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Octobre 2005

Analyse de la situation de la Bancassurance dans le monde

focus
La Bancassurance
La Bancassurance

Oct.
2005

Vie
Vie
Analyse de la situation de la Bancassurance dans le monde

focus
La Bancassurance

Oct.
2005

Focus est une publication du Groupe SCOR


Cette édition a été rédigée par Marjorie Chevalier, Carole Launay et Bérangère Mainguy.
Editorial

Leader en réassurance de personnes sur un des marchés qui a vu naître la bancassurance, SCOR VIE a
rapidement constitué une équipe spécialisée dans ce secteur d’activité sur le marché français. Régulièrement
questionné par ses clients étrangers sur la faisabilité, les produits, les succès et les échecs de ce modèle,
trois responsables de marchés intervenant sur différents pays ont pris l’initiative d’analyser la situation de
la bancassurance dans le monde et de vous faire part de leurs réflexions.

Certains de nos clients bancassureurs les ont aidés en partageant leurs expériences, illustrant ainsi leurs
propos. Nous tenons à remercier tout particulièrement :

- M. Denis WALLERICH, Responsable Marketing et Développement à la Direction Epargne Monde


chez BNP Paribas Assurance (France) ;
- M. Jean-Patrick SIMON, Directeur de SH&C (Corée) ;
- M. Edouard de BONNAFOS, Directeur technique de PREDICA (France) ;
- M. Luis ARAYA, Directeur technique de Altavida Seguros de Vida (Chili).

Sans oublier, bien sûr, notre Centre de Gestion de l’Information et l’ensemble des équipes au siège, dans
les filiales et les bureaux de SCOR VIE.

Nous vous souhaitons une lecture enrichissante.

I Romain DURAND, Directeur Général SCOR VIE

Quelques mots sur les auteurs

Marjorie Chevalier, diplômée de l’IAE de Nancy (Master en Administration des Entreprises) en 1994. Parallèlement
à la poursuite de ses études, elle a travaillé au Crédit Lyonnais. Elle a intégré SCOR, en 1995, en tant que tarificateur
de risques aggravés. Depuis 1999, elle est souscripteur sur les marchés étrangers, et a eu l’occasion d’intervenir,
à ce titre, sur différents pays comme l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Corée, le Japon ainsi que les pays du Proche Orient.

Carole Launay, diplômée de Reims Management School en 1998. Elle a rejoint SCOR VIE en 2000, après deux ans
passés dans le domaine pétrolier. Elle débute sa carrière en tant que souscripteur sur le marché français dans le
secteur de la bancassurance. En 2005, elle rejoint la Direction de la Stratégie et des Participations comme Responsable
Marketing.

Bérangère Mainguy, diplômée de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur (Paris) et de l’ESMA de Barcelone en
1996, a débuté, en 1997 comme souscripteur sur les pays d'Amérique Latine, l’Espagne et le Portugal. Après un pas-
sage chez SOREMA, elle réintègre SCOR VIE et intervient depuis 2002 sur la Grèce, la Corée du Sud, le Japon et
la Thaïlande.

focus octobre 2005 La Bancassurance


Sommaire

Préambule p. 1

Historique et définitions p. 2

Comment et pourquoi devenir un bancassureur ? p. 5


Les modèles p. 5
Les avantages pour les participants à la réussite de ce modèle p. 6

Quels sont les facteurs clés pour vendre avec succès


des polices d'assurance vie à travers un réseau bancaire ? p. 9
Un environnement favorable p. 9
L’exploitation de ces clés de succès p. 11

Etablissement du réseau, sa formation & sa motivation p. 15


Le réseau p. 15
Management p. 15
Formation p. 15
Rémunération p. 16

Les produits p. 19
Principales caractéristiques des produits distribués
par les bancassureurs. p. 19
Quels sont les produits d’assurance vie distribués par les bancassureurs ? p. 21
Une diversification en cours –
Actualité sur les nouveaux produits vendus par les réseaux bancaires p. 22
La convention Belorgey : une spécificité française p. 24

Le tour du monde de la bancassurance p. 27


Les marchés leaders p. 27
Les nouveaux marchés de la bancassurance p. 30
Les marchés où la bancassurance tarde à se développer p. 34

Conclusion p. 39
Préambule
I Pierre-Denis CHAMPVILLARD, Directeur général SCOR Non-Vie

Le succès fulgurant de la bancassurance dans certains pays d’Europe du Sud se confirme chaque année
davantage, puisqu’en 2004 la bancassurance en France a connu de nouveau une croissance de son chiffre
d’affaires supérieure à 10 %. Il en est de même en Espagne et au Portugal où ce réseau de distribution reste
prépondérant et devient un enjeu stratégique vital pour les acteurs de l’assurance ; les bancassureurs vie
continuent à grignoter des parts de marché et profitent pleinement de la reprise de l’assurance vie. Désormais
l’ensemble des participants s’accorde à dire que le mouvement engagé est irréversible et va continuer à
se développer.

Dans de nombreux pays, le sujet est devenu incontournable pour les banquiers et les assureurs qui cherchent
à reproduire les succès existants.

Ce constat solide et durable que la bancassurance est devenu un véritable mode de distribution méritait que
nous fassions un nouveau point sur ce thème.

En effet, ces dernières années ont vu apparaître un phénomène nouveau : la création par les assureurs de
leurs propres filiales de banques. C’est ce que l’on nomme l’assurbanque.
Deux modèles, deux siècles : La bancassurance a vu le jour au XXe siècle, l’assurbanque au XXIe. L’un
constitue une référence dans la plupart des pays développés, l’autre en est à ses balbutiements. C’est
pourquoi nous ne vous parlerons pas d’assurbanque dans ce focus mais de bancassurance, c’est-à-dire
essentiellement de la distribution des produits d’assurance vie par les réseaux bancaires.

Le développement de la bancassurance en Europe, en Asie et Outre-Atlantique a fait l’objet de nombreuses


parutions, notamment pour SCOR VIE la Newsletter de février 2003, mais cela fait maintenant 10 ans que
SCOR VIE a publié son "SCOR Notes" sur le sujet. Que s’est-il passé durant cette décennie ? Les facteurs
de succès sont-ils ceux cités à l’époque ? Les compagnies qui avaient vu le jour sont-elles encore présentes
sur le marché aujourd’hui ?

Après quelques points de rappel sur l’historique de la bancassurance et sa définition, toujours source de
discussion, nous tenterons de répondre à certaines questions souvent soulevées : Pourquoi la bancassurance
s’est-elle développée dans certains pays et pourquoi d’autres pays cherchent-ils à reproduire ce modèle ?
Quels produits distribuent les bancassureurs et pourquoi ? Quelle est l’importance du réseau et comment
bien le gérer ? Quels pays ont vu la réussite/l’échec de la bancassurance et pour quelles raisons ? Quels
sont les développements encore possibles ?

1 focus octobre 2005 La Bancassurance


Historique et définitions

Les premiers pays à se lancer dans l’aventure ont été  Belgique : en 1989, AG, le 1er assureur belge, et
l’Espagne et la France. Générale de Banque créent la compagnie Alpha
Life. Un an après, AMEV N.V., une importante com-
Au début des années 70, les ACM (Assurances du pagnie d'assurances néerlandaise, et VSB, une
Crédit Mutuel) Vie et IARD obtiennent leur agrément, banque néerlandaise, réunissent leurs activités.
marquant ainsi l’histoire de l’assurance. L’idée leur est Cette même année, le Groupe AG se joint à eux
venue de se passer d’intermédiaire pour l’assurance réalisant ainsi la première fusion transfrontalière,
des crédits emprunteurs, et de devenir eux-mêmes créant le groupe Fortis.
assureur de leurs propres clients de banque. Ils sont
ainsi devenus les précurseurs de ce que l’on nom- En Europe, l’Allemagne et l’Italie s’y intéresseront
mera quinze ans plus tard "la bancassurance". beaucoup plus tard, comme en Asie d’ailleurs où la
bancassurance commence à attirer réellement les
De leur côté, les Espagnols se lancent dans l’aven- banques coréennes déjà en place sur le marché, du
ture au début des années 80, quand le groupe fait de l’autorisation donnée en 2003 par le gouver-
BANCO DE BILBAO acquiert une part majoritaire de nement.
EUROSEGUROS SA (dont la dénomination originelle
est LA VASCA ASEGURADORA SA, constituée en En 2004, en Thaïlande, Fortis a signé un contrat avec
1968). Mais le contrôle n’est dans un premier temps Muang Thai Group pour des affaires vie et non vie et
que financier, puisque la législation espagnole inter- par là-même a pris une participation de 25 % dans
dit aux banques de vendre de l’assurance vie. Cette Muang Thai Life Insurance. Fortis, qui cherchait à
barrière réglementaire disparaît en 1991. Aujourd’hui développer le modèle de bancassurance en Asie,
les cinq premiers bancassureurs espagnols détiennent avait déjà des partenariats en Malaisie et en Chine.
un tiers du marché (Vida Caixa, BBVA, SHC Seguros,
Aseval, Mapfre Vida). Sur les marchés où la bancassurance est suffisam-
ment développée, comme en France ou encore en
Cependant, d’un point de vue purement historique, Belgique, on constate que les entreprises passent à
les véritables pionniers furent les Britanniques avec une autre étape de l’évolution :
la création de Barclays Life en septembre 1965. Cette
filiale n’eut pas un franc succès outre Manche, tout  l’implantation dans les pays où la bancas-
comme le concept de bancassurance d’ailleurs. surance commence seulement à voir le jour :
l’exemple de Fortis ci-dessus est probant, autant
En revanche, ce concept de bancassurance a séduit que celui de Cardif qui est aujourd’hui présent
plus d’une banque sur le continent et très rapidement dans 28 pays (dont 6 en Asie) ;
les grands acteurs du marché se sont lancés dans
la création de filiales ou de joint-ventures, introduisant  le regroupement de grandes sociétés comme
ainsi le modèle dans leurs pays respectifs : le Crédit Agricole et le Crédit Lyonnais en France
qui place le nouveau bancassureur, au premier
 France : en 1971, le Crédit Lyonnais acquiert le rang avec plus de 13 milliards d’Euros de chif-
groupe Médicale de France et signe en 1993 fre d’affaires (classement Hors Série Argus de
une convention qui réserve au groupe Union des l’Assurance 2004 et source Predica).
Assurances Fédérales l’exclusivité de la distri-
bution de l’assurance vie par le réseau du Crédit Ces phénomènes ne feront que s’amplifier au cours
Lyonnais ; du temps, les uns se servant du vécu des autres, pour
implanter le concept de bancassurance dans leur
 Espagne : en 1981, le groupe Banco de Bilbao pays.
acquiert une part majoritaire de EUROSEGUROS SA, Mais exporter le concept de bancassurance n’est pas
une compagnie d’Assurance et de Réassurance ; chose aisée. S’implanter là où les marchés ont déjà

2 focus octobre 2005 La Bancassurance


atteint une certaine maturité et un niveau de concur- session que les données de base (nom, prénom, date
rence élevé exige un avantage concurrentiel de taille. de naissance…). "Le système de commercialisation
Outre cette difficulté le candidat à l’exportation devra des produits d’assurance en Corée, par exemple,
faire preuve d’une grande capacité d’adaptation aux entraîne des taux de chute très importants, comparés
réglementations locales et aux habitudes de la clien- aux pays européens" souligne Denis Wallerich
tèle autochtone. Sans compter bien sûr qu’il devra Responsable Marketing et Développement à la
adapter l’ensemble de ses outils, de gestion par exem- Direction Epargne Monde chez BNP Paribas
ple, aux réalités locales : l’harmonisation informatique Assurance ; la connaissance des particularités loca-
peut s’avérer complexe entre une société vivant les est un facteur indispensable dans le processus
quotidiennement à la pointe du CRM (Customer d’implantation dans le pays.
Relation Management) et une autre n’ayant en sa pos-

Commencement Maturité Diversification Concentration

1975 - 1985 1985 - 2000 2000 - 2005 Aujourd’hui

Coopérations externes/ Offres publiques d’achat/ Alliances Partenariats Rachats


création de filiales (interne) croissance externe

Simple distribution Intégration de services Approche personnalisée

Aujourd’hui on ne compte plus les intervenants qui La création d’un bancassureur est rendue possible
ont essayé de définir de manière synthétique le terme grâce à une combinaison de facteurs et elle peut se
de "bancassurance". Elle est souvent assimilée à la faire sous différentes formes.
distribution de produits d’assurance par les guichets
bancaires, mais en réalité elle s’avère beaucoup plus Des composantes aussi diverses que la législation, les
que cela, surtout si on observe l’ensemble des habitudes de consommation, l’importance des
bancassureurs dans le monde et leur histoire. réseaux bancaires et/ou assurantiels font que le
concept de bancassurance s’intègre ou ne s’intègre
La bancassurance, c’est de l’assurance classique pas au marché préexistant de l’assurance.
avec un réseau plus puissant, possédant une forte
affinité avec ses clients particuliers et professionnels. Si certains facteurs sont absents, la bancassurance
En effet, au premier abord, on aurait pu croire que la tarde à se développer :
clientèle des bancassureurs serait exclusivement une
clientèle de particuliers mais elle se développe aussi  l’absence d’adaptation des produits aux Etats-
sur le marché des PME-PMI. Unis freine son expansion ;
Des produits comme l’assurance "homme-clé", les  la législation au Royaume-Uni (Financial
"couvertures investisseurs" ou encore les "couvert- Services Act en 1986) en a complètement
ures associés" rencontrent un vif succès. stoppé le développement.

C’est aussi un moyen de distribuer quasiment tous les


produits : collectifs/individuels, épargne/prévoyance,
avec un coût de distribution relativement modeste
comparé aux circuits traditionnels, grâce à une forte
intégration des systèmes d’information.

3 focus octobre 2005 La Bancassurance


4 focus octobre 2005 La Bancassurance
Comment et pourquoi devenir
un bancassureur ?

Suivant le pays où on se trouve, la bancassurance modèle à suivre pour créer un bancassureur.


prend des dimensions différentes. Cependant, on voit Différents modes de développement existent,
émerger trois grands modèles de bancassureurs. que nous pouvons classer en 3 catégories princi-
pales. Nous vous proposons d’en rappeler ici les
Les modèles principaux critères, ainsi que les avantages et
inconvénients.
Comme nous le verrons dans le chapitre sur les
facteurs clés de succès, il n’existe pas un seul

Les trois modèles de développement

Description Avantages Inconvénients Pays où le modèle


est couramment
répandu

Accord de Banque jouant Début rapide Manque de flexibilité Etats-Unis, Allemagne,


distribution un rôle des opérations. pour le lancement Royaume-Uni, Japon
d’intermédiaire pour Aucun de nouveaux produits. et Corée du Sud
une compagnie investissement Possibilité de
d’assurance en capital divergence dans les
(moins onéreux) cultures d’entreprises
Joint Venture Banque associée Transfert de Gestion difficile Italie, Espagne,
à une ou plusieurs savoir-faire sur le long terme Portugal,
compagnies Corée du Sud
d’assurance
Intégration Création d’une filiale Culture d’entreprise Investissement élevé France, Espagne,
complète ex-nihilo maintenue Belgique, Royaume-Uni.

Part des différents modèles de partenariat en assurance vie par pays européen à fin 2002

10
5 20 20
30 30
0
35
60 20
10 10
70
15 60 50

0 40 40 40
25
25 5
5

20 25 20 20 20 30 20
15
Be Fra All Ita Pa Es Ro Mo
lgi nc em lie ys pa ya eu yen
qu e ag -B gn um rop ne
e ne as e e-U
ni ée
nn
e
Accord avec plusieurs compagnies ou courtiers Accord avec une seule société extérieure
Accord avec une seule société en compagnie conjointe Constitution interne

Source : d'après un article du 5/5/2003 dans Actualidad Aseguadora.

5 focus octobre 2005 La Bancassurance


Les avantages pour les participants  Un assureur peut s’implanter rapidement sur un
à la réussite de ce modèle nouveau marché, en utilisant le réseau existant
d’une banque locale.
Pourquoi un développement si important de la ban-
cassurance dans certains marchés ? Il n’y a bien sûr pas Bien entendu, tous les acteurs du marché ne sont pas
de hasard, ce succès peut être considéré comme la de cet avis. M. Claude Tendil, président de Generali
manifestation d’intérêts individuels mis au service d’un France, le soulignait dans un article publié par "La
partenariat, porteur finalement d’avantages pour tous. Tribune" le 28 février 2005 dans lequel il affirmait "être
toujours hostile au modèle de bancassurance" car
Chaque acteur du modèle (banque, compagnie d’as- selon lui "cela ne marche que dans un sens, au seul
surance, consommateur et législateur) doit, en effet, profit des banquiers".
trouver son profit à voir se développer avec succès
le modèle bancassurance. Sans ces avantages, il est Les avantages pour la banque :
bien évident qu’il n’y aurait pas de collaboration
possible. Le modèle retenu sera ensuite fonction de la  En premier lieu, la banque voit dans la bancas-
situation de chacun, ainsi que des possibilités offertes surance un moyen de créer un nouveau flux de
par les autorités de chaque pays. revenus et de diversifier son activité. Avantage
d’autant plus réel que le début des années 90 a
Cette partie, essentielle à la bonne compréhension révélé une augmentation de la concurrence entre
du "pourquoi de la bancassurance", avait déjà été les institutions financières et une diminution de
abordée dans le SCOR NOTES de juillet 1994. la marge financière des banques et donc la
nécessité de trouver une nouvelle activité ;
Nous proposons aujourd’hui de rappeler brièvement
ces fondamentaux.  La banque devient une sorte de "supermarché",
un fournisseur unique, le "one-stop-shop" de ser-
Les avantages pour l’assureur : vices financiers, où le client peut trouver réponse
à tous ses besoins, qu’ils soient financiers ou
 Grâce à ce nouveau réseau de distribution, l’as- d’assurance. Ainsi la banque peut aspirer à une
sureur élargit de façon significative sa clientèle plus grande attractivité du fait de l’élargisse-
et atteint des clients jusqu’ici difficiles d’accès. ment de sa gamme de produits et peut renforcer
Ceci est bien entendu un avantage primordial la satisfaction et donc la fidélisation de ses
qui suffit, à lui seul, à convaincre un assureur clients ;
de développer des accords avec une banque ;
 Les coûts de distribution peuvent être considé-
 L’assureur a l’opportunité de varier ses modes de rés comme marginaux puisque, dans la plupart
distribution, afin d’éviter une dépendance trop des cas, ce sont les employés de la banque
grande à un réseau unique. La diversification eux-mêmes qui proposent à la vente les pro-
permet de limiter les risques ; duits d’assurance. Le modèle "one-stop-shop"
cité ci-dessus permet, entre autres, de mieux
 L’assureur bénéficie souvent de la bonne image exploiter le réseau et d’augmenter la rentabilité
et de la confiance que l’on témoigne plus sponta- du réseau bancaire existant.
nément aux banques ;
Les avantages pour le consommateur :
 L’assureur a l’avantage également de la réduction
des coûts de distribution par rapport aux frais  Comme évoqué dans les avantages pour la
inhérents aux agents traditionnels, puisque le banque, le consommateur a une accessibilité
réseau de vente est en général le même pour les plus grande à tous les services financiers, du
produits bancaires et les produits d’assurance. fait d’une banque qui propose à la fois des
Cette économie de frais a pu être enregistrée de produits bancaires et des produits d’assurance ;
façon notable par bon nombre de bancassureurs
à travers le monde et est ainsi répercutée dans les  Les coûts de distribution étant réduits par
frais inclus dans les contrats. Les produits peuvent rapport à un réseau de distribution traditionnel,
donc être proposés à un meilleur coût ; le consommateur peut, la plupart du temps,

6 focus octobre 2005 La Bancassurance


bénéficier de produits d’assurance à des prix La bancassurance peut être un moyen, pour les éta-
plus intéressants que dans les réseaux tradi- blissements financiers, de limiter ce risque systémique
tionnels. Les modes de règlement des primes car la banque diversifie ses sources de revenus et
sont en outre simplifiés puisque celles-ci sont rend ainsi son activité plus stable et donc plus sûre
directement prélevées sur le compte bancaire ; aussi pour les clients.

 La relation privilégiée qui peut exister entre un Certaines autorités estiment au contraire qu’un excès
client et son banquier permet d’obtenir une de libéralisation des systèmes financiers d’un pays
meilleur adéquation entre les besoins du client peut engendrer une augmentation du risque systé-
et les réponses qui lui sont apportées. mique. C’est pourquoi, dans de nombreux pays
encore, les banques ne peuvent pas exercer d’activités
Pour résumer, nous dirons que le client profite de l’op- étrangères à leur métier de base, afin d’éviter de
portunité de se procurer des produits d’assurance nouvelles occasions de prendre des risques.
simples, souvent peu onéreux, avec un paiement des
primes adapté à ses besoins (la plupart du temps, Certains gouvernements ont décidé aussi de libéra-
par mensualités) et avec une accessibilité aisée liser le système financier, mais de façon graduelle,
puisque le réseau bancaire est généralement plus permettant une meilleure maîtrise de cette ouverture.
dense que celui des agences d’assurance.
La bancassurance peut donc être considérée par les
Les avantages pour le législateur : autorités de tutelle comme un atout ou au contraire,
comme un danger potentiel à la stabilité financière
Les autorités de contrôle ou le gouvernement lui-même d’un pays.
ont pour rôle de légiférer pour que les risques pris
par les établissements financiers de leur pays soient
maîtrisés et gérés activement, et ce de façon à
préserver la bonne santé du système financier d’un
Etat. Il peut cependant exister des chocs hors du
contrôle des gestionnaires individuels et collectifs et
qui peuvent affecter le système financier dans son
ensemble. Ces risques sont ce que l’on nomme le
"risque systémique".

7 focus octobre 2005 La Bancassurance


Exemple pratique :

France - BNP PARIBAS ASSURANCE

BNP Paribas Assurance regroupe trois compagnies d’assu-


rance de BNP Paribas : Cardif, Natio Vie et Natio Assurance.

Créée en 1973, Cardif a débuté en France avec la commer-


cialisation de produits d’assurance vie dans le réseau du
Cetelem, société spécialisée dans les crédits à la consom-
mation du groupe Compagnie Bancaire, actionnaire fondateur
de Cardif. Très vite des accords de distribution ont été signés
avec les autres sociétés du groupe Compagnie Bancaire, puis
avec Paribas et le Crédit du Nord.

En 1983, Cardif a décidé de s’appuyer également sur des


apporteurs d’affaires et de diversifier ainsi la distribution de
ses produits.

A la différence de Cardif, dont la "couleur bancassurance" tient


plutôt à son actionnariat d’origine, le statut à part entière de
Natio Vie provient de deux composantes : le réseau de distri-
bution, BNP dans un premier temps puis BNP Paribas ensuite,
et l’actionnariat, depuis toujours 100 % de BNP.

Aujourd’hui, BNP Paribas Assurance conçoit et commercia-


lise des produits dans le domaine de l’épargne, de la
prévoyance et de l’assurance dommages, sous deux marques
commerciales : BNP Paribas pour les produits distribués dans
le réseau des agences BNP Paribas en France, et Cardif pour
les autres réseaux en France (partenaires, courtiers, conseillers
en gestion de patrimoine indépendants) ainsi qu’à l’interna-
tional.

BNP Paribas Assurance en quelques chiffres - 2004

• 11,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires


• 75,9 milliards d’euros d’encours gérés
• 297,3 millions d’euros de résultat net
• Une présence dans 30 pays dont deux bureaux
de représentation
• 29 millions d’assurés dans le monde, en prévoyance
• Le 4e groupe d’assurance vie en France
(8.1 % de part marché en 2004).
• Le 3e acteur mondial en assurance des emprunteurs.
• 4500 collaborateurs

8 focus octobre 2005 La Bancassurance


Quels sont les facteurs clés pour vendre
avec succès des polices d'assurance vie
à travers un réseau bancaire ?
La bancassurance est une réalité très contrastée. Pour prendre un exemple plus large, on peut dire que
Succès évident sur de nombreux marchés tels la les polices d’assurance vie distribuées par les
France, l’Espagne ou l’Italie, elle demeure pourtant banques en France, Italie et Espagne ont connu une
marginale dans d’autres pays. Pourtant, il n’est pas si croissance notable, qui peut s’expliquer fortement
simple de savoir pourquoi elle ne se développe pas par les avantages fiscaux. Il s’agit réellement d’un
de la même façon partout. Car les clés du succès sont moteur dans le lancement de la bancassurance,
nombreuses, hétérogènes et parfois surprenantes ! encore peu exploité dans la plupart des pays.

Il est également difficile d’établir des priorités et des En ce qui concerne la réglementation, il est bien
facteurs absolument déterminants car les situations, évident qu’une législation favorable, ne limitant pas
les histoires et cultures de chaque pays entrent en les possibilités des banques à prendre des partici-
jeu et parfois en opposition avec les études réalisées pations dans des compagnies d’assurance ou à créer
sur cette question. leur propre assureur, et où il n’existe pas ou peu de
restrictions appliquées à la vente de produits
Pas de "recette miracle" donc, mais un certain nom- d’assurances par le réseau bancaire, va permettre à
bre de constats que nous avons pu faire, après la bancassurance de se développer plus facilement
l’analyse de plusieurs expériences de bancassurance et plus rapidement.
à travers le monde.
Quelques exemples :

Un environnement favorable En Italie : C’est grâce à la loi Amato du 30 juillet 1990


et aux directives qui ont suivi que la bancassurance
La réglementation a réellement pu démarrer. Elle peut, depuis cette
date, adopter l’une des trois formes juridiques
La réglementation relative à la bancassurance et la suivantes :
position des autorités par rapport à son dévelop-
pement sont, bien évidemment, tout à fait essentielles  prise de participation d’une banque dans une
et influencent véritablement les conditions de succès compagnie d’assurance, ou vice versa ;
du modèle dans un pays.  création d’une filiale commune à une banque et
une compagnie d’assurance ;
Les avantages fiscaux peuvent inciter fortement les  distribution par une banque de polices d’assu-
consommateurs à investir dans un produit d’assurance rance d’un ou plusieurs assureurs partenaires.
vie ou de retraite plutôt qu’un autre. Des changements
de législation en la matière peuvent influencer de façon Toutefois, afin de préserver les activités de banquiers
positive ou négative les ventes d’un produit. et d’assureurs, un principe dit d’ "exclusivité" régit le
monde de la bancassurance. Par conséquent, les
Citons l’exemple français : les lois de finances pour banquiers ne peuvent distribuer des polices
1998 et 1999 ont réformé le régime fiscal de l’assu- d’assurance que sous certaines conditions, inscrites
rance vie, réduisant les avantages fiscaux dont dans la directive n°241 de l’ISVAP ("Istituto per la
pouvaient bénéficier certains contrats de capitalisa- vigilanza sulle assicurazioni private e di interesse
tion. La loi pour 1998 a limité l’exonération d’impôt sur collettivo") de 1995 :
les plus-values, à certains montants, pour les produits
dont la durée excède 8 ans. La loi de 1999 a modifié  les polices d’assurance doivent être rédigées par
le régime d’exonération des droits de succession dont l’assureur et non modifiables par la banque ;
bénéficiaient certains contrats d’assurance vie. Ce  en cas de besoin, l’assureur doit pouvoir être à
changement de réglementation fiscale a rendu moins la disposition de son partenaire bancaire pour
attractifs ces produits et une baisse notable d’envi- adapter la couverture d’assurance d’un client ;
ron 15 % des ventes de produits d’assurance vie de  la formation du personnel de la banque est
cette catégorie a pu être constatée dès la fin 1998. assurée par la compagnie d’assurance ;

9 focus octobre 2005 La Bancassurance


 les polices d’assurance doivent être facilement Il est évident qu’un nombre important de points de
transmissibles à l’assureur, qui est directement vente, propres à apporter aux clients ou prospects
responsable des obligations listées dans les une proximité géographique et humaine, va faciliter
polices originales ; les rencontres entre banquiers et consommateurs et
 l’activité d’assurance de la banque doit être donc permettre d’accroître les chances de vente. La
contrôlée par la compagnie d’assurance. proximité avec le client est une force qu’il ne faut pas
sous-estimer. Elle est un facteur fondamental à la mise
Ces normes et directives réglementent les partici- en place de la relation, et donc de la confiance et de
pations croisées dans le capital social des banques la fidélité.
et compagnies d’assurance.
En Espagne par exemple, malgré un nombre limité
Aux Etats-Unis, le "Glass Steagall Act" (GSA) en 1933, de banques opérant sur le marché, celles-ci possè-
un des piliers des lois bancaires, a apporté un frein dent un réseau extrêmement important (probablement
certain au développement de la bancassurance dans le plus dense d’Europe) et d’une grande efficacité.
ce pays. Cette loi a tout d’abord érigé un mur entre les
banques de dépôts et les banques d’investissements. Ce dernier point est également à mettre en avant,
Toutes les banques américaines ont dû faire le choix puisque l’on peut considérer que les réseaux
de leur spécialisation entre banque commerciale et bancaires ont une "homogénéité" qui permet d’har-
banque d’investissement. Le "Glass Steagall Act" a moniser les offres, les processus de vente, mais aussi
été complété ensuite, en 1956, par le "Bank Holding de coordonner les campagnes de vente et d’imposer
Company Act", qui eut pour but de prévenir et de des normes liées à l’image. Un atout supplémentaire
limiter le pouvoir des puissants conglomérats financiers pour se développer dans l’assurance…
américains. Cette dernière loi créa une barrière franche
entre les banques et les compagnies d’assurance, L’image sur le marché
en soulignant les risques de faire souscrire des polices
d’assurance par des banquiers dont ce n’est pas le La façon dont la banque est perçue sur un marché
métier. Ces restrictions ont été supprimées en 1999 par les consommateurs et la place qu’elle occupe
par le vote d’une nouvelle loi ce qui permettra sans dans la société sont des facteurs essentiels. Cette
doute de faciliter les rapports entre banques et assureurs, image peut être la conséquence directe de l’organi-
même si l’évolution à ce jour se révèle toujours peu sation du réseau bancaire et du nombre de ses
significative. représentations dans un pays.

En Corée du Sud : ce pays, 7è marché mondial par Dans des pays comme la France, l’Espagne, l’Italie
le volume de primes d’assurance vie, a été, jusqu’à ou la Belgique, les banques bénéficient d’une bonne
récemment, complètement écarté de tout dévelop- image : les clients ont une relation privilégiée et de
pement en bancassurance. La raison en est simple : confiance avec leur banque ou leur banquier. Les
le réseau de distribution bancaire pour les produits banques bénéficient également de l’impression, jus-
d’assurance n’a été autorisé qu’en 2003. Mais il tifiée ou non, d’être plus aptes à gérer les problèmes
s’agira d’une libéralisation progressive en plusieurs financiers que l’assureur. Cette relation de confiance
étapes, dont l’issue est initialement prévue pour avril existe d’autant plus que la marque est puissante et
2007. A ce jour, peu de produits sont proposés à la sa notoriété réelle.
vente et certains points de la loi entravent encore
largement un développement serein : les contrats Les clients des pays cités ci-dessus sont attachés à
d'exclusivité entre banques et assureurs sont inter- la rencontre physique avec leur banquier.
dits et plusieurs par tenariats, qui avaient été
pré-conclus entre banques et assureurs, se sont vus Les pays anglo-saxons n’ont pas cette habitude et
ainsi contrariés. réalisent la plupart de leurs transactions bancaires
via Internet ou téléphone. Et l’on constate justement
Le réseau de distribution que c’est dans ces pays que la bancassurance n’a
pas réussi à s’implanter de façon significative.
Une implantation géographique structurée et dense du
réseau bancaire est un élément de premier ordre pour Notons également l’exemple de l’Allemagne, où les
parvenir au succès. banques ont un réseau fragmenté. Elles sont souvent

10 focus octobre 2005 La Bancassurance


organisées en petites Caisses d’épargne plus ou permettant aux vendeurs de traiter le plus grand nom-
moins autonomes. Ceci ne leur permet pas d’avoir bre de situations et de ne faire remonter à la
une position forte, ni une image affirmée sur le mar- compagnie d’assurance que les cas "hors normes"
ché et on constate de fait une pénétration faible de ou nécessitant une expertise particulière. De nomb-
la bancassurance. reux logiciels experts ont vu le jour chez les
bancassureurs et permettent de plus en plus de
décentraliser la décision d’acceptation vers les agen-
L’exploitation de ces clés de succès ces, accélérant ainsi la prise de décision tout en
réduisant les frais de gestion des contrats.
Un modèle de gestion intégré :
une étape primordiale au succès Cette question se heurte malgré tout, dans certains
pays, comme la France, à la réglementation sur la
Ce modèle d’intégration a, sans aucun doute, permis confidentialité des informations médicales, qui ne peu-
aux bancassureurs de prendre un avantage concur- vent en aucun cas être connues ou traitées par
rentiel déterminant. d’autres personnes que des médecins ou employés
d’assurance dûment habilités.
La bancassurance repose sur un modèle de gestion
particulièrement performant et totalement intégré à Management, formation et
l’activité bancaire. Ainsi, dans certains pays comme rémunération : des mots clés
ceux du Benelux, les bancassureurs ont réussi une pour motiver le réseau de vente !
intégration totale de leurs activités puisque toute
souscription d’assurance est prise en compte auto- Ce sujet, développé plus avant dans un autre chapi-
matiquement dans le système informatique des tre, semble tout à fait essentiel, voire vital, au bon
agences bancaires. développement de la bancassurance.

De plus, cette intégration permet au réseau d’avoir Le management du réseau doit être pensé globale-
une vision globale du patrimoine et des besoins de ment afin que chacun connaisse clairement son rôle
ses clients. L’objectif d’une gestion commune est éga- dans l’organisation, et ait pleinement conscience de
lement de mutualiser les informations pour tous les ses responsabilités et de ses objectifs. Ces derniers
canaux de vente de la banque (guichet, ventes par doivent être définis également dans un "business plan"
téléphone,…), et de créer une base de données qui commun aux produits bancaires et d’assurance.
pourra être utilisée par le chargé de clientèle mais
aussi par d’autres départements de la banque pour Le réseau est à l’origine composé d’employés de
des besoins divers : études marketing, ou lancement banque dont le métier premier est d’offrir des services
de nouveaux produits. et des produits financiers. Afin de développer leur inté-
rêt et leur envie de proposer des produits d’assurance
Le succès de la bancassurance passe par une vente à leurs clients, il est tout à fait primordial de mettre en
rapide, parfois directement au guichet de l’Agence. place une formation adaptée et de motiver principa-
Pour cela, un système informatique et de recherche lement financièrement les vendeurs en place. La
d’informations efficace doit être à disposition des for- formation et la politique de rémunération sont souvent
ces de vente. Pouvoir répondre à un client au guichet propres à chaque bancassureur et s’intègrent dans le
en temps réel est un atout majeur dans la vente. modèle de culture et d’histoire de chaque entreprise.
L’intégration totale du traitement des données dans
le réseau bancaire leur permet de calculer sur place Les caractéristiques des produits
les primes d’assurance et d’émettre les contrats en développés par l’assureur sont essentielles.
direct. Car il faut être capable, si ce n’est immédiate-
ment, du moins sous quelques jours de donner une Nous reviendrons avec plus de détails sur les produits
réponse au client potentiel. bancassurance dans le chapitre consacré aux
produits, mais nous tenions à rappeler ici l’importance
Les réseaux bancaires réclament de plus en plus de cette question dans le succès de la bancassurance.
d’autonomie de décision au back-office de l’assureur
afin de pouvoir répondre immédiatement à son poten- Le bancassureur "débutant" sur un marché commence
tiel client. L’idée serait de développer des outils généralement par la distribution de produits simples,

11 focus octobre 2005 La Bancassurance


standardisés et parfois même "packagés" avec les accords simples de distribution qui offrent une plus
offres bancaires. grande souplesse et une liberté dans les prises de
décisions et les choix relatifs aux produits distribués,
Ces produits doivent être intégrés aux procédures de communication et publicité, gestion des polices…
vente de la banque ainsi qu’à ses méthodes de ges-
tion. Un alignement sur les produits bancaires facilite Le comportement des consommateurs :
la vente des produits d’assurance vie par les réseaux facteur clé de succès ?
bancaires. Cependant, en raison de la forte similarité
entre les assurances vie et les produits de dépôts, il Un facteur croisé intéressant a pu être mis en évi-
faut rester vigilant afin que ces produits ne viennent dence dans le comportement des consommateurs
pas se substituer aux produits bancaires mais dans un pays et le succès de la bancassurance sur
réellement compléter l’offre déjà existante. Il s’agit là ce même marché : plus une population a l’habitude
souvent d’un défi à la fois pour les banquiers et pour d’utiliser les nouvelles technologies, et en particulier
les assureurs. Internet, moins la bancassurance s’est implantée.

Il est tout à fait possible de diversifier la gamme de pro- Que dire sur ce constat ? Qu’il est extrêmement dépen-
duits vendus par les bancassureurs mais cette étape dant de la culture du pays et des habitudes des
doit intervenir lorsque les réseaux bancaires sont déjà consommateurs. Comme nous l’avons vu précédem-
familiarisés avec le concept d’assurance vie et lorsque ment, certaines populations ont l’habitude et préfèrent
le marché est suffisamment mature pour accueillir se rendre chez leur banquier et de discuter en face à
des produits plus complexes. face de leurs besoins financiers. Dans d’autres pays,
les consommateurs préfèrent se donner le temps et
L’important est cependant de toujours proposer des les moyens de comparer les produits, par exemple sur
produits pour lesquels présentation et définition res- Internet ; leur choix de consommation est ainsi uni-
tent simples et pour lesquels les options de choix sont quement dicté par leurs recherches, et ce, en tout
limitées. anonymat. Cette habitude de consommation est tout
à fait en opposition avec le développement de la
Et le modèle retenu pour créer le bancassureur ? bancassurance sur un marché. Nous constatons
d’ailleurs une nouvelle fois que le taux de pénétration
Nous avons été interrogés à maintes reprises sur ce Internet dans les foyers des pays dits latins comme
point qui apparaît pour beaucoup une clé du succès l’Espagne, l’Italie ou la France est très nettement inférieur
ou du moins la première étape primordiale à franchir. aux pays plus nordiques comme la Grande-Bretagne,
les Pays-Bas, les pays scandinaves ou encore aux
Le modèle retenu dans la création d’un bancassureur Etats-Unis.
est-il un facteur déterminant de succès ? Il n’existe
pas, en réalité, de modèle à suivre pour trouver Taux de pénétration de l’assurance
l’alliance stratégique et assurer sa diversification car
chaque compagnie d’assurance et chaque banque Autre explication du succès fulgurant de la bancas-
doit chercher la formule adaptée à sa situation, à ses surance dans certains pays : de grandes banques ou
besoins mais aussi à son environnement culturel et assureurs internationaux ont cherché à s’implanter
réglementaire. Certains modèles, il est vrai, sont plus dans des pays où le taux de pénétration de l’assurance
présents dans certaines régions : en Europe les était encore restreint. Elles ont su créer des alliances ou
modèles d’activités sont généralement très intégrés, des partenariats avec des assureurs ayant une bonne
tandis qu’en Asie l’on retrouve principalement des connaissance des pratiques et besoins des consom-
accords de distribution et de coentreprise. Mais il n’en mateurs locaux, ou avec des banques locales dont le
est jamais un seul qui gouverne tout un marché. réseau était déjà dense et organisé. Par ces accords,
la bancassurance a pu s’implanter souvent à un coût
Dans un modèle d’intégration totalement ou partiel- réduit et avec une grande efficacité et rapidité. Le
lement intégré, la mise en place de structures uniques meilleur exemple est certainement l’Espagne mais
(système informatique, réseaux de ventes,…) également certains pays d’Amérique Latine où les
permettra souvent d’atteindre une efficacité accrue banques et assureurs étrangers ont un taux de
et de restreindre au point optimal les coûts de distri- pénétration très élevé. Beaucoup de pays d’Asie
bution. Mais certains acteurs peuvent préférer des prennent également cette voie de développement.

12 focus octobre 2005 La Bancassurance


Les facteurs clés du succès

Réglementation/fiscalité
Loi bancaire de 1984
en France
Loi Amato de 1990 en Italie


N
I
Les réseaux Création/
Acquisition V
Présence des banques de filiale E
sur le marché vs présence
des agents d'assurance  A
U
(mailage national et régional)


D'
Bancassurance Prise de contrôle/
I
Participation
Habitudes de consommation N
T

Concernant les services
financiers et assurances É
Relations avec les banques
G
et les assureurs Simple distribution R
(signatures A


d'accord T
commerciaux/ I
Gestion informatique courtier)
O
Internet N
CRM
Marketing direct

LA SATISFACTION DU CLIENT EST LA DEVISE PREMIÈRE DU BANCASSUREUR !

Les bancassureurs ont su mettre le client au centre de leurs réflexions et développements. Cela signifie :

 Offrir une gamme complète de produits et de services financiers (bancaires et assurantiels)


à travers un réseau unique de vente ;

 Proposer un conseil de qualité par une capacité d’écoute et une bonne information ;

 Répondre rapidement à ses attentes grâce à une gestion informatique intégrée à la banque
mais aussi une bonne accessibilité du service, parfois 7 j/7 et 24h sur 24, avec des standards
d’assistance téléphonique ou des plates-formes internet ;

 Proposer un savoir-faire et un suivi (en particulier la gestion des sinistres) à la hauteur des
meilleurs assureurs traditionnels.

13 focus octobre 2005 La Bancassurance


14 focus octobre 2005 La Bancassurance
Etablissement du réseau,
sa formation & sa motivation

Ce thème est un des facteurs-clés de succès men- Comme le souligne Denis Wallerich, de BNP Paribas
tionné au chapitre précédent. Nous avons souhaité Assurance : "afin de bénéficier pleinement de la base
en développer ici certains points, en raison de ses client de la banque mais aussi de son image", les
caractéristiques propres mais aussi de l’importance bancassureurs s’appuient sur la marque et le ou les
de son rôle. réseaux de distribution de leur partenaire bancaire.
La bancassurance est un mode de distribution tout à
fait singulier, dont le succès est régi en premier lieu par Les forces de vente sont, la plupart du temps, centrées
le mode de fonctionnement et de gestion de son sur une formation ou une expérience issue du monde
réseau. financier. Par ailleurs, selon les pratiques de marché
et les réglementations, les conseillers en assurance au
Le réseau sein des agences bancaires peuvent aussi bien être
des employés de la banque, des employés de la com-
C’est parce que les banques ont des positions souvent pagnie d’assurance ou des agents d’assurance.
très fortes sur leurs marchés respectifs (réseau
d’agences bancaires, agents de vente indépendants, Si ces derniers sont plus occasionnellement les profils
internet, services téléphoniques, sans oublier leurs recherchés par les bancassureurs, c’est qu’une des
bases de données clientèle) qu’il est plus facile pour clés de la réussite de la bancassurance est l’appro-
elles d’étendre leurs gammes de services à l’assu- priation du concept et des produits d’assurance par
rance vie, que pour les assureurs de proposer des les vendeurs. Et il est plus facile d’atteindre cet objectif
services bancaires. avec un personnel issu de la banque (banquiers,
personnel des guichets ou encore gestionnaires de
Si l’on prend comme exemple l’Espagne, la Banque patrimoine).
Centrale du pays (Banco de España) dénombrait
mi-2003 quelques 34.000 agences pour une popu- Management
lation de 40 millions d’habitants. Avec une agence
pour 1.156 personnes, l’Espagne est un des pays où La question du management des équipes doit éga-
la densité bancaire est la plus élevée en Europe. lement être posée car les métiers de la banque de
réseau évoluent rapidement. Certains bancassureurs,
Bien entendu, il n’est pas exclu qu’un rapprochement tel que SOGECAP, filiale de la Société Générale, ont
entre un assureur et un établissement financier per- ainsi réorganisé nombre de leurs structures et créé
mette à chacun de distribuer les produits de son de nouveaux métiers, afin d’offrir à chaque point de
partenaire. Ainsi, début janvier 2005 Swiss Life France vente des responsables ou des animateurs de
et Caixa Bank, deux acteurs étrangers basés en proximité et à leur écoute.
France, ont décidé de conclure un partenariat com-
mercial croisé. Ce dernier est axé sur la vente d’une Formation
gamme complète d’assurance vie aux guichets de
Caixa Bank. Quant à Swiss Life France, les agents La formation apparaît également comme un sujet
généraux devraient être formés à la vente de solu- essentiel à la motivation du réseau dont le métier pre-
tions de financement immobilier. mier est la banque.

De plus, la banque bénéficie généralement d’une La diversité de profils, associée à la montée en


meilleure image que l’assureur auprès de ses puissance de la bancassurance, a bien entendu
clients. D’ailleurs, selon une étude récente de donné lieu à une formation massive des réseaux de
l’Observatoire de la distribution des services finan- distribution afin de les sensibiliser et de les intéresser
ciers aux particuliers, 72 % des Français choisiraient à l’assurance, d’en renforcer l’expertise et donc de
leur banquier pour tous les produits de banque et consolider la confiance qu’éprouve la clientèle pour
d’assurance. son banquier qui est devenu assureur.

15 focus octobre 2005 La Bancassurance


Ces formations peuvent prendre diverses formes et être afin de montrer le fonctionnement de ces polices
organisées différemment selon les bancassureurs et mais surtout leur complémentarité par rapport
la législation du pays. En effet, les conseillers doivent aux autres produits proposés par la banque
quelquefois être titulaires d’un diplôme spécifique (avantages par rapport aux OPCVM, etc…) ;
pour être habilités à la vente de polices d’assurance.
 Dans le but d’obtenir un meilleur résultat lors du
Par exemple, en France, il est nécessaire d’être titulaire lancement de nouveaux produits, les formations
d’un diplôme national obtenu après 135 heures de sont planifiées dans les semaines précédant
formation au minimum, qui donne une carte néces- leur sortie sur le marché. Néanmoins, des modi-
saire pour la vente d’assurances. "Le Crédit Agricole fications de caractéristiques dans les produits
dispose de 18.000 titulaires de cartes pour ses existants n’entraînent pas forcément de nouvelle
9.000 guichets", souligne M. Edouard de Bonnafos, campagne de formation.
Directeur Technique et Produits, chez Predica. Mais il serait trop réducteur de limiter les plans
de formation aux seuls moments de lancement
C’est également le cas en Asie et notamment en Corée de nouveaux produits. C’est pourquoi, chez
du Sud où au-delà de l’obtention de ce diplôme, le Altavida Seguros de Vida, filiale chilienne du
nombre de personnes autorisées à vendre des poli- Groupe Santander, les formations sont également
ces d’assurance par point de vente est limité à deux prévues sur demande particulière de la force
par la loi. En bancassurance néanmoins, il y a eu de vente ou en cas de besoin décelé par les
beaucoup de dérogations spéciales ; "un banquier responsables régionaux, lors de leur tournée
qui vend des produits financiers doit pouvoir vendre des agences bancaires ;
des polices d’assurance" comme nous le fait
remarquer M. Jean-Patrick Simon, Directeur de la  Afin d’apporter un soutien supplémentaire à la
compagnie SH&C. force de vente, certains bancassureurs ont
même mis au point des systèmes de e-learning
Bien entendu, le schéma de formation varie d’une (comme BNP Paribas Assurance) disponibles à
compagnie à l’autre. Cependant, nous proposons tout moment pour le réseau, localement et parfois
d’évoquer ici les principaux points communs à une dans les filiales étrangères.
majorité de bancassureurs :
Rémunération
 En règle générale, les formations sont dispen-
sées par des spécialistes produits, ces derniers La distribution de ces polices d’assurance vie, que
ayant été choisis pour leurs qualités de forma- ce soit par l’établissement d’une joint venture ou par
teurs et de "coaching". De plus, ils ont souvent la signature d’accords de distribution, a un coût pour
participé à l’élaboration du nouveau produit les assureurs. Il est essentiel de sensibiliser les forces
d’assurance dont ils sont amenés à parler ; de vente à la distribution de polices d’assurance. Cela
passe par la formation du réseau, comme nous venons
 Les plans de formation s’adressent soit à une de le voir, mais aussi par une nouvelle politique de
petite quantité de personnes, formées au siège commissionnement.
social ou régional qui par la suite formera le
personnel des agences, soit directement à la Que ce soit en bancassurance ou dans les réseaux
force de vente sur le terrain ; traditionnels, les produits les plus simples à vendre
et les plus profitables pour les conseillers sont ceux
 D’ordinaire, les formations sont spécifiques aux qui ont le plus de succès. Afin de motiver les équi-
produits d’assurance. Malgré tout, certains pes à la vente de produits d’assurance, il est donc
bancassureurs préfèrent intégrer les séances essentiel de leur apporter une rémunération adaptée.
de formation au programme général de leur
partenaire bancaire. Mais la rémunération des forces de vente dans le cadre
Ainsi, chez Cardif, la formation ne concerne pas d’une distribution multi-canal ne va pas forcément de
que le produit lui-même. Par exemple, une partie soi. Qui commissionner entre la force de vente des
va être consacrée aux polices d’assurance lors réseaux, les télé-conseillers et les points de vente ?
d’une formation sur les produits d’assurance vie Qui peut vendre quoi et comment fixer les objectifs ?

16 focus octobre 2005 La Bancassurance


Au Crédit Agricole le système prévoit que Predica
commissionne les Caisses Régionales du Crédit
Agricole Mutuel (CRCAM) et y ajoute un système de
participation au résultat pour les produits à risque
(temporaire décès, incapacité / invalidité, santé…).
Mais comme pour les autres produits, la banque
conserve la main pour motiver son réseau. Chaque
caisse est libre de redistribuer ou non ce commis-
sionnement.

La manière de récompenser les vendeurs peut aussi


varier en fonction du type de produit. La rémunéra-
tion variable n’est pas fonction uniquement du nombre
de produits vendus ; ce serait trop simple. Le mon-
tant des capitaux souscrits entre en jeu, les
performances du produit peuvent également compter.

Même en France où le marché de la bancassurance


est mature, certains bancassureurs n’ont instauré la
rémunération variable que très récemment.

En Espagne, pour changer les habitudes et pousser


le personnel bancaire à proposer des polices d’as-
surance aux clients, Caja Madrid a mis en place de
nouveaux objectifs. Ces derniers représentent 45 %
des objectifs commerciaux du personnel en agence,
auxquels il faut ajouter les commissions de distribution
et les frais de gestion facturés sur encours.

En Amérique Latine, la banque et/ou ses employés


ou agents perçoivent une commission sur les nou-
velles polices souscrites et sur leur renouvellement.

En Grèce, comme dans certains pays asiatiques, les


meilleurs vendeurs sont récompensés par des
cadeaux : voyages, four à micro-ondes, téléphone,
etc…

17 focus octobre 2005 La Bancassurance


Exemple pratique :

Italie – MONTEPASCHI VITA

La société Montepaschi Vita MPV est le premier exemple de


bancassurance en Italie.

Elle a été créée en 1991 conjointement par le groupe bancaire


Monte dei Paschi di Siena (connue comme la plus ancienne
banque au monde encore en activité - création en 1472 !) et la
société SAI. Depuis le 1er janvier 2001, elle appartient à 100
% au groupe Monte dei Paschi di Siena, dont le réseau compte
aujourd’hui 1.802 agences réparties sur tout le territoire.

Son activité en tant que bancassureur a débuté par la vente de


produits traditionnels : des polices mixtes et des temporaires
décès dont l’objectif de couverture était principalement la pro-
tection familiale. Cinq ans plus tard, la gamme de produits a été
élargie aux produits en Unités de Comptes et aux contrats en
Euros (ou en Lires).

La couverture de prêts immobiliers n’a débuté en Italie qu’à


partir de 2000. La pression de la clientèle concernant le coût
du prêt (taux d’intérêt et montant de l’assurance) étant très
forte, la part des assurances emprunteurs reste très faible
aujourd’hui encore. Ainsi, à ce jour, le portefeuille de
Montepaschi Vita est composé à parts égales de produits dits
"de risque" et de produits d’épargne.

Montepaschi Vita en quelques chiffres :

• 8e compagnie vie du marché italien en 2003


• 3,7 8 % de part de marché
• Primes totales en 2003 : 3.193 millions d’Euros
• Résultat net vie en 2003 : 30.791 K Euros
• 101.000 nouvelles polices en 2003

18 focus octobre 2005 La Bancassurance


les produits

Plusieurs bancassureurs d’expérience interrogés ont complètement intégrée à l’offre de produits bancaires.
cité à maintes reprises le sujet des "produits" en A contrario, en Europe du Nord (Royaume-Uni,
bancassurance. Et ce n’est, bien sûr, pas par hasard. Allemagne), les produits d’assurance vie distribués
Il s’agit d’un thème central car déterminant dans le par les banques sont tout à fait similaires à ceux pro-
succès rencontré auprès de la clientèle mais aussi posés par les réseaux dits traditionnels (agents,
auprès des réseaux de vente. courtiers) et vendus au sein des banques par des
assureurs distincts des salariés de la banque.
Quelles sont les caractéristiques d’un "bon" produit
en bancassurance ? Y-a-t-il des produits propres à "Il faut que le vendeur soit à l’aise et que l’acte de
ce réseau ? Que peut-on vendre et ne pas vendre vente soit rapide" nous dit-on chez Cardif. "Selon la
lorsque l’on est bancassureur ? culture bancaire, un client qui n’est pas "accroché" la
première fois est perdu" renchérit-on chez Predica.

Principales caractéristiques Ce constat de produits simples, standardisés et parfois


des produits distribués même "packagés" avec des produits bancaires nous
par les bancassureurs. semble essentiel. A son démarrage, la bancassurance
s’inscrit dans une logique de distribution de masse,
Tous les bancassureurs le savent : la clé du succès dédiée à une clientèle bancaire de particuliers.
est avant tout de rester simple !
M. Luis Araya, Directeur Technique de la société
Citons SH&C en Corée, ou Predica en France : "Il faut Altavida Seguros de Vida au Chili, filiale locale du
proposer des produits simples, sans choix multiples". Groupe Santander, le souligne très bien : "Le succès
de la bancassurance est dans la vente de masse. Si
Certains bancassureurs commercialisent pourtant vous avez de nombreux assurés et que vous appli-
maintenant des produits plus "complexes" comme le quez un tarif qui compense la quasi inexistence de la
produit dépendance ; mais le secret reste le même : sélection médicale, vous ne devriez pas avoir de
"Pouvoir expliquer en des termes simples, le concept pertes. Les produits doivent être compréhensibles
et la finalité de ce produit, même si sa nature est com- par le public en général et doivent s’orienter vers la
plexe" souligne-t-on chez Predica. couverture de leurs besoins les plus courants. De
plus, ils doivent être tarifés de façon simple, pour
Premier constat : les produits distribués doivent être faciliter l’acte de vente."
complètement adaptés au réseau bancaire, c’est à
dire synchronisés aux procédures de vente de la Cette idée ne paraît plus incompatible avec une diver-
banque, dans lesquelles nous incluons l’uniformisation sification par étape vers des produits plus complexes,
des bulletins d’adhésion, une sélection médicale et qui peuvent aller jusqu’à une véritable offre sur mesure.
financière aussi simplifiée que possible et une stan- Ces produits personnalisés et nécessitant une plus
dardisation de toutes les transactions. Cela signifie grande expertise sont souvent les plus difficiles à
aussi des montants de garanties souvent limités, et vendre par le réseau bancaire, mais ce sont aussi
ce, de façon à faciliter la vente, car des garanties ceux dont les marges sont les plus importantes et qui
réduites induisent des petites primes plus facilement rapportent le plus à la banque et aux employés par le
acceptées par le client. Sans cette recherche de sim- biais de commissions. Cet élément incite alors
plification, les réseaux auraient, sans aucun doute, fortement les banquiers et les assureurs à se lancer
une grande réticence à proposer indifféremment des dans ce nouveau défi.
produits bancaires et/ou d’assurance à leur clientèle.
Cependant, pour parvenir au succès, cette étape doit
C’est en Europe du Sud (Espagne, Portugal, France), respecter certaines règles : les garanties proposées
que nous constatons à quel point les banques ont doivent toujours être faciles à comprendre par le client
réalisé un véritable travail de "remodélisation" de leur et le vendeur, avec peu d’options, une sélection et
offre en assurance vie, qui la rend très similaire et une tarification aussi simplifiées que possible.

19 focus octobre 2005 La Bancassurance


Les produits vendus par les bancassureurs doivent initiale, et non concurrents." estime M Denis Wallerich,
être bien positionnés et intégrés dans la gamme des de BNP Paribas Assurances.
produits bancaires. Il est primordial de gérer la com-
plémentarité entre les assurances vie et les produits "Il est primordial de bien gérer l’intégration des nouveaux
de dépôts bancaires. produits dans la gamme déjà existante" afin d’éviter
qu’"une partie de l’épargne bancaire soit détournée au
"Il faut faire en sorte que les produits d’assurance profit de l’épargne d’assurance" nous a précisé Edouard
soient perçus comme complémentaires à leur offre de Bonnafos Directeur Technique de Predica.

LA SÉLECTION EN BANCASSURANCE

A la question : "La sélection médicale vous semble t-elle être un frein au développement de la
bancassurance ?" posée à plusieurs bancassureurs (Cardif, SH&C, Predica, Altavida…), nous avons eu
invariablement la même réponse :

"Oui, sans aucun doute car la sélection augmente significativement le temps de vente d’un produit."

Et l’un des secrets de la réussite en bancassurance est certainement une vente rapide. Il n’en demeure pas
moins que, même si cette sélection est jugée comme une difficulté notable, elle est aussi indispensable sur
tous les produits de Prévoyance et ne peut que très rarement être totalement supprimée.

Voici trois catégories de produits de prévoyance présentant des méthodes de sélection différentes :

 les garanties décès accidentel (ou invalidité par accident) annexées par exemple à des cartes
bancaires ou à comptes bancaires : pour ces produits, aucune sélection médicale n’est requise ;
 les garanties décès, invalidité ou incapacité toutes causes, proposées de façon obligatoire ou
avec un taux de pénétration très élevé : c’est le cas des assurances emprunteurs dans certains
pays (France, Espagne…). Dans ce cas, la sélection médicale est nécessaire mais peut être
allégée car le risque d’anti-sélection est estimé très faible. La sélection est souvent limitée à un
simple questionnaire médical (si le capital assuré ne dépasse pas un certain plafond).
Cependant, en cas de réponse positive à une des questions, des examens complémentaires
peuvent être exigés. En cas de capital emprunté très important, des examens complets seront
également demandés dès la première étape. Dans les cas très particuliers de crédits à la
consommation aux capitaux réduits, la sélection médicale peut se limiter à une Déclaration d’Etat
de Santé ;
 les garanties décès, invalidité ou incapacité toutes causes proposées sur des produits de
prévoyance individuels (Temporaire décès, Dépendance…) : la sélection médicale requise par les
bancassureurs est généralement la même que celle exigée par les réseaux traditionnels de
distribution. Cependant, afin de simplifier au maximum les procédures, les bancassureurs
proposent des capitaux assurés plus faibles que les assureurs traditionnels. D’autres méthodes
peuvent également permettre de limiter la sélection : introduction ou augmentation des délais de
carence et/ou exclusions au contrat plus nombreuses.

20 focus octobre 2005 La Bancassurance


Quels sont les produits d’assurance téristiques citées plus haut (simplicité, montants et
garanties limités,…) peuvent être mentionnées, même
vie distribués par les bancassureurs ?
si, par ailleurs, elles ont tendance à s’estomper sur
Cette question est souvent posée par les nouveaux les marchés plus matures de la bancassurance.
bancassureurs, en particulier dans les pays où émerge
ce modèle. Il est vrai pourtant que, du fait de leur nature, proche
de l’activité première des banques, certains produits
En bref, une seule réponse peut y être apportée : les d’assurance vie ont été largement captés par les
bancassureurs distribuent les mêmes produits que banques et sont aujourd’hui facilement assimilés à la
les assureurs dits "traditionnels" ou les courtiers, sauf bancassurance.
quelques petites exceptions…
C’est le cas, bien sûr, des produits en Unités de
Des produits similaires aux réseaux Compte (Unit Linked et Index Linked). Les bancas-
traditionnels… sureurs, dans leur grande majorité, ont débuté leur
activité avec des contrats d’assurance en cas de vie
Il est à souligner que la bancassurance vie a très long- et/ou des bons de capitalisation, et ces produits se
temps concentré ses efforts sur la clientèle des banques, sont plutôt bien vendus.
à savoir les particuliers. Ce segment de clientèle est, à C’est le cas également des assurances des emprun-
ce jour, très largement majoritaire comparé aux teurs : contrairement à une idée reçue, il ne s’agit pas
professionnels ou aux entreprises (exemple : en France, d’un produit spécifique à la bancassurance, ni du cœur
les particuliers représentent entre 85 et 100 % de l’acti- d’activité des bancassureurs, mais les banques restent,
vité des bancassureurs vie). Cependant, la recherche malgré tout, très souvent les premières sollicitées par
de diversification amène à présent progressivement les les emprunteurs en quête d’une assurance vie.
bancassureurs vers les autres cibles de clientèle.
Ces produits sont, en outre, souvent une porte d’entrée
La plupart des produits distribués par les bancassureurs vers le succès, et tout particulièrement s’ils bénéficient
n’est pas propre au réseau bancaire : seules les carac- d’avantages fiscaux.

DESCRIPTION DU PRODUIT D’ASSURANCE VIE ÉPARGNE "À LA FRANÇAISE",


1 GRAND SUCCÈS DES BANCASSUREURS
ER
DE L’HEXAGONE

 Il s’agit d’un produit en capital différé avec garantie en cas de décès ou d’invalidité, et avec
garantie de rachat ou de réduction ;
 Possibilité de sortie en capital ou en rente dont les montant et durée peuvent être variables ;
 Les primes sont uniques ou récurrentes, au choix ;
 Les frais et chargements du produit sont très faibles ;
 La durée du contrat est variable selon les produits mais la plupart des bancassureurs proposent
des durées supérieures à 8 ans, les avantages fiscaux étant notables après ce délai ;
 Plusieurs types de contrats : bons de capitalisation, contrats "supports en Euros" (placement
sécurisé) dont le capital investi et le taux d’intérêt à l’année sont garantis (en 2003, taux d’intérêt
moyen 4.5 %) et les contrats "multisupports" (ou supports en Unités de Compte, placement à
risque) dont les performances peuvent être tout à fait variables et surtout aléatoires car fortement
liées aux marchés boursiers ;
 Taux d’intérêt non garantis sur plusieurs années.

21 focus octobre 2005 La Bancassurance


… et quelques produits développés Il est à noter tout d’abord que cette étape de diversi-
pour les réseaux bancaires. fication apparaît souvent dans une phase de maturité
de la bancassurance dans un pays. Les réseaux
Cette classe de produits est la plus standardisée et la bancaires et les vendeurs doivent être suffisamment
plus simple à vendre par le réseau. Ces produits sont préparés et expérimentés pour aborder des produits
généralement totalement intégrés à l’offre bancaire dont la nature est encore plus éloignée de l’activité
et n’ont pour le client pas réellement une nature d’as- bancaire.
surance mais sont considérés plutôt comme un
service bancaire additionnel. Ainsi, après les produits d’assurance en cas de vie,
les assurances des emprunteurs et les garanties
Ce sont, par exemple, les assurances liées aux comp- accidentelles annexées aux services bancaires, la
tes bancaires ou aux cartes de crédit. En général bancassurance vie cherche à axer son développement
elles sont automatiquement mises en service avec sur la prévoyance individuelle. Cela peut débuter par
l’ouverture d’un nouveau compte bancaire ou d’une l’intégration progressive de garanties prévoyance dans
nouvelle carte de crédit, elles sont souvent intégrées les contrats existants, puis par la commercialisation de
dans les frais et la prime d’assurance est parfois payée contrats à seul but de prévoyance. Et les bancas-
par la banque elle-même. Il s’agit alors davantage sureurs le savent, tout aussi bien que les assureurs :
d’un outil marketing afin d’inciter un client à ouvrir un ce sont ces garanties qui apportent généralement
compte ou à souscrire une carte de crédit. des profits notables.

Les garanties couvertes sont souvent le décès accidentel Après un tour d’horizon de grands bancassureurs à
ou Invalidité Permanente et Totale par accident et le mon- travers le monde, nous constatons que la bancas-
tant assuré peut être calculé de différentes façons : surance "peut tout vendre", qu’elle n’est pas limitée
à une certaine catégorie de produits. Et les innova-
 "x fois" le montant existant sur le compte bancaire tions ne sont pas en reste : les bancassureurs ont
au moment du décès ou de l’invalidité de l’assuré ; compris que pour continuer à être performants, ils
 une moyenne des dépenses réalisées avec la doivent faire preuve d’une forte capacité d’innovation.
carte bancaire durant les 3 ou 6 derniers mois ; Cette étape devient primordiale pour continuer à
 tout simplement, un montant prédéterminé au conquérir de nouveaux clients et conserver un
moment de la souscription. avantage concurrentiel certain.

Généralement, aucune sélection n’est exigée pour ce A noter aussi, la crise récente des marchés financiers
type de produits puisque les garanties couvertes sont qui a fait baisser le chiffre d’affaires des bancassureurs
purement accidentelles. qui s’étaient spécialisés, pour certains, dans les
contrats en Unités de Comptes. La diversification se
révélait parfois nécessaire.
Une diversification en cours -
Actualité sur les nouveaux produits Actualité sur quelques nouveaux produits
vendus par les bancassureurs :
vendus par les réseaux bancaires
Produit Dépendance : paiement d’une rente viagère
Les banques et les assureurs savent qu’une gamme (plus éventuellement un capital) en cas de perte d’auto-
complète de produits est nécessaire pour satisfaire et nomie de l’assuré. Cette perte d’autonomie se définit
fidéliser la clientèle. Les bancassureurs ont bien com- comme l’incapacité totale et définitive à accomplir cer-
pris qu’élargir leur offre induit une croissance de leurs tains actes de la vie quotidienne (se nourrir, se laver, se
parts de marché, ce qui signifie des revenus supplé- déplacer…). La dépendance peut être totale ou par-
mentaires, sans coût de distribution additionnel. tielle. Cette définition est celle utilisée pour les produits
vendus en France. D’autres produits, également dits de
Les bancassureurs, qui avaient commencé à séduire "dépendance", ont une approche tout à fait différente,
avec leur "one-stop-shop", ont dû aller jusqu’au bout puisqu’ils consistent à rembourser des frais médicaux
du concept et se lancent aujourd’hui dans une vraie suite à une perte d’autonomie qui s’avère parfois sim-
diversification… plement passagère.

22 focus octobre 2005 La Bancassurance


Citons pour référence l’exemple du bancassureur fran- compagnies doivent respecter pour commercialiser ces
çais Predica qui comptait déjà 143 000 contrats en produits. Même constat en France, où une loi d’août
portefeuille fin février 2005. 2003 a permis l’ouverture de l’épargne retraite à tous,
avec le PERP (Plan d’Epargne Retraite Populaire) ou
Produit GAV (Garantie des Accidents de la Vie) en France : encore au Chili où depuis août 2004 les courtiers ban-
la GAV est un produit d’assurance de personnes labellisé caires peuvent proposer des produits de Rentes
FFSA (Fédération Française des Sociétés d’Assurance). Viagères. N’oublions pas non plus l’Allemagne, avec sa
Pour obtenir ce label, le produit doit respecter un certain rente "Riester", entrée en vigueur en 2002 et qui ren-
nombre de critères décrits dans le contrat socle. Ce produit contre un faible succès.
a été lancé pour compléter la couverture des Français sur
les risques d’accident de la vie privée. En effet, la majeure Produits dommages : Auto, MRH.
partie des Français pensait être couverte pour les acci- Les bancassureurs ne représentent encore qu’une
dents de la vie courante par leur police Multirisques faible part du marché dommages de particuliers (envi-
Habitation au travers de la garantie Responsabilité Civile : ron 8 % en France), mais ils progressent en moyenne
or, celle-ci sert à indemniser les tiers. de 0,7 point de part de marché par an sur cette bran-
La GAV couvre les préjudices corporels résultant d’é- che. Là aussi, c’est grâce à une réelle intégration
vénements accidentels (accidents médicaux, de l'assurance dans la banque et à une recherche
accidents dus à des attentats ou à des infractions ou constante d’innovation, que les bancassureurs conti-
autres accidents de la vie privée). nuent de bénéficier d'une croissance, certes modérée
C’est un produit indemnitaire dont le seuil d’interven- mais régulière.
tion se situe à un taux d’invalidité de 30 % et le plafond Les bancassureurs développent ce que l’on peut nom-
de la garantie est de 1 million d’Euros. Les préjudi- mer "l'offre globale", qui associe financement et
ces subis sont indemnisés selon les règles de droit assurance de dommages, en particulier dans l'auto-
commun. mobile et l'habitation.
Citons l’exemple intéressant du bancassureur français
Produits dits "intergénération" au bénéfice des ACM (Assurances du Crédit Mutuel) qui commercia-
descendants : ces contrats ont cours tout particuliè- lise un produit où "tout est intégré" : ce produit destiné
rement en France depuis une dizaine année, date à aux investisseurs immobiliers inclut le financement,
laquelle une loi donna l’autorisation aux grands-parents l'assurance des loyers impayés, la MRH (Multirisques
de faire un don à leurs petits-enfants jusqu'à 30 000 Habitation) pour les propriétaires non occupants et
Euros en franchise de droits de succession, et ce tous l'assurance des emprunteurs.
les 10 ans. Les assureurs se sont alors lancés sur le
créneau en proposant des produits avec avantages fis- Force est de constater que certains bancassureurs
caux au-delà de 30 000 Euros. réussissent brillamment sur ces nouveaux créneaux :
Les enfants et petits-enfants peuvent bénéficier de pour exemple, à la fin du premier semestre 2004, les
tous les avantages d'un contrat d'assurance vie, bancassureurs français ont totalisé 85 % des ventes
alimenté par leurs grands-parents ou leurs parents. de PERP et 86 % des ventes de GAV !
Il s’agit le plus souvent de contrats multi-supports ou
de contrats plus classiques en Euros dont les Cependant, cette affirmation doit être nuancée car
versements libres sont réalisés par le donateur au même s’ils se diversifient, les bancassureurs concen-
profit de l’assuré descendant. trent toujours leur activité sur les produits d’assurance
vie. Les développements restent encore très inégaux
Plan d’Epargne Retraite : dans de nombreux pays, le selon les acteurs.
vieillissement de la population a amené les gou-
vernements à se pencher sur la question des retraites. Selon une étude de Solving International sur la
Ainsi, les législateurs ont permis aux assureurs de com- bancassurance vie à fin 2000 :
mercialiser des plans d’épargne retraite privés. Ces
plans permettent d’épargner pour une retraite future, et  les contrats en Euros totalisent 55,7 % du chiffre
ce même pour un assuré très jeune. d’affaires et 82 % des provisions ;
Citons l’exemple de la Turquie, qui en 2003 a réglementé  les contrats en unités de compte représentent
ce secteur : la plupart des acteurs en assurance vie, 40,4 % du chiffre d’affaires et 17 % des provisions ;
dont une bonne partie de bancassureurs, se sont lancés  la prévoyance et les assurances emprunteurs
avec succès dans ce nouveau créneau et ce, malgré regroupent seulement 3.9 % du chiffre d’affaires
les très nombreuses contraintes réglementaires que les et 1 % des provisions.

23 focus octobre 2005 La Bancassurance


POURQUOI LA BANCASSURANCE EST ELLE PLUS ADAPTÉE AUX PRODUITS D’ASSURANCE VIE ?

Traditionnellement, les produits d’assurance non-vie sont largement moins distribués par le canal
bancassurance que les produits d’assurance vie. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce fait :

 la principale pourrait être la nature complémentaire de l’assurance vie et des produits bancaires :
les employés de la banque sont déjà familiarisés avec les produits financiers et s’adaptent
rapidement à la vente des produits d’assurance vie d’épargne ou de retraite ;

 Au contraire, le marché non-vie réclame des compétences spécifiques dans la gestion et la vente,
que les bancassureurs ne maîtrisent pas nécessairement. De telles compétences nécessitent, en
outre, des investissements lourds en ce qui concerne la formation et la motivation, donc des coûts
supplémentaires ;

 les produits d’assurance vie sont généralement des produits de long terme, qui exigent donc des
clients une pleine confiance dans l’institution qui place l’argent. Et nous savons maintenant que,
dans de nombreux pays, les banques bénéficient d’une meilleure image et d’une confiance plus
grande que les assureurs ;

 les conseillers bancaires peuvent utiliser la connaissance du patrimoine de leurs clients pour
adapter leurs conseils, en fonction de besoins déterminés. Cet avantage est prédominant en
assurance vie et ne revêt pas la même importance en assurance dommages ;

 certains professionnels citent également la notion de gestion des sinistres en assurance


dommages, dont les conséquences pourraient être de nature à affecter l’image de marque. Cela
semble expliquer que les bancassureurs ont longtemps hésité à proposer ce type de produits.

LA CONVENTION BELORGEY : Début 1999, les pouvoirs publics ont souhaité qu'une
une spécificité française nouvelle réflexion soit menée, à partir de cette conven-
tion, tenant compte de l’évolution de la situation des
L’accès à l’emprunt est difficile, pour les personnes personnes séropositives. Engagée par le Conseil
présentant un "risque aggravé" du fait de leur état National du Sida, les travaux ont été repris par la
de santé. L’assurance des emprunteurs est souvent commission confiée par le Premier Ministre à
une condition nécessaire à l’obtention du prêt (plus M. Bélorgey, Conseiller d’Etat. Ce dernier a souhaité
particulièrement en France). Un refus de cette que les travaux et les réflexions soient élargis à
assurance ou une très forte surprime pour des raisons l'assurabilité de l’ensemble des risques aggravés,
médicales peuvent mettre en cause l’opération. dans le cadre de l'assurance emprunteurs.

Cette situation préoccupe depuis longtemps les C’est ce que l’on nomme aujourd’hui communément
Pouvoirs Publics français et les associations de "la Convention Belorgey", véritable spécificité française.
malades qui ont saisi les professionnels de l’assurance
dès la fin des années 80 à propos des malades Les travaux du comité Belorgey ont porté sur :
séropositifs.
 l'étatdes connaissances épidémiologiques et
Une convention a été élaborée en 1991, qui offrait médicales relatives au VIH ;
aux séropositifs une assurance décès couvrant les  les mécanismes de l'assurance emprunteurs
emprunts contractés afin d’acquérir un logement. (rôles respectifs du banquier et de l'assureur) ;

24 focus octobre 2005 La Bancassurance


 les différents types de garanties selon leur objet La Convention a été signée en septembre 2001 et est
(décès, invalidité) ou leur durée (court terme / reconduite chaque année.
long terme) ;
 les possibilités d'élargir l'assurabilité à partir de Certaines mesures d’amélioration ont déjà été mises
l'étude des garanties existantes pour d'autres en place.
pathologies ;
 les modalités de tarification ; Par exemple, tous les dossiers refusés au 1er niveau
 l'organisation du recueil et du traitement des (contrat groupe) sont maintenant systématiquement
données médicales et les moyens d'en assurer examinés au 2e niveau, quels que soient l’âge du sous-
la confidentialité. cripteur, le montant du capital emprunté ou la durée
du prêt.
Les premières conclusions de la commission suggè-
rent différentes mesures dans les domaines : De même, tous les dossiers refusés au 2e niveau sont
étudiés par le pool.
 de la confidentialité ;
 de l’information initiale des candidats à l’emprunt ; Le plafond de 200 000 Euros passe à 250 000 Euros
 de l’extension du domaine assurable ; pour les prêts au logement et les prêts professionnels
 des garanties alternatives à l’assurance ; et la durée est portée à 15 ans.
 de l’allègement des formalités conditionnant
l’octroi des prêts à la consommation. Au 26 novembre 2004, le 3e niveau i.e. le pool, a traité
2419 dossiers depuis l’origine dont :
Dans un premier temps, la Commission a proposé,
avec l’accord des assureurs, la suppression du  395 ont été acceptés,
questionnaire de santé pour l’assurance des prêts  27 annulés,
à la consommation affectés ne dépassant pas  1941 refusés,
10 000 Euros, avec une durée inférieure à 4 ans et  et 54 restent en attente.
pour les personnes ayant moins de 45 ans.
Environ 16 % des cas sont acceptés par le pool.
D’autre part, pour l’assurance des prêts au logement SCOR VIE, dans le cadre de la convention Belorgey,
et des prêts professionnels ne dépassant pas a été trois fois plus sollicitée en 2004 qu’en 2003. Sur
200 000 Euros, pour une durée de 12 ans maximum, 328 dossiers soumis en 2004 au troisième niveau,
souscrits avant 60 ans, la Commission a demandé 1 sur 5 a été accepté par nos services de tarification.
la mise en place du dispositif suivant :
Cependant, il ne faut pas perdre de vue que
 Si un dossier est refusé au premier niveau, cons- l’ensemble de ces maladies évolue et que les
titué par les contrats d’assurance emprunteurs traitements correspondants évoluent également : la
groupe existants, il y a examen à un deuxième Convention Belorgey sera, de toutes façons, amenée
niveau ; à s’adapter au gré des progrès thérapeutiques, entre
 Ce niveau est constitué de contrats d’assurance autres.
décès emprunteurs de type "groupe ouvert".
Ces contrats doivent être mis en place par tous Un autre volet très important de la Convention
les établissements de crédit ; concerne la confidentialité des données médicales.
 Si un refus ou un ajournement est prononcé au Par exemple, un souscripteur potentiel doit pouvoir
"deuxième niveau", le dossier est transmis au remplir le questionnaire de santé seul et à l’abri des
pool des "risques très aggravés", qui repose sur regards.
une convention de coréassurance administrée
par le BCAC (Bureau Commun des Assurances Selon une enquête de "60 millions de consommateurs"
Collectives). de septembre 2002, la quasi totalité des banques ne
respecte pas totalement le code de bonne conduite
Il convient de rappeler que le dispositif mis en place annexé à la convention Belorgey. Espérons que ces
en 1991 pour les séropositifs est prorogé pour les trois dernières années ont laissé le temps aux
personnes qui en bénéficiaient jusqu’à présent, et est banquiers de se rattraper en matière de formation et
inclus dans le nouveau pool de "risques très aggravés". d’information dans ce domaine.

25 focus octobre 2005 La Bancassurance


PROFIL DU "BANCASSURÉ" ?

Deux types de profils de clientèle se dégagent en France, entre les assurances vie et les assurances IARD.

Le « bancassuré » en vie a généralement plus de 50 ans, avec une forte proportion de personnes âgées
de plus de 70 ans (taux de 15 % contre 11 % dans les autres réseaux de distribution). Ils sont plus riches
que la moyenne nationale et ont un revenu compris entre 37.000 Euros et 46.000 Euros par an.
Par ailleurs, ils sont deux fois plus nombreux à disposer d’une épargne entre 31 000 Euros et 153 000
Euros. En moyenne, ils épargnent entre 8 000 Euros et 30 500 Euros par an, possèdent une maison
individuelle, et ont une volonté ferme de "transmettre un capital à leurs enfants".

En dommages, le "bancassuré" a le plus souvent moins de 29 ans. Il est locataire de son logement et a une
situation financière plus instable que le client vie : en raison de crédits en cours, il a peu d’argent disponible
pour constituer une épargne.

26 focus octobre 2005 La Bancassurance


Le tour du monde de la bancassurance

Nous avons eu l’occasion d’évoquer dans les chapi- rend difficile la comparaison avec les autres bancas-
tres précédents les différentes formes juridiques de la sureurs du marché français.
bancassurance, les facteurs de succès ainsi que les
principales caractéristiques des produits. Nous vous Ce que l’on peut souligner aujourd’hui, c’est que même
proposons également de réaliser un tour du monde en assurance dommages, où le Groupement français
récent de la bancassurance car nous le verrons, c’est des bancassureurs pèse pour 6 % dans l’automobile
un domaine à divers stades de développement et en et 11 % dans la MRH, les bancassureurs progressent :
pleine évolution. +12,1 % sur les cotisations 2004.

Les marchés leaders Le panorama français des bancassureurs s’est récem-


ment modifié du fait de la concentration de certaines
C’est en Europe, dite "latine", que la bancassurance banques :
a connu son essor et ses plus grands succès, grâce
initialement à un environnement juridique plus favo-  Le rapprochement des réseaux BNP et Paribas
rable que dans le reste du monde. a donné naissance à BNP Paribas Assurance
qui regroupe les activités de Cardif et de Natio ;
La France est sans aucun doute l’un des pays où la  Ou encore celui du Crédit Agricole et du Crédit
percée de la bancassurance a été une des plus Lyonnais qui a abouti à un Predica "nouvelle
spectaculaires. Predica, la filiale d’assurance Vie du version" englobant les activités des Assurances
Crédit Agricole lancée en 1986, est devenue en deux Fédérales Vie et de la Médicale de France ;
ans la troisième entreprise d’assurance vie française,  Plus récemment encore, le rachat du Crédit
par le chiffre d’affaires. Maritime par les Banques Populaires.

A noter que le décollage de la bancassurance en En France, la bancassurance semble se trouver à


France a plus ouvert de nouvelles perspectives sur l’aube d’une quatrième étape, celle de la concen-
le marché que réduit véritablement la collecte des tration, qui s’affirmera ou s’infirmera dans les années
assureurs traditionnels. à venir.

Aujourd’hui, les bancassureurs français font mieux L’Espagne souffrait d’un retard certain concernant le
que les assureurs sur le risque individuel. Le taux d’assurance vie par habitant, en comparaison
Groupement français des bancassureurs (présidé par avec les autres pays d’Europe de l’Ouest. Depuis les
Michel Villatte, Directeur Général de Predica) repré- années 90, ce marché a connu des taux de crois-
sente en 2003 60 % de la collecte en assurance vie, sance en assurance les plus forts d’Europe. Banques
avec un chiffre d’affaires de 55 milliards d’Euros. A et assureurs en ont bénéficié ensemble : aujourd’hui,
fin 2003, on trouve cinq bancassureurs dans le clas- ce sont 9 bancassureurs qui occupent le Top 10 des
sement des dix premières sociétés d’assurance vie assureurs en Espagne et les bancassureurs
(chiffre d’affaires) : Predica en tête (Crédit Agricole), détiennent 74 % des affaires nouvelles, dont 50 %
suivi de Ecureuil Vie (Caisses d’Epargne), Sogecap aux mains des caisses d’épargne locales.
(Société Générale) Natio Vie (BNP Paribas), les
Assurances Fédérales Vie (Crédit Lyonnais). Une des raisons principales de ce succès pourrait
être la bonne image de la banque dans ce pays. Un
La CNP se situe, bien évidemment, dans le trio de réseau bancaire dense a également donné un avan-
tête, mais son statut la différencie des autres. En effet, tage certain à la bancassurance. Ajoutées à cela,
sa stratégie de distribution fondée sur des partenariats quelques réformes, portant sur le système de retraite
avec des établissements tels que la Poste, les Caisses par exemple, ont permis de rendre attractifs certains
d’Epargne, mais aussi les Mutuelles, les établisse- produits d’assurance vie que distribuent en masse
ments financiers ou encore les collectivités locales, les réseaux bancaires.

27 focus octobre 2005 La Bancassurance


Les têtes du classement bancassurance sont : encore régionales à ce jour. Mais ces petites banques
régionales ont souvent une organisation efficace, un
 La Caixa, qui a signé une joint venture 50/50 réseau dense et bénéficient d’une bonne image
avec Fortis en 1992, pour créer Caifor ; auprès des consommateurs. L’ensemble de ces dif-
 BBVA, qui a opté pour l’achat d’Euroseguros en férents éléments, associés à un marketing plutôt
1981, aujourd’hui devenue une filiale d’assu- agressif, a permis aux banques de percer rapide-
rance dans un modèle totalement intégré ; ment. De plus, on peut considérer que la croissance
 la banque SCH opère, avec Santander Seguros de la bancassurance en Italie a été particulièrement
et Banesto Seguros ; soutenue par le succès de la vente de produits de
 et citons aussi Mapfre, qui signa en 2000 une type Unités de Compte (Unit et Index Linked).
alliance avec LA CAJA et créa ainsi Mapfre Caja
Madrid Holding, 5ème bancassureur du mar- Autre caractéristique remarquée : un développement
ché espagnol en 2002. mixte avec la création par les banques de filiales "assu-
rance" ou par la signature d’accords de distribution
Malgré sa petite taille, le Portugal est un pays fort entre une banque et une compagnie d’assurance. Par
attractif pour les bancassureurs. Depuis 1995, le sec- exemple, il est possible de trouver les polices vie
teur de l’assurance, que ce soit en vie ou en d’Aviva dans les agences d’Unicredito Italia, Banca
dommages, a connu une progression parmi les plus Popolare di Lodi, Banche Popolari Unite, sans oublier
fortes en Europe. Et le potentiel de développement Banca delle Marche, dans laquelle l’assureur anglais
est encore grand lorsque l’on sait que les primes d’as- détient 8 % des parts.
surance par tête sont parmi les plus faibles d’Europe.
Les acteurs en bancassurance sont nombreux et sont,
En 2003, l’ensemble du secteur de l’assurance repré- bien sûr, très présents dans les classements des
sentait 9,4 milliards d’Euros dont 57 % de primes vie. grands premiers assureurs italiens. En effet, au
Si l’on regarde la structure du marché, la bancassu- 31 décembre 2003, sept sociétés parmi les dix
rance prédomine : plus de 80 % des nouvelles affaires premières sont des bancassureurs, parmi lesquels :
vie étaient faites par les cinq premiers établissements
bancaires portugais.  CreditRas Vita, joint venture à 50/50 entre
Unicredito Italiano et l’assureur RAS ;
Grâce à la nouvelle joint-venture entre Fortis et Banco  Sanpaolo Vita et Fideuram Vita, filiales à 100 %
Commercial Portugues finalisée en janvier 2005, la de Sanpaolo Imi (qui ne sont aujourd’hui plus
société "MilleniumBCP Fortis" devient leader du mar- qu’une dénommée Assicurazioni Internazionali
ché vie, avec une part de marché de 24 % (dont 21 % di Previdenza) ;
en provenance du réseau bancaire de BCP), suivie  Banca Intesa, en joint venture 50/50 avec
de près par Fidelidade Mundial (CGD - 19 %), Generali Group (via Alleanza), a créé Intesa Vita
Tranquilidade (Groupe Espirito Santo – 16 %), BPI en décembre 2003 ;
Vida (groupe BPI – 11 %) et Totta (groupe Santander  Fineco Vita, détenue à 57,50 % par CNP
Portugal – 10 %). Assurances et à 42,50 % par Fineco Group.…

La Bancassurance en Italie a connu un développe- Malgré ce fort et récent développement, le potentiel


ment considérable durant ces dernières années, en estimé pour ce pays reste significatif car le taux de
quasi totalité en assurance vie et ce sont, à ce jour, pénétration de l’assurance reste relativement faible
70 % des nouvelles polices vie qui sont vendues aux et ce, malgré une croissance annuelle de l’ordre de
guichets bancaires. 20 % du marché de l’assurance durant ces cinq
dernières années. La bancassurance a, à coup sûr, de
C’est une loi de 1990, la loi Amato, qui a donné la beaux jours devant elle en Italie.
possibilité à des banques de prendre des participa-
tions dans des compagnies d’assurance, et a ainsi Peut-on parler de pionniers de la bancassurance
permis le véritable démarrage de la bancassurance lorsque l’on évoque la Belgique ? En 1860, la caisse
en Italie. Pourtant ce marché reste caractérisé par d’épargne CGER s’est lancée dans l’assurance des
l’absence de grands groupes "bancassurance" pro- prêts hypothécaires liée à l’achat d’un bien immobilier.
prement dits. Le réseau bancaire y est toujours Dès lors, même si les métiers d’assureurs et de
fragmenté et de nombreuses banques demeurent banquiers sont restés bien distincts, les grands noms

28 focus octobre 2005 La Bancassurance


de l’assurance ont maintenu des liens étroits avec des Un constat aujourd’hui, quel que soit le pays : le
conglomérats bancaires. paysage de la bancassurance est en pleine restruc-
turation.
Mais c’est surtout en 1992, grâce à un changement
législatif, que l’offensive des bancassureurs a vrai- Les acteurs principaux fusionnent :
ment commencé. Les chiffres sont plus qu’éloquents :
en 1994, le secteur bancaire distribuait 20 % des  BBL Life devient ING Life en Belgique, regrou-
assurances vie. En 2004, c’est plus de 63 % des pant sous le même nom les activités bancaires
assurances vie qui passent par les banques. et d’assurance ;
 Predica (Crédit Agricole) et U.A.F (Crédit
Et que dire de l’assurance dommages dont la part Lyonnais) en France ;
de marché des bancassureurs est passée de 8 % à  sous le nom de Fortis se cachent la Société
20 % entre 1994 et 2002 ? Générale de Banque, la Banque du Crédit de
l’Industrie, l’assureur AG et FB Assurances
En quelques mots… (ex CGER).

Les réseaux traditionnels, en moyenne sur l’ensemble alors que certains assureurs quittent le créneau
de ces pays européens, distribuent aujourd’hui moins bancaire :
de 30 % des contrats. Quant aux réseaux de vente
directe, ils ne détiennent plus que 10 % des ventes de  Swiss Life a abandonné sa participation dans
contrats. le CIC.

Part de marché par réseau de distribution

Pays-Bas 2000 Finlande 2002


Bancassurance 32 % Bancassurance 45 %
Traditionnel 58 % Traditionnel 55 %
Belgique 2000
Direct 10 % Direct 0 %
Bancassurance 56 %
Traditionnel 30 %
Direct 14 %

Norvège 2003
Grande-Bretagne 2002 Bancassurance 50 %
Bancassurance 18 % Traditionnel 50 %
Traditionnel 73 % Direct 0 %
Direct 9 %
Allemagne 2003
Bancassurance 23 %
Traditionnel 72 %
France 2003 Direct 5 %
Bancassurance 61 %
Traditionnel 33 %
Direct 6 %

Grèce 2004
Bancassurance 15 %
Traditionnel 85 %
Direct 0 %
Portugal 2002
Bancassurance 80 %
Traditionnel 17 % Espagne 2002 Italie 2002
Direct 3 %
Bancassurance 77 % Bancassurance 56 %
Traditionnel 20 % Traditionnel 35 %
Direct 3 % Direct 9 %

29 focus octobre 2005 La Bancassurance


Les nouveaux marchés Entre 1999 et 2003, la bancassurance a connu un
de la bancassurance essor extraordinaire, au rythme annuel moyen de 2 %,
pour atteindre 10,6 % des primes d’assurance totales
Amérique Latine : (vie + dommages) en 2003.

Les assureurs étrangers se sont largement appuyés La majorité des produits d’assurance vie vendue par
sur le réseau bancaire local déjà très présent sur le ter- les réseaux est constituée d’assurances collectives
ritoire pour créer des partenariats et parfois même (88,1 % en 2003). Néanmoins, si les polices vie indi-
racheter simplement la banque. viduelles ne représentent pour le moment que 11,9 %
des ventes totales, la croissance dans ce secteur a été
Ce transfert de propriété est certainement l’une des très soutenue depuis 4 ans : 53,8 % en moyenne,
raisons principales de la réussite de la bancassurance contre 25,9 % pour les polices groupe.
en Amérique Latine. C’est pourquoi aujourd’hui, malgré
son statut de "marché en développement" dans bien Parallèlement, le marché dommages continue à
des domaines, malgré la disparité observée d’un pays connaître une croissance importante principalement
à l’autre, et malgré la domination encore des réseaux liée au développement de la vente de polices incen-
traditionnels de courtiers et d’agents, l’Amérique Latine die dans les agences bancaires.
est une zone où la bancassurance est en passe de
devenir un système incontournable de distribution. Au Mexique, les banques ont joué un rôle important
dans l’établissement de fonds de pension, suite à la
Le secteur des services financiers de la plupart des réforme de 1997. Depuis, de nombreux assureurs étran-
pays du continent ayant été déréglementé, les gers ont réalisé des partenariats avec des banques
banques ont été autorisées à vendre des produits locales. En 2001, entre 10 et 15 % des primes totales vie
d’assurance directement. Contrairement à l’expé- et rente provenaient de la distribution par les banques.
rience européenne, les premiers à être commercialisés
furent des produits non-vie (assurance incendie ou Selon Luis Araya, Directeur Technique de la société
automobile). Mais depuis quelques années, ce sont Altavida Seguros de Vida au Chili, filiale locale du
les produits d’assurance vie qui ont le vent en poupe. Groupe Santander, le potentiel de croissance de la
bancassurance en Amérique Latine est encore énorme
Au Brésil, la législation rend obligatoire la participation car "le taux de pénétration dans ces pays est très faible.
d’un courtier habilité dans toute vente d’assurance. Ainsi De plus, le PIB étant bas, il est nécessaire de propo-
les assureurs et les banques possèdent parfois leurs ser des assurances à faibles capitaux assurés" qui sont
propres courtiers. Mais les banques ont su se montrer "attractifs, s’ils sont commercialisés de façon massive".
actives sur le marché de l’assurance depuis les années
1970. Cette expérience leur donne aujourd’hui une part Asie :
prépondérante dans la distribution des polices d’assu-
rance puisque près d’un quart des primes est généré Un début prometteur
par ce canal (dont plus de la moitié de primes vie).
La crise financière asiatique de 1997 a été un élément
En Argentine, de grandes banques internationales moteur dans la recherche de diversification pour les
(Citigroup, HSBC, BBVA et Banco Santander) ont banques. Depuis l’an 2000 principalement, la
acheté des participations dans des assureurs vie et bancassurance est donc au centre de bien des
des fonds de pension argentins, et les ventes de pro- discussions en Asie. La libéralisation financière a
duits d’assurance vie par les banques commencent facilité l’introduction de la bancassurance, en
à se développer significativement. Cependant, les particulier avec la pénétration de compagnies
canaux traditionnels de distribution continuent à domi- d’assurances étrangères qui ont cherché à trouver
ner le marché. des accords avec les banques locales.

Au Chili, la législation autorise depuis 1997 la vente C’est à Singapour qu’eut lieu la première grande expé-
de produits d’assurance via le réseau bancaire. Un rience de bancassurance en Asie, grâce à la vente
intermédiaire habilité doit cependant être présent au des opérations d’assurance de la "Development Bank
moment de toute vente d’assurances dans une banque. of Singapore" à Aviva. En contrepartie de la cession
totale de sa compagnie d’assurance, la DBS devint
le distributeur exclusif des polices d’assurance.

30 focus octobre 2005 La Bancassurance


D’une manière générale, les modes d’opérations fait évoluer le panorama financier vers une déré-
sont imposés par les banques, en position de force glementation progressive qui a permis d’éliminer
pour obtenir la structure qu’elles souhaitent. Souvent, certaines barrières entre banques et assureurs :
les banques préfèrent s’engager un minimum dans
ce secteur, afin d’observer les résultats avant de  Ainsi depuis 1998, les compagnies d’assurance
prendre des participations plus actives. Selon le ont la possibilité de créer leur filiale bancaire ;
cadre législatif du pays, la banque agit donc comme  Depuis 2000, les assureurs vie peuvent com-
distributeur pour les assureurs uniquement. Il est mercialiser des produits non-vie et vice-versa ;
donc difficile de constater un schéma "typique" de  Depuis 2001, les banques sont autorisées à
bancassurance. distribuer des produits d’assurance non-vie.

Mais un développement lent Cependant, la nouvelle étape, planifiée et attendue


au printemps 2005 sur l’ouverture de la vente de
Cette expérience réussie a laissé envisager un bel nouveaux produits d’assurance par les banques, a
avenir à la bancassurance en Asie. Mais son déve- été reportée à une date ultérieure. La FSA et
loppement n’a pas été aussi rapide qu’espéré et la l’Association des Assureurs Vie du Japon sont en
part de marché de la bancassurance est encore très cours de discussion afin de trouver de nouveaux points
disparate d’un pays à l’autre. d’accord sur les étapes de cette déréglementation
dont le planning était en cours et l’issue initialement
D’une part, parce que les banques asiatiques ont prévue pour l’été 2007. Le but était, à terme, de
cherché à vendre trop cher leurs bases de données parvenir à la commercialisation de tous les produits
clients, ce qui a dissuadé plus d’un assureur de se d’assurance via les réseaux bancaires.
lancer sur le continent.
Les autorités de contrôle japonaises craignent qu’une
D’autre part, les réglementations régissant la bancas- libéralisation trop rapide de la bancassurance donne
surance en Asie sont caractérisées encore aujourd’hui aux banques un pouvoir qui amènerait à des abus
par la persistance de nombreuses mesures de tels que des ventes forcées.
restrictions relatives aux participations croisées
banques-assureurs, aux qualités ou quantités de Il est estimé qu’environ 400.000 employés de banques
produits distribués par les banques, et autres limita- auront la licence pour vendre des polices d’assurance.
tions opérationnelles. Les compagnies d’assurance étrangères accueillent
favorablement cette mesure qui devrait faire baisser
Enfin, parce que les assureurs traditionnels freinent les prix et proposer un panel de produits plus
l’ouverture du marché, ces derniers restant à ce jour important aux consommateurs.
le modèle dominant de la distribution de produits d’as-
surance en Asie, tant en vie qu’en non-vie et craignant Un fort potentiel à exploiter
que le développement de la bancassurance n’en-
traîne de nombreuses vagues de licenciements. A Singapour, la place de la bancassurance ne cesse
de progresser et de modifier le schéma traditionnel
Nous constatons cependant que le point commun sur de distribution. Le nombre d’agents traditionnels est
l’ensemble des pays d’Asie est, sans aucun doute, le en chute depuis plusieurs années : 12.000 en 2004
très fort intérêt pour la bancassurance et les taux de contre 20.000 en 1998. Les raisons invoquées ? Des
pénétration de ce mode de distribution devraient consi- conditions d’obtention de la licence plus strictes, des
dérablement augmenter dans les années à venir. niveaux de commission plus faibles et surtout la part
croissante de la bancassurance. Cette dernière aurait
Petit tour d’horizon : capté en 2004, selon la "Life Insurance Association
of Singapore", 30 % des affaires nouvelles.
Au Japon, le marché a été partiellement ouvert aux
banques japonaises en avril 2001 : la pression des Le marché de l’assurance en Corée du Sud,
assureurs locaux est très forte pour bloquer la libé- 7 e mondial , est resté longtemps traditionnel.
ralisation qui menacerait leurs parts de marché. Mais Résistant jusqu’à récemment à toutes réformes,
malgré cette réticence, les autorités locales ("Financial l’industrie de l’assurance coréenne a ensuite évolué
Services Agency" & "Financial System Council") ont rapidement avec l’entrée du pays dans l’OCDE

31 focus octobre 2005 La Bancassurance


en 1996. La déréglementation financière a alors les ventes par télémarketing, porte à porte…
débuté, permettant l’introduction de nouveaux sont interdites ;
acteurs, en particulier étrangers. La crise financière  Les réseaux de vente habilités à vendre des
de 1997 a ensuite poussé le pays à restructurer produits d’assurance doivent être qualifiés pour
son organisation financière et à éliminer certaines ce travail et détenteurs d’un diplôme spécifique.
barrières qui séparaient les banques et les Un vendeur de produits d’assurance au mini-
compagnies d’assurance. mum (deux au maximum) doit être présent au
sein de chaque agence bancaire ;
Ainsi, longtemps considérée comme une menace  Depuis 1987, les compagnies d’assurance
pour le marché traditionnel de l’assurance, la bancas- locales ne peuvent créer de filiales que dans la
surance a été officiellement autorisée en Corée du même branche que la maison-mère ; une com-
Sud le 30 août 2003 avec date d’effet au 1 er avril pagnie d’assurance vie ne pourra créer qu’une
2004. Néanmoins, face à la pression exercée par les filiale d’assurance vie. La FSS aspire cependant
assureurs traditionnels, le rythme de cette ouverture, à faire évoluer cette restriction vers une plus
initialement prévue en trois étapes et qui concerne grande souplesse.
principalement l’éventail des polices autorisées dans
le réseau bancaire, a été ralenti sur décision du Sous contrôle de cette réglementation stricte, la struc-
gouvernement en janvier 2005 : ture du marché se met en place et des accords de
distribution, joint-ventures et autres rapprochements
A l’ouverture, seuls les produits d'épargne pure fusent en tout sens.
et les assurances emprunteurs sont permis ; A titre d’exemples :
 Seconde étape prévue pour avril 2005 : l’auto-
risation sera donnée pour la vente des produits  Kookmin Bank, première banque de Corée du
Accident et produits Santé contenant une clause Sud en terme d’encaissement, a créé sa filiale de
dite de "maturity repayment" (remboursement bancassurance KB LIFE, en joint venture avec
jusqu’à 80 % des primes si pas de sinistres après ING. Outre cette joint-venture, Kookmin Bank
8 ans) ; dispose également de partenariats de distri-
 Troisième phase en octobre 2006 : l’accord du bution avec quatre autres assureurs : Samsung
gouvernement s’étend à l’ensemble des polices Life Insurance Co., Kyobo Life Insurance Co.,
Accidents et Santé ; Tong Yang Life insurance Co. et Korea Life
 Fin du processus et libéralisation totale en avril Insurance Co ;
2008 (au lieu de 2007) avec la possibilité pour les  Woori Bank, second réseau bancaire du pays,
banques de commercialiser tous les produits est en cours de négociation pour une joint
d’assurance vie, y compris les polices Groupe. venture avec le puissant Samsung Life ;
 Shinhan Financial Group et Cardif Life Insurance
Cependant, à ce jour, les limites et contraintes impo- ont créé SH&C Life Insurance Company, une
sées par les autorités de contrôle (Financial joint venture de bancassurance.
Supervisory Service – FSS) et le Ministère des
Finances et de l’Economie restent nombreuses et Trois mois après l’ouverture du marché, les primes
ralentissent son développement : d’assurances des nouvelles affaires ont progressé à
un rythme trois fois supérieur à celui des autres
 les polices d’une même compagnie d’assurance réseaux de distribution. En l’espace de neuf mois, la
ne peuvent pas représenter plus de 49 % des bancassurance représente déjà environ 4 % de la
ventes totales d’assurance d’une banque. Selon production d’assurance vie.
un projet évoqué par ces mêmes autorités en
janvier 2005, ce rapport devrait prochainement A Taïwan, l’adoption du "Financial Holding Company
être limité à 25 % (33 % si deux assureurs ont la Act" en 2002 a permis de supprimer certains obsta-
même part majoritaire dans le capital de la cles au développement de modèles intégrés de
banque) ; ainsi, tout accord d’exclusivité se bancassurance. Il n’en demeure pas moins que
trouve largement compromis ; d’autres restrictions de participations croisées entre
 les produits d’assurance ne peuvent être banques et assureurs viennent encore limiter
vendus que dans un point spécifiquement considérablement les possibilités de création de ban-
dédié à ce rôle au sein de l’agence bancaire ; cassureurs taiwanais.

32 focus octobre 2005 La Bancassurance


Fort potentiel en Thaïlande également, où seulement services et industries d’une façon générale, est aussi
16 % de la population (62 millions d’habitants) détient au centre de tous les intérêts des banques et assu-
une police d’assurance vie. Même si le marché est reurs internationaux. Tout comme l’Inde, le marché
aux mains principalement des agents traditionnels et de l’assurance y est encore très jeune mais les chiffres
des courtiers, certains accords se mettent en place de croissance sont déjà impressionnants : de
entre banques et assureurs. On note par exemple : 60 millions de dollars en 1979, les primes d’assurance
de ce marché ont atteint 47 milliards de dollars en
 Bank of Asia et American International Insurance 2003 ; l’assurance vie peut être considérée comme
dont le nouveau Directeur Général table sur une le moteur de cette croissance et atteint un volume de
progression annuelle de 20 % sur les cinq pro- 32 milliards de dollars en 2003 (soit plus des 2/3 de
chaines années, grâce notamment à la l’activité assurance).
bancassurance ;
 Siam Commercial Bank et Siam Commercial New Le marché reste à ce jour entièrement ou presque
York Life Insurance, dont la collaboration a débuté entre les mains des assureurs locaux et seulement
en juin 2003. Les premiers résultats sont parus en 2 % des primes sont collectées par des compagnies
janvier 2005 et sont impressionnants : + 145 % étrangères. Mais de nombreux acteurs internationaux
pour les primes de première année alors que le tentent déjà de pénétrer ce marché plein de
marché thaïlandais a connu un repli de 8 % ! promesses : plus d’une centaine de compagnies
étrangères, venant de 17 pays, a déjà ouvert des
L’Inde, marché prometteur du fait de la taille de sa bureaux de représentation partout en Chine et
population, en est à ses balbutiements en assurance certaines d’entre elles ont réussi à ouvrir des filiales
vie. Cependant, la bancassurance est en très forte ou succursales, pour la plupart grâce à des joint
progression depuis la signature du "IRDA Bill" en 2000. venture : citons Aviva, la CNP (en partenariat avec la
Poste Chinoise), Generali, Allianz, AXA, ING… Il
Depuis 2002, deux tiers des douze compagnies semble que les partenariats avec des réseaux locaux
d’assurance étrangères autorisées à travailler en Inde soient la voie la plus aisée pour parvenir à pénétrer le
ont d’ores et déjà développé de forts partenariats marché chinois.
avec les banques. L’association des assureurs vie
d’Inde a signé un accord "bancassurance" avec la Les banques étrangères viennent également tenter
Corporation Bank. D’autres accords ont par ailleurs été leur chance ; par exemple, HSBC qui est devenu le
signés avec South Indian Bank, Lord Krishna Bank, premier actionnaire de Ping An Life, 2è compagnie
ICICI Bank … d’assurance vie du marché chinois.

Pour Bajaj Allianz par exemple, joint venture entre Baja Ces accords croisés entre banques et assureurs
Auto Ltd, 2e constructeur de motos, et l’assureur alle- ont été possibles grâce une libéralisation récente
mand Allianz AG, la bancassurance représentait et très progressive du marché de l’assurance dans
environ 27 % de sa production totale fin octobre 2004, ce pays. Et c’est en 2001 seulement que les banques
contre 17-18 % en 2002, chiffre qui devrait continuer ont été autorisées à commercialiser des produits
à croître, grâce au lancement de produits spécifiques d’assurance vie.
à la Centurion Bank et à ses accords avec des
banques telles que Standard Chartered Bank et Mais pour qu’un vrai développement de la ban-
Syndicate Bank. Aviva a signé un nouveau partenariat cassurance s’amorce en Chine, cer taines
de bancassurance avec Punjab and Sind Bank, met- restrictions devront être assouplies : aujourd’hui,
tant ainsi en œuvre son ambition de se développer les autorités imposent un commissionnement
sur le marché indien. Aviva Life représente 73 % des maximum de 8 % entre les banques et les assu-
nouvelles affaires en 2003 via les réseaux bancaires. reurs ; les opérateurs étrangers ne peuvent pas
intervenir sur tout le territoire ni dans toutes les
Quand on demande au Directeur de l’International de branches de l‘assurance ; les prises de par tici-
BNP Paribas Assurance dans quels pays Cardif veut pation par des étrangers dans des compagnies
se développer, la Chine arrive au premier plan. chinoises sont limitées. Le proche avenir nous
indiquera la direction que souhaitent prendre les
Justement la Chine, pays devenu incontournable dans autorités chinoises dans le développement de son
les discussions sur le potentiel offert par de nombreux marché assurance et bancassurance.

33 focus octobre 2005 La Bancassurance


Les marchés où la bancassurance depuis quelques années, des groupes financiers
tarde à se développer transnationaux se constituent (Nordic Baltic Holding,
Seb, Den Danske Bank) ce qui devrait modifier
Dans les pays anglo-saxons, germaniques ou quelque peu le paysage de la distribution. D’ores et
scandinaves la montée en puissance de la bancas- déjà, les banques suédoises capteraient localement
surance est pour l’instant moins visible, les réseaux 73,3 % des affaires nouvelles vie.
d’assurance et autres courtiers restant majoritaires.
Mais petit à petit, la donne de la distribution d’assu- Quant au marché allemand, c’est l’"assurbanque"
rance vie change. qui a prévalu dans un premier temps , et cette
stratégie ayant échoué, les relations entre les
Au Royaume-Uni, si les courtiers (IFAs – Independent banques et les assureurs se sont refroidies. La
Financial Advisors) gardent une majorité du marché tentative de coopération entre banques et assureurs
de l’assurance vie, le nombre d’accords de distribu- a commencé au début des années 90, mais n’a
tion entre banques et assureurs ne cesse de abouti dans la plupar t des cas qu’à de simples
progresser. Il faut mentionner que le contexte régle- accords de distribution ; les joint ventures sont
mentaire, avec le Financial Services Act (1986) incite exceptionnelles (à noter cependant Commerzbank
les banques à créer leur filiale d’assurance. et AMB/Generali), ainsi que des banques possédant
des assureurs (ou le contraire - une exception
Une des raisons évoquées sur le développement notable est Allianz, qui a fait l’acquisition de la
tardif de la bancassurance dans ce pays est Dresdner Bank).
l’inadaptabilité des produits aux réseaux bancaires :
ils sont souvent trop complexes et opaques et rendent Il convient également de préciser que les banques
difficiles leur distribution par des guichets. Cependant, de détail allemandes sont très morcelées. Leur petite
des efforts ont été consentis également sur cette taille joue donc en leur défaveur dans leur dévelop-
question. pement dans le secteur de l’assurance. De plus, la
position des agents exclusifs reste tout à fait
Et ça marche plutôt bien : en 2003, les produits vie dominante en Allemagne. Sans oublier, bien sûr, la
et rentes viagères vendus par les banques ont crû présence d’assureurs bien établis à la renommée
de 14,4 %, en comparaison avec la croissance de mondiale et historique, Allianz en tête. C’est
6,3 % pour la totalité du marché. Ainsi, ce sont près pourquoi aujourd’hui, les bancassureurs allemands
de 20 % des primes totales en assurance vie qui ne détiennent que 19 % du marché (en 2002 et en
sont distribuées aujourd’hui par les banques et décroissance par rappor t à 2000) contre 51 %
deux bancassureurs figurent dans le Top 10 des pour les agents exclusifs et environ 20 % pour les
compagnies d’assurance vie anglaises (Lloyds TSB courtiers.
et HBOS).
Malgré la proximité avec son voisin belge, le succès
Le marché est composé de banques qui, vers la fin de la bancassurance aux Pays-Bas a été plus lent.
des années 80, ont presque toutes créé leur filiale L’assurance vie individuelle sur ce marché est très
d’assurance vie. Certaines filiales, n’ayant pas pu réduite et fortement concurrentielle, les fonds de
réellement s’affirmer et croître, ont finalement pension répondant aux besoins d’organisation des
abandonné et se sont retirées du marché. Mais retraites des salariés. La bancassurance est
aujourd’hui trois des cinq principales banques pourtant reconnue comme offrant des prix compé-
anglaises (HBOS, Lloyds TSB et HSBC) ont leur propre titifs et un service complet dans un seul point de
filiale d’assurance. La banque RBOS a créé, elle, une vente. Mais, si la bancassurance gagne peu à peu
joint venture avec AVIVA et la banque Barclays a signé des parts de marché (18 % en 2003), les courtiers
des accords de distribution, entre autres, avec Legal restent les interlocuteurs traditionnels en cas
& General. Les grands acteurs se sont tous lancés d’achat immobilier. Aujourd’hui, ils distribuent 60 %
dans l’aventure bancassurance. de ces produits.

La Scandinavie a également été rattrapée par la Pourquoi malgré un potentiel de croissance énorme,
bancassurance. En 2002, moins de 20 % du marché une proximité des agences bancaires avec la clientèle,
vie était géré par les banques, dont la présence restait le décollage de la bancassurance aux Etats-Unis
moins significative que dans d’autres pays. Mais est-il aussi lent ?

34 focus octobre 2005 La Bancassurance


Il y a 20 ans, tout le monde s’accordait à dire que les  Countrywide, numéro 3 du marché, progresse
banques auraient 25 % du marché de l’assurance de 25,8 % atteignant 784 millions de dollars ;
vie. Et les espoirs d’un tel développement furent  Quant à la plus forte progression observée, c’est
appuyés par la signature en 1999 du Gramm-Leach- US Bancorp qui passe de 45 à 83 millions de
Bliley Act, qui éliminait définitivement les obstacles dollars, soit + 84,4 %.
à la vente de produits d’assurance par les banques
érigés par le célèbre Glass Steagall Act de 1933. Par nature plus proche de l’activité bancaire,
l’assurance vie représente deux tiers des revenus
Or, la distribution de produits d’assurance reste de l’assurance des banques américaines. Ces insti-
marginale avec seulement 2,5 % de part de marché au tutions financières ont su profiter du développement
1er semestre 2003. Néanmoins, on constate que les du marché des rentes. Au 3ème trimestre 2003,
revenus de l’assurance progressent entre 2002 et 2003 : les banques détenaient 43 % du marché des
contrats retraites en USD (fixed annuity) et 14 %
 Citigroup, premier bancassureur américain, passe des contrats retraite en unités de compte (variable
de 3,48 milliards de dollars à 3,9 milliards (+1 %) ; annuity).

POURQUOI LA BANCASSURANCE TARDE T-ELLE À SE DÉVELOPPER AUX ETATS-UNIS ?


De nombreuses discussions et une importante littérature autour de ce sujet ; des analyses récentes ont été
réalisées afin de mieux cerner les raisons de ce développement qui se fait attendre : en 2003 par exemple,
l’étude de l’ACLI (American council of Life Insurers) porta sur ce thème.

Que faut-il conclure de ces divers points de vue ?

Que la réglementation américaine a longtemps limité les perspectives des banques et des compagnies d’as-
surance et a ralenti largement leur processus de rapprochement ; et qu’aujourd’hui les relations entre
assureurs et banques ne portant encore souvent que sur de simples accords de distribution, des différences
et des incompréhensions entre les deux parties subsistent de façon notable et nécessitent des mesures
concrètes afin de mettre en place des terrains d’entente. Chacun devra trouver son intérêt à la création d’un
modèle de bancassurance plus intégré ; c’est une étape essentielle.

Ce pont devra être bâti en gardant en tête que le but principal est la satisfaction de la clientèle, clef de voûte
du succès en bancassurance. Pour ce faire, les banquiers et assureurs américains devront :

 adapter, former et motiver le réseau bancaire à la vente de produits d’assurance ;

 repenser les produits, mais également les intégrer davantage dans les offres bancaires existantes
et dans les objectifs de vente des réseaux, les rendre plus simples ;

 développer un système informatique et un mode de gestion commun entre banque et assureur, afin
que le réseau ait un accès facile et rapide à l’information et que les procédures soient harmonisées ;

 les banques ont ciblé jusqu’à présent la population aisée, un marché difficile à conquérir, au détri-
ment du marché de masse (classes populaires) ; retravailler cette cible paraît primordial ;

 limiter le nombre d’assureurs avec lesquels la banque travaille ; cette règle permet de développer
un réel partenariat entre deux acteurs et de créer davantage de liens entre eux.

35 focus octobre 2005 La Bancassurance


Au Canada, la législation actuelle est un réel frein au gnies d’assurance répugnent à tomber sous le contrôle
développement de la bancassurance. des institutions financières.
Le marché bancaire canadien de détail est très
concentré : moins de 10 banques contrôlent l’essentiel Il ne faut pas négliger non plus l’aspect culturel. Le
du marché. faible taux de pénétration de l'assurance dans les
La majorité des banques canadiennes est "à charte pays musulmans trouve une explication à la fois
fédérale", c’est-à-dire sous le contrôle des autorités culturelle et religieuse : les solidarités familiales y sont
fédérales. Les banques à charte fédérale ne peuvent fortes, et la loi islamique (la shari'ah) est parfois
vendre dans leur réseau de succursale bancaire que interprétée dans le sens d'une interdiction de
l’assurance crédit emprunteur et l’assurance voyage. l'assurance, au même titre que l'usure.
Elles ont généralement une filiale d’assurance vie, qui
offre une gamme de produits d’assurance vie plus Ainsi, le secteur de l’assurance est très petit, comparé
traditionnelle - pas nécessairement liés aux produits à l’activité économique de la zone. Les primes
bancaires - par l’entremise de réseaux de ventes d’assurances, vie et dommages, n’ont pas représenté
autres que les succursales bancaires. Ces filiales plus de 1 % du PIB de la zone en 2003, alors qu’elles
d’assurance vie sont généralement de petite taille, atteignent 12 % dans les pays industrialisés.
à l’exception notoire de la Banque Royale du Canada
qui possède une filiale d’assurance vie de taille très De plus, n’oublions pas que la réglementation a
importante. souvent été un frein significatif ; et elle l’est encore
dans certains pays.
Desjardins représente une exception par rapport aux
divers points mentionnés ci-dessus. Le mouvement Néanmoins, la structure du marché est en cours de
coopératif des caisses populaires Desjardins est sous modification et l’on voit certaines ouvertures appa-
supervision des autorités provinciales. La présence raître, comme récemment au Maroc où le Code des
de Desjardins, tant bancaire qu’en assurance, est Assurances limitait les banques à une prise de parti-
principalement concentrée au Québec. La législation cipation de 30 % dans le capital d’une compagnie
qui régit Desjardins lui permet d’offrir l’ensemble des d’assurance. Un nouveau projet de loi en cours
produits d’assurance vie et IARD qui existe sur le rendrait caduc cet article et déplafonnerait ainsi les
marché canadien de l’assurance - donc pas seulement participations. Les banques marocaines se prépa-
l’assurance crédit emprunteur et voyage - au travers raient à cette possibilité et avaient déjà, pour la plupart
de son réseau de caisses. Elle utilise également des d’entre elles, investi de façon notable dans la formation
réseaux de distribution plus traditionnels - en plus de et la motivation des réseaux de vente.
l’utilisation du réseau bancaire Desjardins.
Le succès de Desjardins en assurance est indéniable, Le Liban, le Maroc et la Tunisie, ont été les premiers à
puisque sa filiale d’assurance vie est numéro 1 au initier la marche de la bancassurance, grâce à l’appui
Québec et sa filiale d’assurance IARD est numéro 2. des bancassureurs français, plusieurs acteurs majeurs
de la région se lancent depuis quelques années. A titre
En Suisse, le développement de la bancassurance d’exemple, nous pouvons citer les cas suivants :
est fortement restreint par les lois sur le secret
bancaire, qui interdisent l’échange d’informations entre  Aux Emirats Arabes Unis, la Standard Chartered
banques et assureurs sur les clients bancaires. Les Bank a conclu un accord de coopération en
modèles de joint venture et de fusions ont complè- 2003 avec Zurich International Life et ALICO
tement échoué et la Suisse a désormais entamé une (American Life Insurance Company) ; De même
réflexion sur le sujet afin de cerner les causes de cet à Dubai, la National General Insurance est entrée
échec. sur le marché de l’assurance vie en 2003, en
partenariat avec Emirates Bank International et
Cardif, qui a obtenu les licences nécessaires à la com- Commercial Bank of Dubai ;
mercialisation de produits vie et non vie, a lancé son
activité début 2005 avec de l’assurance emprunteurs.  Depuis janvier 2004, une compagnie du groupe
Allianz, la Arab International Life Assurance
Au sein du monde arabe, la distribution d’assurance Company a conclu un partenariat de distribu-
reste traditionnellement aux mains des agents ou tion avec le Crédit Agricole Indosuez en Egypte ;
encore des courtiers indépendants, et les compa-

36 focus octobre 2005 La Bancassurance


- L’activité bancassurance de BankMuscat a été
lancée en juillet 2004, en partenariat avec la
National Life Insurance, devenant ainsi la pre-
mière banque à proposer des services
d’assurance à Oman.

En Israël, malgré l’interdiction légale de proposer des


assurances vie par le biais du réseau bancaire, la
Discount Bank s’est lancée dans la bancassurance,
en offrant une assurance vie aux clients le souhaitant.
La banque ne vendant aucune police et ne recevant
aucune commission, ne viole ainsi aucune loi.

Nombreux sont ceux qui parient sur le développement


de la bancassurance dans les pays de Europe de
l’Est, surtout depuis leur entrée dans l’Union
Européenne, le 1er mai 2004.

Tout d’abord, parce que l’environnement général est


en pleine mutation. Ces pays étaient dans le giron
des régimes communistes, ce qui a affecté considé-
rablement l’attitude de la population vis-à-vis des
services et produits financiers. Mais les changements
d’attitude se produisent à une vitesse phénoménale.

Il convient de souligner encore la taille réduite du


marché actuel. C’est ainsi que 33 % des Polonais
possèdent un compte bancaire contre 98 % des
Belges, ce qui illustre les perspectives de croissance
très élevées qui s’offrent aux produits bancaires et
d’assurance.

Les assureurs sont donc nombreux à chercher à nouer


des liens avec les banques locales. Allianz, par exem-
ple, a établi des relations en Pologne, Bulgarie, Hongrie
et Croatie, estimant que la bancassurance en Europe
de l’Est pourra représenter jusqu’à 15 % de ses primes
vie d’ici à 10-15 ans.

Mais le développement de la bancassurance n’en est


qu’à ses balbutiements ; les gouvernements locaux
montrent des signes de nervosité à laisser le contrôle
des banques locales à des acteurs étrangers. Il est
donc encore trop tôt pour savoir si elle occupera une
place prépondérante comme en France ou en
Espagne.

37 focus octobre 2005 La Bancassurance


Exemple pratique :

Espagne – BBVA SEGUROS


(ex-EUROSEGUROS)

BBVA Seguros a été créée en 1968 sous la dénomination La


Vasca Aseguradora et c’est en 1973 qu’elle changera de nom
pour devenir Euroseguros, société d’assurance et réassurance.

Fin 1981, Euroseguros est acquise par le groupe bancaire


Banco de Bilbao. A partir de cette date, Euroseguros se trans-
forme donc en compagnie d’assurance pour le compte des
services financiers aux particuliers de la banque, puis à par-
tir de 1988 de Banco de Bilbao y Banco de Vizcaya.

Depuis mars 2000, cette société se nomme "BBVA Seguros


SA de Seguros y Reaseguros". Dans le cadre du concept d’in-
tégration totale entre les activités d’assurance et bancaire,
aujourd’hui BBVA Seguros peut être considéré comme un
département de la banque.

A l’origine, son activité était centrée sur les produits Vie,


Accident et Hospitalisation. Aujourd’hui, BBVA Seguros fait
essentiellement de la Vie (assurance sur les crédits – plus de
60 % de taux de pénétration dans ce domaine, produits épar-
gne et risques traditionnels) mais aussi de la Santé, de
l’Accident et de l’Auto, avec concernant cette activité
Dommages, un souci de s’associer avec d’autres partenaires
(AXA pour DIRECT SEGUROS).

BBVA seguros Assurance en quelques chiffres - 2004

• primes totales vie en 2001 : 1,675 Mios d’Euros


• soit une part de marché de 7,51 %
(11,20 % pour le secteur de la bancassurance)
• très forte présence internationale, majoritairement
en Amérique Latine

38 focus octobre 2005 La Bancassurance


Conclusion

Rédiger une conclusion commune à "la bancassurance dans le monde" est difficile car tous les pays, nous
l’avons vu, n’en sont pas au même stade de maturité et exigent, de ce fait, une réflexion différente et unique.

Après vous avoir fait part de constats et réflexions sur la naissance de la bancassurance et sa situation aujour-
d’hui, il semble légitime de se poser la question de savoir comment la bancassurance pourrait évoluer dans les
prochaines années.

Certains pays, où la bancassurance n’est pas à ce jour un modèle très présent, cherchent à analyser les raisons
de cet échec et souhaitent à présent évoluer sur de nouvelles bases. Cette phase de rapprochement entre les
banques et les assureurs a ainsi été tentée par les pays dits « anglo-saxons » comme les Etats-Unis, le Royaume-
Uni ou l’Allemagne qui ne sont jamais vraiment parvenus à imposer le modèle bancassurance. Grâce à une
déréglementation financière et/ou à une prise de conscience des raisons de ce développement limité, les deux
industries pourront peut-être parvenir à de vraies alliances.

La croissance économique importante récente de certaines zones du monde (Chine, Inde…) laisse à prévoir
également une émergence de la bancassurance dans de nouveaux pays. Ce démarrage pourra être envisagé
avec des démarches différentes : en modèle intégré, ou en simple coopération. Le niveau d’intégration dépen-
dra surtout du contexte local de chaque marché et de la stratégie des acteurs mais ne déterminera pas à lui
seul le succès de la bancassurance. Bien d’autres éléments et facteurs sont nécessaires à une convergence
réussie.

Concernant les pays où les bancassureurs sont le modèle dominant, principalement les pays européens dits
"latins", les activités de la banque et de l’assurance vie semblent aujourd’hui deux métiers intimement liés, dont
le but principal est de répondre à un besoin global de la part des clients. La bancassurance est donc un modèle
qui devrait continuer à gagner des parts de marché, même si les bancassureurs ont déjà commencé à penser
à une possible reconversion, ou du moins à une évolution vers de nouveaux objectifs produits et clientèles.

Ainsi, après des débuts axés vers une logique de distribution de masse, fortement concentrée sur la clientèle des
banques à savoir les particuliers, les bancassureurs font de plus en plus preuve d’une innovation certaine, ainsi
que d’une relation et d’une écoute clientèle parfaitement maîtrisée. Cela devrait leur permettre de maintenir leur
position, voire d’assurer leur approche vers de nouveaux objectifs que sont les segments haut de gamme, les entre-
prises, les professionnels, les jeunes …

Sur les produits également, les bancassureurs se diversifient, et entrent dans une nouvelle ère de vente des produits
d’assurance vie plus complexes, créneau jusqu’alors réservé aux réseaux traditionnels. L’objectif des bancas-
sureurs « matures » est de pouvoir désormais répondre à toutes les attentes d’un client, même les plus spécifiques.

Mais, on voit aussi clairement depuis quelques années, un nouveau mouvement se mettre en marche : les
bancassureurs se tournent vers les produits dommages aux particuliers. En France, le Cabinet Solving International
montre dans son enquête annuelle qu’entre 2001 et 2003, les banques et notamment le Crédit Agricole et le
Crédit Mutuel ont vu leurs parts de marchés augmenter de près d’un point par an sur cette gamme. De façon
identique aux produits vie, et pour connaître un franc succès, les produits dommages sont désormais davantage
pensés et proposés dans une logique d’intégration à l’offre bancaire.

L’avenir des bancassureurs n’est cependant pas tout tracé et ils devront faire face à une concurrence toujours plus
vive. Ainsi, pour résister à la montée de la bancassurance, les assureurs traditionnels ripostent et inventent
l’Assurbanque en lançant leur propre gamme de produits bancaires. Cette offensive est cependant encore trop
récente pour présager de son évolution.

En résumé, dans les pays où elle est déjà bien implantée, la bancassurance peut encore se développer sur
certains segments de marché tandis que dans d‘autres régions du monde, tout reste à construire. La bancassurance
n’a pas fini de faire parler d’elle !

39 focus octobre 2005 La Bancassurance


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