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La mobilité sociale est un concept relativement récent qui concerne uniquement les sociétés modernes qui sont
des sociétés fluides, où le statut social est acquis et non donné à la naissance.
Cette distinction est importante pour l’évaluation qu’on peut faire des flux de
mobilité :
• En effet, si la distribution sociale des positions ne changeait pas, il n’y aurait
pas de mobilité structurelle ; toute la mobilité observée serait nette. Dans ce
cas et seulement dans ce cas, une immobilité totale est possible.
• La mobilité nette suppose que les flux s’équilibrent : si quelqu’un connaît une
mobilité sociale ascendante, un autre connaît une mobilité sociale
descendante
-
La plupart du temps, les tables de mobilité sont des tables intergénérationnelles, concernant
uniquement les hommes actifs
de 40 à 59 ans. Ce choix s’explique par plusieurs raisons :
• Les hommes sont plus souvent actifs que les femmes
• Entre 40 et 59 ans, leur statut social est maximum
- A chaque intersection d’une ligne et d’une colonne, on obtient le nombre d’individus appartenant à
une CSP x dont le père appartenait à une CSP y
Pour opérer des comparaisons pertinentes, on va passer des nombres aux pourcentages
- A la fin de chaque ligne, on a alors le nombre d’individus de la génération des fils appartenant à
chaque CSP
- En divisant chaque ligne par le total, on obtient le pourcentage d’individus d’une CSP dont le père
avait telle ou telle CSP
- C’est la table de recrutement qui donne l’origine sociale des individus de chaque CSP
- A la fin de chaque colonne, on a le nombre de fils pour chaque CSP des pères
- En divisant chaque colonne, par le total, on obtient le pourcentage d’individus dont le père
appartenait à une CSP et qui appartiennent à telle ou telle CSP
- C’est la table de destinée qui indique ce que sont devenus les fils de chaque CSP
• elles ne comprennent que les hommes, or la moitié de la population est composée de femmes. Cela se
justifiait certes par le passé quand la majorité des femmes était inactive, cela l’est beaucoup moins
aujourd’hui. Pour tenir compte de cette évolution, les statisticiens ont établi des tables de mobilité
comparant la CSP des filles à celle de leur père, mesure imparfaite car la structure des emplois féminins est
différente de celle des emplois masculins, mais seule mesure dont in puisse disposer aujourd’hui, en raison
du faible taux d’activité des mères
• on ne retient que les individus de 45 à 59 ans, car on considère que le statut social est à cet âge définitif.
C’est, en réalité, trop simpliste, en particulier dans une société dans laquelle, contrairement à celle des
années 50, les qualifications et les professions évoluent rapidement, et le taux de chômage élevé.
• nominativement les CSP ne changent pas, mais qualitativement, l’image voire le prestige social des CSP
évoluent. Ainsi, un fils d’instituteur devenu professeur connaît, d’après les tables, une mobilité ascendante,
passant des professions intermédiaires aux professions intellectuelles supérieures. Qu’en est-il en réalité ?
• les tables sont établies à partir d’enquêtes au cours desquelles on interroge les fils sur la profession de leur
père au même âge, mais certains métiers ont disparu, certains enfants ne peuvent définir avec précision la
profession de leur père, d’où un flou peu compatible avec la rigueur statistique
• les tables de mobilité peuvent être établies à des niveaux de décomposition différents : on peut ainsi soit
retenir les 6 CSP traditionnelles, soit opérer une comparaison à 3 niveaux : classes populaires, moyennes,
supérieures. Dans le premier cas, un fils d’agriculteur devenant ouvrier ou employé est mobile ; dans le
second, il ne l’est pas.
Chapitre : la mobilité sociale Notions du référentiel : immobilité, reproduction
Partie 1 – Constat
Constat : On peut mesurer la mobilité sociale en étudiant les tables de destinées et de recrutement: la mobilité
sociale sera faible si les fils des différentes CSP exercent la même profession que leurs pères, c’est-à-dire si la
diagonale est forte :
• L’ immobilité sociale est mesurée , dans une table de destinée , par une diagonale composée uniquement
de 100 % , le reste du tableau étant composé uniquement de 0 .
• En revanche, une mobilité forte sera caractérisée par des chiffres sur la diagonale faibles.
• Pour la table de destinée, la mobilité sociale parait relativement forte puisque les chiffres sur la
diagonale sont faibles (inférieurs à 35 %) excepté pour les catégories cadres (52%) et ouvriers (46 %). On
constate néanmoins que les les chiffres situés sur les chiffres proches de la diagonale sont relativement
plus élevés que ceux qui en sont éloignés (ex : sur 100 fils de professions intermédiaires : 33 deviennent
cadres, 33 professions intermédiaires et seulement 17 ouvriers, et 9 employés).
• Pour la table de recrutement , les chiffres de la diagonale sont forts pour les catégories agriculteurs (88
% des agriculteurs ont un père agriculteur) et pour les ouvriers (58 % des ouvriers ont un père ouvrier)
mais faibles pour les employés (14 % des employés ont un père employé) ou pour les professions
intermédiaires ( 16 % des professions intermédiaires ont un père profession intermédiaire), les cadres
occupent une position médiane (24% des cadres sont fils de cadres) .
Conclusion : La mobilité sociale est non négligeable, néanmoins la viscosité sociale demeure réelle.
Constat : (7 et 8 p 128)
• Si on compare les tables de 2003 avec celles de 70, on se rend compte que la mobilité sociale .a
globalement augmenté, puisque les chiffres qui mesurent l’immobilité sociale (ceux de la diagonale) ont
diminué.
• On peut aussi étudier l’évolution de la mobilité sur une plus grande période. On peut construire un
tableau différent des autres, composée seulement de 3 catégories : au lieu des 6 CSP, on divise la
population étudiée en 3 classes : supérieures, moyennes et populaires . On peut alors étudier l’évolution
de la mobilité entre 53 à 77 : la mobilité sociale a faiblement augmenté, les chiffres les plus forts sont
toujours sur la diagonale, même s’ils diminuent faiblement pour les classes supérieures : En 53, 51% des
fils appartenant à la classe dirigeante restent dans cette classe ; en 77, 51%. Pour les classes moyennes, le
pourcentage d’individus restant dans sa classe d’origine passe de 56% à 45 %.
On remarque que la mobilité nette a diminué depuis 1977. A quoi cela peut-il être dû ? Stéphanie Dupays ("En
un quart de siècle, la mobilité sociale a peu évolué", dans Données Sociales, 2006) explique cette évolution par
une diminution de la mobilité professionnelle (intragénérationelle). Par exemple, 40% des employés interrogés
en 2003 sont dans la même position professionnelle que lorsqu’ils ont débuté (contre 30% en 1993). Cette
moindre mobilité professionnelle est due à un contexte économique moins favorable.
C’est alors toute la question du verre à moitié vide ou à moitié plein qui est posé :
• selon certains, comme L.A.Vallet : « on détecte pour la société française une érosion lente et
statistiquement très significative du niveau général de l’inégalité des chances sociales . Cette évolution
paraît si régulière qu’elle peut même être résumée par un paramètre unique qui décrit alors une tendance
linéaire . Cela conduit à dire que le niveau général de la fluidité sociale s’est accru au rythme de 0,5 % par
an durant 40 ans . ( … ) Parmi les quelques 12 millions de français âgés de 35 à 59 ans et qui ont un
emploi en 93 , près d’un demi-million , c’est-à-dire à peu près 4 % occupent des positions sociales qui
n’auraient pas été les leurs en l’absence de cette augmentation de la fluidité sociale en 40 ans » . On peut
aussi constater qu’en 1953 les chances relatives de devenir cadre supérieur qu’ouvrier sont 1333 fois plus
fortes chez les fils de cadres que chez les fils d’ouvriers . La dernière enquêtre de 1993 montre que les
chances relatives ne sont plus que 20,7 fois plus grandes chez les fils de cadres que chez les fils d’ouvriers
. L’inégalité des destins sociaux mesurée par cet indicateur reste importante , mais fait apparaître une
diminution marquée .
• Mais, comme le note D.Merllié « globalement , au rythme constaté sur 40 ans , il faudrait 2 siècles pour
qu’on arrive à une société où les destins sociaux ne dépendraient plus des origines » .Pour une société
démocratique basée sur l’égalité des chances , cela est surprenant .Les chances d’arriver à ce résultat sont
d’ailleurs d’autant moins certaines que depuis la crise , l’ascenseur social semble en panne .
La plus faible mobilité mesurée par une classification à trois catégories s’explique par le fait q’une partie de la
mobilité mesurée avec une table à 6 catégories n’ y apparaît pas :
• ainsi un fils d’agriculteur devenant ouvrier connaît une mobilité sociale dans la table à 6 catégories
• mais est immobile dans la classification à 3 catégories : il reste dans la classe populaire.
• Il a changé de position sociale sans modifier sa place dans la hiérarchie sociale.
Constat : La différence des résultats entre table de destinée et de recrutement trouve son origine dans le fait que
la mobilité sociale est avant tout structurelle
Exemple de compréhension :
- Les agriculteurs en sont un bon exemple:
• 22 % des fils d’agriculteurs sont devenus agriculteurs (destinée)
• mais 88 % des agriculteurs ont un père agriculteur (recrutement ) .
• Les fils d’agriculteurs sont obligés de quitter la terre du fait des changements économiques c'est-à-dire de
l’évolution sectorielle de la population active (cf chapitre 1 : hausse de la productivité et ralentissement de
la demande) . Cette évolution rend le métier d’agriculteur peu attirant d’autant plus qu’il faut déjà
posséder les moyens de production, c’est-à-dire avoir un père agriculteur.
- La mobilité structurelle explique aussi les différences de résultats pour les cadres :
• 52 % des fils de cadres sont devenus cadres (destinée)
• et 24 % des cadres sont fils de cadres.
• L’augmentation du nombre de postes de cadres (en particulier pendant les 30 glorieuses) a donc permis à
la fois aux fils de cadres de devenir cadres mais a aussi créé un appel d’offre pour d’autres catégories.
Conséquence : Ce qui explique donc d’abord la mobilité sociale, c’est principalement la transformation de la
nature des emplois qui résulte de 4 effets
il y a eu une translation vers le haut de la structure des emplois : une baisse de la part des agriculteurs et des
ouvriers et une augmentation de la part des cadres, employés, professions intermédiaires. Les fils ne peuvent
donc plus occuper la même position sociale que leur père ; et les emplois offerts sont à un niveau hiérarchique
supérieur, ce qui permet une mobilité sociale ascendante .Selon L.Chauvel : « au cours de la période de très forte
croissance économique des 30 Glorieuses, il s’est produit une véritable révolution de la structure sociale. D’où
un appel d’air extraordinaire pour les enfants nés dans les années 40 (…) Pour ces générations, l’escalator social
a connu une prodigieuse accélération. Mais pour les suivantes, il s’est arrêté, voire inversé. C’est cette panne
qu’ont connu dans les années 80, les jeunes nés entre 1955 et 1965. Résultat, on commence à voir des accidents
de parcours chez les enfants de cadres et de plus en plus de jeunes en situation plus difficile que leurs parents »
2 - la fécondité différentielle
le développement de l’emploi féminin a permis la mobilité masculine .En occupant massivement des postes
d’employés, les femmes laissent aux hommes la possibilité d’avoir des postes plus élevés dans la hiérarchie
sociale.
Mais, à terme, en raison de l’égalisation des conditions féminines et masculines, on peut envisager (et on doit
souhaiter) une ouverture de l’éventail des professions féminines , qui se rapprocheraient de celles des hommes .
Mais alors, les femmes concurrenceraient les hommes dont la mobilité sociale serait forcément plus réduite.
4 - l’apport de l’immigration
La mobilité sociale des jeunes français a été d’autant plus facilité pendant les trente glorieuses que les immigrés
prenaient la place (laissée libre par des jeunes qui s’élevaient dans la société) en occupant les emplois les plus
mal payés et les moins valorisants
Mais depuis les années 70 , pour lutter contre le chômage , la France a fermé ses frontières à l’immigration . Dès
lors , il faut bien que quelqu’un occupe les emplois que ne peuvent plus prendre les immigrés , d’où une mobilité
descendante pour une partie des jeunes français .
Conclusion :
En résumé on peut dire que la mobilité sociale a certes progressé mais que cette mobilité :
• s’effectue par trajets courts,
• qu’elle est horizontale
• mais qu’elle résulte essentiellement des changements de structure plutôt que d’une plus grande fluidité de
la population et d’une réduction des inégalités,
• que cette mobilité structurelle dépend énormément du contexte économique et social, et que depuis 20 ans
, elle est beaucoup moins forte qu’elle ne l’était par le passé
- 2 agents, essentiellement, interviennent dans le processus de la mobilité sociale : la famille et l’école, dans
les sociétés qui ont généralisé un système de formation extérieur à la famille.
- On remarque que le diplôme influence la position sociale :
• les diplômés de l’enseignement supérieurs sont massivement cadres supérieurs,
• ceux qui n’ont aucun diplôme ouvriers ou agriculteurs.
• en effet nous nous trouvons dans une société où « l’école attribue des qualifications scolaires
possédant une certaine utilité sociale dans la mesure où certains emplois, positions ou statuts sont
réservés aux diplômés »
Pour une analyse critique d’une théorie très controversée sur l’origine naturelle de l’intelligence :
Cette analyse est très critique envers l’analyse déterministe et en particulier les théories
développées par Bourdieu qui considère que « l’acteur est une pâte molle sur laquelle
viendraient s’inscrire les données de son environnement, lesquelles lui dicteraient ensuite
son comportement dans telle ou telle situation » ( ( R.Boudon ) :
• Selon Boudon les théoriciens culturalistes font de l’héritage culturel,
inégalement réparti dans la population, le facteur discriminant essentiel de
la réussite scolaire.
• Mais cette analyse est très contestable, car selon Boudon et plus largement
selon les actionnalistes, le facteur primordial est la position social de
l’individu qui exerce des effets exponentiels
• L’erreur des culturalistes s’explique par le type d’analyse qu’ils mettent en
œuvre : une analyse synchronique qui conduit à surestimes le rôle de
l’héritage. Alors qu’il faudrait mettre en œuvre une analyse diachronique
qui conduit à relativiser l’influence de l’héritage, certes importante en
début de cursus scolaire, mais dont les effets se dissipent au fur et à
mesure de la scolarité.
• La meilleure preuve en est, selon Boudon, que les réformes visant à
éliminer l’influence de l’héritage social ont échoué à réduire les inégalités
de réussite scolaire.
• mais cette action est soumise à des contraintes : l’acteur n’agit pas dans un
vide institutionnel et social ;
• cette action possède une finalité, c’est-à-dire que l’action est rationnelle :
pour R.Boudon, la principale raison est le calcul coût bénéfice
Constat : Jusqu’à la fin du XIX° siècle , en Europe , l’éducation reproduisait fidèlement la stratification sociale :
• d’une part des écoles privées et payantes réservées aux classes supérieures,
• d’autre part des écoles publiques financées par l’Etat ou par les collectivités et destinées aux classes
populaires.
• Il ne peut donc y avoir de mobilité sociale car au départ il y a inégalité des chances.
La démocratisation, comme l’indiquait A de Tocqueville résulte du fait que « les idéaux démocratiques dont
était porteuse la révolution de 1789 ne pouvaient s’arrêter à l’exercice formel d’une égalité politique (…) ainsi à
l’égalité politique du citoyen devait pouvoir correspondre une égalité sociale, non pas des situations elles-
mêmes, mais des conditions de leur accès ».
B. Le paradoxe d’Anderson
• Cette dévaluation ne touche pas tous les diplômes : les diplômes qui n’ont pas
connu une croissance rapide, c’est-à-dire qui restent rares, conservent la même
valeur réelle : c’est le cas des diplômes des Grandes Ecoles où l’entrée est
restreinte par rapport aux Universités .
• Ils vont donc continuer leurs études pour arriver à des niveaux de diplôme encore
non touchés par la dévaluation
Conclusion : L’inflation des diplômes est donc un effet pervers de l’action rationnelle
des individus :
• il est rationnel pour les individus de continuer leurs études ;
• mais de ce fait, ils réduisent la valeur de leur diplôme.
• on observe un effet d’agrégation des comportements individuels qui génère
un résultat non attendu et non souhaité de la part d’individus pourtant rationnels :
on parle alors d’effets pervers ou contra-productifs.
Constat : Bernstein a mis en évidence 2 types de langage utilisés par deux catégories
de population :
• le langage formel, utilisé par la classe bourgeoise : riche en qualifications
personnelles et individuelles ; sa forme implique des ensembles d’opérations
logiques ; l’intensité et le ton sont secondaires. Il y a une élaboration grammaticale
complexe due à l’utilisation de subordonnées, de conjonctions et de prépositions qui
permet de traduire les relations logiques
• le langage public, propre à la classe populaire : l’accent est mis sur les termes
émotifs ; il emploie un symbolisme concret, descriptif, et visuel dont la nature tend
à limiter l’expression verbale du sentiment dans la mesure où l’expression de celui-
ci est opérée par des moyens non verbaux : gestes, expressions corporelles. Les
phrases sont courtes, pauvres en adjectifs et en adverbes.
Conclusion : Les enfants des classes populaires sont donc désavantagés car ils ne
disposent pas du langage utilisé par l’école (le langage formel) : pour réussir, il faut qu’ils
en apprennent un nouveau
La vision méritocratique et neutre de l’école fait que ceux qui réussissent scolairement le
doivent à leurs seuls mérites.
Conséquences : Il y a donc une grande légitimité accordée à ceux qui détiennent les
postes clés : ils sont seuls responsables de leurs résultats. Cette approche est partagée
par toute la population : des exemples de déchéance sociale ou au contraire d’ascension
sociale sont toujours mis en exergue pour montrer la neutralité de l’école.
- l’école occupe donc dans le système de reproduction une place essentielle. L’école
apparaît d’autant plus neutre qu’elle dispose d’une autonomie grande et qu’elle a mis
en place une démocratisation qui assure à tous (au moins , en apparence ) les mêmes
chances . L’école confère donc à la bourgeoisie, selon Bourdieu, à la fois :
• « le privilège suprême de ne pas s’apparaître comme privilégié »
• et de « convaincre les déshérités qu’ils doivent leur destin scolaire et social
à leurs défauts de dons ou de mérites »
Ainsi, le système scolaire est, comme l’indique le dessin, « l’outil de légitimation sociale
et de transmission héréditaire des privilèges » dans nos sociétés démocratiques : ou
comment , en démocratie , l’aristocratie prend le visage de la méritocratie
Conclusion : Le rôle de l’école est donc de transformer selon P.Bourdieu « ceux qui
héritent en ceux qui méritent » : « les tires scolaires sont de nouveaux titres de
noblesse ». Cela s’explique par la différence de culture : l école développe la culture de la
bourgeoisie.
• les enfants des classes supérieures disposent de la culture classique, celle qui est
valorisée à l’école. Il y a donc totale adaptation entre culture scolaire et culture
d’origine. La culture scolaire renforce donc la culture d’origine.
• En revanche, pour les enfants des classes populaires, le mode de pensée, les
centres d’intérêt , le type de langage sont différents de ceux valorisés à l’école :
pour réussir , ils doivent donc abandonner leur propre culture pour en adopter une
autre ; c’est un processus d’acculturation (cf A Ernaux).
L’influence du groupe familial sur l’individu est développée par P.Bourdieu à travers son
concept d’habitus.
Définition :
• Il désigne un système de dispositions durables et transposables à beaucoup
de situations qui fonctionne comme une guide de perceptions,
d’appréciations ou d’actions.
• L’habitus montre donc, que contrairement aux visions déterministes de type
marxistes et durkheimienne, l’individu n’est pas totalement passif, qu’il
contribue par sa liberté d’action, à la construction de son histoire ;
• Mais le rôle du milieu social et familial reste essentiel : l’habitus est en effet
élaboré dans le cadre de la famille et surtout lors de la prime enfance
(socialisation primaire)
• Il est variable selon la classe d’appartenance (populaire, moyenne ou
supérieure)
• et trouve sa source dans l’expérience passée des générations.
• L’individu agit mais il n’est pas libre de ses actions : elles sont influencées
par son habitus et par sa socialisation au sein d’une classe sociale qui sont
largement intériorisés donc inconscient
Bourdieu peur alors en conclure que l’individu n’est pas un acteur rationnel qui décide de
la poursuite d’études en fonction d’une analyse coût-bénéfice opérée sous contraintes.
En effet, il écrit : « Les attitudes à l’égard de l’école, de la culture scolaire et de l’avenir
proposé par les études sont pour une grande part l’expression du système de valeurs
implicite ou explicite qu’ils doivent à leur appartenance sociale. En fait, tout se passe
comme si les attitudes des parents ( … ) étaient avant tout l’intériorisation du destin
objectivement assignée à l’ensemble de la catégorie sociale à laquelle ils appartiennent »
.
• Les enfants des classes populaires ont donc des difficultés pour réussir leur scolarité
: ils doivent opérer une déculturation (abandonner leur culture d’origine) pour
réussir leur acculturation (apprentissage d’une autre culture). les familles ouvrières
ont, selon Bourdieu, intériorisé même si elles ne les connaissent pas, les forts
risques d’échec de leurs enfants qui cherchent à accéder à l’enseignement
supérieur ( seulement 2 % réussissent ) . Les parents ne sont pas alors incités à
valoriser une poursuite longue d’études, craignant les déceptions futures.
• En revanche, pour les enfants des classes supérieures, la scolarité est facilitée par
un processus d’enculturation (renforcement de leur propre culture). Les enfants
issus des classes moyennes ont des probabilités d’accès aux études supérieures
beaucoup plus importantes. Ils vont donc développer un ethos de classe, basé sur
l’ascension sociale et l’aspiration à la réussite à l’école par l’école. Ils vont donc
pousser leurs enfants à réussir leurs études.
• Sur le même principe , le groupe des pairs joue un rôle essentiel : les jeunes , du fait
de l’homogénéité sociale assez importante des collèges et lycées , ont une forte
probabilité de se retrouver avec des enfants issus de leur groupe social d’origine qui
vont redoubler l’influence du milieu familial , en incitant leurs membres à
développer par rapport à l’école des espérances raisonnables : « c’est-à-dire , bien
souvent , au renoncement espéré » .
Remarque : Les enfants des classes populaires qui réussissent scolairement sont
confrontés à une dualité culturelle. Comme le dit R.Hoggart dans « La culture du
pauvre », le boursier appartient à deux mondes à la fois :
• il subit, plus que tout autre élève, l’influence de l’école et des valeurs scolaires,
• mais il n’en reste pas moins attaché à la vie du groupe familial et à ses valeurs.
Cette dualité culturelle aboutit souvent à des difficultés d’intégration dans un groupe
social : il est difficile de rester dans son milieu d’origine et l’insertion franche dans le
milieu social d’accueil est à la fois perçue comme impossible et délibérément refusée
(cf. l’exemple d’A Ernaux)
Cette conception méritocratique débouche sur le racisme de l’intelligence, qui est critiqué par P.Bourdieu
1. L’objet de la démocratisation
Pour démocratiser le système scolaire, les instruments employés sont la réduction des
inégalités de revenu : c’est le système de bourses qui permet de compenser la faiblesse
des revenus des classes populaires.
• On pourrait alors, avec plus de justifications que jamais, imputer à l’inégalité des
dons ou à l’aspiration inégale de la culture les résultats scolaires inégaux selon
l’origine sociale.
Constat : La dévaluation des diplômes ne touche pas uniformément tous les types de
diplômes :
• les plus rares sont mieux protégés mais aussi les diplômes nouveaux, peu connus
qui répondent à une demande du marché du travail.
• Pour se protéger de cette dévaluation, il faut donc connaître parfaitement le
système scolaire et ses différentes orientations.
Conclusion :
- Les enfants des classes populaires sont donc désorientés face à cet univers
brouillé de filières multipliées :
• ils sont donc contraints à s’abandonner aux conseils de conseillers d'orientation
professionnels ou bénévoles qui ne font , le plus souvent , que renforcer leurs
inclinations (socialement constituées) à choisir les voies les plus sûres à leurs yeux ,
c’est-à-dire les plus courtes et les plus scolaires .
• Or ce choix ne les laisse pas à l’abri d’une dévaluation de leur diplôme pour un
investissement scolaire souvent fort
- En revanche, les enfants des classes La stratégie des enfants des classes
supérieures est différente car ils disposent d’une meilleure connaissance du
système :
• soit ils disposent des compétences scolaires nécessaires pour faire des études
« nobles » et donc rares : on constate qu’entre 1981 et 1991 :
- les fils de cadres supérieurs et assimilés représntent80% des admis au
concours externe (la voie royale ) et seulement 16 % des jeunes.
- Les fils d’ouvriers au contraire représentent 38% des jeunes et seulement 1.5
% des reçus.
• soit ils vont contourner l’obstacle scolaire pour un résultat nettement plus efficace
que celui des enfants des classes moyennes et inférieures :
- Ils vont s’orienter vers les formations les moins autonomes et les moins
contrôlés scolairement de l’espace scolaire, c’est-à-dire vers les écoles
refuges qui se sont multipliées au cours des 20 dernières années, surtout
dans le domaine de la gestion (où simultanément la pression de la demande
se faisait aussi sentir )
Pour en savoir plus sur les voies détournées et les écoles refuges :
C. Les inégalités de réussite scolaire sont renforcées par le rôle du capital social
Constat : l’obtention d’un diplôme élevé est une condition nécessaire mais insuffisante
pour participer à l’élite : un fils d’instituteur qui accède à Polytechnique n’en tirera pas le
même profit que le polytechnicien, fils de pdg .
Conséquences :
• Ainsi, la démocratisation de l’enseignement a plus servi aux mauvais élèves des
classes supérieures ( qui peuvent maintenant obtenir un diplôme et le convertir en
position sociale grâce à leurs relations )
• qu’aux bons élèves des classes moyennes et populaires (qui ont fait des
investissements scolaires , qui ne se traduisent pas forcément par de la mobilité
sociale ) .