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Hippolyte Bisson
Capitaine du Panayoti
Hippolyte Bisson
Capitaine du Panayoti
COLLECTION BIOGRAPHIA
C’est à Astypalée que périt
aux Antilles d’où il fut rappelé en 1817 pour combattre les affrontements qui eurent lieu dans la baie de Navarin, au sud
pirates qui sévissaient dans la mer Egée. Il fallait pour cela du Péloponnèse.
Je me trouvai donc dans son escadre au Levant, affecté
aux Grecs. Les Turcs, de leur côté, avaient fait appel aux
mille canons.
finissaient pas de se mettre en place, on aurait dit un long bre aux pauvres flottes de nos trois pays réunis. Je cédai au
protocole où chacun observait l’autre avec circonspection. découragement mais, en vieux militaire que j’étais, ceci dura,
Les machines de guerre, en rang, semblaient prêtes à servir à peine une minute, je me repris très vite : on m’avait confié
un combat sans relâche et la moindre manœuvre suspecte eût une mission, je devais la mener à bien, me battre jusqu’à mes
pu provoquer le branle-bas immédiat. L’heure était grave : dernières forces, au péril de ma vie – et ne jamais flancher.
quelque chose de définitif allait se jouer dont personne ne J’allai me mettre en place et, passant devant l’Azof, le vaisseau
connaissait l’issue. Le rideau, tout doucement, s’ouvrait… russe, je reconnus le contre amiral Heyden que j’avais déjà eu
Devant cette immense démonstration de force, des images l’occasion de croiser. Lui aussi était à son poste d’observa-
incongrues me venaient en tête : je pensais à la fébrilité pré- tion. Nous échangeâmes un signe de reconnaissance.
cédant les combats de gladiateurs – en moins bruyant : sur « Quand le soleil arriva à son zénith, on fit les signaux
l’eau, tout paraissait plus feutré, presque solennel. de préparation : toutes les forces se postèrent pour la bataille.
« Je ne voyais toujours pas le déploiement turco-égyp- Le vaisseau amiral anglais se mit en tête avec Codrington à
tien, dit Rigny, j’ignorai encore leur nombre à cet instant-là. son bord, les autres bâtiments de cette nation suivirent, je
Il le valait mieux, car cela eût freiné mon ardeur à me lancer me rangeai à leur arrière, suivi des navires battant pavillon
dans la bataille. Ce n’est qu’en entrant dans cet étrange ballet français, les Russes menés par Heyden fermaient le cortège.
que j’aperçus, enfin, la flottille turque disposée sur trois ran- Les Turcs jubilaient sans doute de nous voir arriver en si petit
gées. Ils avaient formé une ligne d’embossage en fer à cheval nombre pour représenter trois « grandes nations », alors qu’à
sur le contour de la baie. Je me rendis compte, à ce moment- eux seuls ils remplissaient quasiment la rade. Notre vaisseau
La bataille de Navarin, 20 octobre 1827
s’avançait et, tout à coup, il se trouva vergue à vergue avec
ouvertes. Et, c’est grâce à la discipline conjuguée de nos trois
la frégate égyptienne, l’Esnina. Que faire ? La situation était
forces, conclut fièrement Rigny, que nous avons réussi à venir
délicate. Le moindre incident pouvait mettre le feu aux pou-
à bout de l’impressionnante flotte turco-égyptienne. Voici
dres. Je me saisis immédiatement du porte-voix et hélai le
comment :
commandant de l’ Esnina :
« Le combat faisait rage, les canons grondaient : leurs
« Si vous ne tirez pas, nous ferons de même ! »
boulets transperçaient les coques et les voilures. Des salves se
À l’instant où je prononçai ces paroles, deux coups de
répondaient de toutes parts dans un vacarme assourdissant.
canon partirent des bâtiments qui étaient dans la poupe de
Au bout d’une heure, sur la plupart des bâtiments moins
mon navire, tuant un de mes hommes. Les hostilités étaient
protégés, les mâtures n’étaient qu’un lointain souvenir. Les
du monde. J’eus même le temps de griffonner quel- Je parlai beaucoup aussi avec le pilote Trémintin que très
ques mots à ma bien aimée qui m’attendait là-bas à vite j’appréciai et que je tenais en haute estime. Il était
la pointe de l’Europe, là où, déjà, l’on devait tel que l’on me l’avait décrit : un homme d’une
se préparer à affronter un hiver qui s’an- droiture à toute épreuve. Nous étions donc
nonçait rude. Cette « fin de terre » que embarqués depuis une petite semaine :
j’aimais tant, que je reverrais bien bon vent, mer bonne… tout se pas-
serait là. Elle serait heureuse pour journée du 3 novembre, je vis le ciel
nous nous marier à mon retour. Peut- inquiétude à Trémintin ; lui aussi, avait eu
être aurais-je une permission assez longue cette étrange impression. Nous envisageâ-
qui me le permettrait… mais je n’en parlai pas mes même de rebrousser chemin, de gagner une
sur la lettre. Car les aléas de la vie militaire obligeaient à crique pour nous mettre à l’abri, mais sachant que les îles
Yves Trémintin
rester prudent, à ne faire aucune promesse que je ne François Nouviaire, étaient infestées de pirates, et du fait que nous étions
Si l’on fut quelquefois tenté de qualifier de suicide l’acte venir en aide aux opprimés. Mieux que personne, Bisson
de Bisson, comme le fit un député de la Chambre quelques incarna le Romantisme. Sa renommée dépassa même les
mois après sa mort, il faut aussi se replacer dans le contexte frontières puisque, Adalbert von Chamisso, l’un des chefs
de l’époque, dans la pensée d’un serviteur de l’État et se de file du mouvement romantique qui connut son expres-
demander comment les habitants des îles grecques qu’il avait sion la plus aboutie au-delà du Rhin, lui rendit un vibrant
pour mission de protéger auraient réagi s’ils avaient entendu hommage dès 1828 avec son poème : Bisson vor Stampalin. La
ce député. Peut-être faut-il aussi s’interroger sur ce que cache France lui témoigna sa reconnaissance car il symbolisa la plus
le léger ricanement qu’inspire un acte de bravoure ? haute conception de l’honneur et du devoir militaire, et déjà
Après sa mort, l’héroïsme d’Hippolyte Bisson se per- de son grade avec une annotation spéciale : « Maintenu par
pétua à travers de nombreux hommages. Des témoignages ordre du Roi en mémoire de son dévouement héroïque ».
écrits rappelèrent le souvenir de son tragique exploit, son- Dès 1828, la ville de Lorient, d’où il embarqua, commanda
nets, cantates, autant d’éloges à la gloire de ce Breton mort au sculpteur Jacques-Édouard Gatteaux d’ériger une statue
pour la France, ou plutôt que la France avait dépêché pour en bronze de Bisson, debout, boutefeu à la main, quelques
Cénotaphe élevé à la mémoire d’Hippolyte Bisson en 1862
Paris
Louis Renée
Brossard
Notaire de Coët-Codu
Auguste de Hyppolite
Bisson
Rémond
Duchélas 3 février 1796 – 5 novembre 1827
Futur Secrétaire général
Pierre de
Sophie de Rémond Rémond
Duchélas Duchélas
Épouse à Langoëlan Lieutenant
le 5 novembre 1810
Émmanuel Dérédec,
futur Présient du
Tribunal de Commerce
de Quimper
Antoine Barbe Pontois
Magloire-Laurent Bisson
1757 – 1824
Né à Agon - Manche
Négociant à Lorient
rie- Il épouse Marie-Anne Brossard
le 27 avril 1795 à Langoëlan
inette
igne-
anaïs
Il se fiance à Guémené au printemps 1827 avec
Melle Léocadie Modille de
25€
Couverture :
Hippolyte Bisson se
préparant à faire sauter le
9 782915 936056 Panayoti.