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Pierre Beckers
Professeur ordinaire
Notes de cours 2005–2006 préparées avec la collaboration de Pierre Vueghs, aspirant FNRS
Photo : Salon du Bourget 2003
Table des matières
1 Historique 4
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2 Les grandes étapes des découvertes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.1 Jusqu'au XVème siècle : l'espace continental . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.2 Du XVème au XIXème siècle : la terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.3 Le XXème siècle : la conquête de l'espace . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.3 Les événements dans le domaine de l'aéronautique et de l'espace au XXème siècle 6
1.4 L'Europe spatiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.5 Le rôle de la Belgique dans l'Europe spatiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3 Orbites képlériennes 24
3.1 Conservation de l'énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.2 Conservation du moment cinétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.3 Equation polaire de l'orbite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
1
6.4 Transfert d'une orbite basse sur une orbite géostationnaire . . . . . . . . . . . . 41
6.5 Cas d'une orbite basse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
6.6 Cas de l'orbite géostationnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
8 Technologie de la fusée 58
8.1 Indices structuraux ou indices de performance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
8.2 Taille des moteurs et pertes de gravité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
10 Problème du rendez-vous 69
10.1 Distance des foyers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
10.2 Théorème de Lambert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
10.3 Application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
13 Les manoeuvres 90
13.1 Dénition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
13.2 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
13.3 Moyens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
13.4 Manoeuvres courantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
2
13.4.1 Modication de la forme de l'orbite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
13.4.2 Modication du plan de l'orbite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
13.4.3 Modication de l'orientation de l'orbite - paramètre ω . . . . . . . . . . 96
13.4.4 Modication de la date de passage en un point donné . . . . . . . . . . 97
13.5 Manoeuvres combinées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
14 Les perturbations 99
14.1 Perturbations d'origine gravitationnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
14.1.1 Irrégularités du potentiel terrestre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
14.1.2 Marées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
14.1.3 Attractions lunaire et solaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
14.1.4 Inuence sur les paramètres képlériens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
14.2 Perturbations d'origine non gravitationnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
14.2.1 Frottement atmosphérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
14.2.2 Pression de radiation solaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
14.3 Importances relatives de ces perturbations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
3
Chapitre 1
Historique
L'exploration des dernières terres inconnues s'est achevée à la n du siècle dernier avec la
participation active de la Belgique. Pour conquérir de nouveaux territoires, il était nécessaire
d'entrer dans la troisième dimension de l'exploration spatiale. Cette histoire "d'un grand pas
pour l'humanité" a malheureusement commencé durant la seconde guerre mondiale. Située au
coeur de l'Europe, forte de sa longue tradition de négociation et d'esprit d'aventure, la Belgique
se devait de s'impliquer totalement dans ce nouveau dé. Il est certes évident que l'Europe
a un retard important sur l'Amérique et l'Union Soviétique, mais la place de la Belgique y
est proportionnellement plus élevée que son poids économique au sein de la Communauté
européenne. Ce fait se voit encore conrmé par l'allure dynamique du pays dans le domaine
spatial, bien qu'un engagement futur plus poussé demeure indispensable.
1.1 Introduction
La conquête de l'espace est un thème très médiatisé. La presse écrite et la télévision nous
font part, presque quotidiennement, d'un événement extraordinaire ou d'une première mon-
diale. Le public a ainsi l'impression de bien connaître tout ce qui a trait à l'espace. Pourtant,
l'étude des problèmes spatiaux est très complexe car elle est pluridisciplinaire : science des ma-
tériaux, biologie, médecine, électronique, télécommunications, etc... La recherche spatiale fait
donc appel aux sciences fondamentales et à toutes les technologies développées par l'homme
au cours des 50 dernières années.
Les eorts déployés pour promouvoir l'activité spatiale, en présenter les acquis et justier
les investissements sont énormes. Les organismes chargés d'assurer la conquête de l'espace ont
dû convaincre leurs autorités de tutelle de consentir un eort nancier considérable ; par voie
de conséquence, au moins dans les pays démocratiques, il s'est avéré nécessaire de convaincre
également les citoyens du bien fondé des actions entreprises.
Il faut également rappeler que l'homme a toujours essayé de conquérir de nouveaux terri-
toires. Ce sujet excite donc l'imagination et intéresse passionnément aussi bien les scientiques
4
que le public. En eet, qui ne s'extasie devant la photo d'une lointaine galaxie ? Qui ne se sent
concerné par les théories relatives à la naissance de l'univers ?
Enn, il est important de souligner que tout ce qui touche à l'espace a des implications
civiles et militaires. Dans le domaine civil, l'homme agit à la fois pour la beauté de la science,
une meilleure connaissance de l'univers et de la terre mais également pour des enjeux commer-
ciaux et politiques. Quant aux aspects militaires, largement exploités dans les médias comme
justicatifs de dépenses ou comme moyens de pression sur la politique, ils doivent être pris
en compte car ils conditionnent l'indépendance et la sécurité des pays. La recherche spatiale,
comme toute activité humaine et scientique, peut donc servir pour le progrès de l'humanité
ou pour sa destruction.
Une fois cette connaissance acquise et cette technique mise au point, il a pu entreprendre
la découverte de notre planète. La motivation nécessaire pour une telle entreprise était fournie
par la soif de l'or et la recherche de produits nouveaux tels que les épices.
La Belgique est intervenue assez tard dans ce processus. Après avoir conquis son indépen-
dance et accumulé des moyens de production, elle s'est lancée dans l'exploration des terres
inconnues de l'Afrique centrale. Ce sera l'épopée du Congo belge.
5
1.2.3 Le XXème siècle : la conquête de l'espace
Jusqu'à la n du XIXème siècle, l'exploration de l'espace était bidimensionnelle puisqu'elle
s'est réalisée à la surface des terres et des océans. Que manquait-il à l'homme pour entrer dans
la troisième dimension ? Il fallait essentiellement disposer de machines à puissance spécique
susante et maîtriser les moyens d'obtenir une autonomie complète par rapport à l'environ-
nement. Ces conditions seront réalisées progressivement au cours du XXème siècle qui marque
vraiment le début du développement de l'aéronautique et du spatial, domaines fortement liés,
tant du point de vue des techniques utilisées que des types d'industries aptes à fabriquer les
matériels.
Constantin Tsiolkovski publie "Exploration des espaces cosmiques par des engins à réac-
tion" ;
1926 : premier vol d'une fusée à propergols liquides. Elle a été conçue par Robert Goddard ;
1935 : le 17 décembre, premier vol du DC3 qui sera construit dans ses versions civiles et
militaires à 30000 exemplaires (de Castillon de Saint Victor) ;
1944 : le 8 septembre, les premières fusées V2 tombent sur Londres, il en sera lancé plus
de 1000 ;
1958 : premier satellite américain : Explorer 1, découverte des ceintures de Van Allen,
création de la NASA (National Aeronautics and Space Administration) ;
6
1961 : le 12 avril, premier vol d'un homme dans l'espace, le soviétique Youri Gagarine ;
1962 : le 20 février, premier vol d'un américain dans l'espace, John Glenn ;
1970 : premier vol commercial du Boeing 747 - jumbo jet, (premier vol d'essai le 6 février
1969) ;
1988 : Ariane 4
L'examen des caractéristiques des principaux engins cités ci-dessus, permet de se rendre
compte de l'évolution de la puissance des moteurs et des masses soustraites à la pesanteur
(tableau 1). Dans ce tableau, l'eort technologique est mesuré par le poids des avions et la
puissance de leurs moteurs (Angelucci 1976 et Gatland 1981). Le tableau suivant rassemble
les caractéristiques de quelques avions à hélices.
Après la seconde guerre mondiale apparaissent les avions à réaction. Les chires repris au
tableau 2 montrent également l'évolution de la puissance et des masses des avions. Deux grands
choix se dégagent, l'accroissement de la vitesse (Concorde et Tupolev) ou l'accroissement de la
charge transportée (Boeing 747). Le tableau suivant rassemble les caractéristiques de quelques
avions à réaction.
Puissance [CV] Poids max au décollage [kg] Poids à vide [kg] Charge utile [kg]
Comet 4 x 2 019 47 628 - 5 443
Concorde 4 x 17 418 174 636 76 658 12 701
Tupolev TU144 4 x 17 500 180 000 85 000 -
Boeing 747 4 x 19 732 351 540 163 848 74 973
7
Notons que, pour les avions d'avant 1940, ce sont les puissances des moteurs qui sont men-
tionnées tandis que pour les engins postérieurs à 1945, qui font appel à des moteurs à réaction
ou des moteurs fusées, l'indicateur retenu sera la poussée.
La technique des fusées va marquer une rupture par rapport à la conception des avions
(Barrère et al. 1960 et Marty 1986), d'une part parce que tous les ingrédients nécessaires au
fonctionnement du moteur doivent être embarqués (comburant et combustible), tandis que
pour les avions on utilise comme comburant l'oxygène de l'atmosphère d'autre part, parce que
la fusée ne dispose plus de l'aide de l'atmosphère pour assurer son déplacement (on ne peut
plus compter sur l'eet de portance) puisque la majeure partie du déplacement s'eectue dans
le vide.
Ainsi, la fusée doit être complètement autonome, ce qui implique nécessairement des dif-
cultés plus grandes pour la conception du lanceur. Le respect des masses devient le point
critique de la conception, c'est cette raison qui a retardé leur construction, alors que le principe
en est simple et avait déjà été mis au point par Tsiolkovski au début du siècle.
Le troisième tableau donne quelques indications sur les caractéristiques de lanceurs cou-
rants (Castello 1987, Pirard 1987 et 1989). On constate que les poids au décollage sont net-
tement plus importants que ceux des avions et que la poussée des moteurs doit être d'un ou
deux ordres de grandeur supérieure à celle des plus gros avions. Par contre, la charge utile
pour la mission de mise en orbite géostationnaire est extrêmement faible.
Les modestes performances en charge utile de la navette spatiale s'expliquent par le fait
qu'il s'agit d'un lanceur de conception radicalement diérente. En eet, la navette permet le
retour sur terre d'un véhicule piloté de masse importante.
A la n des années 60, les Américains ont mis au point, pour la mission lunaire, le lanceur
Saturn V dont les performances étaient remarquables. Avec un poids au décollage de près de
3000 tonnes et une poussée d'environ 3400 tonnes, ce lanceur était capable de placer, sur une
orbite basse, une charge de 120 tonnes (Bruhn 1967).
Il convient ici de citer Fraeijs de Veubeke qui disait lors d'une conférence de la Société
Scientique de Bruxelles tenue à Liège, le 28 octobre 1964 :
"La faible valeur de la charge utile en comparaison avec le poids total au décollage et l'ex-
trême sensibilité de cette valeur aux moindres modications de chaque élément a pour eet de
produire des organes d'une performance remarquable en comparaison de leur poids et de leur
volume. Elle requiert aussi la pratique de l'optimisation globale dans laquelle chaque organe est
pesé en fonction de son rôle exact dans l'ensemble de la mission. De plus le coût élevé d'une
8
mission met simultanément à l'avant-plan la sécurité de fonctionnement, non seulement de
chaque organe, mais de la conception intégrée de ces organes et ce, dans des conditions am-
biantes de fonctionnement particulièrement sévères.
Les dernières cloisons entre disciplines spécialisées sont ébranlées. Pour pouvoir se com-
prendre, électroniciens, chimistes, physiciens, mécaniciens sont bien forcés de parler un langage
commun et d'élaborer des concepts communs pour être en mesure de quantier les interférences
entre leurs disciplines. Il se produit ainsi, dans les meilleures traditions de l'aéronautique mais
sur une échelle encore plus vaste, une fécondation réciproque entre les compartiments de l'art
de l'Ingénieur, qui peut avoir sa répercussion jusque dans l'enseignement. Le potentiel scienti-
que ainsi développé dans chaque pays n'est pas un potentiel de spécialistes étroits. Une équipe
ayant pratiqué l'étude d'un système aussi complexe que celui d'un lanceur spatial représente
un potentiel directement utilisable à d'autres ns industrielles.
Il semble bien qu'on puisse en conclure qu'au-delà d'un engouement passager, la recherche
spatiale s'annonce comme une des grandes activités scientiques et techniques de l'Europe dans
les vingt années à venir."
Fortement incités par la France, les pays européens décident de lancer un nouveau pro-
gramme de développement d'un lanceur : le programme Ariane.
9
cement du premier satellite articiel. A cette époque, près d'un millier de satellites gravitent
déjà autour de la terre (Dejaie 1985). Mais cette réussite donne une nouvelle impulsion à
l'activité spatiale européenne. Au cours des dix années suivantes, 35 lancements seront eec-
tués avec un nombre très limité d'échecs. Le succès commercial de la fusée est assuré malgré
une concurrence sévère. Actuellement, l'Europe se prépare activement au développement d'un
lanceur plus puissant : Ariane 5.
En conclusion, l'examen des budgets des principaux pays extrait du répertoire spatial
européen (European Space Directory 1989), (tableau 4), permet de se rendre compte immé-
diatement du retard de l'Europe. L'eort européen en matière spatiale est inférieur à dix
pour-cent des eorts américains ou soviétiques. Dans le tableau suivants, les budgets spatiaux
sont donnés en millions de dollars.
D'un point de vue scientique quelques pionniers se sont très vite intéressés au domaine
spatial, citons André Jaumotte, Baudouin Fraeijs de Veubeke et Jean Vandenkerckove qui
ont publié en 1960 un livre sur la propulsion par fusées (Barrère et al. 1960). Chacun dans
son domaine s'est attaché à développer les disciplines scientiques nouvelles nécessaires au
développement de l'aéronautique ou du spatial.
Il serait évidemment injuste de ne pas citer les nombreux autres scientiques engagés dans
la recherche spatiale. Comme il est impossible d'en établir une liste exhaustive, il convient de
se référer à un rapport écrit à la demande du comité national belge pour la recherche spa-
tiale à l'Académie Royale de Belgique et présenté à la XXVIIème session plénière du comité
scientique sur la recherche spatiale (COSPAR) tenu à Espoo, en Finlande du 18 au 29 juillet
1988. Dans ce rapport, il est fait état de 15 laboratoires belges participant activement à la re-
cherche spatiale. La plupart d'entre eux sont liés à des institutions universitaires, les autres, à
10
des institutions importantes comme l'observatoire royal de Belgique, le musée royal d'Afrique
centrale ou l'institut royal météorologique de Belgique.
ETCA (Charleroi), liale d'Acec et de General Dynamics, est présente dans l'alimentation
électrique des engins spatiaux et des systèmes de conditionnement d'énergie. Elle produit aussi
les boîtiers de destruction contrôlée des deux premiers étages d'Ariane.
SABCA (Bruxelles) est la première industrie belge qui se soit intéressée au spatial, son
expertise comprend la ne mécanique et les systèmes hydrauliques pour matériel aérospatial.
L'entreprise participe à la production des carénages et empennages du 1 étage d'Ariane et
de tous les servomoteurs à bord des trois étages de la fusée. Elle participera également aux
programmes Ariane 5, Colombus et Hermès. La SABCA a été un des premier utilisateurs du
logiciel de calcul par éléments nis : SAMCEF. Ce logiciel a été développé au laboratoire de
techniques aéronautiques et spatiales de l'Université de Liège. Il a été utilisé par la SABCA
et les entreprises françaises SEP et Aérospatiale pour le calcul du comportement mécanique
des fusées Ariane. La société SAMTECH créée en 1986, poursuit le développement et la com-
mercialisation de ce logiciel.
Il serait trop long de citer toutes les autres sociétés impliquées dans le domaine spatial.
Relevons simplement que le répertoire international de l'espace (1990-1991) donne les réfé-
rences d'une quarantaine d'entreprises et de laboratoires de recherche belges. On peut égale-
ment consulter "Belgique, informations économiques et commerciales", revue trimestrielle de
l'OBCE 1989/4.
Les considérations qui précèdent indiquent que la Belgique est très dynamique dans le
domaine spatial. Ce fait est conrmé par l'importance du poste spatial parmi l'ensemble
des thèmes de recherches. Le tableau 5 extrait de documents émis par le SPPS (Service de
Programmation de la Politique Scientique) montre qu'une part de dix pour-cent environ de
l'aide publique à la recherche est consacrée au spatial.
! ! ! Manque le tableau 5 ! ! !
1.6 Conclusion
Le rôle de la Belgique dans la conquête de l'espace vient d'être déni dans la perspective
historique des grandes évolutions du XXème siècle. L'accent a été mis sur les lanceurs car, c'est
11
dans ce domaine qu'un état ou un groupe de pays doit armer son indépendance. Beaucoup
d'autres thèmes liés à l'espace n'ont pas été abordés : conception et fabrication des satellites ou
des instruments de bord, construction de stations au sol. Dans tous ces domaines, la Belgique
joue un rôle important. Les nombreuses publications de l'ESA et les rapports d'activités des
institutions nationales permettent d'en mesurer l'importance.
La conclusion de ce travail est que la Belgique s'est fermement engagée dans la conquête
de l'espace. Elle joue un rôle actif dans les organisations européennes et cherche à participer à
la plupart des projets internationaux. Un grand nombre d'industriels et d'équipes scientiques
font preuve de dynamisme. La seule ombre au tableau est que la recherche ainsi que l'industrie
spatiales sont très dispersées : petites équipes de recherches et entreprises de taille faible.
12
Chapitre 2
Sur la gure 2.1, nous découvrons la trajectoire typique du lanceur Ariane 1. Durant la
première phase du vol, jusqu'au point A, le premier étage propulse la fusée depuis le pas de
13
tir jusqu'à 40 km d'altitude. Après plus de 2 minutes, le premier étage est largué et la fusée
continue sur les moteurs du deuxième étage. La coie qui protège la charge utile (satellite) des
ux de chaleur générés par les frottements atmosphériques est larguée à 110 km. Peu après,
le deuxième étage est largué, le troisième prend la relève. Sur le diagramme, on observe que
le troisième étage perd de l'altitude avant d'être largué, de manière à augmenter la vitesse au
moment de l'injection sur l'orbite de transfert.
14
dV F Rx Rz
= cos(i + β) − cos(i) − | sin(i)| − g sin(γ) (2.1)
dt M M M
en représentant par :
M la masse instantanée du lanceur ;
→
−
V la vitesse, γ la pente locale de la vitesse, −
→
n la normale au vecteur vitesse ;
−−→
M X l'axe de la fusée, θ son assiette locale, i l'incidence du lanceur ;
F la poussée, β le braquage des tuyères ;
−
→ − →
Rx et Rz les composantes de la résultante aérodynamique, la traînée et de la portance.
La loi de Tsiolkovski permet de calculer le gain de vitesse idéal. Cette loi est basée sur les
hypothèses suivantes :
Le vol a lieu dans le vide, ce qui inue directement sur la poussée du véhicule. De plus,
aucune force de traînée ne s'exerce sur la fusée.
On néglige la force de gravité de la Terre.
Suivant ces hypothèses, les 3 termes de pertes de l'équation (2.1) sont nuls. On suppose
que le vol a lieu à incidence nulle et que le braquage des tuyères est également nul.
15
En éliminant F et m dans les équations (2.3) et (2.4), on obtient
dM
dV = −c (2.5)
M
Cette équation s'intègre aisément
Mi
∆V = V − Vi = c ln (2.6)
M
C'est la loi d'accroissement idéal de la vitesse qui lie les variables initiales Mi , Vi aux
variables instantanées M , V . Elle reste valable même si m(t) est variable, pourvu que c reste
constante. Cette équation ne montre pas de diérence entre une grosse fusée et une petite.
Si le rapport r = M Mi
b
est supérieur à e = 2.718, le ∆V propulsif est supérieur à la vitesse
eective d'éjection c. Cependant, ce rapport est limité car il faut considérer
la masse Ms de la structure ;
la masse Me du ou des moteur(s) ;
la masse des équipements et la charge utile Mu .
Dans le tableau suivant, pour obtenir un ∆V de 11.2 km/s, ce qui correspond à la vitesse
de libération2 , on obtient les rapports de masses suivants
1
L'indice b signie burn out.
2
Un véhicule animé d'une telle vitesse à la surface terrestre pourra quitter la banlieue terrestre et poursuivre
son vol dans le système solaire.
16
c = g0 Isp Mi
log( M b
) r % de carburant
1 000 4.864 73 131 0.9999
2 000 2.432 270.4 0.996
3 000 1.621 41.8 0.976
4 000 1.216 16.4 0.943
5 000 0.973 9.4 0.9
6 000 0.810 6.466 0.87
7 000 0.695 4.95 0.83
8 000 0.608 4.05 0.80
9 000 0.540 3.47 0.776
10 000 0.486 3.06 0.75
M
Pour augmenter l'accroissement de vitesse, on a intérêt à avoir Mpi proche de 1. Cela si-
gnie que la masse initiale est essentiellement constituée de propergols. Il faut minimiser la
masse de la structure et celle des moteurs. Si l'on utilise des moteurs de faible masse (et
donc de faible puissance), la poussée sera faible, la durée de la mise à poste sera relativement
longue (nous supposons ici que le temps n'a pas d'importance sur les performances du lanceur).
Le résultat précédent est valide si la fusée se déplace sur une équipotentielle du champ
gravitationnel.
dV
M = F − M g sin(γ) = F − M gs (2.10)
dt
où gs est la composante de l'accélération gravitationnelle le long de la trajectoire (suivant la
direction tangente à la trajectoire).
Z t
Mi
∆V = V − Vi = c ln − gs dt (2.12)
M 0
17
Si l'on prend une valeur moyenne de gs égale à 0.5 m/s2 durant la première phase de vol,
de l'ordre de 120 s, on obtient une perte de 600 m/s.
Comme V dt = ds,
dM
dE = V dV + gs ds = −cV (2.14)
M
En utilisant les expressions de ∆V idéal ou avec perte gravitationnelle et en soustrayant,
on calcule la perte gravitationnelle sur l'énergie.
Z t Z t
dM M M
dG = −c gs dt = −cd ln gs dt + c ln gs dt (2.15)
0 M Mi 0 Mi
Soient {Mi , 0} et {Mb , tb } les masses et les temps au départ et après extinction des moteurs.
La perte gravitationnelle sur l'ensemble du vol est donnée par :
Z tb Z tb Z tb
Mb M M
G = −c ln gs dt + c ln gs dt = c ln gs dt (2.16)
Mi 0 0 Mi 0 Mb
Comme le logarithme est positif, un gain d'énergie potentielle (gs > 0) entraîne une perte
d'énergie totale, perte d'autant plus faible que le temps de fonctionnement est court.
La perte d'énergie s'annule si le temps est égal à zéro, c'est-à-dire si la propulsion est
impulsionnelle.
18
2.3 Poussée et Impulsion spécique
La poussée d'un moteur de fusée est donnée par la relation
F = Fv − S s Pa (2.21)
où
Fv désigne la poussée dans le vide (N ) ;
Ss représente la section de sortie de la tuyère (m2 ) ;
Pa est la pression atmosphérique locale (P a).
où
m est le débit massique du moteur (kg/s) ;
g0 est l'accélération de la gravité au niveau du sol, constante égale à 9.80665m/s2 ;
Ispv est l'impulsion spécique dans le vide (s).
Il apparaît que le moteur est plus performant lorsqu'il fonctionne dans le vide. Si le moteur
fonctionne dans l'atmosphère, les performances sont moindres car la pression atmosphérique
s'oppose à l'éjection des gaz de combustion.
L'impulsion spécique dans le vide est une caractéristique du propergol utilisé. Elle évalue
l'énergie libérée par kg de propergol consommé.
Le premier terme représente le ∆V propulsif dans le vide, le second terme s'annule dans
le vide.
Ce dernier terme n'est pas négligeable à basse altitude. D'autre part, on observe que
l'évolution de ce terme est sensiblement identique d'une trajectoire à l'autre pour un lanceur
donné. On dénit alors une Isp équivalente telle que
∗ Mi
∆V = g0 Isp ln (2.24)
Mb
2.4 Pertes
Si l'on examine l'équation (2.2), on voit qu'à côté du ∆V propulsif que nous avons calculé
apparaissent diérents termes de pertes. Nous allons les passer en revue et tenter de les estimer.
19
2.4.1 Pertes par incidence et braquage
Rt
Le premier terme, tif M (1 − cos(i + β))dt,
F
est non nul lorsque la poussée n'est pas alignée
avec la vitesse absolue.
En Terre xe, une incidence α nulle combinée avec une vitesse absolue égale à la vitesse
relative, Vrel = Vabs entraîne une incidence i = 0. Les pertes dans ce cas restent faibles, de
l'ordre de quelques m/s.
En Terre tournante, la vitesse relative n'est plus égale à la vitesse absolue. Pour voler à
incidence aérodynamique α nulle, il faut une incidence i non nulle, ce qui provoque des pertes
non négligeables, de l'ordre de quelques centaines de m/s.
20
Ce terme est non nul durant la phase atmosphérique du vol.
Si l'on examine maintenant le terme de portance, on constate que ce terme est non nul
durant la phase atmosphérique.
Néanmoins, pour des incidences i faibles, le terme de portance reste faible. Les pertes sont
limitées, de l'ordre de quelques m/s.
Ce terme est croissant avec l'altitude de mise à poste visée. Plus le vol sera long, plus
longtemps le lanceur sera soumis à la gravité, plus les pertes seront importantes. Les pertes
sont de l'ordre de plusieurs centaines de m/s.
Par dénition, l'indice structural λ est le rapport entre la masse de propergols et la masse
M
initiale de la fusée λ = Mpi .
L'impulsion spécique est de 320 s. Nous cherchons à atteindre une orbite de type LEO3 .
Sur cette orbite, la vitesse caractéristique est Vc = 7.62km/s.
3
LEO : Low Earth Orbit. Orbite basse terrestre.
21
2.5.1 Fusée à un étage
Si nous supposons que le lanceur est constitué d'un seul étage, on peut immédiatement
calculer le ∆V propulsif fourni
Mi
∆V = g0 Isp ln
Mb
450000
= 9.81 ∗ 320 ∗ ln
450000 − 0.9 ∗ (450000 − 11000)
= 6.6km/s
On constate qu'on ne peut parvenir à atteindre la vitesse caractéristique à l'aide d'un seul
étage. Nous allons étudier des fusées à plusieurs étages. Lorsque la combustion d'un étage
est terminé, qu'il est vidé de ses propergols, on le largue et on allume les moteurs de l'étage
suivant. On se défait ainsi progressivement des masses de moteurs et de structure devenues
inutiles.
Cette valeur est à comparer avec la vitesse de l'orbite LEO de 7.62km/s. Il faut cependant
noter que cette vitesse caractéristique n'inclut pas les termes de pertes. Pour atteindre l'orbite
LEO, le lanceur devra fournir une vitesse supérieur à celle-ci. Pour augmenter les performances,
nous allons maintenant analyser une fusée à 3 étages.
22
2.5.3 Fusée à trois étages
On suppose une fusée à trois étages qui ont les mêmes caractéristiques structurales et
propulsives, ainsi qu'une distribution des propergols selon les étages de 60, 25 et 15 %. Les
données sont :
Mu = 11t ;
Mp1 = 0.6 ∗ 0.9 ∗ 439t = 237.06t ;
Mp2 = 0.25 ∗ 0.9 ∗ 439t = 98.775t ;
Mp3 = 0.15 ∗ 0.9 ∗ 439t = 59.265t ;
(Ms + Me )1 = 26.34t ;
(Ms + Me )2 = 10.975t ;
(Ms + Me )3 = 6.585t.
Le premier étage fournit un ∆V propulsif égal à
450
∆V1 = 9.81 ∗ 320 ∗ ln = 2.349km/s
450 − 237.06
23
Chapitre 3
Orbites képlériennes
Nous allons étudier le mouvement d'un corps en orbite autour d'un centre d'attraction.
Il s'agit du problème de 2 corps dont l'un a une masse négligeable. Dans ces conditions,
le mouvement est plan. La force qui s'exerce sur l'unité de masse a les dimensions d'une
accélération. Pour la Terre, g0 = 9.8065m/s2 , RT = 6378km. L'accélération de la gravité à
une distance r du centre d'attraction est donnée par
RT2
g = g0 (3.1)
r2
Les accélérations intervenant dans le mouvement autour d'un attracteur central sont sché-
matisées à la gure 3.1.
24
2
l'accélération relative ddt2r ;
2
l'accélération d'entraînement tangentielle r ddt2θ ;
2
l'accélération d'entraînement centripède r dθ dt ;
l'accélération de Coriolis 2 dr dθ
dt dt .
K dr 2 K 2 RT2
+ − 2g 0 = 2H (3.9)
r2 dθ r2 r
25
On divise cette équation par K 2
2
RT2
1 dr 1 2H
+ − 2g0 = 2 (3.10)
r2 dθ r2 rK 2 K
1 d2 r dr d RT2 d 1
1 dr 1 1 1
2 2 + + − 2g0 2 =0 (3.11)
r dθ r2 dθ2 dθ dθ r2 dθ r2 K dθ r
1 d2 r dr d R2 d
d 1 1 2 d 1 1
2 − + + − 2g0 T2 =0 (3.12)
dθ r r2 dθ2 dθ dθ r2 r dθ r K dθ r
1 d2 r dr d R2
d 1 1 1
− − + − g0 T2 = 0 (3.13)
dθ r r2 dθ2 dθ dθ r r K
En prenant 1
r comme variable indépendante et en diérenciant par rapport à θ, on obtient
RT2
2
d 1 d 1 1
+ − g0 2 = 0 (3.14)
dθ r dθ2 r r K
1 g0 RT2
= + A cos(θ) + B sin(θ) (3.15)
r K2
Sous sa forme habituelle, l'équation de la cônique s'écrit
1 1 + e cos(θ − θ0 )
= (3.16)
r p
où p est le paramètre de la cônique. On a la relation
1 R2
= g0 T2 (3.17)
p K
26
En nous référant à l'équation (3.16), on calcule les rayons du péricentre (appelé périgée
dans le cas de la Terre) et de l'apocentre (apogée), à condition que l'excentricité soit inférieure
à 11 .
p
rper = (3.19)
1+e
p
rapo = (3.20)
1−e
Pour classer les orbites, il est utile d'introduire des grandeurs adimensionnelles, en prenant
RT et g0 comme unités.
r rapo rper V
ρ= ,α = ,β = ,γ = √ (3.21)
RT RT RT g0 R T
√
où g0 RT est la valeur de la vitesse orbitale sur la trajectoire circulaire de rayon RT et V est
le module de la vitesse. On obtient ainsi la distance au centre d'attraction adimensionnelle ρ,
l'apogée α et le périgée β , ainsi que le module de la vitesse γ . De même,
H K p
h= ,k = √ ,f = (3.22)
g0 RT RT g0 RT RT
On obtient ainsi l'énergie h, le moment cinétique k et le paramètre adimensionnel f , tels
que
p
k 2 = f, = k2 (3.23)
RT
En introduisant l'angle ω tel que
dθ
r = V cos(ω) (3.24)
dt
On réécrit
k = γρ cos(ω) (3.25)
La conservation de l'énergie mécanique totale s'écrit sous forme adimensionnelle :
1 1
h = γ2 − (3.26)
2 ρ
L'équation (3.18) s'écrit sous forme adimensionnelle :
e2 − 1 = 2hk 2 (3.27)
De même, l'équation (3.16) s'exprime sous forme adimensionnelle :
1 1 + e cos(ν)
= (3.28)
ρ k2
ν est l'anomalie vraie. Les vitesses radiale et tangentielle sont données par les expressions
e sin(ν) 1 + e cos(ν)
ur = uθ = (3.29)
k k
27
Chapitre 4
k2 k2
α= β= (4.1)
1−e 1+e
En tenant compte des relations (3.23) et (3.27), on en déduit
f 1 1 2
αβ = − + = (4.3)
2h α β f
Ce qui signie que α et β sont les racines de l'équation algébrique
2hx2 + 2x − f = 0 (4.4)
Cela suggère de représenter cette équation en coordonnées cartésiennes suivant les axes h
et f (voir gure 4.1). Dans ce système, pour x constant, on obtient des droites.
1 + 2hf ≥ 0 (4.5)
Cela se traduit sur le graphique de la gure 4.2 par une région inaccessible coloriée en
jaune. Le long de la frontière (l'hyperbole d'équation h = − 2f
1
), les orbites sont circulaires,
périgée et apogée sont confondus. Les orbites qui partagent les mêmes apogées ou périgées
28
sont situés sur une même droite.
Les points qui se situent dans la région h < 0 correspondent à des systèmes fermés. L'orbite
est une cônique de type circulaire ou elliptique. Par chaque point dans cette région, il passe 2
droites caractérisée par une valeur de x, tangentes à l'enveloppe. Ces 2 valeurs de x sont celles
des périgée et apogée adimensionnels. Pour chacune de ces droites, la demi droite à la gauche
du point de tangence avec l'enveloppe est relative au périgée de l'orbite correspondante, la
moitié droite est relative à l'apogée de l'orbite.
Les points situés dans la région h ≥ 0 correspondent à des systèmes ouverts. Dans ce cas,
la cônique est de type parabolique (h = 0) ou hyperbolique (h > 0). Par chaque point de cette
région passe une et une seule droite. La valeur de x correspondante représente celle du périgée
adimensionnel. Dans cette conguration, l'orbite ne présente pas d'apogée.
A la gure 4.3, nous analysons une portion du graphique général. 3 orbites sont représentées
dans le coin inférieur droit. La première orbite correspond au point E sur le graphique. Ce
point est situé sur l'enveloppe, il s'agit d'une orbite circulaire. L'orbite extérieure est également
circulaire. Le point correspondant sur le graphique se trouve lui aussi sur l'enveloppe, mais
avec une valeur de x supérieure. Le point intermédiaire sur le graphique n'appartient pas à
l'enveloppe. Il s'agit d'une orbite elliptique. Par ce point passent les droites tangentes partant
des 2 points précédents. L'orbite elliptique partage donc son périgée et son apogée avec les 2
orbites circulaires. Il s'agit typiquement d'une orbite de transfert permettant de passer d'une
orbite circulaire d'altitude h1 à une orbite circulaire d'altitude h2 . Dans le cas des missions
géostationnaires, le lanceur place la charge utile sur une orbite de parking circulaire de 200
km d'altitude (environ). Un moteur auxiliaire place ensuite le satellite sur l'orbite elliptique
appelée GTO1 . Arrivé à l'apogée, une seconde impulsion place la charge utile sur l'orbite GEO.
1
GTO : Geostationary Transfer Orbit. Orbite de transfert géostationnaire.
29
Fig. 4.3 Axes cartésiens h et f .
A la gure 4.4, nous avons séparé l'espace {h, f } en 6 zones distinctes délimitées par
l'enveloppe, la droite d'équation x = 1 et l'horizontale h = 0. La droite d'équation x = 1
représente toutes les trajectoires dont l'apogée ou le périgée se trouve au niveau du sol terrestre.
La zone localisée sous l'enveloppe correspond à une zone inaccessible.
La zone 1 correspond aux objets internes. Dans l'approximation d'un centre attracteur
ponctuel, cette zone serait celle occupée par des objets évoluant sous la surface réelle de
la Terre2 .
La zone 2 est celle occupée par les satellites en orbite autour de la Terre.
La zone 3 est utilisée pour les trajectoires balistiques (ICBM...). Il s'agit d'orbites qui
coupent la Terre car le périgée se trouve sous la surface terrestre.
La zone 4 est celle où l'on rencontre les météorites qui nissent par impacter la Terre.
La zone 5 est celle des comètes. C'est également celle utilisée pour les sondes qui se
libèrent de la banlieue terrestre.
2
Il est évident qu'il s'agit d'une notion qui n'a rien de physique. Dans la réalité, aucun corps n'orbite sous
la surface du globe !
30
Fig. 4.4 Dénition des diérentes zones du graphique cartésien h et f .
en vertu de l'équation (3.28). Pour la première vitesse cosmique, nous considérons une trajec-
toire circulaire (e = 0), la relation (3.28) fournit k12 = ρ1 . Pour la seconde vitesse cosmique
c
31
(e = 1), la relation (3.28) conduit à 2
kp2
= ρper .
1
Pour une même altitude initiale, on trouve
√ √
kp = 2kc ⇒ VP arabole = 2VCercle (4.6)
32
Chapitre 5
Pour tracer la gure 5.1, nous avons négligé la phase propulsée initiale et la phase propulsée
nale. Cela revient à placer I et F à la surface de la Terre. Dans ce cas, les 2 rayons sont
égaux au rayon terrestre rI = rF = RT . Le triangle OIF est isocèle. La pente de la vitesse
est donnée par ωi = 21 OIF
d.
33
Le second foyer de l'ellipse, O0 , se trouve au milieu de la corde qui lie les points de départ et
d'arrivée IF . Le demi grand axe de l'ellipse est donné par la relation 2a = |IO| + |IO0 | = RT +
p p
RT sin(θ0 ). La distance entre les foyers est donnée par 2c = |OO0 | = 1−e − 1+e = RT cos(θ0 ).
RT
a = (1 + sin(θ0 )) (5.2)
2
RT
c = cos(θ0 ) (5.3)
2
La pente initiale de la vitesse est calculée en tenant compte des relations entre les angles
dénis sur la gure 5.1
1 π
ωi = − θ0 (5.4)
2 2
L'excentricité de l'ellipse est donnée par
cos π2 − 2ωi
c cos(θ0 )
e= = = = tan(ωi ) (5.5)
a 1 + sin(θ0 ) 1 + sin π2 − 2ωi
Calculons le meilleur angle de site ωi pour maximiser la portée 2RT θ0 . Maximiser la portée
revient à minimiser l'expression
1 p 1
cos(θ0 ) = 1− = (1 − f ) (5.6)
e RT e
1 Vi
h = γi2 − 1 avec γi = √ (5.7)
2 g0 RT
où l'énergie cinétique et l'énergie potentielle sont calculées à la surface de la Terre. Or, en
rappelant l'équation (3.27)
e2 − 1 = 2hf
On obtient
e2 − 1
1
cos(θ0 ) = 1− (5.8)
e 2h
Si l'on dérive l'équation (5.8) par rapport à l'excentricité e et que l'on annule cette dérivée,
on obtient l'excentricité correspondant à l'optimum (en utilisant l'équation (5.7)) :
γi2
f= (5.10)
2 − γi2
34
A partir des équations (5.6), (5.9) et (5.10), nous allons exprimer la portée maximale en
termes de γi
q
2 1 − γi2
2RT θ0 = 2RT arccos (5.11)
2 − γi2
En exprimant la constance du moment cinétique, qui est égal à sa valeur initiale, on obtient
la relation suivante
k = γi cos(ωi ) (5.12)
Etant donné les équations (3.23) et (5.10), on obtient la relation entre la pente initiale de
la vitesse ωi et la vitesse initiale γi
1
cos(ωi ) = q (5.13)
2 − γi2
On calcule également
q
1 − γi2
sin(2ωi ) = 2 (5.14)
2 − γi2
Cette équation fournit l'altitude maximale sous forme adimensionnelle, en tenant compte
de la dénition de k (relation (3.23))
q q
2 1 − γ 2 1− 1 − γ 2
k i i
η= −1= 2 (5.19)
1−e 2 − γi
35
A la gure 5.2, nous voyons reportées en fonction de la portée désirée 2θ0 , la pente initiale
de la vitesse ωi et de la vitesse initiale γi . Sur le graphique gure également l'altitude de
l'apogée η .
Si l'on examine ce graphique, on constate que pour une portée faible, on trouve une pente
initiale de vitesse de 45◦ . C'est le résultat bien connu des artilleurs. Pour obtenir la portée
maximale, il faut tirer avec cette pente. C'est valable dans l'hypothèse de Terre plate, où l'on
assimile la sphère par le plan tangent, hypothèse valable pour de faibles portées. Lorsque la
portée devient importante, on ne peut plus utiliser cette approximation. Pour une portée de
180◦ , il faut tirer avec une pente nulle à la première vitesse cosmique, il s'agit d'une orbite
circulaire d'altitude nulle, η = 0.
36
Chapitre 6
dν
ρ2 = k (6.1)
dt
ρ2 k 3 dν
dt = dν = (6.2)
k (1 + e cos(ν))2
L'intégration de cette équation n'est pas aisée. Les premiers scientiques qui l'ont étudiée
ont préféré recourir à un changement de variables géométrique basé sur l'anomalie excentrique
E.
A la gure 6.1, nous avons représenté une ellipse ainsi que les cercles de rayons a et b qui
la limitent. A partir du foyer principal de l'ellipse (celui placé au centre attracteur), le rayon
ρ permet de repérer le véhicule sur son orbite. Un
angle est nécessaire pour compléter ce repérage. Soit l'anomalie vraie ν , qui est l'angle au
foyer entre le péricentre et le véhicule, soit l'anomalie excentrique E , dont l'origine se trouve
au centre de l'ellipse. La distance entre le centre et le foyer de l'ellipse est désigné par d.
37
Fig. 6.1 Représentation de l'ellipse et dénition des anomalies.
b = [ρ sin(ν)]max (6.7)
k 2 sin(ν)
ρ sin(ν) = (6.8)
1 + e cos(ν)
En dérivant cette expression par rapport à ν , en l'annulant, on obtient la valeur de ν qui
permet d'atteindre l'optimum de la relation (6.8). On calcule ainsi la valeur de b.
∂(ρ sin(ν))
= 0
∂ν
cos(ν) = −e
k2 p
b = √ = a 1 − e2 (6.9)
1 − e2
A la gure 6.2, nous avons reporté les positions du périgée et de l'apogée en fonction des
demis axes. Le cercle rouge représente le foyer de l'ellipse placé au centre attracteur. On trace
38
√
le cercle au centre de l'ellipse de rayon a2 − b2 . Par construction, ce cercle passe par le foyer
principal de l'ellipse. Le cercle de rayon b centré à l'apogée de l'ellipse rencontre le cercle
précédent sur l'ellipse et complète le triangle rectangle.
Rappelons que, pour une ellipse, le moment cinétique k et l'énergie mécanique totale h
sont donnés par les relations :
1
k 2 = a(1 − e2 ) h=− (6.11)
2a
D'après la gure 6.1, en se servant de la relation (6.10), on constate que :
aE cos(E) = a − ρ (6.16)
39
relation connue sous le nom de formule de Moulton.
Nous allons maintenant établir les relations entre les 2 anomalies. A partir de la formule
(6.13), on obtient :
k 2 cos(ν)
a cos(E) = d + (6.17)
1 + e cos(ν)
Avec d = ae et k 2 = a(1 − e2 ), on simplie l'expression
e + cos(ν)
cos(E) = (6.18)
1 + e cos(ν)
De même, en partant de la relation (6.12), avec les mêmes formules intermédiaires, on
obtient
√
1 − e2 sin(ν)
sin(E) = (6.19)
1 + e cos(ν)
A partir des équations (6.18) et (6.19), on obtient la relation entre les anomalies excentrique
E et vraie ν .
r
E 1−e ν
tan = tan (6.20)
2 1+e 2
40
6.4 Transfert d'une orbite basse sur une orbite géostationnaire
Nous allons maintenant étudier le cas d'un transfert d'une orbite LEO vers l'orbite GEO.
L'orbite intermédiaire est appelée orbite GTO. Il s'agit d'une orbite elliptique dont le périgée
β se trouve à l'altitude LEO et dont l'apogée α est à l'altitude GEO. On a les relations
suivantes :
β = 1
α ≈ 7
α+β
a = ≈4 (6.27)
2
T 2 ≈ 256π 2
T
≈ 25.13274 (6.28)
2
L'unité de temps est donnée par
s r
RT 6378000
= ≈ 800 s (6.29)
g0 9.8065
Cette orbite est donc caractérisée par une distance au centre de la Terre ρ = 6.62548. La
valeur exacte du demi grand axe de l'orbite de transfert est a = 3.81274.
La vitesse sur l'orbite GEO peut être recalculée en utilisant l'expression de la vitesse tan-
gentielle uθ (3.29), en notant qu'il n'y a pas de composante radiale de la vitesse et en se servant
41
de la forme simpliée de (3.28) : uθ = 0.3885.
Vθ = g0 RT x 0.3885 = 3.072km/s
p
.
Remarque : Il faut noter que cette vitesse représente la vitesse d'un satellite à poste sur
une orbite géostationnaire. Il ne s'agit pas de la vitesse qu'un lanceur doit fournir à un satellite
pour le faire passer de la surface terrestre à l'orbite visée.
42
Chapitre 7
Une première impulsion lors du lancement place le lanceur sur une orbite de transfert. Il
s'agit forcément d'une orbite balistique sauf si l'impulsion est susante. L'orbite se trouve
soit dans la zone 3, soit dans la zone 4 du graphique de la gure 4.4. Le périgée de l'orbite
de transfert est situé sous la surface terrestre, à moins que l'impulsion soit susante. Une
seconde impulsion est nécessaire pour modier la vitesse de façon à placer le lanceur sur une
orbite elliptique extérieure.
7.1 Procédure
Une première impulsion permet de passer de γ1 = 0 au niveau de la surface de la Terre à
une certaine valeur γ2 .
L'orbite de transfert est alors caractérisée par une énergie mécanique totale
1
h2 = γ22 − 1
2
avec une vitesse aréolaire réduite
0 ≤ w2 = γ2 cos(ω2 ) ≤ γ2
43
Fig. 7.1 Représentation de l'ellipse et dénition des anomalies.
Ensuite, on assiste à une phase balistique qui se termine en un certain point de transfert
3, où la distance ρ3 est comprise entre les paramètres α et β de l'orbite nale.
En ce point, une vitesse γ4 et un angle ω4 sont nécessaires pour se placer sur l'orbite nale
avec
1 2 1
γ4 − =h
2 ρ3
Le problème fait apparaître 7 variables
γ2 γ3 γ4
ω2 ω3 ω4
ρ3
Il nous faut vérier la conservation de l'énergie et du moment cinétique sur la phase balis-
tique du transfert. Il existe donc 4 relations entre les 7 variables, ce qui nous laisse 3 paramètres
à choisir de manière à optimiser le transfert.
44
La conservation du moment cinétique fournit la relation
γ2 cos(ω2 ) = ρ3 γ3 cos(ω3 )
= ρ3 (γ30 cos(ω4 ) − γ300 sin(ω4 )) (7.1)
γ22 γ 02 + γ3002 1
−1= 3 − (7.2)
2 2 ρ3
Pour l'orbite nale, α et β ou h et k sont donnés par
ρ3 γ4 cos(ω4 ) = k
γ42 1
− =h (7.3)
2 ρ3
Remarque : dans ce problème, il y a 2 impulsions, la première au départ, la seconde en ρ3 .
On suppose que la vitesse eective d'éjection c est la même pour les 2 impulsions (c'est-à-
dire que l'on utilise les mêmes moteurs). Le gain de vitesse lors de la première impulsion est
de
c M1
γ2 = √ ln (7.4)
R T g0 M2
Le gain de vitesse lors de la seconde impulsion est de
c M3
q
0 2 002
(γ4 − γ3 ) + γ3 = √ ln (7.5)
RT g0 M4
avec M2 = M3 .
Il faut calculer les 3 dérivées partielles indépendantes de cette expression. Fixons ρ3 . Ainsi,
γ4 et ω4 sont xés. Fixons γ30 . Il reste la variable γ300 . Par les deux équations de conservation,
on calcule γ2 et ω2 . En utilisant la relation (7.2), on a :
r
2
q
F = γ302 + γ3002 + 2 − + (γ4 − γ30 )2 + γ3002 (7.9)
ρ3
45
F doit être rendue minimum par rapport à γ300 . Il faut donc poser γ300 = 0. Nous pouvons
en conclure qu'il faut arriver tangentiellement sur l'orbite nale : γ3 = γ30 . Nous réexprimons
la fonction objectif et les contraintes
γ2 cos(ω2 ) = ρ3 γ3 cos(ω4 )
γ22 γ32 1
−1 = −
2 2 ρ3
ρ3 γ4 cos(ω4 ) = k (7.10)
γ42 1
− = h
2 ρ3
F = γ2 + γ4 − γ3 avec γ4 > γ3 (7.11)
Il faut donc
46
On réexprime la fonction objectif et les contraintes sous la forme
γ2 = ρ3 γ3 cos(ω4 )
γ22 γ32 1
−1 = −
2 2 ρ3
ρ3 γ4 cos(ω4 ) = k (7.17)
γ42 1
− = h
2 ρ3
F = γ2 + γ4 − γ3 (7.18)
D'où l'on peut réexprimer la fonction objectif en fonction d'une nouvelle variable (k + γ3 )
p
γ2 + γ4 = 2h + 2 − k 2 + (k + γ3 )2 (7.20)
p
F = 2k + 2 − k 2 + (k + γ3 )2 − (k + γ3 ) + k (7.21)
dF k + γ3
=p >0 (7.22)
d(k + γ3 ) 2h + 2 − k 2 + (k + γ3 )2 − 1
Cette dérivée est partout positive, il faut dont chercher le minimum de (k + γ3 ) ou de γ3 .
A partir des équations des contraintes, on a :
γ2 = ρ3 γ3 cos(ω4 )
ρ3 γ4 cos(ω4 ) = k (7.23)
Or, on a également :
1
γ42 = 2 h+
ρ3
1
γ22 2
= γ3 + 2 1 − (7.25)
ρ3
En combinant les équations (7.25) avec l'équation (7.24), on a
2 1 1
γ3 + 2 1 − 2 h+ = k 2 γ32
ρ3 ρ3
1 1 1
2 2
γ3 k − 2 h + = 4 1− h+ (7.26)
ρ3 ρ3 ρ3
47
A l'aide des équations (4.3) entre (α, β ) et (h, k), on réécrit la relation précédente en
fonction des paramètres d'apocentre et de péricentre
2 (α + β − ρ3 )(ρ3 − 1)
γ32 =
ρ3 (αβ + 1)ρ3 − (α + β)
2
(γ32 )ρ3 =α = (7.27)
α(α + 1)
2
(γ32 )ρ3 =β =
β(β + 1)
4 1 − ρ13 h + ρ13
γ32 = 2 (7.28)
k 2 − 2h − ρ3
Le minimum de γ3 est obtenu pour ρ3 = α (la vitesse est minimale à l'apocentre de l'orbite,
par conservation de la vitesse aréolaire). Dans ce cas, les vitesses γ2 , γ3 et γ4 deviennent
s
2
γ3 =
α(α + 1)
s
1
γ4 = 2 h+ (7.29)
α
s
2 1
γ2 = +2 1−
α(α + 1) ρ3
s r
2 1 2α
= +α−1 = (7.30)
α α+1 α+1
Le coût minimum requiert un départ tangentiel, une orbite balistique d'une demi ellipse
et une seconde petite impulsion lorsqu'on arrive à l'apogée de l'orbite nale. Pour une orbite
de satellite circulaire
α=β=x (7.32)
La fonction objectif a été dessinée à la gure 7.2. Elle passe par un maximum
√ pour x =
15.5817, F = 1.5362. Après elle décroît jusqu'à la valeur asymptotique F = 2 qui correspond
à la libération sur une orbite parabolique tangente à la surface de la Terre. Sur la gure 7.3,
nous pouvons noter que les deux impulsions se réalisent sur des tangentes aux équipotentielles
du champ de gravité. Si on remplace les impulsions par des périodes propulsives, les pertes de
48
gravité restent faibles et le résultat constitue une bonne approximation. Le départ tangentiel
à la surface de la Terre n'est pas très réaliste, il faut examiner la perte due à un lancement
selon un angle initial ω2 (angle du site imposé).
49
Fig. 7.3 Trajectoire de transfert.
k = γi cos(ωi ) (7.36)
k2 k2
α= β= (7.37)
1−e 1+e
L'excentricité est liée à la vitesse initiale par
e2 = 1 − γi2 (7.38)
50
7.2.1 Exemple du V2
A la gure 7.4, nous avons reproduit le schéma technique de la fusée allemande V2 qui a
servi à bombarder Londres en 1944. Il s'agit d'une des toutes premières fusées d'attaque, la
portée était très limitée, de l'ordre de quelques centaines de km.
A partir de ces données, on commence par calculer la portée θ0 par la relation θ0 = 320
2RT =
1.44◦ . Rappelons que la portée totale est égale à 2θ0 .
51
Une fois que nous connaissons l'angle θ0 , nous pouvons calculer les caractéristiques du vol
balistique. Nous avons les relations suivantes
π 1
ωi = − θ0 = 44.28◦
s 2
4
1
γi = 2− = 0.221
cos2 (ω i)
p
Vi = γi ∗ g0 RT = 1.75km/s
RT
hapo = (sin(θ0 ) + cos(θ0 ) − 1) = 78.98km
2
Vi
ln(r) = ⇒ r = 2.215
c
Nous obtenons une valeur de r optimiste. Pour être plus réaliste, nous devons évaluer le
temps de vol et corriger la vitesse initiale du terme de perte de gravité. Pour se faire, nous
avons besoin de données supplémentaires.
la poussée F = 245 250 N ;
la masse de propergols Mp = 9 700 kg .
Avec ces nouvelles données, nous pouvons calculer le débit massique et de là estimer la
durée du vol propulsé.
F
m = = 111.5kg/s
c
Mp
tprop = = 87s
m
Avec le temps de propulsion, en supposant un vol vertical à gs = g0 constant, nous allons
calculer une borne supérieure des pertes de gravité par la relation
Z 87
gs dt = 87 ∗ g0 = 853m/s
0
La nouvelle valeur de r = 3.26 est très proche des valeurs que l'on trouve dans les ouvrages
de référence concernant les V2.
On constate également que lorsqu'on tient compte de pertes, les performances de la fusée
sont dégradées, le rapport r est moins bon, il augmente, ce qui signie que l'on consomme
plus de propergols pour remplir la même mission.
52
Fig. 7.5 Trajectoire de la fusée allemande V2.
Dans le cas d'un lancement avec angle de site imposé, l'angle ω2 est xé, de sorte qu'il ne
reste plus que 6 variables : γ2 , γ3 , γ4 , ω3 , ω4 et ρ3 . Nous avons 6 variables avec 4 conditions,
il nous reste 2 dérivées partielles à calculer.
La première dérivée
∂F
=0 (7.39)
∂γ300
conduit au même résultat que dans le problème précédent, à savoir
γ300 = 0 (7.40)
Il faut arriver tangentiellement sur l'orbite nale. Nous obtenons la nouvelle expression de
la fonction objectif et des contraintes :
γ2 cos(ω2 ) = ρ3 γ3 cos(ω4 )
γ22 γ32 1
−1 = − (7.41)
2 2 ρ3
ρ3 γ4 cos(ω4 ) = k
γ42 1
− = h
2 ρ3
F = γ2 + γ4 − γ3 avec γ4 > γ3 (7.42)
53
D'où
2kγ3
(γ2 + γ4 )2 = γ32 + 2h + 2 + (7.44)
cos(ω2 )
Et donc
s 2
k
F = −γ3 + γ3 + − µ2 (7.45)
cos(ω2 )
avec
k2
µ2 = − 2 − 2h (7.46)
cos2 (ω2 )
Cette expression est strictement positive car −2 − 2h + k 2 > 0 dans la région des orbites
de satellites. Dès lors
k
dF γ3 + cos(ω2 )
= −1 + r (7.47)
dγ3 k
2
γ3 + cos(ω2 ) − µ2
La dérive est toujours strictement positive. Pour en obtenir un minimum, il faut chercher
le minimum de γ3 .
Et donc
γ42 cos2 (ω2 )(2 + 2h − γ42 )
γ32 = (7.50)
k 2 − γ42 cos2 (ω2 )
Or
2αβ 1
k2 = et h=− (7.51)
α+β α+β
D'où
2(α + β) − 2 − γ42 (α + β)
γ32 = γ42 cos2 (ω2 ) (7.52)
2αβ − (α + β)γ42 cos2 (ω2 )
54
Cette fonction s'annule pour
γ42 = 0
2(α + β − 1)
γ42 = (7.53)
α+β
Elle est innie pour
2αβ
γ42 = (7.54)
(α + β) cos2 (ω2 )
En général, pour une orbite caractérisée par ses valeurs α et β , la vitesse à l'apogée est
dénie par
s
2β
(7.56)
α(α + β)
Le minimum de F est obtenu pour le minimum de γ32 , qui est sa valeur au périgée, soit à
l'apogée de l'orbite nale.
On appelle ω2 = ωcr l'angle critique pour lequel les valeurs de γ32 sont les mêmes au périgée
et à l'apogée. Dans ce cas, il est indiérent de faire le raccord au périgée ou à l'apogée :
α − 1 cos2 (ω2 )
(γ32 )apogée = 2
α α2 − cos2 (ω2 )
β − 1 cos2 (ω2 )
(γ32 )périgée = 2 (7.58)
β β 2 − cos2 (ω2 )
et donc
β 3 (α − 1) − α3 (β − 1)
cos2 (ωcr ) = (7.60)
α−β
expression valide uniquement si α 6= β . En divisant par α − β , on obtient :
55
Si l'on a
ω2 ≤ ωcr (7.62)
on a un raccord à l'apogée. Par contre, si l'on a
ω2 ≥ ωcr (7.63)
on a un raccord au périgée.
La condition qu'α soit réel est vériée par le raisonnement suivant. Il faut que
4(X 2 − β 2 )
β2 − ≥ 0
β−1
β 3 + 3β 2 − 4X 2 ≥ 0 (7.67)
Cette relation est correcte puisque β > 1 et X 2 ≤ 1.
7.4 Exemple
Considérons l'orbite dénie par β = 1.2, α = 1.3, ωcr = 27.275◦ . Supposons que le pro-
pulseur soit caractérisé par une impulsion spécique Isp = 240s et une vitesse d'éjection
c = 2350m/s.
Tir ω2 = 0 Tir ω2 = ωcr , apogée Tir ω2 = ωcr , périgée
V2 [km/s] 8.4 7.4 6.8
V3 [km/s] 6.5 5 5
V4 [km/s] 6.8 6.8 7.4
M1
M4 45 57 57
56
En guise de conclusion, nous pouvons dire que jusqu'à des angles de site de 30◦ , la pénalité
sur le rapport de masses n'est pas très importante. L'orbite de transfert est plus courte, elle
se termine au périgée et ore, par conséquent, certains avantages pour la poursuite et les
communications par radio dans la phase de lancement. De plus, la fusée sort plus rapidement
de l'atmosphère dense et à une vitesse plus faible, ce qui diminue l'échauement dû à la traînée.
L'inconvénient de cette solution est l'accroissement de la perte gravitationnelle subie durant
la phase de poussée.
57
Chapitre 8
Technologie de la fusée
Mi = Mb + Mp (8.1)
où
Mb est la masse de l'étage après extinction des moteurs et
Mp est la masse des propergols.
De même, la masse après extinction des moteurs peut être décomposée selon
Mb = Ms + Me + Mu (8.2)
avec
Ms est la masse de la structure ;
Me est la masse des moteurs1 (système de propulsion) ;
Mu désigne la masse utile (charge utile).
Cette répartition est en partie conventionnelle car il n'est pas toujours simple de savoir à
quelle catégorie se rattache telle ou telle composante.
58
Résolue en fonction de Ms + Mp , cette dénition considère que la somme des masses de la
structure et des moteurs est proportionnelle à la masse des propergols.
Ms
σ= (8.5)
Mi
Dans la même référence, on exprime que la masse des moteurs est proportionnelle à la
poussée maximale :
Fmax
K= (8.6)
g0 Me
Cette dernière hypothèse conduit à des optimisations pour lesquelles le coecient ε est
loin d'être constant. Tous ces indices, s, ζ et σ , ainsi que les facteurs relatifs aux moteurs, ε
et K , doivent être considérés comme des indices de performance caractéristiques de la qualité
de la technologie.
Avec m (ux massique) constant et en supposant que gs est constant ou remplacé par une
valeur moyenne, on obtient que :
Mi gs
Vb − Vi = c ln − (Mi − Mb ) (8.7)
Mb F
59
La taille du moteur est dénie par la valeur de :
Me ϕ
ε= = (8.11)
Mi Kr
donc, pour K donné, par ϕ et r.
On peut, par exemple, demander que le rapport de charge utile soit maximum :
Mu
u= (8.12)
Mi
u peut être calculée en fonction des indices structuraux :
Mu M b − Ms − M e 1 M s + Me 1 ϕ
u= = = − = −σ− (8.13)
Mi Mi r Mi r Kr
ou bien, en utilisant l'indice ζ
Ms
ζ = (8.14)
Mi
ζ +1 ϕ
u = −ζ − (8.15)
r Kr
On suppose donc connus K et soit σ , soit ζ . Nous allons donc chercher à maximiser u en
respectant un certain gain de vitesse. On choisit une fonction objectif f
ζ +1 ϕ
f (ϕ, r) = −ζ − (8.16)
r Kr
La contrainte concerne le gain de vitesse. Il s'agit de l'équation (8.10).
Les données sont le facteur K qui décrit la technologie du moteur (équation (8.6)) et
l'indice structural (équation (8.15)).
60
Des deux premières équations, on tire
gs
ϕ2 = −λKr (r − 1) (8.19)
g0
ϕ − K(ζ + 1)
λ = (8.20)
gs r
Kr 1 − ϕg 0
61
Chapitre 9
?????????????????????????????????????????
L'étagement parallèle,
pour les fusées de type Atlas, au bout d'un certain temps, les moteurs latéraux sont
éjectés ;
pour les fusées de type Titan III, les fusées latérales sont éjectées après un certain temps ;
cette conguration augmente la traînée, cette solution est valable seulement pour les
grosses fusées ;
le rendement thermodynamique est moins bon car les tuyères ne sont pas adaptées pour
toute la durée du vol propulsé.
A la gure 9.1, nous considérons la sous fusée d'indice n, qui est constituée de l'étage n
lui-même (structure, propergols, moteurs) et de sa charge utile qui se trouve être la sous fusée
suivante, d'indice n + 1. Soit N le nombre total d'étages.
62
Fig. 9.1 Etagement d'une fusée parallèle.
63
Le rapport de charge utile global est donné par
Mu Mu Mi,N Mi,2
u = = ... (9.10)
Mi,1 Mi,N Mi,N −1 Mi,1
= uN uN −1 . . . u1 (9.11)
Il est intéressant de chercher la distribution optimale des rapports de masse entre les
diérentes sous fusées. Il est nécessaire de faire certaines hypothèses sur les indices structuraux.
(∆V )n = cn ln(rN )
cn = vitesse eective d'éjection (9.12)
Mi,n
rn =
Mb,n
Il est nécessaire de savoir comment un rapport partiel de charge utile un est lié au rapport
de masse rn . En utilisant l'indice :
Ms,n + Me,n + Mp,n
sn = (9.14)
Ms,n + Me,n
on obtient
1 sn − rn
un = (9.15)
rn sn − 1
la recherche du maximum de u peut être remplacée par la recherche du maximum de ln(u).
En imposant une performance, par exemple ∆V , on recherche le maximum de U :
N N
!
X 1 X
U= ln(un ) − ∆V − cn ln(rn ) (9.16)
ν
n=1 n=1
où 1
ν est un multiplicateur lagrangien.
64
On annule les dérivées premières
∂U 1 1 1 cn
= − − + =0 (9.18)
∂rn sn − rN r n ν rn
∂U
= 0
∂ ν1
N
X ν
⇒ ∆V = cn ln(sn ) + ln 1 − (9.19)
cn
n=1
cn = c n = 1, . . . N (9.21)
sN = s1 . . . sN (9.22)
d'où
N
1 X
ln(s) = ln(sn ) (9.23)
N
n=1
on obtient
∆V h ν i
= N ln(s) + ln 1 − (9.24)
c c
donc
ν 1 ∆V
1− = e cN (9.25)
c s
et
sn ∆V
rn = e cN
s
1 h ∆V i
un = se cN − 1 (9.26)
sn − 1
D'où
h ∆V
iN
se− cN − 1
u= (9.27)
(s1 − 1)(s2 − 1) . . . (sN − 1)
s1 = s2 = . . . = sN = s (9.28)
65
conduit au résultat
" −∆V
#N
se −1
cN
u= (9.29)
s−1
Cela implique que tous les rapports de masse soient identiques ainsi que tous les incréments
de vitesse. L'augmentation du nombre d'étapes est toujours bénéque. Il est utile de considérer
le cas limite du nombre d'étages inni. Calculant la limite pour N → ∞ de ln(u) en appliquant
le théorème de l'Hospital
−s ∆V
ln(u) = (9.30)
s−1 c
Les résultats calculés sur base de ces hypothèses est repris à la gure 9.2. On constate que
le rapport de charge utile augmente lorsque le nombre d'étages N augmente. Le cas limite où
N tend vers l'inni est représenté par la courbe verte.
Théorie peu réaliste car on ne tient pas compte des éléments nécessaires à la séparation
des étages. Ce même résultat peut être obtenu en raisonnant directement sur le cas continu
1
Ms + Me = Mp (9.31)
s−1
66
et donc
s
dM = dMp (9.32)
s−1
d'où
s−1
M dV = mcdt = −cdMp = −c dM (9.33)
s
On doit intégrer entre M = Mi et M = Mu :
s−1 1
∆V = c ln (9.34)
s u
−s ∆V
ln(u) = (9.35)
s−1 c
Mais le seul résultat probant sera obtenu en tenant compte de la perte de gravité. L'équa-
tion
N
X
∆V = cn ln(rn ) (9.38)
n=1
67
et donc
ϕ = εKr (9.40)
Pour ϕ xé, ε est inversement proportionnel au rapport de masse. Introduisant cette ex-
pression pour chaque sous fusée :
Me ϕn
εn = = (9.41)
Mi n K r r n
68
Chapitre 10
Problème du rendez-vous
Le problème du rendez-vous consiste à calculer la trajectoire d'énergie minimum liant un
point de départ donné et un point cible.
Rappelons que l'énergie d'une orbite est directement liée au demi grand axe de l'orbite a :
1
h = − 2a .
Remarque : pour la simplicité, dans les calculs qui vont suivre, on écrit r au lieu de ρ.
Le centre d'attraction coïncide avec le foyer F de l'ellipse. L'ellipse est une ellipse quel-
conque qui lie les 2 points. Le triangle P1 P2 F est donné. Nous disposons de la propriété
géométrique classique des ellipses
69
Remarque : il faut que le demi grand axe a soit susamment grand.
1
s = (r1 + r2 + d) (10.2)
2
Si l'on tient compte de la relation d'inégalité du triangle P1 P2 F 0 , on obtient
d'où
1
s ≤ (r1 + r2 + r10 + r20 ) (10.4)
2
≤ 2a
et donc
0 0
r1m + r2m ≥d (10.6)
Ce qui démontre que le deuxième foyer Fm 0 de l'orbite de transfert est situé sur la ligne
1 1
h=− =− (10.7)
s 2a
Puisque l'énergie décroît avec la croissance du demi grand axe, cette ellipse est aussi celle
qui demande la plus petite énergie. C'est aussi celle qui correspond à la plus petite énergie
cinétique au point de départ et donc à la plus petite vitesse initiale. Rappelons que
1 1 1 1
u2θ + u2r = 2 − =2 − (10.8)
r 2a r s
70
Fig. 10.2 Schéma de l'ellipse et dénition des grandeurs géométriques.
71
Dans le triangle Fm
0 P F :
2
02 0
s2 e2m = r2m + r22 − 2r2m r2 cos(α2 )
2s(s − r1 )
2
= (s − r2 ) + r22 − 2(s − r2 )r2 −1 (10.12)
r2 d
4s(s − r1 )(s − r2 )
= s2 −
d
d'où
r
4(s − r1 )(s − r2 )
em = 1− (10.13)
sd
le théorème de transfert peut être calculé à partir de l'équation de Kepler.
72
Fig. 10.3 Schéma de l'ellipse et dénition des grandeurs géométriques.
D'où
T f +g f −g
t2 − t1 = f − g − 2 cos sin
2π 2 2
T
= [f − g − sin(f ) + sin(g)] (10.16)
2π
x1
Utilisant ces mêmes fonctions f et g pour calculer la distance d entre P1 = et
y1
73
x2
P2 = , on obtient
y2
d2 = (x2 − x1 )2 + (y2 − y1 )2
= a2 (cos(E2 ) − cos(E1 ))2 + a2 (1 − e2 )(sin(E2 ) − sin(E1 ))2
2 E2 − E1 2 E1 + E2 2 E1 + E2
2
= 4a sin sin 2
+ (1 − e ) cos (10.17)
2 2 2
f +g
= 4a2 sin2 (f − g) sin2
2
d'où
On obtient aussi une expression simple pour la somme r1 + r2 des 2 rayons (formule de
Moulton) :
h e i
r1 + r2 = 2a 1 − (cos(E1 ) + cos(E2 ))
2
f +g f −g
= 2a 1 − cos cos (10.19)
2 2
= a[2 − cos(f ) − cos(g)]
et enn
r1 + r 2 + d
cos(f ) = 1 −
2a
r1 + r 2 − d
cos(g) = 1 − (10.20)
2a
Il reste à résoudre les ambigüités trigonométriques sur f et g .
f = ±f ∗ +2kπ
g = ±g ∗ +2lπ (10.21)
k, l = . . . , −1, 0, 1, 2, . . .
On exclut les orbites de plus d'une révolution. On obtient ainsi 4 solutions, selon que l'aire
A (à gauche du mouvement de P1 vers P2 ), limitée par l'arc P1 P2 et la ligne P1 P2 contient ou
non les foyers F et F 0 (voir gure 10.4).
74
Fig. 10.4 4 cas.
T
t2 − t1 = [(f ∗ − sin(f ∗)) − (g ∗ − sin(g∗))] si / A, F 0 ∈
F ∈ /A
2π
T
t2 − t1 = [2π − (f ∗ − sin(f ∗)) − (g ∗ − sin(g∗))] si / A, F 0 ∈ A
F ∈
2π
T
t2 − t1 = [2π − (f ∗ − sin(f ∗)) + (g ∗ − sin(g∗))] si F ∈ A, F 0 ∈
/ A (10.23)
2π
T
t2 − t1 = [(f ∗ − sin(f ∗)) + (g ∗ − sin(g∗))] si F ∈ A, F 0 ∈ A
2π
Comme l'équation de Kepler, celle de Lambert permet de calculer le temps de transfert
entre 2 points à partir des données orbitales.
Appliquons maintenant les résultats précédents au tir balistique ou vol suborbital, déjà
étudié dans un chapitre précédent. Notons que avec
2(r1 + r2 − d)
σ =
r1 + r2 + d
cos(f ) = −1 (10.24)
cos(g) = 1 − σ
Le temps devient
T h p i
t2 − t1 = π − arccos(1 − σ) + 1 − (1 − σ)2 (10.25)
2π
75
10.3 Application
Nous pouvons appliquer les résultats précédents au cas des missions interplanétaires.
Les méthodes vues précédemment sont adéquates pour une conception préliminaire du
plan de vol. On suppose que le vaisseau est à l'extérieur de la sphère d'inuence de la Terre.
Ces 2 manoeuvres sont reprises plus en détails au chapitre traitant des manoeuvres orbi-
tales.
76
Chapitre 11
d2 −
→ n
X mi mj
ri −
mi 2 = G ∗
δij ρ→
ij i = 1, . . . n (11.1)
dt ρ3ij
j=1
où
∗
δij = 1 − δij symbole de Kronecker complémentaire (11.2)
on obtient
d2 −
→
n
X ri
mi =0 (11.4)
dt2
i=1
En notant que
n
X
M= mi (11.5)
i=1
77
→
−
où M est la masse totale du système et que R est la position du centre de masse du
système :
−
→ 1 −
R = (→
c1 t + −
→
c2 ) (11.6)
M
Le centre de masse du système (appelé aussi barycentre) est au repos (si →
−
c1 = 0 ou se
déplace uniformément.
−
→
c1 et −→
c2 représentent 6 intégrales de l'équation du mouvement. Ecrivons les produits vec-
→
−
toriels ri × l'équation (11.1) pour chaque valeur de i, puis additionnons :
d2 −
→
n n X
n
−
→ ri ∗ mi mj −
(→
ri × −
ρ→
X X
r i × mi 2 = G δij ij ) (11.7)
i=1
dt ρ3ij
i=1 j=1
mais
−
→
ri × −
ρ→ →
− → −
− → → −
− →
ij = ri × ( rj − ri ) = ri × rj
→
−
ri × −
ρ→ → −
− → (11.8)
ji = − ri × rj
d−→
n
!
d X− → ri
ri × mi =0 (11.9)
dt dt
i=1
d−
→
n
−→ X − → ri
LO = r i × mi = cste (11.10)
dt
i=1
−→
les 3 composantes de LO constituent 3 nouvelles intégrales du mouvement. L'amplitude et
−→
la direction de LO sont constantes.
−→
Laplace appelle plan invariable le plan déni par la direction LO . Pour le Soleil, ce plan
est incliné de 1◦ 350 par rapport à l'écliptique (entre les plans orbitaux de Jupiter et Saturne).
78
Remarque : x, y et z dénotent un système inertiel d'origine O.
d−
→ri d 2 −
→ −
→
n n X
n
ri ∗ mi mj d ri −
· ρ→
X X
mi · = G δ ij ij (11.12)
i=1
dt dt2 ρ3ij dt
i=1 j=1
mi mj d−
→ →
− −→ − →
ri −
· ρ → = − mi mj dρij · dρij
→ + d rj · −
ρ (11.13)
ij ji
ρ3ij dt dt ρ3ij dt dt
avec
1 d−→ri d −
→
ri
T = mi · (11.15)
2 dt dt
qui donne l'énergie cinétique et
n n
1 X X ∗ mi mj
V =− Gδij (11.16)
2 ρij
i=1 j=1
T + V = E = cste (11.17)
79
Prenons comme référence un système d'axes cartésiens x, y et z qui tourne par rapport au
système inertiel avec une vitesse constante ω autour de z .
Soient xi , yi les positions des masses mi (i = 1, 2, 3) par rapport aux axes tournants.
L'énergie cinétique est égale à :
3
1X
T = mi [(ẋi − ωyi )2 + (y˙i + ωxi )2 ] (11.18)
2
i=1
avec
q
ρij = (xi − xj )2 + (yi − yj )2 (11.20)
T = T2 + T1 + T0
3
1X
T2 = mi (ẋi 2 + y˙i 2 )
2
i=1
X3
T1 = ω mi (xi y˙i − yi ẋi ) (11.21)
i=1
3
1 2X
T0 = ω mi (x2i + yi2 )
2
i=1
H = h = cste (11.25)
80
Par conséquent, le système possède une intégrale de Jacobi qui remplace l'intégrale d'éner-
gie comme constante du mouvement. On en déduit les équations canoniques de Hamilton :
1
x˙k = px + ωyk
mk k
1
y˙k = py − ωxk
mk k
∂V
px˙ k = ωpyk − k = 1, 2, 3 (11.26)
∂xk
∂V
py˙ k = −ωpxk −
∂yk
Il s'agit de 12 équations diérentielles de premier ordre. Elles possèdent des positions
d'équilibre aux points où le membre de droite est égal à zéro.
pxk + ωmk yk = 0
pyk − ωmk xk = 0
∂V
ωpyk − = 0 k = 1, 2, 3 (11.27)
∂xk
∂V
−ωpxk − = 0
∂yk
qui peuvent se réduire à :
∂V
ω 2 mk xk − = 0 k = 1, 2, 3
∂xk
∂V
ω 2 mk yk − = 0 (11.28)
∂yk
Physiquement, elles expriment que les forces de gravité doivent équilibrer les forces cen-
trifuges sur les 3 corps. Mathématiquement, elles représentent les conditions pour que la
fonction :
3
1 X
U = V − T0 = V − ω 2 mk (x2k + yk2 ) (11.29)
2
k=1
soit stationnaire à la position d'équilibre. U peut être vue comme une énergie potentielle
modiée où l'on tient compte des forces centrifuges. En introduisant V dans l'équation (11.28),
on a :
3
X
∗ mi
2
ω xk − G δij (xk − xi ) = 0 k = 1, 2, 3
i=1
ρ3ik
3
X
∗ mi
ω 2 yk − G δik (yk − yi ) = 0 (11.30)
i=1
ρ3ik
81
D'où on conclut que :
3
X
mk xk = 0
k=1
X3
mk y k = 0 (11.31)
k=1
Le centre de masse est au repos à l'origine du système d'axes. Si on choisit les axes tels que
l'axe x passe par m3 , on a x3 > 0 et y3 = 0 et donc, pour k = 3 dans les équations (11.30) :
m1 y1 m2 y2
+ 3 =0 (11.32)
ρ313 ρ23
GM
ω2 = et ρ12 = ρ13 = ρ (11.35)
ρ3
Physiquement, cela correspond à une position d'équilibre dans laquelle les trois corps
forment un triangle équilatéral tournant par rapport à un espace inertiel avec une vitesse
angulaire constante, autour de l'axe normal au plan des orbites (les corps décrivent des orbites
circulaires).
x3 − x1 = ρ (11.37)
82
et on choisit :
x3 − x1 = 1 (11.38)
Cette équation n'a qu'une seule solution acceptable (avec ρ positif) et donc les positions
sont dénies.
Le triangle équilatéral et la ligne droite sont les solutions stationnaires de Lagrange. Dans
les 2 cas, le système tourne avec une vitesse angulaire constante autour du barycentre et donc
décrit des cercles.
Il est possible de déduire une autre solution où les 3 corps décrivent des côniques dans la
conguration triangulaire ou en ligne droite. Ces solutions sont schématisées à la gure 11.1.
83
Chapitre 12
En vertu de la première loi de Kepler (1609), "les orbites des planètes sont des ellipses
planes dont le Soleil occupe l'un des foyers ". Il en va de même des orbites des satellites autour
de notre Terre.
Cela nous permet de reformuler les 6 paramètres de position et de vitesse du satellite. Pour
repérer le satellite, nous utiliserons 6 paramètres particuliers, appelés paramètres képlériens,
dont 5 sont indépendants du temps et un 6ème linéaire en fonction du temps. Ces paramètres
sont plus utilisés en mécanique spatiale que les coordonnées cartésiennes classiques car elles
permettent une interprétation géométrique simple.
Les premiers paramètres képlériens permettent de repérer le plan de l'orbite par rapport
à un système d'axes liés à la Terre et supposé inertiel.
Pour repérer le plan de l'orbite par rapport à la Terre, 2 angles sont susants.
Le plan de l'Equateur et le plan de l'orbite se coupent suivant une droite appelée ligne des
noeuds. Cette ligne des noeuds coupe l'orbite du satellite en 2 points :
Le noeud ascendant, lorsque le satellite passe de l'hémisphère sud à l'hémisphère nord ;
Le noeud descendant, lorsque le satellite passe du nord au sud.
1
Les planètes se meuvent autour du Soleil dans le plan de l'écliptique. L'intersection de ce plan avec le plan
équatorial est appelé axe vernal. Cet axe est quasiment constant et sert de référence au repère inertiel Oxyz .
84
Pour repérer le plan de l'orbite, nous devons d'abord repérer la ligne des noeuds par rap-
port à l'axe x. Cet angle est appelé ascension droite du noeud ascendant et est noté Ω. Il est
compris entre 0 et 360◦ .
Ensuite, on repère le plan de l'orbite autour de la ligne des noeuds au moyen de l'angle
dièdre, appelé inclinaison et noté i, compris entre 0 et 180◦ . Si i est compris entre 0 et 90◦ ,
on parle d'orbite directe ; si i est compris entre 90 et 180◦ , on parle d'orbite rétrograde.
On peut également utiliser les rayons des périgée (point de l'ellipse le plus proche de la
Terre) et apogée (point de l'ellipse le plus éloigné de la Terre), ra et rp (α et β en adimension-
nel). La ligne joignant ces points est appelée ligne des apsides. Ces rayons sont reliés au demi
grand axe et à l'excentricité par les formules :ra = a(1 + e) et rp = a(1 − e).
85
12.3 Orientation de l'orbite
Etant donné le plan et la forme de l'orbite, il nous faut maintenant déterminer la position
de l'ellipse dans le plan. Un seul paramètre angulaire est nécessaire à ce niveau.
86
12.4.3 Anomalie moyenne
Enn, la dernière alternative consiste à choisir une grandeur ctive appelée anomalie
moyenne, qui représente l'angle entre le périgée et le point S 00 . Ce point S 00 serait un mo-
bile, confondu au périgée avec le satellite, qui se déplacerait sur le grand cercle à vitesse
uniforme à la période T du mouvement sur l'orbite réelle.
M = n(t − tp ) (12.1)
où
t représente l'instant courant ;
tp représente la date de passage au périgée.
n est la pulsation de l'orbite elliptique, donnée par n = 2πT , appelée également moyen
mouvement du satellite3 . Suivant la 3 ème loi de Kepler, on a : n2 a3 = cste = µ où
km
µ = GMT = 398600 s2
On passe de l'anomalie excentrique à l'anomalie moyenne par la formule M = E −e sin(E),
appelée équation de Kepler.
87
Fig. 12.3 Dénition des paramètres de Kepler.
La seconde gure est une coupe dans le plan de l'orbite. Le point γ représente le point
vernal.
88
Fig. 12.4 Dénition des paramètres de Kepler dans le plan de l'orbite.
89
Chapitre 13
Les manoeuvres
13.1 Dénition
Par dénition, une manoeuvre est une modication imposée au vecteur vitesse (qu'il
s'agisse du module et/ou de la direction) qui permet de modier des paramètres képlériens de
l'orbite.
13.2 Applications
Durant la vie d'un satellite ou d'une sonde spatiale, on peut être amené à modier son
orbite de nombreuses fois. Les raisons de ces modications sont nombreuses :
Pour certaines orbites, le lanceur n'a pas la puissance nécessaire pour mettre le satellite
à poste. C'est typiquement le cas des satellites géostationnaires, injectés sur une orbite
de transfert et qui exigent une manoeuvre à l'apogée.
Fréquemment, la précision de l'injection sur l'orbite par le lanceur est insusante et des
manoeuvres de correction sont indispensables pour mettre le satellite à poste.
L'orbite n'est pas purement képlérienne, des perturbations orbitales (que nous détaille-
rons plus tard) modient l'orbite du satellite et des corrections périodiques sont néces-
saires.
Une mission scientique peut exiger l'utilisation de plusieurs orbites successives. Le
passage d'une orbite à l'autre exige le recours à une manoeuvre précise.
Pour manoeuvrer le mobile, nous voudrions agir soit sur sa position, soit sur sa vitesse.
Pourtant, à un instant donné, il est impossible de modier la position du satellite. Il n'y a que
les paramètres de vitesse que nous allons pouvoir modier immédiatement. Ces corrections
de vitesse se traduisent alors en termes de corrections des paramètres képlériens présentés
précédemment.
La durée de la manoeuvre est faible vis-à-vis de la période orbitale, nous pouvons donc
supposer que la position du mobile est pratiquement invariante au cours de la manoeuvre. En
première approximation, nous considérerons des manoeuvres impulsionnelles (instantanées)
du genre :
−−→ −−−→ −−−−→
∆V = Vnal − Vinitial
90
13.3 Moyens
−−→
Il existe diérents dispositifs propulsifs qui permettent de fournir une poussée ∆V au
véhicule. A l'heure actuelle, 2 grandes familles de propulseurs sont à notre disposition :
Les propulseurs chimiques, à poudre ou à liquide ;
Les propulseurs électriques ou ioniques.
Les propulseurs chimiques permettent de fournir de fortes poussées durant une période
limitée. Ils sont nécessaires pour fournir aux lanceurs les poussées nécessaires pour quitter la
surface de la Terre. Ce type de propulseurs rentre dans le cadre de l'hypothèse de manoeuvre
impulsionnelle mentionnée précédemment.
Les propulseurs électriques ou ioniques fournissent des poussées plus faibles mais plus
longues et permettent d'eectuer des corrections de trajectoires en continu.
Manoeuvre optimale
Si nous souhaitons modier la forme de l'orbite sans inuencer le plan de la trajectoire, la
manoeuvre doit impérativement avoir lieu dans le plan de l'orbite de départ.
Soit l'orbite initiale O1 , caractérisée par un demi grand axe a1 . Soit un point P de cette
orbite, où nous allons réaliser la manoeuvre. Soit r1 le rayon repérant ce point. Par conservation
de l'énergie mécanique sur O1 , on a la relation :
V12 µ µ
− =− (13.1)
2 r1 2a1
−−→
Comme nous le voyons à la gure 13.1, on eectue en P une poussée ∆V , caractérisée par
−
→
un module ∆V et une orientation α par rapport à V1 .
91
Fig. 13.1 Modication de la forme de l'orbite.
La première condition implique que la poussée soit réalisée dans le sens et la direction de
la vitesse sur l'orbite O1 . La seconde condition implique que la manoeuvre soit réalisée au
périgée de l'orbite (où la vitesse est maximale, en vertu de la loi de conservation de la vitesse
aréolaire de Kepler1 ).
Lorsque cette manoeuvre est réalisée, le satellite passe sur une orbite de même périgée que
l'orbite initiale mais d'apogée diérent. En diérentiant la formule de l'énergie mécanique au
périgée, on obtient
d(2a)
Vper dV = µ (13.6)
4a21
1
" Les rayons joignant les planètes au centre du Soleil balaient des aires égales en des intervalles de temps
égaux ", J. Kepler (loi des aires, 1609).
92
En tenant compte de d(2a) = dzapo , on peut calculer la variation d'altitude à l'apogée
induite par la manoeuvre
4a21
dzapo = Vper dV (13.7)
µ
Cette formule est valable à condition que l'amplitude de la poussée reste faible devant la
vitesse au périgée.
De même, si l'on eectue une poussée à l'apogée dans le sens et la direction de la vitesse,
on va modier l'altitude du périgée de l'orbite. Si l'impulsion est faible devant la vitesse à
l'apogée, l'approximation précédente reste valable et conduit à :
4a21
dzper = Vapo dV (13.8)
µ
Ce type de manoeuvre réalisée à l'apogée ou au périgée modie le demi grand axe de
l'orbite ainsi que l'excentricité. Si la manoeuvre est réalisée en un autre point de l'orbite,
l'orientation du grand axe va également s'en retrouver changée.
Transfert de Hohmann
Le transfert de Hohmann est une manoeuvre particulière qui consiste à conduire un vé-
hicule spatial d'une orbite circulaire O1 de rayon r1 à une orbite circulaire O2 de rayon r2 ,
coplanaires et décrites dans le même sens.
Ces 2 orbites n'ont pas de point commun puisqu'elles sont concentriques, il faut donc 2
impulsions pour réaliser ce transfert, le véhicule décrit une orbite de transfert OT entre les 2
orbites concentriques.
La manoeuvre est optimale, i.e. le ∆V est minimum, lorsque l'orbite de transfert OT est
une ellipse bitangente aux 2 orbites circulaires.
93
Fig. 13.2 Transfert d'Hohmann.
Au périgée, on a
2
Vper µ µ
− =− (13.11)
2 r1 r 1 + r2
94
A l'apogée, on a
2
Vapo µ µ
− =− (13.12)
2 r2 r 1 + r2
De ces 2 relations, on déduit immédiatement les vitesses à l'apogée et au périgée de l'orbite
de transfert :
s
1 1
Vper = 2µ −
r1 r 1 + r 2
s
1 1
Vapo = 2µ − (13.13)
r2 r 1 + r 2
L'orbite nale O2 est caractérisée par une inclinaison i2 . Le noeud N , où la manoeuvre est
réalisée, sera commun. Pour garder la forme de la trajectoire, nous ne pouvons pas modier
le module de la vitesse, nous ne pouvons agir que sur sa direction. La vitesse sur l'orbite O2
est donc donnée par V2 = V1 .
2
Pour rappel, les noeuds d'une orbite sont les 2 points d'intersection de l'orbite avec le plan de l'Equateur.
95
D'après la gure 13.3, on calcule facilement l'impulsion nécessaire pour réaliser une cor-
rection d'inclinaison voulue
i2 − i1
∆V = 2V0 sin (13.16)
2
Pour une modication d'inclinaison donnée, l'impulsion sera minimale au noeud où la vi-
tesse V0 est minimale, c'est-à-dire au noeud le plus proche de l'apogée.
Comme exemple, considérons le cas d'une orbite basse circulaire de 400km d'altitude, une
correction de 1◦ coûte environ 130m/s. Pour un moteur d'Isp = 300s, la masse de carburant
nécessaire représente plus de 4% de la masse totale du satellite. Ceci montre bien que ce type
de manoeuvre est très coûteux.
Cependant, les perturbations dues aux inuences combinées de la Lune et du Soleil mo-
dient constamment l'inclinaison des orbites des satellites. Des corrections sont nécessaires et
limitent la durée de vie des satellites en orbite. Pour un satellite géostationnaire, l'inclinaison
de l'orbite doit rester voisine de 0◦ . Pour corriger les dérives d'inclinaison, le satellite doit
fournir des impulsions de 50m/s par an.
Modication de Ω
Les modications de Ω sont très complexes et très coûteuses. Nous ne les aborderons pas
ici. Lors de l'analyse d'une mission, on essaie de limiter les manoeuvres hors du plan de l'orbite.
Cette manoeuvre doit se dérouler dans le plan de l'orbite, de manière à le laisser inchangé.
96
Pour conserver l'excentricité de l'ellipse, il faut conserver le moment cinétique C = rV cos(γ),
donc cos(γ), où γ représente la pente locale de la vitesse.
Sur une ellipse, les positions symétriques par rapport au demi grand axe sont caractérisées
par des vitesses égales en module (en vertu de la loi des aires de Kepler). De plus, en ces
points, les valeurs absolues des pentes, donc les cos(γ), sont conservées.
Pour faire tourner la ligne des apsides d'un angle θ, on applique une impulsion radiale de
module ∆Vr = 2µC e sin 2 au point de l'orbite initiale d'anomalie vraie ± 2 + kπ .
θ θ
Ainsi, la période de l'ellipse ne dépend que du demi grand axe. Si l'on souhaite retar-
der d'un temps ∆t le passage au périgée d'une orbite de période T1 , on fournit au périgée
une impulsion qui fait passer le satellite sur une orbite de période T2 (T2 > T1 ), telle que
∆t = k∆T = k(T1 − T2 ), avec k entier.
97
Fig. 13.5 Manoeuvre de changement de la date de passage en un point donné.
Dans ce chapitre, nous avons décrit les manoeuvres de base. Nous pouvons évidemment
les combiner suivant les besoins de la mission. La diculté réside dans la recherche de la
stratégie optimale, qui respecte les contraintes de la mission et minimise la masse de propergols
nécessaire aux diérentes manoeuvres (c'est-à-dire qui minimise la somme des modules des
impulsions ∆V ).
98
Chapitre 14
Les perturbations
Le mouvement képlérien est une première approximation du mouvement réel d'un satellite
autour de la Terre. Ce mouvement est basé sur plusieurs hypothèses simplicatrices :
On suppose que la Terre est sphérique et homogène, de manière à la ramener à une
masse ponctuelle située en son centre ;
On considère que seule la force d'attraction de la Terre agit sur le satellite, il s'agit d'un
simple problème de mécanique à 2 corps.
On obtient ainsi des trajectoires elliptiques, fermées et périodiques, stables dans le temps.
La réalité est tout autre. Les trajectoires ne sont en réalité pas fermées, des dérives appa-
raissent au cours du temps.
Néanmoins, dans la plupart des cas, le mouvement réel est proche du mouvement képlérien,
de sorte que nous pouvons le considérer simplement comme un mouvement képlérien perturbé.
Les perturbations constatées sur les orbites sont dues au fait que :
La Terre n'est pas homogène, elle n'est pas sphérique (aplatissement de la Terre au
niveau de l'Equateur...) ;
Il existe d'autres masses que la Terre et le satellite dans le système mécanique étudié ;
Le satellite n'évolue pas dans le vide, il croise toutes sortes de particules dans l'espace
qui modie sa trajectoire.
A cause de ces perturbations, les paramètres orbitaux ne sont pas constants, ils vont varier
lentement au cours du temps. Nous allons rapidement passer en revue ces diérents types de
perturbations et examiner la façon dont elles inuent la trajectoire du satellite.
99
14.1.1 Irrégularités du potentiel terrestre
Ces perturbations sont liées à la non sphéricité de la Terre. La Terre présente une forme
irrégulière qualiée de géoïde (voir la gure suivante, extraite de http : //www.gymnasium −
sonthof en.de/physik/gravitation/seiten/s801f 2.htm). Nous ne pouvons plus modéliser la
Terre par une masse ponctuelle caractérisée par un potentiel attractif U = µr .
Nous devons compléter la formule du potentiel pour tenir compte de termes harmoniques
U = µr (1 + F (r, θ, ϕ)). F (r, θ, ϕ) est fonction de la position du satellite autour de la Terre.
Une carte du potentiel terrestre est fournie à la gure suivante, tirée de http : //bgi.cnes.f r :
8110/tutorial/t1/tutor1.html
100
Fig. 14.2 Perturbations du potentiel terrestre.
Si l'on connaît la fonction F (r, θ, ϕ) en tout point du voisinage terrestre, on peut déter-
miner le mouvement exact du mobile par intégration numérique. Inversement, en étudiant le
mouvement des satellites autour de la Terre, nous pouvons en déduire la fonction F (r, θ, ϕ).
Remarque : Dans la réalité, le terme J2 , appelé premier harmonique zonal et qui représente
l'aplatissement de la Terre, est dominant vis-à-vis des autres harmoniques. Il est d'ordre 10−3
tandis que les autres sont d'ordre 10−6 .
De plus, les valeurs numériques observées pour les termes suivants semblent dépendre (dans
une certaine mesure) du nombre de termes retenus dans le développement ainsi que de l'orbite
du satellite qui eectue la mesure.
101
14.1.2 Marées
La masse de la Terre n'est pas constante dans le temps, sa distribution de densité varie au
cours du temps. La source principale de cette variation est due à l'attraction exercée par la
Lune sur toutes les masses présentes sur Terre.
Par dénition, on appelle marée terrestre la réponse de toutes les masses terrestres autres
que les océans aux forces d'attraction exercées par la Lune et le Soleil.
Pour tenir compte de ces eets, des facteurs correctifs, fonction du temps, sont rajoutés à
l'expression du potentiel terrestre.
Par contre, les paramètres Ω et ω présentent des dérives séculaires en présence de ces
perturbations. Nous allons nous intéresser dans la suite aux dérives causées par le seul terme
J2 du potentiel terrestre.
102
Précession nodale
A chaque tour d'orbite, le noeud se déplace (par rapport à un référentiel inertiel) dans le
sens inverse du mouvement orbital selon :
REq 2
dΩ 3 1
= − J2 n cos(i) (14.2)
dt 2 a (1 − e2 )2
q
où n représente le mouvement moyen du satellite : n = aµ3 = 2π T
Sur les 2 graphiques 14.4 et 14.5, nous avons étudié la dérive du noeud ascendant d'une
orbite circulaire (d'excentricité nulle) pour diérentes valeurs du demi grand axe et de l'incli-
naison.
103
Fig. 14.4 Dérive du noeud de l'orbite.
Plus l'orbite s'approche du plan équatorial, plus la dérive devient importante. Par contre,
la dérive est nulle pour une orbite polaire (i = 90◦ ). La dérive calculée est anti-symétrique de
part et d'autre de l'orbite polaire. Ainsi, une orbite directe sera caractérisée par une dérive
négative tandis que la dérive d'une orbite rétrograde sera positive.
104
Fig. 14.5 Dérive du noeud de l'orbite - isovaleurs.
105
Précession de la ligne des apsides
A chaque tour d'orbite, l'argument du périgée varie. L'orientation du demi grand axe de
l'ellipse tourne dans son plan.
Sur les 2 graphes suivants, nous avons de nouveau estimé la dérive de l'argument du périgée
pour des orbites circulaires pour diérentes altitudes et inclinaisons.
La dérive est nulle pour des inclinaisons telles que
4 − 5 sin2 (i) = 0
r
4
⇔ sin(i) = ± (14.4)
5
⇔ i1 = 63◦ 260 ou i2 = 116◦ 340
106
Fig. 14.7 Dérive de la ligne des apsides.
Les courbes observées sont symétriques par rapport à l'orbite polaire. La dérive est nulle
pour les orbites inclinées de 63◦ 260 (orbite directe) et de 116◦ 340 (orbite rétrograde). On parle
alors d'orbite à périastre gelé. Les orbites dont l'inclinaison est comprise entre ces 2 valeurs
présentent des dérives négatives, les orbites situées en dehors de cet intervalle ont des dérives
positives.
107
Fig. 14.8 Dérive de la ligne des apsides - isovaleurs.
Héliosynchronisme
En l'absence de perturbations, dans le cadre d'un mouvement purement képlérien, le plan
de l'orbite resterait invariant dans l'espace, xe par rapport aux étoiles. Au cours du mouve-
ment de la Terre autour du Soleil, le satellite verrait alors son éclairement varier de jour en
jour. Chaque jour, l'angle entre le plan orbital (ligne des noeuds) et la direction du Soleil varie
360◦ ◦
de 365.25 jours = 0.986 jour .
Pour certaines missions d'imagerie, telles que SPOT, on souhaite que les conditions d'en-
soleillement restent constantes tout au long des prises de vue, de manière à recombiner et
comparer plus facilement les images prises par le satellite. Une telle orbite est présentée à la
gure 14.9.
108
Fig. 14.9 Héliosynchronisme.
Lorsqu'on dimensionne la mission et que l'on souhaite obtenir une orbite héliosynchrone,
REq 2
on considère la dérive du noeud ascendant dΩ
dt = − 3
J
2 2 n a
1
(1−e2 )2
cos(i) causée par l'apla-
tissement de la Terre. Cette dérive pourrait donc nous permettre de faire tourner la ligne des
noeuds au même taux que la direction Terre Soleil.
Il apparaît clair qu'un choix judicieux des paramètres {a, e, i} peut créer une évolution du
plan de l'orbite comparable à l'évolution de la Terre autour du Soleil. Nous obtiendrons ainsi
un angle constant entre le plan orbital et la direction Terre Soleil.
A la gure 14.10, nous avons considéré le cas d'une orbite circulaire (d'excentricité nulle)
et nous avons calculé les inclinaisons qui permettent de garantir l'héliosynchronisme pour
diérentes altitudes.
109
Fig. 14.10 Condition d'héliosynchronisme pour une orbite circulaire.
Ces orbites sont quasiment polaires. A la gure 14.11, nous avons calculé l'inclinaison
qui garantissait l'héliosynchronisme pour diérentes altitudes et excentricités. Il faut toutefois
noter que pour une excentricité unitaire, la condition d'héliosynchronisme n'a plus de sens,
puisque nous sommes alors en présence d'une parabole, cônique ouverte : le satellite ne reste
pas en orbite autour de la Terre. D'autre part, lors du calcul de la gure 14.11, certains couples
{a, e} ont été éliminés car ils concernaient des orbites non viables (le périgée se situant sous
la surface terrestre).
Plus l'excentricité est importante, plus l'orbite se rapproche du plan polaire pour garantir
l'héliosynchronisme. Plus l'altitude est élevée, plus l'inclinaison doit être importante.
110
Fig. 14.11 Condition d'héliosynchronisme pour diérentes orbites.
Ces accélérations sont des phénomènes de surface, leurs amplitudes dépendent de la masse,
de l'orientation et de la forme du satellite.
Ces forces ne sont donc pas conservatives. Eventuellement, on peut se servir de ces forces
pour piloter naturellement le véhicule.
111
où
ρ représente la densité atmosphérique ;
mS
la masse alaire du véhicule ;
CD le coecient aérodynamique de traînée ;
V la vitesse relative du véhicule par rapport à l'atmosphère.
Ainsi, même si la densité est faible, la vitesse élevée du satellite (de 7 000 à 10 000 m/s)
fournit malgré tout un freinage non négligeable.
En pratique, on considère que les eets de l'atmosphère se font sentir jusqu'à une altitude
de 1 500km.
Les perturbations d'origine non gravique, elles, sont plus complexes à décrire et vont dé-
pendre de la masse du satellite, de sa forme, de son orientation... Ce qui les rend plus diciles
à estimer.
Nous pouvons néanmoins les estimer les comparer les unes aux autres. A la gure 14.12,
nous comparons toutes les perturbations à l'attraction qu'exercerait une Terre parfaitement
sphérique, seule dans l'univers et dénuée d'atmosphère.
On note que l'aplatissement de la Terre introduit des perturbations d'ordre 10−3 alors que
les autres irrégularités de la forme du globe provoquent des perturbations d'ordre 10−6 .
112
Fig. 14.12 Importances relatives des diérentes forces perturbatrices.
113
Chapitre 15
Trajectoires interplanétaires
15.1 Introduction
Dans ce chapitre, nous allons étudier le mouvement d'une sonde interplanétaire, un appa-
reil qui quitte la banlieue terrestre, se déplace dans le Système Solaire et se place en orbite
autour d'une autre planète ou un satellite.
Cette méthode est utilisée dans une première étape de dimensionnement de la mission.
A ce niveau, on cherche à étudier la faisabilité d'un tel transfert. Le programme se trouve
alors en phase 0, dite phase d'analyse mission. Lorsque le programme passe dans les phases
suivantes, des calculs plus précis sont nécessaires, des modèles à intégrations numériques sont
indispensables.
114
15.2 Equation du mouvement
− →
−
s−
→ X −
→ →
−
−−→ sat σi si f
s̈sat = −µj 3 + µ − + (15.1)
ssat σi3 s3i Msat
i6=j
−
→
f représente l'ensemble des forces d'origine non gravitationelle appliquée à la sonde, telle
la pression de radiation solaire, une accélération fournie par les propulseurs de la sonde...
On obtient un système d'équations que l'on doit alors intégrer numériquement. Il existe
cependant une méthode simpliée qui permet d'obtenir des premiers résultats représentatifs
et qui pourront servir de base à une étude plus poussée.
115
15.3 Méthode des côniques juxtaposées
En fonction de l'importance relative de l'attraction exercée sur la sonde par le Soleil ou
une planète, nous allons calculer une trajectoire képlérienne (à 2 corps) pour chaque phase du
vol. Nous les raccorderons par la suite.
En fonction de la distance qui sépare la sonde aux 2 corps, nous allons pouvoir considérer
que l'un d'eux est principal et négliger le second. Par exemple, on comprend clairement que
si la sonde reste au voisinage de la planète, on peut négliger en première approximation l'ac-
célération induite par le Soleil.
On se ramène ainsi à un problème à 2 corps, pour lequel il existe une solution analytique.
Tant que le satellite est considéré soumis à l'inuence de la planète seule, nous dirons qu'il se
trouve dans la sphère d'inuence de la planète considérée.
Calculons le rayon r de cette sphère. Pour cela, nous devons exprimer le mouvement de
la sonde autour de la planète et autour du Soleil, calculer les rapports Q0 et Q1 entre les
accélérations perturbatrices et les accélérations principales. Le rayon de la sphère d'inuence
de la planète sera obtenu en égalant Q0 et Q1 .
d2 r
µS 1 1
= − 2 + µP − (15.3)
dt2 r ρ2 a2
116
De même, l'équation du mouvement de la sonde au voisinage de la planète (dans la sphère
d'inuence de cette planète) est donnée par
d2 ρ
µP 1 1
= − 2 + µS − (15.5)
dt2 ρ r2 a2
On obtient
1
− a12
apert µS r2 µS ρ 3
Q1 = = µP ≈2 (15.6)
aprinc ρ2
µP a
117
Fig. 15.3 Notion de sphère d'inuence.
118
devons fournir auqvéhicule une vitesse Vd supérieure à la vitesse de libération parabolique L0
dénie par L0 = 2µ rP .
P
la conservation de l'énergie
(V∞d )2 µP V 2 µP V 2 L2
− = d − = d − 0 (15.9)
2 r r=∞ 2 rP 2 2
q
Soit une vitesse à l'inni V∞d = Vd2 − L20 .
La première consiste à en un tir direct (ce serait le cas d'une combustion continue de l'étage
d'Ariane V allumé en série avec l'EPC, Etage Propulsif Cryogénique).
La deuxième stratégie consiste en l'utilisation d'une orbite intermédiaire dite "de parking".
C'est le cas lors d'une mise en orbite basse circulaire eectuée par le lanceur Proton.
C'est cette seconde possibilité que nous allons étudier. Nous supposerons que l'injection
sur l'orbite hyperbolique s'eectue à partir d'une orbite circulaire d'altitude hp . Nous suppo-
serons également que le plan de cette orbite contient la direction de V∞ d (cela impliquera des
119
Fig. 15.4 Stratégie de libération.
120
Fig. 15.5 Stratégie de libération - dénition des angles.
On suppose que la direction du vecteur vitesse à l'inni est repérée dans le repère inertiel
équatorial par son ascension droite α∞ d et sa déclinaison δ d . On suppose également que le plan
∞
de l'orbite de parking, caractérisé par une inclinaison i donnée (xée au moment de l'insertion
par le lanceur), contient la direction de V∞d . Nous sommes alors en mesure de déterminer l'as-
121
Fig. 15.6 Pentagone de Neper - dénition des angles et relations.
De même, pour l'angle θ∞ d , 2 solutions sont possibles. Si l'on se place dans le plan de
l'orbite, on a le schéma suivant (gure 15.7). L'angle est relié à l'argument du périastre par
la relation θ∞
d = θ + ω . Rappelons que l'angle θ d repère l'asymptote de l'hyperbole à partir
∞ ∞
du noeud ascendant, θ∞ est l'anomalie vraie du point à l'inni, caractéristique de l'hyperbole
et dénie à partir du point d'injection et ω est l'argument du périastre.
122
Fig. 15.7 Argument du périastre.
Le point d'injection (où l'on fournit l'impulsion qui permet au véhicule de quitter l'orbite
de parking pour suivre l'hyperbole de libération) correspond au périastre de l'hyperbole. C'est
la solution optimale en termes de consommation de propergols, l'impulsion est tangente à la
trajectoire initiale circulaire.
En supposant que les orbites des planètes autour du Soleil sont circulaires et coplanaires,
nous nous ramenons au transfert de Hohmann, qui est décrit dans le chapitre consacré aux
manoeuvres. Dans ce cas, la trajectoire est une ellipse bitangente aux orbites de P1 et P2 . Les
planètes sont en opposition de phase au départ et à l'arrivée. Le demi grand axe est donné par
2 . Cette conguration se reproduit toutes les périodes synodiques Tsyn = |T1 −T2 | ,
aT = a1 +a 2 T1 T2
123
q
Ttransf ert a3T
formule t = 2 =π µS , puisqu'on ne décrit qu'une demi ellipse.
Par exemple, ce type de transfert entre la Terre et Mars ne peut être réalisé que tous les
2.13 ans et dure 259 jours.
Phase d'arrivée
La vitesse d'arrivée de la sonde est la diérence entre la vitesse héliocentrique d'arrivée à
−
→ − →
P2 et la vitesse de la planète −
v→
S = VS − VP . Cette vitesse est assimilée à la vitesse hyperbolique
−→
d'arrivée V∞ a et l'on arrive au voisinage de la planète P sur une branche d'hyperbole.
2
La sonde arrive au voisinage de la planète suivant une hyperbole dont on peut faire va-
rier le rayon de périastre rp . Intuitivement, on comprend que plus ce rayon sera faible, plus
l'inuence de la planète se fera ressentir, la déviation de la sonde sera d'autant plus importante.
124
Fig. 15.8 Assistance gravitationnelle.
125
Fig. 15.9 Assistance gravitationnelle - vecteurs vitesses.
Soit
2V∞
∆V = 2
rp V∞
(15.17)
µ +1
126
Chapitre 16
Tous les paramètres qui vont nous permettre d'établir les équations du mouvement du
véhicule sont représentés à la gure 16.1. On y retrouve les paramètres liés à l'impulsion de
transfert qui permet au véhicule de quitter son orbite initiale, ainsi que les caractéristiques de
l'arc orbital entre le point de déorbitation et le point d'entrée.
127
Fig. 16.1 Paramètres de l'impulsion de transfert et de l'arc orbital OE .
−
→
L'orbite initiale est caractérisée par les paramètres rS et VS , de module VS et de pente γS .
−−→
L'impulsion de transfert est décrite par le point d'application r0 = rS et ∆V , de module
∆V , d'angle ω par rapport à l'horizontale locale et d'angle ω 0 par rapport au plan déni par
−
→
VS et le centre de la Terre.
L'arc orbital est déni en ses 2 extrémités. Au point de déorbitation, il faut connaître la
−
→
position r0 = rS et la vitesse V0 , de module V0 , de pente γ0 et d'écart latéral ψ .
−
→
Au point d'entrée, il faut connaître la position rE = RT + 100km, la vitesse VE de module
VE et de pente γE .
xE = rE αE et yE = rE βE (16.1)
Tous ces paramètres ne sont pas indépendants, il existe plusieurs relations entre eux.
128
Au point de déorbitation, le triangle des vitesses fournit la relation
−
→ − → −−→
V0 = VS + ∆V (16.2)
Enn, une simple relation de trigonométrie sphérique permet de calculer le déport latéral
Si l'on considère le cas d'une orbite initiale circulaire, le paramètre γS est nul et on a la
relation rS VS2 = µ. La rentrée atmosphérique n'est plus conditionnée que par 4 paramètres. Si
l'on considère le cas particulier d'un arc orbital contenu dans le plan de l'orbite, l'impulsion
est nécessairement dans le plan de l'orbite et l'angle ω 0 est nul, de sorte qu'il ne reste plus que
3 paramètres. Si l'angle ω 0 n'est pas nul, le plan de l'orbite subit une rotation d'angle ψ .
Optimisation de la déorbitation
Lorsque l'on souhaite quitter une orbite circulaire caractérisée par rS , il existe une double
innité d'ellipses de transfert dépendant de ∆V et ω . Si l'on impose la valeur de la pente
d'entrée γE , on xe un degré de liberté, il reste une innité simple d'ellipses de transfert.
Parmi ces ellipses, il en existe une qui permet de minimiser la valeur ∆V de l'impulsion de
déorbitation. Nous allons rechercher la valeur de ω correspondante (il s'agit de l'angle des
tuyères qui fournissent l'impulsion).
129
Nous allons introduire les variables adimensionnelles
∆V r0
δ= ρ= (16.10)
VS rE
q
µ
où VS = rS et ρ ≥ 1.
Nous avons besoin du résultat intermédiaire suivant (établi à partir des équations (16.13)
et (16.12))
V0
cos(γ0 ) = 1 + δ cos(ω) (16.14)
VS
r0 V0 V S
cos(γE ) = cos(γ0 )
rE VS V S
1 + δ cos(ω)
= ρp (16.17)
2
δ + 2δ cos(ω) + 2ρ − 1
δ 0 (δ cos2 (γE ) + cos(ω) cos2 (γE ) − ρ2 (1 + δ cos(ω)) cos(ω)) = δ sin(ω) cos2 (γE ) − ρ2 (1 + δ cos(ω))δ sin(ω)
(16.19)
130
Nous cherchons un minimum pour δ , ce qui correspond au point où δ 0 = 0.
cos2 (γE )
1 + δ cos(ω) = (16.21)
ρ2
On a le résultat :
cos2 (γE ) − ρ2
δ cos(ω) = (16.22)
ρ2
cos2 (γE ) − ρ2
cos(ω) =
δρ
cos2 (γE ) − ρ2
= p (16.24)
3ρ4 − 2ρ5 − cos2 (γE )ρ2
(cos2 (γE ) − ρ2 )2
cos2 (ω) = ≤ 1
3ρ4 − 2ρ5 − cos2 (γE )ρ2
cos4 (γE ) − ρ2 cos2 (γE ) + ρ4 − 3ρ4 + 2ρ5 ≤ 0 (16.25)
cos2 (γE ) − ρ2
cos(ω) = p (16.27)
ρ 3ρ2 − 2ρ3 − cos2 (γE )
131
Fig. 16.2 Direction de l'impulsion optimale en fonction du rayon vecteur initial et de la
pente d'entrée.
Dans la condition (16.26), le premier terme est positif ou nul. La valeur maximale que
peut atteindre ρ est limitée par le second terme et vaut ρmax = 89 . Pour cette valeur de ρ,
la valeur maximale de la pente γE est de 37.3◦ . Au-dessus des courbes de la gure 16.2, la
solution optimale est la rétrofusée (ω = 180◦ ). Les valeurs situées en dessous de ρ = 1 sont
sans intérêt puisque le point de déorbitation est toujours situé au-dessus du point de rentrée
(sans quoi le satellite se trouverait sur une orbite non viable).
A la gure 16.3, nous avons eectué un agrandissement sur le domaine des orbites basses
avec des pentes de rentrée faibles. La portion du graphique en rouge correspond au domaine
où la rétrofusée pure est la solution optimale.
132
Fig. 16.3 Direction de l'impulsion optimale - agrandissement.
133
Fig. 16.4 Direction de l'impulsion optimale.
Valeurs de l'impulsion
A la gure 16.5, nous avons reporté la valeur de l'impulsion en fonction de la pente γE
pour 4 directions ω . L'altitude de l'orbite initiale est zS = z0 = 500km. A cette altitude, pour
les pentes achées, la solution optimale est la rétrofusée (voir gure 16.3). On constate que
lorsqu'on choisit une direction de 150◦ , la pénalisation n'est pas trop importante. Lorsqu'on
utilise une direction de 120◦ ou même de 90circ , la pénalisation devient inacceptable.
134
Fig. 16.5 Variation de l'impulsion en fonction de la direction ω .
Vitesse de rentrée
La vitesse de rentrée est l'une des conditions initiale de la phase atmosphérique. Plus
l'altitude de l'orbite initiale est importante, plus cette vitesse augmente. Pour l'orbite géosta-
tionnaire, cette vitesse vaut 10.3km/s. Pour le retour des missions lunaires, elle est voisine de
la vitesse de libération, soit 11km/s.
On peut constater que l'inuence de la pente γE est négligeable pour les altitudes initiales
élevées mais devient importante pour les orbites basses.
135
Fig. 16.6 Inuence de l'altitude de l'orbite initiale sur la vitesse de rentrée.
Portée longitudinale
Nous avons reporté à la gure 16.7 la portée en fonction de la pente de rentrée γE pour
diérentes orbites initiales. La portée parcourue entre le point de déorbitation et le point
d'entrée diminue lorsque la pente augmente et diminue avec l'altitude de l'orbite initiale.
Lorsque la pente de rentrée est nulle, il s'agit d'une orbite elliptique bitangente semblable à
celles des transferts d'Hohmann. On retrouve bien le résultat selon lequel le véhicule parcourt
une demi-ellipse le long du transfert, soit une portée αE = 180◦ , quelle que soit l'altitude
initiale.
136
Fig. 16.7 Portée longitudinale angulaire de l'arc orbital.
Pour des pentes d'intérêt pratique, de l'ordre de 2 ou 3◦ , et pour une altitude initiale de
400km (altitude proche de celle de la station spatiale internationale), la distance parcourue
est de l'ordre d'un quart de la circonférence terrestre.
Ecart latéral
Lorsque l'orbite initiale et l'arc orbital ne sont pas coplanaires, cela signie que l'impulsion
de déorbitation n'est pas coplanaire, ω 0 6= 0.
Une impulsion en dehors du plan de l'orbite initiale revient à faire tourner le plan de
l'orbite d'un angle ψ . l'impulsion réalisée en 0 doit d'une part réaliser la déorbitation pour
atteindre le point de rentrée avec la pente γE souhaitée, d'autre part permettre la rotation du
plan de l'orbite.
La composante de l'impulsion hors du plan permet de le faire tourner. Elle est donnée par
la formule (cfr. le chapitre sur les manoeuvres)
ψ
∆Vlat = 2VS sin (16.28)
2
137
En qla combinant à la composante de l'impulsion dans le plan de l'orbite par la relation
∆V = ∆Vplan 2 2 , nous sommes en mesure de calculer la valeur de l'impulsion nécessaire
+ ∆Vlat
pour atteindre l'altitude de rentrée avec la pente souhaitée et avec la rotation voulue. Les
courbes correspondantes sont représentées à la gure 16.8. Elles supposent une altitude de
l'orbite initiale de 400km et une déorbitation par rétrofusée pure.
Fig. 16.8 Impulsion nécessaire pour une rentrée sous pente donnée avec une rotation du
plan de l'orbite.
138
16.2 Arc atmosphérique
Nous xerons l'altitude limite de l'atmosphère à 100km. L'arc atmosphérique commence
donc à cette altitude jusqu'à l'impact au sol (il s'agit du niveau de la mer dans le cas des
missions américaines, les capsules soviétiques retournant généralement sur le continent).
139
d'incidence α(t) inue directement sur l'évolution des coecients au cours de la rentrée
Cx (t) et Cz (t). Le choix de l'incidence est limité. L'incidence maximum correspond plus
ou moins au maximum de portance en aérodynamique (environ 40◦ . Pour déterminer
l'orientation de la résultante aérodynamique, un second angle est nécessaire, il s'agit de
→
−
l'angle µ de roulis (angle entre le plan de symétrie du véhicule, contenant V et le plan
→
−
vertical passant par V .
on négligera les mouvements du véhicule autour de son centre de gravité. Nous n'étu-
dierons que le mouvement du centre de gravité, supposant que l'attitude du véhicule est
équilibrée.
En tenant compte de l'ensemble de ces conditions, nous allons pouvoir décrire la trajec-
toire du véhicule. Celui-ci est repéré par ses coordonnées géographiques (latitude λ, longitude
φ et rayon r). Le vecteur vitesse est représenté par son module V , sa pente γ et son azimut1 χ.
Nous supposerons que la rentrée atmosphérique ne commence que lorsque les forces aéro-
dynamiques sont prépondérantes vis-à-vis des autres. On a alors :
1 2
ρV SCx mg sin(γ) (16.35)
2
1 cos(γ)
ρSV 2 Cz mg cos(γ) − mV 2 (16.36)
2 RT
Ces 2 équations sont déduites de (16.29) et (16.30) et expriment que le poids et la force
centrifuge sont négligeables comparées à la traînée et la portance.
140
en tenant compte de la relation :
dV dV dz ds dV
= =− sin(γ)V (16.38)
dt dz ds dt dz
où s représente l'abscisse curviligne.
141
16.2.4 La trajectoire équilibrée
Le cas de la trajectoire équilibrée correspond au cas où la portance compense exactement
la pesanteur, de sorte que d'après l'équation (16.30) l'angle de rentrée soit constant :
dγ
=0 (16.47)
dt
Nous pouvons déduire de cette équation le coecient de portance nécessaire pour conserver
une pente constante durant le vol atmosphérique :
2mg cos(γE ) 1 1
Cz = − (16.48)
ρS V 2 gRT
avec :
SCx
λ= (16.50)
2mb sin(γE )
142
Fig. 16.9 trajectoire équilibrée.
I = kρm V n (16.51)
143
En tenant compte des relations :
dρ dV
= −bdz = −λdρ (16.53)
ρ V
Pour calculer l'altitude d'un extremum, il sut de poser dI = 0, soit :
dρ mb
=− = −bρ (16.54)
dz nλ
L'altitude recherchée est donnée par :
1 ρ0
zM = ln (16.55)
b ρM
où ρM = nλ .
m
144
16.2.6 Résultats numériques
Dans cette section, nous considérerons un véhicule présentant les caractéristiques sui-
vantes :
masse m de 2 000 kg ;
surface caractéristique S de 15 m2 .
Nous supposerons également que l'angle de roulis µ est nul, de manière à simplier les
équations.
Nous avons d'abord considéré le cas d'un véhicule de portance nulle (Cz = 0) ou, c'est
équivalent, de nesse nulle (f = C
Cz
x
= 0)
Dans ce cas limite, on constate qu'au début de la phase de rentrée, la pente augmente
légèrement pour terminer pratiquement à la verticale au niveau du sol. Bien entendu, à une
altitude de 10 ou 20 km, le véhicule déploit ses parachutes pour freiner l'impact au sol, de
sorte que les équations utilisées jusqu'ici ne sont plus valables.
La vitesse du véhicule passe de la valeur en orbite circulaire (de l'ordre de 7 800 km/s)
à une valeur raisonnable pour l'ouverture des parachutes. L'altitude diminue pratiquement
linéairement au cours de la rentrée.
145
Fig. 16.10 Vitesse pour une nesse nulle. Fig. 16.11 Pente pour une nesse nulle.
146
Nous avons ensuite considéré le cas d'un véhicule caractérisé par une nesse f de 0.2. Nous
étudions donc un planeur atmosphérique. La pente de la vitesse à l'interface-entrée vaut γ = 5◦ .
Durant cette phase du vol, la pente du vecteur vitesse augmente jusqu'aux environs de 0◦
puis diminue fortement.
Au cours du rebond, la vitesse décroît rapidement, le véhicule est "capturé" par l'atmo-
sphère terrestre.
Dans la première phase du vol, le véhicule se déplace à haute vitesse dans la partie haute
de l'atmosphère, son altitude décroît rapidement.
Ensuite, durant la seconde phase du vol, l'altitude du planeur reste relativement constante
mais sa vitesse diminue rapidement par frottement dans les zones plus denses de l'atmosphère.
Enn, lorsque la vitesse devient susamment faible, vitesse et altitude décroissent en-
semble jusqu'à l'impact au sol.
A la gure 16.17, nous avons reporté la position du planeur atmosphérique sur un plani-
sphère terrestre. Le point de rentrée (à l'altitude de 100km) a été xé à 30◦ de latitude nord et
−60◦ de longitude, avec un azimut de 45◦ , de manière à ce que le véhicule ne survole aucune
zone habitée et se pose sur l'océan atlantique.
147
Fig. 16.13 Vitesse pour une nesse de Fig. 16.14 Pente pour une nesse de 0.2.
0.2.
148
Fig. 16.16 Prol de vitesse en fonction de l'altitude durant la phase de rentrée atmosphé-
rique.
149
Fig. 16.17 Position du véhicule au cours de la rentrée atmosphérique.
150
Références
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supérieure de l'aéronautique et de l'espace, Toulouse, 46 pp.
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