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Séminaire n°1 : L’éducation des femmes : de la marge au centre.

Texte n°1 : DIDEROT, La Religieuse (1760) : la cérémonie des vœux (GF, p. 46-47.)
Cependant les cloches sonnèrent ; je descendis. L’assemblée était peu nombreuse ; je fus
prêchée bien ou mal, je n’entendis rien. On disposa de moi pendant toute cette matinée qui a été nulle
dans ma vie, car je n’en ai jamais connu la durée ; je ne sais ni ce que j’ai fait, ni ce que j’ai dit. On
m’a sans doute interrogée, j’ai sans doute répondu, j’ai prononcé des vœux, mais je n’en ai nulle
mémoire, et je me suis trouvée religieuse aussi innocemment que je fus faite chrétienne : je n’ai pas
plus compris à toute la cérémonie de ma profession qu’à celle de mon baptême, avec cette différence
que l’une confère la grâce et que l’autre la suppose. Eh bien, monsieur, quoique je n’aie pas réclamé à
Longchamp comme j’avais fait à Sainte-Marie, me croyez-vous plus engagée ? J’en appelle à votre
jugement, j’en appelle au jugement de Dieu. J’étais dans un état d’abattement si profond que quelques
jours après, lorsqu’on m’annonça que j’étais de chœur, je ne sus ce qu’on voulait dire. Je demandai
s’il était bien vrai que j’eusse fait profession ; je voulus voir la signature de mes vœux ; il fallut
joindre à ces preuves le témoignage de toute la communauté, celui de quelques étrange qu’on avait
appelés à la cérémonie. M’adressant plusieurs fois à la supérieure, je lui disais : Cela est donc bien
vrai ?... et je m’attendais toujours qu’elle m’allait répondre : Non, mon enfant, on vous trompe… Son
assurance réitéré ne me convainquait pas, ne pouvant concevoir que dans l’intervalle d’un jour entier
aussi tumultueux, aussi varié, si plein de circonstances singulières et frappantes je ne m’en rappelasse
aucune, pas même le visage ni de celles qui m’avaient servie, ni celui du prêtre qui m’avait prêchée, ni
de celui qui avait reçu mes vœux ; le changement de l’habit religieux en habit du monde ; depuis cet
instant, j’ai été ce qu’on appelle physiquement aliénée. Il a fallu des mois entiers pour me tirer de cet
état.

Texte n°2 : LACLOS, Les Liaisons dangereuses, Lettre LXXXI, Livre de Poche, p. 246-247.
Tremblez surtout pour ces femmes actives dans leur oisiveté, que vous nommez sensibles, et
dont l’amour s’empare si facilement et avec tant de puissance ; qui sentent le besoin de s’en occuper
encore, même lorsqu’elles n’en jouissent pas ; et s’abandonnant sans réserve à la fermentation de leurs
idées, enfantent par elles ces lettres si douces, mais si dangereuses à écrire […].
Mais moi, qu’ai-je de commun avec ces femmes inconsidérées ? Quand m’avez-vous vue
m’écarter des règles que je me suis prescrites, et manquer à mes principes ? Je dis mes principes, et je
le dis à dessein : car ils ne sont pas, comme ceux des autres femmes, donnés au harsard, reçus sans
examen et suivis par habitude ; ils sont le fruit de mes profondes réflexions ; je les ai créés, et je puis
dire que je suis mon ouvrage.
Entrée dans le monde dans le temps où, fille encore, j’étais vouée au silence et à l’inaction,
j’ai su en profiter pour observer et réfléchir. Tandis qu’on me croyait étourdie ou distraite, écoutant
peu à la vérité les discours qu’on s’empressait à me tenir, je recueillais avec soin ceux qu’on cherchait
à me cacher.
Cette utile curiosité, en servant à m’instruire, m’apprit encore à dissimuler : forcée souvent de
cacher les objets de mon attention aux yeux de ceux qui m’entouraient, j’essayais de guider les miens
à mon gré ; j’obtins dès lors de prendre à volonté ce regard distrait que vous avez loué si souvent.
Encouragée par ce premier succès, je tâchai de régler de même les divers mouvements de ma figure.
Ressentais-je quelque chagrin, je m’étudiais à prendre l’air de la sérénité, même celui de la joie ; j’ai
porté le zèle jusqu’à me causer des douleurs volontaires, pour chercher pendant ce temps l’expression
du plaisir. Je me suis travaillée avec le même soin et plus de peine, pour réprimer les symptômes
d’une joie inattendue. C’est ainsi que j’ai su prendre sur ma physionomie, cette puissance dont je vous
ai vu quelquefois si étonné.
J’étais bien jeune encore, et presque sans intérêt : mais je n’avais à moi que ma pensée, et je
m’indignais qu’on pût me la ravir ou me la surprendre. […] Dès ce moment, ma façon de penser fut
pour moi seule, et je ne montrai plus que celle qu’il m’était utile de laisser voir.

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