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TRIBUNAL ADMINISTRATIF

DE MARSEILLE

REPUBLIQUE FRANÇAISE
M. Mohamed IHL••• _

Mme Rigaud AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS


Magistrat désigné

Le Tribunal administratif de Marseille,


Jugement du 29 avril 2011
Le magistrat désigné

.1Vu la requête, enregistrée le 28 avril 2011, présentée par M. Mohamed I ,


actuellement retenu au centre de rétention administrative du Canet, à Marseille (13014) ; M.
Id demande au Tribunal:

1) d'annuler l'arrêté en date du 26 avril 2011, par lequel le préfet des Bouches-du-
Rhône a décidé sa reconduite à la frontière, ensemble la décision du même jour
fixant le pays de destination de la reconduite;

2) d'enjoindre au préfet des Bouches-du-Rhône de l'admettre au séjour en lui


délivrant une carte de séjour portant la mention « vie privée et familiale» ;

3) subsidiairement, d'enjoindre au préfet des Bouches-du-Rhône de lui délivrer une


autorisation provisoire de séjour afin de réexaminer sa situation;

4) de condamner l'Etat sur le fondement de l'article L 761-1 du code de justice


administrative et de l'article 37 de la loi du 10 juillet 1991 à verser à son conseil
la somme de 1 000 euros, ce dernier s'engageant à renoncer à percevoir la part
contributive de l'Etat au titre de l'aide juridiction neIle ;

Il soutient que:

l'arrêté attaqué est insuffisamment motivé dès lors que l'administration n'a pas
indiqué de manière suffisamment précise les raisons de fait et de droit qui fondent
sa décision;

le préfet des Bouches-du-Rhône s'est estimé lié par l'examen et le refus de sa


demande de titre de séjour de 2007 sans examiner l'évolution de sa situation
personnelle;

le signataire de l'arrêté contesté n'était pas titulaire d'une délégation de signature


du préfet des Bouches-du-Rhône régulièrement publiée;
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de J'article L 511-1 II 3e du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit


d'asile à la condition du respect des exigences de forme et de fond prévues par les
articles 7 et 12 de la directive 2008/115/CE ;

en ne prévoyant aucun principe, ni exception, ni délai de départ volontaire, les


dispositions de J'article L 511-1 II 3e sont contraires aux objectifs de ladite
directive;

en l'espèce, aucune des exceptions ne peut lui être opposée;

la décision portant obligation de quitter le territoire en date du 17 septembre 2009


méconnaît les articles 7 et 12 de ladite directive dès lors qu'elle n'indique pas de
délai de départ volontaire adapté à sa situation mais résultant d'une application
automatique d'un délai de 30 jours;

ainsi, la décision contestée est privée de base légale;

Vu le mémoire, enregistré le 29 avril 2011, présenté par le préfet des Bouchés-du-


Rhône, qui conclut au rejet de la requête;

Il fait valoir que:

la décision contestée ne porte aucune atteinte à J'article 8 de la convention


européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales;

cette dernière respecte les deux conditions posées par les articles 7 et 12 de la
directive 200S/IIS/CE puisque la décision portant obligation de quitter le
territoire dont M. H' 7 ' [ a fait l'objet le 17 septembre 2007 confère à
l'intéressé un délai de départ volontaire de 30jours et expose les motifs de faits et
de droits qui la fondent;

au demeurant, M. W Fabénéficié de deux délais de départ volontaire de 30


jours chacun par arrêté du 17 septembre 2007 et par arrêté du 26 mai 2009 ;

les décisions portant obligation de quitter le territoire du 17 septembre 2007 et du


26 mai 2009 n'ont pas été édictées sans qu'il ait été procédé à un examen de la
situation personnelle du requérant;

il ne peut lui être reproché de ne pas avoir examiné si le délai de retour pouvait
être rallongé alors que le délai de transposition de la directive 200S/115/CE
n'était pas expiré;

Vu l'arrêté attaqué;

Vu les autres pièces du dossier;

Vu la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés


fondamentales;

Vu la directive 20081115/CE du parlement européen et du Conseil du 16 décembre


2008 relative aux normes et procédures communes applicables dans les Etats membres au
retour des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier;

Vu le code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile;


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Vu le code de justice administrative;

Vu la décision par laquelle le président du tribunal a désigné Mme Rigaud pour


exercer les pouvoirs qui lui sont attribués par l'article L.512-2 du code de l'entrée et du séjour
des étrangers et du droit d'asile;

Les parties ayant été régulièrement averties du jour de l'audience;

Après avoir au cours de J'audience publique du 29 avril 2011, présenté son rapport et
entendu:

- les observations orales de Me Ferrarini, avocat, représentant M. fJ4l1•••• ; il reprend et


développe les moyens soulevés dans la requête et soutient en outre que:

- M. H 1ii 3 il a pas déposé de demande d'aide juridictionnelle et restreint, ce faisant, ses


conclusions présentées au titre des frais exposés et non compris dans les dépens à la stricte
application de l'article L 761-1 du code de justice administrative;

- la décision contestée se fonde sur l'inexécution d'une décision portant obligation de quitter
le territoire en date du 17 septembre 2007, laquelle ne respecte pas les exigences de forme et
de fond prévues par les dispositions des article 7 et 12 de la directive 2008/IIS/CE ;

- les observations orales de M. Duval, représentant le préfet des Bouches-du-Rhône, qui a


reprend et développe ses écritures, et fait valoir en outre que:

-Ies dispositions de la directive 2008/l15/CE n'étaient pas applicables à la date de la décision


portant obligation de quitter le territoire du 17 septembre 2007 sur laquelle se fonde l'arrêté
contesté; ,;

- en tout état de cause, cette décision, prise dans l'état du droit antérieur à ladite directive,
respectait bien, par anticipation, les conditions posées par ses articles 7 et 12 ;

Sur les conclusions à fin d'annulation:

Considérant qu'aux termes de l'article L. 511-1 du code de l'entrée et du séjour des


étrangers et du droit d'asile: « (. ..) II. L'autorité administrative compétente peut,
par arrêté motivé, décider qu'un étranger sera reconduit à la frontière dans les cas suivants:
(.. .) 3° Si l'étranger fait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français exécutoire prise
depuis au moins un an » ; qu'il ressort des pièces du dossier que, par arrêté en date du 17
septembre 2007, notifié le 21 septembre 2007, le préfet des Bouches-du-Rhône a rejeté la
demande de M. B 111, de nationalité algérienne, tendant à la délivrance d'un titre de
séjour en assortissant ce refus d'une obligation de quitter le territoire français; qu'ainsi, à la
date du 26 avril 2011, à laquelle le préfet des Bouches-du-Rhône a ordonné sa reconduite à la
frontière, M. P d fentrait dans le champ d'application des dispositions précitées du code
de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile;

Considérant que tout justiciable peut se prévaloir, à l'appui d'un recours dirigé contre
un acte administratif non réglementaire, des dispositions précises et inconditionnelles d'une
directive, lorsque l'Etat n'a pas pris, dans les délais impartis par celle-ci, les mesures de
transposition nécessaires; qu'à la date de l'arrêté attaqué, la directive 2008/IIS/CE n'avait
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pas fait l'objet de mesures de transposition, alors que le délai imparti aux États membres pour
assurer cette transposition expirait, en vertu de j'article 20 de cette directive, à la date du 24
décembre 20 l 0 ;

Considérant qu'aux termes de l'article 6 de la directive 2008/l15/CE susvisée: « 1.


Les Etais membres prennent une décision de retour à l'encontre de tout ressortissant d'un
pays tiers en séjour irrégulier sur leur territoire ( ... ) » ; que, si le 6c paragraphe de l'article 6 et
e
le 3 paragraphe de l'article 8 de cette directive distinguent les décisions de retour des
décisions d'éloignement, il résulte de la combinaison de ces deux articles que les mesures
d'éloignement au sens du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile doivent
être regardées comme des décisions de retour au sens de la directive, sauf dans le cas où aurait
été préalablement relevée à j'encontre du ressortissant d'un pays tiers une irrégularité de son
séjour, assortie d'une obligation de retour qualifiable elle-même de décision de retour au sens
de la directive, et dont la mesure d'éloignement se bornerait à assurer J'exécution;

Considérant qu'il en résulte que les arrêtés de reconduite à la frontière qui sont pris sur
le fondement du II de J'article L. 511-1 du code de J'entrée et du séjour des étrangers et du
droit d'asile sont des décisions de retour entrant dans le champ des prévisions de J'article 7 de
la direcJj;ye précitée, à l'exception de ceux pris sur le fondement du 3° de cet article à
l'encontre des personnes ayant fait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français
exécutoire prise plus d'un an auparavant; que, comme il a été dit ci-dessus, l'arrêté attaqué a
été pris sur fondement du 3° de l'article susmentionné; que par suite, les dispositions de la
directive susvisée ne font pas obstacle à ce qu'une mesure de reconduite àla frontière soit
prise en application du 3e du II de l'article L 511-1 du code de l'entrée et du séjour des
étrangers et du droit d'asile sans être assortie d'un délai de départ volontaire, s'agissant là
d'une décision d'éloignement assurant l'exécution de la décision de retour que constitue
l'obligation de quitter le territoire antérieure de plus d'un an, au sens de ladite directive, à la
condition toutefois que cette dernière ait été prise conformément aux exigences de forme et de
fond prévues par les dispositions des articles 7 et 12 de la directive;

Considérant qu'aux termes de l'article 7 de la directive 2008/l15/CE: « « 1. La


décision de retour prévoit un délai approprié allant de sept à trente jours pour le départ
volontaire, sans préjudice des exceptions visées aux paragraphes 2 et 4. Les États membres
peuvent prévoir dans leur législation nationale que ce délai n'est accordé qu'à la suite d'une
demande du ressortissant concerné d'un pays tiers. Dans ce cas, les États membres informent
les ressortissants concernés de pays tiers de la possibilité de présenter une telle demande. 1 Le
délai prévu au premier alinéa n'exclut pas la possibilité, pour les ressortissants concernés de
pays tiers, de partir plus tôt. /2. Si nécessaire, les États membres prolongent le délai de départ
volontaire d'une durée appropriée, en tenant compte des circonstances propres à chaque cas,
telles que la durée de séjour, l'existence d'enfants scolarisés et d'autres liens familiaux et
sociaux. / 3. Certaines obligations visant à éviter le risque de fuite, comme les obligations de
se présenter régulièrement aux autorités, de déposer une garantie financière adéquate, de
remettre des documents ou de demeurer en un lieu déterminé, peuvent être imposées pendant
le délai de départ volontaire. 14. S'il existe un risque de fuite, ou si une demande de séjour
régulier a été rejetée comme étant manifestement non fondée ou frauduleuse, ou si la personne
concernée constitue un danger pour l'ordre public, la sécurité publique ou la sécurité
nationale, les États membres peuvent s'abstenir d'accorder un délai de départ volontaire ou
peuvent accorder un délai inférieur à sept jours» ;

Considérant qu'en l'espèce, le préfet des Bouches-du-Rhône, en prenant à l'encontre


de M. HADJEM une obligation de quitter le territoire français le 17 septembre 2007, décidant
que l'intéressé disposait d'un délai réglementairement fixé à 30 jours pour exécuter cette
décision, sans avoir préalablement procédé à un examen particulier de la situation personnelle
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du requérant susceptible de justifier que ce délai soit rallongé compte tenu notamment de
j'état de sa vie privée et familiale en France, n'a, en tout état de cause, pas respecté les
exigences posées par l'article 7 de la directive 2008/115/CE; qu'ainsi, le préfet des Bouches-
du-Rhône, en ayant pris j'arrêté de reconduite à la frontière contesté qui n'était ni assorti d'un
délai de départ volontaire accordé au requérant après appréciation de sa situation particulière,
ni pris en exécution d'une précédente décision de retour que constitue l'obligation de quitter
le territoire français pris à l'encontre de M. tE • ; , le 17 septembre 2007 respectant
j'article 7 de la directive 20081115/CE, a entaché sa décision d'illégalité;

Considérant que, par suite, M. H/j Pest fondé à demander l'annulation de


l'arrêté attaqué, sans qu'il soit besoin de statuer sur les autres moyens de la requête;

Sur les conclusions à fin d'injonction:

Considérant qu'aux termes de l'article 1. 911-1 du code de justice


administrative: «Lorsque sa décision implique nécessairement qu'une personne de droit
public ou un organisme de droit privé chargé de la gestion d'un service public prenne une
mesure d'exécution dans un sens déterminé, la juridiction, saisie de conclusions en ce sens,
prescrit, par la même décision, cette mesure assortie, le cas échéant, d'un délai d'exécution» ;
qu'aux termes de l'article 1. 911-2 du même code: « Lorsque sa décision implique
nécessairement qu'une personne morale de droit public ou un organisme de droit privé chargé
de la gestion d'un service public prenne à nouveau une décision après une nouvelle
instruction, la juridiction, saisie de conclusions en ce sens, prescrit, par la même décision
juridictionnelle, que cette décision doit intervenir dans un délai déterminé» ; qu'aux termes
de l'article L. 512~4 du code de l'entrée et du séjour et du droit d'asile: «Si l'arrêté de
reconduite à la frontière est annulé ( ... ) l'étranger est muni d'une autorisation provisoire de
séjour jusqu'à ce que le préfet ait à nouveau statué sur son cas» ;

Considérant que le présent jugement qui annule l'arrêté de reconduite à la frontière de


M. B il Tf implique seulement que le préfet des Bouches-du-Rhône statue de nouveau sur
la situation administrative de M. II 1 dans un délai d'un mois au regard de son droit à la
délivrance d'un titre de séjour et lui délivre en attendant une autorisation provisoire de séjour ;

Sur les conclusions tendant à rapplication de l'article 1. 761-1 du code de .iJJâ1ig:


administrative :

Considérant qu'aux termes de l'article 1. 761-1 du code de justice administrative:


« Dans toutes les instances, le juge condamne la partie tenue aux dépens ou, à défaut, la partie
perdante, à payer à l'autre partie la somme qu'Il détermine, au titre des frais exposés et non
compris dans les dépens. Le juge tient compte de l'équité ou de la situation économique de la
partie condamnée. Il peut, même d'office, pour des raisons tirées des mêmes considérations,
dire qu'il n 'y a pas lieu à cette condamnation» ;

Considérant que, dans les circonstances de l'espèce, il y a lieu de mettre à la charge de


l'Etat le paiement au requérant d'une somme de 800 euros au titre des frais exposés et non
compris dans les dépens;
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DECIDE

Article 1er: L'arrêté du préfet des Bouches-du-Rhône en date du 26 avril 2011 ordonnant
ta reconduite à la frontière de M. Ilst222JPestannulé.

Article 2 : Il est enjoint au préfet des Bouches-du-Rhône de procéder à un réexamen de la


situation personnelle de M. HA. a P, dans un délai d'un mois à compter de la notification du
présent jugement et de lui remettre sans délai une autorisation provisoire de séjour.

Article 3 : L'Etat versera à M. il Id 2 la somme de 800 euros en application de l'article L


761-1 du code de justice administrative.

Article 4 : Le surplus des conclusions de la requête est rejeté.

Article 5 : Le présent jugement sera notifié à M. Mohamed M•• ' et au préfet des
Bouches-du-Rhône.

Copie en sera adressée au Procureur de la République près le Tribunal de grande


instance de Marseille.

Lu en audience publique le 29 avril 20 Il.

Le magistrat désigné, le greffier,

signé signé

L. RIGAUD A. GIACOBBI

La République mande et ordonne au préfet des Bouches-du-Rhône en ce qui le concerne et à tous


huissiers à ce requis en ce qui concerne les voies de droit commun contre les parties privées de
pourvoir à J'exécution du présent jugement.

Pour expédition conforme,

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