Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
Objectif du cours 7 : faire comprendre les rapports d'inclusion sémique ; exercices avec les notions
qui définissent des ensembles extensifs/ intensifs sur un vocabulaire usuel ; faire comprendre la
constitution des séries terminologiques.
Sommaire et mots-clés :
I. La notion de hiérarchie lexicale.
II. Les classes d'extension. Illustration.
III. L'intension d'un concept.
IV. La densité sémique des mots : la richesse sémique des hyponymes
V. Les lexèmes hyponymes et leur hyperonyme
a) Définition de l'hyponymie par l'inclusion logique.
b) L'hyponymie lexicale et al relation «être une SORTE DE»
VI. Le fonctionnement de l'hyponymie dans le discours :
a) La formation analytique des termes hyponymes
b) Les définitions exprimées à l'aide d'un hyperonyme.
VII. Les ensembles partie/ tout (méronymie) : définition et illustration.
mots-clés: extension d'une classe d'objets; intension (compréhension) d'un concept; hyperonyme
d'une série lexicale; les (co-)hyponymes; richesse/ pauvreté sémique; hiérarchie lexicale; la relation
de méronymie; les ensembles méronymiques et leur holonyme.
Résumé du cours no 7
Classe B
Classe A
a1, a2, a3, …
ai,…… an
1
L'inclusion et l'appartenance sont des rapport logiques fondés sur la relation d'implication. L'appartenance s'établit entre un membre de
classe et sa classe; l'inclusion s'établit entre une classe de moindre extension et une classe plus extensive.
– classes d'intension (ou de compréhension), qui sont des classes d'inclusion par superposition des
traits caractéristiques des objets auxquels fait référence un certain nom, qui peut être plus ou
moins générique, donc plus ou moins précis dans la spécification des propriétés que doit avoir un
objet pour lui appliquer ce nom.
Les classes d'extension représentent des regroupements d'objets ou d'espèces d'objets.
Exemple. Imaginons une multitude de fruits qui se retrouvent en vrac sur l'étalage d'un marchand de fruits ; pour les vendre, il
se met à les regrouper selon leur type : pommes, poires, prunes, coings, pêches, figues, abricots, pamplemousses, oranges, citrons,
bananes, grenades, melon, ananas, figues, dattes, etc. ; ces fruits prendront place dans des corbeilles séparées, selon l'espèce de fruit.
Voici le contenu de ces corbeilles imaginaires :
reine-claudes (oranges
pamplemousses
citrons,
mandarines,
clémentines…)
Chacune de ces douze cases contient des fruits semblables par leur type ; il s'agit donc de douze sous-classes de regroupement des objets
appartenant à la classe générique des FRUITS.
On appelle classe d'extension, le regroupement d'objets de l'univers, par leur espèce, leur type
ou autre ressemblance.
Les classes extensionnelles l o g i q u e s sont des ensembles virtuels d'objets ; par exemple :
l'extension du mot homme représente la totalité des objets, présents ou futurs, réels ou imaginaires,
auxquels le concept HOMME s'applique, s'est appliqué ou s'appliquera. L'extension d'un concept est
une totalité virtuelle d'objets extralinguistiques.
Quant aux mots du langage de tous les jours, ils s'appliquent souvent à des classes
extensionnelles c o n t i n g e n t e s , c'est-à-dire à des classes imprécises, relatives, variables selon le
niveau de langue, selon le temps (l'époque), ou selon l'idée que s'en font les sujets locuteurs2.
Les objets du monde se réunissent dans une classe d'extension contingente selon un critère de
ressemblance catégorielle : la cannelle, le thym, le gingembre, le clou de girofle, le poivre, la muscade,
ainsi que d'autres «produits naturels contenant des substances aromatiques, servant dans la cuisine à
l'assaisonnement des mets», se réunissent dans la classe des ÉPICES. Ce nom vient du latin species
("espèces"), qui signifiait autrefois denrées ou drogues ou toute marchandise de consommation
alimentaire3. Au début, le nom épice désignait aussi certains "fruits confits" (des "espèces confites") :
des dattes, des figues, c'est-à-dire des friandises sucrées, servies à la fin du repas. Il y a donc une classe
"contingente" (occasionnelle) des épices, parmi lesquelles il y a les substances aromatiques utilisées
2
Ci-dessus, par exemple, nous avons regroupé des fruits différents comme melon et pastèque − sur le seul critère de leur dénomination
commune en roumain; dans une autre case, se retouvent les dattes, les bananes et l'ananas sur un critère "régional": ce sont les fruits de
certains arbres qui poussent dans des contrées chaudes (le dattier est un palmier de l'Afrique et du Moyen-Orient).
3
L'épicerie était traditionnellement la boutique qui vendait toute sorte de denrées (produits alimentaires qui faisaient l'objet
du commerce) : miel, sucre, café, mais aussi diverses plantes exotiques à substances aromatiques, comme les noix de
muscade, les clous de girofle, la cannelle etc.
dans la cuisine, mais seulement celles de provenance exotique. Cette incursion dans l'histoire permet
d'établir le caractère occasionnel et imparfait des classes d'extension déterminées par les mots du
langage courant. Ces classes plus ou moins extensives ne sont que des regroupements pragmatiques
d'objets individuels, réunis sous un même concept, sur la base de certaines de leurs caractéristiques ou
sur la base de leur association fréquente dans l'univers extralinguistique.
Les classes d'extension diffèrent des classes intensionnelles, constituées sur la base des
propriétés définitoires. En géométrie par exemple, le carré et le triangle sont des figures planes
définies d'après des propriétés caractéristiques :
triangle = polygone à trois côtés.
carré = quadrilatère aux angles droits et aux côtés égaux.
En géométrie, on ne peut pas réunir le triangle et le carré dans une même classe superordonnée,
comme pourrait le faire dans la vie de tous les jours :
triangle et carré = figures géométriques planes, ayant l'une trois et l'autre quatre côtés (FAUX)
Ce regroupement est faux selon les critères de la géométrie, car la dans la «figure géométrique plane
ayant quatre côtés» s'appelle quadrilatère. Il y a donc un concept situé hiérarchiquement sur le même
palier conceptuel que triangle :
figures géométriques planes
……
3 côtés/ 3 angles 4 côtés/ 4 angles 5 côtés/5 angles 6 côtés/ 6 angles 7 côtés/ 7 angles
Ces classes sont basées sur des propriétés communes et non pas sur des critères extralinguistiques.
Dans ce cas, la classe d'extension est virtuelle et sa délimitation se fait dans la mesure où l'objet se
caractérise par la propriété définitoire qui lui est assigné par l'application d'un concept. Ainsi, un objet
ne peut s'appeler pentagone qu'à condition d'être un polygone ayant cinq côtés (ou cinq angles).
Si le pentagone est une sorte de polygone, alors ce concept lui est hiérarchiquement supérieur.
Polygones
triangles, quadrilatères, pentagones, hexagones, heptagones, octogones, nonagones (ou ennéagones), décagones, hendécagones,
dodécagones….
Maintenant, les propriétés définitoires sont rétablies selon la hiérarchie conceptuelle des termes qui
apparaissent dans la définition de chacun des mots traités ci-dessus : triangle, quadrilatère, pentagone,
etc. Voici ces propriétés à partir de la plus générale, pour caractériser les objets qu'on peut appeler
triangle:
(1) figure
(2) figure géométrique
(3) figure géométrique plane
(4) figure géométrique plane formée d'une suite de segments de droite consécutifs
(5) figure géométrique plane formée d'une suite de segments de droite consécutifs ayant trois côtés
Les mots triangle, quadrilatère, pentagone, hexagone, heptagone, octogone, etc. ne déterminent pas
des classes d'objets qui existent au monde, mais des classes des propriétés. Ainsi, le concept
géométrique de triangle se définit par les propriétés notées ci-dessus de 1 à 5.
Le triangle est une figure (1), donc un objet représentable visuellement, graphiquement;
− il est une forme géométrique (2)
− il est une figure plane (3) ayant deux dimensions tous les points de cette figure font partie
d'un même plan ;
− il est figure formée d'une suite de segments de droite consécutifs (4)
− il a trois côtés ou trois angles (5).
Les premières trois propriétés se retrouvent exprimés dans le syntagme terminologique de figure
géométrique plane. La quatrième propriété n'a pas de concept qui puisse l'évoquer : une figure formée
d'une suite de segments de droite consécutifs (4a) se distingue des lignes brisées interrompues (4b) :
(4a) ligne brisée fermée (segments de droite consécutifs) (4b) ligne brisée ouverte (segments de droite non consécutifs)
Il est pratiquement impossible de restituer les rapports d'hyponymie pour les figures géométriques, car
ces figures se rangent dans des classes intensionnelles, sur la base de leurs propriétés, définies comme
telle pour chaque concept géométrique. Si on voulait tout de même rétablir la hiérarchie, celle-ci ne
dispose pas toujours d'un lexème dans la langue, le concept qui manque étant exprimé par un syntagme
dénominatif pour les propriétés du concept voulu :
FIGURES
GÉOMÉTRIQUE autres
angle
triangle quadrilatère pentagone hexagone heptagone octogone, etc
Les mots triangle, quadrilatère, pentagone, hexagone, heptagone, octogone, etc. sont des co-
hyponymes qui n'ont pas un hyperonyme immédiat lexicalisé; c'est seulement le syntagme figure
plane ou éventuellement figure géométrique ou encore figure géométrique plane qui puissent servir de
concept superordonné. Le besoin d'opérer en langue naturelle avec un hyperonyme a conduit à la
création du mot polygone "figure géométrique plane formée d'une suite de segments de droite
successifs".
La langue naturelle se rapporte aux termes hiérarchiques polygone (terme super ordonné) /vs/
triangle, quadrilatère, pentagone etc. qui sont des co-hyponymes de l'hyperonyme polygone. Le mot
usuel carré se rapporte hiérarchiquement au terme quadrilatère qui sont hyperonyme ou aux termes
trapèze, rectangle, losange qui sont ses co-hyponymes.
polygone HYPERONYME
|
quadrilatère hyponyme
quadrilatère HYPERONYME
La géométrie euclidienne permet une classification plus spécialisée encore : les quadrilatères qui sont
des figures planes ayant quatre côtés, déterminent deux sous-classes de figures : les trapèzes (ayant
seulement deux côtés parallèles) et les parallélogrammes dont les côtés sont parallèles deux par deux.
POLYGONE
quadrilatère
trapèze parallélogramme
Nous avons illustré d'une part les classes d'extension, regroupement des objets du monde selon
divers critères de reconnaissance (ci-dessus, fruits, épices ou plantes aromatisées regroupés par
catégories). D'autre part nous avons illustré les classes d'intension qui réunissent les des objets
partageant certaines propriétés, comme la classe des polygones qui réunit les figures de la géométrie
plane formées d'une ligne fermée ou la classe des quadrilatères qui réunit toutes les figures ayant
quatre côtés, que ces côtés soient égaux ou non, parallèles ou non.
L'application des mots du langage naturel aux objets du monde ne se fait donc pas d'une
manière «logique». Pour le langage naturel, les classes d'extension sont plutôt des classes contingentes,
car le plus souvent elles ne sont pas déterminées par l'extension d'un concept (comme en logique).
Des mots comme opération, champ, fonction, langue, élément, corps, niche, rayon, cercle,
table, cadre, banque, relation, rapport, panneau, fiche, etc. n'ont pratiquement plus de sens conceptuel
en dehors de la spécification du domaine d'emploi (les emplois sont liés aux domaines
extralinguistiques). Par exemple, pour le mot fiche, le Grand dictionnaire terminologique prévoit une
multitude de domaines, dont les principaux sont : électricité ; art, audiovisuel ; éducation ; géologie ;
industrie ; bâtiment ; science de l'information ; mobilier ; médecine ; psychologie. Pour le mot
opération, les domaines indiqués sont, entre autres : administration publique ; armée ; psychologie ;
mathématiques ; publicité ; bâtiment ; économie ; commerce finances ; imprimerie ; métallurgie, etc.
Les structures hiérarchiques vont s'établir seulement à l'intérieur d'un certain domaine d'application.
Les diabétiques doivent éviter les agrumes. – référence générique à une sous-classe
Les mandarines ont plus de sucre que les autres agrumes. de fruits, plus ou moins spécifique
Les attributs (les traits ou les propriétés caractéristiques) des objets dont on parle sont superposés en
plus grand nombre quand on emploie des noms désignant une classe d'objets très restreinte. Ainsi, une
clémentine présente :
– toutes les propriétés générales des fruits → Propriété 1
– en plus, elle a aussi toutes les propriétés générales des agrumes→ Propriété 2
– mais elle a aussi toutes les propriétés générales d'une mandarine→ Propriété 3
– et, bien sûr, des traits caractéristiques qui la distinguent d'une mandarine → Propriété 4
Les propriétés plus spécifiques sont, au contraire, partagé par un nombre très restreint de
sémèmes (donc ces propriétés sont figurées par des lignes plus courtes, tandis que les dimensions plus
abstraites, plus générales, sont figurées par des lignes longues. Voici la superposition des traits
caractéristiques :
Propriété 4
Propriété 3
Propriété 2
Propriété 1
Plus un concept d'applique à une classe plus extensive d'objets (fruit, chose, meuble), plus il est pauvre
en intension, c'est-à-dire en traits caractéristiques communs pour ces objets. Les concepts le plus
extensifs (qui regroupent le plus grand nombre d'objets) sont représentés par des mots dont l'intension
est très pauvre : chose, objet, être, personne.
Plus un concept est spécifique (orange, crayon, lit, fourchette), plus il est riche en intension,
c'est-à-dire en traits communs des objets réunis sous un même regroupement.
Les concepts s'organisent donc depuis les plus génériques (pauvres en intension, mais qui
recouvrent le plus grand nombre d'objets) jusqu'aux concepts les plus spécifiques pour l'espèce ou la
variété désignée ; ces derniers sont riches dans leur intension, mais recouvrent un nombre plus réduits
d'objets. Dans ce tableau, la plus grande densité sémique se retrouve à droite, tandis qu'à gauche sont
les concepts dont le sens est le plus pauvre en précisions :
intension très pauvre intension pauvre intension riche intension très riche
extension très riche extension assez riche extension assez pauvre extension très pauvre
FRUIT ⊃ AGRUME (roum. citrice) ⊃ MANDARINE ⊃ CLÉMENTINE
terme générique terme générique terme spécifique terme très spécifique
(genre) (sous-genre) (espèce) (variété)
⇓ ⇓ ⇓ ⇓
– classe extensive : grand – moins grand nombre d'objets – dénomination courante de – petit nombre d'objets
nombre d'objets auxquels auxquels s'applique le concept l'objet individuel de la classe auxquels s'applique le concept =
s'applique le concept dénomination spécifique, non
– quelques traits supplémen- – quelques traits supplémen- pas de la classe, mais de la
– peu de traits caractéristiques taires par rapport au concept taires par rapport au concept variété d'objets
de la classe superordonné FRUITS. super-ordonné AGRUMES. – grand nombre de traits
caractéristiques de la classe.
Plus une propriété est générale (comme dans : fruit, céréale, légume, poisson, insecte, objet,
être, chose, etc.), plus elle se retrouve dans le sémème de plusieurs mots de désignation particulière
(noms d'espèces). Les noms génériques désignent une propriété générale, devenue une dimension
sémantique qui traverse toute une série lexicale. Ainsi, REPTILE est une dimension sémantique qui se
retrouve à travers le sens des mots : serpent, boa, lézard, salamandre, varan, vipère, triton, iguane,
crocodile, alligator, etc. En revanche, CROCODILE ne désigne pas une dimension sémique aussi large, car
le mot crocodile a une classe d'intension avec beaucoup de traits assez précis.
Et, inversement, la classe d'intension d'un mot de sens particulier, comme : craie, calcaire,
grès, granit, sable, porphyre, etc., comporte un plus grand nombre d'éléments de sens, tandis que le
mot ROCHE comporte une classe d'intension réduite à moins de traits sémiques ; la dimension sémique
«roche» se retrouve à travers toute la série de mots mentionnés : craie, calcaire, granit, etc.
Ces analyses ont permis de décrire à l'aide d'exemples les classes d'extension d'objets du
monde et les classes d'intension ou de propriétés caractéristiques qui définissent l'application d'un
concept.
Dans la logique traditionnelle, l'extension d'un concept est la totalité des objets auxquels
s'applique ce concept ; en revanche, la compréhension d'un concept (en anglais : intension, d'où le
calque sémantique en français) est l'ensemble d'attributs qui caractérisent tout objet auquel s'applique
ce concept.
«L'extension et la compréhension sont inversement proportionnelles l'une à l'autre, en ce sens
que plus l'intension d'un terme est grande, plus sa compréhension est restreinte» [LYONS,
1970: 347]
Les lexèmes d'une langue s'organisent donc par classes hiérarchiques, en fonction de leurs extension.
Les classes d'extension se rapportent aux classes d'objets, tandis que les classes intensionnelles se
rapportent aux propriétés des objets. La classe d'extension du persan noir (1) fait partie de la classe
d'extension des chats persans (2), et donc de la classe générique des chats (3), qui à leur tour font partie
de la classe plus générique des animaux domestiques (4), et ceux-ci ayant comme classe superordonnée
la classe des animés (5):
1⊂2⊂3⊂4⊂5
La classe extensionnelle la plus large (qui comprend le plus grand nombre d'éléments) est la classe 5
(les animés). En revanche, la classe des animés est la plus pauvre du point de vue intensionnel, parce
que les propriétés impliquées par l'application du mot les animés sur un objet de discours se réduisent
pratiquement aux propriétés réunies dans l'expression "un être doué de vie". En revanche, en
appliquant à un objet de discours le mot persan, les sujets locuteurs pourront déduirent un plus grand
nombres de propriétés intrinsèques à l'objet ainsi dénommé: chat à longs poils soyeux et à traits
typiques caractéristiques de la race dire "chat persan". Ceci dit, plus un nom de classe est générique,
plus il connote un nombre plus restreint de propriétés (donc une classe intensionnelle plus réduite); et ,
inversement, plus un nom de classe est particulier, plus il connote pour les objets ainsi désignés un plus
grand nombre de propriétés intrinsèques.
Cela revient que, pour n'importe quel nom de classe, si sa classe d'extension est large, son
intension est réduite, et inversement, si sa classe d'intension est large, son extension est moins large: la
sous classe des chats
APPLICATION:
Observer ce rapport inverse entre la classe extensionnelle et la classe intensionnelle sur les exemples
donnés dans le manuel5 à la page 100: le mot fleur renvoie à une classe d'objet large, qui incluent
toutes les espèces de fleurs, tandis que le mot œillet fait référence seulement à une sous-classe
particulière des fleurs. Le nombre d'objets du monde de référence qui tombent sous le concept
coextensif avec l'expression oeillet panaché est encore plus réduit, parce qu'il s'agit d'un certain type
d'œillet dont les pétales présentes plusieurs couleurs. En revanche, l'application à un objet de discours
du nom œillet panaché donne plus de traits descriptifs que si l'on employait un hyperonyme: J'ai
acheté un bouquet de fleurs ne permet pas la représentation de l'objet de discours, tandis que Je lui ai
offert un bouquet d'œillets panachés. a un plsu grand pouvoir descriptif des propriétés de l'objet.
De même, dans un dialogue du type:
– Qui est venu ? / Qui a sonné à la porte ?
– Le facteur (1). Une personne. (2) Un jeune homme (3).
Par ailleurs on peut faire référence à un personne en employant différents noms de classe: un type, un
individu, un quidam (fam.), un bon zig (pop). noms qui diffèrent non seulement par les rapports
hiérarchiques (de type hyperonyme/ hyponyme), mais aussi par les connotations impliquées.
Il faudra donc distinguer entre l'hyperonymie connotative de type individu/ quidam/ zig ou
bouffer/avaler/ manger, de l'hyperonymie dénotative dont on vient de parler (chardonneret/ oiseau;
tulipe/ fleur; basset et griffon/ chien)
5
Teodora Cristea, Structures signifiantes et relations sémantiques en français contemporain, Editura Fundaţiei România de
Mâine, Bucureşti, 2001.
Certaines séries de co-hyponymes sont disparus du vocabulaire courant ou leurs rapports
hiérarchies se sont modifiés à cause de l'évolution des objets dans la réalité. Au XVIII e siècle, les
termes le landau, la berline, le coupé, le cabriolet et la calèche étaient toujours co-hyponymes du
terme générique VOITURES, à ce moment les voitures étaient encore tirées par les chevaux.
Aujourd'hui, les termes landau, berline, coupé, limousine etc. désignent des formes particulières de la
carrosserie des automobiles. L'évolution technologique a eu des conséquences en restructurant les
rapports dans certaines hiérarchies lexicales (en ce sens, il est utile de vérifier dans un dictionnaire de
langue, Petit Robert ou Lexis, l'évolution des mots : voiture, convoi, train, entre autres).
En conclusion, un troisième plan s'ajoute lorsqu'on veut examiner le fonctionnement de
l'hyponymie dans la langue : c'est le plan référentiel. Or, ce plan excède l'objet d'étude de la
linguistique. Mais, du moment que l'homme entre en contact avec des objets individuels, et non avec
des catégories, les connaissances sur le monde du sujet locuteur sont médiates par le langage, donc
l'évolution sur le plan de la culture et de la civilisation a des conséquences sur l'organisation des zones
du vocabulaire.
Il s'impose de faire brièvement un examen de l'hyponymie sur le plan du discours.
(le symbole d'inclusion ⊂ se lit : «fleur EST INCLUS dans violette, tulipe etc.)
–sur le plan extensionnel, les hyponymes violette, marguerite, lilas, œillet, tulipe etc. jouent le
rôle de terme subordonné (d'où le préfixe hypo- avec lequel se construit ce mot), parce que
l'ensemble des objets de l'univers référentiel auxquels celui-ci renvoie est compris dans
l'ensemble d'objets auxquels renvoie le terme hyperonyme (fleur) correspondant ; on dit dans ce
cas que «l'extension de l'hyponyme est comprise dans l'extension de l'hyperonyme» ;
– sur le plan conceptuel ou intensionnel, l'hyponyme joue le rôle de terme superordonné parce
qu'il comprend un plus grand nombre de traits spécifiques que le terme hyperonyme, donc le
sens de l'hyperonyme est compris dans le sens de l'hyponyme : l'intension (ou la compréhension)
du lexème hyperonyme (fleur) est comprise dans le sens de chacun des lexèmes qui sont ses co-
hyponymes.
Les logiciens ont donné une définition particulière du rapport d'inclusion, en dressant des
réseaux sémantiques à partir des lexèmes hiérarchisés en tant que termes subordonnés/ superordonnés :
Le canari (h) est un oiseau (H). ⇒ espèce d'oiseau
Le basset (h) est un chien (H). ⇒ variété de chien
Le séjour (h) est une pièce (H) de notre appartement. ⇒ sorte de pièce
Sur la base de cette propriété, on fait souvent référence à des objets en mentionnant seulement
le concept superordonné, en précisant qu'il s'agit d'une relation du type "SORTE DE". L'emploi de
l'hyperonyme facilite l'identification de l'objet.
Ainsi, pour un locuteur dépourvu de connaissances zoologiques, il serait relativement difficile d
employer quelques-uns des termes : canari, chardonneret, bouvreuil, pinson, bengali, verdier,
tourterelle, rossignol, perroquet, pie, serin, moineau etc. Même pour le mot de sens très connu
(comme : rossignol "privighetoare", tourterelle "turturea"), il est parfois difficile d'appliquer
correctement une certaine nomenclature spécialisée. Le recours à l'hyperonyme facilite l'identification
de l'espèce : un oiseau s'applique indistinctement à toutes les espèces mentionnées.
KLEIBER [1991] met en évidence un phénomène propre aux langues naturelles dans lesquelles
il y a toujours un certain niveau hiérarchique de base pour les dénominations des objets : on dit plutôt
Voici un chien, et non avec un terme plus spécifique : Voici un boxer ! ; ni Voici un mammifère !
(terme qui serait trop général et il ne pourrait pas catégoriser l'objet, indiquant seulement la sphère
d'appartenance. Les classifications inspirées des taxinomies antique (basés sur l'étude des genres et des
espèces chez Aristote) parlent de cinq niveaux hiérarchiques :
règne ex. : vertébrés
forme de vie ex. : mammifère, canidés
genre ex. : chien
espèce ex. : chiens de garde; chiens de chasse, chiens de compagnie etc.
variété ex. : lévrier, teckel, caniche, boxer, boule-dogue etc.
(individu) Rex, Azor...
La catégorisation d'un objet par son genre d'appartenance représente une opération réalisée au niveau
cognitif le plus saillant : la dénomination générique est celle avec laquelle on réfère le plus souvent à
une classe d'objets : c'est un mouton, un oiseau, un poisson, un arbre, etc. Ces catégories ont non
seulement cette pertinence discursive (ce sont les mots les plus fréquents), mais aussi une pertinence
psychologique (ce sont les noms catégoriels que l'enfant apprend dès le début de l'acquisition de
langage) et linguistique (c'est le niveau du lexique d'une langue avec le plus de mots).
Pour d'autres auteurs (dont Elizabeth Rosch, citée in Kleiber, 1991), il y a seulement trois
niveaux pertinents :
• niveau superordonné : ex. meuble, animal, céréale, etc.
• niveau de base (les objets basiques les plus inclusives) : chaise, chien ou maïs, blé, seigle,
avoine, etc.
• niveau subordonnée : variétés individuelles (pour les chiens : les chiens d'arrêt: braque,
épagneul, griffon, pointer, setter; les lévriers, classifiés d'après leur poil: lévriers à poil long/ à
poil dur/ à poil court, etc.; chiens de compagnie: caniche, bichons, épagneul d'agrément,
griffon, etc.).
La dénomination usuelle d'un objet se fait d'habitude au niveau de base; les nom plus spécifiques
permettent de souligner les traits qui différencient un objet de la catégorie de base. Le niveau de base
est le plus informatif ; il possède le plus de propriétés clef partagées par le plus grand nombre des
nombres de la classe. La conceptualisation se fait au niveau des instances typiques d'une catégorie:
arbres, fleurs, insecte, etc., et non au niveau des représentations des espèces particulières: saule
pleureur, bouleau, érable, ormes, bouleau, sapin etc. , ou: chrysanthème, œillet, dahlia, pivoine,
primevère, etc. La représentation cognitive de ces espèces est subordonnée à la représentation du
concept plus général dont le sens donne sous forme de schéma conceptuel tous les éléments descriptifs
communs des catégories plus spécifiques.
B. – série terminologique analytique, formée à partir d'un terme général commun (G). En
l'absence d'un déterminant, le terme général joue le rôle de concept hyperonyme :
G +dét.1 , G +dét.2 , G +dét.3 , …. ( ⊂ variétés de G )
.
blé noir (sarrasin); blé cornu (seigle ergoté); blé méteil (variétés de BLÉ)
fauteuil Empire, fauteuil Régence, fauteuil Sécession, fauteuil Louis IV, fauteuil Art Nouveau,
fauteuil crapaud, fauteuil Voltaire … ⊂ sortes ou variétés de FAUTEUILS
L'hypéronyme est formé par suppression de spécificateur; ces mots sont considérés des hyperonymes
faibles dans [COLLINOT, 1990], pour les distinguer des hyperonymes forts traités ci-dessus (cas A).
B'. – lexèmes hiérarchiques, à l'origine une série terminologique analytique ; le terme général (G) est
éliminé dans l'expression des hyponymes, employé seul il joue d'hyperonyme :
dét.1 , dét.2 , dét.3 , …. (⊂G )
bergère, club, chaise-longue, transat, crapaud, voltaire … ⊂ FAUTEUIL
C. – Série lexicale d'hyponymes qui se rapportent à un hyperonyme analytique (sorte, variétés,
etc.) :
h1, h2, h3, …hi,… hn ⊂ espèces, types, sortes, variétés, etc. de + G (terme générique)
Anglais, Français, Allemands, Danois, etc. ⊂ catégories d'HABITANTS
un top, un cache-cœur, une tunique ou un bustier sont des ⊂ sortes de DÉBARDEURS
(le débardeur étant dans la mode féminine actuelle : «une sorte de MAILLOT décolleté, sans
manches»)
D. – Lexèmes co-hyponymes, lacune lexicale pour l'hyperonyme, remplacé par une périphrase qui
combine un terme générique avec un déterminant restrictif :
h1, h2, h3, …hi,…… hn ⊂ H + dét. (terme générique + déterminant)
rouge à lèvres, poudres, parfums, gels de douche, savons, shampooing, vernis, gommages,
crèmes, laits démaquillants, etc. – termes subordonnés à une expression générique
périphrastique : PRODUITS de beauté (concept hypéronyme + déterminant restrictif).
E. – série isotopique de lexèmes sans lien avec un concept superordonné : soleil, or, diamant, ciel,
astre, étoiles, feu, éclair, bijou etc. – série isosémique, tous les mots désignent des objets qui
brillent, mais la langue n'a pas créé un concept superordonné qui signifie «tout ce qui brille».
mot 1, mot 2, mot3, …etc. – série isosémique, sans lien conceptuel
Les situations les plus intéressantes du point de vue de l'examen des séries de dénominations
spécialisées sont représentées par les deux types de périphrases (C. et D.). Dans le premier cas, il s'agit
d'une périphrase métalinguistique, le mot espèce, sorte, variété, type etc. étant utilisé pour réduire la
sphère d'application d'un nom plus général, donc de passer d'un terme catégoriel, mais superordonné à
un hyponyme de discours (apparu dans le discours et rattaché en tant que variété, espèce, type pu sous-
type d'un concept catégoriel courant). Ce type de dérivation hyponymique est très commun dans le
langage de vulgarisation scientifique :
la dégénérescence maculaire lié à l'âge (DMLA) est une maladie de la rétine/ une affection
ophtalmologique/ une souffrance de l'œil
Les mots maladie, affection ou souffrance, d'emploi courant en français, servent à désambiguïser
l'expression terminologique, de très grande densité sémique et entièrement inaccessible pour le langage
de tous les jours. La stratégie explicative consiste à remonter d'un cran la hiérarchie lexicale, afin de
rencontrer termes générique du fond lexical plus courant. Les termes donnés à droite sont donc des
hyperonymes (maladies de l'œil, souffrance de la rétine etc.), moins précis que le terme spécialisé
nouveau (DMLA); leur sphère d'application est restreinte par l'adjonction d'un attribut spécifique
(maladie… de l'œil ; souffrance … de la rétine).
DMLA ⊂ maladies de l'œil ⊂ maladies
h ⊂ H + dét. ⊂ H
L'autre situation, qui est la création par dérivation lexicale d'un hyperonyme de discours, en partant
d'un terme très général (qui est de toute façon un hyperonyme, mais trop général) :
Le nord, le sud, l'ouest et l'est sont les points cardinaux.
Si le concept générique de la situation antérieure s'employait en fonction prédicative (la DMLA est une
maladie…/ une souffrance etc.), dans cette seconde situation, le concept superordonné n'est plus en
emploi prédicatif ; dans la situation décrite sous D., on définit ou on explique le concept
hiérarchiquement supérieur : les points cardinaux sont : le nord, le sud etc. Dans ce cas, il s'agit d'une
définition énumérative (avec présentation énumérative de tout ce qui s'inscrit dans l'extension d'un
concept : définition extensive d'un concept superordonné (situation C)/ vs/ définition intensive d'un
concept subordonné (situation D).
La classe des plantes possède plusieurs sous-classes: plantes d'agrément, plantes médicinales, plantes à
fleurs (phanérogames) => ligneuses et herbacées; plantes sans fleurs => à fruits/ sans fruits.
Les plantes à fleurs herbacées comprennent: plantes d'appartement, plantes alimentaires, fourragères,
textiles, potagères, médicinales etc.
Les plantes textiles comprennent: le lin, le chanvre, le coton etc.
La désignation par nom commun d'un individu se fait en fonction du but communicatif, soit en
particularisant son appartenance à une sous-classe, soit en généralisant les traits et en les faisant
communs avec ceux d'autres individus de la même classe.
–Ceci est ma voiture. => l'objet est rangé dans la classe des "voitures".
–Ceci est un coupé Puma => l'objet est rangé dans la classe du sous-types de voitures appelé
"coupés", et plus particulièrement dans la sous-classe des coupés Puma fabriqués par les usines
Ford. (coupé = voiture fermée, ayant une certaine forme de la carrosserie).
Ex.: Avec la 156, une des plus belles voitures italiennes de ces dernières années, la marque
milanaise Alfa Romeo fait de nouveau tourner les têtes.» [Le Monde 12.10.97].
où l'on fait référence à un objet type : la 156 = une Alfa Romeo, modèle 156, en insistant non pas sur la
classe générique, mais spécialement sur le sous type de fabrication récente. Cet emploi dans un texte à
fonction appellative (c'est un texte publicitaire) qui fait inclure directement un objet de référence dans
la sous-classe de type très particulier n'est pas caractéristique à la langue commune qui préfère
d'utiliser les noms de classe selon un type d'inclusion dans la classe générique: Où est ma voiture ? À
qui cette voiture (cette auto).
Il ya donc deux modèles de formation des séries lexicales hiérarchiques, à partir du niveau
catégoriel de base : vers le sommet de la hiérarchie, on renonce aux attributs de spécification, pour
former des hyperonymes, ou vers le bas, on ajoute ces attributs pour formes des hyponymes :
HAUT objets – vêtements – (jupe) prêt-à-porter – vêtements de femme
NIVEAU BASE jupe
BAS jupe longue/ courte/ au genou; j. étroite; j. large; j. élégante/ j. casual;
j. culotte, j. froissée, j. plissée, j. à panneaux, j. boule, j. à volants, j. évasée, j. ceinturée;
(spécial.) mini-jupe
(spécial.) kilt (« jupe courte et plissée en tartan, portée par les montagnards écossais»)
Pour ce qui est des termes de sens plus spécifiques, des fois ils évoquent un concept
superordonné (un hyperonyme) : kilt évoque le concept de «jupe» ; d'autres fois, la langue n'a pas créé
un mot qui désigne globalement une série lexicale désignant des objets du même type :
– l'hyperonyme est connu, usuel, pour la série : dinde, poule, coq, cane, oie, etc. Ces mots sont
des co-hyponymes de l'hyperonyme volaille. De même : poupée, toupie, nounours, bolide
télécommandé, train électrique, soldat de plomb, cube, doudou, château à construire (à pièces de
construction), tracteur, remorqueur, camion, pelleteuse, et autres voitures, balles, hochets,
poussette (pour la poupée), ourson berceur, sceau arroseur, avec petite pelle et petit râteau en
plastique, etc., sont autant de co-hyponymes de l'hyperonyme jouet. De même : cricket, échecs,
marelle, jonchets, billard, dames, dés, furet, cerf-volant, domino, lanterne magique, etc. sont des
co-hyponymes (lexicaux ou de discours) pour le lexème jeux. Par extrapolation, on peut établir
un rapport similaire entre le sens de deux mots : fer, nickel, cuivre etc. , qui sont des co-
hyponymes du lexème métal.
Même les termes abstraits s'organisent en ensembles hiérarchiques : les mots écarlate,
cramoisi, vermillon, fraise, corail sont des termes dont le sens inclus le sens de «rouge»; ils s'organise
dans le vocabulaire français comme autant des hyponymes du terme rouge, de sens plus général.
– hypéronyme n'existe ou il est d'un usage moins courant. Les noms : la camomille, la guimauve,
la mauve, le cresson, le bouillon blanc, la verveine, la menthe, le millepertuis, la sauge désignent
une sous-classe de plantes à utilisation dans la médicine populaire, et donc tous ces mots
désignent des plantes médicinales. On remarque qu'il n'existe pas de mot particulier pour cette
sous-classe de plantes, mais on emploie le générique plante suivi d'un déterminant qui restreint
son application à la classe à laquelle on veut faire référence. De même : bégonia, cyclamen,
géranium, dahlia, giroflée, héliotrope, iris, jacinthe, lis, œillet, muguet, pervenche, pétunia,
pivoine, pied-d'alouette, primevère, réséda, renoncule, tubéreuse, violette, désignent une sous-
classe particulière de végétaux, décrite dans le Dictionnaire pratique comme étant des plantes
d'agrément. Le plan conceptuel se remarque par son autonomie par rapport au plan de
l'expression : un concept existe bien, même si aucun mot dans une langue naturelle n'est là pour
désigner justement ce concept:
bégonia ⊂ plantes ornementales ⊂ plantes d'agrément.
La série : herbage, pâture, prairie, pré, savane… pour lesquelles le français n'a pas
d'hyperonyme lexicalisé, autre qu'une expression descriptive (périphrase) : «étendues de terrain
recouvert d'herbe».
Il y a aussi des séries lexicales traversées par une dimension sémique commune qui ne se
retrouve pas lexicalisée. Par exemple, les mots appât, piège, chausse-trappe, hameçon, guet-apens,
leurre, feinte, embûche, embuscade, et même croc-en-jambe, souricière, menace, danger, alarme,
péril, écueil, difficulté ont en commun l'idée d'une attaque par surprise, quand celui qui attaque est plus
astucieux que sa proie ou son adversaire. Mais il n'y pas de concept superordonné à cette série
isotopique, il n'y pas de vrai hyperonyme : le mot piège n'est que l’hypéronyme de quelques-uns de ces
mots : tendre un piège, où piège peut se spécifier par :
– une chausse-trappe : dresser au fond d'un fossé des pieux aiguisés, cachés sous l'herbe qui pousse ;
planter des dispositifs pour immobiliser l'adversaire, pour le prendre comme dans une souricière ;
au moyen âge, on plaçais des pieux pièges cachés sous les herbes, ou on creusait des trous, on les
camouflait, on creusait des fossés etc. pour empêcher l'avancement de l'ennemi; ou bien attirer
l'ennemi dans un lieu dangereux, le prendre l'dans le terrain invisibles par celui qui passait dans
l'herbe haute;
– un guet-apens : piège prémédité pour nuire à son adversaire (qui consiste à guetter l'adversaire, à le
laisser s'approcher et à lui sauter dessus par surprise) ;
– une embûche ou des embûches : obstacles ou stratagèmes utilisés pour faire se retirer l'adversaire,
pour l'attaquer par surprise ; stratagème ou manœuvre secrète employée pour attaquer par surprise
l'ennemi, un adversaire ;
– une embuscade (terme militaire) : attendre dans le passage de le l'ennemi dans un lieu dissimulé pour
l'attaquer par surprise
– hameçon (crochet de métal au bout d'une ligne pour attraper le poisson), avec le même sens ou un
sens proche : appât, leurre (une collection de leurres pour la pêche), le terme le plus général étant
appât.
A+B+C
«fruit»
► L'usage est parfois fluctuant: un terme peut servir à la place de son hyponyme :
plantes ⊃ graminées ⊃ froment (le froment est une plante graminée qui sert à la nourriture humaine)
↑↓
blé
En même temps, on signale l'expression blé froment (pour: " variété de blé dont on obtient la meilleur
farine pour préparer le pain").
► Certaines structures sont analytiques; elles construisent leur rapport d'inclusion à partir d'un
attribut mis à l'extérieur d'un terme de base générique: froment d'été ou d'hiver (pour les variétés de
blés); froment d'Inde, froment d'Espagne (le maïs). La variété du blé se désigne aussi par attribut
apposé au nom :
(H) blé → blé commun
blé tendre, blé mou, blé dur
blé concassé, en grains
blé épeautre
blé d'hiver
blé complet, blé entier,
blé hérisson, niellé, filamenté
Parfois il y a même un cumul de déterminations restrictives : blé dur ambré (variété de blé).
Les séries de co-hyponymes sont des séries lexicales quand elles s'exprimer par des lexèmes
autonomes qui entretiennent des relations d'inclusion sémique :
plantes ⊃ graminées ⊃ froment ⊃ blé ⊃ épeautre
félidés ⊃ grands félins ⊃ lion, tigre, léopard, panthère, lynx (grands carnassiers,
sauvages)
félidés ⊃ petits félins ⊃ félins sauvages ⊃ raton laveur, chat sauvage
⊃ félins domestiques ⊃ les chats ⊃ angora, chartreux, persan,
birman, siamois
Mais il y a aussi des séries co-hyponymiques à attribut (désignant d'habitude une variété, un sous-
type), apposé auprès d'un terme général (qui, dans ce cas, n'est pas proprement un concept superposé,
mais simplement un nom de classe avant que son application soit restreinte par une détermination
restrictive):
banque ⊃ banque de dépôt ou banque commerciale
banque ⊃ banque d'affaires ou banque d'investissement
banque ⊃ banque spécialisée ⊃ banque de crédit
Les dénominations commerciales se servent en général d'un nom commun suivi d'une détermination
qui spécifie la variété particulière de marchandise :
aliments ⊃ biscuits ⊃ biscuits secs, petits-beurre, gaufrettes, macarons, biscuits à la cuillère,
langues de chat, etc.
biscuits secs ⊃ biscuits salés ⊃ craquelins, à apéritifs, amaigrissants
biscuits sucrés ⊃ biscuits à la vanille
biscuits à la cannelle
biscuits amaigrissants
biscuits au beurre
biscuits aux figues
biscuits au raisin
biscuits à l'avoine
biscuits au miel, etc.
café ⊃ café aromatisé ou café parfumé ⊃ café à l'amaretto
⊃ café à la vanille
⊃ café aux noisettes
aliments ⊃ boissons ⊃ café ⊃ café aromatisé
⊃ café turc
⊃ café filtre
⊃ café au lait, à la crème, alcoolisé etc.
⊃ café expresso
Dans ces exemples, le déterminant restrictif apposé permet de créer une unité lexicale nouvelle, une
lexie complexe jouant le rôle d'un hyponyme du terme simple, sans déterminant. Enfin, souvent les
deux moyens de subordination conceptuelle se rencontrent dans une même série:
fruits ⊃ fruits à noyaux ⊃ prunes ⊃ prunes reine-claude a donné le nom : des reines-Claude
café ⊃ café à la crème ou café crème a donné le nom crème (employé comme masculin):
Un petit (grand) crème s'il vous plaît ! De même : Un petit noir ! (se rapportant au café)
Le concept analytique fruits à noyau rattache un déterminant restrictif, tout comme prunes reine-
claude; mais la langue renonce parfois au concept superordonné et on obtient d'un déterminant un
nouveau concept : une reine-claude qui désigne un fruit à attributs très bien définis: «variété de prune
sphérique, verte ou jaune, à chair sucrée et parfumée».
Le déterminant est parfois fluctuant : café brut ou vert ou cru ↔ torréfié (brûlé ou grillé); du
point de vue terminologique, dur, brut ou vert sont synonymes, s'opposant à torréfié, brûlé ou grillé.
L'attribut apposé prend la place du nom de classe, tout en gardant le genre de ce nom générique
absent : du nom d'une spécialité, les fromages double-crème, vient une dénomination réduite, le
double-crème, qui est un nom masculin, ce masculin évoquant le fromage : J'ai acheté un double-
crème.
► Les rapports hyponymiques se manifestent dans certaines prédications attributives:
(i -a) L'épagneul (h) est un chien d'arrêt (H).
(i -b) Ce chien d'arrêt (H) que tu vois est un épagneul (h).
(ii-a) Les chiens de chasse (H) sont de trois types: chiens rapporteurs (h), chiens leveurs(h) et
les chiens d'arrêt (h).
(iii-a) Le bouledogue(h) est un chien très agressif (H). (iii -b) Ce chien (H) tellement agressif
(attribut spécifique) est un bouledogue (h).
(iv-a) Tous les chiens (H) aboient, y compris ce caniche(h).
(iv -b) Tous les caniches (h) aboient, comme le font tous les chiens(H).
(v-a) Dans cette maison, il y avait un dalmatien (h), un caniche (h) à poil bouclé, un bichon(h)
et deux autres chiens (H). (v-b) Sauf une petite levrette (h) et un bichon (h) il n'y avait pas
d'autres chiens (H) dans cette maison.
La relation d'implication se manifeste en fonction de la densité sémique: les hyponymes sont des mots
plus riches en sèmes, dont ils impliquent aussi les sèmes contenus dans l'hyperonyme:
Si le birman (h) est un chat (H), alors il est bien un mammifère (alors il miaule).
Le terme plus dense est d'abord catégorisé : l'énoncé affirme que les birmans sont des espèces
de chats; ensuite, dans la seconde partie, l'énoncé attribue, par défaut, les propriétés générales de la
classe à la variété ou à l'espèce particulière dont il s'agit.
Le paradis n'est pour les mortels, DONC, le paradis n'est pas pour les hommes, et DONC,
pour moi non plus. (moi ∈ homme ⊂ mortels)
Les propriétés générales des objets d'une classe représentent des dimensions sémantiques
générales, qui se retrouvent parmi les propriétés de tous les individus spécifiques de la classe.
Chaque fois que l'on se propose de représenter les connaissances de l'homme et donc de dresser
des réseaux conceptuels qui modélisent l'organisation hiérarchique des concepts (entités du plan de la
forme du contenu d'un symbole), on se sert en pratique des mots (entités du plan des formes de
l'expression dans une certaine langue). Il convient donc de distinguer entre le plan logique ou
conceptuel, et le plan lexical, des formes linguistiques : les mots d'une langue. On constate alors que
l'organisation hiérarchique au niveau conceptuel correspond à l'organisation lexicale, mais que,
d'autres fois, la langue ne dispose pas d'un lexème pour un sens conceptuel que l'on peut facilement
concevoir :
«La principale remarque qu'il faut faire à propos de la relation d'hyponymie, telle qu'on la
trouve dans les langues naturelles, c'est qu'elle n'y joue pas un rôle si général ou si systématique que
dans les divers systèmes de taxinomie scientifique6 (en botanique, en zoologie, etc.). Les vocabulaires
des langues générales ont tendance à présenter beaucoup de cases vides, d'asymétries et
d'indéterminations.» [LYONS, 1970: 348]
Le lexique d'une langue présente une structuration hiérarchique, si l'on ne prend en
considération que la partie conceptuelle des mots qui forment le lexique d'une langue. Le problème de
la structuration hiérarchique des concepts intervient principalement dans la sémantique formelle, et en
particulier dans la logique et dans la psychologie cognitive. En conclusion :
«Les sémanticiens ont très souvent été tentés par la possibilité de d'écrire le vocabulaire d'une
langue selon un classement taxinomique hiérarchie qui va des catégories générales aux catégories
spécifiques. C'est le plan qu'adoptent plusieurs dictionnaires de synonymes. /…/ Le facteur le plus
important pour l'organisation hiérarchique du vocabulaire d'une langue à l'aide de la relation
d'hyponymie, c'est la structure de la culture au sein de laquelle cette langue sert de principal moyen de
communication. C'est un lieu commun de dire que les mots qui réfèrent à un produit du travail humain
ne peuvent être définis que par rapport à la fonction ou à la destination normale du référé. /…/ Mais
ceci est vrai pour le vocabulaire tout entier: non seulement il est anthropocentrique, mais de plus il est
lié à la culture. » [LYONS, 1970: 349]
b. Les définitions exprimées à l'aide d'un hyperonyme.
6
C'est nous qui soulignons.
La recherche en sémantique lexicographique a montré que pour la formulation du sens d'un
nom, il y a deux procédés d'écriture [COLLINOT, 1990 : 60] 7. La formulation du sens d'un nom peut
se faire :
– par une nominalisation qui montre le processus transformatif ;
grimace → s.f. Disposition de visage faite en sorte qu'il paraisse laid et hideux.
[Dictionnaire de l'Académie, 1694]
fiançailles → s. f. (au pluriel) Promesse de mariage en présence d'un Prêtre.
[Dictionnaire de l'Académie, 1762]
– par une équivalence synonymique :
ficelle → n.f. Sorte de petite corde qui est faite de plusieurs fils de chanvre [1694]
fiche → n.f. Petit morceau de fer ou d'autre métal servant à la penture des portes, des
fenêtres, des armoires, etc. Fiche à gond. [1762]
Il se dit aussi d'une → Petite cheville de bois ou de métal servant à fixer ou à
suspendre divers objets. [1832]
(pièce de fer … , dans le Dictionnaire universel)
fil → s. m. Petit brin long et délié qui se tire de l'écorce, du chanvre et du lin /…/. [1694]
Petite partie longue et déliée qu'on détache de l'écorce du chanvre, du lin, etc.
[1832] (petit corps long et délié … , dans le Dictionnaire universel)
fosse → s. f. Creux dans terre, large et profond. [1694]
(lieu qu'on creuse, pour y enterrer un mort … , dans le Dictionnaire universel)
fifre → n.m. Sorte de petite flûte d'un son aigu encore en usage dans certaines armées
étrangères. [1932]
(espèce de flûte d'Allemand … , dans le Dictionnaire universel)
Les termes génériques (soulignés ci-dessus) qui apparaissent dans les définitions de dictionnaire se
rangent dans un «continuum» conceptuel, depuis le plus les termes génériques (G) suivis d'un
déterminant spécifique (dét.), jusqu'aux hyperonymes forts (H forts) ayant une autonomie de
définition, donc pouvant remplacer dans le texte le terme plus spécifique :
Des hyperonymes forts et aux hypéronymes restreints
synonymes Divers degré d'hyperonymie synonymes
syntagmatiques paradigmatiques
(G + dét.) (H)
petit corps corde, flûte, brin lieu instrument oiseau
pièce de fer partie de… fruit
morceau de fer, animal
cheville de bois
Dans l'opinion de l'auteur de l'étude citée, les vrais hyperonymes sont les termes génériques
autonomes, les «hyperonymes forts» (à droite, dans le tableau). Les hyperonymes forts :
(i) se reconnaissent par «leur pouvoir d'intégrer d'hyponymes» : instruments, fruits, céréales,
oiseaux, etc. Ils représentent, seuls, une définition minimale d'un terme hyponyme : la cigale est
un insecte.
(ii) se caractérisent par leur autonomie définitoire : Le coing est un fruit. Le lièvre est un animal.
En revanche, certains termes génériques (G), qui figurent dans l'énoncé définitoire ne sont pas,
seuls, de synonymes du terme défini, mais seulement accompagnés d'un attribut restrictif. C'est
l'ensemble de la périphrase définitoire qui entretient un rapport d'équivalence synonymique avec le
7
L'auteur cite entre autres les définitions des mots fable, fiançailles, telles qu'elles sont données dans le Dictionnaire
universel d'Antoine Furetière, paru en 1690 à Rotterdam, et consacré en particulier aux «mots français des sciences et des
arts». Nous avons conservé les commentaires, mais, pour des raisons didactique, avons choisi d'autres mots d'illustration,
avec définition extraite de différents ouvrages lexicographiques, mentionnés dans le texte.
terme vedette expliqué dans le dictionnaire. Ces «hyperonymes restreints», suivis d'un déterminant qui
précise la forme, le fonctionnement, l'utilité, la provenance ou autre propriété spécifique de l'objet
défini. La structure d'un énoncé définitoire est donc :
1. mot vedette ou entrée – 2. les symboles pour la partie du discours de l'unité (verbe, nom,
adjectif etc.; par exemple: n.f. pour un nom féminin) – 3. un nominal tête (nom générique: G) –
4. une suite définitoire des propriétés spécifiques du mot.
Dans les premiers ouvrages lexicographiques (comme, par exemple, le Dictionnaire universel
d'Antoine Furetière), des termes d'un discours métalinguistique : «on dit», «c'est le mot employé pour»,
«se dit de», etc. faisaient la passage entre le mot expliqué et un hyperonyme fort :
nazaréen, enne – s.m. nom que les Juifs donnaient aux premiers chrétiens.
martin-pêcheur – nom donné à un passereau de couleur bleu-ciel, qui se tient au bord des cours d'eau.
martinet – espèce d'hirondelle à ailes longues et étroites.
marraine – 1. femme qui tient un enfant sur les fonts baptismaux. 2. Personne qui donne un nom à
quelque chose. 3. (par extension) Dame qui en présente une autre dans une société.
mineur – ouvrier qui travaille dans les mines.
sillage – marche d
un navire. trace qu'il laisse derrière lui à la surface de l'eau.
Application
Séries de concepts hyponymiques liées à une situation de discours
Exemple: le lexique de la maltraitance
– la brutalité
– les fractures
– les hématomes, les ecchymoses
– les brûlures, morsures, griffures
– les épanchements crâniens sous-duraux
– les lésions viscérales par éclatement et les hémorragies
… sont des sévices physiques;
– les humiliations, injures, brimades.
– les comportements sadiques, pervers.
– les manifestations de rejet
– l'abandon affectif
– les exigences disproportionnées à l'âge et au développement de l'enfant
– les punitions excessives
– le refus de subvenir aux besoins de socialisation
… sont des sévices psychologiques;
– les viols, incestes
– les attouchements
– l'exploitation à des fins de prostitution
– la pornographie
… sont des sévices sexuels;
– l'absence de soins
– 'inadéquation des soins par rapport à l'âge et au développement de l'enfant.
… sont des négligences graves.
La relation logique d'inclusion.
Les logiciens ont remarqué, en dressant des réseaux sémantiques à partir des lexèmes d'une
langue qu'il y a certains mots ayant des sens reliés par une relation du type "SORTE DE", selon le
schéma :
Le canarih est un oiseauH.
Le basseth est un chienH.