , produit de deux éléments dont le premier n’est autre qu’un taux
d’endettement élargi (et donc a priori lié négativement avec le score ZBIS) et le second
est représentatif de l’efficacité nette de l’usage du capital financier (et donc a prori lié
positivement avec le score ZBIS) , peut avoir deux effets contraires,
• positif si (Rentabilité nette du capital financier - taux d’i apparent) > 0
• négatif au contraire si (Rentabilité nette du capital financier -taux d’i apparent) < 0
Le fait que ,dans l’échantillon suivi, x14 et x24 soient tous deux négatifs (-0.2 et -2.9 )laisse
plutôt craindre au cours de la période étudiée l’existence d’un effet massue qui aurait
normalement dû jouer négativement sur le score: or le signe effectivement observé est positif.
Mis à part ce point qui vient d’être évoqué, dans l’ensemble la fonction -score ZBIS
apparait avoir ,du point de vue de la conformité des signes entre signes attendus et signes
observés, une qualité meilleure que celle de l’ancienne fonction Z.
x2= erreur de classement de type 1 (entreprise déclarée non défaillante alors qu’elle subira
une ouverture de procédure judiciaire)
y1= erreur de classement de type 2 (entreprise déclarée défaillante alors qu’elle ne fera
pas l’objet de procédure judiciaire)
Dans le cas présent la fonction score sera déclarée bonne si ses taux de reclassements
sont élevés ,et en tout état de cause, supérieurs aux taux respectifs des entreprises
Le tableau ci-dessous présente l’intégralité des résultats publiés par la Centrale des
Bilans de la Banque de France pour les années 1987 à 1991,une distinction étant faite selon
l’échéance de la procédure judiciaire annoncée.
Quelle que soit l’année considérée,la fonction-score ZBIS fournit bien des taux de
reclassement meilleurs que ceux associés à un simple tirage au hasard.(62%,38%)177
177 A ce stade ,nous n’avons pas pris en considération la disparité des coûts des erreurs de classement:sachant
que le coût d’une erreur de type 1(entreprise déclarée non défaillante alors qu’elle subira une procédure
judiciaire) en termes de conséquences financières est beaucoup plus grand pour une banque que celui d’une
erreur de type 2 (entreprise déclarée défaillante alors qu’elle échappera à une procédure judiciaire),il peut être
utile de tester divers seuils de décision en matière d’identification d’une entreprise donnée et d’examiner leurs
conséquences en termes de taux de reclassement .
Ainsi,dans le tableau ci-dessous sont présentés les résultats obtenus de l’application de la nouvelle fonction-
score ZBIS aux données de 1989 pour les deux seuils de décision ZBIS =0 et ZBIS=0.2
L’ objectif est ici d’identifier ,parmi les 2573 entreprises de l’échantillon étudié, des
groupes d’entreprises dont les caractéristiques financières seraient communes;au terme d’une
utilisation conjointe d’une analyse en composantes principales (A.C.P.) et d’une méthode de
classification(classification ascendante hiérarchique ) appliquées à l’échantillon de base,sont
proposées 4 partitions possibles des entreprises de cet échantillon,constituées respectivement de
3,6,7 et 10 classes.Après examen de ces 4 partitions,c’est finalement la seconde ,une partition en 6
classes,qui sera finalement retenue par la Centrale des Bilans pour asseoir sa nouvelle règle
d’identification d’une entreprise.(défaillante versus non-défaillante)
Le tableau ci-après présente les caractéristiques économiques des entreprises
appartenant à ces 6 classes.
un premier groupe constitué des classes 1 et 2,au sein desquelles les sociétés saines sont
largement prédominantes,classes pour lesquelles le taux de défaillance est très largement
inférieur au taux de défaillance moyen de l’échantillon global.(38%)
un second groupe constitué de la classe 6 ,au sein de laquelle les sociétés potentiellement en
difficulté sont largement prédominantes,classe pour laquelle le taux de défaillance est très
largement supérieur au taux de défaillance moyen de l’échantillon.
un troisième groupe enfin constitué des classes 3 ,4 et 5 plus hétérogènes au sein desquelles
cohabitent des sociétés saines et potentiellement défaillantes dans des proportions variées mais
peu éloignées des proportions observées dans l’échantillon global,une place à part pouvant être
faite à la classe 4 où l’on retrouve quasiment les proportions de l’échantillon global.
Ainsi, du point de vue qui nous préoccupe ici,à savoir le souci d’identifier
si une entreprise est potentiellement défaillante ou non-défaillante,le fait de savoir à quelle
classe appartient cette entreprise est loin d’être neutre:il permet au contraire ,indépendamment
du calcul de son ZBIS d’avoir une idée assez précise du risque de se tromper lors de cette
identification; à titre d’exemple ,le fait de savoir qu’une entreprise appartient à la classe 2 ou à
la classe 1 limite respectivement à 18.2% et 24.1% le risque d’erreur potentiel.(correspondant
à la situation où l’on décide de considérer comme non-défaillantes toutes les entreprises des
classes 2 et 1);de même ,le fait de savoir qu’une entreprise appartient à la classe 6 limite à
20.9% le risque de se tromper(correspondant à la situation où l’on décide de considérer
comme défaillantes toutes les entreprises de la classe 6); ainsi pour les classes précédentes
pourrait-on presque se passer de l’évaluation de leur score,puisque leur taux d’erreur apparait
plus faible que celui associé à celui de la fonction-score ZBIS ( 28.5% au seuil 0 ;30.3% au seuil
0.2 )
Il en va par contre très différemment pour les autres classes ,les plus
hétérogènes,pour lesquelles le taux d’erreur très élevé nécessite une analyse plus approfondie
et justifierait l’évaluation d’une nouvelle fonction-score par classe pour tenter de minimiser ce
risque d’erreur.
C’est justement à une telle tentative que correspond la troisième étape du
processus de rénovation de la fonction-score Banque de France.
Ce que l’on attend de DISC3,c’est tout d’abord de creuser l’écart entre le taux
de reclassement que permet cette fonction ,à la suite d’une nouvelle analyse discriminante(1)
appliquée aux seules entreprises appartenant à la classe 3,et le taux de reclassement qu’aurait
permis sur cette classe un simple tirage au hasard; pour être justifiée, DISC3 doit donc fournir
un taux de reclassement des entreprises de la classe supérieur à 43.1% pour les entreprises
défaillantes et à 56.9% pour les entreprises présumées saines,proportions correspondant aux
pourcentages respectifs des entreprises défaillantes et non-défaillantes de la classe 4 constatés
en 1989 .Obtenir des chiffres inférieurs invaliderait la fonction trouvée.
Mais ce que l’on attend en outre de DISC3,c’est ensuite de creuser l’écart
entre le taux de reclassement que permet cette fonction,et le taux de reclassement qu’aurait
permis d’obtenir l’application aux entreprises de la classe 3 de la fonction ZBIS.Là encore le fait
d’obtenir des chiffres inférieurs conduirait à l’abandon de la nouvelle fonction pour lui préférer
pour cette classe la fonction ZBIS.
Le tableau ci-dessous présente les éléments permettant d’effectuer un choix
parmi les diverses fonctions-score disponibles pour la classe 3:
178notons par ailleurs,qu’elle améliore sensiblement les taux de reclassement des entreprises défaillantes par
rapport à la fonction ZBIS de classe (60.4% >48.2%)
_ _ _ _
ratios retenus dans la fonction DISC3 xi1 xi2 bi(xi1 -xi2) rang
saines(2) défaillantes(2)
x1=rentabilité financière 6.81 6.03 0.010452 5
x2=couverture des capitaux investis 83.15 79.54 0.069312 1
x3=délai fournisseurs 86.14 94.91 0.036834 2
x4=dettes fiscales et sociales/valeur 5.80 6.18 0.008360 7
ajoutée
x5=frais financiers/valeur ajoutée 33.99 47.98 0.030778 3
x6=(nouv.emprunts-remb)/endt global -1.59 -2.63 0.001040 8
x7=taux d’investissement productif 7.02 5.70 0.017160 4
x8=variation des capitaux propres 7.21 3.73 0.009396 6
_ _
Z1-Z2 calculé=0.183332
(2) si l’on fait l’hypothèse que les distibutions des valeurs prises par les ratios sont symétriques.
179 à partir de 43 ratios,les 25 ratios à l’origine de la fonction ZBIS générale ,auxquels ont été ajoutés 18 autres
ratios complémentaires
180 par ailleurs,elle améliore sensiblement son score pour le reclassement des entreprises défaillantes(63.0%
contre 43.7% pour la fonction ZBIS de classe)
_ _ _ _
ratios retenus dans la fonction DISC4 xi1 xi2 bi(xi1-xi2) rang
(saines)(1) (défaillantes)(1)
ratios retenus dans la fonction-score DISC5 xi1 xi2 bi (xi1 -xi2) rang
(saines) (défaillantes)
x1=Excédent brut d’exploitation/valeur ajoutée 27.30 21.02 0.14205 1
x2=Taux d’endettement 112.62 136.47 0.060102 2
x3=production stockée/production globale 0.74 1.04 0.014817 8
x4=variation des dettes fiscales et sociales 9.77 14.51 0.026260 7
x5=délai fournisseurs 121.73 132.23 0.035075 5
x6=taux d’intérêt apparent/endettement 10.10 10.66 0.045399 3
x7=flux de trésorerie disponible/capital engagé -4.78 -7.51 0.038138 4
x8=rentabilité nette du capital financier 9.89 8.49 0.033950 6
x9=délai crédit-interentreprises 31.0 30.7 -0.0011581 9
Z1-Z2 calculé = 0.394637
(1) nous retrouvons une nouvelle fois un signe inattendu compte tenu de la méthode utilisée.
181 à l’inverse toutefois des fonctions précédentes qui faisaient mieux en terme de reclassement des entreprises
défaillantes que la fonction ZBIS de classe, la fonction DISC5 est ici dominée par la fonction ZBIS
(66.4%<71.0%).
le caractère « non défaillante » à toutes les entreprises de cette classe 2 nous permettrait
d’identifier correctement 81.8% des entreprises de la classe,le taux d’erreur potentiel se
limitant,quant à lui, à 18.2%.Dès lors,pour être retenue,la meilleure des fonctions-score
précédentes devrait fournir un taux de reclassement global au moins équivalent à 81.8%.
Les éléments fournis dans le tableau précédent montre que tel n’est pas le cas: la
meilleure fonction-score,en l’occurrence la fonction-score ZBIS au seuil 0, ne permet pas de
faire mieux que 81.3%.Dans ces conditions doit être retenue la règle consistant à considérer
comme « non-défaillantes » toutes les entreprises de la classe 2.C’est la solution proposée par
les responsables de l’étude effectuée par la Centrale des Bilans de la Banque de France.
(1) ou 0.2
- synthèse :le meilleur système de discrimination à l’intérieur des classes sur la base du
taux de reclassement global
règle de décision
classes effectif Défail non fonction taux de taux de entreprise entreprise taux de
s lantes défail score reclas reclas défail non reclas
classe lantes retenue sement sement lante défail sement
défaillantes non défail si: lante si: global
lantes
1 813 196 617 Z BIS 18.5% 97.2% <0 >0 78.2%
2 209 38 171 ZBIS (1) 14.7% 94.7% <0 >0 81.3%
3 649 280 369 DISC3 60.4% 68.7% <0 >0 65.1%
4 216 80 136 DISC4 63.0% 76.1% <0 >0 71.2%
5 523 253 270 DISC5 66.4% 66.7% <0 >0 66.6%
6 163 129 34 ZBIS (2) 100.0% 0.0% <0 >0 79.1%
total 2573 976 1597 57.2% 81.3% 72.3%
(1)une solution alternative serait d’attribuer à l’ensemble des entreprises de la classe 2 le statut de « non
défaillante »;dans ce cas,solution choisie par la Centrale des bilans de la Banque de France,le taux de
reclassement global de cette classe devient 81.8%(+0.50%) et le taux de reclassement global de l’ensemble de
l’échantillon passe de 72.26% (arrondi à72.3%) à 72.30%.
(2)une solution alternative serait d’attribuer à l’ensemble des entreprises de la classe 6 le statut de
« défaillante »;à cette solution, choisie par la Centrale des bilans de la Banque de France ,correspondraient les
mêmes taux de reclassements que la solution présentée dans le tableau ci-dessus.
à comparer avec la solution qui consisterait à utiliser ZBIS au seuil 0 pour l’ensemble des
classes:
Classe effectifs effectifs effectifs fonction taux de taux de entreprise entreprise taux de
classe défail non score reclasse reclas défaillante non reclas
lantes défail retenue ment sement si: défail sement
lantes défaillantes non lante global
défaillantes si:
1 813 196 617 ZBIS 18.5% 97.2% <0 >0 78.2%
2 209 38 171 ZBIS 5.4% 98.2% <0 >0 81.3%
3 649 280 369 ZBIS 48.2% 76.1% <0 >0 64.1%
4 216 80 136 ZBIS 43.7% 87.2% <0 >0 71.1%
5 523 253 270 ZBIS 71.0% 58.5% <0 >0 64.5%
6 163 129 34 ZBIS 100.0% 0.0% <0 >0 79.1%
total 2573 976 1597 53.0% 82.9% 71.5%
Toutefois la question à laquelle il faut répondre est la suivante: est-on en mesure de choisir
vraiment entre les deux systèmes de décision concurrents?
182 pour déterminer l’appartenance d’une entreprise i (dont on possède les ratios calculés),il convient de
calculer la distance de i au centre de chaque classe ,soit six distances puisqu’il y a 6 classes d1,d2,d3,d4,d5 et
d6. L’entreprise sera affectée à la classe pour laquelle la distance de i au centre de classe sera le plus petit.
En l’état actuel des choses, tout utilisateur non-banquier sera probablement obligé
de retenir la seule méthode qui lui est offerte,à savoir l’usage du ZBIS généralisé.183,à moins
qu’il se juge capable ,au terme d’une comparaison des caractéristiques financières de
l’entreprise (tableaux des pages 113 et 125) et de celles des entreprises appartenant aux
diverses classes retenues par la Banque de France(tableau de la page 187) d’associer
l’entreprise à l’une de ces classes: à titre d’exemple, ABC entreprise bénéficiant d’un taux de
valeur ajoutée élevé,avec croissance de celle-ci,d’un taux de marge d’exploitation,d’un taux
d’investissement productif et d’un taux de rendement apparent de son équipement supérieurs à
la moyenne,avec des stocks importants,des délais fournisseurs importants,un endettement
élevé,une couverture des capitaux investis et une capacité de remboursement faibles, apparait
avoir bien des points communs avec le profil-type des entreprises de la classe 5.Elle s’en
distingue toutefois par la faiblesse relative de la part de son endettement sous forme de
concours bancaires184,,sa tendance à la réduction de ses effectifs185 ainsi que de son crédit-
fournisseurs.Au total toutefois la similarité des caractéristiques de ABC avec les
caractéristiques moyennes des entreprises de la classe 5 nous paraitrait justifier dans ce cas
l’affectation de la société ABC à la classe 5.C’est l’hypothèse que nous ferons ici.
183 lorsque les calculs précédents correspondant à une évaluation approchée de la fonction-score ZBIS auront été
validés par les futures publications de la Banque de France.
184 en forte progression,il est vrai,cette part ayant triplé en trois ans.
185 une croissance des effectifs au cours des exercices 1989 et 1990 ayant fait place en 1991 à une regression de
ces effectifs.
Dans ce second cas de figure (capacité d’affecter l’entreprise à l’une des classes,et utilisation
de la fonction-score spécifique de la classe considérée),si nous considérons,compte tenu de ses
caractéristiques financières,pouvoir affecter l’entreprise à la classe 5, celle-ci ,avec un score
DISC5 égal à +0.2965 pour l’exercice 1991, devrait a priori être considérée là encore comme
une entreprise potentiellement non défaillante.
graphique 2
(histogramme des probabilités de défaillance par catégories)186
Répartition cumulée des entreprises par classes de scores selon la catégorie (%)(3)
score Zbis -4.2 -3.2 -2.4 -1.0 -0.4 0.0 0.4 1.6 2.6
défaillante 3.3 7.8 14.6 38.1 56.2 72.2 83.1 98.2 100.0 100.0
non 100.0 99.6 98.5 97.5 91.1 79.9 68.5 57.0 18.5 2.1
défaillante
187 M.BARDOS Détection précoce des défaillances d’entreprises à partir des documents comptables,note.citée
Juin 1995 p.10
-ils montrent tout d’abord que la distinction défaillante/non défaillante est sinon
trompeuse du moins insuffisante: le fait d’obtenir un score positif ne signifie pas que l’entreprise
est assurée de ne pas faire l’objet d’une procédure collective; symétriquement le fait d’obtenir un
score négatif ne signifie pas que l’entreprise est condamnée à en connaitre une.Le raisonnement
en termes de probabilité de défaillance permet ,de ce point de vue,une appréciation plus réaliste de
la situation de l’entreprise: pour un niveau de score donné ,il n’y a pas connaissance certaine de
l’état futur,mais un certain pourcentage de chances de bien identifier cet état futur, le risque de se
tromper étant d’autant plus faible que la valeur absolue du score est élevée.D’une manière
générale,l’identification de l’entreprise étudiée sera d’autant plus aisée que le taux de défaillance
calculé ,pour un intervalle de classe donné,sera très différent du taux de défaillance effectivement
observé pour l’économie tout entière(soit 10.5% pour un horizon de 3 ans):- ainsi une entreprise
dont le score négatif est de -2.8 ,appartenant à l’intervalle [-3.2,-2.4]dont le taux de défaillance
calculé est 43%,soit 4 fois le taux de défaillance réellement constaté,doit être considérée d’un
point de vue bancaire comme une entreprise beaucoup plus risquée que l’entreprise dont le score
est -0.6 puisque pour l’intervalle concerné [-1.0,-0.4] le taux de défaillance calculé n’ est plus
que de l’ordre de 1.5 fois le taux de défaillance réellement constaté.
- à l’inverse une entreprise dont le score positif appartiendrait à
l’intervalle[+0.4,+1.6] ,dont le taux de défaillance calculé est de 4.2% soit 3 fois inférieur au taux
de défaillance réellement constaté doit être considérée comme une entreprise de risque faible ,mais
de risque supérieur à celui de toute entreprise dont le score calculé serait supérieur.
- un cas particulier est celui d’une entreprise dont le score calculé
appartient à l’intervalle [-0.4,+0.4];en effet dans ce cas,le taux de défaillance calculé (11.5%sur 3
ans) est du même ordre que le taux de défaillance réellement observé pour l’économie tout
entière.L’intervalle[-0.4,+0.4] apparait donc comme une zone de scores pouvant être assimilée à
une zone de risque moyen.
L’utilisation des probabilités de défaillance permet ainsi une analyse plus fine de la
situation de l’entreprise en associant au statut de l’entreprise (défaillante/non défaillante) une
référence au degré de risque présenté par celle-ci pour l’établissement bancaire.
- au cours de la période étudiée (1989-1991) la société ABC a vu son score Zbis évoluer
de +0.457 en 1989 à -0.215 en 1990 et +0.193 en 1991 dernier exercice connu: en 1989 sans
doute aurait-elle pu être considérée comme une entreprise potentiellement saine et de risque
faible; depuis lors son score évolue grosso modo au sein de l’intervalle [ -0.4 ,+0.4] ;en
1991,elle peut toujours être considérée comme une entreprise potentiellement saine,et de
risque moyen
Il nous reste à étudier l’usage qui peut être fait de cette évaluation du risque présumé
de défaillance de l’entreprise dans le cadre de la décision d’octroi (ou de refus) de crédit.
Convient-il ,en effet, lorsqu’on est banquier, de se reférer au résultat de l’analyse précédente
pour accorder un crédit,ou faire dépendre sa décision d’un score-limite ?(ce score-limite
restant à calculer)
bancaire global qu’aurait assuré l’entreprise à l’établissement bancaire tout au long des
années à venir.
Un cas très particulier correspond au cas où q1 = q2 et c1 = c2 . Dans ce cas Zc =Log
(1)=0 .Le seuil 0 est alors admissible.Si l’on a des raisons de croire,au contraire,que q1 ≠ q2 et
que c1 ≠ c2 ,alors il convient de recalculer le score-limite,en intégrant les valeurs correctes de
q1 ,q2 ,c1 ,c2 . A titre d’exemple ,si l’on intègre les probabilités de défaillance annuelles
observées en 1993 (1) pour les entreprises industrielles de l’échantillon de la Banque de
France( 3.5% ,soit une probabilité de défaillance sur 3 ans de l’ordre de 10% et de non-
défaillance de 90%) et qu’on évalue c 1 à 5 c2 le score-limite pourrait être évalué dans ce cas
à:
zc = Log ( 0.10 x 5/ 0.90 x 1) = Log (0.555) = -0.589
ce score-limite devenant alors la norme d’acceptation des crédits bancaires dans le cadre des
hypothèses retenues.
Le tableau ci-dessous présente quel aurait été ce score-limite pour différents jeux
d’hypothèses:
Evolution du score-limite Zc dans divers jeux d’hypothèses (avec q1 =0.10 et q2 =0.90)
parités retenues entre c1 et c2 q1 c1 / q2 c2 Zc = Log ( q1 c1 / q2 c2)
c1 = 10 c2 1.111 +0.105
c1 = 8 c 2 0.888 -0.119
c1 = 6 c 2 0.667 -0.405
c1 = 5 c 2 0.555 -0.589
c1 = 4 c 2 0.444 -0.812
c1 = 3 c2 0.333 -1.100
c1 = 2 c2 0.222 -1.505
c1 = 1 c2 0.111 -2.198
La norme d’acceptation des crédits bancaires apparaissant d’autant plus élevée que le
coût c1 (perte en capital associée au dépot de bilan éventuel) est perçu sensiblement plus élevé
que le coût c2 (perte de revenu futur associée à la décision de refus de crédit)
Telles sont les principales caractéristiques du concept de fonction-score et de l’usage qui peut
en être fait dans le cadre de l’environnement français.
Il nous reste à présenter , avant de clore ce chapitre consacré aux méthodes d’évaluation d’un
demandeur de crédit,une dernière méthode ,beaucoup moins lourde que les
précédentes,consistant à faire appel à ce qu’il est convenu d’appeler la « Cotation Banque de
France », service en ligne géré par la Banque de France ,et auquel les banquiers ont librement
accès.
La "cotation Banque de France" pour les entreprises est composée de trois éléments :
. une cote d'activité représentée par une lettre de A à H, J, N ou X
. une cote de crédit représentée par un chiffre de 3 à 6
. une cote de paiement représentée par un chiffre de 7 à 9
°la première concernant la taille de l'entreprise mesurée par son chiffre d'affaires net ou,
pour les entreprises appartenant à des secteurs d'activité à cycle long, le total du chiffre
d'affaires net et de la Production stockée
°la seconde tenant compte
- de la situation financière de l’entreprise au terme d’un examen de
l’équilibre financier et de la rentabilité de l’affaire.
- de l’appréciation portée sur ses dirigeants.
- de l'existence éventuelle d'incidents de paiement ou de procédures
judiciaires
°la troisième indiquant la ponctualité des paiements et la situation de trésorerie de
l'entreprise.
188 pour une présentation du fichier FIBEN lire la Note d’Information N°102 de la Banque de France ‘La
Banque de données FIBEN ,Novembre 1995
189 fin 1994 les données disponibles dans FIBEN concernaient,selon la Banque de France, 2 350 000
entreprises
190protêts inscrits au Greffe des Tribunaux de commerce, déclarations d'arriéré de cotisations de Sécurité
Sociale.
191à l'exclusion des décisions judiciaires de nature commerciale ayant fait l'objet de lois d'amnistie, et des
condamnations pénales autres que les mesures d'interdiction judiciaire d'émettre des chèques.
A titre d'exemples:
A la cotation H37 correspond une entreprise dont le chiffre d'affaires est situé
entre 50 et 100 millions de chiffre d'affaires, dont la situation financière est jugée favorable,
assurant ses paiements avec ponctualité.
A la cotation H47 correspond une entreprise de même taille, dont la situation
financière appelle une attention particulière (en raison d'une rentabilité faible ou en diminution
sensible, d'un autofinancement faible, d'une diminution notable de la situation nette ou du
fonds de roulement net, d'arrivée d'événements particuliers pouvant entraîner une certaine
vulnérabilité de l'entreprise...voire d'incidents de paiement jugés de peu d'importance, ne
traduisant pas de réelles difficultés de trésorerie).
A l'inverse à une cotation H69 correspond une entreprise de même taille dont la
situation financière appelle des réserves graves (en raison d'une rentabilité fortement négative
sur un ou plusieurs exercices, de fonds propres devenus inexistants, d'un Fonds de roulement
fortement négatif, d'impayés importants...) et dont la Trésorerie est très altérée.
On voit bien quel est l'intérêt de cette cotation Banque de France pour un banquier
qui fait l'objet d'une demande de concours de la part d'une entreprise. Un simple appel au
service des Cotations de la Banque de France via Minitel lui permet, après l'analyse financière
du dossier de son client, de vérifier si son jugement est confirmé ou infirmé par le service de
veille de la Banque de France. Il est probable qu'un jugement réservé de celle-ci, avec
indication des éléments motivant ce jugement, ne sera pas sans conséquences sur la décision
de refus ou d'octroi du crédit demandé, et dans ce dernier cas, sur les conditions auxquelles ce
crédit sera accordé.
On voit aussi quel usage pourrait faire de cette "cotation Banque de France" un
banquier désireux d'affecter un de ses clients ou un client potentiel à une classe de risque : au
tableau précédent présentant les divers niveaux de cotation selon un niveau de risque croissant
correspond d’ailleurs un classement en 8 classes de risque.192
C'est de l'ensemble des informations précédentes que le banquier, au terme d'un
processus intégrant l'une ou l'autre des procédures précédentes, pourra mener à terme l'analyse
du risque bancaire présenté par chacun de ses clients. Ceci ne représente toutefois qu'un
élément de la décision. C'est aux autres éléments de la décision qu'il convient maintenant de
s'intéresser.
192 la volonté de réduire à un nombre de classes moins élevé (sont traditionnellement retenues dans les
établissements bancaires de 4 à 5 classes) pouvant conduire à agréger les 4 dernières classes pour en faire une
seule (on retrouverait alors la classe de risque élevé regroupant les sociétés les plus proches du dépot de bilan)
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