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Chapitre : la mobilité sociale Notions du référentiel : mobilité, immobilité, reproduction,

mobilité structurelle/nette, destinée, recrutement

Fiche1 – Définition et mesure de la mobilité


sociale

La mobilité sociale est un concept relativement récent qui concerne uniquement les sociétés modernes qui sont
des sociétés fluides, où le statut social est acquis et non donné à la naissance.

Pour en savoir plus :

Partie 1 – Les différents types de mobilité (définitions p 126)

De manière générale, la mob il it é soc ial e c’est le changement de position


sociale d’un individu ou d’un ensemble d’individus (mobilité individuelle ou
collective), au cours de sa vie ou par rapport aux générations précédentes ; dans
le cas d’immobilité on parle de reproduction ou d’hérédité sociale. (http://www.lyc-
arsonval-brive.ac-limoges.fr/jp-simonnet/spip.php?article225)

I. Mobilité verticale-mobilité horizontale

On peut distinguer différentes formes de mobilité sociale :


• la mobi li té hor iz ont ale : Les individus peuvent changer de position sociale
sans se déplacer dans la hiérarchie sociale.

• la mobi li té ver tica le : les individus se déplacent dans la hiérarchie sociale


en montant ou descendant On pense généralement à la mobilité sociale
verticale, mais cette dimension est insuffisante : le développement de la
mobilité verticale dépend des occasions de mobilité, et par conséquent de
l’ensemble des formes de mobilité. La mobilité sociale est le changement de
position sociale ; elle peut être ascendante ou descendante.

II. Mobilité intergénérationnelle-mobilité intragénérationnelle

On distingue deux types de mobilité

• la mobi li té in tr a géné rationne ll e : on compare la position professionnelle


d’un individu aujourd’hui aux positions professionnelles qu’il a occupé
antérieurement, par exemple à l’entrée dans sa vie active. C’est une mobilité
professionnelle plutôt que sociale.

• la mob il it é in te rgéné rationne ll e : on compare la profession du fils avec


celle du père.

III. Mobilité structurelle-mobilité nette ( 4 et 5 p 127-128)

Cette distinction, introduite par R.Aron, peut inciter à dissocier :


• les causes économiques (la mobilité structurelle résulte du changement de la
structure sociale, c’est-à-dire l’évolution de la répartition des professions ) ,
• des causes sociales (la mobilité nette s’explique par une plus grande fluidité
de la société).

• A.Touraine différencie alors la mobilité dont : « l’initiative n’est pas venue de


l’individu lui-même, mais résulte d’une contrainte externe (mobilité
structurelle) , (…) de la mobilité où l’individu qui quitte son milieu social
d’origine , est dirigée par une volonté ou une perspective d’ascension »

Cette distinction est importante pour l’évaluation qu’on peut faire des flux de
mobilité :
• En effet, si la distribution sociale des positions ne changeait pas, il n’y aurait
pas de mobilité structurelle ; toute la mobilité observée serait nette. Dans ce
cas et seulement dans ce cas, une immobilité totale est possible.

• La mobilité nette suppose que les flux s’équilibrent : si quelqu’un connaît une
mobilité sociale ascendante, un autre connaît une mobilité sociale
descendante

• Tandis que, si la distribution des catégories a changé, il est nécessaire qu’une


quantité minimale de mobilité, dite structurelle, se soit produite.

• Dans la mobilité structurelle, il n’ y a pas forcément de compensation : tous


peuvent avoir une mobilité sociale ascendante ou descendante .

Pour d’autres distinctions :

• Mobilité absolue/ relative


• mobilité individuelle/collective

Partie 2- Construction et lecture des tables de mobilité ( dossier du livre p 135-138)

I. Les données brutes

-
La plupart du temps, les tables de mobilité sont des tables intergénérationnelles, concernant
uniquement les hommes actifs
de 40 à 59 ans. Ce choix s’explique par plusieurs raisons :
• Les hommes sont plus souvent actifs que les femmes
• Entre 40 et 59 ans, leur statut social est maximum

- On pose 2 questions à ces hommes :


• Quelles sont votre profession et PCS ?
• Quelles sont celle de votre père ?

- On construit alors un tableau à double entrée :


• Dans la première colonne, la CSP de l’individu
• Dans la première ligne, la CSP du père
• On peut aussi intervertir ligne et colonne

- A chaque intersection d’une ligne et d’une colonne, on obtient le nombre d’individus appartenant à
une CSP x dont le père appartenait à une CSP y
Pour opérer des comparaisons pertinentes, on va passer des nombres aux pourcentages

II. Des données brutes à la table de recrutement

- A la fin de chaque ligne, on a alors le nombre d’individus de la génération des fils appartenant à
chaque CSP
- En divisant chaque ligne par le total, on obtient le pourcentage d’individus d’une CSP dont le père
avait telle ou telle CSP
- C’est la table de recrutement qui donne l’origine sociale des individus de chaque CSP

III. Des données brutes à la table de destinée

- A la fin de chaque colonne, on a le nombre de fils pour chaque CSP des pères
- En divisant chaque colonne, par le total, on obtient le pourcentage d’individus dont le père
appartenait à une CSP et qui appartiennent à telle ou telle CSP
- C’est la table de destinée qui indique ce que sont devenus les fils de chaque CSP

IV. Les limites de la table de mobilité


Du fait de leur construction les tables de mobilité comportent certaines limites :

• elles ne comprennent que les hommes, or la moitié de la population est composée de femmes. Cela se
justifiait certes par le passé quand la majorité des femmes était inactive, cela l’est beaucoup moins
aujourd’hui. Pour tenir compte de cette évolution, les statisticiens ont établi des tables de mobilité
comparant la CSP des filles à celle de leur père, mesure imparfaite car la structure des emplois féminins est
différente de celle des emplois masculins, mais seule mesure dont in puisse disposer aujourd’hui, en raison
du faible taux d’activité des mères

• on ne retient que les individus de 45 à 59 ans, car on considère que le statut social est à cet âge définitif.
C’est, en réalité, trop simpliste, en particulier dans une société dans laquelle, contrairement à celle des
années 50, les qualifications et les professions évoluent rapidement, et le taux de chômage élevé.

• nominativement les CSP ne changent pas, mais qualitativement, l’image voire le prestige social des CSP
évoluent. Ainsi, un fils d’instituteur devenu professeur connaît, d’après les tables, une mobilité ascendante,
passant des professions intermédiaires aux professions intellectuelles supérieures. Qu’en est-il en réalité ?

• les tables sont établies à partir d’enquêtes au cours desquelles on interroge les fils sur la profession de leur
père au même âge, mais certains métiers ont disparu, certains enfants ne peuvent définir avec précision la
profession de leur père, d’où un flou peu compatible avec la rigueur statistique

• les tables de mobilité peuvent être établies à des niveaux de décomposition différents : on peut ainsi soit
retenir les 6 CSP traditionnelles, soit opérer une comparaison à 3 niveaux : classes populaires, moyennes,
supérieures. Dans le premier cas, un fils d’agriculteur devenant ouvrier ou employé est mobile ; dans le
second, il ne l’est pas.
Chapitre : la mobilité sociale Notions du référentiel : immobilité, reproduction

Fiche 2 - Analyse de la mobilité sociale

Partie 1 – Constat

I. L’étude de la mobilité en 2003

Constat : On peut mesurer la mobilité sociale en étudiant les tables de destinées et de recrutement: la mobilité
sociale sera faible si les fils des différentes CSP exercent la même profession que leurs pères, c’est-à-dire si la
diagonale est forte :
• L’ immobilité sociale est mesurée , dans une table de destinée , par une diagonale composée uniquement
de 100 % , le reste du tableau étant composé uniquement de 0 .
• En revanche, une mobilité forte sera caractérisée par des chiffres sur la diagonale faibles.

• Pour la table de destinée, la mobilité sociale parait relativement forte puisque les chiffres sur la
diagonale sont faibles (inférieurs à 35 %) excepté pour les catégories cadres (52%) et ouvriers (46 %). On
constate néanmoins que les les chiffres situés sur les chiffres proches de la diagonale sont relativement
plus élevés que ceux qui en sont éloignés (ex : sur 100 fils de professions intermédiaires : 33 deviennent
cadres, 33 professions intermédiaires et seulement 17 ouvriers, et 9 employés).

• Pour la table de recrutement , les chiffres de la diagonale sont forts pour les catégories agriculteurs (88
% des agriculteurs ont un père agriculteur) et pour les ouvriers (58 % des ouvriers ont un père ouvrier)
mais faibles pour les employés (14 % des employés ont un père employé) ou pour les professions
intermédiaires ( 16 % des professions intermédiaires ont un père profession intermédiaire), les cadres
occupent une position médiane (24% des cadres sont fils de cadres) .

Conclusion : La mobilité sociale est non négligeable, néanmoins la viscosité sociale demeure réelle.

II. L’évolution de la mobilité sociale (docs 2 et 3 p 126-127)

Constat : (7 et 8 p 128)
• Si on compare les tables de 2003 avec celles de 70, on se rend compte que la mobilité sociale .a
globalement augmenté, puisque les chiffres qui mesurent l’immobilité sociale (ceux de la diagonale) ont
diminué.
• On peut aussi étudier l’évolution de la mobilité sur une plus grande période. On peut construire un
tableau différent des autres, composée seulement de 3 catégories : au lieu des 6 CSP, on divise la
population étudiée en 3 classes : supérieures, moyennes et populaires . On peut alors étudier l’évolution
de la mobilité entre 53 à 77 : la mobilité sociale a faiblement augmenté, les chiffres les plus forts sont
toujours sur la diagonale, même s’ils diminuent faiblement pour les classes supérieures : En 53, 51% des
fils appartenant à la classe dirigeante restent dans cette classe ; en 77, 51%. Pour les classes moyennes, le
pourcentage d’individus restant dans sa classe d’origine passe de 56% à 45 %.

Pour voir les données statistiques :

On remarque que la mobilité nette a diminué depuis 1977. A quoi cela peut-il être dû ? Stéphanie Dupays ("En
un quart de siècle, la mobilité sociale a peu évolué", dans Données Sociales, 2006) explique cette évolution par
une diminution de la mobilité professionnelle (intragénérationelle). Par exemple, 40% des employés interrogés
en 2003 sont dans la même position professionnelle que lorsqu’ils ont débuté (contre 30% en 1993). Cette
moindre mobilité professionnelle est due à un contexte économique moins favorable.

C’est alors toute la question du verre à moitié vide ou à moitié plein qui est posé :
• selon certains, comme L.A.Vallet : « on détecte pour la société française une érosion lente et
statistiquement très significative du niveau général de l’inégalité des chances sociales . Cette évolution
paraît si régulière qu’elle peut même être résumée par un paramètre unique qui décrit alors une tendance
linéaire . Cela conduit à dire que le niveau général de la fluidité sociale s’est accru au rythme de 0,5 % par
an durant 40 ans . ( … ) Parmi les quelques 12 millions de français âgés de 35 à 59 ans et qui ont un
emploi en 93 , près d’un demi-million , c’est-à-dire à peu près 4 % occupent des positions sociales qui
n’auraient pas été les leurs en l’absence de cette augmentation de la fluidité sociale en 40 ans » . On peut
aussi constater qu’en 1953 les chances relatives de devenir cadre supérieur qu’ouvrier sont 1333 fois plus
fortes chez les fils de cadres que chez les fils d’ouvriers . La dernière enquêtre de 1993 montre que les
chances relatives ne sont plus que 20,7 fois plus grandes chez les fils de cadres que chez les fils d’ouvriers
. L’inégalité des destins sociaux mesurée par cet indicateur reste importante , mais fait apparaître une
diminution marquée .

• Mais, comme le note D.Merllié « globalement , au rythme constaté sur 40 ans , il faudrait 2 siècles pour
qu’on arrive à une société où les destins sociaux ne dépendraient plus des origines » .Pour une société
démocratique basée sur l’égalité des chances , cela est surprenant .Les chances d’arriver à ce résultat sont
d’ailleurs d’autant moins certaines que depuis la crise , l’ascenseur social semble en panne .

Partie 2 – L’origine de la mobilité sociale

I. Une mobilité d’abord horizontale

La plus faible mobilité mesurée par une classification à trois catégories s’explique par le fait q’une partie de la
mobilité mesurée avec une table à 6 catégories n’ y apparaît pas :
• ainsi un fils d’agriculteur devenant ouvrier connaît une mobilité sociale dans la table à 6 catégories
• mais est immobile dans la classification à 3 catégories : il reste dans la classe populaire.
• Il a changé de position sociale sans modifier sa place dans la hiérarchie sociale.

II. Et structurelle ( 6 p 128)

Constat : La différence des résultats entre table de destinée et de recrutement trouve son origine dans le fait que
la mobilité sociale est avant tout structurelle

Exemple de compréhension :
- Les agriculteurs en sont un bon exemple:
• 22 % des fils d’agriculteurs sont devenus agriculteurs (destinée)
• mais 88 % des agriculteurs ont un père agriculteur (recrutement ) .
• Les fils d’agriculteurs sont obligés de quitter la terre du fait des changements économiques c'est-à-dire de
l’évolution sectorielle de la population active (cf chapitre 1 : hausse de la productivité et ralentissement de
la demande) . Cette évolution rend le métier d’agriculteur peu attirant d’autant plus qu’il faut déjà
posséder les moyens de production, c’est-à-dire avoir un père agriculteur.

- La mobilité structurelle explique aussi les différences de résultats pour les cadres :
• 52 % des fils de cadres sont devenus cadres (destinée)
• et 24 % des cadres sont fils de cadres.
• L’augmentation du nombre de postes de cadres (en particulier pendant les 30 glorieuses) a donc permis à
la fois aux fils de cadres de devenir cadres mais a aussi créé un appel d’offre pour d’autres catégories.

Conséquence : Ce qui explique donc d’abord la mobilité sociale, c’est principalement la transformation de la
nature des emplois qui résulte de 4 effets

1 - la transformation des emplois

il y a eu une translation vers le haut de la structure des emplois : une baisse de la part des agriculteurs et des
ouvriers et une augmentation de la part des cadres, employés, professions intermédiaires. Les fils ne peuvent
donc plus occuper la même position sociale que leur père ; et les emplois offerts sont à un niveau hiérarchique
supérieur, ce qui permet une mobilité sociale ascendante .Selon L.Chauvel : « au cours de la période de très forte
croissance économique des 30 Glorieuses, il s’est produit une véritable révolution de la structure sociale. D’où
un appel d’air extraordinaire pour les enfants nés dans les années 40 (…) Pour ces générations, l’escalator social
a connu une prodigieuse accélération. Mais pour les suivantes, il s’est arrêté, voire inversé. C’est cette panne
qu’ont connu dans les années 80, les jeunes nés entre 1955 et 1965. Résultat, on commence à voir des accidents
de parcours chez les enfants de cadres et de plus en plus de jeunes en situation plus difficile que leurs parents »

2 - la fécondité différentielle

pour M.Cherkaoui, il existe deux formes de fécondité différentielle


- La première est celle qui concerne le nombre inégal d’enfants par famille. Les ouvriers et les
agriculteurs ont un nombre moyen d’enfants supérieur aux autres catégories (le nombre moyen
d’enfants suit une courbe en U si on place en abscisse les catégories sociales de la moins élevée à
la plus élevée). Les fils d’ouvriers ou d’agriculteurs vont donc prendre des places d’employés,
car il n’y a pas assez d’enfants d’employés.

- La seconde forme de fécondité concerne l’influence de la taille de la famille sur la réussite


scolaire : plus le nombre d’enfants est restreint, plus les familles investissent dans la scolarité et
plus la réussite scolaire est forte.

3 – le développement de l’emploi féminin

le développement de l’emploi féminin a permis la mobilité masculine .En occupant massivement des postes
d’employés, les femmes laissent aux hommes la possibilité d’avoir des postes plus élevés dans la hiérarchie
sociale.

Pour voir l’exemple de la Suède :

Mais, à terme, en raison de l’égalisation des conditions féminines et masculines, on peut envisager (et on doit
souhaiter) une ouverture de l’éventail des professions féminines , qui se rapprocheraient de celles des hommes .
Mais alors, les femmes concurrenceraient les hommes dont la mobilité sociale serait forcément plus réduite.

4 - l’apport de l’immigration

La mobilité sociale des jeunes français a été d’autant plus facilité pendant les trente glorieuses que les immigrés
prenaient la place (laissée libre par des jeunes qui s’élevaient dans la société) en occupant les emplois les plus
mal payés et les moins valorisants
Mais depuis les années 70 , pour lutter contre le chômage , la France a fermé ses frontières à l’immigration . Dès
lors , il faut bien que quelqu’un occupe les emplois que ne peuvent plus prendre les immigrés , d’où une mobilité
descendante pour une partie des jeunes français .

Conclusion :

En résumé on peut dire que la mobilité sociale a certes progressé mais que cette mobilité :
• s’effectue par trajets courts,
• qu’elle est horizontale
• mais qu’elle résulte essentiellement des changements de structure plutôt que d’une plus grande fluidité de
la population et d’une réduction des inégalités,
• que cette mobilité structurelle dépend énormément du contexte économique et social, et que depuis 20 ans
, elle est beaucoup moins forte qu’elle ne l’était par le passé

Pour en savoir plus : un article de D.Merllié dans les cahiers français :


Chapitre : la mobilité sociale Notions du référentiel : égalité/inégalité des chances,
capital économique/culturel/social, méritocratie

Fiche 3 – Les explications théoriques de la mobilité sociale

- 2 agents, essentiellement, interviennent dans le processus de la mobilité sociale : la famille et l’école, dans
les sociétés qui ont généralisé un système de formation extérieur à la famille.
- On remarque que le diplôme influence la position sociale :
• les diplômés de l’enseignement supérieurs sont massivement cadres supérieurs,
• ceux qui n’ont aucun diplôme ouvriers ou agriculteurs.
• en effet nous nous trouvons dans une société où « l’école attribue des qualifications scolaires
possédant une certaine utilité sociale dans la mesure où certains emplois, positions ou statuts sont
réservés aux diplômés »

Le rôle du système scolaire a fait l’objet de controverses :


• pour P.Bourdieu et J.C.Passeron , l’école reproduit les inégalités sociales
• selon R.Boudon c’est le choix rationnel des individus en fonction de leur position sociale qui
explique la mobilité sociale

Pour une analyse critique d’une théorie très controversée sur l’origine naturelle de l’intelligence :

Partie 1 – Les théories actionnalistes

I. Les principes de base

A. Une critique des conceptions culturalistes

Cette analyse est très critique envers l’analyse déterministe et en particulier les théories
développées par Bourdieu qui considère que « l’acteur est une pâte molle sur laquelle
viendraient s’inscrire les données de son environnement, lesquelles lui dicteraient ensuite
son comportement dans telle ou telle situation » ( ( R.Boudon ) :
• Selon Boudon les théoriciens culturalistes font de l’héritage culturel,
inégalement réparti dans la population, le facteur discriminant essentiel de
la réussite scolaire.
• Mais cette analyse est très contestable, car selon Boudon et plus largement
selon les actionnalistes, le facteur primordial est la position social de
l’individu qui exerce des effets exponentiels
• L’erreur des culturalistes s’explique par le type d’analyse qu’ils mettent en
œuvre : une analyse synchronique qui conduit à surestimes le rôle de
l’héritage. Alors qu’il faudrait mettre en œuvre une analyse diachronique
qui conduit à relativiser l’influence de l’héritage, certes importante en
début de cursus scolaire, mais dont les effets se dissipent au fur et à
mesure de la scolarité.
• La meilleure preuve en est, selon Boudon, que les réformes visant à
éliminer l’influence de l’héritage social ont échoué à réduire les inégalités
de réussite scolaire.

B. Une conception de l’individu et de la société particulière


Postulat de base : Ces théories ont pour point commun de s’appuyer sur une
vision individualiste : la société étant étudié comme le résultat de l’agrégation
des comportements individuels.
• Les actionnalistes ne reprennent pas toutes les hypothèses qui
caractérisent l’homo oeconomicus. En particulier ils contestent l’idée que
l’individu soit un être parfaitement rationnel qui ne subisse pas l’influence
du contexte institutionnel et social dans lequel il vit.

• Par contre les actionnalistes rejettent le modèle de l’homo sociologicus


passif tel qu’il est défini (selon eux) par les théoriciens déterministes et
culturalistes : c’est à dire un individu hyper socialisé, qui agit sans
comprendre les raisons qui le poussent à agir, qui lui sont imposée par sa
culture, son milieu social : en un mot une pate à modeler ne disposant
d’aucun libre arbitre.

• Les actionnalistes vont alors définir le modèle de l’homo sociologicus


actif : un individu dont la rationalité est réelle mais limitée qui va définir
librement des objectifs à atteindre, en fonction des contraintes qui pèsent
sur lui en mobilisant les ressources dont il dispose

• Il est donc nécessaire, selon les actionnalistes , afin de comprendre quelles


sont les raisons qui ont motivé l’action de l’individu, de l’interroger, et non
d’opérer une analyse objectiviste visant à prendre en compte de pseudo
structures sociales qui l’aurait déterminé.

Le modèle de référence : L’ homo sociologicus actif , est l’individu de


référence (cf. le modèle de l’idéal-type développé par M Weber)a plusieurs
caractéristiques :
• c’est un acteur c’est à-dire qu’il agit,

• il est maître de son destin ;

• mais cette action est soumise à des contraintes : l’acteur n’agit pas dans un
vide institutionnel et social ;

• cette action possède une finalité, c’est-à-dire que l’action est rationnelle :
pour R.Boudon, la principale raison est le calcul coût bénéfice

II. Une conception méritocratique

Constat : Jusqu’à la fin du XIX° siècle , en Europe , l’éducation reproduisait fidèlement la stratification sociale :
• d’une part des écoles privées et payantes réservées aux classes supérieures,
• d’autre part des écoles publiques financées par l’Etat ou par les collectivités et destinées aux classes
populaires.
• Il ne peut donc y avoir de mobilité sociale car au départ il y a inégalité des chances.

Défin it ion : La conception méritocratique considère que le statut d’arrivée ne


doit pas dépendre de son statut d’origine mais de ses propres capacités; l’école
doit donc être neutre et unique. Cela signifie :
• une éducation gratuite et universelle jusqu’à un certain niveau minimal .
• une distribution à tous d’un savoir identique.
• une égalité des ressources scolaires : même matériel, même enseignant .
• composition sociale et ethnique identique.
III. Les causes de l’inégalité des chances scolaires.

A. Risques et avantages d’un investissement scolaire

1. Les déterminants de l’orientation

Selon R.Boudon, le système éducatif peut se comparer à un réseau complexe de voies


ferrées reliées par des aiguillages A chaque bifurcation, un choix est effectué par l’élève
et sa famille. 3 variables influencent ce choix :
• la réussite scolaire qui dépend des dons, mérites et capacités de travail de
l’individu.
• le risque, c’est-à-dire le coût de cette scolarité supplémentaire. Plus les coûts
seront forts, plus l’hésitation sera grande. Or les coûts ont toutes chances d’être
plus lourds dans les milieux défavorisés. Il existe donc une première raison pour
qu’un individu de classe sociale défavorisée ait un parcours scolaire moins long
qu’un individu de classe supérieure.
• les bénéfices attendus : or ces bénéfices seront différents selon le milieu social.
Suivant la théorie des groupes de référence, on peut faire l’hypothèse que lorsque
la famille définit plus ou moins confusément le statut qu’elle considère que le jeune
peut légitiment chercher à obtenir, elle le définit dans une large mesure par rapport
à son propre statut .Un instituteur sera satisfait si son fils devient professeur du
secondaire , un professeur de faculté sera déçu .

2. Un choix rationnel différent selon le milieu social

- Ainsi le choix du type de scolarité dépend du calcul rationnel des individus :


• ils comparent le coût d’une année de scolarité supplémentaire avec son bénéfice .
• Pour 2 enfants de réussite scolaire identique médiocre , il est rationnel pour l’enfant
de classe supérieure de continuer des études longues ; et pour un enfant de classe
populaire , de faire des études courtes .

- Pour R.Boudon , les inégalités scolaires sont dues :


• au fait que les coûts et avantages de l’investissement scolaire sont appréciés de
façon variable selon les milieux sociaux
• et non à des différences culturelles qui rendraient les enfants des classes
populaires moins préparés aux exercices proposés par l’école.
• Il est donc nécessaire selon Boudon de différencier deux dimensions :
- La sur-sélection correspond à un traitement inégal opéré par l’école et la
société qui vont sanctionner plus fortement les enfants issus de milieu
défavorisés, par exemple en ne leur accordant pas les même chances qu’aux
enfants issus des classes supérieures.
- L’auto sélection correspond quant-à elle à une situation où l’enfant et sa
famille vont limiter leurs ambitions, non pas du fait d’un traitement injuste
opéré par l’école mais parce qu’ils ne voient pas l’intérêt de poursuivre des
études plus longues, du fait de leur position sociale.

L’origine sociale joue d’autant plus :


- Que les choix d’orientation sont multiples
- Au début du cursus scolaire

Pour en savoir plus :


B. Les solutions préconisées par R.Boudon

La cause de l’inégalité est la combinaison de deux facteurs :


• un système scolaire doit au delà du tronc commun proposer des choix et
sélectionner les meilleurs
• les vœux et choix des familles sont influencés par leur position sociale.
• Résultat : l’effet exponentiel de l’autoselection .
trois solutions sont alors proposées par R Boudon :
• substituer à des choix irrémédiables (filière longue/courte) des choix qui
engagent moins l’avenir. Mais aucun choix n’est réellement doux : dès qu’ils
prennent une valeur stratégique, ils engagent beaucoup l’avenir.
• agir sur les coûts qui pèsent davantage sur les familles défavorisées que sur les
autres : mettre en oeuvre des systèmes de bourses.
• la plus efficace est de relier de manière plus stricte l’orientation aux
résultats scolaires. L’influence de la famille doit être réduite pour tenir compte de
facteurs objectifs : les performances.

IV. Les effets pervers de la démocratisation du système scolaire

A. Une démocratisation du système scolaire ( 1 à 6 p 129-130)

La démocratisation, comme l’indiquait A de Tocqueville résulte du fait que « les idéaux démocratiques dont
était porteuse la révolution de 1789 ne pouvaient s’arrêter à l’exercice formel d’une égalité politique (…) ainsi à
l’égalité politique du citoyen devait pouvoir correspondre une égalité sociale, non pas des situations elles-
mêmes, mais des conditions de leur accès ».

Défin it ion : Le terme démocratisation scolaire a 2 sens :


• quant it atif : c’est le développement de la scolarisation : il signifie qu’un
nombre croissant d’élèves poursuit des études plus longues. on peut alors
parler de massification scolaire
• qual it atif : réaliser l’égalité des chances, c’est la conception
méritocratique .

Constat : il y a eu développement de la scolarisation :


• le nombre de personnes scolarisés augmente ; la croissance est d’autant plus rapide que le niveau
d’enseignement est élevé.
• Mais celle ci n’a pas véritablement permis d’assurer un égalité des chances , on peut , plus sûrement
parler de translation vers le haut des inégalités.

B. Le paradoxe d’Anderson

Postulat de base : Théoriquement, comme le diplôme influence la position sociale, la


démocratisation de l’enseignement devrait se traduire par une augmentation des
possibilités de mobilité.
Constat : Or, c’est le contraire que l’on remarque Ainsi, on remarque que « 70 % des fils
ont un niveau de diplôme supérieur à celui de leur père, mais seulement 39 % ont un
statut social supérieur. » Ces chiffres indiquent que, étant donné les catégories
considérées, la structure sociale s’est déplacée vers les catégories supérieurs mais avec
une intensité moins grande que la structure éducationnelle »
Conséquences : c’est le paradoxe d’Anderson. Les fils ont un niveau d’éducation
supérieur à leur père mais une position sociale inférieure. Ce paradoxe s’explique par le
fait que la structure éducative s’est modifiée plus rapidement que la structure sociale.
Conclusion : Le résultat : on constate une inflation des diplômes.

C. L’inflation des diplômes

Constat : L’inflation ou la dévaluation des diplômes signifie la baisse du rendement du diplôme:


• Un homme possédant un diplôme supérieur à bac + 2 percevait un salaire 4.76 fois plus fort qu’une
femme sans diplôme en 1970 , et seulement 3.26 fois 1993.
• le pourcentage des diplômés d’une licence dans les 5% les mieux payés décroît régulièrement depuis
1970 .

Explications : Pour J.C.Passeron, cette analogie avec la monnaie est pertinente :


• la baisse du pouvoir d’achat d’une monnaie résulte d’une augmentation plus rapide
de la masse monétaire par rapport à la quantité de biens disponibles.

• De même, la baisse du rendement professionnel d’un diplôme découle de l’évolution


différentielle de deux structures : la répartition hiérarchique des diplômes se modifie
plus rapidement que la répartition hiérarchique des positions sociales.

• Comme les positions sociales élevées ne se sont pas multipliées, l’accroissement du


nombre de diplômés se traduit par une dévaluation : un même diplôme ne permet
pas d’obtenir le même emploi.

• Cette dévaluation ne touche pas tous les diplômes : les diplômes qui n’ont pas
connu une croissance rapide, c’est-à-dire qui restent rares, conservent la même
valeur réelle : c’est le cas des diplômes des Grandes Ecoles où l’entrée est
restreinte par rapport aux Universités .

Conséquences : Face à cette dévaluation des diplômes, le comportement des étudiants


va être rationnel ;
• ils vont tenter de se protéger de la dévaluation. Arrêter ses études n’est pas
rationnel puisque, comme le dit L.Levy-Garboua « avec le diplôme on n’a presque
rien, mais sans diplôme rien du tout » .

• Ils vont donc continuer leurs études pour arriver à des niveaux de diplôme encore
non touchés par la dévaluation

• Mais comme tous les étudiants agissent de la même manière, il y a une


augmentation du nombre d’individus à ce niveau de diplôme et donc dévalorisation
de ce niveau de diplôme.

Conclusion : L’inflation des diplômes est donc un effet pervers de l’action rationnelle
des individus :
• il est rationnel pour les individus de continuer leurs études ;
• mais de ce fait, ils réduisent la valeur de leur diplôme.
• on observe un effet d’agrégation des comportements individuels qui génère
un résultat non attendu et non souhaité de la part d’individus pourtant rationnels :
on parle alors d’effets pervers ou contra-productifs.

Partie 2 – Les théories culturalistes

I. La remise en cause du postulat de l’égalité des chances

A. La théorie culturaliste du langage de Bernstein

Constat : Bernstein a mis en évidence 2 types de langage utilisés par deux catégories
de population :
• le langage formel, utilisé par la classe bourgeoise : riche en qualifications
personnelles et individuelles ; sa forme implique des ensembles d’opérations
logiques ; l’intensité et le ton sont secondaires. Il y a une élaboration grammaticale
complexe due à l’utilisation de subordonnées, de conjonctions et de prépositions qui
permet de traduire les relations logiques
• le langage public, propre à la classe populaire : l’accent est mis sur les termes
émotifs ; il emploie un symbolisme concret, descriptif, et visuel dont la nature tend
à limiter l’expression verbale du sentiment dans la mesure où l’expression de celui-
ci est opérée par des moyens non verbaux : gestes, expressions corporelles. Les
phrases sont courtes, pauvres en adjectifs et en adverbes.

Conséquences : Selon Bernstein :


• le niveau linguistique est indépendant du potentiel intellectuel;
• mais il y a supériorité du langage formel sur le langage public du point de vue des
normes scolaires.

Conclusion : Les enfants des classes populaires sont donc désavantagés car ils ne
disposent pas du langage utilisé par l’école (le langage formel) : pour réussir, il faut qu’ils
en apprennent un nouveau

B. Les inégalités de capital : l’analyse de P.Bourdieu ( docs 1 à 6 p 131-132)

Selon P Bourdieu le niveau social résulte de la combinaison de plusieurs


espèces de capital : économique , culturel et social . Chaque espèce de capital
peut se transmettre d’une génération à une autre et peut être convertie en une autre
espèce de capital

1. Les 3 types de capitaux

• le capital économique : outils de production mais aussi les placements de toute


nature , les biens d’usage , voire le revenu du père .
• le capital culturel : P.Bourdieu distingue le capital culturel incorporé : le diplôme
du père ou de la mère et non incorporé : les biens culturels : livres , oeuvres d’art .
• le capital social : ensemble des relations sociales dont dispose un individu.

Mais ces trois types de capital ne sont pas obligatoirement corrélés :


• les professeurs ne disposent que du capital culturel. Les artisans essentiellement du
capital économique.

2. Une influence différente sur la réussite scolaire

• Selon P Bourdieu c’est le capital culturel qui explique principalement l’inégale


réussite scolaire.
• P. Clerc a ainsi montré que, à diplôme égal, le revenu n’exerce aucune influence
propre sur la réussite scolaire. A revenu égal, la réussite dépend d’abord des
diplômes du père et de la mère.
• Le capital culturel a donc un rôle plus important que le capital économique : c’est le
niveau culturel global de la famille qui est important.

3. Des capitaux inégalement distribués

Bourdieu considère que :


• les enfants originaires des classes supérieures héritent de savoirs et de savoir-faire,
de goûts, dont la rentabilité scolaire est grande.
• La culture « libre » (celle qui n’est pas apprise à l’école : musique, théâtre, ..) qui
est la condition implicite de réussite dans certaines carrières scolaires, est
inégalement répartie.
Pour l’évolution de la structure du capital

II. L’école n’est pas neutre (5p 130)

A. La remise en cause de la conception méritocratique de l’école


1. Rappel de la conception méritocratique

La vision méritocratique et neutre de l’école fait que ceux qui réussissent scolairement le
doivent à leurs seuls mérites.

Conséquences : Il y a donc une grande légitimité accordée à ceux qui détiennent les
postes clés : ils sont seuls responsables de leurs résultats. Cette approche est partagée
par toute la population : des exemples de déchéance sociale ou au contraire d’ascension
sociale sont toujours mis en exergue pour montrer la neutralité de l’école.

2. Critiques de la conception méritocratique

- Bourdieu oppose l’apparence et la réalité :


• en apparence depuis la Révolution française, la reproduction sociale basée
sur les droits du sang et sur l’idée d’une culture de naissance a disparu
avec l’aristocratie.
• mais on constate, qu’en réalité, même si la bourgeoisie a refusé d’invoquer
les droits du sang ou les droits de la nature afin de justifier sa place dans la
hiérarchie, elle a développé un système de reproduction basé sur une
conception apparemment méritocratique : « l’héritier des privilèges
bourgeois doit en appeler aujourd’hui à la certification scolaire qui atteste à
la fois ses dons et ses mérites »

- l’école occupe donc dans le système de reproduction une place essentielle. L’école
apparaît d’autant plus neutre qu’elle dispose d’une autonomie grande et qu’elle a mis
en place une démocratisation qui assure à tous (au moins , en apparence ) les mêmes
chances . L’école confère donc à la bourgeoisie, selon Bourdieu, à la fois :
• « le privilège suprême de ne pas s’apparaître comme privilégié »
• et de « convaincre les déshérités qu’ils doivent leur destin scolaire et social
à leurs défauts de dons ou de mérites »
Ainsi, le système scolaire est, comme l’indique le dessin, « l’outil de légitimation sociale
et de transmission héréditaire des privilèges » dans nos sociétés démocratiques : ou
comment , en démocratie , l’aristocratie prend le visage de la méritocratie

Conclusion : Le rôle de l’école est donc de transformer selon P.Bourdieu « ceux qui
héritent en ceux qui méritent » : « les tires scolaires sont de nouveaux titres de
noblesse ». Cela s’explique par la différence de culture : l école développe la culture de la
bourgeoisie.

a. Selon l’origine sociale, le type de culture est différent

• les enfants des classes supérieures disposent de la culture classique, celle qui est
valorisée à l’école. Il y a donc totale adaptation entre culture scolaire et culture
d’origine. La culture scolaire renforce donc la culture d’origine.
• En revanche, pour les enfants des classes populaires, le mode de pensée, les
centres d’intérêt , le type de langage sont différents de ceux valorisés à l’école :
pour réussir , ils doivent donc abandonner leur propre culture pour en adopter une
autre ; c’est un processus d’acculturation (cf A Ernaux).

b. Résulte de l’habitus(2p 140)

L’influence du groupe familial sur l’individu est développée par P.Bourdieu à travers son
concept d’habitus.

Définition :
• Il désigne un système de dispositions durables et transposables à beaucoup
de situations qui fonctionne comme une guide de perceptions,
d’appréciations ou d’actions.
• L’habitus montre donc, que contrairement aux visions déterministes de type
marxistes et durkheimienne, l’individu n’est pas totalement passif, qu’il
contribue par sa liberté d’action, à la construction de son histoire ;
• Mais le rôle du milieu social et familial reste essentiel : l’habitus est en effet
élaboré dans le cadre de la famille et surtout lors de la prime enfance
(socialisation primaire)
• Il est variable selon la classe d’appartenance (populaire, moyenne ou
supérieure)
• et trouve sa source dans l’expérience passée des générations.
• L’individu agit mais il n’est pas libre de ses actions : elles sont influencées
par son habitus et par sa socialisation au sein d’une classe sociale qui sont
largement intériorisés donc inconscient

c. Et entraîne une réussite scolaire différente

Bourdieu peur alors en conclure que l’individu n’est pas un acteur rationnel qui décide de
la poursuite d’études en fonction d’une analyse coût-bénéfice opérée sous contraintes.
En effet, il écrit : « Les attitudes à l’égard de l’école, de la culture scolaire et de l’avenir
proposé par les études sont pour une grande part l’expression du système de valeurs
implicite ou explicite qu’ils doivent à leur appartenance sociale. En fait, tout se passe
comme si les attitudes des parents ( … ) étaient avant tout l’intériorisation du destin
objectivement assignée à l’ensemble de la catégorie sociale à laquelle ils appartiennent »
.

• Les enfants des classes populaires ont donc des difficultés pour réussir leur scolarité
: ils doivent opérer une déculturation (abandonner leur culture d’origine) pour
réussir leur acculturation (apprentissage d’une autre culture). les familles ouvrières
ont, selon Bourdieu, intériorisé même si elles ne les connaissent pas, les forts
risques d’échec de leurs enfants qui cherchent à accéder à l’enseignement
supérieur ( seulement 2 % réussissent ) . Les parents ne sont pas alors incités à
valoriser une poursuite longue d’études, craignant les déceptions futures.

• En revanche, pour les enfants des classes supérieures, la scolarité est facilitée par
un processus d’enculturation (renforcement de leur propre culture). Les enfants
issus des classes moyennes ont des probabilités d’accès aux études supérieures
beaucoup plus importantes. Ils vont donc développer un ethos de classe, basé sur
l’ascension sociale et l’aspiration à la réussite à l’école par l’école. Ils vont donc
pousser leurs enfants à réussir leurs études.

• Sur le même principe , le groupe des pairs joue un rôle essentiel : les jeunes , du fait
de l’homogénéité sociale assez importante des collèges et lycées , ont une forte
probabilité de se retrouver avec des enfants issus de leur groupe social d’origine qui
vont redoubler l’influence du milieu familial , en incitant leurs membres à
développer par rapport à l’école des espérances raisonnables : « c’est-à-dire , bien
souvent , au renoncement espéré » .

Remarque : Les enfants des classes populaires qui réussissent scolairement sont
confrontés à une dualité culturelle. Comme le dit R.Hoggart dans « La culture du
pauvre », le boursier appartient à deux mondes à la fois :
• il subit, plus que tout autre élève, l’influence de l’école et des valeurs scolaires,
• mais il n’en reste pas moins attaché à la vie du groupe familial et à ses valeurs.
Cette dualité culturelle aboutit souvent à des difficultés d’intégration dans un groupe
social : il est difficile de rester dans son milieu d’origine et l’insertion franche dans le
milieu social d’accueil est à la fois perçue comme impossible et délibérément refusée
(cf. l’exemple d’A Ernaux)
Cette conception méritocratique débouche sur le racisme de l’intelligence, qui est critiqué par P.Bourdieu

B. L’échec de la démocratisation scolaire

1. L’objet de la démocratisation

a. Les mesures traditionnellement utilisées

Pour démocratiser le système scolaire, les instruments employés sont la réduction des
inégalités de revenu : c’est le système de bourses qui permet de compenser la faiblesse
des revenus des classes populaires.

b. Sont inutiles et inefficaces

• Or selon P.Bourdieu, la réduction des inégalités économiques ne remet pas en cause


la perpétuation des inégalités scolaires, car l’origine n’est pas financière mais
culturelle.
Au contraire, elle pourrait même renforcer les inégalités scolaires : les mécanismes qui
assurent l’élimination des enfants des classes inférieures (le handicap culturel) agiraient
presque aussi efficacement (et plus discrètement) dans le cas où une politique
systématique de bourses rendrait formellement égaux devant l’Ecole les sujets de toutes
les classes sociales.

• On pourrait alors, avec plus de justifications que jamais, imputer à l’inégalité des
dons ou à l’aspiration inégale de la culture les résultats scolaires inégaux selon
l’origine sociale.

c. Les solutions préconisées par P.Bourdieu

Selon P.Bourdieu, la solution pour réellement démocratiser le système scolaire est :


• de traiter inégalement des enfants inégaux.
• Donner à tous des chances égales devant l’enseignement consiste à prendre en
compte l’origine sociale. Il faut prendre conscience que l’échec scolaire provient en
grande partie d’éléments culturels ;
• l’école doit donc compenser, de la maternelle à l’Université ce handicap culturel,
autrement dit l’enseignement doit être différencié selon les apports personnels des
élèves.

2. Les effets différenciés de la dévaluation des diplômes

Constat : La dévaluation des diplômes ne touche pas uniformément tous les types de
diplômes :
• les plus rares sont mieux protégés mais aussi les diplômes nouveaux, peu connus
qui répondent à une demande du marché du travail.
• Pour se protéger de cette dévaluation, il faut donc connaître parfaitement le
système scolaire et ses différentes orientations.

Conséquences : Or , cette connaissance est inégalitairement répartie dans la population


:
• un critère géographique joue (Paris est le lieu où le système universitaire est le plus
différencié)
• ainsi qu’un critère social (les classes supérieures ont une meilleure connaissance
des différentes possibilités du système scolaire) .

Conclusion :
- Les enfants des classes populaires sont donc désorientés face à cet univers
brouillé de filières multipliées :
• ils sont donc contraints à s’abandonner aux conseils de conseillers d'orientation
professionnels ou bénévoles qui ne font , le plus souvent , que renforcer leurs
inclinations (socialement constituées) à choisir les voies les plus sûres à leurs yeux ,
c’est-à-dire les plus courtes et les plus scolaires .
• Or ce choix ne les laisse pas à l’abri d’une dévaluation de leur diplôme pour un
investissement scolaire souvent fort
- En revanche, les enfants des classes La stratégie des enfants des classes
supérieures est différente car ils disposent d’une meilleure connaissance du
système :
• soit ils disposent des compétences scolaires nécessaires pour faire des études
« nobles » et donc rares : on constate qu’entre 1981 et 1991 :
- les fils de cadres supérieurs et assimilés représntent80% des admis au
concours externe (la voie royale ) et seulement 16 % des jeunes.
- Les fils d’ouvriers au contraire représentent 38% des jeunes et seulement 1.5
% des reçus.
• soit ils vont contourner l’obstacle scolaire pour un résultat nettement plus efficace
que celui des enfants des classes moyennes et inférieures :
- Ils vont s’orienter vers les formations les moins autonomes et les moins
contrôlés scolairement de l’espace scolaire, c’est-à-dire vers les écoles
refuges qui se sont multipliées au cours des 20 dernières années, surtout
dans le domaine de la gestion (où simultanément la pression de la demande
se faisait aussi sentir )

Pour en savoir plus sur les voies détournées et les écoles refuges :

C. Les inégalités de réussite scolaire sont renforcées par le rôle du capital social

Constat : l’obtention d’un diplôme élevé est une condition nécessaire mais insuffisante
pour participer à l’élite : un fils d’instituteur qui accède à Polytechnique n’en tirera pas le
même profit que le polytechnicien, fils de pdg .

Explications par le rôle du capital social:


• selon J.C.Passeron , toute dévaluation réévalue les valeurs qui échappent .
• En période d’inflation universitaire, la baisse du rendement professionnel du
diplôme est inégalement sévère selon les caractéristiques sociales du porteur d’un
titre scolaire.
• Quand les diplômes deviennent de moins en moins rares, la sélection ne se fait plus
uniquement sur les compétences scolaires mais sur des éléments extrascolaires : le
capital social (les relations, le piston), ou l’aisance à se mouvoir dans le monde
(manières de tables, etc ;) .

Conséquences :
• Ainsi, la démocratisation de l’enseignement a plus servi aux mauvais élèves des
classes supérieures ( qui peuvent maintenant obtenir un diplôme et le convertir en
position sociale grâce à leurs relations )
• qu’aux bons élèves des classes moyennes et populaires (qui ont fait des
investissements scolaires , qui ne se traduisent pas forcément par de la mobilité
sociale ) .

Pour en savoir plus sur les théories culturalistes :

Pour en savoir plus sur les analyses théoriques :


- l’opposition entre Boudon et Bourdieu sur le site deJ.P.Simmonet : http://www.lyc-arsonval-brive.ac-
limoges.fr/jp-simonnet/spip.php?article226
- un article de M.Duru-Bellat dans les cahiers français

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