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Novembre 2010

COMMUNICATION DU COMITE CONTRE


L'ESCLAVAGE MODERNE

COMITE DES MINISTRES DU CONSEIL DE L'EUROPE


Exécution de l'arrêt Siliadin c. la France (CEDH, 26 juillet 2005)

1. Le Comité Contre l'Esclavage Moderne (CCEM) est une Organisation Non Gouvernementale
(Association Loi 1901) basée à Paris, qui fournit une assistance juridique, sociale et
administrative aux victimes de traite des êtres humains à des fins d'exploitation par le travail,
en particulier aux fins d'esclavage domestique. Créé en 1994, le CCEM a pris en charge plus
de 400 personnes depuis sa mise en place. Parmi ces victimes figure Siwa Akofa SILIADIN,
dont les intérêts ont été défendus par l'ONG tout au long des procédures judiciaires internes,
ainsi que dans le cadre de la requête déposée en 2001 sous le n°73316/01, qui a conduit à
l'arrêt de condamnation SILIADIN c. la France rendu par la Cour européenne des droits de
l'Homme le 26 juillet 2005 (devenu définitif le 26 octobre 2005).

2. S'agissant de la surveillance de l'exécution de cet arrêt, le CCEM a pris connaissance de la


décision adoptée par le Comité des Ministres lors de sa 1078 réunion, à la lumière des
informations soumises par les autorités. Le CCEM souhaite en conséquence communiquer au
Comité des Ministres, en application de la règle 9.2 du Comité des Ministres, des éléments
d'information relatifs aux mesures de caractère générale adoptées par l'Etat défendeur pour se
conformer aux obligations positives résultant de l'article 4 de la Convention.

3. Les observations en cause portent sur les effets des modifications législatives
exposées par les autorités françaises, au regard de l'obligation de répression effective
des auteurs de servitude domestique consacrée par l'arrêt de la Cour. Il est rappelé à cet
égard que de jurisprudence constante, la Cour considère que la Convention vise à protéger des
droits concrets et effectifs, et non théoriques et illusoires (Cf notamment arrêt Artico c. Italie,
CEDH 13 mai 1980). Les développements suivants se fondent en particulier sur des jugements
et arrêts rendus par les juridictions pénales françaises dans des affaires de traite à des fins de
servitude domestique, et intervenus après l'arrêt Siliadin.

4. Concernant les changements introduits par la Loi n° 2003-239 du 18 mars 2003 dans la
rédaction des infractions visées aux articles 225-13 et 225-14 du Code pénal, les autorités
françaises font valoir qu'elles "sont d'avis que ces dispositions, interprétées par les tribunaux à
la lumière de la Convention et du présent arrêt, permettront à l'avenir d'obtenir la
condamnation pénale de personnes commettant des actes similaires à ceux en cause dans la
présente affaire".

5. Il importe tout d'abord de relever que la Cour a constaté que "ces dispositions ne visent
pas spécifiquement les droits garantis par l'article 4 de la Convention, mais
concernent, de manière beaucoup plus restrictive, l'exploitation par le travail et la

Comité Contre l'Esclavage Moderne


107, Avenue Parmentier - 75011 Paris
Tél.: 01 44 52 88 90 – Fax: 01 44 52 89 09
www.esclavagemoderne.org – Adresse Electronique: infoccem@wanadoo.fr

Association loi 1901 à but non lucratif


SIRET 419 367 909 00035 - Code APE 9411Z
"Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous
toutes leurs formes."
Article 4 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948

soumission à des conditions de travail ou d'hébergement incompatibles avec la dignité


humaine" (§ 142 de l'arrêt). Les modifications législatives apportées en 2003 consistent en des
changements rédactionnels visant à simplifier et clarifier les deux dispositions. Elles n'ont
procédé à aucune réformation en substance des éléments constitutifs des deux infractions en
cause. Il résulte de ce qui précède qu'en l'état actuel de la législation française, le Code pénal
est toujours dépourvu de disposition permettant la répression de l'ensemble des agissements
qui caractérisent une situation de servitude aux termes des §§ 126 à 128 de l'arrêt.

6. Il convient à cet égard de mentionner qu'aucun projet de loi visant à incriminer les
phénomènes de servitude et d'esclavage n'est intervenu depuis l'arrêt Siliadin. Si un
parlementaire a déposé successivement deux propositions de loi en ce sens
(www.senat.fr/leg/pp108-033.htlm), le premier texte a été rejeté par la Commission des lois
du Sénat, et la seconde proposition est devenue caduque suite au renouvellement triennal du
Sénat en 2008, dès lors qu'elle n'avait pas été discutée.

7. Dans son arrêt Siliadin, la Cour a relevé par ailleurs au § 147 de l'arrêt que "les articles
225-13 et 225-14 du code pénal en vigueur à l'époque étaient susceptibles
d'interprétations variant largement d'un tribunal à l'autre, comme l'a démontré le cas
d'espèce, qui a d'ailleurs été cité par la mission comme exemple d'un cas où une cour d'appel
a refusé de manière surprenante d'appliquer les articles 225-13 et 225-14".
Le CCEM entend porter à la connaissance au Comité des Ministres deux jugement/arrêt rendus
en application respectivement des articles 225-13 et 225-14 du code pénal, dans deux affaires
d'esclavage domestique.

7-a. - La première affaire a été jugée en première instance le 13 octobre 2009 (TGI de
Versailles, Ministère public contre époux El Ghouaouta). De la même manière que les juges
d'appel dans l'affaire Siliadin, les juges de première instance dans ce dossier ont relaxé les
prévenus après avoir conclu à l'absence de vulnérabilité de la partie civile mineure au
moment des faits, en contournant la disposition interprétative introduite par la loi du 18
mars 2003 et posant une présomption de vulnérabilité au sens des articles 225-13 et 225-14
(p.6 du jugement).

7-b. - La seconde affaire a été jugée par la Cour d'appel de Versailles le 29 juin 2009 (CA
de Versailles, Ministère public contre époux Mpozagara). Alors que les juges de première
instance avaient conclu à la constitution de l'infraction visée à l'article 225-14 en tous ses
éléments, les juges d'appel sont entrés en voie de relaxe à l'encontre des prévenus, aux motifs
notamment que "même si l'incrimination telle que rédigée protégeait de façon générale toutes
les personnes vulnérables ou en situation de dépendance, et notamment de dépendance
économique, l'esprit de la loi était de sanctionner plus sévèrement les marchands de
sommeil et autres personnes exploitant les personnes en situation irrégulière" (p. 12
de l'arrêt). Qu'en l'espèce "si les conditions d'hébergement ou d'exécution de travaux
ménagers ou domestiques étaient mauvaises, inconfortables et blâmables elles ne sauraient
être qualifiées de dégradantes au regard du contexte et des circonstances de mise en oeuvre
d'une solidarité familiale (...).Que dès lors le fait pour C. N. [partie civile] qui ne parlait pas
français et sui a reconnu qu'elle ne souhaitait pas être scolarisée de participer activement
aux taches ménagères et domestiques (...) fut-ce sans être payée, ne caractérise pas
des conditions de travail contraires à la dignité humaine (...) et s'analyse comme une
contrepartie à son accueil permanent et à son entière prise en charge au sein d'une famille
déjà nombreuse. (p.13 de l'arrêt).

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toutes leurs formes."
Article 4 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948

8. Concernant l'aggravation des peine infligées, le CCEM invite le Comité des Ministres à se
reporter à l'avis sur la traite et l'exploitation des êtres humains en France adopté le 18
décembre 2009 par la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme.

La CNCDH aux termes de ses travaux a en effet constaté que "si le droit en vigueur permet de
ne pas laisser impunie l’exploitation d’autrui, la répression qui en découle s’avère
particulièrement insatisfaisante. D’une part, son étendue varie en fonction des éléments
constitutifs de chacune des infractions relais auxquelles il est fait recours. D’autre part, quand
il ne s’agit pas d’exploitation sexuelle, le juge tend à prononcer seulement quelques mois
d’emprisonnement avec sursis à l’encontre de personnes qui ne sont, selon les textes, pas
condamnées pour des faits de travail forcé, de servitude ou d’esclavage, mais uniquement des
faits de violence, de conditions indignes de travail ou encore de travail illégal" (pp. 4 et 5 de
l'avis)1.

Le CCEM souhaite également transmettre au Comité des Ministres un arrêt de la Cour d'Appel
de Paris rendu le 17 décembre 2007, aux termes duquel la Cour a condamné une personne
reconnue coupable d'avoir commis le délit d'aide à l'entrée et au séjour d'un étranger en
situation irrégulière et le délit visé à l'article 225-13 du Code pénal à l'encontre d'une mineure
de 15 ans exploitée durant 6 ans à une peine d'un mois d'emprisonnement avec sursis 2(CA de
Paris, Ministère public contre Kouassi).

Bénédicte Bourgeois
CCEM - responsable du service juridique

1 Cf. également le rapport de la CNCDH "La traite et l'exploitation des êtres humains en France" La Documentation
française, octobre 2010.
2 Dans les trois affaires transmises, les avocats des parties civiles avaient fait valoir les obligations consacrées par
l'arrêt Siliadin dans leurs conclusions/mémoires respectifs.

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