La Grande Époque

EpochTimes.com
ÉDITION 147
WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION 1 – 15 JANVIER 2009 • BIMENSUEL

► P. 9 Nouveau regard ► P. 16 Culture

La Grande Époque
présente ses Musique, L’essence
meilleurs voeux aux biographie de la danse
lecteurs pour 2009 ! et justice chinoise

Europe p. 3
Black-out satellitaire en Chine
Les eurodéputés demandent des explications.

L’année
2009 et la
construction
européenne
Iran p. 4

L’Iran en 2009 :
arme nucléaire
et départ de
Mahmoud
Ahmadinejad ?

AFP

Cinq eurodéputés invitent le président de l’opérateur satellitaire Eutelsat situé à Paris à la prochaine session plénière du Parlement
européen. L’objectif de cette invitation est de permettre à Giuliano Berretta de répondre aux affirmations documentées selon lesquel-
les les autorités communistes chinoises auraient fait pression sur son entreprise pour qu’elle cesse la diffusion de la chaîne chinoise
indépendante New Tang Dynasty Television (NTDTV) en Chine.
Page 6

Consolidation du partenariat stratégique Brésil - Europe

Le double partenariat stratégi-
que Brésil-Union européenne
(UE) et Brésil-France a été con-
solidé les 22 et 23 décembre à
Rio de Janeiro par le président
brésilien, Luiz Inacio Lula da
Silva, et le président français,
Nicolas Sarkozy.
ACCOMPAGNÉ le 22 décembre de
José Manuel Durão Barroso, président
de la Commission européenne, Nicolas
Sarkozy approfondissait le partenariat
Brésil-UE en sa qualité de président en
exercice du Conseil de l’UE. Après celui
de Lisbonne en juillet 2007, ce 2e sommet
Brésil-UE a défini les priorités communes
dans une Déclaration et un Plan d’action
conjoints qui considèrent la crise écono-
mique et financière mondiale, la lutte con-
tre le changement climatique, la sécurité
(notamment énergétique), le développe-
ment durable, la coopération régionale, la
recherche et les nouvelles technologies,
les migrations, l’éducation et la culture.
L’Union européenne est le premier
partenaire commercial du Brésil et repré-
sente 22,5 % de l’ensemble des échan-
ges commerciaux de ce pays. En 2007, Lula da Silva des accords et contrats bila-
l’Union a importé 32,3 milliards d’euros téraux (dont le texte demeure réservé)
de produits brésiliens. Elle exportait relatifs notamment à l’énergie nucléaire,
cette même année l’équivalent de 21,2 la biodiversité, le changement climatique,
milliards d’euros de produits. L’Union l’espace et la coopération scientifique et
européenne est également un important culturelle. Les plus médiatisés sont des
investisseur au Brésil avec un stock d’in-
contrats militaires pour six milliards Économie p. 7
vestissement de 88 milliards d’euros en d’euros, montant supérieur à l’ensem-
2006. ble des exportations d’armes françaises
dans le monde en 2007 (5,7 milliards
Alstom lance un
CONTRATS MILITAIRES POUR 6
MILLIARDS D’EUROS
d’euros). Concernant des sous-marins
et 50 hélicoptères, ils impliquent d’impor- appel : boycotter
Le 23 décembre, c’est en qualité de tants transferts technologiques.
président de la République française que les trains chinois
Nicolas Sarkozy signait avec Luiz Inacio Lire la suite page 4

CENSURE ENVIRONNEMENT ŒNOLOGIE ART DE VIVRE

Retour sur la liberté de la
presse en 2008.
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Page 4 ................ International
Forêts primaires et parcs
nationaux en Pologne, uniques
au monde.
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Page 6 .............................. Chine
Page 7 ....................... Économie
Les grands blancs d’Alsace
manifestent à Paris leur
richesse renouvelée.
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Page 8 ................... Droits humains
Page 9 .................. Nouveau regard
Page 10 .................. Environnement
Un immeube écologique, c’est
possible.
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Page 11 ................................................. Société Page 14 ....................... Voyage
Page 12 ............................... Santé et bien-être Page 15 ................ Art de vivre
Page 13 ................................ Petites annonces Page 16 ....................... Culture

Epoch Times Paris Genève Bruxelles Londres Berlin New York Dublin Lima Taipei Tokyo... 1 700 000 exemplaires
2 International www.lagrandeepoque.com 1 – 15 JANVIER 2009 ● La Grande Époque

L’année 2008 en 8 photos

Uriel Sinai/Getty Images

GEORGIE, août – Les troupes russes

envahissent les provinces séparatistes
Paula Bronstein/Getty Images
d’Abkhasie et Ossétie du Sud, en Géorgie
CHINE, mai – Plus de 80.000 morts lors et avancent jusqu’aux portes de la capitale
du désastreux séisme de magnitude 7,9 Tbilissi. La Russie reconnait ensuite offi-
dans la province de Sichuan. Parmi les ciellement « l’indépendance » des deux
ROMEO GACAD/AFP/Getty Images victimes, plusieurs milliers d’enfants ense- provinces.
PHILIPPINES, janvier : Comme dans presque tous les pays en développement, l’ex- velis sous les décombres d’écoles cons-
plosion du prix du riz et aliments de base pose un problème de survie à des popula- truites avec des matériaux ne répondant
tions vivant avec moins de 1 dollar par jour. Le développement des agrocarburants et pas aux normes minimales de qualité,
les changements climatiques sont les principaux responsables de l’augmentation des reflet de la corruption endémique des pro-
prix des denrées alimentaires. vinces chinoises.

Getty Images

BIRMANIE, mai – Près de 150.000 morts

suite au cyclone Nargis. La junte militaire
bloque pendant de longs jours l’arrivée de
l’aide internationale.

China Photos/Getty Images

CHINE, septembre – Scandale du lait con-

taminé à la mélamine. Près de 300.000
enfants sont victimes et souffrent de cal-
culs rénaux, dont 900 sont encore hospita-
lisés. C’est toute la production industrielle
chinoise qui est mise en cause avec Joe Raedle/Getty Images

la répétition de scandales sanitaires NOVEMBRE, États-Unis : Le démocrate Barack Hussein Obama, 47 ans, devient le premier président afro-américain de l’his-
majeurs. toire des États-Unis.

Peter Macdiarmid/Getty Images Uriel Sinai/Getty Images

LONDRES, octobre – Panique sur les marchés boursiers depuis le mois de septembre NOVEMBRE, Congo – Un enfant tient son frère dans ses bras dans le camp de réfu-
et la faillite du géant Lehman Brothers. Près de 25.000 milliards de dollars ont été per- giés de Kibati, près de Goma. Les combats dans l’Est du Congo entre rebelles tutsie et
dus par les marchés financiers depuis la fin 2007. armée gouvernementale ont provoqué le déplacement de plus de 250.000 civils.
La Grande Époque ● 1 – 15 JANVIER 2009
« Non c’est Non » dit la banderole. Sauf si ??
L’année 2009 et la construction européenne
Une des principales dates de
2009 pour l’Europe sera sans
conteste le nouveau référen-
dum sur le Traité Européen
simplifié, prévu en Irlande au
mois d’octobre. La ratifica-
tion de ce traité, dit de Lis-
bonne, reste une préoccupation
majeure dans l’Union et condi-
tionne la poursuite de la cons-
truction politique de l’Union
Européenne. Les Irlandais, qui
ont rejeté en juin 2008 cette
version bis d’un premier traité
qu’avaient déjà refusé les élec-
teurs français et hollandais,
seront donc à nouveau con-
sultés sur la base de garanties
nouvelles. L’obtention espérée
de leur Oui devrait être l’une
des ultimes étapes – avec le
vote des Tchèques et la signa-
ture des présidents allemand et
polonais – dans la construction
d’un bloc politique européen.
TOUT juste après la fin d’une présidence
tchèque anticipée comme « euroscepti-
que », les Irlandais rejoueront donc à
quitte ou double l’avenir de la construc-
tion européenne. Le « Non » clair donné
par les Irlandais lors du premier référen-
dum sur le traité simplifié de Lisbonne le
12 juin 2008 a ébranlé l’ensemble des
26 pays de l’Union, d’autant que la ratifi-
cation en était quasiment finalisée dans
l’essentiel des autres pays. La ques-
tion que tous se posent aujourd’hui est
donc : la donne sera-t-elle différente en
2009 dans un contexte de crise écono-
mique mondiale et de présidence démo-
crate aux États-Unis ?
Dans les deux camps ont est au moins
d’accord sur le fait que certains éléments
ont eu un rôle clé dans le 53 % / 47 %
en faveur du Non. Parmi celles-ci et qua-
siment en première place, l’idée que le
Traité aurait pu forcer l’Irlande à accepter
la légalisation de l’avortement. Ont suivi
la crainte d’une perte de la neutralité mili-
taire irlandaise – associée à la possibi-
lité d’une conscription européenne – et
une perte d’autonomie fiscale – traduite
par une homogénéisation européenne.
Ce point d’indépendance est crucial pour
les Irlandais car le bas niveau de taxation
donne toute son attractivité au pays pour
l’implantation d’entreprises étrangères.
Les anti-Traité ont en Irlande compté
aussi bien les catholiques traditionnalis-
tes et les conservateurs que l’extrême-
gauche et les nationalistes du Sinn Fein,
ce qui a permis d’opérer un rassemble-
ment large parmi les votants inquiets.
Si le Non Irlandais a semblé inac-
ceptable ailleurs en Europe du fait que
l’Irlande a été l’un des premiers bénéfi-
ciaires des aides européennes, celui-ci
s’est en fait justement expliqué par la
crainte que le Traité de Lisbonne éloigne-
rait l’île des réglementations européen-
nes qui ont jusqu’à aujourd’hui défendu
l’emploi en Irlande. Ajoutés à tout cela le
ferment des déclarations catastrophistes
des leaders du camp noniste et la mol-
lesse des répliques du gouvernement du
Fianna Fail (parti républicain) et du Pre-
mier ministre Brian Cowen, et l’Irlande
s’est transformée en l’espace d’une jour-
née électorale en dramatique grain de
sable anti-européen.
Lorsque la présidence française a
remplacé la présidence slovène à la tête
de l’Union en juillet, le président Nicolas
Sarkozy a immédiatement tenté de con-
cevoir avec Dublin un plan pour sauver le
Traité de Lisbonne et préparer un second
vote irlandais en 2009. La France, dont
le Non référendaire à la première ver-
sion du Traité en 2004 avait donné un
coup d’arrêt à la création d’une Constitu-
tion européenne, se sent probablement
aujourd’hui responsable d’impulser une
reprise du processus. C’est également
dans cet esprit qu’elle a provoqué avec
l’Allemagne l’accouchement du nouveau
traité dit « simplifié » en 2007.
Durant l’automne, Brian Cowen a
fait le tour des capitales européennes
pour obtenir des concessions qui per-
mettraient de resoumettre le traité aux
Irlandais avec une bonne chance de suc-
cès. Car avec un nouveau Non, l’Irlande
s’isolerait et mettrait sévèrement à mal
la tentative de l’Union de réformer ses
structures décisionnelles.
Les défenseurs du Traité avaient en
2008 affirmé pouvoir obtenir des décla-
rations européennes sur les questions
de taxation, défense européenne et éthi-
que nationale, argument que les nonis-
tes avaient désamorcé en exigeant des
protocoles formels annexés au Traité
– impossibles à obtenir sans des mois
de discussions entre partenaires euro-
péens.
Les chefs d’État de l’Union ont peut-
être trouvé une réponse lors de leur
sommet à Bruxelles les 11 et 12 décem-
bre 2008 : la garantie de l’ajout dans
le futur traité, en 2010, de dispositions
sur les questions de neutralité militaire
et de taxation. Ce nouveau traité, qui
sera exigé pour l’adhésion à l’Union de
la Croatie, demandera la ratification par
tous les États membres et sera donc un
engagement ferme de tous les partenai-
res de l’Union.
Les bases sont donc présentes pour
un succès. Reste que les partisans du
Oui devront en 2009 mener une cam-
pagne moins timorée qu’en 2008. Mal-
gré le soutien de tous les grands partis
d’opposition, le gouvernement irlandais
n’a pas su expliquer le Traité et prouver
qu’il n’affecterait ni la neutralité, ni l’indé-
pendance fiscale, ni l’éthique irlandaise.
Il n’a pas su non plus convaincre que la
charte des droits fondamentaux renfor-
cerait les droits des travailleurs au lieu
de les diminuer ; ni rétablir le fait que
la réduction du nombre de commissai-
res européens irlandais a été décidée en
2001 lors du Traité de Nice, et n’est pas
liée au Traité de Lisbonne.
Face à eux, le multimillionnaire Declan
Ganley, leader du camp eurosceptique,
se prépare au combat et veut transfor-
mer son mouvement « Libertas » en parti
politique, se liant à l’extrême-droite pour
les élections européennes de juin 2009.
Les derniers sondages en Irlande
balancent du côté du Oui, ce qui ne per-
met en aucun cas une satisfaction anti-
cipée – à quelques jours du vote en juin
2008, les sondages irlandais annon-
çaient également une victoire du Oui.
Les partisans du Non pensent toujours
avoir de quoi moudre leur grain en créant
des peurs sur le mystérieux texte et en
cultivant la méfiance des électeurs vis-à-
vis du monde politique et des « techno-
crates européens ».
Cette fois pourtant, les partisans du
Oui devraient être plus vigoureux car ils
se battront non seulement pour l’Europe,
ce qu’ils ont fait mollement en 2008, mais
aussi pour leur survie politique. L’ancien
commissaire européen Padraig Flynn,
cité par The Irish Times, veut croire que
tous les efforts seront faits par Brian
Cowen pour donner une cohésion au
camp du Oui et structurer un message
compréhensible : « De nombreuses
erreurs ont été faites. Les gens n’ont
pas compris. Ils voulaient que les cho-
ses soient précisément clarifiées. Il n’y a
pas eu la coordination que j’aurais aimé
voir dans la promotion du traité de Lis-
bonne. Mais je pense que cela passera
cette fois, si la campagne est organisée
différemment et que toutes les clarifica-
tions nécessaires et déclarations sont
faites pour qu’il y ait une compréhension
complète des implications ».
Un facteur qui pourrait affaiblir le camp
du Non est la perspective d’un retour au
pouvoir des conservateurs au Royaume-
Uni en 2010, rendue palpable par les
hauts et bas de popularité du Premier
ministre Gordon Brown. Dans une telle
situation et en l’absence d’un traité de
Lisbonne ratifié d’ici là, l’Irlande euros-
ceptique se trouverait mécaniquement
www.lagrandeepoque.com International 3
rapprochée d’un Royaume-Uni en possi-
ble renégociation des conditions de son
adhésion à l’Union. Ce risque de retour
dans le giron britannique serait une vic-
toire au goût étrange pour Sinn Fein et
les nationalistes qui forment le cœur de
l’opposition au Traité de Lisbonne.
LES BONS POINTS MARQUÉS PAR
L’UNION EN 2008
Par ailleurs, l’année 2008 a cependant
permis à l’Union de montrer une vraie
présence politique et de sortir de son
image de pouvoir technocratique.
Pendant le premier semestre, la petite
Slovénie a, malgré la taille limitée de
son équipe diplomatique, su en tant que
présidente de l’Union mener avec raison
la reconnaissance de l’indépendance du
Kosovo, tempérant les dissensions euro-
péennes et apaisant la Serbie. Cinq pays
européens refusaient de reconnaître l’in-
dépendance du Kosovo par crainte de
créer un précédent pour d’autres mou-
vements séparatistes. De plus, à l’appro-
che d’élections parlementaires serbes
en mai 2008, la décision pouvait aussi
créer un mouvement anti-européen. Ceci
n’a pas eu lieu, probablement du fait de
la décision de signer un accord dit de
stabilisation et association avec la Ser-
bie. C’est en conséquence une majorité
pro-européenne qui a été élue en mai et
grâce à laquelle, en quelques semaines,
le criminel de guerre Radovan Karadzic
a été livré au tribunal pénal international
après 12 années de cavale.
Les deux événements majeurs du
second semestre 2008 – la guerre
russo-géorgienne et le crack boursier
de l’automne ont fortement augmenté la
volonté de cohésion européenne et illus-
tré ses capacités d’action. La mission
de Nicolas Sarkozy à Moscou au nom
de l’Union et l’obtention d’un cessez-le-
DOMINIQUE FAGET/AFP/Getty Images
feu entre Russie et Géorgie ont illustré
l’importance d’avoir une présidence de
l’Union forte (ce que prévoit le traité de
Lisbonne, qui doit donner au président
du Conseil de l’Europe un mandat de
deux ans et demi, et ainsi garantir plus
de continuité à son action et plus d’auto-
rité européenne dans les affaires étran-
gères).
Une autre démonstration de la valeur
d’une Union forte a été montrée avec le
plan de sauvetage du système bancaire
européen proposé par Nicolas Sarkozy
et Gordon Brown. La Banque centrale
européenne a également été très pré-
sente pour fournir des liquidités au ban-
ques en difficultés, y compris en Irlande
où l’on a pu mesurer l’impact de ce sou-
tien à l’aune de la situation désastreuse
dans laquelle se retrouve aujourd’hui,
hors de l’Union, l’Islande. « Avec les sui-
tes de la crise économique, les avanta-
ges de la Banque centrale européenne
et d’autres institutions européennes sont
devenus clairs », commente Padraig
Flynn.
Enfin, et probablement aidée par le
vide de la fin du mandat du président
américain George W Bush, l’Europe a su
négocier un accord sur les changements
climatiques et se positionner comme
force motrice dans le domaine.
Ces résultats honorables suffiront-ils
à convaincre les électeurs irlandais en
2009 ? Dans le cas contraire, la cons-
truction politique européenne ne pour-
rait probablement rester bloquer par le
positionnement d’un pays de quatre mil-
lions d’habitants. Quelle que soit la solu-
tion applicable à ce moment, elle serait
désagréable et continentaliserait l’Eu-
rope. À Bruxelles comme à Strasbourg,
on préfère penser que cela ne peut pas
arriver.
AURÉLIEN GIRARD
4 International www.lagrandeepoque.com 1 – 15 JANVIER 2009 ● La Grande Époque

L’Iran en 2009 : arme nucléaire

et départ de Mahmoud
Ahmadinejad ?
L’Iran, qui a fait une nouvelle
fois les gros titres en 2008 pour
son enrichissement d’uranium à
fins très probablement militaires
et ses appels à la destruction
d’Israël, restera un des sujets
chauds de l’actualité interna-
tionale en 2009. D’abord parce
que si les informations collec-
tées par l’Agence Internationale
à l’Énergie Atomique sont cor-
rectes, Téhéran aura en 2009
produit suffisamment d’uranium
hautement enrichi pour armer
sa première arme nucléaire.
Ensuite parce que le président
Mahmoud Ahmadinejad ne sera
probablement plus aux com-
mandes du pays à ce moment
là, puisque les élections prési-
dentielles de juin 2009 se pré-
sentent difficilement pour lui.
IL SERAIT désavoué jusque dans son
propre camp, pour son incapacité à lut-
ter contre une inflation galopante de près
de 30 % et un chômage qui n’a cessé
de croître depuis son élection en 2005.
Mahmoud Ahmadinejad aborde donc la
course présidentielle en mauvaise pos-
ture, et ne peut qu’essayer de se renfor-
cer auprès de la base rurale qui constitue
son principal soutien : le 30 décembre, le
Président a proposé au Parlement ira-
nien de mettre fin aux aides publiques
sur l’essence, le gaz, l’électricité et l’eau
qui coûtent 100 milliards de dollars par
an à l’état iranien. Cette mesure desti-
née à faire face à la crise économique
est contestée car elle fera mécanique-
ment augmenter l’inflation. Mais elle don-
nera à Téhéran un pactole avec lequel
Mahmoud Ahmajinejad prévoit de créer
de nouvelles aides pour les populations
rurales.
CONSERVATEURS DIVISÉS
Au sein du Parlement iranien, le
Majlis, les adversaires du président ira-
niens fourbissent leurs armes. Les réfor-
mateurs sont aujourd’hui plus nombreux,
et si l’écrasante majorité du Majlis est
constituée de conservateurs partisans
d’un Iran militairement fort, la fronde
anti-Ahmadinejad met en position de
présidentiable le maire de Téhéran,
Mohammad Bagher Qalibaf, ainsi qu’Ali
Larijani, ancien chef des négociateurs
sur le nucléaire qui a démissionné de
son poste en octobre 2007.
Ali Larijani, élu triomphalement avec
76 % des voix à Qom, ville sainte et hau-
tement symbolique, s’est imposé en août
à la tête du Parlement iranien, contre le
candidat proposé par M. Ahmadinejad.
Issu d’une famille d’Ayatollahs, Larijani
est un des deux représentants du guide
suprême Khameini au conseil et a mon-
tré une stature internationale lors des
négociations sur le dossier du nucléaire,
ce qui ne peut déplaire à l’opinion.
Bagher Qalibaf, ancien militaire mem-
bre des gardiens de la révolution, est
responsable de la répression des mou-
vements étudiants en 1999 et 2005 mais
a malgré tout su se créer une image de
modernisme en tant que maire de Téhé-
ran, et proposer – au moins formellement
-de nouvelles formes de dialogue avec
l’Occident.
FAIBLES PERSPECTIVES D’ASSOU-
PLISSEMENT
Le scrutin législatif de mars 2008 en
Iran a été riche d’enseignements sur l’af-
faiblissement du camp Ahmadinejad, qui
n’a obtenu que 15 % des sièges, et en
même temps sur le soutien massif des
iraniens à une politique étrangère extrê-
mement ferme et sans compromis quant
au droit du pays à enrichir de l’uranium
À six mois du scrutin présidentiel, les
courants conservateurs de Larijani et
Qalibaf, bien que minoritaires, pourraient
de façon opportuniste choisir de cons-
truire des alliances avec les réformateurs
de M. Khatami afin d’empêcher une nou-
velle candidature du Président Ahmadi-
nejad. Les différents analystes qui se
sont exprimés sur le sujet, comme Igor
Safavi de l’IPRIS, envisagent également
un duel direct Qalibaf – Ahmadinejad,
sans exclure un possible retour gagnant
BEHROUZ MEHRI/AFP/Getty Images
de M. Khatami, président iranien de 1997
à 2005. Derrière Mahmoud Ahmadinejad, le Parlement iranien s’organise.
Pointant sur les contacts initiés par le À gauche au fond, Ali Larijani.
Congrès américain auprès du Majlis et à
la réponse positive qu’y aurait donnée ne commence par la voie détournée du dépourvus de tout pouvoir réel dans les
Ali Larijani, M. Safavi s’interroge sur dialogue entre parlementaires, quand affaires étrangères iraniennes. L’année
la possibilité que l’assouplissement même les parlementaires iraniens 2009 départagera les hypothèses.
espéré des relations irano-américaines ne sont qu’un « alibi démocratique » AURÉLIEN GIRARD

Gaza : terrorisme télécommandé ?

LE SOIR du dimanche 4 janvier les troupes israé-
liennes sont entrées dans la bande de Gaza. Il
s’agit de la deuxième étape de l’opération « Plomb
durci », commencée par le bombardement d’une
quarantaine de cibles du Hamas à Gaza. Le but
de l’opération est la destruction des infrastructures
du terrorisme du Hamas et la prise des zones de
lance-missiles.
Les tirs de missiles dans les villes des alentours
de Gaza qui ont commencé au mois de juin avant la
signature du cessez-le feu se sont intensifiés depuis
le 19 décembre quand le cessez le feu a expiré.
Le ministre de la Défense Ehuhd Barak a
déclaré : « Nous désirons la paix et nous nous som-
mes retenus pendant longtemps, mais il est temps
de faire ce que nous devons faire et donner à nos
concitoyens ce à quoi chaque personne au monde
a droit : la paix et le calme, et autant que possible, la
dissipation de toute menace future. »
Le Hamas maintient ses lance-missiles et ses
armes dans des mosquées et zones de résidences
VANDERLEI ALMEIDA/AFP/Getty Images civiles et selon Reuters des centaines de personnes
De gauche à droite le président Nicolas Sarkozy, son homologue brésilien Luiz Inacio Lula ont trouvé la mort lors des bombardements.
da Silva et le président de la Commission Européenne Durao Barroso. Le Hamas n’a pas reçu le soutien qu’il espérait
obtenir des pays arabes suite à l’offensive d’Israël
a présenté le retrait comme la victoire de la résis-
tance et comme preuve de la faiblesse de l’autorité
palestinienne. La pauvreté des habitants de Gaza
a permis au Hamas, soutenu par des organisations
de donation islamistes, d’établir et d’appliquer son
pouvoir islamiste. Le 27 janvier 2006 le Hamas a
gagné les élections au Parlement sous la direction
d’Ismaël Hania. Après un an de conflits violents,
un accord avec le Fatah a été signé sous la hou-
lette de l’Arabie Saoudite et un gouvernement com-
mun a été constitué. Les conflits sanglants entre le
Fatah et le Hamas ont continué. Le 14 juin 2007, le
Hamas a fait un putsch et a profité de la situation
pour chasser le Fatah de la bande de Gaza et pren-
dre le contrôle total.
Depuis que le Hamas s’est emparé de la bande
de Gaza, il a établi un régime islamiste tyrannique,
qui gouverne les systèmes de l’éducation et de la
communication. Dans ce jeu de forces entre Israël,
le Hamas et les autres leaders du Moyen-Orient ce
sont les citoyens palestiniens qui sont les vrais per-
dants.
Un sondage publié dans le journal Al Hayat a
révélé que 74 % des Palestiniens ont soutenu le
cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Le même

Consolidation du partenariat sur Gaza. Les attaques d’Israël ont été reçues avec
compréhension. Elles ont même été acceptées
par certains pays arabes. Les accusations d’Abou
sondage a également montré que le Fatah a deux
fois plus de sympathisants que le Hamas. Beau-
coup ont dit que les questions traitées par la campa-

stratégique Brésil – Europe Mazen, président de l’autorité palestinienne et le

Suite de la première page
Le montant de six milliards concerne la part des
industriels français - le total général est de 8,6 mil-
liards, une partie revenant à des sociétés brésilien-
nes - et se répartit en 1,9 milliard pour Eurocopter,
filiale d’EADS, et 4,1 milliards pour les chantiers
navals publics DCNS, dont Thales détient 25 %.
Outre quatre sous-marins classiques de type
Scorpène, DCNS aidera le Brésil à construire une
base de sous-marins et fournira la coque du pre-
mier submersible à propulsion nucléaire du pays,
qui pourrait voir le jour vers 2020. Quant aux héli-
coptères de type EC725, ils seront construits au
Brésil par Helibras, une filiale locale d’Eurocopter
qui installera dans le pays une usine de turbines.
« Il faut que le Brésil assume la grandeur que
Dieu lui a concédée lorsqu’il créa le monde », a
commenté le président Lula da Silva, estimant que
le Brésil devait être une « grande nation » sur le
plan « militaire, économique et technologique ». Il
a insisté sur le caractère « défensif » de son ambi-
tion militaire.
« Nous avons conscience d’aider le Brésil à avoir
un statut de puissance militaire au service de la
paix, comme il a un statut de puissance mondiale
économique et un statut de puissance mondiale
politique ... La France pense qu’un Brésil puis-
sant est un élément de stabilité pour le monde » a
dit en écho Nicolas Sarkozy. Des observateurs ont
lié cette déclaration aux préoccupations régionales
nées de l’achat massif d’armes russes, surtout des
avions de combat et des hélicoptères, par le prési-
dent vénézuélien Hugo Chavez.
Le président français a aussi noté que les trans-
ferts technologiques prévoyant la « construction
d’hélicoptères à partir du Brésil permettront à nos
sociétés de rayonner sur toute l’Amérique latine ».
Nicolas Sarkozy a confirmé son soutien à l’am-
bition du Brésil d’occuper un siège permanent au
Conseil de sécurité des Nations unies. Paris et Bra-
silia se sont engagées à adopter une approche
commune lors du sommet du G20, qui débattra le 2
avril prochain à Londres des moyens de réformer le
système financier international.
LatinReporters.com
ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed
Aboul Gheit, témoignent de la position délicate du
gouvernement « Hamas » dans la région.
Ahmed Aboul Gheita a attaqué sévèrement le
Hamas. Dès le début de l’opération, le déchirement
entre le régime du Hamas à Gaza et le gouverne-
ment égyptien s’est approfondi et l’entente s’est
détériorée. Ce dernier a tenté d’aider les négo-
ciations entre Israël et le Hamas afin que le ces-
sez-le-feu puisse se poursuivre. L’Égypte en a eu
assez du Hamas et le principe même d’un État con-
trôlé par le Hamas enraciné à Gaza inquiète autant
l’Égypte qu’elle inquiète les Israéliens. Les racines
du Hamas ne proviennent pas de Palestine mais
de l’opposition islamiste des Frères Musulmans
en Égypte. Plusieurs mouvements islamistes extré-
mistes sont étroitement liés aux Frères Musulmans.
Achmed Yasin qui a fondé le Hamas a été un mem-
bre actif de cette organisation.
RAPPEL HISTORIQUE
Le retrait d’Israël de la bande de Gaza lors de
l’été 2005 a crée un vide politique, qui a permis
au Hamas de s’emparer de Gaza et de dénoncer
la corruption de l’autorité palestinienne. Le Hamas
gne électorale qui aura lieu prochainement à Gaza
seront centrées sur l’amélioration de la qualité de
vie et l’arrêt du siège.
LA CHINE DERRIÈRE LE HAMAS ?
Selon Hagaï Huberman, un correspondant de
guerre israélien pour le journal Makor Rishon, il a
été établi que les missiles tirés depuis Gaza par
le Hamas étaient de fabrication chinoise. Ce n’est
pas la première fois que les autorités chinoises sont
accusées d’avoir vendu des armes au Hamas. En
2006, des informations émanant d’un service de
renseignement basé à Paris ont été rendues publi-
ques. Selon ces sources, Gong Xiaosheng, un
officiel chinois employé au ministère chinois de
la Sécurité aurait collaboré avec des militants du
Hamas. En août dernier, la Bank of China a été
accusée d’avoir procédé sciemment à un trans-
fert de fonds pour le Hamas qui lui aurait permis de
déclencher une action terroriste meurtrière. D’après
l’avocat des victimes, Nitzana Darshan-Leitner, les
autorités chinoises étaient informées et n’ont rien
fait ni pour arrêter le transfert de fonds ni pour évi-
ter l’attentat.
MICHAL NEEMAN
AVEC G. BELMAKER ET B. KAMINSKY
La Grande Époque ● 1 – 15 JANVIER 2009
2009 : L’année de tous les dangers
Si l’année 2008 était attendue
avec impatience par Pékin et
bon nombre de Chinois, c’est
tout le contraire pour 2009. La
crise économique mondiale
n’inspire rien qui vaille à l’hori-
zon, et une série d’anniversaires
n’amélioreront en rien l’image du
régime communiste sur la scène
internationale. En fait, les pré-
dictions sont si mauvaises que
les enthousiastes du « miracle
chinois » commencent à calmer
leurs jubilations stimulées par la
montée de cette nouvelle puis-
sance. Une exagération? Lisez
pour voir.
BILL Schiller du Toronto Star écrit que
les Jeux de Pékin étaient « selon l’opinion
générale vraiment les meilleurs de tous
les temps ». La première phrase ouvrant
son analyse du 1er janvier 2009 annonce
d’emblée ses couleurs. Sont-ils nombreux
ceux qui ont pu entièrement faire abstrac-
tion du contexte pour savourer les évène-
ments sportifs et divertissants ? Schiller
semble être de ceux-là. Mais il ne s’éter-
nise pas sur son affirmation et enchaîne
rapidement en signalant que « les Jeux
sont finis » et que les « feux d’artifice de
clôture se sont dissipés ».
En effet, le titre de son article est L’éco-
nomie chinoise frappe-t-elle une Grande
muraille ?
Même les plus optimistes face à l’éco-
nomie chinoise sont troublés par cette
question. Mais peut-être pas autant que
les mandarins communistes de Pékin.
Au départ, ils croyaient peut-être que leur
« socialisme aux caractéristiques chinoi-
ses » saurait se montrer supérieur au sys-
tème capitaliste américain. C’est d’abord
ce qu’ont tenté de faire croire les médias
d’État. Mais la réalité a vite rattrapé et
défait les tentatives de propagande.
La Chine est grandement affectée et
ce n’est un secret pour personne. En fait,
comment s’est construit le « miracle chi-
nois »? Avec des investissements étran-
gers massifs, une économie basée sur
les exportations, une monnaie maintenue
artificiellement basse et un immense bas-
sin de main-d’œuvre bon marché. Ce sys-
tème aura permis à la Chine d’accumuler
des réserves de change étrangères colos-
sales grâce à des balances commerciales
penchant d’une manière draconienne en
sa faveur.
Son ralentissement économique n’est
quand même pas seulement le résul-
tat d’une conjoncture mondiale. Déjà au
moment des Jeux olympiques, l’indice
de Shanghai plongeait alors qu’il deve-
nait évident que les retombées des JO
n’étaient pas fameuses. De nombreux
sièges vides, des tonnes d’entreprises
fermées pour réduire la pollution, une
myriade de petits commerces fermés pour
plaire aux yeux des touristes et des pro-
jets de détournement d’eau aux consé-
quences néfastes. Ajoutez à cela une
chute de la confiance des consomma-
teurs dans les produits made in China, et
votre manne récoltée sur les exportations
devient de plus en plus maigre.
Le Los Angeles Times rapporte
qu’avant la crise financière, 67 000 entre-
Hong Kong 2007. Manifestation pour soutenir les Chinois qui ont démissionné du Parti communiste.
prises avaient fermé leurs portes durant la
première moitié de 2008. On peut ajou-
ter à ce nombre plusieurs milliers d’autres
pour la deuxième moitié de 2008.
Les investissements directs étrangers,
selon Bloomberg, ont chuté de 37 % par
rapport à l’année précédente.
Le gouvernement chinois avait ému la
presse occidentale en annonçant l’injec-
tion de plus de 500 milliards de dollars
pour stimuler son économie. Un reportage
du Washington Post suggère qu’il s’agis-
sait plutôt d’un coup de publicité, car seu-
lement le quart de cet argent doit provenir
du gouvernement central, le reste devant
être défrayé par les gouvernements
locaux déjà en mauvaise situation et par
les banques. Quant aux secteurs qui en
bénéficieraient, l’argent prévu était en par-
tie déjà promis, donc rien de neuf.
Il est urgent pour le Parti communiste
chinois (PCC) d’empêcher la désintégra-
tion de son économie et surtout de son
image de bon gestionnaire auprès de la
population. L’une et l’autre sont essen-
tielles au maintien de sa stabilité. On
dit qu’une croissance sous la barre des
8 % représente inévitablement de gra-
ves bouleversements sociaux causés par
le chômage et l’insatisfaction. Déjà, des
émeutes de travailleurs mis à pied ont
commencé à perturber la « société har-
monieuse » souhaitée par le dirigeant Hu
Jintao. Les prédictions de croissance pour
2009 varient entre 5 et 7,5 %.
Nombreux sont ceux qui à l’intérieur
et à l’extérieur de la Chine croient que
le développement du pays est un exploit
du parti au pouvoir. Mais ce dernier a
dû abandonner certains de ses principes
économiques pour survivre, et ce sont les
investissements de capitalistes étrangers
qui ont fourni un second souffle au pays.
Ensuite, le sang et la sueur du peuple chi-
nois a fait le reste. Comme le mentionne
Bao Tong, ancien conseillé de l’ex-secré-
taire général du PCC Zhao Ziyang, le PCC
n’y est pour rien :
« Dans l’Égypte ancienne, les pharaons
ont utilisé mille années de travail d’escla-
ves pour construire le miracle que sont les
pyramides [...] Le Parti communiste de la
Chine a construit sa propre version des
pyramides : le miracle économique du
pays, et ce, sur le dos de cet immense
bassin de cheap labor. Les pèlerins qui
sont allés voir les Jeux olympiques de
2008 à Pékin étaient excessifs dans leurs
louanges. »
Bao Tong mentionne qu’au niveau du
rang économique mondial, la Chine est
à la même position qu’en 1927, alors que
les seigneurs de la guerre du Nord du
pays avaient le contrôle. « Faut-il remer-
cier les seigneurs de la guerre pour ça ? »,
demande-t-il. « Nous ne devrions pas non
plus donner le crédit au Parti communiste
pour la situation d’aujourd’hui. »
« Alors ça n’a pas été facile d’atteindre
le rang économique que nous avions au
moment de la période des seigneurs du
Nord », poursuit Bao Tong. « Le prix que
nous avons payé pour ça aujourd’hui a été
trop élevé : une main-d’œuvre bon mar-
ché, un pillage massif des ressources
naturelles, en plus de l’air empoisonné
et de l’eau polluée. Les ancêtres regar-
dent leurs descendants ici sur Terre, mais
je ne crois pas qu’aucun d’eux ait envie
de rire. »
LES TRISTES ANNIVERSAIRES
Bien que la crise économique soit
source d’inquiétude intérieure en raison
de l’instabilité sociale qu’elle provoque,
d’importants anniversaires seront souli-
gnés cette année en Chine, mais c’est
surtout à l’étranger qu’ils devraient faire
le plus de bruit.
Un autre massacre au Tibet ? C’est
www.lagrandeepoque.com
dans la mesure du possible. Le 10 mars
2009 marquera le 50e anniversaire du
soulèvement tibétain de 1959 contre le
contrôle communiste. Ayant échoué, le
chef tibétain, le Dalaï-lama, avait alors fui
vers l’Inde, sa résidence actuelle. Pour les
Tibétains – jeunes et moins jeunes – du
Tibet ou en exil, il s’agit d’un épisode hau-
tement important qui sera à coup sûr sou-
ligné en grand.
Une économie chinoise qui s’affaiblit
laissera-t-elle plus de marge de manœu-
vre aux chancelleries étrangères désirant
condamner l’oppression au Tibet ?
Alors que la question tibétaine aura
quitté les écrans, les pages et les ondes,
le 20e anniversaire du massacre de la
place Tiananmen surviendra le 4 juin.
Ce sera peut-être l’occasion pour diffé-
rents éditorialistes peu scrupuleux de sou-
ligner à quel point la Chine a progressé
depuis. À moins, bien sûr, qu’ils ne soient
plus en mesure, à cette période, de ven-
dre le « miracle chinois » ou que le Tibet
ait tout simplement trop saigné au mois
de mars pour encore essayer de vendre
cette salade.
Tiananmen, pour les jeunes Chinois,
ne veut plus rien dire. S’ils en ont entendu
parler, ils sont convaincus que le régime a
bien fait de liquider les étudiants rebelles.
Pour eux, vaut mieux ne pas trop savoir
et, surtout, ne pas se mêler de politique.
Tiananmen va quand même résonner
à Hong Kong et dans d’autres milieux où
l’image de l’homme qui stoppait les chars
demeure la plus forte du XXe siècle, mar-
qué par la tyrannie et les guerres mon-
diales.
Le 20 juillet soulignera le dixième anni-
versaire du début de la persécution contre
le Falun Gong, la pratique de médita-
tion chinoise qui enseigne les principes
d’authenticité, de compassion et de tolé-
rance.
Paris Genève Londres
Plus d’articles sur
www.lagrandeepoque.com
Lima Dublin Taipei
Chine 5
Li Zhongyuan/The Epoch Times
En 1999, l’ex-dirigeant chinois Jiang
Zemin avait banni le Falun Gong, jugeant
que la discipline était trop populaire.
Celle-ci comptait à cette époque, selon
des estimations gouvernementales, entre
70 et 100 millions de pratiquants - ce qui
dépasse le nombre de membres du Parti.
La campagne de diffamation, d’arres-
tations et de torture qui s’en est suivie
se poursuit à ce jour. Selon le rapport
Prélèvement meurtriers, coécrit par l’ex-
parlementaire David Kilgour et l’avocat
spécialiste des droits de l’homme David
Matas, des pratiquants de Falun Gong en
Chine ont été tués par le gouvernement
pour vendre leurs organes. En fait, dans
plus de 40.000 transplantations en Chine
depuis 1999, les organes proviendraient
de sources « non expliquées ».
Le régime chinois fera tout pour que
ces anniversaires passent inaperçus. Le
seul anniversaire pour lequel il aura le
cœur à fêter sera celui du 60e de sa prise
du pouvoir en Chine, soit le 1er octobre.
Mais, après tous les assauts précédents,
voyons s’il pourra encore lever la tête et
prétendre avoir sauvé la Chine.
Les médias chinois iront dans ce sens,
ayant reçu la directive de focaliser sur
les « accomplissements » du Parti tout
en censurant les éléments « sensibles ».
Ceux qui voyaient dans les Jeux olympi-
ques une « force pour le bien » seront, en
2009, très certainement confondus.
Petit à petit, l’effritement du PCC se
poursuit et on verra très probablement,
cette année, le nombre de démissions du
PCC et de ses organisations affiliées fran-
chir le cap des 50 millions. Un mouvement
de libération de la conscience qui ne pro-
vient pas des efforts d’engagement avec
le régime chinois, mais bien du rejet com-
plet de tout ce qu’il est.
PAUL DESCHAMPS
Collaboration spéciale
New York Berlin
Montréal Genève...
6 Chine www.lagrandeepoque.com 1 – 15 JANVIER 2009 ● La Grande Époque

AUJOURD’HUI EN CHINE
Nouvelles des correspondants de la radio Son de l’Espoir (Sound of Hope Network : www.sohnetwork.com)
EMPOISONNEMENT D’ENFANTS DANS LA les avocats chinois ont aujourd’hui mis en place un ont donné les mêmes réponses. décembre et devrait être prochainement jugé. Mon-
PROVINCE DE JIANGSU système de défense commun argumentant sur le D’après monsieur Hu Zhangjun, vivant dans le sieur Guo n’a, à l’heure actuelle, pas le droit à un avo-
Plus de 40 enfants du village Xinshanhe dans la fait que : comté, les responsables locaux ont distribué des cat, les autorités évoquant des secrets d’État liés à
province de Jiangsu ont été diagnostiqués avec un 1) la loi chinoise ne définit pas la notion de modèles de réponse aux 16 questions qui pouvaient l’affaire. La famille de l’activiste a de plus été préve-
empoisonnement systémique au plomb. Ceci est « culte » et que des membres du Falun Gong ne peu- être posés, et ont promis une récompense de 2.000 nue qu’il serait dangereux de prévenir des amis de
d’après les habitants locaux la conséquence des vent donc être condamnés pour leur croyance en un yuans (200 euros) à ceux qui donneraient des répon- Guo et des sites internet « sensibles ».
rejets de Chunxin, une entreprise locale réalisant des « culte hétérodoxe » ; ses « correctes ». L’école locale a également fermé Guo Lianhui, l’avocat recruté par la famille de Guo
alliages à base de plomb. Les mêmes habitants affir- 2) toute condamnation sur cette base viole les pour une journée, avec instruction pour les élèves de Quan, indique qu’il ne croit pas à l’argument des
ment qu’on a empêché les familles d’emmener les principes de liberté de croyance et de séparation de rester à la maison afin de répondre au téléphone et « secrets d’État ». Guo a d’après lui seulement publié
enfants à Pékin pour y être soignés et que l’entre- l’Église et de l’État ; de donner les réponses attendues. Un responsable des articles pro-démocratie et pointé le non-respect
prise en question est protégée par des responsables 3) toute condamnation sur cette base viole l’arti- local a admis que le Gouvernement avait fait payer des droits de l’homme en Chine. Les 350 articles rédi-
communistes locaux. cle 33 de la Constitution chinoise, lequel indique que à chaque responsable de village un « montant de gés par l’activiste présente une critique constructive
Monsieur Hwang par exemple dit avoir emmené l’État chinois doit protéger les droits humains ; garantie » qui ne leur serait rendu que si les résultats du parti communiste, qui devrait être « récompensée
deux fois son enfant à Pékin pour un hospitalisation 4) les arrestations de membres du Falun Gong de l’enquête étaient positifs. plutôt que punie ».
et avoir à chaque fois été ramené de force dans son violent toute la procédure légale chinoise : en parti-
village par des responsables de Pékin et de l’entre- culier, ceux-ci sont arrêtés sans mandat, placés en DES TRAVAILLEURS CHINOIS EN EUROPE PROTESTATION D’AGRICULTEURS SHAN-
prise Chunxin, où il a été battu. Monsieur Hwang dit détention prolongée et torturés pour leur extorquer ESCROQUÉS GHAÏENS EXPULSÉS
ne pas être le seul à avoir subi ce traitement. des aveux. Plus de 200 ouvriers des provinces de Hebei, Depuis le 15 décembre, des centaines de fer-
La corporation des alliages ChunXin existe depuis Pour l’avocat Li Fuchun, la tendance devrait se Jiangsu et Jilin qu’un recruteur a envoyés en Rouma- miers du comté Mao-Qiao dans le district Mingxing
plus de 20 ans. Alloy et ses rejets ont eu des impacts poursuivre : les procès des membres du mouvement nie pour une durée supposée de cinq ans se retrou- de Shanghai, réclament devant les bureaux du gou-
aussi bien sur la santé des populations avoisinantes étant politiques et injustes, de plus en plus d’avocats vent sans visa, menacés d’expulsion et à se nourrir vernement local une compensation pour les terres qui
que sur l’agriculture. Pour monsieur Zhou, des dizai- sentiraient aujourd’hui qu’il est « de leur responsabi- de déchets alimentaires. leur ont été saisies.
nes de personnes sont malades à cause des fumées lité de les défendre ». Le site internet enorth.com.cn rapporte un appel M. Dong indique que près de 900 hectares de ter-
chargées en plomb et de la contamination de l’eau. téléphonique reçu de Roumanie par monsieur Li res ont été vendues par le gouvernement sans que
Chunxin est en outre localement accusée d’avoir DÉMOLITIONS FORCÉES À DONGTAI, UN MIL- Bao-xu de la province de Hubei. Il indique qu’avant les habitants expulsés reçoivent un centime de com-
provoqué l’expulsion illégale de fermiers pour pouvoir LIER DE MANIFESTANTS de quitter la Chine, les ouvriers ont dû payer la pensation. Les autorités shanghaiennes ont mobilisé
étendre sa surface. Fin décembre, un pont public a été détruit à Dong- somme globale de 800.000 yuans (80.000 euros) à la police militaire et les forces spéciales pour proté-
tai, dans la province de Jiangsu par des construc- une entreprise de recrutement basée à Gucheng. Il ger leurs locaux. Seuls des incidents mineurs ont été
LA DÉFENSE DES MEMBRES DU FALUN teurs qui ont recruté des gangs pour empêcher les dit avoir, comme les autres, été piégé et se retrou- constatés sur place.
GONG : NOUVELLE TENDANCE POUR LES habitants locaux d’intervenir. Plusieurs d’entre eux ver avec un visa de travail non valide. Quatre d’en-
AVOCATS CHINOIS ayant été blessés, un millier de manifestants se sont tre eux ont déjà été déporté, et cinq autres sont en CENSURE SUR UN FOYER DE GRIPPE
L’année 2008 aura marqué en Chine le début d’un rassemblés pour protester devant les bureaux de la détention. AVIAIRE
mouvement par les avocats chinois, qui défient l’inter- ville. Le pont Yanjia connectait le Nord et le Sud de la L’épidémie qui a frappé les élevages de poulet
diction faite par le régime communiste chinois d’assu- ville et avait été financé sur fonds publics. Interrogée, DES FRUITS AUX HORMONES DISCRÈTEMENT début novembre dans la province de Jiangsu était
rer la défense de membres du mouvement spirituel la police locale s’est limitée à indiquer que le Gou- RETIRÉS DE LA VENTE due à la souche H5N1. Ce n’est qu’à la mi-décembre
Falun Gong. vernement avait donné son autorisation aux cons- Les responsables de la province de Hebei ont que les autorités chinoises en ont informé le centre de
Depuis 1999, date de l’interdiction du mouvement tructeurs. secrètement fait retirer de la vente les poires chinoi- contrôle épidémique basé à Hong Kong.
en Chine, les membres du Falun Gong, générale- ses développées par l’institut de recherche fruitière D’après un vétérinaire dans la ville de Hai Nan,
ment jugés pour « subversion du pouvoir d’État » et RÉSULTATS FABRIQUÉS POUR UNE de Shijiazhuang, après le scandale du lait contaminé. au niveau du foyer la grippe tuait les animaux en
« participation à des activités cultuelles interdites », ENQUÊTE EN BANLIEUE DE NANJING Les poires, version à mûrissement accéléré de la deux jours et l’information n’a pas été transmise aux
n’ont pas eu droit à une défense normale par avocat. En pleine crise économique, un comté en Chine poire Nashi, subissaient des injections d’hormone de habitants alentours. Des animaux morts, affirme-t-il,
Lorsque des avocats commis d’office ont été cités a truqué une enquête qui devait évaluer le bien- croissance à la base du fruit, juste après la floraison. auraient été congelés et vendus.
dans certains procès, le mandat de ceux-ci a été être des résidents locaux. Le journal Nanjing Mor- L’agriculture du Hebei subit fortement les effets de la D’après les données finalement transmises à Hong
limité à plaider la culpabilité de leurs clients. ning News rapporte que les responsables du district pollution industrielle locale. Kong, plus de 120.000 volailles ont été tuées par le
Le premier cas de désobéissance a été rapporté Pukou ont cherché à obtenir un label « bien-être » de virus, et 370.000 abattues de façon préventive.
en 2005, quand l’avocat shanghaïen Guo Guoting a la région afin de promouvoir le développement local. L’ACTIVISTE GUO QUAN FORMELLEMENT
décidé de plaider non-coupable pour les membres du Le département des statistiques de la province de ARRÊTÉ
Falun Gong qu’il défendait. En 2007 et 2008, la ten- Jiangsu a alors conduit une enquête téléphonique, Le démocrate et défenseur des droits de l’homme
dance s’est très largement accentuée, au point que durant laquelle 96 % des habitants du comté Shiqia Guo Quan, de la ville de Nanjing, a été arrêté le 19

47.800.834 Chinois ont démissionné du Parti

après avoir lu les Neuf commentaires sur le
Black-out satellitaire en Chine :
ÉDITORIAL Parti Communiste. Ce mouvement de démis-
sions reste pour le peuple un moyen d’expres-
sion non violent, apolitique et sans précédent
demande d’explications
dans la société chinoise face à la dictature et à la corruption générali-
sée au sein du régime. La Grande Époque publie un extrait traduit de
cette série éditoriale chinoise dans chacun de ses numéros.
d’eurodéputés
Cinq eurodéputés invitent Giuliano Berretta, prési- dévoiler l’ampleur de l’épidémie du SRAS dès les premières
semaines de contagion – et ceci bien avant que le régime
dent de l’opérateur satellitaire européen Eutelsat,
NEUF COMMENTAIRES situé à Paris, à la prochaine session plénière du
chinois n’ait autorisé à couvrir le sujet. NTDTV profite pour
cela d’être implanté dans plus de 60 villes hors de Chine, ce
Suite du sixième commentaire ragé à accuser et dénoncer les autres. Il est Parlement européen. L’objectif de cette invitation qui lui permet de couvrir librement les sujets d’actualité brûlante
alors récompensé pour ses contributions au est de permettre à Giuliano Berretta de répondre comme les contaminations alimentaires illustrées par le
D. Une culture d’incrimination Parti. scandale du lait à la mélamine. NTDTV bénéficiait de ce qu’elle
aux affirmations documentées selon lesquelles était la seule télévision sinophone non censurée à diffuser ses
Le PCC (Parti communiste chinois) a com-
plètement négligé les principes légaux des 2. LES ASPECTS DE LA PROPAGANDE
les autorités communistes chinoises auraient fait programmes en Chine même.
sociétés modernes et a vigoureusement pression sur son entreprise pour qu’elle cesse la « NTDTV veut être la force motrice qui comblera le vide
d’information entre l’Orient et l’Occident », affirme son PDG,
promu une politique d’implication. Il a utilisé A. Une culture de voix unique diffusion de la chaîne chinoise indépendante New monsieur Shiyu Zhou.
son pouvoir absolu pour punir les proches de Pendant la Révolution culturelle, la Chine Tang Dynasty (NTDTV) en Chine.
ceux que l’on a étiquetés comme « propriétai- foisonnait de slogans tels que « les instruc- Monsieur Zhou ajoute que la lettre des députés européens
res terriens », « riches », « réactionnaires », « tions suprêmes », « une phrase (de Mao) témoigne d’un soutien fort des gouvernements et des peuples
mauvais éléments », et « droitiers ». Il a pro- pèse autant que 10.000 phrases, chacune « COMME vous le savez, en tant que fervent défenseur des pour la liberté d’information en Chine : « Ils se soucient de la
posé la théorie de « l’origine des classes ». est la vérité ». Tous les médias ont été obli- droits de l’homme en Chine, le Parlement européen a une posi- Chine et du peuple là-bas et veulent vraiment contribuer à
Aujourd’hui, le PCC va « imposer la res- gés de chanter les éloges du Parti et de par- tion très claire sur la liberté des médias en Chine », peut-on lire améliorer la situation ».
ponsabilité des dirigeants au plus bas de ler collectivement pour le soutenir. Lorsque dans la lettre adressée à Giuliano Berretta, qui, à ce jour, n’a La lettre adressée en décembre à Giuliano Berretta est
l’échelle et les réprimander publiquement c’était nécessaire, les dirigeants de chaque pas donné suite au courrier. cosignée par les députés Marco Cappato, Hanna Foltyn,
s’ils échouent dans leur rôle de prendre des niveau du Parti, le gouvernement, l’armée, les D’après des associations comme Reporters sans frontières, Thomas Mann, Charles Tannock et Helga Truepel, députés
mesures adéquates pour empêcher les prati- ouvriers, la ligue de la jeunesse et les orga- non seulement l’excuse technique utilisée pour justifier issus des quatre principaux partis politiques du Parlement
quants de Falun Gong d’aller à Pékin semer le nisations de femmes devaient exprimer leur l’interruption de NTDTV est fallacieuse, mais Eutelsat ne peut européen.
trouble. Pour des cas sérieux, des sanctions soutien. aujourd’hui prétendre que son satellite W5 n’a pas la place Les cinq signataires ont déposé un projet de résolution au
seront appliquées ». « Si une personne pra- Chacun a dû passer par cette épreuve. d’héberger NTDTV. Parlement européen pour demander à Eutelsat de rétablir la
tique le Falun Gong, chaque membre de sa « Le satellite W5 d’Eutelsat dispose de toute la place diffusion de NTDTV en Chine et appellent les États européens
famille sera licencié ». « Si un employé pra- B. Une culture pour promouvoir la nécessaire, surtout depuis que le Broadcast Board of à prendre « les mesures nécessaires pour aider à rétablir
tique le Falun Gong, la prime de chacun des violence Governors américain s’en est retiré. Voice of America a quitté la diffusion de NTDTV en Chine et promouvoir l’accès à
employés de toute la société sera retenue ». Mao Tse Toung a dit : « Avec 800 millions le satellite W5 dès le 1er août, laissant l’espace correspondant une information non censurée pour des millions de citoyens
Le PCC a aussi publié une politique discrimi- de gens, comment peut-on fonctionner sans disponible », martèle le député européen Bart Staes. « Le fait chinois ».
natoire envers les enfants de « ceux qui peu- lutte ? » Dans la persécution du Falun Gong, est qu’ils cèdent à la pression du régime communiste chinois ». Le projet de résolution rédigé en octobre a déjà rassemblé
vent être éduqués et transformés » et ceux Jiang Zemin a dit : « Pas de punition pour La lettre récente adressée à Giuliano Berretta révèle trois 315 signataires sur les 785 membres du Parlement. Avec la
qui sont issus des « cinq classes noires » (les ceux qui frappent à mort les pratiquants de sources manifestant la vive inquiétude européenne relative signature d’une majorité de députés européens, elle deviendra
propriétaires terriens, les fermiers riches, les Falun Gong ». Le PCC a préconisé « la guerre aux droits de l’homme en Chine : la persécution contre le une résolution et sera alors lue lors de la prochaine session
réactionnaires, les mauvais éléments et les totale », et « la bombe atomique n’est qu’un mouvement spirituel Falun Gong, la répression au Tibet et le parlementaire par le président du Parlement européen. Ceci
droitiers). Le Parti met en avant la conformité tigre de papier […]. Même si la moitié de la trafic d’organes par le régime chinois – organes prélevés sur serait un message fort à Eutelsat dans une période où la
au Parti et le fait de « placer la droiture au- population mourait, la moitié restante suffirait des condamnés à mort vivants et des membres du Falun Gong photo du dissident chinois Hu Jia, lauréat du prix Sakharov
dessus de la loyauté envers la famille ». Les pour reconstruire notre patrie ». détenus pour leurs convictions. 2008 pour la liberté de penser, s’affiche encore sur les murs
systèmes, tels que le système d’archives du « Il est évident qu’il est plus important que jamais de fournir du Parlement.
personnel et celui des archives structurelles Pour en savoir plus, lire les Neuf Commentai- aux Chinois des informations libres et non censurées », peut-on « Nous sommes témoins d’innombrables soutiens venant de
ainsi que le système de relocalisation provi- res sur www.lagrandeepoque.com également lire dans la lettre des députés. Chine. [Eutelsat] agit contre la volonté du peuple chinois »,
soire, ont été établis pour assurer la mise en Version audio disponible sur le site de la radio NTDTV, le réseau télévisé sinophone dont la diffusion a conclut Carrie Hung, porte parole de NTDTV.
œuvre de sa politique. Le peuple est encou- Son de l’Espoir : www.sondelespoir.org été interrompue, a été le premier média de langue chinoise à EVAN MANTYK
La Grande Époque ● 1 – 15 JANVIER 2009
Alstom appelle
à boycotter les
trains chinois
ALSTOM, groupe industriel français,
deuxième constructeur mondial de maté-
riel de transport ferroviaire, vient de lancer
un appel vers les pays occidentaux pour
les inciter à refuser d’acheter les trains
chinois. Philippe Mellier, dirigeant d’Als-
tom Transport, dénonce la fermeture pro-
gressive du marché domestique chinois à
la concurrence étrangère. « Comme on
s’y attendait, le marché (chinois) se ferme
graduellement pour laisser les entreprises
chinoises prospérer », a-t-il déclaré dans
un entretien accordé au quotidien britanni-
que Financial Times. M. Mellier justifie son
appel au boycott de la manière suivante :
« Si le marché se ferme aujourd’hui, nous
ne pensons pas que ce soit une bonne
idée que les autres pays ouvrent leurs
marchés à une telle technologie parce
qu’il n’y a plus de réciprocité », dit-il en
donnant comme exemple la future ligne
www.lagrandeepoque.com Économie 7
ter grâce aux technologies transférées
par leurs partenaires occidentaux, qui
sont devenus désormais des concurrents.
Les entreprises chinoises cherchent à se
faire une place sur les marchés étran-
gers parmi les leaders mondiaux comme
Bombardier, Alstom ou Siemens. « On
commence à voir des entreprises chinoi-
ses répondre aux appels d’offres partout
dans le monde avec des locomotives chi-
noises, dont la fabrication de certaines
est basée sur des transferts de technolo-
gie », a expliqué Philippe Mellier, en ajou-
tant que la situation est similaire pour les
rames de métro.
Les occidentaux ne se méfient pas
assez des dirigeants communistes chi-
nois. La Chine est bien connue pour ses
capacités à copier. Pour pouvoir vendre
leurs produits en Chine, les industriels
occidentaux s’y installent afin de les fabri- Jack Guez/AFP/Getty Images

à grande vitesse entre Pékin et Shan-
ghai, laquelle devrait être construite uni-
quement avec les trains de conception
chinoise.
En effet, la Chine commence à expor-
quer au coût minimum et acceptent ainsi
un transfert de technologie. En quête de
nouveaux marchés sous prétexte d’en-
jeux financiers, ils adoptent une straté-
gie imprudente à l’égard de ce régime
Philippe Mellier, dirigeant d’Alstom Transport.
sans scrupules. Le mirage chinois risque temps pour les occidentaux d’abandon- savoir-faire en Chine et en réinvestissant
de se transformer bientôt pour de nom- ner toute illusion et de revoir les compro- ailleurs.
breuses entreprises en bras de fer. Il est mis industriels, en refusant de brader leur LAURENCE SMITH

Crise économique : six constats Vers un nivellement

La sortie de la crise implique une cement du bonus écologique, applicable à tout mondial des
un panel de produits de grande consommation,
remise à plat du fonctionnement éco-
nomique mondial et l’ouverture d’un
paraissait impossible à trouver, alors que cette
décision devait s’autofinancer par les malus des
économies et des
débat démocratique au sein de la produits trop énergivores. Un autre exemple de
société pour consommer et échanger la même actualité socialement désastreuse fut
donné lors de la présentation du Revenus de Soli-
revenus ?
autrement. darité Active (élaboré par Martin Hirsh) pourtant LES CONSÉQUENCES immédiates de la crise finan-
justement présenté par le Gouvernement comme cière et économique actuelle sont déjà très présentes
COMMENT sortir de cette profonde crise de con- nécessaire à une reprise de l’emploi des titulaires dans les économies occidentales : vagues de licencie-
fiance économique, sociale, et maintenant politi- de l’allocation du R.M.I, et où le financement de 1 ments, alertes des entreprises sur leurs résultats, baisse
que ? Son évolution très rapide révèle les failles milliard d’euros par an faisait obstacle… de la consommation, et entrée en récession des États-
et maintenant les dégâts d’une politique économi- Unis, ainsi que d’une partie des États européens. Dans
que mondialisée qui, depuis plus de 20 ans, s’est Sixième constat : les conséquences de nombreux foyers, face à l’inconnu du court mais aussi
basée sur la prérogative des actionnaires, les- sociales, le « syndrome grec des 600 euros par du long terme, beaucoup anticipent le pire et modifient
quels réclament 15 % de résultat annuel, alors mois ». Ce double visage de l’action du Gouver- leur comportement de consommateur : élimination du
que les revenus salariaux et les pensions se sont nement français risque fort d’alimenter le ressen- superflu, report de certains achats à plus tard, fréquen-
effondrés de 10 %. Cette situation inédite explique timent des nombreux insatisfaits d’une société qui tation exclusive des soldes, et revente des objets inuti-
pourquoi la pauvreté se répand partout dans les souffre en profondeur du chômage, de l’inquié- les sur Internet.
pays occidentaux alors que les riches sont de plus tude liée à l’instabilité du travail, de la hausse des L’ampleur de cette crise est en effet exceptionnelle et
en plus riches, et que les inégalités de ressour- prix, et ce depuis de nombreuses années. Cette beaucoup d’analystes la comparent à celle de 1929. Les
ces entre les pays, les difficultés d’approvisionne- profonde crise de confiance entre les citoyens causes en sont maintenant bien cernées, mais les consé-
ment alimentaires, et les problèmes écologiques et leurs élites qui se sont discréditées par leur quences à moyen et long terme nous sont encore diffici-
explosent. aveuglement et leurs mensonges, les banquiers les à entrevoir, en particulier au niveau mondial.
entre eux qui ne savent plus qui croire, les véri- Interrogé sur le blog de l’hebdomadaire L’Express,
Premier constat : la faillite de la gouvernance Mauricio Lima/AFP/Getty Images
tables entrepreneurs qui font vraiment tourner la l’économiste Jacques Attali se concentre sur la capacité
financière. Le fameux dogme de la « main invi- machine économique et qui encaissent de plein d’emprunt de l’État fédéral américain, qui « se mesure à
sible du marché », qui imposait ses « dérégula- La crise menace l’industrie automobile : fouet les manques de liquidités, pourtant indis- court terme par le taux d’intérêt des bons du trésor (les
tions » et des règles de rendement financier au les stocks de voitures invendues pensables, afin de payer leurs employés et leurs T bills, actuellement à 0 %) et à long terme par le prix
niveau mondial à tous les États-nations, avec s’accumulent. fournisseurs. des options de vente à terme de ces mêmes bons ». Si
ses institutions internationales que sont le F.M.I., Comment sortir de cette profonde crise de con- ce prix monte, selon J. Attali, cela traduira une perte de
l’O.M.C et les agences de notation, qui devaient fiance ? D’abord par un diagnostic lucide, car elle confiance dans l’État américain, qui risque alors de se
en principe en garantir le fonctionnement, mais ont Quatrième constat : la déresponsabilisation n’est que l’aboutissement logique d’un système retrouver en faillite et entraîner une « hyperinflation pla-
montré leurs limites voire leur incurie. et l’opacité des acteurs financiers. L’irresponsa- économique sclérosé, organisé par la finance nétaire ». L’autre scénario, plus vraisemblable selon
bilité des « seigneurs de la finance », qui grâce à internationale pour l’obtention de dividendes injus- J. Attali, verra les capitaux chinois et pétroliers affluer
Deuxième constat : l’aveuglement écono- leur possibilité de titriser les prêts qu’ils ont accor- tifiés au mépris des conséquences sociales et pour financer la politique de grands travaux de Barrack
mique du monde politique au niveau interna- dés aux ménages et aux entreprises, puis de les écologiques, et en restant sourd aux alertes des Obama, pendant que l’Europe entrera en récession et
tional. Les gouvernements et leurs conseillers mélanger à des « titres financiers » pompeuse- scientifiques partout dans le monde. A l’évidence, que de nombreuses manifestations de violence se pro-
se sont montrés aveuglés par ce credo rabâché ment appelés « produits dérivés », a joué un rôle la sortie de cette crise implique une remise à plat duiront dans les pays émergents.
depuis 20 ans et n’ont pas vu venir cette crise clé déterminant. Cela les déresponsabilisait des du fonctionnement économique mondial, tant au Martin Hutchinson, dans son article paru sur
du crédit à la consommation, gagé sur une bulle risques pris envers leurs emprunteurs et les cou- niveau financier qu’industriel et commercial. En Breakingviews.com (un site spécialisé dans l’informa-
immobilière qu’ils croyaient semble-t-il voir grim- pait complètement de la réalité sociale et du tissu effet, le monde industriel et commercial encaissait tion financière), pense que « sauf gaffe majeure, nous ne
per jusqu’au ciel ! Ce crédit à la consommation économique réel, en transformant ces engage- déjà depuis des années une douloureuse instabi- devrions pas connaître une récession de même ampleur
permettait dans les faits de diminuer de 10 % les ments en activité devenue anonyme. lité des prix de matières premières, de l’énergie, de que celle de 1930 », où le PNB américain avait chuté de
salaires et les pensions versés aux plus bas reve- l’emploi et de ses innombrables lois et exceptions 27 % et le chômage était monté à 25 %. En se basant
nus par les biais du travail à temps partiel, de la Cinquième constat : les conséquences bud- ou exonérations, des investissements en locaux et sur une croissance mondiale moyenne de 2,6 % dans
précarité et du chômage engendrés par les délo- gétaires. Cet aveuglement de tous les respon- machines-outils aussi vite obsolètes qu’amortis, les prochaines années, il en déduit pourtant « mécani-
calisations industrielles massives. sables économiques, dotés de parachutes dorés des délocalisations complètes des filières indus- quement une baisse du PIB américain de 27 % d’ici à
mais déconnectés des vrais résultats des entre- trielles les plus pourvoyeuses de main d’œuvre 2022 » et entrevoit des « effets psychologiques dévasta-
Troisième constat : le mythe de la crois- prises, ajouté à celui du monde politique conseillé dans les pays dont la Chine, devenue l’usine du teurs dans les pays développés ». Ainsi, pour M. Hutchin-
sance infinie sur une planète aux ressources par des soi-disant spécialistes et experts, sera monde au prix d’un dumping social ravageur pour son, « la mondialisation va affaiblir les pays riches » par
limitées. Dans cette période, l’endettement des finalement réglé par les contribuables des pays les Chinois et le reste du monde. rapport aux pays émergents et les « écarts entre pays
ménages occidentaux, assoiffés de consomma- occidentaux. Ces derniers, que les mêmes experts Le rétablissement d’une véritable confiance vont se réduire », à condition que ces derniers réussis-
tion par les publicitaires et noyés par le surendet- culpabilisaient il y a peu sur les montants déjà implique l’ouverture d’un débat démocratique au sent à diminuer leur dépendance par rapport aux pays
tement a été le starter impitoyable de la crise. Il astronomiques des déficits budgétaires, assistent sein de la société. Ce débat ne pourra guère conti- occidentaux et songent à investir chez eux pour amélio-
y a peu de temps encore, cette réalité était pré- ébahis à la promesse immédiate d’injecter 1.700 nuer à faire l’impasse sur la responsabilité sociale rer leur productivité.
sentée comme une manifestation de la supério- milliards d’euros supplémentaires. Cet accroisse- de chaque individu. Sortir de l’habitude du rai- Ces analyses confirment le climat actuel de défiance
rité l’économie américaine. Mais on oubliait qu’elle ment du déficit public risque fort de relancer une sonnement binaire égocentrique sans limite du dans les pays développés envers les bienfaits de l’éco-
fonctionnait à crédit, alimentée par les capitaux du inflation des prix à la consommation. Le citoyen « moi face aux autres » devient une responsa- nomie de marché et la mondialisation. Si ces prévisions
monde entier, attirés par des taux d’intérêt exor- français reste subjugué par l’affaire Dexia, une bilité individuelle fondamentale. Chaque citoyen se maintiennent, nous pourrions alors assister dans les
bitants. Ce double phénomène nourrissait une banque franco-belge inconnue du grand public, où devra découvrir que dans sa vie il y a bien un pôle quinze prochaines années à un fort appauvrissement des
importation massive venant des pays à très bas en quelques heures au milieu du week-end, l’inter- « environnemental » fait d’un écosystème com- classes moyennes des pays occidentaux face à un enri-
coût de production dont, paradoxalement, les diri- vention du Gouvernement est passée rapidement plexe de la planète, mais aussi de rapports exté- chissement parallèle des classes dirigeantes des pays
geants de la dictature du parti communiste chi- à 4 milliards d‘euros plus 2 pour le Gouvernement rieurs, sociaux, de convivialité et de partage pour émergents avec pour conséquence l’amorce d’un nivelle-
nois ont profité pour devenir l’usine du monde et belge. Stupeur ! Alors que peu de temps aupara- consommer et échanger autrement. ment des revenus moyens au niveau mondial.
le chantre de l’ultralibéralisme. vant, les 400 millions d’euros nécessaires au lan- GÉRARD CAMELIN PATRICK C. CALLEWAERT
8 Droits humains www.lagrandeepoque.com 1 – 15 JANVIER 2009 ● La Grande Époque

Liberté de la presse en 2008

REPORTERS sans frontières a pris en En 2008
compte les cas où le lien entre la pro-
fession de la victime et l’incident est soit - 60 journalistes tués
établi, soit hautement probable. Les chif- - 1 collaborateur des médias tué
fres indiqués recensent les épisodes - 673 journalistes arrêtés
dont l’organisation a eu connaissance,
ce qui ne prend pas en compte ceux pour - 929 agressés ou menacés
lesquels les victimes ont volontairement - 353 médias censurés
gardé le secret, souvent pour protéger
leur sécurité. Pour autant, le bilan pré-
- 29 journalistes enlevés
senté pour l’année 2008 est fondé sur Et concernant Internet :
la même méthodologie que les années - 1 blogueur tué
précédentes, rendant possible une com-
paraison. - 59 blogueurs interpellés
- 45 agressés
VUE GÉNÉRALE - 1.740 sites d’information fer-
Les zones Asie-Pacifique et Maghreb-
Moyen-Orient sont toujours les plus més ou suspendus
meurtrières pour la presse. Après l’Irak
(15 tués), le Pakistan (7 tués) et les Phi- En 2007
lippines (6 tués) sont les deux pays où
les journalistes ont le plus perdu la vie - 86 journalistes tués
cette année. L’hécatombe se poursuit au - 20 collaborateurs des médias
Mexique, où 4 journalistes ont été assas-
sinés pour des raisons professionnelles.
tués
La baisse du nombre de morts en Afri- - 887 journalistes interpellés
que (3 en 2008, 12 en 2007) s’explique - 67 enlevés
surtout par le renoncement de nombreux
professionnels à exercer leur métier, pre- - 1.511 agressés ou menacés
nant souvent le chemin de l’exil, ainsi - 528 médias censurés
que par la disparition progressive des
médias en zones de conflit (en Somalie, BERTRAND GUAY/AFP tières a recensé dix-huit arrestations,
notamment). Des manifestants sur le Parvis des droits de l’homme, au Trocadéro à Paris, devant des cercueils 31 agressions et dix condamnations.
symbolisant des journalistes tués en Russie le 5 octobre 2007. En Syrie (8 arrestations, 3 condamna-
LA RÉPRESSION SE DÉPLACE SUR tions), en Égypte (6 arrestations) ou au
INTERNET trepreneur chinois Wei Wenhua a été si tenaces que la police surveille et punit censure d’un site comme Twitter (en Maroc (2 arrestations, 2 condamnations),
L’année 2008 a connu moins de jour- battu à mort par des officiers municipaux de plus en plus les utilisateurs indélicats Syrie) ou Facebook (bloqué en Syrie et la libre expression sur Internet est très
nalistes des médias traditionnels tués ou (chengguan), le 7 janvier, après qu’il du cyberespace. Les sites de partage de en Tunisie, filtré en Turquie et aux Émi- problématique. La machine à broyer la
arrêtés. Mais la situation de la liberté de avait filmé une altercation avec des mani- vidéos, comme Youtube ou Dailymotion, rats arabes unis) entraîne une cascade liberté d’Internet a été particulièrement
la presse dans le monde ne s’est pas festants dans la ville de Tianmen (pro- ont été particulièrement visés par les de blocages qui, s’ils étaient ajoutés aux sévère en Birmanie, où la junte a fait
améliorée pour autant : désormais, à vince du Hubei). Des actes de censure censeurs officiels. Blocages ou filtrages mesures de contrôles habituelles, multi- condamner, dans des conditions honteu-
mesure que la presse écrite et audio- sur le Web ont été recensés dans trente- sont de plus en plus courants, dès lors plieraient le résultat par dix. ses, le blogueur et comédien Zarganar et
visuelle se transforme et que la blogos- sept pays, notamment en Chine (93 sites que l’un des contenus est jugé « offen- La prison est, enfin, la réponse de plus le jeune cyberdissident Nay Phone Latt
phère prend une envergure mondiale, la censurés), en Syrie (162 sites censu- sant » pour telle ou telle autorité. en plus souvent apportée par les gouver- à des peines de prison incroyablement
prédation s’exerce sur Internet. rés), en Iran (38 sites censurés). Mais les Cette réaction épidermique de cer- nements aux critiques formulées dans lourdes (59 ans pour le premier, 20 ans
A cet égard, les chiffres sont parlants. démocraties ne sont pas en reste, en ce tains gouvernements envers les sites les blogs. Dix cyberdissidents ont été pour le second). Ces deux hommes ont
Pour la première fois, un homme a été qui concerne la surveillance et la répres- « collectifs » commence à entraîner des arrêtés en Chine, 31 ont été agressés ou rejoint les nombreux autres prisonniers
tué en 2008, alors qu’il effectuait un tra- sion du Net : en Thaïlande ou en Tur- phénomènes de « censure de masse », menacés, au moins trois condamnés par politiques birmans, dont 16 journalistes.
vail de « journalisme citoyen » : l’en- quie, les tabous du roi ou de l’armée sont notamment des réseaux sociaux. La la justice. En Iran, Reporters sans fron- Reporters sans frontières

Les cinq plus importantes actualités indigènes de 2008

L’ÉVÉNEMENT le plus marquant de l’an-
née a été la diffusion des photos d’une
tribu isolée à la frontière entre le Bré-
sil et le Pérou. Les photos qui ont fait
la une des médias internationaux ont
été publiées afin d’attirer l’attention sur
l’exploitation forestière illégale forçant
les Indiens isolés à fuir le Pérou pour se
réfugier au Brésil faisant d’eux les pre-
miers « réfugiés isolés ».
AUTRES ACTUALITÉS INDIGÈNES
DE L’ANNÉE 2008
Des projets secrets de construction
d’une série de barrages hydroélectriques
en Malaisie qui inonderont les villages
penan sont divulgués sur internet.
Des images satellite révèlent que la
compagnie brésilienne Yaguarete Pora
détruit illégalement la forêt au bulldo-
zer dans l’une des régions les plus recu-
lées du Paraguay où vivent les derniers
Indiens isolés Ayoreo-Totobiegosode.
La compagnie minière Gem Diamonds
va exploiter une importante mine de dia-
mants dans le désert du Kalahari, au
Botswana, sur les terres ancestra-
les des Bushmen qui en ont été expul-
sés. Le gouvernement botswanais lui a
accordé une licence d’exploitation à con-
dition qu’elle ne fournisse pas d’eau aux
Bushmen.
Des centaines de Dongria Kondh
ont manifesté leur opposition au pro-
jet d’exploitation minière de la compa-
gnie Vedanta qui détruira leur montagne
sacrée. Brandissant leurs armes tra-
ditionnelles, les Dongria ont défilé en
chantant et dansant à travers la capitale
de l’Etat d’Orissa.
Stephen Corry, directeur de Survival,
a déclaré aujourd’hui : « Depuis des siè-
cles les peuples indigènes sont victimes
d’un génocide occulte. Le fait qu’il com-
mence aujourd’hui à être couvert par les
médias internationaux contribue à mobi-
liser l’opinion publique, la seule force
capable d’empêcher ces crimes. Le
monde se réveille, mais la route est lon-
gue pour que l’on cesse de considérer
les peuples indigènes comme des primi-
tifs attardés, attendant le soi-disant ‘pro-
grès’ qui ne fait que les détruire. »
www.survivalfrance.org

Brèves d’espoir Avec l’agence d’informations Reporters d’Espoirs

UNE SECONDE VIE POUR LES PAPIERS DE transport ou ambassadeur de tri, ils peuvent ensuite culturel, qui lui demande au début des années 1990 désireux de créer une entreprise à fort impact social.
BUREAU prétendre à un emploi fixe dans ces métiers qu’on de l’aider à mettre en place un programme culturel Le Synapse Center, incubateur et centre de for-
En France 80 % des papiers de bureaux appelle “valoristes”. pour les jeunes en difficulté sociale. A cette époque mation créé en 2003 à Dakar (Sénégal), lance en
finissent en décharge, alors qu’une tonne de Pour en savoir plus: www.nouvelle-attitude.fr Danielle est formatrice nationale : « Au début, les 2006, le programme « Promesse Sénégal », pour
vieux papiers donne 900 kg de papiers recy- élèves hurlent, ils protestent et disent que l’Opéra, accompagner gratuitement les jeunes sénégalais,
clés (source : Agence de l’environnement et de DANIELLE FOUACHE : INVITE LES JEUNES c’est ringard. Mais dès la première visite à Garnier âgé de 18 à 25 ans, dans le montage de leur projet
la maîtrise de l’énergie). Nouvelle attitude estime AU BAL DE L’OPÉRA ou Bastille, ils changent complètement d’avis ». de création d’entreprises. Chaque candidat propose
son gisement de papier récupérable à plus de Amoureuse des mots et de l’art Invités à rencontrer les artisans, les jeunes se fami- son projet et le défend lors d’entretiens d’évalua-
350 000 tonnes dans la région Ile de France. Danielle Fouache est originaire de Yébleron en liarisent avec les quelques 120 corps de métiers tion. Après sélection, une dizaine de jeunes sont
L’objectif de Nouvelle Attitude est de faire en sorte Haute-Normandie. Depuis sa plus tendre enfance, nécessaires à la réalisation des décors, la con- retenus pour participer à 14 semaines de formation
que tous les papiers de bureaux atteignent un jour elle est passionnée de littérature et se lance très fection des costumes, l’habillage ou le maquillage pendant lesquelles ils adaptent leur business plan à
le centre de recyclage. Après 15 années d’engage- jeune dans des études théâtrales avant de poursui- des artistes. Ils sont sensibilisés également au des objectifs de rentabilité économique et d’impact
ment et de réflexion autour des questions de déve- vre un parcours de lettres à la Faculté de Rouen. chant, aux pratiques instrumentales et à la danse social. Leur entreprise doit notamment être capa-
loppement durable dans les collectivités, Bertrand Le déclic : la culture n’est pas un domaine afin de pouvoir choisir ensuite, dans le cadre d’un ble de créer des emplois, d’innover et d’apporter de
Meloy, président d’Auxilia (Groupe SOS), et Didier réservé… projet défini avec la classe, le rôle qu’ils souhai- la « valeur ajoutée ». Chaque porteur de projet est
Toqué, président fondateur de DIL (Décentralisation Les élèves du lycée technique où je travaillais tent exécuter dans la réalisation du spectacle. suivi par un parrain, le plus souvent un entrepreneur
& Initiatives Locales), décident de créer leur propre étaient considérés comme peu instruits, mais Pendant dix mois, les ateliers ont lieu pendant les expérimenté qui connaît le secteur dans lequel le
entreprise pour répondre de manière efficace à trois c’est pourtant en travaillant avec ces jeunes que heures de cours avec l’aide du personnel de l’Opéra jeune veut entrer.
enjeux majeurs : l’environnement, l’insertion et le j’ai le plus appris et que j’ai pris conscience que national, d’artistes extérieurs et des professeurs. Entre 2005 et 2007, le programme « Promesse
développement local. la culture n’était pas un domaine réservé aux D’après Danielle, c’est le meilleur moyen pour per- Sénégal » a accompagné la création de 25 entre-
Née en 2007, Nouvelle attitude, afin d’optimi- élites. J’ai donc créé un atelier théâtre au sein mettre aux élèves de « redécouvrir l’utilité de l’école prises. Les projets soutenus sont variés : nettoyage
ser la valorisation du papier de bureaux, propose du lycée et j’ai constaté à quel point cette activité et de se sentir à nouveau valorisés dans leur filière. industriel, recyclage de produits usités, design, con-
un service de collecte à la demande des entrepri- tirait les jeunes vers le haut et suscitait chez eux Et bien que nous soyons très exigeants avec eux, seil en management, distribution de produits de
ses et intervient partout où les grands opérateurs de la curiosité, l’envie d’apprendre tout en leur des élèves parfois médiocres en classe s’avèrent grande consommation, tourisme équitable, agri-
n’agissent pas. Une fois récupérés, les papiers sont conférant une plus grande confiance”. Dès cet ins- être les plus compétents et les plus responsables culture biologique, éducation des enfants aux tech-
acheminés jusqu’à son entrepôt situé à Cognières tant, Danielle continue de se spécialiser dans ce qui sur le projet ». L’enjeu du spectacle représente nologies de l’information et de la communication,
(Yvelines). Là-bas, ils sont triés et envoyés dans un n’est autre qu’une vocation : “créer des ponts entre un tel défi que c’est souvent une fois ce moment production de films pour enfants. Sur ces 25 entre-
centre de recyclage pour être valorisés. Un service l’artistique et le pédagogique”. Pendant plus de 20 passé que les jeunes mesurent l’ampleur du tra- prises, une quinzaine est en activité, les autres
de vente ou location de bacs et de containeurs de ans, elle mène de front sa carrière dans l’enseigne- vail accompli « quand ils voient les regards bluffés sont en attente de financements pour démarrer.
tri est également proposé aux clients. ment professionnel ainsi que ses activités artis- de leurs amis, familles et professeurs » venus les Pour la promotion 2008, neuf projets ont été rete-
Les employés de Nouvelle attitude sont, par tiques (comédienne et metteur en scène au sein regarder. nus parmi les 52 candidatures.
ailleurs, issus des structures d’insertion. Cin- de la troupe “le Théâtre des indépendants”, qu’elle Pour en savoir plus : www.operadeparis.fr Pour en savoir plus: www.synapsecenter.org
quantenaires au chômage, jeunes sans forma- crée en 1985, elle gère aussi un ciné-club à Rouen
tion, immigrés, anciens prisonniers, ces personnes tout en s’occupant des ateliers théâtres qu’elle SÉNÉGAL : UN LABORATOIRE POUR LA
désorientées socialement et professionnellement anime dans divers lycées de Rouen et Paris). CRÉATION D’ENTREPRISES
sortent de l’entreprise formées et diplômées. En C’est aussi à l’Opéra que Danielle fait la connais- Depuis 2005, le programme « Promesse Sénégal »
devenant conducteur d’engins, gestionnaire de sance de Catherine Kahane, directrice du service accompagne les jeunes entrepreneurs sénégalais
 La Grande Époque EpochTimes.com

NOUVEAU REGARD ÉDITION 147

WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION 1 – 15 JANVIER 2009 • BIMENSUEL

►Chronique d’un observateur du 7e

Musique, biographie et justice

Réflexions et perspectives sur l’année 2008 du cinéma
L’ANNÉE 2008 a pris fin. De quel film va-
t-on se souvenir ? Lequel fera partie des
pierres de notre mémoire cinématographi-
que ? L’action primera-t-elle sur la connais-
sance, ou bien l’émotion se montrera-t-elle
plus exigeante que la réflexion ? Doit-on
faire une part toujours aussi belle aux clas-
siques au risque de se faire traiter de pas-
séiste ou de rétrograde ? La nouveauté,
les progrès de l’esthétique sont-ils des fac-
teurs d’avancée de la dramaturgie ciné-
matographique ? L’émotion en cinérama,
est-ce pour aujourd’hui ou pour demain ?
On vient de découvrir que le cinéma ral-
longeait la vie : chaque film visionné est un
coup de temps en arrière... Une preuve,
Manoel de Oliveira qui vient d’avoir cent
ans le 11 décembre a réalisé Christo-
phe Colomb, l’énigme, une belle réussite.
Bon anniversaire monsieur Oliveira ! Profi-
tons-en pour souhaiter un bon anniversaire
également à Claude Lévi-Strauss né le 28
novembre 1908, notre philosophe auteur
du célèbre ouvrage Tristes tropiques dont
on peut voir la biographie filmée de Pierre
Beuchot. La philosophie serait-elle un
remède de l’âme pour atteindre en pleine
santé les cent ans ?
I FEEL GOOD
I feel Good de Stephen Walker – titre
d’un standard de James Brown – est un
documentaire qui méticuleusement, rap-
porte les répétitions d’une chorale, Young
@ Heart, formée en 1982 à l’initiative de
Bob Climan constitué de chanteuses et
chanteurs de plus de soixante-dix ans.
Ces personnes âgées dont l’aînée a qua-
tre-vingt-six ans interprètent après de
nombreuses répétitions des chansons de
Clash, de Ramones ou de James Brown et
même de Bob Dylan. Ils font de toutes ces
œuvres leur miel apprécié dans le monde
entier qu’ils parcourent au pas de course,
tant la passion les tient.
Le film a été tourné en 2006 au moment
où Bob Climan ajoute quelques titres au
répertoire du groupe Young @ Heart. La
voix dynamique mais douce du réalisateur
amène une nouvelle dimension narrative.
Le film n’est pas du tout l’enregistrement
de concerts, mais une perception de
moments de grâce où la vie se montre à
l’écran, avec ses faiblesses et surtout le
panache de personnages que l’existence a
gâté de pouvoir rencontrer des joies qu’ils
veulent partager. Accompagnés de musi-
ciens professionnels, les chanteurs tentent
de s’approprier des titres de rock dont le
magnifique Forever Young de Bob Dylan.
Les voix voilées chevrotantes des solis-
tes de Young @ Heart donnent une dimen-
sion de surréalisme défiant presque les
lois des équilibres naturels. Elles défient
la mort qui ne les effraie nullement. Deux
de leurs camarades meurent pendant le
film après avoir recommandé au groupe
de continuer à se produire sur scène et
d’être plus fort que jamais pour continuer
par tous les moyens à chanter pour porter
la vie. L’une des solistes de quatre-vingt-
dix ans pose la question Should I Stay
or Should I Go ?, ce qui évidemment ne
raisonne pas de la même façon chez un
jeune de 30 ans.
I Feel Good donne un espoir sur l’ave-
nir de notre vie face à notre destin. Immua-
ble est notre fin. Pourtant celle-ci peut être
envisagée en beauté, sans pour cela s’en
remettre au diable (La beauté du diable
de René Clair, 1950) comme dans Buena
Vista Social Club (1998), où Ry Corder
retourne à Cuba pour enregistrer un dis-
que avec Ibrahim Ferrer, accompagnés de
musiciens très âgés, mais si jeunes dans
l’esprit. Wim Wenders, complice des Ry
Corder depuis Paris Texas construira avec
eux un film où l’on apprend que le vieil âge,
loin d’être un obstacle à la création, amène
même une dimension jusque-là souverai-
nement ignorée.
LES PLAGES D’AGNÈS
Après Les glaneurs et la glaneuse,
Agnès Varda, d’un âge certain – elle a 80
ans – ne veut surtout pas passer à côté
de l’histoire de sa vie. Son film, à la fois
savoureux et égocentriste, joue parfois
l’élitisme : elle est allée écouter Bachelard,
inviter Jim Morrison, a fait la connaissance
d’Andy Warhol. Elle part à Hollywood,
tourne un film – Lion’s Love. Les meilleurs
moments sont lorsque l’authenticité res-
sort de ses images. Agnès Varda parle
de la « Nouvelle vague » et fait rêver par
la simplicité de la création de ce mouve-
ment par le producteur Georges Beaure-
gard qui a permis le tournage de À bout de
souffle (1960) de Jean-Luc Godard, Lola
(1962) de Jacques Demy, Léon Morin, prê-
tre (1961) de Jean-Pierre Melville et bien
sûr Cléo de 5 à 7 (1962) d’Agnès Varda
qui choisit de tourner un film en temps réel
: une jeune femme croit être atteinte du
cancer à 17 heures. Elle n’obtiendra les
résultats de ses analyses qu’à 19 heu-
res. Elle erre dans Paris pendant ces heu-
res de non-sens et d’interrogation sur sa
future vie.
Les plages d’Agnès est une sorte de
manuel théorique sur la création. Le film
est savoureux mais les recettes ne con-
cernent que l’auteur. Il reste à s’en inspirer
pour essayer d’approcher sa création.
LE RETOUR DU CINÉMA POLITIQUE
Le cinéma politique, abandonné depuis
quelque temps, revient avec Il Divo, de
Paolo Sorrentino, un film d’une force et
d’une intensité étonnantes. Le genre n’est
pas très apprécié des producteurs. Cela
fâche, dit-on, et transporte une mauvaise
ambiance. Le souffre n’est pas apprécié
dans le cinéma institutionnel surtout lors-
qu’il traite d’hommes politiques encore
vivants. En Italie, c’est lié à la situation
conflictuelle de l’État avec ses administrés
déçus des promesses qui avaient été fai-
tes d’améliorer leur vie d’être humain, lais-
sée à volo jusque-là. Le cinéma politique
En 1977, Roman Polanski fait l’ob-
jet d’une plainte pour viol sur la mineure
Samantha Geimer âgée de 13 ans. Il est
accusé de ce forfait après l’avoir droguée
au cours d’une séance de photos pour
Vogue Homme. Ces photos avaient été
prises dans la maison de Jacques Nichol-
son alors absent.
Roman Polanski, âgé de 43 ans, n’a
aucun intérêt à gâcher sa carrière d’ar-
tiste par des agissements inconsidérés.
Trois ans auparavant, Roman Polanski
avait tourné Chinatown qui obtient l’un des
plus gros succès critique de sa carrière.
Les entrées lui permettent d’entreprendre
le film de son choix. Il a le vent en poupe.
Tout au long de sa vie, Roman Polanski
a été poursuivi par des démons intraita-
bles. D’abord son enfance assassinée : il
est rescapé du ghetto de Cracovie, près
du camp d’Auschwitz, où ont été déportés
ses parents. Sa mère est assassinée alors
que son père réapparaîtra miraculeuse-
ment après la guerre. Né à Paris, en 1933,
il est emmené enfant en Pologne par ses
parents où il fait ses études en 1962 à la
prestigieuse école de cinéma de Lodz.
Roman Polanski essaiera sa vie durant
de compenser la carence d’affection de
son enfance et tentera d’évacuer la terreur
produite par l’enlèvement de ses parents
par les bourreaux nazis. Tous ses films
contiendront les thèmes dualistes amour-
terreur.
Dans la vie de Polanski, les larmes et
l’amour ne sont que des récurrences pres-
que naturelles qui empoisonnent sa vie.
Il souhaitait y mettre un terme. Pourtant
en 1969, Manson assassine sa femme
Sharon Tate avec laquelle Polanski avait
tourné Le bal des vampires. C’est un gros
succès que l’on ne lui pardonnera pas.

Instant terrestre www.instanterrestre.com italien est le plus vivant et le plus efficace

de toutes les cinématographies mondiales.
La mafia a profité des ratés de l’adminis-
tration pour former une hydre redoutable
dans tout le pays et constituer, non pas un
contre pouvoir mais un empire, ne profitant
qu’à quelques-uns, une nouvelle classe
basée sur le crime.
En 1963, dans Main basse sur la ville,
Francesco Rosi décrit la mafia, cette cala-
mité qui atteint les centres nerveux de
l’État et se propage jusque dans les aides
sociales détournées, privant une partie de
la population de logement. Dans Buon-
giorno notte (2003) de Marco Bellochio,
par les yeux de Chiara, jeune terroriste
engagée dans une lutte armée impliquée
dans l’enlèvement d’Aldo Moro, se dessine
la complexité de cette période de « plombs
» et cette foi aveugle en la révolution et
dans ses rituels criminels. Avec Il Divo, les
documents réels et la succession de scè-
nes de tribunaux, de photographies, d’élé-
ments biographiques confèrent au film une
sorte de non-fiction.
CROYANCE ET JUSTICE AU PAYS DU
CINÉMA
Le fonctionnement d’un État dépend évi-
demment de sa justice. Les structures sont
souvent attaquées par des groupes pour
affaiblir le pouvoir, sans compter la corrup-
tion, sans cesse combattue par les institu-
tions. Dans certaines affaires, pour redorer
Espoir ou fatalité leur blason, certains magistrats n’hésitent
pas à faire payer à des individus des délits
« Soyez vous-même le changement que vous voudriez voir dans le monde. » S’il suffisait d’appliquer ces qui auraient pu trouver des solutions rai-
mots de Gandhi à nos déclarations d’intentions qui miroitent souvent comme des promesses à l’aube d’une sonnables. L’affaire Roman Polanski qui
date de 1977 n’est toujours pas résolue.
nouvelle année, cela ferait de nous des humains plus vertueux. Et comme il est de coutume, je présente C’est le sujet du documentaire Wanted and
des voeux, certes bien naïfs, pour voir le meilleur s’imposer au pire, pour voir la paix s’installer durable- Desired de Marina Zenovich qui, en exhu-
ment sur un monde en proie au doute. Verrons-nous la liberté vaincre l’emprisonnement, l’amour étouffer la mant des documents de l’époque et en les
haine, l’être s’emparer de l’avoir, la joie rire de la tristesse, la main tendue à l’indifférence, l’antidote traiter faisant coïncider en contrepoint avec des
le virus, l’éducation éclairer l’ignorance, la nature asphyxier la pollution, la philosophie repenser le verbiage, témoignages, parvient à faire douter de
le bon sens au politique, la sagesse tourmenter la folie du profit et bien sûr, l’espoir enrayer la fatalité. Et l’objectivité de la justice américaine. Il y a
là de l’ironie, cette justice basée sur des
comme cet enfant endormi, permettez moi de rêver à l’avenir d’une société plurielle et plus juste. négociations incessantes dont les résultats
Texte et photo de Stéphane Cabaret dépendent de l’honnêteté des magistrats.
Les puritains auraient aimé que Polanski
soit crucifié jusqu’à la fin de ses jours
pleurant sa femme défunte. Mais tout un
chacun ne réagit pas de la même façon
au cours d’une telle épreuve. Il le dit lui-
même. Polanski choisit de sortir avec une
belle femme trois mois après la mort de
sa femme et se laisse même prendre en
photo. La presse se déchaîne. Pendant le
procès de la jeune Samantha Geimer, pré-
tendument agressée, a lieu un lynchage
médiatique. Son avocat, payé à prix d’or,
réussit à négocier, comme c’est l’usage
dans la justice américaine, et réussit à
refaire classer l’affaire. Détournement de
mineur. Polanski accepte le compromis
en plaidant coupable sur cette base, mais
voilà qu’après 42 jours de prisons, le juge
Rittenband se sentant héros d’un feuille-
ton veut le faire durer en revenant sur ses
accords. Un an plus tard Polanski prend un
vol pour Paris pour ne plus jamais fouler
le sol américain. En 2003, alors qu’il est
récompensé par un Oscar décerné par
Hollywood pour Le pianiste, il ne s’y rend
pas. Le magistrat Rittenband est mort en
1993 sans avoir apporté de pièces nou-
velles à l’affaire. Polanski a certainement
versé des sommes importantes à la « vic-
time » mais rien ne l’indique dans le film.
En définitive, le Maria Zenovich parle
plus du fonctionnement de la justice améri-
caine que du fond de l’affaire. Pourquoi ne
voit-on jamais la mère de Samantha Gei-
mer qui a dû porter plainte ? je ne puis
m’empêcher une remarque pourquoi cette
mère si dévouée peut porter plainte con-
tre Polanski traité de Noceur et d’autres
qualificatifs qui auraient fait trembler n’im-
porte qu’elle mère. Comment a-t-elle pu
laisser sa fille se faire photographier par
Polanski ? N’est-ce-pas là un piège, qui
pouvait lui rapporter de l’argent pour une
plainte fallacieuse ? L’absence de la mère
dans le film produit un certain malaise.
Tout comme l’absence dommageable de
Polanski.
ALAIN PENSO
10 Environnement
Des forêts primaires et des parcs nationaux
uniques au monde
En Europe les forêts primaires
sont devenues rares, et seu-
les quelques forêts subsistent ;
elles sont dites anciennes, on
peut les appeler également
« forêts vierges ». Le terme
forêts primaires s’emploie pour
des forêts qui n’ont jamais été
exploitées, elles sont naturel-
les, restées à l’état sauvage.
Parmi ces forêts primaires
européennes, non exploitées,
nous trouvons celle de Bia-
lowieza en Pologne, celle de
Peruci en Bosnie-Herzégo-
vine, mais aussi d’autres sont
situées « dans les zones froi-
des », à l’extrême Nord de
la Scandinavie et de la Sibé-
rie. Par contre toutes les forêts
anciennes ne sont pas primai-
res, ce sont des forêts modi-
fiées par la main de l’homme,
elles sont appelées forêts
secondaires.
LA FORÊT DE BIALOWIEZ
La forêt polonaise de Białowież, est
située sur la ligne de partage des eaux
entre la mer Baltique et la mer Noire, elle
une partie restante de l’immense forêt
qui couvrait les plaines d’Europe après
la dernière période glacière. Ce vaste
territoire est inscrit au patrimoine de
l’UNESCO comme réserve de biosphère
en 1976, puis agréé au « Patrimoine
mondial » en 1979. Cet ensemble fores-
tier s’étend sur 125.000 hectares, est
traversé par la frontière polono biélo-
russe, c’est ainsi que 67.000 hectares
dépendent de la Biélorussie et 58.000
hectares de la Pologne. Malheureuse-
ment, selon le Magazine International
Polonais, « 17 % seulement de la super-
ficie de cette forêt est protégée par un
parc naturel ». Les spécialistes disent
que c’est insuffisant. Ainsi, les 83 % res-
tant sont gérés par l’administration des
forêts. Selon le WWF une mauvaise
gestion serait à craindre. Elle menace-
rait cette forêt exceptionnelle. L’admi-
nistration des WWF cherche à assurer
la protection des forêts naturelles de
Bialowieza, et souhaiterait qu’une
interdiction de l’abattage des arbres et
des zones forestières, de plus de 100
ans, soit appliqué et règlementé, en
Bien nourrir les oiseaux en hiver
L’hiver peut être critique pour
les oiseaux qui consacrent la
quasi-totalité de la journée à
rechercher de la nourriture pour
résister au froid. Pour rendre
la vie de nos amis ailés plus
douce et donner un petit coup
de pouce à la nature, vous
pouvez installer mangeoires et
abreuvoirs dans votre jardin ou
sur votre balcon. Vous pourrez
alors les observer, tout à loisir,
derrière vos fenêtres.
L’HIVER EST LA SAISON LA PLUS MEUR-
TRIÈRE
En hiver, la mésange peut perdre
10 % de son poids en une seule nuit !
On comprend alors pourquoi, durant
cette saison, les oiseaux consacrent
la quasi-totalité de la journée à recher-
cher la nourriture qui leur permettra de
résister au froid ! Une tâche difficile, frei-
née par la température, la raréfaction
des insectes et des graines, l’apparition
de la neige et du verglas qui masquent
les ressources alimentaires, et les jours En hiver la mésange peut perdre 10 % de son poids en une seule nuit.
www.lagrandeepoque.com
Dans la forêt primitive de Bialowieza en Pologne, la nature est la même qu’il y a quelques siècles. On y
trouve des bisons, des arbres centenaires et des plantes rares.
même temps que le ramassage du bois.
UNE FLORE EXCEPTIONNELLE
Cet immense massif de forêt
ancienne, comprend à la fois des coni-
fères et des feuillus. La forêt de Bia-
lowieza est impressionnante par l’âge
de ses arbres (de nombreux chênes ont
plus de 500 ans.) Selon la faculté fores-
tière de Poznan, « ce territoire compte
presque 3000 espèces, dont 632 espè-
ces sont des plantes vasculaires, ce qui
constitue 30 % des espèces décrites sur
le territoire de la Pologne ». D’après les
études des laboratoires de recherche de
l’université agricole de Poznan 1.500
espèces de champignons ont été réper-
toriés (dont 500 hyménomycètes), plus
de 200 espèces de mousses, 250 de
lichens et de nombreuses espèces de
bactéries et d’algues, ont été également
listés 26 espèces ligneuses.
Dans la catégorie des conifères les
plus répandus, il y a l’épicéa commun
et le pin sylvestre. Parmi les feuillus, les
scientifiques ont découvert : le charme,
le chêne, l’aulne, le tremble et le bou-
leau. La majorité des arbres atteind des
dimensions exceptionnelles par exem-
ple, le chêne a 41 m de hauteur et 2 m
de diamètre l’épicéa s’élève sur 52 m,
le pin sylvestre sur 42 m, le tilleul et le
1 – 15 JANVIER 2009 ●
Janek Skarzynski/Getty Images
Grande réserve ornithologique de Biebrza en Pologne.
frêne sur 43 m. Les conifères représen- des mammifères rares tels que le loup, le
tent 40 % des boisements de la forêt. lynx et la loutre, ainsi que quelques cen-
taines de bisons d’Europe, espèce réin-
LA FORÊT ABRITE UNE FAUNE REMAR- troduite dans ces lieux. « Au total, nous
QUABLE devrions repérer entre 420 et 430 bisons
La légendaire forêt polonaise abrite vivant à l’état sauvage sur la partie
une faune remarquable et, en particulier, polonaise de la forêt », explique Jerzy
plus courts qui laissent moins de temps
pour trouver sa ration quotidienne. Pour
les oiseaux présents sur notre territoire,
l’hiver est la saison la plus meurtrière.
Pourtant, ils craignent moins le froid
que le manque de nourriture. Nourri-
ture nécessaire pour affronter les bas-
ses températures.
RÉSERVES DE LIPIDES INDISPENSABLES
Vous pouvez rendre leur vie plus
douce et donner un petit coup de pouce
à la nature en installant mangeoires et
abreuvoirs dans votre jardin ou sur un
appui de votre balcon, hors d’atteinte
des chats. Ces distributeurs, qui peuvent
être achetés ou facilement fabriqués,
doivent être régulièrement nettoyés afin
de limiter la propagation des maladies.
Ils doivent également maintenir la nour-
riture à l’abri de l’humidité et des intem-
péries. Pour se nourrir, les oiseaux ont
besoin d’aliments riches en hydrates
de carbone et en graisse, afin d’élabo-
rer des réserves de lipides indispensa-
bles pour résister aux longues et froides
nuits d’hiver. Restes de cuisine, céréa-
les, graines, fruits, noix, noisettes, caca-
huètes, raisins secs, abricots secs et
ADRIAN DENNIS/Getty Images amandes seront appréciés de la gent
ailée. Attention, en revanche, à ne pas
La Grande Époque
Dackiewicz, responsable du Centre
d’élevage, le 3 mars 2008. Soit une
vingtaine de bêtes de plus par rapport
au recensement de l’année dernière,
qui établissait une population de 402
bisons. Par contre d’autres espèces
ont disparus : l’aurochs, le glouton,
l’ours, la martre d’Europe et dernière-
ment une espèce de faucon vient d’être
signalée, ces échecs à la biodiversité
sont les conséquences de la présence
humaine. D’autres espèces comme l’on-
datra (le rat musqué) et le chien viver-
rin ont quant à elles été introduites par
l’homme. D’autres grands mammifères
sont aussi répandus : le cerf, le che-
vreuil, l’élan et le sanglier, ils sont nom-
breux et il est facile de les rencontrer.
Les castors font leurs barrages sur les
rivières qui traversent la forêt.
LES PARCS NATIONAUX EN POLOGNE
En Pologne, les parcs nationaux cons-
tituent la forme la plus courante de pro-
tection de la nature. Ils s’étendent sur
une superficie d’environ 300.000 hecta-
res et sont au nombre de 22. Les parcs
nationaux sont les messagers d’une
faune et d’une flore riches, uniques.
Les paysages se suivent mais ne se
ressemblent jamais, de vastes vallées
vertes traversées par des lacs et riviè-
res, des montagnes de qualité alpine…
Au travers des chemins l’on découvre
des édifices naturels, des dunes, des
sables mouvants, des marécages, etc.
Les parcs nationaux polonais participent
résolument à la protection de l’écosys-
tème mondial.
LES OISEAUX ET LES PARCS NATIONAUX
Le plus grand parc national en Polo-
gne (60.000 hectares) est celui de la
Biebrza. Il réunit la zone marécageuse et
tourbeuse qui s’étend de part et d’autre
de la Biebrza. Il compte parmi les plus
grandes zones marécageuses de Polo-
gne. Le parc est inscrit à la convention
de Ramsar, sur la liste des zones humi-
des d’importance internationale. Ce lieu
accueille environ 270 espèces d’oiseaux
qui s’y reposent et y font leur nids. De
nombreux oiseaux s’établissent sur
ces terrains lors de leurs migrations en
automne et au printemps. Les ornitho-
logues observent des nids de bec fins
aquatiques, des râles, des genêts, des
chevaliers combattants, espèce rare en
Europe, des cygnes, des canards, des
canards sauvages, des bécasses, des
mouettes, des aigles, des hérons, des
grues, des cigognes blanches et des
cigognes noires.
HÉLOÏSE ROC
leur donner de biscottes, de pain sec,
de noix de coco desséchée, de riz cru,
de restes de pâtisseries, de lait, de lar-
ves de mouches, de graines de lin ou
de ricin.
LEUR FOURNIR UN ABREUVOIR
Ne pas oublier, non plus, de leur
fournir un abreuvoir, maintenu libre de
glace, pour se désaltérer et se baigner
(à renouveler deux fois par jour). Pla-
cer la nourriture de préférence le matin
de bonne heure et le soir avant qu’ils
se rassemblent en dortoir. Cependant,
vous ne devez pas commencer à leur
donner à manger trop tôt en saison car,
à l’automne, ils trouvent suffisamment
de nourriture dans la nature. Par contre,
en hiver, lorsque vous les nourrissez,
faites le raisonnablement et de façon
continue jusqu’à la fin mars environ. Il
convient alors de stopper le nourrissage
afin que leur comportement naturel soit
respecté.
Vous aurez ainsi le plaisir d’adoucir
l’hiver de ces nombreux visiteurs ailés
et d’observer le ballet de leurs allées et
venues, tout à loisir, derrière vos fenê-
tres.
ALLAIN BOUGRAIN DUBOURG
Président de la LPO
La Grande Époque ● 1 – 15 JANVIER 2009
Les grands blancs d’Alsace manifestent à Paris leur richesse
perpétuellement renouvelée
À L’INITIATIVE du Conseil interprofes-
sionnel des Vins d’Alsace (CIVA) à Col-
mar, s’est déroulée au Grand Hôtel à
Paris, la désormais traditionnelle pré-
sentation annuelle des Grands Blancs
d’Alsace ; il s’agit en quelque sorte d’un
salon professionnel au sens très large,
accueillant non seulement les profession-
nels proprement dits, mais aussi les con-
naisseurs liés directement ou non aux
activités du vin, avec une vocation didacti-
que particulièrement heureuse.
C’est pourquoi la trentaine de viticul-
teurs présents, parmi les plus talentueux
des terroirs alsaciens, disposés à l’inté-
rieur du magnifique Salon Napoléon indi-
quaient le type géologique des parcelles
sur lesquelles ils sont établis : granitique,
gréseux-colcanique, schisteux, marno-
sablo-gypseux, marno-calcaro-gréseux,
marno-calcaire, calcaire, volcanique et
d’autres variantes encore, une telle diver-
sité participant à l’évidence à la richesse
et à la très élégante réponse des vins d’Al-
sace, qui ont ainsi leur place de façon
parfaitement convenante dans toute gas-
tronomie.
Citons, à titre d’exemple, quelques
réussites : dans le Haut-Rhin, à Rouffach
se trouve le domaine du Clos Saint Lan-
delin, vignoble René Muré, l’un des plus
anciens « bio » d’Alsace. Son terroir est
calcaro-gréseux et le Grand Cru corres-
pondant – 51 Grands Crus ont été défi-
nis et arrêtés pour toute l’Alsace, pour les
deux-tiers dans le Haut-Rhin, par décret
paru au Journal Officiel en date du 12 jan-
vier 2007 – est le Vorbourg ; retenons son
Pinot Gris 2005 (Grand Cru Vorbourg) vini-
fié en sec (15 gr/l de sucres résiduels, apte
à une garde d’au moins dix ans) titrant
13,5 % en volume, et le Riesling Grand
Cru Vorbourg 2004, long en bouche, très
équilibré et agréable.
Tournons-nous vers les vignerons de
Pfaffenheim & Gueberschwihr, titulai-
res de plusieurs excellents Grands Crus,
dont le Zinnkoepflé (signifie petite tête au
soleil), sis sur un terroir calcaro-gréseux,
qui associés à Dopf-Irion à Riquewihr
assument depuis des années la quasi-
présidence de toute cette présentation.
Citons le Riesling Grand Cru Zinnkoepflé
2005, merveilleux en bouche. Notons que
Pfaffenheim est majoritairement passé à
l’agriculture raisonnée.
À Ammerschwihr, qui abrite le tout
dernier Grand Cru reconnu en 2007, le
Kaefferkopf, citons au domaine Maurice
Schoech le très intéressant Riesling Grand
Cru Koefferkopf 2005, issu d’un terroir
marno-calcaire, la fermentation étant con-
duite à partir de levures indigènes à une
température comprise entre 20 et 23 °C.
Il ne comporte pas plus de 5 à 6 gr/l de
sucres résiduels, et titre 13 % en volume ;
à retenir aussi le magnifique Gewurztrami-
ner Grand Cru Kaefferkopf 2005. L’agricul-
ture raisonnée est pratiquée au domaine
depuis de nombreuses années.
Nous voici chez Éric Rominger à Wes-
thalten, titulaire lui aussi du Grand Cru Zin-
nkoepflé ; citons son Pinot Gris Grand Cru
Zinkoepflé 2005 – Les Sinneles, archéty-
pique de ce cépage et le Gewurztraminer
2006 mêmes références, archétypique,
de même, des plus beaux Gewurztrami-
ner (13 % en volume, 66 gr/l de sucres
résiduels). Éric Rominger est passé à la
culture biologique et sera certifié l’an pro-
chain. Son domaine s’étend sur 12 hec-
tares.
Autre prestation remarquable, celle de
Schoffit à Colmar, qui exploite à Thann en
agriculture raisonnée un domaine de 21
hectares et est titulaire du Grand Cru Ran-
gen, en terroir volcanique. Les vins por-
tent tous la mention « Grand Cru Rangen
– Clos Saint Théobald ». Sont produits de
splendides Riesling, Pinot Gris, Gewurz-
traminer. Parmi les très grandes réussites,
le Pinot Gris 2002.
Du côté du Bas-Rhin, où les talents
ne manquent pas, citons Rémy Gres-
ser à Andlau, qui produit des vins d’ex-
pression très « jeune », issus d’une
culture en cours de conversion biody-
namique et est titulaire de trois Grands
Crus, Wiebelsberg (terroir sablo-gré-
seux), Kastelberg (terroir schisteux) et
Moenchberg (terroir marno-calcaire et
colluvions). Parmi les bonnes référen-
Photo prise le 30 mars 2007 de la colline qui surplombe le village d’Ammerschwihr (Haut-Rhin) sur laquelle
se situe le Kaefferkopf, l’un des plus anciens vignobles délimités d’Alsace. Le Kaefferkopf a été reconnu
51e Grand Gru d’Alsace par décret en janvier 2007.
ces, son Riesling Grand Cru Kastel- aussi le Riesling Vieilles Vignes 2006.
berg 2005.
petit coup de Crémant Brut Tradition !
LES OUTSIDERS
Tous les viticulteurs alsaciens faisant LES ALSACE… ET TOUS LES AUTRES AU
le voyage de Paris n’aboutissent pas PAVILLON DAUPHINE
au Grand Hôtel, mais préfèrent investir
des bistrots à vins pour y présenter leur
gamme complète à des invités choisis.
Ainsi en est-il de Paul Dussourt, du
domaine André Dussourt, à Scherwiller ;
ce très dynamique propriétaire du Bas-
Rhin, à la tête de 12 hectares où il prati-
que l’agriculture raisonnée peut proposer
en dehors des crémants et des vins tran-
quilles (y compris en vendanges tardives)
des eaux-de-vie et liqueurs. Il est titulaire
de la médaille d’or « Riesling du Monde »
2003.
Ses parcelles sont situées sur différents
terroirs géologiquement typiques de l’Al-
sace, marno-sableux, argilo-gréseux et
alluvionnaires, mais aussi granitique.
En l’absence de Grands Crus, qui
apportent le « plus » d’une exposition
microclimatique privilégiée, ce viticul-
teur n’en produit pas moins des vins de
très belle tenue, répartis entre ses diver-
ses cuvées, « Tradition », « Réserve par-
ticulière », « Réserve prestige ». Elles
sont très finement élaborées grâce aux
choix de raisons de parfaite maturité, aux
meilleurs soins réservés aux vignes, à une
méticuleuse conduite des vinifications, et
pour les « Réserves prestige », à la sélec-
tion des seuls « bons » millésimes.
Citons quelques belles bouteilles, sans
nous limiter aux « grands blancs », qui
n’en sont pas moins bien présents : en
cuvée « Tradition », le Pinot Noir 2006,
vinifié en cuve vitrifiée (et donc non boisé),
et en « Réserve particulière », le Pinot Gris
2006, et en « Réserve prestige », le Pinot
Noir 2002, dit Rouge de Blienschwiller
élevé en barriques, sigillé confrérie Saint-
Etienne 2004, ainsi que le splendide
Gewurztraminer Fronholtz 2005, mais
www.lagrandeepoque.com Société 11
tous les autres vins de France, du Beaujo-
lais, du Bordelais, de Bourgogne, de Cham-
pagne, de l’Hérault, du Jura, de l’Arbois, de
Savoie, les Languedoc-Roussillon, les Pro-
vence, les Corse, Sud-Ouest, Val de Loire,
Vallée du Rhône, Bas Armagnac et certains
vins étrangers venus y chercher la consé-
cration que leur confère leur présence dans
ce qui est l’un des plus beaux salons pro-
fessionnels voués dans notre pays à ce sec-
teur d’activité, de surcroît de très haut niveau
didactique et culturel, à l’ambiance particu-
lièrement chaleureuse et à la fréquentation
perpétuellement renouvelée… en dehors du
noyau des viticulteurs revenant fidèlement
chaque année, parmi lesquels le champa-
gne Leclerc Briant d’Épernay. Actuellement
en fin de conversion biodynamique, certi-
fié Écocert et Demeter, il sera biologique
dès 2010. Délicieux, obtenu à partir de rai-
sins de bonne maturité, aux fins de bouche
irréprochables, il est proposé selon diver-
ses cuvées de caractère différent ; nous
avons été séduits cette année par la cuvée
La Ravinne, un brut issu d’une parcelle de
deux hectares orientée plein sud à une alti-
tude moyenne de 160 mètres. Il s’agit d’un
monocépage meunier du village de Verneuil.
La fin de bouche évoque un arôme autom-
nal de châtaigne. Il s’agit de la récolte 2004,
qui titre 12 %.
QUELQUES AUTRES BIEN JOLIS VINS
Nous recherchons l’originalité, la créa-
tivité, presque l’insolite… à l’heureuse for-
tune.
Voici un Chardonnay Ecologically res-
ponsible produit dans la région de Limoux
par un couple britannique, James et Cathe-
rine Kinglake qui se sont rendus acqué-
reurs du domaine Begude, en pays d’Oc,
à Cepié. Ils pratiquent eux aussi la biody-
namie et leur vin est particulièrement fin et
agréable en bouche. Il peut accompagner
tous les plats légers y compris –délicieuse-
ment – les fruits de mer. Autre particularité,
la bouteille est fermée par une capsule qui
se dévisse aisément. Le vin est jeune – 2007
– et titre 13 %.
Signalons encore un très plaisant vin
JOHANNA LEGUERRE/AFP blanc de l’Hérault de 2006, du domaine de
Canteperdrix à Gabian, titrant 13,5 %, mis
en bouteille au domaine.
Et, pour clore cette – trop – courte liste,
une nouveauté de nos amis alsaciens de
longue date déjà cités, la Cave des Vigne-
Professionnels du Vin (CPV), sous la con-
Et, pour « refaire la bouche », un bon duite de Denis Garret et de ses collabo-
rons de Pfaffenheim, un bel Alsace sur-
nommé Black Tie destiné à accompagner
rateurs réunit à l’occasion d’une grande
mets corsés et desserts, un assemblage
journée la plupart des terroirs et vignobles
soigneusement sélectionné de Riesling et
de France, par le biais de producteurs, en
de Pinot Gris !
général indépendants venus les représen-
Chaque année, à l’automne, le Club des ter ; il y a là bien sûr des Alsace, mais aussi HENRI DURRENBACH
La Grande Époque EpochTimes.com
En 2000, alors que la persécution du Falun Gong* par le Parti communiste chinois fait rage,
de nombreux médias internationaux reprennent la propagande officielle du Parti visant à éra-
diquer le Falun Gong en trois points « diffamer leur réputation, les ruiner financièrement et les
détruire physiquement ».
Dans ce contexte, l’information réelle sur l’actualité chinoise est inexistante. À New York, de
jeunes doctorants d’origine chinoise rachètent un journal local du New Jersey dans la perspec-
tive de traiter objectivement l’actualité chinoise. Le journal Da Ji Yuan (La Grande Époque) est
né.
Sept ans plus tard, La Grande Époque est diffusée en 18 langues dans plus de 30 pays. Elle
est diffusée dans des villes telles que Toronto, Taipei, San Francisco, New York, Buenos Aires,
Lima, Sydney, Hong Kong, Tokyo, Berlin, Londres…
La version française naît en janvier 2005 à Paris. Elle est également disponible à Genève,
Bruxelles et Montréal.
La Grande Époque offre un « regard nouveau sur un monde en évolution ». Créée avec la vo-
lonté de respecter la diversité des points de vue et l’indépendance de l’information, La Grande
Époque est aujourd’hui l’une des premières sources d’information indépendante sur la Chine.
Forte de journalistes présents dans une trentaine de pays, La Grande Époque propose égale-
ment à ses lecteurs un contenu éditorial riche par sa variété. Actualité internationale, protection
des droits humains, environnement, diversité culturelle, art de vivre et bien-être sont autant de
thèmes qui font la spécificité de cette publication.
* Le Falun Gong est une méthode de Qi Gong de l’école bouddhiste basée sur le principe
universel d’authenticité-bienveillance-tolérance. Cette méthode s’est répandue très rapidement
dès 1992. En 1999, le nombre de pratiquants en Chine était supérieur aux membres composant
le Parti communiste. C’est ce que Jiang Zemin, leader de l’époque, n’a pas accepté. Il a alors
ordonné la plus grande vague de répression depuis la révolution culturelle.
Selon Manfred Nowak, Rapporteur spécial de l’ONU, « 66 % des victimes de la torture et de
mauvais traitements sont des pratiquants de Falun Gong ».
12 Santé et Bien-être
Comment vivre le handicap de surdité ?
Imaginez-vous vivre dans un
pays où vous ne maîtrisez pas
la langue. La vigilance requise
pour suivre une conversation,
surtout en groupe, est épui-
sante. Ceci permet d’appréhen-
der ce que peut ressentir une
personne sourde ou malenten-
dante.
IL Y A plusieurs degrés de surdité. La sur-
dité complète est de plus en plus rare car
les enfants sourds sont dépistés très tôt
et les médecins proposent aux parents de
poser un implant*. Néanmoins, la surdité
a plusieurs origines et l’implant ne fonc-
tionne pas dans tous les cas. La com-
munication orale reste limitée. Malgré
l’appareil, il est difficile de repérer d’où
vient le son. Chaque bruit est un parasite
et la communication demande une grande
concentration, ce qui est très fatigant.
DANS LE PASSÉ…
L’histoire nous montre que les sourds
étaient considérés comme des attardés.
Ils n’avaient aucun droit et ne pouvaient
pas avoir accès à l’écriture sauf dans
de rares cas. Cependant, certains peu-
ples avaient une langue des signes, en
tout cas, des peintures rupestres le font
penser. Il faut attendre 1760 pour que
s’ouvre la première école pour sourds
de Paris. Plus tard, de nombreux anciens
élèves partent à travers le monde ensei-
gner la méthode jusqu’en 1880. À cette
funeste date, lors du « Congrès de
Milan » qui réunissait des pédagogues,
il est décidé que la langue des signes ne
serait plus enseignée.
Interdite en Europe, la langue s’est
développée aux Etats-Unis où il est inter-
dit de discriminer ce handicap. Ainsi, il y
a des interprètes dans tout le pays. Mais
en Europe, le malentendant doit s’inté-
grer, apprendre à parler et lire sur les
lèvres. Durant 100 ans, la langue des
signes s’est transmise clandestinement.
C’est pourquoi chaque région à son pro-
pre langage. Dans les années 1980, les
sourds s’unissent et œuvrent pour réta-
blir cette langue afin de communiquer, de
suivre les informations signées, de regar-
der des films sous titrés, etc.
La langue des signes est une vraie lan-
gue. Elle a sa propre grammaire et son
vocabulaire. Actuellement, de plus en
plus de jeunes malentendants peuvent
choisir leurs études en étant assurés
d’avoir un suivi adapté à leur handicap.
Malgré cela, le financement est difficile
et reste trop souvent à la charge des
parents ou des associations.
RENCONTRE AVEC DES MALEN-
TENDANTS
Isabelle est malentendante de nais-
sance. Appareillée, elle privilégie le con-
tact avec les personnes entendantes.
« Actuellement, je suis aide familiale.
C’est idéal pour moi car je vois une per-
sonne à la fois, il n’y a pas de bruit. Mon
handicap me permet d’expliquer aux per-
sonnes âgées l’utilité d’un appareil audi-
tif. Pour une personne âgée, c’est difficile
de porter un appareil car il faut s’habi-
tuer aux sons qu’il donne. Chaque appa-
reil à un son différent. À chaque fois que
je change d’appareil, je dois me réhabi-
tuer, par exemple, les voix sont modi-
fiées et chaque bruit est amplifié. Quand
je souhaite être tranquille, me reposer,
me concentrer ou faire du sport, j’enlève
l’appareil.
Enfant, j’étais suivie par une logo-
pédiste pour lire et apprendre le fran-
çais. En classe, je m’asseyais toujours
devant, face à la maîtresse. J’avais très
confiance en moi mais à l’adolescence,
on s’est moqué de moi et depuis j’ose
moins prendre la parole. Je suis allée
au lycée pendant un an, mais c’était très
difficile, je ne pouvais pas suivre ce que
disaient les professeurs. Je n’arrivais pas
à comprendre tout en prenant des notes.
Je rentrais le soir totalement épuisée.
Ensuite, j’ai travaillé avec des enfants
mais il y avait trop de bruit, je n’arrivais
pas à comprendre ce qu’ils me disaient.
Je rêvais d’être technicienne en radio-
logie médicale, mais les appareils audi-
tifs sont incompatibles avec les champs
magnétiques…
www.lagrandeepoque.com 1 – 15 JANVIER 2009 ● La Grande Époque
Valérie a perdu l’audition d’une oreille signent (‘parlent’ la langue des signes).
suite aux oreillons. Impossible de l’appa- Il est difficile pour un sourd de s’adapter
reiller ou de mettre un implant car c’est le pleinement à la société. Par exemple, à la
nerf auditif qui est atteint. Elle s’est donc gare, les changements d’horaires ne sont
adaptée à son handicap. « J’ai une vie souvent indiqués que par micro… Il reste
normale, une famille, des enfants et un beaucoup à faire pour s’ouvrir à leur han-
travail qui me plaît. J’ai la chance d’avoir dicap. En 2001, les citoyens suisses n’ont
mon propre bureau de notaire. Je peux pas voté l’égalité des droits et des chan-
adapter mon milieu professionnel à mon ces pour l’insertion des handicapés. Cela
handicap. Le bruit est une vraie nui- a eu un effet très négatif sur l’évolution
sance pour un malentendant. Je ne pour- des handicapés au sein de la société.
rais pas travailler dans un milieu sonore CATHERINE KELLER
bruyant car tous les sons arrivent dans la LA GRANDE ÉPOQUE
même oreille, ce qui m’empêche de com- GENÈVE
prendre mon interlocuteur et engendre
beaucoup de fatigue. Si je dois me con- * Il existe deux sortes d’implants. L’im-
centrer avec du bruit, je me stresse. plant cochléaire est composé de micro-
J’évite d’être en réunion avec beau- électrodes pour amplifier les sons. Il est
coup de monde et je me mets toujours implanté dans l’oreille interne et est indi-
du bon coté pour pouvoir bien enten- qué dans les surdités de perception bila-
dre. Je suis très active, je conduis, fais térale, profonde ou totale. La prothèse
du sport (seulement des sports indivi- BAHA (vis dans l’os du crane) transmet
duels) et voyage beaucoup. Pendant très directement les sons à l’oreille interne par
longtemps je n’ai pas parlé de mon han- voie osseuse. Elle est indiquée dans les
dicap car on s’est beaucoup moqué de surdités de perception totale unilatérale et
moi à l’école. Maintenant je n’ai plus de dans les surdités de transmissions.
problème dans ce domaine. Je crains Ces implants sont efficaces mais ils
juste de perdre l’autre oreille. Je n’ai comportent aussi des inconvénients.
pas appris la langue des signes mais je Les enfants doivent beaucoup travailler
lis sur les lèvres quand il y a beaucoup pour utiliser correctement leur appareil.
de monde. La majorité des médecins préconisent de
Dans notre vie privée, on s’adapte ne pas utiliser la langue des signes car
comme on veut mais dans le milieu pro- ils pensent que l’enfant apprendra moins
fessionnel c’est différent. Pour moi, il bien la communication orale s’il peut com-
faut que les employeurs aménagent des muniquer par les signes. Les sourds ont
endroits spécialement pour les malen- un tout autre langage. L’implant ne per-
tendants. Par exemple dans les ban- met pas d’avoir une audition complète.
ques, il y a des open space. Il faudrait un De sourd, l’enfant devient malentendant.
endroit plus silencieux. Dans les écoles, Si l’appareil tombe en panne, il n’enten-
les enseignants devraient parler avec les dra plus rien. C’est pourquoi apprendre la
enfants des difficultés que rencontre un langue des signes lui permet de commu-
malentendant, peut-être qu’il y aurait niquer quoi qu’il arrive.
moins de moquerie. »
Stéphane est sourd mais appareillé. Il La Grande Époque Pour en savoir plus :
est animateur pour la fédération suisse Stéphane Beyeler est animateur pour sourds. Il enseigne la langue Fédération suisse des sourds (cours
des sourds de Genève. Quand on lui des sourds. Sur cette photo, il dit bonjour. de langue des signes) http://www.cral.ch/
demande : « C’est quoi, le monde des home.htm et www.pisourd.ch
sourds ? » Il explique : « C’est une autre aucune obligation d’embaucher une per- criminante. Les grandes entreprises ont Association des malentendants de
culture, un monde visuel sans son. La sonne handicapée. Or, la surdité n’est l’obligation de recruter des handicapés Suisse :
communication est différente. Les sourds pas synonyme d’incompétence, bien au et dans les grandes villes, les hôpitaux http://www.insos-geneve.ch/content/view/
n’ont pas le même point de vue que les contraire. En France, la loi est moins dis- ont des médecins et des infirmières qui 75/90/
entendants sur le quotidien, les loisirs,
les rencontres, etc. Nous vivons dans un
petit monde. Souvent ce sont les mêmes
personnes que nous côtoyons au travail,
dans les loisirs, en famille.
En fait, ce sont deux mondes. Les
sourds pensent avec des images, des
sensations, des impressions. L’humour
n’est pas le même. Il doit être plus tolé-
rant : si quelqu’un ne convient pas, en
tant qu’entendant on va chercher quel-
qu’un d’autre. En tant que sourd, il faut
se contenter du fait que l’on est peu nom-
breux. Les activités sont différentes, un
sourd ne peut pas aller au théâtre, au
cinéma (sauf les films sous-titrés). Il va
privilégier les sorties en plein air, le sport
et la danse. Et oui, les vibrations de la
musique sont perçues par les sourds,
qui peuvent tout à fait danser ! Je pense
que les sourds savent mieux s’amuser.
Par exemple, ils restent jusqu’à la fer-
meture de la discothèque. Mais il ne faut
pas en tirer des généralités. Ce n’est pas
parce qu’un sourd se comporte d’une
telle manière que tous les sourds sont
identiques ».
Il conseille aux personnes entendantes
de parler doucement, de faire des gestes
et d’écrire quand elles sont avec un sourd.
Le sourd n’ose pas dire qu’il ne comprend
pas, il a peur de déranger. Quand un
sourd est accompagné par un interprète,
la personne entendante ignore souvent
le sourd et ne s’adresse qu’à l’inter-
prète. C’est blessant. Par exemple, cer-
tains parents sourds vont emmener leur
enfant à la consultation. Le médecin pose
les questions à l’enfant de 6 ans alors que
c’est le parent qui doit répondre.
Stéphane donne des cours gratuits de
langue des signes (s.beyeler@sgb-fss.ch)
par manque d’interprètes en Suisse. On
ne recense que 30 interprètes qui ne tra-
vaillent pas à plein temps. Il faut quatre
ans pour parler la langue des signes.
À la naissance, la surdité touche un
bébé sur mille. En Suisse, il y a 700.000
malentendants sachant qu’une personne
dont la perte auditive est de 10 à 15 %
rencontre déjà des problèmes de com-
munication.
En Suisse, très peu de sourds trou-
vent un emploi car les entreprises n’ont
La Grande Époque ● 1 – 15 JANVIER 2009 www.lagrandeepoque.com Petites annonces 13
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14 Voyage www.lagrandeepoque.com 1 – 15 JANVIER 2009 ● La Grande Époque

Bad Salzuflen : au pays de l’or blanc

Une petite ville du nord-ouest de l’Allema-
gne a longtemps bénéficié de l’opulence et
du succès grâce aux neuf sources salines
qui s’y trouvaient. Le sel a donné son nom
à cette ville située près de la rivière Salze
; encore aujourd’hui, les visiteurs peuvent
inhaler une brise salée.
LA VILLE était connue sous le nom d’Uflon en 1048,
puis sous le nom de Salzuflen après 1322. Le mot alle-
mand pour spa a été ajouté en 1914 et elle est main-
tenant officiellement appelée Bad Salzuflen. Elle a été
l’un des principaux centres de production de sel en
Europe.
Connu sous le nom de l’or blanc car il peut conser-
ver les aliments, le sel suit un processus spécifique.
Une solution saline est bouillie dans d’énormes chau-
dières jusqu’à ce que toute l’humidité soit évaporée.
Les sources de sel qui ont été laissées par les mers
à l’époque préhistorique ont été utilisées au XIXe siè-
cle comme bain thérapeutique. Le prince allemand
Von Lippe a institué le premier bain de sel en 1818. Au
cours du premier été, 1.025 bains ont été pris au spa.
Selon une autre règle d’hygiène de cette époque,
pour avoir un corps sain, il fallait boire de l’eau minérale
salée. Sa valeur commerciale comme station thermale
a bientôt dépassé les salines qui ont été fermées après
la Seconde guerre mondiale. Trois des neuf sources
de la ville sont également utilisées comme breuvage
et cure thermale. Les bâtiments de Bad Salzuflen ont
leur propre histoire à raconter. Les spas ont été établis
par la famille Lippe au tournant du XXe siècle. Située
à proximité du parc de la ville, l’historique salle des
pompes est la plus grande de son genre en Europe.
Les résidents et les visiteurs peuvent bénéficier d’une
variété d’évènements culturels dans la salle de con-
cert voisine.
le zoo et sa réserve d’animaux de la forêt Teutobur-
ger Wald.
La pièce maîtresse de la ville est la station thermale
climatique. Bad Salzuflen est l’une des plus grandes
et des plus vieilles du genre. En 1776, Freiherr von
Beust, le directeur de la raffinerie de sel, l’a cons-
truite sur une empreinte en forme de T. Un mur fait de
broussailles de près de dix mètres de haut est cons-
truit comme un vaste cadre en bois rempli de ronces
Blackthorn. C’était un moyen d’économiser le bois de
chauffage. L’eau salée était versée sur les broussailles
avant qu’elles soient bouillies, l’enrichissant de salinité
et réduisant les substances indésirables.
Aujourd’hui, le spacieux spa Gradierwerk est amé-
nagé de manière unique pour les invités afin qu’ils
puissent se détendre et prendre un regain d’énergie au
cours des journées chaudes de l’été. Plus de 158.000
gallons d’eau coulent de ses murs tous les jours, libé-
rant des myriades de gouttes microscopiques qui, par
inhalation, revitalisent le système immunitaire.
Outre les bâtiments du spa, l’architecture de la
vieille ville de Bad Salzuflen raconte l’histoire de
l’énorme richesse des familles patriciennes, accumu-
lée grâce au commerce de leur or blanc. Les maisons
d’un style architectural connu sous le nom de Weserre-
naissance, ou la Renaissance de la région de Weser,
ont été conservées dans leur état original. Les maisons
à colombages sont ornées de riches sculptures, sou-
vent peintes et dorées. Les inscriptions, les figurines,
les fleurs et les coquillages se retrouvent sur le bois
ornementé.
Une histoire à succès de la nature et de la cul-
The City of Bad Salzuflen
ture, les thermes de Bad Salzuflen sont une destina-
Les façades des maisons sont couvertes de sculptures dorées de style tion appréciée pour se détendre loin de l’agitation du
Weserrenaissance typiques de la ville allemande de Bad Salzuflen. monde moderne. La prospérité et le succès ne sont
pas l’apanage d’une région située au milieu de la forêt
La source Léopold a été découverte en 1906 près devenu un repère dans les jardins de la station ther- Teutoburger Wald, mais la production de sel a rendu
du lac artificiel dans le parc. Un petit pavillon qui rap- male. Du parc au cœur de la ville, les voyageurs et cela possible durant plus de mille ans.
pelle un temple grec a été construit à proximité. Il est les marcheurs nordiques peuvent déambuler à travers ROSEMARIE FRUEHAUF

Bergen, trésor patrimonial de Norvège

La ville de Bergen en Norvège, les attrayantes couleurs primaires. Ces
bâtiments et l’histoire qu’ils représen-
vieille de 1.000 ans, peut paraî- tent sont les principales raisons pour les-
tre comme un lieu insolite pour quelles, en 1979, Bergen a été désignée
trouver l’inspiration, à savoir Patrimoine mondial de l’UNESCO.
comment bien vivre dans le « Nulle part dans le monde, pourrez-
vous voir des maisons en bois comme
futur, mais cet endroit pittores- celles-ci et qui sont encore habitées de
que est plein de surprises. nos jours », a dit le guide Beate Salen.
« Regardez de plus près cet arc-en-
SITUÉE sur la côte ouest du pays, la ciel de maisons et vous allez voir des
deuxième plus grande ville de Norvège gargouilles sculptées, traditionnellement
a été fondée en 1070 lorsque le roi Olav placées juste devant, qui indiquent quel
Kyrre a navigué dans son port et a aimé est la profession du propriétaire. Une
ce qu’il a vu. Et pourquoi pas ? Capitale figure masculine barbue brandissant
de Norvège durant les XIIe et XIIIe siè- une hache est le signe certain qu’il y a
cles, Bergen abrite 240.000 habitants longtemps un bûcheron musclé avait élu
aujourd’hui et est une communauté qui domicile dans l’un de ces trésors patri-
est intéressante en raison de sa taille Wes LaFortune moniaux peints aux couleurs vives ».
moyenne et du respect de ses résidents Les maisons en bois du quartier de Bryggen à Bergen nous rappellent Parmi les autres bâtiments en bois
à l’égard de l’environnement. les temps anciens. de Bergen, certains ont été utilisés pour
emmagasiner la morue séchée. Ils rap-
pellent aussi aux touristes de la ville
PATRIMOINE qu’elle a déjà fait partie de la ligue han-
MONDIAL DE séatique, empire commercial du XIVe
L’UNESCO siècle jusqu’au milieu du XVIe siècle, et
Bryggen, situé le comment elle a connu la prospérité et le
long de la côte est pouvoir. Pourtant, cette sentinelle de la
du port de Vagen, Scandinavie a également subi les souf-
est le quartier de frances d’une longue misère pendant
la ville le plus fré- les jours de la soi-disant peste noire qui
quenté. Il invite les a dévasté sa population vers 1340 et a
voyageurs à quit- conduit à l’effondrement de l’économie
ter leur véhicule et locale.
à descendre des
autocars pour visi- LES PROMESSES ENVIRONNEMEN-
ter des magasins et TALES
découvrir de nom- De nos jours, Bergen semble résu-
breux restaurants. mer les promesses de la Norvège, une
L’ensemble de nation qui, dans le passé, était démunie
Bryggen com- pour devenir l’un des pays les plus riches
prend 60 bâti- dans le monde en l’espace de vingt ans,
ments en bois grâce aux milliards de dollars en revenus
dont certains ont pétroliers.
été construits au Mais ne vous attendez pas à trouver
cours des années les habitants de Bergen, ou les Norvé-
1700. Les visiteurs giens, en train de gaspiller de précieu-
sont éblouis par ses ressources naturelles. Le pays et
cette ville sont un modèle de développe-
ment durable.
« Nous pensons à l’environnement
tout le temps », a ajouté Salen.
En fait, l’université de Bergen, qui est
affiliée avec le Nansen Environment and
Remote Sensing Center, exploite un ins-
titut de recherche à but non lucratif.
L’institut a une réputation mondiale pour
mener des recherches sur l’environne-
ment de manière à mieux comprendre
les effets sur le changement climatique
dans le monde.
Les scientifiques ont tout avantage à
chercher dans leur environnement immé-
diat les réponses sur la manière de res-
pecter l’environnement. Les résidents de
Bergen pratiquent un mode de vie qui
comprend les commodités modernes
tout en observant le respect de l’air, de
la terre et de l’eau.
Lors de notre trajet de six minutes sur
le funiculaire électrique nous menant
de la station jusqu’au sommet du mont
Floyen, à Bergen, le guide, une fois de
plus, souligne les attributs environne-
mentaux de la ville : « Le gaz naturel
ou l’électricité alimentent le système de
transport public. Nous avons aussi un
excellent service de tramway ».
Au sommet de la montagne, le pano-
rama époustouflant offre une vue saisis-
sante sur les sept montagnes et les sept
fjords. C’est sans doute l’une des plus
beaux panoramas en Europe. C’est un
endroit idéal pour arrêter et apprécier ce
que cette ville, souvent désignée comme
la porte d’entrée vers les fjords, a accom-
pli au cours du dernier millénaire.
Prenez le train panoramique à Oslo en
direction de Bergen ou, si c’est néces-
saire, conduisez. Puis, rappelez-vous
de faire ce que les habitants de Bergen
font : à compter de maintenant, traitez
la terre comme si vous y seriez encore
dans mille ans.
WES LAFORTUNE
Collaboration spéciale

Paris
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La Grande Époque ● 1 – 15 JANVIER 2009
Un immeuble écologique c’est possible
Le label MINERGIE® garan-
tit un standard de haute qualité
pour l’immobilier. Beaucoup pen-
sent que ce label est réservé aux
propriétaires de maison. MINER-
GIE® Suisse prouve le contraire
puisqu’une majorité de bâtiments
MINERGIE® sont des immeubles
locatifs.
L’ÉNERGIE devient un bien de plus en plus
rare, donc de plus en plus cher. 85 % de
l’énergie que nous dépensons est d’origine
fossile. Les besoins sont de plus en plus
importants et les ressources s’épuisent. De
plus, il est impératif de réduire le taux de pol-
lution pour préserver au mieux notre envi-
ronnement. Le nucléaire offre de grands
risques d’irradiation avec le temps puis-
que les produits restent radioactifs durant
des siècles (usure des bâtiments, stockage
des déchets, risque de guerre ou d’acte ter-
roristes) et la matière première se tarit assez
rapidement.
À moyen terme, nous allons donc man-
quer d’énergie. Comme les énergies renou-
velables ne couvrent pas nos besoins, le
plus judicieux serait d’en consommer le
minimum. On trouve dans différents domai-
nes des solutions permettant de diminuer au
maximum la consommation d’énergie sans
se priver du confort acquis. Au niveau de
l’immobilier, l’isolation, le chauffage et les
économies d’énergie dans un bâtiment sont
à évaluer. Les bâtiments des années 1960-
70 sont particulièrement énergivores mais
tous les immeubles d’avant les années 1990
méritent d’être rénovés selon des normes
plus écologiques1.
Le label MINERGIE® garantit un stan-
dard de haute qualité. Si les frais de cons-
truction ou de rénovation reviennent plus
chers, le confort, la qualité de vie ainsi que
les économies d’énergie amortissent rapide-
ment l’investissement qui se calcule sur 30
à 50 ans, d’où un bénéfice final important.
L’économie d’énergie peut atteindre 50 %.
Plus l’énergie est chère, plus le produit est
rentable.
Nombreux sont ceux qui pensent que ce
label est réservé aux propriétaires de mai-
son. MINERGIE® Suisse prouve le contraire
puisqu’une majorité de bâtiment MINER-
GIE® sont des immeubles locatifs. Comme
chaque maison est différente, il convient
d’appliquer les recommandations suivantes
en évaluant la situation concrètement. L’as-
sociation a édité une brochure J’emménage
dans un appartement MINERGIE® pour
expliquer aux locataires les caractéristiques
Bâtiment rénové selon la norme MINERGIE®.
d’un appartement MINERGIE® 2.
Lors de la construction d’un bâtiment
MINERGIE®, on tient compte de la récu-
pération de chaleur en mettant en valeur
les façades exposées au soleil par des
baies vitrées ou des vérandas et en proté-
geant mieux les façades au nord. La réno-
vation d’un bâtiment n’est donc pas aussi
performante mais permet tout de même
de se rapprocher grandement des critères
MINERGIE®. Une photo infrarouge permet
de voir où sont les pertes d’énergie, ce qui
permet de corriger ce qui est nécessaire. Il
est très important de choisir une entreprise
qui maîtrise tout à fait ce domaine, ce qui
n’est pas courant.
UN IMMEUBLE LOCATIF MINERGIE®,
UN INVESTISSEMENT INTÉRESSANT
Un immeuble aux normes MINERGIE®
se dégrade moins vite qu’un bâtiment tradi-
tionnel. De plus, il procure plus le confort à
ses habitants tout en diminuant les charges
et en préservant l’environnement. Tous ces
facteurs font que le bâtiment acquiert et con-
serve une valeur ajoutée tout à fait rentable.
Selon une étude récente de la BKZ (Ban-
que cantonale de Zurich), le coût supplé-
mentaire pour obtenir le critère MINERGIE®
est d’environ 3,5 % pour un immeuble con-
tre 7 % pour une maison individuelle. Les
frais sont rapidement amortis par les écono-
mies d’énergie réalisées et les frais peuvent
être répercutés sur les loyers. En Suisse,
plus de 10.000 bâtiments ont été certifiés
MINERGIE® en dix ans à la satisfaction de
ses habitants.
ISOLATION ET ÉTANCHÉITÉ D’UNE
MAISON MINERGIE®
Bien isolée, une maison permet d’avoir
une température homogène. Il n’y a plus
besoin de chauffer exagérément pour se
sentir à l’aise. Les murs et les fenêtres
conservent la chaleur. Il est donc impor-
tant qu’il y ait une homogénéité dans l’isola-
tion du bâtiment. Pour atteindre le standard
MINERGIE®, l’épaisseur de l’isolant doit
être de 18 à 26 cm d’épaisseur (il existe des
panneaux isolants sous vide tout aussi per-
formants mais beaucoup moins épais) et
les fenêtres ont un double, voire un triple
vitrage isolant.
Pour certains bâtiments, la rénovation se
fera discrète pour ne pas défigurer les faça-
des. Le toit et les fenêtres ne posent généra-
www.lagrandeepoque.com Art de vivre 15
MINERGIE® Suisse
lement aucune difficulté. Les murs peuvent
être isolés de l’intérieur ou l’espace entre le
mur extérieur et intérieur peut être occupé
par un isolant mais il est très difficile de ne
pas avoir de pont thermique dans ces deux
cas. Cela signifie que si une partie n’est pas
bien isolée, le froid et l’humidité s’y engouf-
frent, créant des moisissures et une perte
d’énergie. Ce travail doit impérativement
être exécuté par un professionnel spécialisé
dans ce domaine. Toutes ces données sont
à prendre en compte avec la structure (bri-
que, béton, bois, etc.) de l’immeuble fait par-
tie du procédé de l’isolation.
Plus il y a de structures, plus l’isolation
sera performante. Il faut créer un équili-
bre qui emmagasine et conserve la chaleur
(inertie) en hiver et permet de refroidir la
maison en été. Une bonne isolation thermi-
que n’est complète que si la maison est bien
étanche. Les joints des fenêtres et les rac-
cords entre le toit, les dalles entre les étages
et les murs extérieurs sont des points à sur-
veiller pour que l’air ne puisse pas pénétrer. POUR EN SAVOIR PLUS :
Le pare-vapeur comme le Vario KM 1www.bien-construire.ch
duplex est placé entre la partie extérieure 2 http://www.minergie.ch/fr/download/
de la maison, ne laissant aucune faille pour appartement_minergie.pdf
que le bâtiment soit étanche à l’humidité et 3www.suisse-energie.ch
au vent. Les matériaux extérieurs doivent
être résistants au gel car il ne reçoit plus la
chaleur intérieure et peut devenir très froid.
Une maison bien isolée et étanche doit avoir
un système d’aération adapté pour qu’elle
ne moisisse pas.
AÉRER LA MAISON
Une maison MINERGIE® a une aération
douce qui fait circuler l’air silencieusement
entre les pièces et l’extérieur. L’air vicié est
extrait de la salle de bain, des WC et de la
cuisine et dirigé vers l’extérieur. L’air exté-
rieur est chauffé en passant par un système
qui récupère la chaleur de l’air vicié. Il est
filtré (insectes, poussières et pollen) avant
d’aérer les autres pièces de la maison. Le
système permet de maintenir un air sain
24h sur 24 sans besoin d’aérer, favorisant
les économies de chauffage. Ceci n’empê-
che pas d’ouvrir les fenêtres quand la tem-
pérature extérieure est clémente.
ÉCONOMISER LES ÉNERGIES DANS
LA MAISON
Des chauffages performants permettent
d’économiser l’énergie. Par exemple, les
pompes à chaleur sont deux fois plus effi-
caces qu’une chaudière. Dans la mesure du
possible, privilégiez les énergies renouvela-
bles comme les panneaux solaires thermi-
ques, la géothermie. L’investissement en
vaut la peine.
Utilisez les équipements que lorsque c’est
nécessaire. Par exemple, diminuez le chauf-
fage la nuit, réglez la température dans les
pièces selon les besoins, baissez le chauf-
fage sur position hors gel quand vous par-
tez en vacances. Toutefois, si le chauffage
est trop bas durant l’absence de l’habitant,
la quantité de calories utilisées pour que la
maison retrouve une température adéquate
peut être supérieure à l’économie réalisée.
Deux ou trois degrés permettent déjà d’éco-
nomiser. Lorsque la maison est rénovée, le
chauffage est adapté en fonction des nou-
veaux paramètres, sinon, l’économie espé-
rée ne sera pas réalisée.
« Suisse Énergie » organise des cours
pour se former à l’économie d’énergie,
notamment « se chauffer futé ». Ils affir-
ment qu’une bonne gestion du chauffage
permet d’économiser un an de chauffage
tous les six ans3.
CATHERINE KELLER
LA GRANDE ÉPOQUE
GENÈVE

Les voitures à air comprimé de Guy Nègre

LA CRISE du pétrole a conduit les cons-
tructeurs automobiles à s’orienter vers
d’autres moyens de propulsion énergéti-
que. Guy Nègre, ancien ingénieur dans
l’aéronautique et en Formule 1 a inventé
et mis au point le moteur à air comprimé,
un concept industriel unique au monde qui
révolutionne l’avenir de l’automobile.
UN CONTRAT AVEC TATA MOTORS
EN INDE PERMET D’ACHEVER LE
DÉVELOPPEMENT
Guy Nègre est président directeur géné-
ral et fondateur de la société MDI (Motors
Development International) qui existe
depuis 1991. Le moteur à air comprimé
a démarré en 1996 et 57 brevets ont été
déposés. En 2007, un contrat important est
signé avec le premier constructeur automo-
bile indien Tata Motors. Ce contrat donne à
l’entreprise les moyens d’achever le déve-
loppement du véhicule et de lancer sa pro-
duction.
AIRPOD, PETIT VÉHICULE À AIR
COMPRIMÉ
Le 9 octobre dernier a été présenté à
la zone industrielle de Carros à Nice l’Air-
POD, véhicule propre de type urbain au
look particulièrement futuriste. Il est équipé
d’un mini-moteur à air comprimé. Les vitres
situées à l’avant et à l’arrière se soulè-
vent pour laisser entrer les passagers. Les
rétroviseurs sont remplacés par un écran
et des caméras de « rétro vision ». Il peut
transporter trois à quatre personnes et se
pilote sans permis à l’aide d’un mini man-
che (joystick). C’est un véhicule très léger
pesant moins de 250 kg, pour une lon-
gueur de 2 m sur 1,60 m de large. Il n’émet
pas de CO2. Sa vitesse est de 45 km/h (ou
70 km/h selon les modèles) avec une auto-
nomie de 220 km. Le coût est faible : 50
centimes d’euros pour 100 km. Le véhicule
existe en deux versions, l’AirPOD standard
à destination des transports de trois à qua-
tre personnes et l’AirPOD cargo, un mono-
place pour livraisons. Les villes de Nice,
Toulouse, Paris s’y sont fortement inté-
ressées. Le modèle de base devrait coûter
6.000 euros environ et la mise en circula-
tion verra le jour au printemps 2009.
LA ONEFLOWAIR, LA FRANGINE DE
LA MÉHARI
Un autre modèle, la OneFlowAir, a vu le
jour. C’est la nouvelle petite Méhari. Une
voiture conçue avec le moteur à l’arrière
qui permet d’avancer le chauffeur sur les
passages des roues au centre et d’écono-
varie de 100 à 200 km selon les modèles.
D’un autre coté, les voitures biénergie, qui
n’ont rien à voir avec les systèmes hybri-
des, fonctionnent avec de l’air comprimé et
un adjuvant énergétique. Ici, nous n’avons
qu’un seul et même moteur. Entre le réser-
voir et le moteur on positionne une petite
chambre de combustion externe qui n’est
pas liée au moteur et où l’on maîtrisera
parfaitement la combustion. Donc vous
Suzi Loo
pouvez aller en ville pour ensuite pren-
AirPOD, véhicule urbain à air dre la route. Consommation réduite avec
comprimé. moins de deux litres au cent de carburant
(soit éthanol, gaz, huiles végétales, alcool),
miser de l’énergie. Elle libère de la place sur la route et à la ville suivante, vous bas-
à l’arrière en mettant trois places devant culez sur l’air, donc sans pollution.
ainsi qu’un immense coffre à bagages. Le
gros avantage de la conduite au centre est LGE : QUEL EST LE SYSTÈME DU
d’avoir une visibilité optimisée. Sa concep- MOTEUR ?
tion sur une seule grande coque de fibre Guy Nègre : Un moteur à air comprimé est
permet de grandes économies de produc- avant tout un dispositif de détente avec tra-
tion. C’est une voiture low cost, utilitaire et vail. MDI a crée le moteur à chambre active
propre. où l’air comprimé produit un travail en rem-
plissant la chambre d’expansion avant
LGE : POURQUOI PARLEZ-VOUS DE d’être détendu et de produire à nouveau
BIÉNERGIE ? un travail dans une chambre de détente.
Guy Nègre : Il y a plusieurs révolutions Ce dispositif breveté a permis de doubler le
dans notre gamme de moteurs. La voiture rendement des dispositifs connus employés
mono énergie ne fonctionne qu’avec de dans les moteurs conventionnels.
l’air comprimé et une autonomie limitée qui
LGE : EXISTE-IL PLUSIEURS PROCÉ-
DÉS POUR REFAIRE LE PLEIN ?
Guy Nègre : Il y a trois possibilités :
1° sur une station d’air comprimé par
transfert de volume en deux ou trois minu-
tes comme on fait le plein d’une voiture.
2° On peut aussi recharger en se bran-
chant sur une simple prise de courant pen-
dant quatre heures pour un coût de 1,50
euro pour une autonomie de 150 km.
3° Enfin, en mode biénergie on peut
refaire le plein en réchauffant l’air grâce à
l’apport d’un adjuvant énergétique.
Le message de Guy Nègre : Il y a
aujourd’hui plus de 10.000 morts chaque
année due à la pollution automobile. On
parle beaucoup du CO2 qui n’est pas dan-
gereux pour l’homme mais qui l’est surtout
pour le réchauffement planétaire. Par con-
tre on parle moins d’oxyde d’azote (NOx),
d’hydrocarbure imbrûlés (HC) et de par-
ticules qui sont des émissions dangereu-
ses pour la santé humaine. Les voitures
fonctionnant à air comprimé et électricité
sont des énergies propres, elles devien-
dront les seules voitures admises dans le
centre ville.
SUZI LOO
Pour en savoir plus : www.mdi.lu

La Grande Époque
83 rue du Château des Rentiers
75013 Paris Tél : 01 45 86 41 95
www.lagrandeepoque.com
Edité par La Grande Époque
SARL au capital de 10.000 €
R.C.S. Paris B 480 550 037
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La Grande Époque ● 1 – 15 JANVIER 2009 www.lagrandeepoque.com Culture 16
Divine Performing Arts dévoile l’essence de la danse classique chinoise
Depuis le lancement de la tour-
née mondiale 2009 de la Divine
Performing Arts (DPA), la com-
pagnie itinérante de DPA s’est
produite devant des salles com-
bles dans quatre villes de la
Floride et la Caroline du nord.
DEPUIS 2006, les spectacles de la com-
pagnie basée à New York ont initié une
renaissance de la culture traditionnelle
chinoise datant de 5.000 ans. Ceux qui
ont vu ce spectacle d’envergure inter-
nationale sont interpellés par le charme
unique de la danse classique chinoise,
un critère déterminant de la production
de DPA.

LA QUALITÉ PROFONDE DE LA
DANSE CLASSIQUE CHINOISE
Selon Brian Nieh, premier danseur
pour DPA, la danse classique chinoise
n’est pas simplement une démonstra-
tion de techniques telles que les sauts,
les rotations et les pivots.
« La difficulté de la danse classique
chinoise vient en fait de l’efficacité à utili- La Grande Époque

ser ces capacités pour communiquer de
profonds sentiments et pensées ».
Nieh a pris l’exemple de la séquence
de danse Le moine Ji Gong enlève la
mariée, qui met en scène l’un des per-
sonnages les plus chéris de l’histoire chi-
noise : le moine Ji Gong, connu pour ses
manières peu orthodoxes d’accomplir de
bonnes actions.
« Ji Gong est une déité. Il n’enlèvera
pas une promise au mariage pour satis-
faire ses désirs personnels. Mais comme
il sait qu’une catastrophe est sur le point
de frapper le village, il enlève la fiancée
pour sauver les villageois, laissant der-
Les interprètes de DPA acclamés par le public à la fin d’une représentation de la tournée 2009 à Philadelphie.
rière lui une chaîne d’évènements sur-
prenants ».
« Ce programme typique manifeste
la très grande expressivité de la danse
classique chinoise, qui inclut une quan-
tité unique de scénarios et d’intrigues. »
Nieh qui joue le rôle principal dans la
pièce, explique qu’un danseur doit consi-
dérer quel mouvement dépeint le mieux
Ji Gong au moment où il fait évacuer
les gens, quel geste signale exactement
qu’une catastrophe est imminente, et
quelle expression faciale et mouvement
physique peut illustrer la compassion du
moine.
« Cette sorte d’émotion – vous devez
la faire ressentir au public, qu’ils soient
assis au premier ou au dernier rang »,
dit-il.
LA TERRE DU DIVIN
« Les gestes de main des dames sont
particulièrement délicats dans la danse
classique chinoise », explique Wendy Su,
qui a rejoint la DPA en 2006. « Par exem-
ple, dans quasiment chaque séquence
de danse, on peut voir la paume de lotus
– un geste de main fondamental pour la
danse classique chinoise. »
La danse classique chinoise s’est
développée avec l’histoire de la Chine,
qui a été un jour pour les Chinois « la
Terre du divin ». À ses débuts, la danse
classique chinoise était largement trans-
mise parmi le peuple et les membres de
la cour impériale. Les années passant,
les danseurs l’ont réarrangée, peaufinée
et retravaillée pour inclure l’entraînement
systématique connu aujourd’hui.
« Durant chaque performance, nous,
les interprètes nous nous donnons com-
plètement pour offrir un bon spectacle au
public. Je pense que le public peut le voir
et le sentir. Chaque fois que je danse, je
dois toujours entrer dans le personnage
que j’interprète », dit Su.
Tout au long des quatre mois que dure
la tournée, chacune des compagnies de
Divine Performing Arts donne quatre-
vingt-dix représentations. Le planning
pourtant très serré n’affecte pas l’état
d’esprit des danseurs.
« Nous avons tourné dans tant de vil-
les. Après la fin d’un spectacle, il nous
faut habituellement plusieurs heures
pour arriver dans la ville suivante. À
notre arrivée, nous devons préparer la
scène et répéter le matin suivant et nous
préparer pour le spectacle du soir », a
dit Nieh.
« Il arrive même qu’il y ait deux repré-
sentations dans la même journée – c’est
un emploi du temps très serré. Je peux
sans doute dire que je suis un peu fati-
gué physiquement, mais spirituellement,
je me sens accompli et joyeux, en parti-
culier lorsque je vois le ravissement du
public. »
MEI YANG ET HELENA ZHU
LA GRANDE ÉPOQUE

Des dignitaires chinois à Los Angeles

se réjouissent de la promotion de la
culture chinoise traditionnelle
LE RÉDACTEUR EN CHEF DU
TAIWAN DAILY: DPA PROMEUT LA
CULTURE CHINOISE TRADITION-
NELLE
Li Mutong, rédacteur en chef du Taiwan
Daily, a dit après avoir vu la première
représentation à Los Angeles : « J’ai
beaucoup aimé le spectacle. Promouvoir
la culture chinoise traditionnelle sous la
forme de l’art est très approprié ».
« Je vois le spectacle de DPA chaque
année et y prend beaucoup de plaisir.
Les danses sont excellentes, de même
que les costumes et les toiles de fond. »
M. Li a tout spécialement mentionné la
danse « la floraison d’ Udumbara. » Il a
dit : « Les danseurs sont vraiment bien
entraînés : leurs mouvements étaient
doux et merveilleux. Les toiles de fond
étaient belles et les costumes étaient
bien harmonisés. C’est un très bon pro-
gramme. J’ai éprouvé énormément de
plaisir. »
LE DIRECTEUR DE LA BRANCHE DE
LOS ANGELES DE ‘ALL CHINESE
DEMOCRACY FEDERATION’ : PRO-
MOUVOIR LA CULTURE CHINOISE
EST DIGNE D’ÉLOGES
M. Chen a dit : « La culture chi-
noise est riche et profonde. Mais sous
le contrôle du PCC, les politiques auto-
cratiques, la répression des droits de
l’homme et la corruption entachent
l’image de la Chine. »
La présentation de DPA réussit à pro-
mouvoir la culture chinoise traditionnelle.
Les performances, les décors et les cos-
tumes sont tous dignes d’éloges.
« J’étais assis au premier rang et j’ai
vu très clairement chaque interprète, ils
étaient tous sincères et très dévoués. J’ai
vraiment été touché ».

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