éditorial, que le poème n’est pas une forme mais une force !

qu’il se fiche de
par Anthony Clément
lettre à un jeune mensuel,
acculer dans une page, ferrer comme un cheval, pousser dans une cage le
poème comme un animal, sera chaque mois la mission première de [sic].
Après cinq années de lectures et performances, il ne s’agissait pas de
poursuivre textuellement le mouvement, le collectif publiant depuis
trois ans déjà une revue semestrielle (numéro 7 de dixit en mars 2009).
Il s’agit de continuer à provoquer ces moments, à désigner ces lieux de
rencontres où éclaircir la poésie contemporaine, avec [sic] comme
support mensuel de l’actualité poétique, à demeurer créatifs, à
stimuler auteurs, lecteurs et public proche ce dernier, à ce qu’il
s’en dit, de la catalepsie, à interroger, à rendre hommage, à
proposer.
dixit, collectif de poètes avant d’être comité de
rédaction, revue puis mensuel rappelle
la poésie d’action
ceux qui habitent un bel esprit loué entièrement meublé et qu’un
poème soit jugé trop scolaire, trop hermétique ou post-avanringardiste.
par Serge Pey
dixit soutient les poèmes bancroches, et les poètes à retardement.
Je vais te vouvoyer. Je vais te parler, non dans la majuscule du « vous », mais
Frénétiquement, [sic] mettra en pages le poème, en forme, et rituellement l’en
dans celle du « plusieurs », car nous sommes des milliers au sein de notre
arrachera, lui rendra sa force, sa liberté, celle de s’isoler ou de se jeter sur sa
personne et la poésie si elle reste un jeu est celui de la réunification et de la
proie.
destruction permanente de cette humanité qui vit en nous. Chaque poème est
un morceau du puzzle schizophrénique sacré qui nous constitue. Je t’écris
L’éditer, en domestiquer l’oralité.
cette lettre, je vous écris cette lèpre. Je vous écris sur un bâton que je viens
de couper pour marcher. Ce morceau de bois défiguré par le couteau et
Avec tout mon dévouement et tout mon penchant.
l’encre. Je te dis vous toi qui es plusieurs. Entre Rilke et Artaud, de la lettre
à la peste. Ce livre a porté longtemps le nom dans son secret de Lèpre à un
jeune poète. Il est devenu Principes élémentaires de philosophie directe, car peut-
avis aux auteurs être, ma poésie est aussi cela. Lèpre à un jeune poète n’est pas un jeu de
mot effectué sur le dos de l’ouvrage de Rilke. C’est un jeu de sens sur
dixit est actuellement à la recherche de manuscrits le sang spirituel de Rilke. Chaque poète écrit sa « Lettre » , Max
inédits, ainsi n’hésitez pas à nous faire parvenir vos textes à : Jacob, Verheggen, Virginia Wolf. Chaque poème vomit sa lettre
collectifdixit@gmail.com, ou à l’adresse suivante : comme un conseil à la poésie. Je fais la mienne en vouvoyant
association dixit, 6/8 Place du Pont-Neuf,
toute la poésie comme un Tu.
31000 Toulouse, France.
Chaque génération doit inventer son terrorisme littéraire,
Votre envoi vous sera réexpédié s’il est accompagné d’une enveloppe suffisamment affranchie
son histoire d’amour, son passé et le rythme
pour le retour. Nous n’assumons aucune responsabilité si un manuscrit est égaré.
de son utopie. La jeune poésie ne doit pas se masquer qu’elle vit dans une
léproserie et qu’avec sa maladie, elle doit apprendre à se battre. La poésie est
le jeu de mot de la peau.
à vous,
Inventer une autre langue. Unique et mystérieuse, comme quand vous parlez
d’amour. Vous que je tutoie. Chaque jour je t’offre ma destruction et toi la
tienne. Notre langage de vision et de mains se construit ainsi. Mes tomates,
mes seaux d’eau et mes éponges sont les « mots-mains » des nouveaux
poèmes que nous écrivons. Toucher la vie, c’est toucher la bouche qui dit le
poème. C’est inventer l’oralité, c’est voyager dans l’invisible qui sépare les
choses et les unissent avec les mots. Un poème c’est découvrir une autre
bouche du dire, un autre ange dans l’angle de nos dents.
Toute forme esthétique a une action mentale et physique : les formes
nous modifient et nous devons contrôler la modification des formes.
Nous devons placer des systèmes à retardement, des logiciels et
des pièges d’imaginaire pour faire croître l’homme vers son devenir
humain. La poésie d’action déshabille l’homme de ses gestes. La poésie
doit opérer avec la main directe de la parole. Définitivement exclu
du corps social et littéraire de la poésie, le poète d’action
continue parfois d’être perçu comme une menace
contre la poésie e t
constitue

tu n’écrivais
d o n c le suspect parfait dans la mort de la poésie p a s , avec tes
poétisante. La poésie d’action est une poésie publique. Lèpre mains, tu étais le bonheur et
à un jeune poète c’est aussi une lettre à la jeunesse de toute il a dit, René Char, l’as- tre brûlant de la colère, parce qu’au feu tu avais décembre_2008_n°00
la poésie sans cesse renouvelée. En disant que le passé peut- par la voix de Pierre Hunout jeté le langage, qu’advienne une arme plus féroce et plus
être plus moderne parfois que ce que nous désignons comme amoureuse, parce que très tôt tu avais compris qu’il ne pouvait
contemporain, qu’il faut regarder surgir la poésie là où on l’attend en être autrement, c’est que tu avais vu l’épouvantable souffle [sic] c’est gratuit,
le moins, que l’inconnu n’existe que lorsqu’il se fait langue et que Parce qu’il y eut Rimbaud, et qu’après Rimbaud il y eut toi, parce que tu brun de ton siècle, et ses exhalaisons nauséabondes dans le nôtre et ce mois-ci, c’est avec :
la langue n’existe que lorsqu’elle rencontre cet inconnu. Quand je l’avais lu, et qu’entre les lignes, tu y avais soustrait l’espoir pour le porter commençant, toi qui t’acharnais à rester insulaire au sein du continent, laurence barrère
pelle une branche d’arbre et que je la polis pour le bâton où je vais écrire sur tes épaules, la nuit, parce qu’à bout de bras tu soutenais la voûte dé- anthony clément
mon poème, je laisse parfois un peu d’écorce, une peau plus brune que tu as bien fait de partir, René Char ! Nous sommes, malgré tout, quelques- benjamin alexandre
sertée du poème, parce que tu étais la rivière où commence la maison et
le blanc de la branche de noisetier, une tache, une lèpre, une putréfaction pierre hunout
le mouvement où s’achève le désir de maison, parce qu’avec la lumière, tu uns à croire sans preuve le bonheur possible avec toi.
serge pey
que j’entoure, dont je fais le support d’une nouvelle écriture. C’est de cette leur as fait parcourir l’en-dehors de la page, qu’ils débordent le contour de la ismaël
lèpre dont je parle. C’est de cette lettre. Un morceau de bâton qui nous aide à parole, parce que déjà tu savais que parler, c’est surmonter notre rage et notre Lisbonne, le 14 juin 2007, parce qu’aujourd’hui René Char aurait vaincu son siècle.
marcher et dont l’empreinte au fer rouge creuse des trous sur le chemin. dégoût, parce que dans la ténèbre du nazisme, tu avais coupé chacun de tes direction de publication :
poèmes avec un couteau pour les partager avec tes amis maquisards, parce que matthieu marie-céline
propos recueillis par Laurence Barrère, autour de la « Lèpre à un jeune poète », à toujours tu as refusé de t’asseoir, pour préférer regarder vers le fond du puits, pierre hunout
paraître dans l’ensemble Principes élémentaires de philosophie directe, éditions Dumerchez. c’est qu’en toi l’ombre couvait sans que tu ne t’y abandonnes, sans omettre d’y association dixit , 6/8 place du pont-neuf,
consentir et de t’y vérifier, parce qu’être poète, c’est habiter l’éclair, et tourner les lieux de notre lutte où désigner des lieux de liberté, où éclaircir la poésie 31000 toulouse, france. tél : 05 61 14 27 01 fax :
autour des abscisses, où distraire un lieu en place du silence, parce que tu avais contemporaine sont multiples. Retrouvez [sic] et toute l’actualité de dixit 05 34 32 05 81. dixit , collectif et revue
de poésie, est une association à but non-
inventé une géométrie du ciel pour la reverser dans la terre, un été dans l’étoile sur le blog de l’association : lucratif régie par la loi du 1er juillet 1901.

issn en cours
et la loge de la soif hasardeuse, que le sol y pourvoie, parce qu’avec tes mains, http://dominusdixit.blogspot.com président : anthony clément / vice-président :
benjamin alexandre / secrétaire : matthieu
marie-céline - © dixit tous droits réservés
aux auteurs - toulouse - décembre 2008
 libre-paroles Mutuels - dixit Anthony Clément Benjamin Alexandre
la parole donnée
mais la parole jaillie à Gilbert Garcin, photographe à B. S.
d’une intestine langue vous qui engendrez la finesse
l’âme de la poésie Diogène ou la lucidité Un canal nous suivait
Laurence Barrère telle qu’elle gisait en moi divergences tandis que nous marchions
la persévérance au bord de nous.
Merci de ces bouches de plume - sanglantes l’avenir n’est plus A voix basse
la vie est belle un canal buvait
Comme une envie de saigner un merci la ville
Ah marcher dans vos bouches l’ombre de nos voix
l’espace d’une langue tracer sa route
la poésie ne retient ni le nom sortir de l’oubli et semait des jumeaux sur la rive.
marcher dans vos bouches La poésie ne retient ni le temps
ni l’enje(u) je me souviens
pour continuer l’action ni l’espace.
et sur les canaux de la langue tout peut arriver
douloureuse de l’ espoir de poème La poésie ne retient ni le temps
trace ses chemins d’étendue l’envol d’Icare
La poésie ne retient que vos bouches, embarquement immédiat ni l’espace.
comme une envie de saigner un merci work in progress La poésie ne retient ni le temps
d’où suinte d’un acier impalpable
une langue ° ni l’espace.
malgré les accords furieux et les dérélictions espace de flottement Aujourd’hui
que je croyais tuée,
l’envie soudaine lointaine intérieure ° un canal marche sur nos pas
La poésie retient la naissance
l’oblique des faiblesses la leçon d’universel et s’égare
de vos prunelles verbales
dans un voeu de chair comme le sexe par l’autisme au bord de l’eau.
à vif
d’écrire, encore, vous, la parole donnée. et la poésie par le réflexe
passe par le témoin

frontière, même celles de l’océan,

la page de tunis par ismaël
Nous sommes tous à la recherche de cet espoir indécis, que nous
nommons, par commodité de langage : Le Bonheur. Soit. Mais
pourquoi lui donnons-nous l’image des dieux monothéistes, à cet-
te entité sans véritable nom, à savoir : absolue, abolissant le temps,
me donnent chair. L’exil n’est qu’en
mémoire de la mort. à paraître agenda
C’est dans tous les yeux que j’ai bâti une demeure
d’eau ; c’est sur toutes les terres que j’ai ramassé un caillou,
Nihil et Consolamentum, Bâtons et poèmes cathares théâtre / lecture / rencontre
et que j’en ai jeté un autre. L’identité de l’arbre, ce n’est pas ses racines,
mais ses feuilles qui naissent en automne, et vivent en altérité. Serge Pey 16 DÉCEMBRE : Construire un feu de Jack London / Alain Daffos - Cave Poésie
C’est peut-être ça le bonheur, pas un miroir, une fenêtre cassée. Délit Editions, Toulouse (www.deliteditions.com) DU 16 AU 20 DÉCEMBRE : J’ai acheté une pelle chez Ikea pour creuser ma tombe de Rodrigo

omnipotente et omniprésente ? Il y a chez les peuples polythéistes une
sérénité secrète, peut-être la sagesse de ne pas considérer l’absolu comme
un monolithe, lisse, noir, parfait.
Par une nuit claire et calme, levez les yeux vers le ciel, à zéro heure zéro
minute, de préférence, à cet instant où le temps est nul, pendant soixante
secondes, il est nul ; regardez donc le ciel et imaginez qu’il n’y ait jamais eu
d’étoiles…
Est-ce que nous aurions donné un nom à cette étendue impalpable au-dessus
de nos têtes si elle n’était peuplée de ces trous de lumières éparpillés comme
des miettes de pain après un repas, un soir de retrouvailles, sur une nappe
repassée avec amour ?
Si les étoiles donnent chair au ciel, alors, les femmes donnent chair à l’homme
– toutes les femmes – et les hommes donnent chair à la femme – tous les
hommes – sans frontière, même celle de la peau. Et tous les pays, sans
Garcia (Cie Lever du Jour) - Théâtre du Grand-Rond (Toulouse)
Cet ouvrage de Serge Pey sera la première édition des textes de l’auteur
5 JANVIER : performance, Eclipse / Francis Ricard, 21h00 - Cave Poésie
Un samedi à cinq heures du matin toulousain consacrée au génocide occitan et à la théologie cathare. Rédigé
12 JANVIER : Les écritures du son, Michèle Metail / Louis Roquin - Cave Poésie
au début des années 1980, il n’a fait jusqu’à l’alors l’objet d’aucune publi-
DU 6 AU 17 JANVIER : La Fin de Satan de Victor Hugo / Natalie Artois - Cave Poésie
cation. (Toulouse)
Nombre de ces textes sont pourtant sur toutes les lèvres, à l’exemple de la
déjà disponible dédicace des brulés, ayant fait l’objet de nombreuses interprétations publi-
dixit
, n°6 avec Laurent Jarfer, exposition
ques, notamment avec André Minvielle.
Benjamin Alexandre et Matthieu Marie-Céline DU 1 AU 20 DÉCEMBRE : Exposition post-chraumatique par Anthony Clément, Exposition de
Ce livre recueillera également l’entièreté de la traduction d’Alem Surre Garcia
juillet 2008, 10 € photographies - Librairie Terra Nova (Toulouse)
ainsi qu’une série de textes écrits directement en occitan par Serge Pey.
Ce livre sera illustré par des représentations de bâtons de Serge Pey.
dixit vous propose
18 DÉCEMBRE : Adam Zagajewski, Mystique pour un débutant, rencontre animée par
Le Grand Os, revue, n°3, 92 p., 15 €. Au sommaire : Patrick Dubost, André Ga- Olivier Carrérot / lecture préparée par dixit - Librairie Terra Nova - 19h30
che, Antoine Bréa, Marc Perrin. Contient un CD et d’excellents textes qui révolu- 20 DÉCEMBRE : « 20 décembre », abolition de l’esclavage à la Réunion, lecture par Ingrid
tionnent la tête et le corps. Disponible début janvier chez votre libraire toulousain. Bricquet-Galmar et Matthieu Marie-Céline - Canal Sud (92.2 FM) - à partir de 16h.