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LA FRANCE ET LA TRAITE NEGRIERE

Document réalisé par Frédéric Régent, Maître de


conférences à l’Université-Paris 1-Panthéon-Sorbonne
Institut de la Révolution Française, UMS 622-EA 127.
Traite négrière française
• Des négociants et des navigateurs français dans
l’illégalité
• Louis XIII autorise la traite négrière
• Le choix de la traite négrière
• Les justifications de la traite négrières
• Principaux ports négriers français
• Provenance des captifs
• Le « noir passage »
• Destination des captifs
Des négociants français de l’illégalité
au soutien royal
• 1571: interdiction de l’introduction d’esclaves en France : décision du Parlement de Bordeaux
: « Jamais une terre française ne connaîtra cet odieux trafic.»
• 1594 : première expédition négrière française vers le Brésil
• 1642 : autorisation de la Traite négrière par Louis XIII
« Les sauvages qui seront convertis à la foi chrétienne et en feront profession seront censés
et réputés naturels français, capables de toutes les charges, honneurs, successions et
dotations»
• Traite laissée à des compagnies commerciales privées de 1642 à 1664
• 1664 à 1716 : monopole de la traite négrière donné à des compagnies royales
- 1664-1673 Compagnie des Indes Occidentales du Cap Vert au Cap de Bonne-Espérance.
- 1673: Création de la Compagnie du Sénégal
- 1685 : Création de la Compagnie de Guinée
- 1702 ; création de la Compagnie de l’Asiente (fournit esclaves aux colonies espagnoles)
• 1716 : traite autorisée au départ de La Rochelle, Le Havre, Bordeaux et Nantes
• 1741 : traite autorisée au départ de tous les ports français
Le choix de la traite négrière

• Echec de l’asservissement des Amérindiens dans


les zones d’économie de plantation
• Echec de la servitude européenne
• Le choix des Africains s’impose
- Réseau commercial où chaque côté du triangle du
commerce triangulaire peut fournir ce dont l’autre a
besoin
- Immunisation plus grande des Africains contre les
maladies tropicales.
- Plus facile de réduire une personne en esclavage en
dehors de son territoire natal
La Sorbonne justifie la traite négrière

• 1698: Le président du tribunal des cas de conscience établi en


Sorbonne prend position

On demande si, en sûreté de conscience, on peut vendre des nègres?

1 Ceux qui en font scrupule disent qu'il y a de l'inhumanité d'acheter et


de vendre des hommes.

2. Que n'étant pas permis d'acheter une chose que l'on sait être
dérobée, on ne peut acheter des nègres, parce qu'ils sont pris et
enlevés de force, c'est un vol usité parmi eux, ils se dérobent
réciproquement. Cela est public et par conséquent il n'est pas licite
d'entrer dans ce commerce avec eux.
Ceux qui sont d'un sentiment contraire disent:

1 Que c'est un grand avantage pour ces malheureux; parce qu'étant portés dans un pays chrétien, ils y
sont instruits et baptisés, à quoi ils n'ont aucune répugnance, mais au contraire on trouve en eux
une admirable disposition; et il y en a plusieurs qui demandent instamment le baptême, lors qu'ils
sont parmi nous, pour être délivrés du diable, dont ils assurent qu'ils sont maltraités et battus; ils
seraient privés de ce bonheur dans leur pays, qui est tout idolâtrie, et où il n'y a pas de
missionnaires catholiques.

2. Tous les princes chrétiens permettent à leurs sujets de faire ce commerce.

3 Les Espagnols et les Portugais, qui sc piquent d'être les meilleurs catholiques du monde, sont ceux qui
en font le plus grand commerce.

4 Notre Roi Très-Chrétien ne fait point de difficultés d'acheter des esclaves turcs, quoi qu'ils y en ait très
peu qui embrassent le christianisme.

5. Les nègres sont ordinairement mieux nourris, habillés et soignés dans leurs maladies chez les
chrétiens que chez eux.

6 Le roi des pays où ils naissent souffre ce commerce. II permet aux chrétiens de faire battre le tambour
pour avertir tous ceux qui ont de!! esclaves à vendre, qu'un tel jour il se présentera des marchands
pour les acheter. )
La traite négrière française au sein des
traites Atlantique européennes
(données compilées par David Eltis)

Portugal Espagne Province Grande- France Danemark


s-Unies Bretagne Brandebourg
Suède
1514- 42 848 3 394 1 031 1 923 59
1600
1601- 233 729 30 051 210 326 301 217 34 594 26 018
1700
1701- 1 565 10 755 329 275 2 511 1 078 60 217
1800 453 512 829
La traite négrière française
Evolution chronologique (données de David Eltis)

Nombre Nombre Nombre


Période d'esclaves Période d'esclaves Période d'esclaves
1641-1650 16451721-1730 706931801-1810 10579
1651-1660 6361731-1740 959051811-1820 35171
1661-1670 22611741-1750 1116241821-1830 137,437
1671-1680 82371751-1760 940621831-1840 4,583
1681-1690 128491761-1770 1309471841-1850 6,679
1691-1700 89661771-1780 1563551851-1860 418
1701-1710 246081781-1790 2695041861-1865 1387
1711-1720 556321791-1800 69499
50000
100000
150000
200000
300000

250000

0
1641-50
1651-60
1661-70
1671-80
1681-90
1691-00
1701-10
1711-20
1721-30
1731-40
1741-50
1751-60
1761-70

Nombre d'esclaves
1771-80
1781-90
1791-00
1801-10
1811-20
Evolution chronologique

1821-30
1831-40
1841-50
1851-60
1861-65
La traite négrière française
(représentation graphique)
Principaux ports négriers français
• Nantes 1.427 43,0 %
• La Rochelle 427 12,9 %
• Le Havre 399 12,0 %
• Bordeaux 393 11,8 %
• Saint-Malo 216 6,5 %
• Lorient 156 4,7 %
• Honfleur 125 3,8 %
• Marseille 82 2,5 %
• Dunkerque 44 1,3 %
• Rochefort 20 0,6 %
Aire géographique de provenance des esclaves de Guadeloupe
d’après les archives notariées 1789-1794
Désignation Aire géographique Proportion
Sénégalais Sénégambie 2%
Mandingue
Bambara
Sossos Guinée-Sierra Léone 6%
Timbous
Quicy (Kissi)
Caplaous Libéria-Côte d’Ivoire 7%
Mines Côte de l’or 8%
Nègres de côte d’or
Aquia (Aguia)
Aradas (Allada) Baie de Bénin 12%
Nagau (Yoruba)
Coro
Ibos Baie du Biafra 53%
Mocos
Bouriquis (Boki)
Congos Afrique centrale 11%
Mozambiques Afrique de l’Est 1%
Provenance des esclaves de Guadeloupe d’après
leur « nation » d’origine à la fin du XVIIIe siècle
Provenance des esclaves dans les Mascareignes.
L’exemple de la Réunion, XVIIIe siècle)

• Madagascar 45 %
• Afrique de l’Est (Mozambique et Zanzibar)
40% dont 25 % de Zanzibar
• Inde 13 %
• Afrique de l’Ouest 2 %
Etat d'une cargaison des marchandises les plus convenables pour la traite de
300 captifs à la Côte d'Or (XVIIIe s.) (source Archives départementales des Pyrénées Atlantiques)

• 8 milliers de cauris
• 450 ancres eau de vie de 20 pots l'ancre
• 100 demi ancre idem de 10 pots
• 2000 pièces de platilles de Hambourg
• 10 barils poudre d'un quintaL
• 100 barils poudre de 20 livres
• 25 barils de 10 livres
• 300 fusils anglais si on peut en avoir, à défaut des français façon anglaise
• 250 barres fer de Suède de 10 à 11 pieds de hauteur et d'environ 20 livres chaque barre.
• 200 barils de suif de 20 livres
• 100 idem de 10 livres
• 400 pièces indienne fond blanc petites fleurs détachées
• 200 limeneas bleus
• 175 pièces idem blancs
• 150 pièces bajutapeaux
• 150 pièces neganepeaux
• 200 pièces chasselas
• 200 pièces mouchoirs de Pondichery
• 200 pièces idem de Bengalle
• 300 pièces guingans de pondichery
• 150 pièces de Madras
• 200 douzaines couteaux flamands manche de gayac
Marchandises de traite
• Armement d’un navire négrier coûte 200 à 300 000 livres, soit le
prix d’un petit hôtel particulier parisien, 70% du coût de l’armement
est consacré aux marchandises
• Composition d’une cargaison est variable selon la destination du
navire négrier et les goûts et besoins locaux des intermédiaires en
Afrique.
• Principales marchandises de traite
- Textile (indiennes de traite….) plus de la moitié de la cargaison en
valeur
- Armes, poudre, suif: environ 10-25%
- Métaux et objets métalliques: environ 5-15%
- Cauris (coquillage servant de monnaie): environ 10-20%
- Vins, spiritueux, tabac : environ 15-20%
Provenance des marchandises de traite

• Textile : Indes orientales (indiennes), toiles , draps (Europe)


• Alcools, tabac : Europe, Amérique
• Cauris : Maldives
• Armes, poudre, suif : Europe (préférence les fusils anglais)
• Métaux et objets métalliques : Europe (Hollande, Suède,
France)
• Produits de luxe : porcelaine de Chine

Le commerce triangulaire s’effectue dans le cadre d’une


économie connectée entre les quatre parties du Monde
(Europe, Asie, Afrique, Amérique)
Le « noir passage »
• Traite Atlantique : environ 11 à 12 millions d’esclaves
transportés à bord des navires négriers du XVI au XIXe
siècle.
• Durée moyenne de la traversée : 67 jours (à ajouter au
temps de collecte des captifs au large des côtes
africaines de plusieurs semaines à plusieurs mois)
• Environ 2 millions de captifs destinés aux colonies
françaises principalement au XVIIIe s (environ 70%
acheminés par des navires négriers français, environ
30% par des navires négriers étrangers)
• 12% de mortalité sur les navires
Embarquement et transport des captifs (gravure XVIIIe s.)
Mortalité des esclaves à bord du navire négrier (extrait du journal du
Raphaël, navire marseillais faisant la traite du Mozambique au Cap-
Français, 1790, ANOM)
Transcription image précédente
Destination des captifs
Chiffres de Curtin 1969

• Saint-Domingue 864 000


• Martinique 366 000
• Guadeloupe 291 000
• Ile Bourbon (Réunion) 130 000
• Ile de France (Ile Maurice) 80 000
• Guyane 51 000
• Louisiane 10 000
• Saint-Vincent, Sainte-Lucie, Tobago, Dominique,
Grenade 137 000
• Total 1 924 000
Prix d’un esclave
• Baisse du prix au milieu XVIIe s. avec développement de la traite négrière
Un esclave vaut 1500 à 3000 kg de tabac en 1646, 1000 kg en 1655 dans les Antilles françaises.
• Hausse du prix de vente des esclaves aux Antilles françaises au XVIIIe s.
Un couple d’esclaves acheté 1320 livres en 172à, se vend 3000 en 1770
• Achat en Afrique (660 livres tournois) revente en Amérique
(1000 à 1200 livres tournois) en 1788.
• Propriétaires d’esclaves achètent esclaves en échange de
denrée coloniales (sucre, café, indigo…) et ont souvent à
crédit.
• Les armateurs négriers touchent une prime proportionnelle à
la quantité de marchandises destinées à la traite (40 livres par
tonneau) et d’exemptions fiscales pour les denrées coloniales
échangées contre les esclaves (10 livres par esclave).
• Ces primes et exemptions sont supprimées en 1793.
Vente d’esclaves dans les colonies
• Achat par lot, ventes aux enchères moins répandues

• Vente sur le navire le plus souvent


les esclaves sont rasés, enduis d’huile et présentés dans la pénombre,
le capitaine du navire fait servie aux colons acheteurs un « vin blanc très-capiteux et très-propre à
faciliter les marchés », selon Dubuisson et Dubucq en 1785.

• Vente à terre (d’après le philanthrope B. J. Frossard en 1793

On les assemble dans une vaste cour, après avoir annoncé par des affiches l'heure de la vente. L'instant
arrivé, la porte s'ouvre; les acheteurs se précipitent & s'efforcent d'atteindre les noirs les plus vigoureux
avec des cordes ou des mouchoirs liés ensemble. Alors chacun reconnoît sa prise & convient du prix. Ce
conflit élève souvent de vives altercations parmi les acheteurs. Mais ce qui est au-dessus de toute
des-cription, c'est la terreur que cette invasion subite jette dans l'ame de ces pauvres Nègres. Ils poussent
des cris effroyables, ils fuyent avec précipi-tation, convaincus qu'ils sont arrivés à leur dernière heure. [ ... ]
Scène horrible ! »

• Vente d’esclave selon Longin, un abolitionniste séjournant en Guadeloupe de 1821 à 1825:

« Le jour indiqué, on voit arriver de toutes parts les habitants ; ils sont reçus dans une maison où l’on a eu
soin de faire préparer un somptueux déjeuner *…+ on examine depuis les pieds jusqu'à la tête, on essaie,
pour ainsi dire, ces infortunés, comme on essaie, dans nos foires, les chevaux et les bœufs. Tous portent
un écriteau qui indique ordinairement leur nation et le prix qu'on les veut vendre. [ ... ] Ceux qui ne se
vendent pas de gré à gré, sont mis à l'encan. On les fait monter sur une table deux à deux et on les livre au
plus offrant. Quiconque veut acheter des nègres, est obligé de faire apporter de quoi les couvrir, car on les
apporte nus d'Afrique et on les livre de même. »
L’abolition de la traite négrière
française
• 19 février 1788 : fondation de la Société des Amis des Noirs qui
poursuit une lutte en faveur de l’abolition de la traite
• 27 juillet 1793 : Suppression des primes accordées à la traite
négrière
• 4 février 1794 : première abolition de l’esclavage dans les colonies
françaises
• 20 mai 1802 : rétablissement de la traite négrière dans les ports et
colonies françaises par le consul Bonaparte
• 29 mars 1815 : abolition de la traite négrière par l’empereur
Napoléon Ier
• 8 janvier 1817 : Louis XVIII confirme l’interdiction de la traite
négrière.
• Malgré l’interdiction de la traite, des marchands français
poursuivent illégalement la traite jusqu’à l(abolition de l’esclavage
aux Etats-Unis en 1865.
Les deux ouvrages de Frédéric Régent

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