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NORD ÉCLAIR - DIMANCHE 21 ET LUNDI 22 MAI 2006 NORD ÉCLAIR - DIMANCHE 21 ET LUNDI 22 MAI 2006

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ឣ IMMIGRATION

Les sans-papiers sont-ils sans avenir ?


Quatre enfants, dont deux clandestins
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LE CONTEXTE LES ENJEUX LA QUESTION
Trois ans après Plusieurs milliers Si elle ouvre de nou-
avoir fermé le cen- d’étrangers velles portes, la
tre pour réfugiés de aujourd’hui sur le nouvelle loi en Mohamed Metakalard et son lement, on ne peut pas simple- « on m’a demandé de remplir le
Sangatte - et où les sol français atten- ferme aussi beau- épouse sont en situation régulière ment refaire sa vie, rien n’est dossier comme si mes deux en-
migrants continuent d’arriver -, Ni- dent d’être régularisés. D’autres ar- coup d’autres. Quelle immigration simple ». De retour en France fants étaient en Algérie et qu’ils
en France, tout comme deux de
colas Sarkozy a fait voter mercredi rivent encore. Ils fuient leur pays, l’Etat a-t-il décidé de choisir ? deux autres enfants naissent, voulaient me rejoindre ». Les
par l’Assemblée les textes d’une la misère, la violence politique ou Combien passeront ? Qui recon- leurs enfants nés sur le territoire
Samir, en 2001, et Majda, en choses avancent, le dossier sem-
loi pour une immigration « choi- veulent tout simplement rejoindre duira-t-on ? Les sans-papiers de national. Mais Fatima et Abdelkha- ble prêt d’aboutir, lorsqu’en
der, eux, restent encore des « irré- 2004. « Eux sont "en règle",
sie ». les leurs déjà exilés. la région s’inquiètent... 2003, « la DDASS et la préfec-
mais Fatima et Abdelkhader, ce
guliers ». ture ont suspendu le traitement
sont des "clandestins" ! », tem-
du dossier parce qu’ils vou-
Sans papiers, sans statut, sans garantie. L’Etat veut « sélectionner » pête-t-il. Dès son retour en

ses immigrés. Qui pourra rester, qui pourra partir ? Eugène, médecin I l est arrivé dans le Pas-de-Ca-
lais en 1971, pour rejoindre
son père qui travaillait dans les
France, en 1999, il fait une pre-
mière tentative pour régulari-
laient attendre qu’arrivent les
décrets de la loi Sarkozy ». L’at-
tente s’allonge encore, et avec
ser la situation de ses enfants,
d’origine rwandaise à Lille, sans-papiers, s’interroge sur son sort... mines. Mohamed Metakalard sans succès. Mohammed Meta-
elle l’angoisse. « Ce sont mes en-
fants qui subissent le plus. Ils
est d’origine algérienne, mais kalard n’a alors pas de travail.
RAPHAËL TASSART > raphaël.tassart@nordeclair.fr sa vie est en France. À cette épo- ne disent rien, mais ils le sen-
« Je ne remplissais pas les condi- tent, ça leur fait mal »,
que, raconte-t-il, « il n’y avait tions du regroupement fami-
pas besoin de papiers, de visas, glisse-t-il. Depuis janvier der-

E ugène Rwamucyo, et
même plutôt le docteur
Eugène Rwamucyo, est
une incohérence administra-
tive. Un couac de plus dans les
avoue qu’il ne comprend pas
parfaitement tout. De ce qu’il a
pu saisir comme informations
sur les textes votés mercredi à
l’Assemblée, les nouvelles dispo-
prends ce que je trouve ».
Eugène Rwamucyo est une
sorte d’intermittent de la méde-
cine.
Alors la carte « talents et compé-
de tout ça. On entrait en France
avec sa carte d’identité ».
D’ailleurs, comme il le dit en
souriant, il est « né Français »
lial : je ne pouvais pas produire
de salaires au SMIC sur les
douze derniers mois... ».
En 2001, il revient à la charge.
nier, Mohamed Metakalard sem-
ble voir poindre le bout du tun-
nel. La situation de ses enfants
devrait être régularisée dans les
Mais, alors que ses deux en- semaines qui viennent. En prin-
pages encore ouvertes de l’im- sitions n’auraient pas que du tences », il a presque envie d’y en 1955, avant l’indépendance fants sont scolarisés en France, cipe. ɀ MATTHIEU MILLECAMPS
migration en France. Une co- mauvais : « Après tout, quand croire : « Si ce n’est pas une loi de l’Algérie. Son histoire,
quille, une erreur ? Pour être j’écoute les grands principes de gadget, l’immigration choisie, comme celle de beaucoup de mi-
exact, aux yeux de l’administra- la loi, je me dis que la carte “ta- moi je suis d’accord. Mais j’es- grants, il la conte en égrenant
tion, Eugène Rwamucyo n’est lents et compétences”, c’est père qu’ils vont me choisir les obstacles administratifs qu’il
pas. tout moi ! ». Ce serait même moi ! ». Lui. Et les autres ? C’est a dû surmonter, pour lui et
Il n’est pas un médecin d’ori- pour lui la fin d’une certaine tout le débat que soulèvent jus- pour sa famille.
gine rwandaise âgé de 46 ans, forme moderne d’esclavage. tement les textes de Nicolas « J’ai toujours fait l’aller-retour
avec toutes sortes de diplômes Sarkozy. « Immigration choi- en Algérie, au moins une fois
4 étoiles qui lui débordent des sie », ça veut bien dire que la par an », raconte-t-il. Lors d’un
poches, il n’est pas toxicologue, France va faire un tri. Pour de ces voyages, il rencontre
spécialiste de l’hygiène au tra- Si ce n’est pas Eugène, l’affaire est encore plus celle avec laquelle il se mariera
vail. Il n’est pas le praticien atta- une loi gadget, complexe. Il a aujourd’hui en 1993. Deux enfants naissent
ché que désespère d’embaucher épuisé tous les recours possi-
le centre hospitalier de Lille. Il l’immigration choisie, bles. L’office français de protec- en Algérie, Fatima, en 1996, et
n’est pas pour le moment un tion des réfugiés et apatrides Abdelkhader, en 1998. Mais en
médecin sous-exploité et sous-
moi je suis d’accord. (OFPRA) lui a tout refusé. Il 2001, Mohamed Metakalard dé-
payé pour faire fonction d’« in- Mais j’espère qu’ils s’est fait aider, son dossier est re- cide de repartir en France, avec
firmier » aux urgences de Cal- monté jusqu’au cabinet du mi- sa famille. Après avoir passé
mette. Il n’est pas un Rwandais vont me choisir moi ! nistre de l’Intérieur. Il deman- tant de temps en France, il se
EUGÈNE RWAMUCYO, rend alors compte « qu’on ne Mohamed Metakalard remplit toutes les conditions pour prétendre
qui a appris le russe pour se for- médecin sans papier dait l’asile territorial, on lui a
mer en médecine à Leningrad, promis plus : une carte de sé- peut repartir "là-bas" aussi faci- au regroupement familial, mais le dossier traîne encore.
chassé de son pays, amoureux jour a été libellée à son nom.
des idéaux qui font de la France Aujourd’hui, Eugène Rwamu- « Je l’ai vue, je l’ai même tou-
une terre d’espoir, de liberté et cyo n’a pas le droit de choisir et chée, mais la Préfecture refuse
de droits. Il n’est pas père de fa- n’est pas en mesure de négo- de me la donner ». Résultat,
mille… « Je n’ai pas de papiers,
je ne suis rien, c’est comme un
déni de mon existence. En plus
cier. Employé en contrats pré-
caires depuis 2003 au CHRU de
Lille, ce Rwandais a un temps
Eugène Rwamucyo a perdu en
route son récépissé de deman-
deur d’asile, son seul papier va-
Kosovar, « mais surtout Européen »
de ne pas avoir le droit d’asile, fait fonction de médecin : « Je lable. Aujourd’hui, l’administra- Mehdi Hysaj, Kosovar-Albanais, nationalité, et le contexte politi- quartiers dans le Nord. S’il est
je n’ai pas le droit de vivre ». gagnais deux fois moins qu’un tion française ne lui reconnaît est à la tête de l’association Rilin- que aide. « Je suis Kosovar, interprète pour les tribunaux,
Voilà avec quoi Eugène Rwamu- médecin français. Quand je fai- donc aucune existence et pour- dja. S’il estime que son parcours Français, mais avant tout Euro- c’est surtout son activité de mili-
cyo se réveille tous les matins. sais des gardes le week-end, el- tant c’est bien l’Etat qui lui pour obtenir la nationalité fran- tant qui l’occupe. « Lorsque le
En ce moment, il entend par- les m’étaient payées 4 fois verse tous les mois son salaire, péen », se présente-t-il. En
çaise a été particulièrement court, France, il ne lâche pas son enga- Kosovo sera indépendant, il fau-
tout parler de la loi Sarkozy sur moins ». Depuis quelques mois, de médecin ou d’infirmier, cela dra toujours combattre pour les
l’immigration dite « choisie » et il est en CDD d’infirmier, « je dépend... ɀ Eugène Rwamucyo est un « cas » administratif. Sans papiers, sur sa carte de visite il est marqué « praticien attaché au CHRU de Lille ». Photo Ludovic Maillard il milite ardemment contre la loi gement . Il est l’un des fonda-
sur l’immigration choisie. Droits de l’Homme ». Et c’est à
teurs, en 1990, du centre cultu- ce titre qu’il milite aujourd’hui
rel albanais, à Paris. Puis de Ri- contre la loi sur l’immigration
ÉCLAIRAGE
À Libercourt, une association d’insertion face aux lois sur les étrangers K osovar albanais, indépen-
dantiste, Mehdi Hysaj n’a
pas quitté le Kosovo de gaieté
lindja (renaissance), associa-
tion culturelle qui prend ses
choisie. « Par solidarité avec les
autres nationalités ». Car pour
De la nécesssité d’avoir Mehdi Hysaj, au-delà des lois, il
Nombre de personnes accompa- à se réinsérer socialement et laissant son bébé en France tenu, et lorsque son père est dé- de cœur. Quand les mesures
y a « une xénophobie dont tous
gnées par l’Association locale professionnellement. L’associa- pour qu’elle puisse, éventuelle- cédé, en France, il est revenu. un « projet d’immigration »... vexatoires ont commencé à
sont victimes, que cela soit à
pour l’insertion sociale et profes- tion compte 45 salariés en ment, revenir dans le cadre On a remué ciel et terre. On est s’abattre sur les Albanais, il te-
d’un regroupement familial. Ha- remonté 15 à 20 ans en ar- La nouvelle loi réglemente davantage les conditions d’entrée sur le cause de leur couleur de peau
sionnelle sont des étrangers contrat insertion et accompa- territoire, celles du droit au séjour et du recours à l’expulsion. Pour nait la chronique culturelle au ou de leur nom ». Il aurait no-
gne 300 personnes au total bituellement cette procédure rière, on a fait intervenir son journal Zeri i Rinise. Travail
confrontés à la jungle des règle- met un an à arriver à terme », école... On est parvenu à sus- les cartes de séjour, une « carte compétences et talents » de 3 ans re- tamment préféré que « la situa-
ments. Un sujet que connaissent dans le cadre des différents dis- nouvelable pour attirer les étrangers les plus diplômés va être créée. qu’il mène avec passion, mal-
positifs d’accompagnement so- raconte Rachid Ferahtia. Si une pendre l’expulsion un temps, tion de ceux qui sont déjà là
bien les permanents de l’ALPI. Une carte de séjour de 4 ans sera délivrée aux étudiants les plus di- gré les pressions. Son frère,
cial. « Nous avons tous les cas partie des dossiers pris en mais un jour, la PAF est venue plômés. Pour les autres, trois cartes de séjour temporaire sont pré- soit réglée avant d’empêcher les
charge par l’association aboutit le chercher chez lui et il s’est re- vues : « salarié », « temporaire » et « saisonnier ». S’il n’a plus de caméraman à la télévision pu- autres d’arriver ». Sa grande
de figure imaginables, et toutes blique, est licencié en même
«Q uand on connaît la si-
tuation de l’emploi,
c’est aberrant d’exiger douze fi-
les origines », explique Karim
Chergui, l’un des permanents.
Les méandres du droit des étran-
à une régularisation des situa-
tions, certains échecs restent en
mémoire du responsable asso-
trouvé au centre de rétention
de Lesquin » . Loin de baisser
les bras, Rachid Ferahtia en-
contrat de travail, l’étranger garde son titre de séjour. Aussi, tout
étranger souhaitant « s'établir » devra signer le « contrat d'accueil et
d'intégration ». Un « projet d’immigration » qui passe par la recherche
temps que plusieurs journalis-
tes kosovars. Mehdi Hasyj se dé-
fierté ? « Que mon fils, après
avoir été élevé en France, soit
actuellement en train de suivre
ciatif. « Nous avions un jeune tend bien continuer à apporter d’un boulot, la maîtrise du français... La régularisation de droit des cide à l’exil. Ce sera la France :
ches de salaire consécutives au gers, pour l’ALPI, sont au cen- clandestins de plus de 10 ans est abrogée. Exit l’automatisme, elle ses études au Ko-
qui était né en France, mais son aide à ceux qui la lui de-
SMIC pour le regroupement fa- tre d’une grande partie des dos- dont le père avait décidé qu’il mandent. « Mais il y a ceux que se fera au cas par cas par les préfets (en moyenne 20 000 par an). son épouse, Sanije, y a vécu son sovo ». ɀ M.M.
milial ! ». Rachid Ferahtia, à la siers suivis. « J’ai eu le cas d’un devait retourner au pays. Un nous connaissons, et tous les En ce qui concerne le regroupement familial, il est conditionné aux enfance et ses études. Ils arri-
tête de l’ALPI, sait de quoi il homme, en situation régulière, ressources de travail (au moins le SMIC) et de logement. Les étran- vent fin 1989, avec un enfant RÉAGISSEZ
jour, il l’a emmené là-bas, l’a autres, ceux qui n’osent même gers ne seront plus « invités » à quitter le territoire mais recevront un
parle. Sa mission est d’accompa- à qui l’on a demandé de ren- Dans les locaux de l’ALPI, marié et l’a installé dans une pe- pas sortir de l’ombre, par courrier les informant du refus de titre de séjour accompagné d'une en bas âge. Il obtient vite la na- Donnez votre avis
gner les personnes en difficulté voyer sa femme en Algérie en les dossiers s’accumulent. tite maison. Mais il n’a pas peur. » ɀ M.M. « obligation de quitter le territoire dans le délai d'un mois ». ɀ R.T. tionalité. Sa femme a la double Mehdi Hysaj, Kosovar, Français sur www.nordeclair.fr
mais avant tout Européen. ou à lecteurs@nordeclair.fr

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