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NOUS, LES HEROS.

De Jean-Luc LAGARCE

Dossier pédagogique
NOUS, LES HEROS
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NOUS, LES HEROS.

De Jean-Luc LAGARCE

Mise en scène
Michel BELLETANTE

Production L’Amphithéâtre de Pont de Claix, Théâtre et Compagnie

Dans le cadre du 50ème anniversaire de la naissance de Jean-Luc Lagarce


et de « L’année (…) LAGARCE » organisée par les Solitaires intempestifs.
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SOMMAIRE

1. Distribution et équipe technique ………… page 4

2. A propos de la mise en scène …………… page 7

3. Jean-Luc Lagarce ……………… … … page 15

4. L’équipe artistique ………………… …… page 19

5. Pistes de réflexion ……………………… page 23

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1. Distribution et équipe technique

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NOUS, LES HEROS.

De Jean-Luc LAGARCE

Mise en scène
Michel BELLETANTE
avec

LA MERE Judith Bècle


JOSEPHINE, la fille aînée Julie Leflaive
EDUARDOWA, la fille cadette Floriane Durin
KARL, le fils Renaud Dehesdin
LE GRAND-PERE Pierre Tarrare
RABAN Philippe Nesme
MAX, son meilleur ami Steeve Brunet
MADAME TSCHISSIK Lucile Jourdan
MONSIEUR TSCHISSIK Gilles Najean
MADEMOISELLE, l’intendante Léo Ferber

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Assistante à la mise en scène Estelle Pignet
Création lumières Andréa Abbatangelo
Musique Patrick Najean
Costumes Anne Dumont
Maquillages Bérangère Prost
Réalisation décor Ateliers Marianne
sous la direction de Christian Pouchard
Direction technique Yannick Fraimbault
Régie générale Denis Faure
Régie son Nourredine Slimani
Régie lumières André-Paul Venans
Administration Pierre Limouzin
Affiche et masque Isabelle Fournier
Chargée de production Claire Lonchampt
Relations publiques Marianne Tournon
Professeur relais Emmanuelle Oltra

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2. A propos de la mise en scène

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INTENTIONS DE MISE EN SCENE
Interview de Michel Belletante (janvier 2007)
réalisée par Sabrina Carment et Emmanuelle Oltra

Pourquoi avez-vous choisi de mettre en scène une pièce de Jean-Luc Lagarce ?

Tout d’abord, Lagarce est un auteur qui m’était inconnu mais les comédiens de ma troupe ne cessaient de m’en parler et ils souhaitaient jouer un de ses
textes .Devant un si vif intérêt, ma curiosité s’est éveillée. François Berreur était déjà venu présenter sa trilogie à l’Amphithéâtre et j’avais trouvé cet auteur
intéressant. Alors, j’ai commencé à lire plusieurs pièces de Lagarce pour me familiariser à son univers et il est vrai que j’ai beaucoup apprécié.
Pour finir, il se trouve que cette année est organisée L’année Lagarce et c’est donc le coup de pouce qui m’a aidé à franchir le pas.

Et donc pourquoi avoir mis en scène Nous, les héros et pas une autre pièce de Jean-Luc Lagarce ?

Principalement pour deux raisons, la première est que c’est celle qui m’a le plus plu. J’avais regardé au départ Les prétendants mais Nous, les héros est la
pièce qui m’a le plus séduit tant au niveau de l’écriture que des thèmes abordés. La deuxième raison est qu’elle me permet d’avoir de nombreux rôles
féminins et donc de pouvoir faire jouer tous les comédiens de ma troupe.

Jean-Luc Lagarce a écrit deux versions une sans le père et une avec, pourquoi avez-vous choisi de mettre en scène la version sans le père ?

Il se trouve que j’ai lu la version sans le père en premier et que comme je vous le disais précédemment, j’ai vraiment accroché et plus tard quand j’ai eu
l’occasion de lire la version avec le père, j’ai trouvé que ce personnage ne rajoutait aucun intérêt à la pièce, bien au contraire il mange le texte de certains
personnages. Il ne s’agit pas de multiplier les personnages, il s’agit de leur trouver un intérêt, par exemple le grand-père et M.Tchissik ont hérité de toutes les
remarques hypocondriaques et forment un duo « de vieux » intéressant et la mère, quant à elle, devient une figure de la Femme qui avance coûte que coûte,
elle en sort «surgonflée », un peu comme « la mère courage » de Brecht.

Est-ce que vous mettez en scène le texte original et intégral ou y-aura-t-il des modifications ?

Il n’y aura pas de modifications majeures dans le sens de l’histoire, mais sûrement quelques coupures et regroupements si au fur et à mesure de l’avancée des
répétitions, je me rends compte que certaines phrases ne correspondent pas à la rythmique que je souhaite donner à mon spectacle.

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Avez-vous lu le journal de Kafka ayant influencé Jean-Luc Lagarce pour Nous les héros ?

Oui je l’ai lu et il n’a pas influencé que le texte de Nous les héros, il s’agit même pour ce texte de centonnisme. En effet, beaucoup de répliques sont tirées du
journal de Kafka mais aussi de nombreux autres livres de cet auteur. En ce qui concerne les personnages, ils sortent tous aussi de l’univers de Kafka comme
par exemple Raban qui est dans Préparatifs de noce à la campagne adapté par Lagarce en 1984 et Max qui tient son prénom du meilleur ami de
Kafka…Pour finir, les seules répliques non tirées de Kafka sont celles du passage des cotisations obligatoires et vers la fin, le moment où Mme Tschissik
explique à Raban à quel point son mari l’aimait…

Selon vous, quels sont les principaux thèmes qui ressortent de cette pièce et quels sont ceux que vous allez évoquer ?

Pour moi, les thèmes importants à évoquer grâce à la mise en scène sont la guerre qui se prépare, la mort, l’univers yiddish à contrario les thèmes de la
maladie, du bouc émissaire et des théâtreux me semblent inintéressants à développer.
Pour moi, toute la pièce tourne autour de la guerre avec comme modèle le film de Théo AngeloPoulos Le voyage des comédiens dont je suis sûr que Lagarce
s’est inspiré puisque sa maison d’édition « Les solitaires intempestifs » a comme logo le symbole du film (comédiens avec valises sortant des nuages).Chez
Lagarce, la même équipe traverse le monde et le temps sans changer alors que dans le film, le monde bouge autour d’eux, l’extérieur influence la troupe et la
modifie.
Le deuxième thème que je souhaite évoquer est l’univers yeddish sur lequel Lagarce a fait une grosse impasse car il n’y fait référence qu’à deux reprises :
quand il parle du triomphe yiddish avec deux textes ayant existé du théâtre ambulant de Topalovitch et avec la berceuse yiddish (Des raisins et des
amandes).Max sera un intellectuel juif de l’international socialiste et Karl et Raban feront partie de sa bande.
Le troisième thème est la mort et on voit son omniprésence autant dans les didascalies que dans les répliques et je dirais même plus, elle est omniprésente
dans toute l’œuvre de Lagarce qui, je vous le rappelle, a été touché très jeune par le VIH. Les personnages font des projets mais la mort est toujours au bout
comme une menace.

Où en sont vos idées de mise en scène ?

Au sujet du décor, nous allons jouer sur un plateau nu pour donner l’illusion d’un entrepôt, cela en rapport avec les toutes premières didascalies de la pièce.
Pour montrer le contexte de guerre et de mort, deux thèmes qui me tiennent à cœur, je pense poser ça et là quelques caisses de munitions qui auraient été
oubliées comme si les personnages étaient assis sur une poudrière prête à faire exploser le groupe et peut-être comme seul rapport au théâtre et à la sortie de
scène de la troupe des comédiens, deux portes avec dessus écrit jardin et cour en cyrillique.
Pour les costumes comme dans le film d’Angelopoulos, ils seront tous certainement habillés en noir et blanc à la façon des années d’entre-deux-guerres et ils
auront des valises. Le seul costume original sera celui de Karl qui portera un masque de singe en référence encore une fois à Kafka où il dit dans Conférence
pour une académie « Ah ! si vous m’aviez connu quand j’étais singe » afin de montrer le destin tragique de l’Homme refusant de passer à l’étape suivante et
qui reste dans l’aube de l’humanité.
Au niveau de la musique, je pense faire des intermèdes musicaux mêlant l’univers d’Europe de l’Est et la nostalgie s’y référant afin de rappeler que la guerre
approche.

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PERSONNAGES
La Mère. Elle joue à la scène également le rôle de la Mère, épouse du défunt père. Elle calcule la caisse après chaque représentation. Elle essaie de sauver ce
qui peut l’être encore de sa famille et de sa troupe. Elle sait que ce mariage qui se prépare n’est pas un bon mariage.

Le Grand-Père Paternel. Avant, il était le chef de troupe et son père avant lui encore. Il joue les pères nobles et attend la mort ; Il voudrait renoncer aux
hôtels et rentrer mais il ne se souvient même plus d’où il vient. N’a-t-il pas toujours vécu ainsi lorsqu’il était enfant ?

La Fille Aînée, Joséphine. Elle épousera ce soir Raban et son père voulait à tout prix qu’elle joue les rôles que jouait sa mère lorsqu’elle était plus jeune.
Ella aime le garçon mais elle n’ignore pas qu’il ne l’épouse pas que pour son talent et sa beauté. Elle joue là encore un rôle secondaire.

Le Fils, Karl. Il veut partir. Il quittera la troupe, il s’enfuira en Amérique, il ira s’enivrer à Paris, n’importe où, porter des costumes neufs, cesser de jouer les
messagers de tragédie et boire du champagne. Ils font comme ils veulent mais dès les fiançailles réglées, il renoncera à sa part. On a si peu de confiance en
lui, lorsqu’on y réfléchit, qu’on préfère confier la caisse à Raban, plutôt qu’à lui.

La Fille Cadette, Eduardowa. Elle est la plus jeune, la plus secrète, la plus silencieuse ; elle rêve, on ne sait pas. On l’oublie de temps en temps, elle joue
les petits garçons, les enfants, elle fait trois petits tours de piste et on la laisse dans les coulisses sans trop s’occuper d’elle. Elle parle peu, elle les regarde.
Elle danse sur une chanson triste.

Raban. Il joue les héros, les nobles chevaliers. Il épousera Joséphine, il reprendra ce petit commerce de théâtre. Il s’accommode. Il est arrivé là un jour, il
s’est associé à eux et il héritera de la troupe comme on hériterait d’une boutique. Il s’accommode, oui, mais il rêve encore, tout de même, sous ses airs
cyniques et revenu de tout, il rêve encore d’aventures romanesques, enlever la belle Madame Tschissik à son mari, s’enfuir avec elle, planter son tout petit
destin, et gagner les capitales et leurs gloires.

Max. Il est le meilleur ami de Raban. Ils arrivèrent ensemble dans la troupe et ensemble, ils y restèrent. Il regarde, il se moque, il semble ne jamais croire à
rien, ne jamais s’impliquer dans aucune histoire, aucun combat. Il fait son travail. Il est libre, il pourrait partir s’il le voulait. Il est acteur de complément, ce
qu’il dit, mais toute cette liberté, cette absence de famille, cette solitude de ville en ville, sans savoir où jamais revenir, cette liberté de choix, tard dans la
nuit, le rend plus drôle mais plus désespéré aussi.

Madame Tschissik. Parce que la mère est devenue trop âgée pour ces rôles-là et parce que Joséphine ne serait encore les tenir -le pourrait-elle un jour- on
engagea Madame Tschissik, reine, tragédienne et premier grand rôle féminin. Pièce rapportée, bonne actrice et insupportable personne. Elle rêve bien
souvent des rôles qu’elle n’a pas connus, elle rend bien souvent la vie impossible à tout le monde, les autres membres de la troupe, le personnel chargé de les

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accueillir et parfois le public inculte. Raban l’aime en secret. Elle ne l’ignore pas. Ses bêtes noires sont les filles de la maison. On lui pardonne beaucoup, on
supporte ses caprices de peur qu’elle ne parte.

Monsieur Tschissik. Le mari. Acteur sans talent, il est le mari de sa femme. et on ne saurait engager l’un sans l’autre. Il joue les utilités, les seconds
couteaux, quelques traîtres et les employés de banque. A l’entendre, il connut la gloire et le succès sur toutes les scènes de la vieille Europe. Il a un répertoire
d’histoires que lui seul veut croire drôles. Ce que dit sa femme, il le répète, mais de toutes les manières, il est de l’avis exact du dernier qui a parlé. On
supporte sa vulgarité et sa fainéantise de peur que sa femme, là encore, ne parte.

Mademoiselle, L’Intendante. Elle se tait, on ne sait rien d’elle. Elle les aide à s’habiller, à changer de costumes mais encore, après avoir rangé les costumes
dans les malles, elle met la table, elle fait la cuisine, elle lave le linge et elle est bien souvent la seule à apaiser les disputes entre les enfants, à protéger
Eduardowa des moqueries des autres, à rassurer Joséphine sur l’amour des garçons. Elle attend son heure, elle répète en silence, elle connaît des numéros
secrets, elle pourrait remplacer au pied levé n’importe qui, ce qu’elle imagine. Elle seconde totalement la mère.

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NOUS, LES HEROS –Extraits 1/3
Monsieur Tschissik : Je suis probablement malade, maladie grave, je n’en parle pas car je ne souhaite inquiéter personne, mais je suis malade et tout le
corps me démange. La nourriture est mauvaise, les restaurants et les hôteliers nous voient venir et cherchent à nous empoisonner en se débarrassant de
produits avariés. Ils savent avec cynisme qu’ils ne nous reverront pas et que nous mourrons dans d’atroces souffrances plus loin, sur les routes et les
chemins. Après le repas de midi, mon visage était tout rouge, non pas rouge, bariolé, bariolé et violet, bariolé, violet et très chaud et je me suis fait peur en
me voyant dans la glace.

Le Grand-Père : Je préfèrerais garder le secret mais je dois dire, entre nous, que je ne vais pas très bien non plus. Je ne veux alarmer personne, les choses
sont très difficiles, déjà, pour que je puisse être malade, cela m’est interdit –que feriez-vous tous sans moi ? Je n’imagine pas- et peut-être, avec un peu de
chance, ne s’agit-il là que d’une alerte passagère ? Mais la souffrance peu à peu s’insinue et fait son chemin.

Monsieur Tschissik : Les premiers signes ne doivent jamais être négligés… j’ai connu un acteur, âgé, dont le cœur lâcha en pleine action… Une pièce de
Shakespeare un peu violente, je l’admets…

Le Grand-Père : Mais je crois, en l’occurrence, qu’il s’agit juste dans mon cas d’une relation difficile entre la bouche et l’estomac, d’une incompatibilité
brutale…

Max : Et toute la soirée, comme toutes les soirées, se démaquillant, lentement, ils évoqueront avec tendresse, et grand sérieux leur embarras de
constipation…

Monsieur Tschissik : Naturellement, il ne faut rien exagérer, je suis jeune encore et j’ai une multitude d’espoirs devant moi…

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NOUS, LES HEROS –Extraits 2/3
Karl : Je ne veux plus être employé.

Mademoiselle : Peut-être ne veux-tu pas accepter les règles. Nous comprenons cela. Ce n’est pas bien, on peut rester en dehors d’elles lorsqu’on est enfant,
on peut croire cela, mais il faut plus tard s’y soumettre. Le directeur est excessivement mécontent de ses employés, tout directeur est mécontent de ses
employés, la différence entre directeur et employé est trop grande pour ne pas être toujours sujet de mécontentements. Cela, c’est une règle.

Raban : Tu ne veux rien entendre. Tu pourrais logiquement devenir le directeur de cette entreprise si tu le souhaitais, tu aurais pu le devenir, je ne suis pas
inquiet pour moi, mais là encore tu aurais dû décider, tu devrais décider et te soumettre à des règles et tu ne pourrais fuir dans la solitude ou la pitrerie. Tu
devrais répondre.

Monsieur Tschissik : mais tout le monde se lève ? Je croyais qu’on s’installait…(…)

Monsieur Tschissik : On mange ?

Joséphine : Tu dois t’intéresser et si tu restes avec nous, tu devras faire cet effort, tu dois t’intéresser aux difficultés car difficultés et pas autre chose, tu dois
t’intéresser aux difficultés et t’efforcer à les résoudre, tu prendras du plaisir et tu changeras et tu prendras plus de plaisir encore à changer.

Karl : Etant enfant, j’éprouvais de la peur, et sinon de la peur, du moins un certain malaise, une sourde inquiétude, j’éprouvais une certaine inquiétude
chaque fois que mon père parlait de la fin du mois, et chaque jour, je crois bien, il parlait de la fin du mois.

Joséphine : La fin du mois ne peut jamais être définitivement vaincue, car une fois qu’elle est passée, sans qu’on le remarque autant qu’on l’avait espéré, la
plupart des difficultés restent, à peine un instant submergées et refaisant aussitôt surface.

La Mère : Tous les trente jours.

Karl : Et c’est à cela que vous voulez que je consacre ma vie ?

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NOUS, LES HEROS –Extraits 3/3
La Mère : Vous ne mettrez plus jamais les pieds ici !

Joséphine : Ne le touche pas ! Vous n’allez pas vous battre ?

Max : Je vous ai servi pendant cinq années, j’ai supporté tout dans cette troupe, j’ai tout joué, les pires âneries, je ne comprenais rien, je jouais quand même,
c’était des âneries et je jouais les âneries et vous allez me jeter dehors comme un malpropre ! Vous allez vous débarrasser de moi comme si je n’existais
pas ? Vous rigolez ! On ne peut pas faire les choses comme ça ! Vous n’avez pas le droit ! Il y a des règlements, il y a des droits, le code du travail, des
machins comme ça !

La Mère : Socialiste, exactement ça, socialiste, bolchevique syndiqué, léniniste encarté ! Le code du travail, je m’assieds les pieds dessus ! Vous allez partir,
je veux que vous partiez, c’est chez moi ici, ce soir, ici, c’est chez moi, c’est comme chez moi, ma maison, mon entreprise, et vous allez partir et si vous ne
partez pas, je vous jetterai moi-même dehors ! De mes mains ! De mes propres mains !

Le Grand-Père : Empoignez-le !

Joséphine : Ca ne va pas ! Il fait les séparer ! Il s vont se battre !

Raban : Laisse faire ! Ils n’iront pas loin.

Joséphine : Si on ne fait rien, si personne ne fait rien, ils vont se faire du mal !

Monsieur Tschissik : Qu’est-ce que vous voulez que je fasse, je ne vais pas aller me glisser là au milieu et prendre un mauvais coup !

Max : Je veux mon chapeau ! Rendez-moi mon chapeau ! Fasciste ! Fasciste ! Rendez-moi mon chapeau !

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3. Jean-Luc Lagarce

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BIOGRAPHIE
Jean-luc Lagarce est né le 14 février 1957 à Héricourt (Haute-saône) ; il passe son enfance à Vlentigney (Doubs) où ses parents sont ouvriers aux usines
Peugeot-cycles.
En 1975, pour suivre des études de philosophie, il part à Besançon où parallèlement il est élève au Conservatoire de région d’Art dramatique. Il fonde en
1977 avec d’autres élèves une compagnie théâtrale amateur, le «Théâtre de la Roulotte » (en hommage à Jean Vilar) dans laquelle il assume le rôle de
metteur en scène montant Beckett, Goldoni mais aussi ses premiers textes.
En 1979, sa pièce Carthage, encore est diffusée par France Culture dans le nouveau répertoire dramatique dirigé par Lucien Attoun qui régulièrement
enregistrera ses textes.
En 1980, il obtient sa maîtrise de philosophie en rédigeant Théâtre et pouvoir en Occident. Suite à sa rencontre avec Jacques Fornier, le « Théâtre de la
Roulotte » devient en 1981 une compagnie professionnelle où Jean-Luc Lagarce réalisera 20 mises en scène en alternant créations d’auteurs classiques,
adaptations de textes non théâtraux et mises en scène de ses propres textes.
En 1982, Voyage de Madame Knipper vers la Prusse Orientale est mis en scène par Jean-Claude Fall au Petit Odéon programmé par la Comédie-Française
(son premier texte à être monté par un autre metteur en scène en dehors de sa compagnie et à être publié sous forme de tapuscrit par Théâtre Ouvert). Jean-
Luc Lagarce verra seulement quatre de ses textes montés par d’autres metteurs en scène et après 1990, aucun ne le sera, mais il ne se sentira pas un
auteur « malheureux », il est un auteur reconnu et ses pièces sont accessibles, lues, voire mises en espace ou publiées.
C’est en 1988 qu’il apprend sa séropositivité mais les thèmes de la maladie et de la disparition sont déjà dans son œuvre notamment dans Vagues Souvenirs
de l’année de la peste (1983) et il refusera toujours l’étiquette d’ « auteur du SIDA » affirmant à l’instar de Patrice Chéreau que ce n’et pas un sujet.
En 1990, il réside six mois à Berlin grâce à une bourse d’écriture (Villa Médicis hors les murs, Prix Léonard de Vinci), c’est là qu’il écrit Juste la fin du
monde, le premier de ses textes à être refusé par tous les comités de lecture. Il arrête d’écrire pendant deux ans se consacrant à la mise en scène, écrivant des
adaptations et répondant à des commandes (cf. Comment j’écris in Du luxe et de l’impuissance). Essentielle dans son œuvre, il reprendra intégralement cette
pièce dans son dernier texte Le Pays lointain.
Il décède en septembre 1995 au cours des répétitions de Lulu.

Si son œuvre littéraire est essentiellement composée de 24 pièces de théâtre, il a aussi écrit 3 récits (L’apprentissage, Le Bain, Le Voyage à La Haye), 1 livret
d’opéra (Quichotte), 1 scénario pour le cinéma (Retour à l’automne), quelques articles et éditoriaux (publiés sous le titre générique Du luxe et de
l’impuissance) et a tenu durant toute sa vie de théâtre un journal composé de 23 cahiers.
Il a aussi créé sa maison d’édition Les solitaires intempestifs.

Depuis son décès, de nombreuses mises en scène de ses textes ont été réalisées et certaines ont connu un large succès public et critique. En France, il est
actuellement l’auteur contemporain le plus joué. Il est traduit dans de nombreux pays et certaines pièces comme J’étais dans ma maison et j’attendais que la
pluie vienne ou Les règles du savoir-vivre dans la société moderne le sont en douze langues.
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Bibliographie / Jean-luc lagarce
Théâtre Récit

Carthage encore*, 1979 L’apprentissage, Editions Les Solitaires Intempestifs, 2001, dans le recueil
La palce de l’autre, 1979 Trois Récits
Les serviteurs, 1981 Le Bain, Editions Les solitaires intempestifs, 2001, dans le recueil Trois
Voyage de Madame Knipper vers la Prusse Orientale*, 1982 Récits
Noce, 1982 Le Voyage à La Haye, Editions Les Solitaires Intempestifs 1997 et 2001 dans
Vagues souvenirs de l’année de la peste*, 1983 le recueil Trois Récits.
Histoire d’Amour (repérages), 1983
Retour à la citadelle*, 1984
Les Orphelins*, 1984 Livret
Hollywood, 1985
Sans Titre 1, 196 Quichotte, livret d’opéra sur une musique de Kate et Mike Westbrook.
Derniers remords avant l’Oubli*, 1988
Les Prétendants, 1989 Scénario
Juste la Fin du Monde (esquisse du pays lointain), 1993
Music-Hall**, 1992 Retour à l’automne, écrit en collaboration avec Gérard Bouisse, 1992
Histoire d’Amour (derniers chapitres)**, 1994
Nous, les Héros**, 1995 Divers
Les Règles du Savoir-Vivre dans la Société Moderne**, 1995
Le Pays Lointain**, 1995 Du luxe et de l’impuissance, Editions Les Solitaires Intempestifs.
J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne*, 1996

Sans compter ses adaptations et récits, ses scénarios et ses réalisations


vidéo…

* parus à Théâtre Ouvert


** parus aux Editions Les Solitaires Intempestifs

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Notes de mise en scène
De
Jean-Luc Lagarce
Après la représentation.

Lorsqu’ils sortent de scène, dans la coulisse, les acteurs de la troupe commencent leur vie, recommencent leur vie, leur vraie vie. Ils quittent les costumes du
spectacle qu’ils viennent de jouer pour la énième fois et retrouvent leurs propres vêtements. Ils sont à nouveau eux-mêmes, c’est ce qu’ils veulent croire.
Comme chaque soir, toutes ces dernières années, cela ne s’est pas très bien passé. Ils sont fatigués, épuisés, déçus de la vie qu’ils mènent et peut-être
devraient-ils renoncer - ce qu’ils disent plus ou moins fort - quitter ce bateau, abandonner l’entreprise, et rentrer à la maison qu’ils n’auraient jamais dû
quitter ou partir vers de plus grandes villes pour tenter, à nouveau, sans les autres, une nouvelle aventure. Carrière solitaire.

On se promet qu’on ne recommencera plus ; ce soir, nous dirons ce que nous aurons sur le cœur et demain, nous partirons, nous laisserons les autres prendre
le train sans nous, porter leurs valises. C’était, chacun se le dit ou chacun le comprend peu à peu, c’était la dernière soirée. Mais nous fêtons un événement
important, cette soirée est une soirée particulière. La fille aînée se fiancera, dans les coulisses, avec le jeune premier de la fin de l’acte I. Elle l’épousera, ils
seront chefs du théâtre, ils joueront le répertoire de la compagnie, contre tous les aléas de l’existence, les hôtels mal chauffés, le petit personnel agressif des
salles des fêtes de province et l’indifférence narquoise du public et des enfants imbéciles. Ce soir, nous fêtons des fiançailles.

Après la représentation, on chante une fois encore, on joue de petits sketches idiots qui nous firent toujours rire - ceux-là qu’on préfère et que nous gardons
pour nous - on danse un vieux numéro que nous avions appris pour une ancienne revue de pacotille, on se souvient du temps de notre gloire passé au
Kristall-Palast de Leipzig. On ricane, on imite, on hurle de rire et parfois aussi, nous nous laissons aller à la nostalgie.

Demain, nous fuirons mais ce soir encore, nous faisons semblant puisque nous ne savons rien faire d’autre.

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4. L’équipe artistique

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Qui êtes-vous Michel Belletante ?
Interview de Michel Belletante par Sabrina Carment

Racontez-moi votre première rencontre avec le théâtre.

L’été où j’ai obtenu mon baccalauréat, mon lycée organisait un stage de théâtre. Il s’agissait d’un stage d’une excellente qualité surtout que nous n’étions que
de simples lycéens. Nous avons eu la chance d’être encadrés par des professionnels reconnus dans le monde du théâtre et ce sont eux qui m’ont donné l’envie
de me lancer dans cette aventure.

Quelles sont vos influences théâtrales ?

Je suis principalement influencé par le travail de trois metteurs en scène : tout d’abord, par Georges Lavaudant animateur de stages de théâtre à Tournon
auxquels j’ai participé dans les années 70, ensuite par Bruno Carlucci dont j’ai été l’assistant. Ce qui me fascine chez lui, c’est sa réflexion théorique, c’est-à-
dire toutes les recherches qu’il fait sur le texte qu’il va mettre en scène ainsi que la manière qu’il a de l’analyser. Pour finir, je suis inspiré par le travail de
Nino d’Introna avec qui j’ai collaboré sur de multiples projets comme Vestiaires.

Quel regard portez-vous sur le théâtre ?

Ces dernières années, beaucoup de spectacles qui sont montés ont tendance à privilégier la forme au détriment du sens et je trouve cela dommage, on finit
par se perdre dans celle-ci et le spectacle ne transmet plus aucun message. En outre, nous sommes de plus en plus dans le divertissement. De nombreuses
personnes pensent qu’un bon spectacle est un spectacle léger, drôle, coloré. Au contraire, je pense que le théâtre n’est pas là pour divertir son public mais
pour les amener à se questionner sur certains points pour lesquels ils n’ont pas l’habitude de réfléchir et qui sont néanmoins très importants dans notre vie.
Pour conclure, je ne suis pas contre l’humour dans le théâtre, ce que je dis, c’est que celui-ci doit être employé pour délivrer un message et non dans l’unique
but de faire rire le spectateur.

Vous parlez beaucoup de l’importance du sens dans le théâtre, y- a- t-il un message commun à l’ensemble de vos mises en scène ?

La question la plus importante selon moi et celle que je me pose le plus souvent est : Comment arrivons-nous à vivre ensemble ? C’est un peu le fil
conducteur de toutes mes mises en scène. Dans Tartuffe de Molière, la question était : Comment arrivons-nous à vivre ensemble malgré des religions
différentes ? Dans Couples en (dé)construction, c’était : Comment arrivons-nous à vivre en couple ? Et dans Nous, les héros que je suis en train de monter, il
s’agit de se poser la question : Qu’est-ce qui fait que l’on ne peut se résigner à quitter la famille malgré les différends qui nous opposent ? En résumé,
j’essaie d’interroger les gens sur les recettes de la réussite dans la vie en groupe ainsi que de leur donner quelques réponses.
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Pourquoi avez-vous créé une compagnie ?

Une compagnie est le meilleur moyen pour un metteur en scène de fidéliser autour de lui des acteurs qu’il apprécie ainsi que des décorateurs et des
éclairagistes. Cela crée aussi une forme de reconnaissance pour les spectacles que l’on crée. Il se trouve que la compagnie « Théâtre et compagnie » dont je
suis le metteur en scène aujourd’hui est un ensemble de rencontres que j’ai pu faire tout au long de ma carrière avec des gens qui m’ont bluffé que ce soit par
leurs talents ou par leurs idées…Pour conclure, il est agréable de pouvoir faire travailler des gens que l’on apprécie et c’est d’abord à eux que je pense avant
de choisir quelle pièce je vais mettre en scène, comme avec Nous, les Héros qui va me permettre de faire jouer toutes les comédiennes de ma compagnie.

Comment en êtes-vous arrivé à la création de «Théâtre et compagnie » ?

Au début de ma carrière, j’ai tout d’abord monté une compagnie avec L’encre rouge à Bourg-en-Bresse. Ensuite nous avons été renvoyés par le nouveau
directeur et le centre a fermé. Je suis donc parti sur Lyon où j’ai travaillé comme directeur-adjoint du théâtre des 30. Là bas, j’ai effectué deux mises en scène
dont La chute de Camus en 1983 et j’ai été l’assistant de multiples metteurs en scène comme Carlucci.
Venant de Grenoble, j’ai souhaité y retourner et il se trouve que en 1987, l’Amphithéâtre de Pont-de-Claix a été créé .En 1991, on m’a donc proposé de
m’occuper de la partie théâtre de l’Amphithéâtre qui était à la base une annexe de la Mjc, ce que j’ai fait avec la compagnie Flipotte et compagnie. En 1993,
le directeur démissionne et son remplaçant renvoie tout l’équipe. En 1996, le nouveau directeur part à son tour ( il a fait des études de droit) et je le remplace
en assurant la direction du théâtre et en mettant en résidence à l’Amphithéâtre Théâtre et compagnie créée un an auparavant en 1995. Théâtre et
compagnie n’est donc pas la première compagnie dont j’ai été le metteur en scène mais c’est la seule qui a été en résidence à l’Amphithéâtre de Pont-de-
Claix depuis que j’en suis le directeur.

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Les autres membres de l’équipe artistique
Estelle Pignet : assistante mise en scène
Après des études littéraires à Lyon et une licence en arts du spectacle, elle intègre l’ENSATT en 2004 en classe d’administration. Elle participe à toutes les
productions de l’école, effectue un stage à Gare au théâtre (Vitry-sur-Seine), et décide de parfaire sa formation en suivant la production du point de vue
artistique. C’est son premier assistanat à la mise en scène.

Anne Dumont : costumes


Costumière, Anne Dumont a travaillé avec de nombreux metteurs en scène : Dominique Ferrier, Pierre Tarrare, Françoise Maimone, Claude Lesko, Ivan
Moran, Anne Courel, le Théâtre Populaire de l’Ain, la Compagnie Traverse, Ruche et Compagnie, Co et Compagnie, Les Oiseaux de Passage, Pli Urgent,
Bleu exactement, le Théâtre d’Ouble, La Pèlerine, la Compagnie du Ness, La tribu Hérisson…
Elle est également engagée auprès des Ateliers Marianne (Ateliers Costume et Décor d’Insertion), où elle assume des fonctions d’encadrement et de
transmission de son savoir.
Assistante de Carole Boissonnet (pour la compagnie Hallet-Eghayan et la biennale de Bron), Christine Brottes (pour les compagnies Morin et Ariadne).

Andréa Abbatangelo : lumières


Concepteur lumières depuis 1983, il a travaillé dans un très grand nombre de théâtres dans le monde (Italie, France, USA, Canada, Mexique, Australie…). Il
a réalisé les lumières de nombreux spectacles de Nino d’Introna (Robinson Crusoé, Terre promise, Cahier de la Méditerranée, Le roi Odyssée, l’Arbre…),
du théâtre Am Stram Gram de Genève (Un ange passe, Le Pont de Pierre 1999, Le dernier géant dans une mise en scène de Nino D’Introna en 2002), de la
compagnie de danse Hallet-Eghayan (Le désert de roses, Le Petit Prince), la compagnie de l’Arbre à roulettes ( Histoire de Babar le petit éléphant, Coco
Perdu, Que ma joie demeure, la dernière lettre). Sa collaboration avec Théâtre et Compagnie est ininterrompue depuis Don Juan (1993) jusqu’à la
Locandiera (2004), en passant par Cas David K, Vestiaires, Les caprices de Marianne, La Vérité toute la vérité, George Dandin, Goldoni (2003) et Couples
en dé-construction (2004).

Patrick Najean : création musicale


Ingénieur des Arts et Métiers de formation, musicien poly-instrumentiste, Patrick Najean est un compositeur de scène pour qui la musique est une
composante à part entière de la scénographie. Dans cet esprit, il a composé des musiques pour Bruno Meyssat, Chantal Morel (dont Frankenstein en 2001),
pascale Henry (dont Les Tristes Champs d’Asphodèles en 2001)… Il fait également partie du collectif « Life is not a picnic » animé par David Bursztein,
comédien, musicien et danseur avec qui il crée des spectacles insolites et expérimentaux. Son travail avec Théâtre et compagnie commence avec la chanson
basque de Vestiaires en 1995. Depuis, Michel Belletante et Nino d’Introna lui ont confié l’univers sonore et chanté de plusieurs de leurs spectacles : Molière
Impromptu, Les caprices de Marianne, La Vérité toute la vérité, Cas David K. , George Dandin, la Locandiera, Je peindrai des étoiles filantes et mon bateau
n’aura pas le temps.
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5. Pistes de réflexion

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Une exposition à voir avant ou après le spectacle pour mieux comprendre
l’univers de Jean-Luc Lagarce :
« Jean-Luc Lagarce par Lin Delpierre »
Présentation de Lin Delpierre

Né à Bayonne en 1962.
Vit à Besançon.*1993, Villa Médicis hors les murs, Moscou.
1994-1995, pensionnaire villa Médicis, Rome.
1997, Villa Kujoyama, Kyoto.
2000, lauréat Sanskriti kendra, New Dehli.

Lin Delpierre expose depuis 1995 en France et à l’étranger.


Il a fait de nombreuses publications et acquisitions dans les collections publiques et privées.

Les photos de l’exposition « Jean-Luc Lagarce par Lin Delpierre » sont extraites du livre Un ou deux reflets dans l’obscurité ( Editions les Solitaires
Intempestifs, 2004) ; elles ont été réalisées au cours des répétitions et des tournées des spectacles Les Solitaires Intempestifs (collage de Jean-Luc Lagarce,
1992) et Le Malade Imaginaire de Molière (1993), mis en scène par Jean-Luc Lagarce au Théâtre Granit-Belfort.

Cette exposition sera présente à l’Amphithéâtre de Pont-de-Claix pendant les jours de représentation du spectacle ainsi qu’une autre exposition
d’affiches qui est en train d’être réalisée par le Lycée Marie Curie d’Echirolles autour de Nous, les héros et de Théâtre et Compagnie.

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Approche thématique
Vivre ensemble : le groupe et l’individu

C’est une nécessité, une contrainte à laquelle l’humanité trouve des façons de faire. Or, la pièce de Lagarce est un exemple qui montre la difficulté de faire
partie d’un groupe et de vivre ensemble dans un huis clos. Vivre au sein d’une troupe de théâtre, au sein d’une famille, qu’importe le groupe choisi, c’est
toujours une aventure humaine : Comment vivre ensemble alors qu’on ne l’a pas choisi et comment s’affirmer en tant qu’individu ?
Quelles sont les raisons de l’existence de ce groupe ? Quels en sont les ciments ? Quel est le poids du groupe sur l’individu ? En quoi faire partie d’un groupe
peut être une chose rassurante ? D’où vient cette envie de fuir son groupe, cette aspiration vers un ailleurs ? Doit-on changer de groupe pour un autre ? Doit-
on en changer les règles ?
Telles sont les questions que permet de poser la pièce et une réflexion en classe autour de ce thème pourrait faire réfléchir les élèves sur l’homme et la
société et plus particulièrement sur leur propre place dans celle-ci.
Le metteur en scène Philippe Sireuil1 dit dans que ces personnages « sont perdus, paumés, esseulés. Ils sont ensemble parce qu’ils ne savent même plus où
aller. Karl, le fils, porte ça plus que tout autre, ce refus de quitter l’enfance, cette impossibilité à formaliser sa révolte, à organiser son destin. Ils sont tous, à
l’exception peut-être de la Mère, dans l’incapacité d’organiser leur propre destinée. On peut dire qu’ils sont violemment esseulés. C’est peut-être moins une
troupe qu’un groupe d’individus perdus au milieu d’une nuit et d’une guerre à venir ».

Il serait intéressant d’effectuer des lectures croisées autour de oeuvres de Kafka et de Sartre qui traitent de ce thème de la solitude au sein d’un groupe et qui
ont influencé Jean-Luc Lagarce.

La guerre

La guerre est une menace qui plane au-dessus des personnages tout au long de la pièce. C’est la deuxième contrainte que connaissent les personnages et qui
risque de faire exploser le groupe. Seules, l’Intendante et Madame Tschissik sont conscientes du danger imminent qui se prépare. Pour les autres, c’est un
moyen de réfléchir sur leurs projets. Avec la guerre, il y a la mort. C’est le rappel de la condition humaine.

Les rêves

Les personnages ne cessent de rêver à une vie meilleure, d’idéaliser leur passé, d’envisager un avenir plein de gloire, ce qui les empêche d’avancer. C’est le
sort de l’homme d’être prisonnier de ses aspirations.

1
www.theatre-contemporain.net/spectacles/nslesherosps/entretien.htm : « De la précision du mot et du dérisoire des êtres : Nous, les héros de Jean-Luc Lagarce », Rencontre avec Philippe
Sireuil.
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Philippe Sireuil dit d’ailleurs qu’ « on peut lire la pièce comme un hommage aux rêves et aux folies des gens de théâtre, à leur fragilité, à l’utopie qui les
anime et à leur sottise aussi. Il ne s’agit cependant pas seulement d’une énième pièce qui prendrait le théâtre pour sujet. La pièce ne (..) paraît pas tournée
vers le théâtre de façon narcissique. Elle met en scène des artistes, mais aussi des êtres humains avec toutes leurs richesses et leurs bassesses : des égarés,
des exilés, des êtres à bout de souffle et qui le savent, mais qui sont encore capables avec le peu de moyens dont ils disposent, de fabriquer du rêve et de la
poésie, fut-elle de deux sous .»

Si vous désirez trouver d’autres outils pour travailler autour de Nous, les héros, vous pouvez consulter les sites et ouvrages suivants qui donnent d’autres
éclairages à la pièce :
www.lagarce.net/ : l’Année (…) Lagarce met en ligne tous les renseignements sur l’auteur, ses œuvres, les publications en cours, les articles et les spectacles
qui sont proposés cette année au public.
www.theatre-contemporain.tv/ : Retransmissions dans le cadre de l'Année (...) Lagarce" du premier colloque consacré à l'auteur. Colloque qui s'est déroulé
du 18 au 20 octobre 2006 à Strasbourg.
www.theatre-contemporain.net/spectacles/nslesherosps/entretien.htm: « De la précision du mot et du dérisoire des êtres: Nous, les héros de Jean-Luc
Lagarce. » Rencontre avec Philippe Sireuil, metteur en scène.

Problématiques d’une œuvre, Colloques Année (...) Lagarce I , Editions Les Solitaires Intempestifs, février 2007 : ouvrage collectif qui vient d’être publié
autour de l’œuvre de Lagarce dans le cadre de l’Année (…) Lagarce :
« Quels enjeux d’écriture, quelles inventions dramaturgiques, quel discours sur le monde le théâtre de Jean-Luc Lagarce nous invite-t-il à découvrir ? Les
actes de Problématiques d’une œuvre, premier colloque d’une série de quatre, proposent les contributions d’enseignants, chercheurs, mais aussi philosophe,
conservateur ou dramaturge. Il s’agit de parcourir l’œuvre afin d’en dégager les constantes dramaturgiques, de considérer les contextes historique et théâtral
qui sont les référents de l’écriture lagarcienne, ou encore de cibler l’analyse sur certaines pièces considérées isolément (en particulier Nous, les héros). En
d’autres termes, de proposer des points de vue croisés et complémentaires qui dessinent une réflexion inaugurale sur l’auteur Lagarce, qui lancent des pistes,
ouvrent des voies afin d’inviter à continuer d’explorer son œuvre. »
Avec les communications de Marie-Isabelle Boula de Mareuil, Françoise Dubor, Jean-Pierre Han, Françoise Heulot-Petit, Geneviève Jolly, Patrick Le Bœuf,
Yannic Mancel, Georgeta Miron, Julie Sermon, Bruno Tackels, Peter Vantine.

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Questions autour de la mise en scène
Dans le cadre des programmes de français pour la classe de première, l’élève doit prendre en compte que le théâtre est à la fois texte et spectacle. Le but est
de faire comprendre aux élèves comment l’œuvre dramatique prend toute sa signification dans sa réalisation sur scène et, au-delà, de leur faire découvrir les
ressources de signification que permet l’association du verbal et du non-verbal (langages visuel et sonore).
Suggestion : Après avoir lu la pièce, vous pourriez poser à la classe des questions avant d’aller voir la représentation et faire le point après le
spectacle. Voici quelques pistes :

Questions à poser avant Réponses avant Comparaison / mise en scène


proposée par Michel Belletante
Personnages Quel rôle donner à la mère ? Veut-elle
tout gérer même en dehors de la scène ?
Comment vous-représentez-vous Karl ?
Est-il un adolescent ? Un adulte ?
Quel est le rôle d’Eduardowa dans ce
groupe et pour la pièce ?
Comment représenter le Grand-Père ?
Plateau, Comment gérer la difficulté pour les
scénographie, comédiens d’être tous ensemble sur
mise en scène scène durant toute la durée de la pièce ?
Comment créer différents espaces sur
un même plateau ?
Quel décor imagineriez-vous pour cette
pièce ?
Quels objets mettriez-vous sur scène et
pourquoi ?
Quels costumes imaginez-vous pour
chaque personnage ?
Quelle place accorder à la chanson ?
Quel type de musique verriez-vous ?
Quand interviendrait-elle ?

Des rencontres sont possibles avec le metteur en scène avant ou après le spectacle dans vos classes.
Il est même envisageable de venir assister à des répétitions du spectacle de Nous, les Héros. Pour cela, Il faut contacter Marianne Tournon,
responsable des relations publiques par téléphone au 04 76 98 40 40*6 ou par mail amphi-pdc@wanadoo.fr
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