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Résumé
REB 40 1982 France p. 157-170
J. Darrouzes, Notes inédites de transferts épiscopaux. — A la fin d'un opuscule banal, le Bodleianus Roe 18 contient en
supplément quelques notes concernant les sièges de Nyssa, Arkadioupolis, Argos et Pyrgion, leur promotion sous Isaac II et la
rétrogradation de Pyrgion sous Théodore Ier Laskaris, d'Argos sous Alexis III ; ces notes apportent quelques renseignements
inédits très utiles pour la critique de la notice des métropoles de la fin du 12e siècle.
Darrouzès Jean. Notes inédites de transferts épiscopaux. In: Revue des études byzantines, tome 40, 1982. pp. 157-170.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1982_num_40_1_2135
NOTES INÉDITES
DE TRANSFERTS ÉPISCOPAUX
Jean DARROUZÈS
2. PG 104, 1219 s.
3. Regestes, n° 1184.
4. Notitiae, p. 313, 353 ; pour la notifia, le Bodleianus est de même famille que Sinaiticus
1795, Dionysiou 120, S. Sabbas 225, qui ont aussi l'opuscule des transferts, mais dans une
recension différente. Les compilateurs peuvent changer de modèle d'une partie à l'autre ;
ces manuscrits sont très volumineux, sauf celui de Jérusalem qui n'a pas 200 folios.
5. PG 146, 1197 ; après le règne d'Isaac Angélos, l'historien passe directement aux
transferts de la seconde moitié du 13e siècle : Nicéphore d'Ephèse et Germain d'Andri-
nople, devenus patriarches.
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f. 105v ΈπΙ της βασιλείας Ίσαακίου του 'Αγγέλου ψήφω κοινή της συνόδου
τω Νύσσης Γρηγορίω εδόθη κατ' έπίδοσιν ή Άρκαδιούπολις, ώς κοινής
της εκκλησίας υπό τόν Βουλγαρίας τέως γεγονυίας Ίωάννην.
Έπί της αυτής βασιλείας ό 'Ιεροσολύμων Δοσίθεος ό λατινογενής μετετέθη
5 εις το πατριαρχεΐον Κωνσταντινουπόλεως, ώς τηνικαΰτα σχολάζων και
αυτός δια τό τα 'Ιεροσόλυμα υπό τους Λατίνους, μάλλον δε υπό τους
Σαρακηνούς, γενέσθαι' πλην του τοιούτου πατριαρχείου πάλιν κατεβιβάσθη,
έκπεσών και του των 'Ιεροσολύμων δια πολλά μάλιστα ετέρα αίτιάματα.
f. 106 Παρά του αύτοΰ βασιλέως Ίσαακίου έτιμήθη ό "Αργούς επίσκοπος
10 μητροπολίτης καΐ μετ' αυτόν βασιλεύσας ο αύτάδελφος αύτοΰ 'Αλέξιος
κατήνεγκε τόν μητροπολίτην πάλιν εις έπίσκοπον, της συνόδου άμφοτέροις
συμπραξάσης.
Έπί της βασιλείας κυροΰ Θεοδώρου του Λάσκαρι τό Πυργίον, τό άπό
της επισκοπής φθάσαν τιμηθήναι εις μητρόπολιν έπί Ίσαακίου του 'Αγγέλου,
15 αΰθις εις έπισκοπήν κατηνέχθη.
Έπί τής αυτής βασιλείας πολλοί μητροπολΐται δυτικοί και έτεροι, δια
την τηνικαυτα έπικράτειαν τών Λατίνων έξελαθέντες των οικείων εκκλησιών,
εγκατέστησαν ψήφω και τής συνόδου προσκαίρως χηρευούσαις μητροπόλεσι
κατά Άνατολήν και έπισκοπαΐς.
20 Έπί τής αυτής βασιλείας κατά τήν μεγαλόπολιν Νίκαιαν άθροισθεΐσα
σύνοδος διαφόρων αρχιερέων επιτροπή εγγράφω του πατριάρχου 'Ιωάννου
του Καματηροΰ, τηνικαυτα παροικοΰντός που τής δυσμικής Θράκης και μή
δυναμένου διαβήναι εις Νίκαιαν δια τήν τών Λατίνων δυναστείαν, έψηφίσατο
και έχειροτόνησε πολλούς εις εκκλησίας άσιανας χηρεύουσας αρχιερέων.
Traduction
Sous le règne de Théodore Laskaris, Pyrgion, qui venait d'être promu du rang
d'évêché à celui de métropole sous Isaac Angélos, fut ramené de nouveau au
rang d'évêché.
Sous le même règne, beaucoup de métropolites occidentaux ou autres, chassés
de leur propre diocèse par la domination latine de l'époque, furent établis par
vote aussi du synode dans des métropoles vacantes à l'occasion en Anatolie et
dans des évêchés.
Sous le même règne un synode de divers évêques réuni à la capitale, Nicée,
par ordre écrit du patriarche Jean Kamatèros, émigré à ce moment quelque part
en Thrace occidentale et empêché de passer à Nicée à cause de la domination
des Latins, élut et ordonna beaucoup de candidats pour les diocèses d'Asie privés
d'évêques.
1. Nyssa et Arkadioupolis
Ν AB W (14e s.)
La finale de la notice, à la fin du 12e siècle, contient les quatre noms cités
dans les notes : Nyssa (Nysos), Arkadioupolis, Pyrgion et Argos. Du
moment que Ν commence seul par la séquence juste à la fin du règne de
Manuel Comnène (82-84, Milètos, Sèlybria, Apros)8, on peut penser que
ce témoin conserve l'ordre historique exact jusqu'à 89, Argos (promu en
1189)9 ; Arkadioupolis est plus bas dans AB, mais toujours avant Argos,
qui semble donc tenir une position significative, qui indique peut-être
la fin des fondations d'Isaac II Angélos. Comme il n'y a pas de témoignage
extérieur indubitable, l'ordre historique reste un peu incertain ; mais cette
finale marque un tournant dans la tradition des listes, parce que, à partir
7. Notitiae, p. 382-383 (not. 15), 401 (not. 17), 407 (not. 18). Le numéro des sièges
dans le tableau est le numéro d'ordre dans la notice, non le numéro de ligne.
8. On constate que le nom d'Apros est instable déjà dans des copies de la notice 15 :
Notitiae, p. 162, variantes de la place d'Apros, correcte seulement dans la première
colonne (manuscrit N).
9. Sur cette date voir note 13.
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13. Les manuscrits les plus importants de la recension adoptent une date erronée,
6597 au lieu de 6697 (1089 au lieu de 1189) : Notitiae, p. 323448 (apparat) ; le seul
manuscrit où j'ai trouvé la date exacte est Marcianus III 5 (c7). La date fausse se propage
dans des notices brèves : P. Schreiner, Chronica byzantina minora, I, Vienne 1975,
p. 229, 249 (PG 157, 1167) ; le rédacteur de cette note brève dit qu 'Argos fut à sa création
au 88e rang, puis ramené au 107e, ce qui indique la source utilisée (notice 1710S : Notitiae,
p. 401) et une date tardive de rédaction.
14. Notitiae, p. 112.
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Regesten15, il n'y eut pas à cette date de publication d'une taxis des évêchés.
Bien qu'elle ne soit pas confirmée par d'autres sources, la date doit être
authentique. Dans cette hypothèse, comme Argos tient la queue de la liste
dans les manuscrits significatifs de la notice 15 (N et AB, voir le tableau
ci-dessus), toutes les autres promotions entre Apros (n° 84) et Argos doivent
être considérées comme antérieures. Il reste cependant un doute, puisque
l'ordre des principaux témoins n'est pas concordant ; il se pourrait donc
que le nom même d'Argos ne soit pas exactement à sa place chronologique ;
cela ne fait pas un grand écart jusqu'à la fin du règne d'Isaac II, mais il
peut être gênant lorsqu'on a besoin d'une date précise.
La seconde partie de la note du Bodleianus apporte un renseignement
inédit concernant Argos : sa rétrogradation sous Alexis III, le frère d'Isaac,
donc entre 1195 et 1203. C'est là un fait extrêmement rare, qui ne recevrait
une entière explication qu'à la lecture des actes ; il n'y a pas d'exemple,
en effet, avant cette date, qu'un empereur ait rétrogradé une métropole.
L'affaire de l'archevêché de Rhizaion, créé par Germain Ier, dura plusieurs
siècles16. En 1084, lorsque des métropolites réclamèrent la suppression
de métropoles nouvelles créées à leurs dépens (Basilaion, Madytos,Lacédé-
mone, respectivement évêchés d'Ankyra, Hérakleia et Patrai)17, l'empereur
fit la sourde oreille et maintint ces promotions. Le seul résultat qu'obtinrent
les mécontents fut que le mouvement de promotions fut arrêté et que
quatre métropoles nouvelles seulement apparurent pendant le siècle suivant,
jusqu'en 1180, contre une vingtaine au 11e siècle. Si l'intervalle entre 84
Apros et 89/90 Argos représente le règne d'Isaac II, celui-ci aurait créé
sept métropoles en quatre ans : Arkadioupolis, Gardikion, Philadelpheia,
Nysos, Hypaipa, Pyrgion, Argos, de 1185 à 1189 (si l'ordre est strictement
chronologique). Il est donc très probable qu'une réaction se produisit
après ce moment de fièvre et que les métropolites, premiers lésés par l'éman
cipation de leurs évêchés, obtinrent satisfaction.
Une fois qu'un nom est entré dans la liste, il s'y maintient contre toute
réalité, par la force d'une première copie. Rhizaion, archevêché déclassé
sous Nicolas Ier Mystikos, figure encore dans des copies18 de la notice 15.
22. Il n'est pas inutile de rappeler que les titres de privilèges ou de propriété étaient
la propriété du bénéficiaire et qu'il lui appartenait de les présenter pour faire valoir ses
droits devant le tribunal, qui en estimait l'authenticité uniquement par la lecture et la
critique interne. Comme il ne semble pas, d'après l'acte de 1342, que la demande venait
de l'évêque lui-même, on se demande ce qu'était devenu l'acte original de promotion
et où était conservé le souvenir de la rétrogradation, qui était au bénéfice de la métropole
d'Ephèse.
23. La liste de 1216 se trouve dans VV 12, 1905, p. 103 ; celle de 1229 dans REG 7,
1894, p. 74-80. Mais de l'absence d'un nom dans une liste de présence ou de signature
on ne peut rien conclure, car l'absence est explicable par plusieurs causes : vacance du
siège, indisponibilité de l'évêque, etc.
24. L'acte patriarcal dit textuellement : « Nous avons trouvé bon nombre de livres
nomocanoniques qui comptent dans le catalogue des métropoles aussi celle de Pyrgion ;
parmi ces métropoles l'a énuméré également le défunt empereur (... Andronic II)
dans le dénombrement et le classement composés alors sur son ordre par kyr Menas,
dénombrement inscrit dans le nomocanon qui se trouve au saint monastère du Panté
poptès » (MM, I, p. 229-230) ; on ne connaît pas de notice portant le nom de kyr Menas,
mais il doit s'agir d'une notice (17 ou 18) attribuée à Andronic II : Notitiae, p. 179-180.
25. Notitiae, p. 181-182.
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26. PG 119, 908 : voir les mentions de Pentakténès, Sabas de Césarée, Nicéphore de
Gangres, Léontopolis, Athyra, Axioupolis, Alania. Nicéphore Calliste cite ces exemples
juste avant la mention de Dosithée de Jérusalem et il ajoute des cas d'union de métropoles
comparables à celui d'Alania avec Sotèroupolis, ce qui est encore autre chose qu'un
transfert et une épidosis : PG 146, 1196-1197.
27. Regestes, n° 1126 ; l'acte mentionne le rang inférieur de Kérasous, de même que
l'opuscule des transferts : PG 119, 908. On remarquera que c'est le métropolite qui
demande l'échange d'Ancyre contre Kérasous ; dans la notice 17, l'usage constant de
κατήχθη, ύπεβιβάσθη et autres synonymes ne signifie pas un acte positif du pouvoir,
mais une appréciation du compilateur, qui compare deux listes selon des critères qui
paraissent inexacts : Notitiae, p. 394 n. 13.
28. Mélanitzion n'est pas identifié et ne figure en tout cas dans aucune liste des
notices.
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La dernière note, qui ne concerne plus les transferts, traite des vacances
de sièges en Asie, le terme géographique étant pris au sens large, puisque
le synode et le patriarche avaient la responsabilité de toutes les provinces
mais seulement dans la nomination des métropolites et des archevêques.
Les historiens ne sont pas tout à fait d'accord sur le lieu de refuge du
patriarche après 1204 (Didymoteichon ou Andrinople), ni sur la fin de son
patriarcat (mort ou démission)29. Selon Georges Akropolitès et Nicéphore
Calliste, Jean Kamatèros, ayant reçu une requête des gens de Nicée et de
l'empereur qui lui demandait de venir à Nicée, renonça. La lettre dont
parle la note du Bodleianus présuppose certainement aussi une requête ;
comme la date est indéterminée dans l'intervalle de temps que Jean
Kamatèros passa en exil, depuis la chute de Constantinople jusqu'à
sa mort (26 juin 1206)30, il serait vain de vouloir établir un rapport
de temps ou de cause entre la démission supposée et la présente lettre,
qui fut sans doute le dernier acte du patriarche et qui est au moins le
dernier attesté.
En soi, la concession faite au synode paraît exorbitante du fait que le
patriarche délègue sa fonction principale et pour ainsi dire constitutive
depuis le concile de Chalcédoine, qui l'avait fait maître des élections de
métropolites et de leur ordination. En raison des circonstances exceptionn
elles, l'acte patriarcal ne risquait pas de créer un précédent canonique ;
on remarquera en effet que la permission est accordée dans les limites d'une
session synodale et dans un but bien défini. Ainsi il est impensable que
le synode se soit prévalu de cette délégation pour procéder à d'autres
élections pendant la vacance, jusqu'à l'arrivée de Michel Autoreianos ; la
délégation cessait naturellement à la mort du patriarche. Les deux listes
synodales les plus rapprochées de 1205-1206 sont celles de 1 197 et de 12093 1 ;
il n'y a rien à en tirer concernant des élections faites par le synode sur ordre
de Jean Kamatèros ; il faudrait des listes beaucoup plus nombreuses et plus
rapprochées pour une vérification efficace.
*
* *
32. En temps normal, acte synodal, note synodale, décision synodale signifient aussi
acte patriarcal, car le patriarche préside l'assemblée ; lorsque l'annotateur dit au sujet
de Pyrgion que le synode a collaboré, et au sujet des transferts qu'il y eut aussi vote du
synode, il faut entendre cela d'un acte normal en présence du patriarche ; en effet, dans
la note suivante, l'absence du patriarche est justement signalée comme exceptionnelle.
33. J. Darrouzès, Ekthésis néa, manuel des pittakia du xive siècle, REB 27, 1969,
p. 77.
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importante, mais que les compilateurs n'ont connue que par bribes. L'annot
ateur, qui connaît le sort d'Argos et de Pyrgion, ne sait rien d'Hypaipa,
Nysos et Gardikion, qui subirent sans doute le même sort. Inversement
les compilateurs des listes ne suivent pas un modèle officiel mis à jour
périodiquement par l'administration : par exemple Ν et AB, qui ont
même finale Argos, n'ont pas le même nombre de sièges ; on ne saurait
dire si Ν les a ignorés ou omis par faute de copie, ni si AB a commis une
interpolation34 ; de toute manière une vérification s'impose par une autre
source35, quand elle existe. A plus forte raison, quand la distance avec les
événements et les actes originaux s'accroît, comme dans les notices du
14e siècle, les risques d'inexactitude s'aggravent. Les finales des notices 17
et 18 en particulier, qui devraient donner les progrès de la liste à partir
de la fin du 12e siècle, sont purement livresques et sans aucun rapport
avec la progression numérique réelle des sièges36. C'est le changement le
plus grave dans l'ordre des préséances, qui est devenu arbitraire au cours
du 13e siècle, après avoir été, depuis l'origine et sans exception notable
connue, un ordre historique d'ancienneté.