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Le Monde.

fr : Imprimer 04/05/2011 13:46

Halte au cynisme ! Il faut un commerce des armes plus


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| 20.04.11 | 15h30 • Mis à jour le


21.04.11 | 09h07

N icolas Sarkozy, le président de la République française, fut l'un des premiers leaders occidentaux à dénoncer les
violations des droits de l'homme perpétrées par le gouvernement du colonel Kadhafi dans le conflit actuel et à appeler à
l'intervention militaire. Il ne l'a cependant fait qu'après le retour sain et sauf des citoyens français vivant en Libye, y
compris celui des ingénieurs sous contrat militaire dans le pays.

Surgit dès lors un paradoxe flagrant : les armes et équipements actuellement détruits dans le cadre de la campagne
militaire mise en oeuvre contre les forces du régime Kadhafi se trouvent souvent être ceux que la France et d'autres pays
producteurs d'armes ont vendus et livrés à la Libye seulement quelques jours avant l'éclatement des troubles dans le
pays.

Cela soulève d'épineuses questions, alors que la France et l'ensemble de la communauté internationale envisagent la
suite de leur intervention en Libye.

Il y a moins de dix ans, un embargo sur les armes était imposé à la Libye par les Nations unies, l'Union européenne et
les Etats-Unis. Toutefois, l'annonce par le gouvernement de Mouammar Kadhafi de la fin de ses programmes d'armes
nucléaires, chimiques et biologiques, les dédommagements accordés aux victimes du terrorisme libyen, les ressources
pétrolières du pays, sa volonté d'aider à enrayer la migration "indésirable" venue d'Afrique et en direction de l'Europe
ainsi que son rôle potentiel d'allié dans la lutte contre les groupes extrémistes ont permis sa réintégration dans le concert
des nations. Les sanctions imposées par les Nations unies et l'UE, y compris les embargos sur les armes, furent levées
en 2003 et 2004.

La Libye redevint alors un potentiel marché lucratif pour les producteurs d'armes du monde entier. Ils commencèrent à lui
vendre tous les équipements militaires possibles, des armes légères aux avions de combat perfectionnés. M. Sarkozy et
ses homologues italien, russe et britannique se rendirent en Libye accompagnés de représentants de l'industrie de
l'armement. En novembre 2010, le Salon de l'armement Libdex 2010 de Tripoli aurait attiré 100 entreprises d'au moins 24
pays différents.

Maintenant que l'armée de Kadhafi est en conflit direct avec les forces multinationales commandées de l'OTAN, l'ironie
est frappante. L'avion de combat français Rafale, autrefois offert avec enthousiasme à la Libye, bombarde désormais
des obusiers libyens qu'une firme italienne devait rénover, selon un contrat signé en 2010. Les Rafale doivent également
empêcher l'avion de combat Mirage F-1, appartenant aux forces libyennes et modernisé par Dassault, de décoller.

Enfin, les missiles antichars Milan perfectionnés, dont le dernier lot a été livré par la France en début d'année, risquent à
présent de finir dans les mains des forces rebelles qui menacent la sécurité des pays alliés de la France dans toute
l'Afrique du Nord, tels que l'Algérie, le Mali, le Niger et le Tchad.

D'autres pays exportateurs d'Europe occidentale participent au paradoxe. L'Italie, actuellement l'une des principales
bases des opérations dirigées contre les forces de Kadhafi, s'était accaparé par le passé les marchés des hélicoptères
militaires et de sécurité des frontières en Libye.

Le Royaume-Uni, également au premier plan de l'intervention militaire contre la Libye, avait fourni un système de
communication perfectionné pour les chars libyens T-72, désormais la cible des avions de combat de la coalition.

Les livraisons à la Libye d'armes plus petites telles que des fusils d'assaut et des missiles compacts anti-avions ont
également été autorisées par de nombreux pays, notamment la Russie, l'Ukraine, la Belgique et l'Italie. Non seulement
ces armes augmentent les risques de violences intenses et prolongées en Libye, mais il est probable qu'elles viennent
s'étendre aux zones de conflit du voisinage libyen.

http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2011/04/20/1510356.html Page 1 of 2
Le Monde.fr : Imprimer 04/05/2011 13:46

Il est très difficile d'établir un lien direct entre le commerce des armes, d'une part, et les violences perpétrées par un
régime donné, d'autre part. Inversement, il est impossible d'affirmer avec certitude que les restrictions sur les armes qui
auraient pu être opérées auraient empêché l'hécatombe à grande échelle qu'a récemment connue la Libye.

Dans le même temps, l'enthousiasme avec lequel de nombreux gouvernements ont promu la livraison d'armes et
d'équipements militaires à la Libye indiquait un soutien fort au régime de Kadhafi. En outre, si certains marchés potentiels
avaient été conclus plus tôt - l'exportation proposée des systèmes de missiles sol-air russes S-300 et anglais Jernas et
des radars de défense aérienne français par exemple -, l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne aurait été plus -
compliquée.

En définitive, des principes bien fondés justifient le commerce des armes, y compris le principe de légitime défense
consacré par la Charte des Nations unies. De plus, les décisions de vente d'armes se font souvent à l'aune d'un
ensemble complexe d'intérêts nationaux contradictoires, et elles ont parfois pour conséquence des livraisons vers des
destinataires contestables.

Comment peut-on être sûr, par exemple, que les appels actuels en faveur de l'équipement de l'opposition libyenne
n'auront pas pour conséquence des représailles à l'encontre des populations civiles si ces forces frappent les derniers
bastions de Kadhafi ?

Ces paradoxes devraient inciter les gouvernements du monde entier, et particulièrement ceux des principaux pays
exportateurs d'armes, à bien réfléchir à leurs prochaines décisions d'autorisation d'exportation de matériel militaire.

A la suite de la première guerre irakienne, dans le cadre de laquelle Saddam Hussein, enhardi, a utilisé son arsenal -
principalement des armes fournies par la France et la Russie - contre un voisin paisible et, par la suite, contre les forces
d'intervention mandatées par les Nations unies, la communauté internationale a révisé sa politique du commerce des
armes. Des lignes directrices relatives aux exportations d'armes ont été formulées, et la circulation de celles-ci est
devenue plus transparente.

Les livraisons d'armes à la Libye doivent être reconsidérées de la même manière. Une évaluation critique des politiques
relatives aux exportations d'armes en Libye est nécessaire afin de jauger le risque que ces politiques renforcent des
régimes autoritaires, et de souligner comment les intérêts nationaux et commerciaux peuvent aveugler les
gouvernements quant aux répercussions négatives d'un tel commerce.

Le cas libyen n'est pas le seul à mettre en évidence la nécessité d'exportations d'armes plus responsables. Elles auraient
par exemple contribué à éviter que les forces françaises aient affaire à des groupes lourdement armés en Côte d'Ivoire.

Alors que les exactions se poursuivent - et s'intensifient même peut-être - en Libye et que la communauté internationale
organise la suite de son intervention dans le pays, il est urgent que cette dernière étudie le rôle qu'elle a pu jouer dans la
violence à laquelle elle tente actuellement de mettre un terme, et qu'elle consolide les étapes nécessaires vers un
commerce international des armes plus contrôlé.

La France devrait, de la même manière qu'elle a pris l'initiative des opérations de protection des citoyens libyens,
prendre les devants concernant cet aspect-là également.

Bates Gill est directeur de l'Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (Sipri), Pieter Wezerman est
chercheur pour le programme du Sipri sur les transferts d'armes internationaux

Bates Gill, Pieter Wezeman, chercheurs au SIPRI

Article paru dans l'édition du 21.04.11

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