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SOMMAIRE
1 LE BASSIN PARISIEN ..................................................................................................................... 2
1.1 L’échelle stratigraphique ............................................................................................................ 2
1.2 250 millions d’histoire ................................................................................................................. 2
2 LA GEOLOGIE PARISIENNE .......................................................................................................... 4
2.1 Les grandes plates-formes à emboîtement................................................................................ 5
2.2 Le cours de la Seine et les principales collines.......................................................................... 6
2.2.1 Les sources de Belleville ................................................................................................... 6
2.3 Remblais et buttes artificielles.................................................................................................... 8
2.4 Exploitation des sous-sols.......................................................................................................... 9
2.4.1 Géologie et historique des carrières - Le calcaire. ..................................................... 9
2.4.2 Le Gypse, Les Buttes Chaumont et la cimetière du Père Lachaise ......................... 11
2.4.3 Le parc des Buttes Chaumont ......................................................................................... 12
2.4.4 Le cimetière du Père Lachaise ........................................................................................ 13
2.4.5 Les catacombes............................................................................................................... 13
3 Rappel Historique – TOPOGRAPHIE ET IMPLANTATION........................................................... 14
3.1 Passage à gué.......................................................................................................................... 14
3.2 Reliefs et premiers établissements .......................................................................................... 15
3.2.1 La ville romaine sur la colline en rive gauche.................................................................. 15
3.2.2 Les buttes alluvionnaires de la rive droite ....................................................................... 16
3.3 Limite de zone inondable ......................................................................................................... 17
Avant de regarder de plus près ce qui se passe sous le sol parisien et quelles en sont les
conséquences sur la forme de la ville, nous allons faire un retour en arrière pour dérouler le
synopsis de la création du bassin parisien.
Je viens de vous distribuer une échelle stratigraphique ou échelle des temps fossilifères qui vous
permettra de mieux comprendre l’échelle des temps de la formation de notre planète en situant à la
fois dans le temps et dans l’épaisseur de ce « milles feuilles », les termes qui vous sont inconnus
mais qui sont utilisés pour parler du sous sol. La désignation des couches géologiques repose sur
deux règles : D’une part la présence ou non de fossiles et d’autre part des sites où ces formations
ont été observées et constituent des repères archétypiques.
Cette échelle des temps géologique commence il y a 4,6 milliards d’années par la formation initiale
de la terre et se divise en 5 périodes appelées le précambrien, le primaire, le secondaire, le tertiaire
et le quaternaire ou encore le Précambrien qui dure 4 milliards d’années, le paléozoïque qui dure
370 millions d’années, le mésozoïque1 pour 165 millions d’années, le cénozoïque pour 63 millions
d’années et enfin le quaternaire pour 2 millions d’années.
Vous vous rendez compte de ce temps très long de fabrication de l’écorce terrestre à partir du socle
initial du précambrien.
29/10/2007 2
® Bruel-Delmar
Comment se déroule cette histoire si nous opérons un recadrage sur le bassin parisien. Tout
d’abord, ce bassin parisien ne se limite pas à la région aujourd’hui appelée francilienne mais va bien
au-delà. Il est délimité par les Vosges, le Massif Central et le Massif Armoricain. Au Nord, il se poursuit
dans le Bassin de Londres et de Bruxelles.
• Entre 250 et 41 millions d'années, le bassin de Paris est un bassin marin épicontinental
reposant sur du cambrien.
1
Mésozoïque. Terme de géologie. (a) Troisième des ères géologiques, le Mésozoïque (ou Secondaire) débute vers 250
millions d’années. Il se termine par une crise biologique importante. Bien au-delà des Dinosaures, qui apparaissent et
disparaissent avec cette ère, la crise est marquée par l’extinction de formes vivantes variées (Ammonites, Bélemnites,
Rudistes), continentales ou marines. Terminée au Tertiaire, l’orogenèse des Alpes commence dès le Jurassique supérieur. Sur
le plan de la dérive des continents, la formation de l’Atlantique est le fait majeur. Le Mésozoïque est une ère chaude où se
forme une grande quantité de calcaire, roche d’origine biologique. Au Mésozoïque, en plus de 200 millions d’années, les
dépôts peuvent atteindre 35 km d’épaisseur. Le Mésozoïque comporte trois périodes.
2
Orogenèse Une orogenèse est une phase de formation des montagnes. Par extension, l'orogenèse désigne à la fois un
système théorique expliquant les mécanismes de formation des reliefs, et l'ensemble des orogenèses se succédant à travers
les temps géologiques. Elle résulte de la collision d'une plaque continentale contre une autre plaque continentale, et se passe
au niveau des limites convergentes.
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Coupe actuelle du bassin de Paris NW SE 3
® Bruel-Delmar
L'allure finale est celle d'un plateau agricole ou boisé avec quelques buttes témoins, entaillé de
vallées et légèrement incliné vers la Seine.
Le Bassin parisien est l'archétype du bassin sédimentaire constitué d'un empilement de
couches meubles et cohérentes se relevant vers la périphérie et offrant des formes de type
« Cuesta »
2 LA GEOLOGIE PARISIENNE
Cartes extraites de Guide géologiques régionaux "Bassin parisien" Ch. Pomerol, L. Feugueur
Nous imaginons en préambule que nous allons gommer l’épiderme urbain et même le derme des
remblais séculaires et examiner l’écorché géologique de Paris. Cette archéologie n'est pas visible
directement non seulement parce que le sol est recouvert d'un revêtement (pavage, chaussée ou
® Bruel-Delmar
On remarque sur cette carte que la plupart des grandes formations du tertiaire présentes à Paris
dans le sous-sol. Quatre grandes plates-formes s'y retrouvent aussi: Ces quatre plates-formes
sont les plateaux calcaires entaillés par les cours d’eau qui ont dégagé les terrains meubles. Elles
sont :
Les trois premiers (Soissonais, Valois, Vexin) s’abaissent vers Paris, centre de la cuvette et
pénétrant dans la capitale même :
® Bruel-Delmar
Rappel : les couches de sous sol ne sont pas horizontales d’un point de vue structurel, Paris est
situé entre l’anticlinal3 de Meudon/Saint Maur et la fosse de Saint Denis au Nord. Il en résulte un
certain pendage4 des couches vers le Nord (fig 19). (Pente 1/9° de degré).
3
Anticlinal : du grec « antiklinein » : = se pencher en sens contraire de « anti » (anti) et « klinien » (pencher), verbe qui repose
sur la même racine indo-européenne que le latin « clinare » (incliner).
Le changement du cours de la Seine – crue de 1910 – ancien lit : gare de Lyon – Bastille –
Richard Lenoir – place de la République – Château d’eau – Richer – Provence – Châteaudun –
place de la Trinité – place de la gare Saint Lazare – Pépinière – Boétie – rond-point des Champs
Elysées – Montaigne – Seine au niveau du pont de l’Alma.
Exemple de toponymie : rue de la Grange-Batelière.
Toutes les rues qui partent de cette paléo rive droite de la Seine grimpent vers Montmartre, les
Batignolles et la plaine Monceau. A l’opposé, sur la rue connexe, se sont les quartiers bas comme
le Marais.
® Bruel-Delmar
Le plateau de Romainville
La colline de Belleville
Gypse
Gypse
Marnes à Huitre
Calcaire de Brie
Marnes vertes
Gypse
Marnes vertes
® Bruel-Delmar
Je profite de cette diapositive pour vous présenter une carte géologique établie par le BRGM Bureau
général des ressources minières. Cet organisme privé intervient dans les domaines ayant attrait aux
espaces souterrains. Ces trois principales missions sont :
- Recherche et développement technologique et innovation
- Appui aux politiques publiques et informations des citoyens
4
Pendage : inclinaison de couches géologiques parfois lisibles lors de soulèvement ou après érosion sur les pierres
issues de la sédimentation.
Je vous distribue en fin de 2° séance une photocopie vous donnant les principaux sites
Internet que vous pouvez consulter pour avoir des informations sur la géologie, les
pollutions de sols, les bases de données des cavités souterraines, les bases de données
concernant les séismes, et les mouvements de terrain, les ressources minières,
l'observation des cotes, les données nationales sur l'eau, et enfin les données concernant
les minéraux.
Le plateau de Belleville Ménilmontant, qui est la partie occidentale du grand plateau de Romainville-
Les Lilas, oscillant entre 95m et 130m d'altitude, est coiffé d'une couche sableuse qui repose sur
sous-couche quasi-horizontale de marnes vertes imperméables.
Cette dernière arrête et recueille toutes les eaux d'infiltration, qui réapparaissaient à l'origine (avant
l'urbanisation) sous forme de multiples suintements tout au long du rebord du plateau. A la recherche
de ressources en eau à un débit suffisant et à pression constante, afin d'alimenter les thermes
nouvellement construits à Lutèce, les Romains au IIe siècle reconnurent d'abord les différentes
sources existant aux alentours : sur les collines d'Auteuil, de Montmartre, de Belleville-sur-Sablons.
Ces dernières, jugées les plus intéressantes, furent captées au moyen de nombreux drains en pierre
enterrés convergeant vers un bassin. Ces ouvrages à l'efficacité certaine disparurent après les
invasions successives des barbares. Ce tout premier aqueduc tomba ensuite dans l'oubli.
Il fallut attendre l'an mille pour que les moines du prieuré de Saint-Martin-des-Champs en
construction, éloigné de la Seine et ne pouvant se satisfaire de quelques puits pour le service d'une
centaine d'âmes, s'intéressent à la colline toute proche. En prospectant les lieux, ils redécouvrirent les
anciens drains enterrés mais ceux-ci étaient endommagés ou colmatés. Ils entreprirent sa
restauration et ce nouvel aqueduc aboutit à Ménilmontant à un bassin de réception protégé par un
édicule couvert : il s'agit du regard Saint-Martin qui, restauré à plusieurs reprises est parvenu jusqu'à
nous.
L'aqueduc dit " de Savies " perdura, restauré jusqu'au XVIIIe siècle. Une nouvelle prospection des
eaux du plateau, au XIIe siècle, fut le fait des moines soldats appelés chevaliers de Saint-Lazare qui,
rentrant de Terre Saint, rachetèrent l'ancienne Abbaye St-Laurent pour en faire une maladrerie. Ils
réalisèrent deux nouveaux aqueducs dont celui du Pré-St-Gervais. Toujours au XIIe siècle, le roi
Philippe Auguste donna aux Parisiens une halle centrale pour remplacer la foire Saint-Laurent (située
hors les murs) ainsi qu'une fontaine qu'il fit alimenter par l'aqueduc St-Lazare, mais cette ressource se
révéla rapidement insuffisante. Le roi décida alors d'un nouveau prélèvement direct sur la colline de
Belleville, et à l'endroit le plus élevé. Il en résulta un nouvel aqueduc voûté partant de la source
principale, où fut bâti le premier regard de la lanterne (altitude 114m). L'édifice actuel (rue Compans)
réalisé entre 1563 et 1613, est le plus monumental des regards existants aujourd'hui.
L'aqueduc, qui plus bas prenait en écharpe le flanc du plateau jusque vers Ménilmontant, récupérait
au passage de nombreux autres drains, collectés dans des bassins couverts, tels le regard des
Messiers et le regard de la Roquette tous deux situés rue des Cascades. Cet aqueduc de Philippe
Auguste est resté connu sous le nom d'aqueduc de Belleville, par opposition à ceux de Saint-Lazare
et du Pré Saint Gervais.
® Bruel-Delmar
® Bruel-Delmar
Dia. 8: Rappel sur la lecture de la carte géologique de Paris et la coupe aux échelles distordues
® Bruel-Delmar
Toutes ces couches géologiques affleurantes sont aujourd’hui couvertes par les nombreux remblais
successifs issus des démolitions et reconstructions de l’histoire.
Le sous-sol parisien a été exploité pour fournir des matériaux de premier ordre que sont le calcaire5 et
le gypse6.
2.4.1 Géologie et historique des carrières - Le calcaire.
Ce calcaire grossier a été largement exploité en carrières souterraines sur la rive droite (Trocadéro) et
surtout sur la rive gauche (Saint Michel et Saint Jacques) sous forme de pierre de taille que l’on
retrouve dans les parties anciennes de Notre-Dame.
Sur l'assise de craie blanche, de plus de 400 mètres d'épaisseur, qui constitue le fond du bassin
parisien, se superposent de l'argile plastique, du calcaire grossier, des marnes, du travertin, du gypse,
des glaises vertes, des meulières, des sables, où se trouvent différents lits de grès à coquilles
marines. De toutes ces richesses naturelles, les parisiens ont utilisé surtout l'argile, pour fabriquer des
tuiles et des briques, la pierre calcaire pour bâtir leurs maisons, le gypse pour en tirer du plâtre. Si
l'argile ne fait, presque nulle part, défaut, le calcaire grossier, dont l'épaisseur peut dépasser quarante
mètres, se rencontre surtout dans les régions des rives de la Bièvre, dans les quartiers de Chaillot, de
Passy, et d'Auteuil, à Bercy, à Reuilly. C'est au nord et au nord-est de Paris, dans les Xème, XVIIème,
XVIIIème, XIXème et XXème arrondissements, que s'étendent les formations gypseuses. De l'époque
Gallo-Romaine à celle des croisades, édifices publics, monuments et maisons de Paris furent bâtis en
pierre de taille et en moellons extrait des carrières des faubourg Saint Victor et Saint Marcel, puis
celles ouvertes, par la suite, non loin des remparts de la ville, sur l'emplacement des quartiers Saint
Michel, de l'Odéon, du Panthéon, du Luxembourg, des rues Denfert-Rochereau et Saint-Jacques (...).
.
On exploita d'abord la pierre à ciel ouvert; sur le flanc des collines qui environnaient Paris on ouvrit
des tranchées. En certains points de la montagne Sainte-Geneviève et des anciennes rives de la
Bièvre, dans l'emplacement de l'abbaye Saint-Victor, aux Buttes Chaumont et à Montmartre, on
aperçoit encore des traces de ces mutilations.
Quand l'exploitation à découvert devint trop pénible ou trop coûteuse, les carriers creusèrent de
longues galeries parallèles, coupées de galeries transversales. L'ensemble formait une sorte de
damier, aux multiples cases, dont les 'ciels' étaient soutenus par des piliers de section rectangulaire.
Ces piliers « carrés » étaient des parties de la masse de pierre que les ouvriers réservaient. Les
carriers creusaient autour, tournaient autour de ces piliers que, pour cette raison, on nommait des «
piliers tournés ». Des ateliers spacieux, aménagés dans ces souterrains, permettaient aux chevaux et
fardiers de passer aisément. La dureté de la pierre, la grosseur des piliers déterminait la hauteur des
carrières exploitées par cette méthode, dite à piliers tournés. Cette hauteur, qui ne dépassait guère
1m50 à Reuilly atteignait à Passy 7 mètres. Par la suite, on exploita la totalité des bancs, mais on
creusa des galeries moins hautes et moins larges. Pour éviter un effondrement toujours possible et
soutenir les toits, on remplissait les vides de remblais, faits de déchets maintenus eux-mêmes par des
murs en pierres sèches - par des hagues - et par des piliers artificiels, formés de moellons
5
Calcaire*: emprunté au latin « calcarius » : qui concerne la chaux. L’adjectif d’abord dans les terres, pierre calcaire, qualifie ce
qui contient de la chaux et par extension ce qui rappelle la chaux par sa couleur et sa consistance.
6
Gypse : du latin « gypsum », lui-même du grec « gupsos » qui signifie plâtre, chaux vive. Il désigne en minéralogie le sulfate
hydraté de calcium communément appelé « pierre à plâtrer ».
03/04/2009 55
Photo © catacombes.info
® Bruel-Delmar
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Au temps de François Ier et de Henri II, on exploitait encore des carrières de pierre à:
- Saint-germain des prés (rue Bonaparte, rue de Vaugirard, rue Madame),
- à Vaugirard, près de la pointe sud du couvent des Chartreux (rue Fleurus, rue Guynemer),
- à Notre-Dame-des-Champs et aux tombes (rue Saint-Jacques et faubourg Saint-Jacques, à l'hôpital
Cochin-Ricord, rue de la Santé, rue Dareau, boulevard de Port-Royal),
Sous le quartier d'Odéon Saint-Sulpice s'étend une série de magnifiques galeries qui, du fait de leur situation géographique, ont du
être consolidées
03/04/2009 par les services de l'IGC (Inspection générale des carrières) et sont peu visitées, et donc relativement préservées
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Photo © catacombes.info
Le gypse que l’on retrouve sur tout le pourtour du plateau de Romainville a été exploité pour la
fabrication du plâtre, nommé d’ailleurs « plâtre de Paris ». Les plus grandes carrières étaient celles
dites « d’Amérique » et des Buttes Chaumont, mais il en existait également au niveau du cimetière du
Père Lachaise et à Montmartre.
® Bruel-Delmar
De cette exploitation, il reste plus de traces que de la précédente dans la mesure où une partie de
déroulait à ciel ouvert. La plus remarquable et la plus connue sans doute est le réaménagement par
Alphand, paysagiste et directeur des promenades plantées et parcs et jardins sous le baron
Haussmann, du parc des Buttes Chaumont. Il s’agit de se que l’on nommerait aujourd’hui une
® Bruel-Delmar
® Bruel-Delmar
Dia. 14 : Le Parc des Buttes Chaumont - Plan extrait "des promenades plantées" de Alphand
Le nom des Buttes-Chaumont viendrait du mont Chauve car la colline était réputée pour être aride…
Plusieurs rudes batailles s'y déroulèrent : la victoire de Montfaucon en 855 où les Normands furent
repoussés de Paris par le Comte Eudes et la défaite contre les Prussiens en 1814. Aujourd'hui, c'est
une colline pleine de vie, peuplée d'oiseaux attirés par ses hauteurs et la fraîcheur de son lac.
Lutèce la blanche.
Le quartier des Buttes-Chaumont est célèbre depuis l'Antiquité romaine pour avoir abrité des carrières
de gypse. Les Romains utilisaient déjà le gypse car porté à une température de 120°C, il se
transforme en plâtre. C'est cet usage qui aurait valu à Paris le surnom de " Lutèce la blanche ".
Mais c'est au 19e siècle que furent creusées les fameuses carrières qui changèrent la physionomie de
la butte. La précieuse matière était même acheminée aux Etats-Unis, ce qui valut au quartier le
surnom de " quartier des carrières d'Amérique ". La falaise s'élevait a 45 mètres. Ce lieu escarpé et
inculte servait de bassin de décantation ; on y faisait sécher les matières recueillies qui servaient
ensuite à la fabrication d'engrais. Ce n'était pas le seul intérêt de la butte, puisqu'elle permettait de se
débarrasser des carcasses de chevaux : une décharge à ciel ouvert tolérée, qui se situait en dehors
des limites de la ville Paris. Après l'annexion des communes Périphériques en 1860, l'habitude restera
d'y jeter toutes sortes d'ordures.
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® Bruel-Delmar
Une trace plus discrète, mais néanmoins lisible pour qui comprend cette histoire de l’extraction du
gypse et ses propriétés chimiques de dissolution de l’eau, est le secteur dit « romantique » du
cimetière du Père Lachaise.
Au niveau de la rupture du plateau, là où le gypse exploité tout d’abord à ciel ouvert a été exploité
en galeries pour ne conserver que les filons les plus riches, l’installation du cimetière du Père
Lachaise a été perturbé par un certain nombre d’effondrements, fontis, affaissements, etc,
déstabilisant la structure des tombes et permettant à une végétation spontanée et pionnière de s’y
installer. Il s’en suit un paysage aujourd’hui considéré comme tout à fait romanesque à la façon de
la mode pittoresque du 19ème siècle.
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® Bruel-Delmar
En dernier lieu, la toponymie est là pour nous rappeler cette exploitation relativement récente
comme la rue Blanche à Montmartre qui tient son nom de traces laissées par les chariots
transportant le plâtre et qui descendaient la colline.
Ceci n’est qu’un bref aperçu de la géologie de la capitale qui nous permet d’en comprendre les
principaux reliefs qui ont formé le socle de l’urbanisation.
Avant de parler plus avant des implantations des villages qui bordent Paris jusqu'à leur annexion
en 1860, de leur relation au territoire en générale et à la pente en particulier, je souhaite faire un
court rappel des principaux axes de développement de la capitale en relation bien sûr avec son
territoire, ce socle géologique que nous venons d'évoquer.
Topographie de Paris
à l'époque romaine
Lit majeur et zones inondables,
principaux reliefs
® Bruel-Delmar
Tout d'abord l'implantation initiale, ce passage possible d'une rive à l'autre d'un fleuve important,
divagant dans sa plaine et au milieu des marécages. Quelques îles, quelques faibles reliefs en
bordure du fleuve qui permettent un passage presque à pied sec, du moins réduisant les distances
à franchir. Tout comme à Nantes qui constitue le premier passage après l'estuaire de la Loire,
entre la France du Nord et celle du Sud, et à permis l'implantation d'un premier hameau gaulois
puis d'une ville gallo-romaine, Paris, Lutèce, présente les caractéristiques topographiques
nécessaires et suffisantes pour constituer un point de sédentarisation. Venant du 'col de la
Chapelle', on pouvait aborder le fleuve dès les temps préhistoriques en terrain insubmersible et à
l'endroit où la Seine, se dédoublant, présente la largeur la plus faible. On voit ainsi sur cette carte
de la topographie restituée à l'époque romaine, donc sans les couches successives de remblais
évoquées précédemment, l'importance de cette topographie qui a présidé à l'implantation d'un
foyer humain sur l'actuelle Ile de la Cité et de deux ponts franchissant le petit et le grand bras de la
Seine. Sur les deux rives du fleuve qui n'est pas, il faut s'en souvenir, endigué, les berges sont
assez basses et les secteurs inondés forment une enveloppe quasi continue dans cette vallée à
fond plat. Les grandes inondations de 1740 puis de 1910 nous ont donné une idée des extensions
des zones inondables sur le territoire parisien
Saint Méry GEOLOGIE PARISIENNE ET
TOPOGRAPHIE INDUITE
Saint Gervais
Petit Pont
Topographie de Paris
à l'époque romaine
11/10/2004 Détail sur le passage14
à gué
de la Seine et premiers foyers
d'urbanisation
Implantation primitive
11/10/2004 Sur l'Ile de la Cité.15
Période pré romaine
11/10/2004 16
® Bruel-Delmar
Les romains lorsqu'ils développent Lutèce, on le voit très clairement ici, reprennent un certain
nombre de tracés gaulois et s'inscrivent eux aussi dans la logique topographique avec l'occupation
de l'île mais qui perd sa fonction centrale antérieure au profit d'une implantation plus en pente, sur
les coteaux de la Montagne Sainte Geneviève. La question de l'alimentation en eau en est sans
doute une des raisons car les romains utilisent le captage en eau de la colline de Rungis pour
alimenter la rive droite. Cet aqueduc qui traverse la vallée de la Bièvre et a été repris
successivement par l'ouvrage de Catherine de Médicis puis par l'aqueduc qui apporte les eaux de
la Vannes jusqu'aux réservoirs Montsouris, cet aqueduc donc permettait d'alimenter les divers
établissements de termes que comptait la cité et dont nous connaissons aujourd'hui les termes du
Nord sur l'emplacement du musée Cluny à la croisée des boulevards Saint Michel et Saint
Germain.
Lutèce
11/10/2004 Plans d'après les relevés
17de
Théodore Vacquer,
archéologue XIX° siècle
Dia. 21 : Lutèce Plans d'après les relevés de Théodore Vacquer, archéologue XIX° siècle
Saint Gervais
Petit Pont
Topographie de Paris
à l'époque romaine
11/10/2004 Détail sur le passage18
à gué
de la Seine et premiers foyers
d'urbanisation
Dia. 22 : Topographie de Paris à l'époque romaine Détail sur le passage à gué de la Seine et premiers foyers d'urbanisation
La question de la rive droite se pose différemment car les grands reliefs sont beaucoup plus
éloignés, du moins au niveau de l'île de la Cité. Cette rive également occupée en majorité par des
marécages, connaît quelques dépôts alluvionnaires (c'est à dire apportés par le fleuve)
Si les routes empruntent les quelques émergences les hommes les utilisent également pour bâtir
les premiers groupements de maisons, foyers souvent groupés autour d'un édifice religieux. C'est
le cas de la butte de Saint Jacques où fut construite l'église Saint Jacques de la Boucherie dont il
ne reste que la Tour reconstruite par Violet le Duc, butte alluvionnaire qui fut arasée par
Haussmann au moment de la liaison entre la rue de Rivoli et la rue Saint Antoine. D'autres buttes
sont plus lisibles comme celle de Saint Gervais qui avec Saint Jacques de la Boucherie va fixer les
premières implantations mérovingiennes vers le V° siècle (Clovis). Cette butte est encore très
visible aujourd'hui en particulier aux alentours de cette église et de la rue François Miron, ancienne
voie convergente vers le Grand Pont avant la reconstruction de l'hôtel de ville.
PREMIERS FOYERS DE DEVELOPPEME
Autour de l'Eglise Saint Gervais
PREMIERS FOYERS DE
DEVELOPPEMENT
Autour de l'Eglise Saint Gervais
Paris IV, Rue François Miron
11/10/2004 19 11/10/2004 20
Paris IV, Église Saint Gervais - Un des premiers foyers d ’urbanisation sur la rive droite Paris IV, Rue François Miron, Butte de l ’Église Saint Gervais, 1er foyer d ’urbanisation RD
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LES VOIES PARALLELES AU FLEUVE, EN LIMITE DE ZONE INONDABLE LES VOIES PARALLELES AU FLEUVE, EN LIMITE DE ZONE INONDABLE
Dia. 25 : Les voies parallèles à la Seine Dia. 26 : Orientations des voies au XII° siècle (avec le rempart de Ph Auguste)
Un certain nombre d'autres voies traversent le territoire et la géographie de la ville, tenant compte de
ses conditions topographiques et hydrographiques. Ce sont plus particulièrement les voies qui longent
les zones inondables à leur limite. Sur la rive droite, la rue Saint Honoré anciennement chemin du
Roule et la rue Saint Antoine mènent vers l'ouest à Dreux et vers l'est à Melun par la rive droite. Ces
chemins existaient sûrement avant la période romaine.
Les premiers foyers sur les reliefs
et le passage de la Bièvre au
Bourg Saint Marceau
Dia. 27 : Les premiers foyers sur les reliefs et le passage de la Bièvre au Bourg Saint Marceau
Sur la rive gauche, d'autres voies reprennent une stratégie topographique semblable, c'est-à-dire en
limite de zone inondable. Vers l'est, nous l'avons vu, la confluence Bièvre Seine, là où cette première
mesure parfois 20 mètres de large, empêche tout passage le long du fleuve. Il faut remonter vers le
premier passage à gué, celui qui se trouve devant l'emplacement actuel de l'église Saint Médard. Ce
point de passage est demeuré l'unique possibilité de traverser la rivière jusqu'au VIII° siècle. C'est
d'ailleurs au niveau de ce passage de la rivière que va s'installer le bourg Saint Marceau, un des
premiers foyers de la rive gauche et c'est bien plus tard que Haussmann fera converger vers ce même
point les deux rues nouvellement tracées Monge et Claude Bernard. Nous prendrons cet exemple
comme la preuve que le paysage urbain de Paris ne s'est pas formé par hasard et que, en dépit de
l'évolution des conditions géographiques originelles, il existe des tracés ou des points privilégiés dont
Haussmann, malgré la rigidité de ses tracés, a bien souvent, consciemment ou non, tiré parti. A
l'ouest de la rue Saint Jacques, Lutèce était reliée à Dreux et de là à Chartres par la rive gauche.
Deux voies étaient possibles l'une par les rues du Four, de Sèvre et la rue Lecourbe l'autre par la rue
de Vaugirard où se développa le bourg de Vaugirard. Cette dernière ne laisse pas de trace majeure
dans la topographie mais évitait semble t-il la plaine de Grenelle alors inondable.