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M. Pierre Steinlein, Ingénieur général du Génie Rural des Eaux et Forêts, Président du groupe
de travail
M. Marc Guérin, Cemagref, Chef de département : Gestion des territoires
Note de synthèse
Introduction
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Une présentation particulière du patrimoine bâti (potentialités du parc vacant) et des
résidences secondaires (signes de l'intérêt porté au territoire) peut illustrer des
perspectives de logement, autant que possible avec une gamme de services,
susceptibles d'accompagner l'accueil de nouveaux dirigeants et de salariés.
Les campagnes fragiles (799 cantons) ont pu dans certains cas exprimer leurs
potentialités touristiques. L’ampleur du déclin démographique limite parfois les
capacités entrepreneuriales et d’initiative de la population locale. Elle empêche alors de
saisir pleinement les opportunités de valorisation économique. Par ailleurs, dans ces
zones de basse densité, la gamme de services, nécessaire à un plein effet des
retombées du tourisme, est souvent limitée.
Dans le rural en transition (534 cantons) et ses petites villes encore plus qu’ailleurs, la
conciliation avec les autres usages productifs (agriculture, industrie) est un enjeu
particulièrement important. Il s’agit d’éviter les concurrences entre activités (industrie /
tourisme par exemple) et au contraire d’encourager les interrelations positives avec
l’agriculture et avec l’industrie, dans le cadre du tourisme de visite par exemple.
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concernent cependant assez souvent des communes rurales au sens de l’INSEE.
En 2003, le tourisme dans les sites ruraux correspond à 402 millions de nuitées, soit
28,7 % du total, et la consommation sur le lieu de séjour atteint 19,4 milliards d’euros,
un peu moins de 20 %. Cette plus faible proportion de la consommation par rapport aux
nuitées s’explique par des niveaux de prix moins élevés que dans le reste de la France
et par une moindre diversité des offres de prestation marchandes limitant les
opportunités de dépenses. Le poids relatif du tourisme dans les espaces ruraux, par
rapport à l’ensemble de la France, est supérieur à l’importance de leur population et
plus encore de l’emploi total.
Au recensement de la population de 1999, plus de 144 000 emplois directs (dont 97 000
salariés) concernant les activités touristiques étaient localisés dans l’espace à
dominante rurale au sens de l’INSEE. Par rapport à l’espace à dominante urbaine,
l’emploi considéré comme touristique est plus fortement représenté dans les espaces à
dominante rurale au sens de l’INSEE (4,1 % de l’emploi total en 1999 dans les espaces
ruraux, contre 3,1 % de l’ensemble en ville). Mais les variations saisonnières de l’emploi
ont une amplitude plus forte dans le rural (entre le mois le moins fréquenté et celui qui
l’est le plus, l’emploi augmente de 70 % dans le rural contre 30 % en ville).
Les sites ruraux recèlent la majorité des hébergements (environ 17,3 millions de lits,
dont 63 % en hébergements non marchands, cette proportion n’étant guère inférieure
en ville). Le tourisme dans les espaces ruraux se distingue par des activités sportives de
pleine nature en voie d’organisation et par la place de certaines activités culturelles (y
compris la gastronomie et les produits de terroir) ou liées à la découverte de la nature.
Trois phénomènes différents et récents soulignent, à leur manière, la capacité du
tourisme rural à attirer une demande extérieure solvable. Il s’agit tout d’abord de
l’important développement de l’achat de résidences secondaires par des étrangers. En
2002, plus de 30 000 transactions ont été réalisées par des étrangers, en particulier les
Britanniques en tête des acquisitions. De plus, la tendance récente des grands
opérateurs à choisir la campagne pour implanter des résidences de tourisme mérite
d’être soulignée. Sur un autre plan, il convient de mentionner que la majorité des 6,5
millions d’entrées du tourisme de découverte économique, inventoriées par voie
d’enquête en 2002 (hors exploitations agricoles) se réalisent dans des communes
rurales, où il concerne essentiellement des sites industriels dont une partie réalise la
vente directe.
III. Le tourisme favorable à la revitalisation des territoires ruraux,
dans un nouvel équilibre ville-campagne
La notion de revitalisation retenue pour ce rapport est large. Elle ne se réduit pas à la
lutte contre le déclin démographique des campagnes les plus fragiles, mais elle
concerne aussi le maintien des capacités de développement des zones périurbaines ou à
forte spécialisation touristique. Pour ces dernières, la revitalisation signifie plus
précisément le maintien d’une certaine spécificité du rural et de ses paysages, menacés
de banalisation, et la pérennité de l’outil de production agricole et de ses effets positifs
sur les “ aménités ”.
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A partir de ce constat, la tentation est forte de conclure que seul un petit nombre de
territoires ruraux particulièrement bien dotés a une vocation touristique réelle. Les faits
observés par le groupe conduisent à une analyse différente. Si indéniablement, certains
territoires à la localisation favorable attestent d’une plus forte spécialisation touristique
(mesurée en termes de capacité d’hébergement ou d’emplois directs), il n’existe pas de
déterminisme géographique dans ce domaine. En effet, dans de nombreux cas, les
acteurs locaux ont su s’adapter à une situation de départ peu favorable en construisant
de nouvelles ressources matérielles ou immatérielles (savoir-faire, hébergement, loisirs
spécifiques, images de marque, etc).
Inversement certains territoires initialement bien dotés peuvent voir leurs avantages
comparatifs se dégrader par rapport aux concurrents par manque d’entretien et de
renouvellement des ressources. De même, dans ces territoires, les effets sur le
développement local de l’essor touristique peuvent se trouver limités par une mauvaise
insertion dans le tissu socio-économique local. Il apparaît ainsi, que les acteurs locaux
disposent d’une réelle marge de manœuvre parce que l’attractivité touristique ne repose
pas uniquement sur des dotations en facteurs naturels, mais s’appuie sur de nombreux
facteurs matériels et immatériels construits. Ainsi le tourisme a sa place dans tous les
types de territoires ruraux à condition de respecter certaines règles économiques mais
aussi sociales et environnementales.
Soulignons les apports souvent essentiels du tourisme aux populations permanentes. En
plus des emplois directs et de l’ouverture culturelle, le tourisme permet souvent
d’améliorer le cadre de vie de maintenir des commerces, qui servent à la population
résidente tout au long de l’année. Il concourt parfois à propager un sentiment
d’appartenance positif. Enfin, notamment lorsqu’elles sont placées sous gestion
associative, les structures d’accueil et d’animation offrent des prestations de service
diversifiées au bénéfice des populations. Il s’agit en particulier de l’organisation de
garderies ou de centres de loisirs sans hébergement pour les enfants, de la fourniture de
repas à domicile pour les personnes âgées ou de restaurants scolaires, de l’accès aux
infrastructures et aux activités proposées par les sites touristiques (salles, piscines,
manifestations culturelles, installations de mise en forme, murs d’escalade, etc.). Ces
prestations facilitent l’insertion du tourisme dans la société locale.
IV. Le développement durable, comme marque de réussite
Dans des zones, où l’attraction de la clientèle touristique repose sur l’authenticité de
l’accueil et sur le maintien d’un milieu socio-économique vivant ainsi que sur la qualité
des milieux naturels et de la préservation des ressources, la démarche de
développement durable paraît particulièrement adaptée dans un équilibre entre les
aspects économiques, environnementaux et sociaux. Mais le développement du
tourisme rural n’est pas spontanément durable et un volontarisme est nécessaire pour
l’instiller. Le patrimoine naturel et paysager des espaces ruraux constitue une ressource
à entretenir et les risques d’effets négatifs de secteurs économiques parfois
déconnectés du territoire sont à anticiper.
Des règles d’équilibre sont à trouver dans chaque territoire pour optimiser la gestion de
la fréquentation touristique. Il est en effet nécessaire de prendre en compte la masse
critique maximale au-delà de laquelle la surfréquentation peut entraîner une
dégradation des ressources naturelles difficilement renouvelables et parfois une
mauvaise acceptation par la société locale, tout en assurant une masse critique
minimale. Celle-ci est la garantie de la rentabilité du projet économique, qui suppose
l’obtention d’économies d’échelle et la mise à disposition d’une gamme de services
suffisamment variée.
Pour gérer cette question de la masse critique, le rapport souligne la diversité des
démarches territoriales de développement durable adoptées dans les territoires. Les
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stations villages (cas du Queyras), le tourisme diffus du type Diois fondé sur l’extrême
dispersion des activités dans les très petites localités et une forte coordination
intercommunale, les “ mini stations intégrées ” à l’instar du village de Noé sur le canal
du Nivernais en lien avec l’intercommunalité voisine, constituent autant de “ modèles ”
différenciés avec leurs lots respectifs d’avantages et d’inconvénients. La recherche
d’une meilleure articulation entre aspects économiques et environnementaux ne doit
pas conduire à négliger la dimension sociale à considérer sous l’angle du respect du
milieu d’accueil, avec la prise en compte des besoins des salariés, comme des attentes
de la clientèle aux revenus modestes.
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En termes d’emploi et de formation, il est recommandé de garantir le logement
des salariés saisonniers, d’accroître les actions de formation dans les territoires ruraux.
Enfin, il est préconisé de renforcer l’ingénierie territoriale de soutien aux
projets de territoire et le système de « porter à connaissance », de manière
adaptée aux projets énoncés, de garantir une présence de l’Etat en conseil
auprès des acteurs territoriaux, de relancer une expérimentation du type
"opérations programmées de développement de l’économie touristique
"(OPDET), dans le nouveau contexte des politiques publiques, européennes et
nationales.
Contacts :
Pierre Steinlein Marc Guérin Conseil national du Tourisme
23, place de Catalogne
pierre.steinlein@club-internet.fr marc.guerin@cemagref.fr 75685 Paris cedex 14
En vente à la Documentation
française
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