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Khalid Chraibi - Economia

Chroniques d'économie marocaine

La CGEM à l’ère du candidat unique


Economia n° 6 Juillet 2006

Chronique Entreprise

Khalid Chraibi
Le poste de Président de la CGEM comporte prestige, visibilité, et de réelles possibilités d’influer sur
le cours des événements dans le champ économique, pour celui qui se sent une vocation de leader.
L’élection du nouveau Patron des patrons, une fois tous les trois ans, est donc l’occasion d’une très
forte mobilisation des adhérents, dans cette organisation regroupant des milliers d’entreprises réparties
dans une multiplicité de fédérations. Mais, les élections de 2006 ont fait exception à cette règle.

Bien qu’une demi-douzaine de noms de candidats aient été avancés dans la presse, de manière
récurrente, pendant des mois, aucune des personnalités mentionnées n’a franchi le pas décisif de
déposer un dossier de candidature. Cet état des choses inquiéta suffisamment le Président sortant pour
qu’il demande à son Conseil juridique de lui indiquer la procédure légale à appliquer le 30 juin, le cas
échéant, si personne ne se portait candidat aux fonctions de Président dans les délais impartis.

La « frilosité » des candidats potentiels s’explique en partie, d’après certains, par les mésaventures que
le Président sortant de la Confédération patronale auraient connues, à la suite de sa mémorable sortie
médiatique de l’été 2005. Ayant fait part très franchement, dans une interview, de ses frustrations au
sujet de différentes questions d’ordre politique, économique et social, sans s’entourer des précautions
oratoires appropriées, il s’attira, semble-t-il, des vexations protocolaires et professionnelles
suffisamment significatives pour échauder des membres influents de la Confédération et refroidir les
ambitions des candidats potentiels à sa succession.

Mais, le facteur explicatif le plus important réside probablement dans les calculs électoraux pointus
auxquels les candidats peuvent se livrer, sur la base de la nouvelle distribution des voix électorales par
adhérent, après la réforme des statuts de 2005. Compte tenu de la multiplicité des « clans » au sein de
la CGEM, aux intérêts divergents et aux stratégies incompatibles entre elles, il est difficile à l’un de
leurs candidats de dégager une majorité viable. En contraste, le club très fermé des grands groupes a
énormément étendu son influence au sein de la Confédération, au cours des dernières années, et peut
mobiliser, aujourd’hui, un nombre considérable de voix électorales au profit du candidat de son choix.
Il peut ainsi faire pencher la balance de manière décisive, face à un électorat divisé.
La candidature « impromptue » de M. Hafid Elalamy à la présidence de la Confédération s’inscrit fort
logiquement dans cette optique. C’est un enfant de la maison, un homme connu de tous, au charme
débonnaire, aux grandes qualités humaines, à la grande expérience professionnelle également,
couvrant l’informatique et les assurances au Canada, l’ONA, Agma, la CNIA, l’offshoring, etc. au
Maroc. Non seulement a-t-il indéniablement réussi dans sa carrière d’homme d’affaires, mais il est très
bien introduit dans les cercles influents du pays, « un membre du sérail ». Fort intelligemment, il
explique les différents montages financiers et boursiers sur lesquels il a bâti sa fortune personnelle, au
cours des dernières années, pour bien montrer qu’il n’y a pas anguille sous roche.

Les grands groupes qui le parrainent le présentent comme un « candidat de la dernière chance »,
l’homme au profil idoine pour « débloquer la situation » et pour impulser la CGEM dans une nouvelle
direction, plus en ligne avec l’image et les besoins du « nouveau Maroc ».

Le candidat Elalamy observe : « Prendre la responsabilité de la CGEM, ce n’est pas chercher des
galons. Ce n’est pas un bâton de maréchal, c’est une responsabilité. Le Maroc n’est pas en situation où
l’économie va aller de mieux en mieux sans volonté de réformes et sans engagement de la part de tous
les opérateurs économiques. » Il pense qu’il faut régénérer la CGEM, qui doit adopter une démarche,
des positions et un mode de fonctionnement plus en phase avec la conjoncture marocaine actuelle, tant
sur le plan national qu’international. La CGEM doit revenir à sa mission première : défendre les
intérêts de ses adhérents et de l’économie, « en évitant les débats stériles ». Elle doit essayer,
autant que faire se peut, d’aider l’entreprise marocaine à mieux vivre son
époque. Elle doit contribuer à trouver, avec le Gouvernement, le Parlement et les différentes
institutions du pays, les moyens d’activer la croissance et la création de richesses pour tous.

La CGEM doit transmettre aux patrons le message qu’ils doivent prendre en main leur avenir,
ensemble, maintenant que l’Etat essaie de se désengager autant que faire se peut du champ
économique. Elle doit accompagner les entreprises dans leurs stratégies, les aider à se réadapter en cas
de besoin, pour s’intégrer dans le flux de la mondialisation. Elle doit donner aux opérateurs une vision
macroéconomique et une capacité d’anticipation. Ainsi, même s’ils sont pris dans l’engrenage des
activités quotidiennes, ils doivent pouvoir obtenir auprès d’elle une vision claire de l’économie
mondiale en évolution.

Le candidat veut établir un dialogue constructif avec l’ensemble des interlocuteurs : pouvoirs publics,
partenaires sociaux et autres. Les adhérents attendent de la CGEM qu’elle défende leurs intérêts, et
elle doit avoir les moyens de le faire. Or, demande-t-il, « si elle coupe les canaux de communication
avec le pouvoir, avec les partenaires syndicaux, comment peut-elle régler les problèmes » ?

Il insiste sur la nécessité d’éviter toute confusion entre le politique, l’économique et le stratégique. Il
est important que chacun joue sa partition, toute sa partition mais uniquement sa partition. Le candidat,
qui est féru de musique, explique : « Prenez un orchestre philharmonique. Vous avez des percussions,
des violons et un chef d’orchestre. Lorsque les violonistes déposent leurs violons et s’improvisent
percussionnistes, nous obtenons une cacophonie. Chacun doit assumer pleinement sa mission.
Lorsque, au sein de la CGEM, j’ai une politique économique que je souhaite voir mettre en place et
que je dois communiquer au législatif, est-ce de la politique que de lui expliquer comment l’économie
pourrait mieux fonctionner ? »

Le discours séduit, autant que la personnalité chaleureuse du candidat. Mais,


sera-t-il vraiment capable de traduire son discours dans les faits, et saura-t-il
maintenir l’équilibre indispensable entre les PME et les grandes entreprises, dans
les préoccupations de la Confédération ? Lui qui défend la création des
champions nationaux, pour des raisons économiques, saura-t-il faire en même
temps tout ce qui est nécessaire pour renforcer le tissu économique principal de
la CGEM : la PME/PMI ?

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