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D’abord, il y a sa voix : un timbre personnel qui accroche l’oreille, avec un accent qui intrigue
et donne envie d’en savoir plus ; puis on apprend son nom, un patronyme anglo-saxon qu’on a
quelque peine à saisir au début, dont la traduction étymologique - prédestination ? - est
"homme à tout faire".Il y a ensuite cette interprétation inhabituelle, ces mots martelés en
rythme, cette force de conviction, surtout, qui emporte l’adhésion. Il y a, bien sûr, cette
chanson, "Qui a tué Davy Moore ?", qui interpelle irrésistiblement, banjo et contrebasse
aidant, au milieu des tubes yéyés déversés par le transistor. On est alors en 1966 et cette
adaptation d’une chanson de Bob Dylan va rendre Graeme Allwright célèbre auprès de toute
une jeunesse... qui lui restera fidèle à jamais. Trente-cinq ans après ses débuts (à la
Contrescarpe, en 1965, année de son premier album), Graeme continue en effet de chanter,
avec la même fraîcheur et le même bonheur de partage, devant des salles toujours combles.
L’homme n’a pourtant rien d’une vedette du show-business. Tout en lui, dans sa vie et son
oeuvre, concourt au contraire à le rendre on ne peut plus atypique. Ni en marge (car il
enregistre, additionne les disques d’or, se produit à Bobino, à l’Olympia, au Palais des
Sports...), ni dans le star system (un milieu qu’il déteste pour son hypocrisie et dans lequel il
détonne).
Après des remises en question successives, la rencontre de musiciens malgaches, à la fin des
années 70, va lui apporter un souffle musical nouveau qui le propulsera, vingt ans durant -
malgré le silence persistant des médias à son égard - sur toutes les scènes de l’espace
francophone. Avec Tant de joies, enregistré avec le Glenn Ferris Quartet (son 18e album en 35
ans, dont quatre en public), il revient à la musique de son adolescence néo-zélandaise, le jazz.
A 79 ans, Graeme Allwright reste plus que jamais ouvert aux autres et aux nouvelles
aventures. Pour chanter la Terre et les hommes, encore et toujours, et enchanter le monde
comme personne.
Fred HIDALGO