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i mtr ofele de le Bes ee Recta aictels photographique le point sur Audaces timidités et de la Renaissance Pascal Bri st, maitre de conférences, Centre d'études supérieures de la Renaissance, Université de Tours ‘Evoquons quelque docteur de cette école, mort il y a cent ans. Quels seront ses sentiments ? Si, au souvenir qu'il a gardé de son temps, il compare le notre, je veux dire non pas nos espérances, mais les fleurs écloses déja de U'union des lettres et de la science en France, en Htalie, en Angle- terre, ne restera-t-il pas stupéfait et foudroy Tel est l'enthou Ramée décrit, en 1546, I'époque de Frangois I, enthousiasme partagé par ses contempo- rains lettrés, mais aussi par ses préd jens comme Leonardo Bruni ou Pic de la sme avec lequel Pierre de la ita Mirandole. On sait qu’au XVI sigcle, ses Vies des mei leurs peintres, sculpteurs et architectes italiens, utilise le mot rindscita Vasari, dans pour qualifier le renouveau des arts, alors que Ie terme de “Renaissance”, utilisé par Jacob Burckhardt et Jules Michelet au XIX° sivcle, posstde une acception beaucoup plus large. Ce- pendant, I’6pogue correspond bien un moment historique particulier, entre XV"et XVI sid aucours duquel plusieurs ct de savants eurent le sentiment que des temps Venus, marquant une rupture la période médiévale qualifié “gothique” et de “barbare”. Il faudra revenit de rupture qui peut n’avoir été nouveaux étai tres nette ave qu'une illusion, Il est néanmoins indéniable qu'un écart a 616 pergu et que la conscience ’appartenir un sidcle unique a été constitutive dune culture singuliére, partagée au moins par certaines élites. Le concept de Renaissance n'en demeure pas moins problématique ds lors qu’on en 6largit Pusage au-dela d’un simple mouvement litéraire et artistique. Y eut-il une Renaissance économique, une Renaissance scientifique, une Renaissance religieuse, une Renaissance des sensibilités ? Autant de questions discutées par I’historiographie qui ne trouvent pas de réponses évidentes. a temporalité dans laquelle s'inscrit la Renaissance pose aussi un probléme. Elle préte facilement & lironie des historiens car selon les licux, le phénomene apparait au XII ou au XVI sidcle et se termine soit au début du XVI sigcle, soit en plein cour du XVII sidcle. Les décalages entre Italie et Angleterre HERI 0 000 curve 0€ La nennissance sont a ce titre exemplaires. De plus, faire de la Renaissance, & la maniére de Phistorien balois, Jacob Burckhardt, le moment fondateur de la modemité est aujourd'hui remis en cause par tous ceux qui pointent les archaismes des XV°et XVIsideles ; par tous ceux, aussi, qui récusent une téléologie historique selon laquelle passé et présent forment une chaine causale parfait. Le Moyen Age n'est peut-<étre pas si radicale- ment coupé des sitcles qui le suivent. Ainsi, par exemple, l’entreprise qui consista & faire accepter une vision théologique plus élevée de la nature humaine s’ancre dans la réflexion de Thomas d” Aquin sur les besoins spirituels de l'homme. Dans le domaine de l'art, les fresques de Benozzo Gozzoli dans la chapelle privée du palais des Médicis, & Florence, relé- vent du style gothique international, mais cela est classique de présenter Pétrarque (1304- 1374) comme le pére spirituel de la Renais- sance. A la cour pontificale d” Avignon, en effet, le lettré est I'un des premiers & militer pour la restitution des textes en latin classique : il réa- lisa lui-méme un important travail sur le Pro Archia de Cieéron et rédigea plusieurs vies de fondatrice plausible, ce sont surtout ses prises de posi lastiques et l"enthousiasme qu'il communiqua, a toute une génération d’érudits et da du XV° sidele, Anciens et modernes Le premier cercle autour de Pétrarque rassem- blait entre autres le peintre Simone Martini, auteur Boccace ou le tribun républicain Cola di Rienzo. Hengendra a son tour dans les années, 1430 un cercle florentin, En son sein, V'inépy sable soif de livres anciens de Leonardo Bruni, Coluccio Salutati et du Pogge, fut a Vorigine de laconstitution d’un premier fonds de littérature latine et de la mise en place de méthodes phi- lologiques de plus en plus assurées. AL époque oi ’on commengait a dépouiller les textes antiques des erreurs de copie ou a" terprétation héritées de la période médiévale, Parrivée en Italie de Grees fuyant I" Empire byzantin menacé, ajouta & la culture latine la sagesse hellénique. Burckhardt présente la chute de Constantinople (1453) comme un n’empéche pas larchitecte du lieu d’ utiliser de fagon contemporaine, pour la cour principale, des arcades composites ail'antica, De méme, les eérémonies civiques florentines empruntent largement le vocabulaire chevaleresque de la cour de Bourgogne, avec ses toumnois et ses emblémes. Pareillement, les humanistesitaliens qui se lancent & la recherche des manuscrits auteurs latins dans les années 1430-1450 ont pour prédécesseurs des humanistes francais du XIV® sigcle et du début du XV° sigcle comme Jean de Montreuil, En somme, plutdt qu’ une rupture veritable Ja Renaissance est le résultat dune évolution Jongue, une époque qui, oublieuse du legs de ceux qui ont immédiatement précédée, n'a voulu retenir que les aspects les plus sombres du medium aevum. @riter le passé ou s'en démarquer ? tournant radical. En réalité, le monde gree n’était pas totalement inconnu des Italiens, cen raison notamment des nombreuses ambas- sades envoyées par les empereurs byzantins pour tenter de motiver une croisade contre les Tures. Hommes, savoirs linguistiques et ‘ouvrages philosophiques circulaient déja entre Orient et Occident dés avant 1453 ; cependant, la redécouverte de Platon, de livres inconnus d'Aristote, des textes scientifiques d’ Euclide ‘ou d’Appolonius, sont bien des phénoménes datables de la seconde moitié du XV° siéele. Laphilosophie en fut ébranlée. Ainsi, les éerits «'Aristote sur la rhétorique, la mécanique ou la théologie conduisirent a des réflexions inédites, par exemple, chez Pomponazzi, sur la nature de me. Quant a la doctrine platonicienne et néoplatonicienne, inspirée de Plotin, elle faisait de amour un moyen datteindre Dieu, en obser- vant dans la nature les échos entre microcosme et macrocosme. La redécouverte de certains de ces textes, cen contradiction avec la culture chrétienne et classique, était par ailleurs porteuse de ferments révolutionnaires. I fallait opérer des syntheses centre des courants radicalement hétérogenes. Ainsi, le De la subtilité de Jérome Cardan recherche-t-il une union impossible entre Aristote et Platon et la philosophie de Pic de la Mirandole eroise-t-lle e platonisme de Marsile Ficin et les idées de la cabale, ‘Car un autre courant arriva a peu prés simul- tanément dans la péninsule, celui de la culture hébraique transmise par les intellectuels juits I sbi avant Fome en 1506, Musee du Vatican chassés d’Espagne. Il nourrt la connaissance que ron avait des textes de I’Ancien Testament et introduisit chez les chrétiens lart de la cabale. Une révolution des lettres et des arts Ia cons- Le patronag titution de bibliothéques (celle d’Urbino, celle du pape ou celle des Médicis & Florence) et d’académies (celle de Careggi, prés de rence) qui contribuérent a la diffusion de ces savoirs. Les universi des Princes encourag encore I’ Anglais John Colet, Es de Guzman ou le Hongrois Janus Pannonius. De plus, les lettrés, les artistes et les livres italiens circulérent partout en Europe et donnérent bient6t naissance & une véritable République des Lettres. Apres 1470, V'imprimerie amplifia singu- lidrement le mouvement qui se donnait pour tiche de faire revivre I"Antiquité. Les atelics @imprimeurs eux-mémes formaient parfois, comme & Venise celui d’Alde Manuce, des centres humanistes au sein desquels auteurs, philosophes, traducteurs et grammairiens, col laboraient a la restauration des belles-lettres, Dans ce domaine, un débat s’engagea sur imitation des Anciens : ne fallaitil pas essayer de les surpasser plutot que de les copier servi- Iement ? Certains, Paolo Cortesi ou Lorenzo Valla, tenaient pour gles cies roniennes classiques ; d'autres, Ange Politien ‘u Pietro Bembo, étaient au contraire partisans ventif. Les fiertés nationales fense de un style plus contribuérent a leur tour A ces phénoménes 4’émulation. Le cardinal Bembo chercha par exemple & imposer un classicisme toscan dans la lignée de Dante et de Pétrarque tandis que, plus tard, Joachim du Bellay défendit celui de la langue frangaise, Conrad Celtis celui de Ial- Jlemand, Antonio de Guevara celui de I'espagnol et Philip Sidney celui de l'anglais Les mémes marques, entre Antiquité et présent, furent prises en architecture. Le rale que joua la redécouverte de Vitruve et son commentaire, passé au crible des trouvailles archéologiques, est indéniable. Dans certains cas, par exemple pour la construction de pa- Iais espagnols, les planches illustrées de son De Architectura ont méme servi de patron & des portails. Il est évident que la grammaire vitruvienne des ordres et des types d’édifices ainsi que les régles d’utilité, de solidité et de beauté, ou les notions de correspondance entre partie et le tout, de distribution, de module et derrythme, ont imposé leurs lois aux architecte: Filippo Brunelleschi, par exemple, lorsqu’il rmine aspect de I’église San Lorenzo, a Florence, respecte les injonctions du maitre romain : monumentalité (firmitas), plan basi lical a trois nefs dicté par l'usage de I’édifice (utilitas), croisée des transepts carrée servant de module (symmerria), colonnes et pilastres de style corinthien, éclairage diffus par de hautes fenétres éclairant des surfaces blanches et grises (venustas). Néanmoins, la grandeur de I'architecture de la Renaissance réside aussi dans I’invention de solutions techniques originales répondant au ‘it des commanditaires. Le méme Brune! chi, lorsqu’il se voit confier la tiche d’achever upole la cathédrale Santa Maria del ce commencé au XIII* jécle, doit résoudre une diffic Jhnique sans réel précédent : construire sans échafau- un déme culminant & quatre-vingt-dix metres. Ine ui est pas loisible de construire une nisphérique en all pour contrebalancer la poussée sur le cercle ait l'architecte du Panthéon a 'époque de I’empereur Hadrien, WER 2010 exr0re oe anenvassmice sevccccececcccccccce Lonard de Viel, sage ferinin it La Scapigtata (LEbouie), ‘essin, vers 1490, 24,7 x21 om, Galeri national, Parme ‘on lui demande de respecter le style gothique qui conserve tout son prestige et sa vitalité. I construit donc, sur la base octogonale, deux coques s’appuyant l'une sur autre, dont la structure annulaire est tenue en place par un squelette de pierre et par des briques dispo- sées en arttes de poisson. Les tensions de la gigantesque coupole sont, pour fini, résolues par une pesante lanterne en marbre qui coiffe Ja cathédrale. Non seulement, Brunelleschi it preuve de créativité dans sa conception architectonique, mais il innove également en ceréant des machines qui lui permettent d’élever son ceuyre au-dessus de’ Amo : grues sophisti- 4quées, treuils& changement de vitesses, navies 8 aubes pour transporter le marbre depuis Car- rare en Toscane, ete. Plus tard, & T'époque du maniérisme, les architectes font méme de I’écart au modzle vitruvien une clause stylistique. Ainsi, en 1533, dans le Palazzo del Te 4 Mantoue, Giulio Romano joue avec le dorique en incluant des frontons qui se déboitent ou des triglyphes qui se décrochent de la frise. Dans le domaine de la peintur, i 6ait bien 4ifficile d'imiter les Romains ou les Grecs car Jes ceuvres que nous eonnaissons aujourd’ hui (fresques de Pompéi, portraits du Fayoum) n'avaient pas encore été redécouvertes. On savait cependant par Pline que des artistes de I’Antiquité, Apelle ou Zeuxis, avaient été des maitres de la peinture illusionniste ; aussi plagait-on tres haut l'art mimétique réaliste. En ‘outre, I'Antiquité fut doublement convoquée dans les tableaux, & travers les themes mytho- logiques ou historiques (pensons au Venus et Mars de Botticelli ou 2 la Bataille d’Alexandre @’Alidorfer) et les décors architecturaux ou décoratifsa antique. Les “grotesques” retrou- des résultats essentiels de la référence au passé fut I'émancipation des thémes exclusivement religieux de la période médiévale. Les précé- dents Iégitimaient en effet des audaces comme Je portrait de homme illustre, la fresque histo- rique, le nu mythologique ou héroique. Toute- fois, la peinture de la Renaissance, malgré ses velléités humanistes, fut résolument modeme en cela qu’elle intégrait des techniques que le passé n’avait pas connues, tele la perspective ‘26ométrique ou la peinture & Phuile, Un phénoméne analogue a lieu dans le champ de la sculpture od, si 'on marque sa révérence aux euvres de marbre de I’ Antiquité, comme le Laocoon redécouvert en 1506 et exposé au Vatican, on imagine aussi des solu- tions nouvelles pour les statues de bronze grace aux techniques de fonderie élaborées dans les “arsenaux, pour les canons des Princes, ou dans les ateliers d’orfevrerie, pour les besoins de la noblesse. Le Condottiere a cheval de Donatello sur la Piazza del Santo de Venise, le Persée et Andromede de Benvenuto Cellini ou la Porte du Paradis du baptistére de Florence par Ghiberti sont a ce titre typiques des temps modernes. La musique, quant delle, ne laissait a priori gute de prise aux humanistes puisqu'aucune partition antérieure au Moyen Age navait été conservée, Comme en peinture, cependant, ‘on chercha dans les témoignages des auteurs antiques des preuves de la supériorité du génie des Anciens. L'idée qu'il fallait réconcilier Vart ‘musical et la poésie des mots connut un certain suects au XV*sidcle, notamment avee Vittorino da Feltre 4 Mantoue et Johannes Tinctoris & la cour d Aragon, La conviction croissante du pouvoir magique et de Ia fonction éthique de a musique telle qu'elle avait été pensée par les Anciens (Orpheée, disait-on, avait détourné Jes hommes de la guerre au seul moyen de sa lyre), poussa les intellectuels et les autorités & constituer des biblioth®ques et des académies pour étudier les écrits théoriques sur le sujet En découla un bouleversement de la réflexion WEI 0° 000 Lev 0re ve La nerssornce sur les intervalles et leurs effets, sur Vassocia- tion entre prosodie et rythmes. L’Académie de poésie et de musique de Baif, fondée en France en 1570 par Charles IX, incame cette évolution tardive. I faut toutefois relativiser la rupture introduite car les modes “a antique” soi-disant redécouverts n’étaient en réalité que ceux du plain-chant médiéval. La vraie nouveauté ré- side dans les conséquences que l'apparition de imprimerie musicale, a Venise au XVI sicle, cut notamment sur la diffusion des polyphonies de cour ou sur les genres nouveaux, comme le madrigal Science et technique: ‘Cestdans ce domaine que l'on mesure le micux latension entre timidité restauratrice et audace novatrice. Lapremitre chose que firent les humanistes italiens, au contact de la sagesse mathématique grecque au début du XV* siete, fut ¢'établir des corpus définitifs des chefs-d"euvre du passé. Les Eléments d’Euclide furent ainsi rendus disponibles, et bient6t imprimés. La recher- che des écrits perdus et leur reconstruction fictive d’apres les indices dont on disposait devint méme une obsession de mathéma cien. S’ajoutérent bient6t a cela les textes de Pappus, Appolonius, Archiméde, et autres Heron d’ Alexandre, si bien que les sciences firent un grand bond en avant dans le sens de Ja mathématisation, d’autant que dans le méme temps, algebre des Arabes était introduite en Occident. Paradoxalement, I’hermétisme et le pytha- gorisme, eux aussi hérités de l’Antiquité, loin empécher 1a rationalisation des pratiques, y contributrent : la recherche des signes ma- thématiques (ou tout au moins mesurables) du divin sous-tend la théorie des correspondances Voyages o'frasme Ge Lees Voyages Albrecht Dover Voyages de Conrad Celts mGenive lyon & Ro Mi sboasa non 8 ception creatrice et resistances = [rere eae aero pas leurs idées de fogon égale et au tntme ythme prtot en Ewrope. Dans tous Jes cas, cependant, la reception svaccompagna Gune rSertare dela forme inate dans le style local Ta Hongrie du roi Mathias 1* Corvin (1440-1490), bien que stage capripirie del Europe cto contac de Enpire otoman, offre exemple ‘Tune reception quasi immédiate et eae sane relma ca 1460, Mathias Corvin, édugué dans la tration humanist, gotta particu Tdrement es ives ees tudes. Son italophile Tiageen 1476 avec Béatrice Aragon, fille du toi de Naples, et par celui de son ils Stora. Le patronage royal détermina un affix architects, artisan, Ganistes (Verrochio, Lippi, etc) d'Gxivons finloas qui ment en teuvre un programme architectural, Ascoraif et eulturel gout de Mathias Corvin pour un Symbolique du pouvoir empruntée aux Medicis tliat la figure d'Her- cule (mais ne néHigeat pas non plus Je modole d’Atila!)allat de pair avec un got pour le syle déorai florentin all'amica lise fréquem- rent dans les éifices des ville de Budapest Visegrd et Erergom. Mas sila bibliothegue de Mathias, avee sa collection ouvragesentumings, imitait elle des Medicis, les jardns supers de Buda co palais de Monette & Urbino Pourant, intérer le ides now- velles a'avait rien dais. Cestce (qs eet de aumanise ale Galeatto Marzi (1427-1590) rappor sa vb la cou bongoise- Ony pervoit ineompréhension de ato Grate focale devant la culture livres ue classique chee aux humanists ‘Néanmoins etext se sera evidence de anecdote des courisars incltes renforeée par son ma fime avec une princesse iste. Le pour construire un exemplum visant & ‘anterIefficacté de I'6véque Mikl6s Bithory (ancien éleve de Marzio) & faire pénétreritalianitéen Hongrie. Le prélat invita en effet, & instar de son roi, des architectes et des magons de la péninsule pour édfer la cathédrale ainsi que la résidence épiscopale de Vie. Le patronage de Bathory a pour _méfite, aux yeux de Marzio, de reposer sur la littérature classique et sur tation des académiesflorentines. Ainsi, la demeure de elle louce pour ressembler par ses jandins, sa bi- bliothque, son animation et jusqu’au paysage de collines qui entoure,& la Villa des Médicis& Careggi ans d'autres pays, la réception des formes culturelles italiennes ne fut que partielle, quand elle ne fro pas le rejet pur et simple. En Castille, si humanisme fut particuliérement bien acctimaté, par exemple par le ardinal Cisneros qui fonda 'Uni- versité d’Alcas (1498), a grammaire de architecture vitruvienne (voir page 48) ne s"imposa qu’a condition de composer avec le style gothique espagnol précxistant. C'est ainsi que fut inventé en Espagne le style plate- resque (de plateria, orfevrerie) dont ka fagade de I'université de Salamangue ‘offre un joliexemple avec se plastres etsesent usomés de reliefs (blasons, médaillons, veg wtifsen tun ar de sculpteurs, et sion lui appl quele langage architectural italien, on ne le comprend guere En terre ’Empire, ceper résistance & Fitalianisme fut bien plus accentuée. Des humanistes comme des structures gothiques. Enfin, les tables et autres sculptures en bois de tilleul allemandes, dont Tilman Riemenschneider porta l'art la perfc- tion, appartiennent 2 un imaginaire ts éloigné de Iart italien. Les matériaux disponibles en Europe centrale avaient certes orien mais les gots des commanditaires bourgeois, et plus tard, es te iconoctastes de la Réforme, lit aussi les options des artistes. La Renaissance tardive inventa par ailleurs, Angleterre, des formes culturelles, inédites et relati os de celles que com théatre public élisabét ccélébre par le génie de Shakespeare, largement ouvert sur la ville et plus seulement sur la cour, incame bien ces innovations. Le texte du dramaturge ‘Thomas Dekker (1572-1632) décrit avec ironie le comportement di ‘au théfite il montre qu’esten train de naftre la fin du XVEF sidcle un espace public critique tout & fat original Chaque nation, en somme, a choisi dans la civilisation de la Renaissance les aspects qui lui con- venaient le mieux et ceci eut pour résultat la crSation de cultures locales hybrides. ins des pays comme , rendu ilustration de Fart plateresque : le portal de université de Salamanque, 1520-1525 aor aes Eero CGaeotus Marius Nariensis, De ‘egreie,sapint, case dts ac facts gis Mathiao ad cucom lonannem ous fur ibe, te dans The Renaissance n Europe. an ‘Aniroogy, ete par Peter Elmer et ‘ali Londres Tho Open University Pres, 2000, adetlon Pascal Bois. yrs eee nr Coorg “Thomas Dokkor, Le Jour dokte des cordomiers su de LAbScsdaie hs bonds, 1608, taht J Lo nay, Pre: Aor, 1955. “Dans a mytlogie gece, Momus stl ceu do a moquorie ot a leftique de mauvaise fo Alors que 'assemblée des nobles se réunissait, afin de remédier & ennui de l'occasion, Miklés apporta avec lui un livre : les Disputations tusculanes de Cicéron, si ma mémoire ne me fait pas défaut. Beaucoup s'esclafférent & la vue peu banale de cet extraordinaire jeune homme lisant des livres en un tel endroit ; c’était une nouveauté pour les Hongrois de voir un évéque se pencher sur un livre, surtout dans une telle réunion oi les discours et les débats étaient ordre du jour. Mais alors quils riaient, le roi Mathias entra et, voyant Miklos tenant ses livres, il me dit : “Mikiés était, je crois, votre ancien étudiant et un condisciple bien-aimé lors de vos cours. Et cela est juste. Car 'apétre (Pierre), quand il investi les premiers évéques, dit bien quil devait y avoir des ensei- gnants parmi eux [...)". Alors Mathias se tourna vers ces princes dont il avait entendu les rires et les semonca en ces termes : “Ne riez pas de celui que vous ne pouvez comprendre en raison de votre ignorance”. [..] Je ne dis rien de la magnificence avec laquelle a été construite la cathé- drale, des architectes et des magons ayant été importés a grands frais depuis Vitalie, de telle sorte que I'église et la résidence épiscopale seyaient tout par- ticuliérement a la personnalité et & la générosité [de l'évéque Mikiés ]. Ayant passé deux ans en Hongrie, je fis un voyage pour voir ce dernier. Il me regut et s'occupa de moi avec une telle humanité que méme moi jen vins a trouver cette singuliére hospitalité extraordinaire. De plus, il me poussa a écrire une histoire des hauts faits du roi Mathias, afin que les nobles actions de ce grand ‘oi, qui illustra son pays et le rendit puissant, ne sombrent pas dans loubli. La dignité et élégance de sa Maison me plurent également beaucoup : car dans sa demeure, il y avait constamment des personnes en priére ou a étude, ou chantant en s'accompagnant a la lyre ou partageant d'honorables conversa- tions. Lendroit ignorait 'inactivté, la paresse et le temps perdu. Les fréquentes promenades du chateau jusqu’aux jardins (que Iui-méme avait dessinés et décorés d’étangs) et des jardins au chateau s'accompagnaient toujours de la {fréquentation d'hommes de qualité ou de la fréquentation de bons livres, de telle sorte que, quoi qui arrive, ces trajets se faisaient toujours de maniére intéressante. Partois, 'évéque se déplagait en carrosse, revisitant inlassable- ment ce cercie de plaisantes collines ensoleillées en 'excellente compagnie de livres ou dinterlocuteurs éclairés, de telle sorte que T'on eat cru que Mi- nerve et les muses habitaient et fréquentaient joyeusement ces splendides vallons bachiques. Puisqu’on prend si librement son plaisir en ce lieu [le théatre], que le fils du fermier peut aussi bien y avoir un tabouret que le membre de Ecole de droit du Temple ; que le fumeur nauséabond a la méme liberté d'étre la, entouré de sa vapeur de tabac, que notre suave courtisan, et que notre charretier et notre chaudronnier revendiquent une voix aussi puissante dans leurs suffrages et siégent en jugement sur la vie ou la mort de la piéce tout comme le plus fier Momus* de la Tribu Critique, il est juste que celui & qui les notes des tailleurs font la plus large place ne soit pas, lorsquill arrive, coincé comme une viole dans sa botte [...] En tasseyant sur la scéne, tu as par brevet signé le droit d'accaparer tout Varticle critique ; tu peux légalement poser au railleur, tenir le gouvernail aux changements de décors, sans pourtant que personne ne tente jamais de te contester le titre de fat insolent et outrecuidant [..]. Et maintenant, messire, si auteur est un individu qui a fait sur toi une épigramme, ou a courtisé ta maitresse, ou a introduit sur la scéne soit ta plume, soit ta barbe rouge, soit tes petites james, etc., tu I'humilieras plus qu’en le roulant dans une couver- ture ou en lui administrant une bastonnade dans une taverne, si, au milieu de sa pidce (que ce soit pastorale ou comédie, moralité ou tragédie), tu te laves de ton tabouret, avec une grimace de mécontentement, pour t'en aller : peu importe que les scénes soient bonnes ou non ; meilleures elles seront, plus tu les abomineras. i ae [ ‘ANNONCIATION de Carlo Crivelli n’évo- que que d’assez loin celles de Fra An- gelico ou des peintres des générations précédentes. Le théme religieux y est pour ainsi dire noyé par la richesse des objets qui proliferent sur la toile, Certes, ona bien au premier plan I'ar- change Gabriel et la Vierge, le Saint Exprit sous la forme d'une colombe portée parun rayon de lumire, mais le dgcor est loin d’évoquer la simplici un intérieur de charpentie. Ici, tout est luxe : les vétements de saint Emidius (patron de Iéglise et de Ia ville d°Ascoli Piceno, dans les Marches, qui venait de recevoir du Pape ses libertés et avait com- mandé le tableau pour occasion), architecture avec ses pilastres aux cchapiteaux corinthiens, ses frises, ses plafonds a caissons et ses loggias, les panneaux de bois précieux Vrintérieur de la chambre, jusqu’aux accessoires divers comme le tapis persan, les pots en majolique ou le aon. Tous les objets semblent avoir 6 peints d’aprés nature dans des Gchoppes de marchands. Ils disent combien I'Italie de Ia fin du XV° sigele est au centre d'un marché dont les limites dépassent les frontigres de Europe : les draps viennent de Londres, les tapisseries d” Arras, les verres de Venise, le fer forgé et les ‘majoliques d’Espagne, la porcelaine de Chine et les tapis de I'Empire ot- foman. L’éloge du mercantilisme et de la consommation, dans ce tableau qui pourrait servir d’enseigne publi- itaire aux marchands florentins rise mi ence quand I’échange centre Dieu et les hommes se trouve mis en paralléle avec le marchand recevant & arrigre-plan une lettre de change par pigeon voyageur. L’euvre de Crivelli peut done étre Sbration le temps des marchands et des banquiers des échanges qui se multiplient alors La production d’objets commenca cn effet & étre plus importante et plus diversifige grice la mécanisation de Vartisanat, & exploitation systémati- que des mines et au renouvellement des techniques de travail du métal Les centres urbains, dynamisés par la richesse des campagnes lige & l'amé- oration du clin sat aussi consommer plus objets ostentatoires (parmi esquels les livreset les @uvres art). Enfin, depuis le XIV sidcle, de nouveaux outils commerciaux facili ‘@rent le commerce tandis que esprit investissement était de plus en plus valorisé, L’activité de change donna naissance, par le biais des lettres de change, au erédit et & la banque et méme aux assurances. Les formes association capitalistes devinrent de plus en plus subtiles et & c6té des “compagnies” naquirent les sociétés encommandite et méme les premieres socigtés par actions. A cOtéde celle des Médicis, a so- cigté des Fugger, fondée’ Augsbourg en Allemagne, fut une des plus opulentes des grandes compagnies et des banques internationales de la Renaissance, Dans son récit auto- biographique intitulé Le Livre des costumes, Matthaus Schwartz permet den saisir activité quotidienne. Agé de dix-neuf ans en cette année 1516, auteur, banquier lui- est représenté assis & a table nde remplir le livre de comptabilité en partie double ot vent etre recopiées les entrées nous doit”) et les sorties d'argent Tui, habillé de noir, Jakob Fugger, dt le Riche, dé- signe armoire & dossiers sur laquelle figurent les noms des succursales de sa banque: Rome, Venise, Offe bourg, Cracovie, Milan, Innsbruck, Nuremberg, Anvers et Lisbonne, Les de travail, en is ternational, Leur richesse vint ’abord de lexploitation monopolistique des mines de cuivre et d'argent du Tyrol et de Bohéme (les métaux précieux ’Amérique ne commencerent vra ment & affluer en Europe qu’aprés 1520), puis & it de pret aux ‘grands de ce monde, y compris & Char- les Quint qui leur devait son élection au titre d’Empereur banquiers en pleine activité ‘Matthaus Schwartz et Jakob Fugger Mathaue Schwert, Le Lie des costumes 6 du XVP sce, BNF, manuccrt allemand 211 Livre du Courtisan a. = Balthazar Castiglione décrit le palais d’Urbino comme “une ville cen forme de palais” ; c'est qu’en ce lieu, le Prince avait eu occasion de remodeler l'urbanisme a sa volonté. Frédéric de Montefeltre (1420-1482) avait fait fortune en louant ses ser ces de condottiere (chef de guerre dla ‘une armée privée) et, bien que dascendance douteuse, éiait devenu. duc en mettant son épée au service du pape. Sa richesse lui permit de cons- truire sa résidence & flane de colline et de transformer Urbino, bourgade Ppourtant tres pauvre, en une sorte de Ville idéale, métropole des arts et des sciences. En encourageant artistes et es, en adoptant une posture humaniste, Frédéric renforgait non que et ne des Princes qui étaient ses employeurs et n’avaient que trop tendance 2 le percevoir comme un militaire cupide. La présen bino de peintres comme Piero della Francesca, d’humanistes comme le bibliothécaire Vespasiano da Bi icci, de savants comme Francesco di jiorgio Martini ou Luca Pacioli ow ncore d’architectes comme Luciano Laurana, ateste du fait que le due ne reculait devant aucun pour parvenir ses fins. Le palais constitue & Urbino te ‘eqeurd’ une ville organisée autour d'un axe pointant vers Rome, gage de la fi- dlité du duc celui qui avait nommé ccapitaine de I'armée pontificale. Mo- dled’ élégance, I édifice était la fois, éfensif et décorati avec ses grandes Fenatres et ses loggias. Le plan axonométrique permet de saisir a structure de I'étage noble du palais. Tout d’abord, le monde ne ville-modéle en forme de palais : Urbino cextérieur était tenu & I'6cart par les hhauts murs entourant le lieu ; seuls {quelques individus choisis avaient le droit de franchir les portils impres. sionnants conduisantau Prince, selon des rituels policés et des hiérarchies contraignantes. Une fois passée Ja cour d’apparat A colonnades en parfait style corinthien du rez-de- ‘qui donnait sur la grande que de manuscrits amassés par Frédéric, Pautorité charismatique du couple ducal se trouvait affirmée par une gradation des espaces inté ricurs allant du publi (salle de Tole contenant les collections d’aut, salle du trOne) au privé (appartements de la duchesse, chambre du duc, stu dioto), en passant par le semi-privé (alle d'audience, salles de spectacle, salle des veillées). L'espace le plus intime, le studiolo, liew d64i€ 2 I ret a la méditation, était ore des marqueteries de Baccio Ponteli, surmontées de vingt-huit portraits hommes illustres (Platon, Aris- tote, Archim@de, etc.) dus a Juste de Gand et Pedro Berruguete. Il abritait Varmure du duc, des instruments scientifiques et les livres qutil était cen train de lie. ‘On pouvait circuler par le jardin suspend, en bénéficiant de ia vue sur la campagne alentour, entre les appartements du duc, ceux de la duchesse, et les salles réserves aux courtisans, logés pour certains sur place. Les serviteurs qui vivaient au sous-sol, juste au-dessus dune d'un systéme hydraulique exemplaire, ne dérangeaient jamais ce bel ordonnancement : des esea- liers spéciaux étaient prévus pour leur usage. Lors des célébrations publiques, ‘mariages, couronnements, funérailles ou fetes, 1a cour pouvait sortir du palais par la place du marché, précé ere ee re ree Plan axcnométiquo du palais ducal SUtiro Projtable en transparent dge d’ une cavaleade de chevaliersen armures empruntant la rampe caché par une tour en contrebas des deux tourelles de la fagade des loges. Le Livre du Courtisan de Cas- tiglione évoque la vie & la cour de Guidubaldo, fils de Frédéric. Il o6l8- bre la place qu’a pu tenir Urbino dans Vinvention du modéle de cour qui devait dominer bient6t en Europe ‘un model oi es activités chevaleres- ‘ques traditionnelles se mélaient aux distractions humanistes plus policées pour constituer une civilisation des lacade des loges, palais ducal d Urbino espace public espace semi-pri HI espace privs Salle de lole : collections des veiliées amet Appartements, Y \ es de la ; Salle des anges (calle de grande >< audience) Salle d'audience 7—~ Chambre du duc ~ Studioto es HBS premices du moddte de cour en Europe Le duc Frédéric de Montefeltr, antre autres actions dignes de louanges, édiffa sur pre et difcile site d Urbino, un palais, selon opinion de beaucoup le plus beau que [on trouve dans toute Italie ; et ie fournt i bien de toutes choses utles que ce ne semblait pas tre un palais mais une ville en forme de palais :ilfemplit non seulement de ce dont on ‘80 Sert ordinairement pour décorer les pidces, vases d'argent, riches draps d'or, de soie et dautres choses semblables, mais titre d’ornement, ily ajouta une infinté de statues anciennes de marbre et de bronze, de peintures trés singuliéres, dinstruments de musique de toute sorte ; et il ny voulut aucune chose qui ne fit trés rare et excellente. 11 fit ensuite une grande dépense pour rassembler nombre de trés excellents et rares livres grecs, latins et hébreux, quil fit omer dor et d'argent, estimant que c’était li la ‘supréme excellence de son grand palais [..). [Apres tu, son fils Guidubaldo] tenait par-dessus tout & ce que sa maison fat remplie de tres nobles et valeureux gentilshommes, avec lesquels il vivaitfamilérement, en se réjouissant de leur conversation [..). Dans les joutes, les tournois, les concours éques- tres, le maniement de toutes les sortes darmes, et également dans les fétes, les jeux, la musique, bref, dans tous les exercices convenables & de nobles chevaliers, chacun svefforcaitll de montrer qu'l était digne de se trouver en une si noble compagnie. Ainsi done, toutes les heures du jour étaient partagées en dhonorables et plaisants exerc- ces, tant du corps que de esprit: [...] aprés souper, chacun, a lordinaire, se rendait alors 1 ol 6tait madame la duchesse Elisabeth Gonzague [épouse de Guidubaldo}...) La donc on entendait de doux propos et dhonnétes traits esprit, et sur le visage de ‘chacun on voyait peinte une joyeuse gaité, si bien que Fon pouvait certainement dire que cetie maison était proprement la demeure de Fallégresse. Battazar Casbghone, Le Livro ci Courisan, radu e alon Caps la vrsion de Gabriol Chappuis 0 DP 49 LELROP le patronage princier ia LE E systme de pa- tronage qui fait un ini vidu (un supérieur) un autre (un in- férieur) dans une elation réciproque allégeance et de soutien, déivait «du monde médiéval et des relations féodales Dans le monde de a Renaissance, le rapport patron-client était inserit au car de la production cultuele Liamtste éit en droit d'atendre de son mécéne hospitalité, largesse, pro- Ceres, ine fallait pas commettre d’impair. Le musicien Josqquin des Prés, pur exemple, fut sérieusement réprimandéen 1473 par son commanditare, le due Galeazzo Maria Sforza, pour avoir travaillé pour un autre, Ercole d°Este. Les patrons du nouvel humanisme pouvaient financer la production et la publication de taités philosophiques, foumnir une pension permanente ou encore une position & la cour ou université 4 un humaniste ou 8 philosophe. C’est ce que Firent Come Ancien et Laurent le Magni pour Marsile Ficin en le chargeant die traduire V eruvte de Platon etcelle de ses commentateus. Le portrait de Come oman aletrine d'une trad tion de Plotin par Fcin dit bien le lien personnel existant entre la famille d Médicis et le philosophe qui offre Feeuvre & Laurent. Le patronage des grands offrait par ailleurs une certane protection. Ansi, Pie de la Mirandole put déve- lopper a l'académie de Caregei les ides un peu trop révolutionnaires aux yeux de lEglise qu'il défendait surla religion universelle et la cabale et qui lui avaient valu lexi, Des cou- rants philosophiques comme le n6o- platonisme ou le pyth taines théories scientifiques m ne purent se développer librement 4qu'en dehors des univers auuméeénat, C'est ainsi que Johannes Reuchlin, dans salettre& Léon X, de- ‘mande au pape, non sans lagorne de considérer avec bienveillance sa publication des theses pythagoricien- nes etcabalistes en Allemagne, pour laquelle il estattaqué de toutes parts ‘en raison de antisémitisme ambiant. La litératur et le thre ont ka meme deite & égard des cours «’Burope car avant que le statut d'auteur ne sautonomise avec le développement du marché du live, les plumes étaient au service des princes ‘Autre intérét du patronage, dans le domaine des arts, Vartiste tra vaillant pour un Prince pouvait &tre plus innovant car il n'avait pas a se soumeitre au systéme contraignant des corporations. En outre, on grim: pait sans doute plus rapidement kes barreaux de 'échelle sociale qu’ la ville Pour les Princes, s‘entourer d’ar- tistes devenait de plus en plus néces- sale dans la course au prestige qui animait les cours des XV" et XVIF sideles. Remplir les palais d’objets désirables, les animer de conversa- tions distinguées et organiser des fetes hors du commun, requérait avoir a demeure des peintres, des architectes, des hommes de lettres et des savants. Le patronage promettait des honneurs dans la vie présente du ‘commangitare, ainsi qu'une certaine . Les patrons en Strouvaient dans le sécénat l'autorité qui leur manguait (ainsi le cardinal Wolsey, fils de bou- cher d'Ipswich et commanditaire du palais de Hampton Cour). Peinture ‘musique et architecture étaient des suijets de conversation trés prsés au sein de ta cour. Quand Charles 1X fonda I" Académie de poésie et de ‘musique de Baif en 1570, il espérait que cette sociabilité érudite contri bucrait & pacifier les tensions entre catholiques et protestants. Musique lacour V'équilibre entre religions grace & Teurs effets psychologiques sur les, courtisans dans un premier temps, sur Ia société tout entigre ensuite. Le roi croyait fermement au pouvoir ‘magique de la musique mesurée. En créant bibliothéques et aca- démies, & Vinstar des Médicis ou du roi de France, les princes de la Renaissance ont également eu coeur de assembler le savoir et de le trans- ‘mettre aux générations futures. Enfin, dans le domaine de Varchi- tecture, les mécénes choisissaient le style des btiments. Ils sont Torigine de adoption du style classique en Italie, A Florence, Filippo Brunel- leschi et Michelozzo di Bartolomeo, avocats du modale antique, bénéfi- citrent du patronage des Médicis. Chaque cour se devait néanmoins dinventer son style propre; pour celle de Francois I, par exemple, ce fut celui de I’Ecole de Fontainebleau etdes chateaux de la Loire, une adap- tation italianisante du gothique. rat de Come de Médicis dans un manus ‘de Marsile Ficin sur Piotin, 1488-1489, ‘2blotecs Madi Lauranzsna,Ference errr Sead Sent) Laathows et PA, Moray, Music and Patronage inthe Stora Court (Sta ‘Sulla Storia Datla Musica in Lombar ta Vc.) Turnhout: Brepots, 1999, tradution Pascal Brot, Le pape Léon X sollicité par Prec a Late do Johannes Reuchlin& Laon X 1817, ee dane Johann Rouchin Brot weenca,Tobingen:L. Geiger Verlag, 1875, Iraduetion Pascal Brice. Le roi Charles IX crée Pee ee Peete cry ‘chives de "Universit de Pari, can.7..7, A Josquin, le chanteur. Josquin. Nous avons entendu que vous passiez votre temps a écrire d'autres piéces que lceuvre que nous vous avons commissionnée, et que vous laissiez de cOté votre devoir pour d'autres personnes, et pour cela nous nous plaignons grandement de vous. Et nous étions dans lesprit de vous tenir gardé en prison afin de vous enseigner d’étre plus sage une autre fois, ce qui vous arrivera assurément si vous ne vous arrangez pas pour que l'ceuvre que nous avons commissionnée nous soit expédiée sans délai Abiate, le 15 mars 1473, Gabriel (secrétaire ducal de Galeazzo Maria Sforza) Je vous prie, tres saint Pere, de me permettre, a moi le plus humble des hommes, un roturier, de vous parler quelque peu plus franchement. Imaginez- vous & quel point je fus ému d'admiration et de la joie la plus profonde quand Jappris que vous, le tres noble fils du meilleur et du plus sage des princes, Laurent de Médicis, aviez accédé par acclamation universelle a la supréme dignité du tréne papal [...]. Car quel plus précieux fleuron de la couronne de laurier laurentienne que vous, non seulement pour le peuple de Rome, mais encore pour le monde entier ? Pourrait-on imaginer plus grand trésor que votre régne ineffable, au cours duquel toutes richesses se répandent sur nous comme le sable aurifere du Pactole, au cours duquel les belles-lettres et tout ce qui est propice aux affaires des hommes sont en honneur ? Votre pare a semé les graines de toute antique philosophie, qui vient maintenant & maturité, si bien que sous votre regne il nous sera permis d’en récolter les fruits en toutes langues : grec, latin, hébreu, arabe et chaldéen. C'est qu’a présent les livres sont dédiés a votre Sainteté dans ces langues, et toutes ces choses qui furent trés sagement engagées par votre pére sont accomplies avec davantage de fruits sous votre autorité Considérant de [a qu'il ne manquait aux scolastiques que les ceuvres de Pythagore, qui demeurent enfouies et éparses a Académie laurentienne, j'ai cru qu'll ne vous déplairait pas que je publie les doctrines que Pythagore et les nobles pythagoriciens sont réputés avoir défendues, afin que ces ceuvres qui, jusqu’a présent, sont demeurées inconnues des Latins, puissent étre lues selon votre bon vouloit. Marsile a préparé Platon pour I'talie, Lefevre d'Etaples a rétabli Aristote pour les Francais, et quant a moi, Reuchiin, je completerai le groupe, et expliquerai aux Allemands le Pythagore qui renait par mes efforts, dans le livre que j'ai dédié & votre nom, [Afin que] ladite Académie soit suivie et honorée des plus grands, Nous avons libéralement accepté et acceptons le surnom de protecteur et premier auditeur de celle-ci, par ce que Nous voulons et entendons que les exercices qui s'y feront soient & honneur de Dieu, et & 'accroissement de notre Etat et & fornement du peuple francais. Nous donnons en mandement a nos aimés et féaux, aux gens tenant nos Cour et Parlement, Chambre de nos comptes, Cour de nos aides, bailis, séné- chaux et autres justiciers et officiers de faire lire, publier et enregistrer en leurs cours et juridictions existence de notre présent établissement, [..] et de laisser jouir et user de ladite Académie les suppliants, leurs suppdts et successeurs pleinement et paisiblement, cessant et faisant cesser tous troubles et emp&che- ments contraires. Car tel est notre plaisir. En témoin de ce, Nous avons signé ces présentes de notre main et fait mettre notre seing sur celles Donné au faubourg Saint-Germain, au mois de novembre 1570, Charles. la révolution du livre imprimeé oa le ORSQU'LL impri- me, en 1454, la Bible & quarante-deux lignes, Gutenberg invente-til une technique nouvelle ? L’impression sur papier pour un prix raisonnable, avec une presse et tune encre appropriée, préexistait au travail de orfevre de Mayence. Les technologies du papier et de encre ‘grasse taient arrivées de Chine en Europe par le monde musulman au XIIE siéele et les prix avaient baissé. La presse, elle, était une technique ‘eonnue dans le monde romain et les ‘ordres monastiques reproduisaient ‘dgja mécaniquement depuis 1400 des images picuses pour les pélerinages par xylographie (cest-i-dire a aide dune planche de bois gravée en relief). Gutenberg ne fut méme pas le premier & utiliser des caractéres mobiles métalliques, les Coréens avaient précédé en 1403, Pourtant, son procédé, qui consi tait {combiner toutes es tech ceonnues et utiliser un moule & main ajustable lui permettant de fondre des caractires calibrés rigoureusement jentiques, fut réellement révolu- tionnaire. Son entreprise, soutenue par des banquiers, rencontra en effet Ja demande tres forte dun monde avide de livres: le lectorat potentiel des universités et des cours ne tarda pas a s’élargir alors que le livre, objet d’ostentation, séduisait des catégories de population de plus en plus nombreuses ef, notamment, la bourgeoisie urbaine, Si, au départ, il ne s‘agissait pour Gutenberg et ses contemporains que @imiter le manuscrit, pew peu, ses suecesseurs imposérent au livre un processus duniformisation et de so- Dhistication qui lui a donné sa forme moderne. Ce n'est pas peu de chose {que des imprimeurs aient inventé les caractéres dont nous nous servons encore. La lettre gothique de Guten- berg et la batarde de William Caxton, le premier imprimeur anglais, furent cependant rapidement détronées par les lettres italiques, celles de Maen Alde Manuce, du Frangais ‘Claude Garamond ou de I Anversois Christophe Plantn, plus dans ke goat ddes humanistes qui redécouvraient Ja majesté des majuscules romaines agravées sur Mare de Tibere. Ce sont les grandes capitales ro- smaines qui ont été choisies par Josse Bade et Jean Petit pource frontispice des euvres completes de Cieéron. Le ‘nom de auteur saute ainsi aux yeux Le titre, plus long, détalle les divers textes concernant la rhétorique ras- semblés dans le volume (trois autres tomes de ce succes de librarie taient cconsaerés aux discours, ila philoso- phie et aux lettres). L’encadrement, 4 antique, est copié d’un modéle italien du XV° sitee et abuse des pi- lastres, trophées, médaillons et autres rotesques. Le nom des deux impri- ‘meus est figrement insert sous leur ‘marque représentant une presse, celle de Patelier de la rue Saint-Jacqu 4 Paris, oi opéraient es deux colle- gues. La presse & imprimer est fid@- Jement représentée, avee son systtme reir erry ee ad Pee eed Frontspice dos nos do Cleéron ‘Ouvrage pubis par Josco Bade et dean Pett & Pari [Bibbothequ do Arsenal. Pais Projetable on transparent de chariot &tympan et frisquette qui passait sous la platine. La frisquette, cadre de bois ajouré, maintenait la feuille de papier sure tympan,tandi que la platine ‘abaissit pour presser Ja feulle sur la forme contenant les caractéres métalliques. Lieu et date de publication n’apparaissent pas ici ‘mais 2 la fin d'un autre volume, sur tuncolophon selon lequel Pouvrage a &6 réalisé & Paris en 1521. Pour connaitre le format de ce dernier, il faudrait examiner ver- eure filigranes et pontuseau, ces marques apparaissant dans le papier 4qui disent comment la feuille a été plige pour former des eahiers apres fire passe sous la presse. Il s'agit ici d'un in folio. Le livre, on le voit, a acquis ala Renaissance des caractéristiques gui a conservées depuis. 1s et caractéres dimprimerie : un héritage du XV" siécle OPERA CICERONIS Reread i& Forenfia,prahiffoindice,S vita ex aio Fi Topicorum ad Bracam,Libt. Se) De Particione Oratoria,Dialogus.l, Lib IIL, 2 ‘De Optimo genere Oratoram,fragmeneam. Addita per Leonardum mAeinam fi Aefchinis niet Demofthenis d¢ découverte des Anciens et nouvelle education 8 me IE A conv’ un mot humaniste, & lorigine, désigne e des thomas More et 8 déclin de "Europe de- les professeurs de lettres d"humani- Thomas Linacre, puis la fin de empire romain devint tés),élaborérent non seulement des Enfin,"humanisme, qui se proc- un lieu commun a partir de Pétrarque grammaireset des dictionnaires, mais cupait également de la formation de (1307-1374). Ses disciples, tout au également une eritique philologique individu, encouragea une manigre long du XV° sigcle, s'attachérent 4 leurpermettant de déterminerquelles_d’enseigner nouvelle que Rabelais collectionner les manuscrits oubliéset étaient les versions les moins cor- _loue dans le programme d”éducation A sauvegarder les nines et les statues rompues des aeuvres qu’ils voulaient de Pantagruel (1532). Dans cette héritées de I’ Antiqy reconstituer. Appliquée 2 la pédagogie, la contrainte devait étre Pour beaucoup dhumanistes, ouilapolitique, cette méthode intro- _remplacée par Iéveil du godt pour étude des auteurs anciens permettait duisait les ferments de la subversion. le savoir. Tout passe d'abord par ‘aussi de retrouver le passé de Rome Quand il écrivit son Traité sur la l'étude des langues (grec, latin, pour en écrire histoire. Ainsi, Pog- Donation de Constantin, en 1440, hébreu, chaldéen et arabe) et de la gio Bracciolini (1380-1459), dit le Lorenzo Valla (1407-1457) servait _ rhétorique, puis par les disciplines du Pogge, rédigea dans ses carnets de les intéréts de son protecteur, le roi quadrivium (géométrie,arithmétique, voyage la Description des Ruines de de Naples Alphonse d’ Aragon, en astronomie, musique). S'y ajouter Rome (1440) et les Inconstances de conflit avec le pape. Ildémontraiten les saintes écritures, le droit, les Ta Fortune (1448) dans lesquelles il effet que le document qui prouvait aturelles et la médecine, décrivait ce qui restait de ancienne que 'empereur romain avait octroyé ainsi que les exercices militaires Rome. Au début du XVF siécle, les au IV" au pape Silvestre F* physiques. Aux disciplines médi¢- fouilles se firent plus systématiques et un pouvoir temporel, était en réalité classiques, Rabelais juxtapose on découvrit des euvres comme le un faux forgé au Moyen Age. Valla done I'enseignement des langues Laocoon ou I'Apollon du Belvédere. arguait notamment du fait que le anciennes chéres aux humanistes, et On exhuma également Ia Maison texte était écrit dans un latin dont la des disciplines scientifiques fondées dorée de Néron, source inépuisable syntaxe et le vocabulaire étaient ceux sur l'apprentissage livresque certes inspiration pour les artistes avec du VIF sitele. (les sciences naturelles), mais aussi ses motifs décoratifs que l'on appela Le pouvoir des humanistes était sur l'observation (la médecine). La “grotesques” en raison des cavités qui data pls grand que leur ésea le du programme est bien sila lesavaientconservés intact. Léon X__ République des Letues, transcend (Ué)mesure du jeune géant et futur demanda alors Raphaél de recons- les fronlires des Etats price & la Prince, et peutéte Mauteur de Pan- ituer un plan de la capital impériale langue internationale: lelatin. Ainsi, _ tagruel \geérementironique en seize fells. dans une lettre & Guillaume Budé, — vis-i-vis de ses maites, commer ‘Suivant la méme idée, la vue de Erasme peut-il le teniraucourantdes par Erasme. Romeréalisée par unartiseanonyme — publications da Frangais Paul Emile pour le palais ducal de Mantoue au XVE sitele démontre la maitrise de ia cartographi lan des Antiquités romaines, palais ducal de Mantoue, XVI siécle Tiarité avec les Antiquités décrites par le Pogge. De nombreux édifices sont reconnaissables : le Colisée, I"Are de Constantin, la colonne Trajane, Te Panthéon, la statue du dompteur de chevaux du Quirinal (exhumé 8 ’époque de Paul IN), le temple de Castor et Pollux, le Forum, ou encore le mausolée d’Hadrien, devenu cha- teau Saint-Ange. Dans Ie domaine textuel, les humanistes qui étaient avant tout des experts en langue ancienne (le rere Pe eno Lorenzo Vala, La Donation do Constantin tradicion J-B, Gian, Pars :Les Bolles ates collection La Rove a Lives, 1998, are ere Coed Erasme, Correspondance, Pais: Robert Lafont, collection Bouguns, 1992. “Josse Bade, imprimeurfamand élab & Pati vers 1500 rrr Peay Perrin) Rabelais, Pantagrulchapite Vil 1522 + Lart de Raymond Lule ost, enoccuronce, Falehim. lly a quelques siécles, (les pontifes romains] ne comprirent pas que la Donation de Constantin était une invention, un faux ; ou ils la forgérent eux-mémes, et leurs successeurs, marchant sur les traces de leurs devanciers, défendirent comme vrai ce quils savaient faux, au déshonneur de la majesté pontificale, au déshonneur de la mémoire des anciens pontites, au déshonneur de la religion chrétienne : ils mélerent le tout de meurtres, de désastres et dignominies. Ils disent que la ville de Fiome leur appartient, que le royaume de Sicile et de Naples leur appartient, que Italie entiére, les Gauls, les Espagnes, les Germains, les Bretons leur appartien- nent, que Occident enfin leur appartient : tout cela est, en effet, dans lacte de la Donation. Tout cela t'appartient-il done, souverain pontife ? As-tu intention de tout recouvrer, de dépouiller de leurs vlles rois et princes d'Occident, de forcer ceux-ci & te verser des tributs annuels ? Est-ce ton ambition ? Pour ma part, j‘estime au con- traire plus juste de laisser les princes te dépouiller de ton empire tout entier. Car, comme je le montrerai, cette Donation dol! les souverains pontites veulent tirer leur droit fut également inconnue de Sylvestre et de Constantin [...].Je montrerai, moi, que Constantin jusqu’au dernier jour de sa vie et, aprés lui, tous les Césars & tour de réle restérent en possession [de I'Empire romain] : ainsi n’aurez-vous plus rien & répiiquer. [...] Voyons ! La fagon barbare de parler nindique-telle pas que ce gali- matias remonte, non au temps de Constantin, mais & une époque plus récente ? ‘Anvers, le 21 février 1517, Erasme de Rotterdam a son cher Budé, salut. (...] La France m’a toujours été chére a plus d'un ttre mais rien ne lui donne plus de prix 2 mes yeux que le fait qu'elle posséde Budé. ,..] J'ai appris par votre ambassadeur que Paul Emile rédigeait enfin son His- toire de France : elle ne peut manquer d’étre un ouvrage vraiment définitif, vu que sa mise au point n’a pas demandé moins de vingt ans & un homme qui est aussi savant que diligent. Si tu n’as pas encore eu la chance de lire ! Utopie de Thomas More, fais-la acheter pour toi, et lis-la sans remords & loisir, tune regretteras pas ta peine. Les travaux de Thomas Linacre vont incessamment sortir de atelier de Bade" ; je ne puis dire combien je m'en réjouis : de la part de cet homme, je ne m'attends a rien qui ne soit absolument parfait en tous points. Dieu immortel ! Quel siécle je vois arriver sous peu & existence ! Fasse le ciel que je puisse redevenir jeune ! Jeentends et je veux que tu apprennes parfaitement les langues : premiérement le ‘grec, comme le veut Quintiien ; deuxiemement le latin ; puis "hébreu pour écriture sainte, le chaldéen et arabe pour la méme raison ; et que tu formes ton style sur ‘celui de Platon pour le grec, sur celui de Cicéron pour le latin. Quin ait pas d'étude scientifique que tu ne gardes présente en ta mémoire et pour cela tu taideras de Tencyclopédie universelle des auteurs qui s'en sont occupés. Des arts libéraux, géo- métrie, arthmeétique et musique, je ten ai donné le gotit quand tu étais encore jeune, a cing ou six ans, continue ; de Fastronomie, apprends toutes les régles, mais laisse- moi fastrologie et art de Lulius", comme autant dabus et de futilités. Du droit civil, je veux que tu saches par cceur les beaux textes et que tu me les. récites avec sagesse. Et quant ala connaissance de la nature, je veux que tu ty donnes avec soin quil n'y ait mer, riviére, ni source dont tu ignores les poisons ; tous les oiseaux du Ciel, tous les arbres, arbustes, et les buissons des foréts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au ventre des abimes, les pierreries de tous les pays de Orient et du Midi, que rien ne te soit inconnu. Puis relis soigneusement les livres des médecins grecs, arabes et latins, sans mépriser les talmudistes et les cabalistes, et, par de fréquentes dissections, ac {uiers une connaissance parraite de autre monde qu'est homme. Et quelques heures par jour commence a lire 'écriture sainte : dabord le Nouveau Testament et les Epitres des apétres, écrits en grec, puis Ancien Testament, éorit en hébreu. En somme, que je voie en toi un ablme de science car, maintenant que tu de- viens homme et te fais grand, il te faudra quitter la tranquilité et le repos de l'étude pour apprendre la chevalerie et les armes [... D'Utopie, ce dix-sept mars, Ton pére, Gargantua. naissance est 12 ma: joritairement rural et il est Iégitime @affirmer que les campagnes n'ont pas conn majeur, Mais entre campagne et ville marchandises et hommes circulent les villageois vont vendre au marché Te patriciat vénitien ou élisabéthain posstde des villas hors des vies, Surtout, la culture populaire du monde rural inspire les pratiques culturelles des élites ut alors de bouleversement ines, pour les danse, par exemple, et méme la littérature ‘on a bien du mal A dire si les danses morisques du temps de Henry VIII fu Ia volte en France sont issues des milieux de cour ou des traditions villageoises. On sait en revanche que le Roland Furieux de I’ Arioste puise dans les thémes des mu rants du sud de MItalie Brueghel ‘Ancien s'habillait pa fois en paysan pour mieux observer ses contemporains. Dans le Repas de noces, il s'est peut-étre représenté Iu-méme en marig, revétu de velours noir, I'épée lansquenette au cBté, en conversation avec un francisc Construit sur une perspective oblique, le tableau fait pénétrer le spei dans une scéne peinte avec une certaine cempathie pour ces vill beaux habits de fete. On est loin ici de Ia distance que élite de la Renaissance tient conserverentre elle et “Tincons- tant vulgaire”. Brueghel peint unc société dans quelle les traditions perdurent. La sobme se passe dans une tavern, juste apres le temps des moissons: es, sont eroisées au mur, gage de bonheur pour les mariés, Plusieurs personn: boivent copieusement, d’autres man- INenaissance dans les campagnes ? err roy Ponca ‘rueghel Ancien, Le Repas de noces Konatetonzcnes Musou, Vienne Projtabie en transparent it feroce,tandis que les cheveux encore déno (espouses portent lacoiffe) est assise sous latraditionnelle couronne nuptiale en papier et Sabandonne & la féicité les paupitres baissées. Des plats arrivent, au son des comemuses, cependant que de nouveaux convives affluent par Ia porte ouvert. Les noces étaient toujours pré cédées d'un charivari, survivance médiévale au cours de laquelle les confréries de jeunesse faisaient payer aux futurs époux le prix de la perte dun parti, II se peut que les rubans accroe!

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