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L’INTERROGATION

1. Le cadre logique de l’interrogation

Depuis la plus vieille tradition, l’interrogation a été opposée à


l’assertion en vertu de son caractère dialectique. Les questions, à la
différence des assertions, ne sont pas véri-conditionnelles, elles ne peuvent
pas étre soumises au test de vérité, n’étant ni vraies ni fausses. Ceci a
déterminé la mise en place d’une logique différente de la logique classique,
que l’on appelle logique de la question ou logique érotétique (du grec
érotesis “interrogation”) La construction d’une pareille logique soulève des
problèmes concernant les rapports qui s’instaurent entre la logique comme
instrument général du savoir et le langage comme système linguistique et
comme pratique sociale. La logique peut intervenir dans l’analyse des
phénomènes du langage, en offrant au linguiste des principes organisateurs
indispensables au traitement systématique des données empiriques. En
formulant l’hypothèse de l’isomorphisme entre la sémantique logique et la
sémantique des langues naturelles, la linguistique a jeté les bases d’une
logique naturelle qui articule la logique avec le langage.
Modalités d’énonciation

Interrogation et logique érotétique

La logique propositionnelle érotétique peut fournir à l’analyse


linguistique un cadre général pour une approche aussi bien interne que
comparative. Parmi les données de la logique érotétique particulièrement
prometteuses pour l’étude des aspects linguistiques de la question, il
convient de rappeler celles qui font de cette logique une association de
plusieurs opérateurs , principalement d’un opérateur de la demande et d’un
opérateur de la connaissance. Ainsi, pour le logicien L. ACQVIST, la logique
érotétique se réduit à la combinaison d’un opérateur impératif avec un
opérateur épistémique (1982: 87), tandis que pour J.HINTIKKA, l’opérateur
épistémique s’associe à un opérateur impératif - optatif. «Presque tout le
monde s’accorde à voir en une question une demande d’information. On a
donc de bonnes raisons pour trouver présent dans une question le double
aspect suivant : (1) la spécification d’une certaine information (d’un certain
état épistémique) et (2) une demande pour que l’information ainsi spécifiée
soit donnée au locuteur (c’est-à-dire pour que cet état soit porté à la
connaissance du questionneur)» (J.HINTIKKA,1981: 56). J.HINTIKKA appelle
la première composante le desideratum de la question, en entendant par cela
la description de l’état épistémique dont la réalisation est désirée par le
questionneur.
Cette structure logique pourrait être représentée sous la forme
suivante :

INTERROGATION

opérateur impératif-optatif opérateur épistémique


(manipulatif – désidératif) (cognitif)

Pour L.APOSTEL (1981), l’analyse de la question fait intervenir une


combinatoire plus complexe alliant plusieurs logiques :
épistémique (lacune dans l’univers de connaissances du
questionneur: X ne sait pas si p ou non p)
L`interrogation

déontique: le questionneur croit qu’il a le devoir de savoir si p ou


non p
assertorique: le questionneur croit que le questionné doit asserter
p ou non p
aléthique: le questionneur croit qu’il est possible que le
questionné sache si p ou non p.
Traduits en prédicats abstraits, ces opérateurs logiques deviennent
les verbes performatifs présents dans la structure logique sous-jacente de la
phrase interrogative. Ces performatifs abstraits s’organisent en séquence
VOULOIR FAIRE FAIRE SAVOIR, l’objet de la demande étant l’acte verbal de
réponse locutoire.
À partir de la constatation qu’une interrogation (ce que l’on veut
apprendre en posant la question Q) peut revêtir la forme de plusieurs
interrogatifs (de plusieurs énoncés interrogatifs), on constate que ces
différentes questions ramènent en surface de manière plus ou moins
transparente, les composantes de la structure logique sous-jacente :
la composante impérative – réalisateur: impératif du verbe
locutoire:
Dites-moi s’il est parti.
la composante de la demande – réalisateur: performatif
interrogatif:
Je vous demande s’il est parti.
la composante désidérative épistémique – réalisateur: verbe modal
désidératif + verbe épistémique ou verbe locutoire (au subjonctif):
Je voudrais / j’aimerais savoir s’il est parti.
Je voudrais que vous me disiez s’il est parti.
la composante impérative-optative épistémique – réalisateur
synthétique (question directe):
Est-ce qu’il est parti ? Est-il parti ?
Comme on le voit par les exemples ci-dessus, l’explicitation du
performatif abstrait se résoud en une question indirecte, tandis que
l’interrogatif synthétique se manifeste sous la forme de la question directe. Il
en résulte que l’interrogation n’est pas liée de manière univoque à la
question directe.
Modalités d’énonciation

Nous devons également préciser que les différentes questions


données en exemple et qui expriment toutes la même demande (ont un
contenu propositionnel identique) sont loin d’être équivalentes sur le plan
sémantico-pragmatique des intentions et des attitudes subjectives et
interpersonnelles.

Les tâches de la logique interrogative

Parmi les tâches que la logique érotétique se propose de résoudre et


qui ne sont pas sans incidence sur l’approche linguistique de la question, on
peut retenir:
élucider la nature des présupposés interrogatifs
expliquer les rapports question – réponse
établir une taxinomie des questions et des réponses

Structure épistémique de la question

Toute question a une structure épistémique complexe, étant


constituée d’un élément connu (datum quaestionis) et d’un élément inconnu
– objet de la question.
La question implique donc des connaissances antérieures que les
locuteurs acceptent comme vraies et sans lesquelles elle ne pourrait pas être
formulée. Cet ensemble de données antérieurement acquises se trouvant à la
base de la question constituent les présuppositions de la question. C’est
grâce à ces connaissances que s’effectue le passage de la question à la
réponse (M. MEYER, 1981: 5). L’existence d’un ensemble indéterminé de
présupposés révèle la nature contextuelle de toute question.
Une première classification des présupposés répond au triplet
pragmatique – syntaxique – sémantique (T. KUBINSKY, apud C. GRECU,
1982: 32).
Les présupposés pragmatiques se rapportent à la croyance du
questionneur que le questionné peut formuler une réponse vraie à la
L`interrogation

question qu’il pose. Linguistiquement cela peut se traduire par une question
explicite sur le savoir du questionné :
Vous savez quand il viendra ?
Les présupposés syntaxiques indiquent les propositions sur la base
desquelles se construit la réponse (v.ci-dessous l’incidence de la question) :
- Qu’est-ce qu’il a acheté dans ce magasin? (La question porte
sur l’objet direct)
- Il a acheté une paire de souliers. (La réponse contient l’objet
direct sur lequel portait la question)
Les présupposés sémantiques consistent en la croyance que l’on peut
obtenir une réponse vraie à la question posée.
D’autres classifications prennent en compte la relation avec la
référence. Les présupposés factuels doivent être soumis à des vérifications
empiriques, tandis que les présupposés formels se dispensent de ces
vérifications. Ainsi, le présupposé de la question :
A quelle heure est-il venu? (pp = “il est venu”)
exige une confrontation avec les faits, tandis que le présupposé de la
question :
Quelles sont les dimensions de la boîte? (pp = “la boîte a des
dimensions“) n’implique nullement une vérification, en vertu du fait que
tout objet “boîte” comporte des dimensions.
D’autres classifications reposent sur les relations d’implication. On
distingue ainsi des présupposés primaires et des présupposés secondaires: la
vérité de ces derniers découle des premiers. Une question telle que :
Quand Jacques a-t-il téléphoné à sa femme ?
a comme présupposé primaire “Jacques a téléphoné à sa femme “ et comme
présupposés secondaires“ ”Jacques existe”, “la femme de Jacques existe“,
”Jacques est marié“. Il en résulte qu’il suffit de tester la vérité du premier
présupposé pour inférer la vérité (ou la fausseté) des présupposés dérivés.
En sémantique générative, la notion de présupposition est considérée
comme un élément essentiel du traitement des relations sémantiques qui
peuvent s’établir entre phrases, parmi lesquelles le couple question –
réponse. Dans une phrase interrogative, un constituant qui est le focus et
reçoit de ce fait l’accent contrastif forme l’objet de la question, de sorte que
Modalités d’énonciation

toute question qui ne se rapporte pas à ce focus est considérée comme


inadéquate :
- Jacques a donné ce livre à MARIE ?
- Non, il l’a donné à Jeanne
- Jacques a donné CE LIVRE à Marie ?
- Non, c’est un autre livre qu’il a donné à Marie.
Par contre, les réponses suivantes apparaissent comme inadéquates
parce qu’elles ne tiennent pas compte du focus qui oriente la question :
- Jacques a donné ce livre à MARIE ?
- *Non, c’est UN AUTRE LIVRE qu’il a donné à Marie.
- Jacques a donné CE LIVRE à Marie ?
- *Non, c’est À JEANNE qu’il l’a donné.
Le présupposé commande la réponse adéquate et opère une première
sélection parmi les réponses possibles. Il existe pourtant des réponses
correctives qui nient le présupposé de la question :
- Tu as lu l’étiquette ?
- Il n’y en a pas.
(Boileau-Narcejac)
Une réponse corrective n’est plus possible dans le cas des
présupposés formels :
- Quelles sont les dimensions de la boîte ?
- * La boîte n’a pas de dimensions.
Les présupposés qui peuvent varier avec le contexte interlocutif sont
l’une des composantes du triple rapport question – réponse – présupposé.

Rapports question - réponse

Les théoriciens de l’interrogation s’accordent pour reconnaître que


les rapports question – réponse occupent la place centrale dans la logique
interrogative. L’étude conjointe de la question et de la réponse s’est révélée
particulièrement féconde et novatrice: «Les propriétés les plus intéressantes
des questions dérivent de leurs réponses» (N.D. BELNAP Jr. apud C.GRECU,
1982: 33). Récemment, ces préoccupations se font jour dans les travaux
L`interrogation

linguistiques sur la théorie de la conversation qui s’intéresse tout


particulièrement aux configurations question-réponse (E. GOFFMAN, 1974
et 1987).
Plusieurs critères de classification des questions ont pu être
formulés, dont les principaux sont la nature de la réponse et la nature de
l’objet sur lequel porte la question.
Il faut préciser que ce sont surtout les questions véhiculant des
demandes d’information sur un élément indéterminé du point de vue
référentiel qui ont retenu l’attention des logiciens, les autres types étant
considérés comme subsidiaires.
La principale classification que l’on retrouve d’ailleurs dans toute la
tradition grammaticale, oppose deux types essentiels susceptibles de se
diviser en plusieurs sous-types :
les questions propositionnelles (ou questions si ou questions
décisionnelles ou encore questions totales) qui exigent une
réponse de type OUI / NON:
- Le dîner est servi ?
- Pas encore.
(Butor)

les questions catégorielles (ou questions QU ou questions


partielles):
« C’est drôle. Où étais-tu donc passé, toi, à ce moment-là? »
« J’étais dans le hangar, au fond de la cour ...»
(Robbe-Grillet)
Les premières invitent à choisir celle des alternatives qui est vraie et
se réduisent à des questions alternatives totales du type OUI ou NON
(B.de CORNULIER, 1982) :
Vous montez, oui ou non ?
Oui ou non est-il diplomate ?
Est-ce qu’il est venu, ou non ?
Est-ce qu’il n’est pas venu ou si ?
Bref, ça te plaît ou ça ne te plaît pas ?
La question alternative polaire est beaucoup plus pressante que la
question réduite, le questionneur veut forcer le questionné à répondre.
Modalités d’énonciation

Il existe des questions alternatives ouvertes du type :


Tu es malade ou quoi ?
Tu rêves ou quoi ?
Vous me tendez une perche ou quoi ?
(Malet)
Les secondes invitent à choisir la / les valeur(s) pour laquelle /
lesquelles la réponse est considérée comme vraie.
Suivant la nature de l’objet sur lequel porte la question, simple ou
multiple, ces dernières sont divisibles, à leur tour en questions itératives ou
subordonnées (a) et questions coordonnées (b):
(a) Qui a vu quoi ?
(b) Quand et où veut-il partir ?
La question alternative partielle porte sur un constituant de la phrase
noyau :
Qu’est-ce que tu prends comme boisson, du vin ou de la bière ?
Cette classification pourrait être représentée comme suit:

Question totale: alternative implicite (réduite):


Tu es malade ?
alternative explicite:
alternative polaire
Tu es malade ou tu n’es pas malade?
alternative ouverte :
Tu es malade ou quoi ?

Question partielle: alternative implicite


simple (objet unique ): Qui a apporté la lettre?
multiple (plusieurs objets)
coordonnée: Quand et où a-t-il acheté ce livre?
subordonnée: Qui sait où Pierre a acheté ce livre?
alternative explicite: Qui a apporté la lettre, le
garçon ou la secrétaire ?
La question alternative polaire est beaucoup plus contraignante que
la question réduite, en la posant, le questionneur veut forcer son
interlocuteur à répondre et, dans certains cas, il oriente même la réponse. Un
L`interrogation

grand nombre d’énoncés interrogatifs admettent difficilement une forme


alternative. Les énoncés rituels, par exemple, empêchent l’alternance:
* Ça va bien ou pas ?
Parallèlement à la classification des questions on a formulé plusieurs
principes de classification des réponses en vertu des relations qui
s’instaurent entre la question et la réponse visée.
Une première distinction oppose la réponse directe à la réponse
indirecte. La première est définie en fonction de l’intention du questionneur
et de la quantité de l’information requise (maxime de la pertinence et de la
quantité), c’est ce qu’il désire apprendre, ni plus ni moins. La seconde est
un énoncé qui contient aussi des éléments qui n’ont pas fait l’objet exprès de
la question . Ainsi, à la question :
Avez-vous lu ce roman ?
on peut fournir une réponse directe :
Oui, je l’ai lu. / Non, je ne l’ai pas lu.
ou un nombre indéterminé de réponses indirectes :
Comme tout le monde.
Il y a quelques années.
Je ne crois pas qu’il y ait des personnes cultivées qui ne
l’aient pas lu.
Dans la plupart des cas, la réponse simple directe s’accompagne de
réponses indirectes, explicatives ou justificatives :
- Est-ce que tu regardes la télévision ?
- Non, je trouve ça bête.
(Daninos)
- Et une ville qu’est-ce que c’est qu’une ville ?
- Une ville c’est un endroit où il y a beaucoup de gens, des
magasins. C’est là où on peut se rencontrer, c’est là où on
fait des rencontres inattendues, c’est là où on se marie;
c’est l’endroit où on a notre maison, c’est là où il y a tous
nos amis, c’est un peu notre port d’attache.
(Daninos)
Une autre classification distingue les réponses complètes des
réponses partielles. Les premières satisfont pleinement le desideratum de la
Modalités d’énonciation

question, les secondes ne produisent que partiellement l’état de choses


épistémique visé par le questionneur. À la question:
Est-il venu ?
on peut donner une réponse complète :
Oui, il est venu. / Non, il n’est pas venu.
comme on peut fournir des réponses partielles :
Je le suppose.
Je n’en suis pas sûr.
Toute réponse modalisée par un marqueur d’incertitude apparaît
ainsi comme une réponse indirecte et partielle. Le dialogue suivant illustre
ce genre de réponse:
- Or il n’y avait pas de trace de lunettes sur le ciment. On a
fouillé la chambre et on a fini par mettre la main dessus: et
où étaient-elles, à votre avis ?
- Dans un endroit inattendu, je suppose.
(Boileau-Narcejac)
-Tu sais ce que c’est la politique ?
- La politique, non pas tellement, parce que ça ne m’intéresse
pas vraiment. Quand je serai grande je voterai, mais là,
pour l’instant, la politique, savoir qui est le président et qui
est le ministre, personnellement, ça ne m’intéresse pas.
(Daninos)
Quant à la réponse corrective, elle représente un cas particulier qui
semble infirmer la règle formulée par O.DUCROT suivant laquelle «les seules
réponses admises à une question sont celles qui conservent ses
présupposés». Encore faut-il savoir exactement ce que ça veut dire une
réponse admise. O.DUCROT lui-même précise que l’on peut répondre à une
question en contestant ses pésupposés, en transgressant de cette manière la
«déontologie linguistique» (1972: 96).
La réponse corrective peut être complète:
- Qu’est-il arrivé ? (pp = « il est arrivé quelque chose »)
- Mais rien, ma chérie.
(Butor)
L`interrogation

ou partielle, comme dans le dialogue suivant où elle s’accompagne d’un


quasi-commentaire :
- C’est la version de la police ?
- C’est la version du bon sens, corrige aussitôt Vilbert.
(Boileau-Narcejac)
Il existe aussi d’autres réponses impropres qui sont autant de
réactions responsives plus ou moins attendues :
refus de la question :
- Quel âge avez-vous?
- Cela se peut-il demander ?
refus de répondre :
- C’est ainsi que j’ai perdu mon argent.
- Vous en aviez beaucoup ?
- La question me paraît indiscrète.
(Simenon)
- Qu’est-ce que tu voudrais faire plus tard ?
- Ça ne te regarde pas.
aveu de l’ignorance :
- Qu’est-ce que les hippies ?
- Je sais pas.
(Daninos)
«Les réactions verbales de celui à qui l’on pose une question
divergent souvent du schéma esquissé. Car le questionné peut avoir mal
entendu ou mal compris la question et néanmoins donner délibérément une
mauvaise réponse pour induire ainsi son interlocuteur en erreur. Il peut
donner une réponse partielle ou, au contraire, «hyperinformative» (et ce
dernier cas est effectivement très fréquent). Il peut enfin enrober sa
«réponse» dans un long commentaire qui comporte sous forme indirecte
l’information demandée» (A.GRÉSILLON & J.L.LEBRAVE, 1984: 6)
Leur étude détaillée est prise en compte par la pragmalinguistique.
Modalités d’énonciation

2. Le cadre informationnel
de la question
Définie comme un appel d’information, la question n’est pourtant
pas nécessairement liée à la forme interrogative, tout comme la forme
interrogative n’est pas nécessairement un appel d`information. C’est à partir
de ces constatations que l’on a abouti à la distinction entre la question-
question formulée en situation standard, qui attend toujours une réponse et
la question porteuse d’autres intentions communicatives et formulée dans
des situations non standard.
La première se caractérise par le fait que le questionneur demande au
répondant une information destinée à évincer ou a diminuer son ignorance.
«L’information peut se définir comme ce qui supprime ou réduit
l’incertitude» (ATTNEAVE, apud T. M .NEWCOMBE, R. H. TURNER,
P. E. CONVERSE, 1970: 227). L’incertitude renvoie au nombre de possibilités
contenues dans le message.
La question relevant du second type est soit une question rhétorique
qui affirme ou nie avec vigueur :
Est-ce ma faute s’il est parti sans laisser d’adresse?
(négation forte)
Ne t’avais-je pas averti?
(affirmation forte)
soit une question d’examen portant sur un modal épistémique, le savoir du
questionné,la réponse étant connue du questionneur :
L’échange de messages qui vise à une redistribution de l’information
peut s’effectuer suivant deux vecteurs:
en situation standard du répondant au questionneur = appel
d’information = question question
du questionneur à l’interlocuteur = question assertion ou
rhétorique
La question d’examen ne vise pas à une redistribution d’information
mais à une vérification de l`information détenue par le questionné.
L`interrogation

Dans tous les cas cités ci-dessus, le questionneur agit comme si lui et
le questionné devraient disposer d’informations identiques après l’échange
du message.
Quant à la quantité de l’information transmise ou vérifiée, elle peut
être considérée comme satisfaisante, comme insatisfaisante ou comme
superflue dans le cas de la réponse hyperinformative. Le dialogue suivant
peut être un exemple pour le dernier cas:
- Une chambre.
- Pour combien de temps ?
- Jusqu’à ce que je trouve du travail. Je suis chauffeur.
Chauffeur de maître. J’arrive de province dans l’intention
de conquérir Paris.
(Malet)
Une analyse en termes informationnels conduit à la conclusion que
toutes les questions visent ou fournissent une information, que cette
information soit connue ou inconnue du questionneur. Une pareille
approche laisse relativement peu de place aux questions qui ne visent pas le
nivellement de l’information, telles que par exemple les questions
émotionnelles, phatiques, en général, les questions qui n’attendent pas une
réponse verbale.

3. Question et analyse linguistique

L’étude linguistique de la question a connu une évolution qui a subi


les contrecoups de l’évolution de la science du langage. Il s’agit donc pour
le linguiste de déterminer le cadre théorique et les critères qui peuvent
instituer une explication cohérente de la question. Vu la diversité des voies
de recherche suivies, il est difficile de présenter un tableau complet de la
«question de la question». On y retrouve pourtant sous cette diversité des
préoccupations constantes qui ont traversé les étapes successives du
développement de la linguistique et que l’on peut déceler dans presque
toutes les approches linguistiques, qu’il s’agisse de grammaire
Modalités d’énonciation

traditionnelle, de linguistique structurale, de psycho-systématique ou de


théorie interactionnelle. Parmi ces problèmes il convient de retenir:
ƒ les structures parallèles question directe – question indirecte;
ƒ les marqueurs de l’interrogation et des réponses;
ƒ l’incidence de l’interrogation.

La question directe totale


Question directe totale et réponse

La question directe totale porte sur toute la phrase, que celle-ci soit
canonique, organisée (a) ou inorganisée, elliptique(b) :
(a) - Tu n’as pas envie de venir faire un tour vers la Bastille?
- Non. Je vais dormir un moment.
(de Beauvoir)
(b) – Beaucoup de travail?
- Non, c’est calme.
(Simenon)
La question totale implique une réponse catégorique de type
OUI/NON ou une réponse évasive de type PEUT-ÊTRE. Cette réponse peut être
réalisée par :
des adverbes d’affirmation ou de négation :
- Et tu trouves que c’est important une famille?
- Oui, très important.
(Daninos)
- Il n’a fait allusion à personne ?
- Non. Je ne l’avais jamais connu aussi mystérieux.
(Simenon)
- Vous croyez que je suis responsable de la mort de mon
mari?
- Mais pas du tout, chère Madame.
(Boileau-Narcejac)
L’adverbe si, souvent introduit par mais, s’emploie comme réponse
affirmative oppositionnelle si l’interrogative est négative:
- Tu n’es pas encore prêt?
L`interrogation

- Si, ça y est, j’arrive.


(in Dubois et al. )
un adverbe modal de sens positif (a) ou négatif (b) :
(a) - Est-ce que tu expliquerais vraiment tout ?
- Naturellement. Tout.
(Boileau-Narcejac)
(b) - Cela vous déplaît-il ?
- Nullement.
(in P. Robert)
Quant à l’adverbe peut-être, s’il est employé en réponse, il semble
avoir toujours une valeur positive. À preuve qu’il ne peut pas se combiner
avec l’adverbe non (H.NØLKE, 1993: 151) :
-Tu viendras demain ?
- Oui, peut-être.
- *Non, peut-être.
- Vous l’avez entendu parler de moi ?
- Peut-être. Je n’ai pas fait attention. Je suis un peu dur
d’oreille.
(Simenon)
Il existe un grand nombre de réponses dont le sens positif ou
négatif est accessible par inférence:
- La population est pauvre ?
- Très à l’aise, au contraire.
(Romains)
- Vous vous souvenez de la question que je vous ai posée ?
- Vous l’avez répétée assez de fois.
(Simenon)
- Vous connaissez Porquerolles ?
- Je n’y ai jamais mis les pieds. Je connais mal le Midi.
(Simenon)
Modalités d’énonciation

Les marqueurs de la question totale.

La question totale est signalée par trois types de marqueurs qui ne


sont pas toujours interchangeables:
l’intonation seule, à montée finale (phrase à ordre assertif);
l’inversion clitique et complexe;
la périphrase préfixale est-ce que.

L’intonation seule, à montée finale, est un procédé très fréquent dans


le code oral, tandis que la langue écrite, qui le connaît aussi, ne le favorise
pas, étant privée du support prosodique et gestuel. C’est même la seule
possibilité dans de nombreux cas où l’inversion est exclue :
l’inversion clitique n’est pas heureuse pour des raisons
euphoniques à la première personne des verbes de la troisième
conjugaison: prends-je, tends-je, mens-je, cours-je, me corrigé-je,
etc.
en français, il est impossible d’interroger au moyen de la seule
postposition du sujet nominal :
* Vient ton père?
Dans les cas suivants, l’interrogation mélodique, si ce n’est pas le
seul moyen possible, il est de loin le plus répandu:
avec le pronom ça la postposition est exclue
Et là, ça te fait mal?
(du Gard)
Si ça finirait vraiment par une guerre?
(de Beauvoir)
avec des verbes d’expérience subjective, l’interrogation
mélodique semble le moyen usuel:
Tu as faim ?
Tu te sens mal ?
Tu es malade ?
Tu as mal à la tête ?
J’ai l’air fatigué ?
L`interrogation

dans une question pour laquelle on attend une réponse positive


c’est également le procédé le plus répandu:
Alors, on y va?
pour formuler une question qui est en fait une constatation
marquant une surprise :
Tu as changé de coiffure?
Tu es encore là?
dans des questions écho:
- Tu as rencontré Pierre?
- Si j’ai rencontré Pierre?
dans des questions orientées (appel de confirmation ou
d’infirmation)
C’est beau, non?
Tu n’es pas malade,au moins?
dans les présentations :
Vous connaissez ma femme?
dans les inférences tirées par l’allocutaire :
- Je refuse de partager la chambre de ce type.
- Ah, il ronfle?
(* Ah, ronfle-t-il?)
(apud L.Tasmowski )

Le contour intonatoire comme seule marque de l’interrogation est


caractéristique des questions qui ne demandent pas de réponse, ce sont
plutôt des assertions, à preuve l’ordre sujet – verbe. La montée intonatoire
est moins marquée, relevant d’une prosodie intermédiaire. Ce caractère
quasi-assertif a été signalée par plusieurs auteurs. «C’est plus une
constatation qu’un appel d’information» (G.MOIGNET, 1966: 58) «Ce sont
des assertions “mâtinées” de question qui se présentent comme des
interrogations mais dont le contenu est néanmoins partiellement asserté»
(S.RÉMI-GIRAUD, 1991: 91).
Modalités d’énonciation

L’inversion clitique renverse l’ordre sujet +verbe tensé qui devient


verbe tensé + sujet clitique. Cette structure comporte un pronom atone de
conjugaison autre que celui de la première personne si le verbe se trouve à
l’indicatif présent:
Peut-on croire à sa joie?
(Montherlant)
Pensez-vous que ça vaille la peine de tout recommencer?
Pensez-vous que j’arriverai à quelque chose?
(de Beauvoir)
Devrais-je aller la voir?
(de Beauvoir)
Lorsque la forme verbale de la troisième personne du singulier se
termine par une voyelle, on évite l’hiatus par l’insertion d’un –t-
euphonique:
A-t-il la fièvre?
(du Gard)
L’inversion complexe consiste en une reprise du sujet nominal
(substantif, possessif, démonstratif, indéfini) par un pronom autre que
ce, on:
Au fait, votre fils ne fumait-il pas la pipe?
(Simenon)
Ce petit imbécile a-t-il été piqué?
(Bazin)
Le mien sera-t-il nécessaire?
Cela peut-il se demander?
Celle-ci sera-t-elle utile?
Rien n’a-t-il été abîmé?
Quelqu’un viendra-t-il?
Même avec un sujet nominal, l’inversion complexe n’est pas
obligatoire et, en langue standard, on retrouve dans ce cas l’interrogation
mélodique:
Vos parents ne partent pas?
(de Beauvoir)
L`interrogation

Vous êtes de mon avis?


(Sarraute)

La formule périphrastique n’admet pas toutes les formes temporelles


et peut recevoir des interprétations différentes en fonction du temps
employé. Avec l’imparfait et le conditionnel, le sens est uniquement causal:
Était-ce qu’il avait peur?
Serait-ce qu’il a / qu’il aurait peur?
Si l’on veut exprimer une interrogation non causale à propos d’un
événement passé, on se sert du présent de la formule :
Est-ce qu’il avait peur?
La périphrase au futur ne peut s’employer que dans une proposition
temporelle ou conditionnelle
Quand il agitera son mouchoir, sera-ce que le match est fini?
(in N.Flaux et A.M.Dessaux)
S’il agite son mouchoir, sera-ce que notre équipe a perdu ?
(Ibid.)
Dans les formes clivées, l’intonation est soit une simple marque
d’interrogation (a), soit elle est porteuse de sens, marquant le segment
topicalisé :
(a) Est-ce la vendeuse que j’aime? “cette vendeuse est celle que
j’aime?“
(b) Est-ce la vendeuse que j’aime? “est-ce la vendeuse ou une
autre que j’aime ?“

Les marqueurs de la question


partielle directe

Dans une interrogation partielle on a le plus souvent un cumul de


procédés interrogatifs:
intonation ascendante avec une attaque élevée, le sommet de
hauteur étant atteint sur le mot interrogatif; elle est en partie
descendante;
Modalités d’énonciation

mot introducteur interrogatif symbolisé par QU (adjectif, pronom,


adverbe) déterminé par l’incidence interrogative;
inversion simple ou complexe;
périphrase interrogative inversée ou désinversée.

Question portant sur le sujet

Si la question porte sur une personne inconnue, l’élément interrogatif n’est


marqué ni en genre, ni en nombre, qu:
Qui vient ?
Qui me prouve que vous êtes vraiment de la police?
(Simenon)
Qui nous délivrera de la dent du dragon? Qui nous
préservera de son haleine? Qui nous sauvera de son regard ?
(France)
On emploie aussi la périphrase qui est-ce qui:
Qui est-ce qui vous a parlé de moi?
(Simenon)
Dans la nuance familière du français, la périphrase est désinversée,
conformément à la tendance générale à rétablir l’ordre S-V, même dans une
suite bloquée :
Qui c’est qui vient?
Si la question porte sur un sujet non personne, le système des pronoms
interrogatifs simples est lacunaire. Dans ce cas, on se sert de la périphrase qu’est-
ce qui:
Qu’est-ce qui te prend?
Qu’est-ce qui vous donne à penser que j’ai l’intention de
vous quitter?
(Simenon)
Qu’est-ce qui t’intéresse?
(Boileau-Narcejac)
L`interrogation

Dans les monorèmes interrogatifs, on emploie la forme tonique,


disjointe quoi:
Quoi de neuf?
Quoi donc vous arrive? (fam.)
La question portant sur le sujet logique des tournures impersonnelles
se réalise à l’aide du simple que :
Que se passe-t-il?
Que t’arrive-t-il?
L’interrogatif composé lequel, marqué en genre et en nombre, ne
connaît pas la distinction humain / non humain, ce qui fait qu’il peut être
employé dans la question relative au sujet, quel que soit le genre naturel du
référent. Il sert à réclamer la désignation explicite d’un référent appartenant
à un ensemble connu. Il opère soit comme un évocateur :
De ces deux romans, lequel est le meilleur?
soit comme anticipant :
Lequel de ces deux romans est le meilleur?
Lequel sujet interrogatif permet le renforcement par la périphrase
est-ce qui, avec accent sur est-ce :
Lequel est-ce qui prendra la parole?

Question portant sur le complément d’objet direct ou


sur l’attribut

Pour formuler une question portant sur le complément d’objet direct


personne, on utilise le même pronom que pour le sujet, qui :
Qui voyait-elle?
(de Beauvoir)
Qui devais-je préférer?
(Ibid.)
L’inversion complexe dans le cas d’un sujet réalisé par un nominal
est obligatoire, car dans le cas de l’inversion simple la phrase est ambiguë
quant à l’élément sur lequel on interroge:
Qui a vexé Pierre? (question ambiguë)
Modalités d’énonciation

Qui Pierre a-t-il vexé? (question portant sur l’objet direct


personne)
Qui cela choque-t-il vraiment?
(Sarraute)
La périphrase interrogative utilisée dans les questions portant sur
l’objet direct se présente sous sa forme inversée (a) ou désinversée (b):
(a) Qui est-ce que tu as invité?
(b) Qui c’est que tu as invité?
La langue familière se sert souvent du rejet en fin de phrase de
l’élément interrogatif:
Tu as invité qui?
Le français utilise le même élément qui dans la question portant sur
le prédicat nominal à référent personne :
Qui êtes-vous?
Je le sais bien, parbleu, que ce n’est pas toi. Mais qui est-ce?
(Simenon)
En langue familière, il n’y a pas d’inversion du sujet grammatical.
Qui c’est la bonne femme?
(Calef)
Dans ce cas, il y a accord entre le prédicat nominal nom de personne
et le verbe copule :
Qui sont ces messieurs?
(Simenon)
Qui interrogatif portant sur un prédicat nominal se réfère plutôt à
l’identité, tandis que pour interroger sur la qualité on se sert de l’adjectif
quel (et var.):
Qui est cette femme? / Quelle est cette femme?
Dans la langue courante, cette distinction est en train de s’effacer.
La question portant sur le prédicat nominal nom de chose est
introduite par les interrogatifs que et qu’est-ce que c’est (que)
Que sont-ils devenus?
Qu’est-ce que cette bête-là?
(Bazin)
L`interrogation

Pour le prédicat nominal qui exprime le rang, on se sert de


l’interrogatif le (la) combientième, caractéristique de la langue familière et
considéré comme fautif par la grammaire normative, ou de l’interrogatif le
(la) quantième:
Il est le combientième en classe?
Pour les énoncés à sujet neutre il, une double possibilité se présente,
suivant que l’on interroge sur le sujet logique (a) ou sur le sujet logique qui
formellement occupe la position d’objet direct (b):
(a) Qu’est-ce qui se passe?
(b) Qu’est-il arrivé?
Pour les objets directs non personne on utilise soit l’élément
interrogatif que, soit son correspondant disjoint quoi, surtout en
postposition:
Que m’avez-vous fait absorber là? Qu’est-ce que ça
contient?
(Sarraute)
Que voulez-vous?
Vous voulez quoi? (fam.)
- S’il lui faut un coupable, j’avouerai.
- Tu avoueras quoi?
(Boileau-Narcejac)
Que peut être renforcé par la périphrase: qu’est-ce que:
Qu’est-ce que vous en pensez, commissaire?
(Simenon)
L’interrogatif lequel (et var.) s’emploie pour l’objet personne ou non
personne indifféremment, dans les mêmes conditions que pour le sujet:
référent masculin ou féminin singulier ou pluriel
antéposé ou postposé à l’élément sur lequel on interroge
Dans la langue littéraire, le cumul de marques est obligatoire:
inversion simple pour le sujet clitique:
Lequel de ces deux livres préférez-vous?
De ces deux livres, lequel préférez-vous?
inversion complexe pour le sujet nominal:
Lequel de ces deux livres Marie préfère-t-elle?
Modalités d’énonciation

renforcement par périphrase:


De ces deux livres lequel est-ce que vous préférez?
Le pronom lequel peut être rejeté en fin de phrase :
De ces deux livres tu préfères lequel?
La langue familière emploie également lequel en fonction de partitif
(suivi de de) là où la langue standard utilise quel
Laquelle de robes tu choisis?
Tu choisis quelle robe?

Question portant sur un infinitif objet

Les questions portant sur un infinitif objet connaissent certaines


restrictions qui dépendent de deux facteurs :
l’opposition endotaxique (identité référentielle des actants sujets
du verbe régissant et de l’infinitif régi) / exotaxique (non identité
des actants sujets); dans le premier cas, la question portant sur
l’infinitif n’est pas admise, tandis que dans le second, l’infinitif
objet peut être source de question ;

l’existence d’une structure parallèle d’une complétive à verbe fini,


qui permet la question sur l’infinitif objet :
- Qu’espère-t-il? – Voir Marie.
- Que vous voulait-il?
- M’injurier d’abord. Me demander ensuite de ne pas faire
tache d’huile au scandale.
(Malet)
Les questions sont admises si l’on insère le verbe faire :
- Que doit-il faire? – S’adresser à un spécialiste.
Elle sont également admises dans les structures exotaxiques à sujet
monté:
- Que lui a-t-on conseillé ? – De s’adresser à un spécialiste.
L`interrogation

La question est interdite dans les cas suivants:


▪ si le verbe régissant ne peut pas introduire une complétive à verbe
fini ; ce sont des structures endotaxiques:
-*Que peut-il? – Voir Marie.
-*Que doit-il? – Voir Marie.
-*Que cesse Pierre? De fumer.
▪ avec le verbe tâcher qui, bien qu’admettant une complétive
parallèle, n’admet pourtant pas la question relative à l’infinitif, car
en réalité il figure dans une structure endotaxique implicite faire
en sorte que:
-*Qu’a-t-il tâché? – De réussir. – D’être à l’heure.
- Que tous soient à l’heure.
- Que cela ne se reproduise plus. =
“Il tâche de faire en sorte que cela ne se reproduise plus”.
▪ avec le verbe devoir inférentiel, la question n’est pas possible
même avec le verbe faire :
- *Que doit (faire) Pierre ? – Pierre doit être arrivé depuis
longtemps.
▪ avec le verbe paraître impersonnel :
- *Que paraît-il ? – Il paraît avoir raison.
▪ avec les verbes modaux employés figurativement avec des sujets
non animés:
-* Que peut faire le vieux mur ? - Le vieux mur peut tomber.
-* Que peut ce linge ? – Ce linge peut encore servir.
-* Qu’est-ce que le soleil ne veut pas ? – Le soleil ne veut pas
se montrer.

Question portant
sur le Groupe Prépositionnel

À l’exception de que, les mots interrogatifs qui, quoi, lequel, quel se


prêtent aussi à l’emploi prépositionnel et sont utilisés pour poser des
questions relatives à l’objet indirect ou aux divers Groupes Adverbiaux
Modalités d’énonciation

(circonstants). Les facteurs qui déterminent le choix de la forme


interrogative et de la structure de la phrase sont:
la nature personnelle ou non personnelle du référent;
le réalisateur du GN sujet et sa position dans la chaîne;
le registre de langue.
Les marqueurs interrogatifs sont :
▪ l’inversion simple avec un sujet clitique:
A qui penses-tu?
A quoi penses-tu?
Dites, à qui devra-t-elle mentir, à qui sourire, à qui se
vendre?
(Anouilh)
De qui parlez-vous?
De quoi parlez-vous?
En quoi puis-je vous être utile?
▪ l’inversion complexe non obligatoire avec un sujet nominal, si le
GV ne comporte pas de complément d’objet direct :
Avec qui ton frère partira-t-il? / Avec qui partira ton frère?
Sur quoi le linge sèchera-t-il? / Sur quoi le linge sèchera?
Mais elle devient obligatoire si le verbe comporte un objet direct :
Avec qui ton frère fera-t-il des visites?
▪ la périphrase interrogative :
- inversé: Pour qui est-ce que vous me prenez?
- désinversée: Pour qui c’est que vous me prenez? (fam.)
- désagrégée: Avec quoi que ça se nettoie? (fam.)
De quoi qu’on cause?
(Queneau)
▪ le rejet en fin de phrase:
Il est parti avec qui?
L`interrogation

Question portant sur le circonstant indéfini

Les interrogations portant sur les circonstants indéfinis, spatiaux,


temporels ou notionnels sont réalisées au moyen de substituts adverbiaux
quand, où, combien, combinables avec des prépositions depuis quand,
depuis combien, d’où, etc., comment, pourquoi.
Les marques de la phrase interrogative relative à un circonstant
indéfini sont:
▪ l’inversion simple avec le sujet clitique :
Quand puis-je venir?
(de Beauvoir)
Depuis combien de temps vous connaissez-vous?
(Simenon)
Où peut-on être mieux qu’au sein de la famille?
(Bazin)
Combien de fois l’ai-je revu depuis la guerre?
(Romains)
▪ l’inversion complexe dans le cas du sujet nominal est facultative ;
avec le substitut adverbial pourquoi elle semble être plus fréquente :
Quand X est rentré? = Quand est rentré X?
Où /quand / comment partira ton frère? Où / quand /
comment ton frère partira-t-il?
Et pourquoi grand-mère m’empêche-t-elle d’accepter des
invitations ?
(Colette)
Là encore, la langue familière évite le tour inversif, soit en
rétablissant l’ordre séquentiel normal, S-V:
D’où tu es?
soit par le renforcement à l’aide de la périphrase ou par que résultant de la
désagrégation de celle-ci:
Quand est-ce que l’on part?
Pourquoi est-ce que je me suis montrée si stupide?
(de Beauvoir)
- Pourquoi qu’elle n’écrit jamais?
Modalités d’énonciation

- On dit pourquoi n’écrit-elle jamais?


(Bazin)
En langue familière, le substitut adverbial interrogatif est souvent
rejeté en fin de phrase:
Vous, vous portez comment?
Tu es d’où?
La même nuance du français utilise aussi la séquence c’est y que :
Pourquoi c’est y qu’ils sonnent à la grille?
(Lemoine)

Question portant sur le déterminant


du nom

Cette question est formulée à l’aide du prédéterminant interrogatif


quel (et var.) qui impose:
▪ l’inversion simple avec un clitique:
Dans quelle branche êtes-vous?
(Simenon)
A quelle heure se déclare-t-elle?
(Giraudoux)
Quel nom avez-vous dit?
Quel prix voulez-vous mettre?
▪ l’inversion simple ou complexe avec un sujet nominal.
Quel effet cela vous fait-il?
(Ibid.)
Quelle importance cela a-t-il?
▪ l’inversion simple obligatoire si la question porte sur le Dt du nom
prédicatif:
Quelle était votre ambition quand vous étiez jeune?
(Simenon)
Quelle est cette histoire d’auto?
L`interrogation

Pour le déterminant d’un nom propre on peut poser la question au


moyen des interrogatifs comment ou quoi:
Marie comment?
Robert quoi?

Une mention spéciale mérite l’emploi de l’adverbe déjà qui marque


dans une question partielle la volonté du questionneur d’obtenir une
information qu’il a oubliée ou qu’il feint d’avoir oubliée:
Comment s’appelle-t-elle déjà?
Combien vous dites déjà?
Quel est son numéro déjà?
- Pierre, comment déjà?
- Dubois.
- Par la fenêtre je vis passer ... comment s’appelait-il déjà?
- André, je crois.
(Malet)
Très souvent, l’oubli de l’information est feint. Ce n’est qu’une ruse
discursive destinée à atténuer l’agressivité de l’acte d’interrogation: en
voulant faire croire à son interlocuteur qu’il avait été en possession de
l’information sur laquelle porte la question présente, le questionneur veut
persuader le questionné que le coût de l’information de la réponse demandée
est très réduit, puisqu’il ne s’agit, au fond, que d’une simple répétition; c’est
le procédé bien connu dans la théorie de la conversation, sous le nom de
minimisation:
- Et c’est comment votre nom déjà?
- Je ne vous ai pas donné mon nom.
(Page)
Dans les énoncés de ce type, déjà occupe une position extérieure au
GV (après le GV ou rejeté en fin de phrase):
-Voyons qu’avez-vous fait déjà?
- J’étais sténo-dactylo.
Modalités d’énonciation

L’interrogative indirecte

Une phrase interrogative indirecte est une proposition subordonnée


complément d’objet, enchâssée dans un GN :
Je veux savoir cela: Est-il venu? → Je veux savoir s’il est
venu.
Du point de vue des marqueurs, ni l’inversion clitique, ni l’inversion
complexe, ni la forme préfixée ne sont admises et le contour intonatoire est
assertif.
Dans l’interrogative indirecte on distingue les mêmes niveaux
d’incidence que dans les questions directes: totale et partielle.

Interrogation indirecte totale

Les verbes pouvant régir une interrogative indirecte sont des verbes
épistémiques négatifs (ne pas savoir, vouloir savoir, ignorer) ou des
performatifs directs ((se) demander, dis ,dites) :
Je me demande si Paul travaille.
Je voudrais bien savoir s’il viendra demain.
Dis-moi si Paul viendra demain.

Interrogation indirecte partielle

Référent personne:
GN sujet:
Je voudrais savoir qui a téléphoné
GN objet direct :
Je ne sais pas qui tu attends.

Référent non personne :


GN sujet
Je voudrais savoir ce qui lui arrive.
(Camus)
L`interrogation

GN objet direct:
Je veux savoir ce que tu attends.
Je ne sais pas ce que sera votre carrière.
(Maurois)
Je me demande ce qu’il a. Je vous assure qu’il est ivre.
(Boileau-Narcejac)
Il faut signaler l’existence d’interrogations indirectes à l’infinitif,
structure qui implique un élément normatif “ ce qu’il conviendrait de faire”
On ne sait plus qui soupçonner.
(Simenon)
Il demande à qui s’adresser.
Je ne sais plus où aller.
La question portant sur les autres constituants de la phrase est
introduite par les mêmes mots interrogatifs:
Christophe épouvanté, ne pouvait comprendre pourquoi,
comment cela s’était produit.
(Rolland)
Il ne savait pas dans quel état il se trouvait.
(Ibid.)
Quant à la pudeur du langage, je ne sais où elle se
réfugierait.
(Maurois)
Dans l’interrogation indirecte partielle, on constate une stratification
de registre de langue : en français cultivé, le tour inversif est exclu, tandis
qu’en français familier il est admis d’employer la périphrase inversive:
Je demande d’où tu viens. (fr.litt.)
Je demande d’où est-ce que tu viens. (fr.fam.)
L’inversion simple n’apparaît en langue littéraire que si le GN sujet
est exprimé par un substantif ou par un nominal différent de ce, on ou un
autre pronom conjoint et si la proposition est introduite par qui, quel :
J’ignore qui / quelle est cette personne.
Modalités d’énonciation

On a également recours à l’inversion simple pour éviter le


déséquilibre rythmique qui résulterait de la présence d’un verbe plus court
que le sujet en fin de phrase (il s’agit principalement du verbe être):
Je me demande où est Marie. / * Je me demande où Marie
est.

4. Le cadre interactionnel de la question


Question et repères pragmatiques

L’idée généralement admise que toute question vise à provoquer une


réponse verbale ou une réaction non verbale conduit directement à faire de
l’interrogation une action coopérative ou compétitive. Son étude devrait par
conséquent relever d’une théorie générale de l’interaction. Ce concept
désigne un ensemble de comportements de deux ou de plusieurs individus
qui agissent l’un sur l’autre (les uns sur les autres) en vue de provoquer une
modification des connaissances ou de l’état de choses. La structure même de
l’interrogation révèle sa nature interactionnelle : l’interrogation a un point
de départ (la présupposition – le savoir partagé par les interactants), se
réalise à l’aide d’un instrument (une question ou une assertion) et tend vers
un but (la réponse ou la réaction attendue).
L’essor de l’interactionnisme correspond à une mutation profonde de
la science du langage: on renonce à une conception immanentiste de la
langue selon laquelle celle-ci doit être étudiée en soi et pour soi. Les sources
théoriques de cette mutation doivent être recherchées dans des disciplines
différentes: la théorie de l’énonciation élargie, la théorie des actes de
langage, l’interactionnisme sociologique, l’argumentation, la théorie de la
conversation. Le changement de perspective se caractérise par une
intégration progressive des théories pragmatiques qui présupposent une
contextualisation explicite des faits de langue et par un intérêt accru porté
aux unités transphrastiques.
L’analyse de la chaîne questionnante et des conditions qui la
constituent met en vedette l’importance des facteurs sous-jacents à toute
interaction verbale. Le contexte interlocutif apparaît comme un schéma de
L`interrogation

référence pour expliquer les comportements langagiers des co-énonciateurs.


Si l`on envisage l’interchange interrogatif dans l’instance énonciative, une
analyse qui se maintient dans un cadre purement linguistique n’est plus
satisfaisante. «Inter-roger c’est alors, d’après une admirable étymologie un
questionnement qui s’opère dans le cadre d’une communauté active de
communication» (F.JACQUES, 1981: 72). L’analyse ne saurait se poursuivre
au seul niveau de la phrase car, dans une optique pragmatique, aucun énoncé
pris séparément n’est auto-suffisant pour son interprétation. Deux aspects
semblent importants dans cette nouvelle perspective de l’interrogation :
d’une part, pour comprendre un discours il faut prendre en charge non
seulement les contenus strictement liés à l’interrogation mais aussi les
intentions que l’on découvre par des instructions contenues dans le texte en
reconstruisant la voie suivie par l‘énonciateur, d’autre part, dans cette
reconstruction ce qui importe c’est la liaison entre énoncés, principalement
entre question et réponse. On est ainsi amené à prendre en compte le dire
interrogatif. Il en résulte que ce qui importe dans ce cas ce n’est pas tant une
syntagmatique distributionnelle des marqueurs de l’interrogation, mais la
découverte des relations qui s’instaurent entre individus qui parlent,
découverte qui est le résultat de l’analyse des facteurs co-textuels et
contextuels engagés dans l’échange. La question insérée dans la séquence
des interventions, la question conçue donc comme un chaînon intermédiaire
entre un point de départ présuppositionnel et une réponse qui fait rebondir le
dialogue par de nouvelles questions est une donnée qu’il faut adapter au
destinataire et à laquelle celui-ci doit s’adapter à son tour. La chaîne
questionnante se construit comme effet des stratégies suivant lesquelles se
développe le discours.
L’analyse que nous proposons s’est donné pour objectif de décrire
les contraintes interlocutives pour en déduire les conséquences sur la
structuration linguistique. A côté des échanges de structuration plus simple,
comportant une intervention initiative de requête d’information et une
intervention de réponse (- Quand est-il arrivé ? – Hier, dans l’après-midi) il
en existe de plus complexes, dans le cadre desquels l’intervention
interrogative assume des fonctions très diversifiées. On arrive ainsi à
Modalités d’énonciation

distinguer plusieurs espèces de questions, aux frontières souvent mal


définies.
La description des énoncés interrogatifs doit s’effectuer à deux
niveaux distincts mais complémentaires :
le niveau interactionnel des relations entre questionneur et
questionné, niveau relatif aux fonctions illocutoires réalisées par
l’acte initiatif directeur;
le niveau interactif des relations entre unités conversationnelles
(E.ROULET, 1981).

La question peut apparaître dans le discours hétérogène qui


implique au moins deux interlocuteurs (échange conversationnel), comme
elle peut apparaître dans un discours homogène ayant une seule source
énonciative (c’est le cas de la question – débat intérieur, signe de
l’indécision du sujet questionneur qui est en même temps le questionné).
Un échange interrogatif est le lieu de manifestation de diverses
fonctions interlocutives. À côté d’une orientation proactive comme acte
déclencheur d’autres interventions, la question qui attend ou suggère une
réponse, il existe de nombreuses questions qui assurent des fonctions
réactives-initiatives ou tout simplement réactives. Ce sont ces différents
aspects des cycles conversationnels proactifs et rétroactifs que nous nous
proposons d’analyser, en essayant d’identifier les intentions véhiculées par
la question .

Échanges interrogatifs à cycle proactif

La question tire sa principale signification de son statut initiatif. Les


cas où elle remplit des fonctions réactives viennent s’ajouter aux fonctions
illocutoires étant dérivés de sa propriété fondamentale, celle de provoquer
une réaction, verbale ou non verbale.
Dans le cadre de l’échange proactif, plusieurs sous-espèces
d’énoncés interrogatifs se laissent déceler en fonction de l’objet de l’acte de
L`interrogation

requête qui peut être:


un point d’information (question informationnelle, appel
d’information ou question- question)
la vérification de l’univers de connaissances de l’interlocuteur
questionné (question cognitive)
un point d’information trasmis par le locuteur questionneur à son
interlocuteur (question introductive)
la vérification de la validité d’une information détenue par
questionneur (question confirmative ou appel de confirmation)
l’attitude du questionné (question évaluative ou appel au
jugement de l’interlocuteur – questionné : appel au jugement de
l’interlocuteur)
la conformité de vues du locuteur questionneur et de
l’interlocuteur-questionné (appel d’adhésion)
la vérification de la compréhension du message (question
phatique ou question-soutien)
une décision à prendre (question délibérative)
une sollicitation (question sollicitation)
une proposition (question offre/proposition)
C’est la nature de cet objet qui dicte non seulement la fonction
illocutoire spécifique, mais aussi le statut de la question à l’intérieur de
l’intervention: si dans la requête d’information, dans l’appel ou dans l’appel
au jugement de l’interlocuteur, elle joue le rôle d’un acte directeur, dans les
autres types de questions initiatives, elle fonctionne comme un
argumentème en faveur d’une assertion émanant du questionneur.

La question – appel d’information

La question informationnelle a comme source une lacune dans


l’univers de connaissances du locuteur-questionneur: celui-ci désire combler
cette lacune, en précisant en même temps quel est le point sur lequel il veut
obtenir des informations. Par la manière dont il est formulé, l’appel
d’information rend possible une démarche qui limite le champ de la
Modalités d’énonciation

réponse: le domaine dans lequel celle-ci pourra se donner carrière est


circonscrit par la question elle-même. Un tel rapport thématique n’est
possible que si le domaine de la réponse est déjà inscrit dans la question. Or,
comment délimiter ce domaine si ce n’est par l’expression linguistique
comme instrument de l’action qu’il s’agit d’accomplir? La question
verbalisée ouvre pour le questionné la zone dans laquelle il pourra inscrire
sa réponse. Elle lui offre en même temps le modèle sur lequel il pourra
organiser son dit.
Dans la théorie des questions alternatives totales on distingue en
vertu de l’orientation de la réponse des questions partielles d’une part (QP),
qui invitent à choisir la valeur pour laquelle X parle est vraie comme
réponse à la question Qui parle ? et questions alternatives (QA) qui invitent
à choisir celle des propositions présentées qui est vraie : Est-ce un roman ou
un drame? – C’est un roman. / C’est un drame. Parmi les QA il en existe qui
sont des alternatives polaires Tu viens ou non ? et des alternatives ouvertes :
Tu es malade ou quoi ?
Les questions totales sont réductibes à des questions alternatives
considérées comme le résultat d’une transformation d’effacement par
laquelle on supprime la clausule alternative polaire: Tu viens?← Tu viens
(ou tu ne viens pas ?)
Le français renforce souvent le connecteur alternatif au moyen de
l’adverbe bien :
On en a parlé un jour, je crois, ou bien ai-je seulement voulu
vous en parler?
(Sarraute)
Sur le plan des réalisations linguistiques, les distinctions établies en
fonction de la nature des réponses exigées se traduisent en termes
d’incidence (ou portée) interrogative, définie comme point d’application de
l’acte interrogatif. L’incidence est un filtre appliqué à la réalité sur laquelle
on interroge. En procédant à ce découpage en larges zones référentielles, le
questionneur fournit les repères nécessaires à l’orientation de la réponse. Un
rapport s’établit ainsi entre les propriétés interactionnelles et les
caractéristiques syntactico-sémantiques de la question.(v. ci-dessus 3.3.)
L`interrogation

La question appel d’information connaît également une forme


emphatisée réalisée par l’explicitation en surface des verbes performatifs de
la structure interrogative sous-jacente:
Alors ce qu’elle imitait, je vous le demande, qu’est-ce que ça
pouvait bien valoir?
(Sarraute)
- Mais où, je vous le demande, je veux le savoir, où les
attirez-vous?
(Sarraute)
Mais, dites-moi, qu’est-ce que ça peut bien vous faire, au
fond, tout ça?
(Sarraute)
Cette redondance question directe-question indirecte a une fonction
essentiellement argumentative. La question, ainsi formulée, vise à éviter
tout refus de coopération de la part du questionné.

La question cognitive

Une question informationnelle peut porter sur la capacité de


l’interlocuteur de fournir l’information requise. Elle est actualisée soit par le
verbe épistémique savoir soit par le verbe aléthique pouvoir régissant un
verbe locutoire, suivant la stratégie choisie par le locuteur. Celui-ci, au lieu
de poser une question directe partielle ou totale, a recours à une forme
médiatisée, moins agressive dans la mesure où une séquence négative ou
une réponse négative ne saurait être interprétée comme un refus de
coopération, mais comme un aveu d’ignorance :
- À propos, demanda-t-il, savez-vous où est allé le baron
après avoir quitté Solanto?
(Charles-Roux)
Savez-vous ce qui s’est passé ensuite?
(Simenon)
Modalités d’énonciation

Les structures mentionnées sont souvent combinées avec la négation,


moins engageante, surtout si elle apparaît dans le contexte d’un
modalisateur de l’aléatoire:
Vous ne savez-pas par hasard s’il est arrivé?
Ces adoucisseurs de la demande fonctionnent comme des formes de
politesse et supposent un certain type de relations interpersonnelles.

La question introductive

Cet énoncé interrogatif fonctionne comme un connecteur de


coopération qui sert d’introducteur à une information détenue par le
questionneur et dont on suppose qu’elle n’est pas connue ou qu’elle a été
oubliée par le questionné. On vérifie ainsi l’univers de connaissances de ce
dernier, vérification qui est une condition de la poursuite du dialogue. La
réponse est fournie par le questionneur lui-même, le plus souvent tout de
suite après la question, dans le cadre de la même intervention, le locuteur
n’attendant pas la réponse du questionné; elle apparaît dans des questions
stéréotypes: Tu sais la nouvelle? Vous connaissez la grande nouvelle? Tu ne
sais pas ce que je viens d’apprendre ? Tu es au courant de ...?
Sais-tu ce que tu vas trouver là-bas ? Un pays de morts-la-
faim.
(Charles-Roux)
Et qu’est-ce qu’il me montre ? Mais une page de Bréhier.
(Sarraute)
Avez-vous appris la nouvelle? Pierre se marie.
La question introductive à la forme négative traduit une attitude du
questionneur:
Tu ne sais pas l’idée qui m’est venue tout à l’heure ? J’ai
envie de faire mon apprentissage d’imprimeur avec le vieux
Martin sans rien dire à mon père.
(de Beauvoir)
L`interrogation

La question appel de confirmation

Cette question assume une fonction initiative: en la posant, le


questionneur vise à provoquer une réponse par laquelle l’information qu’il
détient est reconnue comme vraie. La différence qui sépare les deux actes
initiatifs, l’appel d’information et l’appel de confirmation réside dans la
réponse présumée. Il faut distinguer entre les trois types généraux suivants:
▫ Qui êtes-vous? = question informationnelle à nombre indéterminé de
réponses possibles. Le questionné est invité de déterminer la valeur de vérité
dans une série ouverte de possibilités.
▫ Êtes-vous X? = question informationnelle totale à alternative polaire.
Le questionné est invité à choisir celle des réponses qui est vraie, les deux
termes de l’alternative étant équiprobables:
“Je vous demande si vous êtes / si vous n’êtes pas X“
▫ N’êtes-vous pas X ? = question confirmative totale à alternative
polaire, avec présomption de la part du locuteur, en faveur d’une réponse
affirmative, concordante avec l’information détenue par celui-ci :
“Je vous demande de confirmer que vous êtes X“
Une question informationnelle partielle peut se combiner avec une
question totale à alternative polaire:
Qu’est-ce que tu fais, tu rêves?
(Charles-Roux)
Une question confirmative peut être précédée d’une question partielle à
série ouverte de questions possibles. Suivant une démarche qui va de l’inconnu
vers le partiellement connu, mais elle n’admet pas la clausule alternative :
Qui êtes-vous? N’êtes-vous pas X?
Le seul enchaînement alternatif admis se rapporte à la validité de
l’information détenue par le questionneur :
Vous êtes X, si je ne me trompe / si je ne m’abuse?
En français, on peut aussi se servir de la phrase clivée, combinée ou non
avec l’adverbe bien:
C’est vous Bonavia?
(Charles-Roux)
C’est bien à M.X que je parle?
Modalités d’énonciation

L’ensemble de marqueurs dont on se sert pour exprimer un appel de


confirmation est constitué d’éléments très diversifiés du point de vue
taxinomique :
▪ la structure interro-négative
Toute phrase interro-négative procède d’une structure disjonctive. C’est
la réduction de cette structure à une seule des alternatives qui permet à
l’interronégative de fonctionner comme une demande de confirmation
(A. BORILLO, 1979: 35). La question négative devient ainsi une mise en débat de
la véracité de l’assertion, en orientant en même temps la réponse vers la
confirmation:
Pardon, Madame, n’êtes-vous pas madame X?
Une question-assertion telle que:
N’ai-je pas répondu à toutes les questions?
exige de la part de l’interlocuteur questionné:
- qu’il reconnaisse la vérité du contenu propositionnel asserté
- qu’il justifie le fait de ne pas avoir tenu compte de l’énoncé asserté
précédemment.
▪ des marqueurs conclusifs ou inférentiels: donc, alors :
-Alors, c’est non?
▪ des marqueurs véridictoires : réellement, vraiment, c’est vrai, vous
ne plaisantez pas, sans blague, tu rigoles (fam.):
- On a retrouvé une lettre de moi dans son bateau.
- Elle est réellement de vous?
(Simenon)
Vraiment, vous ne plaisantez pas, il y a des gens qui se laissent
intimider par ça?
(Sarraute)
▪ des marqueurs d’affirmation et beaucoup plus souvent de négation:
oui. si, hein, c’est cela, au moins, non, pas, n’est-ce pas:
- Tu sais, j’ai aperçu ton ami à l’église.
- Oui? Il a été lui aussi?
- Vous m’avez caché quelque chose, hein?
(Malet)
L`interrogation

- Mais elle tue le chauffeur, tente de vous tuer aussi, et vous


trouvez, ensuite, sur le lieu du drame, la broche en toc,
c’est cela?
- Vous êtes le troisième en quelques heures, à me demander
ce que je fabrique là dedans? Preuve que c’est intéressant,
non?
- Sans doute.
(Malet)
- Tu as pris le temps de déjeuner au moins?
(Simenon)
- Je ne dis pas ça pour vous offenser, madame, mais les
hommes, pas?
- Vous savez ce que c’est.
(Calef)
Si l’information est explicitée dans l’intervention du questionneur, elle
peut être suivie ou précédée par la question confirmative. L’intervention a
alors une structure complexe :
- assertion + question confirmative
- question confirmative + assertion :
En français, le choix de certains exposants interrogatifs est déterminé
par la nature affirmative ou négative, de la phrase précédente: non apparaît si
cette phrase est affirmative et si au cas où elle est négative:
Tu lui as écrit, non?
Tu ne lui as pas écrit, si?
Le marqueur n’est-ce pas peut figurer en fin de phrase comme
exposant interrogatif jouant le rôle de désinverseur de la phrase assertive (a)
ou comme ouvreur de phrase (b)
(a) J’ai changé, n’est-ce pas?
(Simenon)
La rivière? On ne passe pas, n’est-ce pas?
(Simenon)
N’est-ce pas que tu es de mauvaise humeur?
L’appel de confirmation peut porter sur la vérification de la
compréhension du message. C’est alors un verbe d’expérience subjective qui
Modalités d’énonciation

est utilisé, l’énoncé ayant la forme d’une conditionnelle. Comme dans


d’autres types de questions confirmatives, cet énoncé conditionnel peut être
une ruse discursive visant à marquer le désaccord, à infirmer l'assertion
précédente. Il s'agit de marqueurs phrastiques tels que: si je comprends bien,
si j’ai bien compris, donc tu disais que, dites-vous:
Elle n’a pas accepté l’offre, si je comprends bien?
L’appel de confirmation peut avoir le rôle dans certains énoncés, de
relancer la conversation, de créer les conditions favorables à la poursuite du
dialogue.

La question – appel d’adhésion

Si l’appel de confirmation vise à attribuer une valeur de vérité à une


proposition, l’appel d’adhésion est un acte par lequel le questionneur veut
amener son interlocuteur à reconnaître le bien-fondé de son attitude ou de sa
décision. L’appel d’adhésion s’inscrit dans la zone évaluative, mais cette fois
c’est l’attitude du questionneur qui fait l’objet de la mise en débat. Aussi,
l’assertion et la question ne sont-elles que les constituants d’une seule
intervention complexe dans laquelle l’énoncé interrogatif est un acte
subordonné de nature argumentative.
La différence qui sépare la question confirmative de l’appel
d’adhésion ne réside pas tant dans la spécificité des marqueurs, mais dans les
instructions qui indiquent la nature évaluative pour laquelle le questionneur
veut obtenir la conformité des vues, en réduisant la distance entre lui et son
interlocuteur. Certains des marqueurs utilisés dans ce cas sont des marqueurs
potentiels, en ce sens que la force illocutionnaire appel d`adhésion peut,
suivant le contexte, être annulée au profit d’une autre fonction
interactionnelle. Ainsi, un énoncé tel que N’est-ce pas beau ici? peut être
interprété comme un appel d’adhésion “ C’est beau, n’est-ce pas? “ou comme
un appel d’information“ Tu ne te plais pas ici?” Les mêmes catégories de
marqueurs sont disponibles pour l’appel d’adhésion:
▪ des marqueurs interro-négatifs:
...Ma tante. N’est-ce pas qu’elle est fantastique?
(Charles-Roux)
L`interrogation

▪ des expressions stéréotypes centrées sur le questionneur:


Eh bien, me demanda-t-il, n’ai-je pas raison?
(Charles-Roux)
▪ le verbe de jugement trouver:
Étonnante, vous ne trouvez pas?
(Sarraute)
Vous ne trouvez pas que l’histoire est curieuse?
(Simenon)
▪ des verbes épistémiques comprendre, voir:
Vous ne voyez donc pas que ce sont des coïncidences?
(Simenon)
Il le fait exprès, comment ne le comprenez-vous pas?
(Sarraute)
▪ des modalisateurs du véridictoire:
Ce Courbet: Admirable, n’est-il pas vrai?
(Sarraute)
▪ des expressions centrées sur le questionné:
Je crois, vous êtes de mon avis? que Courbet n’a jamais rien
fait de plus beau.
(Sarraute)

L’appel d’adhésion devient plus pressant si la question est une


alternative polaire:
J’ai, oui ou non, raison?

La question appel au jugement


de l’interlocuteur

La question relative à l’attitude propositionnelle de l’interlocuteur


revêt presque toujours la forme d’un énoncé modalisé. Les verbes dont
dispose le locuteur appartiennent à la classe des verbes de jugement auxquels
vient s’ajouter le verbe locutoire dire. Le locuteur se présente toujours
comme certain de l’opinion exprimée dans la complétive qui forme l’objet de
Modalités d’énonciation

la question. Le questionneur invite le questionné à formuler une prédication


évaluative sur l’objet ou sur l’événement évoqué dans cette complétive.
Les frontières entre les questions qui invitent l’interlocuteur à prendre
position ne sont pas toujours très nettes, les marqueurs étant souvent
identiques à ceux que l’on emploie pour l’appel d’adhésion. On peut
distinguer ces questions sur la base des instructions co-textuelles, la présence
de certains lexèmes évaluatifs.
Trois cas sont à prendre en considération :
l’interrogation porte sur une prédication “originelle”, définie
comme l’attribution d’un attribut nouveau (O.DUCROT, 1980: 77). Il
revient au questionné d’effectuer, à la demande du questionneur,
cette opération et de la faire connaître par sa réponse:
Comment avez-vous trouvé ce livre?
Il est à noter que , vu la non spécificité des marqueurs, les questions
introduites par comment sont ambiguës, car elles peuvent être interprétées
comme portant sur le moyen ou sur la manière comme il résulte de l’exemple
suivant:
- Comment avez-vous trouvé les deux nanas?
- Charmantes.
- Je veux dire où?
(Malet)
l’interrogation porte sur une prédication originelle déjà formulée
mais à l’égard de laquelle le locuteur-questionneur est neutre:
Vous avez trouvé ce livre intéressant?
C’est un appel de confirmation / infirmation les deux réponses
affirmative / négative étant équiprobables;
l’interrogation porte sur une prédication formulée explicitement par
le questionneur et la réponse est co-orientée à cette prédication:
C`est un livre passionnant, ne trouvez-vous pas?
C’est le vrai appel d’adhésion, qui exige la confirmation de
l’évaluation exprimée par le questionneur.
Il est également à noter que l’orientation proactive des deux premiers
types impose la position initiale du verbe modal, l’énoncé réalisant un acte
directeur initiatif. Dans l’appel d’adhésion, au contraire, l’énoncé interrogatif
L`interrogation

est un exposant rejeté en fin d’intervention, qui renverse l’assertion en


interrogation et dont la position s’accommode du statut d’acte subordonné.
D’autres verbes épistémiques de prédication originelle peuvent être
utilisés dans les questions évaluatives: croire, penser, sembler:
Les Fruits d’Or, qu’est-ce que vous en pensez?
(Sarraute)
Toi, de ton côté, que pensais-tu de ce changement de vie?
(Charles-Roux)
Que vous semble de cette histoire?

La question soutien

Cet énoncé interrogatif, placé à la fin d’un énoncé assertif et émanant


de la même source énonciative, est l’expression d’un acte subordonné à l’acte
directeur assertif. Il traduit la volonté et l’effort du questionneur d’assurer la
compréhension du message «en surmontant la dualité des instances
énonciatives» (F.JACQUES, 1981: 78). Outre leur fonction de vérification, ces
énoncés expriment aussi une certaine insistance de la part du questionneur
qui, en les utilisant, veut donner plus de poids à son assertion.
Les réalisateurs linguistiques de ces questions présentent certains
particularités lexico-grammaticales qui sont autant d’instructions pour
l’interprétation des interrogations:
▪ elles sont construites à l’aide d’un verbe épistémique appartenant
à la zone du sensible (entendre, voir) ou de l’intelligible (comprendre,
saisir);
▪ l’affirmatif et le négatif s’équilibrent du point de vue de la
signification générale, le négatif semble pourtant être plus pressant que
l’affirmatif;
▪ une particule qui réitère la valeur affirmative de l’énoncé peut
apparaître à la fin de l’énoncé.
Les exemples suivants illustrent ces particularités:
J’aime ça, vous entendez?
(Sarraute)
Modalités d’énonciation

Vous rentrerez directement chez vous, vu?


Tu iras avec elle, mon petit, tu comprends?
(Simenon)
Il le fait exprès, comment ne le comprenez-vous pas?
(Sarraute)
Tu as compris, oui?

La question délibérative

Si elle figure dans un discours monologal, la question délibérative est


l’expression d’un débat intérieur, tandis que dans un discours dialogal, elle
porte sur une décision à prendre. Elle revêt toujours la forme d’une question
délibérative relative à un actant objet ou à un circonstant:
Qu’est-ce que je vais bien pouvoir inventer?
(de Beauvoir)
Dans la plupart des cas, le français se sert de l’infinitif:
Que faire ? Quelle réponse lui donner?
(de Beauvoir)
Quelle contenance prendre devant un homme qu’on vient
d’essayer de tuer?
(Simenon)
Où placer notre argent et en quoi?
Comment nous en sortir?

Question et actes de langage indirects

Dans la théorie des actes de langage on insiste sur le fait que deux
énoncés peuvent être pragmatiquement équivalents tout en étant
structurellement et sémantiquement différents: un acte illocutionnaire
accompli est dit direct quand il est conforme au potentiel de force
illocutionnaire de l’énoncé et indirect s’il ne correspond pas à ce potentiel
(F.RECANATI, 1981: 81). Si l’on accepte cette hypothèse, on ne peut conférer
L`interrogation

le statut d’acte de langage indirect que s’il y a une non correspondance entre
la force illocutionnaire normalement associée à l’énoncé et sa modalité
énonciative. Ainsi, un énoncé déclaratif a pour valeur illocutionnaire
“primaire” l’assertion. Un énoncé interrogatif, celle d’appel d’information, un
énoncé impératif, celle d’injonction, En vertu de cette correspondance, on ne
saurait parler d’indirection qu’au niveau des actes de langage fondamentaux :
assertion, interrogation, injonction, autrement dit dans les cas suivants :
▪ une assertion réalisée par une question:
Ne t’avais-je pas averti ? = “je t’avais pourtant averti”
▪ une interrogation réalisée par un énoncé impératif à verbe locutoire :
Dites-moi s’il est parti. = “il est parti?”
▪ une interrogation réalisée par un énoncé assertif à performatif
explicite “
Je vous demande s’il est parti. = “est-il parti?”
▪ une injonction réalisée par un énoncé interrogatif:
Tu ne peux pas te taire un peu? “tais-toi!“
Dans la littérature spécialisée on étend la notion d’indirection à
certains actes menaçant la face qui sont réalisés sous la forme d’une question,
le principal objectif étant dans ce cas d’atténuer l’agressivité de l’acte,
principalement de l’acte de requête. Nous considérons que les limites de
l’indirection sont déplacées au niveau de la variation introduite par le contenu
propositionnel du prédicat régi par le prédicat DEMANDER , en opposant de
cette manière DEMANDER DE DIRE à DEMANDER DE FAIRE. L’intention du
questionneur doit être correctement interprétée par le questionné qui s’appuie
sur sa capacité inférentielle d’une part et sur le savoir partagé des
interlocuteurs La présence de certains marqueurs institutionnalisés est le
support de l’interprétation de ces actes “déguisés”.
L’exploitation des ressources offertes par l’indirection est commandée
par les principes de l’interaction langagière, la question fonctionnant ainsi
comme un adoucisseur. Nous allons examiner deux cas d’indirection, très
fréquents dans tout échange conversationnel normal:
la question sollicitation;
la question proposition.
Modalités d’énonciation

Une question peut réaliser l’acte SOLLICITER si elle porte:


▪ a) sur la capacité du questionné à accomplir l’acte demandé (sur le
pouvoir intrinsèque du questionné) ou b) sur le pouvoir extrinsèque du
locuteur – pouvoir par autorisation dans la demande de permission:
a) Peux-tu / pourrais-tu / ne pourrais-tu pas m’aider ?
b) Puis-je éteindre ?
Puis-je, maintenant, me retirer?
(Boileau-Narcejac)
Dans certains énoncés interrogatifs, demander la permission
d’effectuer une action équivaut à l’accomplissement même de cette action :
Puis-je m’excuser de vous avoir fait attendre?
(in D.Perret)
Me sera-t-il permis de demander quelles sont vos intentions?
▪ sur la volonté de l’interlocuteur à accomplir l’acte demandé :
Tu veux (bien) / ne voudrais-tu pas m’aider?
Vous voulez me préparer la liste des appels, Mademoiselle?
J’attends dehors avec mon ami.
(Simenon)
Le verbe vouloir peut occuper la position d’un exposant interrogatif
qui atténue la brutalité de l’impératif employé dans la première partie de
l’énoncé:
Attendez un instant, voulez-vous?
La présence du conditionnel de politesse s’explique par la même
tendance à atténuer l’agressivité d’un acte qui menace la face négative de
l’interlocuteur:
Voudriez-vous me montrer votre chambre?
La sollicitation peut revêtir la forme d’un énoncé interro-négatif qui
fonctionne lui aussi comme un adoucisseur:
Vous ne voudriez pas donner un peu de lumière?
Le français se sert souvent de l’adverbe bien qui anticipe sur le
consentement de l’interlocuteur à accomplir la demande, sur l’idée que sa
volonté est la condition même de cet accomplissement:
Tu veux bien aller acheter du pain?
Tu veux bien nous faire du café?
L`interrogation

Une question partielle de nature causale peut exprimer un acte désiré


par le questionneur et indirectement une requête :
Pourquoi ne me laissez-vous pas tranquille?
Souvent, l’interro-négation se combine avec le conditionnel pour
exprimer une demande polie .
Auriez-vous encore un peu de café?
Tu n’aurais pas un peu de coton?

Relevant de la même stratégie de l’indirection, la question


proposition, se distingue de la sollicitation par le fait que la personne
concernée est le questionné. Il existe deux types principaux d’énoncés de
proposition:
l’offre, qui concerne uniquement l’interlocuteur-questionné
la proposition proprement dite, qui inclut aussi le locuteur-
questionneur
Les indicateurs de force illocutionnaire mobilisés dans ce cas ne sont
pas toujours spécifiques, mais revêtent souvent des formes institutionnalisées:
Que puis-je pour vous?
Puis-je t’aider?
Le verbe vouloir sert aussi à formuler une offre:
Veux-tu que je t’aide?
(Boileau-Narcejac)
Le verbe locutoire dire au conditionnel est une proposition polie pour
laquelle on demande l’acquiescement de l’interlocuteur: Que diriez-vous de...,
Ça ne vous dirait rien de ..., Ça te dirait de ...
Que diriez-vous d’une balade en voiture, dimanche prochain?
Ça ne te dirait rien de faire, un de ces jours, une randonnée
jusqu’à la montagne?
Le français utilise souvent des conditionnelles:
Qu’est-ce que tu deviens? Si on déjeunait ensemble?
(Tanugi)
Si l’on faisait une promenade dans les bois?
Modalités d’énonciation

Échanges interrogatifs à cycle proactif:


vue d’ensemble

Les échanges proactifs s’organisent autour de plusieurs axes


sémantico-pragmatiques:
l’information (information, confirmation, vérification,
délibération)
l’évaluation (jugement, adhésion)
la manipulation (sollicitation, proposition)
La source de la réaction verbale ou non verbale que l’on veut obtenir
en posant la question est l’interlocuteur-questionné, sauf dans le cas de la
délibération intérieure où le locuteur assume les deux rôles. Le schéma
suivant rend compte de cette structuration, les paramètres étant: l’objet de la
question, la source de la réponse, la nature de la réponse:

Objet de la Q
Information Évaluation Manipulation
Source de la R

Questionné Informer Exprimer Accepter


Confirmer son opinion Réagir correc-
Adhérer tement
Questionneur Décider

Les différentes zones du cycle proactif qui s’inscrivent dans les aires
de l’appel d’information, de l’appel d’évaluation et de la manipulation se
touchent de près, ce qui explique la mobilisation des mêmes indicateurs de
force illocutionnaire. Malgré ces interférences, l’intention peut être
correctement interprétée grâce aux repères fournis par l’instance énonciative.
Beaucoup d’énoncés interrogatifs se sont institutionnalisés et ainsi, les
possibilités d’ambiguité s’en trouvent sensiblement réduites.
L`interrogation

Échanges interrogatifs
à cycle rétroactif
La question n’a pas nécessairement une fonction illocutoire initiative,
elle peut être orientée vers une intervention antérieure et, dans certains cas,
apparaître comme un chaînon intermédiaire entre deux interventions. Suivant
la position que l’énoncé interrogatif occupe dans la séquence des
interventions constitutives de l’échange on distingue:
des questions à fonction réactive-initiative (demande
d’explication, question-écho, question-suspense)
des questions à fonction réactive (question-réponse, question
introductive de réponse, mise en débat de la prise en compte)

La question appel d’explication


La reprise interrogative d’une intervention prise dans son ensemble ou
d’une partie seulement de cette intervention peut avoir diverses fonctions
interlocutives, la principale étant la demande d’explication. La question porte
alors sur un élément qui nécessite, du point de vue du locuteur, un
complément d’information comme condition requise pour une réponse
adéquate.
La requête d’explication prend la forme d’une question partielle
portant sur un constituant C de l’intervention précédente ou sur cette
intervention en tant que telle.
Dans le premier cas, la question est un appel adressé au premier énonciateur,
source de l’intervention initiative, destinataire de la demande d’explication:
- Pauvre Paul.
- Pourquoi, pauvre Paul ? Il se porte à merveille.
(de Beauvoir)
- Exprès. S’est fait exprès.
- Comment exprès?
(Sarraute)
Employé absolument, l’élément interrogatif s’appuie le plus souvent
sur un mot discursif qui renforce la demande: ça, cela, donc :
- Vous avez vu?
- Quoi donc?
Modalités d’énonciation

- Mais ... cette femme.


(Malet)
La question peut porter aussi sur une éventualité (événement ou état
de choses); le plus souvent la question réactive fait voir l’effet
perlocutionnaire de la première intervention, l’étonnement, voire la perplexité
du questionneur ; le réalisateur est alors comment ça?, qui peut figurer aussi
en position absolue, entre deux pauses d’énoncé :
- Fais semblant d’avoir remarqué une de ces toiles dans une
exposition. Tu risques absolument rien...
- Comment ça?
- Il peint toujours le même tableau.
(Charles-Roux)
Si le destinataire-questionneur met en débat le contenu propositionnel
de l’intervention antérieure, la question porte sur le dit:
- Il cachait peut-être son jeu.
- Que voulez-vous dire?
- Il était bijoutier. Il était joailler.
(Malet)
Signalons également l’existence de certains énoncés figés, dont
l’interprétation est univoque: Qu’est-ce à dire?, Vous dites?, Tu dis?
Pardon? :
- Tout cela ne nous avance guère.
- Qu’est-ce à dire?
(Malet)
- Il est simple d’esprit?
- Pardon?
- Il est un peu fou?
- Il est malin comme un singe.
(Simenon)

La question-écho

Le questionneur peur reprendre par une question-écho l’intervention


interrogative de l’énonciateur, en reproduisant les propres termes de celui-ci.
C’est une reprise qui n`est jamais gratuite, elle est le signe d’une certaine
stratégie discursive: elle peut marquer une simple demande de répéter ce que
l’on vient de dire ou être une question dilatoire, dont le but est de retarder,
L`interrogation

pour une raison ou pour une autre, la réponse requise. On peut distinguer
deux types de questions-échos:
des questions-échos totales, introduites par le marqueur
caractéristique de l’interrogation indirecte si :
- Tu as rencontré X?
- Si j’ai rencontré X? “Je te demande si tu me demande si p“
les questions-échos partielles présentent les principales
caractéristiques segmentales de la question indirecte, mais une
intonation ascendante marquée dans le code écrit par le point
d’interrogation:
- Comment le sais-tu?
- Comment je le sais?
(Charles-Roux)
- Qu’est-ce que tu as fait lundi?
- Ce que j’ai fait lundi?

La question-suspense

Une reprise interrogative qui se rattache d’une part à la demande


d’explication et d’une autre part à la question-écho est la question suspense,
qui porte sur le dernier constituant de l’intervention initiative:
- Tu connais le directeur de cette entreprise?
- Si je connais qui?

La question-réponse

La question réactive à une requête d’information ou de confirmation


assume plusieurs fonctions interlocutives: c’est soit une affirmation renforcée,
soit une dénégation énergique, soit enfin une réponse hésitante ou éludante:
- Tu achètes cette robe?
- Pourquoi pas?
Cette réponse vaut pour une affirmation en insistant sur l’idée qu’il
n’y a aucune raison valable pour que la décision mise en débat par la
première intervention ne soit prise.
Modalités d’énonciation

Une question réponse telle que Comment pourrais-je le savoir ?


Comment le saurais-je? est une réponse négative, un aveu d’ignorance : le
questionné affirme par là qu’il ne dispose pas des données nécessaires pour
pouvoir satisfaire la requête d’information.
Le refus de coopérer peut s’actualiser aussi par une question telle que:
c’est à moi que tu le demandes ? “ce n’est pas à moi qu’il faut le demander“.

La question- soutien d’assertion

Il existe dans le discours quotidien une reprise interrogative qui


renforce la véracité de la réponse en la présentant comme alternative possible.
Cette réponse est en fait un acte subordonné justificatif de la réponse qui suit
ou précède immédiatement la réponse.
Parmi les marqueurs de ce type de réponse on peut retenir:
▪ une reprise introductive sous la forme d’une question directe ou
indirecte:
- Non, c’est à mourir de rire.
- Quoi? Qu’est-ce qui est à mourir de rire ? Que je ne me
laisse pas faire, que je ne sois pas impressionné par tous
ces snobs, ces crétins?
(Sarraute)
- Et qu’est-ce qu’elle ferait dans ce cas?
- Ce qu’elle ferait? Elle le quitterait immédiatement.
▪ une adjonction renforçative, en fin d’énoncé:
- Qui est-ce?
- C’est moi, qui veux-tu que ce soit?
L’énoncé interrogatif qui figure en fin d’intervention insiste sur le
caractère évident de la réponse, ce qui rapproche ce genre de questions des
interrogations rhétoriques.

La mise en débat de la prise en compte


L`interrogation

Dans la théorie de la conversation, on distingue entre une prise en


compte partielle et la prise en compte globale de l’acte initiatif en tant que
tel:«une prise en compte partielle porte sur une proposition. Elle traduit le fait
que l’énonciateur B sait que p est A vrai. Par contre, une prise en compte a
pour objet la fonction de l’acte initiatif: l’énonciateur a compris et indique en
quel sens il faut comprendre A» (J.MOESCHLER,1981: 53).
Si l’acte interrogatif met en débat la véracité de l’énoncé performé par
l’énonciateur, si c’est donc une prise en compte partielle qui fait l’objet de la
question, plusieurs modalités propositionnelles peuvent marquer l’acte
interrogatif réactif:
le doute ( l’assertion de l’énonciateur est sujette à caution):
Les instruments à l’aide desquels se réalise cette modalité sont:
▪ les verbes épistémiques fondamentaux croire, savoir, dans des
énoncés stéréotypiques: Qu’est-ce que tu en sais?, Qui sait?, Sait-on jamais?
Est-ce que je sais moi? qui expriment le doute:
- Il n’aurait rien à redire.
- Qu’est-ce que tu en sais?
▪ le verbe de jugement trouver :
- Ça ne manquait pas d’une certaine habileté ...
- Oh, vous trouvez?
- Si. C’est avec ça qu’il a tant séduit.
(Sarraute)

le refus de la prise en compte partielle:


Plusieurs possibilités s’offrent au locuteur pour exprimer l’idée que
celui-ci considère l’assertion émanant de l’énonciateur comme fausse.
Plusieurs stratégies peuvent être employées par le locuteur pour exprimer ce
refus d’adhésion:
▪ la disqualification de la source d’information:
Où allez-vous chercher tout ça?
Modalités d’énonciation

▪ la disqualification de la source émettrice:


Qui est allé vous raconter cette énormité?
▪ la disqualification de l’énonciateur:
Tu es fou ou quoi?
Tu n’es pas fou, non?
Tu n’es pas sérieux, non?
▪ la disqualification des rapports entre interlocuteurs:
Tu te paies ma tête ou quoi ?
Pour qui me prends–tu?
▪ la disqualification du dit:
- Mais ne l’écoutez pas, il en était complètement fou.
- Guy, qu’est-ce que tu racontes?
(Sarraute)
Que me chantez-vous là?

Échanges interrogatifs à cycle rétroactif:


vue d’ensemble

Les fonctions de la question orientée vers un acte de parole antérieur


sont différentes suivant son insertion dans l’échange. À la position médiane,
de chaînon intermédiaire entre deux interventions, sont propres des fonctions
réactives initiatives, comme la demande d’explication ou la question dilatoire;
à la position finale il correspond des fonctions réactives, telle la question-
réponse ou la mise en débat de la prise en compte, globale ou partielle, de
l’énoncé précédent. C’est surtout cette dernière fonction qui est marquée par
l’émergence du sujet émetteur de l’énoncé interrogatif (attitude
propositionnelle ou évaluative).
En même temps, la question du cycle rétroactif est un signe des
relations intersubjectives qui relèvent du plan interactionnel: le questionneur
peut se montrer coopérant ou non, adhérent ou non.
L`interrogation

Le tableau ci-dessous représente les diverses fonctions des questions


qui s’inscrivent dans le cycle rétroactif:

Fonctions
Réactives –initiatives Réactives
Attitude du loc

Locuteur demande ▪ question-réponse


coopérant d’explication afirmative
Axe de la ▪ question-soutien
coopération de réponse

Locuteur question ▪ question-réponse


non coopé- dilatoire négative ou évasive
rant ▪ mise ne débat de la
prise en compte
globale

Locuteur ▪ question-réponse
adhérent affirmative renforcée
Axe de
l’adhésion Locuteur ▪ mise en débat de la
non adhérent prise en compte
partielle
Modalités d’énonciation

La question- assertion

Définie comme une question qui suggère par sa formulation même la


réponse, la question-assertion présente des particularités sémantico-
pragmatiques qui lui confèrent une place à part dans l’ensemble des énoncés
interrogatifs. Si les réponses que l’on peut fournir à une question initiative (ou
réactive-initiative) totale sont équiprobables (affirmatives ou négatives), si la
réponse visée par une question partielle est indéterminée, en ce sens qu’elle
appartient à une série ouverte de possibilités s’inscrivant dans des paramètres
fixés d’avance par le questionneur, les questions-assertions, totales ou
partielles, ferment l’alternative en fournissant elles-mêmes une réponse
déterminée.
La question-question est symétrique quant aux réponses possibles,
tandis que la question-assertion est dissymétrique, car elle impose une
réponse à l’exclusion de toutes les autres assertions.
Une deuxième caractéristique de la question-assertion réside dans
l’inversion du signe algébrique de l’énoncé assertif qu’elle exprime:
Question affirmative → Assertion négative
Question négative → Assertion affirmative
La question-assertion a une valeur nettement argumentative: elle vise
à co-orienter l’interlocuteur vers l’assertion émise par le questionneur, en
réalisant ainsi une conformité de vues des deux co-énonciateurs engagés dans
l’échange verbal.
Suivant des particularités qui relèvent à la fois de la dimension
sémantique et de la dimension pragmatique, les questions-assertions se
répartissent en deux catégories:
les questions rhétoriques simples
les questions rhétoriques polyphoniques
Les premières expriment une évidence qui rend l’alternative
impossible et sont toujours d’orientation négative :
Existe-t-il des familles, existe-t-il des sociétés acceptant
volontiers l’idée que l’on peut se passer d’elles ?
(Charles-Roux)
L`interrogation

Les secondes, qui font entendre la voix de l’allocutaire peuvent être


d’orientation affirmative ou négative :
- Un homme? cria-t-il, la voix perchée. Ne suis-je pas un
homme? Ne t’ai- je pas rapporté de l’argent?
(Calef)
La question assertion formulée négativement relève d’un discours
polémique, qui, par sa nature même , fait intervenir plusieurs voix : celle du
locuteur et celle d’un interlocuteur opposant, réel ou imaginaire. La question
apparaît alors comme une riposte donnée à un énonciateur d’une assertion
antérieure, explicite ou implicite :
- Quelques-uns répondront: Faut-il faire l’économie d’une
révolution?
- N’est-elle pas le meilleur moyen de nettoyer une plaie? La
Révolution Française n’a-t-elle pas mis fin à des privilèges
abusifs? La Révolution russe n’a-t-elle pas nivelé les
conditions et amélioré le type de vie des masses?
(Maurois)

La question-assertion totale

En formulant une question-assertion totale, le locuteur asserte une


vérité qu’il présente comme admise par tous les participants à l’acte
énonciatif, qu’ils soient présents ou non (interlocuteur réel ou imaginaire).
La question rhétorique totale qui a la valeur d’une assertion négative
s’exprime par une question affirmative:
Est-il besoin de vous conseiller d’acquérir une culture
artistique ?
(Maurois)

La question-assertion négative peut remplir, à l’intérieur de


l’intervention, le rôle d’un acte subordonné d’explication par lequel on appuie
Modalités d’énonciation

d’autres assertions:
Je te repoussais avec conscience, je prétendais te repousser;
mais n’était-ce pas moi, cette voix, ce visage, ce passé qui
t’attiraient ? mon refus même me donnait un nouvel attrait.
(Beauvoir)

La question-assertion partielle

La question rhétorique partielle présente une inversion significative de


nature antonymique: le mot interrogatif qui l’introduit acquiert un sens
contraire déterminé par le statut affirmatif ou négatif de la question:

Question Affirmative Négative

Mot interr

qui, qu’est-ce qui personne, rien tous, tout le monde


que rien tout
où nulle part partout
quand jamais toujours
pourquoi ▪ il n’y a pas de ▪ il n’y a pas de
raison pour qu’on ne... raison pour qu’on ...
comment ▪ aucunement, en aucune ▪ obligatoirement
façon, impossible nécessairement

Qu’est-ce qui est vrai au juste ? et qu’importait la vérité?


(de Beauvoir)
Ces hommes du monde qui, dans Proust, déposent leur
chapeau haut-de forme près de leur fauteuil, que font-ils dans
la vie, hors aller au club ou chez leur maîtresse?
(Maurois)
L`interrogation

Ne craignez rien. Que voulez-vous qu’il vous arrive?


(Sarraute)
Et d’ailleurs que savons-nous du travail d’un autre ? Vous
ignorez ses échecs, ses renoncements.
(Maurois)
Pourquoi ce dont s’accommodait si bien une minorité de
riches ne ferait-il pas aussi le bonheur futur des masses?
(Maurois)
Comment la jeunesse ne serait-elle angoissée quand elle ne
voit pas d’issue?
(Maurois)
Comment des vérités seraient-elle durables alors que tout
change si vite?
(Maurois)
Il existe aussi des énoncés interrogatifs conventionnels qui expriment
des assertions de sens opposé: À quoi bon ?, À quoi cela servirait-il?, Où cela
nous mènerait-il? C’est comme ça qu’on s’est entendu?
On l’enverrait prendre l’air de Palerme dès qu’il serait en âge
d’y aller.
Mais ce ne serait pas afin de fréquenter l’aristocratie locale.
À quoi cela servirait-il?
(Charles-Roux)

La question-assertion: vue d’ensemble

Les fonctions de la question-assertion diffèrent entre elles d’après


deux paramètres de nature syntactico-sémantique :
le statut affirmatif ou négatif de la question
l’opposition question totale / question partielle
La question-assertion entre en relation de paraphrase avec l’assertion
correspondante de signe algébrique inverse:
Question affirmative négative =
Assertion négative affirmative
Modalités d’énonciation

L’alternance polaire qui sous-tend toute question est réduite dans ce


cas suivant un mécanisme d`oppositions antonymiques contradictoires.
La question rhétorique totale ayant la valeur d’une assertion
affirmative a un caractère polémique: elle fait entendre deux voix, celle du
locuteur-questionneur et celle du destinataire de l’assertion interrogative, qui
est censé s’opposer à l’assertion proposée. Apparemment, les interro-
négatives de ce type sont des appels de confirmation, mais par la réduction de
la symétrie fondamentale, ces énoncés deviennent des assertions affirmatives
à valeur argumentative.
Quant aux questions rhétoriques partielles, c’est le contexte discursif,
par des instructions qu’il contient, qui détermine la lecture de la réponse
attendue, à l’exception de certains contextes conventionnalisés dont la valeur
reste constante.
L`interrogation

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