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Et, précisément, les médias en trouveront l'occasion [de s'entrainer à la manipulation] un an après,

presque jour pour jour : les manipulations anti-Le Pen, c'est comme les colchiques dans les prés, ça
fleurit à la fin de l'été, avant la fête des Bleu-Blanc-Rouge. Le 2 septembre 1988, Jean-Marie Le
Pen préside l'Université d'été au Cap-d'Agde. Quelques jours auparavant, le ministre Michel
Durafour, usant d'un vocabulaire très en vogue entre 1933 et 1945, a clamé haut et fort qu'il faut «
exterminer » le Front national. Du tac au tac, le président du Front national lui répondait : « M.
Durafour et au moulin, obscur ministre de l'ouverture, dans laquelle il a d'ailleurs immédiatement
disparu, a déclaré : "Nous devons nous allier aux élections municipales, y compris avec le Parti
communiste, car le PC perd des forces tandis que l'extrême droite ne cesse d'en gagner". M.
Durafour-crématoire, merci de cet aveu. » Longs applaudissements. Aussitôt, l'émotion fut
considérable. Citons quelques perles. Claude Evin : « Le Pen est l'obsédé absolument morbide du
nazisme. » Michel Noir : « C'est le démon de la vie politique française. » « Le Pen, c'est la fiente de
l'esprit qui vole. » (Libération). Léotard : « Je suis choqué et bouleversé. » Juppé : « Indigné. »
Stoléru : « Une lutte sans merci est ouverte entre Le Pen et nous. », etc. M. Arpaillange, ministre de
la Justice, demandait la levée de l'immunité parlementaire de Jean-Marie Le Pen auprès de
l'Assemblée de Strasbourg. Elle fut accordée le 11 décembre 1988, par 198 voix contre 91, 221
députés s'étant courageusement défilés. Parmi les Français les plus hostiles à Le Pen se signalèrent
le socialiste Pierre Cot, la communiste Mireille Elmaton («Le Pen s'est rendu complice d'un crime
contre l'humanité. »), le radical Jean-Thomas Nordmann et, naturellement, la simoneveiliste Simone
Veil. En revanche, MM. Giscard d'Estaing et Alain Lamassoure, député UDF-RPR des Pyrénées-
Atlantiques, refusèrent de se joindre à la meute. Jean-Marie Le Pen fut condamné en première
instance à 10 000 F d'amende.

L'affaire du calembour fut, elle aussi, une réussite. Elle enfonçait le clou, elle confirmait le détail,
l'ancrait dans toutes les mémoires. Et rejeta Jean-Marie Le Pen au purgatoire pour un tour.

Aussi, quand la bise mauvaise du Front national se remit à souffler avec vigueur, durant l'hiver
1989-1990, les stratèges anti-Le Pen ne s'inquiétèrent-ils pas : leur poudre était sèche et leur
stratégie clairement définie. Il ne manquait plus qu'une occasion. Pour un bon ministre de
l'Intérieur, ce n'est rien.

« L'affaire Carpentras », Robert, Roy, Peltier - Editions National-Hebdo - Novembre 1995.

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