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Abstract
REB 57 1999 France p. 255
Athanassios Markopoulos, La Chronique de l'an 811 et le Scriptor Incertus de Leone Armenio .· problèmes des relations entre
l'hagiographie et l'histoire. — A careful analysis shows clearly that the Scriptor Incertus de Armenio and the Chronicle of 811 are
completely independent of each other.
Résumé
Une analyse approfondie montre clairement que le Scriptor incertus de Leone Armenio et la Chronique de l'an 811 sont deux
œuvres complètement différentes.
Markopoulos Athanassios. La Chronique de l'an 811 et le Scriptor incertus de Leone Armenio : problèmes des relations entre
l'hagiographie et l'histoire. In: Revue des études byzantines, tome 57, 1999. pp. 255-262.
doi : 10.3406/rebyz.1999.1975
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1999_num_57_1_1975
LA CHRONIQUE DE L'AN 811 ET LE
SCRIPTOR INCERTUS DE LEONE ARMENIO :
PROBLÈMES DES RELATIONS
ENTRE L'HAGIOGRAPHIE ET L'HISTOIRE
Athanasios MARKOPOULOS
Résumé : Une analyse approfondie montre clairement que le Scriptor incertus de Leone
Armenio et la Chronique de l'an 81 1 sont deux œuvres complètement différentes.
1. I. DujCev, Novi zitijni danni za pochoda na Nikifora Ι ν Bûlgarija prez 811 god.,
Spisanie na Bulg. Akad. na Naukitë 54, 1936, p. 147-188.
2. Une seconde édition de la Chronique, accompagnée d'une intéressante introduction,
a été aussitôt après publiée par V. BeSevliev, Novijat izvor za porazenieto na Nikifora Ι ν
Bûlgarija prez 811 godina, Godisnik na Sof. Univ. 1st. -fil. fak. 33, 1936, p. 3-8. Cf. aussi
les scholies de F. Dölger, SZ37, 1937, p. 184-185.
3. H. Grégoire, Un nouveau fragment du «Scriptor incertus de Leone Armenio», Byz.
11, 1936, p. 417-427, et plus spécialement p. 421-426.
4. H. Grégoire, Du nouveau sur la Chronographie byzantine : le «Scriptor incertus de
Leone Armenio» est le dernier continuateur de Malalas, Académie royale de Belgique,
Bulletins de la Classe des Lettres et des Se. Morales et Politiques 22, 1936, p. 420-436, et
plus spécialement p. 423-428.
12. C. Mango, The Two Lives of St. Ioannikios and the Bulgarians, Harvard
Ukrainian Studies 7, 1983, p. 393-404.
13. Ibidem, p. 398-400. Voir plus bas, p. 261-262.
14. Je pense notamment à sa grande «entreprise» pour la restauration de l'image de
l'empereur Michel III.
15. Voir E. Patzig, Leo Grammaticus und seine Sippe, BZ 3, 1894, p. 480-497, et plus
spécialement p. 471 ; Idem, Johannes Antiochenus und Johannes Malalas, Leipzig 1892,
p. 3 sqq. ; Idem, Malalas und Tzetzes, BZ 10, 1901, p. 385-393. Cf. aussi Grégoire, Du
nouveau sur la Chronographie byzantine, p. 434, mais surtout B. Croke, Modem Study of
Malalas, dans E. Jeffreys, Β. Croke, R. Scott (éd.), Studies in John Malalas (Byzantina
Australiensia 6), Sydney 1990, p. 325 sqq., 331 sqq.
16. Opinion différente chez Treadgold, The Byzantine Revival, p. 376, mais qui ne
semble pas être fondée.
17. Terme proposé par Hunger, Profane Literatur, I, p. 322 ; voir aussi plus bas, p. 260-261.
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καθ'
aussi δίβουλος
ύπερβολήν(21687),
(21691~92),
πανούργος
et seul(21690),
responsable
μικρολόγος,
de la φιλάργυρος
défaite des
Romains ; il méritait donc la damnation de Dieu (21692). Le sort tragique
des quelques prisonniers byzantins qui, préférant rester fidèles à leur foi,
furent exécutés par les Bulgares, est mentionné (2168186). Juste avant de
conclure, l'auteur invite les fidèles à invoquer la «... mémoire de nos
frères et de nos pères défunts» et à supplier «notre Dieu juste et bon de
nous sauver d'une telle condamnation et de (nous faire) obtenir... les
biens qui ont été promis aux justes ...» (2169396 trad. Dujcev).
La Chronique est, très probablement, le plus connu parmi les textes
édifiants composés, comme le signale avec justesse Dujcev, pour valori
ser les chrétiens tombés au champ de bataille en 811 ou exécutés plus
tard dans les prisons bulgares 18. Il convient, à mon sens, de prendre le
contrepied de l'opinion exprimée par Grégoire qui regardait la
Chronique comme un texte historique qui aurait seulement un camouf
lagehagiographique 19. Si étrange que paraisse la structure de la
Chronique — au point qu'on a mis en doute son caractère hagiogra
phique— , on ne peut sous-estimer l'importance du vocabulaire utilisé
dans le texte, où tout rappelle d'un côté la foi chrétienne et de l'autre le
mépris de Dieu. Contrairement à la thèse soutenue notamment par
Grégoire, mais aussi par Dujcev, qui suppose l'existence d'une source
historique (aujourd'hui perdue) relatant les événements de 811 20, la
Chronique fait plutôt penser à un écho de quelque dossier documentaire
sur ce sujet ; aucun détail sur ce dossier ne peut être fourni, mais l'hypo
thèseselon laquelle il a été rédigé à partir des différents récits fournis par
les rescapés de la bataille paraît très proche de la vérité. De plus, nous
n'avons aucune indication qui pourrait nous conduire à accepter la pro
position de Grégoire selon laquelle la Chronique fut la source principale
de Théophane en ce qui concerne l'expédition de Nicéphore Ier en
Bulgarie 21 ; au contraire, il ne fait pas de doute que Théophane a puisé
dans une source analogue à celle utilisée par la Chronique22. Grâce,
donc, à ce dossier, notre auteur a composé un texte hagiographique bien
rons de 855» 39. La distance qui sépare 860 de 864 (terminus post quern
de la composition de la Chronique), n'est pas grande et, si nous voulions
la franchir, nous pourrions aussi, malgré tout, soutenir que Sabas a copié
la Chronique pour son récit des événements de 8 1 1 .
Il n'est point nécessaire de pousser plus loin la démonstration. Tout ce
que l'on peut dire, c'est que le Scriptor inc. et la Chronique, sous la
forme dans laquelle ils nous sont parvenus, sont deux œuvres séparées et
sans rapport aussi bien quant au style qu'en ce qui regarde leur structure.
En ce qui concerne leur datation, le Scriptor inc. se situe à l'époque de
Michel II (820-829), tandis que la Chronique lui est bien postérieure
(après 864). La stricte approche critique des sources nous oblige à nous
arrêter ici, afin d'éviter d'en venir à des généralisations qui seraient peut-
être abusives.
A. Markopoulos
Université de Crète
39. V. Laurent, La Vie merveilleuse de Saint Pierre d'Atroa (f 837) (Subsidia hagio-
graphica 29), Bruxelles 1956, p. 15-16.