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Société d'agriculture de Paris. Mémoires d'agriculture, d'économie rurale et domestique. 1810.

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MÉMOIRES

PUBLIÉS PAR

LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE

DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE.
MÉMOIRES

D'AGRICULTURE,

D'ÉCONOMIE RURALE ET DOMESTIQUE,

PUBLIÉS PAR

LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE

DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE,

Imprimés par Arrêté de M. le Conseiller d'État 3


Comte de l'Empire , Préfet du Département.

TOME XIII.

A PARIS,
De l'Imprimerie et dans la Librairie de Madame HUZARD,
Imprimeur de la Société d'Agriculture, rue de l'Eperon
Saint-André-des-Arts, ii°. 7.

1810.
MÉMOIRES

D'AGRICULTURE,

D'ÉCONOMIE RURALE ET DOMESTIQUE.

DISCOURS

Prononcépar §. E, le Ministre de l'intérieur,


Comte DE MONTALIVET3 à touverture de la
Séance publique s tenue sous sa présidence ,
par la Société d'Agriculture du départe-
ment de la Seine , le \5 juillet 1810.

MESSIEURS,
Tel est sur nos goûts , sur nos besoins l'em-
pire du premier des arts, qu*au milieu des cités
les plus populeuses , des habitudes les plus étran-
gères, les plus opposées aux soins agricoles,
l'agriculture trouve cependant un sanctuaire ,
des hommes qui se vouent à, l'étude de ses pro-
grès , qui se consacrent au soin de les augmenter.
On a reproché aux Sociétés d'Agriculture
quelques vaines théories : depuis -
long temps
vous avez répondu à ces imputations par des
expériences multipliées, par la recherche des
A 3
*
(*r ; ;
meilleurs instriimensaratoires, par le perfec-
tionnement des divers genres de culture : rien
n'est accueilli chez
vous que lorsqu'une pratique
éclairée a prouvé qu'en des mains ordinaires,
avec des soins , avec des dépenses à portée de
tous, des résultats utiles et certains sont attachés
à ce qu'on vous propose.
Personne ne sauroit contester les progrès de
l'agriculture en France depuis trente ans : les
prairies artificielles , l'amélioration et la.multi-
plication des engrais, le changement des assole-
mens , l'introduction de plusieurs plantes oléa-
gineuses,.la propagation des mérinos ont enrichi
la France j vos conseils et votre exemple y ont
puissamment contribué.
L'aisance est plus
généralement répandue,
l'habitant des campagnes est presque par-tout
devenu propriétaire ; il àvoit peine à fournir à
ses premiers besoins, aujourd'hui il connoît des
jouissances.
C'est depuis dix ans sur-tout que ces progrès
ont été rapides : on travaille plus et mieux lors-
que l'on a la certitude de jouir avec sécurité du
fruit de ses travaux : d'ailleurs, quels puissans
encouragemens ne reçoit pas chaque jour l'agri-
culture d'un Gouvernement à qui rien de ce qui
est utile et grand n'échappe !
(7)
Des circonstances extraordinaires gênent-elles
nos communications? Il ne permet à l'étranger
d'introduire ses marchandises qu'autant que
nos vins, que nos grains auront été reçus au de-
hors*; Les besoins du luxe nous ont-ils rendus
tributaires de nos voisins ou de nqs rivaux? Le
Gouvernement ne néglige rien pour faire re-
couvrer aux
productions de notre sol la faveur
qui leur fut uninstant.dérobée. Ainsi nous n'a-
vons plus besoin que de nous-mêmes pour le
tabac; ainsinos vignes nous donneront du sucrej
notre garance remplacera la cochenille dans le
drap qui habille les troupes ; nos soies long-
temps négligées ont recouvré dans nos modes,
dans nos meubles , chez nos voisins , tous leurs
avantages ; desprix considérables ^ont proposés
à celui qui fera rivaliser notre pastel avec l'in-
digo, nos lins avec les cotons j en même temps,
des essais qui donnent déjà des espérances ten-
tent la naturalisation du cotonnier dans nos pro-
vinces méridionales que l'agrandissement de
l'Empire a rendusi importantes.
Nos bergeries nationales entretiennent des
mérinos de race pure à portée des diverses
contrées où ils peuvent le mieux se propager ;
les haras rétablis ont déjà amélioré la/race des
chevaux; nos écoles vétérinairesi-emplacent des
A4
(8)
empiriques dangereux par des hommes habiles
et instruits.
De nouvelles routes, des canaux habilement
projetés ouvrent des débouchés inespérés aux
productions de nos champs, autant qu'à celles
de notre industrie.
Lorsqu'on retrace tant de bienfaits, il semble
que l'encouragement de l'agriculture ait été la
seule pensée du Souverain; et notre reconnois-
sance peut oublier quelques instans que toutes
les autres branches de l'administration, que la
gloire de ses armes , la dignité , la grandeur,
la prospérité de son peuple, occupent égale-
ment le coeur et le génie du plus puissant des
Monarques.

Réponse de M. le Sénateur Comte FRANÇOIS DE


NEUFCHATEAU, Vice-Président de la Société.

MONSEIGNEUR,
Cette séance mémorable* présidée par le
Ministre protecteur naturel de l'écqnomie ru-
rale , sera notée comme un jour de fête pour
l'agriculture. Toutes les Sociétés qui s'en occu-
pent prendront part à la faveur que reçoit celle
de Paris par la présence de Votre Excellence.
Nous avons l'avantage d'être placés sous ses
yeux, au centre de l'Empire; de là, nous sommes
(9)
chargés de distribuer au loin les bienfaits et les
récompenses que le Gouvernement nous met à
portée de décerner aux cultivateurs les plus di-
gnes d'être encouragés. Heureux si les détails
de la séance et les divers rapports que Votre
Excellence va entendre justifient la confiance
dont elle nous honore , et répondent à l'opinion
favorable qu'elle a conçue de nos travaux et
qu'elle a bien voulu exprimer dans son dis-
cours !
( I©D

COMPTE
Rendu des Travaux de la Société d'Agri-
culture du département de la Seine,
pendant l'année 1809, à la. Séance générale
du i5 juillet 1810 (i)j

Par M. SILVESTRE , Secrétaire.

i-VJ-ESSIEURS,
Dans les rapports que j'ai eu l'honneur de
mettre sous vos yeux, lors de vos dernières
séances publiques, j'ai fixé votre attention sur
la marche générale en France
de l'agriculture ,
je l'ai fixée sur les résultats obtenus de vos tra-
vaux particuliers. Dans ces rapports, je vous
ai parlé d'établissemens de mérinos et de haras ,
de matières sucrées indigènes , de fixation des
dunes, de naturalisation de plantes exotiques,
de prairies artificielles , de plantations , de
voyages agricoles entrepris par ordre du Gou-
vernement et d'instructions publiées sous ses
auspices. J'aurai encore à vous entretenir au-

(1) Voyez le rapport des travaux de l'année 1808,


tome XII, page v.
(»)
jourd'hui des mêmes objets f. et je trouve dans
cette nécessite la première certitude que J'amé-
lioràtion s'avance d'une manière assurée ; puis-
que les entreprises commencées se continuent,
puisque le Gouvernement encourage les mêmes
travaux , puisque vous vous occupez toujours
des mêmes objets, c'est une îDreuve que l'amé-
lioration rurale est dans sa véritable route ; c'est
aussi un gage assuré de ses progrès : car en agri-
culture , plus que dans tous les autres arts , c'est
de la persistance à suivre les mêmes erremens
qu'on doit attendre dès résultats certains : la
nature ne répond à l'observateur qu'après avoir
été interrogée long-temps; et nous travaillons
sous l'empire de circonstances si variables et si
indépendantes de la prévoyance humaine, que
des résultats qui, pour d'autres arts, serbient
des données irrévocablement acquises , ne sont
encore pour nous que des essais.
L'année qui vient de s'écouler a sur-tout été
remarquable par le nombre d'ouvrages recom-
mandables et classiques qui ont été publiés
sur l'agriculture. C'est dans le cours de cette
année que le Dictionnaire d'économie rurale a
paru ( i ); cet ouvrage aétérédigé le plan
d'après
(1) Nouveau Cours complet d'agriculture théorique et
pratique, contenant la grande et la petite culture ,1'eco-
( "5
de Rozier, et les auteurs, en conservant toutes
les utiles observations de leur célèbre prédéces-
seur, ont élagué des articles moins utiles à
l'homme des champs j et ils ont ajouté tout ce
que les connoissances modernes avoient fourni
de réellement instructif. L'analyse des princi-
paux articles de ce dictionnaire seroit déjà un
long résumé de vos travaux , Messieurs ; plu-
sieurs membres de votre Société ont su y ren-
fermer dans-leplus court espace possible les ma-
tériaux de traités complets sur les branches les
plus importantes de l'agriculture : mais l'épuise-
ment rapide de l'édition prouve que cet ouvrage
a été apprécié comme il devoit l'être ; il est déjà
connu de la plupart des personnes présentes à
cette assemblée, et les auteurs j ouissent en ce mo-
ment de l'estime que doit leur mériter l'impor-
tant travail auquel ils ont consacré leurs veilles.
M. le comte François de Neufchâteau a
publié un ouvrage sur l'art de multiplier les
grains (i) ; il a exposé dans ce travail tout ce qui

nomie rurale et domestique, la médecine vétérinaire, etc.}


ou Dictionnaire raisonné et universel d'agriculture. Par
les Membres de la Section d'Agriculture de l'Institut de
France, etc. avec des Jig. en taille-douce. Paris, 1809.
i3 volumes in-8°.
(1) L'Art de multiplier les grains, ou Tableau des ex-
( i5)
a été. tenté jusqu'à présent pour perfectionner
l'agriculture et augmenter leproduitde ces pré-
cieux végétaux qui forment la base de la nourri-
ture de l'homme'dans tous les pays; et certes, si
les moyens qu'il a indiqués, si les tentatives nou-
velles qu'il propose, peuvent procurer d'assez
grands avantages pour assurer un juste bénéfice
à ceux qui se livrent à la culturedes céréales,
jamais livre n'aura apporté plus de consolation
et n'aura produit un
plus grand bien. Dans les
circonstances actuelles , conserver un bénéfice
suffisant au cultivateur de blé, et maintenir cette
denrée au prix, modique désiré par le consom-
mateur , serpit le plus beau résultat à obtenir
pour l'agriculture françoise.
Notre collègue Desfontaines a rédigé une
histoire des arbres et arbrisseaux , qui sont où
qui peuvent être cultivés en pleine terre sur le
sol de la France ( i) ; cet ouvrage, qui retrace et
perfectionne les traités sur lesquels Duhamel
a fondé sa principale gloire, est une nouvelle
i
périences qui ont eu pour objet d'améliorer la culture des
plantes céréales, d'en ch.of.sir les espèces et d'en augmenter
leproduit. Paris , 1809. 2 vol. in-ia.
(1) Histoire des arbres et arbrisseaux qui peuvent être
cultivés en pleine terre sur le solde la France'. Paris, 1809.
a volumes in-8°.
(«4>
preuve du bon espritqui anime et'qui doit tou-
jours diriger.les:agronomes et les naturalistes^
Il offre beaucoup de faits en peu; de mots,
beaucoup de science sans
apparat, beaucoup
de moyens, de richesses et dfaméliorations pour
1$ plus modique-des rétributions. ;' ,; •
Le traité d'architecture rurale',* publié>par
notfre collègue de PertAui^n'a. pas moins servi
l'agriculture .quelles ouvrages estimables que
j'ai déjà cités. (ï); L'état des habitations rurales
inspire depénjbles:réflexionssurles accident et
les inconyéftiens dé tout genre, auxquels les
mjalheureux habitkns des campagnes sont con-
tinuellement exposés. Le sol humide de là plu-
part des habitations , l'air comprimé et délétère
q,u,i sert'à la respiration, lés dangers sans cesse
renaissahs du feu ou de la contagion, fixent
douloureusement la pensée de- l'observateur ;
et lorsque cet observateur 1 est aussi familier
avec les principes, des constructions bonnes et
économiques , qu'il l'est avec les' besoins "de
nos cultivateurs, les moyens qu'il propose sont
tous appropriés à son sujet, et d'une exécution
aussi sûre que facile. On doit savoir gre à
M. de Perthuis d'avoir joint à ce traité de fort
bonnes indications sur les travaux à faire pour

(i) Traité d'architecture rurale. Paris, 1810. in-4°. fig-


( i5)
faciliter les communications rurales 3 conserver
les récoltes sur pied, assainir lés'terres' en euh-
tut-e et améliorer les produits dès prairies na-
turelles.
Il n'a paru cette année aucun écrit sur les
haras, mais notre collègue i7az<z/?/av0itposé
lès basés d'une suffisante instruction (i);l'exécu'-
tiôtisë poursuit aveé activité , et grâce à la bien-
veillante et continuelle sollicitùdé-du Ministre
ami de l'agriculture, qui travaille à tes former
et à les soutenir 5 bientôt là pensée toutè^htièrê
du Génie qui à voulu leur restauration sera ac^-
complie, les étàbiissemens par le Gou-
créés
vernement s'augmentent et se consolident ; les
encouragemens qu'il distribué réveillent l'ému-
lation , les races'presque détruites se renouvel-
lent; déjà le Limousin n'a presque plus à re-
gretter son ancien état de prospérité; déjà lés Py-
rénées , le pays de Deux-Ponts prépaient à notre
cavalerie légère dés remontés sûres et nom-
breuses; par-tout l'amélioration se fait
sentir, et
pàr-tout, il est dpiix de le répéter,l'émulation,
iîéè seulement de l'instruction^et dé l'exempte-,
a fait faire plus de progrès en quatre années-,

(1) Instruction sur l'amélioration des chevaux en France,


destinée principalement aux cultivateurs. Paris, an X.
111-8°. ••-"'
( x6)
que le régime coercitif n'eût pu en obtenir dans
l'espace d'un demi-siècle. /-
L'état des bêtes à laine , qui avoitpris une
marche si rapide d'accroissement et d'améliora,-;
tion, vous paroît sans doute en ce moment sta-
tionnaire ; des circonstances glorieuses pour la
France , heureuses pour ses manufactures de
draps, ont
jeté dans la circulation une surabon-
dance de laines fines , qui a causé un encom-
brement momentané dans la main des proprié-
taires de troupeaux ; foibles , isolés , sans .ca-
pitaux , plusieurs forcés de recevoir la loi, ont
gémi sur le présent, ils ont tremblé pour l'ave-
nir, ils ont voulu tarir eux-mêmes laplusjriche
de leurs propi'iétés. Heureux ceux que lé rai-
sonnement .a pu conduire à ne pas céder à; cet
inconvénient passager ; la laine des mérinos
françois reprendra bientôt toute sa valeur , et
peut-être un jour les animaux de cette race amé-
liorés dans nos mains , dont la laine conserve
sa finesse sans altération de génération en géné-
ration, et dont les formes se perfectionnent en
France , seront-ils désirés dans les lieux mêmes
'
dont ils sont originaires. :
Au reste, cette branche d'industrie a reçu
cette année le plus réel des encouragemens ^
une instruction complète et détaillée , attendue
avec
(*7)
avec impatience depuis long-temps , a été ré-
digée par M. Tessier et publiée par ordre du
Gouvernement (i); cet ouvrage qui renferme
les moyens de connoître, choisir et élever les
bêtes à laine, sur-tout celles de race superfine ,
contient aussi des notions suffisantes sur ceux
de prévenir et de guérir plusieurs maladies aux-
quelles ces animaux sont particulièrement su-
jets ; il présente enfin un traité complet qui peut
servir, de guide assuré dans la pratique.
On doit aussi cette année à notre
collègue
Huzardune quatrième édition de l'Instruction
pour les Bergers rédigée dès 1782 par Dauben-
ton; l'éditeur vient d'enrichir cet ouvrage de
notes précieuses qui le mettent au niveau de
toutes les connoissances acquises depuis vingt-
cinq années (2). On peut donemaintenant regar-
der c'ette branche de l'économie rurale comme
une des plus avancées, puisque toutes les opéra-

Ci) Instruction sur les bêtes à laine, et particulièrement


sur la race des mérinos, contenant la manière déformer
de bons troupeaux , de les multiplier et soigner convena-
blement en sant&eten maladie. Paris, 1810. in-8°. fig,
(2) Instruction pour les bergers et pour les propriétaires
de troupeaux, avec d'autres ouvrages sur les moutons et
sur les /aines. Publiée par ordre du Gouvernement, avec
des notes. Paris, 1810. in-8°. fig.
Société d'Agric. Tome XIII. B
( i8)
tions qui la concernent sont décrites avec une
précision et une clarté qui ne permet plus au
cultivateur de s'égarer. Il seroit à désirer pour
les progrès de l'art que toutes ses parties fussent
traitées avec le même soin, et que la collection
des instructions partielles , que le Gouverne-
ment a commencé à faire publier , fût entière-
ment complétée (i).
Un autrelivre d'un très-grand intérêt pour l'a-
griculture vient aussi de paroître,
c'est le Traité
sur les Abeilles, rédigé par M. Feburier (2) ;
il étoit sans doute très-bon de réunir dans un
seul cadre toutes les observations utiles qui ont
été publiées sur les abeilles , et de présenter
un ensemble qui pût servir d'instruction suffi-
sante au cultivateur, et qui lui fît apprécier les

avantages et les inconvéniens des méthodes qui


tour.-à-tour ont été
préconisées, pour l'entre-
tien et la multiplication de ces insectes. M. Fe-
burier, guidé par une saine théorie, éclairé
par une pratique raisonnée et par des expé-

(1) Toutes ces instructions, ainsi que les ouvrages an-


noncés dans ce compte rendu , se trouvent dans la librairie
de Madame Huzard, rue de l'Eperon Saint-André-des-
Arts, N°. 7.
(2) Traité complet théorique et pratique sur les abeilles.
Paris , 1810. in-8°. fig.
( *9)
riences multipliées, a exposé un enchaînement
de faits bien constatés qui peuvent suffire à
guider le propriétaire d'abeilles , et faciliter ce
travail intéressant, en améliorant, sous le rap-
port de la simplicité et de l'abondance, les opéra-
tions relatives au bon entretien des ruchers, et
à l'art d'en obtenir et d'en préparer les produits.
Les recherches qui ont pour objet d'aug-
menter la production du miel acquièrent en-
core un plus grand degré d'intérêt dans la cir-
constance actuelle, où la France veut trouver
sur son propre sol toute la matière sucrée né-
cessaire à sa consommation. Le travail des
abeilles convenablement dirigé et étendu pour-
roit sans doute fournir une masse immense à
cette consommation ; le haut prix du miel doit
fixer l'attention des cultivateurs , et les méthodes
faciles nouvellement indiquées peuvent donner
lieu à un accroissement considérable des ruches
qu'on peut entretenir également dans toutes les
parties de l'Empire.
Une
des brancheâ de notre industrie qui a fait
le plus de progrès cette année est la fabrication
du sirop de raisin ; le Midi sur-tout a vu naître
de nombreuses fabriques ; celles de Montcallier ,
de Meze, de Noizieux , d'Alexandrie , de Ber-
gerac, de Turin, de Toulon, de Montpellier,
B 2
(20)
ont été
remarquables par les excellens sirop3
qu'elles ont fournis; mais la quantité considéra-
ble qui en a été mise dans le commerce est en-
core loin de suffire aux besoins des consomma-
teurs ; par-tout ces sirops ont été appréciés, et
les demandes nombreuses auxquelles les fabri-
cans n'ont pu satisfaire donneront sans doute
lieu cette année à une fabrication beaucoup
plus considérable. L'instruction que notre col-
lègue Parmentier vient de publier rectifie en-
core tes procédés ; elle fait mention des résul-
tats déjà obtenus, et son zèle infatigable qui lui
a fait instruire, diriger et soutenir plusieurs
propriétaires de grandes fabriques , l'a porté
aussi à recueillir et à fixer de la manière la plus
positive tous les procédés de l'art, dans la troi-
sième édition de son Instruction qu'il vient de
rédiger par ordre du Gouvernement (i).
L'intérêt que SA MAJESTÉ L'EMPEREUR a mani-
festé pour le succèsde ce genre d'occupation,la
munificence qu'il a développée dans les récom-
penses qu'il a daigné accorder à MM. Proust
et Fouques, assurent aux fabricans que leur

(i) Traité sur l'art de fabriquer les sirops et lesconserves


de raisins, destinés à suppléer le sucre des' colonies dans
les principaux usages de l'économie domestique. Paris ,
1810. in-8°.
(21 )
travail obtiendra un de ses regards ; et ce regard
sera leur plus belle récompense et le plus puis-
sant mobile de leur émulation : mais ce n'est pas
seulement du sirop de raisin qu'il attend de leur
industrie, des essais déjà couronnés de quel-
ques succès donnent lieu
d'espérer qu'on ex-
traira du sucre concret de nos raisins ; MM. De-
rosne, Anglada , Bournisac , Astier, Baruel,
Laroche, et sur-tout Fouques , en ont obtenu
des quantités assez notables par différens pro-
cédés. Ces méthodes ont encore besoin d'être
perfectionnées , et c'est cette utile recherche
qui doit occuper sur-tout les hommes qui se li-
vreront à ce genre de travail.
C'est principalement du Midi de la France
qu'on peutespérer les meilleurs résultats des
entreprises pour la fabrique des sirops et sucres
de raisin ; mais la partie la plus septentrionale
même ne sera pas privée de trouver sur son
sol la matière sucrée nécessaire à sa consom-
mation. Les essais faits en Prusse sur les moyens
de retirer le sucre de la betterave ont été ré-
pétés en France cette année avec plus de succès
que les précédentes ; ils ont été assez favora-
bles pour déterminer un propriétaire, M. Scey,
à former dans le département du Doubs une
grande fabrique de sucre de betteraves, et
B 5
(22)
son exemple, s'il est heureux, sera bientôt
imité.
Les tentatives pour la culture du cotonnier
ont été suivies avec une nouvelle activité , et
quoique l'intempérie de la saison en 1809 nait
pas permis d'obtenir des résultats aussi avanta-
geux qu'il auroitété désirable, néanmoins on a

acquis la certitude que sur plusieurs points de

l'Empire le cotonnier peut croître , et produire


du coton d'une grande beauté. Indépendam-
ment d'un assez
grand nombre de cultivateurs
que le goût de cette culture et les récompenses
promises ont déterminé à se livrer à ce travail,
quatre établissemens de ce genre sont en ce mo-
ment entretenus par le Gouvernement; ils sont
situés , à Hy ères , à Perpignan
à Arles et à Mont-

pellier ; la saison se présente sous un aspect plus


favorable que les années précédentes , et tout
fait présager que l'on saura bientôt positivement
à quoi s'en tenir sur les espérances qui ont été
conçues à cet égard.
Nous sommes
obligés , Messieurs , de passer
bien rapidement sur les divers ouvrages ou mé-
moires vous ont été adressés de la part de
qui
vos membres ou de vos correspondans ; quel-
qu'intérêt que pût présenter l'analyse de tra-
vaux qui ont servi éminemment àl'amélioration
( * )
de l'agriculture, je me bornerai à vous citer le
mémoire dans lequel M. Sageret vous a décrit
le procédé ingénieux qu'il avoit employé pour la
restauration d'un bois presque détruit (i ); celui
de M. Lombard sur la manière de se procurer
artificiellement des essaims (2); ceux de M. Or-
dinaire sur la culture du colza dans le déparle-
ment du Haut-Rhin, et sur les travaux agricoles
des Anabaptistes dans le même département; le
mémoire de M. Dauphin sur la culture de la
vigne dans le département du Jura (3 ; ceux de
M. du Petit Thouars sur la physique végé-
tale (4); ceux de M. de Cubières sur le cyprès de
la Louisiane (5) et sur le Magnolia auriculatay
celui de M. Paris sur la culture de la soude dans
le département des Bouches-du-Rhône (6); l'ou-
vrage de M. Girod Chantrans sur la géographie

(1) Ce mémoire se trouve dans les Annales de l'Agri-


culture françoise , tome XLII, page 41 •
(2) Idem, tome XLI, page 335.
(3) Idem, tome XL , page 5.
(4) Essai sur la -végétation considérée dans le dévelop-
pement des bourgeons. Paris , 1809. in-8°.
(5) Mémoire sur le Cyprès de la Louisiane ( cupressus
disticha , de Linné). Versailles , 1809. in-8°. fig.
(6) MémoiresurlaculturedelaSoude,dansl'arrondisse-
ment de ,Tarascon , département des Bouches-du-Rkâne.
Paris, 1810. in-8".
B4
( *4)
physique ; le climat et l'histoire naturelle du dé-
partement du Doubs ( i ) ; ceux de M. Amoreux
sur les haies , te bornage des propriétés rurales,
et l'état de la végétation sous le climat de Mont-
pellier (2); celui de M. Cadet de Vaux sur la cul-
ture et la préparation du tabac (3) ; les rapports
de M. de Perthuis sur les avantages de l'emploi
de la scie au lieu de la hache pour le façonnage
du bois de chauffage (4). Je ne puis cependant
passer aussi brièvement sur le compte que M. te
sénateur comte Depère vous a rendu du voyage
qu'il a fait cette année dans les départemens du
Midi, particulièrement dans ceux de la Vienne ;
des Landes et de la Gironde, et d'où il a rapporté
des observations précieuses qu'il vous a présen-

(1) Essai sur la géographie physique, le climat et


l'histoire naturelle du département du Doubs. Paris ,
1810. 2 volumes in-8°. fig.
(2) Mémoire sur le bornage, ou la limitation des pos-
sessions rurales. Montpellier, 1809. in-8°. — Traité
des haies vives-, destinées à la clôture des champs ,
des prés, des vignes et des jeunes bois. Montpellier ,
1809. in-8". fig.
(3) Traité de la culture du tabac , et de la préparation
de sa feuille, réduites à leurs vrais principes. Paris, 1810.
in-12.
(4) Annales de VAgriculture française, tome XLI,
page 5i.
(25)
tées dans trois mémoires successifs (i); elles at-
testent queces contrées, encore incultes en trop
grande partie, commencent pourtant à s'amé-
liorer par l'introduction des prairies artificielles.
Les communications qui vont leur être accor-
dées, les dessèchemens qu'on a entrepris, les
plantations de vastes dunes, tout fait présager
que cette partie de l'Empire sera bientôt portée
au degré de prospérité agricole auquel elle peut
atteindre.
Combien j'aimerois à vous rappeler 5 Mes-
sieurs , tout ce que
vous devez de renseigne-
mens à la correspondance que vous avez entre-
tenue avec presque toutes les Sociétés d'agricul-
ture de l'Empire , tout ce qu'ont fourni d'ins-
tructions remarquables les travaux sur tout des
Sociétés de Versailles, de Provins, de Marseille,
des Landes, de Turin, de Lyon, de Boulogne-
sur-Mer, du Haut-Rhin 3 de Clèves , du Doubs ,
de la Haute-Garonne, de l'Hérault, des Hautes-
Alpes ; le tableau des améliorations opérées prin-
cipalementparles effortsde cettedernièrevousa
paru tellement remarquable que vous avez cru
devoir lui offrir une médaille , comme un témoi-

(1) Annales de l'Agriculture françoise, tome XLI,


page 206; — idem, page 348; —tome XLII, page 63 j —>
idem, page i45.
(a6)
gnage d'estime et de satisfaction. Parmi les réu-
nions d'agriculteurs qui ont eu des relations
avec vous, nous ne devons point oublier celle
de Philadelphie qui vous a envoyé un volume de
ses mémoires(i),nile Bureau d'Agriculturede
Londres, qui, en vousoffrant par l'organe de son
président de concourir avec vous aux progrès
de l'agriculture le bonheur du monde,
pour
vous a envoyé le recueil de ses ouvrages, et
vous a prouvé combien il apprécioit les vôtres,
et notamment le livre immortel à'Olivier de
Serres dont on vous doit la dernière édition (2).
Cette correspondance avec le Bureau d'Agri-
culture de Londres a été pour l'Empereur une
occasion d'exercer un nouvel acte de magna-
nimité. Le blé de mars dont la culture est ap-
préciée en Angleterre y manquoit tout-à-fait;
Sa Majesté a daigné vous autoriser non seule-
ment à correspondre avec le Bureau d'Agricul-
ture de Londres , mais encore à envoyer la se-
mence de blé de mars que ce bureau vous avoit
demandée.
Les concours que vous avez ouverts les an-

Ci) Memoirs of the Phrfalelphia Society for promo-


ting agriculture. Piiiladelphia , 1808. in-8°. fig.
(2) Le Théâtre d'Agriculture et Mesnage des Champs.
Paris, ans XII et XIV. 2 volumes \a-\a. fig-
( a7 )
nées précédentes sous l'autorisation du Minis-
tre de l'intérieur et de M. le conseiller d'état
préfet du département de la Seine ont produit
d'heureux résultats; j'ose à peine yous rappeler
ici que, dés l'année dernière , vous aviez proposé
un prix pour la culture du pastel, et pour la
découverte d'un bleu qui pût remplacer l'indigo
dans nos manufactures (i); ce voeu, que vous
aviez émis avec la timidité que justifioit la dif-
ficulté de l'entreprise , vient d'être prononcé
d'une voix puissante à laquelle rien n'a j amais ré-
sisté ; des encouragemens dignes du Monarque
qui les promet vont exciter les concurrens, et,-
plus que ces encouragemens encore , le désir de
seconder les vues du Souverain qui commande
et d'obtenir un de ses regards, excitera des ef-
forts si multipliés qu'ils seront enfin couronnés
de succès.
Plusieurs autres concours que vous aviez ou-
verts, tels que celui pour des jachères
l'abolition ,
pour l'usage des meules perfectionnées , pour
l'introduction de nouveaux engrais, pour un
registre à l'usage du cultivateur, pour la plan-
tation des oliviers, pour des machines hydrau-
liques appliquées aux besoins de l'agriculture,
et pour la traduction des meilleurs ouvrages
(1) Voyez tome XI de ces Mémoires, page lxxxviij.
(28)
étrangers, ont été continués; vous avez cru
devoir retirer les prix que vous aviez pro-
posés pour les arbres cultivés dans les en-
virons de Paris, et pour l'almanach du culti-
vateur. Vous avez toujours à distribuer pour
1811 le prix pour une culture étendue du poi-
rier et du pommier; pour 1812, ceux pour la
fabrication des fromages et pour la multipli-
cation des abeilles. Vous proposez aujourd'hui
deux nouveaux prix: l'un de i,5oo francs relati-
vement aux fourrages qui peuvent fournir aux
animaux domestiques la nourriture la plus pré-
coce et laplus abondante ; l'autre de 1,5oo francs
également, pour la description exacte de cet art
du maraîcher, qui apprend à décupler les pro-
duits du sol, et à suppléer à son exiguïté par
les efforts multipliés et continuels d'une mer-
veilleuse industrie.
Je n'anticiperai point ici sur les rapports qui
vont vous faire connoître tout ce qu'ont pro-
duit de satisfaisant les concours que vous avez
ouverts sur
le perfectionnement de la charrue,
sur les observations vétérinaires, ni sur celui
qui vous a procuré sur tes améliorations agri-
coles des renseignemens si nombreux dans
toutes les parties de l'Empire ; diverses com-
missions sont chargées de vous en présenter
( *) )
l'analyse. seulement,
Puis-je en terminant cette
notice, fixer un
moment votre attention sur la
véritable cause de ces diverses améliorations et
sur le moyen d'accélérer d'une manière cer-
taine leur extension ! Les encouragemens don-
nés par le Gouvernement, les travaux multi-
pliés des
Sociétés d'Agriculture, le séjour des
propriétaires dans les campagnes, les bons ou-
vrages répandus avec profusion , les exemples
d'une culture perfectionnée , agissent tous sur
l'agriculture et lui font faire des progrès : mais
il est une cause unique , mobile de toutes celles
que je viens de vous rappeler, cause toute-
puissante , cause à laquelle seule on peut •de-
voir des succès généraux et constans; cette
cause , Messieurs, est l'instruction ; elle seule
peut diriger le cultivateur dans la bonne route ,
elle seule l'éclairé sur ses véritables intérêts ;
qu'elle soit présentée par l'autorité, qu'elle
soit offerte dans des écrits , ou bien qu'elle soit
donnée par des exemples , on en obtient tou-
jours d'autant plus d'effets qu'elle a été mieux
reçue; c'est donc vers les moyens de propager
une saine instruction agricole , c'est vers les
moyens d'en pénétrer tes propriétaires , d'en
éclairer les habitans des campagnes , que doi-
vent tendre tous les efforts de ceux qui, pen-
(3o)
sant que l'agriculture a encore des progrès à
faire , veulent assurer ces progrès et les ob-
tenir dans le plus court délai ; plus cette ins-
truction sera directe, plus elle sera efficace :
donnée seulement dans les livres , ou par les
Sociétés d'Agriculture , sur-tout dans l'état
actuel de leur organisation, ou même par des
établissemens ruraux, alors beaucoup de pré-
ceptes sont perdus , les observations isolées
sont mal entendues ou négligées. La science
agricole est maintenant fondée sur des bases
solides, liées entre elles, et qui forment une
chaîne dont tous les anneaux sont étroitement
assemblés ; cette science, comme toutes les
autres, peut être méthodiquement enseignée;
c'est dans les écoles publiques que les pro-
priétaires devroient dès leur jeunesse prendre
ces notions précises sur l'économie rurale et
publique , qui seront d'une si grande utilité
pour eux et pour l'État, lorsqu'ils auront
acquis un âge plus avancé. C'est dans les
Cours publics d'économie rurale que les ad-
ministrateurs des départemens et des com-
munes , tes curés , les jurisconsultes et tous les
hommes qui par état ont des relations multi-
pliées avec les cultivateurs, pourroient prendre
connoissance des intérêts et des ressources de
(5x )
l'agriculture , et qu'ils deviendroient à même
de la servir parleur administration, parleurs
conseils ou par leurs exemples. Cette vérité ,
Messieurs , devenue trop facile à démontrer,
appuyée sur les raisonnemens les plus clairs ,
sur les faits les mieux constatés , ne peut man-
quer d'être appréciée par un Monarque qui a
pour but unique la gloire et le bonheur du
vaste Empire qu'il a régénéré ; elle sera en-
tendue par le Ministre éclairé qui connoît l'im-
portance du premier des arts , qui a déjà tant
fait pour ses progrès depuis son entrée au Mi-
nistère de l'intérieur, et qui prouve aujour-
d'hui, en daignant présider à vos travaux ,
combien il apprécie vos efforts et combien le
noble sujet qui les excite occupe un rang élevé
dans sa pensée.
( 32)

RAPPORTS

Faits à la Séance publique de. la Société


du 15 juillet 181 o, sur les divers Concours
proposés pour cette année.

i°. Concours pour la plantation de Mûriers.



.DANS sa séance publique du 5 avril 1807, la
Société avoit annoncé qu'elle décerneroit en
1810 un premier prix de 1,000 francs , et un
second de 5oo francs , aux deux cultivateurs
qui auroient établi, depuis l'année i8o5, la
pépinière la plus considérable de mûriers à
haute tige : cette pépinière ne pouvant être
moindre , pour le premier prix, cents
de douze
pieds , et pour le second, de six cents , tous
vivaus , tous greffés , de belle venue et prêts à
être plantés à demeure.
La Société n'a reçu que trois mémoires dont
un portant cette épigraphe , Y Agriculture est
la mère nourrice des , a été écarté
hommes ,
parce que l'auteur paroît n'avoir pas saisi la
question. Il a présenté un mémoire fort dé-
taillé
(33)
taillé et assez instructif sur la culture du mû-
rier , lorsque le programme exigeoit l'établis-
sement d'une pépinière.
Celui de ces mémoires coté N°. 3 est accom-
pagné d'un certificat des maire et membres du
Conseil municipal de la commune d'Eurre,sous-
préfecture de Die , département de la Drôme ,
et de quelques membres de la Société d'Agri-
culture du même département, le tout légalisé
par MM. les préfet et sous-préfet; ce certificat
porte que M. Duvaure, propriétaire en la com-
mune d'Eurre, a fait, au printemps de 1806, une
pépinière de quinze cents pieds de mûriers, et,
au printemps suivant, une autre pépinière de
huit mille pieds, tous à haute tige, de belle
venue , greffés en tête , tous vivans et prêts à
être plantés à plein vent et à demeure ; que le
même cultivateur a planté dans ses possessions,
en 1808 et 180g , trois cents pieds de mûriers
à plein vent et à demeure, tous greffés et de
belle venue.
Le même certificat porte que M. Duvaure a.
préparé un terréin destiné à recevoir , au prin-
temps de i 810 , une pépinière de six mille pieds
de mûriers, et que , depuis environ trente ans,
il a constamment donné des soins particuliers à
la culture en grand de cet arbre précieux; qu'il
Société d'Agric. Tome XIII. C
(34)
en a planté annuellement une quantité plus ou
moins considérable , même dans les temps ora-
geux de la révolution , pendant lesquels ce genre
de culture fut abandonné par la plupart des
cultivateurs du midi, à cause du bas prix de la
soie. Par ce moyen les plantations anciennes de
M. Duvaure se composent encore de sept mille
cinq cents pieds de mûriers , tant à haute tige
qu'à demi-tige ou en haie.
M. Duvaure a joint à ce certificat quelques
observations sur les avantages qui résultent,
pour les habitans du midi de la France , de la
culture en grand du mûrier; la récolte des co-
cons étant celle qui dédommage le plus promp-
tément le cultivateur de ses soins , puisque l'é-
ducation des vers à soie se termine dans trente
jours , qu'elle a lieu entre la fauchaison et la
moisson, et qu'elle est plus particulièrement
abandonnée aux femmes , et même à celles
qui, pour l'ordinaire, ne s'occupent pas des
travaux de la campagne.
M. Duvaure termine ses observations par
l'engagement formel de livrer la pépinière de
neuf mille cinq cents pieds à un tiers au-dessous
de la valeur qu'auront dans le département de
la Drôme les mûriers des autres pépinières ,
mais seulement aux propriétaires les moins
(35)
à ceux dont 1
aisés , c'est-à-dire les contributions
directes n'excéderont pas 5o francs.
La Société décerne à M. Duvaure le premier
prix de 1,000 francs , en l'invitant à continuer
de donner l'exemple dans son département du
zèle dont il paroît avoir toujours été animé.
Le N°. 2 portant cette épigraphe, miratui'que
no vos , senti ne non suo , arbor cr esc ère suc-
culos, est accompagné d'un certificat du îriàire
de Chousy-sous-Blois, département de Loir-et-
Cher, et d'un autre de M. le préfet de ce dépar-
tement, par lesquels ilconste queM. Rallier,
propriétaire, a établi, depuis Tannée i8o5,
trois pépinières de mûriers blancs ; qu'il a fait
greffer en 1807 nu^ cents mûriers ordinaires
à mi-tige, et eh 1808 douze cents à haute tigej
Que les écussons faits en 1807 ont donné,
l'année suivante , plusieurs jets d'un mètre à
un mètre trente-trois centimètres de hauteur,
et que les jets d'un beaucoup plus grand nombre
avoient d'un mètre soixante-six centimètres à
deux mètres trente-trois centimètres de hau-
teur, tous d'une grosseur proportionnée à cette
élévation , et de la plus grande vigueur ; mais
que les gelées du mois d'avril 1809 en ont fait
périr une grande partie ;
Que les écussons faits en 1808 étoient bien
Ca
(36)
vifs au mois de mars 1809; l'03^ de la greffe
étoit très-gros lorsque la gelée, et particulière-
ment la neige qui s'y est fixée dans la nuit du
3 au 4 avril, ont arrêté la sève et fait périr un

grand nombre de ces derniers écussons ; d'où


il est résulté que, des deux mille greffes faites
en 1807 et i8c8, il n'y en a eu que cinq cent
soixante, .tant à haute tige qu'à mi-tige, qui
aient résisté à la gelée du mois d'avril 1809,
et qui soient de belle venue et en état d'être
transplantées à demeure ;
Que ce cultivateur sème chaque année beau-

coup de
graines de mûrier; qu'il a actuelle-
ment deux cent huit jeunes arbres non greffés ,
dont la feuille est pourtant très-grande, plantés
à demeure l'hiver dernier 1809, tant>d Chousy-
sous-Blois qu'à Landietà Besay ; qu'il lui en
reste en pépinière deux cents à haute tige, en
état d'être transplantés à demeure dans le cou-
rant de cet hiver, et;un plus grand nombre
pour;les années suivantes;
Que ce cultivateur axontinué de faire greffer
des mûriers blancs dans l'une de ses pépinières,
au mois d'août dernier , et que te nombre de
ces derniers s'élève à quatre cents;
Qu'il met enfin autant de soin pour faire élever
des vers à soie dans le Blaisois, où personne ne
(57)
s'occupoit de ce genre d'industrie, que pour
multiplier les plantations de mûriers blancs dans
te département; qu'il a fait venir de la Tou-
raine deux femmes instruites qui ont formé
plusieui's élèves, tant pour l'éducation des vers
que pour le tirage de la soie, et que cette soie
a mérité, dans chacune des années 1806, 1807
et 1808, lespremiers prix aux concours pro-
posés par la Société d'Agriculture du départe-
ment d'Indre-et-Loire ;
La Société accorde le second prix de 5oofrancs
à M. Rattier, dont le zèle pour les progrès de
l'agriculture , bien connu de la Société , est
d'ailleurs attesté d'une manière très-honorable
par M. le préfet du département d* Loir-et-
Cher, président honoraire de la Société d'Agri-
culture du même département.

2?. Concours pour l'établissement de Pépi-


nières d'Oliviers.

La Société avoit annoncé, dans sa séancepu-


blique de 1807 3 qu'elle décerheroit en 1810 un
premier prix de 1,000 francs, et un second
de 5oo francs aux deux cultivateurs qui au-
roient établi, depuis l'année i8o5, la pépi-
nière d'oliviers la plus étendue et la mieux or-
donnée : cette pépinière ne pouvant être moin-
C 5
( 38 )
dre, pour le premier prix, de mille
pieds, et
pour le second de cinq cents, tous vivans ,
tous greffés, de belle venue et prêts à être
plantés à demeure.
Elle a reçu quatre mémoires, dont deux ont
été écartés parce qu'il n'y étoit nullement ques-
tion de pépinières. L'un, portant cette épigra-
phe, oie a sïgnum pacis et abundantioe , trai-
toit de la culture de l'olivier, et renfermoit
quelques vues excellentes d'amélioration; l'au-
tre ayant pour épigraphe, en fait d'agricul-
ture Je flambeau de Vexpérience éclaire tou-
jours la méditation de la théorie , étoit une
simple note contenant les moyens et les pré-
cautions à prendre pour faire une plantation
d'oliviers.
Le troisième mémoire lui a été transmis par
un propriétaire infiniment recommandable,et
dont les efforts continus ont fixé un insta'nt
toute son attention.
C'est la seconde fois que l'auteur de ce mé-
moire , M. Bernardy , maire d'Aubenas, se pré-
sente au concoui's, et c'est avec un nouveau
regret que la Société n'a pu couronner les ef-
forts de ce cultivateur.
M. Bernardy, placé à l'extrême limite de l'oli-
vier , frappé de la trop fréquente mortalité de
( 39 ) .
cet arbre par les effets du froid, avoit imaginé

qu'en l'obtenant au moyen de semis, il le ren-


droit plus vigoureux et plus propre à résister
aux intempéries des saisons. Plein de cette idée
il commença ses expériences en 1797 à Font-
bonne, près d'Aubenas, département de l'Ar-
dèche. Il sema depuis lors chaque année une

plus ou
moins grande quantité d'olives , et il
parvint, à force de soins et de constance, à ré-
connoître que le préjugé établi vulgairement,
que l'olivier ne pouvoit se reproduire de se-
mence , ne venoit que de que le fruit
ce reste
plus d'un an en terre avant de germer. Cette
découverte le porta à redoubler ses efforts ; et
en effet ayant retiré en 1804 des contrées plus
méridionales une assez quantité d'o-
grande
lives (environ quatre-vingts kilogrammes), il
les dépouilla de leur pulpe, les plaça tout
l'hiver dans le sable , et les sema le printemps
suivant dans une terre bien préparée et bien
abritée.
L'année d'après , c'est-à-dire au prinïemps
de 1806,' toutes ces olives germèrent et la terre
se couvrit de petits oliviers. M. Bernardy put
l'année d'après retirer environ trois mille pieds
de ce semis pour les mettre en pépinière , et il
put même en planter quelques-uns à demeure 1
C4
'( 4° )
mais malheureusement la pluie et les gelées en
firent périr au-delà de la moitié.
M. Bernardy a semé une plus grande quan-
tité d'olives en novembre 1808, dont il n'atten-
doit la réussite que dans le courant de ce prin-
temps 1810.
Il résulte des procès-verbaux que les pre-
miers oliviers obtenus en très - petit nombre
en 1799 et années suivantes donnent déjà des
olives , et que la totalité des plants qui res-
tent en ce moment se monte à mille trois cent
quatre. Mais aucun d'eux n'a été greffé, quoi-
que par son programme la Société en ait fait
une des conditions du concours.
Le parti qu'a pris M. Bernardy de ne pas
greffer ses plants est une suite naturelle de l'en-
treprise qu'il avoit formée, d'obtenir par le se-
mis des arbres mieux acclimatés et conséquem-
ment plus propres à résister au froid. Un au-
tre motif l'eût déterminé à ne pas greffer, lors
même, dit-il, qu'il eût formé des pépinières
par les méthodes usitées dans te midi, mé-
thodes qui consistent à prendre tes rejetons qui
poussent naturellement au pied de l'olivier,
ou qui viennent en abondance sur la souche
d'un pied qu'on a coupé.
La greffe, suivant M. Bernardy, affaiblit
(4i )
les sujets et abrège leur vie. Le défaut d'homo-^

généité parfaite entre les deux de la greffe


bois
et du sujet greffé , par conséquent le défaut
d'homogénéité complète dans la circulation de
la sève entre ces deux parties étrangères l'une
à l'autre, quoique portions du même arbre,
et l'embarras qui existe nécessairement dans la
culture , en sont la principale cause.
M. Bernardy se propose de continuer ses-
expériences, et de chercher sur-tout les moyens
d'obtenir plus promptement et plus sûrement la
germination des olives.
Il eût été à désirer sans doute que ce cul-
tivateur eût fait des expériences comparatives ,
c'est-à-dire qu'il eût greffé une partie seule-
ment de ses plants , afin de mieux s'assurer si sa
méthode est préférable à tous égards, ainsi qu'il
le croit, à celte des autres; car, en bonne agri-
culture, c'est toujours la méthode par laquelle
on dépense le moins et par laquelle on obtient
constamment le plus qui est la meilleure.
La Société, dans la vue d'encourager les ef-
forts de ce propriétaire cultivateur, lui accorde
une médaille d'or.
Sous le N°; 4J l'auteur, M. Gasquet, pro-
priétaire à Lorgues, département du Var, après
avoir présenté observations •
quelques générales
(4>)
sur l'olivier, et sur la manière d'établir des pé-
pinières par les méthodes usitées, parle des
semis qu'il a faits pour se procurer des plants
et établir une pépinière. Les premiers essais
qu'il fit ne réussirent pas ou réussirent mal.
Pendant quelques années les olives qu'il sema
ne levèrent pas ou ne levèrent qu'en très-petit
nombre. après diverses
Enfin, tentatives infruc-
tueuses, il crut
devoir dépouiller ces fruits de
leur pulpe, afin de les préserver des rats , mulots
et autres petits quadrupèdes destructeurs ; il les
lava dans une forte lessive, et les sema en jan-
vier. Il eut
la satisfaction, dès le mois d'octobre
suivant, de voir lever presque toutes ses olives;
les plants acquirent dans l'espace de dix-huit
mois assez de grosseur pour que quelques-uns
pussent être greffés.
Au second printemps, c'est-à-dire au bout
de vingt-huit mois , les plus beaux de ces plants
avoient déjà un mètre soixante-dix centimètres
de hauteur.
A vingt-huit mois il les a tous mis en pépi-
nière ; ils sont actuellement au nombre de mille
trois cents, dont quatre cent soixante sont greffés
et peuvent être plantés à demeure : beaucoup
même sont chargés de fruits. Les autres ne sont
pas encore greffés, dit l'auteur, parce que l'ex-
(43)
périence a appris qu'en retardant cette opéra-
tion on obtenoit dans l'année de la greffe un jet
plus vigoureux, ce qui donne l'espérance d'une
plus belle tige.
L'auteur du mémoire né balance pas à re-
garder la méthode des semis comme la meil-
leure, en ce qu'elle procure plus facilement et
beaucoup plus abondamment des plants d'une
qualité supérieure à celle de ceux tirés de la
souche de vieux arbres , et bien plus propres que
ceux-ci à acquérir de la vigueur et prolonger
leur durée. Il'espère d'ailleurs que les semis
lui procureront quelques nouvelles variétés.
Ce mémoire est accompagné d'un certificat
des maire et adjoint de la ville de Lorgues pour
les faits énoncés ci-dessus, et d'un autre de
M. le préfet du Var, qui, après avoir attesté les
mêmes avoue
faits, qu'il a eu de la peine à se
persuader que la pépinière de M. Gasquet, pro-
venant de semences, fût si avancée en si peu de
temps; ce qui l'a forcé à revenir de l'opinion où
il étoit que cette méthode ne valoit pas celle des
boutures. Il la trouve au contraire préférable
en ce qu'elle régénère l'espèce, et que les nou-
veaux plants sont exempts des diverses maladies
survenues depuis quelques années aux oliviers.
La Société accorde à M. Gasquet le second
( 44 )
prix de cinq cents francs, et ouvre un nouveau
concours pour l'année 1820.

3°. Concours pour le perfectionnement de la


Charrue.

Vingt charrues différentes essayées d'abord,'


il y a deux ans, à la Varenne-Saint-Maur,
chez notre collègue M. de Mallet, ont été
comparées ensuite par vos commissaires, dans
les essais faits sous leurs yeux le 19 mars der-
nier à Viroflay, et le 26 juin à Paris. Les essais
de Viroflay avoient attiré un grand concours de
fermiers et de cultivateurs. M. Labbey, maire
de Viroflay, avoit bien voulu nous prêter son
beau parc, à la porte de Versailles, pour y faire
nos expériences, et nous le prions d'en recevoir
nos remercîmens.
Beaucoup d'amis de l'agriculture s'étoient
rendus aussi aux expériences qui ont eu lieu
le 26 juin dans le terrein que nous avions fait
préparer à Paris au haut du faubourg Poisson-
nière. L'intérêt qu'on prend à la charrue a
été marqué dans ces journées de la manière la
plus sensible , même de la part du peuple, et
c'est une circonstance qui doit faire plaisir aux
amis de l'agriculture. Les murmures de la rou-
tine , qui ne regarde qu'en arrière , n'ont pu
(45)

prévaloir sur le désir si naturel qui entraîne


l'esprit humain vers la perfection, et qui porte

toujours ses regards en avant. Vous avez été


bien payés de la persévérance avec laquelle vous
ayez maintenu ce concours, quoique vous n'en
ayez pas encore atteint le but. Sans doute une
charrue parfaite sera long-temps une chimère;
d'ailleurs rien ne s'améliore qu'en détail et
avec le temps. Vous avez déjà obtenu des char-
rues incomparablement meilleures, sous cer-
tains rapports, que la plupart de celles qui
étoient en usage; vous aurez encore aujour-
d'hui la satisfaction de couronner des idées
neuves. Le public aura pu en juger par ses
yeux. Les charrues principales, qui ont fixé
dans les essais l'attention des commissaires, sont
exposées à ses regards dans le ,lieu de cette
séance. Les dessins de plusieurs , exécutés par
les élèves du Conservatoire des arts;et métiers,
sont suspendus aux murs de cette salle. Quelle
autre décoration, quelle pompe plus imposante
auroit pu orner:aujourd'hui le temple de l'a-
griculture, lorsque, nous avons le bonheur d'y
yoir à notre tête le Ministre qui par sa place émi-
nente est le protecteur de la charrue, comme
il en est l'ami par son goût et par ses lumières ?
Que pouvions-nous lui présenter qui, plus que
(46)
Jà charrue, fut digne de fixer ses yeux et son
attention? En effet c'est offrir au premier en-
voyé du père de famille l'instrument de la
subsistance de ses nombreux enfans , le vrai
principe de leur force et la base fondamentale
de la prospérité commune.
Encouragés par cette idée, nous allons vous
désigner brièvement les iustrumens aratoires
reconnus les meilleurs dans le nombre de ceux
qui ont été examinés
, comparés avec soin , et
jugés par vos commissaires.
Ces instrumens sont de trois sortes : des char-
rues simples à un soc ; des charrues composées
ou qui ont rilus d'un soc ; et enfin du cultivateur
ou des houes à cheval.
1°. Charrues simples: On doit accueillir les
idées neuves et les encourager , quand même
leur exécution n'auroit pas encore atteint le
degré de perfection dont elles sont susceptibles.
i. C'est ce motif qui a fait sur-tout distinguer
par vos commissaires, dans les essais qui ont
eu lieu à Paris le 26 juin dernier, la charrue à
cric inventée par M. Ganneron, maire d'E-
mérainville. Cette charrue, conduite par deux
bons chevaux, marchoit facilement: elle a'
paru robuste et propre à des défrichera ehs et
à des labours profonds.
( 47 )
L'avantage dont jouit cette machine est dû
principalement à la disposition ingénieuse du
mécanisme inventé par l'auteur, et dont l'effet
est de diminuer ou d'augmenter, depuis deux
décimètres jusqu'à quatre, la distance établie
entre le soc et le point de tirage, et par
conséquent l'ouverture de l'angle qui est conve-
nable pour déterminer te plus ou moins d'en-
trure.
Ce mécanisme consiste dans un cric de rap-
pel , dont le pignon fixé à l'étançon s'engrène
dans une crémaillère dentelée. A l'extrémité
de cette crémaillère est un carré mobile en
fer, qui embrasse le milieu de la haie et qui
s'attache à la semelle de l'avant-train par uije
chaîne de retenue. Ce cric se meut horizon-
talement au moyen d'une manivelle roulant
dans la mortaise pratiquée dans l'arc-boutant
situé entre les mancherons , et placée sous la
main du conducteur. Il est retenu à son point
par une dent de loup fixée au côté droit ex-
térieur y agit avec aisance et paroit atteindre
d'une manière satisfaisante le but que s'est pro-
posé l'auteur sous le double rapport de la soli-
dité et de l'économie de temps.
M. Ganneron se sert de cette charrue dans
une exploitation de huit cents- arpens. Il appar-
( 48 )
tient d'ailleurs à une de ces familles honora-
bles , dont les membres se sont fait considérer
de père en fils dans la respectable profession
de cultivateurs.
La Société lui a décerné une médaille d'or
et un dédommagement de huit napoléons pour
le dépôt de sa charrue au Conservatoire des
arts et métiers.
Nous espérons, Messieurs , que cette pre-
mière distinction ne fera qu'accroître le zèle
de M. Ganneron, et que l'engager à perfec-
tionner sa découverte. C'est beaucoup d'avoir
eu l'idée d'appliquer le ressort du cric à la mar-
che d'une charrue. En la perfectionnant en-
core , l'inventeur de cette charrue aura cer-
tâinement la gloire d'y attacher son nom.
2. M. Salme, professeur au lycée de Nancy,
a présenté et essayé aux
expériences de Viro-
flay , te i g mars dernier, une charrue toute en
fer destinée à être employée sur différens sols
plus ou moins pierreux, argileux, sablonneux,
au moyen de pièces de rechange qui pourroient
se substituer les unes aux autres , suivant le
besoin.
M. Salme avoit été
distingué par la So-
déjà
ciété en 1806. Encouragé par ce premier succès,
il a fuit de nouveaux efforts pour améliorer la
construction
(4ô>
construction de sa charrue. A cet effet il a in-
troduit plusieurs changemens dans la forme du
soc, dans celle de ses versoirs qu'il a portés

jusqu'à quatre , d'espèces différentes, selon la


nature desterreins9 et qui se substituent les uns
aux autres d'une manière très-expéditive. Il a
adapté à sa nouvelle machine une planchette
de sep qui sert à rendre le versement complet
pendant l'opération du labour , ainsi qu'une
planchette de soc, qui sert à prévenir l'amoncè-
lement des terres dans cette partie de la charrue
que l'on appelle gendarme.
Ses recherches se sont également portées sur
le placement de la ligne de tirage, sur la di-
rection parallèle des forces de l'avant-train, sur
la possibilité de manoeuvrer sa charrue le long
des haies , des murs, des fossés , etc.
Les mémoires de M. Salme prouvent qu'il
a bien conçu les conditions du
problème. Pour
récompenser de si louables efforts , la Société
lui a décerné un dédommagement de quinze
napoléons.
•3. M. Barbé de Luz
, maire de la commune
de Neury-en-Sullias ( Loiret ) , a pris pour épi-
de son mémoire ces mots d'un de nos
graphe
rapports, Les élémens de la charrue doivent
être connus d'un cultivateur.
Société d'Agric. Tome XIII. J)
(5o)
Il s'occupe depuis long-temps du perfection-
nement de cet instrument. Déjà deux mé-
moires qu'il a présentés sur ce sujet, et trois
charrues de son invention , lui ont mérité de
la part de la Société l'envoi d'une médaille d'or.
Un troisième mémoire, fruit des recherches
constantes de M. Barbé de Luz sur l'objet im-
portant du concours , est le développement des
deux précédens. L'auteur y détaille, en cul-
tivateur exercé et en mécanicien intelligent,
les raisons qui rendent l'araire simple si diffi-
cile à manoeuvrer dans les terreins inégaux 5
il y rond compte des vices de construction de
la charrue ordinaire, et propose de substituer
à l'usage de ces deux instrumens, une char-
rue-araire de son invention et d'une grande
simplicité.
Pour que cette charrue conservât l'entrure
qui lui est donnée, l'auteur a établi un support
à roulettes gradué depuis huit jusqu'à seize cen-
timètres, adapté au timon, et auquel le labou-
reur donne le degré d'élévation ou d'abaisse-
ment proportionné à la profondeur du sillon
qu'il veut tracer.
Cette charFue-araire a l'avantage de n'exiger
que peu de forces pour la faire agir. La cons-
truction du versoir est telle que les raies for-
(Si)
taées sont aussi nettes que régulières. La partie
postérieure du versoir adopté par l'auteur est
à brisure, et son évasemeut peut devenir plus
ou moins considérable en raison de la quantité
de terre qu'il doit verser et en proportion de
l'entrure.
D'après les calculs de M. Barbé de Luz,
le poids total de sa charrue est de quarante-
deux kilogrammes.
Sa confection coûte pour le
charronnage 19 fr. » c.
Et'pour les ferrures 38 25

TOTAL. ... 57 fr. 25 c.

Mais comme il établit ce pris sur la valeur


d'un instrument bien soigné, les économies
qui pourroient être faites pour le laboureur
qui feroit un usage ordinaire de cette charrue
grossièrement travaillée étant de 21 francs
95 centimes, il résulte que le prix commun
de cet instrument seroit susceptible d'être ré-
duit à. . 35 fr. 3o c.
A laquelle somme il seroit né-
cessaire d'ajouter 10 francs au
plus pour avoir un instrument
simple, solide, léger et réunis-
35 fr. 3o c.
~D~2
(52)
Report. . . v "35 fr. 3o c
gant un versoir brisé et ferré, ci. 10
Ce qui feroit monter le prix de
la charrue de M. Barbé de Luz,
ainsi conditionnée, à la somme
totale de 45 fr. 3o c.
Le mémoire de M. Barbé de Luz entre dans
beaucoup d'autres détails. Le tout nous a été
transmis par S. E. le Ministre de l'intérieur. La
charrue essayée à Viroflay, le 19 mars (dans
l'absence de l'auteur ), a paru mériter de nou-
Teaux encouragemens , parce qu'elle est simple
et peu chère.
La Société a donc décerné à M. Barbé de
Luz une médaille d'or de 100 francs.
4- La Société auroit distingué aussi par une
récompense particulière la charrue et le mé-
moire de M. Rigaud, propriétaire et cultiva-
teur zélé, de Lille , département de la Drôme ;
mais M. Rigaud a fait retirer sa charrue du
Conservatoire pour en perfectionner l'oreille.
La Société se borne , quant à présent, à une
mention honorable du travail de M. Rigaud.
Son mémoire contient des notions mathémati-
ques très-ingénieuses sur le problème à ré-
soudre dans la construction des charrues. Nous
attendrons, pour mieux juger de leur applica-
(53)
tion, que M. Rigaudah achevé son ouvrage , et
qu'il ait fait comparer la marche de sa charrue
avec la charrue en usage dans le ci-devant
Dauphiné.
2°. Charrues composées ou à plusieurs socs.
Plusieurs concurrens ont rivalisé de zèle pour
nous offrir des charrues à plusieurs socs.
i. Nous retrouvons ici avec plaisir le nom
de M. Guillaume , déjà bien connu par la char-
rue que la Société a cru
devoir distinguer dans
le premier concours sur ce grand objet de nos
méditations et de nos espérances.
M. Guillaume n'a point regardé ses pre-
mières conceptions comme suffisantes pour at-
teindre le but désiré par la Société ; il a jugé
qu'il pouvoit aller plus loin, et donner à son
invention plusieurs degrés de perfection.
Son zèle toujours croissant a saisi d'abord
l'occasion du nouveau concours
pour présenter
aux expériences de Viroflay, le 19 mars , et de
Paris, le 26 juin dernier, sa première charrue,
travaillée avec un soin nouveau.
La diminution des forces nécessaires au ti-
rage y est sensiblement opérée par le rappro-
chement du train de derrière de la charrue
de l'avant-train. Sa construction a plus de sim-
plicité et de solidité. L'effet du tirage y est aug-
D 5
(54)
mente au moyen de la fixation qu'il en a établie
aux points les plus rapprochés de la résistance.
Afin de diminuer l'action des frottemens,
l'auteur a supprimé dans sa la
construction
moitié de la longueur du sep , du versoir , et
une partie de celle du soc. Au moyen d'un petit
versoir additionnel en fer, adapté sur l'arrière
de celui en bois, M. Guillaume a trouvé le
moyen de suppléer à la petite dimension de
celui-ci, et de produire le même effet. Telle
est la diminution du frottement qu'a obtenue
ce procédé, qu'un seul cheval ou communé-
ment deux peuvent tirer cette machine et la
faire agir sans effort, et que le travail du la-
boureur se réduit à peu de chose. Il résulte
de là économie de temps, de peines , d'ouvriers
et de bestiaux.
Mais ce n'étoitpas assez pour l'auteur d'avoir
ainsi justifié par de nouveaux efforts le succès
de sa première charrue. M. Guillaume a es-
sayé de doubler les avantages de cet instru-
ment, en les rendant communs à la charrue
à deux socs. Celle-ci a produit sur les cultiva-
teurs qui l'ont vue opérer un effet tel, qu'ils
en ont adopté de suite et'généralement l'usage.
Elle présente en effet une économie de forces
et de travail si considérable et si justement ap-
(55)
préciée qu'à peine l'auteur a-t-il le temps et la
faculté de satisfaire aux demandes multipliées
qui lui en sont faites de toutes parts.
La Société a cru devoir reconnoître de nou-
veau le zèle de M. Guillaume en lui décer-
nant une médaille d'or de ioo francs, et un
dédommagement de huit napoléons pour le
dépôt de ses charrues au Conservatoire des arts
et métiers.
2. Les commissaires du perfectionnement
de la charrue n'ont pas vu avec moins d'inté-
rêt trois charrues : La première à un soc , la
deuxième à deux, et la troisième
à trois socs,
de l'invention de M. Charles-AmbroiseFessart,
fermier de la ménagerie à Versailles, lesquelles
ont été également essayées avec succès dans les
épreuves comparatives faites à
Viroflay, le
19 mars, et au faubourg Poissonnière à Paris ,
le 26 juin derniers.
La première de ces charrues peut se conduire
à un cheval dans les terres légères , et à deux
chevaux dans lesfterres fortes ;
La deuxième, à deux et à trois chevaux;
La troisième à trois ou quatre chevaux, sui-
vant les localités l'espèce et de labour.
Le mérite principal de la construction ima-
ginée par M. Fessart est dans la facilité qu'il
D 4
(56)
a ménagée au laboureur d'étremper, c'est-à-
dire d'enfoncer les socs de sa charrue à sa vo-
lonté, sans même faire arrêter les chevaux, et
de renverser plus ou moins la terre , suivant
l'espèce de labour.
Le moyen mécanique qui donne cette fa-
culté est aussi simple qu'ingénieux ; c'est un
écrou avec des clavettes. Chaque soc a son écrou
qui ctrempe et détrempe particulièrement.
S'il plaît au laboureur de travailler avee le
premier soc à la profondeur dedeux décimètres,
avec le deuxième et le troisième à des profon-
deurs inégales et moindres, on peut le faire à
volonté et toujours sans arrêter.
Ce mécanisme est plus facile à exécuter qu'il
ne le seroit à décrire.
Par les avantages qu'il présente, ce procédé
paroît mériter de fixer l'attention des agricul-
teurs. Il peut s'adapter à toutes les formes de
charrues. On a contesté sa découverte,en avan-
çant que ces écrous étoienl déjà connus dans
le ci-devant Dauphiné ; nq»s n'avons pas à
prononcer sur ce point; l'auteur a demandé
un brevet d'invention, pour se ménager les
moyens de faire les dépenses que nécessiteront
les recherches nouvelles qu'il se propose de
faire.
(57)
La Société lui a décerné une médaille d'or de
100 francs, et un dédommagement de huit na-

poléons pour le dépôt de sa charrue au Conser-r


vatoire.
3. MM. Dessaux frères, de Saint-Omer
(Pas-de-Calais) , nous ont mis aussi à portée de
juger un binot-bascule, ou une charrue à trois
socs, de leur invention , sur laquelle il avoit été
fait un rapport très-avantageux à la Société
d'Agriculture, du Commerce et des Arts de
Boulogne-sur-Mer.
L'étrempure des trois socs se fait ensemble
ou séparément par la pression d'un coin en-
châssé dans un tenon qui lie l'étançon à la haie.
Dans une terre légère , ce binot à trois socs
ouvre trois sillons parfaitement égaux, occu-
pant de largeur un mètre trois cent cinquante-
quatre millimètres ; leu r profondeur est de deux
cent dix-sept millimètres.
Le binot simple, travaillant comparativement,'
ouvre trois sillons sur une largeur d'un mètre
trente-trois centimètres, d'une profondeur de
cent soixante millimètres ; mais les flancs et
arêtes des sillons sont inégaux , attendu que
le soc porte la terre dans te sillon voisin, ce
qui n'a pas lieu dans les labours du binot à
trois socs.
(58)
D'après plusieurs épreuves, le point le plus
avantageux pour fixer le tirage de ce dernier
instrument est celui qui aboutit au centre des
trois socs.
Le binot à trois socs exécute avec plus de
perfection, et sans une augmentation de forces
bien sensible, trois fois plus d'ouvrage que
n'en fait le binot simple , et en trois fois moins
de temps. On à reconnu dans le pays des au-
teurs et dans leur voisinage que cet instrument
peut être employé très-bien dans toutes les
terres crayeuses, ainsi que dans les terreins
dont l'argile est peu compacté.
Les auteurs de cette découverte ont déjà été
récompensés par la Société d'Agriculture de
Boulogne, qui les a admis au nombre de ses as-
sociés. Quoique leur instrument ne soit qu'une
charrue du second ordre, et ne paroisse pas
susceptible d'un usage fréquent dans les terres
plus dures et plus pierreuses que celles du Pas-
de-Calais, de la Somme et autres semblables,
la Société croit devoir aussi honorer le zèle de
MM. Dessaux; elle leur a décerné une mé-
dailled'orde ioo francs, et un dédommagement
de huit napoléons pour le dépôt de leur binot au
Conservatoire i
3°. Charrues- Cultivateurs, Herses à cheval,
(59)
Herses à semer , etc. Il y a beaucoup à faire
encore dans ce genre secondaire d'instrumens
aratoires, pour les approprier aux besoins
d'une culture soignée. Ne repoussons pas les
premiers tâtonnemens de ce genre, quoique
leur résultat ne soit pas complet d'abord; ren-
dons sur-tout justice au zèle des simples ouvriers
qui ont le courage de faire fléchir l'inflexible
routine, et qui croient que ce qui s'est fait de
tout temps et au hasard n'empêche pas qu'on ne
puisse faire mieux avec plus de réflexion.
i. C'est par cette considération puissante que
la Société croit devoir mettre ici en première
ligne les efforts d'un simple charron , nommé
Joseph Goret, de Dormain (département de
la Marne) , qui vous a présenté à Viroflay une
charrue-semoir de sa composition.
Il a parfaitement senti quelles seroient les
raisons de désirer une charrue à semer ; ses
avantages consisteroient :
i°. A économiser au cultivateur la dépense
d'un homme qu'il faut payer et nourrir;
2°. A semer d'une manière régulière et sans
perte de grains;
3°. A ménager la santé du cultivateur dans
le temps des semailles , à cause du méphitisme
des grains chaufournés;
(6o)
4°- A enterrer la semence à mesure que la
machine la verseroit dans la terre, et à obvier
ainsi aux inconvéniens de voir cette semence,
faute d'être couverte, périr par le pied des
bestiaux, ou enlevée par les oiseaux; de perdre
l'avantage de l'opération du chaulage, et d'être
entraînée par des pluies trop abondantes et des
débordemens de rivières.
Mais ce que cet estimable ouvrier a si bien
conçu, nous ne pouvons pas dire qu'il l'ait en-
tièrement réalisé, quoique nous ayons vu mar-
cher sa charrue-semoir dans tes expériences de

Viroflay; sa machine auroit besoin d'être per-


fectionnée. Nous n'en recommanderons point
l'usage, mais notre devoir est d'en encourager
l'auteur.
La Société a arrêté qu'elle feroit une men-
tion honorable de l'exemple donné parJoseph
Goret aux ouvriers de son état, et qu'il rece-
vroit un dédommagement dtf douze napoléons.
2. M. Aloysius Gymnich, propriétaire ,
demeurant à la ferme de Nevenhoff, quartier
de Vaëls, mairie de Laurensberg j arrondisse-
ment d'Aix-la-Chapelle (Roër), nous a fait
parvenir le dessin d'une charrue pour labourer
les terres lourdes : nous n'avons pas pu juger
de sa marche sur uu simple dessin.
(61 )
Mais le même cultivateur nous a adressé en
même temps une seconde charrue qu'il appelle
purifiante, et qui sert pour la culture de la
cardère ou chardon à fouler.
L'emploi de cet instrument peut servir à fa-
ciliter la culture d'une plante utile dans les ma-
nufactures , en diminuant le travail et les dé-
penses qu'elle entraîne.
L'invention de M.
Aloysius Gymnich a pour
elle l'expérience : à l'aide de sa charrue, un
de ses voisins a déjà beaucoup accru la culture
du chardon dans ses domaines. La méthode
qu'il emploie est d'autant plus économique que
le sarclage (ou ce qu'il appelle la purification)
de deux hectares et demi, qui coûtoit, fait à la
fourche, suivant fancien procédé, 72 francs,
ne revient plus maintenant qu'à 6 francs en y
employant sa charrue.
Le soc de cette charrue présente la forme
d'un râteau double dont le premier rang est
armé de couteaux à racloirs , et le second de
dents amuës et tranchantes.
La Société a arrêté qu'elle feroit une men-
tion honorable de l'invention de M. Gymnich ,
et qu'il recevrait aussi un dédommagement de
huit napoléons.
3. M. Deroy , entrepreneur de plantations
(62)
dans la forêt deFontainebleau, nous a fait
connoître plusieurs instrumens qui peuvent être
aussi fort utiles dans le genre de travaux dont
il s'occupe avec zèle et succès.
Nous avons vu d'abord une charrue qui se
meut sur un rouleau fixé à son extrémité anté-
rieure , et qui est maintenu par deux supports
qui se haussent et se baissent à volonté; elle est
tirée par un cheval et se manoeuvre à l'aide de
deux mancherons. Son soc est armé de cinq
dents.
On l'emploie à donner des labours dans les
plantations, les semis, les pépinières et les
vignes. On peut approcher jusqu'à cent huit
millimètres des plants, sans les endommager,
de sorte qu'il ne reste plus qu'une très-petite
façon à donner à main-d'oeuvre au reste du
terrein.
Au moyen de cet instrument, l'auteur as-
sure qu'on peut faire en temps
favorable un
hectare de binage dans une terre
bien disposée,
et que le travail opéré de cette manière est tou-»
jours préférable au binage fait à bras d'homme,
dans lequel on rencontre souvent des inégalités
et des lacunes.
L'auteur fixe le prix d'achat de cet instru-
ment garni de six socs à 45o francs.
(63)
M. a fait aussi une hersepropre à
Deroy
le travail de cette charrue dans les ter-
préparer
reins très-enfrichés. Cette herse armée de seize
dents se meut de la même manière que la char-
rue dont il vient d'être parlé. Son prix est de

72 francs.
L'auteur dit qu'elle a été employée avec
succès dans unchamp de luzerne, pour y dé-
truire la cuscute et le chiendent.
L'expérience habituelle que fait M. Deroy
de ces deux instrumens dans les travaux de la
forêt de Fontainebleau lui a démontré tous les
avantages qui résultoient de leur emploi, sous
le double rapport de l'économie de temps et de
la perfection du travail.
Le même agriculteur vient d'imaginer ré-
cemment encore une espèce de cultivateur qu'il
appelle rigolette. Cet instrument est destiné à
former des rigoles pour les semis de graines par
rayons dans lés pépinières. Il se meut sur un
rouleau et paroît
susceptible d'être tiré et
conduit sans l'emploi de grandes forces.
Le soc à dents est remplacé par un fer de
bêche. Son
usage doit donner un travail régu-
lier et économique.
Les applications des instrumens de M. Deroy
ne sont pas proprement l'objet du concours de
(64)
la charrue ; mais ils sont très-utiles dans le
genre de culture qu'ils favorisent, et c'est sur-
tout dans la vue de les faire connoître que la
Société a décidé qu'il en seroit fait une mention
honorable.
4- Enfin M. Hayot, cultivateur à la ferme
de Champ-Tourterelle , près Saint-Denis , dé-
partement de la Seine, nous a invités à faire
constater les bons effets d'une herse à semer
qu'il a inventée et essayée en dernier lieu.
L'auteur a été conduit à imaginer cet instru-
ment par le désir d'opérer à moins de frais la
destruction des herbes parasites qui infestoient
les champs de sa ferme.
MM. Yvart et
Sageret se sont rendus sur
les lieux ; ils ont vu les avoines et les orges que
M. Hayot a semés par rayons à trente-trois
centimètres de distance; ils ont examiné sa ma-
chine qui est très-imparfaite, de l'aveu même
de son auteur. Cependant la Société, voulant
reconnoître le zèle d'un fermier à chercher
des moyens mécaniques d'effectuer la semaille
en rayons , a cru devoir en faire mention ho-
norable, et l'engager à faire de nouveaux ef-
forts pour assurer le jeu de sa machine en la
simplifiant.
4°. Descriptions et Dessins de Charrues et
d'Outils
( 65 )
'd'Outils aratoires. Il seroit à désirer que la
Société eût des dessins ou des modèles bien
faits et bien décrits de toutes les charrues et
de tous tes outils ou instrumens d'agriculture
actuellement en usage dans les diverses parties
de l'Empire. Cette collection
complète renfer-
meroit sans doute bien des doubles emplois ;
mais elle feroit faire des comparaisons très-
utiles : peut-être feroit-elle découvrir, dans
le nombre des objets répétés, quelques objets
nouveaux, et serviroit-elle en outre à des vues
particulières delà Société pour l'intérêt et l'a-
vancement de la science de l'agriculture. Plu-
sieurs de voscorrespondans ont prévenu vos
voeux à ce sujet, et leurs mémoires serviront à
commencer le recueil dont je viens d'indiquer
l'objet et l'utilité. Il est juste de les nommer
pour les remercier de leur zèle et pour exciter
l'émulation de nos autres correspondans.
i. M. Broussous, secrétaire général de la
préfecture du département de la Lozère, vous a
envoyé un mémoire sur la charrue en usage dans
ce département. C'est un araire qui pàroît avoir
beaucoup d'analogie avec celui du Piémont et
celui du département du Gers. Celui-ci est déjà
décritdansles Mémoires de la Société, et paroît
moins imparfait que celui de la Lozère.
Société d'Agric. Tome XIII. E
(66)
2. M. Farnaud, secrétaire général de la
préfecture du département des Hautes-Alpes ,
a joint à son mémoire sur les améliorations de
l'agriculture (qui a obtenu le prix, comme vous
le verrez ci-après, dans un autre concours ) ,
les dessins de l'araire des Hautes-Alpes, qui
paroît être la charrue décrite par Virgile , en
supposant, ce qui n'est pas décidé par les éru-
dits, que la charrue de Virgile n'eût point de
rpues. Cet araire a aussi de grands rapports
avec celui de la Lozère.
3. M. Marc, secrétaire de la Société d'Agri-
culture de la Haute-Saône , vous a envoyé un
cahier beaucoup plus complet , contenant
les
dessins des charrues et des instrumens aratoires
de tous les genres usités dans le déparlement
de la Haute-Saône. (Il sera aussi question de
M. Marc dans le concours sur les perfection-
nemens de l'agriculture.)
La Société remercie MM. Marc, Farnaud
et Broussous, de ces utiles envois, et engage
ses autres correspondans à les imiter, en rédui-
sant les dessins des outils et machines d'agri-
culture sur l'échelle de cinquante à soixante-
quinze millimètres pour mètre de leur gran-
deur naturelle , et en joignant aux dessins un
vocabulaire exact des noms vulgaires et des
(67>
noms françois de tous ces instrumens et des
détails sur leur usage.
Conclusions. Au surplus, Messieurs, les pre-
miers résultats du concours sur le perfection-
nement de la charrue nous ont suggéré des
réflexions qui décident la Société, non pas à re-
tirer le sujet du prix, mais à ajourner le concours
pour un temps qui sera déterminé d'après les
considérations suivantes.
L'impulsion que vous avez donnée pour le
perfectionnement de la charrue , cette impul-
sion a été universellement saisie. Lé prétendu
précepte qu'on attribuoit à Caton, ne change
point de soc, cet adage de la routine est tombé
par-tout devant le désir et la perspective du
mieux. Il n'y a presque pas un département où
l'on n'ait essayé d'améliorer les charrues en
usage. Cette fermentation générée produira
quelque jour le résultat le plus heureux; mais
puisque vous avez réussi à jeter cette idée d'a-
mélioration dans toutes les parties de l'Empire,
c'est là , Messieurs , qu'il faut d'abord la faire
germer partiellement pendant quelques années.
Ensuite vous pourrez vous faire rendre compte
de tous ces résultats locaux et partiels, les
conférer entre eux, et distinguer ceux qui mé-
riteront de l'être dans le point central de la ca-
E a
( 68 )
pitale. Tout homme qui invente une nouvelle
charrue a un objet de comparaison ; c'est la
charrue qui passe pour la meilleure dans ses
environs. C'est donc avec celle-là que son in-
vention doit être d'abord essayée et jugée,pour
savoir si elle fait
plus d'ouvrage ayec moins
d'efforts, et si elle le fait mieux et plus vite.
En conséquence 3 ce concours serasuspendu
jusqu'à ce-que la Société de Paris ait reçu des
Sociétés d'Agriculture des départemens les
renseignemens nécessaires pour te reprendre.
En attendant, la Société invite ceux qui au-
ront amélioré les charrues en usage, ou qui en
proposeront de nouvelles , à tes faire éprouver
comparativement avec les meilleures charrues
dont on se sert habituellement dans leur pays par
les Sociétés d'Agriculture de chaque départe-
ment. CeUj|s qui auront été distinguées et recon-
nues utiles dans ce concours particulier seront
admises ensuite au concours général pour le per-
fectionneinent de la charrue, lorsque l'époque
de la reprise de ce concours pourra être fixée.

4° • Rapport sur le Concours pour la Culture


comparative des diverses espèces de Coton-
niers.

Lorsque le Gouvernement désira qu'on fît


(69)
en France des essais sur la culture du coton-
nier, les personnes qui furent consultées don-
nèrent des espérances , mais ne purent garantir
des succès. Elles savoient bien que les parties
les plus méridionales étoient les seules qui
convinssent à ce végétal, et qu'il falloit en quel-
que sorte interroger les climats , les positions ,
les gaines, le terrein, la manière de le pré-
parer, de le disposer et de l'entretenir. On avoit
à étudier aussi l'état de l'atmosphère et de ses in-
tempéries; il étoit aisé de sentir qu'on ne devoit
attendre une réussite plus ou moins complète
que d'un ensemble dçrçirconstances et de soins
répétés; enfin, ce genre d'entreprises exigeoit,
avant qu'on fût dans le cas de prononcer, des ex-
périences de quelques années. Pour donner des
facilités,leGouvernementapubliédewxinstruc-
tionsqu'ila chargé M. Tessier de rédiger, l'une
en 1807 , et l'autre en 1808. Il a été rendu compte
des premières tentatives faites en 1807 dans plu-
sieursdépartemens.Depuis cette époquedeGou-
vernement qui déjà avoit offert des encourage-
mens, en a offert de nouveaux ; il s'est procuré des
graines de pays étrangers qu'il a distribuées , il
en a fait répandre aussi de celles qu'on a récol-
tées en France , et sur lesquelles on doit le plus
compter ; il a choisi des hommes exercés pour
E 3
( 70 ) .
faire des cultures plus suivies et plus en grand
que celles dès particuliers. Nous né pouvons
nous flatter d'avoir obtenu jusqu'ici' beaucoup
de coton , parce que les essais ont été contra-
riés par les saisons dont on n'a
prévoir pu en-
core léseffets ; mais nous apercevons la possi-
bilité d'en avoir sur quelques points de plus
**
grandes quantités.
La Société voulant concourir autant qu'il étoit
en elle aux vues du Gouvernement a proposé ,
dans sa séance publique de 1808, deux prix :
l'un de la valeur de 2,000francs, et l'autre de
celle de1,000francs, pour les deux meilleurs
mémoires dans lesquels, après avoir donné la
description des différens cotonniers , oh déter-
minera par des résultats d'expériences exactes
et bien prouvées quelles sont les espèces et
variétés qui peuvent se cultiver avec le plus
d'avantage en France, sous le rapport de la
qualité et de la quantité du produit.
La Société n'a reçu qu'un mémoire, que ses
commissaires ont examiné et qui leur a paru
mériter de l'attention. Il est de M. Paris , cor-
respondant de la Société, sous-préfet de l'ar-
rondissement de Tarascon, département des
''
Bouches-du-Rhône.
L'auteur, dès 1808, a commencé Sa coihpà-
( 70
raison avec quatre espèces de cotonniers ; une
seule lui a donné un produit satisfaisant : ce
n'étoit qu'un demi-succès; mais l'année avoit
été défavorable. Dans le pays où il cultivoit, il
avoit gelé le 26 avril et le ier. octobre : on eut
très - peu de chaleur en été , et l'automne fut
très-pluvieux. L'année suivante, il a redoublé
de zèle et a rassemblé sept espèces et deux va-
riétés de cotonniers : l'intempérie des saisons a
été encore plus fâcheuse; loin d'en être décou-
ragé, il s'en est servi pour s'éclairer et pour
prendre des mesures plus efficaces. Il croit qu'à
la récolte prochaine les obstacles étant prévus
et le temps moins incommode, il aura des succès
plus marqués. Ces retards n'étonnent pas ceux
qui savent combien on a eu de peine à introduire
en France la vigne , originaire du Levant et de
pays chauds , et tant d'autres plantes d'utilité et
d'agrément qui y prospèrent maintenant. «
Le mémoire est divisé en trois parties : la.
première contientla description du genre et des
espèces de cotonniers; dans la deuxième , l'au-
teur indique les lieux où il a fait des essais , et
la manière dont il a procédé ; la troisième est
le résultat de toute la culture et l'ensemble des
observations qu'elle a donné heu de faire.
D'après le rapport détaillé qui a été fait à la
E4
(70
Société de ce travail, elle a arrêté qu'il seroit dé-
cerné à l'auteur du mémoire une médaille d'or
de 3oo francs à titre d'encouragement, que son
mémoire seroitimpriméetdistribuéauxcultiva-
teurs du cotonn ier dans les dépar temens du midi;
et que, pour donner le temps aux concurrens de
traiter la question avec tous les développemens
nécessaires, te concours seroit prorogé pendant
deux années, et que les prix seroient distribués
à la séance publique de 1812.

6°. Rapport sur le Concours des Observations


vétérinaires.

Dix-sept mémoires ont été adressés à la So-


ciété sur l'objet de ce concours.
Lepremier , par M. Hurtrel d'Arboval, est
un exposé historique de l'origine et du déve-
loppement de la morve dans l'arrondissement
dcMontreuil-sur-Mer en 1807 et 1808. iFest
divisé en trois parties. Dans la première, l'au-
teur fait l'exposé de l'origine et du développe-
ment de la maladie, il indique les moyens qu'il
a mis en usage pour la combattre et la détruire ;
il fait connoître les mesures que les Corps ad-
ministratifs ont employées pour empêcher les
communications et séparer les animaux sains
de ceux qui étoient malades. M. d'Arbovala.
( 73 )
joint à cette première partie un tableau des-

criptif des communes , des noms des proprié-


taires , du nombre d'animaux qu'il a visités ,
et des différentes classes dans lesquelles il les
a rangés suivant les divers degrés de la maladie.
La deuxième partie tous les
contient actes
émanés des autorités administratives.
La troisième renferme des observations et
des réflexions sur la nature, le siège, les causes,-
les caractères , la contagion et la curabilité de
la morve.
Malgré quelques idées nouvelles qui tendent
à faire croire que la morve n'est pas conta-
gieuse et qui,
, par grande sécurité
la trop
qu'elles ont occasionnée, ont fait beaucoup de
mal, M. d'Arbovalne paroît pas convaincu de
la non-contagion de cette maladie , et il per-
siste à conseiller de mettre en usage toutes les
précautions prescrites par les lois et ordon-
nances à ce sujet.
Ce mémoire est revêtu des témoignages les
plus satisfaisans des autorités constituées de
l'arrondissement de Montreuil-sur-Mer.
Le mémoire N°. 2, par M. Déchaux, ex-
professeur à l'Ecole impériale d'Al- vétérinaire
fort, a pour titre : Etude systématique de la
Morve , ou la Morve étudiée problématique-
(74)
ment; avec cette épigraphe : In theorid et
praxi veritas. Quoique ce mémoire renferme
de bonnes idées , il du but de
s'éloigne trop
la Société pour que nous nous y arrêtions.
Les mémoires sous les Nos. 3 et 14 sont des
recueils d'observations par M. Barrier père ,
vétérinaire à Chartres : le premier contient,
i°. l'histoire d'une forte contusion dans le
cheval, avec hernie ventrale; 20. celle d'une
leucophlegmatie aussi dans le cheval, avec
chute des globes des
yeux ; 3°. l'opération cé-
sarienne suivie de succès dans une chienne et
dans une brebis ; 4°. une observation sur la
fourbure observée à la suite
de l'usage des four-
rages nouveaux ; 5°. sur un vomissement spon-
tané observé dans le mouton : il est fâcheux
que l'auteur n'ait pas cherché plus attentive-
ment dans l'ouverture du cadavre tes causes
de ce vomissement extraordinaire ; 6°. sur la
superfétation ou dupart en deux temps dans la
brebis, là vache 3 etla chatte; 70. sur la phthisie
pulmonaire des vaches ; 8°. sur lapousse dans le
mouton comparée à cette maladie dans le cheval.
La deuxième observation de ce recueil mé-
rite quelque attention regrette ; on
qu'elle ne
soit pas assez développée , et que l'auteur n'en
ait pas tiré tous les avantages et tous les ren?
(7'5)
seignemens dont elle pou voit être susceptible
pour'la science.
Le second recueil contient, t°. une obser-
vation sur une maladie convulsive du mouton;
2°. sur le lumbago qu'il paroît que l'auteur
confond avec les efforts de reins, tes ankiloses
des vertèbres, la paralysie causée par la pré-
sence des calculs ou par la rétention d'urine i
3°. sur le chorëa sahcti viti dans le chien et le
mouton : l'auteur prévient qu'il ne fait que si-
gnaler cette dernière maladie
à la et Société
l'invite à en faire l'objet d'un concours ; 4°- sur
le rouge, ou la rogne des chiens; 5°. sur une
fièvre intermittente observée dans le cheval ;
6°. sur un poulain qui est mort à la suite d'une
maladie du voile du
palais , dont l'auteur n'a
reconnu la causequ'à l'ouverture dû cadavre ;
7°. des réflexions sur la mort des chevaux par
l'insufflation; 8°. enfin sur une chienne qui a mis
bas dans la même portée trois chiens de diffé-
rentes variétés : cette observation, la moins
importante des deux recueils , a été imprimée
depuis qu'elle a été communiquée à la Société.
Les observations de M. Barrier annoncent
Un vétérinaire instruit et exercé, mais en gé-
néral elleâ sont écrites trop précipitamment,
et plusieurs qui sont intéressantes les pro-
pour
(76)
grès de l'art auroient besoin de développemens.'
Les mémoires sous les Nos. 4 -et 5 sont de
M. Verrier, professeur chargé des hôpitaux à
l'Ecole impériale vétérinaire d'Alfort; le pre-
mier de ces mémoires contient quinze observa-
tions faites sur les chevaux du 14e. régiment de
dragons à la fin de l'an VIII et pendant l'an IX
(1799, 1800); elles présentent toutes des faits
de pratique qu'il est bon de connoître et de re-
cueillir.
Le deuxième mémoire renferme huit obser-
vations sur le cornage et sur des cas de hernies
inguinales dont deux ont été guéries par l'opé-
ration : toutes ces observations sont présentées
avec clarté et précision , et l'auteur justifie la
confiance du Gouvernement dans la place im-
portante qu'il occupe.
Les sixième, septième et huitième mémoires
sont de M. Lacour, actuellement vétérinaire
au i5?. régiment de
dragons : le premier est
relatif à une plaie d'arme à feu; le second rend
compte des moyens employés pour l'embarca-
tion des troupes à cheval, et du mal de mer
observé dans les chevaux pendant la traversée
du portugal en France ; le troisième sur la gué-
rison d'une fracture de l'os de la mâchoire pos-
térieure : le second mémoire a sur-tout paru
(77)
intéressant aux commissaires, l'auteur y a
joint la description et une espèce de plan des
écuries à bord des vaisseaux. M. Lacour est
élève de l'Ecole d'Alfort, et il a déjà adressé à
la Société , dans les concours précédons , des
mémoires et des observations qui sont la preuve
de son zèle et du désir qu'il a de perfectionner
son instruction.
Le neuvième mémoire est de M. Brugel,
vétérinaire à Pierrelatte , départenîent de la
Drôme ; il contient deux observations : l'une
sur un glossantrax dans le boeuf,
guéri par
l'extirpation des parties charbonnées et les an-
tiseptiques ; une seconde sur un sarcocèle dans
le mulet, guéri par l'amputation : ces faits de
pratique méritent des éloges à leur auteur.
Le dixième est de M. Dufils , vétérinaire à
Bordeaux ; il contient la description d'une épi-
zootie qui se manifesta en l'an X (1802) sur les
bêtes à cornes dans les départemens au midi de
la France ; ce mémoire est divisé en quatre pa-
ragraphes : le premier contient l'histoire et le
diagnostic de la maladie ; le second le prog-
nostic ; le troisième les causes; et te quatrième
te traitement : cette maladie pouvoit être faci-
lement confondue avec le glossantrax qui est
un vrai charbon. M. Diifils a fait des expé-
(78)
riences ; il a- introduit dans la bouche d'un
animal sain la bave d'un animal malade , il a
même inoculé la matière qui découloit des ul-
cères, et les résultats lui ont prouvé qu'elle n'é-
toitpas contagieuse, ce qui, en tranquillisant, a
fait cesser les faux bruits que répandoient tes
charlatans, qui trouvent toujours des moyens
de ruiner les malheureux propriétaires en se-
mant l'alarme : M. Dufils a rendu un grand
service e» faisant connoître que la maladie n'é-
toit pas contagieuse.
Le onzième est de M. Damoiseau, vétéri-
naire au Haras
impérial du Pin ; il contient la

description d'une maladie adyuamique dont fut


affecté au mois d'avril 1808 un étalon du Haras :
cette maladie étoit accompagnée* de quelques
caractères de morve , qui avoient déterminé le
chef de l'établissement à prononcer le sacrifice
de l'animal; M. Damoiseau engagea le chef à

suspendre l'abattage; il fit sortir l'étalon du


Haras, et le plaça dans un lieu où il ne pou-
voit plus donner de craintes pour la contagion ;
il en entreprit lacure, et en moins de deux
mois elle fut opérée radicalement.
Cette observation est intéressante dans ses
détails et par ses résultats.
Dans le douzième, M. Colin, vétérinaire à
(79)
département des Àrdennes, a donné
Carignan,
la description d'une maladie charbonneuse qui
a attaqué les moutons de la ferme de Blancham-
pagne; cinquante bêtes étoient mortes avant son
arrivée , il n'a eu occasion d'observer la ma-
ladie que sur une seule; il a recueillîtes faits, il
s'est empressé de les communiquer à la Société;
les Commissaires pensent que M. Colin doit être
invité à continuer de correspondre avec elle.
Le treizième est de M. Grognier, profes-
seur à l'Ecole impériale vétérinaire de Lyon ; il
contient une suite d'expériences qu'il a faites à
l'Ecole sur plusieurs substances médicinales
dans quelques animaux , avec le faux ébenier ,
le séné bâtard, l'écorcedu saule, les plantes
aromatiques, l'éthiops martial, le vin, l'eau-
de-vie, l'absinthe, le laurier-rose, l'anagallis,
l'asperge , la garance , le soufre , la térében-
thine, la moutarde et le muriate d'ammoniac.
Ces expériences, qui ont coiité du travail à l'au-
teur , doivent être renouvelées plusieurs fois
dans différentes circonstances sur des animaux
de diverses espèces, , de taille, de cons-
d'âge
titution différentes , dans plusieurs saisons,
dans des animaux sains , comme dans des ani-
maux malades , etc., devenir utiles aux
pour
progrès de l'art ; personne ne peut mieux que
(8o)
M. Grogniez' suivre ce travail, qui est la suite
de celui que la Société a encouragé l'année der-
nière par une médaille d'or et qui promet des
résultats avantageux pour la médecine vétéri-
naire. Ce sont les matériaux d'un ouvrage que
l'auteur prépare sur les parties de la science
qu'il est chargé d'enseigner élèves. aux
M. Devèze fils, ingénieur-géomètre des eaux
et forêts, à Chabriol, département du Cantal,
a adressé 3 sous le N°. i5 , un mémoire sur la
morve du mouton ; ce n'est pas la morve pro-
prement dite comme celle du cheval à laquelle
l'auteur paroît vouloir la comparer , mais un
catarrhe inflammatoire.
M. Dormont, vétérinaire à Decize, départe-
ment de la Nièvre, a envoyé à la Société, sous
le N°. 16, un mémoire sur une maladie qui a
régné dans son département sur les moutons ;
il caractérise cette maladie de
péripneumonie
gangreneuse compliquée d'hépatitis; il a aussi
remarqué des bubons charbonneux : d'après
l'autopsie cadavérique, on reconnoît la pour-
riture ou cachexie aqueuse. Les Commissaires
pensent que la Société doit inviter MM. Devèze
et Dormont à continuer de recueillir des obser-
vations et à les lui communiquer.
M. Louis-Victo r Co Haine, professeur àl'Ecole
royale
(8i )
royale vétérinaire de Milan , a adressé à la So-
ciété un mémoire sur le traitement et la cure
de la morve par des moyens très-actifs qu'il a
employés avec beaucoup de succès.
Ce mémoire a paru d'un intérêt trop majeur
à la Société pour l'assimiler aux autres ; elle a
arrêté qu'il seroit imprimé, présenté au Mi-
nistre de l'Intérieur et répandu , pour que des
expériences soient répétées de tous côtés , et
que les observations de M. CoHaine reçoivent
la sanction dont elles sont susceptibles et dont
elles ont besoin.
La Société accorde une médaille d'or à
MM. Hurtrel d'Arboval et
Verrier;
Une médaille d'argent à MM. Lacour,Dufîls
et Damoiseau ;
Une mention honorable à MM. Barrier et
Grognier.
La Société se félicite d'avoir ouvert ce
concours à l'émulation des nombreux élèves
de nos Ecoles vétérinaires, et remercie le Mi-
nistrequi a bien voulu en faire les fonds : la
France et l'Europe en recueilleront tes fruits.
La Société se propose de faire imprimer ceux
de ces mémoires qui lui paroîtront les plus
utiles auîteprogrès de la médecine des animaux
aussitôt qu'elle en aura rassemblé le nombre
Société d'Agric. Tome XIII. F
(82)
suffisant pour en former un volume ; elle en a
déjà reçu pour le concours de l'année pro-
chaine.

6°. Rapport sur le Concours relatif à la Cécité


ou perte de la vue dans les Chevaux.

La Société avoit proposé, dans sa séance pu-


blique de Pâques 1808, aux propriétaires qui
se livrent à l'élève des chevaux, aux direc-
teurs et inspecteurs des haras, et aux vétéri-
naires, un prix de 1,000 francs, dont S. E. le
Ministre de l'Intérieur a bien voulu faire les
fonds, en médailles ou en argent, à distribuer
dans cette séance
, sur la question suivante :
Déterminer par une suite d'observations les
causes les plus ordinaires de la cécité , ou de
la perte de la vue, dans les chevaux , et in-
diquer les meilleurs moyens pour y remédier.
Elle avoit publié séparément ce programme
qui paroît néanmoins n'avoir pas été assez ré-
pandu, sur-tout dans tes pays où cette affection
est plus commune ; elle
reçu n'a que deux
mémoires sur l'objet de la question.
Le mémoire N°. 1 , écrit en italien , porte
pour épigraphe : Satius est proecavere quàm
curare morbos. CELSUS. Il est écrit par un vé-
térinaire très-instruit, et qui paroît avoir une
(83)
longue expérience ; il développe avec clarté
les causes de la cécité dans les chevaux, et
rapporte une série d'observations sur l'influence
de la fluxion périodique ; mais il s'est très-peu .
étendu sur la seconde partie de la question.
Le mémoire N°. 2 , écrit en françois, porte
pour épigraphe : Oculi pars corporis pretio-
sissima , et qui lucis usu vitam distinguunt à
morte. CICER. de Nat. Deorum. L'auteur est
aussi un vétérinaire très-instruit ; il expose et
développe avec soin quelques-unes des causes
de la cécité, et sur-tout de la fluxion pério-
dique dont il paroît s'être pour ainsi dire ex-
clusivement occupé. Ce mémoire ne contient
pas autant d'observations et d'txpcricnces que
le N°. 1 , mais il est recommaiidable par te bon
esprit d'observation, parla clarté fet la sagesse
du style ; comme celui du premier, l'auteur a

négligé d'examiner sous ses différens points de


vue la seconde partie.
Les deux auteurs sont d'accord
quelques sur
causes de la cécité , ils sont en contradiction sur

beaucoup d'autres : l'auteur du N°. 1 admet


toutes celles connues ou présumées; l'auteur
du N°. 2 les réduit toutes à une seule, les pâ-
turages humides. En général, dans ces deux
mémoires bons et bien faits, la question est
F 2
(84)
plus considérée sous le rapport médical que
sous celui de l'histoire naturelle, de l'éducation
et de l'emploi des animaux; elle n'y est pas
examinée comme te désiroit la Société.
Elle a cru devoir rendre justice aux auteurs
et conserver leurs droits, en n'ouvrant point
leurs billets cachetés 3 et en leur laissant la li-
berté d'ajouter à leurs mémoires, pour les pré-
senter de nouveau au concours que la Société
proroge à sa séance de Pâques 1812.
utile à son *
Il lui aparu d'ajouter programme
une note qui lui a été communiquée par un
propriétaire des départemens du midi sur l'ob-
jet du concours; cette note, qui paroît contra-
dictoire avec quelques-unes des opinions émises

par les auteurs des mémoires envoyés , pourra


éclairer les concurrens sur la véritable ma-
nière dont ils doivent envisager la question.
« La cécité attaque beaucoup plus rarement
les chevaux qui restent toujours aux pâturages
que les chevaux de trait, de charrois , de la-
bourage , qui fatiguent beaucoup.
» Cette assertion est prouvée par plusieurs
faits positifs, entre lesquels il en est deux que
j'ai particulièrement et constamment observés
pendant longues années.
» J'ai mes possessions dans les parties basses
( 85 )
des départemens du Gard et de l'Hérault ; ori
est dans l'usage, dans cescontrées, de faire
battre les blés par des chevaux qui les foulent
aux pieds (calcare). Cette opération fait qu'on
y élève et qu'on y entretient beaucoup de che-
vaux, uniquement pour cette destination. Ces
chevaux sont exposés à toutes les vicissitudes
de l'atmosphère, en toute saison; ils ne sont
jamais abrités dans des écuries ni même sous
des hangars : l'observation m'a démontré que
la cécité est extrêmement rare parmi eux.
» J'ai fait la même observation sur les mulets
qui transportent à dos dans tes pays de mon-
tagnes des ci-devant provinces d'Auvergne, du
Languedoc, de la Provence, dans les Alpes, dans
les Pyrénées, la quantité en est considérable;
on en voit infiniment peu devenir aveugles.
» J'ai au contraire observé beaucoup de che-
vaux, de mules et de mulets employés aux char-
rois , aux labourages, attaqués de cécité, et
spécialement ceux qui font de longues routes.
» Je crois être fondé à conclure de ces obser-
vations que la cécité dans les chevaux est une
maladie qui, indépendamment des causes na-
turelles , provient de quelques vices dans la
conduite , dans l'emploi des forces de ces ani-
maux , dans la manière de les soigner ; de
F 3
(86)
cause
générale enfin qui n'est point
quelque
inhérente à leur constitution , mais qui n'agit
que relativement à quelques circonstances; et
si nous pouvons parvenir à la connoissance de
ces circonstances particulières, cette connois-
sance pourra nous conduire plus sûrement aux

moyens d'en combattre ou d'en prévenir les


effets. »

70. Rapport sur le Concours pour des rensei-


gnemens sur les progrès de l'Agriculture en
France.

Les Soriétés d'Agriculture sont des élablis-


semens modernes.
En 1761, celle de Paris et plusieurs autres
furent instituées par arrêt du Conseil d'Etat du
Roi F,ouis XV, rendu sur te rapport de ^[.Berlin,
ministre d'Etat, et sur le modèle d'une première
association de ce genre, qu'un négociant pa-
triote (Montaudoin) avoit fait
ériger à Rennes,
en 1757, par les Etats de la ci-devant Bretagne.
Depuis 1761, ces Sociétés avoient partagé les
vicissitudes du Gouvernement, et en avoient
essuyé de
particulières.
La Société de Paris, réorganisée en 1798,
adop-.a en 1808 l'idée de profiler de sa position
au centre de l'Empire pour dresser en quelque
(»7)
sorte l'inventaire général des
progrès et de îa
situation de l'agriculture, à partir de l'époque
où les Sociétés d'Agriculture avoient été éta-
blies. Elle ouvrit pour 1809 un concours où dé-
voient être admis et récompensés ceux qui au-
roient le mieux exposé les améliorations intro-
duites depuis cinquante ans dans les diverses
branches de l'économie rurale de la France.
Vingt-cinq mémoires furent envoyés à ce
concours, et leurs résultats brillans furent pror
clamés dans la séance publique du 9 avril"1869.
Bien convaincue par-là de l'importance de ce
concours , la Société l'a laissé subsister pour
1810 , et son attente n'a pas été trompée ; elle a
reçu à ce sujet plus de quarante mémoires,
dont elle a confié l'examen à une Commission
de trois
membres, MM. Yvart, Coquebert
de Monbret et François, de Neufchdteau.
C'est le compte de ces nombreux ouvrages
que les Commissaires viennent rendre aujour-
d'hui : tâche précieuse, mais difficile; car, com-
ment réduire dans un rapport de quelques mi-
nutes la substance de tant d'écrits serrés, pleins
de faits , chargés de tableaux fondés sur des cal-
culs et des expériences multipliées ? Comment
analyser des analyses dans un temps donné, qui
suffiroit à peine pour en faire la table des ma-
F 4
( 88 )
tièresPNous réclamons votre indulgence , Mes-
sieurs, et nous nous sommes flattés de l'obtenir
par la pensée même qui nous a soutenus dans
notre travail, le devoir de rendre justice aux
auteurs qui ont concouru, et le désir ardent de
faire servir le résumé des progrès del'agi'iculture
àsesprogrèsultérieurs. Vous ne nous demandez
pas des théories brillantes ni de belles paroles.
Vous voulez des résultats et des faits; voici des
faits et des résultats.
Le concours a trois grands objets : Qu'est-ce
que l'agriculture a gagné depuis un demi-siècle?
Première question. Où en est aujourd'hui la
pratique de cet art dans les fermes les mieux
tenues? Seconde question. Enfin, de quelles
améliorations l'agriculture est-elle encore sus-
ceptible? Troisième question. Telle sera aussi
la division du rapport.
i°. Tableau historique des améliorations
introduites depuis cinquante ans. Dans les
nombreux mémoires que vous avez reçus sur
cette première partie de l'objet du concours,
et qui présentent tous des choses dignes d'at-
tention , vous en avez distingué huit, dontquel-
ques-uns joignent à l'importance des faits qu'ils
exposent le mérite d'une rédaction intéressante
et soignée.
( 89 )
i. Le meilleur 5 sous ces deux rapports, est
celui de M. Farnaud, secrétaire général de la

préfecture des Hautes-Alpes. L'auteur s'est as-


sujetti à suivre les dix-sept articles embrassés
par votre programme. Mais à ce premier ca-
nevas , il a cru devoir ajouter d'abord une in-
troduction qui fait bien connoître la situation
géographique et géologique de ce département
dont la surface, composée de cinq cent cinquante
mille hectares , en contient trois cent vingt-un
mille trois cents de rochers stériles et de terres
improductives; ensuite, pour éviter la répéti-
tion fastidieuse des évaluations des divers de-
grés d'améliorations comparés entre eux à dif-
férentes époques , il a dressé un tableau fictif,
destiné à les calculer d'une manière plus pré-
cise et à indiquer ceux que l'on peut espérer
raisonnablement d'obtenir encore sur chaque
branche de l'agriculture. Le nombre cinquante
est considéré comme le plus haut point de cette
échelle progressive de prospérité et de per-
fection. Ainsi, par exemple, à l'article de la
culture des racines, qui s'applique unique-
ment aux parrnenlières (i), on voit qu'anté-
(1) C est la dénomination que nous avons proposée pour
désigner le solanum, tuberosum , mal nommé pomme do
terre.
( 9° )
rieurement à cinquante ans les améliorations
n'étoient comptées que pour cinq sur cinquante 5
que depuis cinquante ans elles ont gagné trente-
cinq , ce qui paroît en être le maximum , mais
qu'il reste encore dix degrés à obtenir par la
culture des turncps et des betteraves champê-
tres. Ce tableau fictif est d'une invention ingé-
nieuse et sera sans doute imité à l'avenir. Deux
autres tableaux à la suite de celui-ci présen-
tentle détail, canton par canton, i°. des soixante-
quatorze canaux d'arrosage existant dans les

Hautes-Alpes , qui vivifient treize mille huit


cents hectares de terre, et dont il en a été cons-
truit un peu plus de la moitié depuis cinquante
ans; 20. des digues au nombre de deux cent
quatorze , élevées toutes depuis cin-
presque
quante ans, et qui protègent trois mille cent

vingt-quatre hectares de terre , contre les tor-


rens sur
lesquels elles sont assises.
LaSociété,satisfaitedutravaUdeM.JF<3:77ztfz*^,
lui a décerné une médaille d'or de 3oo francs,
et a voté l'impressiou de son mémoire sur les
Hautes-Alpes.
2. Mais les Hautes-Alpes ne sont
qu'un des

points les plus élevés de l'horizon immense


qu'embrasse du sein de Paris la Société cen-
trale d'Agriculture. De ce pays si montueux et
(DO
où le cultivateur avoit tant d'obstacles à vaincre,

reportons-nous vers des contrées voisines de la


mer, plus faciles à féconder, mais où l'agricul-
ture avoit pourtant été négligée pendant fort
long-temps. M. Pichon, secrétaire de la Société
d'Agriculture de Boulogne-sur-Mer, décrit par-
faitement les améliorations introduites depuis
cinquante ans , dans l'économie rurale du ci-de-
vant Boulonnois. Son introduction commence
aussi par la
topographie, la météorologie et
l'emploi des terres, dont il évalue le produit à
un peu plus de 5o francs par hectare. Aux dix-
sept articles de votre programme il en a ajouté
de très - curieux et qui sont faits aussi pour
servir de modèles, sur le régime diététique
des cultivateurs ; sur leurs travaux annuels ;
sur la distribution des petites et des grandes
propriétés ; sur les grandes usines ; sur les jar-
dins de botanique, parmi lesquels on distingue le
beau jardin du célèbre M. Dumont de Courset
(qu'on peut nommer par excellence le bota-
niste cultivateur) ( i ); surles animaux nuisibles^
sur tes dunes de sable , dont on a inconsidéré-
ment coupé les oya ou roseaux de sable ( arundo
arenaria, Lin.); enfin sur leg'travaux de laSo-

(1) C'est le litre d'un ouvrage classique dans son geurer


composé par M. de Courset.
fclété d'Agriculture, de Commerce et des Art»
de Boulogne-sur-Mer, instituée en 1797. Une
carte topographique du pays et des dessins de
meules à courans d'air, de charrues, etc. sont
joints à ce mémoire.
La Société a arrêté que l'auteur, M. Pichon,
seroit nommé son correspondant, lui a décerné
une médaille dor et a voté l'impression de son
mémoire.
3. M. Van-Recum, membre
Corps lé- du
gislatif, nous conduit ensuite au pied des mon-
tagnes du Hundsruck, vers les bords de la Mo-
selle et du Rhin, dans la partie du ci-devant
Palatinat du Rhin, qui renferme aujourd'hui
les départemens du Mont-Tonnerre , de Rhin-
et-Moselle et de la Sarre. La maison Palatine de
Deux-Ponts avoit fait dans ce pays de grandes
choses en faveur de
l'agriculture. Une école
d'agriculture avoit été établie à Raiser-Lautern,
et l'on ne sauroit trop la louer et la regretter.
C'est de cette époque que date dans ce pays
la culture vivifiante du trèfle et la distillation
des eaux-de-vie des parmentières, ou pommes
de terre, deux améliorations des plus remar-
quables. Les instructions des savans
professeurs
de cette école avoient été sur-tout mises à profit
par les anabaptistes, dont M. Van Recumlnsl
( 9* )
connoître les bonnes
moeurs, la simplicité, la
frugalité, l'attachement à l'agriculture. Il en
cite les familles les plus intéressantes, et sur-tout
celle des Mellinger, dont le chef actuel, pro-
priétaire à Pfedersheim (Mont-Tonnerre),
membre du Conseil général de son département,
et agronome consommé, vous a paru digne
d'une distinction particulière.
M. Van Recum a joint à son mémoire
cinq
traités particuliers en françois et en allemand^
savoir : i°. des observations sur la nécessité d'é-
tablir en France des écoles forestières; 20. une
instruction sur la plantation du robinier ( ro-
biniapseudo-acacia), arbre que nous nous fé-
licitons nous-mêmes de plus en plus d'avoir
mieux fait apprécier en France ; 3°. un traité
du défrichement du Hundsruck, dans les dé-
partemens de Rhin-et-Moselle et de la Sarre ,
et particulièrement dans l'arrondissement de
Simmern ; 40. une instruction sur l'éducation
des abeilles ; et 5°. une instruction sur l'établis-
sement des pépinières et la plantation des arbres
fruitiers.
La Société a décidé que M. Van Recum se-
roit l'un de ses Elle lui offre en
correspondans.
outre une. médaille d'or et fera imprimer ses
mémoires.
(94)
M. Mellinger, anabaptiste , a été nommé
correspondant.
4. , 5. , 6. , 7. 3 8. Les mémoires de
M. Morel, président du consistoire de Cour-
gemont ; de M. Bottin, secrétaire général de
la préfecture du département du Nord ; de
M. Delengaigne-Viquet, maire de Seningham;
de M. Nuvolone-Pergamo, vice-président de
la Société d'Agriculture de Turin ; de M. de
Villarsy , membre du collège électoral du dé-
partement de la Marne , ne sont pas aussi
étendus ni aussi complets que ceux dont j'ai
parlé en première ligne , mais il n'en est aucun
qui ne présente ce que nous avons sur-tout
cherché dans le concours , des faits positifs plus
ou moins récens sur les améliorations de l'agri-
culture. La Société en a récompensé les au-
teurs par diverses distinctions , savoir :
i°. Une médaille d'or de 100 francs et impres-
sion de son mémoire, à M. Morel, président du
consistoire de Courgemont^ auteur d'un mé-
moire sur l'état de l'économie rurale du dépar-
tement du Haut-Rhin, depuis cinquante ans.
20. Un exemplaire de la nouvelle édition du
Théâtre d Agriculture d'OLIVIER DE SEBKJES, et
impression de son mémoire, à M. Pottin, cor-
respondant de la Société , secrétaire général de
(95)
la Préfecture du département du Nord , auteur
d'un mémoire sur les engrais dans
ce départe-
ment , et sur l'usage qu'on y fait de la gadoue.
3°. Un exemplaire de la collection des Mé-
moires de la Société, à M. Delengaigne-Piquet,
maire de Seningham ( Pas-de-Calais ) , auteur
d'un mémoire sur l'état progressif de l'agricul-
ture dans l'arrondissement de Saint-Omer.
4°- Un exemplaire de la nouvelle édition du
Théâtre d'Agriculture ^/'OLIVIER DE SERRES , à
M. Nuvolone, correspondant de la Société,
vice-président de celle de Turin ( Pô ), auteur
d'une réponse aux questions de la Société, rela-
tivement au ci-devant Piémon! ; et à M. de Vil-
larsy, correspondant de la Société,membre du
Collège électoral et de la Société d'Agriculture
du département de la Marne , auteur d'un mé-
moire sur les plantations à
qu'il a exécutées
Colligny, arrondissement d'Epernay.
Parmi les faits dont les mémoires de ce
concours offrent un si riche dépôt, qu'il nous
soit permis d'en détacher ici quelques-uns des
plus frappans , et du nombre de ceux que l'on
peut exposer en moins de paroles.
Ainsi , par exemple , à l'article engrais 3
M. Farnauddit qu'une généralement
pratique
usitée dans les Hautes-Alpes, c'est la tenaillée
(96)
dans les prés pendant l'hiver, et mieux encore
à la fin de l'automne. Elle consiste à y trans-
porter dans des tombereaux ou à la brouette
de la terre prise dans les champs voisins, ou
au bas de la prairie ou dans les fossés qui la bor-
dent. Il ne s'agit ensuite au printemps que de râ-
teler les petites pierres qui peuvent s'y trouver
et d'achever d'écraser les mottes que la gelée
n'avoit pas mises en fusion. Les terraillées dans
les champs produisent des effets non moins sa-
lutaires. M. Farnaud garantit que l'expérience
a consacré depuis long-temps dans les Hautes-
Alpes l'avantage de cet amendement qu'on a

présenté en dernier lieu comme une décou-


verte dans les départemens de l'ouest.
Le mot de terraillée est expressif et manque
à notre vocabulaire d'agriculture (i).
Combien d'autres faits , combien d'autres
usages digues d'être plus connus et sur-tout
d'être généralement imités , ne seront-ils pas
en quelque sorte révélés et signalés pour la pre-
mière fois, par les mémoires de ce concours !

(i)Dans le" deuxième chant de ses Géorgiques fran-


çaises, ROSSET a risqué le mot de ferrure.
La vigne , tous les jours ,
De vos soins assidus exige le secours.
Tantôt elle demande une forte ferrure , etc.
Par
(97)
Par exemple, dans un essai trop succinct sur
l'agriculture du départementde laSotnme,nous
trouvons le nom d'une commune des environs
d'Amiens , dont les habitans se sont consacrés à
l'art de planter et d'entretenir les haies vives.
« Les clôtures , dit l'auteur de ce mémoire ,
se sont ressenties de l'impulsion donnée à l'agri-
culture. Des haies vives croisées et très-bien
entretenues remplacent en beaucoup d'endroits
les haies sèches 6u les clôtures en bois recou-
vertes de lattes et de mortier. Il existe un village
nommé Beaucamp, à quelques myriamètres
d'Amiens, dont la plupart des habitans n'ont
pas d'autre industrie que de planter et d'entre-
tenir les haies vives. Au commencement de cha-
que hiver, ils se répandent dans tout le dépar-
tement pour y exercer leur métier. Comme ils
ont du talent pour ce genre de plantation, ils ne
manquent jamais d'ouvrage. Ils plantent leur
haie pour ainsi dire à plat, sur une banquette au
bas de laquelle ils creusent un fossé ; ils la recè-
pent au bout de deux ans , et deux ou trois ans
après ils la croisent parfaitement; cette clôture
devient impénétrable, même pour un petit qua-
drupède, et son entretien est peu dispendieux. »
Nous désirerions plus de détails sur cette in-
dustrie particulière des habitans de Beaucamp,
Société d'Agric. Tome XIII. G
C98)
et nous espérons que l'auteur du mémoire tes
circonstanciera davantage en nous renvoyant
son ouvrage plus développé, pour le concours
de l'année prochaine ; mais le fait en lui-même
est curieux, et l'on sent qu'il est beaucoup de
branches de l'économie rurale qui pourroient,
comme l'art de faire des haies , attirer spéciale-
ment l'attention
de quelques hommes indus-
trieux, qui s'y consacreroient et introduiroient
aussi dans la grande manufacture des produc-
tions rurales les avantages de la division du tra-
vail : avantages déjà si bien reconnus dans lés
fabriques et les manufactures ordinaires.
Parmi les instrumens nouveaux que ces mé-
moires feront connoître, il en est de très-re-
marquables. L'un
qui est décrit et dessiné par
M. Farnaud est une paire de ciseaux à tailler
la vigne, inventés depuis quelques années, et
dont l'usage se propage dans des vignobles consi-
dérables. Ces ciseaux restent constamment ou-
verts, au moyen d'un ressort, dans la main du
vigneron; en les fermant il tranche le sarment
«ans hésitation. L'avantage de cet outil est d'ac-
célérer singulièrement l'opération de la taille,
et de couper le sarment plus ferme qu'avec la
serpette : on peut s'en servir aussi pour la taille
des jeunes arbres.

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