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Maryse Emery Gérard Guégan

Hippolyte Bisson
Capitaine du Panayoti
Hippolyte Bisson
Capitaine du Panayoti

Textes et aquarelles de Conception et dessins de


Maryse Emery Gérard Guégan

COLLECTION BIOGRAPHIA
C’est à Astypalée que périt

l’héroïque Bisson, lieutenant de

vaisseau de la marine française.

Bisson avait été chargé de com-

mander un petit brick enlevé aux


pirates que poursuivait l’escadre

de l’amiral de Rigny. Il fut surpris

sur ce petit bâtiment, et avec six

hommes d’équipage seulement,

dans le port de Maltesana à

Astypalée, par deux trattes (longs

bateaux), montés chacun par une

cinquantaine de pirates. Bisson,


8
Préface p.
11
Poursuivi par les Chouans p.
15
À Guémené sur les rives du Scorff p.
29
Deux mois sur l’Alerte p.
41
Novice sur la Vedette p.
49
De l’Ile-aux-Fleurs aux brumes de Terre-Neuve p.
61
À la rescousse des esclaves de la Joséphine p.
71
Promu enseigne de vaisseau p.
85
La campagne d’Orient sur la Daphné p.
101
Navarin ou la défaite d’Ibrahim Pacha p.
107
Le piège de Stampalie p.
121
La mémoire d’Hippolyte Bisson p.
141
Hippolyte Magloire Bisson p.
158
Remerciements et crédits photographiques p.
Deux mois sur l’Alerte

A près mes études au collège de Vendôme, je m’enga-

geai comme mousse sur l’Alerte. Il me fallait avant

tout rencontrer le capitaine. Ma grand-mère m’accompagna


à Lorient, c’était l’été 1809. Sous une chaleur écrasante, je me

dirigeai vers le port. Au comble de l’excitation et tout à la joie

de me retrouver sur mon premier navire, j’exultai. Quand,

au détour d’une ruelle, la masse sombre du lougre se profila

devant moi, soudain tout me sembla hostile, je sentis peu à

peu l’angoisse monter… J’en avais rêvé, mais une grande

tristesse m’envahit alors que j’enjambai la passerelle, ultime

attache avec la terre ferme, dernier lien avec le monde connu.

C’était la promesse d’un ailleurs en même temps qu’une


l e choisit comme aide de camp. Cela ne dura pas long-

temps car son successeur, le fameux du Bouchage dont

il a déjà été question, l’envoya comme capitaine de vaisseau


un homme habile, capable de rétablir l’ordre. C’est pourquoi

on lui confia, dès 1822, le commandement des forces nava-

les du Levant. Le 20 octobre 1827, il se distingua lors des

aux Antilles d’où il fut rappelé en 1817 pour combattre les affrontements qui eurent lieu dans la baie de Navarin, au sud

pirates qui sévissaient dans la mer Egée. Il fallait pour cela du Péloponnèse.
Je me trouvai donc dans son escadre au Levant, affecté

à la protection du commerce, depuis le printemps de cette

même année. L’été sous l’autorité de cet homme s’était par-

faitement passé et j’étais heureux d’avoir eu l’occasion de

le côtoyer. Peu de temps après le mémorable fait de guerre

d’octobre 1827, nous nous sommes retrouvés au carré des

officiers sur le vaisseau amiral et le comte de Rigny se mit à

évoquer ses souvenirs de bataille :

« Ibrahim avait investi Navarin. Toute la Grèce était


envahie. Athènes fut prise au début de l’été 1827. Il était

temps que les forces étrangères viennent porter main forte

aux Grecs. Les Turcs, de leur côté, avaient fait appel aux

Égyptiens et leur flotte était déjà postée dans la baie de

Navarin. Elle comptait soixante-deux navires et plus de deux

mille canons.

« Le traité de Londres signé le 6 juillet 1827 par la

France, la Grande-Bretagne et la Russie voulait imposer une

cessation des hostilités entre les Grecs et les Turcs, tout en


il régnait encore une étrange confusion, les bateaux n’en là, qu’ils étaient venus en renfort, bien supérieurs en nom-

finissaient pas de se mettre en place, on aurait dit un long bre aux pauvres flottes de nos trois pays réunis. Je cédai au

protocole où chacun observait l’autre avec circonspection. découragement mais, en vieux militaire que j’étais, ceci dura,

Les machines de guerre, en rang, semblaient prêtes à servir à peine une minute, je me repris très vite : on m’avait confié

un combat sans relâche et la moindre manœuvre suspecte eût une mission, je devais la mener à bien, me battre jusqu’à mes

pu provoquer le branle-bas immédiat. L’heure était grave : dernières forces, au péril de ma vie – et ne jamais flancher.

quelque chose de définitif allait se jouer dont personne ne J’allai me mettre en place et, passant devant l’Azof, le vaisseau

connaissait l’issue. Le rideau, tout doucement, s’ouvrait… russe, je reconnus le contre amiral Heyden que j’avais déjà eu

Devant cette immense démonstration de force, des images l’occasion de croiser. Lui aussi était à son poste d’observa-

incongrues me venaient en tête : je pensais à la fébrilité pré- tion. Nous échangeâmes un signe de reconnaissance.
cédant les combats de gladiateurs – en moins bruyant : sur « Quand le soleil arriva à son zénith, on fit les signaux

l’eau, tout paraissait plus feutré, presque solennel. de préparation : toutes les forces se postèrent pour la bataille.

« Je ne voyais toujours pas le déploiement turco-égyp- Le vaisseau amiral anglais se mit en tête avec Codrington à

tien, dit Rigny, j’ignorai encore leur nombre à cet instant-là. son bord, les autres bâtiments de cette nation suivirent, je

Il le valait mieux, car cela eût freiné mon ardeur à me lancer me rangeai à leur arrière, suivi des navires battant pavillon

dans la bataille. Ce n’est qu’en entrant dans cet étrange ballet français, les Russes menés par Heyden fermaient le cortège.

que j’aperçus, enfin, la flottille turque disposée sur trois ran- Les Turcs jubilaient sans doute de nous voir arriver en si petit

gées. Ils avaient formé une ligne d’embossage en fer à cheval nombre pour représenter trois « grandes nations », alors qu’à

sur le contour de la baie. Je me rendis compte, à ce moment- eux seuls ils remplissaient quasiment la rade. Notre vaisseau
La bataille de Navarin, 20 octobre 1827
s’avançait et, tout à coup, il se trouva vergue à vergue avec
ouvertes. Et, c’est grâce à la discipline conjuguée de nos trois
la frégate égyptienne, l’Esnina. Que faire ? La situation était
forces, conclut fièrement Rigny, que nous avons réussi à venir
délicate. Le moindre incident pouvait mettre le feu aux pou-
à bout de l’impressionnante flotte turco-égyptienne. Voici
dres. Je me saisis immédiatement du porte-voix et hélai le
comment :
commandant de l’ Esnina :
« Le combat faisait rage, les canons grondaient : leurs
« Si vous ne tirez pas, nous ferons de même ! »
boulets transperçaient les coques et les voilures. Des salves se
À l’instant où je prononçai ces paroles, deux coups de
répondaient de toutes parts dans un vacarme assourdissant.
canon partirent des bâtiments qui étaient dans la poupe de
Au bout d’une heure, sur la plupart des bâtiments moins
mon navire, tuant un de mes hommes. Les hostilités étaient
protégés, les mâtures n’étaient qu’un lointain souvenir. Les
du monde. J’eus même le temps de griffonner quel- Je parlai beaucoup aussi avec le pilote Trémintin que très
ques mots à ma bien aimée qui m’attendait là-bas à vite j’appréciai et que je tenais en haute estime. Il était
la pointe de l’Europe, là où, déjà, l’on devait tel que l’on me l’avait décrit : un homme d’une
se préparer à affronter un hiver qui s’an- droiture à toute épreuve. Nous étions donc

nonçait rude. Cette « fin de terre » que embarqués depuis une petite semaine :

j’aimais tant, que je reverrais bien bon vent, mer bonne… tout se pas-

vite, et Mademoiselle de Kernevé sait pour le mieux. Lorsque, dans la

serait là. Elle serait heureuse pour journée du 3 novembre, je vis le ciel

moi quand je lui raconterais cette s’assombrir de manière inhabituelle

nouvelle mission confiée par le pour le secteur. Mauvais présage.


« Grand » Rigny, car je lui avais sou- Une tempête des plus menaçantes
vent parlé de lui. Peut-être pourrions- semblait se préparer. Je fis part de mon

nous nous marier à mon retour. Peut- inquiétude à Trémintin ; lui aussi, avait eu

être aurais-je une permission assez longue cette étrange impression. Nous envisageâ-
qui me le permettrait… mais je n’en parlai pas mes même de rebrousser chemin, de gagner une
sur la lettre. Car les aléas de la vie militaire obligeaient à crique pour nous mettre à l’abri, mais sachant que les îles
Yves Trémintin
rester prudent, à ne faire aucune promesse que je ne François Nouviaire, étaient infestées de pirates, et du fait que nous étions

pourrais tenir. 1828. en remorque, nous dûmes continuer.


La mémoire d’Hippolyte Bisson

Si l’on fut quelquefois tenté de qualifier de suicide l’acte venir en aide aux opprimés. Mieux que personne, Bisson

de Bisson, comme le fit un député de la Chambre quelques incarna le Romantisme. Sa renommée dépassa même les

mois après sa mort, il faut aussi se replacer dans le contexte frontières puisque, Adalbert von Chamisso, l’un des chefs

de l’époque, dans la pensée d’un serviteur de l’État et se de file du mouvement romantique qui connut son expres-

demander comment les habitants des îles grecques qu’il avait sion la plus aboutie au-delà du Rhin, lui rendit un vibrant
pour mission de protéger auraient réagi s’ils avaient entendu hommage dès 1828 avec son poème : Bisson vor Stampalin. La

ce député. Peut-être faut-il aussi s’interroger sur ce que cache France lui témoigna sa reconnaissance car il symbolisa la plus

le léger ricanement qu’inspire un acte de bravoure ? haute conception de l’honneur et du devoir militaire, et déjà

Charles X ordonna que son nom soit en tête des officiers

Après sa mort, l’héroïsme d’Hippolyte Bisson se per- de son grade avec une annotation spéciale : « Maintenu par

pétua à travers de nombreux hommages. Des témoignages ordre du Roi en mémoire de son dévouement héroïque ».

écrits rappelèrent le souvenir de son tragique exploit, son- Dès 1828, la ville de Lorient, d’où il embarqua, commanda

nets, cantates, autant d’éloges à la gloire de ce Breton mort au sculpteur Jacques-Édouard Gatteaux d’ériger une statue

pour la France, ou plutôt que la France avait dépêché pour en bronze de Bisson, debout, boutefeu à la main, quelques
Cénotaphe élevé à la mémoire d’Hippolyte Bisson en 1862
Paris
Louis Renée
Brossard
Notaire de Coët-Codu

Jacques Bruno de Rémond


Duchélas Anne
21 février 1729 – 10 janvier 1769 Brossard
Épouse Anne Brossard à Guémené,
le 13 juillet 1758

Constance Pierre-Jacques de Rémond Anne-Jacquette Marie-Anne


de Berthou Duchélas de Rémond Duchélas
1759 – 11 janvier 1825 dit “La couronne” Duchélas 1769 – 3 février 1796
Épouse Pierre-Jacques 16 mai 1759 – 8 septembre 1826 Épouse à Langoëlan,
Duchélas le 11 août 1788 Mar
Officier Chouan, Major-Général Jacques Quetier de Saint-Éloy
le 1er septembre de l’Ouest Morbihan Antoi
1788 à Langoëlan
Maire de Langoëlan de 1810 à 1826 Beni
Tha

Auguste de Hyppolite
Bisson
Rémond
Duchélas 3 février 1796 – 5 novembre 1827
Futur Secrétaire général
Pierre de
Sophie de Rémond Rémond
Duchélas Duchélas
Épouse à Langoëlan Lieutenant
le 5 novembre 1810
Émmanuel Dérédec,
futur Présient du
Tribunal de Commerce
de Quimper
Antoine Barbe Pontois

Magloire-Laurent Bisson
1757 – 1824
Né à Agon - Manche
Négociant à Lorient
rie- Il épouse Marie-Anne Brossard
le 27 avril 1795 à Langoëlan
inette
igne-
anaïs
Il se fiance à Guémené au printemps 1827 avec
Melle Léocadie Modille de

Hippolyte Bisson se préparant à faire sauter le


Panayoti.
Louise Rang-Babut, 1837.
COLLECTION BIOGRAPHIA
Hippolyte Bisson, né à Guémené sur les rives du
Scorff en février 1796, s’engagea dès son plus jeune âge
comme mousse puis novice dans les convois côtiers de
Bretagne. Il continua ensuite son apprentissage à bord du
Tourville, navire-école amarré en rade de Brest. Après
plusieurs campagnes dans les océans Atlantique et Indien,
il fut rapidement promu au grade d’enseigne de vaisseau
avant d’accomplir des missions en mer Égée et dans le
Levant.
En 1827, la France décida d’envoyer une escadre
en Méditerranée afin de pourchasser les pirates qui, à la
recherche de proies faciles, mettaient à mal toute espèce
de commerce et terrorisaient les populations dans la plus
parfaite impunité. Le 5 novembre, l’île d’Astipaléa fut
le théâtre d’un geste historique dans la grande tradition
maritime : Hippolyte Bisson allait incarner la forme à la
fois la plus extrême et la plus controversée de l’héroïsme,
celle qui consiste à donner sa vie pour la cause que l’on

Maryse Emery, docteur en histoire de l’Art, est née à Collorec


(Finistère).
Gérard Guégan, dessinateur, est originaire de Guémené-sur-
Scorff (Morbihan).

25€
Couverture :
Hippolyte Bisson se
préparant à faire sauter le
9 782915 936056 Panayoti.

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