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PIECES

NOTICES &
pour servir à l’histoire
d’Angoulins/Mer

N° 2 - 2ème trimestre 2007.


Publication éditée par l’association Expression-Hist,
histoire locale et valorisation du patrimoine angoulinois.
PIECES
NOTICES &
pour servir à l’histoire d’Angoulins

Sommaire du numéro 2 - 2ème trimestre 2007

TRANSCRIPTION D’UNE AFFAIRE DE VOL


À LA FERME DE LILEAU
par Denis Briand

LES GRAFFITI RELEVÉS PAR LUC BUCHERIE


ET PRÉSENTS DANS SA BIBLIOGRAPHIE
par Denis Briand

UNE NAVETTE À FILET GALLO-ROMAINE


TROUVÉE À LA MANON
par Denis Briand et Michaël Brunet

UNE PINCE À ÉPILER GALLO-ROMAINE ?


par Denis Briand et Michaël Brunet
TRANSCRIPTION
D’UNE AFFAIRE DE VOL
À LA FERME DE LILEAU
par Denis Briand

Parmi les fonds d’archives de l’époque révolutionnaire conservés aux


ADCM, une liasse, de la série concernant les tribunaux, nous livre une
affaire si singulière que je n’ai pas résisté à vous la retranscrire.
C’est grâce aux dépositions circonstanciées, rapportées ici in extenso,
que vous allez pouvoir vous immerger dans l’enquête. Cette dernière
revêt une dimension particulièrement intéressante, car toutes ces
dépositions constituent aussi autant de témoignages sur la vie
quotidienne de l’époque. En effet, il faut apprécier, entre les lignes du
récit factuel, tout ce monde qui est dépeint, des objets aux vêtements,
des denrées alimentaires aux personnages. Le tout s’animant dans des
lieux qui nous sont encore familiers.
Un véritable plongeon, deux cent ans en arrière, éclairé par différents
angles de vue, au rythme de la narration “colorée” de différents
protagonistes.

Pierre Michel dit Micheau, âgé de 42 ans, laboureur à bras,


demeurant le bourg d’Angoulins, dit et dépose :
Il y avait environ trois semaines que je logeais chez les frères Senet à
la maison de Lisleau, je travaillais pour eux. Jeudi dernier sur les six
heures du soir les chiens aboyèrent, René Senet ouvrit la porte, quatre
hommes entèrent, l’un prit une chaise et en frappa René, l’autre prit
sur une armoire plusieurs clefs de la maison. Le premier frappa avec

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Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°2 Briand, D. / Transcription d’une affaire de vol à la ferme de Lileau

sa chaise la mère Senet. L’un des quatre sortit et ferma la porte à clef. blanc. Je n’ai point remarqué si ses cheveux étaient ronds. Il avait le
Nous demeurâmes enfermés avec les trois hommes. La mère Senet qui chapeau abattu d’un côté il était vêtu d’une redingote bleue, une veste
est âgée de 84 ans, ses trois fils dont un nommé Baptiste est imbécile, ronde blanchâtre, grande culotte de siamoise à raies blanches et bleue.
une servante, sa bergère et moi. Les trois hommes demandèrent de Je suis certain d’avoir vu cet homme il y a deux ans dans la saison de
l’argent. René répondit qu’il n’y en avait pas, qu’il était à Cramahé. fauches, je bu une bouteille de vin avec lui près de Mortagne ou La
Les trois hommes paraissaient vouloir enfoncer les armoires, je Jarne je ne sais plus dans quel cabaret ; le second est de taille tout au
conseillais de donner les clefs. La mère les donna, ils ont ouvert les plus de cinq pieds, grosse taille, gros visage ayant quelque marques de
deux cabinets ou armoires en ont tiré tout ce qui était dedans et y ont petite vérole, cheveux ronds, chapeau rond abattu, veste ronde fond
pris environ deux mille francs à ce que j’estime. Dans un coffre qu’ils blanc mouchetée de bleu les mouches larges d’un denier l’étoffe est de
ont également ouvert avec la clef ils ont encore pris deux sacs que laine n’ayant rien sur cette veste, grande culotte dont je ne peux dire
j’estime être de cent pistoles chacun. Baptiste ayant voulu s’opposer la couleur ; le troisième de même taille, moins gros visage, mince,
à ce que faisaient ces hommes l’un deux tira un petit couteau à lame nez court, chapeau rond vêtu comme le second tous trois avaient des
courte - et se reprenant a dit cet homme avait le couteau à la main souliers.
en entrant. Baptiste tira le sien. Il reçut plusieurs coups de chaise sur Magdeleine Letang, âgée de 24 ans, servant de domestique
la tête et a reçu sur les mains quelques coups de couteau. J’ai reçu du nommé Senet, demeurant à la maison de Lisleau, paroisse
aussi un coup de chaise dans l’estomac. Tout ceci s’étant passé dans d’Angoulins, dit et dépose :
la chambre basse l’un des trois hommes sortit en emportant un tison, Jeudi dernier nous venions de souper lorsque les chiens qui étaient
des allumettes et des chandelles. Il nous renferma sous clef avec les dehors aboyèrent. René Senet ouvrit la porte, trois hommes entrèrent de
deux autres et j’entendis monter dans la chambre haute qui est dessus force, un quatrième demeura sur la porte. Les trois saisirent et canèrent
celle où nous étions. L’escalier est par dehors, on y est demeuré un bâton que René tenait à la main. Ils me saisirent par les bras et me
environ une demi heure. Les deux, qui étaient demeurés avec nous, donnèrent un coup de poing. Ils fouillèrent dans mes poches voulant
sont sortis et ils sont allés dans une chambre de derrière. Nous les y m’obliger à leur donner les clefs. Je leur dis que j’étais la servante.
avons aperçus par un petit guichet. Je n’y ai vu que les trois dont j’ai Ils me laissèrent et je me mis sous le lit. Ils ont forcé la femme Senet
parlé. Il y avait environ une heure que nous ne les entendions plus en la frappant de leur donner les clefs des armoires. Je voyais ce qui
lorsque voyant tomber du feu à travers les planches de la chambre se passait. Ils ont ouvert les armoires, ont jeté tout par terre, ont pris
haute, nous sommes sortis par la fenêtre et René étant monté dans la deux sacs d’argent et de la monnaie qui était dans une corbeille, ils ont
chambre haute a jeté dehors un tison trois mouchoirs et un chapeau ouvert le coffre. J’ai entendu prendre de l’argent mais je ne l’ai point
en parti brûlés. J’ai éteins ce feu. Baptiste a porté un sceau d’eau en vu. Ils ont demandé où était l’escalier. Un de leur camarade qui était
haut. J’y ai monté j’ai trouvé tout bouleversé. J’ai vu la même chose dehors a dit que l’escalier était en dehors. Ils sont sortis tous trois,
dans la chambre derrière. Je me suis aperçu que l’on avait pris dans la celui qui était dehors leur ayant ouvert la porte. Ils avaient emporté
chambre haute une fourche à deux doigts et une pareil dans la chambre deux chandelles et un tison avec des allumettes. Je les ai entendu dans
de derrière. J’ai trouvé dans la dite chambre une paire de souliers que la chambre haute. L’un d’eux est venu peu après demander la clef d’un
j’ai connu pour n’être pas de la maison et l’on n’a plus trouvé une paire coffre qui était dans la chambre basse par derrière. C’était mon coffre.
de souliers appartenant à Baptiste. Je vais donner le signalement des Je dis que la clef y était. Elle y était effectivement. Ils ont pris dans ce
hommes dont j’ai parlé c’est à dire de trois parce que je n’ai pas bien coffre un mouchoir d’indienne fond blanc avec un tour de fleurs jaune
remarqué celui qui est sorti tout de suite après être entré. L’un des trois et noir. Ils ont pris aussi quatre sous qui étaient dans une petite boite.
est grand, d’environ 5 pieds trois pouces, visage long un peu sec, grand J’ai entendu compter l’argent sur le lit de cette chambre basse. Ensuite
nez barbe rousse cheveux châtains la tête couverte d’un mouchoir nous ne les avons plus entendu. Nous étions tous renfermés à clef, mais

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Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°2 Briand, D. / Transcription d’une affaire de vol à la ferme de Lileau

voyant du feu tomber à travers les planches de la chambre haute, René de corde qu’ils ont laissé à la maison et que le bourgeois a mis à sa
sorti par une fenêtre de la chambre où nous étions et il a été éteindre charrette. Deux sont venus dans la chambre basse où nous étions. Ils
le feu. Je ne pourrais donner qu’un signalement assez imparfait de ont demandé la clef de la chambre de derrière. On l’a donnée. Ils y ont
l’homme que j’ai vu. Je sais cependant bien que je le reconnaîtrai. été, l’un passant par le dehors et l’autre par un trou qui communique
J’ajoute que la femme Senet, René et Baptiste ont été frappés à coups à cette chambre. J’ai entendu compter de l’argent et armer un fusil
de chaises et que lorsqu’ils furent partis, il fallut lever la serrure de la qui était dans la dite chambre. Ils en ont cassé un autre, ils ont tout
chambre basse dont la clef, ainsi que les autres clefs qu’ils avaient eu bouleversé dans la chambre ainsi que dans la chambre haute comme
à leur disposition, ne fut trouvée que le lendemain. Ils les avaient jeté nous l’avons vu après leur départ. Nous avons aperçu de la fumée et
çà et là près de la maison. Dans la chambre où nous étions, ils ont pris il tombait du feu de la chambre haute à travers du plancher. René,
un gros morceau de cochon cuit et dans la chambre de derrière, un pain Baptiste et Micheau ont sortis par la fenêtre et ils ont éteint le feu. Il y
de trente livres qui est tout ce qu’elle a dit savoir. avait plus d’une heure que j’avais entendu siffler et que je n’avais plus
Marie Bègue, agée de 14 ans, bergère, demeurant chez les frères rien entendu. L’on croyait cependant que ces gens ne fussent dehors
Senet au ci devant prieuré de Lisleau paroisse d’Angoulins. dit et parce qu’ils avaient dit qu’ils coucheraient dans le paillé. Je crois que
dépose : j’en reconnaîtrais au moins deux, surtout s’ils étaient dans les mêmes
Jeudi dernier, environ pour coucher, le chien aboya dehors. René habits. Qui est tout ce qu’elle a dit savoir.
Senet tira le verrou de la porte pour l’ouvrir. La porte fut poussée en René Senet, âgé de 61 ans, fermier du ci-devant prieuré de Lisleau,
dedans par trois hommes. L’un d’eux avait à la main un couteau dont demeurant ci-devant au dit lieu, paroissse d’Angoulins, dit et
la lame parait cassée. Deux prirent chacun une chaise et en frappaient dépose que :
les gens de la maison. L’autre frappait René avec un bâton. J’en ai vu La nuit de la Saint Martin dernière, j’étais, ainsi que mon frère aîné,
un quatrième tirer la porte qu’il ferma à clef. Ils se sont fait donner couché dans la chambre haute. Mon frère voulu sortir sur le minuit. La
les clefs des armoires ne pouvant pas ouvrir un tiroir, l’ont brisé avec porte se trouva barrée par le dehors. En la secouant, la porte s’ouvrit.
une serpe qu’ils ont pris dans la chambre. Ils ont jeté par terre tout ce Nous vîmes qu’on l’avait barrée avec un tire fond auquel un bois était
qui était dans l’armoire, ont mis de l’argent dans leurs poches. Ils en attaché avec une corde. Nous trouvâmes aussi la chambre basse de
ont fait autant ayant ouvert un coffre. Baptiste, qui est imbécile, ayant derrière barrée. Mon frère Baptiste y couchait. Nous veillâmes et nous
tiré son couteau, ils le lui ont arraché et l’en ont frappé sur les mains. ne vîmes personne.
L’un d’eux a paru vouloir lui couper le cou lui tenant la tête. Le plus Un peu avant noël, dans la nuit, j’entendis mon frère Baptiste crier. Je
grand de tous a dit qu’il ne fallait pas faire de mal. Je n’ai point été me levai. Je vis que l’on avait disposé un bois pour barrer la porte de
frappée. Ils m’ont dit “n’ai pas peur ma petite fille tu n’auras pas de la chambre basse dans laquelle il couchait. Je tirai un coup de fusil. Je
mal”. Ils ont pris un gros morceau de lard cuit et des boudins. L’un ne vis rien et le lendemain notre chien se trouva mort.
des trois sorti et monté dans la chambre au dessus ayant fermé la porte Le jeudi 30 décembre dernier, nous étions tous dans la chambre basse
de celle où nous étions. Les deux qui étaient demeurés demandaient de devant. J’entendis les chiens aboyer, j’ai voulu sortir. Dès que j’ai
a celui ou ceux qui étaient en haut “avez vous bientôt fait”. Ils ne tiré le verrou, la porte fut poussée avec force au dedans. Trois ou
répondaient pas. L’un d’eux, qui était en bas, a dit qu’une fois il avait quatre hommes entrèrent. L’un me prit à la gorge. Il me dit qu’il fallait
trouvé beaucoup d’argent dans une paillasse. Ils sont sortis tous deux de l’argent. Il prend une chaise et m’en frappe en disant de ne pas crier
et ont emporté un tison avec deux chandelles et des allumettes. Ils et de m’asseoir. La porte fut fermée. Il y avait des voleurs dehors,
nous ont enfermés à clef. Je les ai entendu dans la chambre haute. ceux qui étaient dedans leur dirent de prendre garde à eux et de brûler
J’ajoute qu’avant qu’on leur eu donné les clefs j’entendis dire “il n’y la cervelle à ceux qui pourraient venir. Je fut tellement maltraité que
a qu’à faire brûler ce bourg là et les amarrer”. Ils avaient un bout je ne pus pas bien observer tout ce qui se passait. Ma mère, Baptiste,

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Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°2 Briand, D. / Transcription d’une affaire de vol à la ferme de Lileau

Pierre Micheau furent frappés. Je vis que les trois hommes ouvraient Je n’avais jamais vu ce tire-fond. Nous allumâmes de la lumière. Nous
les armoires avec des clefs. Ils forcèrent la serrure de deux tiroirs. Ils sortîmes avec des armes. La porte de la chambre basse où couchait
jetèrent par terre tout ce qui était dans les armoires et coffres et prirent Baptiste était barrée. Nous n’eûmes connaissance de rien autre chose.
tout l’argent, montant à deux trois quatre mille francs. Ils dirent qu’il Aux environs de Noël, sur le minuit, nous nous levâmes éveillés par le
devait y avoir plus d’argent que cela et qu’il fallait nous gavotter et chien qui poursuivait quelqu’un et le lendemain mon chien fut trouvé
nous faire brûler. Ils avaient des cordes à la main mais ils les jetèrent mort à quelque distance de chez moi.
par terre. Ils sortirent tous trois, emportant une chandelle allumée. Ils Le trente décembre dernier, un peu après le jour couché, mon frère
fermèrent la porte à clef. Je les entendis marcher dans la chambre au- René ouvrit la porte parce que nous entendions aboyer le chien. Trois
dessus, remuer et briser la serrure d’un coffre. Un ou deux, je ne me hommes entrèrent comme la foudre, fermèrent la porte. Elle fut fermée
rappelle pas bien, sont descendus et entrés dans la chambre ou nous à la clef par dehors. Ces trois hommes prirent des chaises et frappaient à
étions, ont pris un tison dans la cheminée et l’ont emporté et nous ont toutes mains. Baptiste ayant voulu se défendre, ayant tiré son couteau,
enfermé à la clef. Nous les avons entendus dans la chambre haute et un des voleurs lui tira le couteau de la main et Baptiste fut blessé
ensuite dans la chambre basse de derrière. Le bruit étant cessé depuis dans la main. Il reçu aussi des coups de couteau sur les mains. Les
quelques temps nous sentions la fumée et nous voyons tomber du voleurs se firent donner les clefs. Ils ouvrirent les armoires et coffres
feu à travers le plancher. J’ai sorti par une fenêtre, j’ai monté dans et forcèrent un tiroir dont on n’avait pas trouvé la clef. Ils jetèrent par
la chambre, j’ai vu le tison sur le plancher. Sur le tison étaient trois terre tous les linges et hardes et prirent environ quatre mille francs
mouchoirs et mon chapeau qui brûlaient, ainsi que le plancher, sans en argent et beaucoup de gros sous. Ils cherchaient l’escalier pour
flammes. J’ai demandé de l’eau. J’ai éteins le feu. J’ai trouvé tout monter dans la chambre au-dessus. Nous leur dîmes que l’escalier
bouleversé dans la chambre : deux coffres ouverts dont un avait la était dehors. Ils sortirent et nous renfermèrent à la clef. Ils avaient
serrure forcée. Dans la chambre basse de derrière, j’ai trouvé aussi tout emporté une chandelle allumée. L’un d’eux rentra bientôt après, prît
bouleversé : deux coffres ouverts mais sans avoir été forcés. On n’a un tison et des allumettes, sortit et nous renferma encore à clef. Je les
plus trouvé dans cette chambre les souliers de mon frère Baptiste mais entendis dans la chambre haute puis dans la chambre basse de derrière
on a trouvé des souliers que personne de la maison n’a connu : la boue où j’entendis compter l’argent. Enfin nous n’entendîmes plus rien. Au
qui les couvraient était toute fraîche. Dans cette chambre, on a prit une bout d’une heure nous sentions de plus en plus la fumée. Nous vîmes
fourche de fer à deux doigts et un pain de trente livres. On a cassé un tomber du feu à travers le plancher. René, Baptiste et Micheau sortirent
fusil. Dans la chambre haute, on a pris une fourche pareille à celle du par la fenêtre et firent éteindre le feu dans la chambre haute. Ce ne fût
bas. Dans cette chambre haute, il y avait deux fusils et deux dans la que longtemps après que je pus sortir de la chambre dont la porte
chambre basse. Tous ont été touchés et un seul cassé. Dans la chambre était fermée à clef. Il fallait lever la serrure et la clef n’a été trouvée
basse de devant, ils ont pris un morceau de cochon cuit appelé chapon. qu’après dans l’autre chambre. On a pris deux fourches de fer à deux
Je ne peux donner le signalement de ceux que j’ai vu tellement j’étais doigt, un gros morceaux de lard cuit dans la graisse, un pain de trente
troublé. livres, les souliers de Baptiste à la place de lesquels on en a laissé une
Louis Senet, âgé de 64 ans, fermier du ci-devant prieuré de Lileau, paire, un mouchoir de col à la servante, quelque peu d’argent dans la
ci-devant demeurant au dit lieu, paroisse d’Angoulins et à présent chambre haute et dans la chambre de derrière. Dans ces deux chambres
à Salles. Dit et dépose : tout avait été bouleversé et ouvert. Dans la chambre basse, on a cassé
Une nuit vers la saint Martin dernière je voulus sortir de la chambre un fusil. Des trois hommes que j’ai vu, l’un est haut de 5 pieds trois à
haute. Je ne pu ouvrir la porte. Je la secouais fortement, elle s’ouvrit quatre pouces. Il est fort, parait âgé de trente et quelques années, barbe
et je vis qu’elle avait été barrée par dehors avec un bâton attaché par rouge, grand nez, cheveux châtains. Je crois qu’il les porte ronds. Il
une petite corde à un tire-fond que l’on avait fait entrer dans la porte. était vêtu d’une grande redingote bleuâtre tirant sur le jaune, petite

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Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°2 Briand, D. / Transcription d’une affaire de vol à la ferme de Lileau

veste barrée bleu et blanc, grande culotte de coutil rayé bleu et blanc, par-dessus le mur en cassant des arbres en espaliers. Qui est tout ce
usée ; un autre d’environ quatre pieds et demi, trapu, cheveux châtains, qu’il a dit savoir.
visage rond, un peu marqué de petite vérole, vêtu d’une camisole Marguerite Barillon, veuve d’Etienne Bernard, âgée de 24 ans,
ronde et blanche et par dessous une autre camisole cotonnée rouge et aubergiste, demeurant chez son père à l’auberge de la Nation sur
bleue, culotte bleue bas à peu près noirs ; le troisième est petit avec de la grande route de La Rochelle à Rochefort paroisse d’Angoulins,
grosses joues. Je ne peux guère en dire d’avantage. dit et dépose :
Je n’ai aucune connaissance de ce qui s’est passé à la cabane de
LES TEMOINS Lisleau. Seulement, ma soeur Jeanne m’a dit tenir de la veuve Goubon
d’Angoulins que la nuit qui a suivi celle du vol de Lileau, un homme
Jean boutellier, âgé de 40 ans, saunier, demeurant au bourg avait frappé à sa porte, à trois heures après minuit, avait acheté du
d’Angoulins, dit et dépose n’avoir aucune connaissance des dits faits tabac et bu un coup d’eau de vie. Qu’il s’était assoupi et après s’être
que par la voie publique. Dit de plus que dans la nuit dernière nuit de éveillé, demandé l’heure qu’il était, que cette femme lui ayant dit qu’il
décembre, entre dix et onze heures, on frappa trois coups à la porte était trois heures il avait dit il est temps que j’aille éveiller mon monde
de derrière de ma maison. Le dernier aussi fort que si l’on eût voulu pour faire le coup. Que la veuve Goubon lui ayant demandé ce que
enfoncer cette porte. Je me levai. Je sortis par la porte de devant. Je cela voulait dire. Il avait répondu que sa femme en mourant lui avait
parlai. Je ne vis rien et n’entendis rien. Je ne fus point derrière ma demandé comment il ferait pour vivre. Qu’il avait répondu qu’il avait
maison. un bon métier et qu’il gagnait plus de nuit que de jour. Dit de plus,
Pierre Métayer, âgé de 23 ans, employé dans les fermes de la ma soeur m’a dit tenir de la veuve Goubon que cet homme avait deux
Nation, demeurant au bourg d’Angoulins, dit et dépose : n’avoir chaines de montre quoi qu’il fut médiocrement vêtu. Qui est tout ce
aucune connaissance des dits faits que par la voie publique. Dit de qu’elle a dit savoir.
plus, le vol de la maison de Lisleau avait été fait la nuit du trente au Jeanne Robert, femme d’André Barillon, meunier, âgée de 52 ans,
trente et un décembre dernier et je me rendais le dit jour trente un, demeurant au moulin de Cramahé paroisse de Salles, dit :
du moulin de Saint-Jean à Angoulins, entre dix et onze heure du soir. Je n’ai aucune connaissance de ce qu’il s’est passé à L’isleau que par
Étant sur les sables, je vis trois hommes couchés. L’un d’eux se leva la voie publique. Mais le trois janvier dernier, sur les deux heures après
et vint à ma rencontre. Je sautais trois pas en arrière et mis mon fusil midi, il se présente, à ma porte, deux hommes qui me demandent si
sur mon bras. Cet homme s’arrêta. Voyant qu’il n’avançait pas je dis: j’avais du vin à vendre en gros. Je leur dis que non. L’un d’eux était
“bonsoir messieurs”. Je fis un détour et je continuais mon chemin. grand, ses cheveux attachés et noirs, redingote grise, usée, ayant des
Cet homme se coucha et je les entendis parler ensemble. Il faisait très bottes. L’autre était petit, ayant de la cire aux yeux, cheveux noirs
noir. Cependant, comme l’homme dont j’ai parlé n’était pas à dix pas attachés, vêtu comme l’autre et ayant des bottes ainsi que lui. Ils
de moi, j’observais qu’il était de taille d’environ cinq pieds cinq à six étaient à pied et firent route vers La Rochelle. J’ai su depuis, par
pouces, qu’il avait un grand chapeau rabattu, une redingote longue qui Daniaud, tonnelier, lequel était alors chez moi, qu’ayant dit à la
m’a parue grise, de grandes culottes qui m’ont paru blanchâtres. J’ai servante de la maison de Lisleau qu’il avait vu ces deux hommes et les
distingué un de ceux qui étaient couchés. Il m’a paru vêtu en matelot lui ayant dépeint elle avait dit que le grand était très certainement un
et avoir un gilet blanchâtre, un chapeau à petit bords rabattu à forme des voleurs de Lisleau qui est tout ce qu’elle a dit savoir.
haute. Je n’ai pas pu distinguer le troisième homme. Dans la même Michel Jean, âgé de trente deux ans, régisseur de la maison de
nuit, à deux heures du matin, il est venu des gens qui ont passé par- Cramahé, y demeurant, paroisse de Salles, dit et dépose :
dessus le mur de la maison dans laquelle je loge. Le Sieur Guerry, Je n’ai aucune connaissance que par la voie publique des faits portés
propriétaire de la maison, s’étant éveillé au bruit, ces gens ont repassé par les procès verbaux, mais environ quinze jours avant le vol de

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Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°2 Briand, D. / Transcription d’une affaire de vol à la ferme de Lileau

Lisleau, j’appris que l’on avait fait une tentative sur cette maison donnai à Ratineau, pour sa journée, quinze sous que Coupeau m’avait
pendant la nuit. J’y fut et les frères Senet me dirent ce qu’était arrivé et donné pour lui. Ratineau me dit qu’il ne fallait pas que cela me gênât et
m’ajoutèrent qu’ils n’avaient pas vu leur chien depuis. En m’en allant qu’actuellement il ne manquait pas d’argent. Ce soir là, j’appris le vol
je trouvais, à une demi portée de fusil de leur maison, ce chien qui qui avait été fait à Lisleau la nuit précédente. Samedi dernier, Ratineau
était mort. Je ne vis point qu’il eut de blessures. Qui est tout ce qu’il vînt chez moi et me proposa d’aller faire la contrebande de tabac. Je
a dit savoir. lui dit que j’en avait acheté dernièrement pour une centaine de francs,
François Guerry, âgé de 36 ans, marchand bouilleur, demeurant que je l’avais donné à crédit et que je n’avais pas d’argent pour faire
au bourg d’Angoulins, dit et dépose : ce commerce. Ratineau me dit qu’il en avait à mon service. Je lui dit
Je n’ai aucune connaissance des dits faits, mais deux ou trois jours “comment cela se peut-il, il y a peu de jours, vous n’aviez pas de pain,
après le vol fait à Lileau, quelques personnes me dirent avoir vu à mon je vous en donnai quatre livres par charité ?” Il me répondit “que
mur, des traces de gens que l’on présumaient y avoir passé. Je n’ai pas cela ne vous inquiètes pas, j’ai de l’argent pour vous et pour moi».
eu la curiosité d’y regarder. Qui est tout ce qu’il a dit savoir. Je me retirerais, quelques moments, pour réfléchir. Enfin, pour savoir
François Neau, âgé de 47 ans, tonnelier, demeurant au bourg de s’il avait de l’argent, je lui dis que j’acceptais son offre. Le lendemain
Salles, dit et dépose : matin, il vînt chez moi nous partîmes tous deux. Il me conduisit chez
Je n’ai connaissance de ce qui s’est passé à la maison de Lisleau que différents marchands. Je feignis toujours de ne pas trouver le tabac
pour l’avoir ouïe dire, mais six ou sept jours avant le vol fait à cette convenable. À la fin, Ratineau me donna onze écus de trois livres et
maison, j’étais dans une des rues de Salles avec Martial Ratineau, me dit d’en aller chercher où je voudrais. Il garda bien environ quinze
vigneron, demeurant au dit bourg. Il me parla de sa misère et me écus. Il avait son argent dans une bourse de cuir, fermant à coulisse et
dit que s’il trouvait quelqu’un pour s’associer, il irait chez les Senet ils étaient en écus de six livres et de trois livres. Nous nous rejoignîmes
prendre de l’argent. Qu’il y en avait beaucoup chez eux et que même dans un cabaret de cette ville, près St-Sauveur. Ratineau était avec un
ils iraient au Roulet et se feraient donner de l’argent par force. Je lui portefaix que je ne connais pas. Je causais avec un homme de cette ville
dit qu’il valait mieux mendier et nous nous séparâmes. La nuit du vol que je connais sans savoir le nom. Ratineau coupait du pain avec mon
fait à Lisleau, j’étais à la fenêtre de ma chambre haute, le contrevent couteau. Le portefaix lui dit “que ne te sers tu de ton grand couteau
était ouvert. Sur les quatre heures du matin, il ne faisait pas noir. Je ?”. Il dit cela a demie voix. Ratineau lui répondit du même ton que cela
vis arriver trois hommes qui paraissaient venir du côté du Roulet. Je lui commodait à le porter au loin. Le portefaix lui dit, toujours à demie
connu, à la voix et à la figure, Ratineau, dont j’ai parlé, Denis Beau voix, qu’il fallait le mettre dans sa gaine, le placer sous la ceinture de
et le nommé Lambert qui a été dans les prisons de cette ville sept à la culotte et recouvrir avec l’habit, comme il avait lui même coutume
huit mois sur une accusation de vol. Ils s’arrêtèrent, tout près de ma de faire. Un homme, qui était dans le cabaret, voulant payer son écot,
fenêtre, sans me voir. Ratineau dit, “si j’étais sûr que le Nantais ne tira au moins vingt écus de six francs. Ratineau se penchant vers le
fut pas couché nous retournerions le reprendre”. Ce nantais est un portefaix, lui dit : “si nous le tenions au pairé de Saint-Mathurin les
homme du bourg. Il est natif de Nantes et je ne lui connais pas d’autre coups de bâtons ne seraient pas rares, et il y aurait de quoi acheter
nom. Ils se séparèrent, prenant chacun le chemin de chez eux. À six du pain”. Nous partîmes et nous rendîmes à Salles avec d’autres
heures ou six heures et demi, Ratineau vînt chez moi et me dit que s’il habitants. Je lui remis son argent. Depuis ce temps, Ratineau achète
avait du pain il viendrait travailler avec moi. Il savait que je devait toujours du pain de minot. Le portefaix est un homme de cinquante et
aller travailler au fossé pour le nommé Coupeau. Je lui dit qu’il aurait quelques année, taille de cinq pieds, un peu courbé, mal vêtu, cheveux
dû y songer plus matin et aller chercher du pain. Il me dit qu’il n’avait noirs et courts grisonnant, visage étroit, pas gros de corps. Qui est tout
pas dormi de toute la nuit et qu’il aurait mieux aimé se reposer. Je lui ce qu’il a dit savoir.
donnai quatre livres de pain et il vînt travailler avec moi. Le soir, je

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LES GRAFFITI RELEVÉS
PAR LUC BUCHERIE
ET PRÉSENTS DANS SA
BIBLIOGRAPHIE
par Denis Briand

La rédaction d’un document intitulé “Graffiti à Angoulins/mer :


essai d’inventaire et biais d’introductions vers une glyptographie
angoulinoise” nous a sérieusement mobilisé autour de la question de la
quantification mais aussi de la compréhension du fait glyptographique
à Angoulins.
Concernant cet effort, il faut avouer que les travaux de Luc Bucherie
sont particulièrement précieux et ce à double titre : outre l’apport
cognitif transversal que constituent les analyses de l’auteur en tant
qu’éléments de comparaison pour la rédaction de la partie raisonnée
de notre dossier, ce sont aussi les relevés de l’érudit lui même
(prospection autour de La Rochelle et notamment à Angoulins entre les
années 1973 et 1976) qui enrichissent le corpus de notre document.
Pour saisir cet apport, la présente note a pour objet de tenter :
- d’une part, la publication de toutes les occurrences glyptographiques
inventées par Luc Bucherie à Angoulins et que j’ai reproduites à la
plume numérique. Elles sont issues des planches d’une thèse, soutenue
en 1982 et intitulée Graffiti, mise en scène des pouvoirs et histoire des
mentalités. Elles concernent les relevés effectués au moulin du Pont
de la Pierre, sur l’église St-Pierre-ès-liens ainsi que, pour un cas, dans
une rue du bourg.
- d’autre part, de lister, simplement, les articles de Luc Bucherie dans

15
Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°2 Briand, D. / Les graffiti relevés par Luc Bucherie etc...

lesquels les graffiti angoulinois historient les propos de l’auteur. Nous


permettrons ainsi d’isoler, parmi la vaste bibliographie de l’érudit, les
notices intéressant l’historien angoulinois. Bien souvent, les graffiti
figurent aussi comme illustrations de la partie textuelle. Nous mettrons
donc aussi en rapport cet usage avec les planches que nous donnons
ici, et ce à fin de repérér quel emploi est privilégié par l’auteur.

A. PLANCHES

Mise en garde.
Avant de les présenter, il est a noter que les dessins figurant aux pages
suivantes ne correspondent pas “parfaitement” aux relevés de Luc
Bucherie. Il est vrai, en effet, que lors de leur reproduction numérique,
quelques très légères dissemblances sont apparues, notament dans les
épaisseurs des traits.
Tous ces écarts sont moindre et doivent être relativisés, car à l’instar
du risque interprétatif de la glyptographie - cf la problématique de fig.1 : graffito d’une rue fig. 3 : graffito n°2 du relevé de
«l’interprétation» du chercheur par rapport au graffito in situ, sujet d’Angoulins l’église St-Pierre d’Angoulins
développé par Serge Ramond in «Le faux dans l’archéologie du trait
glyptographique»- Luc Bucherie nous rappelle que dans nombre de
cas, un trait en moins ou en plus ne change pas fondamentalement
l’intention du scripteur originel et surtout la signification du graffito.
Remarquons, de plus, que les graffiti donnés infra ont une
numérotation propre indépendante de celle employée dans la thèse de
Luc Bucherie.
Pour ceux qui souhaiteraient établir ce parallèle rappelons rapidement
pour mémoire la numérotation de l’auteur :
- Planche LXXIX fig. 2 (rue)
- Planche LXXIX fig. 3 à 11 (église)
- Planches LXXX fig. 1 à 6 & LXXXI fig. 1 à 7 (moulin du Pont de
la Pierre).

fig. 4 : graffito n°3 du relevé de fig. 2 : graffito n°1 du relevé de


l’église St-Pierre d’Angoulins l’église St-Pierre d’Angoulins

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Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°2 Briand, D. / Les graffiti relevés par Luc Bucherie etc...

fig. 5 : graffito n°5 du relevé de fig. 11 : graffito n°1 du relevé du


l’église St-Pierre d’Angoulins moulin du pont de la pierre.

fig. 6 : graffito n°6 du relevé de


l’église St-Pierre d’Angoulins

fig. 7 : graffito n°7 du relevé de


l’église St-Pierre d’Angoulins

fig. 12 : graffito n°2 du relevé


du moulin du pont de la pierre.
fig. 8 : graffito n°4 du relevé de
l’église St-Pierre d’Angoulins

fig. 13 : graffito n°3 du relevé du


moulin du pont de la pierre.

fig. 9 : graffito n°8 du relevé de


l’église St-Pierre d’Angoulins

fig. 14 : graffito n°4


fig. 10 : graffito n°9 du relevé de du relevé du moulin
l’église St-Pierre d’Angoulins du pont de la pierre.

18 19
Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°2 Briand, D. / Les graffiti relevés par Luc Bucherie etc...

fig. 19 : graffito n°12


du relevé du moulin du
fig. 15 : graffito n°5 du
pont de la pierre.
relevé du moulin du pont de
la pierre.

fig. 16 : graffito n°6 fig. 20 : graffito n°13


du relevé du moulin du pont de la du relevé du moulin
pierre. du pont de la pierre.

fig. 17 : graffito n°7


du relevé du moulin
du pont de la pierre.

fig. 18 : graffito n°8 fig. 21 : graffito n°9 fig. 22 : graffito n°11


du relevé du moulin du relevé du moulin du relevé du moulin
du pont de la pierre. du pont de la pierre. du pont de la pierre.

20 21
Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°2 Briand, D. / Les graffiti relevés par Luc Bucherie etc...

fig. 23 : graffito n°10 du des sites : Angoulins : église, moulin du pont de la Pierre et
relevé du moulin du pont divers. Correspond l’illustration citée dans la liste p. 93 à la ligne
de la pierre. “1.Angoulins/mer divers” (Ce graffito correspond à rue 1)
- Graffiti et histoire des mentalités - Genèse d’une recherche, in
Antropologia Alpina Annual Report 2, pp. 41-64, Torino 1992.
p. 52 : Illustration du texte avec un graffito du moulin du pont de la
Pierre (mdpdlp 10)
- Panorama des graffiti maritimes des côtes du Ponant, in Actes du
VIIe colloque international de glyptographie de Rochefort/mer, tome
II, 3-8 juillet 1990, 1991.
p. 118 : la mention suivante : un site moins connu comme Angoulins
(moulin du Pont de la Pierre)
p. 136 : fig. 1, légendée “Angoulins/mer (Charente-Maritime), Moulin
du Pont de la Pierre”. Ce graffito correspond à mdpdlp 4.
- Panorama des graffiti de navires du Ponant et de la Méditerranée
Parmi la sélection de graffiti de navire le numéro 1 légendé “Vaisseau
XVIIe siècle - Angoulins/mer, Moulin du Pont de la Pierre relevé L.
Bucherie correspond au graffito mdpdlp 4.
- Graffiti des moulins d’Aunis in Le Collibert n°1, Juillet-août 1981,
pp.48-51.
Dans le paragraphe traitant des représentations humaines Luc
Bucherie indique “En ce domaine, la figuration d’Henri IV au moulin
du Pont de la Pierre où le passage du roi est attesté par la tradition et
la chronique de l’époque reste exceptionnelle”. Mention illustrée par
B. Liste des mentions des graffiti d’Angoulins dans les articles de mdpdlp 10.
L. Bucherie - Catalogue de l’exposition « Graffiti de gens de mer en Aunis XVIe
- XVIIIe siècles » Figures 61 à 64 à Angoulins/mer. (Nota : Cette
- Graffiti des anciens moulins à vent d’Aunis et Saintonge : les lieux, numérotation ne convient pas aux illustrations. La liste devrait porter
les hommes et les thèmes. Extrait des Actes du Colloque International ces chiffres 60 à 63)
de glyptographie de Cambrai, 14-16 sept. 1984, 1985. Planches : 60- Petit navire (Milieu du XVIIe siècle - 20x17 - Moulin du Pont de la
p. 190 : Moulin du Pont de la Pierre fig. 1 à 3 (Ces trois graffiti Pierre, porte Sud). Ce graffito correspond à mdpdlp 2.
correspondent respectivement à mdpdlp 11, 12 et 10). 61 - Vaisseau armé (fin du XVIe siècle - début du XVIIe siècle - 50 x32
p. 193 : Moulin du Pont de la Pierre fig. 1 à 4 (Ces quatre graffiti - Moulin du Pont de la Pierre, porte Nord). Ce graffito correspond à
correspondent respectivement à mdpdlp 4, 1, 3 et 7). mdpdlp 4.
- Glyptographie santonne et aunisienne : état des recherches, in 62 - Petit navire (milieu du XVIIe siècle - 23 x 16 - Moulin du Pont de
Actes du VIe Colloque international de glyptographie de Samoëns, 5 la Pierre, porte Nord). Ce graffito correspond à mdpdlp 3.
au 10 juillet 1988, 1989. 63 - Petit navire (milieu du XVIIe siècle - 17 x 13 - Moulin du Pont de
p.86 Corpus des graffiti de la Charente-Maritime : pré-inventaire la Pierre, porte Nord). Ce graffito correspond à mdpdlp 6.

22 23
UNE NAVETTE À FILET
GALLO-ROMAINE
TROUVÉE À LA MANON
par Denis Briand et Michaël Brunet.

La découverte

Dans le milieu des années 1980, sur son terrain au lieu-dit La Manon,
à Angoulins/mer, M. Robert Cassagnes mit au jour, fortuitement,
divers objets ainsi que quelques monnaies gallo-romaines. Sans
porter plus d’intérêt à ces découvertes, celles-ci furent, tout de même,
précieusement conservées, puisque l’une d’elles - une tête de lion de
belle facture - retint particulièrement son attention.
Quelques vingt années plus tard, alors que je m’attelais à la rédaction
d’un article destiné à une publication grand public (1), M. Robert
Cassagnes me fit part de ses trouvailles.
Connaissant fort bien le contexte antique du secteur de la découverte,
pour avoir consulté et alimenté la carte archéologique de cette zone,
je me penchais aussitôt avec un très grand intérêt sur l’une de ces
occurrences, une petite tige pliée, en alliage cuivreux (bronze ?), de
section circulaire, terminée à chaque bout par une extrémité refendue
en une sorte de petite fourche à deux dents (cf en fig.1, dessin donné
par Michaël Brunet (2)).
Imaginant la forme développée d’une longueur de 15,2 cm,
j’interprétais très vite l’objet comme une navette à filet gallo-romaine,
analogue à celle que j’avais pu croiser dans une note de Philippe
Duprat publiée dans Roccafortis (3). Soumettant, sans tarder, l’objet à

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Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°2 Briand, D. - Brunet, M. / Une navette à filet gallo-romaine trouvée à La Manon

l’érudition de Michel Feugère (CNRS), spécialiste de l’instrumentum


gallo-romain, j’eus la confirmation formelle de mon idée :

La navette à filet, un objet rare mais « de type normalisé »

A son sujet, le chercheur m’apprit que cette aiguille fut, sans nul
doute, utilisée pour fabriquer ou réparer les filets de pêche. Rapportée
en contexte antique, elle répond, nous précise l’érudit, à une même
typologie. Et de me joindre un précieux article extrait de sa vaste
bibliographie (4) :
Cette étude (et notamment la partie sur les instruments de chasse, de
pêche et d‘agriculture avec en particulier l’inventaire, la liste et la
carte de répartition des navettes à filet en France, qu’il propose avec
Pierre Abauzit) est, à ce jour, la monographie de référence de ces
objets. C’est, en effet, l’un des rares documents réellement à même de
nous renseigner sur ce type de mobilier.
Nous y apprenons, entre autres, que cet objet est presque
invariablement fait en bronze (sauf en de très rares exceptions, où on
le rencontre en fer).
Il y est décrit comme une simple tige, longue de 12 à 20 cm environ,
terminée à chaque extrémité par une sorte de fourche aux dents plus
ou moins resserrées. La caractéristique de tous ces objets est que les fig. 1 (ci-dessus) :
deux extrémités se présentent sur des plans perpendiculaires. On les La navette à filet de La Manon telle
identifie en effet comme des navettes autour desquelles s’enroule le qu’elle nous est parvenue.
fil pour réparer un filet; la rotation d’un quart de tour entre chaque (Dessin de M. Brunet).
passage de la fourche assurait à la bobine ainsi constituée une forme
régulière. fig. 2 (ci-contre) :
Restitution de la forme originelle
En considération de cette typologie, nous remarquons qu’en plus supposée de la navette
d’avoir eu ses deux fourches écrasées, notre exemplaire a subi deux (Dessin de M. Brunet).
déformations : à la fois une altération de l’axe des fourches mais aussi
une courbure de la tige, dont la cause demeure indéterminée mais
témoigne, vraisemblablement, d’un usage secondaire pour lequel
quelqu’un aura détourné la fonction première de l’objet.

Michaël Brunet nous propose (cf page ci-contre, fig. 2) une restitution
de la forme originelle supposée.
5 cm

26 27
Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°2 Briand, D. - Brunet, M. / Une navette à filet gallo-romaine trouvée à La Manon

Remarques de découvertes déclarées en contexte de fouilles qu’à l’indigence de


l’artisanat régional en matière de navettes en bronze.
Parmi les observations portées par Michel Feugère et son collaborateur Enfin, rappellons que Michel Feugère nous apprend que ce type
Pierre Abauzit dans leur étude, un doute est porté sur la destination d’instrument quand il est en bronze “apparait dans le courant du Ier
de pêche des filets concernés par ces navettes. Si aucun mobilier siècle avant notre ère et évoque une importation italique”. Ce constat
associé ne peux le confirmer à Angoulins, la proximité immédiate nous renseigne sur l’antiquité probable de notre objet, datation qui
du littoral semble toutefois être l’argument de poids qui fait pencher nous avait été, largement suggéré par les données contextuelles du site
l’interprétation en faveur d’un usage en lien avec une problématique de La Manon et par les monnaies voisinant la découverte.
halieutique.
A l’instar de Philippe Duprat dans son article, notons avec intérêt que Aujourd’hui conservée par Yasmine Vergne-Labrousse (7) animatrice
la carte de répartition des navettes à filet en France met en évidence ce du patrimoine à Allassac (Corrèze), la navette devrait revenir, à son
que Pierre Abauzit nomme un vide intriguant se dessinant sur presque initiative, dans notre région, puisque l’instrument fait actuellement
toute la Gaule occidentale. l’objet d’une procédure de don à fin d’être reversée, in fine, à un
Il faut savoir au sujet de la façade atlantique, que la liste accompagant musée local.
la cartographie de cette répartition dénombre seulement deux La navette à filet en bronze est un outillage rare avec sa quarantaine
exemplaires publiés : de cas publiés en France. Avec cette découverte, l’exemplaire de La
- un premier à Plonévez-Porzay (Bretagne), Kervel-Kergoasguen Manon, constitue donc un très précieux document attestant, de plus,
(Sanquer 1975, 351, fig. 21, 3 ; d’une longueur d’env.165 mm) d’une activité de pêche au filet sur le littoral angoulinois, à l’époque
- et un autre à Saintes (Charente-Maritime) (5) (signalé par G. Roche- gallo-romaine.
Bernard et Guy Vienne). __________
Postérieurement à cet inventaire, deux nouveaux exemplaires sont
ajoutés : (1) cf Traces gallo-romaines in Denis Briand Angoulins Châtelaillon,
- Philippe Duprat rapporte donc une navette à filet, trouvée en 1973 Traces et vestiges du passé, Expression-Hist La Rochelle 2006.
à Saint-Agnant sur le site gallo-romain dit du Châtelet (Charente- (2) Michaël Brunet, dessinateur et consultant en archéologie - 6, rue de
Maritime) (6) et signale une autre mise au jour sur le site de la villa la Coudre 21270 Perrigny-sur-L’Ognon.
gallo-romaine des chapelles à Port des Barques (fouilles de 1999). (3) Philippe Duprat, La navette à filet gallo-romaine du Châtelet
Aujourd’hui, avec la notre, ce ne sont que cinq navettes (quatre (Saint-Agnant), in Roccafortis, 3e série, III, n°18, sept. 1996, p.66.
seulement sur le littoral atlantique) qui ont été mises au jour dans article disponible en ligne à l’adresse suivante : http://seucaj.ifrance.com/
l’Ouest de la Gaule romaine et publiées. navette. htm
Lors de la réalisation de cette cartographie, Pierre Abauzit et Michel (4) Michel Feugère, Pierre Abauzit, Les navettes à filet en France,
Feugère s’interrogeaient sur cette répartition inégale et lacunaire. Ces in M. Py (dir.), Recherches sur l ‘économie vivrière des Lattarenses
deux auteurs en venaient même à se demander si celle-ci pouvait (Lattara V), Lattes 1992, pp.144-145.
s’expliquer en raison d’un type de navette différent, fait d’un matériau (5) Guy Vienne, Le canal de dérivation à Saintes, in Recherches
périssable par exemple. Aujourd’hui, la question d’une culture archéologiques en Saintonge, 1993, pp.107-108, CD 409
régionale autre semble s’évanouir à la lumière de ces nouvelles mises (6) Camille Gabet et Paul David, Le site gallo-romain du Châtelet,
au jour : il semblerait effectivement que notre mise au jour, ainsi que SGR, 1973.
celles de Philippe Duprat, commencent à documenter et à combler les (7) que nous remercions pour l’aide qu’elle nous a volontiers accordée
lacunes cognitives. Ces dernières tiendraient donc plus au manque à diverses reprises.

28 29
UNE PINCE À ÉPILER
GALLO-ROMAINE ?
par Denis Briand et Michaël Brunet.

Cette pince à épiler fut trouvée par Robert Cassagnes, hors stratigraphie,
mais en contexte gallo-romain, et à proximité de mobilier identifié
pour cette période. Son antiquité peut être confirmée par comparaison
d’avec les corpus de Bertrand ou de Riha :
Isabelle Bertrand figure, en effet, un modèle identique trouvé à
Poitiers et en contexte (II-IVe S.) rue St Germain, au n°2, planche
XXVIII, p.113, de son travail de 2003 sur les Objets de parure et de
soins du corps d’époque romaine dans l’Est picton. Nous y lisons : “les
pinces à épiler antiques sont proches de celles que nous connaissons
aujourd’hui : tige en alliage cuivreux plates, aux extrémités courbées
vers l’intérieur, le sommet est simple,
parfois galbé. Deux modèles reconnus
par E. Riha sont également en usage dans
notre région, ce sont des pinces ornées
d’un ressaut ou de rainures (Riha, Pinzette
F) longues de 90,4 à 95mm, ou de simples
tiges recourbées dont le sommet forme
une boucle (Riha, Pinzette G), longues
de 40,9 à 68 mm.” C’est ce dernier type
qui nous intéresse : dans le Riha, on
remarque, p.128 (Tafel 13) ce fameux
type “Pinzette G”, dont une variante, la
n°106, est en tous points semblable à la
notre quoiqu’un peu plus longue (6,3 cm
contre 5,6 cm dans notre cas).

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PNPSHA n°2, deuxième trimestre 2007

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