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LEXPRESS.

fr du 28/02/2008

Profs

Seuls face à la violence


Laurence Debril

Le procès du lycéen qui a poignardé sa professeur met en lumière


l'accroissement de la violence contre les enseignants. Ces derniers ne
se sentent pas toujours assez soutenus par leur hiérarchie. Justice,
police, éducation: la collaboration devrait se renforcer.

ocaux vandalisés, pressions physiques contre un prof, fracture provoquée par un élève, jeu
d'étranglement... Ce 14 février, au cabinet du ministre Xavier Darcos, le bilan de la journée est plutôt
léger à l'heure des «remontées». Chaque soir, les 26 académies de métropole dressent l'inventaire des
actes de violence quotidiens commis sur tout le territoire et envoient leurs comptes rendus. Pour certaines,
c'est l'affaire de quelques minutes: RAS. Pour d'autres, comme Créteil (Val-de-Marne), la plus agitée, la
liste atteint régulièrement quatre ou cinq pages, voire plus. Au ministre on ne signale que les dérives les
plus marquantes. Mais les actes de violence sont nombreux dans les enceintes et aux abords des
établissements scolaires.

Le 15 février encore, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), des tirs de pistolet à plombs ont atteint la fenêtre
d'une salle de cours du collège Fabien, contraignant le principal à renvoyer provisoirement les élèves chez
eux. Depuis trois ans, les incidents touchant les enseignants eux-mêmes se multiplient. Dans le dernier
rapport de l'Observatoire national de la délinquance, Eric Debarbieux, membre de l'Observatoire européen
de la violence scolaire, pointe «l'aggravation d'une violence anti-institutionnelle construite notamment
contre l'école, ses locaux, ses personnels».

Face à ces attaques, les professeurs se sentent bien seuls. Me Koffi Senah, avocat de Karen Montet-
Toutain, jeune professeur d'arts plastiques poignardée à sept reprises dans sa classe, à Etampes (Essonne),
le 19 décembre 2005, le dit sans détour: «Il y aura une grande absente lors du procès, qui débute le 27
février: l'administration, qui a pourtant sa responsabilité. Mme Montet-Toutain est encore très fragilisée
par l'agression. Elle a le sentiment d'être seule à affronter une situation qu'elle n'a pas créée.» Si les frais
de justice sont assumés par l'Etat, au nom de la protection juridique des fonctionnaires, la prise en charge
émotive et affective des personnels agressés demeure un sujet tabou.

«Qu'est-il fait pour restaurer l'image des victimes? s'interroge Claude Lelièvre, auteur, avec Francis Lec,
d'Histoires vraies des violences à l'école (Fayard). Chacun doit se débrouiller seul. Il faudrait développer
les cliniques pour enseignants, leur rappeler qu'ils sont attaqués comme éducateurs, non comme
individus.» Mais les structures existantes, comme la maison de repos de la Verrière (Yvelines), sont très
rares. Les victimes doivent se lancer dans des démarches personnelles et affronter, parfois, la suspicion de
l'entourage. «J'ai décidé d'entreprendre une thérapie, mais personne ne me l'a proposé: il faut tout faire
seul. Moi, j'ai eu la chance d'être très soutenue, immédiatement, mais je sais que certains profs ont honte
et peur de parler, et hésitent même à déposer plainte, de peur d'être mal vus de leur hiérarchie», confie
Marie-Claude Hyppolite, 53 ans, chef d'établissement depuis vingt-trois ans, en poste au collège César-
Franck d'Amiens (Somme). Le 7 décembre 2007, dans son bureau, elle a été insultée, menacée de mort,
puis bousculée par une élève de 15 ans. «J'en ai vu beaucoup dans ma carrière, mais, cette fois, face à un
tel déferlement de violence, j'ai fait un malaise et on a dû me transporter à l'hôpital», raconte-t-elle. A
l'époque, Xavier Darcos avait promis de lui rendre visite. Promesse tenue. Le 21 janvier, accompagné de
Gilles de Robien, son prédécesseur également maire d'Amiens, le ministre de l'Education nationale se
rend dans son collège.
Dans une salle de réunion, face aux membres du conseil d'administration, solennels et déterminés, il
écoute le portrait qui lui est dressé de César-Franck. Ce collège moderne, classé «ambition réussite», est
plutôt bien doté, avec sa centaine d'adultes pour 650 enfants. Mais 85% d'entre eux viennent de milieux
défavorisés et une cinquantaine est jugée en totale déshérence, hermétique à toute approche éducative et à
toute sanction. Résultat, les demandes de mutations s'amoncellent sur le bureau du recteur. «Seuls, nous
n'arriverons à rien, affirme Marie-Claude Hyppolite. La justice, la politique de la ville, la police, les
éducateurs, les psychologues: il faut travailler plus ensemble.»

Les politiques publiques interministérielles existent déjà. De l'opération «Education nationale-Justice»,


décidée le 8 octobre 1991 par Lionel Jospin, ministre de l'Education nationale, et Henri Nallet, ministre
de la Justice, aux «policiers référents» prônés dès 2002 par Nicolas Sarkozy, justice, police et Education
nationale collaborent. Xavier Darcos souhaite renforcer encore ces alliances. Laurent Huet, substitut du
procureur au parquet des mineurs du TGI de Paris, vient d'être chargé de rédiger un code de la paix
scolaire visant à harmoniser les règlements des écoles. L'enseignement du droit devrait faire son
apparition dans les lycées, avec l'intervention d'avocats dans les classes, pour sensibiliser les élèves à
leurs droits et devoirs.

Des mesures intéressantes aux yeux des profs, qui ne peuvent s'empêcher de relever deux points. Les
suppressions de postes, d'abord: comment assurer mieux la sécurité des personnels avec moins d'adultes
présents? L'évaluation menée par Matignon, ensuite: parmi les indicateurs de résultats que Xavier Darcos
doit fournir figure le «nombre de signalements de violence aux forces de police», qui doit baisser. De
quoi inciter à se taire.

Guides de survie

Transformer la violence des élèves, par Daniel Favre (Dunod). Professeur en sciences de l'éducation et
neurobiologiste, l'auteur donne des conseils, avec un credo: plus que les autres, les adolescents ont besoin
de certitudes. Il faut leur apprendre à accepter l'erreur inhérente à tout apprentissage. C'est le sentiment
d'échec qui les rend agressifs, il convient donc de les valoriser. Argumenté et scientifique.

Le Plus Beau Métier du monde! Guide du jeune enseignant, par Fabrice Hervieu-Wane (éd. Sciences
humaines). Comment ne pas saper son autorité? Qu'est-ce que l' «effet Pygmalion»? Pourquoi ne faut-il
pas ajouter une punition à une mauvaise note? Comment communiquer avec des parents qui ne parlent
pas français? Didactique et précis, cet ouvrage est rempli de conseils pratiques. Utile.

Guide du jeune professeur, hors-série du Monde de l'éducation (CNDP). Témoignages et débats


contradictoires à l'appui, ce guide illustré privilégie l'analyse et met en perspective un métier dans son
environnement. Pour comprendre.

Une évaluation difficile

A combien se chiffre la violence scolaire? Difficile à dire. Entre 2000 et 2006, les faits de violence étaient
répertoriés grâce à un logiciel nommé Signa. Mais, à la suite de la publication dans la presse de ses
résultats, le dispositif a été boycotté par les chefs d'établissement. Sivis (Système d'information et de
vigilance sur la sécurité scolaire) l'a remplacé depuis la rentrée 2007. Il estime les actes selon cinq
caractéristiques: type de fait, nature de l'auteur et de la victime, circonstances dans lesquelles s'est produit
l'incident et conséquences ou suites de l'incident. Il ne prend en compte que les faits les plus graves. Pour
éviter de stigmatiser certains collèges et lycées, Sivis s'appuie sur un panel national d'un millier
d'établissements seulement. Les résultats, trimestriels, devraient déjà être connus, mais le premier bilan
tarde. Faudra-t-il attendre l'après-municipales pour le connaître?

http://www.lexpress.fr/info/societe/dossier/violencecole/dossier.asp?ida=466259&p=1

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