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L’Art et la manière
de le regarder
Un manuel
L’IMPRESSIONNANT SILENCE…
Un rien peut vous faire voir les choses autrement. En regar-
dant comme si j’étais à la place des visiteurs la galerie des sta-
tues grecques, je l’ai trouvée froide dans la lumière blafarde de
l’hiver. Un défilé de corps pâles ; les alignements d’un cime-
tière ; l’entrepôt d’un marchand de statues décoratives pour
jardins, c’est ce qu’évoquait ce lieu pour nombre de visiteurs.
L’impressionnant silence 7
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L’Art et la manière de le regarder 9
LA RUSE DU PASSEUR
Mademoiselle Malo nous avait si bien raconté l’histoire de
Vercingétorix et de sa fin tragique que je suis revenu de classe
en serrant les poings. Il n’aurait pas fallu qu’un soldat de César
se trouve sur mon chemin !
Au déjeuner, j’ai demandé à mon père de me raconter cette
histoire, avec le secret espoir – j’avais sept ans – qu’elle se ter-
mine, cette fois, par une victoire. Que s’était-il passé ensuite ?
Où pouvait-on voir des choses laissées par ces Gallo-
Romains ? Mon père sourit : il tenait la réponse : nous irions
ensemble le dimanche suivant voir une statue et des objets de
cette époque conservés au musée de la ville. Dimanche n’était
pas éloigné, le musée Denon pas davantage : de la fenêtre de la
salle à manger, je dessinais sa façade en me croyant face à un
temple grec.
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14 L’Art et la manière de le regarder
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L’Art et la manière de le regarder 17
LE POISSONNIER DU LOUVRE
Un jour, par le plus grand des hasards, j’ai fait la connais-
sance d’un homme d’affaires.Très vite, j’ai vu qu’il aimait tout
ce qu’il entreprenait. Sa curiosité était infatigable. Il question-
nait le maçon sur la pierre. Ecoutait. Le jardinier lui enseignait
la taille des rosiers. Je vois les éclairs de ses yeux si on lui avait
expliqué les principes de l’écriture cunéiforme. Naturelle-
ment, nous avons sympathisé. Il n’a pas tardé à découvrir que
mon plus récent livre avait pour sujet la peinture…
Ce diable d’homme devait avoir du vif-argent dans le sang :
huit jours plus tard, il me rendait visite, le livre à la main, en
me demandant une dédicace. Bien sûr, les mots les plus cha-
leureux surgirent au bout de ma plume à l’intention de ce
bouillant converti. (Il n’avait jamais de sa vie croisé le chemin
de l’Art.) Se sentant en confiance, il me demanda si j’accepte-
rais de passer un moment au Louvre avec lui. Je répondis que
ce serait un plaisir. Je le pensais : j’ai remarqué que l’on visite
mieux en faisant visiter.
— « Quelques personnes de sa famille pourraient-elles l’ac-
compagner ? »
Deuxième « bien sûr. »
Son fils de dix-sept ans était, lui aussi, un passionné.
20 Le poissonnier du Louvre
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24 L’Art et la manière de le regarder
LA DISTANCE
Le choix de la distance qui sépare son œil de l’œuvre d’art fait
partie des libertés accordées à l’amateur d’Art, au visiteur du
musée. En effet, personne n’a marqué sur le parquet d’un musée
la place idéale du spectateur. En théorie, elle se situe entre une
proximité dangereuse pour l’œuvre et… le fond de la salle. En
pratique, elle est affaire de vue, de goût, elle est en rapport avec
la taille de la surface à regarder : le visiteur la trouve tout naturel-
lement en pénétrant dans la salle qui abrite le tableau.
Que serait une « mauvaise » distance ? Deux exemples tirés
de la vie pratique le feront comprendre. En utilisant la lentille
d’une forte loupe – qui réduit artificiellement la distance sépa-
rant l’œil de l’image – pour examiner une photographie noir et
blanc reproduite dans un quotidien, que voit-on ? La trame, un
échiquier de points noirs et gris sur fond blanc, plus ou moins
gros pour les zones claires et, pour les parties sombres, de
minuscules points blancs sur un fond où les noirs se sont telle-
ment élargis qu’ils se rejoignent pour créer une surface conti-
nue. L’image perd son sens, elle n’est pas reconnaissable. Le
lecteur du journal est allé trop loin : il est comparable à celui
qui irait au théâtre à bord d’un bolide et, trop pressé, traverse-
rait le fond de scène pour se retrouver dans la machinerie !
La distance 25
Quand nous jetons les yeux sur les objets qui nous entourent,
que ce soit un paysage ou un intérieur, nous remarquons entre
les objets qui s’offrent à nos regards une sorte de liaison pro-
duite par l’atmosphère qui les enveloppe et par les reflets de
toutes sortes qui font en quelque sorte participer chaque objet à
une sorte d’harmonie générale. C’est une sorte de charme dont
il semble que le peintre ne peut se passer. Cependant il s’en faut
que la plupart des peintres et même des grands maîtres s’en
soient préoccupés. Le plus grand nombre semble même n’avoir
pas remarqué dans la nature cette harmonie nécessaire qui éta-
blit dans un ouvrage de peinture une unité que les lignes elles-
mêmes ne suffisent pas à créer, malgré l’arrangement le plus
ingénieux. Il semble presque superflu de dire que les peintres
peu portés vers l’effet et la couleur n’en ont tenu aucun
compte ; mais ce qui est plus surprenant, c’est que chez beau-
coup de grands coloristes cette qualité est très souvent négligée,
et assurément par un défaut de sentiment à cet endroit.
L’Art et la manière de le regarder 29
DE NOUVEAUX MONDES
Nos yeux sont ainsi faits que, lorsque nous nous approchons
d’un tableau, nous focalisons notre attention sur une partie de
la toile, sans doute en forme d’ovale couché. Nous ne faisons
que « sentir » la présence du reste de la peinture. C’est en
déplaçant cette « fenêtre » sur la peinture que, peu à peu, nous
l’aurons vue en détail et en entier. Il faut penser au rond de
clarté que projette une lampe sur un mur examiné dans une
pièce sombre. Ou mieux : le tableau serait divisé en un certain
nombre de petites peintures apparaissant successivement par
une fenêtre ménagée dans l’écran noir qui masquerait l’œuvre.
Le catalogue de ce qui vient alors à votre rencontre est long,
varié. Il peut cependant être ramené à deux grands ensem-
bles : on va découvrir « comment c’est fait » et aussi des cho-
ses « nouvelles ».
En ce qui concerne la technique du peintre, l’écart est
ouvert à l’extrême. D’un côté, les maîtres de la peinture
ancienne (qu’il s’agisse des primitifs flamands, de Dürer ou de
Léonard de Vinci) qui rendent invisibles les traces de leur pin-
ceau aussi sûrement que les fameux Peaux-Rouges balayant
derrière eux pour redresser les herbes couchées sur leurs
empreintes. À l’opposé, le chemin sinueux, bien affirmé, de la
30 De nouveaux mondes
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L’Art et la manière de le regarder 43
LA LEÇON DE LA CARICATURE
L’artiste en caricature opère à la façon d’un chimiste : face à
une matière brute, composite, il l’observe longuement, il la
sonde, l’inventorie, puis il choisit ce qu’il va en tirer. Un métal
précieux sortira du creuset, un élixir s’écoulera dans l’alam-
bic. Cette essence, cet essentiel, il ne lui restera qu’à les gros-
sir afin de mettre en valeur le trait choisi. Alors le miracle se
produira : le personnage représenté, réduit à quelques élé-
ments, sera parfaitement, instantanément reconnaissable. Cer-
tains s’écrieront même : « C’est plus vrai que nature ! »
Une seconde étape, celle de la moquerie ou de la satire,
consistera à mettre ce personnage en situation, à le faire gesti-
culer, à lui prêter des paroles, à inventer un dialogue. C’est le
coup de griffe de la caricature politique.
Choisir, isoler un élément, le grossir, ou éliminer ce qui
n’est pas lui est exactement une démarche de créateur. Que
l’on se souvienne de ces paysages du Midi de la France vus par
les Fauves : les troncs des pins parasols au bord de la mer sont
rouge vif ou bleu foncé suivant qu’ils sont exposés au soleil ou
à l’ombre de leur propre feuillage.
Ce que nous acceptons, ce que nous comprenons immédiate-
ment dans le travail du caricaturiste, pourquoi ne l’accepterions-
44 L’Art et la manière de le regarder
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46 L’Art et la manière de le regarder
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L’Art et la manière de le regarder 53
LE DESSIN
Un matériel, la légèreté même – une trace laissée par un
crayon ou une plume sur du papier – le dessin est un enfant de
la hâte. Il veut aller aussi vite que le regard et l’enregistrer à
l’instant même par le geste. Il est si spontané, tellement per-
sonnel qu’à lui seul il est une écriture, une signature.
Un simple fragment de trait annonce la main sûre de
Michel-Ange, la griffe de Rembrandt, l’ampleur paisible de
Rubens, la grâce précieuse de Watteau, la capture foudroyante
de la forme par Rodin.
Le dessin est souvent une note pour soi, une étude qui
entrera dans le vivier des formes où l’artiste viendra puiser
pour une future création. Ce caractère sommaire, essentiel, a
pour conséquence la présence du vide, de beaucoup de blanc
dans la feuille : un des charmes du dessin est qu’il respire, qu’il
vous laisse respirer.
Il ne doit pourtant pas être traité à la légère, il mérite infini-
ment mieux qu’un passage rapide. Ici encore, on s’impose ces
fameuses questions qui seront le prétexte à une station prolon-
gée face à l’œuvre.
On essaiera d’identifier le médium utilisé. Est-ce le crayon,
la plume, la sanguine, les craies ou les crayons de couleur, le
66 Le dessin
LA DIMENSION
Le bronze géant de la Mère patrie brandissant une épée, les
portraits d’hommes d’Etat sculptés dans la paroi d’une falaise
ne sont pas forcément de bonnes sculptures. En revanche, il
est des statuettes qui ne sont petites que par la taille. Les sou-
mettrait-on à un procédé mécanique d’agrandissement, on
s’apercevrait qu’elles « tiennent ». Parce que tout était là.
Nous reconnaissons dans certaines statues grandeur nature de
Rodin quelques-uns des nombreux personnages – souvent
hauts comme la main – qui hantent La Porte de l’Enfer.
Les bas-reliefs de bronze créés par Ghiberti pour le baptis-
tère de Florence sont si parfaits, si fouillés que leur reproduc-
tion photographique donne l’illusion d’œuvres monumentales
alors qu’ils ont la taille d’un panneau de porte ! Et combien
La dimensions 69
PHOTOGRAPHIER, DESSINER
Dans ma bibliothèque, j’ai précieusement conservé l’ancien
catalogue du musée archéologique d’Héraklion, le seul au
monde à présenter l’ensemble de la civilisation minoenne.
C’était un travail scientifique, minutieux. La méthode était
infaillible : le lecteur avançait salle par salle, identifiait chaque
vitrine et là, observait chaque objet. Evidemment, le livret
n’avait pas pu être aussi illustré que je l’aurais souhaité. C’était
vraiment dommage : comment se souvenir ?
La solution se trouvait à portée de main : j’avais sur moi un
crayon, le catalogue, lui, m’offrait ses pages de garde, ses mar-
ges, ses grands blancs en fin de chapitre. J’ai dessiné d’abord
quelques décors de vases, une fleur sur une minuscule tasse,
un poulpe sur une jarre… Puis je me suis enhardi à représen-
ter le vase tout entier. Ensuite, je me suis exercé à saisir la
forme de certaines petites statuettes en posant des ombres. Il y
avait aussi des vases (ou des burettes, des bouteilles, des fla-
cons de terre cuite) constituant à l’évidence des tours de force
de potiers virtuoses, analogues à ceux que tournaient et
modelaient les Mayas ou les Incas. Récipients à plusieurs becs,
à plusieurs panses communiquantes, avec d’élégantes pattes
joignant le col au tube verseur. Ces objets faisaient penser à
Photographier, dessiner 71
Leica ? Sans doute très peu de chose. A coup sûr moins dura-
blement. En effet, la pratique de la photographie met en
œuvre de curieux mécanismes. Une fois le sujet choisi, la déci-
sion de photographier prise, la cible du regard, l’objet unique
de l’attention n’est plus la statue ou le vase mais l’image qui
apparaît dans le viseur. C’est à elle que le photographe donne
tous ses soins. Il imagine déjà la photographie tirée sur papier,
il la compose en essayant tour à tour les possibilités qui s’of-
frent à lui, en rejetant ce qui ne paraît pas convenir. L’ensem-
ble ou le détail, le gros plan ou le plan moyen, la marge en
pied ou en tête, la position centrale ou décalée sur le côté,
l’angle de vue plongeant ou en surplomb… ceci sans parler
des accents donnés par d’éventuelles modifications de l’éclai-
rage. Non seulement l’œuvre d’art est dépassée pendant le
temps requis par la série des choix à opérer mais elle en
devient presque gênante, pesante au point que le bruit du
déclic sonne comme une délivrance. Déjà l’œuvre suivante
requiert l’attention… En effet, pourquoi rester avec cette
tête, ce vase ou cette coupe alors que son image est déjà
engrangée dans cette mémoire mécanique, artificielle, parfaite
qu’est l’image photographique ? Encore une fois, le regard
aura été trop rapide. Pire, détourné. L’appareil photographi-
que, ce fabricant de souvenirs, aura rendu un très mauvais ser-
Photographier, dessiner 73
LES MARCHANDS
Je pense aux galeries d’art, aux antiquaires, aux brocan-
teurs, tous antichambres du musée. Il faut les voir comme ils
sont : des têtes chercheuses en matière de qualité, d’authenti-
cité, des êtres qui sont placés – aussi implacablement qu’une
roue dentée dans une horloge – dans l’engrenage de l’argent.
S’ils aimaient « à la folie » les peintures, il leur serait impossi-
ble de s’en défaire. Or, ils les vendent, pour en acheter d’autres
pour vivre mieux en faisant l’acquisition d’autres objets qu’ils
convoitent (pour le luxe, le confort, l’apparence, etc.) De la
même façon qu’un collectionneur des bronzes de l’Inde ne va
pas voir ceux des musées car ils ne sont pas à vendre, ainsi le
marchand de tableaux trouvera belles et « importantes » les
seules toiles qui sont pour le moment en sa possession. Il a sou-
vent un assez bon œil : s’il en était dépourvu, il ne pourrait
Les Marchands 75
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76 Le jeu des comparaisons
LES ANNONCIATIONS
Un seul des quatre Evangélistes, Luc, a raconté la scène de
l’Annonciation.Voici son récit :
« L’ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Gali-
lée, nommée Nazareth, à une vierge fiancée à un nommé
Joseph de la maison de David, et la vierge s’appelait Marie.
Entrant chez elle, il lui dit : “Je vous salue, pleine de grâce, le
Seigneur est avec vous.” A ces mots, elle se trouble, se deman-
dant quelle pouvait bien être cette salutation. L’ange lui dit :
“N’ayez pas peur, Marie, car vous avez trouvé grâce auprès de
Dieu.Vous allez concevoir et enfanter un fils à qui vous donne-
rez le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-
Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son
père ; il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et son
règne n’aura pas de fin.” […] Alors Marie dit : “Voici la ser-
vante du Seigneur : qu’il me soit fait selon votre parole. ” Et
l’ange la quitta. »
82 Les annonciations
INCLUSION
Dans les yeux des auditeurs d’une causerie sur l’art, il m’arrive
presque toujours de sentir l’émergence d’une question. Les
gens se disent : « Il a la rage de partager ce qu’il sait, il veut nous
donner ce qu’il aime. Bon. D’autres amateurs passionnés en
font autant pour leur domaine. Mais, à la fin des fins, au fin fond
des choses, cet art, à quoi sert-il ? » Chaque fois, j’ai eu envie de
raconter cette belle et terrible histoire ou de lire cet article ; je
n’ai jamais osé. J’ai eu peur de paraître hors sujet, de blesser, ou
pire, d’être jugé sacrilège… Il me semble que le texte suivant
trouve naturellement sa place dans un opuscule non pas de théo-
rie, mais d’expérience, ouvert à la diversité de celles des autres.
L’auteur, connu comme mathématicien et champion
d’échecs, a combattu dans la Résistance et été déporté.
LA PEINTURE A DORA
PAR FRANÇOIS LE LIONNAIS
SI J’ÉTAIS BIBLIOTHÉCAIRE…
Plusieurs fois, il m’a été demandé de réfléchir avec des
bibliothécaires sur les meilleures façons d’utiliser leur biblio-
thèque pour donner aux jeunes lecteurs le goût de l’art. Il m’a
semblé que, pour bien faire, on devait s’avancer dans plusieurs
directions.
L’ÉQUIPEMENT DE BASE
LA PROXIMITÉ
LA PARTIALITÉ
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98 L’Art et la manière de le regarder
EN PAYS CONNU
Une institutrice conduit une classe d’enfants au Louvre. Passant
devant L’Embarquement pour Cythère, de Watteau, un écolier
s’écrie, montrant un couple : « Nous avons les mêmes à la mai-
son ! » Etonnement. Incrédulité… L’investigation révèle qu’il y a
bien, accrochée au mur de la salle à manger de ses parents une
gravure coloriée représentant un détail de ce tableau.
Il n’était plus un étranger au Louvre.Tout se passait comme
s’il était déjà venu. L’étrangeté, le fameux effet d’intimidation
était annulé. L’enfant avait saisi le fil tendu… il suffirait, dés-
ormais, de continuer à le dérouler.
LE REGISTRE ET LE FICHIER
Jadis, dans les bureaux des administrations, et aussi ceux des
commerçants, on pouvait voir de grands registres reliés, folio-
tés (le numéro de chaque page était marqué de façon indélé-
bile), paraphés (ce qui empêchait de retirer une feuille, même
la dernière).
Ces documents faisaient foi. Leur contenu était inattaqua-
ble. À juste titre, on les appelait parfois, bien que recouverts
d’écriture manuscrite, des « livres ». Ils avaient en commun
avec ces derniers d’être reliés et paginés. Bien évidemment,
que l’on parcoure les uns et les autres en avançant ou en recu-
lant, on retrouve toujours la même immuable succession. Cela
présente l’avantage de la sûreté absolue, de la totale fidélité au
projet initial. Ainsi, dans un livre d’art, on trouvera dans l’or-
dre voulu par l’auteur les pages, les chapitres et les parties. De
même pour la suite des illustrations accompagnant le texte.
Cependant, on peut souhaiter avoir une autre attitude à
100 L’Art et la manière de le regarder
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L’Art et la manière de le regarder 105
AU LECTEUR
Il parvient aux dernières pages de ce bref manuel. Le point
final est en vue. Déjà : si cet opuscule se prolongeait, il dévie-
rait de son but, trahirait son véritable objet. Que penserait-on
du voyageur qui oublierait le monde dans une bibliothèque
pleine de guides et s’enfermerait dans la chambre des cartes ?
Ce point final peut, doit être le point de départ d’une vie
nouvelle. À force de regarder, on est devenu un œil. Exacte-
ment comparable au « nez » du parfumeur, à l’« oreille abso-
lue » du musicien ou au palais du dégustateur. Il faut quitter la
table de lecture et aller à la rencontre des œuvres d’art pour
écouter les voix de ceux qui les ont créées. Voix dont il faut
accepter l’infinie diversité, les oppositions, les contradictions :
elles sont celles des hommes et même des moments successifs
dans la vie d’un individu. Le voyage ne s’arrêtera pas là :
contempler des œuvres d’art, même activement, même en
ayant l’impression de créer, de se créer, sans doute, ne peut
pas être le but d’une vie. Les artistes nous auront donné à voir
le monde, les hommes, et en nous.
Un signe annoncera que le moment est venu, qu’une mince
frontière aura été franchie : tous les nuages dans le ciel
construisent des formes, toutes les taches des murs ou des
106 L’Art et la manière de le regarder
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SOURCES ICONOGRAPHIQUES
© Photos Réunion des Musées Nationaux : 10, 13 (haut et bas de la page), 21, 25, 32, 36 et 35, 77, 40, 61 (b. dr.), 69 (b. g.), 79 – © Corel : 12 – © Daniel Hamot :
15,16 – © Musée Denon, Chalon-sur-Saône : 15 – © Giraudon : 17, 33, 41, 60 (g.), 68 (b. dr.), 73, 90 – © Photos H.C. : 58, 60 et 61 – © Rijksmuseum : 69 (h.
dr.) – © Musée Rodin et © Photos Bruno Jarret/ADAGP : 44,46,47 – © Musée Rodin (photoAdam Rzepka) : 45 – © Inv. Giraudon : 52, 54 – © Schweiz : 57 –
© Daniel Maja, éditions Octavo : 59 – © Hermann G. Klein Verlag : 68 (h. g.) – © Lauros-Giraudon et © SPADEM : 68 (b. g.) – © The Solomon R. Guggenheim
Foundation, New York, photo David Heald : 69 (h. g.) – © Lauros-Giraudon : 69 (b. dr. et milieu) – © Orsi Bataglini Giraudon : 72
Version papier imprimée en France par la Nouvelle imprimerie Laballery à Clamecy (Nièvre).
Dépôt légal 2000, ISBN 2-910090-07-8
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